INSTITUT DE FORMATION DE MANIPULATEURS
D'ELECTRORADIOLOGIE MEDICALE DE POITIERS
Améliorer la prise en charge des
sourds en imagerie
Maxime TEILLET, Promotion 2014-2017, Année
2017.
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INSTITUT DE FORMATION DE MANIPULATEURS
D'ELECTRORADIOLOGIE MEDICALE DE POITIERS
Améliorer la prise en charge des
sourds en imagerie
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Maxime TEILLET, Promotion 2014-2017, Année
2017.
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Remerciements
J'adresse mes remerciements à toutes les personnes qui
m'ont aidé dans la réalisation de ce mémoire.
En premier lieu à Mme Catherine GENEBRE qui en tant que
directrice de mémoire m'a guidé dans mon travail et m'a
aidé à avancer dans mon travail de fin d'étude.
Je remercie aussi M. Jérôme LAUBRETON et
Marie-France DEBEAULIEU, respectivement médecin général et
Intermediatrice à l'UASS du CHU de Poitiers qui m'ont beaucoup
aidé en me faisant découvrir leur travail au quotidien avec les
sourds.
Je remercie les manipulateurs qui ont accepté de
répondre à mes questions.
Enfin je remercie mes proches qui m'ont soutenus et
encouragés dans ce long chemin qu'est la réalisation d'un
mémoire.
5
Sommaire
Introduction 7
I. Situation d'appel 8
1. Description de la situation 8
2. Ressenti 9
3 Questionnements 9
4. Question de départ 9
II. Cadre Contextuel 10
1. Généralités 10
2. Causes de la surdité 11
2.1 Causes prénatales 11
2.2 Causes périnatales 12
2.3 Causes post-natales 12
2.4 Causes génétiques 13
a. Les surdités syndromiques 13
b. La surdité non syndromique 13
III. Historique 14
1. L'éducation des Sourds deux visions qui s'opposent
15
1.1 Education et langue des signes 15
a. L'intégration 17
5. Du congrès à nos jours 17
6. Le renouveau 19
IV. L'UASS de Poitiers 21
V. Phase exploratoire 23
1. Recherches documentaires 23
2. Enquêtes. 29
2.1 Choix méthodologique 30
2.2 Justification du choix d'outils 30
6
2.3 Choix de la population 30
2.4 Objectifs 31
2.5 . Traitement des données 31
2.6 . Limites 33
VI. Cadre conceptuel 33
1. Santé communautaire 33
1.1 Définition 33
1.2 Justification 33
2. Droits des patients 34
3. La gestion des risques 36
3.1 Définition 36
3.2 Justification 37
3.3 Exemple concret 37
VII. Discussion 39
1. Finalité du projet 39
1.1 Interprétation des résultats 39
1.2 Projet IMSIGN 39
2 Difficultés et Apports 41
2.1 Difficultés 41
2.2 Apports 42
Conclusion 43
Bibliographie. 44
Sommaire des annexes : 49
Index des figures : 49
7
Introduction
Le métier de manipulateur d'électroradiologie
médicale est trop souvent imaginé comme exclusivement technique
en négligeant le coté relationnel qui est tout aussi important
dans la pratique du manipulateur. Le manipulateur est là pour rassurer
le patient, lui expliquer l'examen, vérifier les contre-indications et
veiller à son confort. Seulement si vous êtes atteints d'une
surdité ce qui vous met en situation de handicap pour communiquer avec
un entendant comment se déroule un examen en imagerie ? Imaginez-vous
passer un examen comme une biopsie ou un IRM sans explications
préalable, quel ressenti aurez vous ?
De par mon expérience professionnelle j'ai pu
être témoin de cette prise en charge et du manque de formation et
d'outils pour une prise en charge égale de tous les patients. Pourtant
il existe un article dans la loi « handicap» sur la formation des
professionnels mais qu'en est il aujourd'hui de cette loi votée en 2005.
Celle-ci a permis des avancées dans différents domaines comme la
télévision, la prestation de compensation de handicap ou encore
des numéros d'urgence disponible par SMS.
Afin d'appliquer les différentes étapes d'une
recherche exploratoire. J'ai tout d'abord présenté des
définitions sur le thème de la surdité et du handicap puis
sur l'anatomie de l'oreille et la surdité. J'ai ensuite
étudié l'évolution des représentations de la
surdité au cours de l'histoire et réalisé une
enquête qui commence par faire des recherches sur la surdité puis
sur l'historique du monde sourd. J'ai pu rencontrer des professionnels de la
prise en charge des sourds qui m'ont transmis leur savoir et leurs
expériences et questionner les manipulateurs sur leur pratique.
Cette recherche a une double visée compréhensive
et praxéologique afin de sensibiliser les professionnels amenés
à recevoir des patients sourds, aux spécificités de leur
prise en charge et à la richesse de leur culture. La réflexion
qu'entraine cet accueil pourra être mise à profit dans n'importe
quel service d'imagerie médicale.
8
I. Situation d'appel
1. Description de la situation
Au cours de mon second stage de radiologie conventionnelle qui
se déroulait à la polyclinique de Poitiers j'ai dû prendre
en charge une patiente aux urgences radiologiques de la polyclinique.
Les manipulateurs me permettaient de faire les examens simples
en autonomie dans une salle de radiologie composée d'un tube
radiologique, d'un Potter mural et d'une table
télécommandée. Dans cette salle étaient
réalisés les examens des extrémités et ceux
nécessitant la scopie comme par exemple les infiltrations et les
arthrographies.
J'ai donc pris en charge une patiente que j'appellerais Mme X
afin de respecter l'anonymat. Mme X est une femme d'une quarantaine
d'années qui s'est présentée aux urgences pour des
douleurs aux orteils et sur le dessus du pied droit après un choc avec
un objet contondant.
Les incidences à réaliser sont une incidence du
pied de face et une incidence de pied en oblique interne. J'ai donc
préparé ma salle avant d'accueillir la patiente, j'ai
utilisé une cassette 24*30 afin de réaliser les deux incidences
sur la même cassette, le tube radiologique et une chaise afin que la
patiente puisse s'y assoir pour faire l'examen.
J'ai accueilli Mme X dans la salle d'attente, le brancardier
qui l'accompagnait des urgences me prévenait qu'elle était sourde
et muette. Elle était accompagnée d'une amie qui parlait la
langue des signes française (LSF), j'ai donc demandé s'il
était possible qu'elle nous accompagne dans la salle afin de faire la
traduction mais elle a refusé d'entrer. J'ai donc installé Mme X
sur la chaise et il a été possible par des gestes de la
positionner même si cela a pris du temps. Pour la première
incidence le pied est posé à plat sur cassette, le rayon
directeur incliné à quinze degré et perpendiculaire au dos
du pied le centrage se fait sur le deuxième métatarse à
son extrémité proximal. Pour la deuxième incidence le pied
repose sur son bord interne la plante du pied forme un angle de quarante cinq
degré avec la plaque, le rayon directeur est droit et le tube est
toujours placé à un mètre.
9
Après avoir effectué les images j'ai
raccompagné la patiente en salle d'attente en expliquant à elle
et son ami de patienter pour les résultats.
J'ai donc mis 20 minutes pour effectuer un examen assez simple
car il n'y avait rien de prévu dans un cas comme celui-ci. Je n'ai pas
pu communiquer réellement avec la patiente pour savoir si elle
était angoissée ou si elle avait besoin de plus de renseignements
ou d'explications. Cette situation c'est reproduite durant un stage à
l'IRM dans le secteur privé où le patient venait pour un
crâne injecté. L'examen s'est bien déroulé, j'ai
posé la perfusion mais le relationnel avec le patient n'était pas
là.
2. Ressenti
Pendant la réalisation de l'examen j'ai essayé
de faire des gestes et de mimer la position de l'incidence mais je me suis
senti démunie face à cette situation. Ma formation ne m'avait pas
préparé à cette difficulté et le stress ne m'a pas
permis de réaliser cet examen dans les meilleures conditions. Cette
situation m'a fait remettre en question le rôle du manipulateur et la
nature de sa formation. Mon point fort lors de mes différents stages
était le relationnel avec la patient grâce à l'humour et
à mon calme. Mais lors de cet examen mon stress était visible et
la communication peu appropriée à un échange apaisant.
3 Questionnements
Quels moyens sont mises en oeuvre pour la prise en charge de
ces patients atteint de surdité ?
Patient sourd et malentendant, quelle impact sur la
qualité des soins ? Que pouvons-nous faire pour que la prise en charge
des personnes sourdes et malentendantes soient aussi efficace à la prise
en charge des personnes entendantes dans un service de radiologie ?
4. Question de départ
En partant de cette réflexion, j'ai effectué des
recherches à partir des mots clés de mon thème afin
d'approfondir mes connaissances dans ce domaine.
10
J'ai découvert qu'il n'y avait que peu de documents et
recherches sur ce sujet J'ai donc entrepris des recherches sur internet au
travers des sites du milieu associatif. Suite à ces constats et
grâce aux échanges avec les divers professionnels de santé,
j'aboutis à cette question de départ :
Comment améliorer la qualité des soins
pour les sourds et malentendant dans un service d'imagerie médicale
?
II. Cadre Contextuel
1. Généralités
Tout d'abord pour aborder ce sujet il faut définir
certains termes. L' handicap est défini comme «
pas simplement un problème de santé. Il s'agit d'un
phénomène complexe qui découle de l'interaction entre les
caractéristiques corporelles d'une personne et les
caractéristiques de la société où elle vit. Pour
surmonter les difficultés auxquelles les personnes handicapées
sont confrontées, des interventions destinées à lever les
obstacles environnementaux et sociaux sont nécessaires. » Selon
L'OMS.
Il faut que je précise aussi ce qu'est la
surdité qui selon le Larousse est une « Diminution
très importante ou inexistence totale de l'audition, qu'elles soient
congénitales ou acquises. ». L'OMS fait une définition plus
précise « On parle de perte d'audition lorsqu'une personne n'est
pas capable d'entendre aussi bien qu'une personne ayant une audition normale,
le seuil étant de 25 DB ou mieux dans les deux oreilles. La perte
d'audition peut être légère, moyenne, sévère
ou profonde. Elle peut toucher une oreille ou les deux et entraîner des
difficultés pour suivre une conversation ou entendre les sons forts.
».
D'après l'INSEE (enquête HID 1998-1999) on classe
la surdité selon la perte auditive moyenne en décibels.
11
- Inferieur à 30 décibels, on
parle de surdité légère ou hypoacousie
- Entre 30 et 60 décibels, une
déficience auditive moyenne est observée le patient est
considéré comme malentendant.
- Entre 60 et 90 décibels :
l'hypoacousie sévère qui est à la limite de la
surdité
- De 90-120 décibels on parle de
surdité totale. Les facultés auditives résiduelles peuvent
éventuellement être utiles pour la compréhension du
langage.
- Supérieur à 120 décibels
on parle alors de surdité profonde, le langage parlé ne
peut plus être compris, même avec un appareil auditif.
Il faut distinguer la surdité de perception où
l'oreille interne et le cortex sont touchés et la surdité de
transmission où un dysfonctionnement sur l'oreille externe et moyenne
est responsable de la surdité.
Lorsque que l'on étudie l'histoire de la
communauté sourde on découvre rapidement plusieurs
stratégies d'enseignement. L'oralisme qui est une méthode
d'apprentissage par l'oral qui a eu de nombreux défenseurs. Elle avait
comme objectif une intégration de la population sourde. L'apprentissage
de l'oral varie d'un enfant à un autre selon les restes auditif.
L'objectif premier de cette méthode est bien sûr
l'intégration dans la société.
2. Causes de la surdité 2.1 Causes
prénatales
De multiples maladies survenant lors de la grossesse peuvent
induire une surdité comme la rubéole qui est une infection par un
virus de la famille des togavirus. L'infection de la mère non
immunisé peut entrainer des malformations, la rubéole se transmet
par les voies aériennes et la transmissions aux foetus se fait par le
placenta. 50% des infections n'ont pas d'éruptions cutanées et
sont donc plus difficiles à repérer. Les malformations induites
sont le strabisme, le glaucome, la cataracte, des maladies cardiaques et enfin
la surdité.
12
Le cytomégalovirus est l'infection intra-utérine
la plus courante. La plupart des personnes infectées après la
naissance ne présentent pas de risque à long terme en revanche
les conséquences sur l'enfant pendant la grossesse sont importants, on
observe un retard de croissance, une microcéphalie1,
Hépatosplénomégalie2, une
thrombocytopénie3, une anémie.
On peut noter des causes toxiques de malformations pendant la
grossesse, la gentamicine par exemple peut provoquer une surdité. Une
radiothérapie peut aussi provoquer une surdité à terme.
2.2 Causes périnatales
Ce sont les causes qui surviennent durant l'accouchement,
elles sont multifactorielles ; la prématurité, l'hypotrophie, des
traumatismes sonores, la souffrance foetale aigue4, anoxie
néonatale, un traumatisme du rocher, une infection (méningite) et
enfin un poids inferieur à 1500g. Tous ces facteurs augmentent le risque
de neuropathie auditive.
2.3 Causes post-natales
La surdité peut apparaitre après la naissance,
elle est due notamment à des otites chroniques, des méningites
bactériennes5, des médicaments toxiques.
1 On parle de microcéphalie lorsqu'un nouveau-né
vient au monde avec une petite tête ou lorsque sa tête cesse de se
développer après la naissance. OMS
2 Augmentation de la taille du foie et de la rate.
3 La thrombocytopénie est un trouble causé par une
baisse du nombre de plaquettes dans le sang.
