|
Université Toulouse 1 Capitole
|
1
Déborah FORT
Le numérique, pour un renouveau de la
participation
citoyenne au sein du Conseil Départemental de
la
Haute-Garonne ?
Mémoire de Master 2 Collectivités territoriales
Sous la direction de Nathalie LAVAL-MADER Stage
professionnel dirigé par Romain CUJIVES
22 Août 2016
2
3
L'Université Toulouse 1 Capitole n'entend donner
aucune approbation, ni improbation dans les mémoires de recherche et
rapports de stage. Ces opinions doivent être considérées
comme propres à leur auteur(e).
4
Tout d'abord, mes plus sincères remerciements
s'adressent à ma directrice de mémoire, Nathalie LAVAL-MADER pour
ses recommandations éclairantes, sa bienveillance et pour la confiance
qu'elle ma faite en m'intégrant dans son Master 2, qui a
été une formation fabuleuse.
Mes remerciements s'adressent ensuite à mon
maître de stage, Romain CUJIVES, pour son écoute et ses conseils,
qui ont fait de ces quatre mois de stage une aventure professionnelle unique
qui couronne en beauté sept années d'études
universitaires. Merci pour ta patience et ta confiance.
Un merci singulier à Pascal JARRY et Paulette SALLES
qui m'ont fait découvrir ce qu'est la participation citoyenne et qui ont
répondu avec précision à mes interrogations. Leur
détermination à améliorer la démocratie locale est
source d'inspiration.
Merci également à toute l'équipe du
Cabinet, particulièrement à Eric DAGUERRE, de m'avoir accueillie
pendant quatre mois, à Thomas CHAUMEIL qui m'a fait participer
activement au protocole, à François CARBONNEL qui m'a fait
confiance dans la rédaction du site du département, à
Caroline ATTOUCHE, Marine CALAZEL, Hugues CASTELA, Maxime DOLLE, Sabine FONTEZ
et Henri MATEOS pour leurs conseils avisés et méthodologiques, et
merci à Marie-Caroline TEMPESTA pour son enthousiasme.
A mes parents, à ma famille, à Benoit et
à mes amis qui ont entendu parler de ce mémoire tous les jours,
merci pour votre soutien et votre patience.
5
Table des sigles
PETR : Pôles d'équilibres territoriaux et ruraux ATR
: Administration Territoriale de la République
6
Sommaire
SOMMAIRE
INTRODUCTION
Chapitre 1. La démocratie participative locale, un outil
indispensable, mais perfectible
Section 1. Une nécessaire amélioration de la
démocratie locale
Section 2. Le numérique, nouveau vecteur de
l'amélioration démocratique
Chapitre 2. La déclinaison concrète d'une politique
de participation numérique au sein du
Conseil départemental de la Haute-Garonne.
Section 1. Une volonté politique forte de
l'expérience du numérique de la part du
Département
Section 2. La quête d'amélioration du dialogue
citoyen par des outils numériques novateurs
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES FIGURES
ANNEXES
TABLE DES MATIERES
7
Introduction
Toute démocratie est de fait participative puisqu'elle
implique un gouvernement du peuple par le peuple. Cependant, la participation
directe des citoyens aux politiques publiques n'est ni évidente ni
naturelle. Pourtant, c'est l'habitant et le citoyen qui sont les
bénéficiaires des services et des projets publics et qui
élisent les représentants politiques. Le Conseil
départemental de la Haute-Garonne a ainsi fait le choix de créer
les conditions nécessaires à la naissance d'un dialogue citoyen
entre les élus, l'institution et les citoyens Haut-Garonnais. Ce
dialogue citoyen émane d'une volonté politique forte, celle du
Président du Conseil départemental qui s'était
engagé lors de son investiture à créer les conditions
pérennes de sa mise en place. La promesse a ainsi été
tenue, avec la nomination d'une Conseillère départementale en
charge du dialogue citoyen, la création d'une mission démocratie
participative et le choix de faire appel à une assistance à
maîtrise d'ouvrage, qui irrigue petit à petit la culture
participative dans l'ensemble des strates administratives du Conseil
départemental. L'objectif est ainsi d'être exemplaire dans cette
démarche de participation citoyenne et de créer une nouvelle
marque de fabrique pour le Département de la Haute-Garonne, tout en
articulant « soutien financier, valorisation, sensibilisation,
incitation, animation et ressources pour les acteurs de la participation
citoyenne » a déclaré Paulette SALLES, élue en
charge du dialogue citoyen, qui sont des conditions de réussite.
Ce stage de quatre mois réalisé au sein du
Cabinet du Président du Conseil départemental, avec pour mission
principale la gestion de la thématique du dialogue citoyen dans la
perspective de découvrir le métier de collaborateur de Cabinet, a
été réalisé sous la bienveillance du Directeur de
Cabinet adjoint, Romain CUJIVES. Cette expérience a donné lieu
à la rédaction de ce mémoire de stage qui se situe
à la rencontre de l'opérationnalité et d'une
démarche de recherches universitaires. L'objectif visé est
d'éclairer le Conseil départemental sur cette nouvelle
thématique fondamentale qui touche toutes les domaines et toutes les
compétences de cette institution. Afin de suivre la thématique du
dialogue citoyen, j'ai assisté aux réunions hebdomadaires
réunissant la Conseillère départementale en charge du
dialogue citoyen, le Cabinet et la Mission démocratie participative qui
faisaient des points sur l'avancée des Grands chantiers de la
démocratie participative Haut-Garonnaise. Il m'a été
confié sur toute la longueur du stage la rédaction d'un appel
à projet,
8
que j'ai nommé la Bourse de soutien aux projets de
participation citoyenne1. Cette bourse cherche à soutenir
grâce à des aides financières et de la formation les
associations et les collectivités territoriales qui ont un projet en
matière de participation citoyenne, que ce soit des projets à
court, moyen ou long terme. Durant mon stage, j'ai également
participé à la rédaction et à la mise à jour
des pages du site internet dialogue citoyen du Département avec le
service communication. De même, mon rôle a été de
suivre la thématique lors de ses passages en réunion de groupe et
en assemblée plénière. Enfin, le chef de Cabinet m'a
donné la possibilité de travailler avec lui sur les
évènements du protocole, j'ai donc participé à
l'organisation des rencontres cantonales de deux conseillers
départementaux et des contrats de territoires nouvellement
créés.
D'un point de vue humain, la découverte du Cabinet
présidentiel départemental a été une
expérience unique que peu ont la chance de réaliser au cours de
leur vie. D'abord, la rencontre avec la direction politique du Cabinet et les
collaborateurs qui suivent les dossiers de l'institution selon les
thématiques qui leurs sont attribuées a été
très riche et instructive. Puis celle avec le protocole, la presse, et
la communication institutionnelle et politique a été source de
nouvelles connaissances et d'échanges enrichissants. J'ai eu la chance
d'embrasser l'ensemble de ces fonctions pour un stage riche en intensité
et en expériences.
D'un point de vue pratique, ce stage a été une
réelle opportunité dans l'utilisation des connaissances acquises
durant mon Master 2 Collectivités Territoriales et mon Master 2 Villes
et Territoires. En effet, apprendre des connaissances théoriques telles
que l'organisation, les actes juridiques et les compétences d'un
Département, puis voir sur le terrain la gestion pratique de ces points
et la manière dont les politiques publiques prennent vie est très
instructif. De même, tout simplement parcourir le contenu des parapheurs
qui comportent des décisions d'attribution de subventions et des
décisions individuelles d'aides est très instructif. Les domaines
appréhendés et les compétences acquises durant ce stage
sont de ce fait très variés.
La thématique de ce stage est donc née dans un
contexte où le Conseil départemental souhaite renouer avec les
citoyens Haut-Garonnais. Multiplier les outils de la démocratie
participative devrait en effet permettre d'améliorer la
démocratie locale, qui est
1 Voir Annexe 1 : Fond de soutien page 71
9
complémentaire à celle représentative.
L'organisation d'un dialogue ouvert, la mobilisation de l'intelligence
collective et l'implication des citoyens dans les politiques publiques est un
levier qui renouvelle l'action publique. Ainsi, la participation et la
concertation sont le début d'un changement de paradigme
départemental. Dans cette optique, le numérique entre en jeu,
puisque facilitateur des échanges et incluant des publics nombreux et
diversifiés.
De même, l'explosion de l'utilisation d'internet, du
numérique, et de communautés digitales organisées
collectivement autour d'enjeux démocratiques, et qui font de la
participation citoyenne en dehors de tout cadre institutionnel, font
réfléchir à des manières de travailler ensemble
à l'élaboration des politiques publiques avec un rapport direct,
sans éléments ou sites internet intermédiaires.
L'intérêt de ce mémoire est ainsi de
réaliser une étude universitaire de ce qu'est la participation
citoyenne classique et numérique, et de proposer des solutions et des
outils innovants afin d'améliorer le dialogue citoyen entre le Conseil
départemental de la Haute-Garonne, et ses citoyens et habitants
Haut-Garonnais. On peut donc se demander :
En quoi l'utilisation du numérique est-elle une
solution pour améliorer le dialogue citoyen départemental ?
Comment renouveler la démocratie locale du Conseil Départemental
de la Haute-Garonne grâce au numérique ?
Pour ce faire, nous verrons dans un premier grand chapitre que
la démocratie locale est un outil indispensable mais perfectible, puis
nous nous intéresserons au numérique comme nouveau vecteur de
l'amélioration démocratique dans un second grand chapitre.
10
Chapitre 1. La démocratie participative locale, un
outil indispensable, mais perfectible
« Se réunir, discuter, protester, peuvent
être pensés comme des activités aussi cruciales pour la
démocratie que le fait de voter »2 a dit Samuel
HAYAT. En effet, de nombreux universitaires constatent que la démocratie
participative est complémentaire à la démocratie
représentative. Les évolutions sociétales actuelles ont
tendance à la rendre indispensable car les citoyens veulent de plus en
plus se faire entendre. Nous verrons dans cette partie que
l'amélioration de la démocratie locale est nécessaire
(Section 1), puis qu'elle est notamment permise par le numérique
(Section 2).
2 HAYAT Samuel, « Participation, discussion et
représentation : l'expérience clubiste de 1848 »,
Participations 2/2012 (N°3), page 119.
11
Section 1. Une nécessaire amélioration de
la démocratie locale
Les avancées technologiques permises par le web et les
Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication ont
irrigué l'ensemble des domaines d'activités. La démocratie
a également été marquée par le développement
de nouveaux outils en ligne et numériques. L'objectif sera ici de donner
un visage précis à la démocratie classique (Paragraphe 1)
et ce, malgré un cadre juridique insuffisant (Paragraphe 2)
Paragraphe 1. Une tentative de définition : de la
démocratie à l'e-démocratie
Avant d'aller plus loin dans l'interrogation sur notre sujet,
il est nécessaire de mieux cerner précisément ce qu'est la
démocratie locale, qu'elle soit classique ou numérique. Ainsi, il
sera d'abord question d'étudier son histoire, d'Athènes à
nos jours (A) et ses caractéristiques protéiformes (B).
A. L'histoire de la démocratie locale :
d'Athènes à nos jours
« Si les notions de démocratie participative
et délibérative sont relativement récentes, on trouve en
se tournant vers le passé des expériences d'échanges
publics rassemblant les citoyens visant à la définition
collective de l'intérêt commun »3 affirme
Dominique HIEBEL. En effet, s'intéresser à l'histoire de la
démocratie locale et de ses pratiques permet de mieux comprendre leurs
formes contemporaines. Après avoir remarqué que la participation
citoyenne est une mouvance ancienne et avant-gardiste (1), nous verrons les
formes de la démocratie participative plus actuelles (2).
1. Une mouvance ancienne et avant-gardiste
Au regard de plus de 20 siècles d'histoire de
participation citoyenne, nous constatons qu'Athènes constitue la
première forme de civilisation démocratique participative.
3 HIEBEL Dominique, «
Délibération et participation sous la République romaine :
une oligarchie parée d'atours démocratiques »,
Participations 2/2012 (N°3) page 71.
12
En effet, ayant développé un mode d'organisation
démocratique particulier incluant une participation citoyenne accrue,
Athènes est propice à la participation avec environ 6 000
citoyens, soit 18,5% de la population athénienne, qui participent
à la gestion des ressources financières, des lois et de la
politique extérieure. La rotation des citoyens dans ces instances permet
au plus grand nombre de participer à la vie politique de la cité.
La citoyenneté était déjà considérée
comme une valeur forte, notamment car les questions débattues
étaient cruciales à la vie de la cité, et car elles
« engageaient directement les citoyens, tant collectivement,
qu'individuellement »4. Un citoyen non
intéressé par les affaires de sa cité était
considéré comme indigne de son statut, tel que l'explicitait
Aristote : « celui qui lors d'une Stasis dans la cité, n'aura
pas pris les armes avec l'un des deux partis, qu'il soit privé de ses
droits et qu'il n'ait plus part à la cité
»5. Il était aussi question de
l'égalité du pouvoir de décision, et même si seule
l'élite prenait toujours majoritairement la parole lors des
assemblées, c'est par le poids numérique et le tumulte que les
citoyens constituaient une écrasante majorité. Athènes est
de ce fait le premier lieu d'échanges publics d'arguments s'apparentant
à la démocratie participative et délibérative.
Par la suite, durant la République romaine, les
élites et les politiques ont créé des espaces
dédiés à la discussion des affaires publiques avec le
peuple - les contiones législatives, afin de légitimer
les mesures dont ils étaient les initiateurs. Notons que la
démocratie participative leur était totalement
inconnue6. Ces espaces de débat avaient pour objectif
d'échanger publiquement des arguments pro et contra
afin d'amener les citoyens ordinaires à se forger une opinion. La
participation était en théorie totale, car tout citoyen avait le
droit de se présenter à la tribune afin de défendre son
point de vue sur le sujet traité, quel qu'était son rang ou sa
fortune. Seulement, les conditions sociales et politiques d'accès
à la parole faisaient que de nombreux sénateurs prenaient la
parole à la différence de femmes, d'étrangers ou d'hommes
sans formation élevée. Le peuple pouvait faire entendre son
accord ou désaccord par des clameurs qui ont parfois mené
à l'abandon ou la modification des projets discutés.
4 VILLACEQUE Noémie, « Chahut et
délibération. De la souveraineté populaire dans
l'Athènes classique », Participations 2012/2 (N° 3),
page 53.
5 VILLACEQUE Noémie, « Chahut et
délibération. De la souveraineté populaire dans
l'Athènes classique », Participations 2012/2 (N° 3),
page 53.
6 HIEBEL Dominique, «
Délibération et participation sous la République romaine :
une oligarchie parée d'atours démocratiques »,
Participations 2012/2 (N° 3), page 71.
13
Absente durant la période du Moyen-Age, la
participation citoyenne réapparaît durant la période de
l'Ancien régime avec des dispositifs de consultation d'utilité
publique, nommés enquêtes de commodo et
incommodo. C'est donc une mutation qui s'opère sous l'Ancien
régime où de nombreux dispositifs consultatifs « visant
à établir la commodité publique, l'utilité publique
ou prendre connaissance des intérêts et des droits engagés,
avant de décider un projet »7 voient le jour. Les
procédures judiciaires de commodité étaient des
enquêtes judiciaires réalisées par le Parlement par
système de personnes témoin. Le Parlement leur demandait
d'expliciter les avantages et les inconvénients que pouvait apporter un
projet. Par exemple, lorsque l'Hôtel Dieu de Paris céda plusieurs
maisons à l'Hôpital des enfants trouvés en 1745, des
témoins ont été interrogés afin d'améliorer
le fonctionnement de cette institution, tels des magistrats, des
médecins ou des chirurgiens. De même, la tenue de l'enquête
était généralement doublée de dispositifs
d'affichages dans les paroisses et les marchés. Ainsi, lors des
auditions du Parlement, des personnes non assignées à
l'enquête avaient le droit de se présenter afin de dénoncer
un préjudice lié au projet dont elles étaient victimes.
Par exemple, les modifications des normes de construction en 1754 ont
mené des propriétaires à demander une modification de la
mesure ou à présenter une « requête en opposition
» pour dénoncer les conséquences de la mesure sur leurs
droits. Enfin, le Parlement pouvait demander son avis à un public plus
large composé par les habitants impactés par ledit projet. En
effet, pour le projet de canal de Givors : « lesdites lettres
patentes, plans et devis seront f...] communiqués aux syndics et
principaux habitant des villes, bourgs et villages voisins de l'alignement
f...] convoqués et assemblés de manière accoutumée
f...], ensemble aux seigneurs desquels peuvent relever lesdits villes, bourgs
et villages, et les terrains compris dans l'alignement, pour donner tous leur
consentement à l'enregistrement et exécution desdites lettre
patentes, plans et devis, ou y dire autrement ce qu'ils aviseront
»8. De par leurs caractéristiques, les
enquêtes de commodo et d'incommodo ressemblent aux
procédures de consultation publique contemporaines.
Même si elles n'ont pas toujours été
vécues comme telles par leurs initiateurs, ces premières formes
de démocratie participative ont marqué le début d'une
ère de la participation citoyenne. Ce fonctionnement participatif a par
la suite été absent jusqu'au 19°
7 GRABER Frédéric, « Entre
commodité et consentement. Des enquêtes publiques au
XVIIIe siècle », Participations 2012/2 (N°
3), page 94.
8 GRABERT Frédéric, « Entre
commodité et consentement. Des enquêtes publiques au
XVIIIe siècle », Participations 2012/2 (N°
3), page 102.
14
siècle, même si les Lumières avaient fait de
la citoyenneté un marqueur fort de leur siècle.
2. Les formes plus récentes de la
démocratie participative
Cette partie cherchera à analyser les débuts de
la participation des citoyens telle qu'elle existe actuellement. Bien que les
Clubs parisiens aient joué un rôle important en détruisant
les barrières de la citoyenneté au début du 19°
siècle, il sera davantage question d'aborder la période de la fin
du 19° siècle, marquée par la création aux Etats-Unis
et en France d'espaces d'échanges collectifs sur les enjeux publics.
Les réunions politiques contradictoires
françaises étaient des lieux de débats entre des hommes
politiques et des citoyens, et les publics forums aux Etats-Unis
constituaient des espaces d'échanges entre des experts et des citoyens.
En outre, le constat d'une fragilisation de la démocratie
représentative et la peur des conséquences que cela pourrait
avoir sur l'équilibre sociétal, amené à
l'organisation de ces espaces participatifs. D'ailleurs, Paula COSSART et
William KEITH précisent que deux objectifs étaient
prépondérants dans ces formes de participation citoyenne. A la
fois il était question de créer les normes d'un comportement
tempéré, afin d'éviter les soulèvements du peuple,
mais aussi de trouver une raison individuelle pour un intérêt
général et un bien commun9.
