Approche socio-anthropologique des institutions d'intégration des personnes à˘gées : le cas de l'êbeb chez les Odjukru (côte d?ivoire)( Télécharger le fichier original )par Fato Patrice KACOU Université Félix Houphouet Boigny de Cocody-Abidjan - Thèse Unique de Doctorat en Sociologie 2013 |
Source : enquête personnelle, 2010. La vie sociale en pays Odjukru est rythmée par trois faits majeurs. Ce sont les fêtes traditionnelles, les funérailles et la gestion des affaires courantes. Les trois sont présidées par les êbebu et demandent que tous se rassemblent sous l'arbre à palabre. Au cours de ces rassemblements, à travers le cérémonial, l'importance des différentes catégories de personnes âgées est mise en relief. C'est l'occasion pour les individus membres d'une génération de constater l'absence de l'un des leurs puisqu'ils s'asseyent ensemble. Les participations aux fêtes traditionnelles et aux cérémonies funèbres constituent à elles seules respectivement 54,4% et 63% des motifs de déplacement. Ce qui fait des fêtes traditionnelles, religieuses et des célébrations de mariage et de funérailles des éléments structurants de la société Odjukru. Elles ont pour fonction de faciliter l'intégration des personnes âgées. CHAPITRE 4 : REPRÉSENTATIONS SOCIALES DE LA VIEILLESSE LA LONGÉVITÉLa vieillesse et la longévité, en tant que réalités vécues directement ou non, sont forgées par la vision des individus. En ce sens, on distingue aussi bien au niveau de la vieillesse que de la longévité une conception manichéenne. 4.1-Représentation sociale de la vieillesseLa vieillesse, comme fait social, est d'abord entendu dans le sens que les cultures de par leur rapport avec elle, lui donnent. Ainsi, nos investigations dans la société Odjukru ont révélé deux types de représentations sociales de la vieillesse. Ce sont la représentation sociale négative de la vieillesse et la représentation sociale positive de la vieillesse. 4.1.1- Représentation sociale déclinante de la vieillesseLes personnes âgées interrogées ont défini la vieillesse en faisant ressortir son effet sur la vitalité de l'homme. Pour elles, la vieillesse se présente comme une pathologie qui dans sa manifestation réduit ou détruit progressivement les capacités physiques et cognitives de l'être. Les fonctions des organes soumises à ralentissement perdent de leur vitalité. Au niveau physiologique, la conséquence perceptible est la fréquence des maladies, le corps devient susceptible à toutes les nuisances et n'arrive pas à repousser les agressions. Les muscles s'atrophiant, l'individu constate une baisse considérable de ses activités, les récoltes diminuent ainsi que le temps de travail. Si à la différence des emplois modernes, il y a un âge déterminé pour admettre l'individu à la retraite, bien que pouvant encore être rentable et productif, dans la société traditionnelle en général, c'est la dégénérescence physique qui contraint l'homme à prendre sa retraite. Sur le terrain, nous avons identifié trois sortes de retraite. La retraite avec cessation complète d'activité, c'est-à-dire que la dégradation physique, le poids de l'âge et les maladies empêchent l'individu de vaquer à toute activité. La retraite-déprise où les individus âgés bien que n'employant plus les mains pour l'ouvrage, font le suivi de leurs activités champêtres et donnent des directives. La retraite-dignité c'est-à-dire l'individu qui a accédé à la dignité d'êbebu cesse toute activité physique. Dans ce type de retraite, les personnes âgées cessent toutes les activités qui demandent la force physique eu égard à leur statut d'êbebu. Elles se consacrent à la gestion des affaires du village. A la genèse de l'êbeb, les personnes élevées à la dignité d'êbebu étaient de facto exemptées de tous travaux. La représentation négative de la vieillesse se traduit par la conception selon laquelle l'on perd des facultés cognitives. Dans ce registre, les personnes âgées évoquent essentiellement l'emprise de l'oubli. L'oubli pour elles, concerne le stockage des informations et connaissances nouvelles. Sur la question de l'oubli, nous avons trouvé que les personnes âgées sous-estimaient leur capacité de mémorisation en épousant simplement les stéréotypes ou préjugés qui disent qu'il y a une perte des facultés cognitives avec la vieillesse. Ainsi, des enquêtés ont fait l'éloge de leur sagesse tout en disant qu'ils perdent vite la mémoire. Interrogée sur la définition de la vieillesse, une femme âgée de la classe d'âge des Abrahman-odjogba, 84 ans, a déclaré ceci: « la vieillesse est définie par un changement physique, psychologique et biologique que tout homme constate à un moment donné de sa vie. C'est une longue espérance de vie, marquée par la détérioration de la force physique. Ce mécanisme progressif de fragilité rend semblable à un nouveau né; l'individu devient un bébé qui est à la merci de tout le monde. C'est l'entourage qui le nourrit, le soigne et lui donne de l'argent.». Cette définition met l'accent sur trois éléments : la dégradation physique, la dépendance et le retour à l'enfance ou à l'étape première. Les effets de ce type de vieillesse ont amené une femme âgée de 74 ans, membre de la classe d'âge des Mborman-odjogba a dédaigné la longévité en disant: «Je ne veux pas vieillir car je souffre beaucoup trop; je suis tout le temps malade.». La vieillesse est donc un âge de rupture et de recomposition biographique. Rupture avec les habitudes passées, rupture avec les activités de l'âge adulte, rupture de relation avec certains membres de son réseau social. La recomposition biographique suppose l'adaptation de son état avec sa façon d'agir. Vieillesse Enfance Jeunesse (Low) Age de gloire (angbandji) Age de sagesse (êbebu et post-êbebu) Schéma 4: Développement circulaire de l'homme Odjukru de la naissance à la réincarnation, (enquête personnelle, 2010). S'inscrivant dans la même optique que la septuagénaire interrogée ci-dessus, une femme de la classe d'âge des Abrahman-kata, 87 ans a dit: « La vieillesse est la période d'âge qui vient après l'enfance, la jeunesse et l'âge adulte. Elle est semblable à ce qui est usé.». Pour elle donc, l'état de vieillesse vide l'être humain de toutes ses potentialités. Le terme d'usé traduit l'improductivité. Tableau 2 (TC) : Typologie de la vieillesse
Source : enquête personnelle, 2010. En fonction des rapports au monde, on note deux types de vieillesse. La vieillesse dite rayonnante et la vieillesse dite odieuse. La vieillesse rayonnante constitue pour la société Odjukru une valeur qui est le couronnement d'une trajectoire de vie conforme à l'éthos. En revanche, la vieillesse odieuse ou pathologique apparaît comme une sanction infligée aux déviants sociaux. Ainsi, comme nous pouvons le constater à la lecture du tableau, 173 fois soit 32,4% des enquêtés ont défini la vieillesse de façon négative et par 353 fois soit 66,1% des enquêtés ont évoqué les aspects positifs de la vieillesse. En d'autres termes, la proportion des personnes âgées qui ont une image positive de la vieillesse est supérieure à la proportion de celles qui entrevoient la vieillesse négativement. 4.1.2- Représentation sociale rayonnante de la vieillesseDans la culture Odjukru, la vieillesse ou le grand âge, s'il a des défauts, est un état que tous les êtres devraient atteindre car il est l'âge de l'accomplissement; cela signifie que l'on a franchi toutes les étapes qui structurent la vie dans ladite société. Quatre aspects fondamentaux consacrent le bénéfice de la vieillesse. Nous avons: · le temps social (ou temps des sociétés), · le capital social, · le capital culturel, · la vertu. Nous parlons de temps social pour le différencier du temps quantifié en termes mathématiques. La vieillesse est définie simplement par les enquêtés comme étant le fait de vivre longtemps. Cette notion de temps est vécue par la conscience et saisie par la succession de ses ascendants directs: « avoir plusieurs générations de petits-fils ». Le vivre longtemps s'appréhende par la célébration à nouveau de la fête de génération (low) de sa classe d'âge173(*). Le vieillissement par la succession de plusieurs générations de petits-fils directs est individuel et participe à la gloire de la famille. La personne âgée a plus d'honneur et est représentative grâce à une succession de petits-fils. L'individu devient le doyen d'âge de la famille, le patriarche c'est-à-dire celui qui parle au nom de la famille, la défend, la protège et la pérennise. Dans le vieillissement par la classe d'âge, la longévité des personnes âgées est attestée par le fait que la classe d'âge de la personne âgée, par le processus du renouvellement des classes d'âge et des générations, a un homonyme collectif (la classe d'âge). Egalement, la vieillesse des classes d'âge est collective aux membres desdites classes d'âge et est célébrée concomitamment au low de la classe d'âge homonyme. · Capital culturel La porte d'entrée dans la vieillesse dans la société Odjukru est marquée par la célébration de l'êbeb. Cette célébration vise à magnifier les qualités morales (sagesse) des individus. Donc la vieillesse pour l'Odjukru n'est pas une pathologie, elle est sagesse, pouvoir et responsabilité. Le temps pour l'individu de mettre au service de sa communauté toutes ses connaissances acquises au moins pendant 60 ans à travers sa vie dans les catégories sociales professionnelles (mabêssê, miridiékun). Cohésion familiale Vieillesse Réussie Santé Obligation alimentaire alimentaire Possession de biens matériels Sagesse Capital social (Famille nombreuse, plusieurs générations de petits fils) Gérontophilie Schéma 5 : Représentation de la vieillesse réussie, (enquête personnelle, 2010). 4.1.3- Signes physiques caractéristiques de la vieillesseTableau 3 (TC): Nosographie physiologique de la vieillesse
Source : enquête personnelle, 2010. Nous avons décelé au sein de la population enquêtée douze signes par lesquels elle reconnaît la vieillesse. · Signes physiques Les trois signes physiques courants d'identification de la vieillesse sont: la modification de la peau, le changement de l'aspect des cheveux et l'amaigrissement. Au niveau de la modification de la peau, les enquêtés décrivent les rides sur le corps notamment sur le visage, l'apparition de taches jaunes sur la peau. Ils parlent de façon imagée d'une peau écaillée à l'instar des poissons. Les cheveux qui étaient noirs et éclatants deviennent grisonnants, mous et blancs. « Tout le corps est mou, les muscles sont mous et tous les muscles bougent.» nous dit une femme âgée de la classe d'âge des Mborman-kata de 70 ans. Dans ces conditions, la peau qui perd de plus en plus sa vigueur, l'est davantage avec l'amaigrissement. Ce qui signifie que l'individu n'est pas en pleine possession de sa force physique. Ils observent à côté de ces transformations la chute des dents, la modification de la voix et des tremblements digitaux. Si les deux premiers niveaux précités peuvent subvenir chez l'individu sans trop l'affecter, ce qui l'amène à accepter son état, la survenue de la maladie chez les personnes âgées est parfois la cause de traumatisme et de dépression. Car la vieillesse devient synonyme de maladie à travers des troubles visuels, l'aveuglement, la démarche lente ou l'immobilité. Toutes ces transformations sont vécues en toute conscience, intérieurement par l'individu. Cependant, le bavardage et la perte de mémoire sont surtout reconnus à l'individu vieillissant le plus souvent par le regard extérieur. Ce qui a pour conséquence d'éloigner la personne âgée de son entourage. Nous l'avons signifié dans les difficultés rencontrées qu'à tort ou à raison, des familles nous ont empêchés de rencontrer leurs parents âgés avançant le prétexte de démence sénile. Dans la société Odjukru, puisque la vieillesse est un gain, quand l'individu parvient à cet âge, l'un des signes physiques réguliers par lequel on reconnaît la personne âgée est le port du chapeau. Le port du chapeau procure respect et considération. Les signes physiques annonciateurs du grand âge ne font pas entrer dans un processus de relégation sociale quand ils le sont sans douleur, c'est-à-dire qu'ils n'alitent pas les individus donc ils n'entravent pas la participation sociale. 4.1.4- Signes comportementaux caractéristiques de la vieillesseTableau 4 (TC): Nosographie comportementale de la vieillesse
Changement de comportements Changements observés
Source : enquête personnelle, 2010. Il s'agit des signes dont la manifestation conduit les individus ou le milieu social à reconnaître la vieillesse et par conséquent à orienter les conduites sociales et les rapports sociaux. 96% des personnes âgées enquêtées disent avoir observé en elles des changements de comportement dans leur état de vieillesse, contre 3,6% qui affirment qu'elles maintiennent leur manière de penser, d'agir et de sentir. Les changements comportementaux sont positifs d'une part et négatifs d'autre part. · Changements comportementaux positifs Certaines personnes âgées ont remarqué avec satisfaction un gain de sagesse avec l'avance en âge. Elles ont trouvé que leurs réactions à l'inverse de l'âge adulte, n'étaient plus euphoriques, qu'elles sont moins colériques, prévoyantes et aspirent à la justice. C'est ce qu'attestent les propos respectifs de deux Mborman-boman, l'un de 65 ans et l'autre de 64 ans. « J'étais insolent dans le temps, je ne travaillais pas trop, j'étais libidineux. Mais, aujourd'hui, je suis plus sage, intelligent et très respectueux des choses et des hommes.». « Aujourd'hui, je suis plus économe qu'avant. Dans le temps, je vivais à la "je m'en fous". Mais, maintenant, je suis plus réfléchi.». Il apparaît donc que l'âge est un antidote contre les pulsions aveugles. Il est libération du corps de l'emprise des réactions fougueuses et hystériques. A cela s'ajoute un élan de recherche de spiritualité. Au plan symbolique, ce gain de sagesse est marqué par le changement vestimentaire perceptible et différencié du commun des mortels par le port du chapeau et de gros pagne (pagne kita)174(*) notamment lors des cérémonies et des rencontres sous l'arbre à palabre. · Changements comportementaux négatifs Les enquêtés ont cité la perte de vitalité qui a pour conséquences immédiates une baisse des activités et un ralentissement du désir sexuel (baisse de la libido). A ce sujet, voici ce que dit un septuagénaire de la classe d'âge des Mborman-odjogba: « avant, je me rendais régulièrement au champ, j'avais de la vigueur et de la pétulance. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas.». Cette perte de vigueur va inéluctablement avoir pour répercussion la baisse des récoltes. Aussi, disent-ils qu'il leur arrive d'agir comme des enfants et d'être plus sensibles aux situations difficiles. Certaines personnes âgées disent avoir perdu l'efficacité de la mémoire puisqu'elles n'arrivent plus à être ordonnées et oublient vite. A notre analyse le présupposé désordre peut s'expliquer par le manque de force physique qui rétrécit le temps d'activité. En revanche, les enquêtés ne se préoccupent presque pas des cas d'insomnie qui ont pour corolaire les somnolences, soit 0,2% des personnes âgées qui évoquent l'insomnie et la somnolence. 4.1.5- Construction sociale de la vieillesse pathologiqueTableau 5 : Eléments de vieillesse odieuse
Source : enquête personnelle, 2010. La vieillesse étant vécue différemment, les sociétés en sont venues à déterminer deux types de vieillesse. L'une dite réussie et l'autre pathologique. Cette manière de concevoir la vieillesse régit les relations entre l'entourage et le sujet. La société pense que le type de vieillesse que vit la personne âgée résulte de ses actes posés antérieurement (la théorie de la continuité). Cinq éléments selon nos enquêtés permettent de ranger la vieillesse dans une typologie. · Décès précoces Ici, nous énumérons trois façons de décéder. Le décès qui survient pendant l'exercice de la fonction d'êbebu. Le statut d'êbebu comme nous l'avons dit est la porte d'entrée dans la vieillesse. Le souhait de la communauté serait de voir l'individu terminer ses huit années de mandat et gravir d'autres échelons qui somme toute témoignent et renforcent la maturité de l'individu. Le décès de l'individu est vécu comme prématuré s'il intervient peu avant la fête d'êbeb, à l'approche imminente de la cérémonie de sacre ou encore pendant les cérémonies d'investiture. Durant l'enquête, nous nous sommes rendu compte de la psychose de la mort qui s'empare des familles. Car selon les témoignages recueillis, il n'est pas rare d'enregistrer des morts dans les rangs des prétendants. · Décès avant d'atteindre l'âge des nênici La société Odjukru à travers les statuts honorifiques de lêless et de lakpikine souligne l'utilité des membres des classes d'âge ayant accompli la fonction d'êbeb. Ils sont institués pour aider leurs jeunes frères êbebu à réussir à leur tour leur mission. L'inutilité peut s'amorcer à partir des stades de nênici et de milacme. D'ailleurs nênici et milacme signifient respectivement molaire et cendre175(*). · Maladie et les troubles mnésiques La maladie et les troubles mnésiques ont été des facteurs restrictifs de la participation des personnes âgées aux activités et à la vie communautaire. Si les «démences séniles» amènent à ne pas demander l'avis du patient de peur d'entendre des propos insensés, l'immobilité et les troubles visuels maintiennent les personnes âgées dans les chambres. Or, la gestion du pouvoir Odjukru étant collective, les individus doivent se déplacer pour se rendre sur la place publique. · Etat de nécessiteux ou la vieillesse des pauvres Des personnes âgées ayant perdu leur vitalité ne peuvent plus mener d'activités génératrices de ressources. Malheureusement, le dépérissement de l'institution familiale ne permet pas souvent leur prise en charge. Alors des personnes âgées dans cette situation sont contraintes à la «mendicité». Dans les quatre villages où l'étude a été conduite, des enquêtés ont demandé notre générosité pour pouvoir se nourrir un tant soit peu. Pourtant, dans la tradition Odjukru, l'adja (héritage) ou encore le patrimoine économique de la famille est détenu par le patriarche. Aujourd'hui, cette institution même si elle persiste n'est plus qu'une survivance (le capital angbandji est toujours payé par le doyen d'âge de la famille, le patriarche). N'importe qui dans la famille peut s'enrichir et posséder la richesse à titre personnel. C'est pourquoi, le fait de n'avoir pas eu d'enfants, d'avoir des enfants infortunés (délinquance, déscolarisation) est un motif de risée. Car, avec les mutations sociales, les parents espèrent une obligation alimentaire venant plus de leurs enfants que du neveu comme le prescrit les règles du matriarcat. · Isolement des personnes âgées Infortune de progéniture (pas de descendance, délinquance) Vieillesse Pathologique Isolement social (âgisme, asocial) Etat de dépendance (mendicité, pas de prise en charge, pas d'obligation alimentaire) Décès précoce (Décès pendant, avant et peu après la célébration de l'êbeb) Santé précaire (maladies, perte de facultés cognitives) Des personnes âgées nous ont confié qu'elles ont été abandonnées par leur famille et leurs enfants. La raison qu'elles avancent est le fait qu'elles sont démunies. Venir leur rendre visite entraîne toujours des dépenses. En revanche, l'entourage pense que si elles sont abandonnées c'est en raison de leur caractère acariâtre et asocial. Schéma 6: Représentation de la vieillesse pathologique, (enquête personnelle, 2010). 4.1.6- Construction sociale de la vieillesse réussieTableau 6(TC) : Eléments de vieillesse rayonnante