4 La souffrance foetale aiguë (SFA) se définit
comme une perturbation grave de l'oxygénation foetale survenant au cours
de l'accouchement.
5 Inflammation des méninges dues à des
bactéries notamment le pneumocoque.
2.4 Causes génétiques
Figure 1 : surdité sensorielle de
l'enfant
.
a. Les surdités syndromiques
Des centaines de syndromes d'origine génétique
associent la surdité à des malformations.
Deux tiers des surdités aux stades
pré-linguales sont d'origine génétique et la plupart sont
d'origine mono génique. Soixante et onze Locus6 de
surdité ont été identifiés en 2004.
b. La surdité non syndromique
Dans la surdité non syndromique, c'est-à-dire
une cause génétique qui n'entraine qu'une surdité sans des
malformations associés. On met en cause un bon nombre de protéine
comme la connexine. C'est une petite protéine transmembranaire
impliquée dans la formation de jonctions communicantes entre les
cellules adjacentes
Dans l'oreille interne, quatre gène de connexine
peuvent être impliqués dans des surdités isolé ou
syndromique. L'un de ces gènes mutés GJB2 DFNB1 est le plus
courant dans les pays occidentaux. Muté en 35DelG représente 58
à 67% des cellules mutés en France.
13
6 Région du génome contenant le gène
atteint.
14
Ces modifications génétiques de ces
protéines entrainent des anomalies des cellules nerveuses et de l'organe
de golgi responsable du codage électrique du message sonore.
Figure 2: Anatomie de l'oreille
III. Historique
Pour décrire la prise en charge des sourds aujourd'hui
je vais tout d'abord aborder l'histoire du monde sourd.
Peu d'écrits décrivent le monde sourd durant
l'antiquité : Porphyre7 écrit : « n'est il pas
absurde qu'un être doué de raison ne l'est pas selon que son
parler est intelligible ou non, qu'il reste muet ou qu'il est un langage.
» Peu de philosophe partage l'avis de Porphyre, Aristote8 par
exemple écrit « Dans l'ouïe réside une des conditions
pour être pleinement humain » et Hobbes 9« la
faculté de raisonner est une conséquence de l'usage de la parole
». La vision du sourd est une vision d'être sans réflexion
plus proche de l'animal que de l'Homme.
Au moyen âge les Sourds pratiquent des emplois ouvriers
comme drapiers, bouchers, laboureurs. La chrétienté voit le sourd
comme un « possédé du démon »
10où «Le sourd était surtout le symbole vivant de ce
qui arrivait à
7 Porphyre - Traité de l'abstinence in Le Silence des
bêtes
8 Métaphysique livre A chap 1, 980, trad
3.Bathélémy st hilaire, Paris Pocket, 1995, p39
9 Thomas HOBBES, Leviathan, Chap XLVI, trad tricard, paris,
dally, 1999 p 679
10 Presneau, (1998) p.19
15
ceux qui ne voulait pas à croire en Dieu
»11. La charité chrétienne pousse cependant la
population à venir en aide aux sourds.
Des artistes célèbres comme, De Vinci et
Montaigne12 qui publient dans « Traité de la peinture
» que la parole gestuelle équivaut en capacité et en
dignité aux langues vocales. René Descartes dans sa lettre au
marquis de Newcastle13 dit : « Je dis les paroles ou
autres signes, parce que les muets se servent de signes en même
façon que nous de la voix ».
1. L'éducation des Sourds deux visions qui
s'opposent
1.1 Education et langue des signes
L'éducation des sourds débute avec Etienne de
FAY à Amiens vers 1720 qui éduque un petit groupe d'enfant
sourd.
Charles Michel de l'Epée (1712-1789) commence son
étude des signes grâce à sa rencontre avec deux jumelles
sourdes qui communiquait entre elle par signes, il décide alors de
s'occuper de l'éducation de ces deux jeunes filles. Il crée une
langue des signes très proche de l'alphabet français.
L'abée de l'Epée n'a donc pas crée ce qui est actuellement
la langue des signes française mais il est devenu une figure du monde
sourd car il a su créer une communauté qui a elle-même
perfectionné la langue des signes française. Il accueille dans sa
maison de nombreux sourds et forme des disciples, comme l'abée Sicard
instituteur à bordeaux qui le remplacera à sa mort à la
tête de l'institut national de jeunes sourds de Paris.
Figure 3: Charles Michel de l'Epée
11 idem
12 Charles-Michel de MONTAIGNE, Essais, Livre II, Chapitre XII.
13OEuvre set lettres. La Pléiade, pp. 1254-1257
16
Grâce à ce personnage et ses disciples s'est
ouvert un âge d'or pour les Sourds avec des artistes et des
intellectuelles.
Pierre DESLOGES, journaliste et écrivain sourd, qui
publie en 1779 ce qui est considéré comme le premier livre
écrit par un sourd : « observation d'un sourd et muet sur un cours
élémentaire d'éducation des sourds et muets ». Cet
écrit s'oppose à la vision oraliste de l'abée Deschamps
qui condamne l'utilisation de la langue des signes dans l'instruction des
enfants sourd.
Ferdinand Berthier est le premier professeur sourd de
l'Institution nationale des sourds-muets de Paris. Il fonde en 1834 le
comité des sourds muets et organise le premier banquet sourd en
l'honneur de l'Abée de l'Epée. Lors de ce banquet il
réunit la communauté sourde autour de l'une de ses plus grandes
figures et en fait un mythe de bienfaiteur de cette famille sourde. Il y invite
des journalistes entendant afin qu'ils fassent connaitre cette
communauté grandissante. En 1838 il crée la société
centrale des sourds et muets qui est la première association
dédié aux sourds muets. En 1844 à lieu le premier mariage
entre sourd.
La société centrale permet de faire reconnaitre
les revendications des sourds et de dénoncer les injustices. Car
à l'époque (et encore aujourd'hui) les sourds ont un statut
social bas, plusieurs écrits attestent de beaucoup de mendicité
des sourds et muets « ...pauvres, ils l'envoyaient mendier son pain dans
les rues, où, suivant quelques chroniqueurs, l'infortuné
s'efforçait d'attirer l'attention des passants en agitant une clochette.
»14.Ils sont internés dans des centres
d'aliénés et d'idiots. Lors des procès par exemple les
sourds non instruit souffrent d'a priori défavorable, les magistrats et
bon nombres de journaux débattent de leur vision des sourds car pour
beaucoup d'entre eux l'intelligence passe par l'ouïe et la parole.
14Léon VAISSE, Essai historique sur la
condition sociale et l'éducation des Sourds-Muets en France par Mr
Léon Vaïsse, professeur à l'institut royal des sourds-muets,
membre de la société asiatique, Paris, typographie de Firmin
Didot frères, Imprimerie de l'Institut de France, 1844, p.2
17
a. L'intégration
En effet si l'abbé de l'Epée promouvait la
langue des signes, des éducateurs comme Jacob Rodrigues Pereire
privilégiaient la rééducation des enfants sourd, leur
apprendre à communiquer par l'oral. Ces « oralistes »
pensaient que la meilleure façon d'intégrer les enfants sourds
à la population générale était de leur redonner la
parole. Ces cours était cependant payant et réserver aux enfants
de familles riches. Charles-Michel de l'épée disait : «Les
riches ne viennent chez moi que par tolérance, ce n'est pas à eux
que j'ai fait don de ma personne, c'est aux pauvres. Pour les autres je n'aurai
jamais entrepris l'éducation des sourds muets.»15.
Le congrès de milan se réuni en 1880, ce
congrès rassemble les éducateurs entendant de toute l'Europe et
très peu d'éducateur sourd sont conviés lors de cette
assemblée. Ce congrès marque un âge noir pour la
communauté sourde, il interdit la langue des signes dans
l'éducation des enfants sourds et proclame « la parole pur ».
A partir de cette date l'utilisation de la LSF dans les écoles est
proscrite et les éducateurs sourd renvoyés. Cependant la
transmission de cette langue continue à travers les associations et les
familles sourdes.
Les enfants sourds sont catégorisés en fonction
de leurs restes auditifs et de leur capacité à
bénéficier de l'enseignement de la parole. « Inapte »,
« arriéré » sont les qualificatifs donné a ces
enfants.
Les plus doués de ces élèves sont tout de
même cantonnés à des métiers manuels ne
nécessitant que peu de communication. La société
évolue dans le sens contraire aux enseignements initiés par
l'Abée de l'Epée.
5. Du congrès à nos jours
Depuis l'application du congrès de milan la vision
oraliste a pris le pas sur les pro-gestuelles. La communauté sourde va
souffrir de cette interdiction et le nombre de sourd illettré augmente.
La population sourde va être stigmatisée notamment par la
communauté scientifique et les recherches sur la génétique
avec l'arrivée des théories eugénistes.
15 Gillot, (1998) p.44
18
Charles Richet, prix Nobel de médecine publiera en 1919
dans sa « sélection naturelle » : « A force d'être
pitoyable, nous devenons des barbares. C'est barbarie que de forcer à
vivre un sourd-muet, un idiot, un rachitique. Les supprimer résolument,
ce serait leur rendre service, car il ne pourrait jamais que trainer une
misérable existence ».
Ensuite, un exemple représentatif plus récent du
manque de connaissances sur les sourds tant au niveau de l'information que de
la santé. Dans les années 1980, une campagne de prévention
de grande ampleur martèle la population à coup de
publicités à la télévision et d'affiches sur les
dangers et la prévention de l'épidémie de SIDA (syndrome
d'immunodéficience acquise). Les images présentées sont
conçues pour un public entendant et ne sont pas étudiées
pour un public sourd et malentendants, le message de prévention passe
donc à coté. La population sourde n'a donc pas conscience de
cette épidémie et les sourds apprennent l'existence même du
VIH lorsqu'ils sont infectés par la maladie. L'image du virus du SIDA
étant prise pour le soleil par les sourds.
En 1978 l'OMS défini la santé comme « un
état complet de bien-être physique, mental et social ne consistant
pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité »
Pourtant en France jusqu'à la fin des années
1970, la LSF est officiellement inexistante dans les écoles
françaises à cause de la décision prise lors du
congrès de milan en 1880. C'est donc l'oralisation qui est
enseigné dans les écoles, on veut faire parler les sourds, les
intégrer à la société par l'oral qui est
utilisé par le plus grand nombre. La surdité est donc vue comme
une maladie, un problème qu'il faut résoudre.
19
6. Le renouveau
Le monde sourd a évolué. Tous d'abord la loi du
dix-huit janvier 1991 dites « loi Fabius » reconnait aux parents le
droit de choisir entre une éducation oral ou bilingue
français-LSF.
En santé jusqu'à la fin des années 1990,
les besoins de santé des sourds n'étaient ni
étudiés ni assurés par notre système de soins. La
compréhension du patient était (et l'est encore)
présupposée par la lecture labiale et l'écrit.
Les interprètes formés étaient peu
nombreux et la traduction entre le personnel médical et le patient se
passait surtout par la famille et quelques membres du personnel qui parlait la
langue des signes sans forcément la maitriser. Il faut savoir que tous
les membres de la communauté sourde n'ont pas forcément la
même langue des signes, il y'a des manières différentes,
des signes différents d'une région à une autre et les
personnes plus âgées signent d'une façon différente
que leurs petits-enfants. La confidentialité n'était donc pas
respectée et l'information donnée au patient n'était ni
claire, ni appropriée.
Une expérimentation est donc réalisée
à la Pitié-Salpêtrière en 1995. Une consultation
entièrement réalisée en langue des signes. C'est un
succès tel que de 2001 à 2012 un réseau d'Unité
d'Accueil et de Soins pour les Sourds (UASS) se met en place progressivement.
Elles sont réglementées par la circulaire N°DHOS/E1/2007 du
20 Avril 2007.
Ces structures sont crées au départ sans la
participation de la communauté sourde qui a ensuite été
intégrer à ce projet qui a été penser pour elle.
Ces premières UASS dépassent largement leurs objectifs
prévisionnels.
Des efforts ont été faits depuis la loi de 1986
relative à la liberté de communication qui vise à rendre
accessible les programmes aux personnes souffrant d'un handicap auditif. La
charte relative à la qualité du sous-titrage à destination
des personnes sourdes ou malentendantes de décembre 2011 donne les codes
du sous titrage des programmes qui doit par exemple respecter le sens du
discours, qu'il soit lisible.
20
La loi du 11 février 2005 pour l'égalité
des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des
personnes handicapées et notamment l'article Article L1110-1-1 qui
stipule que « les professionnels de santé et du secteur
médico-social reçoivent, au cours de leur formation initiale et
continue, une formation spécifique concernant l'évolution des
connaissances relatives aux pathologies à l'origine des handicaps et les
innovations thérapeutiques, technologiques, pédagogiques,
éducatives et sociales les concernant, l'accueil et l'accompagnement des
personnes handicapées, ainsi que l'annonce du handicap. » Elle
reconnait la langue des signes comme une langue à part entière.
Dans le milieu de l'éducation elle assure que les élèves
pourront recevoir un enseignement en LSF et que cela concerne le sourd et sa
fratrie, La LSF peut aussi être choisie comme une épreuve aux
examens et concours. L'avis du 4 janvier 2006 sur les dispositions relatives
à l'audiovisuel du projet de loi pour l'égalité des
chances entre les Français impose à la télévision
de refléter la diversité de la société
française.