La valorisation de la réunion publique résulte
particulièrement de la loi de 1881 qui stipule que « les
réunions publiques sont libres »10. Ces espaces de
participation citoyenne sont très différents en France et aux
Etats-Unis. En France, il s'agit de réunions contradictoires durant
lesquelles différents orateurs présentent des points de vue
différents avec une confrontation d'idées. Aux Etats-Unis, en
revanche, on parle de discussions, car les meetings organisés ne
rassemblent que des individus partisans des mêmes idées, comme
modèle d'échange plus vertueux que le débat, qui lui
serait source de bruit, rixes et désordre. Ainsi, ces mouvements
poursuivaient un objectif double. D'une part, il était question
d'influencer la répartition du pouvoir en termes de politiques
publiques, et, d'autre part, de faire disparaître les idées
extrêmes, en faisant appel à la raison des citoyens.
9 COSSART Paula et KEITH William, « Former des
citoyens par la délibération publique : une entreprise fragile
(États-Unis et France, 1870-1940) », Participations 2012/2
(N° 3), page 165.
10 Article 1 de la loi du 30 juin 1881 sur la
liberté de réunion.
15
C'est ensuite dans les années 1960-1970, suite aux
premières luttes urbaines et sociales, que le concept de participation
citoyenne a pris la forme que nous connaissons aujourd'hui. L'objectif de ces
premiers groupes de participation citoyenne était de mobiliser les
habitants concernant leur citoyenneté et partaient du postulat selon
lequel plus de démocratie pourrait offrir un remède contre les
maux des quartiers populaires. A ce propos, le projet de mobilisation des
habitants du quartier populaire de l'Alma-Gare à Roubaix contre la
destruction de leurs logements a été considéré
comme un succès du point de vue de la participation des citoyens et de
leur empowerment11. En redessinant les plans du quartier
conformes à leurs aspirations, les habitants se sont mobilisés
pour participer à la vie de la cité.
De même, on peut citer les exemples notoires de
participation citoyenne urbaine avec les Groupes d'Action Municipale
qui ont été créés en 1963 à une
échelle locale. Leurs créateurs considéraient que les
groupes politiques ne répondaient pas à leurs besoins sociaux et
qu'ils devaient donc agir par eux-mêmes. Le premier de ces groupes a
été créé par Hubert DUBEDOUT à Grenoble.
Aussi, la rédaction sous la direction d'Albert MOLLET
de l'ouvrage collectif, Quand les habitants prennent la parole qui
relate des expériences de concertation avec des habitants dans
différentes villes françaises, est un exemple fondateur de la
participation citoyenne telle qu'elle se fait de nos jours. C'est d'ailleurs en
1981 que voient le jour la Commission nationale pour le développement
social des quartiers, suite aux émeutes de Vaulx-en-Velin.
La participation des habitants et des citoyens comme condition
d'amélioration des politiques publiques, d'abord dans les quartiers en
difficultés, remonte donc à une époque lointaine, celle
d'Athènes. En effet, depuis l'antiquité qui attachait de
l'importance à la démocratie partagée, l'ère
romaine cherchant l'inclusion populaire pour mieux faire accepter les
décisions politiques, en passant par les enquêtes publiques de
l'Ancien régime, ou encore les débats publics en France et aux
Etats-Unis au début du 20° siècle sont des formes
historiques de participation des citoyens. Chacune à des niveaux de
participation différents, ces expériences restent des
premières pierres à l'édifice participatif. On remarque
aussi que la démocratie participative ne fait qu'évoluer sous des
formes plus ou moins élaborées. Cela sera l'objet de la prochaine
partie de ce devoir.
11 Se traduit par prise, augmentation de pouvoir.
16
B. La démocratie participative, un concept en
pleine évolution paradigmatique
Un caractère protéiforme peut être
donné à la démocratie participative. En ce sens,
définir les propriétés essentielles de sa forme classique
et numérique (1), puis lui attribuer différents niveaux et des
critères (2) nous permettra de mieux la comprendre.
1. Définir les propriétés
essentielles de la démocratie participative et de
l'e-démocratie
L'objectif sera ici de délimiter les contours de la
démocratie participative qui peut parfois perdre de sa substance
à cause d'un amalgame fréquent avec d'autres concepts tels que la
démocratie de proximité, directe ou
délibérative.
La démocratie participative désigne ainsi
« l'ensemble des procédures, instruments et dispositifs qui
favorisent l'implication directe des citoyens dans le gouvernement des affaires
publiques »12. De ce fait, c'est une notion qui admet une
définition des citoyens élargie, étant donné
qu'elle inclue notamment les publics d'habitude éloignés des
discussions et des débats, tels que les étrangers, les enfants ou
encore les sans-papiers. De manière générale, la
démocratie participative s'adresse aux individus et groupes sociaux sans
statut ni mandat politique afin qu'ils prennent part aux processus de
décisions publiques.
Cette définition est complétée par Fanny
GLEIZE et Annick DECOURT qui proposent une définition plus
précise de la démocratie participative qui se caractérise
par « un ensemble de dispositifs visant à assurer une forme de
participation des citoyens et des organisations de la société
civile dans le processus décisionnel de politiques publiques, soit
qu'ils aient pris la parole de leur propre initiative soit qu'ils aient
été sollicités pour le faire »13.
Ici, l'auteur distingue les deux grandes configurations de participation
citoyenne, celles qui résultent directement de l'initiative des
citoyens, donc de forme ascendante, aussi
12 RIU Sandrine, « Démocratie
participative », in CASILLO I. avec BARBIER R., BLONDIAUX L.,
CHATEAURAYNAUD F., FOURNIAU J-M., LEFEBVRE R., NEVEU C. et SALLES D. (dir.),
Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la participation,
Paris, GIS Démocratie et Participation, 2013.
13 GLEIZE Fanny et DECOURT Annick, «
Démocratie participative en Europe », Les cahiers de la
solidarité n°8, septembre 2006, page 24.
17
appelé empowerment, et celles qui
émanent de la volonté d'une organisation externe, organisation
civile ou institution politique, de forme descendante.
Le Centre National de la Fonction Publique Territoriale met
l'accent sur les limites de la démocratie représentative au
profit de la démocratie participative en définissant cette
dernière comme « un ensemble disparate de techniques, de
procédures et de démarches visant à se substituer à
la légitimé électorale et à la proximité
traditionnelle »14.
Aussi, il faut préciser que la démocratie
participative est souvent entremêlée avec la démocratie
locale, alors que la participation n'est qu'une facette de la démocratie
locale, qui elle inclut les élections et des outils classiques de
démocratie. Selon Claudy LEBRETON, la démocratie locale concerne
« l'ensemble des procédés concourant à une
gouvernance démocratique des territoires à l'échelle
locale, de la commune à la région »15. Bien
que trop large par rapport à notre sujet, la démocratie locale
fait cependant écho à la participation des citoyens aux
politiques publiques et rappelle les différentes échelles
géographiques de participation existantes.
Marquée par son rattachement et sa
complémentarité avec d'autres formes de démocraties, la
démocratie participative s'apparente aussi à la démocratie
représentative qui permettrait de créer des décisions plus
pertinentes et mieux éclairées.
Malgré l'abondance des termes utilisés pour
qualifier l'e-démocratie - démocratie numérique,
démocratie électronique, cyberdémocratie,
démocratie liquide, démocratie 2.0, etc., peu de
littérature universitaire existe sur le sujet. Beaucoup de retours
d'expériences ou d'exemples d'outils sont disponibles mais on trouve
rarement une caractérisation scientifique du sujet. Afin de
présenter de façon claire notre sujet, quelques
définitions seront proposées.
Tout d'abord, Périne BROTCONE définit la
démocratie numérique comme « l'ensemble des
activités numériques qui facilitent les pratiques existantes et
créent de
14 Site du CNFPT :
http://www.wikiterritorial.cnfpt.fr/xwiki/wiki/econnaissances/view/Echanges-de-Pratiques/DemocratieparticipativeProblematiqueenjeuxetingenierie#H2LadE9finitionestambigFCe
15 LEBRETON Claudy, Une nouvelle ambition
territoriale pour la France en Europe. Mission sur l'aménagement du
territoire : refonder les relations entre Etat et collectivités
territoriales, Mars 2016, 134 pages.
18
nouvelles pratiques dans le champ de la participation
citoyenne au sens large du terme »16, avec une dimension
de renouveau mise en avant.
La définition donnée par Stéphanie
WOJCIK, soit « l'ensemble des dispositifs et procédures
mobilisant les technologies de l'information et de la communication en vue de
favoriser la participation des citoyens au contrôle, à la
discussion ou à l'élaboration des décisions publiques
» 17 met l'accent sur les moyens qui sont donnés par le
numérique aux citoyens.
Un site citoyen de discussion sur la COP 21 précise les
précédentes définitions : « la
cyberdémocratie, ou e-démocratie, consiste en l'utilisation
d'internet et des outils en ligne pour développer la pratique et la mise
en oeuvre de la démocratie, tout en se servant de sites web comme
support de partage et de mise en oeuvre des informations, diffusions et
participation aux débats et processus de décisions
démocratiques »18, en élargissant le champ
de mise en oeuvre de notre sujet.
Les définitions de la démocratie classique et
numérique doivent être complétées par l'analyse de
leur nature et des instruments qu'elles utilisent, que nous étudierons
ci-dessous.
2. Analyser la nature de la participation citoyenne et de
ses instruments
Il sera ici question d'analyser les différentes
échelles de participation citoyenne et de présenter une grille de
lecture et d'analyse élaborée pour ce mémoire, dans le but
de faciliter l'appréhension des instruments de démocratie locale,
qu'ils soient classiques ou numériques, par le Conseil
Départemental.
En effet, différentes échelles de participation
citoyenne existent avec un champ lexical varié : informer, consulter,
impliquer, collaborer, autonomiser, concerter, échanger,
16 BROTCONE Périne (sous la direction de
VALENDUC Gérard), Les outils numériques au service d'une
participation citoyenne et démocratie augmentée, mars 2012,
84 pages.
17 WOJCIK Stéphanie, « Démocratie
électronique », in CASILLO I. avec BARBIER R., BLONDIAUX
L., CHATEAURAYNAUD F., FOURNIAU J-M., LEFEBVRE R., NEVEU C. et SALLES D.
(dir.), Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la
participation, Paris, GIS Démocratie et Participation, 2013.
18 Site de Climate Crowdsourcing :
http://www.climate-crowdsourcing.org/index.php/principe-de-democratie.html
19
coproduire, codécider, coconstruire, etc. Ainsi, nos
recherches nous on mené vers l'échelle de Sherry
ARNSTEIN19 qui catégorise les niveaux de participation et de
non participation des citoyens. Le premier niveau, la manipulation, et
le second niveau, l'éducation, constituent de la
non-information puisqu'ils consistent à fournir des informations
partielles et partielles à un public passif. Le troisième niveau,
l'information, constitue un début de participation symbolique
avec une information du public sur ce qui s'est déjà produit, va
se produire et est en train de se produire. Le quatrième niveau, la
consultation, donne la parole au public mais ce dernier n'a aucun pouvoir
dans la prise en compte de son point de vue, tout comme au cinquième
niveau, l'implication, où les opinions du public peuvent avoir
quelques influences sur les détenteurs du pouvoir qui restent cependant
ceux qui prennent les décisions finales. Le sixième niveau,
le partenariat, est un réel début de participation
citoyenne puisque le public peut commencer à négocier avec les
décideurs. Le septième niveau, la délégation de
pouvoir, est une partie de l'échelle qui montre le début de
la coconstruction, tout comme le niveau huit, le contrôle des
citoyens, où il y a une délégation totale dans la
prise de décision et dans l'action publique.
Cette échelle a parfois été
critiquée car elle trop simplificatrice de la participation des
citoyens. Cependant, elle a pour avantage de classer de manière
cohérente les niveaux de participation des citoyens, en
commençant par la non-participation - les deux premiers niveaux, en
passant par la coopération symbolique - les niveaux
intermédiaires, jusqu'à la réelle participation - les
trois derniers niveaux.
En complémentarité des niveaux de
démocratie participative, il semble important de s'intéresser aux
caractéristiques des projets ou des instances de participation
citoyenne. Pour cela, une méthode a spécifiquement
été développée dans ce mémoire. Ainsi, six
critères permettent de qualifier les instruments de participation
citoyenne et constituent une grille de lecture de ces instruments :
- nature : regarder si l'instrument est un outil ou une
structure. Alors que les ateliers urbains et les jurys citoyens sont des
outils, les conseils de collégiens ou de quartiers sont des structures
de participation citoyenne ;
19 Voir Annexe 2 : L'échelle de Sherry
ARNSTEIN, 1969, page 80.
20
- sens d'insufflation : lorsqu'un instrument est
créé par une institution publique, on peut le qualifier de
descendant, tandis qu'il est ascendant lorsqu'il directement mis en place par
des citoyens ou leurs groupements, soit l'empowerment ;
- temporalité : il faut étudier si l'instrument
est inscrit sur du court, du moyen ou du long terme. Les structures sont
toujours des instruments inscrits sur le long terme, tandis que les outils
peuvent être de court ou de moyen terme ;
- échelle géographique : certains outils ou
structures sont dimensionnés à des échelles
géographiques particulières, soit locales, nationales ou
européennes. Ici, seuls les instruments applicables à une
échelle départementale seront étudiés.
- public visé : tous des citoyens sans distinction
peuvent être invités à prendre part à un instrument
de participation citoyenne ou bien des publics particuliers peuvent être
visés, tels des publics éloignés comme des jeunes, des
personnes en situation de précarité par exemple ;
- coût : selon la dimension du projet ou de l'instance
de participation citoyenne, les coûts sont plus ou moins
élevés. Alors qu'une réunion de discussion coût peu
cher, organiser un théâtre forum ou une conférence de
consensus coûte beaucoup plus cher.
Finalement, s'intéresser à la définition
de la participation citoyenne, aux niveaux de participation citoyenne et aux
différentes facettes des instruments de la participation citoyenne
permet d'en connaître ses pourtours. Cependant, malgré des
caractéristiques assez claires et aisément conceptualisables, le
cadre juridique qui enveloppe notre sujet d'étude semble assez
restreint.
Paragraphe 2. Un cadre juridique insuffisant
La loi Barnier du 2 février 1995 relative à la
protection de l'environnement a consacré le principe de la
participation. Depuis, de nombreux dispositifs législatifs ont
renforcé les possibilités d'association des citoyens et des
habitants aux politiques publiques. Ainsi, nous verrons que la participation
citoyenne reste à l'état de principe dans la loi (A) puis que la
création d'une multitude d'instances participatives a complexifié
la compréhension de la participation citoyenne (B).
21
A. La participation citoyenne reste à l'état
de principe dans la loi
Les recherches menées font état d'une
inscription de la participation citoyenne dans la loi encore balbutiante, qui
reste à l'état de principe. Cependant, il est nécessaire
d'étudier ces lois, en utilisant le niveau de participation citoyenne
qu'elles impliquent (1), puis de s'intéresser au début
d'encadrement de l'e-démocratie (2).
1. Les différents niveaux de participation
citoyenne encadrés par la loi
Ici, nous pouvons réutiliser l'échelle
d'ARNSTEIN20, précédemment citée, qui nous
permet de remarquer trois paquets de lois qui renvoient tous à des
niveaux de participation citoyenne différents, plutôt que de
regarder les lois qui concerne la participation citoyenne de manière
chronophage.
D'abord, le niveau de l'information s'observe dans
l'étude des lois relative à la participation citoyenne. La loi du
17 juillet 1978 a créé un droit à la communication des
documents administratifs en instituant la Commission d'accès aux
documents administratifs21, par la suite consacré par la loi
du 12 avril 200022. Puis, la loi sur l'administration territoriale
de la République du 6 février 1992 a conféré un
droit aux habitants à être informés et consultés,
notamment avec un accès à l'information grâce à un
libre accès aux documents budgétaires et
délibératifs des conseils municipaux : « les budgets de
la commune restent déposés à la mairie [...] à la
disposition du public dans les quinze jours qui suivent leur adoption ou
éventuellement leur modification »23 ; des conseils
départementaux : « les budgets et les comptes du
département définitivement réglés sont rendus
publics par la voie de l'impression [...] dont le lieu de mise à
disposition du public est l'hôtel de ville »24 ; et
des
20 Voir Annexe 2 : L'échelle de Sherry
ARNSTEIN, 1969, page 80.
21 Loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 portant
diverses mesures d'amélioration des relations entre l'administration et
le public et diverses dispositions d'ordre administratif, social et fiscal.
22 Loi n° 2000-321 du 12 avril 2000 relative
aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations.
23 Article 13 de la loi n°92-125 du 6
février 1992 relative à l'administration territoriale de la
République, modifiant l'article L.212-14 (M) du Code des communes.
24 Article 17 de la loi n°92-125 du 6
février 1992 relative à l'administration territoriale de la
République, modifiant l'article 67 de la loi n°1871-08-10 du 10
août 1871 relative aux Conseils Généraux.
22
conseils régionaux : « le budget et le compte
administratif arrêtés sont tenus publics »25.
Cette loi a ainsi fondé une première introduction à la
notion de démocratie locale, qui reste restreinte.
En ce qui concerne le niveau de la consultation, rappelons que
comme nous l'avons précédent vu, l'enquête d'utilité
publique a été instituée à la fin du XIX°
siècle. La démarche de consultation dont l'objectif est de
recueillir l'avis de différents individus a été
renforcée par deux principales lois. Nous ne reviendrons pas ici sur le
principe de consultation directe des citoyens par référendum
consultatif qui avait été créé par la loi ATR puis
remplacé par le droit à la pétition et au
référendum décisionnel local lors de la révision
constitutionnelle du 28 mars 2003, dans son article 72-1, qui constitue la
première forme législative de consultation. De même, la loi
ATR rappelle que les électeur de la commune peuvent être
consultés sur « les décisions que les autorités
municipales sont appelées à prendre pour régler les
affaires de la commune »26 avec une possibilité de
ne consulter qu'une partie restreinte des électeurs. Un dossier de
consultation doit être mis à disposition du public sur place
à la mairie et, le cas échéant, à la mairie annexe
quinze jours au moins avant le scrutin.
Enfin, le niveau de la concertation, qui implique une certaine
influence des individus sur la prise de décision, par une
considération de leurs avis et une coconstruction, est aussi
présent dans le droit français. Son inscription dans la loi
débute le 13 juillet 1991 avec la loi d'orientation pour la
ville27, qui instaure un principe de concertation préalable
pour toute opération ou action impliquant une modification substantielle
des conditions de vie des habitants des quartiers. Notons que les termes de
« modification substantielle » restent flou, sans précision de
mesure les concernant. Rappelons que la loi Barnier du 2 février
199528 avait déjà instauré l'instrument du
débat public en obligeant la mise en place d'une concertation pour
l'ensemble des grands projets portant incidence sur l'environnement. Les
principes généraux de la concertation se retrouvent dans la
Charte de la concertation mise en place en 1996. Celle-ci doit ainsi commencer
en amont du projet, être aussi large que possible, mise en oeuvre par les
pouvoirs publics, exiger la transparence, favoriser la
25 Article 16 de la loi n°92-125 du 6
février 1992 relative à l'administration territoriale de la
République, modifiant l'article 67 (ab) de la loi n°1871-08-10 du
10 août 1871 relative aux Conseils Généraux.
26 Article 21 de la loi n° 92-125 du 6
février 1992 relative à l'administration territoriale de la
République, modifiant l'article L125-3 du Code des communes.
27 Loi n° 91-662 du 13 juillet 1991 d'orientation
pour la ville.
