8.3.3-
Violences économiques
Cette forme de violence est encore appelée
l'exploitation financière. Elle consiste à utiliser les biens
d'une personne âgée à son insu ou par la manipulation. Il
peut s'avérer que dans les cas de prise en charge, les personnes qui
s'occupent des personnes âgées retiennent l'argent ou l'utilisent
à d'autres fins. A titre d'illustration, nous fournissons sept cas de
violences économiques recueillies auprès de sept personnes
âgées d'âge moyen de 73 ans:
Le premier cas concerne le vol par des jeunes du village des
noix de cocos d'une vieille de 86 ans, de la classe d'âge des
Ndjurman-boman, veuve et mère de deux enfants. Couchée ou assise
à l'intérieur de sa maison, elle entend les fruits de son
cocotier tomber sans qu'elle puisse s'opposer ou interpeller ses malfaiteurs eu
égard à son état physique. Ainsi, les agissements des
jeunes du village font qu'ils n'ont pas bonne presse auprès d'elle. Pour
elle, la jeunesse s'assimile au vol, à la délinquance et à
l'irrespect.
Cette autre femme âgée de 79 ans, mariée
et mère de 6 enfants se plaint de ce que les jeunes du village lui ont
dérobé tout son argent. Aujourd'hui, elle est très pauvre.
En effet, il s'agit des jeunes de son milieu qui, très renseignés
sur ses ressources financières, profitent de sa faiblesse physique et de
son inattention pour s'introduire dans sa chambre et la dévaliser.
Un homme âgé de 63 ans de la classe d'âge
des Mborman-kata, polygame et père de 17 enfants est propriétaire
d'une plantation d'hévéa. Son lot quotidien est le vol de ses
récoltes. Ce qui constitue le noeud de ses conflits avec des jeunes de
son village. Dans la région, l'hévéaculture est rentable
eu égard à la qualité du sol, la pluviométrie et au
prix d'achat qui peut aller jusqu'à 600 FCFA le kilogramme.
C'est la même amertume pour cette femme
âgée de 70 ans membre de la classe d'âge des Mborman-bago.
Elle fait l'élevage domestique de volaille. Chaque fois que ses poulets
atteignent leur croissance, elle constate qu'ils disparaissent du poulailler.
Après investigation, elle s'est rendue compte que ses poulets lui sont
dérobés par des jeunes de son village. Elle est contrariée
dans son désir de voir autour d'elle des animaux dont l'entretien la
sort de l'oisiveté.
· Ici, il s'agit du principal tambourineur d'un village.
Il a 73 ans et est père de douze enfants dont six sont
décédés. Il a réparti sa plantation entre ses
enfants pour éviter des rixes de succession. Cependant, il se plaint du
fait que ses enfants ne partagent pas avec lui les produits de rente. Ce qui le
met dans un état de nécessité car sa fonction de
tambourineur lui fait bénéficier de dons lors des
cérémonies. Mais les dons sont modiques.
· 67 ans, membre de la classe d'âge des
Mborman-kata, il est marié et père de 15 enfants. Il est
propriétaire d'une maison à Abidjan. Mais il est en conflit avec
ses enfants qui confisquent son loyer. Il se dit être injustement
exproprié. Or, il souffre d'un mal cardiaque depuis 6 ans. Mal qui
l'aurait conduit à s'installer au village et à
déléguer à ses enfants la charge d'encaisser le loyer. Le
revers de la médaille est qu'ils se sont arrogés le droit de
propriété. Ils se partagent les revenus et ignorent les besoins
en santé de leur père. En responsabilisant ses enfants, il pense
aussi pouvoir recevoir d'eux des obligations alimentaires.
· Cet homme âgé de 76 ans, fonctionnaire
à la retraite, est mal voyant (cataracte). Il est marié et
père de 10 enfants. Il est méfiant vis-à-vis de tout le
monde parce qu'il a été plusieurs fois victime de vol à
domicile de sa pension de retraite qui s'élève à 272 000
FCFA. Or, c'est grâce à cette ressource qu'il suit des soins en
diabétologie.
Les violences économiques dans les cas relatés
ont été commises soit par des jeunes de l'entourage des personnes
âgées soit par leurs propres enfants. Elles ont porté sur
les vols de produits agricoles, des cas de retentions d'argent ou de vol
d'argent à domicile. Ces violences pourraient être
favorisées par la négligence ou l'abandon des personnes
âgées.
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