Sur internet, de multiples sites relaient des informations
pour les parents d'enfants sourds, sur leurs expériences personnelles.
Des sites internet proposent d'apprendre la langue des signes par les
GIFS16. En effet deux salariés de Giphy ont
découpé les vidéos de la série éducative
sign with robert créée par robert Demayo et Hilari Scarl. Il
suffit de taper Sign with Robert sur Giphy et l'on retrouve plus de 2000 GIFS.
Pour apprendre la langue des signes des sites comme ELIX 17ou
l»application signe avec Rémi qui initie à cette langue par
douze comptines destinées aux jeunes enfants et bien d'autres.
Des structures spécialisées accompagnent les
sourds et leurs familles. Des associations prennent en charge des sourds de
tout âge comme l'APSA 18 qui dispose de plusieurs pôles (enfants,
services et adultes). Elle va accompagner les sourds et leur famille dans les
soins et dans l'éducation.
16 Graphics Interchange Format, un format de
données informatique d'image numérique.
17 https://www.elix-lsf.fr/ : dictionnaire vivant en
langue des signes
18 Association pour la promotion des personnes
sourdes, aveugles et sourd-aveugle
21
Depuis 2008 la LSF est en option au baccalauréat et
depuis 2010 le CAPES LSF forme les enseignants. L'université de paris
propose une licence professionnelle et un master professionnel liés
à la LSF. La licence donne accès à la préparation
au CAPEJS19. A Grenoble on dispense à des sourds maitrisant
la LSF une formation à l'enseignement de cette langue à des
entendants.
IV. L'UASS de Poitiers
J'ai étudié et rencontré L'UASS de
Poitiers car elle est intégrée au CHU de Poitiers ce qui me
permettait de rentrer en contact plus facilement. C'est aussi une structure de
référence qui m'a beaucoup apportée pour la
réalisation de ce travail de fin d'étude.
En 2001 une UASS ne s'était pas ouvert à
Poitiers. Un groupe de travail a été constitué avec le
centre d'information sur la surdité. Il s'est réuni à
maintes reprises de 2002 à 2010 et une manifestation a même
été organisée le 10 décembre 2010 dans le hall du
CHU de Poitiers pour manifester le mécontentement d'une
communauté devant le refus d'ouverture de cette unité dont ils
avaient besoin. « Malgré les appels du maire de Poitiers, de la
présidente de la région, rien. Seule cette manifestation de
décembre a permis de débloquer la situation car c'est le
directeur général qui s'est adressé à nous et
aujourd'hui c'est ouvert et nous en sommes heureux. » Signait Christophe
Touchais porte-parole du groupe de travail du centre d'information sur la
surdité au micro de france3 Poitou-Charentes 20lors de
l'ouverture en 2011.
L'UASS de Poitiers est composée du Dr LAUBRETON
médecin spécialisé en médecine
général bilingue, d'une secrétaire elle aussi entendante
et dialoguant en langue des signes et une aide soignante, sourde,
inter-médiatrice de communication. Son rôle est important car elle
va créer un lien entre les personnes sourdes et entendantes.
19 certificat d'aptitude au professorat de
l'enseignement des jeunes sourds
20
https://www.youtube.com/watch?v=Hzr5n4TJtcM
Elle est tenue au secret professionnel et accompagne les
patients aux consultations s'il le souhaite, elle peut observer une
consultation et analyser les problèmes de communication et les
incompréhensions. Reformuler lors des entretiens avec un
interprète et s'adapter à la langue des signes du patient.
En 2013 ont été réalisées plus de
1000 consultations externes pour 341 dossiers. 14 % des consultations ont
amenées à une consultation spécialisée et 4 %
à une hospitalisation. Cette équipe va travailler avant tout sur
le traitement, mais aussi sur l'éducation thérapeutique avec
différents schémas, maquettes afin d'expliquer les maladies, les
précautions à prendre pour un traitement pour que le patient
comprenne même visuellement, car les termes médicaux sont peu
nombreux en langue des signes ou peu connus.
L'unité travaille aussi avec les équipes
d'interprètes pour les accompagner lors des consultations plus
spécialisées comme par exemple lors de la consultation d'annonce
radiothérapie pour que l'information du patient soit claire et son choix
de traitement soit le plus réfléchi possible.
L'équipe accompagne aussi les patients
hospitalisés en prenant en compte leurs besoins spécifiques, en
sensibilisant les soignants et en démêlant les
incompréhensions entre soignant et sourd. Aujourd'hui 15 UASS sont
ouvertes en France et sont victimes de leurs succès.
22
Figure 4 : carte de France des unités d'Accueil
et de Soins en langues des signes
23
Un centre médico-psychologique en langues des signes
s'est aussi ouvert au CHU de Poitiers dans le centre Henri-LABORIT. Il propose
des consultations pour les adultes sourds qui présentent des troubles
mentaux.
V. Phase exploratoire
1. Recherches documentaires
Dans le cadre de mon travail de fin d'étude j'ai
étudié plusieurs documents qui m'ont permis d'avancer dans ma
compréhension de ce sujet.
Tout d'abord j'ai étudié le livre de
Jean DAGRON « Les silencieux 20 ans de médecine
avec les sourds » paru en juin 2008. Ce livre fait l'historique de la
prise en charge des sourds et relate l'expérience du docteur Jean
DAGRON, premier médecin responsable de consultation
spécialisées en France. « Ce livre raconte l'histoire d'un
progrès, peut-être historique, pour la vie de nos concitoyens
Sourds » écrit t il dans l'introduction. Ce livre fourmille
d'anecdotes sur la difficulté des sourds à communiquer dans le
secteur de la santé. Cependant il défend l'avis tranché du
docteur DAGRON sur des sujets comme l'implant cochléaire et le
dépistage néo-natal.
La thèse de monsieur Arthur DEGOULANGE
sur l'évaluation de l'accessibilité de la
médecine générale aux sourds du Poitou-Charentes. Cette
étude évalue la communication des sourds chez le médecin
généraliste et dresse une vue d'ensemble de la communication
entre sourds et médecin généraliste en Poitou-Charentes.
C'est une étude descriptive et transversale, Un questionnaire
destiné aux sourds était accessible sur internet de façon
anonyme. Cette étude permet de connaître les moyens de
communication utilisés lors des consultations. Les résultats
montrent une importante utilisation de moyens de communications
inadaptées. Cela reflète un manque de formation des
professionnels sur la prise en charge des sourds ce qui se rapproche de la
prise en charge en imagerie des manipulateurs d'électroradiologie
médicale.
Les Assises territoriales de la vienne sur l'accès aux
soins des sourds se sont déroulées le jeudi 10 décembre
2015.
24
Ce document relate différentes présentations qui
commencent par cerner le public concerné puis une présentation
des actions mise en place dans la région, comme les activités de
l'UASS du CHU Poitiers nommé SAS 21et le CMP 22qui
à ouvert en janvier 2016 au CH Henri LABORIT. Ce document qui
retranscrit une présentation public relate aussi des questionnements.
Par exemple une question « où apprendre la langue des signes »
: réponse de Mme Billy, directrice adjointe de centre de formation de
langue des signes de Poitiers qui informe qu'il est possible de se rendre au
centre régional de recherche de formation et de promotion de la langue
des signes française (6 allée du parc résidence des dunes
à Poitiers). Moult formation qui varie selon les besoins de la personne.
Ce qui est intéressant c'est que la parole est donnée aux sourds
au travers de la directrice de la direction usagers risques qualité du
CHU de Poitiers qui émet l'idée d'un recueil de satisfaction des
usagers de l'unité de soins et d'accueil des sourds par des
enquêtes ponctuelles . M. Christophe Touchais qui représente le
collectif des sourds à Poitiers fait un état des lieux des points
positifs et négatif de la prise en charge au CH Henri LABORIT.
Figure 5 : Tableau récapitulatif des points
positifs et négatifs de M Christophe Touchais, Assises territoriales de
la Vienne
21 Soins et accueil des sourds
22 Centre médicopsychologieque en langue des
signes
25
On voit bien que le manque de formation et de sensibilisations
à la prise en charge des sourds est un point négatif
récurrent. Egalement des évolutions sont attendues dans le
domaine de l'urgence.
Le rapport à la sante des personnes sourdes,
malentendantes ou ayant des troubles de l'audition : résultats d'une
étude qualitative de L'INPES23. Cette étude a pour but
« d'interroger les liens entre handicap et santé
»24 Ce documents donne la parole à différents
personnages souffrants de surdité et qui rapporte leur expérience
comme par exemple: « Sabine, 62 ans, malentendante depuis l'âge de
20 ans : « Les personnes malentendantes ne sont pas plus malades que les
entendants mais souffrent de problèmes de communication qui
dépendent de la bonne volonté des entendants. ». p 8.
Il permet de montrer les difficultés de communication
des sourds et les fausses idées que peuvent se faire les professionnels
sur la compréhension du patient. « Personne sourde
représentant d'une association, entretien en LSF : « Il y a des
sourds oralistes qui maîtrisent la langue française mais qui n'ont
pas envie de lire tous ces textes.
Ils ont besoin de passer par des images. Je comprends la
langue française écrite, mais je n'ai pas envie de ne passer que
par du texte pour me renseigner. » p20.
Ce rapport m'a permis d'avoir l'avis d'une communauté
que je n'ai pas pu interroger dans ce TFE.
J'ai étudié le mémoire de BOUMAIZ widad
« prise en charge médicale et hospitalière des personnes
sourdes signantes des personnes sourdes signantes en France : Points de vues de
professionnels sur la question ». Cette étude a été
réalisée en 2013.
23 Institut national de
prévention et d'éducation pour la santé
24 P 1
26
Tableau 1 : Analyse du mémoire de BOUMAIZ
Widad
Méthode utilisée Démarche
qualitative
Questionnaires professionnels
Diffusion Internet
|
Public
|
Professionnels signant Professionnels (médecin,
infirmière,
aide-soignante)
|
Représentations de la surdité dans la
société :
Surdité=maladie=handicap
Thèmes abordés
Langue des signes dans le milieu hospitalier
:
Manque de formations
Différences législatif/pratique
Cette étude conclue sur la nécessité de
nouveaux outils efficaces pour renforcer le l'accessibilité aux soins,
d'améliorer les formations et renforcer l'impact des UASS.
J'ai donc effectué des recherches sur la meilleure
façon de communiquer des informations à un public sourd à
travers un document vidéo et textuelle.
Tout d'abord il faut savoir qu'un grand nombre de sourd souffrent
d'illettrisme, ils ne s'approprient pas l'écrit et la lecture et cela
influence leur vie quotidienne.
27
Le pourcentage d'illettrisme est de 60 à 80% sur les 4
millions de personnes sourdes environ, chiffres peu précis du fait du
nombre peu important de recherche sur ce sujet et des paramètres variant
de l'enfant né sourd à la personne âgée devenue
sourde. Chiffres provenant du rapport de Dominique Gillot députée
du val d'Oise qui rapporte qu'il y a 3 millions de devenus sourds en France,
300 000 sourds profonds, dont 200 000 le sont devenus à l'âge
adulte. 600 000 à 800 000 sourds signant.
Il existe une grande diversité entre les sourds
signants. Suivant leur niveau socioculturel, s'ils sont enfant de parents
sourds, l'éducation et le degré de surdité. Les langues
des signes peuvent différer d'une région à une autre et
d'une famille à une autre. Elle varie aussi suivant l'âge, la
langue des signes évolue avec le temps au même titre que le
français parlé.
L'explication de ces différences vient de l'obligation
de l'oralisme et de l'interdiction de la langue des signes depuis le
congrès de Milan. Certains sourds ont des difficultés en langue
des signes française, comme lors de mon entretien avec
l'Intermédiatrice qui me donnait l'exemple de l'enfant qui traduisait la
consultation à ses parents sourds.
De plus le français écrit se base sur le
français parlé, sur ces sons qui leurs sont inconnus. Du fait de
cet illettrisme des incompréhensions peuvent s'installer.
28
Figure 6 : Exemples d'incompréhensions "informer
les personnes sourdes ou malentendante" Cécile ALAIRE
J'ai pu en parler précédemment mais des
solutions existent dans les médias (émissions sous titrés,
journal télévisé, internet) les campagnes de
prévention avec des images adaptées à la
compréhension visuelle des sourds. Et enfin le dernier vecteur
d'information est le « mains à yeux »
(=bouche-à-oreille) avec un réseau associatif fort.
Quels sont donc les astuces pour délivrer l'information
sans malentendus ?
Le document de Cécile Allaire sur
« informer les personnes sourdes ou malentendante » donne des pistes
afin de créer un document d'information destiné aux sourds. Tout
d'abord il faut connaitre les connaissances relatives au sujet que le public
concerné connait. Il faut utiliser des termes simples et précis
afin d'aller à l'essentiel, Il faut éviter les figures de style
et des structures grammaticale compliquées, ce qui sera le plus pratique
pour le patient.
L'utilisation du code couleur sert le propos et permet
d'opposer le bon et le mauvais comportement. Cette astuce sert à tout
public qu'il soit entendant ou sourd. Vert correspond au bon, rouge le mauvais
et orange peut être un signal « attention »
29
Pour le public sourd les pictogrammes sont essentiels pour
transmette l'information à un public mal à l'aise avec
l'écrit. Dans une illustration, un seul message doit être
envoyé, il ne faut pas qu'elle contienne trop d'informations.