28 Loi n° 95-101 du 2 février 1995
relative au renforcement de la protection de l'environnement.
23
participation, s'organiser autour de temps forts,
nécessiter la présence d'un garant, et faire l'objet de bilans.
La concertation est également codifiée dans l'article L. 103-2 du
Code de l'urbanisme29 qui stipule que quatre types de projets
« font l'objet d'une concertation, pendant toute la durée de
l'élaboration du projet, les habitants, les associations locales et les
autres personnes concernées : l'élaboration ou la révision
du schéma de cohérence territoriale ou du plan local d'urbanisme
; la création d'une zone d'aménagement concerté ; les
projets et opérations d'aménagement et de construction ayant pour
effet de modifier de façon substantielle le cadre de vie, notamment ceux
susceptibles d'affecter l'environnement [...] ou l'activité
économique [...] ; les projets de renouvellement urbain ».
Nous venons donc d'étudier des lois à quatre
échelle, celles de l'information, de la consultation et de la
concertation, qui malgré leur nombreux plutôt important ne donnent
pas toujours des modalités de mise en oeuvre, ce qui rend leur
utilisation difficile, et qui ne lient pas les institutions locales de
manière suffisante à créer une participation citoyenne
forte. De son côté, nous allons voir que l'e-démocratie qui
un concept récent, est encadré par beaucoup moins de lois.
2. Les prémices de l'encadrement de
l'e-démocratie
Alors que la démocratie participative est
encadrée par de nombreux textes, même si ces derniers ne donnent
pas toujours des obligations de résultats, certains textes encadrent
plus spécifiquement l'e-démocratie.
Le décret n°2011-1832 du 8 décembre 2011
montre le souhait du gouvernement français de favoriser la
création d'outils de démocratie participative en ligne, par des
consultations ouvertes sur internet se substituant aux consultations
institutionnalisées, en phase amont de l'adoption d'actes
règlementaires. L'objectif de ce décret est que l'Etat, les
collectivités territoriales et les établissements publics
consultent les personnes concernées par le projet, dont le délai
doit être supérieur à quinze jours. De même, ce
décret a prévu la création d'un site de
référencement des consultations en cours et terminées qui
ont utilisé une plateforme en ligne pour leur
réalisation30. Ce site, communiqué par le
gouvernement,
29 Article L. 103-2 du Code de l'urbanisme
créé par l'ordonnance n° 2015-1174 du 23 septembre 2015.
30 Rubrique des forums du site du gouvernement :
http://www.vie-publique.fr/forums/
24
répertorie les principaux débats, consultations
et forums publics avec la communication des synthèses finales lorsque
ces derniers sont terminés, avec une possibilité de recherche par
thème, type et ville.
La Commission Nationale du Débat Public, devenue par la
loi Vaillant du 27 février 2002 relative à la démocratie
de proximité31 une autorité indépendante qui
veille au respect de la participation du public, s'est également
intéressée à l'usage du numérique pour
équilibre les dispositifs participatifs mis en place.
Enfin, c'est notamment le projet de loi pour une
République numérique32 qui a créé une
concertation élargie sur une plateforme numérique en octobre
2014, avait pour objectif d'une coconstruction par le numérique. Ainsi,
21 000 internautes ont participé à cette concertation avec plus
de 8 500 amendements, arguments et propositions de nouveaux articles, soit le
début d'une réflexion sur la manière de faire participer
les citoyens aux politiques par le numérique, avec une réflexion
sur la protection des internautes que cela engendre, que ce soit au niveau de
la liberté sur Internet que sur l'utilisation des résultats.
L'e-démocratie est donc encadrée par peu de lois
qui relèvent souvent d'une protection plus globale pour protéger
les individus sur Internet et la liberté de chacun. Ainsi, malgré
un manque de substance de la loi en matière de participation citoyenne,
des instances participatives ont été créées pour
diverses échelles territoriales et thématiques.
B. La création d'une multitude d'instances qui
complexifie la compréhension de la participation citoyenne
Il est ici question d'étudier les instances
participatives à différentes échelles territoriales
locales. Nous verrons que ces dernières ont des formes et des
thématiques diverses. Le foisonnement de ces instances et de leur
dénomination fait qu'il est difficile d'en proposer une liste
exhaustive. Ainsi, nous proposerons ici un aperçu des
possibilités de création d'instances participatives à
différentes échelles, infra-communale et communale (1) puis
départementale et régionale (2).
31 Loi n 2002-276 du 27 février 2002 relative
à la démocratie de proximité.
32 Projet de loi n 3318 pour une République
numérique enregistré à l'Assemblée nationale le 9
décembre 2015.
25
1. La création d'instances participatives à
l'échelle infra-communale et communale
A l'échelle d'un établissement d'action sociale,
un Conseil de vie sociale est obligatoire pour les
établissement et le service qui assurent un hébergement, un
accueil de jour continu ou une activité d'aide par le travail est
obligatoire, et dont le renouvellement se fait tous les trois ans.
A l'échelle du quartier, d'abord, les Conseils de
quartiers ont été rendus obligatoires par la loi Vaillant du
27 février 2002 relative à la démocratie de
proximité pour les villes de plus de 80 000 habitants33, dont
la création, les modalités de fonctionnement et l'allocation de
crédits sont décidées par le Conseil municipal de la
ville. Leur création est facultative pour les villes dont la population
est comprise en 20 000 et 79 999 habitants. Ils peuvent être
consultés par le maire et formuler des propositions sur toute question
concernant le quartier ou la ville. Cependant, n'étant qu'une instance
de consultation, leurs avis ne sont pas liants pour le Conseil municipal.
A l'échelle communale, le Conseil municipal peut
créer des Comités consultatifs sur « tout
problème d'intérêt communal concernant tout ou partie du
territoire de la commune » selon la loi ATR34. C'est
notamment le cas des Conseils municipaux des jeunes,
créés facultativement dans l'objectif d'améliorer la
concertation avec les jeunes habitants, et dont le Conseil municipal
définit la composition, le rôle, le mode de fonctionnement et le
mode d'élection. De même, des Conseils des aînés
qui cherchent à l'échelle communale à prendre des
décisions sur l'intérêt des séniors, en termes de
maison de retraite, de loisirs, d'animation et de mesures à leur
intention. A cette même échelle, les Conseils de
développement sont des instances qui permettent d'associer des
acteurs socio-économiques à un projet de territoire.
Créés par la loi Voynet du 25 juin 1999 d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du
territoire35 qui définit aussi leurs modalités de
fonctionnement, ils sont été élargis aux Pays par la loi
urbanisme et habitat du 2 juillet 200336. Alors que le
33 Loi n° 2002-276 du 27 février 2002
relative à la démocratie de proximité.
34 Article 22 de la loi n° 92-125 du 6
février 1992 relative à l'administration territoriale de la
République, modifiant l'article L121-20-1 du code des communes.
35 Loi n° 99-533 du 25 juin 1999 d'orientation
pour l'aménagement et le développement durable du territoire.
36 Loi n° 2003-590 du 2 juillet 2003 urbanisme et
habitat.
26
Conseil de développement d'une commune a une fonction
uniquement consultative, le Conseil de développement des Pays a une
mission plus forte avec une participation active dans l'élaboration et
le suivi de la charte de développement.
Cinq exemples d'instances participatives à une
échelle communale et infra-communales ont donc été
proposés. Voyons maintenant quelles sont les instances participatives
existantes à une échelle supérieure locale.
2. La création d'instances participatives à
l'échelle départementale et régionale
A l'échelle départementale, différentes
instances participatives peuvent être créées selon les
différentes politiques publiques du Département. En
matière d'action sociale, la Commission départementale de la
cohérence sociale qui est présidée par le
Préfet participe à l'élaboration des politiques
d'insertion sociale, de prévention et de lutte contre l'exclusion, de
prévention des expulsions, d'accueil et d'intégration des
personnes immigrées et plus largement à la mise en
cohérence de toutes les politiques sociales. En termes d'emploi, le
Comité départemental de l'insertion par l'activité
économique et le Comité pour l'emploi sont
réunis au sein de la Commission départementale de l'emploi et
de l'insertion, ou de même, il est possible de créer un
Comité des bénéficiaires du Revenu de
Solidarité Active afin d'améliorer son fonctionnement.
Concernant les politiques du handicap et de la vieillesse, le Conseil
départemental consultatif des personnes handicapées et le
Comité départemental des retraités et des personnes
âgées améliorent la prise en compte de ces deux
thématiques selon une logique partenariale active. La thématique
de la petite enfance peut être traitée dans une Commission
départementale de l'accueil du jeune enfant, qui est une instance
de réflexion sur l'organisation, le fonctionnement et le
développement de l'accueil des jeunes enfants, qui est
présidée par le président du Conseil
départemental.
A l'échelle régionale, le Conseil
économique et social régional est une assemblée
consultative, créée la par la loi ATR du 6 février
199237. Ce conseil est saisit pour un examen des documents
liés à l'exécution budgétaire et des
compétences régionales. De même, la loi du 13
décembre 2000 relative à la solidarité et renouvellement
urbains38 préconise la création
37 Article 25 de la loi n° 92-125 du 6
février 1992 relative à l'administration territoriale de la
République, modifiant les articles 14 et 15 de la loi n°72-619 du 5
juillet 1972 portant création et organisation des Régions.
38 Loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000
relative à la solidarité et au renouvellement urbains.
27
de Comités de lignes permettant
d'échanger sur la qualité des transports, créés
notamment dans le cadre du transport régional. Enfin à
l'échelle régionale, le Comité régional de
l'habitat créé par la loi du 13 août 2004 relative aux
libertés et responsabilités locales39 remplacent les
Comités départementaux de l'habitat, dont l'objectif est de
satisfaire les besoins en logement et d'orienter la politique régionale
de l'habitat.
Les possibilités de création d'instances locales
de participation citoyenne, encadrées ou non par la loi, sont donc
diverses et variées, notamment à l'échelle
départementale. Cependant, ces nombreuses possibilités rendent
difficile leur compréhension par les citoyens.
Après avoir remarqué que la participation
citoyenne est un concept ancien, qui revêt diverses formes et qui est peu
encadré par la loi, nous allons maintenant nous intéresser
à la manière dont le numérique peut être un nouveau
vecteur de l'amélioration démocratique locale.
Section 2. Le numérique, nouveau vecteur de
l'amélioration démocratique
Le numérique a permis des avancées en ce qui
concerne l'accès aux données et aux politiques publiques. Ainsi,
les enjeux de la participation citoyenne numérique sont nombreux
(Paragraphe 1) notamment pour une rencontre du numérique avec la
participation citoyenne (Paragraphe 2).
Paragraphe 1. Les enjeux de la participation citoyenne
numérique
Permettant de répondre à une crise politique
plurielle (A), nous verrons que la citoyenneté numérique est
incontestablement un nouveau défi pour la démocratie et la
participation (B).
39 Loi n 2004-809 du 13 août 2004 relative aux
libertés et responsabilités locales.
28
A. Une réponse à une crise plurielle
La démocratie représentative est frappée
par un éloignement progressif des citoyens aux institutions publiques
qui se remarque notamment par une augmentation du taux d'abstention lors des
élections. L'objectif de la démocratie participative est donc de
vaincre une crise protéiforme (1) dans un contexte propice au
développement de la démocratie participative, notamment
numérique (2).
1. Vaincre une crise protéiforme du système
politique
Une certaine forme de défiance semble s'être
développée chez les citoyens, avec un certain rejet des
institutions et une remise en cause du modèle politique dans sa forme
actuelle. En effet, en juin 2014, un sondage TNS-SOFRES réalisé
pour la Commission Nationale du Débat Public en juin 2014 faisait
état que 54% des personnes interrogées jugent négativement
notre système politique. En ce sens, cinq crises de notre système
politique peuvent être décelées.
La crise de la participation se remarque par une montée
de l'abstention aux élections qui a augmentée de 4,2 % aux
Municipales en 2014 et de 3,6 % aux Présidentielles en 2012, avec
toujours plus de la moitié des votants absents aux élections
européennes.
La crise de la représentation est symbolisée par
une montée des extrêmes et une désertion des parties
politiques au profit des associations qui demandent à être
intégrées aux processus de décisions.
La crise de la légitimité se perçoit dans
la remise en cause des mandataires du pouvoir. Les élus qui
bénéficiaient d'un blanc saint auparavant délivré
durant leur mandat, doivent aujourd'hui rendre des comptes aux électeurs
et sont pourtant accaparés par des politiques publiques de plus en plus
complexes, des situations et des normes de plus en plus nombreuses.
La crise des institutions résulte d'un manque de
lisibilité des institution pour les citoyens, liée au
millefeuille territorial et législatif : les échelons
institutionnels sont trop nombreux, la visibilité sur la
répartition des compétences est faible, et certaines lois
comportent trop de modalités d'application contraignantes dans certains
domaines, comme l'agroalimentaire, alors que d'autres demeurent sans
décrets d'application.
Enfin, la crise du résultat fait que les citoyens
considèrent de moins en moins la
29
politique comme vecteur de changement démocratique.
D'ailleurs, selon un sondage réalisé par Harris Interactive pour
le mouvement citoyen « le réveil de la France » rapporte que
deux Français sur trois pensent que les politiques sont incapables
d'apporter des solutions efficaces, et que pour y remédier, huit de ces
français sur dix étaient favorables à une
démocratie collaborative.
Après avoir analysé la crise protéiforme
qui touche la démocratie représentation, il sera question
d'étudier les caractéristiques du contexte actuel favorable au
développement de la démocratie participative.
2. Un contexte propice au développement de la
démocratie participative, notamment numérique
Trois origines sociétales semblent permettre
l'explication du développement de la démocratie participative
numérique.
D'abord, l'évolution de la société permet
différents avantages. D'une part, un accès
généralisé à une meilleure éducation et un
accès plus simple et global à l'information et à la
culture donnent envie aux citoyens de participer de manière active aux
processus de décision. D'autre part, la crise économique et
sociale a des répercussions inconstatables sur le rapport entre les
citoyens et le politique, qu'ils voudraient plus équilibré. Ces
deux éléments appellent à un renouvellement
démocratique que l'on remarque par un nombre important d'individu qui se
tourne vers des mouvements citoyens pour se faire entendre. Il est donc
nécessaire que les collectivités territoriales saisissent ce
besoin de participation ressenti par les citoyens en coconstruisant les
politiques publiques.
Dans un même temps, les restrictions financières
et l'obligation de sobriété dans les dépenses publiques
exigent une réflexion en amont de la réalisation des politiques
publiques et des projets pour qu'ils soient durables et acceptés par
tous les citoyens et habitant. En effet, une politique publique accepté
par tous est plus rapidement mis en oeuvre et plus facilement utilisé
par les citoyens, car ses enjeux sont adéquats aux attentes des
habitants et surtout car ils sont compris. Cela signifie également que
les collectivités territoriales doivent donner les règles du jeu
en amont d'un projet participation citoyenne, en indiquant ce qui est mis ou
non au débat.
30
Le contexte actuel est également marqué par un
manque de confiance qui créer des essais parfois ratés ou
manqués de participation citoyenne, et qui constituent une
déception pour les participants. A la fois le politique manque de
confiance en la capacité des citoyens à agir en faveur de
l'intérêt général, mais également les
citoyens en manquent envers les politiques. Si un citoyen se représente
comme partenaire de l'élu à l'approche d'une réunion de
consultation, et que cette dernière s'avère être une
réunion d'information, sa déception sera importante. Ainsi, la
distorsion entre ces deux entités fait qu'un renouveau de la
démocratie participative doit être pensé, non pas par une
substitution de la démocratie locale à la démocratie
représentative, mais comme une complémentarité entre les
deux.
Ainsi, l'évolution de la société, la
nécessité d'une sobriété financière et le
manque de confiance des citoyens et des élus les uns envers les autres
sont des conditions favorables à la démocratie participative
numérique qui permet un renouveau.
B. Le numérique : un défi pour la
démocratie et la participation
Nous allons voir pourquoi le numérique est
incontestablement un manière de renouveler et de moderniser les
manières de faire des institutions et des entreprises. La rencontre du
web et des Civic Tech40 permet en effet une démocratie
augmentée (1) et une opportunité au service d'une gouvernance et
d'une mobilisation nouvelles (2).
1. La rencontre du web et des Civic Tech pour une
démocratie augmentée
Le croisement du web et des Civic Tech est une
opportunité pour créer une participation citoyenne plus accrue et
un renouvellement de la démocratie.
Notre ère est marquée par la
généralisation du haut débit, 48 millions de personnes qui
surfent sur Internet en moyenne durant 27 heures par semaine, les prix des
forfaits internet ont été divisés par dix, les tablettes
ont séduit plus d'un français sur trois, plus de 28 millions de
comptes Facebook sont dénombrés en France et une connexion sur
deux est maintenant réalisée depuis un Smartphone. On remarque en
effet aisément la prépondérance du web, de
40 Se traduit par technologies civiques.
31
ses outils et des réseaux sociaux qui sont aujourd'hui
foisonnants et qui ouvrent une nouvelle porte à la participation
citoyenne en ligne. Pierre LEVY disait déjà en 2003 que le web
offrait une possibilité de participation accrue en ouvrant un «
nouvel espace de communication, inclusif, transparent et universel, qui est
amené à renouveler profondément les conditions de vie
publique dans le sens d'une liberté et d'une responsabilité
accrue des citoyens »41.
Figure 1 : Présentation des Civic Tech
Source : Site spécialité sur les Civic Tech
:
http://civictechno.fr
Les Civic Tech, sont des technologies adaptées
à la citoyenneté, dont le principe est de revitaliser et de
transformer les institutions sociales. En outre, elles se trouvent à la
rencontre entre le community organizing42, les
réseaux sociaux, le crowd funding43, la consommation
collaborative et les données du gouvernement. Les Civic Tech ont pour
objectif de « rendre le gouvernement plus accessible, efficient et
efficace »44 selon Techcrunch. D'ailleurs, la Knight
Foundation précise dans cet article que le secteur de la Civic Tech doit
être « à la croisée de la technologie,
l'innovation, d'un gouvernement ouvert et de l'engagement citoyen »,
et
41 Pierre LEVY, Cyberdémocratie,
Paris, Editions Odile Jacob, 2002.
42 Se traduit par organisation communautaire.
43 Se traduit par financement participatif.
44 Article « La technologie change la politique
et les institutions du site Civic + Tech :
http://www.civictechno.fr/2016/01/16/cest-quoi-la-civic-tech/
32
recouvrent selon Alex HOWARD « tout outil ou
processus que les individus ou les groupes peuvent utiliser pour influer sur la
scène publique ». Plus précisément, seules les
technologies « utilisées dans l'intérêt
général et qui améliorent les conditions de vie du plus
grand nombre, et pas seulement de quelques uns » devraient être
comptées dans ces termes.
Ainsi, si l'on considère que ces technologies
ambitionnent l'intérêt général et permettent de
rapprocher les citoyens de leurs institutions, leur utilisation doit permettre
à l'échelle départementale d'améliorer le dialogue
citoyen et une construction des politiques publiques de manière
renouvelée.
