8.2-
Logiques d'isolement social des aînés sociaux
La société, par étymologie, est un cadre
dans lequel les différents éléments ou acteurs sont
reliés entre eux, donc intégrés. Cependant, des
comportements ou des mécanismes peuvent conduire à la
marginalisation. Dans notre étude, nous avons noté quatre
facteurs qui entraînent l'isolement social des personnes
âgées.
8.2.1-
Facteur social
8.2.1.1- Héritage
Nous distinguons deux sortes de legs. L'héritage
familial (adja) dont la gestion incombe au doyen de la famille et
l'héritage matriarcal.
L'héritage est le patrimoine économique de la
famille qui est géré par son doyen, le plus âgé. Il
est composé de plantations, de métaux précieux (or) et de
pagnes. Le doyen d'âge de la famille gère les biens au profit des
membres de la famille. Par exemple, le capital angbandji de la famille est
justifié par l'adja et lesdits biens. Il aide les membres de la famille
à célébrer leurs fêtes traditionnelles. Cependant,
la société Odjukru étant de plus en plus attirée
par le profit (ressources issues des produits de rente) les biens familiaux ont
tendance à être les propriétés des chefs de famille
qui en jouissent seuls au détriment des besoins des autres. Cette
situation est l'objet de conflits entre les membres de la famille. Par exemple
un homme âgé de 84 ans, interrogé sur ses frères et
soeurs en vie, a répondu qu'il n'en avait pas. Or, en
réalité, ils vivent mais ils sont divisés sur le partage
de l'héritage familial. D'autres nous ont expliqué qu'elles ont
été mises à l'écart parce qu'elles réclament
des aides provenant des biens familiaux. Des chefs, réticents à
la distribution des richesses, instaurent de fait une inimitié entre les
plaignants et eux en ne leur rendant plus visite. La même situation se
reproduit dans le cas de la distribution des biens issus de l'héritage
de l'oncle. Ici, un jeune ou un adulte se trouvant dans la position de neveu
hérite de l'oncle. Les soeurs ou frères du défunt
attendent de lui des obligations alimentaires mais qui ne sont pas toujours
satisfaites ou satisfaites au mécontentement des «ayant
droits». C'est le genre de conflit qui oppose une femme âgée
de 75 ans, membre de la classe d'âge des Mbédié-kata
à ses neveux au sujet de l'héritage de leur défunt
père. Les enfants accusent la femme âgée de
sorcière: soit parce qu'elle a tué son frère pour
s'approprier ses biens soit parce qu'elle est l'instigatrice d'une lutte pour
le contrôle de l'héritage. Les conflits sur l'héritage sont
couramment associés à la sorcellerie.
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