Source : enquête personnelle, 2010. La vieillesse réussie s'entend de celle qui est acceptée par l'individu à travers des signes manifestes d'enthousiasme, loin des plaintes et avec l'acceptation de la mort comme une libération des douleurs de l'âme. Cinq éléments permettent de reconnaître une personne âgée en situation de vieillesse réussie. 4.1.6.1- Réussite de parcours de vieL'on pense que l'épanouissement de la personne âgée n'est pas le fait de la contingence. Il est le résultat de l'orientation et des actes de l'individu à tous les stades de la vie. Certes, si la vie est multidimensionnelle, donc complexe à maîtriser, un certain nombre de réalisations paraissent primordiales pour que la société reconnaisse la qualité de la vie. Chez les Odjukru, la réussite du parcours de vie pourrait se résumer en quatre éléments. - L'enfantement. On a, à travers les pages précédentes, expliqué l'importance d'avoir une postérité. - La célébration des fêtes traditionnelles majeures. Les célébrations des fêtes de génération (low), de noblesse (d'angbandji) et de l'acquisition du pouvoir (êbeb) assurent aux membres des statuts honorifiques. - La construction de logement. La construction d'un logement est l'un des éléments qui confère prestige et considération à son propriétaire. C'est la raison pour laquelle très souvent, avant la célébration de l'angbandji et de l'êbeb, les récipiendaires misent sur la construction d'une maison ou sa mise en état quand elle existe déjà. La maison est le lieu où l'on rassemble son entourage; c'est le siège social de la famille. S. Dédy et al. (1995)176(*) ont montré que chez les Malinké177(*), le `'lu'' est le terme utilisé pour désigner à la fois la famille et la cour. A cela s'ajoute le minimum vital qui signifie la capacité de l'individu âgé à se nourrir, à se soigner et à contribuer à la célébration des fêtes traditionnelles des membres de la famille. 32,8% de nos enquêtés soit 109 personnes âgées sur 332 ont lié la réussite du parcours de vie à la réussite de la vieillesse. - La gérontophilie. Si la réussite du parcours de vie relève de la responsabilité de l'homme, elle est aussi un facteur qui participe à s'attirer la sympathie. Dans la vieillesse pathologique, nous avons montré comment l'état de précarité de la personne âgée entraîne la répugnance178(*). Ici, il s'agit de la qualité des rapports de la personne âgée avec sa famille et sa communauté en termes d'obligation alimentaire, de solidarité sociale et d'assistance. L'individu âgé se sent épanoui dans sa vieillesse parce qu'il est pris en charge par sa famille. La vieillesse réussie ne signifie pas l'absence de souffrance, mais les difficultés sont amoindries par l'élan de solidarité. 4.1.6.2- Santé et maintien en activitéL'angoisse des personnes âgées est la maladie, avec pour conséquence l'arrêt des activités. Ainsi, parvenus à l'âge de la vieillesse, les individus se disent heureux de jouir de la santé et de pouvoir mener des activités. Ce sentiment de joie naît au regard de l'état de grabataire, d'aveuglement et de polypathologie de leurs congénères. 88 personnes soit 26,5% des personnes âgées interrogées pensent que la vieillesse heureuse est celle d'une bonne santé et celle qui permet le maintien des activités. 4.1.6.3- LongévitéA ce jour, il est impossible d'indiquer l'âge à partir duquel on peut dire qu'un individu a vécu longtemps. Cependant, la longévité est vécue par la société et est exprimée de trois manières chez les enquêtés: · Etre le dernier en vie de la génération la plus âgée, · Etre le plus âgée de la famille, · Etre le doyen d'âge du village. Cette primauté en âge, à bien des égards, est attachée à un prestige, celui d'être présenté lors des cérémonies comme étant le doyen d'âge. Ce qui contente l'individu. Par exemple à Débrimou, le doyen d'âge (102 ans), pour des problèmes de mobilité a été colporté par des jeunes du village jusqu'au lieu de la célébration d'angbandji. L'expression locale dit: « être transporté comme un pape. ». 81 personnes soit 24,4% rangent la longévité dans les facteurs de vieillissement réussi. 4.1.6.4- Gain de sagesseSi la jeunesse et l'âge adulte ont été dominés par des déportements et des emportements liés à la période d'activité, la vieillesse est perçue comme le temps de la sagesse c'est-à-dire l'aptitude à agir avec tempérance. Les enquêtés admettent la régression des facultés cognitives (oubli, perte de mémoire) suppléée par le gain de sagesse à l'âge de la vieillesse. En d'autres termes, les troubles cognitifs sont minimisés au profit des vertus de justice, d'honnêteté et de tempérance. La proportion des enquêtés qui corrélèrent le gain de sagesse à la vieillesse réussie est de 08,4%. 4.2- Représentations sociales de la longévitéL'on peut être tenté de dire pourquoi une représentation de la longévité après celle de la vieillesse ? Quelle différence y a-t-il entre la vieillesse et la longévité ? Bien que la vieillesse et la longévité évoquent implicitement l'âge, la vieillesse renvoie bien plus immédiatement à l'état et la longévité à une estimation quantitative de la durée dans le temps de l'être. 4.2.1- Sens de la longévitéTableau 7 : Perception de la longévité
Source : enquête personnelle, 2010. La longévité est apparue comme une solution alternative suite à la perte de l'éternité. Cependant, l'effet de la vieillesse en termes de souffrance et de gérontophilie a amené à attribuer à la longévité deux sens. La longévité vue soit comme une récompense soit comme une punition. 4.2.1.1- Longévité vue comme une récompenseC'est la conception des personnes qui pensent que la longévité a une implication divine et humaine. Selon cette tendance, la longévité est une récompense que Dieu accorde aux individus qui se sont attachés à la recherche de la vertu et se sont plus conformés aux normes et aux valeurs sociales. La longévité étant donc positive, elle ne peut pas être un moyen pour prolonger le châtiment des personnes vues comme asociales. C'est en accordant un tel sens à la longévité que des sacrifices expiatoires dans certaines cultures sont offerts aux divinités pour demander le bénéfice d'une longue vie, que des prières de bénédiction pour le don de la longévité sont dites. Ainsi donc, vivre longtemps devient un indicateur de rapports harmonieux entre la personne âgée et la société d'une part et entre elle et les divinités d'autre part. Ce type de longévité n'est pas ressenti comme un fardeau. L'individu est assuré de l'assistance des forces surnaturelles et du regard bienveillant de son entourage qui trouve en lui un modèle de vie. Cette conception de la longévité est l'opinion de 92,8% des enquêtés. 4.2.1.2- Longévité vue comme une punitionLa longévité pour une faible proportion de personnes âgées soit 1,5%, est entrevue comme étant une punition que Dieu inflige aux personnes qui ont transgressé les lois divines et humaines. Pour certaines personnes, Dieu étant par essence miséricordieux, il accorde la longévité aux individus tombés dans la disgrâce suite à leur iniquité pour leur permettre donc de se racheter en réorientant leur conduite. S'ils changent de comportements dans le sens du respect du sacré et des normes sociales, ils se libèrent des péchés. En revanche, s'ils persévèrent dans leur inconduite, ils connaissent la damnation. Pour d'autres, la longévité est de facto un châtiment qui s'abat sur les déviants. Dans ce cas, les individus souffrent, se lamentent de la vieillesse et préfèrent la mort à la vie. Ils reçoivent très peu la compassion de l'entourage si ce n'est l'indifférence. Ce qui pourrait paraître comme une maltraitance se lit comme un début de la vie infernale de l'au-delà. Toutefois, dans la conscience collective Odjukru, la représentation attachée à la longévité est celle d'une récompense que les forces surnaturelles accordent aux personnes vertueuses et soucieuses du respect des normes et des valeurs sociales. Dieu étant le Maître de la vie, il préférera soustraire les déviants de la terre que de les punir par l'octroi d'une longue vie. C'est remettre en cause l'essence de Dieu que de le penser être capable de punir par la longévité. C'est ce qui explique les rôles dévolus aux personnes âgées. Que l'homme soit sociable ou asocial, il peut recevoir la longévité. Mais la différence de longévité se situe au niveau de la qualité de la vieillesse. Les actes asociaux entraînent une vieillesse de souffrance et les actes conformes aux valeurs sociales conduisent à une vieillesse heureuse qui se traduit par l'absence de maladie, sujet de considération et d'obligation alimentaire. 4.2.2- Sources de la longévitéTableau 8 : Justification du sens de la longévité
Source : enquête personnelle, 2010. Nous dénombrons chez les enquêtés trois sources de longévité. · Longévité: don de la providence divine Ici, les 92,8% des enquêtés donnent à l'origine de la longévité, la même source que celle de la vie, c'est-à-dire Dieu. Selon un Mborman-odjogba de 75 ans: « La longévité est malgré tout du domaine de Dieu, car l'homme va bien manger, se soigner, mais c'est Dieu qui a le dernier mot sur sa longévité. Donc c'est une récompense que Dieu donne à qui il veut.». De même que l'être naît indépendamment de sa volonté, de même Dieu dans sa magnanimité accorde la longévité aux hommes selon son bon vouloir ou selon des critères qui échappent à l'entendement humain. La providence divine agit en toute souveraineté. C'est dans ce cas de figure que des personnes âgées ont relaté des cas de longévité importante de personnes âgées taxées de sorcières et reconnues pour le mépris des normes sociales; ou les cas de personnes sociables de par leur conduite qui trouvent dans la fleur de l'âge la mort ou encore de la mort de nouveaux nés, êtres dont la pureté ne souffre d'aucun doute. Certains vont plus loin en donnant une explication métaphysique à la longévité. Pour elles, chaque individu avant de naître choisit déjà le nombre d'années qu'il aura à passer sur la terre. Que dans son `'livre de vie'' (sa mission sur terre) il soit inscrit ou non des actes de générosité ou de déviance, cela n'a aucune incidence sur sa durée de vie puisque le choix a été fait avant sa conception. Il s'agit nettement d'une théorie proche de la prédestination. Les sorciers, les sortilèges et les vibrations négatives n'ont aucune incidence sur la longévité. · Longévité: Dieu et la responsabilité humaine Cette autre conception de la longévité part du principe que c'est Dieu qui donne la vie en laissant la responsabilité à l'être humain à travers ses actes de la prolonger ou de l'écourter. C'est ce que déclare une femme âgée de 77 ans, membre de la classe d'âge des Mbédié-odjogba en ces termes: « C'est Dieu qui donne la longévité. Mais aussi l'homme doit entretenir sa longévité par un bon comportement: l'amour des autres, la justice.». Nous pouvons nous représenter un homme qui reçoit à sa naissance un cahier vierge qu'il aura à remplir par son comportement. Chaque acte posé est noté par le maître qui, au su de ses actes, lui accorde une longévité proportionnelle. Seul le maître, parce qu'il sait, détient la vérité et la connaissance de ce qui est moralement admis ou blâmé, peut l'évaluer. En définitive, l'homme mérite une longévité au prorata de ses actes. Les actes de déviance sociale étant sanctionnés par la société, la magie noire, les sortilèges, les sorciers et les vibrations négatives peuvent influer sur la longévité. C'est à ce niveau que la conception de la longévité intervient. · Longévité: responsabilité entière de l'homme Ce sont les propos d'une femme âgée de 82 ans, membres de la classe d'âge Abrahman-kata qui nous a inspiré cette perception de la longévité. En effet, elle a indiqué que: « Ce n'est pas Dieu qui donne la longévité. C'est l'homme qui par sa conduite et son entretien s'assure la longévité.». Dans ce cas, on maintient le principe que c'est Dieu le maître et l'auteur de la vie. Une fois qu'il a fait don de la vie, il se retire pour laisser la liberté pleine et entière à l'homme de se donner la longévité qu'il veut. Toutefois, la longévité dans le sens d'une durée plus importante s'obtient toujours par ses actes et ses oeuvres de bienfaisance. L'homme peut demander la bienveillance des divinités, se prémunir contre le malheur et capitaliser ses oeuvres. Mais, cette conception est partagée par une proportion insignifiante, soit 0,6%. 4.2.3-Désir de longévité des enquêtésTableau 9 : Estimation de désir de longévité
Source : enquête personnelle, 2010. Les enquêtés eux-mêmes, à partir des expériences vécues ou des témoignages reçus, se sont prononcés sur l'âge de la longévité. Ainsi, nous avons 30,7% des personnes âgées interrogées qui n'ont pas été capables de faire une estimation de la longévité. Pour elles, en réalité, il n'existe pas d'âge. En revanche, 32,5% et 22,9% pensent que la longévité peut être fixée respectivement à 100 ans, et être comprise entre 75 et 99 ans. 2,7% des enquêtés vont au-delà de 101 ans pour fixer la longévité à 120 ans et entre 101 ans et 115 ans. La référence faite aux 100 ans peut s'expliquer par le fait que généralement, il y a des fêtes et des félicitations particulières à l'intention des bénéficiaires de cet âge. En France, l'événement que constituent les centenaires et les supercentenaires est très médiatisé. Des articles et des publications179(*) sur l'événement sont produits. 0,6% des enquêtés disent que la longévité est reconnue après la célébration de l'êbeb ou à la ré-célébration du low. Les divers avis sont des preuves du caractère pluridimensionnel de la notion de longévité. La même difficulté s'est posée lorsqu'il s'est agi de savoir auprès des personnes âgées, qui des générations passées et des contemporaines avaient une longue durée de vie. 63,3% des personnes âgées interrogées estiment que leurs prédécesseurs plus vertueux et respectueux des valeurs socioculturelles ont eu une longévité supérieure à la génération présente. 24,4% en vertu des progrès de la médecine et de l'esthétique pensent que les hommes vivent plus longtemps actuellement que par le passé. Les hommes d'autrefois, affirment certains enquêtés, avaient l'air de personnes très âgées faute de manque d'entretien corporel. Ils n'avaient pas accès à des outils techniques d'esthétique. Ainsi donc, les cheveux, les barbes et les ongles non entretenus et accumulés depuis de longues années, leur donnent l'allure de vieilles personnes. 4.2.4-Stratification sociale du grand âge chez les Odjukru: la notion d'extrême longévitéOrganes consultatifs (activité, maintien des fonctions cognitives, sagesse) Milacme Nênici Lakpikine Leless Êbebu Ages probables d'inactivité et de dégénérescence Equipe dirigeante
Schéma 7: Segmentation des aînés sociaux chez les Odjukru, (enquête personnelle, 2010). La longévité, nous l'avons dit, à ce jour n'a aucune mesure. Cependant, pour ce qu'il est convenu d'appeler l'échelle des âgées qui comporte les cinq types d'aînés sociaux, nous pouvons déterminer une longévité maximale qualitative dans la société Odjukru. Cette longévité maximale correspond au niveau d'âge milacme (cendre). C'est le dernier niveau de vieillesse que les individus qui ont la chance peuvent atteindre. A cet âge, la société Odjukru reconnaît que le risque de démence sénile et de perte d'autonomie sont élevés. Les individus qui y accèdent sont rares. Pour preuve, dans les quatre villages que nous avons visités, aucun membre d'une classe d'âge n'avait au moment où se déroulait l'étude, atteint l'âge de milacme malgré la présence parmi les enquêtés d'un supercentenaire (102 ans). Dans les quatre villages, nous avons les niveaux de vieillesse et les longévités qui suivent. Catégories de P.A Milacme Milacme Ndjurman [3] sggrrrrrccc Nênici Ndjurman [1] Abrahman [4] Abrahman [3] Abrahman [26] Lakpikine Abrahman [2] Mbédié [5] Mbédié [22] Mbédié [71] Lêless Mbédié [17] Mborman [18] Mborman [48] Mborman [112] Êbebu Strates de P.A Localités Débrimou Bouboury Armébé Bonn Schéma 8: Comparaison des niveaux de longévité dans les localités de l'étude, (enquête personnelle, 2010). En outre, la longévité se reconnaît aussi de trois autres façons: · le fait d'être le dernier de sa génération (congénère) à être en vie, · le fait de connaître une mue avant sa mort, · le fait de ne pas pouvoir manger une demi-banane douce à cause de son âge avancé. L'on dit ici que l'estomac de la personne âgée se rétrécissant, elle mange peu faute d'appétit. Une femme âgée de 73 ans membre, de la classe d'âge des Mbédié-kata, nous a témoigné qu'un homme, après avoir perdu toutes ses dents au cours de sa longévité, a vu celles-ci repousser. 