______
TRAVAIL DE FIN D'ETUDES EN VUE DE L'OBTENTION DU
DIPLOME DE MASTER COMPLEMENTAIRE EN
DEVELOPPEMENT, ENVIRONNEMENT ET
SOCIETES
Thème : Le travail des enfants dans
l'agriculture, mythe ou réalité ? : Une étude de
cas dans les exploitations cotonnières au Bénin
Présenté et soutenu, le 02/09/2013,
par :
Christhel Sonia J. PADONOU HOUNNOU
Membres du jury :
- Promoteur : Professeur Phillipe
LEBAILLY, Université de
Liège-Gembloux Agrobiotech
- Lecteur : Déborah DELGADO PUGLEY,
Université Catholique de Louvain (UCL)
Année académique 2012-2013
DECLARATION DE DEONTOLOGIE
« Je déclare sur l'honneur que ce
mémoire a été écrit de ma plume, sans avoir
sollicité d'aide extérieure illicite, qu'il n'est pas la reprise
d'un travail présenté dans une autre institution pour
évaluation, et qu'il n'a jamais été publié, en tout
ou en partie. Toutes les informations (idées, phrases, graphes, cartes,
tableaux,...) empruntées ou faisant référence à des
sources primaires ou secondaires sont référencées
adéquatement selon la méthode universitaire en
vigueur.
Je déclare avoir pris connaissance et
adhérer au code de déontologie pour les étudiants en
matière d'emprunts, de citations et d'exploitation de sources diverses
et savoir que le plagiat constitue une faute grave. »
DEDICACE
Je dédie ce travail à
· La gloire du seigneur Jésus-Christ, pour ton
amour, ta miséricorde, et pour ton esprit qui m'éclaire tous les
jours de ma vie ;
· La sainte vierge Marie, pour ta protection et ta
médiation ;
· Mon époux, Léon HOUNNOU, pour ton amour,
ta confiance et ton soutien ;
· Mon père Eugène PADONOU et ma mère
Albertine NOUATIN, pour vos éternels sacrifices pour le bonheur de vos
enfants ;
· Mes frères et soeurs, pour votre soutien
indéfectible et votre amour.
REMERCIEMENTS
A tous ceux qui, de près ou de loin, ont
contribué à la réalisation de ce travail, j'exprime ma
profonde gratitude à travers les présentes lignes. Mes
remerciements vont en particulier :
§ Au Promoteur de mon mémoire, Professeur Phillipe
LEBAILLY qui, malgré ses lourdes responsabilités
professionnelles, a su m'accompagner dans la réalisation du
présent travail ;
§ A mon lecteur, Déborah DELGADO, pour avoir lu et
corrigé ce travail;
§ A monsieur Fabio BERTI, qui n'a ménagé
aucun effort, pour la lecture et la correction de ce mémoire ;
§ A tous les enseignants et responsables à divers
niveaux du Master complémentaire en Développement,Environnement
et Sociétés pour leur implication effective et soutenue dans ma
formation ;
§ A la SNV-Bénin, notamment à
l'équipe du projet PROCOTONpour leur inestimable contribution à
mes travaux empiriques;
§ A mon père Eugène PADONOU, pour son
précieux soutien ;
§ A mes collègues de la promotion 2012-2013 du
master complémentaire en Développement, Environnement et
Sociétés, principalement à Gertrude, Aubin, Christophe,
Félicien et Eric, pour la solidarité entretenue tout au long de
ma formation ;
§ A Claude-Gervais ASSOGBA pour son soutien
indéfectible ;
§ A mes parents, amis et conjoint pour le sacrifice et
les privations consentis du fait de mon éloignement ;
§ A tous ceux qui m'ont soutenue de diverses
manières, et qui n'ont pas été nommément
cités, je vous dis un grand merci.
SIGLES ET ABREVIATIONS
AFD
|
:
|
Agence Française de Développement
|
AIC
|
:
|
Association Interprofessionnelle de Coton
|
BIT
|
:
|
Bureau International du Travail
|
CARDER
|
:
|
Centres Agricoles Régionaux pour le
Développement Rural
|
CCIC
|
:
|
Comité Consultatif International du Coton
|
C.f
|
:
|
Confer
|
CFA
|
:
|
Communauté Financière Africaine
|
CFDT
|
:
|
Compagnie Française du Développement des Fibres
et Textiles
|
CIDE
|
:
|
Convention Internationale des Droits de l'Enfant
|
CmiA
|
:
|
Cotton made in Africa
|
CNUCED
|
:
|
Conférence de Nations Unies sur le Commerce et le
Développement
|
CSAO
|
:
|
Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest
|
CTB
|
:
|
Coopération Technique Belge
|
CV
|
:
|
Charges Variables
|
EFPC
|
:
|
Exploitations Familiales de Producteurs de Coton
|
ENTE
|
:
|
Enquête Nationale sur le Travail des Enfants
|
FCFA
|
:
|
Franc de la Communauté Financière Africaine
|
h
|
:
|
Heure
|
ha
|
:
|
Hectare
|
H/j
|
:
|
Homme jour
|
ibid
|
:
|
Ibidem
|
ICAC
|
:
|
International Cotton AdvisoryCommittee
|
id
|
:
|
Idem
|
IITA
|
:
|
Institut Internationale d'Agriculture Tropicale
|
IPEC
|
:
|
Programme international pour l'abolition du travail des
enfants
|
INSAE
|
:
|
Institut National de la Statistique et de l'Analyse
Économique
|
kg
|
:
|
Kilogramme
|
Km2
|
:
|
Kilomètre carré
|
MB
|
:
|
Marge Brute
|
NB
|
:
|
Nota Bene
|
N.d.
|
:
|
Non défini
|
OCDE
|
:
|
Organisation de Coopération et de Développement
Economiques
|
OIT
|
:
|
Organisation International du travail
|
ONG
|
:
|
Organisation Non Gouvernementale
|
PAS
|
:
|
Programmes d'Ajustement Structurel
|
PB
|
:
|
Produit Brut
|
PIB
|
:
|
Produit Intérieur Brut
|
PROCOTON
|
:
|
Programme d'appui aux Organisations des Producteurs de
Coton
|
PSRSA
|
:
|
Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole
|
RUP
|
:
|
Responsable d'Unité de Production
|
SATEC
|
:
|
Société d'Aide Technique et de
Coopération
|
SCN
|
:
|
Système de Comptabilité Nationale
|
SITEX
|
:
|
Société des Industries Textiles du
Bénin
|
SNV
|
:
|
Stichting Nederlandse Vrijwilligers (Organisation
Néerlandaise de
Développement)
|
SONAPRA
|
:
|
Société Nationale pour la Promotion Agricole
|
SPSS
|
:
|
Statistical Package of Social Sciences
|
STCP
|
:
|
Sustainable Tree Crops Program
|
SVC
|
:
|
Save the Children
|
uc
|
:
|
Unité de Consommation
|
UNICEF
|
:
|
Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
|
UP
|
:
|
Unité de Production
|
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Répartition des zones de production
cotonnières au Bénin
36
Tableau 2: Importance socioéconomique de la filière
coton au Bénin
38
Tableau 3: Quelques statistiques sur le travail des enfants au
Bénin
42
Tableau 4: Répartition par sexe et par secteurs
d'activité des enfants astreints aux travaux à abolir au
Bénin
44
Tableau 5: Typologie des enfants travailleurs dans les
exploitations de cacao en Afrique de l'ouest
47
Tableau 6: Zones d'étude pour l'enquête de
référence du PROCOTON
61
Tableau 7: Communes et villages d'étude
62
Tableau 8: Répartition de l'échantillon selon les
villages d'étude
69
Tableau 9: Genre, statut et situation matrimoniale des RUP dans
les exploitations cotonnières
76
Tableau 10: Ethnies présentes dans la zone d'étude
77
Tableau 11: Origine des responsables d'unités de
production cotonnière
77
Tableau 12: Répartition de l'âge des responsables
d'unités de production
78
Tableau 13: Niveau de scolarisation des RUP selon leur statut
79
Tableau 14: Superficies cultivées par les responsables
d'unités de production
81
Tableau 15: Assolements pratiqués dans les zones
cotonnières
83
Tableau 16: Calendrier cultural du cotonnier
85
Tableau 17: Répartition du temps de travail des enfants au
sein des exploitations cotonnières au cours de l'année 2009
88
Tableau 18: Répartition par sexe et par âge des
enfants travailleurs dans les exploitations cotonnières
89
Tableau 19: Moyenne de temps alloué (%) à la
formation pour les enfants travailleurs
89
Tableau 20: Temps alloué à la formation par les
enfants travailleurs dans les exploitations cotonnières
90
Tableau 21:Temps alloué au travail productif par les
enfants travailleurs dans les exploitations cotonnières
92
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1: Evolution de la production du coton
graine au Bénin
2
Graphique 2: Nombre de pays producteurs de coton
fibre par continent pour la campagne agricole 2007/2008
32
Graphique 3: Répartition de la main d'oeuvre
salariée dans les opérations culturales du coton au Mali pour la
campagne 2003-2004
38
Graphique 4: Répartition d'enfants
travailleurs par secteur d'activités dans le monde et au
Bénin
41
Graphique 5: Niveau d'instruction des RUP
78
Graphique 6: Mode d'accès à la terre
au niveau des exploitations cotonnières
79
Graphique 7: Répartition du temps de travail
au sein d'un ménage
84
Graphique 8: Liens de parenté des enfants
travailleurs avec le chef de ménage
93
Graphique 9: Répartition du nombre d'enfants
travailleurs en fonction du revenu des ménages
96
Graphique 10: Nature des crises au sein des
exploitations cotonnières
97
Graphique 11: Nature des recours effectués
par les exploitations cotonnières face aux crises
98
LISTE DES FIGURES
Figure 1: Acteurs et maillons de la filière
coton au Bénin
2
Figure 2: Typologie du travail des enfants
43
Figure 3: Cadre analytique
57
Figure 4: Nuage sémantique de l'enfant dans
la société traditionnelle béninoise
101
LISTE DES PHOTOS
Photo
1: Sarclobuttage/Guidage de boeufs de trait dans un champ de coton
93
Photo
2: Démariage dans un champ de coton
93
Photo 3: Activité de récolte du
coton
94
LISTE DES ENCADRES
Encadré 1: Critères
caractérisant l'exploitation des enfants
2
Encadré 2: Liste des tâches
considérées comme travail des enfants
42
Encadré 3: Typologie des enfants
travailleurs
44
Encadré 4: Déterminants de l'offre et
de la demande du travail des enfants
50
Encadré 5: Autres Déterminants
sociaux du travail des enfants
100
RESUME
Au niveau mondial, des méthodes alternatives
(biologique, équitable et bioéquitable...) de production de coton
ont été développées, en réponse aux limites
environnementales et sociales présentées par la cotonculture
conventionnelle. L'élimination du travail des enfants fait partie des
exigences de ces modes alternatifs de production. Elle figure aussi dans
plusieurs textes et conventions ratifiés par le Bénin, pays
producteur de coton. Dans la perspective de contribuer au respect de cette
exigence, cette étude a réalisé un état des lieux
du travail des enfantsdans les exploitations cotonnières, et
essayé de comprendre les déterminants du travail des enfants,
tout en proposant des solutions pour son atténuation.
A cet effet, une étude de cas a été faite
au niveau de six zones cotonnières du Bénin couvertes par le
Programme de Renforcement des Organisations de producteurs de coton (PROCOTON),
dans le cadre de l'enquête sur la « la situation de
référence du revenu des exploitations familiales producteurs de
coton » réalisée en 2009. Treize villages ont
été retenus. L'échantillon de l'étude a
porté sur 189 ménages producteurs de coton et 550 enfants
travailleurs sur un totalde 921 enfants âgés de 5 à 17 ans
issus des exploitations cotonnières.
Les résultats sur l'état des lieux du travail
des enfants, ont révélé que sur l'ensemble de la zone
d'étude, 64,2% de filles travaillent contre 35,8% de garçons. Le
travail des enfants est non rémunéré et s'effectue dans le
cadre familial.Les principales tâches effectuées par les enfants
sont jugées socialement peu pénibles, mais le deviennent
lorsqu'une considération est portée aux risques et dangers
présentés par les activités agricoles sur leur
santé. Par ailleurs, au cours d'une année, en moyenne 20% du
temps des enfants est utilisé pour le travail productif. Ce dernier
semble ainsi, ne pas empiéter sur la formation/scolarisation, les
loisirs et les autres occupations de l'enfant.
Par rapport aux déterminants du travail des enfants, le
niveau de vie des ménages semble ne pas à lui seul expliquer
l'utilisation du travail des enfants dans la présente étude. En
effet, une dépendance très faible, a été
révélée par le test de corrélation effectué
entre le nombre d'enfants travailleurs et cette variable. Par contre, la
perception de l'enfant dans la société traditionnelle
béninoise,semble être un facteur très déterminant du
travail des enfants.
La prévention et la punition des abus et
déviances en matière du travail des enfants, semblent être
les meilleures solutions, plutôt qu'une élimination
complète du travail des enfants comme promue par la communauté
internationale.
Mots clés : Travail des
enfants ; Exploitations cotonnières ; Niveau de vie des
ménages ; Perceptions sociales et culturelles de l'enfant et du
travail
ABSTRACT
Alternative systems of cotton production (organic and fair)
have been developed worldwide, in response to environmental and social limits
set by conventional cotton farming. Child labor elimination is one of the
requirements of these alternative modes of production. It's also appeared in
several texts and conventions ratified by Benin, a cotton producing country. In
order to contribute to the fulfillment of this requirement, this study has made
an inventory of child labor in the cotton farms, and tried to understand its
determinants, while providing sustainable and realistic solutions for its
mitigation.
For this purpose, a case study was done at six cotton-growing
areas of Benin covered by PROCOTON, a capacities building program for cotton
producers' organizations.
Thirteen villages were selected. The sample for the study
included 189 households producing cotton and 550 child workers out of a total
of 921 children aged 5 to 17 years from the cotton farms.
The results of an inventory of child labor, revealed that of
the entire study area, 64.2% of girls work against 35.8% of boys. Child labor
is unpaid and takes place within the family. The main tasks performed by
children are considered socially little painful, but could become when, one
considersthe risks and hazards posed by agricultural activities on their
health. Moreover, during a year, on average, 20% of children's time is used for
productive work. So it seems that, child labor does not encroach on training /
schooling, recreation and other occupations of the child.
For child labor determinants, the standard of living of
households seems not to explain, alone the use of child labor in this study.
Indeed, a very weak dependence was revealed by the correlation test performed
between the number of child laborers and this variable. On the other side, the
perception of the child in traditional Beninese society, seems to be a very
important determinant of child labor.
Prevention and punishment of abuse and deviance in child labor
seems to be the best solution, rather than a complete elimination of child
labor as promoted by the international community.
Keywords: Child labor, cotton farms,
Households living standard, social and cultural perceptions of child
andlabor
SOMMAIRE
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
4
SIGLES ET ABREVIATIONS
5
LISTE DES TABLEAUX
6
LISTE DES GRAPHIQUES
6
LISTE DES FIGURES
7
LISTE DES PHOTOS
7
LISTE DES ENCADRES
7
RESUME
8
ABSTRACT
9
SOMMAIRE
10
PREMIERE PARTIE : INTRODUCTION
GENERALE ET REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
13
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION
GENERALE
13
1.1. Introduction
13
1.2. Problématique et questions de
recherche
14
1.3. Objectifs et intérêts de
l'étude
17
1.4. Hypothèses de
recherche
18
CHAPITRE 2 : REVUE
BIBLIOGRAPHIQUE
20
2.1. Cadre conceptuel
20
2.1.1. Le concept
Enfant
20
2.1.2. Le Travail des
enfants
21
2.1.3. Main d'oeuvre
infantile
25
2.1.4. Le concept de niveau de vie des
ménages
26
2.1.5. Le concept d'exploitation
agricole
26
2.2. Revue de littérature
27
2.2.1. Revue de littérature sur
la filière coton au Bénin
27
2.2.1.1. Bref aperçu du secteur agricole
au Bénin
27
2.2.1.2. Le cotonnier et ses zones de
production au Bénin
28
2.2.1.3. Description de la filière coton
au Bénin
31
2.2.2. Revue de littérature sur
le travail des enfants
36
2.2.2.1. La situation du travail des enfants au
Bénin : quelques statistiques
36
2.2.2.2. Les secteurs d'activités des
enfants travailleurs au Bénin
37
2.2.2.3. Caractérisation du travail des
enfants et typologie des enfants travailleurs
39
2.2.2.4. La perception et la fonction du
travail des enfants dans les sociétés africaines
44
2.2.2.5. Les différents points de vue
sur le travail des enfants
45
2.2.2.6. Les causes du travail des
enfants
47
2.2.2.7. Les conséquences du travail des
enfants
49
2.3. Cadre théorique de l'étude
51
2.3.1. Approche en termes de bien -
être des ménages
51
2.3.2. Approche en terme de normes
sociales
53
DEUXIEME PARTIE : ZONES D'ETUDE ET
CADRE METHODOLOGIQUE
55
CHAPITRE 3 : ZONES D'ETUDE ET
METHODOLOGIE
55
3.1. Présentation de la zone
d'étude
55
3.1.1. Zones
d'étude
55
3.1.2. Caractéristiques
physiques et humains de la zone d'étude
59
3.1.3. Justification du choix de la
zone d'étude
60
3.2. Méthodologie de l'étude
61
3.2.1. Sources et méthodes de
collecte de données
61
3.2.2.
Echantillonnage
63
3.2.3. Méthodes de Traitement et
d'analyse des données
64
3.2.3.1. Mesure du travail des enfants
65
3.2.3.2. Mesure du niveau de vie des
ménages
65
3.2.3.3. Mesure des perceptions sociales et
culturelles
69
3.2.3.4. Mesure des effets du travail des
enfants
69
3.3. Limites de l'étude
69
TROISIEME PARTIE : RESULTATS, ANALYSES
ET DISCUSSIONS
71
CHAPITRE 4 : ETAT DES LIEUX DU TRAVAIL
DES ENFANTS DANS LES EXPLOITATIONS COTONNIERES
71
4.1. Caractéristiques des
exploitations cotonnières
71
4.1.1. Caractéristiques
démographiques des exploitations cotonnières
71
4.1.1.1. Genre, statut et situation
matrimoniale des responsables d'unités de productions (RUP)
71
4.1.1.2. Origine et ethnies des RUP
72
4.1.1.3. Âge des responsables
d'unités de production cotonnière
73
4.1.1.4. Taille des exploitations
cotonnières
73
4.1.2. Caractéristiques
socioéconomiques des RUP
74
4.1.2.1. Niveau d'instruction des RUP en
fonction de leur statut
74
4.1.2.2. Généralités sur
la production agricole au niveau des exploitations cotonnières
75
4.2. Le travail des enfants dans les
exploitations cotonnières
82
4.2.1. Caractéristiques des
enfants travailleurs
82
4.2.1.1. Répartition par sexe et par
âge des enfants travailleurs
84
4.2.1.2. Part de temps alloué à
la formation par les enfants travailleurs
84
4.2.2. Types d'activités et
principales tâches effectuées par les enfants dans les
exploitations cotonnières
85
4.2.3. Conditions de travail des
enfants dans les exploitations cotonnières
86
4.2.3.1. Lieux et horaires de travail des
enfants
86
4.2.3.2. Types de rémunération et
charges de travail des enfants
87
4.2.4. Effets du travail des enfants
sur leur santé
88
4.2.5. Effets du travail des enfants
sur leur scolarisation
89
4.2.6. Liens de parenté entre
les enfants travailleurs et le chef de ménage
90
4.3. Conclusion partielle
90
CHAPITRE 5 : FACTEURS DETERMINANTS DU TRAVAIL
DES ENFANTS DANS LES EXPLOITATIONS COTONNIERES
92
5.1. Facteurs de bien-être du
ménage
92
5.1.1. Liens entre le travail des
enfants et le revenu des ménages
92
5.1.2. Lien entre le travail des
enfants et les Capitaux détenus par les
ménages
93
5.1.3. Le niveau de
vulnérabilité des ménages et son impact sur les
enfants
94
5.1.4. Test de l'hypothèse
1
95
5.2. Facteurs socioculturels déterminant le
travail des enfants
96
5.2.1. La perception de l'enfant dans
l'organisation sociale traditionnelle béninoise
96
5.2.2. La socialisation de l'enfant
dans la société traditionnelle béninoise
98
5.2.3. Test de l'hypothèse
2
100
5.3. Conclusion partielle
100
QUATRIEME PARTIE : CONCLUSIONS ET
SUGGESTIONS
102
CHAPITRE 6 : CONCLUSIONS ET SUGGESTIONS
102
6.1. Conclusion
102
6.2. Suggestions
103
6.3. Implications futures
104
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
105
ANNEXES
108
PREMIERE PARTIE :
INTRODUCTION GENERALE ET REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE 1 :
INTRODUCTION GENERALE
1.1. Introduction
Le coton est une culture qui revêt une importance
économique et sociale importantes pour de nombreux pays ouest africains
(OCDE, 2006 : 17). Le Bénin est l'un des pays producteurs et
exportateurs de coton en Afrique de l'Ouest où la filière
cotonnière représente la première filière
économique.« Sur le plan macroéconomique, elle
représente 45% des rentrées fiscales ; 80% des recettes
d'exportations ; 13% de la formation du Produit Intérieur Brut
(PIB) national en termes de valeur ajoutée »
(Stratégied'opérationnalisation et déclinaison en plans
d'investissements sectoriels de la vision Bénin 2025, 2008 : 16).
« Le coton compte également pour 60% du tissu industriel du
pays à travers des usines d'égrenage, des unités
textiles... Ces différentes usines et unités emploient
près de 3500 personnes. Les revenus issus du coton contribuent
également en milieu rural à la construction d'infrastructures
sociocommunautaires. En outre, la production moyenne annuelle de coton graine
estimée à 350 000 tonnes représente environ 70 milliards
de francs CFA destinés à plus de 325 000 exploitants agricoles.
Ces revenus monétaires nourrissent en moyenne 3 millions de personnes au
Bénin» (Agbachi Ale, 2008 : 92).
En 2004, l'Organisation Internationale du Travail (OIT) a
estimé à 191 millions le nombre d'enfants entre 5 et14 ans
travaillantdans le monde dont plus des deux tiers, soit 69 % dans l'agriculture
et 25 % d'enfants localisés en Afrique subsaharienne (CSAO/OCDE,
2009 : 7).
Les Statistiques de l'Enquête Nationale sur le Travail
des Enfants (ENTE) au Bénin indiquent que 65% d'enfants travaillent dans
le secteur agricole (BIT/INSAE, 2009 : 22).
Comme le mentionne l'OIT (2012 :1), les violences et les
conditions inacceptables subies par les enfants, ont fait du travail des
enfants ces dernières années, une préoccupation majeure
non seulement pour les `'pays développés'' mais aussi pour les
`'pays en développement''. En effet, beaucoup de pays importateurs de
coton exigent de plus en plus la transparence et la traçabilité
au niveau de la filière ainsi qu'une filière cotonnière
plus équitable qui implique la suppression du travail des enfants.Ainsi,
à moyen et à long terme, le Bénin gagnerait à
respecter les normes en matière de suppression du travail des enfants
dans le secteur de l'agriculture en général et celui du coton en
particulier.
Toutefois « tous les enfants travailleurs ne
sont pas exploités...» (Aguilar Molinaet al.,
2001 : 7). « De plus en Afrique, le travail des enfants n'est
pas forcément nuisible aux enfants, comme le perçoivent les
abolitionnistes. Il est plutôt perçu comme une forme de
valorisation sociale très importante.Cette perception découle en
fait de la structure des systèmes de production familiale et agricole
qui met les enfants autravail pour suppléer un tant soit peu à
une main d'oeuvre chère qui devient de plus en plus rare »
(CSAO/OCDE, 2009 : 7).
La présente étude a fait un état des
lieux du travail des enfants dans les exploitations cotonnières au
Bénin. Elle a essayé de comprendre les déterminants du
travail des enfants et propose des solutions pour son atténuation.