Un exemple d'utilisation des technologies à des fins
politiques qui a marqué le monde numérique est celui fait durant
la campagne de Barak Obama. Cette campagne a en effet été
marquée par l'utilisation d'une application adaptée au porte
à porte et à la collecte d'informations, qui a permis de
recontacter les personnes qui se sont dites intéressées lors de
la première vague de passage. Cette application a été une
des premières expériences de lien entre les électeurs et
un candidat politique. Les technologies offrent donc des possibilités
nombreuses en termes d'innovations politiques et il est sûr qu'elles
créent de nouvelles dynamiques.
Reste à prendre en considération le fait que
même si le numérique et le web ouvrent de nouvelles perspectives
à la démocratie participative, et que la structure Internet
permet de faire un nombre incalculable de choses, et comme le rappelle Bastien
KERSPERN, designer d'interactions digitales, les citoyens créent
aisément une mobilisation digitale négative, de stop, et
se positionnement contre un projet ou quelque chose très facilement,
alors qu'ils rendent les mobilisations positives, les go, plus
difficiles et plus rares. Les mouvements de contestation savent
fédérer de nombreux individus sur Internet, alors que les
mouvements de construction restent faibles. De même, KERSPERN qui se
représente le web sous formes de bulles séparées (les
internautes et leurs communautés virtuelles), souligne l'importance de
faire entrechoquer ces bulles afin de créer de l'intelligence collective
et de les rendre fructueuses.
Finalement, les technologies civiques et Internet qui ont des
possibilités innombrables devraient servir à une gouvernance et
une mobilisation nouvelles.
33
2. Une opportunité au service d'une gouvernance et
d'une mobilisation nouvelles
La gouvernance qui est une notion liée aux domaines du
développement local et de la politique territoriale a d'abord
été présentée comme le versant social du principe
de durabilité. Au coeur de ce concept, la notion de participation des
citoyens aux décisions concernant leurs vies, avait déjà
été évoquée en 1992 lors de la Conférence de
Rio : « la gouvernance est ici comprise comme les relations entre
l'Etat et la société civile » 45 . Plus largement la
gouvernance que l'on entend au sens de locale est une association des concepts
de multiplicité des acteurs, de décisions partagées, de la
gestion décentralisée et de la recherche du bien commun.
Aujourd'hui, la DATAR donne pour définition à la gouvernance :
« une manière d'aborder la question du gouvernement qui ne
donne pas la priorité à l'art de gouverner et la conduite de
projet, mais aux relations entre dirigeants et dirigés
»46.
Il est donc clair qu'utiliser le numérique pour
créer de nouvelles relations entre les administrés et les
dirigeants doit permettre de créer une gouvernance nouvelle.
Développer une démocratie participative au sein
d'une collectivité territoriale implique ainsi la mise en place d'une
gouvernance nouvelle, d'un nouveau paradigme dans lequel les décisions
résultent d'une discussion entre dirigeants et dirigés, dans
laquelle les uns intègrent les idées des autres. L'enjeu pour le
Conseil département et ses élus est de se saisir les multitudes
de mouvements citoyens qui se déploient en dehors de son institution
pour les transformer en synergies citoyennes. Le web mobilise de nombreuses
communautés et internautes, qui peuvent être
représentées dans des bulles, les faires s'entrechoquer
permettrait de tirer des idées novatrices et calibrées aux
attentes des citoyens. L'exploration des outils digitaux permet le renouveau de
la démocratie, puisque l'on observe des flux incessants sur Internet,
même lorsque les puissances publiques ne demandent rien.
D'ailleurs, certaines start-ups se positionnent sur ce champ
de la collaboration entre élus et citoyens par le numériques, et
même si certaines d'entre-elles qui cherchent à faire du business,
d'autres, et ce sont celles qui nous intéressent, ont pour objectif
d'équiper les
45 DUCHASTEL Jules, Du gouvernement à la
gouvernance : crise ou ajustement de la régulation, Athéna
Editions, 2004, 37 pages.
46 Conseil Général de l'environnement
et du développement durable, La gouvernance concertée,
30 mars 2010, page 6.
34
institutions en outils qui modernisent la manière dont
sont construites ou menées les politiques publiques.
De même, chaque technologie de communication fait
l'objet de présupposés en ce qui concerne son aptitude à
mobiliser davantage les citoyens et moderniser les institutions. Par exemple,
le chercheur Laurence MONNOYER SMITH affirme le caractère citoyen du
numérique : « la radio, la télévision, la
vidéo communautaire, les radios libres et les formes balbutiantes de
l'Internet ont tous suscité des espoirs d'une appropriation citoyenne
intense permettant l'avènement d'une démocratie forte
È47, puisque Internet est en effet susceptible d'ouvrir
de nouveaux espaces de discussion politique et de favoriser l'expression
directe des citoyens. C'est pourquoi les mouvements citoyens numériques
qui regroupent différents internautes permettent d'allier de nouveaux
espaces politiques et une expression citoyenne numérique.
L'espace public en ligne et les nouvelles technologies
afférées au développement de l'e-démocratie et de
la participation du public sont donc perçus comme une nouvelle
arène de débat. Face à l'inquiétude des politiques
et des institutions devant la défiance, le numérique doit
permettre de mettre à jour les différents modes de faire de la
politique, tout en créant de nouvelles opportunités pour
renouveler le fonctionnement de la démocratie. A terme, un changement de
posture des citoyens et une animation des territoires renouvelée sera
à l'oeuvre, par la rencontre du numérique et de la participation
citoyenne.
Paragraphe 2. De la rencontre du numérique avec la
participation citoyenne
Rappelons ici que nous entendons par les termes de
participation citoyenne numérique, les procédures participatives
qui utilisent internet ou de nouvelles technologies. La rencontre entre les
deux fait l'objet de nombreuses études qui mettent en avant les
avantages (A) et les inconvénients (B) de celle-ci.
47 MONNOYER-SMITH Laurence, La participation en
ligne, révélateur d'une évolution des pratiques politiques
? », Participations 1/2011 (N° 1), pp. 156-185
35
A. Les incontestables avantages à cette
rencontre
Les universitaires et experts de la question de la
participation citoyenne expriment dans leurs travaux la manière dont le
numérique produit des avantages important pour celle-ci, en faisant
tomber les barrières spatiotemporelles et en élargissant le
spectre démocratique (1) tout en permettant une communication
renforcée autour de l'e-démocratie (2).
1. Faire tomber les barrières spatiotemporelles et
élargir le spectre de la démocratie
Le numérique a pour premier avantage de rendre
l'expression d'un avis par les citoyens sur des politiques publiques ou des
projets locaux plus simple. En effet, internet élargit l'espace public
et les technologies rendent la participation citoyenne plus accessible.
En ce qui concerne la diffusion de la participation citoyenne
sur Internet, des situations peuvent être contrebalancées. On
pense notamment à des personnes qui rencontrent des difficultés
à s'exprimer en public, ou encore à celles qui possèdent
un emploi du temps chargé ou des horaires décalés, pour
qui les horaires de réunions publiques sont inadaptés. Le
numérique offre au contraire la possibilité aux personnes timides
de s'exprimer sans avoir peur d'être jugées, ou de participer
activement à des politiques publiques lors de leur temps libre et ce
depuis chez leur domicile, leur bureau, leur Smartphone, sans lieu ni horaires
contraints. L'utilisation des nouvelles technologies permet de son
côté une gestion des données beaucoup plus
optimisée, avec l'utilisation de la tablette tactile, par exemple, qui
constitue une avancée importante. Les participants se sentent
également plus libres car ils peuvent prendre le temps de
réfléchir à ce qu'ils veulent partager.
Manuel CASTELLS parle de « faire tomber les
barrières spatiales et temporelles permettant à un public
élargi de s'exprimer et s'engager politiquement
»48, soit de favoriser le dialogue entre citoyens et
élus, et leur permettre de s'exprimer plus librement en formulant des
suggestions et des critiques envers les institutions.
48 MONNOYER-SMITH Laurence, « La participation en
ligne, révélateur d'une évolution des pratiques politiques
? », Participations 1/2011 (N° 1), pp. 156-185
36
De même, de nombreux universitaires parlent de capter
des populations éloignées ou des minorités pour qui les
réunions publiques leurs parlent peu. Il est clair que le
caractère simplifié des technologies de participation citoyenne
permet d'intégrer plus facilement ces populations, qui de même
seront plus à l'aise pour donner leur avis que dans une réunion
publique devant des centaines de personnes.
Capter les citoyens, dans une situation de
déterritorialisation produite par Internet passe également par
une communication plus importante entre l'institutions et ces premiers.
2. Une communication renforcée autour de
l'e-démocratie
De prime abord, on imagine que la communication est
forcément plus dense de l'institution vers le citoyen. Pourtant,
l'e-démocratie permet également de renforcer l'autre sens de
communication, celui des citoyens vers l'institution, et des citoyens entre
eux.
En effet, on pense aisément que l'utilisation du web et
des réseaux sociaux fait que l'institution publique sera naturellement
plus encline à communiquer sur ses politiques publiques et projets
locaux, et prévenir les citoyens et habitants de projets de
participation citoyenne sur le territoire qu'elle recouvre. De même, on
imagine l'importance de la communication de l'institution afin de donner de la
visibilité aux points cités précédemment, pour
partager un maximum d'informations possible avec citoyens et attirer un nombre
important de participants en cas de projet de participation. D'ailleurs, la
communication de la candidate socialiste Ségolène ROYAL
réalisée durant la campagne présidentielle de 2007, qui a
souvent été qualifiée de tentative de
récupération institutionnelle du dynamisme participatif du web,
renforce l'idée de l'importance de la participation par le
numérique et la nécessité de créer des liens
qu'elle implique.
De plus, de leur côté, les citoyens peuvent
communiquer avec une institution de différentes manières.
D'abord, les citoyens ou les habitants peuvent interpeler l'institution ou le
politique concernant des problèmes qu'ils rencontrent, notamment
grâce aux espaces citoyens qui peuvent maintenant être
intégrés dans les sites web institutionnels. Puis, il existe
aujourd'hui des applications collaboratives qui permettent de partager
directement ou indirectement avec une institution et les autres habitants des
problèmes rencontrés dans une
37
zone en particulier : ville, réseau urbain, rues,
etc.49. La communication entre tous les citoyens est
également primordiale. Le premier exemple notoire en matière de
communication de citoyen à citoyen est celui d'un groupe de partisans
créé lors du référendum concernant la Constitution
européenne de 2005. En outre, un groupe de partisans du « non
» s'était constitué en dehors des espaces d'échange
et de discussions habituels.
Malgré d'importants avantages en termes de captation
des populations éloignées et d'amélioration de la
communication entre institution et citoyens, nous devons considérer
certaines limites à l'utilisation du numérique.
B. Les risques de cette rencontre à
considérer afin de les éviter
Connaître les risques potentiels de l'e-participation
est un moyen efficace pour se projeter dans le futur et éviter que les
problèmes identifiés ne se produisent.
Nous avons précédemment abordé le manque
de confiance de certains citoyens envers les hommes politiques du fait d'une
défiance qui s'est installée entre ces deux groupes d'individus.
Faute aux réunions publiques durant lesquelles les jeux étaient
tout faits d'avance par des politiques effrayés d'une éventuelle
perte d'autonomie politique, ou encore faute aux réunions dont
l'objectif caché était de créer une acceptation sociale
globale et de neutraliser les conflits. En sachant que les citoyens refusent
ces types de réunion, un travail doit être fait pour laisser place
à une réelle concertation.
L'open-data a été plébiscitée par
les médias et les citoyens éclairés, mais finalement, on
peut remarquer une trop grande quantité d'informations qui peut
être nocive à la transparence politique numérique. Les
citoyens se noient dans un trop plein d'informations, avec deux choix qui
s'offrent à eux. D'une part traiter eux-mêmes les informations
qu'ils reçoivent, s'ils en ont les moyens, d'autre part, passer par des
intermédiaires qui décryptent les informations pour eux. En
effet, tous les individus ne sont pas capables de traiter équitablement
les informations données par les institutions publiques.
49 Cf. La valorisation de la coproduction de
données page 62.
38
A l'instar du Brésil qui a créé « la
Mapa de transparencia »50, une initiative gouvernementale qui
cartographie la manière dont les dépenses publiques ont
été réparties, le Département de la Haute-Garonne
pourrait offrir des données illustrées et commentées aux
citoyen.
Une autre limite à trait à la reproduction des
inégalités de ressources entre les acteurs lors de participations
numériques. Les individus avec le plus grand capital technologique et
culturel participeront plus facilement à des activités
d'association du public, et donc cela maintiendra les positions de gouvernants
et de gouvernés. En effet, l'usage d'Internet et des technologies varie
selon des facteurs socio-économiques. L'étude
réalisée à ce propos par le groupe de recherche Marsouin
montre que seuls certains citoyens arrivent à se saisir des outils de
participation51.
Figure 2 : Etude du groupe Marsouin sur la participation
citoyenne numérique Source : site du groupe Marsouin :
http://www.marsouin.org
Cette étude montre qu'une forte proportion de citoyens
ont eu recourt à la recherche d'informations sur des sites
administratifs (69% des personnes interrogées l'ont fait dans les 12
derniers mois), mais aussi que 53% d'entre eux ont
téléchargé des documents en ligne, 43% les ont
renvoyé en ligne et 7% ont déjà consulté des
délibérations du Conseil municipal de leur commune directement en
ligne, et enfin, seuls 10% de ces personnes ont échangé par
50 Renaissance numérique, démocratie
: mise à jour, avril 2016, page 57.
51 TREMEMBERT Jocelyne, Point sur les usages
d'Internet : Usage des réseaux sociaux et e-participation, 12
octobre 2010, page 3.
39
mail avec leur mairie ou ses représentants. A
contrario, seules 17 personnes sur les 200 personnes interrogées
ont déjà participé à un débat en ligne sur
un site internet d'une administration ou d'un portail, ce qui reste un chiffre
faible.
Les personnes impliquées dans des associations sont
plus nombreuses à consulter les délibérations (+7 points),
échanger par mail avec une institution publique (+12 points) ou
participer à des débats en ligne (+15 points). De même, ce
groupe de recherche en s'appuyant sur une étude du CEVIPOF montre que
certains individus utilisent plus les espaces de ressources et d'expression sur
le web, que sont les personnes déjà intégrées dans
le système politique, avec une variation selon le niveau d'études
et la catégorie socioprofessionnelle. Ainsi, le taux d'usagers qui
recherchent des informations institutionnelles ne cesse de croitre avec le
niveau de diplôme, avec plus 81 points pour les diplômés du
supérieur et professions intellectuelles supérieures contre plus
31 points pour les non diplômés. Selon cette étude, les
diplômés du supérieur sont aussi plus nombreux et à
même de télécharger des documents administratifs.
Ainsi, ce premier grand chapitre a démontré que
la démocratie participative était un concept ancien, bien que pas
toujours créé volontairement, qui utilisait des instruments
variés que l'on peut cependant aisément classer. L'encadrement
juridique n'est pas très important, et la multiplication des instances
participative rend complexe la compréhension des échelles de
participation citoyenne. Enfin, le numérique change les
possibilités offertes au Département, avec des avantages forts
mais quelques limites à anticiper. Nous allons maintenant voir de quelle
manière est déclinée, et pourrait être
améliorer la participation par le digital au sein du Conseil
départemental de la Haute-Garonne
40
Chapitre 2. La déclinaison concrète d'une
politique de participation numérique au sein du Conseil
départemental de la Haute-Garonne.
Les outils digitaux de participation citoyenne commencent
à être diversifiés et peuvent être gages de bonne
qualité et de sincérité politique. Ainsi, cette partie
analysera les différents instruments mis en place par le Conseil
Départemental de la Haute-Garonne, grâce à une
volonté politique forte de l'expérience du numérique
(Section 1) puis comment la quête d'amélioration du dialogue
citoyen continue par des outils numériques novateurs (Section 2), en
analysant différentes expériences d'autres institutions.
41
Section 1. Une volonté politique forte de
l'expérience du numérique de la part du
Département
Au sein du Conseil Départemental de la Haute-Garonne,
les termes de « dialogue citoyens » ont été choisis
pour regrouper l'ensemble des actions et des projets de participation citoyenne
mis en place. Ainsi, nous étudierons la volonté politique de
l'expérience du numérique de la part du Département
(Paragraphe 1), puis quelle peut être la quête
d'amélioration du dialogue citoyen par des outils numériques
novateurs (Paragraphe 2). Ici, le dialogue citoyen sera
appréhendé selon un rapprochement du Département avec ses
habitants, mais aussi selon le Département qui devient plus accessible
aux citoyens.
Paragraphe 1. La mise en oeuvre concrète des
engagements du Président du Conseil départemental de la
Haute-Garonne
D'abord nous verrons les enjeux et le contexte du
développement de la participation citoyenne pour le Conseil
départemental de la Haute-Garonne (A), puis les caractéristiques
du dialogue citoyen qu'il a engagé (B).
A. Les enjeux et le contexte du développement
de la participation citoyenne pour le Conseil départemental de la
Haute-Garonne
Différents problématiques traversent le
développement d'actions de participation citoyenne sur le
département Haut-garonnais, avec des enjeux territoriaux (1) et des
enjeux démocratiques et de renouvellement de l'action publique nouveaux
(2).
1. Des enjeux territoriaux essentiels
Le Département est le chef de file des
collectivités territoriales en matière d'aides sociales,
d'autonomie des personnes, de solidarité des territoires. De ce fait, il
s'est progressivement rapproché des citoyens et de leur vie quotidienne
et c'est pourquoi cette nouvelle proximité rend nécessaire
l'appropriation des politiques départementales par les
42
habitants du Département, et cela est rendu possible
par leur association aux processus de décision.
De même, la loi NOTRe et la nouvelle répartition
des compétences a confirmé la position géographique
intermédiaire essentielle du Département au sein des
collectivités territoriales, entre l'échelle
communale-intercommunale, qui manque de globalité et régionale,
qui est trop éloignée des citoyens. Cette nouvelle donne
géographique lui confère une place idéale en tant
qu'animateur des territoires et pour y développer de la participation
citoyenne.
De plus, des enjeux démocratiques et de renouvellement
de l'action publique se dégagent dans le développement de la
participation citoyenne.
2. Des enjeux démocratiques et de
renouvellement de l'action publique
nouveaux
D'un point de vue institutionnel, développer une
participation citoyenne est une condition primordiale au renouvellement de
l'action publique locale, et à sa modernisation. D'une part,
l'échange et le débat entre les élus et les citoyens des
territoires impliqueront une meilleure prise en compte des besoins
hétérogènes des habitants, et, d'autre part, le dialogue
citoyen fera appel à des panels d'acteurs diversifiés qui
multiplieront des propositions d'amélioration des politique publiques.
De plus, cela permettrait de dépasser la défiance des citoyens
envers le politique.
Enfin, et pour dépasser les seuls aspects techniques et
géographiques, bien que primordiaux, un enjeu civique est à
considérer ici. Créer du lien entre l'institution
départementale et les citoyens rapprochera les citoyens des politiques
publiques parfois trop éloignées d'eux ou trop floues. C'est
pourquoi il sera un vecteur de renouvellement démocratique et qu'il
permettra d'augmenter la capacité des citoyens d'interagir dans la
construction des politiques publiques.