4.2.5-Recélébration du low, un processus de régénération sociale de l'être âgé OdjukruDans la société Odjukru, il existe une renaissance sociale de l'être humain. Cette renaissance est possible grâce au système cyclique de la naissance des générations, des classes d'âge et de la célébration de la fête du low. Autrement dit, lorsque les individus membres d'une classe d'âge célèbrent leur fête de low, ils peuvent déterminer de manière objective l'année au cours de laquelle leur classe d'âge va célébrer à nouveau son low. L'année de recélébration du low s'obtient en ajoutant 56 ans à l'année de célébration du low. Par exemple, si une classe d'âge célèbre son low en 2010, il faut faire 2010 (année) plus 56 ans pour trouver l'année de recélébration du low qui sera dans le présent cas fixée en 2066 (2010 + 56). Comment s'obtient les 56 ans ? Nous avons dans la fédération de Débrimou 7 générations et 4 classes d'âge à l'intérieure de chaque génération. Pour passer à la dénomination d'une génération y à une autre génération z, il faut 8 ans. Pourquoi 8 ans ? A l'intérieur de la génération y, il y a quatre classes d'âge ou trois classes d'âge qui se succèdent tous les deux ans. Ainsi, nous passons tous les deux ans d'une classe d'âge y1 à une classe d'âge y2. Par ce processus, au bout de 56 ans nous revenons à la génération y. Nous avons mathématiquement le produit de 8 par 7 qui donne 56 ans. Dans la fédération de Bouboury, nous avons dans chaque génération trois classes d'âge qui se baptisent les unes après les autres selon le même processus que la fédération de Débrimou. Toutefois, pour équilibrer les choses et être au même pas que Débrimou, Bouboury après la célébration de la fête de low de la dernière classe d'âge (kata), observe quatre années avant de reprendre le cycle des célébrations des low. Z1 Y1 Y (8 ans) Z (8 ans) Y2 Y3 Y4 Z2 Z3 Z4 Schéma 9: Evolution rotative des générations et classes d'âge, (enquête personnelle, 2010). Au niveau individuel, le membre de la classe d'âge ajoute 56 ans à son âge le jour de la célébration de son low. A supposer que l'individu x a 21 ans en 2010 au moment de la célébration de son low, il aura 77 ans au moment de la recélébration de son low (21 ans + 56 ans = 77 ans). De façon structurelle, l'individu de 77 ans ou la classe d'âge qui célèbre à nouveau son low à travers la célébration du low de ses cadets sociaux de dénomination analogue, a les mêmes statuts et rôles sociaux que ceux-là. En pratique, il est concerné par la vie sociale de sa classe d'âge homonyme. Il est présent chaque fois que ses forces lui permettent. Mais compte tenu de l'avance en âge, il ne s'adonne pas aux travaux physiques. D'un point de vue symbolique, il renaît à travers ses cadets sociaux. Il s'identifie aux membres de sa classe d'âge homonyme. Cette renaissance symbolique est un élément sur lequel s'appuie la personne âgée pour affirmer sa longévité. Un euphémisme social contre les défauts de l'âge. 4.2.6-Classification des aînés sociaux post-êbebuAprès huit ans d'exercice de pouvoir, les êbebu sortis (les êbebu à la retraite) accèdent tous les huit ans à d'autres classifications ou dignités honorifiques. Ces différentes distinctions sont au nombre de quatre, elles expriment par ailleurs l'accès aux organes consultatifs. 4.2.6.1-Distinction des lêlesselLa première distinction est celle des lêlessel qui signifie "les hommes de papier" ou encore "les patriarches". C'est le premier ordre d'êbebu à la retraite. Les individus de cette catégorie sociale de personnes âgées ont, au moment de leur promotion, un âge qui varie entre 68 et 76 ans. Ils quittent cette distinction à un âge compris entre 76 et 84 ans. Leur titre de lêlessel fait allusion à leur capital culturel. Ils sont des personnes ressources que consultent les êbebu avant les prises de décision si besoin est. Ces consultations obéissent au souci que les décisions prises par les êbebu sont en conformité avec les normes et les valeurs qui président au fonctionnement normal de la société. Après la catégorie des lêlessel, vient celle des lakpikine. 4.2.6.2-Distinction des lakpikineLa deuxième distinction est celle des lakpikine qui signifie « pilier de la clôture». C'est le deuxième ordre d'êbebu à la retraite. L'âge des individus à l'entrée de cette catégorie sociale de personnes âgées varie entre 76 et 84 ans. Ils quittent la distinction à un âge compris entre 84 et 92 ans. Du point de vue accumulation de connaissances, ils sont au-dessus des lêlessel. C'est la raison pour laquelle en cas de blocage ou de limite, les lêlessel les consultent pour recueillir leur avis avant de faire des propositions aux êbebu. Dans le respect de la hiérarchie des connaissances qui est lié à l'âge de l'individu, jamais les êbebu n'outrepassent les lêlessel pour s'adresser aux autres classes supérieures. La classe des lakpikine comme le nom l'indique, est celle qui assure la stabilité de l'édifice social en termes de restitution des normes, des valeurs et de l'enseignement du patrimoine culturel. Les lakpikine à leur tour ont pour aînés les nênici. 4.2.6.3-Distinction des nêniciLa troisième classe est celle des nênici qui veut dire la molaire. C'est le troisième ordre d'êbebu à la retraite. De façon générale, les individus de cette catégorie sociale de personnes âgées ont à l'entrée, entre 84 et 92 ans. Ils quittent cette distinction à un âge compris entre 92 et 100 ans. En cas de difficulté dans les prises de décision, les lakpikine consultent les nênici. Leur appellation qui signifie la molaire, est symptomatique du rôle central qu'ils jouent dans la société en dépit du poids de l'âge. Les molaires sont en effet les dents qui, à la différence des canines et des incisives, sont très résistantes, grosses et qui se situent dans le fond de la bouche. Elles déploient aussi la force pour mâcher les aliments. En effet, ce sont les molaires qui comme une machine, broient les aliments et les mâchent soigneusement dans le but de faciliter la digestion et de nourrir l'organisme humain. Le plus souvent, quand l'homme est édenté, il peut avoir encore quelques molaires pour mâcher les aliments. 4.2.6.4- Distinction des milacmeAprès les nênici, nous avons la dernière catégorie de personnes âgées, celle des milacme qui a pour signification: la cendre. C'est le quatrième ordre d'êbebu à la retraite. Les individus de cette catégorie sociale de personnes âgées ont à l'entrée un âge qui varie entre 92 et 100 ans. Ils sont à leur tour sollicités à titre consultatif par les nênici. La cendre est le résidu de toute combustion. Cette catégorie sociale de personnes âgées se présente comme la catégorie des individus qui ont pu subsister, qui ont pu traverser toutes les étapes et toutes les épreuves de la vie. Ce sont eux qui restent de la société, ce sont des monuments. Nous rappelons qu'aucun de nos enquêtés n'a encore atteint ce summum. La cendre, loin de traduire une insignifiance, traduit un exploit, un modèle de vie et de longévité dont les autres membres de la société doivent pouvoir s'inspirer. Les quatre distinctions post-êbebu que nous venons de décrire, sont des organes consultatifs auxquels peuvent recourir les êbebu au pouvoir. Elles indiquent que quel que soit l'âge, l'individu est utile à la société. Certes, les fonctions physiologiques décroissent. Cependant, du point de vue métaphysique, le vieillard a une grande âme. Et cette grandeur spirituelle, il la doit à ses distances avec les plaisirs charnels. L'ordre des consultations se fait des êbebu aux lêlessel, des lêlessel aux lakpikine, des lakpikine aux nênici, et des nênici aux milacme et jamais en sens contraire. Voilà un prototype de société qui instaure une culture du vieillissement loin des approches pathologiques de la vieillesse. Aussi cette description montre-t-elle l'utilité de la personne âgée et son intégration en pays Odjukru. Dans certaines sociétés lorsque la personne âgée au pouvoir manifeste des signes physiques de faiblesse, elle est mise à mort. C'est le cas chez les Shilluk du Soudan180(*) où le roi est mis à mort dès les premiers signes de dégradation physique. La vieillesse et la longévité restent fondamentalement dans la conscience collective Odjukru des faits sociaux revêtus d'une signification noble. Ce que la culture enseigne à ses membres, à travers le processus de socialisation, c'est de se conformer à l'éthos pour s'attirer la grâce d'une vie épanouie à tous les stades de la vie notamment à l'âge adulte et au grand âge. Nous posons ainsi la question des facteurs déterminants de la longévité. CHAPITRE 5 : DÉTERMINANTS DE LA LONGÉVITÉLa longévité est une quête et comme telle il faut de la part de la société et des individus des stratégies pour pouvoir la capter. Suite à l'enquête donc, il a été dénombré quatre facteurs centraux qui concourent à la longévité. 5.1- Facteurs favorisants la longévitéIl ya trois facteurs principaux qui contribuent à la longévité. Ce sont les facteurs métaphysico-religieux, sociaux et médicaux. 5.1.1- Facteurs métaphysico-religieux· Pratique religieuse L'Odjukru croit, comme dans beaucoup de sociétés, qu'il y a des forces surnaturelles qui environnent tous les espaces de l'être humain. Même si elles sont invisibles, elles manifestent leur volonté et la manière dont elles voudraient coopérer avec les humains par le canal d'un médium. Obéir aux prescriptions des divinités et entités surnaturelles associées attire à l'homme et à la société des bénédictions en termes de cohésion sociale, de procréation, d'abondance de récolte et de santé. Fouler au pied les lois divines, c'est oeuvrer à sa perte et entrer en conflit avec le surnaturel qui régit l'homme. Les conséquences désastreuses se nomment: disette, catastrophes, guerre, exil, sécheresse, maladie et mort. Pour éviter donc le malheur, l'homme va chercher l'amitié des dieux en se conformant aux normes sociales. Cependant, la tendance actuelle est l'abandon des religions traditionnelles au profit des religions chrétiennes. Pour expliquer leur religiosité, les enquêtés ont déclaré s'en remettre à la volonté de Dieu dans la plupart des circonstances. Autrement dit, ils se laissent guider par Dieu et beaucoup de leurs agissements ont pour cadre d'exercice les recommandations divines. 5.1.2- Facteurs sociauxAu niveau des facteurs sociaux, nous notons des éléments qui régissent les rapports entre l'individu et les autres membres de la société. · Recherche d'harmonie sociale Ces vertus conduisent l'homme à être bienveillant et à assister les autres. Pour cela, il doit lever les barrières qui peuvent l'opposer à son entourage en évitant d'être rancunier. Certains pensent que la bienveillance et la générosité constituent en elles-mêmes des talismans contre les ennemis et les forces invisibles maléfiques. Car, celui qui est bienveillant est assisté à son tour par les puissances surnaturelles bénéfiques. La rancune est considérée comme un poison qui, logé dans le coeur de l'homme, le ronge, l'étouffe et dans son mécanisme prédispose l'homme à la sorcellerie. Pour en être libéré et être épanoui, il faut pardonner à ses bourreaux et ennemis. Ils auront pour leur compte avec les entités surnaturelles. · Cohésion sociale: situation de non belligérance L'homme dans son milieu de vie et dans ses rapports avec son entourage doit éviter les situations de belligérance, les rapports tumultueux. Les divisions et les querelles éloignent les membres de la société entre eux et divisent les familles. Les situations de belligérance favorisent l'emploi de la magie noire et sont susceptibles d'entraîner l'isolement social. Or, pour affirmer la force du groupe, un proverbe africain dit ceci: « Un seul doigt ne peut pas saisir un pou. ». En d'autres termes, c'est dans le groupe que les réponses à l'adversité s'organisent. · Fidélité conjugale La recherche de cette vertu concerne les femmes puisque les hommes peuvent être polygames. La femme évitera de corrompre le lit conjugal en se gardant de cocufier son mari. C'est une infamie pour la femme et sa famille d'être coupable d'acte d'adultère. Car la source du mariage est divine. D'où l'invocation des ancêtres lors des cérémonies de mariage. Si la femme cache son acte d'adultère elle peut attirer sur son mari la mort à travers une maladie. La réparation de ce crime se fait donc par le paiement d'une amende équivalant au prix d'un poulet, imposée à l'homme coupable d'adultère. Dans les religions chrétienne, musulmane et juive, l'adultère est classé au rang des péchés capitaux. D'où la mort par lapidation chez les juifs et les musulmans181(*). · Humilité L'humilité va de paire avec la vertu. Les transformations sociales confèrent aujourd'hui des rôles à des individus. Toutefois, ils doivent respecter leurs aînés et se soumettre à la tradition. Se livrer à des trafics d'influence, s'enorgueillir de ses biens matériels et de sa position sociale peuvent attirer la jalousie. Dans la société traditionnelle Odjukru, les rôles et statuts des individus sont ceux de sa génération d'appartenance. Il faut donc quelque soit sa position sociale accepter de se soumettre aux trois rites d'initiation (low, angbandji et êbeb). · Justice ou vérité La justice diffère de la sainteté pour prendre la connotation de la vérité. Elle consiste à éviter la complaisance et la duplicité. Sollicité pour régler un différend qui oppose des individus entre eux, le facilitateur doit trancher en se référant aux normes. Sa décision ne doit souffrir d'aucun soupçon de partialité; elle doit être emprunte de justice et d'objectivité. Dans certaines traditions akan (Baoulé et Agni182(*)), le règlement des conflits se solde par des libations. Par cet acte, on invoque les divinités, sous le contrôle de qui on pense que le jugement a été inspiré et dit. Ne pas dire la justice et la vérité peut entraîner leur courroux. Aussi la justice proscrit-elle tout faux témoignage. C'est en incarnant toutes ces vertus que l'on considère la personne âgée comme un modèle de sagesse, digne de prétendre à l'êbeb. 5.1.3- Facteurs médicauxL'homme est un tout c'est-à-dire ayant un corps, une âme et un esprit. Son rapport avec son corps a un lien avec sa longévité. · Hygiène et santé L'organisme humain est constamment agressé par des microbes. Il faut donc à travers une hygiène de vie neutraliser les bactéries par les soins corporels et l'entretien de son cadre de vie. L'humanité se souvient encore de la tourmente des populations face au choléra, à la dysenterie et à la fièvre typhoïde, toutes des maladies qui ont pour agents étiologiques la mauvaise hygiène. Pendant l'enquête, certaines personnes âgées ont dit que leurs prédécesseurs étaient considérés par erreur comme ayant vécu longtemps faute d'entretien corporel. Les moyens étant très peu développés, ces derniers gardaient leurs barbes, leurs cheveux et leurs ongles, ce qui leur donnait une allure de personnes âgées. Les contemporains ont l'atout de se rajeunir grâce aux services des industries de l'esthétique. L'importance du facteur hygiénico-sanitaire est soulignée dans les cultures par le système sanitaire et le dispositif de protection de l'être humain (ethnomédecine). · Facteur diététique La diététique est directement liée à l'hygiène et à la santé. Car l'alimentation, parce qu'elle procure à l'organisme des vitamines, est le premier remède. C'est pourquoi, les enquêtés ont parlé d'alimentation équilibrée c'es-à-dire renfermant tous les éléments vitaux pour le corps. Cependant, dans le contexte actuel de l'économie de marché avec son objectif de profit, l'agro-industrie fait commercialiser des denrées stimulées par des produits chimiques. Ce que fait constater une femme âgée de 75 ans, membre de la classe d'âge des Mbédié-bago qui s'exprime ainsi: « Une vieille a connu une mue et elle a vu sa quatrième génération de petits fils. Tout ce que nous consommons aujourd'hui est à base d'engrais. Or, dans le temps, nos parents et grands-parents mangeaient sainement. Ces aliments consommés participaient à l'équilibre de l'organisme. C'est-à-dire les plantes, les fruits et autres qu'ils consommaient contenaient des vitamines naturelles. Mais maintenant, tout est fait à base d'engrais. Les animaux de brousse comme les agoutis, les rats sont élevés et consomment des produits qui mettent à mal la santé des humains qui les consomment à leur tour. ». Tableau 10 (TC) : Facteurs de longévité
Source : enquête personnelle, 2010. Le tableau ci-dessus nous permet à partir des proportions obtenues d'estimer la valeur des facteurs. Nous constatons que les facteurs social et métaphysico-religieux représentent les déterminants capitaux de la longévité. Nous avons respectivement des pourcentages de 49 et 43,2. Les facteurs physiologico-médical et diététique ont des proportions très faibles soit dans l'ordre 2,7% et 3,7%. En d'autres termes, les personnes âgées enquêtées pensent que la croyance et les rapports sociaux ont une influence probante sur la longévité. D'ailleurs, les mêmes facteurs, à certains égards, influencent les facteurs physiologico-médical et diététique. 5.2- Facteurs limitants de la longévitéNous venons de voir les facteurs vecteurs de longévité. Ces derniers cohabitent avec des sociopathies qui mettent à mal la longévité de l'homme. Nous distinguons précisément quatre agents pathogènes. 5.2.1- Facteurs sociaux· Vol Le vol est la principale bactérie citée par les personnes âgées enquêtées. Cette pratique consiste à soustraire à son prochain des objets de valeur, par convoitise ou par nécessité. Dans la tradition Odjukru, les individus qui se rendent coupables de vol sont chargés des objets du crime avec lesquels ils font le tour du village sous des huées. En fait, la manière d'exécuter la sentence est une malédiction. L'infamie frappe le coupable ainsi que sa famille. Le voleur, durant le reste de sa vie, aura du mal à prospérer dans le village. Son infortune commence par la difficulté à trouver une épouse au sein de la communauté et à s'épanouir dans sa génération. Parfois, selon la gravité de l'acte (valeur de l'objet), on fait appel aux divinités pour que le coupable qui ne se dévoile pas connaisse l'infortune (la mort) ainsi que sa famille. · Adultère chez l'homme Ici, il s'agit de l'homme qui a des rapports sexuels avec la femme d'autrui. Certes, l'homme peut prendre plusieurs épouses. On tolère à l'homme les aventures érotiques avec des demoiselles. Mais, il lui est formellement interdit d'avoir une intimité avec une femme mariée. Si le mari cocufié invoque le Mal, la malédiction se réalise. La malédiction est encore plus soutenue quand le cocufié est un homme âgé. On remarque dans les cas d'adultère commis soit par la femme mariée ou par un homme que la malédiction est prononcée contre l'homme et non contre la femme. En fait, c'est l'homme qui est blessé et déprécié, lui qu'on dit fort. Le terme de cocufié véhicule en lui-même l'humiliation. Il signifie: faire porter des cornes. · Hypocrisie La notion de communauté demande la participation de tous les membres de la société. C'est au nom du degré de participation que les uns et les autres se sentent unis entre eux, s'appellent cordialement frères. Or, la fraternité est incompatible avec les camouflages de comportements. Celui qui n'a pas le courage de dire à son frère ce qu'il lui reproche et le garde en son for intérieur est capable de tuer. Cette attitude peut lui être préjudiciable. C'est de l'hypocrisie dont rend compte la maxime qui interdit de manger avec quelqu'un contre qui on a des récriminations. Le faire, serait boire la cigüe. 