Cette étude trouve son intérêt dans le
développement de la production équitable de coton au Bénin
afin que ce dernier puisse se positionner convenablement sur les nouveaux
marchés de niche de cette filière. Elle vise également
à comprendre le concept de travail des enfants dans le contexte
béninois afin de trouver des solutions durables et réalistes pour
son atténuation.
Le présent document est subdivisé en quatre (4)
grandes parties. La première partie comprend deux chapitres qui
présentent l'introduction générale et la revue
bibliographique. La deuxième partieprésente la zone
d'étude et le cadre méthodologique de l'étude. La
troisièmepartie présente les résultats et les grandes
conclusions tirées desanalyses. La dernière partie
présente les conclusions et suggestions issues de l'étude.
1.2. Problématique et
questions de recherche
En Afrique de l'Ouest, la production cotonnière
était passée de 100 000 à 1 000 000 de tonnes de fibres de
coton entre 1960 et 2005 et représentait près de 5 % de la
production mondiale (OCDE, 2006 : 17). Mais entre 2005 et 2010, cette zone
a connu une forte diminution des superficies emblavées, avec une chute
spectaculaire de la production de coton1(*). Durant la campagne cotonnière 2001-2002, les
superficies emblavées de 357.000 ha sont passées en 2009-2010
à 149 000 ha au Bénin (CCIC/ICAC, 2012, cité par UE et
Groupe des Etats ACP: 64). Cependant, la production cotonnière suscite
encore un engouement auprès des acteurs de la filière dans de
nombreux pays, à cause de son importance socio-économique.
« Au Burkina-Faso, le coton est considéré comme la
locomotive de l'agriculture » (ENDA, 2005 : 14). A
l'instar du Burkina-Faso et d'autres pays, le coton est encore d'une importance
assez capitale pour l'économie béninoise.
A part son rôle socio-économique, « la
production de coton en Afrique de l'Ouest bénéficie d'un avantage
comparatif naturel en matière de rapport prix/qualité. Cet
avantage comparatif qu'ont les pays ouest africains est lié à
l'utilisation d'une main d'oeuvre familiale faiblement ou presque pas
rémunérée en comparaison aux pays développés
producteurs de coton »2(*) (OCDE, op.cit.). « Au Bénin,
la plupart du coton est produit avec de la main d'oeuvre familiale
composée d'hommes, de femmes et d'enfants en fonction des circonstances
et des caractéristiques de l'exploitation familiale » (Ton
et al., 2004 : 10) .
Malgré cet avantage comparatif reconnu dont disposent
les producteurs ouest africains, leurs revenus et marges
bénéficiaires ne cessent de diminuer. Cette situation est
hautement favorisée par les politiques de subventions des pays du Nord
qui concourent à la chute des cours mondiaux du coton (ENDA, 2005 :
7). Ainsi, « sur la saison 2001-2002, l'estimation des
élasticités montre qu'une augmentation de 1 % des subventions
accordées par les USA et l'Union européenne a
entraîné une baisse de 3,8 % des cours mondiaux du
coton » (Adjovi et al., 2003).
De plus, la hausse du prix du pétrole ces
dernières années a entraîné l'augmentation du
coût des intrants agricoles (ces coûts ont augmentéde plus
de 50% entre 2005 et 2008, malgré les subventions aux intrants
pratiquées dans de nombreuses filières (CCIC/ICAC, 2012 :
17). Tous ces facteurs ont entraîné la dégradation du prix
payé au producteur de coton (le prix au producteur est passé de
200 FCFA le Kg en 1996 à moins de 155 FCFA le kg en 2007) et la chute
des emblavements en Afrique de l'Ouest et du Centre en général et
au Bénin en particulier. Au Bénin, entre la campagne
cotonnière 2003-2004 et celle de 2007-2008, la production du coton a
chuté de 63% (USDA, cité par
Stratégied'opérationnalisation et déclinaison en plans
d'investissements sectoriels de la vision Bénin 2025, 2008 : 16).
Pour faire face à la baisse de leurs revenus, les cotonculteurs ont
tendance à délaisser la culture du coton et à la
substituer avec d'autres cultures qui nécessitent moins d'intrants
agricoles (Stratégied'opérationnalisation et déclinaison
en plans d'investissements sectoriels de la vision Bénin 2025,
2008 : 14).
Les producteurs qui n'ont pas d'autres alternatives à
la culture du coton essaient de maintenir le niveau de leurs revenus en
réduisant leurs charges de production. En Afrique, l'agriculture est
encore manuelle3(*) et
nécessite l'utilisation importante de main d'oeuvre pour les
différentes opérations culturales. A cet effet, la main d'oeuvre
constitue l'une des charges de production les plus importantes. Une
réduction du coût de cette dernière entrainera une baisse
considérable des charges de production. La main d'oeuvre moins
chère est alors recherchée et utilisée. « ...
child labor costing less than adult labor ; it's used to save
costs » ( Global March Against Child Labor, 2012 : 11). Les
agriculteurs recourent alors à la main d'oeuvre des femmes et surtout
celle infantile. « Around 60 percent of all child labourers - 129
million girls and boys - work in agriculture. More than two-thirds of them are
unpaid family members. The agricultural sector has the highest incidence of
both unpaid child labor and early entry into the workforce, which often occurs
between the ages of five and seven»4(*)
« Le travail des enfants est une `'aberration
économique'' et une violation des droits humains... »
(Aguilar Molinaet al., 2001 : 7).
Le Bénin est conscient des enjeux liés au
travail des enfants, en témoignent sa ratification à plusieurs
conventions de l'OIT contre le travail des enfants (la convention n°138
sur l'âge minimum d'admission à l'emploi (1973) et la convention
n°182 sur les pires formes de travail des enfants (1999). Malgré
cette détermination, le travail des enfants y est encore un sujet
d'actualité notamment dans le domaine agricole (BIT/INSAE, 2009 :
13)
Par ailleurs, la perception dans les sociétés
africaines et la place de l'enfant dans sa famille confèrent une
fonction économique et sociale au travail des enfants.
Tingbé-Azalou (sd : 4) remarque que le travail des enfants vu sous
l'angle de la socialisation en Afrique est une réalité
plutôt complexe qui met en jeu des phénomènes
socioculturels importants.
Au Bénin, peu d'études ont été
réalisées sur le travail des enfants dans la filière
coton, malgré l'importance de cette dernière pour le pays.
Comment comprendre et éradiquer le travail des enfants si des
études ne sont pas effectuées dans le domaine ?
C'est dans cette perspective que s'inscrit la présente
étude intitulée : « Le travail des enfants
dans l'agriculture, mythe ou réalité ? Une étude de
cas dans les exploitations cotonnières au Bénin»
La question centrale de recherche à laquelle cette
étude se propose de répondre est la suivante :Quels
sont les déterminants du travail des enfants dans les exploitations
cotonnières au Bénin ?
Plusieurs questions connexes découlent de cette
question centrale : elles se déclinent dans les points
suivants :
- Quelles sont les formes et les conditions de travail des
enfants dans les exploitations cotonnières ?
- Quelles sont les effets positifs et négatifs que
pourraient avoir le travail des enfants dans les exploitations
cotonnières ?
1.3. Objectifs et
intérêts de l'étude
L'objectif général de cette étude est de
contribuer à la compréhension du travail des enfants dans le
secteur agricoleau Bénin.
De façon spécifique, la présente
étude se propose de :
- OS1- Identifier et Analyser les facteurs
qui expliquent le travail des enfants dans les exploitations
cotonnières ;
- OS2- Analyser les effets du travail des
enfants dans les exploitations cotonnières.
L'intérêt de la présente
étude
F La présente étude est importante en ce sens
qu'elle permettra aux acteurs de la lutte contre le travail des enfants au
Bénin de disposer d'informations sur le phénomène du
travail des enfants dans la production cotonnière en vue d'y
remédier efficacement.
F « Ces dernières années, les
consommateurs sont de plus en plus exigeants sur la `'qualité'' du coton
qu'ils veulent plus `'propre'' et `'social''. A cet effet, plusieurs industries
textiles sont demandeuses de cotons équitable et biologique. Ces
filières représentent une opportunité pour le coton
africain. Elles assurent aux producteurs un revenu convenable5(*) et permettent une valorisation
du caractère durable (très peu consommateur de carbone et
d'intrants chimiques) de la production du coton africain »6(*). Le présent travail
permettra au Bénin de mieux cerner les contours du travail des enfants
dans les champs de coton en vue d'y remédier efficacement. Le pays
pourra de ce fait se positionner convenablement sur ces branches du
marché mondial.
F L'utilisation de la main d'oeuvre infantile en agriculture
prive sans doute une partie des jeunes et adultes en âge de travailler
d'emplois. La suppression progressive du travail des enfants pourrait
contribuer un tant soit peu à la réduction du taux de
chômage au Bénin.
F De façon personnelle, la présente étude
m'offre l'opportunité d'appliquer de manière approfondie les
nouvelles connaissances que j'ai acquises lors de la formation en Master
complémentaire en Développement, Environnement et
Sociétés. Ces connaissances qui sont
révélées par les travaux empiriques me seront sans aucun
doute d'une grande utilité dans mon parcours professionnel actuel et
futur.
1.4. Hypothèses de
recherche
Tremblay et Perrier (2006) définissent une
hypothèse comme « une supposition qui est faite en
réponse à une question de recherche ».
Deux hypothèses de recherche sous-tendent la
présente recherche :
Hypothèse 1 :Le travail des
enfants dans les exploitations cotonnières est lié au niveau de
vie du ménage.
La pertinence de cette hypothèse réside dans le
fait que la main d'oeuvre familiale et infantile est faiblement
rémunérée. Les exploitations agricoles font recours
à la main d'oeuvre infantile pour diminuer leurs coûts de
production afin de maintenir leur niveau de revenus face à la baisse des
cours mondiaux de coton et à la cherté des intrants agricoles.
Plus une famille est pauvre, plus elle fera recours à ce type de main
d'oeuvre.
Hypothèse 2 : Le travail des
enfants dans les exploitations cotonnières est lié aux
perceptions sociales et culturelles.
Le travail des enfants est perçu dans les
sociétés africaines comme une forme de socialisation et de
préparation de l'enfant à la vie adulte. En effet, l'organisation
sociale du travail prédisposerait l'utilisation du travail des enfants
dans les exploitations agricoles.
CHAPITRE 2 : REVUE
BIBLIOGRAPHIQUE
Le deuxième chapitre de cette étude aborde en
premier lieu, les notions et concepts nécessaires à la
compréhension du travaildes enfants. Ensuite, il aborde le cadre
théorique de l'étude. Enfin dans ce chapitre, il sera aussi
question du cadre contextuel de l'étude en lien avec le cadre
conceptuel.
2.1. Cadre conceptuel
La définition des concepts clés abordés
implicitement ou explicitement par le sujet de recherche s'avère
importante pour une meilleure compréhension de l'étude.
2.1.1. Le concept Enfant
Selon le Dictionnaire de l'Académie française,
étymologiquement, le mot enfant vient du latin
« infans » et signifiait chez les Romains,
« celui qui ne parle pas »7(*).
Du point de vue biologique,
« l'enfant désigne une personne qui n'a pas encore atteint
l'âge reproductif »8(*) .
Sur le plan légal, plusieurs
définitions de l'enfant existent dans la littérature :
v Selon le Dictionnaire pratique du droit humanitaire,
«l'enfant est un individu qui ne dispose pas d'une personnalité
juridique individuelle. Il est protégé par sa famille ou, en cas
de défaillance de sa famille, par la société. L'enfant est
une personne qui a des besoins spécifiques pour pouvoir se
développer normalement sur les plans physique et mental.».
v Par ailleurs, dans l'article 1 de la Convention
Internationale des Droits de l'Enfant, «Un enfant s'entend de tout
être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la
majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation
applicable. »9(*).
v Au niveau de la Charte Africaine des Droits et du
Bien-être de l'Enfant, « l'enfant est défini comme
tout être humain âgé de moins de 18 ans ».
D'après l'analyse de toutes ces définitions,
l'enfant est perçu comme un être en devenir qui nécessite
une attention particulière et qui a besoin d'être
protégé. Ainsi l'enfant a des besoins, dispose de droits mais
aussi de devoirs dans le contexte africain. En effet, « dans la
société africaine, l'enfant a des responsabilités envers
sa famille, la société, l'Etat... Il doit oeuvrer pour la
cohésion familiale et doit assistance à ses parents en cas de
besoin »10(*).
Dans la présente étude, la définition de
l'enfant qui est retenue est celle de la charte africaine puisque le
présent travail s'inscrit dans le contexte socioculturel africain.
Cependant dans le cadre du travail des enfants, les statistiques disponibles
font état de 5ans d'âge pour l'âge minimum de mise au
travail des enfants.
Ainsi, dans la suite du travail, l'enfant est tout être
humain âgé de 5 à 17 ans qui a non seulement le droit
d'être protégé mais aussi qui a des devoirs
vis-à-vis de sa famille et de la société en
général.
2.1.2. Le Travail des
enfants
Le travail des enfants n'est pas un
phénomène nouveau. Il est un
phénomène« mondial » et
n'est ni circonscrit au continent africain ni aux pays dits en voie de
développement en général. « Le travail des
enfants touche en effet tous les continents : en Asie et dans le
Pacifique, on note 122,3 millions d'enfants de 5 à 14 ans qui
travaillent dans plusieurs secteurs d'activités. En Amérique
latine et aux Caraïbes, on en dénombre 5,7 millions »
(CSAO/ OCDE, 2009 : 8).
Le travail des enfants existait depuis le
moyen-âgeet s'est accru au XIXème siècle pendant
la révolution industrielle. Ainsi « les enfants travaillaient
dans les manufactures et filatures anglaises. Au Maroc, les enfants
confectionnaient des tapis ; Aux Etats-Unis, des enfants étaient
exploités dans des ateliers de confection ; En Tanzanie, les
enfants ramassaient du café... » (UNICEF, 1997 : 17).
A cette époque, le travail des enfants était
jugé plutôt bénéfique. Certains homme politiques
défendaient le caractère moral du travail des enfants par le fait
qu'il permet à ces derniers de s'occuper et d'éviter par voie de
fait qu'ils ne deviennent des cas sociaux (d'HOOP, 2001 :17).
Le travail des enfants est une expression assez
complexe à définir. Le travail des enfants est
perçu différemment selon les cultures, les circonstances et les
secteurs d'activité. A cet effet, une définition universalisable
du travail des enfants n'existe pas encore (CSAO/ OCDE, 2009 : 9). Cette
complexité de l'expression travail des enfants est également
soulignée par
Melebeck (2001 : 70) qui dit que « le
travail des enfants va du travail destructeur et des pires formes
d'exploitation esclavagiste jusqu'au travail bénéfique et
formateur qui renforce ou favorise le développement de l'enfant sans
compromettre sa scolarité, ses loisirs et son repos... ».
Ainsi, certains types de travaux sont
bénéfiques pour les enfants tandis que certains sont
destructeurs.
Cette même différentiation entre `'travail
bénéfique'' et `'travail destructeur'' est faite dans un rapport
de l'UNICEF11(*) par
rapport au travail des enfants. Une définition du travail des enfants
doit alors intégrer ce paramètre.
« Le travail est bénéfique pour
l'enfant lorsqu'il renforce ou favorise son développement physique,
mental, spirituel, moral ou social sans compromettre sa scolarité, ses
loisirs et son repos. Il est par contre destructeur ou synonyme d'exploitation
lorsque nuisible au développement de l'enfant. Le travail des enfants se
situe ainsi entre ces deux extrémités » (UNICEF,
1997 : 25). Déjà en 1986, l'UNICEF a établi 9
critères qui transforment le travail des enfants en exploitation lorsque
les paramètres contenus dans l'encadré 1 sont impliqués.
Encadré 1: Critères
caractérisant l'exploitation des enfants
Encadré 1 : Critères impliquant
l'exploitation des enfants
v Un travail à plein temps à un âge trop
précoce ;
v Trop d'heures consacrées au travail ;
v Des travaux qui exercent des contraintes physiques, sociales
et psychologiques excessives ;
v Un travail et une vie dans la rue, dans des conditions peu
salubres et dangereuses ;
v Une rémunération insuffisante ;
v L'imposition d'une responsabilité excessive ;
v Un emploi qui entrave l'accès à
l'éducation ;
v Des atteintes à la dignité et au respect de
soi des enfants, comme l'esclavage ou la servitude et l'exploitation
sexuelle ;
v Un travail qui ne facilite pas l'épanouissement
social et psychologique complet.
Source : (UNICEF, 1986 : 3-4 cité par
UNICEF, 1997 : 25)
Cette même différentiation est faite par le
Bureau International du Travail pour la définition du travail des
enfants. « Cette définition exclut du travail des enfants
toute forme de travaux ne nuisant pas à la santé, au
développement physique, ou n'entravant pas la scolarité des
enfants et adolescents qui y participent » (BIT, 2002 cité par
BIT, 2004 : 16). Cette définition rejoint la notion de travail
bénéfique précédemment explicitée.
Selon le BIT (op.cit), sont classées dans ces formes de
travaux bénéfiques « les activités
ménagères ou familiales, exercées dans lesentreprises
familiales ou les activités exercées en dehors des heures
scolaires etpendant les vacances en vue de gagner de l'argent de poche
puisqu'elles contribuent au développement des enfants et au
bien-être de leur famille ».
Le BIT (op.cit) définit alors « le
travail des enfants comme l'ensemble des activités qui privent les
enfants deleur enfance, de leur potentiel et de leur dignité, et nuisent
à leur développementphysique et psychologique. Sont
considérés comme travail des enfants toutes formes de travaux
susceptibles de nuire à la santé et au développement
physique, mental, moral ou social desenfants; et decompromettre leur
éducation (en les privant de toute scolarisation;en les contraignant
à abandonner prématurément l'école; ou en les
obligeant à cumuler des activités scolaire et professionnelle,
cette dernièreétant trop longue et lourde pour
eux ».
« La définition du travail des enfants
acceptée et généralement utilisée est celle
contenue dans les conventions 138 et 182 de l'Organisation Internationale du
Travail (OIT). Elle implique :
a) Toutes activités économiques exercées
par des enfants âgés de moins de 11 ans ;
b) Toutes activités économiques qui impliquent
des enfants dont l'âge est compris entre 12 et 14 ans à
l'exclusion des « travaux légers » ;
c) Toutes activités économiques
effectuées dans des conditions dangereuses par des enfants dont
l'âge est compris entre 15 et 17 ans ;
d) « Les pires formes » de travail des enfants
effectués avant l'âge de 18 ans ».
(CSAO/OCDE, 2009 : 11).
L'article 32 de la Convention Internationale des Droits de
l'Enfant (CIDE), stipule que « l'enfant a le droit d'être
protégé contre l'exploitation économique et de
n'être astreint à aucun travail comportant des risques ou
susceptible de compromettre son éducation ou de nuire à sa
santé ou à son développement physique, mental, spirituel,
moral ou social ».
Cet article oblige les Etats parties à faire respecter
ce droit de l'enfant relatif au travail des enfants et à prendre des
dispositions pour l'application de cet article :
§ Fixation de l'âge minimum d'admission à
l'emploi ;
§ Fixation des horaires de travail et des conditions
d'emploi ;
§ Prise de peines et de sanctions pour les contrevenants
à cet article.
L'article 15 de la Charte Africaine des Droits et du
Bien-être de l'Enfant reprend la même définition que celle
contenue dans la CIDE. Mais elle ajoute au niveau des dispositions des Etats
parties un quatrième point qui est de « favoriser la
diffusion à tous les secteurs de la communauté d'informations sur
les risques que comporte l'emploi d'une main d'oeuvre
infantile » ;
Par ailleurs, les critères qui permettent de
définir et de catégoriser le travail des enfants selon les
différentes définitions peuvent se résumer en sept (7)
points :
La durée du travail : le nombre
d'heures par jour consacrées par l'enfant au travail ;
La pénibilité du travail :
cette pénibilité se définit en fonction de la charge du
travail en fonction de l'âge de l'enfant ;
Les conditions et environnement de
travail : ce critère implique le lieu où s'exerce
le travail ainsi que sa dangerosité sur la santé morale et
physique de l'enfant ;
La rémunération du travail :
ce critère concerne le travail salarié (en
espèces ou en nature) et le travail non
rémunéré;
L'accès à l'éducation :
ce critère est utilisé lorsque le travail des enfants
empêche la scolarisation et le maintien de l'enfant à
l'école ;
L'âge minimum de travail : dans
plusieurs pays, une catégorisation est faite par rapport au type de
travail que peut exercer un enfant en fonction de son âge ;
Le cadre de travail : ce critère
est utilisé pour différencier le travail de l'enfant dans le
cadre familial ou un autre cadre (chez des patrons, hors du cadre familial, en
émigration...)
L'analyse de ces différentes définitions montre
que le travail des enfants est considéré sous deux angles: le
travail qui favorise le développement de l'enfant d'une part, et celui
qui compromet son développement et son bien-être et les pires
formes de travail d'autre part.
Ainsi, dans cette étude la notion de `'travail
des enfants'' implique le travail qui a des effets et impacts négatifs
sur le bien-être des enfants.
2.1.3. Main d'oeuvre
infantile
Selon le dictionnaire de la langue française, la main
d'oeuvre est définie comme « tout travail effectué
par un ouvrier, le plus souvent en rapport avec sa valeur, son prix. En
anglais, c'est le `'labour force'' »12(*)
Selon (STCP et IITA, 2002 : 23), « La main
d'oeuvre infantile peut être décrite comme tout travail qui n'est
pas conforme aux principes définis dans les conventions et les
recommandations, notamment lorsque l'âge de l'enfant est inférieur
au minimum, pour une occupation ou un type de travail donné ou si
l'enfant travaille à une occupation qui, autrement ne serait pas
dangereuse, mais le devient pour les adolescents dans les conditions en
questions ». Ainsi même si l'enfant exerce une tâche
moralement, socialement et légalement acceptée, dans certaines
conditions telles qu'un volume horaire élevé par semaine par
exemple, cette tâche peut être qualifiée de main d'oeuvre
infantile.
« Cette définition marque une
distinction entre le travail économique des enfants et la main d'oeuvre
infantile. Elle définit le travail économique comme toutes
activités que les enfants accomplissent au sein ou en dehors du foyer en
échange d'un salaire, d'un revenu ou d'un profit familial, y compris le
travail familial non rémunéré » (STCP et IITA,
op.cit.).
La main d'oeuvre infantile fait apparaitre alors la notion de
l'âge minimal de l'enfant, de la dangerosité du travail et des
conditions spécifiques dans lesquelles ce travail s'effectue. Elle
pourrait alors être assimilée à la notion
d' `'exploitation abusive de l'enfant''
Les critères énoncés
précédemment au niveau du travail destructeur sont
également repris au niveau de la définition de la main d'oeuvre
infantile. Par souci de clarté, pour la présente étude, le
concept main d'oeuvre infantile est assimilé au travail destructeur de
l'enfant. Ainsi, il n'y aura pas de distinction entre ces deux concepts. Le
travail des enfants est synonyme de main d'oeuvre infantile dans la suite du
présent document.
2.1.4. Le concept de niveau de
vie des ménages
Le concept niveau de vie est défini comme
« la quantité de biens et services dont peut disposer un
individu, un ménage ou un groupe social, en fonction de ses
ressources »13(*).
« Le niveau de vie d'un ménage est
mesuré par le
revenu
disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de
consommation
(uc). Il est donc le même pour tous les individus d'un même
ménage »14(*).
« La notion de niveau de viediffère
de celle de «
qualité de
vie ». Cette dernière prend en compte non seulement le
niveau de vie matériel, mais aussi le niveau immatériel/humain
qui englobe des facteurs comme les loisirs, la sécurité, les
ressources culturelles, la santé mentale, etc »15(*).
A la lumière des différentes définitions,
le concept de niveau de vie prend en compte uniquement le niveau de revenus
ainsi que le niveau de consommation du ménage. Ainsi, pour une analyse
plus complète, c'est plutôt la notion de qualité de vie qui
est selon moi, la plus adaptée car elle intègre plusieurs
facteurs non moins importants pour la caractérisation d'un
ménage.
Mais compte tenu du temps qui est imparti à la
présente recherche, c'est le concept niveau de vie qui sera
utilisée.