Les conseils pour le contenu sont d'écrire le script
à plusieurs avec une personne du domaine concerné et un expert
linguistique et des interprètes. Choisir un acteur sourd qui partage une
LSF avec le plus grand nombre. Veiller au contraste et aux couleurs afin de ne
pas dénaturer les signes. Un sous titrage doit être associé
aux vidéos.
L'article d'Aurélia Descamps publié le
18/12/2015 relate lui aussi des améliorations apportées à
la prise en charge des sourds après l'ouverture du centre
médico-psychologique en langue des signes. Ce document ainsi que
l'article que le Dr LAUBRETON m'a fourni m'ont permis de découvrir les
concepts de santé communautaire et de consentement notamment pas cette
citation ligne 11 de l'article :
« À l'origine, ce constat : «
Les sourds ont de bonnes raisons d'être mécontents de
la façon dont ils sont pris en charge par le système de
santé, au vu des difficultés qu'ils rencontrent, rappelle
Jérôme LAUBRETON, médecin responsable de l'unité.
Comment prendre un rendez-vous par téléphone ? Savoir que
l'on a été appelé en salle d'attente ? Contrairement aux
idées reçues, la lecture sur les lèvres -- qui n'est pas
efficace -- et le français écrit -- que 80% des sourds ne
maîtriseraient pas correctement -- ne sont pas des solutions. Quant
à l'interprétariat « sauvage », réalisé
par des proches, il ne permet pas de respecter le droit à la vie
privée du patient.».
2. Enquêtes.
Mon enquête vise à donner la parole aux
professionnels accompagnants les patients sourds dans un service d'imagerie
médicale et dans le CHU de Poitiers avec l'équipe de l'UASS.
30
2.1 Choix méthodologique
Pour mon enquête j'ai choisi de réaliser une
étude bi centrique à la fois en imagerie médicale et dans
l'unité de soins et d'accueil des sourds du CHU de Poitiers. J'ai
utilisé une analyse qualitative avec deux entretiens
semi-directifs25. Un entretien avec le médecin responsable de
l'UASS du CHU de Poitiers Jérôme LAUBRETON et avec
l'intermédiatrice de cette unité Marie-France DEBEAULIEU. J'ai
décidé de m'adresser à eux car l'unité est une
référence dans la prise en charge des sourds et pour la
proximité avec mon lieu de formation.
J'ai aussi réalisé un questionnaire
26avec des questions ouvertes pour les manipulateurs27
dans le service de médecine nucléaire d'Angoulême.
Afin de déterminer leurs connaissances sur la prise en
charge des sourds, sur la fréquence de cette situation et leur
comportement face à celle-ci. Ces deux méthodes d'explorations
que sont l'entretien et le questionnaire sont complémentaire dans mon
exploration afin d'avoir le maximum d'informations.
2.2 Justification du choix d'outils
Ces différents outils m'ont permis d'avoir une
idée globale de la situation des sourds en imagerie, leurs attentes et
l'avis des professionnels, leurs connaissances et ce qu'ils mettent en place
lors de cette situation.
2.3 Choix de la population
Un entretien avec Jérôme LAUBRETON,
médecin responsable de l'UASS du CHU de Poitiers et avec
l'intermédiatrice de cette unité, Marie-France DEBEAULIEU J'ai
décidé de m'adresser à eux car l'unité est une
référence dans la prise en charge des sourds et malentendants en
Poitou-Charentes. Mais aussi pour faire connaître leur travail aux autres
professionnels de santé.
25 Entretien 1 disponible en Annexe IV p 54 Tableau
d'analyse de l'entretien numéro 2 en annexe
II p49
26 Disponible en Annexe III p 51
27 Entretiens et questionnaires disponible en
annexe.
J'ai aussi réalisé un questionnaire avec des
questions ouvertes pour les manipulateurs28 dans le service de
médecine nucléaire d'Angoulême.
J'ai choisi ce service pour le coté pratique du fait de
ma présence en stage mais aussi parce que les examens de médecine
nucléaire oblige une certaine préparation et des explications
poussées.
2.4 Objectifs
L'objectif de cette recherche est d'établir un plan
actuel des moyens de la prise en charge des patients sourds en imagerie
médicale.
Comme ma recherche a une visée praxéologique,
des objectifs secondaires sont
D'améliorer la pratique professionnelle, la
qualité des soins et l'accessibilité des patients sourds dans le
respect des recommandations de l'HAS.
Ainsi dégager des pistes d'améliorations en
prenant en compte les besoins et les attentes des acteurs de cette prise en
charge (sourds, médecins, manipulateurs).
2.5 . Traitement des données
Afin de respecter la règle de l'anonymat, tous les
questionnaires distribués sont non nominatifs. Une demande a
été faite au préalable auprès de ma tutrice de
stage et de la cadre du service avant la distribution des questionnaires.
Sur les huit manipulatrices interrogées par le
questionnaire, trois ont moins de cinq ans d'expériences, une seule
manipulatrice n'a jamais pris en charge de patient sourd trois autres entre un
et cinq patients sourds, trois affirment en avoir pris en charge entre un et
cinq. Enfin une manipulatrice stipule en avoir pris en charge plus de vingt.
31
28 Entretiens et questionnaires disponible en
annexe.
32
Quatre des manipulatrices considère ses connaissances
comme insuffisantes et quatre comme moyenne. L'ensemble des interrogées
souhaiterait avoir plus d'informations sur ce sujet.
La principale difficulté évoquée est la
communication avec le patient et tout ce qui en découle. De
l'explication de l'examen et sa compréhension par le patient. La
vérification des contre-indications et de l'identité pose aussi
problème aux manipulateurs dans cette situation. Les manipulateurs ont
peur de mettre en difficulté le patient à cause de ces soucis de
prise en charge
Une question leur a été posée sur leur
façon d'adapter cette prise en charge et un grand nombre de manipulateur
décide d'utiliser l'écrit afin de faire passer le message. La
proposition d'avoir un temps de prise en charge adapté dès la
prise de rendez vous. D'autres propositions comme par exemple parler au patient
dans un endroit calme et mimer les étapes de l'examen en parlant
lentement. Etre souriant et rassurant et accompagner le patient.
D'autres encore proposent d'expliquer l'examen à
l'accompagnateur s'il y'en a un et le cas échéant celui-ci
traduirait en langue des signes.
J'ai demandé aux manipulatrices si la
réalisation d'une application qui sous forme de vidéos
sous-titrées explique l'examen aux patients sourds était une
bonne idée.
« Bonne idée mais compliqué à mettre
en place du fait du nombre d'examens et de spécialités. »
« Bonne idée mais prévoir un temps
d'accueil du patient afin de lui présenté le support. »
« Message aussi utile pour les étrangers car
très visuel. »
« Oui mais le patient doit aussi pouvoir répondre aux
questions. »
J'ai pris en considération ces remarques pour la suite de
mon travail de
fin d'étude.
33
2.6 . Limites
Les limites de ces enquêtes sont que je n'ai pas
interrogé les patients sourds sur leur ressenti que par
l'intermédiaire de mes entretiens à l'UASS et mes
différentes recherches documentaires mais pas directement par manque de
temps et par des difficultés d'organisations et de traductions. Le
respect du planning du TFE ne m'a pas permis de proposer un questionnaire
multicentrique.
VI. Cadre conceptuel
1. Santé communautaire
1.1 Définition
Lorsque l'on parle de ce concept on peut le définir en
prenant en compte la définition de la santé publique de Charles
Edward Winslow :« la santé publique est la science et l'art de
prévenir les maladies, de prolonger la vie et de promouvoir la
santé et l'efficacité physiques à travers les efforts
coordonnés de la communauté pour l'assainissement de
l'environnement, le contrôle des infections dans la population,
l'éducation de l'individu aux principes de l'hygiène personnelle,
l'organisation des services médicaux et infirmiers pour le diagnostic
précoce et le traitement préventif des pathologies, maintien de
la santé, l'objet final étant de permettre à chaque
individu de jouir de son droit inné à la santé et à
la longévité. »
On y associe le concept de la communauté29
qui est un « ensemble de personnes unies par des liens
d'intérêts, des habitudes communes, des opinions ou des
caractères communs : Communauté ethnique, linguistiques.
»
Les membres d'une communauté, d'une collectivité
géographique ou sociale travaillent sur leurs problèmes de
santé. Ils agissent et se lèvent afin de mettre en place des
activités adaptés à leurs demandes.
1.2 Justification
Ce concept a été évoqué lors de
mon entretien avec le Dr. LAUBRETON 30et dans l'un des articles
qu'il m'a transmis.
29
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/communaut%C3%A9/17551
34
Les patients deviennent acteurs de leurs soins, la
communauté va analyser ses problèmes et avec la participation des
professionnels de santé, des institutions mettre en place des
solutions.
C'est ce qui c'est produit pour l'UASS de Poitiers une
communauté présente et avec un besoin d'accessibilité
s'est levée et leur combat a permis d'ouvrir cette unité de
soins.
Dans le monde actuel où le patient est de plus en plus
acteur de ses soins c'est un magnifique exemple de santé communautaire.
Les UASS n'étaient pas à la base conçue avec les sourds
mais ceux-ci se sont appropriés cette structure et dorénavant
doivent s'investir dans celle-ci et dans les ajustements à mettre en
place (exemple : plus de créneaux pour les consultations).
2. Droits des patients
Les droits du patient est un concept relativement
récent, la loi du 31 décembre 1970 portant sur la réforme
hospitalière et le droit du malade par exemple l'article 1 sur le droit
du malade à choisir son praticien et aussi l'article 24 qui institue la
commission médicale d'établissement. Cette commission
délibérait sur les choix médicaux dans le respect de la
dotation budgétaire allouée. Puis la loi du 31 juillet 1991
portant elle aussi sur une réforme hospitalière qui insère
l'article 710-2 dans le code de la santé publique (devenu ensuite 1112-1
du code la santé publique le 15 juin 2000).
Cet article oblige les établissements de santé
publics ou privés à « communiquer aux personnes recevant ou
ayant reçu des soins, sur leur demande, les informations
médicales définies à l'article L. 1111-7 Cette
communication est effectuée, au choix de la personne concernée,
directement ou par l'intermédiaire d'un médecin qu'elle
désigne. ».La charte du patient hospitalisé
31fait aussi parti de l'historique de ce concept. Cette charte
crée le 6 mai 1995 énumère les droits des usagers comme le
droit de choisir son établissement de santé, le consentement
libre et éclairé, le respect de la vie privé,
l'information.
30 Médecin coordinateur UASS de potiers
31 Voir en annexe
35
La loi du 4 mars 2002 proclame le « droit fondamental
à la protection de la santé », un « égal
accès de chaque personne aux soins nécessités par son
état et assurer la continuité des soins et la meilleure
sécurité sanitaire possible ».
L'information est un facteur important de la loi de 2002, la
législation va venir renforcer cet aspect qui existait
déjà dans le code de déontologie médicale tout en
apportant les conditions de ce droit à l'information.
La loi garantit que chaque personne a droit d'être
informé sur son état de santé sur les différentes
investigations, traitements, actions de prévention proposées,
leurs utilités, leurs urgences éventuelles, leurs
conséquences, les
risques fréquents ou graves normalement
prévisibles, les alternatives possibles, les conséquences
prévisibles en cas de refus.
Cette loi s'applique pour tout professionnel de santé
dans le cadre de ses compétences et dans le respect des règles
professionnelles, code de déontologie, règles professionnelles ou
dans le cas des manipulateur d'électroradiologie le décret
d'acte32.
L'information est due au patient avant, pendant et
après la prise en charge. L'information doit être donnée au
préalable au consentement du patient avant un examen par exemple car
tout acte comporte un risque.
La loi institue la commission des relations avec les usagers
et de la qualité de la prise en charge qui veille au respect des droits
des usagers et facilite leurs démarches et contribue par ses avis et
propositions à l'amélioration de la politique d'accueil et de
prise en charge des personnes malades et de leurs proches.
L'article L114-1 permet aux associations agrées de
représenter les usagers : « Les associations,
régulièrement déclarées, ayant une activité
dans le domaine de la qualité de la santé et de la prise en
charge des malades peuvent faire l'objet d'un agrément par
l'autorité administrative compétente soit au niveau
régional, soit au niveau national...
32 Le Décret n° 2016-1672 du 6 décembre
2016 relatif aux actes et activités réalisés par les
manipulateurs d'électroradiologie médicale
36
... Seules les associations agréées peuvent
représenter les usagers du système de santé dans les
instances hospitalières ou de santé publique.»
Après avoir présenté les grandes lignes
de cette loi qui a modifié et préciser des notions du
système de santé français comme l'information au patient
et l'accessibilité aux soins je vais recentrer sur le sujet de mon
travail de fin d'étude.
La barrière linguistique entre le professionnel et le
patient sourd va nuire à l'information donnée au patient et par
extension à son consentement libre et éclairé.
«Des éléments convaincants permettent de
prouver que les barrières linguistiques ont des répercussions sur
l'accès initial aux services de santé et non seulement sur les
soins dispensés par les médecins et les hôpitaux Les
patients sont confrontés à des barrières majeures pour
accéder aux programmes de promotion et de prévention en
matière de santé»; «La qualité des soins pour
les personnes qui ne maîtrisent pas une langue officielle est
affectée dans les consultations avec des professionnels de la
santé qui, en raison des barrières linguistiques, ne respectent
pas les règles d'éthique de la prestation de soins. Les
barrières linguistiques peuvent contribuer au non respect de la
confidentialité ou de l'obtention d'un consentement
éclairé»33.