5.2.2- Facteurs métaphysico-religieux· Fétichisme La pratique du fétichisme consiste à rechercher des pouvoirs surnaturels pour contrôler et dominer son entourage. Il y a deux types de fétichismes. Le fétichisme positif où les individus se prémunissent contre les forces nuisibles et les vibrations négatives. Le fétichisme négatif celui qui nous concerne ici et par lequel on nuit au bonheur des autres en les empêchant de réussir. Ces actes de méchanceté, à la longue, ne sont pas sans conséquences pour les pratiquants. Le fétiche se retourne contre ses propriétaires. Car le pacte avec les forces du mal est karmique183(*). · Sorcellerie Le fétichisme et la sorcellerie sont tous deux des oeuvres du Mal. Le fétichisme est un pouvoir que concentrent entre leurs mains des individus qui à leur tour délèguent une partie aux personnes qui le sollicitent selon leur besoin. Or, la sorcellerie est une pratique occulte à laquelle des individus organisés en société secrète adhèrent par initiation. Ils usent de leur pouvoir pour freiner la réussite sociale de leurs victimes ou les tuent et "mangent" leurs âmes. Selon la croyance populaire, à l'intérieur de chaque famille se trouvent cachés des sorciers184(*). Dans un village Odjukru, convaincu que c'est la sorcellerie qui était l'obstacle à son développement socio-économique, tous les êbebu se sont réunis pour mettre fin à cette pratique. Ils se sont ainsi servis du pouvoir de leur canne pour maudire tout individu qui porterait atteinte à la vie d'un autre par la sorcellerie. En effet, il avait été constaté que les jeunes cadres du village qui décidaient d'entreprendre par exemple la construction d'une maison connaissaient des infortunes voire la mort. Ainsi étaient-ils arrivés à être réticents à contribuer au bien-être social du village. 5.2.3- Facteurs médicaux· Maladie, malformations (difformités), accidents Certes, tous les individus n'ont pas la même constitution biologique et ne pas tomber malade est rare. Cependant, être régulièrement malade ou avoir eu une maladie grave (durée dans le temps) hypothèquent les chances de jouir de la longévité. Pendant l'enquête, nous avons recensé des cas de personnes âgées qui ont dit être surprises d'atteindre le grand âge. La surprise vient des maladies congénitales avec lesquelles elles vivent. Une personne nous a relaté le traumatisme physique né de sa chute d'un cocotier depuis son jeune âge. Pour elle donc, des problèmes de santé peuvent être des entravent à la longévité ou à la qualité de la vieillesse. · Facteur diététique Il concerne la sous nutrition liée elle-même à la sous alimentation. Comme nous le verrons plus tard, les Odjukru ont leur culture culinaire et leurs habitudes alimentaires qui résistent au temps. Ils pensent donc que leur santé est liée à ce qu'ils consomment. 5.2.4- Facteurs psychologiques· Stress Les stress, si on en croit les enquêtés, sont des effets négatifs qui prennent leur source dans les ennuis de santé, la précarité de vie et l'existence de rapports conflictuels. Ils se traduisent par l'absence de "paixdu coeur" perceptible par les palpitations cardiaques. Ils devraient avoir une intensité moins vive ou être vite corrigés grâce à l'organisation sociale Odjukru en classe d'âge. Cette faible proportion des stress est exprimée dans le tableau ci-dessous où nous avons 0,4% des individus qui évoquent les stress comme facteurs limitant la longévité. Tableau 11 (TC) : Germes sociaux limitant la longévité
Source : enquête personnelle, 2010. Dans le tableau récapitulatif, nous observons que les facteurs social et métaphysico-religieux représentent l'essentiel des agents pathogènes affectant la longévité, soit respectivement 52% et 41,6%. Les pourcentages des personnes âgées qui citent les facteurs physiologico-médical et diététique sont faibles soit dans l'ordre 3,1% et 2,9%. L'explication donnée par les enquêtés nous suggère l'état théologique185(*) dans lequel on rend compte des choses à partir du surnaturel. De fait, que ce soit les facteurs favorisants ou défavorisants, l'hérédité n'est pas mentionnée immédiatement. Toutefois, des enquêtés regrettent parfois que dans certaines familles, les membres ne connaissent pas une grande vieillesse tandis que d'autres évoquent la longévité de leurs ascendants. § Respecter les lois divines § Prières § Fétichisme § Sorcellerie § Justice ou vérité § Amour du prochain § Cohésion sociale § Fidélité conjugale § Humilité Longévité Comportements (Valeurs) Sociopathies (Déportements) § Facteur social § Facteur métaphysico- religieux § Facteur biologique § Facteur diététique - Alimentation équilibrée § Hygiène § Santé § Facteur social § Facteur métaphysico- religieux § Facteur biologique § Facteur diététique - Sous alimentation § Vol § Adultère § Hypocrisie § Maladie § Malformations ou difformités § Accidents Schéma 10 : Arbre des déterminants de la longévité, (enquête personnelle, 2010). 5.3- A la rencontre des secrets de longévitéNous avons rencontré des personnes âgées avec qui nous avons conversé notamment sur les secrets de la longévité et les transformations sociales observées. Nous comptons un supercentenaire et un nonagénaire. Photo 13 : Tata Agnimel, Ndjruman-odjogba, Doyen d'âge 102 ans. Débrimou, (enquête personnelle, Décembre 2009). Nênici Tata Agnimel a 102 ans, père de six enfants, il appartient à la classe d'âge des Ndjruman-odjogba, la classe d'âge la plus âgée. Il est lui-même le doyen d'âge du village de Débrimou. Il est marié et son épouse membre de la classe d'âge des Abrahman-odjogba a 87 ans. Cet ex cultivateur affirme la rareté et le caractère divin de la longévité. Il tire sa satisfaction des pouvoirs spirituels et religieux que lui confère son âge. Pour lui, les ennemis de la longévité ont pour nom: le vol, le mensonge, l'insalubrité. Son ambition actuelle est que sa vie se prolonge jusqu'à l'inauguration de la nouvelle Eglise Catholique du village en construction. Il refuse la vie dans un hospice fort de son attachement à sa famille et à son village. Son alimentation de base se compose de l'attiéké et du poisson, ajouté à cela la consommation d'alcool et de tabac. Il ne se fait conter aucune cérémonie d'angbandji. Il y assiste lui-même. Car il faut le rappeler, lors de ces cérémonies, on fait souvent des dons aux êbebu et aux post-êbebu. Il est donc présent pour avoir sa part de manne. Nous avons été témoins ce 19 décembre 2009 de cinq cérémonies d'Angbandji auxquelles il a pris part de 9 heures à 18 heures temps universel.
Photo 14 : Lakpikine Agori Essis Jean, Abrahman-kata, 87 ans, doyen d'âge d'Armébé. Armébé, (enquête personnelle, Août 2009). Lakpikine Agori Essis Jean a 87 ans, il est membre de la classe d'âge des Abrahman-kata. Il détient le titre de doyen d'âge du village d'Armébé. Dans la génération des Abrahman, ils sont deux à être en vie. Cependant, en raison du mauvais état de santé du second, nous n'avons pas pu lui rendre visite. En sa qualité de doyen et eu égard à ses connaissances, c'est vers lui que les autorités villageoises nous ont orienté pour connaître l'histoire de l'êbeb, dont son village en est l'inventeur et nous relater l'histoire de la provenance du peuple Odjukru. A en croire ses propos, sa principale difficulté est l'enflure du pied gauche qui est de nature à limiter ses déplacements. Sur la nature de ses rapports avec ses cadets êbebu, il se sent respecté dans la mesure où il est consulté et qu'il est considéré comme une personne de référence. Il conseille aux jeunes de se détourner du vol. La deuxième partie, fondements anthropologiques de la société Odjukru et sa vision du grand âge a été déclinée en trois chapitres. On note que dans la société Odjukru, il y a trois institutions sociales majeures à savoir: le low, l'angbandji et l'êbeb qui ont pour fonction d'assurer l'intégration sociale des membres. Le low est le niveau primaire de socialisation et d'attribution d'identité collective à une classe d'âge. L'angbandji est l'institution intermédiaire qui confirme les vertus de savoir-être et de savoir-faire acquis au cours du low. Ces vertus sont manifestes par la possession de capitaux social, culturel et symbolique. Et l'êbeb qui est l'institution la plus prestigieuse qui confère aux personnes âgées le pouvoir politique. La fonction d'êbebu elle-même ouvre la voie à l'appartenance à quatre échelles honorifiques d'âge avancé.
Au niveau structurel, on constate que la société Odjukru est régulée par les aînés sociaux. Au plan idéologique, l'êbeb en tant que pouvoir gérontocratique est légitimé par une légende qui contribue à anoblir le grand âge et au plan symbolique, il y a des images ou éléments matériels dont l'usage et le sens promeuvent le grand âge. Le régime gérontocratique Odjukru est lui-même lié aux représentations sociales de la vieillesse et de la longévité. Ces représentations sociales sont dialectiques en ce sens qu'à la vieillesse rayonnante on associe la longévité récompense et à la vieillesse pathologique on fait correspondre la longévité punition. Ces perceptions de la vieillesse et de la longévité déterminent les rapports sociaux et influencent les conduites sociales. C'est donc un ensemble de mécanismes sociaux qui constituent des énergies vitales à un moment où biologiquement les fonctions des organes du corps humains connaissent un relâchement. Selon le rapport au monde des Odjukru, il y a plusieurs facteurs dont, l'observance contribue à élever la probabilité pour les individus de connaître une longue durée de vie. S'il est difficile d'établir entre ces facteurs une classification rigide et hiérarchisée, on peut dire que les facteurs social et métaphysico-religieux font l'objet d'une attention particulière et sont évoqués de façon récurrente. Cependant en raison des trajectoires de vie spécifique, on a une hétérogénéité de situation à l'intérieur des strates sociales de personnes âgées. C'est ce que nous laisse entrevoir l'analyse et l'interprétation des données sur les caractéristiques socio-démographiques et les conditions de vie des personnes âgées. TROISIÈME PARTIE:
CHAPITRE 6 : CARACTÉRISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES
|
Sexes Lieux de résidence |
Masculin |
Féminin |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Armébé |
13 |
0 3,9 |
14 |
04,2 |
27 |
08,1 |
Débrimou |
81 |
24,4 |
131 |
39,5 |
212 |
63,9 |
Bonn |
09 |
02,7 |
11 |
03,3 |
20 |
06 |
Bouboury |
35 |
10,5 |
38 |
11,4 |
73 |
22 |
Total |
138 |
41,6 |
194 |
58,4 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
A travers la technique du recensement préférée à celle de l'échantillonnage pour raison de manque de données statistiques actualisées, nous avons mené nos investigations dans quatre villages Odjukru, pour une population de personnes âgées effectivement interrogées de 332. Nous avons pour des causes que nous préciserons plus tard invalidé 69 questionnaires. Ainsi, sur une population de 332 personnes âgées, 212 personnes âgées soit 63,9 % ont pour village d'appartenance Débrimou, 73 personnes âgées soit 22% viennent de Bouboury, 27 personnes âgées soit 08,1 % sont issues d'Armébé et 20 personnes âgées soit 6% sont originaires de Bonn. Au vu des données, nous constatons que dans le cas d'espèce, il y a une plus forte concentration de personnes âgées dans le village de Débrimou et une faible densité à Bonn. Cela peut s'expliquer par le fait que dans l'histoire du développement des villages Odjukru, le village de Débrimou, qui est situé à trois kilomètres de la ville de Dabou, a été le point de référence dans la mesure où il a abrité le siège du canton sous l'ère coloniale.
Aujourd'hui encore, le village de Débrimou continue d'être un modèle tant par la construction de logements modernes que par le centre de santé, en un mot, des infrastructures socio-économiques.
De cette manière, nous observons à travers le tableau que la proportion des femmes âgées est dans l'ensemble significativement supérieure à celle des hommes soit 58,4% de femmes âgées contre 41,6% d'hommes âgés. Ce qui après déduction donne un écart de 16,8%.
De façon décroissante, nous notons à Débrimou, Bouboury, Armébé et Bonn des proportions de femmes âgées de 39,5%, 11,4%, 04,2% et 3,3%. Dans les quatre villages, on y trouve une proportion de femmes âgées supérieure à celle des hommes âgés. Et la différence de proportion entre les hommes et les femmes est faible dans les trois autres villages à l'exception de Débrimou où nous avons un écart de 15,1%. Il faut préciser à toutes fins utiles qu'à première vue, l'aspect physique de Débrimou est révélateur de conditions générales de vie plus améliorées que celles des autres villages. Du point de vue physique, ces trois villages présentent une précarité manifeste par des constructions en case, des maisons en terre recouvertes de ciment. Or, partout où il y a une amélioration des conditions de vie, la longévité des femmes et le nombre de femmes âgées tendent à surclasser ceux des hommes.
A Bouboury, le pourcentage de femmes âgées est supérieur à celui des hommes âgés, soit une estimation de 11,4% contre 10, 5% d'hommes âgés. Ce qui fait une différence de point de 0,9%. A Bonn, la proportion de femmes âgées est de 3,3% contre 2,7% d'hommes âgés. Ce qui fait un écart de 0,6%. A Armébé, nous avons 4,2% de femmes âgées contre 3,9% d'hommes âgés soit une différence de 0,3%.
Comme nous l'avons mentionné plus haut, 69 questionnaires ont été invalidés lors du dépouillement. Ce qui constitue un pourcentage de 20,78% de la population totale des enquêtés. Ces questionnaires invalidés se répartissent comme suit selon les villages:
Tableau 13 : Répartition des questionnaires invalidés par sexe selon le village d'appartenance
Sexes
Lieux de résidence
Masculin |
Féminin |
Total |
||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Débrimou |
16 |
23,2 |
30 |
43,5 |
46 |
66,7 |
Bonn |
02 |
02,9 |
01 |
01,4 |
03 |
04,3 |
Armébé |
02 |
02,9 |
07 |
10,1 |
09 |
13 |
Bouboury |
05 |
07,2 |
06 |
08,7 |
11 |
15,9 |
Total |
25 |
36,2 |
44 |
63,8 |
69 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Nous avons été obligés de rejeter 69 questionnaires répartis comme suit:
· 46 questionnaires invalidés à Débrimou dont 30 femmes âgées et 16 hommes âgés,
· 11 questionnaires invalidés à Bouboury dont 06 femmes âgées et 05 hommes âgés,
· 09 questionnaires annulés à Armébé dont 07 femmes âgées et 02 hommes âgés,
· et 03 questionnaires invalidés à Bonn dont 02 femmes âgées et 01 homme âgé,
Tableau 14 : Causes explicatives de l'invalidation des questionnaires
Motifs d'invalidation |
VA |
VR |
Surdité |
04 |
05,8 |
Maladie |
19 |
27,5 |
Changement de résidence |
16 |
23,2 |
Démence sénile |
07 |
10,1 |
Absence |
01 |
01,4 |
Refus des enfants |
22 |
31,9 |
Total |
69 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Nous distinguons six raisons explicatives du rejet des questionnaires. Il y a pas ordre d'importance de proportion les refus 31,9%, les cas de maladies graves entrainant des alitements, 27,5%, les changements de résidence 23,2%, les cas de démence sénile 10,1%, les cas de surdité 5,8% et un cas d'absence signifiée 1,4%. Si nous cumulons les différentes pathologies (démences sénile, surdité, et maladies) qui invalident les questionnaires, nous avons une proportion de 43,4%. Les obstacles humains (refus, oppositions de la famille) constituent 31,9%.
Nous avons en mémoire le refus de la fille d'une femme octogénaire qui s'est opposée au motif que sa mère est étrangère aux questions posées et qu'elle n'est pas en possession de toutes ses facultés. La vieille vit dans une case à moitié délabrée. Elle nous a prié de la «laisser dans sa pauvreté».
En réalité, c'est la condition de vie de la vieille dame que sa fille veut cacher sous le couvert de l'évocation des défauts.
A cela, il faut ajouter que le quartier Esré du village de Armébé a récusé l'administration du questionnaire, eu égard au conflit qui l'oppose au reste des quartiers dudit village. En effet, le quartier Esré ne reconnaît pas l'autorité du chef du village. Or, c'est le chef contesté qui a donné l'autorisation pour que l'étude s'y déroule. Nous pensons au vu de la taille du quartier que le nombre de personnes âgées pourrait être un quart du nombre total de la sous population des personnes âgées d'Armébé soit probablement sept potentiels enquêtés.
Ce parcours vient de nous renseigner sur le nombre de personnes âgées interrogées par village et les questionnaires invalidés non sans justification. Nous entamons donc, l'analyse des caractéristiques socio-démographiques avec la répartition des enquêtés par sexe selon les tranches d'âge.
Tableau 15 : Répartition des enquêtés par sexe selon les tranches d'âge
Tranches d'âge
Sexes
Masculin |
Féminin |
Total |
||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
[60-75] |
75 |
22,6 |
98 |
29,5 |
173 |
52,1 |
[76-99] |
62 |
18,7 |
96 |
28,9 |
158 |
47,6 |
100 et plus |
01 |
00,3 |
00 |
00 |
01 |
00,3 |
Total |
138 |
41,6 |
194 |
58,4 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Comme déjà annoncé dans le champ social, l'investigation a eu lieu auprès des personnes âgées. Ainsi, nous constatons que dans la catégorie des personnes du troisième âge (60-75 ans), le pourcentage de personnes âgées est plus élevé soit 52,1%. Dans la strate des personnes âgées du quatrième âge (76-99 ans), nous avons à l'affiche 47,6%. Même si la proportion des personnes âgées du troisième âge est supérieure à celle des personnes âgées du quatrième âge, la différence reste relativement faible soit un écart de 4,5%. Ce qui signifie que la probabilité qu'un individu passe du troisième âge au quatrième âge est élevée. Autrement dit, les individus du troisième âge ont beaucoup de chance de connaître la mobilité sociale en passant dans la catégorie du quatrième âge. Cependant, au regard du tableau et de l'enquête dans les quatre villages, nous n'avons qu'un seul centenaire ou supercentenaire qui a effectivement un âge de 102 ans, originaire de Débrimou. Ce qui constitue un pourcentage de 0,3%. Eu égard à l'espérance de vie qui est de 46 ans en Côte d'Ivoire, les enquêtés peuvent se magnifier en termes de longévité. Il y a une évolution décroissante avec une très légère différence entre le troisième âge et le quatrième âge et une chute considérable entre le quatrième âge et l'âge centenaire. Si on tient compte des travaux de S. Dédy et al. (2006)186(*), il y a une longévité plus importante dans la population des post-retraités enquêtés que ceux affiliés aux Caisses de retraite conventionnelles (CGRAE) où 35,1% et 23,7% survivent respectivement entre 10 et 15 ans et 20 ans. Pour les auteurs, cette mortalité est liée à: «... la pénibilité de la vie et la précarité de l'état de santé».