43
B. Un Départemental Haut-garonnais engagé
dans un dialogue citoyen
La création d'une mission démocratie
participative au sein du Conseil Départemental, la nomination d'une
élue au dialogue citoyen, Paulette SALLES, et la création d'un
marché public pour une assistance d'ouvrage à la participation
citoyenne ont été le début des conditions favorables
d'intégration des pratiques de participation citoyenne, avec une
mobilisation généralisée des élus et des services
administratifs. Insuffler de la participation citoyenne avec l'extérieur
de l'institution et créer une réelle culture de la participation
en interne sont les deux objectifs ambitionnés par le Conseil
départemental. Pour cela, des actions vers l'extérieur sont mises
en place (1) tout comme un renouvellement interne (2).
1. Des actions vers l'extérieur
Depuis les élections de 2015, le Conseil
départemental de la Haute-Garonne a souhaité faire du dialogue
citoyen un prisme d'entrée dans son institution pour tous les
Hauts-Garonnais. En effet, depuis l'organisation des Rencontres du dialogue
citoyen le 6 février 2016, afin de renforcer la relation entre ses
citoyens, leurs élus, et l'institution, le Département veut
prendre en compte l'avis de ses habitants concernant les politique publiques
qu'il met en place, ainsi que les priorités qui en résultent, et
coconstruire les futures politiques qui le permettent. Ainsi, sept grands
projets, des chantiers citoyens, ont été identifiés par la
mission démocratie participative : la charte du dialogue citoyen la
charte de la commande publique pour les Très Petites Entreprises et les
Petites et Moyennes Entreprises, la consultation pour la construction des
nouveaux collèges, la concertation sur le Schéma personnes
âgées et personnes handicapées, sur le Schéma de la
lecture publique et les rencontres du citoyen. Chaque chantier citoyen fait
l'objet d'un comité de pilotage dont l'organisation incombe à
chaque Vice-Président du Conseil Départemental lié par les
thématiques des chantiers.
La charte du dialogue citoyen aura pour objectif de
définir « les règles du jeu entre les élus et les
citoyens »52, il s'agira donc de définir
collectivement la méthode, les moyens, les
52 Termes de Paulette SALLES, élue en charge du
dialogue citoyen au Conseil départemental de la Haute-Garonne, lors de
la présentation du projet à l'Assemblée
plénière départementale en mars 2006.
44
conditions et d'évaluation de la mise en oeuvre de la
participation citoyenne des habitants Hauts-garonnais.
Nécessaire pour créer une proximité avec
les habitants, certaines expériences dans d'autres villes, comme
à Nantes et à Romainville qui ont déjà
créé des Chartes du dialogue citoyen pourraient servir d'exemple
au Département Haut-Garonnais.
Le constat d'une difficulté toujours plus importante
pour les très petites et les petites et moyennes entreprises
d'accéder aux marchés publics du Département, a
lancé le projet de créer une Charte de la commande publique pour
les Très Petites Entreprises et les Petites et Moyennes Entreprises.
Cette charte sera travaillée avec les acteurs de l'insertion, du
développement durable et de l'économie, afin de faciliter
l'accès aux marchés départementaux de ces entreprises de
petites tailles qui sont au coeur de la vitalité des territoires et qui
créent des emplois. L'objectif sera aussi qu'elles puisent prendre en
compte les clauses d'insertion et le développement durable
présentes dans ces marchés publics.
Une consultation élargie sur la construction des
nouveaux collèges dans le Département va être mise en
place. Six collèges vont être construits sur les cinq prochaines
années, et leurs programmes vont être élaborés en
partenariat avec les futurs collégiens qui sont déjà
connus par la carte scolaire de leur lieu de résidence, les
équipes éducatives, les parents d'élèves, les
élus et les riverains de ces futurs collèges.
Afin d'améliorer la qualité du réseau de
transports interurbains Arc-en-ciel, les usagers des différentes lignes
vont être consultés pour améliorer les dessertes sur
l'ensemble du territoire. Concernant ce chantier citoyen, un comité de
pilotage a déjà été mis en place avec la
création d'un questionnaire de satisfaction pour déterminer le
niveau de qualité du service perçu par l'usager, avec une partie
propositions d'amélioration du service pour faire participer activement
les répondants. Le questionnaire sera lancé lors de la semaine de
la mobilité en septembre et associera les usagers actuels et potentiels
du réseau, les transporteurs et conducteurs, les associations de
personnes à mobilité réduite, la commission de
consultation service public local, la gare routière, et les maisons des
solidarités. Le territoire couvert sera celui des quatre Pôles
d'équilibres territoriaux et ruraux, du Muretain et du SICOVAL. Un
millier de questionnaires sont attendus, avec une mise à disposition des
questionnaires dans les bus et une possibilité de flash code dans les
bus renvoyant au questionnaire en ligne.
45
L'objectif est de dépasser la simple récolte
d'avis, par la partie des propositions d'améliorations.
La concertation sur la lecture publique a été
lancée avant l'été par le biais d'un questionnaire
disponible en ligne53 afin, à terme, de créer le
Schéma départemental de la lecture publique. Les objectifs de
cette concertation identifiés par le comité de pilotage sont une
incitation à la modernisation des médiathèques par une
intercommunalisation du réseau et des structures plus hybrides telles
des ludothèques, agrandir les publics touchés par la
différenciation du périurbain et du rural tout en allant vers des
publics éloignés de la culture, et enfin, rationnaliser les
ressources départementales en revoyant les conventionnements et les
actions peu efficaces telles que les bibliobus. L'ensemble des directions qui
sont liées directement ou indirectement à la lecture a
décidé de faire un inventaire des actions qu'elles
réalisaient en lien avec cette thématique, par exemple, les
direction de l'éducation, de l'insertion ou de l'enfance et de la
jeunesse, qui utilisent les bibliothèques dans le cadre de leurs
activités. En plus de ce questionnaire, une concertation avec les
acteurs des bibliothèques va organisée sous formes de petites
réunions, avec notamment des usagers, des représentants du
secteur scolaire et du socioculturel, d'établissements scolaires, de
crèches, d'associations culturelles, d'Etablissement
d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes, des
écoles de musique, des librairies, des cinémas, des Centres
communaux d'Action Sociale, des Maisons des jeunes et de la culture, des
ludothèques, etc. Ces réunions de concertation seront
organisées dans les 4 PETR, Comminges, Lauragais, Nord Toulousain et Sud
Toulousain, les Communautés d'Agglomération du Muretain et du
SICOVAL et à Toulouse-Métropole.
Une autre concertation du même type va être
organisée en ce qui concerne l'élaboration du Schéma
Personnes Agées, Personnes Handicapées. Celle-ci impliquera
l'ensemble des acteurs qui travaillent dans ce secteur.
Le dernier chantier identifié en tant que tel, est
celui des rencontres du territoire, qui seront certainement organisées
selon des thèmes liés aux services publics. L'objectif est de
créer le dialogue sur des thématiques moins ciblées que
celles précédemment citées, afin de créer une
connexion avec les Haut-garonnais. Par exemple, une rencontre sur les
services
53 Site du dialogue citoyen de la Haute-Garonne,
rubrique résultat :
http://votreavis.haute-garonne.fr/index.php/418597/
46
publics qui pourrait servir à agrémenter le
Schéma départemental d'amélioration de
l'accessibilité des services au public. Ces rencontres territoriales
seront le lieu de connexion idéal entre l'institution et les élus
avec leurs citoyens, avec un format de proximité, des petites tables
pour que chaque participant puisse discuter avec les autres, pas d'estrade, et
des élus et du personnel administratif qui se mélange dans les
tables de réflexion.
Les choix du sujet et des lieux de rencontre n'ont pas
à ce jour été encore délimités, mais il
serait intéressant d'associer automatiquement l'ensemble des conseillers
départementaux en fonction des territoires et des thématiques
retenus.
Enfin, le projet d'un fond de soutien destiné à
soutenir les actions de participation citoyenne développées sur
les territoires Hauts-garonnais par des collectivités territoriales ou
des associations54, est à considérer. Il a
été question durant ce stage de réfléchir les
modalités de sa mise en oeuvre, son opportunité et sa
faisabilité afin de créer de toutes pièces. Comme nous
l'avons vu précédemment, le Département possède une
nouvelle position d'animateur des territoires, et animer, c'est clairement
faire participer les populations aux politiques publiques, et ce à
différentes échelles géographiques. C'est pourquoi
soutenir des projets ponctuels ou créés pour le long terme de
participation citoyenne à des échelles inférieures
à celle départementale favorisera la démocratie locale.
Des critères d'éligibilité et d'exclusion permettent
notamment d'écarter des projets non-conformes au niveau d'attente de
participation.
Certes, le Département doit réaliser des actions
qui créent des liens et des échanges avec l'extérieur,
mais le développement du dialogue citoyen depuis cette institution
dépend également d'un renouvellement des pratiques en interne.
2. Un renouvellement interne
Le dialogue citoyen lancé par le Conseil
Départemental de la Haute-Garonne doit également passer par un
renouvellement des pratiques en interne, et par une meilleure connaissance de
la participation citoyenne existante sur le territoire.
54 Voir Annexe 1 : Fond de soutien page 71.
47
Développer une culture de la participation citoyenne
chez les agents administratifs passe par une sensibilisation de ces derniers
à cette thématique et par de la formation.
Les agents ne doivent pas forcément tous être
formés. Il suffirait que les échelons supérieurs
reçoivent une formation pour appliquer de nouvelles pratiques et les
apprendre à leurs subordonnés. Néanmoins, ouvrir un
partenariat de formation ouvert à tous les agents permettrait de
développer plus rapidement une culture de la démocratie
participative en partenariat avec le Centre National de la Fonction Publique
Territoriale et engendrerait une prise de conscience de chaque agent.
De même, former les élus à faire de la
participation citoyenne devrait permettre un dialogue citoyen de bonne
qualité, en lien notamment avec la prise de contact avec l'Agence
Technique Départemental, organe qui conseille les collectivités
territoriales et forme les élus locaux à des
problématiques liées aux mandats locaux.
Deux états des lieux pourraient être
réalisés afin de créer des conditions pérennes au
dialogue citoyen. Le premier concernerait les pratiques des élus et
ferait état de la manière dont ils mènent un dialogue avec
les citoyens de leur canton. Le second s'attacherait à mesurer les
pratiques des agents en interne et leur sensibilité à la
participation citoyenne. Ces deux états des lieux complèteraient
l'état des lieux déjà en cours sur les structurations
locales des politiques citoyennes : élus référents,
conseils locaux, espaces citoyens locaux, initiatives de participation
citoyenne.
Une culture de la participation citoyenne est donc
progressivement en train de se propager dans l'institution
départementale, tout comme une ouverture vers l'extérieur qui est
à l'oeuvre. Nous verrons ensuite que cette ouverture passe
nécessairement par le site web du Conseil départemental.
Paragraphe 2. L'engagement numérique du Conseil
départemental
Le Conseil départemental s'est déjà
engagé dans un renouvellement démocratique numérique par
le lancement d'un site web dialogue citoyen et souhaite l'améliorer dans
la nouvelle version du site du Département à la rentrée
prochaine. Nous verrons donc que la
48
refonte du site web est faite pour donner plus de place
à l'échange avec les citoyens (A) puis que pour aller pour loin
dans le rapport avec le citoyen, le site dialogue citoyen a été
créé (B).
A. La refonte du site web pour donner place à
l'échange avec les citoyens
Avant d'étudier les caractéristiques du futur
nouveau site web, il est important de rappeler que le site internet dans sa
forme actuelle est utilisé comme vecteur de communication internet et
externe. Ainsi, renouveler le site web du Conseil départemental de la
Haute-Garonne doit permettre de répondre aux attentes des citoyens (1)
et qu'une nouvelle vie est offerte au site web par un design interactif (2).
1. Renouveler le site web du Conseil départemental
de la Haute-Garonne pour répondre aux attentes des citoyens
Dans sa communication avec l'extérieur, le site web du
Conseil départemental de la Haute-Garonne a pour rôle principal de
fournir des informations sur les missions de ce dernier qui découlent
des compétences attribuées au Département depuis la
décentralisation de 1982. Selon les données du Conseil
départemental de la Haute-Garonne, 80% des entrées sur le site
web se font sans passer par la page d'accueil, ce qui signifie entre-autre que
les individus viennent y chercher une information
précise55.
D'ailleurs, selon le baromètre de la communication
locale, « les habitants utilisent d'abord le site internet pour
[É] consulter les informations pratiques sur la collectivité. Ils
peuvent y trouver l'actualité du territoire, en complément
d'autres supports. L'ergonomie est importante : trop souvent reflet de
l'organisation administrative, le site doit être tourné vers
l'utilisateur et respecter les normes d'accessibilité
»56. Ainsi, c'est dans ce cadre qu'à
été décidé une refonte totale du site web du
Département afin de le rendre plus intuitif, plus accessible et plus
adapté à notre temps, avec la possibilité d'interagir avec
l'institution grâce à de nouveaux outils numériques :
l'internaute va pouvoir choisir le profil qui correspond au
55 LHOMME Chloé, Recherche de mise en avant
des actions d'une institution publique telle que le Conseil
départemental de la Haute-Garonne dans un contexte de refonte de la
stratégie numérique, juin 2016, page 10.
56 La French' Com, Guide de la communication
publique et politique, 21 janvier 2014, page 21.
49
sien sur la page d'accueil57, de s'authentifier
à un espace citoyen, suivre ses demandes ou requêtes en ligne,
déposer des formulaires dans une boite à idées virtuelle,
répondre à des mini-enquêtes ou sondages sur des questions
simples, s'abonner à des infolettres personnalisées, s'inscrire
à des messages SMS thématisés ou encore réagir
à des publications par des commentaires. De plus, étant
donné que le public pourra évaluer les services de prestations
qu'il reçoit ou la configuration du site, cela constituera une nouvelle
facette du dialogue citoyen.
2. Une nouvelle vie pour le site web par un design
interactif
Huit profils ont été imaginés, et pour
chacun d'entre eux des situations qui leurs correspondent. L'avantage est de ne
pas noyer les visiteurs sous trop d'informations qui ne les concernent pas. Les
profils seraient ceux de la personne en situation de handicap afin de
trouver des aides ou obtenir un transport adapté, par exemple ; la
personne âgée pour faire une aide d'Allocation
Personnalisée d'Autonomie ou adapter son logement ; l'acteur
associatif qui cherche à demander une subvention ou financer une
action de son association ; un parent qui veut se renseigner sur les
aides pour son enfant, les crèches et assistances maternelle ;
l'acteur public qui souhaiter participer à un dispositif
départemental tel que le parcours laïque et citoyen ou demander une
subvention ; l'acteur agricole qui se renseigne sur des aides ou
souhaite obtenir des conseils dans son domaine ; le porteur de projet ou en
insertion pour réaliser une demande de Revenu de solidarité
active, embaucher des employés supplémentaires ou consulter les
marchés publics du Conseil départemental, par exemple. Bien que
ce système de profils existe déjà actuellement, les
prochains qui vont être créés seront plus nombreux. Cette
nouveauté rappelle l'innovation du site de la commune
d'Andenne58 qui a également souhaité placer les
besoins de l'internaute avant l'organisation des services communaux. Ainsi,
l'ancienne version de ce portail web a regardé les identités des
visiteurs et les renseignements qu'ils recherchaient afin de produire des
profils d'internautes pour leur proposer une information ciblée.
57 Voir page suivante avec la présentation des
profils en question.
58 Site de la ville d'Andenne :
www.andenne.be
50
Figure 3 : représentation des profils
proposés par le futur site web.
Source : service communication du Conseil
Départemental de la Haute-Garonne.
De plus, une nouvelle interaction entre les citoyens et
l'institution a été pensée, l'espace associations, qui
proposera un annuaire des acteurs départementaux et qui relayera des
évènements prévus dans le Département par des
associations. Le rôle d'animateur des territoires octroyé au
Conseil départemental sera ici pleinement rempli.
Les objectifs de ce nouveau site ne portent pas uniquement sur
la communication institutionnelle, puisque les objectifs des nouveaux outils du
site vont plus loin que cela dans le sens où ils permettront un
échange entre les citoyens et l'institution. De même, ces outils
permettront de prévenir les citoyens lorsqu'un projet de participation
citoyenne au sein ou en dehors de l'institution départementale sera
programmé. D'ailleurs, deux agences ont été retenues afin
d'accompagner le Conseil départemental dans la création de ces
nouveaux outils. En plus du renouveau du site web, un site consacré au
dialogue citoyen a été créé par le
Département.
51
B. Pour aller plus loin dans le rapport avec le citoyen :
le site dialogue citoyen
Le numérique qui a le potentiel de transformer les
administrations et d'améliorer le service aux usagers relève
d'une volonté de moderniser l'action publique. Comme nous venons de le
voir, cela passe par un renouvellement du site Internet du Département.
D'ailleurs, ce dernier a fait le choix de créer un site distinct de
celui principal, celui du dialogue citoyen spécifiquement59.
Ce site a été le lieu de la diffusion d'un questionnaire aux
Haut-Garonnais pour délimiter leurs attentes (1) et de la restitution de
la première rencontre entre l'institution, les conseillers
départementaux et les citoyens (2).
1. La diffusion d'un questionnaire aux Haut-Garonnais
pour délimiter leurs attentes
Il semble important tout d'abord de préciser que ce
site a été le lieu de consultation des Haut-Garonnais de la
période du 22 septembre au 31 décembre 2015, dans l'objectif
qu'ils donnent leur avis sur différentes questions ayant trait au
Conseil départemental de la Haute-Garonne. Au final, près de 8
500 personnes ont participé au questionnaire, et ont répondu sur
leur perception du territoire (74% se sentent concernés par le
territoire et suivent l'actualité du territoire), leurs connaissances
des missions départementales (67% déclarent
bénéficier d'au moins d'une des missions du Conseil
départemental) et leurs priorités pour le département
(l'économie locale et l'emploi, les réseaux de transports et
l'éducation). Concernant maintenant la partie spécifique du
dialogue avec le Conseil départemental, cinq grands sujets de dialogue
citoyen attendus par les Haut-Garonnais ressortent : le développement
territorial et l'aménagement du territoire (économie, emploi,
environnement), la multimodalité (les routes et le réseau
Arc-en-Ciel), les collèges et les transports scolaires, les
solidarités, et enfin la culture et les loisirs60.
|
Les thèmes du développement territorial, de
l'aménagement du territoire par l'économie, l'emploi et
l'environnement, la multimodalité avec les routes et le
|
59 Site du Dialogue citoyen :
http://dialoguecitoyen.haute-garonne.fr
60 Site du Dialogue citoyen, Rubrique de la
synthèse des résultats :
http://dialoguecitoyen.haute-garonne.fr/synthese.html
52
réseau Arc-en-ciel, les collèges, les transports
scolaires, les solidarités, la culture et les loisirs, qui constituent
les priorités des habitants Haut-garonnais pourraient constituer les
thèmes à aborder durant les rencontres territoriales. Cela
permettrait de faire directement écho aux attentes des citoyens
émises durant ce questionnaire.
