Approche socio-anthropologique des institutions d'intégration des personnes à¢gées : le cas de l'êbeb chez les Odjukru (côte d?ivoire)( Télécharger le fichier original )par Fato Patrice KACOU Université Félix Houphouet Boigny de Cocody-Abidjan - Thèse Unique de Doctorat en Sociologie 2013 |
7.2- Nature des rapports avec le/la conjoint(e)Tableau 36 : Qualité des rapports conjugaux
Source : enquête personnelle, 2010. A l'intérieur des couples ou des familles, on note trois sortes de nature de rapports que sont : l'entente, le conflit et l'entente-conflit. Les liens sociaux se recomposent et connaissent des ruptures. Les enquêtés font ressortir le plus souvent la prédominance de la nature des rapports. Les « non réponse » peuvent être considérées comme une fréquence de rapports conflictuels. Mais certains facteurs qu'on ne maîtrise pas conduisent à garder le silence. Les personnes âgées qui vivent avec au moins un conjoint représentent une proportion cumulée de 44,2% (monogames, mariées et polygames) contre 55,7% des personnes âgées sans conjoints, avec une prédominance des femmes âgées veuves202(*), soit 41,9% contre 3,9% des hommes âgés. Parmi les personnes âgées qui vivent avec leurs conjoints, nous remarquons que les relations sont empreintes d'entente, soit 39,5% contre 3% de cas de conflit et 1,8% de cas de conflit-entente. Que le couple soit de statut monogamique ou polygamique, nous notons que l'état de conflit est d'ampleur négligeable. Cela ne signifie pas absence totale ou momentanée de conflit. Les enquêtés expriment ce qui se dégagent de l'atmosphère générale du milieu conjugal. L'équilibre des couples ici s'explique par le bénéfice de la stabilité du mariage traditionnel et de l'indissolubilité du mariage chrétien. D'ailleurs, la forte proportion des mariages monogamiques peut avoir pour raison l'interdiction de la polygamie dans le christianisme. Dans la tradition Odjukru, avant même les fiançailles, donc bien avant même le stade de mariage, le prétendant doit donner la preuve de son amour pour la jeune fille. La manière de sceller le mariage peut favoriser la longévité de celui-ci. Or, au fur et à mesure que le mariage dure dans le temps, il a tendance à cristalliser les liens, à créer une interdépendance et à élever le degré d'affectivité. Le couple, parvenu à l'âge avancé, aboutit à une indissolubilité de fait qui s'acquiert étant donné que le divorce des personnes âgées peut affecter l'image du couple. Si le divorce des personnes âgées n'est pas apprécié, cela l'est davantage dans la société Odjukru où à la célébration de l'angbandji, le couple est «exposé» et fait le tour du village sous le regard admiratif de la communauté. A cela, il faut ajouter la responsabilité du statut d'êbebu ou la probable recomposition de son image dans un cas de divorce. Les conflits qui secouent les couples sont de deux ordres: l'infidélité conjugale reprochée ou la rivalité et l'indigence économique. D'une part des femmes reprochent à leurs maris d'avoir des relations extraconjugales avec des jeunes filles; d'autre part elles se disputent lorsque leurs maris n'arrivent pas à faire face aux dépenses du ménage. * 202Voir tableau annexe I: Statut matrimonial des enquêtés selon le sexe. |
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