En outre, même si les personnes âgées interrogées ont des documents administratifs ou judiciaires qui attestent de leur âge, il faut dire que ce sont des jugements supplétifs sur lesquels les âges qui figurent sont une estimation. Ils ne sont pas réellement ceux du jour et de l'année de naissance. Un élément fonde ce que nous disons. Il s'agit d'une femme que nous avons rencontrée à Débrimou et qui est membre de la génération des Mbédié. Or, les Mbédié ont de façon générale un âge très proche de 80 ans ou même supérieur à cet âge. Mais à partir du carnet de baptême, cette dernière a 55 ans pourtant ses congénères ont entre 70 et 83 ans. Les Odjukru en tant que société de tradition orale, déterminaient l'âge de leurs membres à partir d'un événement soit du plant d'un palmier, des périodes de travaux champêtres ou de moisson.
Du croisement des variables sexe et tranches d'âge, nous observons que les pourcentages de femmes âgées restent supérieurs à ceux des hommes âgés dans les strates du troisième âge et du quatrième âge soit respectivement 29,5%, 28,9% contre 22, 6% et 18,7% d'hommes.
Nous constatons aussi que du passage du troisième âge au quatrième âge, la proportion de femmes âgées devient plus importante tandis que celle des hommes diminue amplement. Ce qui signifie qu'il y a un taux de mortalité important chez les hommes que chez les femmes entre l'âge de 60 à 75 ans. Si dans la catégorie des personnes âgées du troisième âge, la différence de proportion entre les femmes âgées et les hommes âgés (29,5%-22,6%) donne un écart de 6,9% au profit des femmes âgées, dans la catégorie des personnes âgées du quatrième âge, la différence entre les proportions (28,9%-18,7%) donne un écart de 10,2% au bénéfice des femmes âgées. On voit que parmi la population des personnes âgées enquêtées lorsqu'on passe d'une catégorie de personnes âgées moins inferieure (du point de vue des tranches d'âge) à une catégorie de personnes âgées supérieure, l'écart de proportion entre les hommes âgés et les femmes âgées s'accentue à l'avantage de ces dernières. Toutefois, la marginalisation de la gent féminine ne permet pas au niveau interne d'honorer leur longévité. C'est plutôt le grand âge de l'homme qui est encensé au détriment de celui de la femme.
Tableau 16 : Répartition des enquêtés par tranches d'âge selon le village d'appartenance
Tranches d'âge Lieux de résidence |
[60-75] |
[76-99] |
100 et plus |
Total |
||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Armébé |
09 |
02,7 |
18 |
05,4 |
00 |
00 |
27 |
08,1 |
Débrimou |
120 |
36,1 |
91 |
27,4 |
01 |
00,3 |
212 |
63,9 |
Bonn |
00 |
00 |
20 |
06 |
00 |
00 |
20 |
06 |
Bouboury |
44 |
13, 3 |
29 |
08,7 |
00 |
00 |
73 |
22 |
Total |
173 |
52,1 |
158 |
47,6 |
01 |
00,3 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Quand nous nous intéressons au rapport entre l'âge et le lieu de résidence, nous remarquons dans les strates du troisième âge, du quatrième âge et du centenaire que Débrimou a une proportion de personnes âgées supérieure à celle des autres villages, soit respectivement 36,1%, 27,4%, et 0,3%. Débrimou est suivi de Bouboury qui a dans les catégories du troisième âge et du quatrième âge respectivement 13,3% et 8,7%.
Nous voyons que dans les deux fédérations, (capitales des villages Odjukru) les proportions de personnes âgées du troisième âge et du quatrième âge baissent, tandis que dans les villages intermédiaires que sont Armébé et Bonn, la proportion des personnes âgées du quatrième âge est supérieure à celle du troisième âge. A Bonn, cela peut s'expliquer par la perturbation intervenue dans la périodicité du mandat des êbebu. En effet, Bonn avait décidé d'un mandat de 8 ans pour les êbebu au lieu de 10 ans comme il est de coutume dans la fédération de Bouboury. Ainsi, selon la norme, ce sont les membres de la génération Mborman qui gouvernent les villages. Mais, à Bonn, ce sont encore les Mbédié qui sont au pouvoir. A Armébé, bien que la proportion des personnes âgées du quatrième âge soit supérieure à celle du troisième âge, on y trouve des individus de cette strate qui appartiennent à la génération au pouvoir (Mborman). Or, dans cette strate du quatrième âge, nous devions avoir en principe plus d'êbebu à la retraite et presque pas de Mborman. Aussi, comme nous l'avons dit plus haut, à Armébé, nous n'avons pas pu interroger les personnes âgées du quartier Esré.
Tableau 17 : Répartition des enquêtés par sexe en fonction des générations
Sexes Générations |
Masculin |
Féminin |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Mborman |
86 |
25,9 |
92 |
27,7 |
178 |
53,6 |
Mbédié |
41 |
12,3 |
74 |
22,3 |
115 |
34,6 |
Abrahman |
10 |
03 |
25 |
07,5 |
35 |
10,5 |
Ndjurman |
01 |
0,3 |
03 |
0,9 |
04 |
01,2 |
Total |
138 |
41,6 |
194 |
58,4 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Nous distinguons à partir du tableau quatre grandes générations (oworan) sur les sept que comprend la stratification de la société Odjukru. Ce qui exprime que dans le pays Odjukru, c'est dans ces quatre générations que se trouvent présentement les aînés sociaux. La génération des Mborman a, à elle seule 53,6% des personnes âgées interrogées, celle des Mbédié 34,6%, la génération des Abrahman 10,5% et celle des Ndjurman 4%. Nous avons une gérontocroissance qui diminue entre la catégorie des Mborman et celle des Mbédié de 19%, entre celle des Mbédié et des Abrahman de 24,1% et entre la catégorie des Abrahman et celle des Ndjurman de 9,3%. Ce qui signifie qu'il y a un taux de mortalité élevé dans les catégories aînées.
La génération des Mborman constitue à l'heure actuelle dans les villages Odjukru, le premier niveau de personnes âgées qui ont un âge qui varie entre 60 et 76 ans. La génération des Ndjurman réunit les nonagénaires, les centenaires et supercentenaires.
La décomposition des générations (association entre génération et classe d'âge) donne 16 classes d'âge187(*). Elle fait observer une proportion de personnes âgées plus importante dans les classes d'âge Mborman-Bago et Mborman-Kata, soit 14,8% et 17,5%. L'addition donne pour les deux classes d'âge 32,3% (14,8% et 17,5%).
Les plus faibles pourcentages se situent aux niveaux des classes d'âge issues de la génération Ndjurman. Nous avons un pourcentage nul pour les Ndjurman-Bago et un pourcentage de 0,3% pour les Ndjurman-Odjogba et Ndjurman-kata.
D'une classe d'âge d'aînés à celle de cadets, nous n'avons par nécessairement une évolution croissante en termes de pourcentage. On a plutôt une évolution croissante et décroissante, donc une évolution en dents de scie. En d'autres termes, à l'intérieur d'une génération, nous pouvons avoir des classes d'âge d'aînés à proportion plus élevée que celle des clases d'âge des cadets. Cette situation peut se justifier par le vieillissement différentiel, le taux de mortalité élevé à l'intérieur d'une génération et d'une classe d'âge et à une inégalité de répartition à l'intérieur des classes d'âge. En effet, le taux de natalité varie d'une année à une autre. Or, ce sont les individus nés au cours d'un même intervalle de temps de deux ans qui vont former une classe d'âge.
De plus, la proportion des femmes âgées dans toutes les générations est supérieure à celle des hommes âgés. L'écart de pourcentage au profit des femmes âgées se creuse, presque le double de celui des hommes de la génération des Mbédié en passant par celle des Abrahman jusqu'à la génération des Ndjurman. L'écart est moins important dans la génération des Mborman. Ainsi, nous avons 28% de femmes âgées contre 25,6% d'hommes âgés dans la génération des Mborman (une différence de 2,4%), 22% de femmes âgées contre 12,7% d'hommes âgés dans la génération des Mbédié (une différence de 9,3%), 7,5% de femmes âgées contre 3% d'hommes âgés dans la génération des Abrahman (une différence de 4,5%), 0,9 % de femmes âgées contre 0,3% d'hommes âgés dans la génération des Ndjurman (une différence de 0,6%). Nous avons donc une tendance à avoir plus de femmes âgées que d'hommes âgés dans les générations.
Nous examinons simultanément dans le tableau suivant la répartition par génération selon les tranches d'âge.
Tableau 18 : Répartition des enquêtés par génération selon les tranches d'âge
Tranches d'âge Générations |
[60-75] |
[76-99] |
100 et plus |
Total |
||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
MBorman-odjogba |
22 |
6,6 |
13 |
3 ,9 |
00 |
00 |
35 |
10,5 |
MBorman-bago |
47 |
14,2 |
02 |
0,6 |
00 |
00 |
49 |
14,8 |
MBorman-Kata |
53 |
16 |
05 |
1,5 |
00 |
00 |
58 |
17,5 |
MBorman-boman |
34 |
10,2 |
02 |
0,6 |
00 |
00 |
36 |
10,8 |
Sous total Mborman |
156 |
47 |
22 |
6,6 |
00 |
00 |
178 |
53,6 |
MBédié-odjogba |
00 |
00 |
30 |
09 |
00 |
00 |
30 |
09 |
MBédié-bago |
00 |
00 |
27 |
8,1 |
00 |
00 |
27 |
8,1 |
MBédié-Kata |
07 |
2,1 |
28 |
8,4 |
00 |
00 |
35 |
10,5 |
MBédié-boman |
09 |
2,7 |
14 |
4,2 |
00 |
00 |
23 |
6,9 |
Sous total Mbédié |
16 |
4,8 |
99 |
29,8 |
00 |
00 |
115 |
34,6 |
Abrahman-odjogba |
00 |
00 |
05 |
1,5 |
00 |
00 |
05 |
1,5 |
Abrahman-bago |
00 |
00 |
08 |
2,4 |
00 |
00 |
08 |
2,4 |
Abrahman-Kata |
01 |
0,3 |
16 |
4,8 |
00 |
00 |
17 |
5,1 |
Abrahman-boman |
00 |
00 |
05 |
1,5 |
00 |
00 |
05 |
1,5 |
Sous total Abrahman |
01 |
0,3 |
34 |
10,2 |
00 |
00 |
35 |
10,5 |
NDjurman-odjogba |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
01 |
0,3 |
NDjurman-bago |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
NDjurman-Kata |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
NDjurman-boman |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
Sous totalNdjurman |
00 |
00 |
03 |
0,9 |
01 |
0,3 |
04 |
1,2 |
Total |
173 |
52,1 |
158 |
47,6 |
01 |
0,3 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Age à l'entrée
Age à la sortie
Milacme
Nênici
Lakpikine
Lêlessel
Êbebu
60 à 68 ans
68 à 76 ans
68 à 76 ans
76 à 84 ans
76 à 84 ans
84 à 92 ans
84 à 92 ans
92 à 100 ans
92 à 100 ans
Plus
Schéma 11: Echelle des âges des différentes catégories d'aînés sociaux, (enquête personnelle, 2010).
L'étude du croisement de l'âge et de la génération nous fait constater que 47% des Mborman appartiennent au troisième âge et que 29,8% des Mbédié sont du quatrième âge. Cependant le tableau met en exergue une contradiction entre l'âge numérique et l'âge de la génération. Cette contradiction se situe au niveau du cas de l'individu de la génération des Abrahman, qui appartient au troisième âge. C'est-à-dire étant moins âgé que certains Mborman et Mbédié. Or, dans le découpage et la manière de classer les individus dans la société Odjukru, les Abrahman sont les aînés des Mborman et des Mbédié soit une différence d'âge comprise entre 16 et 32 ans.
Comme évoqué plus haut, les âges sur les registres d'état civil sont une estimation. Le système de classification des individus dans les générations est plus réaliste et rend compte de façon exhaustive de l'âge des individus. En fait, le système des générations et des classes d'âge est un moyen de détermination de l'âge des individus. La difficulté de ce système de classification et d'identification est qu'il est par essence qualitatif.
Dans les classes d'âge, nous avons quatre types de proportion. Le premier type est la proportion des classes d'âge à pourcentage supérieur à 10 qui sont les Mborman-kata, les Mborman-bago et les Mborman-boman du troisième âge. Nous avons respectivement: 16%, 14,2% et 10,2%.
Le deuxième type est la proportion des classes d'âge à pourcentage supérieur à 5 et inférieur à 10 qui sont les Mbédié-odjogba, les Mbédié-kata, les Mbédié-bago du quatrième âge et les Mborman-odjogba du troisième âge. Nous avons dans l'ordre 9%, 8,4%, 8,1% et 6,6%.
Le troisième type est la proportion des classes d'âge à pourcentage inférieur à 5 et supérieur à 1. Il s'agit des classes d'âge des Mbédié-kata, des Mbédié-boman du troisième âge qui ont respectivement 2,1% et 2,7% et des classes d'âge des Mborman-odjogba, Mborman-kata, Mbédié-borman, de Abrahman-odjogba, Abrahman-bago, Abrahman-kata et Abrahman-borman.
Et enfin le quatrième type est la proportion des classes d'âge inférieure à 1 % et supérieure ou égale à 0%. Elles sont les plus nombreuses. Nous constatons de par l'âge et de par la génération une sous-représentativité des classes d'âge.
La proportion des générations dans chacun des quatre villages progresse de façon décroissante188(*). Si à Armébé la différence de proportion entre la génération des Mborman et celle des Mbédié est faible (3,9%), l'écart de proportion dans les autres générations reste significatif.
A Débrimou, la proportion des Mborman est de 33,7% et celle des Mbédié est de 21,4% soit une différence de 12,3% (33,7%-21,4%). A Bouboury, la génération des Mborman équivaut au double de celle des Mbédié, respectivement nous avons 14,5% et 6,6% soit une différence de 7,9% (14,5%-6,6%). Si à Débrimou les quatre générations sont animées par des membres, dans les trois autres villages, nous avons au moins une génération qui a un pourcentage nul. A Bouboury et à Bonn, nous avons un pourcentage nul de Ndjurman. Comparativement aux trois autres villages en présence, Débrimou a une proportion de générations supérieure à celle des autres.
Milacme
Nênici
Lakpikine
Lêless
Êbebu
Angbandji
Low
Schéma 12 : Echelle graduelle d'honneur, (enquête personnelle, 2010).
La génération des Mborman a le prestige de détenir le titre d'êbebu dans trois villages à l'exception de Bonn. Les Mbédié correspondent à l'échelle des lêlessel, les Abrahman ont le prestigieux nom de lakpikine et les Ndjurman ont la dignité d'être appelé nênici.
Cependant nous mentionnons, au regard des données recueillies que dans les quatre villages, il y a absence de membres de génération détenant le titre de milacme. Le niveau milacme est celui de la longévité maximale ou extrême. A Débrimou, ce titre a été porté par une femme du nom de Aka Agné, Mborman-kata qui est décédée à l'âge de 129 ans à quelques semaines de notre étude. Elle aurait détenu selon notre informateur, l'un des sages dudit village, lêless Koko Samuel, le record de longévité à Débrimou.
Dans les quatre villages qui renferment chacun quatre générations et 16 classes d'âges, soit un total de 64 classes d'âge (16 X 4), il n'y a que 6 classes d'âge qui ont un pourcentage compris entre 10,8 et 5,4. 27 classes d'âge ont un pourcentage nul dont 7 classes d'âge à Armébé et à Bouboury et 2 classes d'âge à Débrimou. Il y a donc un nombre considérable de classes d'âge dans les villages qui ont des effectifs nuls. Cela traduit l'ampleur de la mortalité des membres des classes d'âge. Nous tirons deux constats majeurs qui sont: la désintégration complète (mort) de certaines générations et la divergence entre génération-âge et âge documenté. Deux notions poursuivant le même but mais ayant des visions et procédés différents. Telle est la problématique que la rencontre des religions traditionnelles et celles dites révélées a mise à jour.
Tableau 19 : Répartition des enquêtés par niveau d'instruction selon le sexe
Sexes Niveaux d'étude |
Masculin |
Féminin |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Analphabète |
81 |
24,4 |
184 |
55,4 |
265 |
79,8 |
Primaire |
29 |
8,7 |
09 |
2,7 |
38 |
11,4 |
Secondaire |
22 |
6,6 |
01 |
0,3 |
23 |
6,9 |
Supérieur |
06 |
1,8 |
00 |
00 |
06 |
1,8 |
Total |
138 |
41,6 |
194 |
58,4 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Le niveau d'instruction est la variable susceptible de permettre de comprendre les mentalités et les idéologies de référence des enquêtés.
Nous enregistrons une prédominance des analphabètes, soit 79,8% de la population de personnes âgées enquêtées. 11,4% de cette même population a un niveau d'étude primaire. Les individus ayant un niveau secondaire ou supérieur constituent respectivement une part de 6,9% et 1,8%. En termes d'effectif, nous avons 265 individus analphabètes dans les quatre villages réunis sur un effectif total de 332 et 6 individus de niveau supérieur. Cela s'explique par la récence de l'histoire de l'introduction de l'école conventionnelle en Côte d'Ivoire189(*) (1882).
55,4% des femmes âgées contre 24,4% des hommes âgés sont des analphabètes. 2,7% des femmes âgées contre 8,7% des hommes âgés ont un niveau d'étude qui correspond au primaire. Une femme âgée sur 194 femmes a pu atteindre le niveau d'étude secondaire soit 0,3%. Aucune femme âgée n'a le niveau d'étude supérieur. En effet, malgré les efforts incitatifs pour la scolarisation de la petite fille, on note que le taux net de scolarisation190(*) à l'échelle nationale est de 56,10% dont 53,10 chez les filles et 58,8% chez les garçons. Les pesanteurs socioculturelles continuent d'impacter sur le taux de scolarisation. C'est ce qu'atteste l'analyse multivariée du niveau d'instruction, du lieu de résidence et de l'âge.
