Approche socio-anthropologique des institutions d'intégration des personnes à¢gées : le cas de l'êbeb chez les Odjukru (côte d?ivoire)( Télécharger le fichier original )par Fato Patrice KACOU Université Félix Houphouet Boigny de Cocody-Abidjan - Thèse Unique de Doctorat en Sociologie 2013 |
6.1.7- Répartition en fonction du nombre d'années de retraite moderneTableau 24 : Mise en rapport du régime de retraite et du temps de retraite écoulé
Source : enquête personnelle, 2010. Nous nous sommes intéressé à la durée du temps de retraite des enquêtés. Il s'agit de la retraite accordée par l'administration moderne. Ainsi, nous observons à la lecture du tableau que 82,8% des personnes âgées interrogées ne jouissent pas de pension de retraite. La proportion des personnes ayant une pension de retraite est de 17,2% soit un effectif de 57 sur 332. 0,9% soit 3 individus ont été licenciés pendant leur période d'activité. Le temps de retraite vécu par les personnes âgées concernées varie entre l'intervalle de 1 à 5 ans et de 26 à 30 ans. 06% et 5,7% des personnes âgées interrogées vivent une retraite qui est comprise respectivement entre 11 et 15 ans et entre 16 et 20 ans. 1,8% et 1,5% d'entre eux ont un âge de retraite compris dans l'ordre entre 21 et 25 ans et entre 26 et 30 ans. Si nous cumulons les intervalles d'années de retraite de 11 à 30 ans, nous avons 15% (6+5,7+1,8+1,5). Ce qui signifie qu'il y a une longévité significative après le départ à la retraite. Cette longévité dans la période de retraite serait favorisée par l'organisation sociale Odjukru. En effet, souvent la retraite moderne survient peu avant (5 ans), au moment (60 ans) et peu après (65 ans) la célébration de la fête de l'êbeb. Ainsi donc, l'exercice de la fonction d'êbeb vient suppléer à la «mort sociale» qui naît de la retraite. A travers l'accession au statut d'êbebu, les personnes âgées retraitées restent en relation avec la communauté. Ce qui leur procure un sentiment d'utilité. Dans la génération des Mborman, 13,9%194(*) bénéficient d'une pension de retraite contre 39,2%. Dans la génération des Mbédié seulement 2,7% ont une pension de retraite contre 31,6% qui n'en ont pas. Tableau 25 : Répartition des enquêtés par temps de retraite écoulés selon les générations
Source : enquête personnelle, 2010. Nous constatons à travers le tableau que les proportions des individus ayant une longue retraite sont plus importantes dans la génération des Mborman. C'est ce que nous percevons dans les intervalles 11-15 ans, 16-20 ans, 21-25 ans et 26-30 ans où nous avons respectivement 5,4%, 4,5%, 0,6% et 0,9%. Aussi, observons-nous que les proportions de retraités sont plus significatives dans les lignes des intervalles 11 à 15 et 16 à 20 où nous avons dans l'ordre 6% et 5,7% de personnes âgées. Toutefois, il apparait paradoxal lorsque la proportion des personnes âgées ayant une longue retraite est élevée dans la génération des Mborman, la cadette des quatre générations en présence. Cette situation est expliquée par le fait que l'âge des individus de la génération Mborman peut varier de 60 ans à 76 ans, qu'il y a une inadéquation et un déséquilibre entre l'âge documenté et l'âge traditionnel et le fait qu'il peut y avoir dans les villages des retards de célébration de fête d'êbeb. Le manque de personnes âgées bénéficiant d'une pension de retraite dans les autres générations de façon générale est dû au fait que la plupart d'entres elles n'ont pas exercé de profession moderne et qu'en Côte d'ivoire il n'y a pas encore une politique d'octroi d'un minimum vieillesse à cette frange d'âge. Tableau 26 : Rapport entre l'activité de reconversion et l'âge de la retraite des enquêtés
. Source : enquête personnelle, 2010 A la lecture du tableau, nous remarquons bien que 41,4% des personnes qui bénéficient d'un régime de retraite n'ont pas d'activité, 32,8% d'entre elles font le suivi de leurs activités et 19% possèdent des champs. Ils sont propriétaires de palmeraie et de champ d'hévéa. Il faut dire que ces deux activités sont considérées dans la région comme étant des activités prestigieuses et honorifiques. En effet, les cultures de l'hévéa et du palmier mettent en rapport les agriculteurs et les industries agro-alimentaires. A la différence des autres cultures de rente (café et cacao) pratiquées de façon traditionnelle, l'hévéaculture et le palmier ont été définis par la Côte d'Ivoire à travers une politique de réaménagement du territoire. Ainsi, à la genèse, ont-elles été le fait de grandes industries telles que: PALMIN-CI, SAPH et SODEPALM puis de cadres ivoiriens et de personnalités politiques. Aujourd'hui, la nouvelle politique de la SAPH est de rendre l'hévéaculture accessible à tous. En outre, trois autres éléments participent au prestige de ces cultures: l'inscription du nom du propriétaire sur sa plantation, le paiement des récoltes par virement bancaire ou par chèque et l'offre assistance technique des experts aux paysans. * 194Voir tableau annexe VII: Tableau corrélé du régime de retraite et la génération d'appartenance. * 195Le couscous de manioc est appelé en langue locale Odjukru, attiéké. C'est de la pulpe de manioc fermentée, séchée et cuite à la vapeur. |
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