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Le paysage politique guinéen est de nos jours
occupé par près de 215 partis politique constitués
légalement. Mais depuis les premières élections
présidentielles 1993 jusqu'en 2006 les élections ont
été boycottées par la majorité des partis
politiques opposés au régime du General Lansana Conté.
Celui-ci, à la tête du CMRN, avait prit le pouvoir par un coup
d'Etat après le décès du père de
l'indépendance. Ce coup d'Etat du 03 Avril 1984 tournait la page de 26
années de règne du parti unique par l'instauration d'un
multipartisme intégral qui constituait un espoir pour les milliers
d'exilés guinéens. (CENI, 2011 : p. 8)
Au terme de plusieurs années de boycott suivi de la
suspension de la Guinée à des instances internationales. Ces
suspensions eurent pour conséquence la limitation de l'accès au
financement extérieur. Pour débloquer cette situation, le parti
au pouvoir engagea le dialogue avec les partis de l'opposition suite aux
évènements de janvier et février 2007. Ces
évènements avaient abouti à la nomination d'un premier
ministre, chef d'un gouvernement de consensus.Sous l'égide du
gouvernement de consensus, l'Assemblée Nationale adopta quatre projets
de lois essentiels au processus électoral :
? Loi portant amendement du Code Electoral avec comme point
saillant, l'implication de la Commission Electorale Nationale
Indépendante dans toutes les phases d'organisation des consultations
électorales et référendaires ;
? Loi portant statut des Partis politiques de l'opposition ;
? Loi L/2007/013/AN portant Création, Attributions,
Compositions, Organisation et Fonctionnement de la CENT ;
? Loi portant modalités de subventions publiques des
activités des partis politiques. (ibid.)
Ce qui ouvrait la voie à un processus électoral
soutenu par la communauté internationale avec la mise en place en
juillet 2007 d'un Projet d'Appui aux Elections Législatives (PAEL). Le
lancement du PAEL fut suivi par le lancement des activités de la CENT en
décembre 2007. L'UE promettait aussi la prise en charge du de
matériels et d'équipement de recensement biométrique pour
l'obtention d'un fichier électoral moderne et consensuelle. Ce qui
permit le lancement officiel en août 2008 des activités de
recensements d'électeurs qui, avec plusieurs interruptions, ne s'acheva
qu'en mai 2009 alors qu'elles n'étaient prévues que pour deux
mois. (CENT, op. cit. : p. 9). A l'annonce du décès du
président Conté le 23 décembre 2008, le Capitaine Moussa
Dadis Camara, à la tête du CNDD, s'empara du pouvoir en promettant
le
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retour rapide à l'ordre constitutionnel. Quelques
après, le 04 janvier 2009, le CNDD confia l'organisation des
élections à la CENI avec pour partenaire le Ministère de
l'Administration du Territoire et des Affaires Politiques (MATAP). Cet
optimisme qui faisait croire à l'organisation des élections
législatives avant fin 2009, fut contré par la
détérioration de la situation sécuritaire et les
évènements du 28 septembre 2009. La communauté
internationale se constitua en Groupe International de Contact sur la
Guinée. (GIC-G) afin de suivre la situation sur la base des
éléments du communiqué de la CEDEAO en date du 10 janvier
2009 à savoir :
? La mise en place d'un Conseil National de Transition (CNT)
organe délibérant regroupant civils et militaires en vue de la
réalisation des objectifs de la Transition ;
? La mise en place d'un forum consultatif regroupant toutes
les composantes de la société guinéenne qui servira de
cadre au dialogue permettant aux guinéens d'oeuvrer au renforcement de
la cohésion nationale ;
? Le parachèvement du processus de transition à
travers l'organisation d'élections libres, régulières et
transparentes en 2009 ;
? La non participation des membres du CNDD ainsi que du
Premier Ministre de transition et des membres de son gouvernement aux Elections
à organiser en 2009. (ibid.)