Tableau 20 : Répartition des enquêtés par niveau d'instruction selon le village d'appartenance
Source : enquête personnelle, 2010.
Les intervalles d'âge compris entre 76 et 99 ans sont ceux dans lesquels il y a plus de proportions élevées d'analphabètes suivi des intervalles d'âge compris entre 60-75 ans. Les individus ayant un niveau d'étude supérieure ou secondaire se trouvent plus dans la catégorie des personnes âgées du troisième âge, soit respectivement 83,3% et 78,3%.
Le passage d'un intervalle d'âge moins important à un autre plus important, est marqué par un taux d'analphabétisme élevé. Et au fur et à mesure que le niveau d'étude devient plus important, la proportion se réduit. Cela se vérifie dans l'ensemble des colonnes. Par exemple, nous passons de 265 analphabètes à 38 individus de niveau d'étude primaire, puis à 23 individus de niveau d'étude secondaire et enfin à 6 individus de niveau d'étude supérieure.
Lorsque l'analyse du tableau s'effectue en partant d'une sous-population qui concerne le village et d'une population totale qui prend en compte les quatre villages, nous constatons à travers chaque village pris séparément une prédominance des analphabètes. Dans les villages de Bonn, Armébé, Débrimou et Bouboury nous dénombrons parmi les personnes âgées interrogées respectivement 7,5%, 9,8%, 64,5% et 18,1% d'analphabètes. Dans la population mère, nous remarquons que Débrimou et Bouboury ont les proportions plus importantes d'analphabètes. Paradoxalement ce sont ces deux villages qui ont des ressortissants à niveaux d'étude secondaire et supérieure. Cependant, si on vient à Bonn, du niveau d'étude primaire en passant par le niveau d'étude secondaire jusqu'au niveau d'étude supérieure, nous avons un pourcentage nul. A Armébé, seul un individu soit 02,6%, a le niveau d'étude primaire. Débrimou a, à lui seul 5 individus de niveau supérieur sur un total de 6. C'est un indice de la tendance du village de Débrimou à intégrer les innovations et emprunts culturels.
Historiquement, les Odjukru n'étaient pas des cultivateurs et leur économie avait pour fondement la cueillette et la chasse.
Grâce aux commerces avec les populations lagunaires (Atchan et Alladian), les Odjukru se seraient adaptés aux techniques de pêche.
Saisissant la richesse du sol et les vertus de la forêt, ils ont développé la culture du palmier et de l'hévéa. Les deux cultures, hier comme aujourd'hui, restent les principales sources de revenu aussi bien pour des particuliers, les familles ou le village. L'importance accordée à la palmeraie lui a valu autour d'elle, l'organisation des rapports sociaux de production et la structuration des rapports de parenté. En effet, la gestion des palmeraies familiales relève de l'autorité du doyen d'âge de la lignée maternelle. Le doyen d'âge a pour fonction de répartir le travail, de veiller à l'exécution effective des tâches et de
redistribuer les revenus engrangés par la palmeraie.
En marge de ces principales activités culturales, ils s'intéressent aux cultures vivrières et à la commercialisation de l'attiéké. Cependant, avec la modernité, nous avons une diversité d'activités professionnelles ;
Tableau 21 : Répartition des enquêtés par sexe en fonction de la profession occupée
Sexes Professions en période d'activité |
Masculin |
Féminin |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Technicien |
15 |
4,5 |
00 |
00 |
15 |
4,5 |
Agriculteur |
68 |
20,5 |
00 |
00 |
68 |
20,5 |
Ménagère |
00 |
00 |
166 |
50 |
166 |
50 |
Travailleur du secteur informel |
05 |
1,5 |
26 |
7,8 |
31 |
9,3 |
Corps habillé |
04 |
1,2 |
00 |
00 |
04 |
1,2 |
Agent de service financier |
07 |
2,7 |
00 |
00 |
07 |
2,1 |
Agent subalterne |
20 |
06 |
01 |
0,3 |
21 |
6,3 |
Directeur de société |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Enseignant |
14 |
4,2 |
00 |
00 |
14 |
4,2 |
Infirmier |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Religieux |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Agent de bureau |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Tradi-praticien |
01 |
0,3 |
01 |
0,3 |
02 |
0,6 |
Total |
138 |
41,6 |
194 |
58,4 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Le tableau ci-dessus nous indique les professions que les personnes âgées ont eu à exercer pendant leur période d'activité (âge adulte). Au total, nous avons identifié 32191(*) fonctions regroupées par souci de synthèse en 13 repartis entre les professions modernes et celles dites traditionnelles. Nous remarquons sans surprise, eu égard au tableau sur les niveaux d'instruction que les fonctions traditionnelles occupent une proportion importante. 50% des femmes âgées ont été des ménagères et 20,5% des hommes ont été des agriculteurs. Ils ont eu pour activités culturales: le palmier, l'hévéaculture et la culture du manioc. Le palmier et l'hévéa constituent pour le peuple de la région les principales activités de rente. Le manioc sert de produits vivriers destinés pour une part considérable à la consommation locale. Cependant, la préparation du couscous de manioc fait que la culture du manioc est devenue une activité lucrative.
En effet, traditionnellement, les Odjukru avaient deux fonctions principales. La fonction de cultivateur pour les Odjukru qui vivent dans des zones proches des forêts et la fonction de pêcheur pour les Odjukru vivant en bordures des cours d'eau. Aujourd'hui encore, ils demeurent majoritairement des cultivateurs. Ce sont les activités de pêche qui ont diminué. Seul Layo reste essentiellement le village qui a la pêche comme activité de base.
C'est pourquoi, bien que ce peuple consomme comme protéine de base le poisson, nous n'avons pas de pêcheurs parmi nos enquêtés. Les femmes sont quasi absentes dans l'exercice des fonctions modernes. Même si les hommes ont eu à occuper des fonctions modernes, nous notons que les pourcentages sont très faibles de façon générale, ils varient de 0,3 à moins de 6%. Les fonctions modernes ayant des proportions relativement significatives sont celles d'agent subalternes 6%, d'agent technicien 4,5% et d'enseignant 4,2%; soit un effectif absolu de 49 personnes. Une fois à la retraite au sens moderne ou devenus âgés, ils se reconvertissent à d'autres activités ou continuent les activités libérales.
Tableau 22 : Répartition des enquêtés par activité de reconversion
Activités actuelles |
VA |
VR |
Travaux champêtres |
31 |
09,3 |
Préparation de couscous de manioc |
42 |
12,7 |
Suivi d'activité |
44 |
13,3 |
Ménage |
34 |
10,2 |
Commerce |
15 |
04,5 |
Pêche |
01 |
00,3 |
Activité politique |
01 |
0,3 |
Tradi-praticien |
02 |
0,6 |
Pas d'activités |
162 |
48,8 |
Total |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Le présent tableau nous donne des indications sur les activités ou non au moment de l'enquête. Ce que nous appelons les activités de reconversion. Nous faisons le constat que 48,8% des personnes âgées enquêtées n'ont pas d'activité. Ce qui revient à dire que la majorité demeure en activité bien qu'ayant un statut de personne âgée, soit après déduction faite 51, 2% (100%- 48,8%).
Des 32 fonctions dénombrées à l'âge adulte, le nombre de fonctions sociales est réduit à 8192(*) au grand âge. Cette réduction des fonctions s'explique par la retraite. Dans la proportion des 51,29% de personnes âgées qui restent encore actives, 13,3% se consacrent au suivi d'activité. Le suivi d'activité concerne d'ordinaire les activités culturales. 12,7% de personnes âgées s'occupent de la préparation de couscous de manioc, appelé «attiéké». 10,2% continuent les travaux ménagers et 9,3% sont des agriculteurs. Toutes les huit activités demeurent des activités libérales traditionnelles.
Nous avons comparé la variable des professions que les personnes âgées ont eues à exercer à l'âge adulte et la variable des activités de reconversion193(*). Nos constats pour une question de représentativité ont été faits dans les lignes où les effectifs totaux sont relativement importants, c'est-à-dire supérieur ou égal à 10. Sur cette base, nous avons retenu les six professions que sont: technicien, agriculteur, ménagère, travailleur du secteur informel, agent subalterne et enseignant. Nous observons que dans la colonne «pas d'activité» le nombre de personnes âgées en cessation totale d'activité varie entre 06 et 91. Nous observons que 03 techniciens sont devenus agriculteurs, 04 font le suivi d'activité et 07 sont en cessation d'activité.
Photo 15 : Préparation de couscous de manioc pour une cérémonie d'angbandji. Débrimou, (enquête personnelle, Décembre 2009).
Au niveau des agriculteurs, il y a 14 qui continuent les travaux champêtres, 19 font le suivi d'activité et 33 sont en cessation d'activité. Dans la ligne des ménagères, nous remarquons que 03 s'adonnent au travail de la terre, 38 deviennent des productrices de couscous de manioc, 25 continuent les travaux ménagers et 91 sont en cessation d'activité. Parmi les personnes qui ont exercé dans le secteur informel, 03 se sont converties à la préparation du couscous de manioc, 05 se consacrent au suivi d'activité, 06 continuent les activités de commerce et 09 se sont désengagées. Dans le groupe de fonction des agents subalternes, 06 sont devenus des agriculteurs, 06 autres font le suivi d'activité et 08 n'ont plus d'activité. Au niveau des enseignants, 02 sont devenus des agriculteurs, 05 se consacrent au suivi d'activité et 6 se sont désengagés.
Les conclusions qui se dégagent sont les suivantes:
- la préparation du couscous de manioc est la principale activité de reconversion des femmes âgées et les travaux champêtres, l'activité de reconversion première des hommes âgés. La préparation du couscous de manioc est une activité qui passionne les femmes car elle entraîne des revenus importants. La production du couscous de manioc réunit également sur une même place les femmes du village lorsque le couscous de manioc est destiné à nourrir les convives d'une cérémonie. Dans ce cas, le rassemblement donne lieu à des échanges cordiaux entre les femmes et différentes générations y sympathisent.
En outre, nous voyons que les personnes âgées qui ont eu à conduire des activités parallèles pendant qu'elles occupaient des fonctions modernes, exercent pleinement à la retraite les activités dites parallèles. En revanche, celles qui ont eu uniquement des fonctions modernes se désengagent vite le plus souvent. Même si le suivi d'activité peut paraître, à première vue ne pas exiger de la force physique, il n'en demeure pas moins une activité pleine et entière qui nécessite l'expérience et le sens de l'observation.
Tableau 23 (PL) : Possibilité des membres des générations de se maintenir en activité
Maintien en activité Générations |
En activité |
Inactivité |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Mborman |
112 |
62,9 |
66 |
37,1 |
178 |
100 |
Mbédié |
48 |
41,7 |
67 |
58,3 |
115 |
100 |
Abrahman |
10 |
28,6 |
25 |
71,4 |
35 |
100 |
Ndjurman |
00 |
00 |
04 |
100 |
04 |
100 |
Total |
170 |
51,2 |
162 |
48,8 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Selon les théories du vieillissement, le grand âge appelle une réorientation de l'activité sociale en termes de production économique eu égard à l'affaiblissement des fonctions des organes du corps. Cette réorientation des activités pose un problème de degré et du type d'activités adéquates pour les personnes âgées.
Nous constatons que 62,9% des individus âgés de la génération Mborman sont actifs contre 37,1% qui ne le sont pas ou qui sont en cessation d'activité. Dans la génération des Mbédié, 41,7% des personnes âgées exercent une activité contre 58,3% qui sont en cessation d'activité. Dans la génération des Abrahman, 28,6% des individus sont actifs contre 71,4%. Ainsi donc, plus l'âge devient important quantitativement, plus la proportion des personnes âgées en activité baisse. Il faut rappeler qu'à l'origine de l'êbeb, les personnes âgées investies de la dignité d'êbebu étaient exemptées de tous travaux physiques. Elles avaient en charge la gestion du village. Les mutations sociales font qu'actuellement la cessation d'activité n'est plus liée à la dignité d'êbebu mais aux limites imposées par la force physique. Pourtant, ce ne sont pas toutes les personnes âgées qui jouissent d'une caisse de solidarité sociale.
Tableau 24 : Mise en rapport du régime de retraite et du temps de retraite écoulé
Régimes Années de retraite écoulées |
Pension de retraite |
Sans pension de retraite |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Pas de retraite |
01 |
0,3 |
269 |
81 |
270 |
81,3 |
Licencié |
00 |
00 |
03 |
0,9 |
03 |
0,9 |
[1-5] |
02 |
0,6 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
[6-10] |
06 |
1,8 |
01 |
0,3 |
07 |
2,1 |
[11-15] |
20 |
6,0 |
00 |
00 |
20 |
06 |
[16-20] |
19 |
5,7 |
00 |
00 |
19 |
5,7 |
[21-25] |
05 |
1,5 |
01 |
0,3 |
06 |
1,8 |
[26-30] |
04 |
1,2 |
01 |
0,3 |
05 |
1,5 |
Total |
57 |
17,2 |
275 |
82,8 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Nous nous sommes intéressé à la durée du temps de retraite des enquêtés. Il s'agit de la retraite accordée par l'administration moderne. Ainsi, nous observons à la lecture du tableau que 82,8% des personnes âgées interrogées ne jouissent pas de pension de retraite. La proportion des personnes ayant une pension de retraite est de 17,2% soit un effectif de 57 sur 332. 0,9% soit 3 individus ont été licenciés pendant leur période d'activité. Le temps de retraite vécu par les personnes âgées concernées varie entre l'intervalle de 1 à 5 ans et de 26 à 30 ans. 06% et 5,7% des personnes âgées interrogées vivent une retraite qui est comprise respectivement entre 11 et 15 ans et entre 16 et 20 ans. 1,8% et 1,5% d'entre eux ont un âge de retraite compris dans l'ordre entre 21 et 25 ans et entre 26 et 30 ans. Si nous cumulons les intervalles d'années de retraite de 11 à 30 ans, nous avons 15% (6+5,7+1,8+1,5). Ce qui signifie qu'il y a une longévité significative après le départ à la retraite. Cette longévité dans la période de retraite serait favorisée par l'organisation sociale Odjukru. En effet, souvent la retraite moderne survient peu avant (5 ans), au moment (60 ans) et peu après (65 ans) la célébration de la fête de l'êbeb. Ainsi donc, l'exercice de la fonction d'êbeb vient suppléer à la «mort sociale» qui naît de la retraite. A travers l'accession au statut d'êbebu, les personnes âgées retraitées restent en relation avec la communauté. Ce qui leur procure un sentiment d'utilité. Dans la génération des Mborman, 13,9%194(*) bénéficient d'une pension de retraite contre 39,2%. Dans la génération des Mbédié seulement 2,7% ont une pension de retraite contre 31,6% qui n'en ont pas.
Tableau 25 : Répartition des enquêtés par temps de retraite écoulés selon les générations
Générations Années de retraite vécues |
Mborman |
Mbédié |
Abrahman |
NDjurman |
Total |
|||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Pas de retraite |
130 |
39,2 |
104 |
31,3 |
32 |
9,6 |
04 |
1,2 |
270 |
81,3 |
Licencié |
02 |
0,6 |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
03 |
0,9 |
[1-5] |
01 |
0,3 |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
[6-10] |
07 |
2,1 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
07 |
2,1 |
[11-15] |
18 |
5,4 |
02 |
0,6 |
00 |
00 |
00 |
00 |
20 |
06 |
[16-20] |
15 |
4,5 |
04 |
1,2 |
00 |
00 |
00 |
00 |
19 |
5,7 |
21-25] |
02 |
0,6 |
03 |
0,9 |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
06 |
1,8 |
[26-30] |
03 |
0,9 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
00 |
00 |
05 |
1,5 |
Total |
178 |
53,6 |
115 |
34,6 |
35 |
10,5 |
04 |
1,2 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Nous constatons à travers le tableau que les proportions des individus ayant une longue retraite sont plus importantes dans la génération des Mborman. C'est ce que nous percevons dans les intervalles 11-15 ans, 16-20 ans, 21-25 ans et 26-30 ans où nous avons respectivement 5,4%, 4,5%, 0,6% et 0,9%. Aussi, observons-nous que les proportions de retraités sont plus significatives dans les lignes des intervalles 11 à 15 et 16 à 20 où nous avons dans l'ordre 6% et 5,7% de personnes âgées. Toutefois, il apparait paradoxal lorsque la proportion des personnes âgées ayant une longue retraite est élevée dans la génération des Mborman, la cadette des quatre générations en présence. Cette situation est expliquée par le fait que l'âge des individus de la génération Mborman peut varier de 60 ans à 76 ans, qu'il y a une inadéquation et un déséquilibre entre l'âge documenté et l'âge traditionnel et le fait qu'il peut y avoir dans les villages des retards de célébration de fête d'êbeb. Le manque de personnes âgées bénéficiant d'une pension de retraite dans les autres générations de façon générale est dû au fait que la plupart d'entres elles n'ont pas exercé de profession moderne et qu'en Côte d'ivoire il n'y a pas encore une politique d'octroi d'un minimum vieillesse à cette frange d'âge.
Tableau 26 : Rapport entre l'activité de reconversion et l'âge de la retraite des enquêtés
Années de retraite Activités actuelles |
Pas de retraite (%) |
Licencié (%) |
1-5 (%) |
6-10 (%) |
11-15 (%) |
16-20 (%) |
21-25 (%) |
26-30 (%) |
Total (%) |
Travaux champêtres |
5,7 |
0,3 |
00 |
0,6 |
1,5 |
0,9 |
0,3 |
00 |
9,3 |
Préparation de couscous de manioc195(*) |
12,7 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
12,7 |
Suivi d'activité |
6,9 |
0,6 |
00 |
0,3 |
1,8 |
2,1 |
0,6 |
0,9 |
13,3 |
Commerce |
4,2 |
00 |
00 |
0,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
4,5 |
Pêche |
0,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
0,3 |
Ménage |
9,6 |
00 |
00 |
00 |
0,6 |
00 |
00 |
00 |
10,2 |
Activité politique |
00 |
00 |
00 |
0,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
0,3 |
Tradi-praticien |
0,6 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
0,6 |
Pas d'activités |
41,3 |
00 |
0,6 |
0,6 |
2,8 |
2,7 |
0,9 |
0,6 |
48,8 |
Total |
81,3 |
0,9 |
0,6 |
2,1 |
5,7 |
06 |
1,8 |
1,5 |
100 |
.