2.1.5. Le concept
d'exploitation agricole
Dans le contexte européen en général et
français en particulier, « l'exploitation agricole est
définie comme une unité de production remplissant les trois
critères suivants :
v produire des spéculations agricoles ;
v avoir une gestion courante indépendante ;
v atteindre un certain seuil en superficie, en production ou
en nombre d'animaux »16(*).
« La définition du concept exploitation
agricole dans le contexte africain est différent de par sa
complexitéde celle du contexte européen (Gastellu, 1980 ;
Benoit-Cattin et Faye, 1982 ; Ancey, 1975 cité par
Mbétid-Bessaneet al., 2006 : 556). En effet, la notion
d'exploitation agricole en Afrique peut varier d'un pays à un autre et
même d'une région à une autre dans un même pays.
Toutefois le consensus semble être fait sur la définition de
Gastellu et Dubois (1997) qui proposent de substituer le concept
d'exploitation agricole à celui de « communauté
économique ». Selon ces auteurs, la communauté
économique regroupe un ensemble de personnes qui se coordonnent pour
assurer trois fonctions économiques : la production, la consommation, et
l'accumulation. Ces fonctions bien distinctes assurées par les
exploitations agricoles en Afrique ont été
précédemment identifiées par Tchayanov dans les secteurs
informels de l'économie paysanne de la société russe. La
communauté de production est perçue comme le groupe de personnes
qui contribuent à la création et à la fourniture du
produit ; la communauté de consommation est perçue comme le
groupe de personnes qui participent à la destruction d'une partie du
produit en vue de la reconstitution de la force de travail ; et la
communauté d'accumulation est perçue comme le groupe de personnes
qui mettent en commun le surplus obtenu après la
consommation » (Mbétid-Bessane et al., 2006 :
557).
Dans le cas de la présente étude, seule
l'unité de production sera abordée au niveau des exploitations
cotonnières. Les exploitations cotonnières sont composées
de plusieurs unités de production. Par ailleurs, l'exploitation
cotonnière est assimilée au ménage dans cette
étude.
2.2. Revue de
littérature
2.2.1. Revue de
littérature sur la filière coton au Bénin
2.2.1.1. Bref aperçu du
secteur agricole au Bénin
Le Bénin est un pays de l'Afrique de l'Ouest qui
s'étend sur une superficie de 115.762 km2 avec une population d'un peu
moins de 9 millions d'habitants. Il est limité au Nord par le Niger et
le Burkina-Faso, au Sud par l'océan Atlantique à l'est par le
Nigéria et à l'ouest par le Togo. Il forme un couloir vers les
pays de l'hinterland17(*).
Le Bénin fait partie des pays les plus pauvres du monde avec un revenu
annuel par habitant de 700 dollars US en 2008(PSRSA, 2010 :1).
Au Bénin, le secteur agricole est le premier pourvoyeur
d'emplois et constitue la principale source de créations de la richesse
économique nationale. Plus de 60% des actifs masculins et 35,9% des
actifs féminins réellementoccupés exercent une profession
agricole (INSAE, 2002 cité par PSRSA, 2010 : 9).
« L'agriculture béninoise contribue à la formation du
PIB pour plus de 30%. Les acticités de productions
végétales, animales, halieutiques et forestières se
développent dans huit (8) zones agro écologiques dont dispose le
pays. La taille moyenne des exploitations familiales est = 1,7 ha pour 7
personnes. Environ 5 % des exploitations du sud et 20% de celles du nord
disposent d'exploitations dont la taille est = 5ha »
(Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche et
Ministère du Développement, de l'Economie et des Finances du
Bénin, 2006, cité par PSRSA, 2010 : 2)
La production végétale du pays concerne les
cultures vivrières et les cultures de rente. Parmi les cultures de
rente, le coton est la plus dominante. Le graphe 1 ci-dessous présente
l'évolution de la production du coton au Bénin. Malgré la
tendance à la baisse que connaît cette culture ces
dernières années, elle reste la première culture
d'exportation du Bénin.
Graphique 1: Evolution de la
production du coton graine au Bénin
Source : USDA, cité dans le
document de Stratégied'opérationnalisation et déclinaison
en plans d'investissements sectoriels de la vision Bénin 2025,
2008 : 16.
2.2.1.2. Le cotonnier et ses
zones de productionau Bénin
v Le cotonnier
Le coton est une fibre naturelle et plus
particulièrement végétale issue d'une plante arbustive, le
cotonnier. Son genre est Gossypium avec plusieurs espèces
cultivées : Les variétés cultivées
appartiennent essentiellement aux espèces Gossypium hirsutum
et Gossypium barbadense18(*), accessoirement
à G. arboreum et à G.
herbaceum. Le cotonnier fait partie de la famille des
Malvacées et pousse dans les régions tropicales et subtropicales
arides. Toutefois, le développement de méthodes culturales
adaptées a permis l'extension de sa culture à l'intérieur
d'une bande allant de 47° de latitude nord (Ukraine) à 32° de
latitude sud (Australie). Au cours de la campagne agricole 2007/2008,
l'Organisation des Nations Unies a répertorié 65 pays qui
cultivaient du coton dont la répartition par continent est
présentée dans le graphe 2 (infocom/CNUCED, Sd)19(*).
Graphique 2: Nombre de pays
producteurs de coton fibre par continent pour la campagne agricole
2007/2008
Source: Graphique réalisé à
partir des données du Secrétariat de la CNUCED20(*)
d'après les données statistiques du CCIC.
L'analyse du graphique 2 montre que le nombre de pays
producteurs de coton est plus élevé en Afrique et en Asie que
dans les autres continents. Ce constat est justifié en raison de
l'écologie de la plante qui nécessite des températures
comprises entre 12°C et 15°C pour sa germination. Aussi, pour les
phases de fructification et de maturation, le cotonnier nécessite des
régions très ensoleillées21(*).
Le cotonnier est généralement exploité
comme une plante annuelle et est utilisé pour ses fibres et ses graines
oléagineuses. Les tourteaux issus de la trituration des graines sont
utilisés dans l'alimentation du bétail En outre, les graines de
coton servent à la productiond'une huile alimentaire qui se classe au
cinquième rang mondial quant aux quantités utilisées, avec
environ 5% de la consommation mondiale d'huiles végétales
(infocom/CNUCED, Sd).
Photo 1 : Cotonnier avec du
coton-grainePhoto 2 : Graines de coton recouvertes de
linter
v Zones de production du coton au
Bénin
Les conditions climatiques du Bénin se prêtent
bien à la culture du coton. Avec une température moyenne autour
de 28°C et des précipitations annuelles variant entre 900 et
1300mm, la production du coton en culture pluviale y est rendue possible. Seule
la partie sud proche de l'océan Atlantique n'est pas propice à
cette culture en raison du taux élevé de l'humidité
relative de l'air (Franke 1976, Mémento de l'Agronome cité par
Lawson, 2008). Le cotonnier est cultivé par environ un tiers des paysans
au Bénin et occupe environ 20 % de la superficiecultivéeau niveau
des exploitations agricoles.L'espèce Gossypiumhirsutum est la
plus cultivée. Le Bénin dispose de huit (8) zones
agroécologiques dont cinq (5) sont des zones de production
cotonnière (Voir Annexe1).Il s'agit de la :
§ Zone cotonnière du Nord ;
§ Zone vivrière du sud du Borgou ;
§ Zone de l'Ouest Atacora ;
§ Zone cotonnière du Centre Bénin
§ Zone des terres de barre.
Le tableau 1 présente les communes et les
systèmes culturaux des différentes zones de production
cotonnière au Bénin.
Tableau 1: Répartition
des zones de production cotonnières au Bénin
Zones
|
Communes
|
Systèmes culturaux (à base de)
|
Zone cotonnière du Nord
|
Ségbana, Gogounou, Banikoara, Kandi et Kérou
|
Sorgho, maïs et igname
|
Zone vivrière du Sud du Borgou
|
N'Dali, Nikki, Kalalé, Sinendé, Péhunco,
Bembèrèkè et Kouandé
|
Igname
|
Zone de l'Ouest de l'Atacora
|
Cobly, Ouaké, Boukoumbé,
Tanguiéta, Natitingou, Djougou, Toucoutouna et Copargo
|
Mil, sorgho et igname
|
Zone cotonnière du Centre du
Bénin
|
Bassila, Parakou, Tchaourou, Bantè,
Savè, Savalou, Kétou, Djidja, Dassa et
Aplahoué
|
Céréales, tubercules et légumineuses.
|
Zone des terres de barre
|
Abomey-Calavi, Allada, Kpomassè, Tori-Bossito, Zè,
Djakotomè, Dogbo, Klouékanmè, Houéyogbé,
Toviklin, Adjarra, Ifangni, Missrété,Avrankou, Porto-Novo,
Sakété, Abomey, Agbangnizoun, Bohicon, Covè, Za-kpota,
etZagnanado.
|
Maïs en tête de rotation, manioc, et
surtout l'arachide.
|
Source : Ton et al., (2004 : 6)
Les trois premières zones,qualifiées de zones
Nord, à elles seules rassemblent 86% de la production nationale de coton
et sont composées des départements de l'Atacora (18%), Alibori
(41%), Borgou (21%) et Donga (5%). Les deux dernières zonesrassemblent
14% de la production nationale et sont composées des départements
des Collines, Zou, Mono, Couffo, Ouémé et plateau (Ton, et
al., 2004 :6 ).
2.2.1.3. Description de la
filière coton au Bénin
v Historique de la production de coton
La culture du coton a été introduite au
Bénin depuis les années 1960, année d'indépendance
du pays. Son introduction forcée en milieu rural comme culture de rente
par les pouvoirs publics d'alors ne fut pas sans résistance. Toutefois,
une grande majorité de producteurs y ont adhéré par la
suite (Agbachi Ale, 2008 : 89).
La production du coton au Bénin a évolué
en dents de scie depuis 1960 jusqu'en 1986, année pendant laquelle, la
culture du coton a commencé par prendre un réel essor.
§ « De 1960 à 1972 : Avec l'appui
technique (encadrement technique, introduction de nouvelles
variétés...) de la Compagnie Française du
Développement des Fibres et Textiles (CFDT) pour le Borgou22(*) et la Société
d'Aide Technique et de Coopération (SATEC) pour le Zou23(*) à travers les projets
de développement, la production de coton a été
impulsée au Bénin ;
§ De 1972 à 1977 : Suite à un coup
d'état militaire dans le pays le 26 0ctobre 1972, où un
régime marxiste-léniniste prit le pouvoir il fut demandé
à la CFDT de quitter le Bénin, puisque la culture du coton
était perçue comme un symbole du colonialisme. Cette situation
entraina une chute considérable de la production.
§ De 1978 à 1986 : Reprise hésitante,
puis relance rapide de la production cotonnière grâce à
l'appui de la Banque mondiale et de l'Agence Française de
Développement à travers le financement de grands projets de
développement rural intégré du Borgou et du Zou.
§ Au début des années 1986, la
filière a été prise en charge par l'Etat à travers
la Société Nationale pour la Promotion Agricole (SONAPRA).
Cependant, dans cette même période, suite à la crise de la
dette et des Programmes d'Ajustements Structurels (PAS), plusieurs rôles,
jadis assurés par l'Etat ont été
délégués au secteur privé et aux organisations
paysannes. En outre, l'histoire de la production cotonnière au
Bénin n'est pas linéaire. Elle est jalonnée de crises,
dont l'actuelle en 2012 est la reprise en main de la filière coton et la
suspension de l'accord24(*) qui le liait à l'Association
Interprofessionnelle de Coton (AIC).» (Akinde, 2012 : 97)
v Importance de la filière coton
A l'instar de plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest et du
Centre, la filière cotonnière est économiquement et
socialement stratégique pour le Bénin comme le montre le tableau
2 ci-après.
Tableau 2:Importance
socioéconomique de la filière coton au Bénin
Contribution du coton
|
Importance macroéconomique
|
Tissu industriel local
|
60%
|
Formation du PIB en termes de valeur
ajoutée
|
13%
|
Recettes intérieures
|
45%
|
Recettes d'exportation
|
80%
|
Importance socioéconomique
|
Contribution au revenu monétaire des producteurs
(surtout au Nord)
|
2/3 voire ¾
|
Génération d'emplois directs et
indirects
|
Environ 320 hommes-jours agricole/tonne de coton fibre
produite
|
3500 emplois au niveau des usines de transformation
|
Construction d'infrastructures
sociocommunautaires...
|
Source :Tableau construit à
partir des données du Ministère de l'économie et des
finances, Bénin (2010 : 11-13)
L'analyse du tableau montre que la filière coton est
l'une qui emploie le plus de main d'oeuvre aussi bien salariée que
familiale dans le secteur agricole au Bénin.
v Différents maillons et acteurs directs de la
filière
« Deux grandes catégories d'activités
sont conduites au sein de la filière coton au Bénin. Il s'agit de
la :
§ la production du coton graine par les producteurs qui
sont de petits exploitants agricoles ;
§ la transformation du coton graine en coton fibre et
graines par les usines d'égrenages (20 au total) d'une part et la
trituration des graines par des huileries qui en extraient de l'huile
alimentaire et des tourteaux pour l'alimentation animale.
A l'issue de cette transformation, 95% du coton fibre est
exporté et 5% sont destinés aux filatures locales. L'huile et les
tourteaux sont utilisés sur le plan local et dans une moindre mesure au
plan régional. Ces différents maillons de la filière sont
soutenus par différentes organisations et structures publiques et
privées à travers l'encadrement technique, l'approvisionnement en
intrants et la commercialisation du coton. Il s'agit entre autres de la
Société Nationale pour la Promotion Agricole (SONAPRA), des
Centres Agricoles Régionaux pour le Développement Rural (CARDER),
de l'Association Interprofessionnelle du Coton (AIC)25(*) » (Ahohounkpanzon et
Zakari Allou, 2010 :1).
La figure 1 ci-après présente les principaux
maillons de la filière coton au Bénin ainsi qu'une
présentation sommaire des acteurs de chaque maillon.
Figure 1: Acteurs et maillons
de la filière coton au Bénin
Source : Adapté de
Ahohounkpanzon et Zakari Allou (2010 :1)
Les secteurs de la production et de la transformation sont
ceux qui emploient le plus de main d'oeuvre dans la filière coton au
Bénin comme le montre le tableau 1.
La main d'oeuvre familiale et salariée est
utilisée majoritairement au niveau de la production. « Au
Mali, la production cotonnière est surtout axée sur la main
d'oeuvre familiale » (Nubukpo et Kéita, 2005). A l'instar du
Mali, les principales zones cotonnières de l'Afrique de l'Ouest et du
centre dont le Bénin utilisent ce type de main d'oeuvre.
v Utilisation de la main d'oeuvre dans le secteur
cotonnier
« L'utilisation de la main d'oeuvre infantile dans
l'agriculture découle généralement de la structure des
systèmes de production familiale et agricole qui met les enfants au
travail précocement pour faire face à la forte demande en
main-d'oeuvre » (CSAO/OCDE, 2009 : 7)
Au Bénin, la production du coton se fait en grande
partie avec l'aide de la main d'oeuvre familiale. Cette main d'oeuvre est
constituée des hommes, des femmes, des enfants. Les hommes s'occupent
des opérations culturales qui nécessitent l'utilisation de
matériels agricoles (labour à charrue, la fertilisation à
base d'engrais synthétiques, les traitements phytosanitaires). Les
femmes et les enfants quant à eux participent aux opérations du
semis, au sarclage et à la récolte. Pour les opérations
dont la pénibilité est élevée, la main d'oeuvre
salariée composée de travailleurs temporaires migrants ou non est
utilisée (Ton et al., 2004: 10-11).
Une étude menée au Mali sur la part de la main
d'oeuvre salariée dans les opérations culturales au niveau de la
production de coton révèle que les producteurs y font recours
pour la récolte et le sarclage en grande partie. Les autres
activités culturales sont plutôt du ressort de la main d'oeuvre
familiale comme le montre la figure 2 (Nubukpo et Kéita, 2005 :
2005).
Une étude conduite en 2009 dans les zones
cotonnières au Bénin fait état de l'utilisation de
plusieurs types de main d'oeuvre dans les exploitations
cotonnières: la main d'oeuvre salariée qui peut être
permanente, saisonnière ou journalière ; la main d'oeuvre
familiale et les travailleurs issus des groupements d'entraide et de
solidarité (utilisés occasionnellement et en très faible
proportion). L'allocation de ces différents types de mains d'oeuvre
varie en fonction de la taille de l'exploitation ; des types d'outils
utilisés pour les opérations culturales (traction animale ou
manuelle) ; du type de rémunération et de la charge des
exploitations, c'est-à-dire le ratio entre le nombre d'actifs et le
nombre d'inactifs de l'exploitation (Yerima et Affo, 2009 : 10)
Graphique 3:
Répartition de la main d'oeuvre salariée dans les
opérations culturales du coton au Mali pour la campagne 2003-2004
Source : Graphique
réalisé à partir des données du MAEP/CAMFPGP
cité par Nubukpo et Kéita (2005 : 14)
2.2.2. Revue de littérature sur le travail des
enfants
2.2.2.1. La situation du
travail des enfants au Bénin : quelques statistiques26(*)
Le tableau 3 présente quelques données sur le
travail des enfants au Bénin. Ces données sont issues de
l'enquête nationale sur le travail des enfants réalisées au
Bénin en 2008.
Au total, 1.952.227 enfants âgés de 5 à 17
ans ont été recensés lors de l'enquête. Sur cet
effectif, 664.537 enfants sont occupés économiquement, soit 34%
des enfants âgés de 5 à 17 ans.
Tableau 3: Quelques
statistiques sur le travail des enfants au Bénin
Milieu de résidence (%)
|
Sexe
|
Typologie des enfants
|
Volume horaire (moyen) par semaine
|
Statut des enfants travailleurs*
|
-Urbain : 18,7%
(N=124.244)
-Rural : 81,3%
(N=540.293)
|
-Masculin : 53,5%
-Féminin : 46,5%
|
-Enfants astreints à un travail à abolir :
90,1%
(N=598.521)
-Enfants exerçant des travaux légers :
9,9%
(N=66.016)
|
Garçons : 16h
Filles : 19h
|
-Travailleurs familiaux non
rémunérés : 83%
-Travailleurs indépendants : 6%
-Apprentis/Stagiaires : 7%
-Travailleurs rémunérés : 4%
|
-Enfants effectuant des travaux dangereux : 69,3%
(N=460.297)
-Enfants effectuant des travaux non dangereux : 30,7%
(N=204.240)
|
N=
effectif ; % : Pourcentage ;
* : ces statistiques sur le statut du travail concernent
l'ensemble des enfants effectuant des travaux à abolir dont l'effectif
est de 598.521 enfants.
Source :BIT/INSAE (2009 :61)
Effectif total des enfants occupés économiquement
âgés de 5 à 17 ans: 664537 enfants. Ainsi les statistiques
données concernent cet effectif.
2.2.2.2. Les secteurs
d'activités des enfants travailleurs au Bénin
« De par le monde, 215 millions d'enfants
travaillent dont 115 millions impliqués dans des travaux
dangereux » (ILO, 2010 : 6-7).
Dans le monde et au Bénin, le secteur agricole est
celui où plus d'enfants travailleurs sont trouvés comparativement
aux autres secteurs d'activités. Respectivement 60% et 64,5% d'enfants
âgés de 5 à 17 ans travaillent dans l'agriculture dans le
monde et au Bénin (Cf. graphique 4). Ces statistiques montrent
l'ampleur du travail des enfants dans le secteur agricole au Bénin.
Cette situation s'explique par le fait que l'agriculture y est faiblement ou
presque pas mécanisée avec l'utilisation d'outils aratoires comme
la houe, la daba... » (BIT/INSAE, 2009 : 22)
Graphique 4: Répartition
d'enfants travailleurs par secteur d'activités dans le monde et au
Bénin
Source : Graphe réalisé
à partir des données de ILO (2010 : 10) pour les
statistiques du monde et du BIT/INSAE (2009 : 22) pour les statistiques du
Bénin
Au Bénin, le travail des enfants dans l'agriculture est
un phénomène plus rural qu'urbain (81,3% d'enfants en milieu
rural contre 18,7% en milieu urbain). Par ailleurs, les enfants de sexe
masculin sont plus impliqués dans l'agriculture (73, 6%) que les enfants
de sexe féminin (56, 3%). Le secteur agricole est suivi de loin par le
commerce ou les services de restauration. Dans ce secteur dominé par la
main d'oeuvre féminine, les filles sont plus astreintes à des
travaux interdits27(*) que
les garçons (27,3% contre 13,3%). Ces deux
secteurs (agricole et services) regroupent plus de quatre cinquième des
enfants astreints à un travail à abolir (BIT/INSAE, 2009 :
31), Voire tableau 4.
Tableau 4: Répartition
par sexe et par secteurs d'activité des enfants astreints aux travaux
à abolir au Bénin
|
Agriculture
|
Services
|
Autres
|
Total
|
Garçons
|
73,6%
|
13,3%
|
13,1%
|
100%
|
Filles
|
56,3%
|
27,3%
|
16,4%
|
100%
|
N= 598. 521 enfants (astreints à des
travaux à abolir)
Source : BIT/INSAE, 2009 :87
2.2.2.3. Caractérisation
du travail des enfants et typologie des enfants travailleurs
v Caractérisation du travail des
enfants
Dansla littérature plusieurs caractérisations
sont faites du travail des enfants. Ces caractérisations sont faites
généralement en fonction de l'âge minimum de mise au
travail et les conditions de travail des enfants. Ainsi le BIT propose une
caractérisation du travail des enfants présentée dans la
figure 2 ci-dessous. Les cases blanches correspondent aux formes de travail
acceptablespour les enfants et les cases bleues aux formes de travail à
abolir.
Figure 2: Typologie du
travail des enfants
18ans
15ans
12ans
Travail dangereux
Travail exclu de la législation sur l'âge
minimum
Travail léger
Travail non dangereux
Formes intrinsèquement condamnables detravail des
enfants
Source : OIT (2002) cité par BIT
(2004 : 17)
L'âge minimum d'admission à l'emploi ou au travail
est fixé par la législation nationale de chaque pays. La
convention n° 138 de l'OIT fixe à 15 ans l'âge minimum pour
les pays développés maisun enfant peut devenir un apprenti ou
suivre une formationprofessionnelle à un plus jeune âge (14 ans),
notamment dans les pays en voie de développement. Au Bénin,
l'âge minimum pour le travail est fixé à 14 ans28(*).
Pour les travaux légers, l'âge peut être
fixé à 12 ou 13 ans.
La figure présente 5 catégories de travail des
enfants :
§ Le travail exclu de la législation sur
l'âge minimum : regroupe les travaux ménagers, le
travail dans l'entreprise familiale, le travail effectué dans le cadre
de l'éducation
§ Le travail léger et le travail non
dangereuxdoivent être sans danger pour la santé et le
développement de l'enfant et ne doit pas l'empêcher d'aller
à l'école ou de « bénéficier de sa formation
».
§ Le travail dangereux concerne :
o les travaux qui s'effectuent sous terre, sous l'eau, à
des hauteurs dangereuses ou dans des espaces confinés ;
o les travaux rares avec des machines, du matériel ou des
outils dangereux, ou qui impliquent de porter ou de manipuler de lourdes
charges ;
o les travaux qui s'effectuent dans un milieu malsain, pouvant
par exemple exposer les enfants à des substances, des agents, ou des
procédés, ou à des conditions de température, de
bruit ou de vibrations préjudiciables à leur
santé ;
o et les travaux qui s'effectuent dans des conditions
particulièrement difficiles, par exemple de longues heures, ou la nuit,
ou pour lesquels l'enfant est retenu de manière injustifiée dans
les locaux de l'employeur.
§ Les formes intrinsèquement condamnables de
travail des enfants : elles concernent le travail forcé,
la servitude, le recrutement forcé dans les conflits armés, la
prostitution et la pornographie, la traite et l'esclavage et toutes autres
activités illicites.
Le Bénin n'a pas encore défini une liste
exhaustive des types de travaux pouvant être qualifiés de
dangereux pour les enfants.
L'encadré 2 suivant présente une liste de
quelques tâches, qui lorsqu'effectuées régulièrement
par les enfants sontconsidérées comme `'travail des enfants''
dans les exploitations de cacao.