3. La gestion des risques
3.1 Définition
La gestion des risques est une démarche qualité
visant à réduire les risques qui comporte trois phases :
l'identification, l'analyse et le traitement. Plusieurs méthodes
permettent d'identifier les risques par des signalements, des enquêtes et
par les informations institutionnelles. Il faut étudier la situation
afin de déterminer les causes racines des problèmes qu'elles
soient matériels, qu'elles viennent de l'environnement ou du
personnel.
33 Barrières linguistiques dans
l'accès aux soins de santé, rapport de Sarah Bowen pour
santé canada, 2001.
3.2 Justification
Dans un contexte d'amélioration continue de la
qualité et de la sécurité des soins exigé par l'HAS
j'ai choisi de développer le concept de gestion des risques. L'ARS de la
nouvelle Aquitaine a fixé la qualité comme premier objectif avec
notamment le plan pour l'efficience et la performance du système de
santé, PEPSS qui a pour ambition d'organiser l'hôpital de
demain
Afin de déterminer un risque et les solutions à
apportées pour le résoudre, dans l'industrie mais aussi dans le
milieu hospitalier, on utilise la méthode QQOQCP 34:
3.3 Exemple concret
Prenons une situation dans une salle de radiologie standard
dans le secteur privé. Une patiente vient pour une radiographie du
poignet et n'est pas accompagnée. Le manipulateur qui n'a aucune notion
de langue des signes la prend en charge en salle d'attente.
Qui : La situation met en place deux acteurs : le manipulateur
sans expériences dans la prise en charge du patient sourd, Une patiente
n'ayant jamais passé de radiographie avant ce jour, son niveau de
compréhension à l'écrit n'est pas connu.
Quoi : Une radiographie du poignet sur une chute.
Où : En salle de radiologie conventionnelle de la
clinique.
Quand : Dans la journée au milieu du programme
habituel, les urgences pouvant être intercalées entre deux
patients.
Comment le manipulateur va prendre en charge la patiente :
Il va vérifier son identité par l'écrit
ou en lui montrant son nom sur l'ordinateur : d'après mes entretiens les
examens en radiologie se passe plutôt bien les patients sourds sont
coopérants et les manipulateurs se débrouillent en utilisant une
gestuelle, pas forcément bien adaptées.
37
34 Qui Quoi Ou Quand Comment Pourquoi
38
Le manipulateur doit expliquer à la patiente de ne pas
bouger pendant l'acquisition de l'image et lui montrer la position de l'examen.
Les professionnels ne sont pas tous à l'aise dans cette gestuelle. Avant
l'examen le manipulateur doit demander à la patiente si elle est
susceptible d'être enceinte. Ce qui peut amener des questions plus
complexes comme connaître la date des dernières règles de
la patiente, sa contraception et ses éventuels rapports non
protégés.
Quels risques et conséquences peuvent survenir dans cette
situation ?
Tout d'abord le risque est de se tromper d'identité de
la patiente dans la worklist et en salle d'attente donc de possiblement
perturber la prise en charge de la patiente par la suite. Ensuite expliquer
l'examen et le mettre en oeuvre correctement va prendre du temps et donc
retarder le programme du manipulateur. Plus important le risque de
radioprotection. Un examen mal expliqué peut entrainer des
clichés supplémentaires donc une dose à la patiente qui va
augmenter.
De plus une mauvaise compréhension entre le
manipulateur et la patiente sur la question de la grossesse pose un
problème important de radioprotection, même si la dose au foetus
est faible pour un examen du poignet, cela reste non négligeable.
Comment poser des questions plus complexes à la
patiente si elle doute de sa grossesse (la date de ses dernières
règles). Le manipulateur va tenter de passer par l'écrit et les
gestes pour expliquer tant bien que mal l'examen. Ces soucis peuvent amener
à réaliser un autre examen (perte de temps) ou à
reprogrammer avec une prise de sang selon la décision du
médecin.
Améliorer la prise en charge des sourds en un enjeu
social pour cette communauté, un pas de plus vers une prise en charge
égale pour tous. Mais elle pourrait aussi permettre au manipulateur de
ne pas commettre d'erreur, d'éviter un retard de diagnostic, mais aussi
dans un souci de radioprotection des patients dans le cas d'un examen
irradiant. Permettre une meilleure compréhension entre le manipulateur
et le patient est le facteur qui va influer sur la bonne réalisation
d'un examen.
39
VII. Discussion
1. Finalité du projet
1.1 Interprétation des résultats
Ce que l'on retrouve dans tous ces documents c'est le constat
d'un écart profond entre les textes réglementaire
d'égalité de prise en charge, de consentement et d'information.
La finalité de ce travail de fin d'étude est de mettre en place
un outil qui permettra de réduire cet écart de rendre plus
accessible le passage d'un patient sourd en imagerie. Promouvoir le travail
collaboratif ainsi qu'améliorer nos pratiques professionnelles par la
formation et la sensibilisation. Afin de répondre à cet objectif
: Améliorer la prise en charge des patients.
1.2 Projet IMSIGN
C'est de ce constat que j'ai effectué ces recherches.
En appliquant les différentes étapes d'une démarche
qualitative, j'ai recherché un moyen simple de communiquer avec une
personne sourde lorsque des solutions d'interprétariat n'étaient
pas disponibles. A Poitiers il y' a L'UASS, l'équipe pluridisciplinaire
qui travaille pour la bonne prise en charge du patient mais dans les
hôpitaux périphériques ou dans les cabinets du secteur
privé ce manquement nuit à mon sens à la bonne prise en
charge du patient.
Après avoir effectué mes entretiens, en
général les examens simples se passent bien car le patient est
généralement conciliant et le manipulateur parvient par une
certaine gestuelle. Il s'adapte en montrant visuellement la position à
réaliser un examen de qualité.
Mais le consentement du patient au moment de l'acte lorsqu'il
n'a jamais été en radiologie, en IRM, médecine
nucléaire, n'est pas certain. En effet comment déterminer que le
patient a bien compris le déroulement et les risques de l'examen. Les
manipulateurs supposent généralement que le patient communique
par l'écrit alors que les chiffres et l'OMS contre indique l'utilisation
de l'écrit pour les patients sourds.
40
J'ai donc pensé à une application mobile,
Windows, disponible sur la plupart des supports qui par la vidéos et
l'écrit associés permettraient d'expliquer au mieux l'examen au
patient afin de garantir une information claire.
De plus des questions seraient posées aux patients et
une page récapitulative à la fin de la présentation de
l'examen permettrait au manipulateur de répondre à des questions
plus complexes (grossesse, allaitement, radioprotection).
Ces recherches m'ont conforté dans le fait que
l'application doit être accessible donc disponible à la fois sur
un Pc Windows et des appareils avec un système d'exploitation Android
qui est le plus vendu avec 80% de part de marché devant l'IOS
d'Apple.
J'ai pu comprendre de part mes différents stages et
entretiens que cet application ne serait qu'une « béquille »,
un moyen de contourner le problème dans les cas où l'humain est
inaccessible, où il n'ya pas d'UASS, de traducteur disponible.
C'est un outil nouveau qui utilise les nouvelles technologies
disponibles et non contraignant dans le sens où les ordinateurs sont
déjà présents dans les services. Disponible aussi pour le
public sourd avant de passer un examen et donc de mieux le préparer
à sa venue dans un service d'imagerie.
Tout d'abord il faut connaitre les connaissances relatives au
sujet que le public concerné connait. Les personnes sourdes connaissent
peu le milieu de l'imagerie de même que la population
général qui s'informe avec le bouche à oreilles ce qui
véhicule beaucoup d'informations faussent (exemple de l'IRM où
les patients s'imaginent un endroit clos et anxiogène). Il faudra donc
rappeler le contexte avant d'entamer l'explication d'un examen (machine,
fonctionnement). Il faudra que j'utilise des termes simples et précis
afin d'aller à l'essentiel, Il faut éviter les figures de style
et des structures grammaticale compliquées, ce qui sera le plus pratique
pour le patient.
41
Figure 7 : Exemple de l'opposition bon et mauvais
comportement "informer les personnes sourdes" Cécile
ALAIRE
J'utiliserai le code couleurs pour opposer deux faits par
exemple enceinte ou pas enceinte pour passer l'examen.
Il ne faut pas qu'elles contiennent trop d'informations afin
de ne pas nuire aux propos. Le script doit être écrit à
plusieurs avec une personne du domaine concerné et un expert
linguistique et des interprètes. Je choisirai un acteur sourd qui
partage sa langue des signes avec le plus grand nombre. J'associerai un sous
titrage aux vidéos.
Pour réaliser cette application je travaille avec mon
ami Valentin Voisin, actuellement en école d'ingénieur
informatique à Rodez 3il.
2 Difficultés et Apports
2.1 Difficultés
Ma principale difficulté a été le manque
de recherches et de chiffres précis sur ce sujet et un temps restreint
pour diffuser un questionnaire au plus grand nombre.
42
2.2 Apports
Ce travail m'a permis d'approfondir mes connaissances sur la
surdité et de remettre en question ma position de soignant
vis-à-vis des patients sourds. Ce mémoire m'a permis de
m'affirmer comme professionnel de santé et d'adapter ma future pratique.
J'ai pu faire des échanges constructifs et enrichissants avec les
différents professionnels du terrain et avec l'équipe de l'UASS
de Poitiers et notamment le Dr LAUBRETON qui m'a permis une rencontre
privilégiée avec des experts de cette thématique.
Ce sujet m'amène à des perspectives
professionnelles comme par exemple devenir référent en imagerie
sur l'accueil et la prise en charge des sourds en passant par une formation
à la langue des signes et à la pédagogie afin de
transmettre les bonnes pratiques.
43
Conclusion
L'évolution de la condition des sourds est frappante
depuis une vingtaine d'années. Les hôpitaux français sont
de plus en plus accessibles grâce aux unités d'accueil et de soins
en langues des signes et des consultations médico-psychologiques en LSF.
Mais c'est encore une « mini-accessibilité ». En imagerie,
mais aussi dans d'autres services et professions, la condition des sourds reste
méconnue et des outils inadaptés comme l'écrit et la
lecture labiale sont encore utilisés.
Ces outils doivent évolués avec les nouvelles
technologies disponibles mais surtout c'est la formation des professionnels qui
doit inclure des connaissances sur le monde des sourds afin de respecter la loi
et permettre une santé égale pour tous.
Suite à cette réflexion et en appliquant les
différentes étapes d'une recherche exploratoire, j'aboutis
à mon hypothèse. Un Manipulateur référent
maitrisant la langue des signes qui ferait le lien entre le service d'imagerie
médicale et l'UASS. Afin d'optimiser la prise en charge des sourds en
imagerie.
Des prolongements à ce travail sont possibles, par
exemple transposer ces connaissances pour les patients étrangers sourds
ou non car le visuel à cet avantage. Une autre enquête pourra
être réalisée à plus grande échelle sur
l'utilisation de l'outil proposé auprès des professionnels et des
usagers afin de faire des réajustements en collaboration avec le
responsable qualité.
Ce que j'aimerais faire comprendre au travers de ce travail de
fin d'étude me vient du docteur LAUBRETON « un sourd est
incapable de comprendre ce qu'il ne voit pas »
Pour finir j'espère que mon travail contribuera
à faire connaitre la communauté sourde et le travail des
professionnels des UASS de France. Qu'il aidera à améliorer la
prise en charges des sourds dans un établissement public ou privé
et sollicitera les manipulateurs à repenser leur pratique soignante.
44
Bibliographie.
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Jean DAGRON. Les silencieux Chroniques de vingt ans de
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http://www.handipole.org/spip.php?rubrique100.
47
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Décret n° 2016-1672 du 5 décembre 2016 texte
43 relatif aux actes et activités réalisés par les
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Loi 91-73 (titre III) article 33 du 18 janvier 1991 «
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malades et à la qualité du système de santé.
Consulté le 18 février 2017.
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réforme hospitalière, 70-1318 § (1970). »
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qualité du sous-titrage à destination des personnes sourdes ou
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http://www.csa.fr/en/Espace-juridique/Chartes/Charte-relative-a-la-qualite-du-sous-titrage-a-destination-des-personnes-sourdes-ou-malentendantes-Decembre-2011.
«
CSA.fr - Avis n° 2013-14 du 11
septembre 2013 relatif au projet d'avenant au Contrat d'objectifs et de moyens
de la société nationale de programme France
Télévisions pour la période 2013-2015 / Avis du CSA au
Gouvernement / Espace juridique / Accueil ». Consulté le 22
février 2017.
http://www.csa.fr/Espace-juridique/Avis-du-CSA-au-Gouvernement/Avis-n-2013-14-du-11-septembre-2013-relatif-au-projet-d-avenant-au-Contrat-d-objectifs-et-de-moyens-de-la-societe-nationale-de-programme-France-Televisions-pour-la-periode-2013-2015.
«
CSA.fr - Avis du 4 janvier 2006 sur les
dispositions relatives à l'audiovisuel du projet de loi pour
l'égalité des chances entre les Français / La
déontologie de l'information et des programmes / Le suivi des programmes
/ Télévision / Accueil ». Consulté le 22
février 2017.
http://www.csa.fr/Television/Le-suivi-des-programmes/La-deontologie-de-l-information-et-des-programmes/Avis-du-4-janvier-2006-sur-les-dispositions-relatives-a-l-audiovisuel-du-projet-de-loi-pour-l-egalite-des-chances-entre-les-Francais
Cours
« La Gestion des Risques » de B.TEXIER Cadre de
Santé Janvier 2017
48
.