Source : enquête personnelle, 2010
A la lecture du tableau, nous remarquons bien que 41,4% des personnes qui bénéficient d'un régime de retraite n'ont pas d'activité, 32,8% d'entre elles font le suivi de leurs activités et 19% possèdent des champs. Ils sont propriétaires de palmeraie et de champ d'hévéa. Il faut dire que ces deux activités sont considérées dans la région comme étant des activités prestigieuses et honorifiques. En effet, les cultures de l'hévéa et du palmier mettent en rapport les agriculteurs et les industries agro-alimentaires. A la différence des autres cultures de rente (café et cacao) pratiquées de façon traditionnelle, l'hévéaculture et le palmier ont été définis par la Côte d'Ivoire à travers une politique de réaménagement du territoire. Ainsi, à la genèse, ont-elles été le fait de grandes industries telles que: PALMIN-CI, SAPH et SODEPALM puis de cadres ivoiriens et de personnalités politiques. Aujourd'hui, la nouvelle politique de la SAPH est de rendre l'hévéaculture accessible à tous. En outre, trois autres éléments participent au prestige de ces cultures: l'inscription du nom du propriétaire sur sa plantation, le paiement des récoltes par virement bancaire ou par chèque et l'offre assistance technique des experts aux paysans.
Tableau 27 : Estimation du temps de désengagement
Nombre d'années de désengagement |
VA |
VR |
En activité |
170 |
51,2 |
[1-5] |
47 |
14,2 |
[6-10] |
70 |
21,1 |
[11-15] |
24 |
07,2 |
[16-20] |
19 |
05,7 |
[21-25] |
02 |
0,6 |
Total |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Ce tableau, à la différence des tableaux précédents qui relatent la réalité de la retraite moderne, est celui de la cessation de toute activité, qu'il s'agisse de la retraite moderne ou la retraite traditionnelle. Nous relevons ainsi que 51,2% des personnes âgées enquêtées sont en activité contre 48,8% en cessation complète d'activité.
Parmi la sous population de personnes âgées à la retraite (48,8%), 43,2%196(*) passent 6 à 10 ans sans rien faire. 29%, 14,8% et 11,7% se sont désengagées de toute activité, il y a respectivement 1 à 5 ans, 11 à 15 ans et 16 à 20 ans. Les causes de l'inactivité dans le présent cas sont dues à des raisons de dégénérescence physique et de santé. Ce qui peut avoir un impact sur le revenu.
6.1.9- Répartition des enquêtés selon le revenu mensuel
Tableau 28 : Répartition du revenu mensuel des enquêtés en fonction du sexe
Sexes Revenus mensuels |
Masculin |
Féminin |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Vivre de dons |
10 |
3 |
161 |
48,5 |
171 |
51,5 |
[20 000-40 000[ |
21 |
6,3 |
17 |
5,1 |
38 |
11,4 |
[40 000-60 000[ |
18 |
5,4 |
09 |
2,7 |
27 |
8,1 |
[60 000-80 000[ |
19 |
5,7 |
05 |
1,5 |
24 |
7,2 |
[80 000-100 000[ |
12 |
3,6 |
00 |
00 |
12 |
3,6 |
[100 000-120 000[ |
08 |
2,4 |
02 |
0,6 |
10 |
03 |
[120 000-140 000[ |
07 |
2,1 |
00 |
00 |
07 |
2,1 |
[140 000-160 000[ |
03 |
0,9 |
00 |
00 |
03 |
0,9 |
[160 000-180 000[ |
05 |
1,5 |
00 |
00 |
05 |
1,5 |
[180 000-200 000[ |
13 |
3,9 |
00 |
00 |
13 |
3,9 |
[200 000 et plus |
22 |
6,6 |
00 |
00 |
22 |
6,6 |
Total |
138 |
41,6 |
194 |
58,4 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Nous avons interrogé notre population de personnes âgées sur le revenu mensuel. Malgré les difficultés de quantification liées à l'économie substantiviste, nous avons pu recueillir les données. Ainsi, avons-nous une proportion de 51,5% de personnes âgées qui vivent de dons. Autrement dit, elles n'ont en réalité aucune source de revenu qui permet de faire une estimation. Elles reçoivent la charité des membres de la famille ou de la communauté en espèces ou en nature de façon discontinue.
Les revenus des personnes âgées dont nous avons pu avoir l'estimation donnent de constater que 11,4%, 8,1% et 7,2% des personnes âgées ont un revenu mensuel estimé respectivement entre 20 000 F et 40 000 FCFA, entre 40 000 F et 60 000 F CFA et entre 60000F et 80000F CFA. Nous notons seulement 6,6% de personnes âgées qui ont un revenu supérieur à 200 000 F CFA. Le constat général fait état de ce que les revenus sont faibles. Pourtant, les besoins des personnes âgées sont nombreux: besoins en santé, en logement adapté et en alimentation équilibrée.
Nous découvrons que la proportion des personnes âgées qui vivent de dons est élevée chez les femmes âgées soit 48,5% contre 3% chez les hommes âgés. En termes d'effectifs, il y a 33 femmes âgées qui ont un revenu mensuel sur un total de 194, soit un pourcentage cumulé de 9,9% (5,1%+2,7%+1,5%+0,6). Dans la colonne qui affiche les revenus mensuels des hommes âgés, nous constatons que les proportions demeurent faibles avec des montants également faibles. 6,3%, 5,4% et 5,7% des hommes âgés ont un revenu mensuel respectif compris entre 20 000F et 40 000F, 40 000F et 60 000F et 60 000F et 80 000F. Nous avons 2,4% d'entre eux qui ont un revenu de 100 000 F à 120 000F et 6,6% qui ont un revenu qui excède 200 000F. Les faibles proportions des revenus sont dues aux emplois subalternes qu'ils ont eu à exercer et qui ne garantissent pas des pensions élevées, à la baisse d'activité ou à la cessation d'activité.
Il s'agit de personnes qui pourraient recevoir de façon régulière des obligations alimentaires. A partir des revenus, nous avons pu identifier les sources de revenu.
Tableau 29 (PC) : Identification des sources de revenu
Sexes Sources de revenu |
Masculin |
Féminin |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Pension de retraite |
55 |
39,9 |
02 |
01 |
57 |
17,2 |
Produits de rente |
59 |
55,1 |
05 |
2,6 |
64 |
19,3 |
Loyer |
01 |
08 |
01 |
0,5 |
02 |
0,6 |
Dons |
23 |
18,8 |
161 |
83 |
184 |
55,4 |
Produits de vente |
00 |
1,4 |
25 |
12,9 |
25 |
07,5 |
Total |
138 |
100 |
194 |
100 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Nous avons interrogé les enquêtés à l'effet de déterminer leurs principales sources de revenu. Nous avons pu en déterminer cinq que nous citons par ordre d'importance. Nous notons que 55,4%, 19,3% et 17,2% des revenus des personnes enquêtées proviennent respectivement des dons, des produits de rente et des pensions de retraite. 7,5% et 0,6% d'entre elles vivent de produits de vente et de loyer. Les maisons en location sont des investissements réalisés en ville. Au village, les individus sont soit propriétaires de leur logement ou vivent dans des maisons appartenant à la famille.
Nous notons trois sources principales de revenu chez les hommes. Les produits de rente constituent 55,1% des revenus, les pensions de retraite font 39,9% et les dons équivalent à 18,8%. Chez les femmes âgées, nous dénombrons deux sources. Les dons et les produits de vente représentent respectivement 83% et 12,9%. Dans le tableau qui met en rapport le sexe et l'estimation de revenu, nous avons 83% des femmes âgées qui disent «vivre de dons». Si le pourcentage du présent tableau est différent du pourcentage précité (83%), c'est parce que certaines femmes âgées ont pu estimer leur revenu bien qu'elles vivent de dons. Il ne s'agit donc pas de contradiction.
Tableau 30 (PC) : Source de revenu des membres des générations
Générations Sources de revenu |
MBorman |
Mbédié |
Abrahman |
NDjurman |
Total |
|||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Pension de retraite |
43 |
24,2 |
11 |
9,6 |
03 |
08,6 |
00 |
00 |
57 |
17,2 |
Produits de rente |
37 |
20,8 |
22 |
19,1 |
05 |
14,3 |
00 |
00 |
64 |
19,3 |
Loyer |
01 |
0,6 |
01 |
0,9 |
00 |
00 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
Dons |
79 |
44,4 |
75 |
65,2 |
26 |
74,3 |
04 |
100 |
184 |
55,4 |
Produits de vente |
18 |
10,1 |
06 |
05,2 |
01 |
02,9 |
00 |
00 |
25 |
07,5 |
Total |
178 |
100 |
115 |
100 |
35 |
100 |
04 |
100 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Nous observons que les quatre générations en présence ont comme première source de revenu les dons. Dans la génération des Ndjurman, 100% des personnes âgées enquêtées vivent de dons. Nous rappelons que les membres de cette catégorie sociale sont nonagénaires ou centenaires. Le risque de dépendance dû à la dégénérescence physique est donc élevé.
Dans la catégorie sociale des personnes âgées du quatrième âge, les Abrahman (octogénaires ou septuagénaires), 74,3% des individus vivent de dons.
Dans les catégories sociales des Mbédié et des Mborman, respectivement 65,2% et 44,4% des enquêtés vivent de dons. Le rapport qui peut s'établir à travers ce tableau est qu'au fur et à mesure que les individus avancent en âge, ils deviennent dépendants économiquement. A Débrimou, il avait été établi de répartir entre les personnes âgées une part des produits de rente provenant de l'hévéaculture, propriété dudit village. Mais cet élan de solidarité s'est interrompu face aux récriminations des personnes qui n'en bénéficiaient pas.
La proportion des Mborman qui bénéficient d'une pension de retraite est plus élevée que celle des autres générations soit 24,7%. Cela s'explique par le fait que comparativement aux autres générations, des membres de cette génération ont eu la chance d'être scolarisés et bénéficient d'emplois modernes. On voit donc que même si les dons ne constituent pas une source de revenu stable et fiable, ils demeurent la principale source de revenus. Les dons reçus par les personnes âgés servent directement de façon générale à satisfaire les besoins en nourriture. C'est pour prendre la mesure de ce que représentent les sources de revenu que nous les avons croisées aux revenus.
Nous observons ainsi que 25,9%197(*) et 20,7% des pensions de retraite sont estimées à plus de 200 000 FCFA et entre 40 000 et 60 000 FCFA. En d'autres termes, les pensions sont faibles pour subvenir aux besoins des personnes âgées. Au niveau des produits de rente, nous constatons que 19,8%, 13,6% et 16% sont estimés respectivement à plus de 200 000 FCFA, entre 180 000 et 200 000 FCFA et entre 60 000 et 80 0000 FCFA. Lorsque nous comparons les revenus mensuels des pensions de retraite à ceux des produits de rente, nous pouvons dire que les produits de rente rapportent plus aux personnes âgées que les pensions de retraite.
Le produit des ventes et les dons restent faibles du point de vue de leur valeur en coût. Le loyer reste aussi une source de revenu secondaire, nous avons seulement un individu sur un effectif de 332 qui a une maison en location.
Tableau 31 (PC) : Statut matrimonial des enquêtés selon le sexe
Sexes Statuts matrimoniaux |
Masculin |
Féminin |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Célibataire |
06 |
04,3 |
00 |
00 |
06 |
1,8 |
Monogame |
96 |
69,6 |
00 |
00 |
96 |
28,9 |
Polygame |
18 |
13 |
00 |
00 |
18 |
5,4 |
Mariée |
00 |
00 |
33 |
17 |
33 |
9,9 |
Divorcé |
05 |
03,6 |
22 |
11,3 |
27 |
8,1 |
Veuf |
13 |
09,4 |
139 |
71,6 |
152 |
45,8 |
Total |
138 |
100 |
194 |
100 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Le tableau présente six types de statuts matrimoniaux les uns plus importants que d'autres en termes de proportion.
Nous observons parmi la population enquêtée une proportion élevée de veuf, soit 45,8%. La population d'hommes âgés monogames est de 28,9%. Ce qui est largement supérieur au pourcentage d'hommes âgés polygames soit 5,4%. Les femmes âgées mariées ou divorcées font respectivement 9,9% et 8,1%. Nous avons un pourcentage très faible de célibataire, soit 1,8%. Dans la culture Odjukru comme dans beaucoup d'autres cultures africaines, le célibat n'est pas une valeur, il est infâmant. Cependant, il y a des individus célibataires à cause par exemple d'incapacité pulsionnelle. Cette dernière, l'incapacité sexuelle est cachée c'est-à-dire pas ouvertement avancée par l'individu ou sa famille comme étant les raisons du refus de contracter un mariage. Mais il y a des hommes qui en dépit de leur handicap se marient. Dans ce cas, le maintien de l'épouse dans le foyer dépendra de la permissivité du mari et de sa bravoure (travailleur). La permissivité signifie qu'il s'abstiendra d'être soupçonneux et d'exposer son épouse à la vindicte populaire, s'il arrive à cette dernière d'avoir des relations sexuelles extraconjugales.
Il n'y a pas de limitation de nombre d'épouses qu'un homme peut avoir. La polygamie dans la société traditionnelle est une réponse à l'ampleur des travaux champêtres. Et le consentement de l'épouse est indispensable à l'époux qui envisage vivre la polygamie. Mais la tendance est à la monogamie eu égard aux normes qui ont cours dans les religions chrétiennes auxquelles les Odjukru ont adhéré. C'est ce que révèle la proportion de monogames plus importante que celle des polygames.
A l'image des sociétés occidentales198(*), la proportion des veufs âgés est très significative soit 152 veufs sur un effectif total de 332. En principe, chez les Odjukru, après le décès du mari, la veuve quitte la cour de son défunt époux pour rejoindre sa famille. Mais avec les transformations sociales, présentement, suite au décès du mari, la femme choisit de rester auprès de ses enfants. L'invariant est qu'elle n'est plus à la charge de sa belle famille. Ce sont ses enfants qui s'occupent d'elle s'ils en ont les moyens.
Le croisement des variables sexe et statut matrimonial dans le tableau nous permet de voir que 71,6% des femmes âgées interrogées sont veuves, soit 139 femmes âgées sur 194. 17% d'entre elles sont mariées et 11,3% ont été divorcées. Nous avons un pourcentage nul de femmes âgées célibataires.
Dans la colonne des hommes âgés, nous constatons que, lorsque nous cumulons les proportions des monogames et des polygames (69,6%+13%), 82,6% des hommes vivent avec au moins une conjointe. Seulement 9,4%, 4,3% et 3,6% d'entre eux sont respectivement veufs, célibataires et divorcés. La proportion importante de veuves pourrait s'expliquer par l'âge avancé avec le risque de perte du conjoint. De même qu'il est facile aux hommes de contracter un mariage à tout âge, de même les chances d'une femme d'être mariée se réduisent avec l'âge.
Tableau 32 (PC) : Croisement du sexe des enquêtés et du nombre d'enfants
Sexes Nombre d'enfants |
Masculin |
Féminin |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
0 |
03 |
2,2 |
13 |
6,7 |
16 |
4,8 |
1-5 |
40 |
29 |
96 |
49,5 |
136 |
41 |
6-10 |
66 |
47,8 |
79 |
40,7 |
145 |
43,7 |
11-15 |
16 |
11,6 |
06 |
3,1 |
22 |
06,6 |
16-20 |
10 |
7,2 |
00 |
00 |
10 |
03 |
21-25 |
02 |
1,4 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
26 et plus |
01 |
0,7 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Total |
138 |
100 |
194 |
100 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Nous avons interrogé les personnes âgées sur leur réseau social immédiat, c'est-à-dire le nombre d'enfants nés de leurs entrailles. Dans le tableau ci-dessus, il s'agit du nombre d'enfants encore en vie au moment de l'étude. Nous constatons que les proportions des enfants des personnes âgées sont très importantes dans les intervalles de 1 à 5 enfants et de 6 à 10 enfants soit dans l'ordre 41% et 43,7%. 4,8% de la population de personnes âgées enquêtées n'ont pas d'enfants. C'est le lieu de rappeler que les Odjukru ont un système matrilinéaire. De ce fait, grâce aux règles successorales, l'oncle se perpétue à travers son neveu. C'est un premier niveau de perpétuation qui assure le maintien de la famille. Le second niveau de perpétuation est la vie communautaire. Il s'agit de l'individu âgé qui, grâce au cycle de succession des générations199(*) et classes d'âge et de leur renouvellement, parvient lui et sa classe d'âge à avoir des amis portant la même dénomination que celle de leur classe d'âge d'appartenance.
Toutefois, comme nous le verrons dans la partie consacrée à la nature des rapports, s'il y a une persistance du matriarcat, le lien entre les parents et leurs fils se consolident de plus en plus. C'est en ce sens que certaines personnes âgées nous ont déclaré que leur malheur était dû au défaut de maternité. De fait, avoir au moins une épouse et des enfants concourent à affirmer sa richesse sociale qui vaut la célébration de l'angbandji.
Nous observons que 29% des hommes âgés contre 49,5% des femmes âgées ont entre 1 et 5 enfants et 47,8% des hommes âgés contre 40,7% des femmes âgées ont entre 6 et 10 enfants. Au-delà de 11 enfants, nous constatons que la proportion pour les hommes âgés est plus importante que celle des femmes âgées. La proportion des femmes âgées qui n'ont pas d'enfants est plus élevée que celle des hommes âgés soit 6,7% contre 2,2%. Cela relève d'une part de problèmes gynécologiques et d'autre part de la mort précoce d'enfants.
