Le travail des enfants dans l'agriculture, mythe ou réalité ? : une étude de cas dans les exploitations cotonnières au Bénin( Télécharger le fichier original )par Christhel Sonia Jesugnon Padonou Université Catholique de Louvain, Belgique - Master complémentaire en développement, environnement et sociétés 2013 |
3.2.3. Méthodes de Traitement et d'analyse des donnéesPour l'analyse des données, un traitement statistique concernant les exploitations cotonnières a été réalisé à l'aide du logiciel Excel 2010et du logiciel Statistical Package of Social Sciences (SPSS version 16). La saisie des textes est faite à l'aide du logiciel word 2010. Deux approches sont utilisées pour le présent travail : l'approche quantitative et qualitative. Ces deux approches seront utilisées de façon complémentaire.L'approche quantitative a consisté en l'utilisation de statistique descriptive et des tests de corrélation pour identifier et analyser les facteurs déterminants du travail des enfants. L'approche qualitative quant à elle, a été utilisée pour mieux expliquer les facteurs d'ordre sociologique, culturels et dans l'interprétation des résultats d'une part, et pour l'analyse des effets du travail des enfants dans les exploitations cotonnières d'autre part. 3.2.3.1. Mesure du travail des enfantsA partir de ma revue de littérature et de la clarification des concepts, il y a travail des enfants lorsque les conditions suivantes sont remplies : § L'âge de l'enfant : l'enfant travailleur a un âge compris entre 05 et 17 ans ; § Le sexe de l'enfant : l'enfant peut être une fille ou un garçon ; § La situation de scolarisation : l'enfant travailleur peut être scolarisé, ou non ; § La présence de la production cotonnière: l'enfant travaille dans une exploitation qui produit du coton ; § Le cadre de travail : l'enfant travaille dans le cadre familial ou non ; § Le type de rémunération : l'enfant est rémunéré ou non ; § Le volume horaire : l'enfant travaille pour une durée supérieure à 4 heures dans l'exploitation. 3.2.3.2. Mesure du niveau de vie des ménagesLe niveau de vie des ménages est mesuré à travers deux indicateurs principaux : le revenu et le bien-être des ménages. La méthode de mesure retenue pour l'évaluation de ces différents indicateurs est celle utilisée lors de l'enquête PROCOTON. v Le revenu des ménages Le revenu des ménages est mesuré à partir du revenu de l'exploitation agricole qui regroupe les diverses activités productives des unités de production du ménage. Dans le cas des exploitations cotonnières, le coton n'est pas cultivé en monoculture, mais en rotationavec d'autres cultures vivrières. Ainsi, le revenu des ménages ne peut être reflété uniquement par le revenu de la production de coton. Pour cela, c'est le revenu total de l'exploitation agricole qui est pris en compte. Le revenu d'une activité productive s'évalue à travers les paramètres suivants : § Le produit brut (PB): c'est la valeur totale de la production physique de la campagne. « La production physique de la campagne est évaluée par l'exploitant en unités locales entenant compte des diverses destinations (consommation, vente, dons, semences, alimentationanimale, transfert à une activité de transformation interne à l'unité de production ou pour leconjoint, rémunération en nature des journaliers et tâcherons) ; La somme des recettes issues de la production vendue et de la production non vendue41(*) représente le produit brut » (SNV, 2010 /Rapport PROCOTON: 34). § Les charges variables (CV) : elles comprennent toutes les charges encourues par l'exploitant agricole pour son exploitation, hormis les charges fixes issues de l'amortissement des matériels et machines agricoles. « Ces charges regroupent le coût d'achat des divers intrants (semences ; produits phytosanitaires ; engrais...), ainsi que les prestations obtenues detiers comme les locations d'attelage, les charges de main d'oeuvre, etc.Ces charges sont des dépenses ou des transferts en nature dont la valeur est évaluée au prix moyen ouà la valeur de substitution » (id). § La Marge Brute (MB) est le solde entre produit brut et charges variables. « Compte tenu, de la faiblesse des charges fixes pour la majorité des activités (pour la plupart manuelle), c'est cette marge qui sera considérée comme le revenu de l'activité. Elle est exprimée en FCFA42(*) » (ibid). NB : le calcul des charges n'inclut pas le travail familial. La non inclusion du travail familial représente une importante insuffisance pour le calcul des revenus d'une exploitation. En effet, les exploitations agricoles des pays sous-développés utilisent majoritairement ce type de main d'oeuvre. Mais du fait que ce sont les données secondaires qui sont utilisées, je ne peux m'en tenir qu'aux méthodes de calcul utilisées par l'enquête. Les revenus calculés concernent la campagne agricole 2008-2009. Dans le cadre de la présente étude, une classification des ménages en ménages pauvres ou riches n'a pas été faite. Ainsi, les revenus des ménages sont simplement classés du plus élevé au plus bas. Les liens potentiels existants entre le niveau des revenus et le niveau du travail des enfants sont évalués à travers un test de corrélation bivariée. « Le coefficient de corrélation r, est une mesure d'association (d'interdépendance) entre deux variables métriques, quelle que soit l'unité utilisée pour chaque variable. r est compris entre -1 et +1. Plus le coefficient est proche de 1 en valeur absolue, plus les valeurs sont dites corrélées -Si r est proche de +1 : les deux variables varient dans le même sens ; -Si r est proche de -1 : les deux variables varient en sens inverse Et plus r est proche de 0, moins les variables sont corrélées. 