Encadré 2: Liste des
tâches considérées comme travail des enfants
Encadré 2 :
Liste des tâches considérées comme `'travail des enfants''
incluant les travaux destructeurs et bénéfiques
Préparation des parcelles
Entretien des mauvaises herbes et plants de cacao
Épandage de pesticides et
d'engrais
Récolte
Collecte et cassage des cabosses
de cacao
Fermentation, transport
Séchage des fèves de
cacao
Et autres activités
liées à l'exploitation
Source : ICCA, 2002 cité par CSAO/OCDE,
2009 : 22
Parmi ces activités, la Côte d'ivoire, premier
pays producteur de cacao dresse par arrêté ministériel une
liste exhaustive des travaux déclarés dangereux dans la
cacaoculture:
v Le traitement chimique des pépinières de
cacao
v L'épandage de produits et engrais chimiques
v Le brûlage des champs
v L'abattage des arbres ;
v Le port de charges lourdes (Aka, 2009 : 39)
v Typologie des enfants travailleurs
Dans le cadre d'une étude
intitulée `' travail des enfants dans les plantations
ouest-africaines'', ICCA, 2002 (cité par CSAO/CAD, 2009 : 22)
distingue trois catégories majeures d'enfants travailleurs en Afrique de
l'Ouest selon le cadre, le milieu de travail ainsi que le type de
rémunération de l'enfant synthétisées dans le
tableau ci-après
Tableau 5: Typologie des
enfants travailleurs dans les exploitations de cacao en Afrique de
l'ouest
Catégorie
|
Cadre de travail
|
Milieu de travail
|
Type de rémunération
|
Travail en famille
|
Liens de parenté très proches du chef
d'exploitation
|
Exploitation familiale
|
Travail rémunéré ou non
|
Travail en famille d'accueil
|
Liens de parenté élargie avec le chef
d'exploitation
|
Exploitation d'un membre de la communauté ou d'un
village
|
Travail rémunéré ou non
|
Travail salarié
|
Aucun lien de parenté avec le chef d'exploitation
|
Exploitation quelconque
|
Travail rémunéré
|
Source : Tableau
réalisé et adapté à partir des données de
ICCA, 2002 cité par CSAO/CAD, 2009 : 22)
· La 18ème conférence
internationale des statisticiens du travail a consacré une
« définition statistique du travail des enfants qui
englobe les enfants de 5 à 17 ans qui, au cours de la période de
référence, ont exécuté toute activité
relevant du domaine de la production générale du Système
de Comptabilité Nationale (SCN)29(*). Cette définition donne lieu à une
typologie des enfants travailleurs (Voir encadré 3).
Encadré 3: Typologie
des enfants travailleurs
Encadré 3 : Typologie des enfants
travailleurs selon le Système de Comptabilité
Nationale
Les enfants occupés
économiquement : Les enfants occupés
économiquement sont :
v ceux qui s'engagent dans toute activité qui couvrent
l'ensemble de la production marchande et certains types de production non
marchande (principalement la production de biens et de services pour compte
propre) ;
v Ceux qui travaillent dans le secteur formel ou
informel ;
v Ceux qui effectuent des tâches dans le cadre familial
ou à l'extérieur ;
v Ceux qui effectuent des tâches
rémunérées (en espèce ou en nature) ou non
rémunérées.
Cet ensemble comprend deux sous-ensembles : les enfants
astreints au travail et les enfants effectuant des travaux dangereux
§ Les enfants astreints au
travail : effectuent des tâches sous leurs pires
formes. Ils sont :
- Ceux qui accomplissent un travail
sans avoir atteint l'âge minimum spécifié pour ce
travail ; - Ceux qui travaillent pendant de longues heures par
semaine ;
Sont exclus de cette catégorie tous les enfants qui ne
sont employés que quelques heures par semaine à des travaux
légers autorisés et ceux ayant dépassé l'âge
minimum dont le travail n'est pas répertorié comme étant
«dangereux» ou parmi les autres pires formes de travail des
enfants.
§ Les enfants exécutant des travaux
dangereux : ce sont ceux qui exécutent des
activités ou toute autre occupation qui, de par leur nature ou type
occasionnent directement ou indirectement des effets dommageables pour la
sécurité, la santé et le développement moral de
l'enfant.
Source : BIT, (2010 : 6)
2.2.2.4.La perception et la
fonction du travail des enfants dans les sociétés africaines
Selon Rodgers et standing, (1981 cité par Lachaud,
2003 : 3), les « normesculturelles » revêtent et jouent
un rôle importantdans les sociétés africaines.
Ainsi, le travail des enfants y est moulé dans des
réalités sociales et culturelles complexes. Le travail des
enfants est perçu dans les sociétés traditionnelles
africaines comme une forme de socialisation et d'éducation de l'enfant.
Il le prépare à sa vie de future adulte (Tingbé-Azalou,
sd : 4 ; Lachaud,op.cit ; Diallo, 2008 : 2). Cette
perception du travail des enfants peut être assimilée à
celle du moyen-âge dans les sociétés occidentales où
les enfants participaient à divers activités agricoles, ou du
ménage lorsque leurs capacités physiques le leur permettent
(Alexandre et Lett, 1998 ; Manier, 1999 cités par Bahri et
Gendreau, 2002 : 497).
« L'héritage culturel des Africains est
constitué d'une société à tendance
gérontocratique où les aînés et les cadets ont des
fonctions bien différentes.... Dans ce processus, les enfants doivent
travailler sur les terres des aînés ou des parents, pour le compte
de ceux-ci. En contrepartie, ils auront différentes formes d'assurance :
l'obtention de femmes à épouser, de logement et de terres
à cultiver pour leur propre compte, etc » (Koulibaly,
1997 cité par Diallo, 2008 : 3). De fait, l'organisation sociale
des exploitations familiales en milieu rural favorise très tôt
l'entrée des enfants sur le marché du travail (Lachaud,
2003 : 3-4).
Cependant, cet aspect traditionnel du travail des enfants est
de plus en plus galvaudé. En effet, loin d'être une forme de
socialisation et d'éducation, le travail des enfants assure dans le
contexte africain actuel une fonction purement économique et
monétaire, allant jusqu'à l'exploitation des enfants (Bahri et
Gendreau, op.cit.).
Le phénomène
« vidomégon » au Bénin en est une
illustration parfaite. Il consiste à déplacer l'enfant de chez
ses parents biologiques et à le placer chez l'un de ses parents proches
ou éloignés dans le cercle familial élargi. Jadis, la
pratique de « vidomégon » était une forme de
socialisation, d'éducation et de protection de l'enfant. Elle
était également une forme de resserrement des liens sociaux
entre les membres de la grande famille. Mais depuis plusieurs décennies,
plusieurs facteurs sociaux et économiques (économie du
marché ; avènement des familles nucléaires...)
entraîne une marchandisation et l'exploitation économique pure et
simple de l'enfant placé. Ce dernier est de plus en plus victime de
formes de violences et de maltraitances de tout genre, de la traite et soumis
illégalement et précocement au travail (Hounyoton, 2009).
Le phénomène des enfants talibés est une
autre forme de détournement de l'éducation et de la socialisation
des enfants au Sénégal. Destiné à faire
acquérir à l'enfant le sens de l'humilité et celui de la
vie religieuse, l'éducation religieuse des enfants s'est
transformée en activité lucrative où les enfants sont
envoyés mendier dans les rues pendant plus de 10heures par jour
(Barboza, 2006 : 5-6).
2.2.2.5. Les différents
points de vue sur le travail des enfants
v L'indifférence ou le
laisser-faire
Ce point de vue de statut quo ou du laisser-faire est
relatif aux courants de pensée qui dénient l'existence du travail
des enfants ou qui le conçoivent comme un phénomène
structurel lié à la pauvreté qui ne peut être
éradiqué tant que cette dernière existera (Unicef,
1997 : 20).
Mais, le développement actuel sur le travail des
enfants, ces dernières décennies, ne laisse plus personne
indifférent. Les débats actuels reconnaissent l'existence du
travail des enfants et les différents acteurs sont partagés entre
abolitionnisme et réglementation.
v Le point de vue des abolitionnistes
« Le discours sur l'interdiction complète du
travail des enfants, qualifié également de `'militantisme'' est
porté par de nombreux acteurs dont les institutions internationales et
agences onusiennes avec l'OIT comme chef de file ; les gouvernements
conservateurs et progressistes, du Nord comme du Sud ; des organisations
patronales mais aussi de travailleurs, comme la Confédération
syndicale internationale (principale organisation syndicale mondiale), ainsi
qu'une large frange de l'opinion publique et de la société
civile.
Dans ce discours, l'enfant travailleur est perçu comme
une victime à protéger absolument et le travail des enfants
à éliminer sous toutes ses formes » (Leroy, 2009 :
22).
Ce point de vue fait consensus et rallie bon nombre d'acteurs.
Cependant, certains discours reconnaissent le travail des enfants et
prônent sa réglementation et non une suppression complète.
Ce sont les « non abolitionnistes » ou les
« régulationnistes »
v Le point de vue des partisans de la
réglementation du travail des enfants
De plus en plus, des discours s'élèvent pour
contester le point de vue abolitionniste du travail des enfants. Ce courant de
pensée prône plutôt une réglementation du travail des
enfants. Bourdillon(2009 : 38), dans son article intitulé `'enfants
et travail : examen des conceptions et débats actuels rejoint ce
courant: « je rejoins ceux qui soutiennent que les enfants ont
droit aux bénéfices résultant du travail approprié
à leur âge (qu'il soit payé ou non) et que lorsqu'ils sont
empêchés de travailler, et surtout de gagner de l'argent, les
enfants vulnérables sont souvent lésés davantage que
protégés ». Comme Bourdillon, les partisans de la
réglementation du travail des enfants se basent sur les arguments
précédemment déclinés et perçoivent
l'élimination complète du travail des enfants comme
irréaliste.L'une des plus importantes ONG de défense des droits
de l'enfant Save the Children (SVC),souligne que « retirer les enfants
du travail sans penser à l'impact que cela aura sur leur survie et leur
développement n'est pas dans leur intérêt supérieur
» (SVC, 2003 cité par Leroy, 2009 :29 ).
Cette vision du travail des enfants n'est pas nouvelle. Elle
était portée par plusieurs auteurs dont Karl Marx. Il
prône « la combinaison de l'enseignement lié au
travail productif et l'école dans l'idéologie socialiste
déjà dans les années 1875. Karl Marx
perçoit les enseignements liés au travail productif (le travail
dans les usines ; le travail manuel des enfants... ) comme un des moyens
puissants pour la transformation de la société». Il
montre également que « la journée scolaire
unilatérale est improductive en ce sens qu'il augmente le travail des
instituteurs et serait complètement nuisible pour la santé et
l'énergie des enfants »30(*)
Les partisans de ce discours sont généralement
composés de mouvements d'enfants travailleurs31(*), d'Organisations Non
Gouvernementales actifs de terrain, de syndicats locaux, des chercheurs et des
leaders sociaux.
« En 2006, les mouvements d'enfants et
d'adolescents travailleurs d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine posent
un geste d'une grande portée symbolique, en s'opposant à la
journée mondiale de l'OIT contre le travail des enfants (12 juin) et
proclament par ailleurs le 9 décembre, journée mondiale pour la
dignité des enfants et jeunes travailleurs » (Leroy,
2009 : 29).
2.2.2.6. Les causes du travail
des enfants
Plusieurs facteurs tant économiques que sociaux sont
mis en avant pour expliquer le travail des enfants. La pauvreté des
ménages est le premier facteur souvent cité dans la
littérature comme déterminant du travail des enfants.
Une étude de ILO (2010), menée sur le travail
des enfants en agriculture fait état de trois (3) principales causesdu
travail des enfants :
v « Pervasive poverty in rural areas and
low visibility of child labour in agriculture »:la
pauvreté est l'une des causes les plus importantes du travail des
enfants. En effet, dans les situations de pauvreté et
d'analphabétisme des parents, notamment dans les zones rurales, les
enfants travaillentpour leur survie et participent à la création
des revenus du ménage. Par ailleurs, l'invisibilité du travail
des enfants serait également un facteur expliquant le travail des
enfants.
v « Limited access to quality
educationin rural areas »:le manque d'infrastructures
scolaires et d'enseignement de qualité adaptés aux besoins des
communautés agricoles serait également à l'origine du
travail des enfants. En effet, Les calendriers agricoles souvent saisonniers,
sont incompatibles avec les calendriers scolaires. Les migrations
saisonnières pour causes de travail agricole, ne favorisent pas non
plus la présence régulière et assidue des enfants à
l'école.
v « Life-cycle
impact »:Le travail des enfantsdiminue leurs chances
d'accéder à un travail décent, une fois adulte. Comme
leurs parents, les anciens enfants travailleurs comptent sur leurs propres
enfants pour des dépenses du ménage. Le cercle vicieux de la
pauvreté, de l'analphabétisme et du travail des enfants est ainsi
perpétué.
Une étude32(*) menée par l'Institut International
d'Agriculture Tropicale dans 4 pays producteurs de cacao (Cameroun, Côte
d'Ivoire, Ghana et Nigeria) en 2002 a identifié une série de
facteurs explicatifs du travail des enfants dans les plantations de cacao:
v la pauvreté très importante aussi bien dans
les zones de provenance des enfants travailleurs que dans les sites de
production ;
v la faiblesse des revenus ;
v le système foncier complexe et les pratiques de
métayage ;
v la faiblediversification des productions agricoleset
l'absence de moyens d'existence alternatifs ;
v les pratiques séculaires en matière de
mobilité et d'utilisation des enfants dans les plantations souvent
d'origine familiale,
v la configuration et l'éclatement des familles.
Une autre étude menée sur le travail des enfants
dans la filière vanille dans la région de Sava à
Madagascar en 201133(*) a
identifié 3 principaux facteurs déterminant le travail des
enfants. Il s'agit de :
v la pauvreté des ménages
v l'absence de centres de formations pour la
filière : la `'formation sur le tas'' est la seule disponible pour
que la génération future puisse prendre la relève et la
continuité de la filière vanille. Ainsi, les ménages de la
région de Sava ne trouvent pas d'autres solutions que d'envoyer leurs
enfants travailler.
v la maîtrise des coûts de production : dans
une filière de plus en plus concurrentielle, les entreprises mandataires
recourent à la main d'oeuvre infantile qui est deux à trois fois
moins chère que celle des adultes pour réduire leurs charges de
production.
Au Bénin, l'enquête nationale sur le travail des
enfants réalisée en 200834(*) a identifié cinq facteurs de risque pour un
enfant d'être occupés. Les risques du travail des enfants sont
élevés lorsque :
v l'enfant réside en milieu rural;
v l'enfant n'est ni l'enfant ni le petit enfant du chef de
ménage;
v l'enfant vit dans un ménage dirigé par un
homme;
v l'enfant vit dans un ménage dont le chef n'a aucun
niveau d'instruction et
v l'enfant vit dans un ménage pauvre.
L'analyse des études de cas présentées
révèlent la multiplicité et la complexité des
facteurs explicatifs du travail des enfants. Le facteur qui revient dans toutes
les études est la pauvreté des ménages et d'autres
facteurs économiques et sociaux.
Loin d'être exhaustif, l'encadré 4 suivant
présente une liste des déterminants de l'offre et de la demande
du travail des enfants.
Encadré 4:
Déterminants de l'offre et de la demande du travail des
enfants
Supplyfactors
|
Demandfactors
|
Need to supplement household income to meet basic needs
|
Cheap labour, as children are often unpaid or their wages are
lower than adults
|
Limited schools in rural areas, and commute to school considered
dangerous do girl
|
Insufficient labour supply at peak times, particularly in
agriculture (e.g. for weeding, harvesting)
|
Perceived irrelevance of education
|
Quotas or piece work based on family work units that put pressure
on parents/guardians to involve children
|
Limited access to financial services and children's labour used
to repay debts
|
Low productivity of small farms and rural enterprises operating
at very small margins
|
The need to cope with shocks such as failed harvests, death of
livestock or the illness or loss of breadwinners
|
Requirement on some plantations that children work in order for
them to live with their families
|
Children's participation in agriculture, considered a way of life
and necessary to pass on skills and knowledge; low awareness of the hazards of
agricultural work
|
Perception that children's fingers are nimble and ideal for some
agricultural tasks (flowers and horticulture)
|
Substitution of adults in domestic chores and labour when parents
are working
|
Children, particularly girls, considered to be more docile
workers
|
Source : ILO (2010 : 2)
2.2.2.7. Les
conséquences du travail des enfants
v Conséquences du travail des enfants sur leur
santé
L'agriculture est un secteur qui présente des risques
assez élevés. Les enfants, sont les plus exposés à
ces risques (IPEC, 2006 cité par ILO, 2010 : 2). Les
conséquences du travail des enfants sur leur santé sont
nombreuses et variées :
§ Contamination des enfants par des produits
chimiques qui à long terme peuvent être source de
certaines maladies telles que le cancer, les malformations ou problèmes
de fertilité. Un test effectué dans le cadre d'une étude
sur la filière coton par la Coopération Technique Belge (CTB)
fait état de l'affectation des capacités de coordination, de
l'équilibre et des facultés de concentration de 899 enfants
habitant des régions cotonnières en Inde (CTB, 2011 : 11).
§ Les blessures
musculo-squelettiquesdues au port de lourdes, à
l'utilisation d'outils agricoles tranchants... ;
§ Les maladies respiratoires et
cutanées causées par l'exposition des enfants aux
irritants contenus dans les cultures, à l'exposition à des
niveaux élevés de poussières organiques... (OIT,
2012 : 48-50)
v Conséquences sur la scolarisation des
enfants : l'un des facteurs qui milite en faveur de la
suppression du travail des enfants, est sans douteson impact négatif sur
la scolarisation des enfants. Plusieurs études font état de la
déscolarisation et de l'absentéisme des enfants qui travaillent.
L'enquête nationale sur le travail des enfants(BIT/INSAE, 2009 :
37).
v Hormis ces conséquences,
l'étude réalisée dans la filière vanille
àMadagascar montre que le travail des enfants tire à la baisse le
niveau du salaire moyen de la filière. Par ailleurs, cette même
étude montre que la suppression du travail des enfants pourrait
entraîner non seulement la baisse des revenus des ménages, mais
aussi celle des entreprises impliquées dans la filière (OIT,
2012 : 49).
2.2.2.8. Le cadre légal et juridique en
matière de travail des enfants au Bénin
Ces dernières décennies ont vu naître
plusieurs conventions qui visent à faire reconnaître et à
appliquer les droits des enfants. Le Bénin a ratifié plusieurs
conventions et textes internationaux et régionaux en matière du
travail des enfants.
v Textes juridiques internationaux et régionaux
§ La Convention relative aux droits de l'enfant;
§ La Convention n°29 concernant le travail
forcé ou obligatoire ;
§ La Convention n°105 concernant l'abolition du
travail forcé ;
§ La Convention n°138 concernant l'âge minimum
d'admission au travail ;
§ La Recommandation n°146 sur l'âge minimum
d'admission au travail ;
§ La Convention n°182 concernant l'interdiction des
pires formes de travail des enfants ;
§ La Charte africaine des droits et du bien-être de
l'enfant.
En outre, le Bénin dispose également de
plusieurs décrets et textes nationaux qui vont dans le sens de la
réglementation du travail des enfants.
2.3. Cadre théorique de
l'étude
Lorsqu'on parle de théories en matière de
déterminants du travail des enfants, deux auteurs reviennent souvent. Il
s'agit de Basu et Van (1998) qui expliquent le travail des enfants à
travers l'approche de bien-être des ménages. Dans cette approche,
la pauvreté est l'unique facteur qui explique le travail des enfants.
2.3.1. Approche en termes de
bien - être des ménages
Cette approche explique le travail des enfants par le
bien-être de leurs ménages. Elle analyse le travail des enfants
sur la base du revenu de leurs parents et à travers l'état de
pauvreté des ménages. Pour ces auteurs, le travail des enfants
est un problème de pauvreté des parents qui se voient contraints
de faire travailler leurs enfants pour des raisons de survie. Ce qui revient
à dire qu'une augmentation des salaires des parents entrainerait le
retrait des enfants du marché du travail (Fouedjio, 2008 ; Diallo
et Koné, Sd :2-3).
Le modèle théorique de Basu et Van repose sur
deux hypothèses appelées axiomes :
v L'axiome de luxe : il stipule
qu' « une famille fera travailler les enfants lorsque son revenu
devient relativement faible avec la suppression du travail des
enfants » (Basu et Van, 1998 : 416). Ainsi, le travail des
enfants est utilisé pour le financement du bien-être du
ménage. Les loisirs sont perçus dans cette approche comme un bien
de « luxe » que ne peuvent se procurer les
ménages que lorsqu'ils disposent d'un revenu supérieur au seuil
critique de subsistance.
Cette hypothèse de pauvreté des ménages a
été vérifiée par l'étude menée sur le
travail des enfants dans la filière vanille précédemment
citée, ainsi que celle réalisée par l'IITA dans les
plantations de cacao.
v L'axiome de substitution : il implique
que « les adultes sont remplaçables par les enfants sur le
marché du travail dans une entreprise » (Basu et Van,
1998 : 416). Ces auteurs identifient deux catégories
d'équilibre possibles sur le marché du travail. Il s'agit
du :
§ « bon
équilibre » qui prévaut lorsque les
enfants ne travaillent pas. En effet, les salaires des parents atteignant un
niveau suffisamment élevé, ils n'ont plus besoin de recourir au
travail de leurs enfants. Par ailleurs, les industries, ayant atteint
également un niveau élevé de développement ne
feront plus recours à la main d'oeuvre infantile ;
§ « mauvais
équilibre » : dans ce cas, les enfants sont
fortement présents sur le marché du travail, en raison des
niveaux de salaires très bas des parents. Ainsi, la main d'oeuvre
infantile entre en concurrence avec celle des adultes. Le résultat de
cette situation est une baisse des niveaux de salaire sur le marché du
travail. En outre, lorsque le « mauvais
équilibre » prévaut, une suppression du travail
infantile, rétablirait le « bon équilibre »
toutes choses étant égales par ailleurs (Basu et Van,
op.cit)
Les résultats de plusieurs études empiriques ont
confirmé l'hypothèse de Basu et Van,relative à l'existence
d'un lien entre la pauvreté des ménages et le travail des enfants
en agriculture.
Les études précédemment citées,
menées par l'IITA dans les plantations de cacao et par l'OIT dans la
filière vanille, ont identifié la pauvreté des
ménages et la faiblesse des revenus, comme étant le premier
facteur déterminant le travail des enfants.
Cependant, certaines études empiriques font état
de la non linéarité entre pauvreté des ménages et
travail des enfants. Les études de Rajan (2000) au Pérouet de
Canagarajah et Coulombe (1997)au Ghana infirment cette hypothèse.
2.3.2. Approche en terme de
normes sociales
En dehors de l'approche du bien-être des ménages,
le travail des enfants est également expliqué par les normes
sociales (Hirschman cité par Basu et Van, 1998 : 39). La relation
entre les normes sociales et culturelles et le travail des enfants a
été discutée en 1981 par Rodgers et Standing.
L'hypothèse de ces auteurs repose sur le fait que faire travailler un
enfant implique un coût ou un stigmate social pour les parents. Si
plusieurs enfants sont mis au travail, alors ce coût social est faible.
Dans le cas contraire, le coût social est assez élevé. Le
travail des enfants est alors socialement désapprouvé (Diallo,
sd : 2). La lecture de la perception du travail des enfants dans le monde
occidental pourrait s'apparenter à ce dernier cas.
Dans plusieurs sociétés africaines, le
coût social du travail des enfants est très faible. Le travail des
enfants est socialement accepté et même justifiée. Il est
une forme de socialisation et d'éducation importante, notamment dans le
monde rural.
Le soutien des enfants aux parents/aînés les
forme à la vie adulte, et constitue également un gage pour leur
héritage et pour leur vie familiale future. Dans ce processus, les
cadets ont le devoir de travailler pour le compte des aînés, afin
de garantir leur statut social (obtention de femmes à
épouser ; terres à cultiver...) à l'âge adulte.