49
Sommaire des annexes :
Annexe I : Documents d'informations sur la prise en
charge des sourds
48
Annexe II : Tableau d'analyse d'entretien 50
Annexe III Questionnaire manipulateur
d'électroradiologie médicale- 52
Annexe IV Entretien semi-directif 54
Annexe V Projet IMSIGN 76
Index des figures et tableaux :
Figure 1 : surdité sensorielle de l'enfant 13
Figure 2: Anatomie de l'oreille 14
Figure 3: Charles Michel de l'Epée 15
Figure 4 : carte de France des unités d'Accueil et de
Soins en langues des
signes 22 Figure 5 : Tableau récapitulatif des
points positifs et négatifs de M Christophe
28
Touchais, Assises territoriales de la Vienne 24 Figure 6
: Exemples d'incompréhensions "informer les personnes sourdes ou
malentendante" Cécile ALAIRE
Figure 7 : Exemple de l'opposition bon et mauvais
comportement "informer les
personnes sourdes" Cecile ALAIRE 41
Figure 8 : Dépliant "Je vais à l'hopital mais
je suis sourd(e)" 51
Figure 9: Entrée SAS CHU de Poitiers 59
Figure 10 : plaquettes d'informations IMSIGN 75
Tableau 1 : Analyse du mémoire de BOUMAIZ Widad
26
Tableau 2: Entretien Semi-directif avec Marie-France
Debeaulieu
Intermediatrice UASS du CHU de Poitiers 53
50
Annexe I : document d'informations relatives
à
la prise en charge des sourds.
51
Figure 8 : Dépliant "Je vais à l'hopital
mais je suis sourd(e)"
52
Annexe II : Tableau d'analyse d'entretien.
53
Thèmes abordés
|
Analyse
|
|
Son rôle d'intermédiatrice
|
Interviens pour faire la médiation dans les services.
Accompagnement des patients.
« Mon rôle est de répéter de
m'assurer la bonne
compréhension des discours ».
|
Accessibilité de l'information
sur la santé.
|
Les améliorations sont abordées mais le terme
« mini-accessibilité » ressort.
|
Son expérience en imagerie
|
Mauvais exemple du professionnel qui ne communique pas et
qui manipule le patient sans explications préalable :
« dans ce genre de service ils prennent la personne
comme
un sac à patates et ils ne se posent pas de questions,
ils ne communiquent pas, ils la mettent en place comme un animal quoi
»
En radiologie en général cela se passe bien, les
informations
visuelles permettent de réaliser un examen de
radiologie conventionnelle simple.
Autres exemple du radiologue, confondu avec manipulateur radio,
(méconnaissance du métier). Lors d'un panoramique dentaire. La
mise en place difficile pour expliquer qu'il faut mordre dans le bout de
plastique et ne pas bouger.
« Sans interprète, il faut prendre le temps
même si je le
comprend, en terme de timing c'est plus compliqué ».
Autres exemples d'examens complexes comme une biopsie
sous scanner où il à été
difficile
|
Améliorations
|
Lumière clignotante lors du scanner pour montrer quand
retenir sa respiration.
|
Application
|
« ça c'est de
l'accessibilité... si c'est une information que l'on peut leur
donner en amont, direct en langue des signes sur des vidéos. En plus
ça peut être relayé par des associations donc oui c'est une
bonne idée. »
|
Formation des professionnels
|
Choses simples et adaptées. Exemples donnés :
échelle de
la douleur, merci, bonjour. Des petits trucs comme une bonne
luminosité. Parler bien en face de la personne sans exagérer
sa
diction
. « Il y'a des entendant qui vont être
très à l'aise en
langue des signes et d'autres pour qui ça va
être très compliqué. ».
Manque de formation et d'informations des
professionnels de santé
|
Exemple de prise en charge
|
Patients venant d'Angoulême et ne maitrisant pas la
langue
des signes. L'enfant faisait la traduction.
|
Tableau 2: Entretien Semi-directif avec Marie-France
Debeaulieu Intermediatrice UASS du
CHU de Poitiers
54
Annexe III : Questionnaire manipulateur
d'électroradiologie médicale.
55
Questionnaire manipulateur d'électroradiologie
médical. Améliorer la prise en charge des
sourds en imagerie.
Etudiant MER en 3ème année à l'I.F.M.E. M
Poitiers, je travaille sur un mémoire de fin d'études portant sur
la prise en charge, par le MER, d'une personne sourde dans un service
d'imagerie médicale. Pour cela, j'ai élaboré ce
questionnaire dans le but de comprendre la prise en charge des patients sourds
et d'améliorer nos pratiques.
Je tiens à définir la surdité : selon le
Larousse : « Diminution très importante ou inexistence totale de
l'audition, qu'elles soient congénitales ou acquises. ».
Depuis combien de temps êtes-vous MER diplômé
d'état
Avez-vous déjà pris en charge une personne sourde
?
- Oui - Non
Si oui estimez le nombre de patients sourds pris en charge
dans votre carrière.
- Entre 1 et 5 - Entre 5 et 10 - Entre 10 et 20 - Plus de 20
56
Vos connaissances sur la surdité sont...
- très bonne
- Bonne
- moyenne
- Insuffisantes
- Inexistante
Pensez-vous avoir besoin de plus d'informations sur le sujet ?
- Oui - Non
Quelles sont pour vous les principales difficultés
rencontrées dans la prise en charge d'un patient sourd ?
Si vous aviez a prendre en charge un patient sourd, que
mettriez vous en place pour adapter votre pratique ?
Je mets en place une application (Android et PC) qui sous
forme de vidéos sous titrées explique les examens aux patients
sourds. Qu'en pensez-vous ?
57
Annexe IV : entretien Semi-directif
58
Questions entretien docteur Laubreton
Présentation
- Depuis combien de temps travaillez-vous dans le service ? -
En quoi consiste votre travail au quotidien ?
- Travaillez-vous avec des interprètes et comment se
déroule leurs interventions ?
- Comment se déroule généralement vos
entretiens ? Surdité
- Lors de mes recherches j'ai pu voir un conflit entre signant
et pro-implant vous pourriez m'en dire plus ?
- Quels examens permettent de dépister la
surdité ?
On m'a parlé d'oto-émissions acoustiques,
potentiels évoqués auditifs, le test d'observation par
comportement, audiométrie.
- La loi de 2005 article 7 formation des professionnel de
santé pour l'accès au soin des professionnel de santé.
Pensez vous que la formation du personnel est suffisante ?
Imagerie
- Avez-vous déjà eu des retours de patient
concernant leur passage en imagerie ? Sur le comportement des manipulateurs ?
Le déroulement de l'examen ?
- Quels sont les comportements à acquérir afin
de faciliter la compréhension lors d'un examen ?
- Que pourrait-on imaginer pour améliorer la prise en
charge lors d'un examen dans un service où il n'y a pas
d'interprète ?
59
Figure 2 : Entrée UASS Poitiers
Figure 9: Entrée SAS CHU de Poitiers
Entretien numéro un : Docteur Jerôme
Laubreton, médecin général,
UASS du CHU de Poitiers.
- Je me présente je m'appelle Maxime Teillet je suis
étudiant manipulateur radio. Je fais mon mémoire sur la prise en
charge des patients sourds en radiologie j'ai choisi ce sujet car il m'est
arrivé plusieurs fois dans les secteurs privées de prendre en
charge des patients sourds et cela a été difficile de
communiquer, d'expliquer l'examen et de l'exécuter. J'ai choisi ce sujet
pour essayer de trouver des outils pour améliorer la prise en charge des
patients sourds en radiologie. Je voulais vous poser quelques questions :
depuis quand travaillez vous dans le service et pouvez vous me le
présenter.
- L'unité SAS (Soins Accueil des Sourds) est ouverte
depuis mai 2011, ce n'est pas une unité isolée en France. Il
existe un « réseau », celle du CHU est la quinzième
à avoir ouvert ses portes, actuellement il en existe peut être 18
ou 19. C'est une volonté du législateur : pour faire l'historique
rapidement dans les années 90 il y avait l'épidémie du
sida. Les entendant étaient parfaitement
60
sensibilisés à ça (beaucoup de spots
publicitaires, grande sensibilisation, comment se protéger). Dans la
population générale il y a eu une grande diminution de la
contamination, la sensibilisation a été efficace mais chez les
sourds l'effet a été inverse, il y a eu une explosion de
contamination. Au départ les médecins se sont rendu compte que le
message échappait complètement aux sourds, ils se demandaient
pourquoi. Ils se sont rendu compte que le message était
complètement inadapté de par la forme (surtout de l'écris
et de l'oral), il faut savoir que 80% des sourds sont illettrés ce n'est
pas qu'ils étaient analphabète c'est qu'ils ne comprenaient pas
le français écrit comme nous on peut le comprendre. D'autre part
les symboles utilisés étaient inadaptés avec ce soleil qui
faisait penser aux sourds qu'on se contaminait en s'exposant au soleil et quand
les sourds allaient voir le médecin et qu'il leur annonçait
qu'ils étaient Séropositif, pour les entendants on comprend mais
pour les sourds le positif était de bon pronostic et donc ils pensaient
qu'ils n'étaient pas atteint du sida c'est pour cela qu'il y a eu une
explosion de contamination dans la population sourde. Au départ ils ont
décidés de faire une consultation expérimentale seulement
en langues des signes car ils se sont dit que la langue des signes est un
pilier de la culture sourde et cette consultation va permettre d'aider à
diminuer la contamination. Cela a été un succès
énorme il y a eu 2000 ou 3000 consultation à la
Salpêtrière à Paris la première année et ils
se sont rendu compte que ça ne concernait pas que le sida mais la
santé en générale, que les sourds étaient
complètement exclus des soins juste par des barrières de
communications. Ils n'arrivaient pas à se faire comprendre du
médecin et à comprendre ce que le médecin voulait dire. A
l'époque le premier ministre qui était Lionel Jospin à
demandé à Dominique Gillot de faire un rapport et en 92 ce
rapport est sortit et il disait qu'il fallait ouvrir une douzaine de pôle
ou d'unité où il y aurait des équipes qui ferait de la
langue des signes. Pour recevoir les sourds et pour lutter contre
l'inégalité d'accès aux soins. Il y a eu la
création de la première unité qui a été un
succès et après la loi 2005 est arrivé sur la personne
handicapé en se qui concerne les sourds on dit que on reconnait
officiellement la langue des signes, c'est la première fois que c'est
une langue nationale à part entière jusqu'alors c'était
une langue qui était complètement interdite jusque dans les
années 70 il ne fallait pas faire de
61
langues des signes, il fallait que les sourds fassent de
l'orthophonie, de la rééducation, il fallait qu'ils articulent,
dans les écoles on avait pas le droit d'utiliser la langue des signes.
C'est pour cela qu'il y a toute une génération de sourds qui ont
été « opprimés », après ça a
été un peu toléré. Avec M. Fabius dans les
années 90, les parents ont le droit de choisir entre une
éducation oralise et une éducation avec la langue des signes,
c'était un premier signe de tolérance et c'est que en 2005 que
ça a vraiment changé. Dans cette loi ils disent que l'on doit
fournir la langue des signes à tout patient sourd dans le service public
et ici ce qui nous intéresse le service public hospitalier, les sourds
ont le droit de demander une traduction en langue des signes de ce qui lui
arrive. C'est vraiment le législateur qui a souhaité en mettant
ça en avant et favoriser l'accessibilité aux soins des sourds.
Les unités qui fonctionnaient ont écrit une charte qui explique
les critères qu'il faut respecter lorsqu'on ouvre une unité.
Qu'elle puisse se pérenniser dans le temps c'est-à-dire que se
soit pas une expérience qui soit sur une petite période mais que
ça puisse durer tout le temps et les critères à respecter
pour restaurer la qualité de soin chez les sourds et notamment en
mettant en place la langue des signes. Cette petite charte est devenue une
circulaire ministérielle en 2007 mis en place par le ministre de la
santé, on en est là aujourd'hui. Juste, je rebondis parce que
après j'oublierai peut être de le dire. Ce qu'il faut comprendre
que la plupart du temps, moi je m'en rends compte quand je discute avec mes
confrères ici dans l'enceinte du CHU pourtant ça fait 5 ans que
je suis là, je sais quand un sourd est hospitalisé et je vais
dans le service. Là on me dit « non non mais c'est bon tout se
passe bien, on arrive à se comprendre le monsieur lit sur les
lèvres » Et donc je dirai que 9 soignants sur 10 n'identifient pas
la surdité comme un obstacle à la communication parce qu'il fait
des efforts et prend du temps car c'est long de prendre en charge un sourd
comme vous l'avez vu au cours de votre expérience on articule on
explique on montre on passe un temps fou on se dit avec tous les efforts qu'on
a fait le message est forcément passé alors que pas du tout et
donc ils n'identifient pas la surdité comme un obstacle à la
communication, d'une part ils pensent que avec l'écriture ça se
passe bien sauf qu'on dit que 80% des sourds sont illettrés. Ils ont
plutôt un déficit linguistique. L'exemple c'est les paquets de
cigarettes « fumer nuit à la santé » pour le sourd
62
qui à une syntaxe différente c'est « fumer
la nuit ce n'est pas bon pour la santé » il y a des énorme
contre sens, ça personne n'en a conscience. On est en train de faire une
thèse sur la prise en charge des sourds aux urgences et donc je me suis
entretenu avec des urgentistes ils sont tombés des nue quand je leur est
dis « quand tu écris avec ton ardoise blanche ça ne passe
pas ». La deuxième chose c'est la lecture labiale on a l'impression
qu'en articulant ils comprennent tous maintenant les linguistes ont
montrés que sur une conversation de 15 minutes 30% du message peut
être compris par la lecture labiale et que les 70% qui reste c'est des
présuppositions on peut comprendre que dans la santé 70% de
suppositions ça apporte beaucoup d'erreurs. La troisième chose
c'est lorsque la famille est présente et qu'ils proposent d'expliquer,
moi j'appelle ça « l'interprétation sauvage » c'est une
catastrophe parce que du coup l'interprétariat sauvage ce n'est pas un
interprétariat de qualité c'est-à-dire que le frère
la soeur n'a pas forcément le niveau de langue des signes pour
réexpliquer ce que les soignants disent au patient, d'autre part il est
complètement non neutre, il est trop dans l'émotion c'est comme
si vous deviez annoncer à votre frère qu'il a un cancer. C'est
des choses qui sont émotionnellement très lourdes souvent le
sourd est exclu de la conversation on lui dit attend je t'expliquerai
après, également le sourd n'a plus du tout de vie privée
c'est les droits fondamentaux. Tous ça fait que les soignants ont
l'illusion de se faire comprendre et qu'enfaite pas du tout et la seule
façon efficace de prendre en charge un sourd finalement c'est de lui
mettre la langue des signes parce que c'est sa langue parce qu'il n'y a pas de
non sens de contre sens. Voilà les généralités.