Ensuite, il faut noter que 75% du public répondant
s'est dit intéressé par une implication active dans un espace de
dialogue départemental avec un attachement à des formes de
dialogue qui prennent en compte la proximité par la rencontre des
citoyens sur des lieux de vie, des marchés et notamment avec les
élus départementaux (71%). Le public s'est aussi dit ouvert
à un dialogue via le web par des contributions sur un site
dédié, des échanges via des réseaux sociaux (52%)
à coupler avec d'autres formes de dialogue. Et plus
généralement, 51% des répondants se sont dits prêts
à participer à une instance de forme pérenne ou ponctuelle
: atelier citoyen, instance locale, comité de suivi, etc.
Suite à ce questionnaire, une rencontre du dialogue
citoyen a été organisée dans l'enceinte du
Département, qui marque le lancement officiel de ce dialogue.
2. La restitution de la première rencontre entre
l'institution, les conseillers départementaux et les
citoyens
Ce questionnaire a été suivi par la rencontre du
dialogue citoyen qui s'est déroulée dans l'institution le 6
février dernier. Le choix de réaliser cette rencontre sans
estrade pour le Président, avec des tables rondes de huit personnes et
l'animation de la rencontre par Marion CARREL et Lo ·c BLONDIAUX, deux
universitaires spécialistes de la question de la démocratie
locale, constitue un renouveau pour l'institution. L'exercice demandé
aux citoyens, encadré par les intervenants et des conseillers
départementaux était de réfléchir sur leur vision
du dialogue citoyen et les enjeux de la démarche de concertation avec
des pistes et des méthodes de travail. A ce propos, des participants ont
rappelé ce qu'est la démocratie locale : « la
démocratie c'est l'échange entre les gens et une réelle
volonté de partager le pouvoir, pour dépasser
intérêts individuels et donner du sens à l'engagement.
C'est surtout faire sortir les élus de leur tour d'ivoire, créer
de la convivialité entre citoyens et élus, tout en
53
reconnaissant aux citoyens un rôle... une expertise
»61. Les propositions des participants se situent sur le plan
social : favoriser les miximités intergénérationnelles,
sociales et culturelles, vivre ensemble l'égalité homme et femme,
éveiller les enfants par l'éducation à la
citoyenneté - en cours avec le Parcours Laïque et Citoyen du
Département; aussi de faciliter l'accès aux informations et aux
services du Conseil Départemental - en cours également avec la
refonte du site web ; puis ouvrir des espaces de participation citoyenne :
rencontres de cogestion, travail collaboratif sur les compétences et le
territoire Haut-Garonnais, mieux communiquer avec les élus et mettre en
place une instance de veille ou un comité cantonal pour superviser ce
dialogue citoyen.
Cette première rencontre a constitué le
lancement officiel devant le grand public du dialogue citoyen dans la
Haute-Garonne. Les engagements pris par le Président et les conseillers
départementaux sur les sept grands chantiers du dialogue citoyen y ont
été annoncés. De même, la volonté de
transparence dans cet exercice est clair puisque toutes les contributions ont
été scannées, mises à disposition sur le site
internet et synthétisées par grands thèmes. Ainsi, les 400
personnes ayant participé à cette matinée ont des retours
sur le travail et leurs productions, tout comme celles qui n'ont pas pu y
assister peuvent revoir les interventions et le déroulement par des
vidéos en ligne.
La démarche d'amorçage d'un dialogue citoyen par
le Département est importante, par la refonde du site web qui est en
cours, par la création d'un site dédié au dialogue
citoyen, la rencontre du dialogue citoyen et le questionnaire délimitant
des attentes des citoyens. D'autres pistes pourraient être
envisagées par le Conseil Départemental de la Haute-Garonne, ce
sera l'objet de notre prochaine partie.
Section 2. La quête d'amélioration du
dialogue citoyen par des outils numériques novateurs
Une enquête a été réalisée
par le Think thank décider ensemble au sujet de l'utilisation du
numérique par les collectivités territoriales dans leur
démarche de participation citoyenne. Ainsi, l'enquête
réalisée durant la période du 17 janvier au 4 mars 2016
montre que plus de la
61 Site du Dialogue citoyen, rubrique de la
synthèse des contributions :
http://dialoguecitoyen.haute-garonne.fr/synthese-contributions.html
54
moitié des 194 collectivités territoriales
interrogées perçoivent les outils numériques comme
permettant de renforcer la participation citoyenne62. De même,
55 de ces collectivités territoriales ont référencé
des outils numériques de démocratie locale en leur sein, dont 43%
ayant créé une plateforme de mise à disposition des
données publiques, 7 % une plateforme de sondage en ligne, 5,3 % un
forum de discussion, 5,3 % une plateforme cartographique participative, 3,5 %
une application interactive d'urbanisme participatif, et 1,8 % une plateforme
numérique pour le budget participatif. Du reste, 33,3 % possèdent
un ensemble d'outils disparates tels que des plateformes de décision
collective, des pages Facebook participatives, ou encore des plateformes de
service public collaboratif.
Cela démontre un réel intérêt des
collectivités territoriales pour les outils numériques.
D'ailleurs, des expériences intéressantes seront
développées dans cette partie afin d'en tirer de bonnes
idées, avec d'abord des retours d'expériences encourageants
(Paragraphe 1) puis la nécessité de développer une
ingénierie numérique au sein du Département de la
Haute-Garonne (Paragraphe 2).
Paragraphe 1. Des retours d'expériences
encourageants
Les expériences qui seront étudiées ici
se situent à une échelle départementale ou applicable
à celle-ci. Ainsi, nous décortiquerons la manière dont ces
expériences sont construites, en dégageant les avantages de deux
expériences. D'abord nous étudierons le projet « Demain le
Lot » du Conseil Départemental Lotois (A) puis nous nous
intéresserons au projet « Cap ou pas Cap : faites le Pari(s) de
demain » (B).
A. Le projet « Demain le Lot » du Conseil
départemental du Lot
Ce projet est situé à une échelle
équivalente à celle de notre étude, celle du
Département Lotois, le projet « Demain le Lot » a
cherché à sonder les habitants du Département sur leur
vision de l'avenir du territoire tout en leur laissant la parole pour exprimer
ce qu'ils souhaitaient voir se mettre en place pour améliorer leur cadre
de vie.
62 Le baromètre de la démocratie
locale numérique :
http://www.deciderensemble.com/page/35253-presentation-des-resultats-du-barometre
55
Figure 4 : Les priorités pour les Lotois dans le
projet « Demain le Lot » Source :
https://lot.fr/demain-le-lot
En premier lieu, les conseillers départementaux se sont
engagés à partager avec les Lotois les orientations de ce projet
de mandat, en votant à l'unanimité « Demain le Lot »,
puis un diagnostic pour l'élaboration du schéma
départemental d'amélioration de l'accessibilité des
services publics a été réalisé par la
Préfecture, le Département et l'agence Territoires Citoyens
Conseil, à l'aide d'un questionnaire en ligne rempli par 1 100 Lotois,
huit ateliers thématiques avec près de 150 participants, et
près de 80 entretiens individuels (avec des prestataires de services,
des représentants de collectivités territoriales et
d'administration, des élus, et des usagers). Ces réponses ont
permis de dresser un bilan précis des services présents dans le
Lot, publics, privés ou associatifs, et d'identifier leurs carences et
leurs forces. Les deux priorités qui sont ressorties pour les habitants
ont été la santé et l'éducation.
Cet exemple de participation citoyenne en ligne pour
l'élaboration du Schéma départemental
d'amélioration de l'accessibilité des services au public Lotois
pourrait inspirer le Département de la Haute-Garonne dans
l'élaboration du sien, dans le cadre des rencontres territoriales.
B. Le projet « Cap ou pas cap : faites le Pari(s) de
demain »
Ce projet à l'échelle parisienne a trait
à l'engagement citoyen selon différents thèmes :
Alimentation et agriculture locales ; Energie et transports ; Réemploi,
Technologies libres et
56
Dot It Yoursel63 ; Démocratie et
médias ; Economie et travail ; Logement et urbanisme ; Education ;
Culture ; ou Santé. Le domaine démocratie et médias semble
a priori plus être approprié à notre étude
mais en réalité il ne frôle que des engagements citoyens de
type radio associative, centre d'animation ou espace associatif organisant des
rencontres de quartier. Donc, puisque cette thématique ne nous
intéresse pas, l'intérêt de cette expérience
réside dans sa structure et sa capacité à regrouper et
cartographier de manière ergonomique les initiatives citoyennes dans la
ville de Paris.
L'interactivité de la cartographie en ligne permet de
faire apparaître une, plusieurs, ou l'ensemble des thématiques
disponibles. De même lorsque l'on clique sur un projet citoyen,
différentes informations s'affichent : le contact du
référent du projet, l'email, le téléphone,
l'adresse, les horaires d'ouverture et le site internet de l'organisme, ainsi
que l'objet de celui-ci, par une description assez courte De plus, le site
permet aux habitants de signaler des alternatives dans leurs quartiers, de
rejoindre une alternative existante, de contribuer à des échanges
de coconstruction, de proposer et de développer des projets ou de
s'engager comme bénévole dans Cap ou pas cap.
Figure 5 Cap ou pas cap : faites le Pari(s) de demain
Source :
https://capoupascap.paris
|
Ainsi, cette expérience est intéressante du fait
de sa structure et sa composition. Ce mode de présentation, de
référencement et d'interactivité pourrait être
réutilisé par le
|
63 Se traduit par fais le toi-même.
57
Conseil Département afin d'animer son territoire par la
valorisation des expériences dans le domaine de la participation
citoyenne.
L'analyse de ces deux expériences montre que des
exemples d'utilisation du numérique pour la participation citoyenne
à la même échelle géographie ou à une
échelle similaire pourraient être réutilisés par le
Conseil départemental de la Haute-Garonne. Nous allons maintenant
détailler d'autres outils de participation digitale citoyenne.
Paragraphe 2. Développer une ingénierie
numérique au sein du Département de la Haute-Garonne
Des outils numériques seront proposés dans cette
partie afin d'améliorer la démocratie locale, ils seront de
nature à valoriser les initiatives citoyennes (A) ou à
créer de la participation que l'on peut qualifier de descendante et
partagée (B).
A. Valoriser les initiatives citoyennes
Le classement thématique qui va suivre est en partie
tiré de celui mis en place par la fondation travail-université
pour le gouvernement Wallon64. Il sera donc question
d'étudier les outils permettant la valorisation des initiatives
citoyennes et des contenus citoyens (1) puis la valorisation de la conception
collaborative de la participation dans un territoire (2).
1. La valorisation des initiatives citoyennes et des
contenus citoyens
Nous aborderons l'initiative du site « WhyBook » qui
constitue un exemple d'initiative et de contenu citoyen. Le WhyboOk est en
effet un site internet qui créer des dialogues entre les citoyens,
appelés les moOtons, qui se posent des questions, et les
décideurs politiques et économiques, les Grands
Décideurs65, qui peuvent y répondre. Les
citoyens peuvent poser une question au décideur politique ou à
une chef d'entreprise, ou de
64 BROTCONE Périne (sous la direction de
VALENDUC Gérard), Les outils numériques au service d'une
participation citoyenne et démocratie augmentée, mars 2012,
84 pages.
65 Site Whybook, rubrique présentation du
concept :
https://whybook.org/p/qu-est-ce-que-whybook
58
« moOtonner » soit apporter sa voix à une
question déjà posée par un autre citoyen. La question doit
atteindre le seuil de 100 moOtons dans les trente jours après sa mise en
ligne pour être par la suite posée au Grand Décideur. Cela
permet de créer un équilibre entre les idées individuelles
et les intérêts collectifs. La question est ensuite envoyée
par WhyboOk qui s'assure également de son suivit, avec une
fréquence d'envoi importante et un relai par les médias qui
encouragent le Grand Décideur à répondre. Ensuite, la
réponse est évaluée par le troupeau.
Figure 6 : La rubrique des questions du Site
Whybook
Source :
https://whybook.org/user/login?redirect=/question/add
D'autres applications sont similaires à Whybook, telles
que Stig et Loomio. Stig est une application de démocratie locale et
nationale avec trois actions principales : proposer des idées, voter
pour ou contre les idées des autres, ou amender les propositions des
autres, et Loomio est une application qui recherche l'équilibre entre la
voix individuelle et la décision collective tout en favorisant
l'émergence de propositions citoyennes.
Une interface similaire pourrait être imaginée
par le Département afin de permettre aux citoyens et habitants de poser
des questions aux conseillers départementaux, avec le même
système d'agrégation de voix, bien moins nombreuses.
59
2. La valorisation de la conception collaborative de la
participation dans un territoire
Une initiative qui peut être classée dans la
catégorie de la conception collaborative de la politique d'un territoire
est celui des « Territoires hautement citoyens ». Lancée par
l'association Démocratie Ouverte, elle vise non seulement à
accompagner les collectivités territoriales dans leur démarche de
participation citoyenne de façon collaborative par la création
d'un réseau d'acteurs qui travaillent sur la transition
démocratique dans toute la France, mais aussi à labelliser les
territoires qui correspondent à un haut niveau de démocratie
locale, à visiter les territoires hautement démocratiques et
à estampiller ces territoires d'un label.
Figure 7 : page d'accueil du site Territoires Hautement Citoyens
Source :
http://www.territoires-hautement-citoyens.fr
Ce réseau de la transition démocratique regroupe
des élus, des agents publics des collectivités territoriales, des
designers de services qui « souhaitent échanger et se former
aux meilleures pratiques d'innovation citoyenne et d'ouverture
démocratique. Il réunit les accompagnateurs formés
à la méthode Territoires Hautement Citoyens, capables
d'accompagner ou d'outiller l'amélioration continue de la
démocratie sur un territoire »66. Cet
accompagnement méthodologique et humain est constitué de
rencontres, de formations et de temps d'échanges.
66 Site des Territoires Hautement Citoyens, rubrique
réseau :
http://www.territoires-hautement-citoyens.fr/reseau/
60
La méthodologie utilisée pour accompagner les
collectivités territoriales est divisée en cinq temps : le bilan
de l'existant avec un diagnostic démocratique et une cartographie des
forces citoyennes ; la conception d'une vision partagée avec un sommet
citoyen visant à découvrir les initiatives locales, et
créer une représentation graphique de la gouvernance locale ; un
plan d'action afin de mettre en place une stratégie pour passer de la
situation actuelle vers la situation définie dans la vision ; la mise en
oeuvre collective et l'expérimentation par la réalisation du plan
d'action avec une association des forces vives existantes et la création
de Groupes d'Action Projets ouverts aux citoyens ; enfin, l'étape de
l'évaluation par un tableau de bord qui regroupe toutes les actions
réalisées durant la phase mise en oeuvre et une évaluation
citoyenne réalisée par des personnes non-élus et des
experts afin de mesurer les effets de la politique menée.
Pour le moment en ce qui concerne le label de l'association,
douze villes apparaissent sur la carte des territoires hautement
citoyens67. Mulhouse a d'ailleurs été le premier
territoire hautement citoyen dont le maire qualifie de « norme ISO de
la démocratie locale », qui a d'abord travaillé sur son
organisation municipale avec l'association des élus, des citoyens et des
agents locaux. D'ailleurs, la pépinière d'artistes « Motoco
» créée dans cette ville par la Mairie qui regroupe des
artisans et des entrepreneurs, est souvent cité comme un exemple phare
de dialogue citoyen : elle a été crée sur une ancienne
friche industrielle de 100 000 mètres carrés avec un nouveau
modèle social qui a tissé des liens entre les différentes
parties prenantes. De même, cette ville envisage de créer une
agence de la vie citoyenne chargée de « l'agitation citoyenne
»68 dans le territoire.
Cette initiative a été ici
présentée pour deux raisons précises. L'une concerne le
territoire de la Haute-Garonne qui lorsqu'il aura réalisé ses
grands chantiers et installé des pratiques participatives avec
l'extérieur et en son sein pourra essayer de rejoindre le réseau.
L'autre à trait à la création d'un réseau d'acteurs
dans la Haute-Garonne avec l'ensemble des acteurs qui oeuvrent au
développement de la démocratie locale : associations,
élus, collectifs, citoyens, experts, etc.
67 Site des Territoires Hautement Citoyens, rubrique
territoires :
http://www.territoires-hautement-citoyens.fr/territoires/
68 Site des Territoires Hautement Citoyens, rubriques
territoires :
http://www.territoires-hautement-citoyens.fr/reseau/
61
Ainsi, nous venons de remarquer que des initiatives
ascendantes, créées directement par les citoyens comportent des
mesures qui pourraient inspirer le Département. De même, d'autres
initiatives descendantes peuvent êtres étudiées afin
d'améliorer la participation citoyenne départementale.
B. Créer une participation descendante et
partagée
La participation peut émaner des habitants et des
citoyens directement, ou bien être mise en place par les
collectivités territoriales désireuses de faire partager la
création des politiques publiques avec les citoyens. Ainsi, il sera
question d'étudier la valorisation du dialogue citoyen direct avec les
élus (1) puis la coproduction de données (2).
1. La valorisation du dialogue direct avec les
élus
Une application est remarquable en ce qui concerne la
création d'un dialogue direct entre les élus et les citoyens :
« Ain 360 ». L'Ain a été le premier Département
à se doter d'une application citoyenne permettant à ces derniers
de dialoguer avec les élus. L'objectif ici était de créer
une démocratie plus directe, plus transparente et plus réactive.
Cette application est disponible sur tous les Smartphones et permet
différentes actions: participer à des débats, proposer des
sujets sur lesquels l'ensemble des utilisateurs peuvent réagir, entrer
en contact avec la collectivité et leurs élus, et suivre les
sessions du Conseil départemental en direct sur l'application.
L'application se divise en trois parties principales. La
première, compile des propositions du Département « Le
département vous propose » et des propositions des citoyens «
Vos propositions au département » qui permettent de lancer des
mini-débats liés aux compétences départementales.
Par exemple, le département demande à ses citoyens «
pensez-vous que la fibre optique va enfin arriver en milieu rural ou rurbain
malgré toutes les promesses politiques depuis des années ? »
ou bien de leur côté, des citoyens demandent au
Département « Pensez-vous que le Département de l'Ain
puisse encore faire des économies de fonctionnement pour favoriser les
investissements ? ». Néanmoins, malgré
l'inventivité de cette application, il est dommage que le débat
soit réduit à une réponse par
62
« + » ou « - », et même le
détail statistique sur le profil des répondants par genre et
âge qui accompagnent les questions ne suffit pas.
La seconde partie de l'application est celle qui permet de
lancer des débats par les citoyens : « un sujet vous tient
à coeur et vous souhaitez le soumettre à l'avis de tous ?
», avec une limite de 140 caractères qui permet de limiter les
questions à une forme courte. Une modération est par la suite
réalisée par les webmasters.
La dernière partie est celle qui permet de questionner
la totalité des élus départementaux de l'Ain, avec une
mise à disposition directe de leur mail mais aussi des liens vers leurs
comptes Facebook et Twitter.
Figure 8 : rubriques de l'application Ain 360 :
propositions au département & du département, statistiques
par réponse, contacter vos élus
Source : application sur Smartphone « Ain 360
».