Ainsi, chaque enfant qui compte recourir au soutien familial a
intérêt à apporter son soutien à ses parents
(Bommier, 1995 cité par Diallo, Sd : 2).
En outre, Long (1984) cité parMackintosh (1979),
suggère que l'analyse de la main d'oeuvre familiale doit tenir compte
des définitions culturelles du `'travail'' et son estimation sociale
(Affodégnon, 2005).
Des travaux empiriques ont confirmé cette
hypothèse. L'étude menée par l'IITA dans les plantations
de cacao a révélé que, le travail des enfants n'est pas
expliqué uniquement par un push économique, mais également
par les pratiques séculaires en matière de mobilité et
d'utilisation des enfants dans les plantations d'origine familiale.
Le schéma suivant présente un résumé
du cadre analytique de ce travail.
Figure 3: Cadre
analytique
Exploitations cotonnières
Travail des enfants
Travaux bénéfiques
Travaux destructeurs
Déterminants du travail des enfants
Pauvreté des ménages
Normes sociales
Approche hypothético-déductive
Etude de cas dans les exploitations cotonnières au
Bénin
Utilisation de données secondaires
DEUXIEME PARTIE :
ZONES D'ETUDE ET CADRE METHODOLOGIQUE
CHAPITRE 3 :
ZONES D'ETUDE ET METHODOLOGIE
Ce chapitre présente la zoned'étude d'une part,
et retrace la méthodologie suivie pour aboutir aux objectifs
fixés d'autre part.
3.1. Présentation de la
zone d'étude
3.1.1. Zones d'étude
L'étude de casa été
réalisée au niveau des zones cotonnières du Bénin
couvertes par le PROCOTON35(*)(Programme de Renforcement des Organisations de
producteurs de coton). Plus spécifiquement, ces zones concernent celles
qui ont été sélectionnées dans le cadre de
l'enquête sur« la situation de référence
du revenu des exploitations familiales producteurs de coton
(EFPC)» en 2009. Il s'agit non seulement des communes
d'intervention du PROCOTON, mais aussi de communes témoins qui ne sont
pas couvertes par le PROCOTON.
Les cinq zones cotonnières du Bénin36(*) précédemment
décritespar Ton et al.,( 2004) ont été
reclassées eu égard aux nouvelles évolutions des
assolements et de la spécialisation dans la production cotonnière
pendant la période de l'enquête de référence. En
effet, la zone vivrière du sud Borgou a été
découpée en deux et la Donga rattachée à l'une
d'elle. La zone de l'extrême Nord-Bénin (qui n'était pas
prise en compte dans la classification précédente de Ton et al,
2004) a été fusionnée à la zone cotonnière
du Nord. Ainsi, sept zones ont été retenues, dont six prises en
compte par l'enquête de référence.Le tableau 6
présente les communes d'intervention et celles témoins de
l'enquête de référence avec leurs poids respectifs dans la
production cotonnière au plan national.
Tableau 6: Zones
d'étude pour l'enquête de référence du
PROCOTON
Zones agroécologiques
|
Communes d'intervention du PROCOTON
|
Poids dans la production cotonnière
|
Communes témoins
|
Poids dans la production cotonnière
|
1.Zone cotonnière du Nord
spécialisée Alibori et Est Atacora
|
Banikoara*
Kandi*
Gogounou
|
64,4%
|
Kérou* ; Ségbana ;
Malanville
|
14,8%
|
2.Zone à coton et vivrier du Borgou et de
l'Atacora
|
Kouandé*
Sinendé*
Bembèrèkè
|
7,1%
|
Pehunco ; Kalalé*
Nikki
|
7,2%
|
3.Zone Atacora Ouest
|
Cobli*
|
1,1%
|
Matéri* ;Bounkoumbé
Tanguiéta ;Toucountouna
Natitingou
|
2,6%
|
4.Zone vivrière Borgou, Donga
|
Djougou*
|
0,4%
|
N'dali* ; Parakou ;Bassila
Ouaké ; Copargo ;Ouèssè
Bantè
|
0,4%
|
5.Zone cotonnière du centre (Collines)
|
Dassa*
|
0,2%
|
Savalou ; Savè ;
Glazoué*
|
0,6%
|
6.Zones des terres de barre (Zone sud)
|
Djidja*
Aplahoué*
|
0,6%
|
Zagnanando ; Covè ; Kétou ;
Za-Kpota
|
0,3%
|
* : Zones sélectionnées par l'enquête
de référence
Source :SNV (2010 : 4). Rapport de
l'enquête de référence PROCOTON (rapport PROCOTON),
2010 ;
Ainsi, quatorze communes avaient été retenues
dans le cadre de l'enquête de référence, dont neuf
appartiennent aux communes d'interventions du PROCOTON et les cinq autres
représentent les communes témoins. Quatorze villages ont
été choisis à raison d'un par commune.
Aucun producteur de coton n'a été
enregistré dans le village Monso, dans la commune de Glazoué. Le
nombre de communes et de villages retenus pour la présente étude
passe alors à treize (13). Le tableau 7 présente les villages
d'études, ainsi que le poids du travail des enfants au niveau des
départements auxquels appartiennent lesdits villages.
Tableau 7: Communes et
villages d'étude
Département
|
Communes d'étude
|
Villages d'études
|
Pourcentage d'enfants de 5 à 17 ans
occupés économiquement37(*)
|
Alibori
|
Banikoara
|
Goumonri
|
24,1%
|
Kandi
|
Angaradébou
|
Atacora
|
Cobli
|
Namoutchaga
|
15,8%
|
Kouandé
|
Makrou-Gourou
|
Kérou
|
Bakoussarou
|
Matéri
|
Yédékanhoun
|
Borgou
|
Sinendé
|
Fô Bouko
|
68,4%
|
N'dali
|
Tamarou
|
Kalalé
|
Bouka
|
Donga
|
Djougou
|
Koua
|
76,1%
|
Collines
|
Dassa
|
Tognon
|
70,2%
|
Zou
|
Djidja
|
Koekoekanmè
|
30,2%
|
Couffo
|
Aplahoué
|
Séhonouhoué
|
41,1%
|
Source : SNV (2010). Rapport PROCOTON, 2010.
La carte 1 présente les zones agroécologiques du
Bénin avec une matérialisation des communes et villages
d'étude.
Carte 1: Zones agroécologiques cotonnières
du Bénin avec une matérialisation des communes et villages
d'étude
3.1.2. Caractéristiques
physiques et humains de la zone d'étude38(*)
v Zone cotonnière du Nord
Cette zone est caractérisée par un climat de
type soudano-sahélien avec une pluviométrie moyenne comprise
entre 700-900 mm/an. L'économie de cette zone est essentiellement
agricole comme sur l'ensemble du pays. La culture cotonnière y a connu
une expansion spectaculaire ces dernières décennies, avec pour
corollaire, une accentuation de la pression foncière. En effet, la zone
cotonnière du Nord regorge d'espaces protégés (parcs,
forêts sacrés...), limitant ainsi une agriculture extensive.
La population est faiblement peuplée, en
témoigne sa densité qui est de l'ordre de 10-20
habitants/km². Toutes les communes de cette aire géographique sont
dans l'aire culturelle Bariba- Gando-Peuhl.
v Zone à coton et vivrier du Borgou et de
l'Alibori
Le climat est soudanien avec une pluviométrie allant de
900 à 1100 mm/an. La culture du coton, par ses arrières-effets
améliore la fertilité des sols pour les autres cultures des
assolements, notamment pour le maïs.
La densité de la population est de 16habitants/km2.
L'aire culturelle est la même que celle de la zone cotonnière du
Nord.
v Zone Atacora-Ouest
La zone Atacora dispose d'un climat soudanien, avec la
présence d'un microclimat qualifié d'atacorien dû à
une chaîne de montagne située au sud. Sa pluviométrie
atteint 1000-1200 mm/an. Plusieurs facteurs naturels et écologiques
empêchent la culture du coton à grande échelle. En effet,
la zone de l'Atacora Ouest est constituée en grande partie de pentes
naturellement infertiles, les terrains plats, étant densément
peuplés.
La zone a connu plusieurs vagues de migrations, ce qui a
favorisé un brassage ethnique important dans le pays otamari,
composé de Berba (Wama, Natemba, Gourmantché, etc.).
v Zone vivrière Borgou, Donga
De climat soudanien avec une pluviométrie de 1000-1200
mm/an, la zone vivrière du sud Borgou et de la Donga, est faiblement
impliquée dans la production du coton (0,8% de la production nationale).
Les assolements y sont plutôt basés sur les cultures
vivrières. La commune de Djougou, faisant partie de notre zone
d'étude contribue à près de la moitié de la
production de cette zone.
La zone est à faible densité de population
(10-20 habitants au km²) et caractérisée par une
diversité ethnique et culturelle importante.
v Zone cotonnière du centre
Le climat y est soudano guinéen avec une
pluviométrie variant entre 1100 et 1300 mm/an avec une forte
irrégularité dans la distribution des précipitations.
Ancienne zone de production intensive, la culture cotonnière y est en
régression et remplacée par d'autres cultures vivrières.
Toutefois, la zone cotonnière du centre Bénin continue de
contribuer à la production nationale de coton à hauteur de 0,8%,
avec la commune de Dassa qui contribue pour 0,2%.
La population y est densément peuplée (100
habitants au Km2) en comparaison aux zones précédentes. La zone
cotonnière du centre Bénin est composée essentiellement de
peuples Mahi, Nago et Idatcha.
v Zone des terres de barre
La zone Sud dispose d'un climat de type guinéen, avec
une pluviométrie variant entre 800 et 1300mm/an. La culture du coton est
marginale dans cette zone (0,9% de la production nationale) et est
présente dans quelques communes comme Djidja et Aplahoué qui
contribuent respectivement à la production nationale à hauteur de
0,4% et 0,2%.
La population est densément peuplée et
dépasse les 250 habitants au km². L'aire ethnique et culturelle est
diversifié et se compose des peuples Adja, Fon, Holli,Yorouba, etc.
3.1.3. Justification du choix
de la zone d'étude
Le choix de la zone d'étude est motivé par trois
critères principaux :
v La production de coton : la production
cotonnière est rencontrée dans les systèmes de production
des zones choisies. Le poids de cette production varie d'une région
à une autre. Etant donné que la présente étude vise
à faire un état des lieux du travail des enfants dans les champs
de coton, toutes les zones de production cotonnière ont
été systématiquement prises nonobstant le poids faible de
cette production
v La présence d'enfants travailleurs:
les zones couvertes par le projet PROCOTON sont également des zones
où sont rencontrés des enfants occupés
économiquement. L'enquête nationale réalisée au
Bénin sur le travail des enfants en 2008 fait état de 16%
à 76% d'enfants économiquement occupés dans les zones
choisies pour la présente étude.
v La disponibilité de données sur les
producteurs de coton : le troisième critère qui
motive le choix de cette zone d'étude est la disponibilité de
statistiques sur les exploitations familiales de coton ainsi que sur les actifs
qu'elles utilisent. Ces données sont issues principalement de
l'enquête sur la situation de référence des exploitations
productrices de coton évoquée précédemment.
3.2. Méthodologie de
l'étude
3.2.1. Sources et
méthodes de collecte de données
La collecte des données se fera en deux phases
séquentielles à savoir : la revue documentaire et
l'exploitation de données secondaires.
v Revue documentaire
La revue de littérature existante sur ce sujet de
recherche a été faite. Elle a permis de faire le point des
recherches antérieures sur le travail des enfants dans le secteur
agricole et dans le secteur cotonnier en particulier. Cette phase de la
recherche a duré tout le temps de l'étude. Elle s'est faite
à travers les ressources des bibliothèques, l'internet et l'achat
d'ouvrages.
v Exploitation de données
secondaires
Les statistiques utilisées dans cette étude sont
toutes des données secondaires.
§ Les données principales qui sont
utilisées pour l'étude de cas, proviennent de l'enquête sur
la situation de référence des exploitations familiales
productrices de coton, réalisée dans les principales zones
cotonnières du Bénin, par le Programme de Renforcement des
Organisations de producteurs de coton (PROCOTON). Ce programme est mis en
oeuvre par l'organisation Néerlandaise de développement (SNV),
portfolio du Bénin. Cette enquête a été
réalisée du 26 Août au 14 septembre 2009. L'objectif de
cette enquête était d'établir la situation de
référence des exploitations familiales productrices de coton
avant l'intervention du PROCOTON. Ainsi, c'est une enquête, dont les
résultats permettront d'évaluer convenablement les
résultats et effets qu'atteindra le PROCOTON au terme de
l'intervention.
§ Les données recueillies par cette enquête
concernent essentiellement : le contexte général de la
production cotonnière au Bénin ; l'environnement sociale et
économique des exploitations de la zone cotonnière ; les
profils des exploitants, leur statut dans le ménage, leur
capacité de contrôle de la main d'oeuvre familiale et les
revenus des exploitations.
§ Les données et résultats concernant les
profils des exploitants, l'organisation de la main d'oeuvre et les revenus des
exploitations, ainsi que le niveau de bien-être du ménage ont
été les plus utilisés dans le cadre de la présente
étude. Ces données sont extraites non seulement de la base de
données, mais aussi du rapport définitif issu du traitement des
données recueillies lors de l'enquête.
§ Pour l'analyse du travail des enfants en fonction des
normes sociales, les données concernant l'enquête sur la situation
de référence réalisée par le PROCOTON, ne prennent
pas en compte ces facteurs. Ainsi, les données secondaires issues d'une
étude réalisée sur la socialisation du travail des enfants
au Bénin réalisée en 2009 : « l'univers
traditionnel béninois et les moyens de socialisation d'un
enfant »39(*) et
du témoignage d'un enfant burkinabé (Yempabou) qui a
travaillé dans les champs de coton dans la commune de Banikoara sont
utilisées. Ce témoignage40(*) a été présenté dans un
article électronique en 2013
§ Les autres statistiques secondaires utilisées
dans le présent rapport, proviennent de rapports de travail ou
d'étude menées sur le travail des enfants par le Bureau
international du travail, notamment le rapport de l'enquête nationale sur
le travail des enfants au Bénin menée en 2008.
3.2.2. Echantillonnage
Le choix des exploitations est entièrement
raisonné. Il est celui retenu par l'enquête de
référence. Au total, 420 ménages ont été
enquêtés, à raison de 30 ménages par
village » (SNV, 2010 : 32). Parmi les 420 ménages, les
exploitations cotonnières ont été extraites. Elles sont au
nombre sont au nombre de cent quatre-vingt-neuf (189).
Par ailleurs, le questionnaire de l'enquête de
référence a également porté sur chaque membre de
ménage, responsable d'une unité de production. Qualifiés
de Responsables d'Unités de Production (RUP),les RUP, sont
composés des chefs de ménage et des aides familiaux (les). Les
aides familiaux sont constitués des épouses, belles-filles,
filles et de jeunes enfants non mariés, ainsi que des
élèves ou d'autres jeunes en formation professionnelle vivant
sous l'autorité du chef de ménage. Bien qu'en étant sous
l'autorité du chef de ménage, les aides familiaux disposent d'une
certaine autonomie d'action quant au développement d'activités
productives dont ils gèrent la mise en oeuvre et les produits. Au total
1448 unités de production (UP) ont été
enquêtées. Parmi cet effectif, 306 unités produisent du
coton. Ainsi notre échantillonnage portera sur 189 ménages
comportant 306 unités productrices de coton.
En outre, 921 enfants âgés de 5 à 17 ans
sont issus des différentes exploitations cotonnières. La mesure
du travail des enfants se fera avec cet échantillon. Le tableau 8
présente la répartition de l'échantillon suivant les
villages retenus.
Tableau 8: Répartition
de l'échantillon selon les villages d'étude
Zones
|
Communes
|
Villages
|
Effectifs
|
Ménage
|
UP
|
1.Zone cotonnière du Nord
spécialisée Alibori et Est Atacora
|
Banikoara
|
Goumonri
|
27
|
42
|
Kandi
|
Angaradébou
|
30
|
81
|
Kérou
|
Bakoussarou
|
21
|
32
|
2.Zone à coton et vivrier du Borgou et de
l'Atacora
|
Kouandé
|
Makrou-Gourou
|
13
|
22
|
Sinendé
|
Fô Bouko
|
5
|
7
|
Kalalé
|
Bouka
|
10
|
14
|
3.Zone Atacora Ouest
|
Cobli
|
Namoutchaga
|
13
|
17
|
Matéri
|
Yédékanhoun
|
27
|
28
|
4.Zone vivrière Borgou, Donga
|
Djougou
|
Koua
|
4
|
3
|
N'Dali
|
Tamarou
|
1
|
1
|
5.Zone cotonnière du centre (Collines)
|
Dassa
|
Tognon
|
7
|
7
|
6.Zones des terres de barre (Zone sud)
|
Djidja
|
Koekoekanmè
|
11
|
19
|
Aplahoué
|
Séhonouhoué
|
20
|
33
|
Total
|
13
|
13
|
189
|
306
|
Source :Tableau réalisé
à partir de la base de données de l'enquête de
référence PROCOTON, 2009
3.2.3. Méthodes de
Traitement et d'analyse des données
Pour l'analyse des données, un traitement statistique
concernant les exploitations cotonnières a été
réalisé à l'aide du logiciel Excel 2010et du logiciel
Statistical Package of Social Sciences (SPSS version 16). La saisie des textes
est faite à l'aide du logiciel word 2010.
Deux approches sont utilisées pour le présent
travail : l'approche quantitative et qualitative. Ces deux approches
seront utilisées de façon complémentaire.L'approche
quantitative a consisté en l'utilisation de statistique descriptive et
des tests de corrélation pour identifier et analyser les facteurs
déterminants du travail des enfants. L'approche qualitative quant
à elle, a été utilisée pour mieux expliquer les
facteurs d'ordre sociologique, culturels et dans l'interprétation des
résultats d'une part, et pour l'analyse des effets du travail des
enfants dans les exploitations cotonnières d'autre part.
3.2.3.1. Mesure du travail des
enfants
A partir de ma revue de littérature et de la
clarification des concepts, il y a travail des enfants lorsque les conditions
suivantes sont remplies :
§ L'âge de l'enfant : l'enfant travailleur a
un âge compris entre 05 et 17 ans ;
§ Le sexe de l'enfant : l'enfant peut être une
fille ou un garçon ;
§ La situation de scolarisation : l'enfant
travailleur peut être scolarisé, ou non ;
§ La présence de la production cotonnière:
l'enfant travaille dans une exploitation qui produit du coton ;
§ Le cadre de travail : l'enfant travaille dans le
cadre familial ou non ;
§ Le type de rémunération : l'enfant
est rémunéré ou non ;
§ Le volume horaire : l'enfant travaille pour une
durée supérieure à 4 heures dans l'exploitation.
3.2.3.2. Mesure du niveau de
vie des ménages
Le niveau de vie des ménages est mesuré à
travers deux indicateurs principaux : le revenu et le bien-être des
ménages.
La méthode de mesure retenue pour l'évaluation
de ces différents indicateurs est celle utilisée lors de
l'enquête PROCOTON.
v Le revenu des ménages
Le revenu des ménages est mesuré à partir
du revenu de l'exploitation agricole qui regroupe les diverses
activités productives des unités de production du ménage.
Dans le cas des exploitations cotonnières, le coton n'est pas
cultivé en monoculture, mais en rotationavec d'autres cultures
vivrières. Ainsi, le revenu des ménages ne peut être
reflété uniquement par le revenu de la production de coton. Pour
cela, c'est le revenu total de l'exploitation agricole qui est pris en compte.
Le revenu d'une activité productive s'évalue
à travers les paramètres suivants :
§ Le produit brut (PB): c'est la
valeur totale de la production physique de la campagne.
« La production physique de la campagne est
évaluée par l'exploitant en unités locales entenant compte
des diverses destinations (consommation, vente, dons, semences,
alimentationanimale, transfert à une activité de transformation
interne à l'unité de production ou pour leconjoint,
rémunération en nature des journaliers et tâcherons) ; La
somme des recettes issues de la production vendue et de la production non
vendue41(*)
représente le produit brut » (SNV, 2010 /Rapport
PROCOTON: 34).
§ Les charges variables (CV) :
elles comprennent toutes les charges encourues par l'exploitant agricole pour
son exploitation, hormis les charges fixes issues de l'amortissement des
matériels et machines agricoles.
« Ces charges regroupent le coût d'achat des
divers intrants (semences ; produits phytosanitaires ; engrais...),
ainsi que les prestations obtenues detiers comme les locations d'attelage, les
charges de main d'oeuvre, etc.Ces charges sont des dépenses ou des
transferts en nature dont la valeur est évaluée au prix moyen
ouà la valeur de substitution » (id).
§ La Marge Brute (MB) est le solde entre
produit brut et charges variables.
« Compte tenu, de la faiblesse des charges fixes
pour la majorité des activités (pour la plupart manuelle), c'est
cette marge qui sera considérée comme le revenu de
l'activité. Elle est exprimée en FCFA42(*) » (ibid).
NB : le calcul des charges n'inclut pas le travail
familial. La non inclusion du travail familial représente une importante
insuffisance pour le calcul des revenus d'une exploitation. En effet, les
exploitations agricoles des pays sous-développés utilisent
majoritairement ce type de main d'oeuvre. Mais du fait que ce sont les
données secondaires qui sont utilisées, je ne peux m'en tenir
qu'aux méthodes de calcul utilisées par l'enquête.
Les revenus calculés concernent la campagne agricole
2008-2009.
Dans le cadre de la présente étude, une
classification des ménages en ménages pauvres ou riches n'a pas
été faite. Ainsi, les revenus des ménages sont simplement
classés du plus élevé au plus bas. Les liens potentiels
existants entre le niveau des revenus et le niveau du travail des enfants sont
évalués à travers un test de corrélation
bivariée.
« Le coefficient de corrélation r, est une
mesure d'association (d'interdépendance) entre deux variables
métriques, quelle que soit l'unité utilisée pour chaque
variable. r est compris entre -1 et +1. Plus le coefficient est proche de 1 en
valeur absolue, plus les valeurs sont dites corrélées
-Si r est proche de +1 : les deux variables varient dans
le même sens ;
-Si r est proche de -1 : les deux variables varient en
sens inverse
Et plus r est proche de 0, moins les variables sont
corrélées. 0 signifie l'absence de corrélation entre les
deux variables » (Klarsfeld et al., 2001 : 1).
v L'indicateur de l'évolution du
bien-être des ménages est mesuré à partir
de l'accumulation de biens durables, la situation alimentaire et de la
capacité à surmonter les crises. L'indicateur
d'insécurité alimentaire ne sera pas utilisé dans le cadre
de la présente étude.
§ « Biens durables accumulés par
les producteurs : ils sont constitués de capitaux productifs et de
capitaux domestiques : La détention de capitaux contribue
à l'évaluation du bien-être des producteurs.
L'accumulation, la paupérisation ou la liquidation de ces capitaux, sont
le reflet du bien-être du ménage. En effet, plus les capitaux sont
liquidés, plus le niveau de bien- être du producteur est bas.
Alors qu'une accumulation des capitaux, au-delà des stricts besoins de
consommation témoigne du bien-être de l'exploitant »
(SNV, 2010 : 37).
« Les capitaux productifs sont des facteurs de
production, regroupant par exemple les bâtiments d'élevage ou
à but commercial, des équipements de transformation et de
transport, des animaux d'élevage et des plantations... Les
capitaux domestiques quant à eux, concernent les logements, certains
équipements domestiques comme les radios, télévisions,
téléphones et générateurs, des vêtements et
de la vaisselle à caractère durable et pouvant être si
nécessaire mis en gage, etc...Ces capitaux sont recensés par un
inventaire de fin de campagne. Leur valeur d'achat et la valeur de revente
potentielle estimée par l'exploitant sont relevées. La valeur
résiduelle après amortissement sur une durée de vie
standard est également calculée et est
préférée si les évaluations des producteurs
paraissent trop optimistes» (id).
NB : « Le revenu annuel est en
général corrélé avec le niveau des capitaux
accumulés. Cet indicateur complète le revenu pour
l'évaluation du niveau de vie du ménage. En effet, les revenus
sont plus sujets à des facteurs conjoncturels, liés à la
nature même de l'agriculture qui est pluviale, donc
déterminée par les aléas climatiques. La valeur des
capitaux a été exprimée en Fcfa lors de l'enquête.