0 signifie l'absence de corrélation entre les deux variables » (Klarsfeld et al., 2001 : 1). v L'indicateur de l'évolution du bien-être des ménages est mesuré à partir de l'accumulation de biens durables, la situation alimentaire et de la capacité à surmonter les crises. L'indicateur d'insécurité alimentaire ne sera pas utilisé dans le cadre de la présente étude. § « Biens durables accumulés par les producteurs : ils sont constitués de capitaux productifs et de capitaux domestiques : La détention de capitaux contribue à l'évaluation du bien-être des producteurs. L'accumulation, la paupérisation ou la liquidation de ces capitaux, sont le reflet du bien-être du ménage. En effet, plus les capitaux sont liquidés, plus le niveau de bien- être du producteur est bas. Alors qu'une accumulation des capitaux, au-delà des stricts besoins de consommation témoigne du bien-être de l'exploitant » (SNV, 2010 : 37). « Les capitaux productifs sont des facteurs de production, regroupant par exemple les bâtiments d'élevage ou à but commercial, des équipements de transformation et de transport, des animaux d'élevage et des plantations... Les capitaux domestiques quant à eux, concernent les logements, certains équipements domestiques comme les radios, télévisions, téléphones et générateurs, des vêtements et de la vaisselle à caractère durable et pouvant être si nécessaire mis en gage, etc...Ces capitaux sont recensés par un inventaire de fin de campagne. Leur valeur d'achat et la valeur de revente potentielle estimée par l'exploitant sont relevées. La valeur résiduelle après amortissement sur une durée de vie standard est également calculée et est préférée si les évaluations des producteurs paraissent trop optimistes» (id). NB : « Le revenu annuel est en général corrélé avec le niveau des capitaux accumulés. Cet indicateur complète le revenu pour l'évaluation du niveau de vie du ménage. En effet, les revenus sont plus sujets à des facteurs conjoncturels, liés à la nature même de l'agriculture qui est pluviale, donc déterminée par les aléas climatiques. La valeur des capitaux a été exprimée en Fcfa lors de l'enquête. Cette valeur a été évaluée pour la terre, les équipements productifs, les plantations pérennes et les animaux d'élevage» (ibid). Dans le cas de la présente étude, une somme de ces différentes valeurs est faite pour avoir le niveau de capital détenu par chaque ménage. Ensuite, un test de corrélation sera également effectué entre le niveau de capital et le nombre d'enfants travailleurs. § Indicateurs de vulnérabilité « La fréquence, la nature et la gestion des crises sont aussi des indicateurs de vulnérabilité. Les plus vulnérables citent aussi plus souvent des situations comme étant des crises, alors que des évènements similaires passent inaperçus aux yeux de producteurs nantis » (ibid : 38). Les types de recours utilisés pour juguler les crises ont été utilisés pour établir une classification du niveau de vulnérabilité des ménages. Les recours vont de la mobilisation de l'épargne en espèces et en nature, au retrait des enfants de l'école et leur mise au travail. Dans le cas de la présente étude, ces différents recours sont utilisés pour caractériser les ménages les plus vulnérables, étant donné que les plus nantis ont une épargne en espèces, leur permettant de prendre en charge beaucoup de dépenses. Ce qui n'est pas le cas des ménages vulnérables, qui épuisent rapidement leur épargne et vont jusqu'à sacrifier les chances d'évolution de leurs enfants. § Indicateurs d'insécurité alimentaire « L'indicateur d'insécurité alimentaire a été évalué à travers le niveau de satisfaction en quantité et en qualité vis-à-vis de la consommation alimentaire et la durée des périodes de soudure se traduisant par une réduction des quantités ou du nombre de repas ou tout au moins de la qualité des sauces. Les responsables de cuisine ont été interrogées à cet effet » (id). Compte tenu du temps imparti à la présente recherche, cet indicateur de consommation des ménages n'est pas utilisé. * 41 La production non vendue est évaluée au prix moyen de l'année (enregistré en entretiens de groupe au début de l'enquête) * 42 1 euro = 655,957 FCFA |
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