Le Conseil départemental de la Haute-Garonne pourrait
développer une application similaire, avec les questions du
Département et des citoyens, ainsi que la mise à disposition du
contact direct des élus, mais avec une amélioration par rapport
à l'application Ain 360 : donner la possibilité aux participants
de proposer des améliorations ou un argumentaire court lors de la saisie
de leurs réponses (150 caractères par exemple).
Après cette application qui permet un dialogue direct
entre les citoyens et les élus, nous devons nous intéresser
à la coproduction de données.
63
2. La valorisation de la coproduction de
données
Les applications de coproduction de données se
déclinent sous les noms de « Fixmystreet » en Grande-Bretagne,
« Carticipe » dans les villes de Montpellier, Strasbourg, Laval,
Saint-Jean-de-Luz et Differdange, ou encore « J'aide ma ville » qui
est présente dans différentes villes françaises,
permettent aux citoyens ou aux touristes de signaler des anomalies sur l'espace
public, qu'ils peuvent assortir de photos. Ces applications peuvent être
créées directement par l'institution ou parfois par des
groupements de citoyens.
Ces plateformes en ligne adressent directement les
signalements auprès des services des mairies concernées, qui sont
traités ensuite par les services techniques concernés. Par
exemple, « Dans ma rue »69 référence 35
types d'anomalies telles que des encombrants, une rue dangereuse, un trottoir
dégradé, des nids de poules, un animal égaré, etc.,
et permet ainsi aux citoyens de communiquer directement avec l'institution en
question. De même, ces applications permettent de connaître en
temps réel l'évolution de l'état de résolution du
signalement grâce à un système automatique d'alertes. Il
est proposé sur l'application « J'aide ma ville » de devenir
ambassadeur de l'application70, un peu comme le projet « adopt
a hydrant » aux Etats-Unis qui propose aux habitants devenir responsable
d'équipements publics, comme par exemple responsable de dégager
des bouches à incendies après de fortes chutes de neige.
Les avantages de cette application pour le citoyen sont
multiples : avoir un interlocuteur direct dans sa municipalité, une
rapidité de la remontée d'informations et de se sentir
impliqué dans son quartier et sa ville. Pour la Mairie, on remarque une
modernisation de ses services municipaux, une amélioration de la
qualité de vie de ses citoyens, la création d'une relation
d'échange et de confiance avec ses citoyens, des économies
d'échelles et un pas vers une ville intelligente.
69 Site de la tribune de Paris, rubrique Signaler
à la mairie de Paris des anomalies sur l'espace public :
http://www.paristribune.info/Signaler-a-la-Mairie-de-Paris-les-anomalies-sur-l-espace-public_a7436.html
70 Site des idées, des acteurs, rubrique
J'aide ma
ville.com, une application citoyenne
à portée de clic :
https://desideesdesacteurs.wordpress.com/2015/04/03/jaidemaville-com-une-application-citoyenne-a-portee-de-clic/
64
Figure 9 : version site web de l'application J'aide ma
ville dans le secteur de Toulouse Source :
http://jaidemaville.com
Bien que le format soit ici celui de la ville, on pourrait
imaginer appliquer ce concept aux compétences du Conseil
départemental, pour les arrêts de bus abimés, les
entrées des collèges, les collèges, des parcours de
randonnée dégradés, des anomalies sur des sites
touristiques, etc., avec la géolocalisation associée.
65
Conclusion générale
S'essayer à cerner la relation entre le
numérique et la participation citoyenne permet de réaliser un
tour d'horizon sur les possibilités offertes au Conseil
Départemental de la Haute-Garonne. De fait, les spécialistes de
la question plébiscitent une création « naturelle » de
la participation citoyenne dans les institutions par une prise de conscience
propre de celles-ci. C'est le cas du Département de la Haute-Garonne qui
s'est engagé de manière forte dans une démarche
d'amélioration de la démocratie locale.
Ainsi, avoir étudié la démocratie locale
du point de vue de sa définition classique et numérique, de ses
caractéristiques diverses et de son arsenal juridique encore faible et
complexe à la fois, nous ont laissé penser que cette
thématique est une réelle opportunité pour le
renouvellement des institutions locales. En effet, la participation citoyenne
et ses instruments sont en pleine construction et mouvance, et en cela la
créativité qu'ils offrent est gage de nouveauté.
D'ailleurs, nous avons remarqué que c'est parce que le
numérique apporte de nouvelles possibilités aux
collectivités territoriales, une démocratie augmentée et
une nouvelle gouvernance, qu'il constitue un défi pour la
démocratie locale. C'est pourquoi il a été proposé
dans ce mémoire de stage d'analyser la rencontre entre le
numérique et la démocratie locale, afin d'en tirer les avantages
et les inconvénients à anticiper.
Enfin, grâce à une volonté politique
forte, et afin de prendre en compte les enjeux territoriaux et
démocratiques de la participation locale, nous avons vu que le
Département s'est lancé dans sept grands chantiers, une refonte
du site web et un nouveau site sur le dialogue citoyen. A ce propos, les
expériences étudiées et proposées ici permettront
d'améliorer ces actions engagées par de la cartographie
partagée et interactive, des applications de dialogue direct, des
réseaux d'acteurs et de mise en valeur des initiatives de participation,
etc.
Finalement, il est clair que le numérique constitue un
futur très proche pour les instruments et les politiques de
participation citoyenne, en tant que complément à celle-ci.
66
Bibliographie
I- Ouvrages généraux et
spécialisés, et articles
- ANDRE Eric, « La participation publique à
l'épreuve du numérique : vers une nouvelle ère
démocratique », Parole publique n° 8, mars 2015, pp.
63-65.
- BACQUIE Marie-Hélène et MECHMADE Mohamed,
Pour une réforme radicale de la politique de la ville, rapport au
Ministre délégué chargé de la ville, juillet 2013,
12 pages.
- BERNICOT Gaël, « Code is Law », Institut
Kervegan, 16 septembre 2014. Disponible sur :
http://www.institut-kervegan.com/actualites/
- BERRAHIL Fabrice, « Municipales 2014 : la fin du bricolage
sur le web », Médiapart, 20 septembre 2013, 4 pages.
- BLANC Sandrine, « Ouvrir les chemins de la
démocratie locale à toutes et à tous », La gazette
des communes, 5 mai 2015, 4 pages. Disponible sur :
http://www.lagazettedescommunes.com/355831/ouvrir-les-chemins-de-la-democratie-locale-a-toutes-et-tous/
- BLONDIAUX Lo ·c, « Le mouvement des civic-tech :
révolution démocratique ou promesse excessive ? »,
Libération, 18 mai 2016, 2 pages.
- BOIDIN Gwenaël, « L'Open-data : entre illusion
démocratique et réalité territoriale », Institut
Kervegan, 12 décembre 2014,
http://www.institut-kervegan.com/actualites/
- BROTCONE Périne, sous la direction de VALENDUC
Gérard, Les outils numériques au service d'une participation
citoyenne et démocratie augmentée, mars 2012, 84 pages.
- CARREL Marion, « La gouvernance est-elle
démocratique ? Les enjeux de la participation citoyenne »,
Informations sociales n°179, 2013, 7 pages.
- Comité d'Evaluation et de Suivi, Une échelle
de participation citoyenne, Sherry ARNSTEIN, mars 2006, 19 pages.
- Conseil Economique et Social communal, La participation
citoyenne, avis 2013-2014, juillet 2014, 37 pages.
- Conseil Général du Val-de-Marne, Guide
méthodologique pour la concertation des Val-de-Marnais,
février 2008, 70 pages.
- Conseil Général de l'Environnement et du
Développement Durable, La gouvernance concertée, 30 mars
2010, page 6.
67
- CONTE Pierre-Alexandre, « Renouveau de la
démocratie : les idées de Renaissance Numérique pour les
collectivités », La gazette des communes, 18 avril 2016, 2 pages.
Disponible sur
http://www.lagazettedescommunes.com/437856/renouveau-de-la-democratie-les-idees-de-renaissance-numerique-pour-les-collectivites/
- COSSART Paula et KEITH William, « Former des citoyens par
la délibération publique : une entreprise fragile
(États-Unis et France, 1870-1940) », Participations 2012/2
(N° 3), p. 161-187 . Disponible sur :
http://www.cairn.info/revue-participations-2012-2-page-161.html
- DUCHASTEL Jules, Du gouvernement à la gouvernance :
crise ou ajustement de la régulation, Editions Athéna, 2004,
37 pages.
- FARGEVIEILLE Brigitte et HEZARD Laurence, Concertation
entre les parties prenantes et développement économique,
rapport public du Conseil Economique, Social et Environnemental, mars 2014, 82
pages.
- FLAGEUL Mireille, Pauvreté, précarité,
quelle démocratie participative, pour quelles transformations ?,
rapport public pour la Mission régionale d'information sur l'exclusion,
septembre 2008, 24 pages.
- Fondation Nicolas HULOT, Démocratie participative,
guide des outils pour agir, février 2015, 59 pages.
- GLEIZE Fanny et DECOURT Annick, sous la direction de STOKKINK
Denis,
« Démocratie participative en Europe », Les
cahiers de la solidarité n°8, septembre 2006, page 24.
- GRABER Frédéric, « Entre commodité et
consentement. Des enquêtes publiques au XVIIIe siècle
», Participations 2012/2 (N° 3), pp. 93-117.
- HAYAT Samuel, « Participation, discussion et
représentation : l'expérience clubiste de 1848 »,
Participations 2/2012 (N°3), pp. 119-140.
- HIEBEL Dominique, « Délibération et
participation sous la République romaine : une oligarchie parée
d'atours démocratiques », Participations 2/2012 (N°3)
pp. 71-91.
- JEANOTTE Marc, « Les données qui changent la
donne », Kaléidoscope Hiver 2016, pp. 10-11.
- La French Com, le Guide de la communication publique et
politique, 21 janvier 2014, 22 pages.
- LEBRETON Claudy, Une nouvelle ambition territoriale pour la
France en Europe. Mission sur l'aménagement du territoire : refonder les
relations entre Etat et collectivités territoriales, Mars 2016, 134
pages.
68
- LHOMME Chloé, Recherche de mise en avant des actions
d'une institution publique telle que le Conseil départemental de la
Haute-Garonne dans un contexte de refonte de la stratégie
numérique, juin 2016, 30 pages.
- MOLENAT Xavier, « La démocratie participative
», Sciences humaines n°201, février 2009, pp.
24-29.
- MONNOYER-SMITH Laurence, La participation en ligne,
révélateur d'une évolution des pratiques politiques ?
, Participations 1/2011 (N° 1), p. 156-185. Disponible sur
www.cairn.info/revue-participations-2011-1-page-156.html.
- O'REILLY Marie-Anne, « La cyberdémocratie en
question », Zig Zag francophonie, 9 septembre 2012, 5 pages.
Disponible sur :
http://www.zigzag-francophonie.eu/La-cyberdemocratie-en-question.
- Région Nord-Pas-de-Calais, Outils numériques
au service des débats publics, 31 mars 2012, 37 pages.
- Renaissance Numérique, Démocratie : mise
à jour, avril 2016, 66 pages.
- RICHARD Jacky, Consulter autrement, participer
effectivement, rapport public du C.E., 2011, 224 pages.
- RIU Sandrine, « Démocratie participative »,
in CASILLO I. avec BARBIER R., BLONDIAUX L., CHATEAURAYNAUD F.,
FOURNIAU J-M., LEFEBVRE R., NEVEU C. et SALLES D. (dir.), Dictionnaire
critique et interdisciplinaire de la participation, Paris, GIS
Démocratie et Participation, 2013. Disponible sur :
http://www.participation-et-democratie.fr/node/1305
- Ville de Nantes, Charte nantaise du Dialogue citoyen,
janvier 2010, 8 pages.
- Ville de Nantes, Projet, plan d'action dialogue citoyen et
co-construction, 30 janvier 2015, 23 pages.
- VALTER Clotilde, Pour une action publique transparente et
collaborative, rapport pour le gouvernement, rapport pour le Gouvernement,
5 juin 2015, 68 pages.
- VILLACEQUE Noémie, « Chahut et
délibération. De la souveraineté populaire dans
l'Athènes classique », Participations 2012/2 (N° 3),
pp. 49-69. Disponible sur :
www.cairn.info/revue-participations-2012-2-page-49.html
- WOJCIK Stéphanie, « Démocratie
électronique », in CASILLO I. avec BARBIER R., BLONDIAUX
L., CHATEAURAYNAUD F., FOURNIAU J-M., LEFEBVRE R., NEVEU C. et SALLES D.
(dir.), Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la
participation, Paris, GIS Démocratie et Participation, 2013.
Disponible sur :
http://www.participation-et-democratie.fr/user/247
69
II- Sites internet
http://www.andenne.be
[consulté le 3 avril 2016]
https://www.capoupascap.paris
[consulté le 18 juin 2016]
http://www.civictechno.fr
[consulté le 23 mai 2016]
http://www.deciderensemble.com
[consulté le 3 avril 2016]
https://www.desideesdesacteurs.wordpress.com
[consulté le 26 avril 2016]
http://www.dialoguecitoyen.haute-garonne.fr
[consulté tout au long du mémoire]
http://www.dicopart.fr
[consulté le 30 mars 2016]
http://www.franceculture.fr
[consulté le 7 mai 2016]
http://www.institut-kervegan.com
[consulté le 15 juin 2016]
https://www.lot.fr/demain-le-lot
[consulté le 18 juin 2016]
http://www.nordpasdecalais.fr
[consulté le 15 juin 2016]
http://www.paristribune.info.fr
[consulté le 30 avril 2016)
https://www.parlement-et-citoyens.fr
[consulté le 23 mai 2016]
http://www.pouvoirdagir.fr
[consulté le 6 mai 2016]
http://www.revue-participations.fr
[consulté le 1er juillet 2016]
http://www.udc-nantes.fr
[consulté le 3 juillet 2016]
http://www.vie-publique.fr
[consulté tout au long du stage]
http://www.votreavis.haute-garonne.fr
[consulté le 2 avril 2016]
https://www.whybook.org
[consulté le 10 juillet 2016]
http://www.wikiterritorial.cnfpt.fr
[consulté le 29 juin 2016]
70
Liste des figures
Figure 1 : Présentation des Civic Tech 31
Figure 2 : Etude du groupe Marsouin sur la participation
citoyenne numérique 38
Figure 3 : représentation des profils proposés
par le futur site web. 50
Figure 4 : Les priorités pour les Lotois dans le projet
« Demain le Lot » 55
Figure 5 Cap ou pas cap : faites le Pari(s) de demain 56
Figure 6 : La rubrique des questions du Site Whybook 58
Figure 7 : page d'accueil du site Territoires Hautement
Citoyens 59
Figure 8 : rubriques de l'application Ain 360 : propositions
au département & du département,
statistiques par réponse, contacter vos élus
62
Figure 9 : version site web de l'application J'aide ma ville
dans le secteur de Toulouse 64
71
Annexes
72
Annexe 1 : Fond de soutien
Objet : DEFINITION D'UN FOND DE SOUTIEN AUX
ACTIONS DE PARTICIPATION CITOYENNE DES ASSOCIATIONS ET DES COLLECTIVITES
TERRITORIALES SUR LE TERRITOIRE DEPARTEMENTAL
Date : jeudi 30 juin 2016
Rédaction : Déborah Fort
1. LA DEFINITION DU PROJET
Le Département est le chef de file des
collectivités territoriales en matière d'aides sociales,
d'autonomie des personnes et de solidarité des territoires, et de
même il intervient dans les domaines de l'éducation,
l'aménagement, ou l'action culturelle et sportive. Ainsi, il s'est
progressivement rapproché des citoyens et de leur vie quotidienne. Cette
nouvelle proximité rend nécessaire l'appropriation des politiques
départementales par les habitants et cela est rendu possible par leur
association aux processus de décision. D'ailleurs, la participation
citoyenne est souvent citée comme un outil de démocratisation et
de modernisation de l'action publique - et c'est pour cela qu'elle prend de
l'ampleur depuis les années 1980.
Depuis les élections de 2015, le Conseil
départemental de la Haute-Garonne a souhaité faire du
dialogue citoyen une clé d'entrée dans son institution pour tous
les Haut-Garonnais. En effet, depuis les Rencontres du dialogue
citoyen le 6 février 2016, afin de renforcer la relation entre ses
citoyens, leurs élus départementaux et l'institution, le
Département veut prendre en compte l'avis de ses habitants concernant
les politiques publiques qu'il met en place, ainsi que les priorités qui
en résultent.
C'est pourquoi, dans un contexte de multiplication des
expériences de participation citoyenne à d'autres échelles
territoriales (commune, intercommunalité, région) et dans son
rôle d'animateur des territoires, le Département aider le
développement de ces outils. Ainsi, c'est notamment dans ce cadre
là que le Département réfléchit à la
mise en place d'un fond de soutien aux actions de participation citoyenne mises
en oeuvre sur le territoire départemental.
Ce projet sera de ce fait inscrit dans stratégie de
création d'une nouvelle marque de fabrique pour le Département
Haut-garonnais, celle du département à Haute Qualité
Participative. Cette dynamique future s'inscrit dans celle déjà
portée par les 7 grands chantiers (concertation lecture publique,
schéma Personnes Agées/Personnes Handicapées,
réseau Arc-en-ciel, construction des
73
collèges et carte scolaire, charte de la commande
publique concertée, charte du dialogue citoyen, les rencontres du
territoire), la formation des élus et des agents, l'état des
lieux de la participation citoyenne sur le département, etc.
1.1. LES ENJEUX DE LA CREATION DE CE FOND DE SOUTIEN
POUR LE CONSEIL
DEPARTEMENTAL DE LA HAUTE-GARONNE
Il est pertinent de rappeler que la création de ces
soutiens à l'intention des acteurs qui veulent faire de la participation
citoyenne permettra de conforter le rôle d'animateur des
territoires du Conseil départemental. Suite à la loi
NOTRe et la nouvelle répartition des compétences, le
Départemental s'est vu conforté dans sa position
géographique intermédiaire essentielle au sein des
collectivités territoriales. En effet, cette nouvelle donne
géographique lui confère une place idéale pour soutenir
des dynamiques territoriales et mettre en valeur la participation des citoyens.
En ce sens, le Département peut animer et créer les ressources
nécessaires au soutien de la participation citoyenne sur ses
territoires.
D'un point de vue démocratique et civique, ce fond de
soutien rapprochera les citoyens des politiques publiques, et c'est pour cela
qu'il sera un vecteur de renouvellement démocratique et qu'il permettra
d'augmenter la capacité des citoyens d'interagir dans la
construction des politiques publiques.
Pour finir, d'un point de vue institutionnel, la
création de ce fond de soutien aux actions de participation citoyenne
contribuera au renouvellement de l'action publique locale et à
sa modernisation. D'une part, l'échange et le débat
entre les élus et les acteurs de leurs territoires impliquera une
meilleure prise en compte des besoins hétérogènes des
habitants. D'autre part, la participation des citoyens fera appel à des
panels d'acteurs diversifiés qui multiplieront des propositions
d'amélioration des politiques publiques.
1.2. L'OBJECTIF GENERAL
Tout l'intérêt est de réfléchir sur
l'opportunité, la faisabilité et les modalités de mise en
oeuvre de ce fond de soutien aux projets de participation citoyenne.