Cette valeur a été évaluée pour la terre, les
équipements productifs, les plantations pérennes et les animaux
d'élevage» (ibid).
Dans le cas de la présente étude, une somme de
ces différentes valeurs est faite pour avoir le niveau de capital
détenu par chaque ménage. Ensuite, un test de corrélation
sera également effectué entre le niveau de capital et le nombre
d'enfants travailleurs.
§ Indicateurs de
vulnérabilité
« La fréquence, la nature et la gestion
des crises sont aussi des indicateurs de vulnérabilité.
Les plus vulnérables citent aussi plus souvent des
situations comme étant des crises, alors que des
évènements similaires passent inaperçus aux yeux de
producteurs nantis » (ibid : 38). Les types de recours
utilisés pour juguler les crises ont été utilisés
pour établir une classification du niveau de vulnérabilité
des ménages. Les recours vont de la mobilisation de l'épargne en
espèces et en nature, au retrait des enfants de l'école et leur
mise au travail.
Dans le cas de la présente étude, ces
différents recours sont utilisés pour caractériser les
ménages les plus vulnérables, étant donné que les
plus nantis ont une épargne en espèces, leur permettant de
prendre en charge beaucoup de dépenses. Ce qui n'est pas le cas des
ménages vulnérables, qui épuisent rapidement leur
épargne et vont jusqu'à sacrifier les chances d'évolution
de leurs enfants.
§ Indicateurs d'insécurité
alimentaire
« L'indicateur d'insécurité
alimentaire a été évalué à travers le niveau
de satisfaction en quantité et en qualité vis-à-vis de la
consommation alimentaire et la durée des périodes de soudure se
traduisant par une réduction des quantités ou du nombre de repas
ou tout au moins de la qualité des sauces. Les responsables de cuisine
ont été interrogées à cet effet »
(id).
Compte tenu du temps imparti à la présente
recherche, cet indicateur de consommation des ménages n'est pas
utilisé.
3.2.3.3. Mesure des perceptions
sociales et culturelles
La littérature présentée
précédemment dans mon étude, montre que le travail des
enfants se justifie également par des facteurs sociaux et culturels.
La méthodequalitative est utilisée pour
l'analyse des perceptions sociales et culturelles du travail des enfants. Les
outils utilisés sont des analyses de contenu, ainsi que des
encadrés
3.2.3.4. Mesure des effets du
travail des enfants
§ Les effets du travail des enfants sont analysés
en fonction de la nature des travaux qu'ils effectuent dans l'exploitation,
ainsi que le temps qu'ils passent au travail. Ces indicateurs permettent
d'évaluer les effets du travail des enfants sur leur santé.
§ Ces effets sont également analysés au
regard de la période pendant laquelle s'effectuent les travaux des
enfants. Si cette période coïncide avec celle de l'année
académique, elle a certainement des répercussions sur la
scolarisation des enfants.
Ces différents effets sont analysés de
façon qualitative à l'aide de la littérature.
3.3. Limites de
l'étude
§ La présente étude est basée
essentiellement sur la revue de littérature et les données issues
d'une enquête dont les objectifs n'étaient pas ceux de ma
recherche. Ainsi les résultats issus de cette étude souffrent
sans doute de certaines incertitudes et d'imprécisions que des
études de terrain plus ciblées pourraient corriger ;
§ La non définition par le Bénin d'une
liste de travaux dangereux en fonction de ses réalités propres,
rend la caractérisation du travail des enfants faite dans l'étude
perfectible.
Toutefois, les résultats de mon étude
permettront de jeter les bases et les pistes de recherche ultérieures en
matière de travail des enfants dans la filière coton au
Bénin.
TROISIEME PARTIE :
RESULTATS, ANALYSES ET DISCUSSIONS
Cette troisième partie du rapport présente les
résultats de l'étude, les analyses et interprétations qui
en découlent. Elle comporte deux (2) chapitres. Au niveau de chaque
chapitre, les résultats et la vérification des hypothèses
seront présentés d'une part, et les analyses et discussions
d'autre part.
CHAPITRE 4 : ETAT DES
LIEUX DU TRAVAIL DES ENFANTS DANS LES EXPLOITATIONS COTONNIERES
4.1. Caractéristiques
des exploitations cotonnières
4.1.1. Caractéristiques
démographiques des exploitations cotonnières
4.1.1.1. Genre, statut et
situation matrimoniale des responsables d'unités de productions
(RUP)
Les exploitations cotonnières identifiées sont
composées majoritairement de RUP masculins (75%) contre 25% de RUP
féminins. 88% des responsables d'unités de production sont
mariés (Cf. tableau 9). Dans l'ensemble, les ménages sont
dirigés par les hommes (54%), mais les aides familiaux sont à
dominance féminine. En effet, les femmes ont représenté 53
% de la main d'oeuvre agricole au Bénin en 2007 (Brücke le pont et
CRISTO, 2010 : 9). Cette proportion, toujours en hausse, s'explique par le
fait que les femmes ont le devoir de participer à la création des
revenus du ménage. Toutefois, les femmes cultivent de plus en plus leurs
propres parcelles en vue de l'acquisition d'une certaine autonomie
économique (Brücke le pont et CRISTO, op.cit ; FAO,
2010 :8). Par ailleurs, « cette féminisation de
l'agriculture dans les tranches d'âge les plus actives, est
également imputable aux mouvements migratoires. En effet, bon nombre
d'actifs masculins quittent les villages, vers la recherche de conditions
meilleures » (SNV, 2010 : 51).
Tableau 9: Genre, statut et
situation matrimoniale des RUP dans les exploitations
cotonnières
Genre
|
Statut
|
Situation matrimoniale
|
Sexe
|
Effectif
|
%
|
Statut
|
Effectif
|
Total
|
Statut
|
%
|
Homme
|
230
|
75
|
Chef de ménage
|
Masculin
|
162
|
166
|
Marié
|
88
|
Féminin
|
4
|
Femme
|
76
|
25
|
Aides familiaux
|
Masculin
|
56
|
126
|
Célibataire
|
10
|
Féminin
|
70
|
Total
|
306
|
100
|
Elève ou apprentis
|
Masculin
|
12
|
14
|
Veuve
|
1
|
Féminin
|
2
|
Divorcé
|
1
|
Total
|
306
|
Source : Tableau réalisé
à partir de la base de données de l'enquête de
référence PROCOTON, 2009
|
4.1.1.2. Origine et ethnies des
RUP
Les ethnies dominantes au niveau des zones cotonnières
sont le Bariba (26%), le Mokolé (19%), l'Adja (11%) et le
Gourmantché (10%). Les autres ethnies représentent moins de 10%
au niveau de la zone (Voir tableau 10). Les ethnies Idatcha, Yom, Haoussa,
Zerma sont également identifiées dans la zone, mais en
très faible proportion.
Tableau 10: Ethnies
présentes dans la zone d'étude
Bariba
|
Mokolé
|
Adja
|
Gourmantché
|
Peulh
|
Gando
|
Fon
|
Autres
|
Total
|
26%
|
19%
|
11%
|
10%
|
8%
|
6%
|
6%
|
14%
|
100%
|
Source : Tableau réalisé
à partir de la base de données de l'enquête de
référence PROCOTON, 2009
Quant à l'origine des RUP, 71% sont des autochtones,
c'est-à-dire qu'ils font partie des premiers occupants. Les autres
proviennent de migrations récentes ou lointaines comme le montre le
tableau 11 suivant.
Tableau 11: Origine des
RUP
Origine
|
Total
|
Pourcentage (%)
|
Autochtones
|
Migrants
|
Nd
|
71
|
26
|
3
|
100
|
Nd : Non défini ;
Source : Tableau réalisé à
partir de la base de données de l'enquête de
référence PROCOTON, 2009
4.1.1.3. Âge des
responsables d'unités de production cotonnière
Le coton est produit par des RUP dont l'âge moyen est de
40 ans, sur l'ensemble de la zone d'étude. La même tendance est
observée au niveau de chaque zone cotonnière
considérée individuellement. L'âge minimum des RUP est de
16 ans. Ce qui témoigne que les enfants âgés de 16 à
17 ans, sont également considérés comme des responsables
d'unité de production. Le tableau 12 présente la
répartition des âges des RUP selon les zones
cotonnières.
Tableau 12:
Répartition de l'âge des RUP
Zones cotonnières
|
Effectif
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Zone cotonnière Alibori
|
155
|
17
|
88
|
39
(ó=13,82)
|
Zone coton vivrier Borgou-sud Atacora
|
43
|
16
|
87
|
39
(ó=12,93)
|
Zone Atacora ouest
|
45
|
18
|
68
|
44
(ó=12,86)
|
Zone vivrière à igname
|
4
|
45
|
56
|
51
(ó=5,06)
|
Zone Sud et centre collines
|
7
|
37
|
50
|
44
(ó=5,08)
|
Zone sud
|
52
|
20
|
80
|
40
(ó=13,46)
|
Ensemble
|
306
|
16
|
88
|
40
(ó=13,38)
|
Source : Tableau réalisé
à partir de la base de données de l'enquête de
référence PROCOTON, 2009 ; ( ) : Ecart-types
4.1.1.4. Taille des
exploitations cotonnières
La taille moyenne des ménages est de 10 membres. Les
enfants à charge sont en moyenne de 5,06 (ó=4,235). Le
ménage moyen se compose d'un chefde ménage (le plus souvent
masculin, voire tableau 9), d'épouses, d'enfants directs, de neveux et
nièces du chef de ménage, de belles-filles et de petits enfants.
Les enfants de 5 à 17 ans d'âge identifiés
dans les exploitations cotonnières sont composés de 56% de filles
et de 44% de garçons sur un effectif de 921 enfants.
4.1.2. Caractéristiques
socioéconomiques des RUP
4.1.2.1. Niveau d'instruction
des RUP en fonction de leur statut
L'analyse des données relatives au niveau de
scolarisation, montre que 72,2% des RUP n'ont jamais fréquenté
une école. 9,8% ont un niveau d'études primaires, tandisque 8,2%
ont atteint la fin des études primaires. Seulement, 9,8 des RUP ont
atteint le niveau secondaire. Dans l'ensemble de l'effectif des RUP, le niveau
de scolarisation est assez bas. Ce qui témoigne de l'insuffisance des
infrastructures scolaires en milieu rural, comparativement au milieu
urbain.« Cependant, tous les villages disposent au moins d'une
école primaire. En outre, ce taux de scolarisation assez bas pourrait se
justifier par la déscolarisation précoce des
élèves, provenant des villages pauvres et
enclavés43(*). Par
exemple, cinq (5) et un (1) élèves sont envoyés au cours
secondaire respectivement à Koekoekanmè et Bakoussarou contre 45
dans le village de Goumori » (SNV, 2010 : 65). Le tableau 13
présente le niveau de scolarisation selon le statut des RUP.
Tableau 13: Niveau de
scolarisation des RUP selon leur statut
Niveau de scolarisation
|
Statut du responsable d'unité de production
(effectif)
|
Chef de ménage
|
Aides familiaux
|
Elèves/apprentis
|
Total
|
Aucun
|
111
|
106
|
4
|
221
|
Niveau primaire
|
17
|
11
|
2
|
30
|
Fin d'études primaires
|
19
|
6
|
0
|
25
|
Collège
|
17
|
3
|
7
|
27
|
Lycée
|
2
|
0
|
1
|
3
|
Total
|
166
|
126
|
14
|
306
|
Source : Tableau réalisé
à partir de la base de données de l'enquête de
référence PROCOTON, 2009
Le graphique 5 présente l'état de scolarisation
sur l'ensemble des RUP.
Graphique 5: Niveau
d'instruction des RUP
Source :Graphique réalisé
à partir de la base de données de l'enquête
de référence PROCOTON, 2009
4.1.2.2.
Généralités sur la production agricole au niveau des
exploitations cotonnières
v Modes d'accès à la terre par les
RUP
Sur l'ensemble des exploitations cotonnières, le mode
d'accès à la terre dominant est l'héritage (55,8%) suivi
du prêt (19,1%) et du don (15,2%). La location et l'achat des terres
représentent respectivement 3,9% et 2,9% des modes d'acquisition du
foncier. Les prêts peuvent être à durée
déterminée ou indéterminée, mais sans contrepartie
financière. La grande majorité des responsables d'unités
de production sont des autochtones. D'où le mode d'accès dominant
à la terre est l'héritage. Le graphique 6 présente les
modes d'acquisition de la terre au niveau des exploitations
cotonnières.
Graphique 6: Mode
d'accès à la terre au niveau des exploitations
cotonnières
Source :Graphique réalisé
à partir de la base de données de l'enquêtede
référence PROCOTON, 2009 ; N.d. non défini
v Superficies cultivées et assolements
pratiquées au niveau des exploitations cotonnières
La moyenne des superficies totales cultivées pour la
campagne agricole 2008-2009 est de 5,74 ha. Au niveau des superficies
cultivées en coton, elles varient de 0,20 ha à 35 ha. La moyenne
observée est de 1,90 ha (C.f. tableau 14). « Les exploitations
ayant de grandes emblavures de coton, se rencontrent dans la zone
cotonnière Alibori (Angaradébou, Goumori, Bakoussarou). En effet,
dans cette zone, la culture attelée est utilisée pour certaines
opérations culturales comme le labour et le sarclo-buttage. Ceci permet
aux exploitants de cultiver de grandes superficies » (SNV,
2010 : 18).
Par ailleurs, les superficies moyennes emblavées par
les chefs de ménage sont plus élevées que celles des
autres responsables d'unités de production.
Tableau 14: Superficies
cultivées par les responsables d'unités de production
Superficie (ha)
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Superficie totale
|
0,25
|
89
|
5,74
|
7,597
|
Superficie en coton
|
0,20
|
35
|
1,90
|
2,759
|
Superficie en coton (chefs de
ménage)
|
0,24
|
35
|
2,63
|
3,463
|
Superficie en coton (aides familiaux)
|
0,20
|
5
|
1,02
|
0,885
|
Superficie en coton
élèves/apprentis
|
0,20
|
2
|
1,43
|
2,137
|
Source :Tableau réalisé
à partir de la base de données de l'enquête de
référence PROCOTON, 2009
Dans l'ensemble des villages, les céréales
occupent une place importante dans les assolements (42,2%). La culture
cotonnière vient en deuxième position avec 14,1% des superficies
cultivées. « Considérant la situation au niveau de
chaque village, le coton occupe une place importante dans les villages de
Goumori, Angaradébou, Yedekanhoun, Namoutchaga, Bakoussarou et Makrou
Gourou. Moins de 8% des superficies ont été allouées au
coton au niveau des autres villages » (SNV, 2010 : 83). Cette
situation trouve son explication dans les multiples problèmes de la
filière coton au Bénin, ayant obligé un bon nombre de
cotonculteurs à abandonner cette culture et à rechercher d'autres
alternatives. Au nombre de ces difficultés, on peut citer :
§ « La stagnation de la productivité
physique du coton, attribuable à la baisse de la fertilité des
sols ;
§ La résistance des ravageurs aux pesticides, qui
a entraîné une augmentation des charges liées à
l'achat des pesticides ;
§ La baisse des prix du coton et l'entrée en masse
sur les marchés mondiaux de nouveaux gros producteurs telles que la
Chine et l'Inde ;
§ La promotion de la diversification des productions
agricoles, notamment les vivriers marchands et l'anacarde ;
§ les difficultés dans l'organisation de la
filière (gestion des dettes des producteurs et des modes d'applicationdu
principe de caution solidaire...) » (SNV, op.cit : 2).
Le tableau 15 présente les types d'assolements
pratiqués dans les exploitations cotonnières.
Tableau 15: Assolements
pratiqués dans les zones cotonnières
Cultures
Villages
|
Superficies allouées (%)
|
Coton
|
Céréales
|
Légumineuses
|
Tubercules
|
Arachide
|
Cultures maraichères
|
Cultures pérennes
|
Jachère
|
Total
|
Koekoekanme
|
6,2
|
27,9
|
13,5
|
7,5
|
11,9
|
1,9
|
7,3
|
23,8
|
100
|
Tognon
|
4,3
|
40,2
|
18,8
|
16,6
|
10,8
|
3,6
|
4,0
|
1,6
|
100
|
Tamarou
|
0,4
|
31,5
|
12,7
|
21,5
|
0,9
|
0,5
|
17,0
|
15,6
|
100
|
Bouka
|
5,6
|
35,3
|
6,6
|
12,5
|
24,3
|
0,4
|
4,7
|
10,5
|
100
|
Fô Bouko
|
6,4
|
47,8
|
18,1
|
15,9
|
2,1
|
0,1
|
7,5
|
2,1
|
100
|
Koua
|
1,8
|
36,8
|
4,7
|
17,6
|
31,8
|
0,8
|
4,9
|
1,7
|
100
|
Makrou Gourou
|
14,7
|
35,9
|
5,8
|
16,1
|
1,0
|
0,0
|
18,8
|
7,7
|
100
|
Bakoussatou
|
16,0
|
58,0
|
4,4
|
9,3
|
1,4
|
3,3
|
0,2
|
7,4
|
100
|
Namoutchaga
|
16,6
|
55,9
|
19,2
|
3,4
|
1,4
|
2,2
|
0,0
|
1,3
|
100
|
Yedekanhoun
|
25,1
|
54,0
|
10,8
|
3,4
|
0,9
|
2,0
|
0,8
|
2,9
|
100
|
Angaradebou
|
33,4
|
52,6
|
4,1
|
0,2
|
9,3
|
0,1
|
0,4
|
0,0
|
100
|
Goumori
|
30,1
|
35,9
|
3,4
|
1,5
|
4,5
|
0,3
|
0,6
|
23,7
|
100
|
Sehonouhoué
|
7,5
|
54,4
|
25,5
|
1,7
|
1,2
|
1,4
|
7,4
|
0,9
|
100
|
Tous villages
|
14,1
|
42,2
|
10,2
|
8,6
|
7,9
|
1,3
|
5,5
|
10,2
|
100
|
Source : SNV (2010b). Enquête de
référence PROCOTON, 2009. Annexe 1-Données par village
(p.3)
L'analyse du tableau montre la place importante qu'occupe la
production vivrière au sein des exploitations. En effet, les
spéculations vivrières marchandes sont utilisées par les
agriculteurs comme sources de revenus alternatives au coton.La diversification
agricole encouragée par le pays, ainsi que l'augmentation de la valeur
marchande des spéculations vivrières justifient en partie cette
situation (SNV, 2010 : 86 ; PSRSA, 2010 : 53)
v Liste des opérations culturales et calendrier
cultural du cotonnier
Plusieurs opérations culturales sont nécessaires
à la production de coton comme le montre le tableau 16. « Dans
les systèmes de culture en milieu contrôlé, la production
du coton est conduite sur la base des besoins en temps réel de la
plante » (Bourland, 1992 cité par Lawson, 2008). Mais au
Bénin, où la culture du coton est pluviale, la conduite de la
production est basée sur les saisons des pluies. Les périodes de
semis sont fixées au mois de juin (plus tôt au
Nord :1er juin et un peu plus tard au sud) (Lawson, op.cit).
Ainsi, les travaux champêtres pour la production du coton vont du mois de
juin au mois de décembre avec des variabilités selon les
différentes zones agroécologiques. La grande partie de la
période de culture de coton, notamment la période avant
récolte, ne coïncide pas avec le calendrier scolaire au
Bénin. En effet, l'année scolaire au Bénin va du mois
d'octobre au mois de juin, après les examens nationaux (Certificat
d'études primaires, le Brevet d'études du premier cycle...)Mais
la période de récolte du coton quant à elle, coïncide
avec le calendrier scolaire.
Par ailleurs, la plus grande partie des opérations
culturales se fait manuellement, à l'exception du labour et du
sarclobuttage, qui sont effectuées par certains producteurs (18%)
à l'aide de la culture attelée (SNV, 2010 : 18).
Somme toute, pour l'atteinte d'un niveau de
productivité satisfaisante, la culture du coton requiert un
accès, un contrôle suffisant et une allocation judicieuse des
facteurs de production (équipements : attelages ; main
d'oeuvre...)
Activités
|
Temps
Alloué44(*)
|
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Septembre
|
Octobre
|
Novembre
|
Décembre
|
Approvisionnement
en intrants
|
1 H/J
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Arrachage des anciennes tiges de cotonniers
|
5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Défrichement
|
5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Labour
|
15
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sarclo-buttage
|
10
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Semis
|
4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Démariage
|
4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Epandage d'engrais
|
2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sarclage
|
10
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Traitements phytosanitaires
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Récolte
|
40
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Transport de la récolte du champ
|
10
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Attachage des balles de coton
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : Calendrier réalisé sur la
base de données de l'enquête Procoton et de Lawson,
2008
Nettoyage des lieux de stockage
Tableau 16: Calendrier
cultural du cotonnier
L'analyse du temps alloué aux opérations
culturales montre qu'en moyenne 109 H/J de travail sont nécessaires pour
la culture d'un hectare de coton, contre 56H/J pour le maïs.
« L'équivalent adulte servant de standard
est un homme adulte en situation de travail. Les femmes non impliquées
dans une activité reproductive (allaitement, grossesse) et
âgées de 15 à 50 ans sont également
considérées comme un équivalent-adulte. Les enfants et les
personnes âgées sont comptés pour moins d'un
équivalent adulte » (SNV, 2010 : 36).
La production de coton utilise plus le facteur travail que
d'autres cultures de l'exploitation. Le labour, le sarclage et surtout la
récolte apparaissent comme les opérations les plus
pénibles et consommatrices de temps au regard du nombre d'actifs
qu'elles peuvent consommer.
v Organisation du travail agricole et allocation de la
main d'oeuvre au niveau des exploitations cotonnières
Le temps de travail des membres du ménage dont
l'âge est supérieur à 5 ans est réparti entre quatre
(4) catégories d'occupations :
§ Les activités sociales et culturelles,
puisles loisirs : ils regroupent les jeux, les
cérémonies coutumières, les réunions
communautaires... ;
§ Les activités de formation :
elles consistent à la scolarisation ou aux formations
professionnelles
§ Les tâches domestiques :
elles comprennent la collecte de l'eau, du bois et toutes autres
activités du ménage ;
§ Le travail sur les unités de
production : il concerne exclusivement les travaux au champ. Ce
travail productif concerne non seulement la production cotonnière, mais
aussi les autres spéculations pratiquées dans l'exploitation.
Le graphique 7 montre l'allocation du temps de travail de 9,3
personnes (les enfants de moins de 5 ans ne sont pas pris en compte) dans un
ménage moyen de 10,3 membres pendant une année.
Graphique 7:
Répartition du temps de travail au sein d'un ménage pendant une
année
Source :Graphique réalisé
à partir de la base de données de l'enquête
de référence PROCOTON, 2009
L'analyse du graphique montre que les actifs du ménage
allouent 37% de leur temps de travail à la production. Les
activités sociales et de loisirs occupent également une part
importante dans le ménage. Les personnes âgées allouent une
grande partie de leur temps aux activités sociales, et les enfants quant
à eux, pour les loisirs. Viennent ensuite les activités
domestiques et les activités de formation.
Quant à l'organisation de la main d'oeuvre, elle varie
d'un village à un autre.La main d'oeuvre familiale et la main d'oeuvre
salariée sont utilisées. La main d'oeuvre familiale est beaucoup
plus mobilisée à Aplahoué (100%) et Kandi (90%),
comparativement aux communes de Dassa, N'Dali, Djidja, Glazoué et
Banikoara, où c'est la main d'oeuvre salariée qui est
majoritairement utilisée.
4.2. Le travail des enfants
dans les exploitations cotonnières
4.2.1. Caractéristiques
des enfants travailleurs
L'effectif total des enfants âgés de 5 à
17 ans est de 921 dont 515 filles (56%) et 406 garçons (44%).La
répartition du temps de travail des enfants selon les différentes
catégories d'occupation révèle que 56% de ce temps est
destiné à la formation, 88,7% aux activités sociales,
70,9% aux tâches domestiques et 59,7% au travail productif. Le tableau 17
présente l'effectif des enfants impliqués (ou non) dans les
différents types de travaux au cours de l'année 2009 selon les
différentes zones cotonnières.