Suite à des dissensions au sein de la junte face
à la poursuite des responsables des tueries du 28 septembre 2009, le
Capitaine Moussa Dadis Camara sera victime d'une tentative d'assassinat par son
aide de camp. Par la médiation du président burkinabè, la
déclaration de Ouagadougou signé le 15 janvier, désigne le
General Sékouba Konaté comme président intérimaire
de la Guinée. Cette déclaration prévoyait entre autres :
la création du CNT comme organe chargé de réviser le cadre
législatif, la nomination d'un Premier Ministre issu des forces vives,
la formation d'un gouvernement d'union nationale, la révision du fichier
électoral et l'organisation d'élections présidentielles
dans un délai de six mois.(CENI, op. cit. : pp. 9-10).
C'est donc dans le cadre de cette transition que la CENI est
devenue une institution de l république dotée d'une
personnalité juridique et jouissant d'une autonomie financière.
Malgré des difficultés et des défaillances techniques, la
CENI a pu relever le défi de l'organisation de ce premier scrutin de son
histoire dans des délais très courts. Le scrutin du 27 juin 2010
s'est construit autour d'un fichier électoral comptant 4 297 688
inscrits, dont 122 117 à l'étranger (diaspora). (CENI, Op. Cit. :
p. 10). Parmi les défaillances enregistrées ont peut noter : la
marginalisation de majeurs, difficultés pour les populations rurales
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d'accéder aux CARLE, taux important d'erreurs de saisie
ou de traitement. Les opérations d'épuration des listes ont
révélé que 491 241 inscrits présentent des
anomalies qui en interdisaient le traitement, obligeant la CENI à
élaborer une procédure exceptionnelle pour leur permettre de
prendre part au vote avec leur récépissé
d'inscription.C'est dans ces circonstances que la CENI a rendu possible la
tenue effective du scrutin du 27 juin 2010. Ce scrutin est perçu comme
le plus ouvert de l'histoire du pays avec 24 candidats retenus sur la base de
l'appel à candidature lancé par la Cour Suprême le 13 mai
2010. Malgré le montant de la caution fixé à quatre cent
millions de francs guinéens (400.000.000 GNF) et qui semblait avoir
limité le droit à la candidature, n'était aucun obstacle
pour les candidats qui avaient massivement déposé leurs dossiers
de candidature. La validation des candidatures se faisait sur examen sanitaire
par un Collège de médecins assermentés constitué
à cet effet.(ibid).
Selon la commission électorale (CENI, op. cit. : p.
21), à la date du 12 Mai 2010, c'es-à-dire environs un moins
avant le scrutin, le fichier électoral présentait l'état
suivant :
Nombre total d'électeurs : 4.297.688
Electeurs correctement inscrits (biométriques):3.806.447
Electeurs présentant des « anomalies » : 491.241
Répartition des électeurs au niveau national: 3.684.330
Guinéens de l'étranger : 122. 117
Nombre de bureaux de vote : 8.296
Au terme des résultats du premier tour, le RPG et
l'UFDG fut admis à se présenter au deuxième tour du
scrutin qui eut lieu le 7 novembre 2010 malgré les tensions et les
violences enregistrées entre les militants des deux partis. Après
la totalisation des résultats et l'examen des réclamations du RPG
et de l'UFDG, la commission, par la voie de son président3,
proclama les résultats, comme suit :
? Nombre d'inscrits : 4 270 531
? Nombre de votants : 2 898 233
? Pourcentage : 67,87%
3 Suite à des malentendus entre les deux
partis concernant la présidence de la CENI et face au refus de l'Eglise
de laisser siéger Son Excellence Monseigneur Albert David Gomez
nommé par le président de la transition à la tête de
la CENI, c'est le Général malien SiakaToumani Sangaré qui
fut nommé par le président de la transition pour assurer la
présidence de la CENI. Cette nomination fut acceptée par les deux
candidats parce que n'étant pas guinéen, il était
supposé être neutre.
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? Bulletins nuls : 89 594
? Suffrages exprimés : 2 808 639
Suffrages obtenus par candidat :