- C'est très intéressant, je veux vous demander
en quoi consiste votre travail au quotidien avec les sourds ?
- En fait notre mission principale est de repérer et de
rattraper les retards de diagnostic et la prise en charge des sourds.
C'est-à-dire qu'on va avoir des sourds et il faut qu'en sortant d'ici
ils aient compris leurs maladies, pourquoi ils prennent leur traitement,
à quoi correspondent les traitements, la plupart des sourds avalent
leurs médicaments sans savoir que c'est un antihypertenseur, un
médicament pour le cholestérol. On rattrape également le
retard dans les
63
dépistages, les femmes sourdent et les
dépistages gynécologiques, les mammographies à partir de
50 ans, expliquer ce qu'est une mammographie pourquoi il faut le faire tous les
deux ans, comment ça va se passer. C'est la première des missions
et du coup pour ça on considère plus que c'est au patient de
s'adapter à nous mais a nous soignant de s'adapter au patient et le
premier effort c'est la langue des signes. Il y a une consultation avec un
médecin qui se passe en langue des signes (mon rôle).
- Vous parlez la langue des signes couramment ?
- oui couramment je ne sais pas mais j'ai un niveau qui me
permet d'être autonome. Donc on a la consultation de médecine
générale en langue des signes et un accompagnement des sourds par
un professionnel sourd qui est Marie -France qui est pas encore arrivé,
qui est une aide soignante sourde donc sa langue c'est la langue des signes qui
va s'assurer tout le temps si moi j'ai l'impression que le patient ne comprend
pas où s'il est avec d'autres médecins et que le message qui est
délivré est bien compris sur le fond et sur la forme. Notre
rôle c'est un accès à la santé vraiment comme vous
quand vous allez voir votre médecin. Eux ils viennent là parce
que c'est une accessibilité aux soins il n'y a rien d'extraordinaire
c'est juste qu'on s'adapte au patient, la plus grosse adaptation c'est la
langue des signes et puis aussi adapter le message à leur culture parce
que les sourds ont une culture bien propre. Il faut comprendre qu'on a deux
façons de voire la surdité soit on se focalise sur l'oreille qui
est cassée, on dit qu'il faut réparer l'oreille ça c'est
la filière ORL, l'implant cochléaire, la
rééducation, l'orthophonie,... Ou soit on considère que
c'est une singularité, vous êtes sourd comme moi je suis brun et
donc on va miser sur toute les stratégies que les sourds mettent en
place pour vivre dans notre société actuelle Comment ils font
pour se débrouiller dans une société qui est
majoritairement entendante et faite par les entendants. Ils ont des codes donc
on assimile ces codes et on se sert de ces codes là pour leur
délivrer nos messages de santé. Les principaux sont la langue des
signes et le visuel, souvent dans les consultations pour expliquer aux gens ;
les sourd peuvent pas comprendre s'ils ne voient pas, ils sont visuels
fondamentalement. Il y a des outils (montre des feuilles) comme ça on va
leur montrer le dos, l'estomac, la
64
fibroscopie, le cholestérol dans les artères,...
Les supports visuels sont très importants pour faire passer les messages
de santé.
- D'accord, est ce que vous travaillez avec des
interprètes dans l'hôpital ou est ce qu'il y a des
interprètes qui sont dédiés pour se déplacer dans
les services ?
- J'ai oublier de dire ça pour la question
précédente, moi je vois les sourds en direct en langues des
signes et si ça ne va pas il y a mon intermédiatrice l'aide
soignante sourde qui est là mais par contre je dépiste les
retards et je les rattrape par exemple si le patient n'a pas vu le cardiologue
depuis 10 ans on prend rendez vous chez le cardiologue, le cardiologue ne
pratique pas la langue des signes donc là il y a la présence d'un
interprète pour accompagner le patient à la consultation
spécialisée, l'interprète tout seul si le patient est
autonome ou l'interprète et l'intermédiatrice si on pense que le
patient ne va pas comprendre et donc l'intermédiatrice va être la
pour reformuler les choses. Donc on n'a pas encore d'interprète à
l'hôpital et on utilise des interprètes extérieur,
vacataire qu'on appelle aux besoins, on a des besoins énorme, 400
à 500h par an minimum. Après dans l'hôpital il y a des
personnes qui signent, qui ont un niveau de langue des signes, alors moi je ne
les étiquette pas comme interprète professionnel car il sont
infirmières, manipulateur radio ou je ne sais quoi et se sont des
personnes ressource sur lesquelles on peut s'appuyer, on peut pas leur demander
d'endosser la responsabilité d'interprète, il faut savoir
qu'interpréter une consultation médicale c'est une grosse
responsabilité, si je le fais pas bien, si le patient ne comprend autre
chose et qu'il ne réagit pas bien et qu'il ne prend pas bien son
traitement et qu'après il y a un problème le médecin va
dire « ah bah non moi j'étais avec un interprète » et
du coup l'interprète il prend et donc voilà il y a des personnes
ressource dans l'hôpital pour expliquer les choses basique du quotidien,
de la vie de tout les jours mais quand ce sont des choses très pointu
pour expliquer un traitement, un diagnostique, il faut des interprètes
professionnels.
-Donc quelle formation ils ont ?
65
- Les interprètes professionnels ont une formation
universitaire, je ne sais pas Bac +5 et à l'issue de cette formation ils
ont un niveau de langue des signes bien sur extraordinaire et surtout ils ont
acquis la neutralité, ils sont neutres, ils disent les choses sans
ajouter de trucs perso ou sans oublier des choses, ils sont fidèles au
message, ils traduisent exactement tout, tout ce qu'il se dit ils n'ajoutent
rien. Donc on dit ils ont la neutralité, la fidélité au
message et je ne me rappelle plus c'est leur code de déontologie. Donc
c'est pour nous un gage de qualité pour nous on sait qu'ils vont aller
voir le médecin ou le spécialiste et qu'on va leur expliquer
qu'on va leur dire tous ce que le médecin a dit comme moi je vous parle
après on est pas sur qu'il a tout compris parce que comme je vous ai
expliqué la langue des signes ayant été interdite pendant
longtemps on a une génération de sourd qui on appris la langue
des signes sur le tas en cachette ce n'est pas la langue des signe
académique à l'inverse de l'interprète. C'est la que la
l'intermédiateur intervient. Il peut reformuler les choses que
l'interprète ne fait pas. Un sourd va voir un médecin avec
l'interprète le médecin va dire « vous aller prendre de
l'augmantin un comprimé 3 fois par jour matin midi et soir » et
l'interprète lui traduit, lorsqu'ils vont sortir de la consultation le
sourd va dire « je ne me souviens plus de ce qu'a dit le médecin
» et l'interprète va dire « j'ai fais mon travail, j'ai
traduit la consultation maintenant je ne sais plus, si tu sais pas on retourne
voir le médecin mais moi je ne te réexplique pas « alors que
l'intermédiateur va dire « si il ta expliquer tu sais le
médicament c'est le matin le midi et le soir bien le prendre au milieu
du repas,... » Lui il peut reformuler et ajouter des choses.
- D'accord, est ce que vous avez déjà eu des
retours de patient sur l'imagerie ?
- Au début lorsqu'on a commencé on savait que
l'interprétariat allait couter très très cher et donc on
m'a demandé de faire un choix et de hiérarchiser des demandes que
j'allais accepter ou pas, je me suis dis des sourds que j'envoie faire des
radios, des échos, ... j'emmène un interprète ou pas ? est
ce que c'est plus important de comprendre l'échographie ou la
consultation médicale et j'ai dis j'ai pas à choisir il n'y pas
de raison qu'un sourd ne soit pas toujours accompagner par un
interprète, donc je ne me pose pas de questions quand on
66
peut j'organise la présence d'un interprète
après les examens radiologique des fois il n'y a pas d'interprète
disponible ça arrive dans 30% des cas même dans des consultation
spécialisées il n'y a pas d'interprète parce qu'ils sont
tous pris donc parfois il vont à leur examen radio sans
interprète ou quand l'examen est urgent. Ils sont en consultation avec
moi, il est tombé, il s'est fait une entorse, je lui dis on va aller
à la radio tout de suite, on va faire une radio de la cheville et on va
voir. Donc là il n'y a pas d'interprète il n'y pas le temps soit
j'accompagne ou c'est mon intermédiatrice ou des fois on ne peut pas et
ils y vont tout seul. Ici sur l'hôpital quand les examens sont complexes
comme des échos doppler....
- L'IRM peut être...
- L'IRM on essaye qu'il y est un interprète la
première fois, si le patient connais déjà,
l'interprète va arrivé ça va durée 1 min et
après il va être 1/2 h dans son tube parfois le sourd dit «
non non j'ai déjà fais ca j'ai pas besoin d'interprète et
si ça va pas j'appuis sur le bouton de tout de façon j'entendrai
pas ce qu'ils vont dire j'appuierai sur le bouton et j'espère qu'il
comprendrons que ça ne va pas après ils vont me mettre le produit
ça va aller » donc bon en général j'ai pas de retour
d'expérience d'un patient qui m'ais dis « j'ai compris ça
c'est pas bien passer. »
- Oui ce n'est pas négatif.
- Ils sont toujours content les sourds. Souvent des qu'on
prend soin d'eux après il y a aussi beaucoup de choses pour vous qui
avez fais des stages à l'extérieur c'est que parfois je vois des
sourd et je veux un examen et ici au CHU c'est trop compliqué il faut
négocier l'examen et je sais quand appelant à l'extérieur
je vais l'avoir plus vite. Je lui laisse le choix. « Voila il y a 2
possibilité on fait l'IRM ici c'est dans 4 mois il y aura un
interprète ou soit a la polyclinique c'est la semaine prochaine mais
pour avoir un interprète c'est vous qui devez l'organiser et le payer
». Souvent les sourd ils disent « non je vais aller à
l'extérieur parce que ca va plus vite mais je n'aurai pas
d'interprète cette semaine parce qu'ils seront tous complet ou que je
n'ai pas envie de payer et quand j'aurai le résultat je reviendrai vous
voir pour que vous m'expliquiez ».
67
- C'est ca qui m'était arrivé c'était
dans un secteur privé, c'était un peu plus compliqué mais
ça c'est bien passé quand même parce que je pense qu'il
avait déjà fait cette examen. Jai vu un article, en Angleterre,
qui parler du sous diagnostic des patients justement ici pour quelle maladie
souvent ils sont sous diagnostiquer ? Hypertension par exemple ?
- Je pense qu'ils sont sous diagnostiqué pour tout
c'est-à-dire que quand ils voient un médecin lambda,
libéral, puisque la plupart voient des médecins à
l'extérieur donc il y a une espèce de notion de
rentabilité il faut voir du monde mais quand c'est un sourd ça va
durer 1h et donc ça va très vite donc il ya pleins de choses pour
lesquels ils ne sont pas diagnostiqués car les dépistages ne sont
pas organisés. Tous les dépistages gynéco, les frottis
tous les 3 ans chez la femme sourde, ... L'hypertension peut être pas
parce que finalement le médecin voit le sourd lui prend la tension 18 de
tension il va déclencher le traitement je ne saurai pas dire enfaite
dans la littérature en tout cas française il n'y a pas d'article
sur ça je ne connais pas l'article que vous avez lu.
- C'était un article qui disait qu'il était sous
diagnostiqué pour l'hypertension et sous traiter aussi. Ils ne prennent
pas forcément leurs médicaments, qu'il y avait plus
d'obésité aussi chez les sourds par rapport a la population
générale parce qu'il comparait la population
générale à la communauté sourde. Il y avait aussi
plus de cholestérol.
- Je n'ai pas le recul nécessaire pour l'attester, vous
savez de quand il date l'article ?
- Je crois que c'était 2007.
- Oui donc ca fait presque 10 ans il n'est pas récent. -
Je n'ai pas trouvé d'autres articles sur ce sujet.