Tableau 17:
Répartition du travail des enfants au sein des exploitations
cotonnières au cours de l'année 2009
Zones cotonnières
|
Formation
|
Travail social
|
Travail domestique
|
Travail productif
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Zone cotonnière Alibori/ Zone 1
(N= 380)
|
161
|
219
|
313
|
67
|
248
|
132
|
214
|
166
|
Zone coton vivrier Borgou et sud
Atacora/Zone2
(N=155)
|
88
|
67
|
140
|
15
|
104
|
51
|
103
|
52
|
Zone Ouest Atacora/Zone 3
(N=170)
|
127
|
43
|
161
|
9
|
133
|
37
|
93
|
77
|
Zone vivrière Donga et Borgou/Zone 4
(N=31)
|
22
|
9
|
29
|
2
|
26
|
5
|
16
|
15
|
Zone collines/Zone 5(N= 25)
|
23
|
2
|
25
|
0
|
21
|
4
|
11
|
14
|
Zone sud/Zone 6(N=160)
|
94
|
66
|
149
|
11
|
121
|
39
|
113
|
47
|
Total (N=921)
|
515
|
406
|
817
|
104
|
653
|
268
|
550*
|
371
|
Total (%) sur l'ensemble de l'effectif des enfants (N=921)
|
56%
|
44%
|
88,7%
|
11,3%
|
70,9%
|
29,1%
|
59,7%
|
40,3%
|
N= effectif.Source :Tableau
réalisé à partir de la base de données de
l'enquête de référence PROCOTON, 2009
NB : Tous les résultats
présentés sur le travail productif des enfants concernent
uniquement les travaux réalisés sur les champs du chef de
ménage. Les travaux réalisés sur les parcelles
réservées aux aides familiaux ne sont pas pris en compte, par
souci de clarté et de concision.
* : Comme il a été précisé dans
la clarification des concepts, seul le travail productif sera concerné
par le reste des résultats. Ainsi l'effectif des enfants travailleurs
est de 550 enfants, soit 60% de l'effectif total des enfants issus des
exploitations cotonnières ;
4.2.1.1. Répartition par
sexe et par âgedes enfants travailleurs
Sur l'ensemble de la zone d'étude, la proportion de
filles effectuant un travail productif est supérieure à celle des
garçons. En effet, 64,2% de filles ont effectué des travaux
productifs contre 35,8% de garçons
En outre, l'analyse du tableau montre que les enfants de la
tranche d'âge 5-11ans, sont plus impliqués dans les travaux que
les autres tranches d'âge (Voir Tableau 18).
En outre, l'âge moyen d'un enfant travailleur est de
11,37 ans (ó= 3,33).
Tableau 18:
Répartition par sexe et par âge des enfants travailleurs dans les
exploitations cotonnières
Âge des enfants
|
Filles
|
Garçons
|
Total (%)
|
N
|
%
|
N
|
%
|
5-11 ans
|
169
|
30,7
|
106
|
19,3
|
50
|
12-13 ans
|
75
|
13,6
|
31
|
5,7
|
19,3
|
14-17 ans
|
109
|
19,8
|
60
|
10,9
|
30,7
|
Total
|
353
|
64,2
|
197
|
35,8
|
100
|
N : effectif ; Source :Tableau
réalisé à partir de la base de données de
l'enquête de référence PROCOTON, 2009
4.2.1.2. Part de temps
alloué à la formation par les enfants travailleurs
Les enfants travailleurs se voient allouer par leurs parents,
en moyenne 30,91% de leur temps pour la formation (scolarisation et
apprentissage de métiers), 13,10% pour les travaux domestiques, 19,32%
pour le travail social et 21,30% pour les travaux de production(C.f.tableau
19).
Les filles et les garçons consacrent respectivementen
moyenne, 31,28% et 30,23% de leur temps à la formation. Ces
résultats se justifient par les mesures de gratuité de
l'école pour les filles enregistrées au Bénin ces
dernières années.
Tableau 19: Moyenne de
temps alloué (%) à la formation et aux autres activités
par les enfants travailleurs
N
|
Types de travaux
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne45(*)
|
Ecart-type
|
550
|
Formation
|
0
|
83
|
30,91
|
24,57
|
550
|
Domestique
|
0
|
60
|
13,10
|
11,34
|
550
|
Social
|
0
|
93
|
19,32
|
15,10
|
550
|
Productif
|
1
|
97
|
21,30
|
17,30
|
Source :Tableau réalisé
à partir de la base de données de l'enquête de
référence PROCOTON, 2009
Par ailleurs, sur l'ensemble de la zone d'étude, 33,5%
d'enfants ne font aucune formation. 46,7% des enfants y consacrent 50% de leur
temps de travail alors que d'autres enfants (20,1%) se voient attribuer plus de
50% de temps de formation au cours d'une année (Cf. tableau 20).
Tableau 20: Temps
alloué à la formation par les enfants travailleurs dans les
exploitations cotonnières
Temps de travail alloué à la
formation
|
0
|
1-25%
|
26-50%
|
51-75%
|
>75%
|
Total
|
Effectif
|
183
|
29
|
228
|
101
|
9
|
550
|
Fréquence (%)
|
33,2
|
5,3
|
41,4
|
18,4
|
1,7
|
100
|
Source :Tableau réalisé
à partir de la base de données de l'enquête de
référence PROCOTON, 2009
Somme toute, le temps de travail des enfants au sein des
exploitations cotonnières, est partagé entre les travaux de
formation et les autres types d'activités de l'exploitation.
4.2.2. Types d'activités
et principales tâches effectuées par les enfants dans les
exploitations cotonnières
Les enfants effectuant un travail productif
représentent 59,8% de l'effectif total des enfants issus des
exploitations cotonnières. Ils travaillent comme des aides familiales au
sein des exploitations. Toutes les zones cotonnières identifiées
sont concernées par l'utilisation du travail de leurs enfants. Les
principales tâches effectuées par les enfants sont le semis, le
démariage, le guidage d'animaux de trait, le sarclage et la
récolte, non seulement pour la culture cotonnière, mais aussi
pour les autres cultures pratiquées dans les assolements.
§ Le semis : il consiste à
mettre sous terre dans des poquets, les graines de coton (ou de toutes autres
spéculations). Les poquets sont réalisés à l'aide
du talon des pieds ou avec un bâton ;
§ Le démariage : lors de la
levée des graines, le nombre de tiges ne doit pas excéder deux ou
trois. Ainsi, le démariage consiste à arracher à la main,
le surplus de tiges levées par poquet ;
§ Le guidage d'animaux de
trait :deux personnes sont nécessaires pour l'utilisation
de la culture attelée. En effet, une personne (adulte) reste à
l'arrière et tient la charrue, et la seconde reste à l'avant pour
le guidage des animaux de trait à travers les sillons ;
§ Le sarclage : il consiste
à enlever les mauvaises herbes et adventices des champs. Le sarclage
s'effectue manuellement avec la houe ;
§ La récolte du coton et des autres
spéculations de l'exploitation : elle s'effectue
manuellement.
Ces activités manuelles jugées
généralement faciles, et ne nécessitant pas d'efforts
physiques, sont réservées aux femmes et aux enfants au niveau des
exploitations. Les autres activités jugées plus pénibles
et dangereuses sont effectuées par les adultes. Cependant, l'enfant dont
l'âge est compris entre 15 et 17 ans, est considéré comme
un équivalent adulte. Son travail sur l'exploitation compte pour le
travail d'un adulte. Dès lors, les tâches exercées par les
adultes (ayant au moins 18 ans) peuvent également être
exécutées par ces enfants
4.2.3. Conditions de travail
des enfants dans les exploitations cotonnières
4.2.3.1. Lieux et horaires de
travail des enfants
Toutes les activités effectuées par les enfants
dans les exploitations cotonnières se font au champ. Ce sont des
activités diurnes qui commencent généralement à
l'aube (7h du matin) et se terminent le soir aux environs de 16h. Une
pause-déjeuner est prise par toute l'équipe de travail sur le
temps de midi, lorsque le soleil est au zénith. Le guidage des animaux
de trait pour le labour ou le sarclobuttage à la culture attelée,
peut durer 5jours pour la culture d'un hectare de coton. Le temps de semis,
varie également selon les superficies cultivées par le chef de
ménage. Il en est de même pour les activités de
démariage et de récolte. De ce fait, plus les superficies
cultivées sont élevées, plus le nombre de jours de travail
augmente pour les enfants.
4.2.3.2. Types de
rémunération et charges de travail des enfants
Le travail des enfants n'est pas
rémunéré, ni en nature, ni en espèces. Il est
plutôt considéré socialement dans la zone d'étude,
comme une aide logique que les enfants doivent apporter à leurs
parents.
Sur le plan de l'effort physique, les activités
exercées par les enfants, n'en demandent pas énormément.
Toutefois, ce sont des activités qui durent de longues heures et
requièrent l'adoption de positions présentant des risques
ergonomiques(troubles musculo-squelettiques). Le guidage des animaux de trait
et la récoltes'effectuent en position debout. Cette dernière
activité requiert des allers-retours pour décharger les sacs
remplis de fibres au lieu de collecte.Les activités de semis, de
démariage et de sarclage se font dans une position mi- accroupie. La
charge de travail des enfants n'est pas très élevée quand
on considère l'utilisation de l'effort physique, mais le devient au
regard du temps de travail et des positions adoptées.
Par ailleurs, 6,2% d'enfants, consacrent 51 à 70% de
leur temps au travail productif au cours d'une année, dans les
exploitations cotonnières. 67, 3% d'enfants consacrent 1 à 20% de
leur temps au travail productif (Voir tableau 21). L'analyse de ce tableau
révèle qu'une faible proportion d'enfants alloue tout leur temps
au travail productif. Ainsi au cours d'une année, en moyenne 20% du
temps des enfants est utilisé pour le travail productif. Le travail
productif, semble ainsi, ne pas empiéter sur la formation, les loisirs
et les autres occupations de l'enfant.
Tableau 21:Temps
alloué au travail productif par les enfants travailleurs dans les
exploitations cotonnières
Temps alloué au travail productif (en une
année)
|
Enfants travailleurs (Fréquence)
|
Pourcentage
(%)
|
[1-10%]
|
196
|
35,7
|
[11-20%]
|
174
|
31,6
|
[21-30%]
|
80
|
14,5
|
[31-40%]
|
32
|
5,8
|
[41-50%]
|
34
|
6,2
|
[51-60%]
|
12
|
2,2
|
[61-70%]
|
10
|
1,8
|
> 70%
|
12
|
2,2
|
Total
|
550
|
100
|
Source :Tableau réalisé
à partir de la base de données de l'enquête de
référence PROCOTON, 2009
4.2.4.Effets du travail des
enfants sur leur santé
« Le travail agricole, qu'il soit journalier ou
temporaire, a des effets sur la santé des travailleurs (adultes et
enfants). En effet, les activités agricoles durent de longues heures et
nécessitent des postures, pouvant occasionner des troubles
musculo-squelettique. En outre, le contact avec les animaux, ou des
végétaux allergènes sont source d'infections, de
parasitoses, d'allergies et d'autres maux... De plus, les distances parcourues
pour accéder aux champs peuvent être très longues.
L'exposition aux pesticides et engrais chimiques, sont également source
d'intoxication et présentent des risques cancérigènes
à long terme » (BIT, 2011 : 5).
Dans les exploitations cotonnières, les enfants
effectuent des tâches jugées peu pénibles. Cependant, ces
derniers sont exposés aux dangers et risques précédemment
cités. Ils le sont davantage, en comparaison aux adultes, lorsqu'on
considère leur état d'esprit, leurs conditions physiques et
psychologiques. Ainsi, quelle que soit la durée du travail, les enfants
travailleurs sont sujets à court ou à long terme à des
effets néfastes sur leur croissance et leur développement. (BIT,
2011 : 8).
Par ailleurs, l'existence de ces risques et effets reste peu
connue de la grande majorité des agriculteurs en milieu rural. Une
meilleure connaissance de ces risques, pourraient inverser la tendance du
travail des enfants. Les photos 1, 2 et 3 montrent quelques activités
effectuées par les enfants dans les champs de coton.
Photo 1:
Sarclobuttage/Guidage de boeufs de trait dans un champ de coton
Photo 2: Démariage
dans un champ de coton
Source :
http://www.erails.net/images/cote-divoire/cnra/cnra/file/ftech%20coton.pdf
Source :
http://www.erails.net/images/cote-divoire/cnra/cnra/file/ftech%20coton.pdf
Source :
http://www.cotton-made-in-africa.com/fr/le-coton-africain.html
Source :
http://www.thiriez.org
Photo 3: Activité de
récolte du coton
4.2.5. Effets du travail des
enfants sur leur scolarisation
L'année scolaire commence au début du mois
d'Octobre et s'achève à la mi- Juin, lorsqu'il n'y a aucune
crise. Ce calendrier scolaire est ponctué de congés : les
congés de fête au mois de Décembre ; les congés
de détente au mois de Février et les congés de
Pâques aux mois de Mars, d'Avril ou de Mai (en fonction de la date de la
fête de Pâques).
Selon le calendrier cultural du coton, les activités de
semis, de démariage et de sarclage ont lieu dans les mois de Juin et
Juillet. Cette période ne coïncide pas avec le calendrier scolaire.
Ainsi, l'utilisation des enfants pour les travaux champêtres dans cette
période, n'a pas à priori, d'effets directs sur leur
scolarisation. Néanmoins, ces travaux pourraient affecter la
scolarisation des enfants, si ces derniers y consacrent trop de temps. En
effet, la fatigue et les blessures... que pourraient occasionner ces
activités, auront sans doute des conséquences à moyen et
à long terme sur leur santé, et par conséquent sur leur
scolarisation.
Quant aux activités de guidage de boeufs de trait,
elles sont liées aux activités de labour et de sarclobuttage. Les
enfants ne sont généralement pas impliqués dans les
activités de labour.
Les activités de sarclobuttage s'effectuent dans les
mois de Mai et Juin. Les mois de Mai et de Juin, correspondent souvent aux
périodes d'examens et essais blancs. Pour les élèves qui
ne sont pas candidats aux différents examens nationaux, cette
période s'assimile à une période de repos et de
révision pour les derniers devoirs/ou le calcul des moyennes scolaires.
De ce fait, cette activité semble ne pas avoir de répercussions
immédiates sur la scolarisation des enfants.
Quant aux activités de récolte, elles ont lieu
à partir du mois d'Octobre, jusqu'au mois de Janvier. Contrairement aux
autres activités, la récolte du coton pourrait avoir de
répercussions sur la scolarisation des enfants. En effet, elle
coïncide avec le début de l'année scolaire et
nécessite beaucoup de main d'oeuvre. La rareté et la
cherté de la main d'oeuvre pourrait occasionner la
déscolarisation temporaire ou définitive des enfants.
4.2.6. Liens de parenté
entre les enfants travailleurs et le chef de ménage
La grande partie des enfants travailleurs ont un lien direct
avec le chef de ménage. 85,4% sont les enfants du chef de ménage.
Les autres sont des neveux/nièces (6,2%), d'autres sont les petits fils,
ou encore les frères et soeurs du chef de ménage. 0,9% d'enfants
sont sans liens directs de parenté avec le chef de ménage (Voir
graphique 8).
Graphique 8: Liens de
parenté des enfants travailleurs avec le chef de
ménage
Source :Graphique réalisé
à partir de la base de données de l'enquête de
référence PROCOTON, 2009
4.3. Conclusion partielle
Les responsables d'unités de production
cotonnière sont en grande majorité des hommes, dont la moyenne
d'âge est située dans la quarantaine. Les ethnies dominantes au
niveau de la zone cotonnière sont le « Bariba », le
« Mokolé » et l' « Adja ».
La taille moyenne des exploitations est de 10 membres, avec un effectif de 5
personnes à charge. Près de 70% des responsables d'unités
de production n'ont jamais été à l'école.
Par ailleurs, le travail des enfants est une
réalité dans les exploitations cotonnières au
Bénin.
Les enfants âgés de 5 à 17 ans,
travaillent dans le cadre familial pour apporter de l'aide à leurs
parents. Aussi, à 15 ans, l'enfant se voit attribuer des tâches
d'adulte, étant donné qu'il est considéré comme
tel. Les tâches assignées aux enfants sont jugées faciles
par les parents et la société, mais elles deviennent
éreintantes, lorsqu'elles sont analysées par rapport au temps et
aux positions de travail.
Cependant, l'ampleur du travail des enfants, n'est pas assez
grande, puisque la majorité consacre moins de 30% de leur temps au
travail sur les exploitations cotonnières. Le reste est partagé
entre leurs loisirs, formation et au niveau des tâches domestiques.
CHAPITRE 5 : FACTEURS
DETERMINANTS DU TRAVAIL DES ENFANTS DANS LES EXPLOITATIONS COTONNIERES
Le travail des enfants, est expliqué par plusieurs
facteurs, dont la pauvreté est généralement citée
en premier. Dans ce chapitre, il s'agit d'identifier et d'analyser les raisons
qui emmènent les parents à faire travailler les
enfants.
5.1. Facteurs de
bien-être du ménage
5.1.1. Liens entre le travail
des enfants et le revenu des ménages
Le test de corrélation entre le revenu des
ménages et le nombre d'enfants travailleurs montre que le coefficient de
corrélation r = 0,234 et « p value » est<
0,0546(*).
Ainsi, r est différent de 0 et significatif au seuil de
5%. Les variables « revenu des ménages » et
« nombre d'enfants travailleurs » sont
corrélées, mais faiblement comme le montre le graphique 9
ci-dessous.
L'analyse de ce graphique montre dans l'ensemble que les
enfants travailleurs sont concentrés au niveau des ménages dont
les revenus sont compris entre 0 et 4.000.000 FCFA. Au-delà du niveau de
revenu de 4.000.000 FCFA, le nombre d'enfants travailleurs est faible.
Cependant, le graphique montre également que certains
ménages dont le niveau de revenu est très élevé
(> 8.000.000 FCFA) ont 10 à 12 enfants qui travaillent.
Ainsi, le niveau de revenu du ménage ne pourrait
à lui seul expliquer l'utilisation du travail des enfants dans la
présente étude.
Graphique 9:
Répartition du nombre d'enfants travailleurs en fonction du revenu des
ménages
Source :Graphique réalisé
à partir de la base de données de l'enquête de
référence PROCOTON, 2009
5.1.2. Lien entre le travail
des enfants et les capitaux détenus par les ménages
Le test de corrélation effectué entre les
variables « nombre d'enfants travailleurs » et les
« capitaux détenus par les ménages » montre
que le coefficient de corrélation r = 0,089 et n'est pas
significatif.
Les capitaux détenus par les ménages sont
positivement corrélés avec leurs revenus. Ainsi, les
résultats attendus du test de corrélation devraient être
identiques à ceux obtenus au niveau des revenus. Mais tel n'est pas le
cas. En effet, le coefficient r = 0, 09, est plutôt proche de 0 (Voir,
annexe 2). Ce qui indique un manque de corrélation entre le nombre
d'enfants travailleurs et les capitaux détenus par les ménages.
De plus, le test n'est pas significatif. Ces résultats obtenus
pourraient être imputés aux limites du modèle de
corrélation. En effet, selon Bourbonnais (2011 : 13),
« le modèle de corrélation ne permet de
déterminer que des corrélations linéaires entre variables.
Ainsi, deux variables en totale dépendance peuvent avoir un coefficient
de corrélation nul ».
Ces résultats pourraient également se justifier
par la taille de l'échantillon et les limites de cette étude
précédemment élucidées.
5.1.3. Le niveau de
vulnérabilité des ménages et son impact sur les
enfants
Les exploitations cotonnières ont été
sujettes à plusieurs crises lointaines47(*) ou récentes. Ces crises concernent entre
autres, des maladies ou accidents, qui entraînent une immobilisation
temporaire ou durable des membres des ménages. 42,8% des exploitations
ont cité cette catégorie de crises. Les décès
d'ascendants, ou de descendants ainsi que d'autres parents proches des chefs de
ménages font partie également des crises rencontrées par
23,8% des exploitations. Les autres crises, non moins importantes concernent
les pertes de récolte et de cheptel, des cérémonies
engendrant des dépenses financières (C.f. graphique 10)
Graphique 10: Nature des
crises au sein des exploitations cotonnières
Source :Graphique réalisé
à partir de la base de données de l'enquête de
référence PROCOTON, 2009
La gestion de ces différentes crises entraîne des
recours. Ces derniers sont fonction de l'intensité de la crise. Les
recours vont de l'emprunt et de l'utilisation de l'épargne à la
vente sur pied des récoltes. Dans l'échantillon
considéré pour la présente étude, aucun recours
n'implique la déscolarisation, ni l'envoi en domesticité des
enfants. Les ménages producteurs cherchent plutôt d'autres
alternatives qui ne nuisent pas à « l'avenir » de
leurs dépendants enfants comme le montre le graphique 11.
Graphique 11: Nature des
recours effectués par les exploitations cotonnières face aux
crises
Source :Graphique réalisé
à partir de la base de données de l'enquête de
référence PROCOTON, 2009
L'analyse des résultats obtenus implique que les
ménages enquêtés ne sont pas si vulnérables, au
point se sacrifier les chances de réussite de leurs enfants. Toutefois,
ces résultats n'excluent pas l'existence de ce type de recours48(*). Un échantillon plus
grand pourrait faire ressortir des ménages, qui seraient contraints
d'envoyer leurs enfants en domesticité ou de vendre leur force de
travail pour la gestion des crises.
5.1.4. Test de
l'hypothèse 1
Dans les exploitations cotonnières identifiées,
les enfants allouent en moyenne 20% de leur temps au travail productif. La
formation et les loisirs occupent également une place importante dans la
vie des enfants et représentent respectivement 30,9% et 19,3% du temps
de travail des enfants en une année.
Par ailleurs, l'analyse du revenu des ménages et le
nombre d'enfants travailleurs, révèle une corrélation
faible. De plus, l'analyse effectuée entre les capitaux détenus
par les ménages et le nombre d'enfants travailleurs montre qu'il n'y a
pas de corrélation apparente entre ces deux variables.
Ainsi, il peut être conclu que l'axiome de luxe de Basu
et Van semble ne pas être vérifié pour la présente
étude de cas. Ces résultats corroborent avec ceux obtenus par
Rajan (2000) au Pérou et Canagarajah et Coulombe (1997) au Ghana.
En outre, les enfants travaillent dans le cadre familial avec
leurs parents. Les enfants n'entrent pas en compétition avec les adultes
sur le marché du travail. Ils les aidentplutôt pour des
tâches jugées faciles et peu contraignantes. Ceci témoigne
de la prise en compte de la condition physiologique et physique de l'enfant. Si
l'exploitation cotonnière est considérée comme une
entreprise, l'hypothèse de substitution de Basu et Van semble ne pas
être vérifiée.
La mesure du niveau de vie des ménages, a porté
également sur le niveau de vulnérabilité des
ménages. En effet, aucun ménage, n'a recours au travail des
enfants pour gérer des crises. Des solutions alternatives sont
plutôt trouvées pour la gestion des crises.
L'hypothèse 1 est infirmée. Toutefois, compte
tenu des limites de cette étude, ces résultats méritent
d'être vérifiés par des études ultérieures
plus complètes et spécifiques sur le travail des enfants dans les
exploitations cotonnières.
5.2. Facteurs socioculturels
déterminant le travail des enfants
5.2.1. La perception de
l'enfant dans l'organisation sociale traditionnelle béninoise
L'enfant occupe une place importante dans la
société traditionnelle au Bénin. Il est perçu comme
l'héritier et le garant des valeurs sociales et culturelles comme le
montre la figure 4 ci-dessous.
Figure 4: Nuage
sémantique de l'enfant dans la société traditionnelle
béninoise
ENFANT
Précieuse valeur ajoutée
Relève de la communauté
Force économique et sociale
Privilège pour le père
Garant de la sécuritéde la femme
Garant du bonheur et de la survie des parents et de la
communauté
Vecteur de développement des communautés
Créateur de liens sociaux
Ciment du couple
1ère richesse du monde
Source : Figure réalisée
sur la base des travaux de Hounyonto (2009)
L'analyse du nuage sémantique de l'enfant dans la
société traditionnelle béninoise témoigne de
l'intérêt et de la valeur accordés à l'enfant tant
par sa famille, que par sa communauté toute entière. En outre,
l'identité de l'enfant se construit dans un cadre social et
communautaire.