1.3. L'OPPORTUNITE DE CETTE DEMARCHE
Par comparaison avec une procédure de subventionnement
classique, créer ce fond de soutien offre différents
avantages au Conseil départemental.
74
De manière générale, c'est d'abord la
souplesse de cet outil qui confère au Conseil départemental une
position active, puisqu'il pourra définir les critères de
sélection qu'il souhaite pour ensuite se diriger vers des candidats
potentiels. A contrario, une procédure classique de subventionnement,
laisse le Conseil départemental dans une situation passive car ce sont
les acteurs qui viennent vers lui, avec des critères de sélection
globaux. Le modèle du fond de soutien permettra au Conseil
départemental de garder la main sur ce projet, avec une vue
précise des critères et des candidats.
De même, ce modèle permet d'assurer une
égalité de traitement des candidats qui ont répondu,
puisqu'ils sont comparés entre eux et au regard de critères
définis par le Conseil départemental. A contrario, une
procédure classique de subventionnement analyse séparément
chaque dossier sans un regard global à leur sujet, ce qui constitue une
faiblesse.
Cependant, malgré les avantages exposés
ci-dessus, un risque doit être considéré et anticipé
: les critères doivent être assez précis pour
d'éviter un trop grand nombre de répondants et pour justifier de
manière objective les refus d'attribution de soutiens.
1.4. IDEES POUR LE NOM DU DISPOSITIF
Plusieurs possibilités s'offrent au Conseil
départemental concernant le choix de la dénomination du fond de
soutien : démocratie locale,
consultation, concertation,
codécision et/ou participation,
participation citoyenne, participation
locale, participation publique ou dialogue
citoyen.
D'abord, le nom de Fond de soutien aux projets de
démocratie locale paraît peu adéquat
étant donné que les individus connaissent peu ce concept qui a
une connotation très institutionnelle, et qui en même temps
englobe trop de thématiques et ouvre la porte à des candidats
trop nombreux. Ensuite, l'option de Fond de soutien aux projets de
consultation, concertation, codécision et/ou participation
n'explicite pas suffisamment le rapport à la
démocratie et au dialogue citoyen que devront avoir les projets.
On remarque un plus grand intérêt quand au choix
de Fond de soutien aux projets de participation citoyenne
puisqu'il prend en compte les dimensions participatives et
citoyennes, tout comme le nom de participation locale
qui paraît faire un lien suffisant entre l'objectif de
dialogue et de codécision avec la dimension locale qu'auront les projets
retenus.
75
à Finalement, se diriger vers le nom de
Fond de soutien aux projets de participation citoyenne
apparaît comme le choix le plus pertinent. En effet, ce
choix permettra de valoriser un ensemble vaste d'expériences ascendantes
ou descendantes de participation citoyenne.
2. LES MODALITES DE SELECTION DES CANDIDATS
Il pourrait être envisagé de mettre en place le
Fond de soutien aux projets de participation citoyenne selon deux
catégories de projets :
- les projets ponctuels des collectivités
territoriales, des intercommunalités, des PETR, et associations ou
collectifs citoyens,
- les projets à long terme de création de
nouvelles instances par les collectivités territoriales,
intercommunalités ou PETR.
CATEGORIE 1 : PROJETS PONCTUELS
|
CATEGORIE 2 : PROJETS A LONG TERME
|
Jury citoyen
|
|
Budget participatif
|
Atelier de scénarios
|
|
Conseil citoyen
|
Café découverte
|
|
Comité de quartier
|
Cartographie collaborative
|
|
Collectif d'habitants
|
Théâtre forum
|
|
Collectif de quartier
|
Conférence de citoyens
|
|
Maison de quartier
|
Sondage délibératif ou
|
collaboratif,
|
Table de quartier
|
Projection de film et débat
|
|
|
Diagnostic en marchant
|
|
|
E-pétition
|
|
|
2.1. LES CRITERES D'ELIGIBILITE DES PROJETS
Au premier plan, la cohérence globale
du dossier sera analysée, et six critères
pourraient permettre d'évaluer la démarche et la
qualité du projet présenté. Ces critères
constituent des hypothèses qui pourront être utilisées dans
le dossier de candidature et dans la grille interne :
Critère 1 : LA NATURE DU PROJET
Regarder si le projet proposé fait partie des phases 1
ou 2 citées ci-dessus, et s'il constitue un projet de participation
citoyenne
76
Critère 2 : LE NIVEAU D'IMPLICATION DES
CITOYENS
Quatre niveaux d'implication citoyenne au moins existent :
l'information, la consultation, la concertation et la codécision.
Ici, les projets d'information sont moins intéressants
et ne devraient pas être retenus car ils concernent une information
descendante soit une absence de dialogue. Au contraire, les trois derniers soit
la consultation, la concertation et la codécision devraient être
favorisés, puisqu'ils encouragent à l'exercice de la
citoyenneté, l'émancipation des citoyens individuellement et
collectivement, et incitent au partage de la décision.
Critère3 : L'INGENIERIE DEVELOPPEE EN VUE DE CREER
UNE CITOYENNETE ACTIVE
Le candidat doit oeuvrer à la diversité des
participants, des interlocuteurs et des partenaires. Pour ce faire,
différents points pourraient être définis : recherche d'une
mobilisation élargie des participants, recherche de partenaires et
d'intervenants pertinents qui oeuvrent dans ce champ, ainsi que la
participation des publics les plus éloignés du dialogue citoyen.
A ce titre, demander une carte des acteurs concernés
par le projet de participation citoyenne.
Critère 4 : L'ANCRAGE TERRITORIAL DU
PROJET
La dimension locale du projet candidat est primordiale en ce
qu'elle concourt à une prise en compte réelle des dynamiques
existantes. Ainsi, les candidats devront définir le
périmètre sur lequel s'inscrit le projet qu'ils présentent
: îlot, quartier, ville, PETR, etc.
Critère 5 : LE CARACTERE INNOVANT DE L'OUTIL DE
PARTICIPATION CHOISI
Pour mieux répondre aux besoins des citoyens et les
faire participer pleinement aux décisions, l'inventivité des
outils choisis sera mesurée. On connaît des outils classiques tels
les conférences ou les réunions publiques, qui ouvrent en
réalité peu la possibilité d'une codécision, alors
que de nouveaux outils et leur méthodes, tels les sondages
délibératifs, les théâtres-forum sont de des formes
de participation sur lesquels l'accent pourrait être mis.
Critère 6 : MODES D'EVALUATION
ENVISAGES
Le candidat doit proposer un modèle et une
méthodologie d'évaluation de son projet. Il serait pertinent de
demander la mesure de l'effet de la participation citoyenne attendu, quels
publics vont être touchés, quels critères seront
utilisés pour mesurer la qualité de la participation
citoyenne.
DEPENSES
|
MONTANTS
|
Achat de fournitures et de matériel
Achat de petit matériel (non amortissable)
Achat de matériel (amortissable) Achat de fournitures
Autres achats
|
|
Locations
Location de salle Location de matériel Autres locations
|
|
Prestation externes
Intervenants (animation, conseil) Réalisation d'outils
Réalisation de documents
(conception, impression, diffusion) Autres prestation externes
|
|
Coûts internes
Frais de déplacement
Assurances
Salaires
Autres coûts internes (sonorisation)
|
|
COUT TOTAL
|
|
RECETTES
|
MONTANTS
|
Ressources propres
|
|
Subventions demandées à des partenaires
publics (détail)
|
|
Autres recettes attendues
|
|
|
|
TOTAL DES RECETTES
|
|
77
2.2. LE DOSSIER DE CANDIDATURE
Présentation :
Nom du projet et Porteur de projet Territoire de mise en oeuvre
du projet Date de la demande
Date et lieu de la réalisation
Résumé de la démarche
|
Points-clés :
Objectifs poursuivis
Méthodologie mise en place
Outils envisagés pour mobiliser les citoyens
(avant et pendant)
Public visé (profils, nombre de citoyens)
Partenariats visés (experts, universitaires,
associations)
Carte des acteurs
Nombre d'agents et de salariés investis
Compétences humaines mobilisées
Résultats attendus
Calendrier prévisionnel
Appel à des prestataires extérieurs
|
2.3. LE PLAN DE FINANCEMENT
Un plan de financement pourrait être demandé aux
candidats afin de connaître le coût de leur projet, d'identifier
les partenariats déjà en cours avec le montant des financements
accordés ou demandés, et de constater son inscription dans un
projet plus large :
78
2.4. LES CRITERES D'EXCLUSION
Seront notamment exclus, les projets
événementiels, les projets non territorialisés, les
activités habituelles, la mise en oeuvre d'une obligation
règlementaire de concertation non innovante, les projets de jardins
partagés ou les systèmes d'échanges locaux, les projets
socioculturels ou sportifs. Cette liste n'est pas exhaustive, et le jury se
réserve le droit d'exclure d'autres types de projets qui ne
correspondraient pas à la vision de la démocratie participative
du Conseil départemental.
3. L'INSTRUCTION DES DOSSIERS DU FOND DE SOUTIEN PAR LE
CONSEIL
DEPARTEMENTAL DE LA HAUTE GARRONE
3.1. LES MEMBRES DU COMITE DE SELECTION DES
CANDIDATS
Pour la première année d'attribution du
fond de soutien aux projets de participation citoyenne, les membres du
comité de sélection pourraient être des élus et des
responsables de l'administration qui travaillent en lien avec la
démocratie locale, des universitaires (Université Toulouse-1
Capitole et Toulouse-2 Jean Jaurès) et des experts de la question, des
associations de tête de réseau (foyers ruraux, centres
sociaux).
De même, pour la seconde année
d'attribution du fond, on pourrait imaginer que certains
lauréats de la première année siègent en tant que
membres du comité.
3.2. LES ATTRIBUTIONS DU FOND DE SOUTIEN
Les attributions pourraient la forme d'un accompagnement
financier ou de formation. Le candidat aurait déjà
préalablement coché quel type d'accompagnement il souhaitait dans
son dossier de candidature.
On pourrait envisager une enveloppe globale de 50 000 €
par an, avec une part non supérieure à 2 500 €
pour les projets retenus. La répartition financière
pourrait être de 25 000 € pour la catégorie 1 et 25 000
€ pour la catégorie 2.
Concernant le volet formation, des heures de formation
pourraient être envisagées, dans le cadre d'un module à
construire avec l'Agence Technique Départementale ou le Centre National
de la Fonction Publique Territoriale. Ces heures seraient ainsi
financées par le Conseil Départemental, à raison par
exemple 2 journées de formation.
79
3.3. LA VALORISATION DES INITIATIVES
Différents moyens permettrait de valoriser des initiatives
et ce fond départemental :
- organiser une remise de prix lors d'une soirée au
Conseil départemental ou des rencontres territoriales,
- envisager la labellisation des initiatives par le label qui va
être développé dans le cadre de l'AMO démocratie
participative. Ce label pourrait être remis lors d'une rencontre
territoriale, ou d'une cérémonie,
- intégrer ces projets au site « dialogue citoyen
» du Conseil départemental de la Haute-Garonne dans la rubrique
« ça participe dans nos territoires », dans le journal du
Département, lors des rencontres des acteurs du dialogue citoyen sur le
territoire,
- créer des panneaux récapitulant les points
clés de l'initiative, à préparer en deux exemplaires (un
pour le lauréat, un pour le Conseil départemental).
4. LA MISE EN OEUVRE PRATIQUE DU FOND DE
SOUTIEN
4.1. LES MOYENS FINANCIERS
Comme indiqué précédemment, une enveloppe
de 50 000 euros pourrait être débloquée pour une
année de financement et d'accompagnements de projets. Ce budget pourrait
être directement intégré à celui de la mission
démocratie participative. Il pourrait être voté lors de la
session plénière ou de la commission permanente en février
2017, après le vote du budget.
Pas de moyens financiers supplémentaires si les
lauréats sont présentés lors d'une rencontre territoriale,
avant ou après le projet.
4.2. LES MOYENS HUMAINS
Des moyens humains vont être débloqués en
2016 et 2017 pour la mission démocratie participative. Ainsi, le
directeur de projet, les deux chefs de projet et l'assistant de projet qui
pourraient être créés constituent un nombre suffisant pour
mener à bien ce fond de soutien.
4.3. LE MATERIEL JURIDIQUE
Le dispositif est intégralement géré par le
Conseil départemental de la Haute-Garonne qui sera le guichet unique et
l'interlocuteur unique des porteurs de projets. Il assure les missions
suivantes : - information des porteurs de projets ;
80
- instruction et évaluation des dossiers complets
reçus dans les délais prescrits.
Les candidats retenus s'engageront à :
- réaliser (projets ponctuels) ou lancer (projet
pérenne) leur projet entre septembre 2017 et
septembre 2018,
- signer un acte d'engagement afin de rendre compte et de
participer aux actions de valorisation
de leur projet,
- fournir le bilan de leur action,
- ne pas représenter un projet l'année suivante,
attendre par exemple 2019 pour un premier
financement en 2017,
- signer une convention d'objectifs s'il est décidé
d'en établir une.
Enfin, deux choix de sélection sont envisageables :
- soit le comité de sélection émet un avis
qui vaut acception à lui seul ;
- soit le comité de sélection émet un avis
qui est ensuite arbitré par la Commission Permanente.
4.4. LE DEROULEMENT ET LE PLANNING PREVISIONNEL DE
VALIDATION POUR UNE MISE
EN OEUVRE
Dates
|
Validation
|
Participants
|
|
Juillet 2016
|
Par le Cabinet du Président
|
Romain CUJIVES
|
|
Aout-septembre 2016
|
Validation administrative + document finalisé et note
synthétique
|
Pascal JARRY LOOZES
|
|
Octobre 2016
|
|
Validation par l'élue démocratie
participative
|
Paulette SALLES
|
|
Janvier 2017
|
|
Présentation lors du vote du budget
|
Conseillers départementaux
|
|
Février 2017
|
|
Réunion de groupe
|
Groupe socialiste Paulette SALLES
|
|
Février 2017
|
|
Session plénière ou Commission
Permanente
|
Conseillers départementaux
|
|
Février -mars 2017
|
|
Annonce du soutien lors des
rencontres territoriales+ temps de communication autour du
projet
|
|
|
Avril 2017
|
|
Ouverture du dépôt des candidatures en ligne
|
Potentiels candidats
précédemment
|
cités
|
Mai 2017
|
|
Clôture des candidatures
|
|
|
Juin 2017
|
|
Examen par le comité de sélection
|
Comité de sélection
|
|
Septembre septembre 2018
|
2017-
|
Réalisation des projets ponctuels ou lancement des
projets à long terme
|
|
|
Annexe 2 : L'échelle de Sherry ARNSTEIN,
1969
81
82
Table des matières
Sommaire 6
Introduction 7
Chapitre 1. La démocratie participative locale, un outil
indispensable, mais perfectible 10
Section 1. Une nécessaire amélioration de la
démocratie locale 11
Paragraphe 1. Une tentative de définition: de la
démocratie à l'e-démocratie 11
A. L'histoire de la démocratie locale: d'Athènes
à nos jours 11
1. Une mouvance ancienne et avant-gardiste 11
2. Les formes plus récentes de la démocratie
participative 14
B. La démocratie participative, un concept en pleine
évolution paradigmatique 16
1. Définir les propriétés essentielles de
la démocratie participative et de l'e-
démocratie 16
2. Analyser la nature de la participation citoyenne et de ses
instruments 18
Paragraphe 2. Un cadre juridique insuffisant 20
A. La participation citoyenne reste à l'état de
principe dans la loi 21
1. Les différents niveaux de participation citoyenne
encadrés par la loi 21
2. Les prémices de l'encadrement de l'e-démocratie
23
B. La création d'une multitude d'instances qui complexifie
la compréhension de la
participation citoyenne 24
1. La création d'instances participatives à
l'échelle infra-communale et
communale 25
2. La création d'instances participatives à
l'échelle départementale et
régionale 26
Section 2. Le numérique, nouveau vecteur de
l'amélioration démocratique 27
Paragraphe 1. Les enjeux de la participation citoyenne
numérique 27
A. Une réponse à une crise plurielle 28
1. Vaincre une crise protéiforme du système
politique 28
2. Un contexte propice au développement de la
démocratie participative,
notamment numérique 29
B. Le numérique : un défi pour la démocratie
et la participation 30
1. La rencontre du web et des Civic Tech pour une
démocratie augmentée 30
2. Une opportunité au service d'une gouvernance et d'une
mobilisation
nouvelles 33
Paragraphe 2. De la rencontre du numérique avec la
participation citoyenne 34
A. Les incontestables avantages à cette rencontre 35
1. Faire tomber les barrières spatiotemporelles et
élargir le spectre de la
démocratie 35
2. Une communication renforcée autour de
l'e-démocratie 36
B. Les risques de cette rencontre à considérer afin
de les éviter 37
83
Chapitre 2. La déclinaison concrète d'une politique
de participation numérique au sein du
Conseil départemental de la Haute-Garonne. 40
Section 1. Une volonté politique forte de
l'expérience du numérique de la part du
Département 41
Paragraphe 1. La mise en oeuvre concrète des
engagements du Président du Conseil
départemental de la Haute-Garonne 41
A. Les enjeux et le contexte du développement de la
participation citoyenne pour le
Conseil départemental de la Haute-Garonne 41
1. Des enjeux territoriaux essentiels 41
2. Des enjeux démocratiques et de renouvellement de
l'action publique
nouveaux 42
B. Un Départemental Haut-garonnais engagé dans un
dialogue citoyen 43
1. Des actions vers l'extérieur 43
2. Un renouvellement interne 46
Paragraphe 2. L'engagement numérique du Conseil
départemental 47
A. La refonte du site web pour donner place à
l'échange avec les citoyens 48
1. Renouveler le site web du Conseil départemental de la
Haute-Garonne
pour répondre aux attentes des citoyens 48
2. Une nouvelle vie pour le site web par un design interactif
49
B. Pour aller plus loin dans le rapport avec le citoyen : le site
dialogue citoyen 51
1. La diffusion d'un questionnaire aux Haut-Garonnais pour
délimiter leurs
attentes 51
2. La restitution de la première rencontre entre
l'institution, les conseillers
départementaux et les citoyens 52
Section 2. La quête d'amélioration du dialogue
citoyen par des outils numériques novateurs
53
Paragraphe 1. Des retours d'expériences encourageants
54
A. Le projet « Demain le Lot » du Conseil
départemental du Lot 54
B. Le projet « Cap ou pas cap : faites le Pari(s) de demain
» 55
Paragraphe 2. Développer une ingénierie
numérique au sein du Département de la Haute-
Garonne 57
A. Valoriser les initiatives citoyennes 57
1. La valorisation des initiatives citoyennes et des contenus
citoyens 57
2. La valorisation de la conception collaborative de la
participation dans un
territoire 59
B. Créer une participation descendante et partagée
61
1. La valorisation du dialogue direct avec les élus 61
2. La valorisation de la coproduction de données 63
Conclusion générale 65
Bibliographie 66
Liste des figures 70
Annexes 71
84
Annexe 1 : Fond de soutien 72
Annexe 2 : L'échelle de Sherry ARNSTEIN, 1969 81
Table des matières 82
FICHE D'EVALUATION DE STAGE 84
|