Il y a très peu dans la littérature mondial de
choses sur les sourds, on commence à publier parce qu'il faut absolument
pour que notre cause soit entendu et pas oublié donc ça je ne
l'ai pas forcement constaté. Ce que j'ai constaté par contre
c'est des sourds diabétiques qui sont suivi à l'extérieur
qui arrive avec une hémoglobine glyquée. C'est ce qu'on on
regarde dans la prise
68
de sang pour voir si le diabète est
équilibré et c'est catastrophique et une consultation ici ou on
leur explique ce qu'est le sucre rapide, sucre lent ils ne savent pas «
féculent » c'est un mot qui n'existe pas en langue des signe «
le médecin m'a dit qu'il fallait manger des féculents » donc
on fait une espèce de truc très basique sur l'alimentation. Ce
qu'il ne faut pas manger et quand je les revois 3 mois plus tard avec la prise
de sang j'ai des chutes spectaculaire de l'hémoglobine glyquée et
donc en une consultation ils ont déjà rectifiés des
énormes erreurs d'hygiène de vie.
-D'accord
- Je n'ai rien pour prouver mes informations mais justement on
est en train de travailler sur ça avec mes autres collègues mais
c'est vrai, on se rend compte de ça.
- D'accord donc enfaite il y a peu d'études sur le sujet
?
- Oui peu d'étude, on ne sait même pas le nombre
de sourds qui pratique la langue des signes en France aucune statistiques.
- Oui je n'ai vu que des estimations.
- Qui varie de 80 000 a 200 000 donc la fiabilité...
- Est ce que vous travailler avec des associations sourde de
Poitiers ?
- Obligatoirement parce ce qu'il faut savoir que
l'unité poitevine a ouverte en 2011. Ca a presque été un
projet de santé communautaire c'est à dire que c'est la
communauté sourde qui a dit « il nous faut une unité
à Poitiers » c'est eux qui ont pris le problème en main donc
indirectement c'est eux qui sont responsable de l'ouverture. Eux tous seul ils
n'auraient pas réussi moi tout seul je n'aurais pas réussi
c'était un travail collectif et puis on est toujours en relation
étroite de toute de façon la communauté sourde est
très petite.
- Ils sont très actifs ?
- Oui et il ya un mariage associatif très puissant s'il
n'est plus là on va dans le mur. Il faut vraiment travailler avec eux
pour faire passer les messages voir comment eux voient les choses. Au
départ ici on était ouvert 1 journée par
69
semaine ce n'est pas beaucoup. La première question a
été quelle demi-journée vous préférez ?
qu'est ce qu'il est plus important pour vous ? Au début est ce que c'est
organiser des conférences pour vous expliquer la santé ou des
consultations avec un médecin ils ont dis des consultations donc on a
fait que des consultations après notre temps de travail à
augmenter parce qu'on avait de bon résultats donc le ministère a
débloqué des fonds donc maintenant on est ouvert a temps complet.
On peut plus diversifier nos mission, organiser des conférences des
ateliers travaillent universitaire suivi de thèse.
- Donc la loi de 2005 article 7 c'est sur la formation du
personnel de santé est que vous pensez que la formation elle est
suffisante aujourd'hui ?
- Il n'y a aucune formation, pour les sourds vous voulez dire
? - oui
- il n'y a aucune formation pour les sourds
- Même à l'hôpital il n'y a pas de formation
qu'on peut suivre ?
- Alors on peut apprendre la langue des signes mais ça
s'apprend a l'extérieur de l'hôpital dans des associations je
crois que la formation est chère et longue donc la plupart du temps elle
est refusée et après nous l'unité on devrait mettre en
place des journées pour le personnel hospitalier sur comment prendre en
charge un sourd a hôpital mais on n'avait pas encore les moyen
matériel et horaire mais ça va se faire mais ça ne fait
pas longtemps qu'on est à temps plein, quelques mois.
-ah oui c'est très récent.
- Depuis avril, ça va bientôt arriver, mais
niveau formation de santé il n'y a rien la fac de médecine, le
futur médecin je ne pense pas qu'il y est quelque chose pour l'instant
vous non plus.
- non pas du tout
- Mais dans d'autres villes ça commence car il y a une
unité d'accueil elles participent un peu a la formation, elles
organisent des sensibilisations, ce serait bien de conclure ça a la fin
de votre mémoire.
70
- c'est ce que je pensais faire enfaite et moi je voulais
travailler plutôt sur un projet d'application sur l'ordinateur par
exemple pour poser les questions en radiologie on pose souvent les questions
« est ce que vous êtes enceinte ? », la prise de la pilule ou
non pour la femme et je voulais faire une application avec ce type de questions
et une vidéo en langue des signes qui récapitulerai la question
enfaite avec un questionnaire à remplir
- C'est une bonne idée par ce que les questions sont
restreintes aux urgences ils se sont posés la même question il
faudrait qu'on fasse un outil mais ce n'est pas possible soit un support
visuelle oui pourquoi un support informatique sur tablette ou soit un support
visuelle ça peut être bien
- ça peut marcher ?
- Pour le positionnement, comment se placer parce que j'ai vu
pour la radio pulmonaire c'est un truc complètement accessoire on leur
dit d'inspirer fort et bloquer et il ne faut pas bouger et on est
derrière le truc « ne bouger pas ! » oui mais il n'entend pas
donc bon
- C'est vrai ce sont les habitudes.
- Peut être un petit film qui montre.
- Pour que le geste soit bien visualisé
- Tous ce qui est visuel de tout de façon c'est la
conclusion de votre mémoire il faut que vous disiez un sourd est
incapable de comprendre ce qu'il ne voit pas , ce n'est pas qu'il est
idiot c'est qu'il est visuel c'est son mode de fonctionnement donc en montrant
les choses ou par des images ou par des vidéos c'est sur que ça
passe sans être complètement de la langue des signes après
on peut en faire mais pour enceinte on montre une image avec une femme enceinte
et ça ira. Les sourds ils s'adaptent beaucoup. Ce qu'on ne comprend pas
nous, entendant, c'est que lorsque l'on est face à un sourd on est
beaucoup plus handicapé que lui. La surdité c'est un handicap qui
est partagé. Lui il arrive à se faire comprendre alors que nous
on est coincé dans notre corps on n'ose pas bouger. Quand j'ai
commencé j'avais aucune expression de visage, comme un médecin
quoi. Très vite on m'a dit non ça va
71
pas. Maintenant je suis devenu un vrai clown, je fais des
gestes, des mimiques parce que sinon ça ne passe pas.
- Ils ont une expression corporelle plus développée
que nous.
- Ah ben carrément, donc ça pourrait être
bien de ciblé les questions. Je pense que c'est plus simple des images
et puis des signes à réaliser que de faire la vidéo parce
qu'il faut que ce soit reproductible, que ce soit dans chaque salle et que le
personnel pense à l'utiliser. Je vois aux urgences il ne pense pas
à nous appeler alors qu'on est là pour ça.
- Je voudrais aussi organiser des sensibilisations pour les
manipulateurs dans les services et à l'école.
- ça c'est très bien, si vous faites un truc
comme ça contactez nous pour que Marie-France notre intermediatrice
participe parce que c'est vachement plus concret. Elle sait les messages qu'il
faut faire passer.
- Dans mes recherches j'ai pu voir des écrits notamment
de Jean Dagron qui parlent de conflits entre oralistes et pro-gestuelle vous
pouvez m'en parlez ?
- Ah oui c'est parce que Jean est le premier médecin
à avoir fait des pôles santé. Ce n'est pas vraiment jean,
c'est Jean et les sourds. C'est les sourds qui sont venus le chercher mais on
ne retient que l'entendant. Après c'était dans les années
90 et la langue des signes était tolérée. Au sein de la
communauté sourde peut être. Ils se mettent des
étiquettent, toi tu es un faux sourd parce que tu es implanté.
Moi je suis un vrai sourd parce que mes parents sont sourds. Ils sont
très durs mais quand il s'agit de questions importantes ils arrivent
à mettre ça de côté. Alors oui il y'a les oralistes,
les signants mais le conflit il est surtout chez les médecins.
- Les pros-implants et les antis-implants
- Je ne suis ni pro ni anti implant, je ne suis pas là
pour m'occuper de la surdité des gens mais je suis là pour la
grippe où parce qu'elles ont un cancer de l'utérus et que dois
l'expliqué. Je ne leur demande pas pourquoi ils sont
72
sourds. Si leur mère a eu la rubéole quand elle
était enceinte, si c'est génétique ou si c'est un
problème de connexine, s'il a eu une méningite à
l'âge de deux ans. Peu importe moi je m'en fiche. Je reçois
beaucoup de femmes enceintes sourdes qui accouchent de sourd ou de mamans
entendantes qui accouchent de sourd mais je ne prêche pas pour ma
paroisse parce que je leur dit que c'est à elle de choisir pour leur
enfant qui ne peut pas le faire, soit vous allez dans la filière de la
rééducation où il sera implanté et il fera de
l'orthophonie. Ou dans la filière visuogestelle et la langue des signes.
Quelle que soit votre choix même si vous allez dans la
rééducation et que l'ORL vous dit qu'il ne faut pas apprendre la
langue des signes parce que ça va retarder l'apprentissage de l'oral,
c'est faux, laissez le allez vers la langue des signes parce que plus tard des
adolescent qui en veulent ça leur parents parce qu'ils l'ont fait
implanté j'en vois mais des enfants qui en veulent à leurs
parents pour avoir appris la langue des signes j'en vois pas Il vaut mieux
avoir plusieurs outils de communication dans son sac qu'un seul. Si vous allez
l'implant, la rééducation ne délaissez pas la langue des
signes. De toute façon un jour ou l'autre votre enfant sera
confronté à la langue des signes et voudra la faire sienne parce
que c'est plus facile. C'est naturel, il n' y a pas d'efforts à
faire.
- Ce n'est pas trop dur pour l'enfant de faire à la
fois la rééducation et l'apprentissage de la langue des signes
?
- La LSF c'est naturel. C'est la langue première de
dire « maison » que de le mimer. On peut apprendre des sons à
des sourds et le transformer en numéro de cirque. D'ailleurs maintenant
les orthophonistes font apprendre la langue des signes. C'est plus du tout
l'oralisation à tout prix où l'on attachait les mains. On mettait
de l'eau dans la gorge c'était terrible.
- ça a donc beaucoup évolué depuis les
années 90
- Oui moi je suis sorti un peu de ce schéma là
implanté non implanté. - On m'a parlé des examens sur les
dépistages de la surdité.
- Oui il y a plusieurs examens mais à quoi ça
sert de savoir que l'enfant est sourd à cinq jours. Au contraire
ça coupe le lien, la relation avec la maman
73
si la maman est pas sourde. Une maman sourde qui a un enfant
sourd il n'y a pas de problèmes. Une maman entendante qui a un enfant
sourd « cet autre qui n'est pas comme moi, il est sourd » du coup
ça coupe des liens. Il y'a toute une polémique « les sourds
sont contre le dépistage ». Ils sont pas contre les mamans sourde
elle me demande si il est sourd ou pas « je sens qu'il est entendant
» ou « je sens qu'il est sourd » elles ne se trompent jamais
d'ailleurs. Donc là on fait les PEA mais plus tard mais pas à
cinq jours mais parfois elles veulent savoir mais à trois mois par
exemple ce n'est pas très précis faut recommencer. On peut
attendre un peu, six mois, car le bébé avant six mois on va
communiquer par le regard et par le toucher.
- Merci beaucoup en tout cas.
- Je vais vous donner quelques documents, des articles
français. J'ai aussi des documents de ce type là que je vais vous
montrer. Matin Midi Soir, les patients ont du mal à comprendre donc on a
fait les petits soleils ça parle bien après on a aussi des
maquettes de choses comme ça pour que ce soit visuel. Voilà
j'espère avoir pu vous aider.
- Merci beaucoup pour votre accueil et à très
bientôt.
74
Annexe V : projet IMSIGN
75
Figure 10 : Plaquettes d'informations IMSIGN
76
|
Institut de Formation de Manipulateurs d'électroradiologie
Médicale MEMOIRE DE FIN D'ETUDE
|
TEILLET MAXIME Promotion 2014-2017
|
Diplôme professionnel : manipulateur
d'électroradiologie médicale
|
Améliorer la prise en charge des sourds en
imagerie
|
Méthodologie : recherche exploratoire en sciences
sociales. Etude multicentrique
s'articulant entre une enquête qualitative
(Entretien Semi-directif) et une enquête quantitative
(questionnaires)
|
La communication est un facteur très important
dans notre métier de manipulateur d'électroradiologie
médicale. Que faire lorsque la communication orale est impossible ?
C'est de ce constat que j'ai décidé d'effectuer ce travail de fin
d'étude. Pour évaluer la prise en charge actuelle des sourds en
imagerie et développer des outils spécifiques. Vers une meilleure
accessibilité au soin. J'ai donc effectué des recherches et des
rencontres auprès de professionnels du monde sourd et un questionnaire
pour interroger les manipulateurs sur leurs pratiques.
|
Surdité, handicap, droits des patients,
Santé communautaire, Bonnes pratiques, e-santé, gestion des
risques.
|
To improve the care of deaf people in medical
imagery.
|
Method: Social sciences research
|
Communication is an important part of the job of a
radiographer. And yet, When oral communication cannot take place, how
radiographer able to take care of a deaf patient? My research starts with this
question. To assess care of deaf people in imagery and to develop specific
tools. I met health care professional from the deaf community and a
questionnaire was given to radiographers in nuclear medicine. Patient's rights,
community health and were the concepts examined in this study.
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Deafness, patient's rights, community health, e-health,
risk management.
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