Cette place qu'occupe l'enfant, explique son implication
active dans l'organisation sociale traditionnelle au Bénin.
« Dans la société traditionnelle
béninoise, l'enfant est un sujet de droits et de liberté. Ces
droits non écrits, mais gravés dans le subconscient de chaque
membre de la communauté sont reconnus, respectés, garantis et
protégés. Au nombre de ces droits, on peut
citer« le droit à la vie ; le droit à une
alimentation ; le droit à une famille ; le droit au logement,
le droit au champ ou à la fortune représentant le droit à
la propriété pour l'enfant mais également le droit
à l'héritage, le droit aux mânes protecteurs qui est
l'équivalent de nos jours du droit d'être protégé
notamment conte le mal, la maltraitance, les abus et l'exploitation ; le
droit à une éducation ; le droit à un nom et
à une identité, le droit à la parole et le droit à
la participation communautaire» (Hounyonto, 2009).
« Cependant, les droits de l'enfant impliquent
également des devoirs envers sa famille et sa communauté.
Contrairement aux droits, les devoirs des enfants envers leurs parents, sont
nettement énumérés montrant leur prééminence
dans la société traditionnelle béninoise voire africaine.
En effet, le droit à la participation communautaire
« oblige » entre autre l'enfant à apporter son aide
à sa famille, dans ses différentes tâches quotidiennes
à savoir les travaux domestiques et champêtres...Ainsi, dès
que son âge le permet, l'enfant a le devoir de mettre ses forces et
capacités physiques et intellectuelles à la disposition de sa
communauté d'appartenance. Il est également le garant de la
tradition à travers la préservation des valeurs culturelles, des
normes et de la coutume. Un proverbe fon béninois l'illustre
pleinement : « Vid?k?n ?n zokun nã
tchio ». Ce qui se traduit littéralement en
français par « Lorsque l'enfant est là, le feu ne
s'éteindra jamais ». Le feu dont on parle se résume aux
valeurs culturelles, sociales et collectives.
Le non-respect de ses différents devoirs par l'enfant,
implique une négation ou un refus de garantir ses droits
(précédemment cités)par la collectivité »
(Hounyonto, op.cit)
L'analyse de toutes ses représentations sociales de
l'enfant, explique et justifie l'utilisation du travail des enfants dans la
société traditionnelle béninoise. Le travail des enfants
dans le cadre des exploitations cotonnières doit donc être
perçu comme une valeur sociale et non une exploitation
économique. En effet, le temps consacré par les enfants au
travail productif en dit long. Ce dernier n'empiète pas sur les loisirs
de l'enfant, ni sur sa formation. Les tâches jugées socialement
dangereuses et très pénibles sont effectuées par les
adultes, dans un souci de respect de la vie et de la condition fragile de
l'enfant.
5.2.2. La socialisation de
l'enfant dans la société traditionnelle béninoise
Le travail des enfants dans les exploitations
cotonnières au Bénin, peut être donc perçu comme une
forme de socialisation. « Cette éducation de l'enfant se fait
en fonction de son développement physique et de son âge.
L'initiation très précoce de l'enfant au travail, est
perçue dans la tradition comme une initiation aux valeurs de l'effort.
L'enfant se voit ainsi formé à l'acquisition du goût du
travail, devant lui permettre de se préparer à ses
responsabilités futures dans sa communauté »
(Hounyonto, 2009). Kouton (2005 : 994) cité par (Agoli-Agbo, Sd.),
avait déjà abondé dans le même sens. Selon
lui, « le travail des enfants constitue un outil de
socialisation et de formation. En effet, l'enfant qui ne boude pas les travaux
champêtres et ou domestiques pour aider ses parents est
considéré comme « bien éduqué » ; il
sera capable d'affronter les difficultés de la vie entres autres en
exerçant très tôt des activités à
caractères économiques. « Il est bien dégourdi et
pourra se débrouiller seul face à certaines difficultés
». C'est presque des valeurs qu'on transmet à l'enfant. Par contre,
l'enfant paresseux qui n'aime pas aider ses parents devient très vite un
pestiféré, personne n'aime le prendre avec lui et on lui
prédit même un avenir sombre. Fille ou garçon, il aura du
mal à s'insérer dans le tissu social. Ainsi la culture africaine
est donc assez favorable au travail des enfants, mais pas sous sa forme
d'exploitation ».
Par conséquent, l'initiation au travail des enfants
exclut toute forme d'abus et de déviances, pouvant porter atteinte aux
capacités physiques de l'enfant et à ses droits.
La faible utilisation des enfants dans les exploitations
cotonnières, pourrait être assimilée à leur
initiation au goût du travail. En effet, les enfants sont
impliqués dans les travaux productifs quel que soit le niveau de revenu
et des capitaux des ménages.
Par ailleurs, d'autres représentations sociales sont
faites du travail des enfants, non seulement au Bénin, mais aussi dans
les pays avoisinants. C'est le cas d'un village du Burkina-Faso dont les jeunes
enfants en âge de travailler, émigrent pour travailler comme
manoeuvre agricole au Bénin. Plusieurs facteurs présentés
par l'encadré justifient cette situation.
Encadré 5: Autres
déterminants sociaux du travail des enfants
Banikoara, est l'une des communes qui contribue
majoritairement à la production nationale de coton au Bénin.
Gnoulla Yempabou est un jeune enfant d'origine burkinabè, venu y
travailler à l'âge de 16 ans, comme manoeuvre agricole. Ce
dernier participe au recrutement d'autres manoeuvres pour son
« patron » au Burkina-faso (dans un village situé
à 30Km de Banikoara),pour la prochaine saison cotonnière. Gnoulla
estime que ''De toutes les façons, il est bien plus facile d'être
ouvrier agricole au Bénin qu'au Burkina Faso où la terre est
très dure à travailler' »
''Tout ce qui intéresserait les enfants
burkinabè, ce sont les 60.000 FCFA (environ 105 dollars US) qu'ils vont
pouvoir ramener chez eux à la fin de la saison, et les honneurs qu'ils
vont tirer de leur séjour au Bénin'', affirme Orou Mahamé
Douné, chef de l'arrondissement de Soroko, frontalier du Burkina Faso.
Pour le jeune Burkinabè, dit-il, ''séjourner au
Bénin est une fierté, un honneur. Le jeune qui séjourne au
Bénin est jugé plus valeureux que celui qui n'a jamais connu ce
pays. Le premier a plus de chance d'avoir une femme que le second. Il
plaît aux filles et la communauté lui confie plus de
responsabilités.
Source : Boko, M. (2013). DROITS-BENIN:
Une ONG veut arracher 400 enfants des champs de coton. [Article en ligne],
URL :
http://www.ips.org/fr/droits-benin-une-ong-veut-arracher-400-enfants-des-champs-de-coton/,
consulté le 18 Mai 2013.
L'analyse de cet encadré, montre que le travail des
enfants peut être également déterminé par une
quête d'honneur et d'affirmation sociale.
5.2.3. Test de
l'hypothèse 2
La perception de l'enfant dans la société
traditionnelle béninoise semble être un facteur très
déterminant du travail des enfants. La place et les rôles
dévolus à l'enfant dans l'organisation sociale du travail en
témoignent largement. Par ailleurs, la recherche d'une certaine
affirmation sociale pourrait déterminer également le travail des
enfants.
Il ressort de ces différentes analyses que
l'hypothèse 2 est confirmée.
En outre, d'autres facteurs, cités dans le rapport de
l'enquête nationale sur le travail des enfants au Bénin,
pourraient favoriser le travail des enfants. Il s'agit du :
§ milieu de résidence de
l'enfant : l'enfant qui réside en milieu rural a plus de
chances de travailler que celui qui réside en milieu urbain ;
§ lien de parenté de l'enfant et du chef
de ménage : lorsque l'enfant n'a pas de filiation directe
avec le chef de ménage, il est susceptible d'être mis au travail;
§ du sexe du chef de
ménage : lorsque l'enfant vit dans un ménage
dirigé par un homme, la probabilité que l'enfant travaille est
élevée;
§ du niveau d'instruction du chef de
ménage : lorsque le chef de ménage n'a aucun niveau
d'instruction, il a tendance à faire travailler ses enfants.
La présente étude, n'a pas pu vérifier
ces hypothèses. Toutefois, ces hypothèses pourraient être
utilisées par d'autres recherches ultérieures complètes
sur le travail des enfants.
5.3. Conclusion partielle
Le travail des enfants semble plus lié aux normes
sociales et culturelles qu'au niveau de vie des ménages. En effet,
l'enfant représente une source de richesse pour sa famille et sa
communauté, et ne saurait être exploité, uniquement
à des fins économiques. Ainsi, le travail des enfants est
socialement accepté et encouragé dans la société
traditionnelle béninoise et africaine. Cependant, ces résultats
concernant les facteurs déterminants du travail des enfants dans les
exploitations cotonnières méritent d'être confirmés
par des études ultérieures et spécifiques, avec un
échantillon plus représentatif.
QUATRIEME PARTIE :
CONCLUSIONS ET SUGGESTIONS
CHAPITRE 6 :
CONCLUSIONS ET SUGGESTIONS
6.1. Conclusion
Cette étude a permis d'avoir des informations sur le
travail des enfants dans les exploitations cotonnières au Bénin.
L'objectif de cette étude a été de faire un état
des lieux du travail des enfants dans les exploitations cotonnières,
tout en essayant d'identifier les facteurs le déterminant.
Malgré l'utilisation de données secondaires et
des limites présentées par cette étude, plusieurs
conclusions peuvent en être tirées. Les conclusions
afférentes à l'étude de cas sont les suivantes:
v Le travail des enfants n'est pas un mythe dans les
exploitations cotonnières au Bénin. Il existe, mais reste de
faible ampleur, comparativement à d'autres productions où les
enfants sont présents à toutes les étapes. En effet, les
enfants consacrent en moyenne 20% de leur temps au travail productif pendant
une année, le reste étant consacré à leur
formation, aux tâches domestiques et aux loisirs. Les enfants exercent
les activités de semis, de sarclage, de démariage, de guidage des
boeufs de trait et de récolte.
v Ces travaux jugés peu pénibles, et donc
adaptées aux conditions des enfants du point de vue social,
présentent toutefois des risques sur la santé des enfants.
L'exposition des enfants aux produits chimiques, les postures et d'autres
facteurs présentent des risques importants pour la croissance et le
développement des enfants. Ces risques encourus tant par les adultes,
que par les enfants sont peu connus.
v Sur le plan de la scolarisation, le calendrier cultural
coïncide avec le calendrier scolaire, uniquement lors des activités
de récolte. Toutefois, les enfants consacrent plus de temps à
leur formation qu'aux autres activités pendant une année. Ainsi
le travail des enfants semble ne pas influer significativement sur la
scolarisation des enfants.
v Le travail des enfants semble plus lié aux normes
sociales et culturelles qu'au niveau de vie des ménages. La
corrélation entre le nombre d'enfants travailleurs et les revenus de
ménages est en effet très faible. Il en est de même pour
les capitaux détenus par les ménages. En outre, le recours n'est
pas fait au travail des enfants pour la gestion des crises qui surviennent dans
les exploitations. Par ailleurs, l'enfant est
« sacré » dans la société
béninoise. Il peut donc être conclu que les enfants ne sont pas
exploités. L'utilisation de leur main d'oeuvre, loin d'être
justifiée systématiquement par des raisons économiques,
pourrait plutôt trouver son explication dans les perceptions sociales et
culturelles de l'enfant et du travail dans la société
béninoise.
Par ailleurs, l'élimination complète du travail
des enfants, au sens des normes internationales, paraît plutôt
« utopiques » à court et à moyen
terme.Cependant des mesures doivent être prises pour prévenir et
punir les abus en matière de travail des enfants.
6.2. Suggestions
Au terme du présent travail, il convient que les normes
sociales et culturelles soient prises en compte lors d'une étude
relative au travail des enfants au Bénin. Il n'y a pas de solutions
toutes faites pour prévenir et éliminer les abus en
matière de travail des enfants. Cependant, plusieurs actions
méritent d'être menées par les différents acteurs
concernés par cette situation. A cet effet, nous suggérons ce
qui suit :
v A l'endroit du ministère de la famille et de
l'enfant et du Ministère de la justice, de la législation et des
droits de l'homme du Bénin :
§ Définir une liste des travaux dangereux pour les
enfants dans toutes les branches d'activités au Bénin ;
§ Punir les abus liés au travail des enfants tant
en milieu rural qu'urbain
§ Limiter le temps de travail des enfants à un
niveau maximum, afin de réduire leur exposition aux dangers et risques
que présentent les activités agricoles
v A l'endroit de l'IPEC (Programme international pour
l'abolition du travail des enfants) et de l'Unicef (Fonds des Nations Unies
pour l'Enfance) :
§ Informer et sensibiliser la population sur les dangers
et risques liés au travail agricole et particulièrement pour les
enfants ;
v A l'endroit des services publics en charge de la
vulgarisation agricole au sein des CARDER (Centres Agricoles Régionaux
pour le Développement Rural)
§ Promouvoir et vulgariser la petite
mécanisation, afin de réduire la pénibilité et le
temps de travail tant pour les enfants que pour les adultes ;
§ Promouvoir et vulgariser la méthode de guidage
des boeufs de trait par l'arrière49(*) (recommandée par l'initiative CmiA (Coton
made in Africa) au niveau de tous les agriculteurs.
Nous espérons que les résultats de la
présente étude, bien qu'étant perfectibles,donneront des
pistes de recherche pour les études ultérieures en matière
de travail des enfants.
6.3. Implications futures
La présente étude a analysé le niveau de
vie des ménages, en tenant compte uniquement de leurs niveaux de
revenus, des capitaux et de vulnérabilité. L'indicateur
d'insécurité alimentaire n'a pas été pris en
compte. Cet indicateur mérite d'être pris en compte par des
recherches ultérieures. Aussi, d'autres facteurs tels que le niveau
d'instruction, le sexe du chef de ménage et le milieu de
résidence de l'enfant pourraient être également pris en
compte par d'autres études afin de rendre plus complet le présent
travail.
REFERENCES
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17/07/2013
http://www.decentralisation-benin.org/spip.php?article289du
17/07/2013
ANNEXES
Annexe 1 : Carte du Bénin présentant les zones
agroécologiques avec une matérialisation des zones
cotonnières
Zones de production cotonnière
Zones de production cotonnière
Zones de production cotonnière
Zones de production cotonnière
Zones de production cotonnière
Zones de production cotonnière
Source : Matérialisation des
zones cotonnières à partir de (Ton et al., 2005 :6)
Carte de zones agroécologiques : Ministère de
l'agriculture et des pêches , Global DCW, ESRI 2002, VAM data.
Annexe 2 : Résultats du test de corrélation
entre le nombre d'enfants travailleurs et le revenu des ménages
|
|
|
NBRENFAN
|
MBTOTAL
|
NBRENFAN
|
Pearson Correlation
|
1
|
,234*
|
Sig. (2-tailed)
|
|
,043
|
N
|
75
|
75
|
MBTOTAL
|
Pearson Correlation
|
,234*
|
1
|
Sig. (2-tailed)
|
,043
|
|
N
|
550
|
550
|
*. Correlation is significant at the 0.05 level (2-tailed).
|
Résultats du test de corrélation entre le nombre
d'enfants travailleurs et le niveau de capitaux des ménages.
|
|
|
NBRENFAN
|
CAPTOT
|
NBRENFAN
|
Pearson Correlation
|
1
|
,089
|
Sig. (2-tailed)
|
|
,448
|
N
|
75
|
75
|
CAPTOT
|
Pearson Correlation
|
,089
|
1
|
Sig. (2-tailed)
|
,448
|
|
N
|
550
|
550
|
* 1 Dans plusieurs pays
africains, la production de coton est repartie après 2010. Cette hausse
est en partie liée à la remontée des coûts de la
fibre de coton sur le marché mondial. Mais le Bénin, n'a pas su
tirer pleinement profit de cette situation, à cause de la mal
organisation de la filière cotonnière et d'autres
problèmes concernant la baisse de la fertilité des sols et des
rendements de coton (CCIC/ICAC, 2012cité par UE et Groupe des Etats
ACP: 17 ; 51)
* 2 Toutefois, cette
qualité intrinsèque reconnue au coton africain devient de plus en
plus relative actuellement. En effet, les exigences des industries textiles ne
cessent d'évoluer. La contamination du coton par des débris
végétaux et des emballages en polypropylène en sont pour
beaucoup (
www.Cottonacp.org du
03/07/2013 ; SNV, 2010 : 10). Les pays africains producteurs de coton
doivent intégrer cette nouvelle donne, pour se maintenir sur le
marché cotonnier)
* 3 L'agriculture manuelle est
mise en opposition à l'agriculture mécanisée
pratiquée dans les pays développés. Toutefois, la culture
attelée est utilisée dans les grandes zones cotonnières au
Bénin, mais toujours avec un besoin de main d'oeuvre pour diriger les
animaux de trait.
* 4
http://www.fao.org/docrep/015/i2490e/i2490e01b.pdf
du 03/07/2013.
* 5La situation actuelle du
coton fait état d'une augmentation des prix du coton conventionnel sur
le marché mondial. Toutefois, le coton équitable et biologique
sont encore crédités et prisés par les consommateurs (CTB,
2011)
* 6 Source : AFD
(sd). Développer la filière de coton
équitable et bio-équitable en Afrique de l'ouest et du
centre, [En ligne], URL :
http://www.afd.fr/webdav/site/afd/shared/ELEMENTS_COMMUNS/infos-projets/Telechargements/Coton-equitable-AfriquedelOuest.pdfdu
08/07/2013
* 7 Source :
http://atilf.atilf.fr/academie9.htmdu
08/07/2013
* 8 Source :
http://fr.cyberdodo.com/dossiers/definition-de-l'enfant/2.htmldu
08/07/2013
* 9 Source :
http://www2.ohchr.org/french/law/pdf/crc.pdfdu
08/07/2013
* 10 Source :
http://www.unifr.ch/socsem/cours/compte_rendu/conventions.pdfdu
10/07/2013
* 11 Source : UNICEF
(1997). « La situation des enfants dans le monde
1997 ». [En ligne] ; URL :
http://www.unicef.org/french/sow97/sowc97f2.pdfdu
10/07/2013120p.
*
12Source :
http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/
du 15/05/2013
* 13Source :
http://www.cuy.be/ecocredagri/lexique/lexique_n.htmdu
15/05/2013
* 14Source :
http://public.iutenligne.net/economie/Simonnet/Lexique.htmdu
16/05/2013
* 15 Source :
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3.0. du 16/05/2013
* 16Source :
http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/exploitation-agricole.htm
du 16/05/2013
* 17 Source :
http://www.tresor.economie.gouv.fr/pays/benin
consulté le 7 Mars 2013
* 18 Le Gossypium
barbadense représente environ 5% de la production de coton
tandisque l'espèce hirsutum est la plus cultivée (90%)
(CNUCED, 2013; Berti, 2011)
* 19 URL :
http://r0.unctad.org/infocomm/francais/coton/descript.htmdu
15/03/2013
* 20 idem
* 21 Source :
http://www.bj.refer.org/benin_ct/edu/isysphyt/francais/util/fcultur/ficoton.htmdu
15/03/2013
* 22 : Actuellement le
département du Borgou est scindé en deux : Borgou et
Alibori
* 23 Le Département du
Zou est également scindé en deux : Zou et Collines
* 24 Accord de 1999 portant
transfert au secteur privé de la responsabilité de l'organisation
des consultations pour l'approvisionnement en intrants agricoles
* 25Depuis 2012, l'AIC a
été dessaisie de ses rôles dans le secteur cotonnier au
Bénin par le gouvernement béninois
* 26 Statistiques concernant
les enfants occupés économiquement âgés de 5
à 17 ans recensés lors de l'enquête nationale sur le
travail des enfants menée en 2008
* 27 Voire figure 2
ci-dessous
* 28 Le présent
mémoire vise à faire un état des lieux du travail des
enfants. Ainsi, j'ai choisi de dépasser l'âge minimum requis pour
travailler au Bénin qui est de 14 ans, afin de prendre de façon
globale tous les enfants de moins de 18ans.
* 29Le Système de
comptabilité nationale (SCN) est un ensemble de recommandations standard
approuvé au plan international concernant la méthode de
compilation des mesures de l'activité économique en
conformité avec des conventions comptables précises basées
sur des principes économiques.
* 30 Source : Le concept
du travail: de la théorie marxiste à la pédagogie Freinet,
p.11. URL :
http://www.icem-freinet.fr/archives/d-neduc/d-neduc-222/11-15.pdfdu
17/07/2013
* 31Les mouvements d'enfants
se sont constitués en un mouvement international en 1996 à
Kundapur. La déclaration de Kundapur est déclinée en 10
points dont l'une d'elles est : « Nous sommes contre l'exploitation
de notre travail, mais nous sommes pour le travail digne, avec des horaires
adaptés pour notre éducation et nos loisirs »
* 32 Source : IITA
(2002 cité par CSAO/OCDE, 2009 : 23).
* 33 Source : OIT
(2012 : 35)
* 34 Source : BIT/INSAE
(2009). Enquête nationale sur le travail des enfants au Bénin
- 2008, rapport final, 154p.
* 35L'objectif du PROCOTON
est de contribuer à la sécurisation et à
l'amélioration durable et équitable des revenus des
exploitations familiales cotonnières d'une part, et d'améliorer
la gouvernance de la filière coton par le truchement des organisations
des producteurs de coton d'autre part. Le PROCOTON est financé par
l'Ambassade du Royaume des Pays Bas au Bénin et est mis en oeuvre par
l'Organisation Néerlandaise de Développement au Bénin (SNV
Bénin)
* 36 Voir « zones de
production de coton » dans la première partie du rapport.
* 37 Sources :
Données de l'Enquête nationale sur le travail des enfants au
Bénin-2008
* 38 Source : toute la
littérature développée dans cette partie est tirée
du rapport Procoton, 2010 et du site web
http://www.decentralisation-benin.org/spip.php?article289du
17/07/2013
* 39 Source :
HOUNYOTON, H. (2009). La protection de l'enfant vidomegon
au Bénin : mythe ou réalité ? Mémoire pour
l'obtention du Master 2 Recherche« Histoire, Droit, Droits de l'Homme
» Université catholique de Lyon / UPMF Grenoble - Master 2
recherche 2009. Paragraphe 2.
* 40 Source : BOKO, M.
(2013). DROITS-BENIN: Une ONG veut arracher 400 enfants des champs de
coton. [En ligne]. URL :
http://www.ips.org/fr/droits-benin-une-ong-veut-arracher-400-enfants-des-champs-de-coton/
consulté le 10 Juin 2013.
* 41 La production non vendue
est évaluée au prix moyen de l'année (enregistré en
entretiens de groupe au début de l'enquête)
* 42 1 euro = 655,957 FCFA
* 43 « Certains
villages comme Bakoussarou et KoeKoe kanmè ont une population
très dispersée dans le terroir villageois, ce qui facilite
l'accès aux champs et terres fertiles mais rend plus difficile celui
à l'eau potable, à l'école et à
l'information » (SNV, 2010 : 42)
* 44 Temps alloué
exprimé en Homme jours par hectare
* 45 Seul le temps de travail
effectué sur l'unité de production du chef de ménage a
été pris en compte. Certains enfants, disposant de leurs propres
unités de production y consacrent également du temps (15,37%).
* 46 : Voir les
résultats du modèle en annexe 2
* 4785% des crises
concernent les années 2006, 2007, 2008 et 2009. 15% concernent les
années 2002, 2003, 2004 et 2005
* 48 Dans la base de
données de l'enquête de référence, certains
ménages (non producteurs de coton), donc non pris en compte par notre
analyse ont eu recours à la vente de la force de travail de leurs
enfants.
* 49 L'initiative CmiA (Cotton
made in Africa), promeut actuellement pour ses adhérents, une formation
à la culture attelée pour une maitrise du guidage des boeufs de
trait par l'arrière. Ce mode de travail permettrait
d'économiser le travail du guide (souvent un enfant non
scolarisé).
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