En effet, au cours de l'enquête, des femmes âgées nous ont relaté leur peine d'avoir «assisté» impuissantes à la mort de leurs enfants. Certaines ont rendu responsables les sorciers. L'une d'entre elles a perdu successivement de façon tragique tous ses 11 enfants. Les femmes victimes donc de l'oeuvre dévastatrice des ennemis et qui ont encore quelques enfants en vie recourent à deux moyens pour les protéger. Elles les confient à la providence divine ou elles leur conseillent l'exode.
A Bonn et Armébé, on y trouve des proportions d'enfants200(*) très élevées dans l'intervalle de 1 à 5 enfants soit respectivement 65% et 63%. En revanche, à Débrimou et à Bouboury, les proportions d'enfants sont importantes dans l'intervalle de 6 à 10 enfants soit 47,2% et 43,8%. Cependant, les statuts d'étudiant, de marié ou d'employé font que les enfants ne résident pas dans le ménage.
Tableau 33 (PC) : Répartition par sexe selon la taille des ménages
Sexes Tailles des ménages |
Masculin |
Féminin |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
[01] |
06 |
4,3 |
12 |
06,2 |
18 |
05,4 |
[2-6] |
44 |
31,9 |
83 |
42,8 |
127 |
38,3 |
[7-11] |
57 |
41,3 |
78 |
40,2 |
135 |
40,7 |
[12-16] |
22 |
15,9 |
15 |
07,7 |
37 |
11,1 |
[17-21] |
06 |
04,3 |
04 |
02,1 |
10 |
03 |
[22-26] |
01 |
00,7 |
0 |
00 |
01 |
0,3 |
[27-31] |
01 |
00,7 |
01 |
00,5 |
02 |
0,6 |
[32 et plus |
01 |
00,7 |
01 |
00,5 |
02 |
0,6 |
Total |
138 |
100 |
194 |
100 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Nous nous sommes déplacés dans les familles des personnes âgées enquêtées. Ainsi, nous avons posé la question de savoir le nombre de personnes vivant dans le ménage ou partageant la même résidence que la personne âgée. Les ménages sont composés en général des membres de la famille de position de parenté variée. Nous avons constaté comme l'atteste le tableau que 5,4% des enquêtés vivent seuls. Or, le milieu villageois est souvent cité comme étant le lieu de prédilection de la vie communautaire. 40,7% vivent dans des ménages de 7 à 11 personnes, 11,1% vivent dans des familles de 12 à 16 membres. A partir de l'intervalle [17-21], nous remarquons que les proportions sont très faibles. Elles oscillent entre 0,3% et 0,6%.
Comme nous le voyons, la proportion des personnes âgées entourées de leur famille est très significative, soit un pourcentage cumulé de 94,6% (38,3%+40,7%+11,1%+3+0,3%+0,6%+0,6%). Cependant, en dépit de cette très forte proportion, on note l'âgisme et l'isolement social que nous développons dans la partie consacrée aux conditions de vie. En attendant, nous nous intéressons aux causes explicatives de la vie solitaire de certaines personnes âgées.
Nous avons pu recueillir auprès des personnes âgées enquêtées cinq raisons qui expliquent qu'elles vivent seules. La première raison est liée au rétrécissement du réseau social dû à la longévité des enquêtés et à la mort des membres de la famille. L'une des femmes âgées sur un ton pathétique a dit: « tous les membres de ma famille sont morts. Je reste la seule en vie.».
La deuxième cause résulte de l'existence de rapports tumultueux entre la personne âgée et sa famille. La troisième raison est donnée par l'exode des jeunes membres de la famille pour motif d'emploi ou de scolarité. A ce propos, la situation de vie d'une femme âgée de 77 ans, membre de la classe d'âge des Mbédié-boman a retenu notre attention. En effet, elle souffre d'une malformation au pied dont l'effet est la reptation comme moyen de mobilité. La majorité de ses enfants et petits-fils vivent en ville. Malgré son état, elle vit seule dans une maison d'une pièce (studio). Les personnes qui cuisinent pour elle, sont dans une autre cours. La quatrième raison est une décision délibérée et apparemment sans antécédent des personnes âgées de vouloir vivre seul tout en maintenant le lien avec la famille. Certes, les ménages sont constitués dans la plupart des cas par des membres de la famille. Cependant, certaines personnes âgées notamment à Débrimou se paient les services d'une servante.
Nous mettons en exergue deux modes de vie extraordinaires: la vie de solitaire et s'attacher les services d'une personne étrangère à la famille (domestique).
Au niveau de la distribution de la taille du ménage par sexe, on observe que 6,2% des femmes âgées contre 4,3% des hommes âgés vivent seules. Que ce soit dans la colonne des hommes âgés que celle des femmes âgées, les proportions des personnes aînées qui vivent dans des familles de tailles variant de 2 à 6 membres ou de 7 à 11 membres sont les plus importantes. En citant dans l'ordre, nous avons 42,8% des femmes âgées contre 31,9% des hommes âgés et 40,2% des femmes âgées contre 41,3% des hommes âgés.
Dans des familles de 12 à 16 personnes, nous avons 15,9% des hommes âgés et 7,7% des femmes âgées. Ce qui amène à dire au plan sociologique que le risque de l'isolement social même s'il existe, est atténué par la présence de la famille.
Tableau 34 (PC) : Répartition par tranches d'âge en fonction de la taille des ménages
Tranches d'âge Tailles des ménages |
[60-75] |
[76-99] |
[100 et plus |
Total |
||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
[01] |
09 |
5,2 |
09 |
5,7 |
00 |
00 |
18 |
05,4 |
[2-6] |
63 |
36,4 |
64 |
40,5 |
00 |
00 |
127 |
38,3 |
[7-11] |
74 |
42,8 |
60 |
38 |
01 |
100 |
135 |
40,7 |
[12-16] |
21 |
12,1 |
16 |
10,1 |
00 |
00 |
37 |
11,1 |
[17-21] |
05 |
2,9 |
05 |
3,2 |
00 |
00 |
10 |
03 |
[22-26] |
01 |
0,6 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
[27-31] |
00 |
00 |
02 |
1,3 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
[32 et plus |
00 |
00 |
02 |
1,3 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
Total |
173 |
100 |
158 |
100 |
01 |
100 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
La tendance observée dans le tableau précédent se confirme ici. Nous voyons qu'à des âges très avancés, les personnes âgées vivent toujours dans la majorité des cas avec leurs parents. C'est vrai pour le cas du supercentenaire qui est entouré immédiatement dans la famille de 7 à 11 personnes.
Parmi les personnes âgées du troisième âge et celles du quatrième âge, il y a respectivement 36,4% et 40,5% qui sont dans des familles de 2 à 6 membres et dans les familles de 7 à 11 membres; nous avons 42,8% et 38% qui sont du troisième âge et du quatrième âge. Au niveau de ces mêmes franges de population enquêtées, il y a 5,2% et 5,7% qui vivent seules. Dans les pays occidentaux, c'est à partir du quatrième âge qu'on retrouve beaucoup de personnes âgées dans les maisons de retraite. Car c'est à partir de cet âge qu'on enregistre le plus de polypathologie, signe d'une régression accélérée des fonctions de l'organisme. Cette institution d'accueil des personnes âgées est encore méconnue et très sous représentée en Afrique. Même si les familles sont en mutation perpétuelle, elles restent encore un cadre d'intégration et d'évaluation du capital social de l'individu. Cette importance de la famille dans la société Odjukru se perçoit lors de la célébration des fêtes majeures (low, angbandji ou êbeb). Ces institutions demandent la mobilisation et l'implication de la famille. C'est le lieu de montrer sa richesse humaine et économique.
Ce qui pourrait rendre compte de l'importance quantitative du réseau social quelque soit le statut matrimonial du citoyen Odjukru. C'est ce que nous indique le tableau ci-dessous.
Tableau 35 : (Répartition de la taille des ménages en fonction du statut matrimonial
Statuts matrimoniaux Tailles des ménages |
Célibataire (%) |
Monogame (%) |
Polygame (%) |
Mariée (%) |
Divorcé (%) |
Veuf (%) |
Total (%) |
[01] |
00 |
2,1 |
00 |
00 |
18,5 |
7,2 |
05,4 |
[2-6] |
33,3 |
34,4 |
11,1 |
39,4 |
44,4 |
42,8 |
38,3 |
[7-11] |
33,3 |
42,7 |
38,9 |
48,5 |
33,3 |
39,5 |
40,7 |
[12-16] |
33,3 |
14,6 |
33,3 |
12,1 |
00 |
7,2 |
11,1 |
[17-21] |
00 |
06,3 |
00 |
00 |
3,7 |
2 |
03 |
[22-26] |
00 |
00 |
5,6 |
00 |
00 |
00 |
0,3 |
[27-31] |
00 |
00 |
5,6 |
00 |
00 |
0,7 |
0,6 |
[32 et plus |
00 |
00 |
5,6 |
00 |
00 |
0,7 |
0,6 |
Total |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
.
Source : enquête personnelle, 2010
Dans les ménages ivoiriens, on peut trouver en dehors des époux, plusieurs membres de la famille composée. Donc la taille des ménages dans le tableau ci-dessus prend en compte cette réalité. Nous constatons que 33,3% des personnes âgées célibataires vivent dans les maisons familiales avec 2 à 6 personnes, 7 à 11 personnes et 12 à 16 personnes. Chez les personnes âgées monogames, divorcées ou veuves, le pourcentage des individus qui vivent avec leurs parents âgés est élevé dans les intervalles de 2 à 6 personnes, de 7 à 11 personnes et de 12 à 16 personnes, soit un pourcentage qui oscille entre 11,1% et 44,4%. Ce sont les chapitres consacrés aux rapports sociaux entre les personnes âgées et le réseau social ou encore les conditions de vie qui vont nous révéler plus tard ce que signifie la présence de l'entourage des personnes âgées et les avantages que les uns et les autres tirent.
Lorsque nous croisons le nombre d'enfants et la taille du ménage201(*), nous constatons que le pourcentage des personnes âgées qui n'ont pas d'enfants et qui vivent seules est nul. 50%, 43,8% et 6,3% des personnes âgées sans enfants vivent avec 7 à 11 personnes, 2 à 6 personnes et 32 personnes et plus. Il s'agit en général de membres de la famille, de frères, de soeurs et de petits-fils. Toutefois, 8,8% des personnes âgées qui ont entre 1 et 5 enfants et 4,1% des personnes âgées qui ont entre 6 et 10 enfants vivent seules. Deux raisons expliquent cette vie solitaire. Les situations de rupture de lien avec la famille et le phénomène de l'urbanisation (travail des enfants hors du village, scolarisation).
En somme, on peut conclure à une prédominance dans les tableaux de la vie en commun des parents âgés avec leurs enfants. Les proportions en ce sens varient entre 36,4% et 50%.
Face aux difficultés financières et aux problèmes de santé éprouvés par les personnes âgées, la qualité des rapports entre ces dernières et l'environnement social s'est avérée fondamentale. S'il est vrai que la personne âgée ne manque de rien du point de vue économique, il n'en demeure pas moins qu'à un moment donné, elle a besoin de l'aide de son entourage pour les visites médicales et la satisfaction des besoins fondamentaux. Dans les pays de l'Occident, lorsque l'état physique de la personne âgée est fragile et qu'en famille le secours humain fait défaut, l'on demande sa mise sous tutelle. C'est pourquoi, nous nous sommes orientés vers la nature des liens sociaux.
Le citoyen Odjukru appartient de par ses ascendants masculins à un lignage paternel (eb) et de par ses ascendantes féminines à un lignage maternel (bosou sougon).
Le rôle du patrilignage apparaît plus dans la vie politique et sociale. Il est de la responsabilité du père de tout mettre en oeuvre pour la célébration de la fête de génération de sa progéniture.
Le matrilignage quant à lui est une unité économique. Il a à sa tête le plus âgé de la famille. En effet, c'est le matrilignage à travers le doyen qui détient le capital et les richesses traditionnelles constitués d'or, de pagnes, de bijoux, de numéraires et de plantations (palmeraies). Jadis, par un système de contrôle étagé des oncles sur les neveux, le patriarche au sommet de la hiérarchie détenait l'autorité première et supervisait le travail de tout le groupe. Il était le garant de la gestion des palmeraies de la famille et il répartissait les fruits du travail selon les besoins des membres du groupe. Toutefois, il prélevait une redevance qui servait plus tard à couvrir les charges de la célébration de l'angbandji des membres de la famille. Cependant, le contexte d'occidentalisation a fait évoluer ces institutions et la structure économique s'est profondément modifiée. Ainsi, la liberté d'entreprendre et l'école conventionnelle ne permettent plus aux jeunes de travailler collectivement dans les palmeraies sous l'autorité du doyen. En dépit de tout, il y a une survivance du rôle du doyen. Il s'agit du rôle politique c'est-à-dire représenter la famille et parler en son nom. Il détient encore les richesses familiales et justifie du capital angbandji des membres de la famille. Ce rôle déterminant du matrilignage tient du fait que la succession est matrilinéaire.
Tableau 36 : Qualité des rapports conjugaux
Nature des rapports de couple Statuts matrimoniaux |
Entente |
Conflit |
Entente-conflit |
Non réponse |
Total |
|||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Célibataire |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
0 |
06 |
1 ,8 |
06 |
1,8 |
Monogame |
86 |
25,9 |
07 |
02,1 |
03 |
0,9 |
00 |
00 |
96 |
28,9 |
Polygame |
16 |
4,8 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
00 |
00 |
18 |
5,4 |
Mariée |
29 |
08,7 |
03 |
0,9 |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
33 |
9,9 |
Divorcé |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
27 |
8,1 |
27 |
8,1 |
Veuf |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
152 |
45,8 |
152 |
45,8 |
Total |
131 |
39,5 |
10 |
03 |
06 |
1,8 |
185 |
55,7 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
A l'intérieur des couples ou des familles, on note trois sortes de nature de rapports que sont : l'entente, le conflit et l'entente-conflit. Les liens sociaux se recomposent et connaissent des ruptures. Les enquêtés font ressortir le plus souvent la prédominance de la nature des rapports. Les « non réponse » peuvent être considérées comme une fréquence de rapports conflictuels. Mais certains facteurs qu'on ne maîtrise pas conduisent à garder le silence.
Les personnes âgées qui vivent avec au moins un conjoint représentent une proportion cumulée de 44,2% (monogames, mariées et polygames) contre 55,7% des personnes âgées sans conjoints, avec une prédominance des femmes âgées veuves202(*), soit 41,9% contre 3,9% des hommes âgés. Parmi les personnes âgées qui vivent avec leurs conjoints, nous remarquons que les relations sont empreintes d'entente, soit 39,5% contre 3% de cas de conflit et 1,8% de cas de conflit-entente. Que le couple soit de statut monogamique ou polygamique, nous notons que l'état de conflit est d'ampleur négligeable. Cela ne signifie pas absence totale ou momentanée de conflit. Les enquêtés expriment ce qui se dégagent de l'atmosphère générale du milieu conjugal.
L'équilibre des couples ici s'explique par le bénéfice de la stabilité du mariage traditionnel et de l'indissolubilité du mariage chrétien. D'ailleurs, la forte proportion des mariages monogamiques peut avoir pour raison l'interdiction de la polygamie dans le christianisme. Dans la tradition Odjukru, avant même les fiançailles, donc bien avant même le stade de mariage, le prétendant doit donner la preuve de son amour pour la jeune fille. La manière de sceller le mariage peut favoriser la longévité de celui-ci. Or, au fur et à mesure que le mariage dure dans le temps, il a tendance à cristalliser les liens, à créer une interdépendance et à élever le degré d'affectivité. Le couple, parvenu à l'âge avancé, aboutit à une indissolubilité de fait qui s'acquiert étant donné que le divorce des personnes âgées peut affecter l'image du couple. Si le divorce des personnes âgées n'est pas apprécié, cela l'est davantage dans la société Odjukru où à la célébration de l'angbandji, le couple est «exposé» et fait le tour du village sous le regard admiratif de la communauté. A cela, il faut ajouter la responsabilité du statut d'êbebu ou la probable recomposition de son image dans un cas de divorce.
Les conflits qui secouent les couples sont de deux ordres: l'infidélité conjugale reprochée ou la rivalité et l'indigence économique. D'une part des femmes reprochent à leurs maris d'avoir des relations extraconjugales avec des jeunes filles; d'autre part elles se disputent lorsque leurs maris n'arrivent pas à faire face aux dépenses du ménage.
Tableau 37 : Qualité des rapports entre les parents et leurs progénitures
Visites aux parents Nature des rapports Parents-enfants |
Oui |
Non |
Pas d'enfants |
Total |
||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Entente |
268 |
80,7 |
14 |
04,2 |
00 |
00 |
282 |
84,9 |
Conflit |
03 |
0,9 |
05 |
1,5 |
00 |
00 |
08 |
02,4 |
Entente-conflit |
21 |
6,3 |
05 |
1,5 |
00 |
00 |
26 |
07,8 |
Pas d'enfants |
00 |
00 |
00 |
00 |
16 |
00 |
16 |
4,8 |
Total |
292 |
88 |
24 |
07,2 |
16 |
4,8 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Les enfants à un certain moment peuvent acquérir le statut de substituts de parents âgés. Autrement dit, il y a un intervertissement de rôles entre les parents âgés et les enfants adultes. Les enfants jouent le rôle de père surtout dans la prise en charge sociale (subvenir aux besoins de la famille). C'est pourquoi, ne pas avoir d'enfants présage de difficultés. Ainsi, nous constatons que 84,9% des personnes âgées ont des rapports cordiaux avec leurs descendants contre 7,8% et 2,4% qui ont respectivement des relations de conflit-entente et de conflit avec leurs enfants.
Deux raisons font obstacles aux relations cordiales entre parents et enfants. La raison la plus récurrente est l'accusation pour pratique de sorcellerie. Des enfants ont accusé ouvertement leurs parents de sorcellerie. Pour ne pas en être victime, ils rompent toute relation avec ces derniers. C'est le cas d'une vieille de 68 ans, mère de deux enfants, qui est rejetée par les siens qui la taxent de sorcière. Par crainte de représailles, elle nous a reçus hors de son domicile.
Il y a des cas de conflits qui ont pour motif la gestion du patrimoine économique. Soit ce sont les enfants qui reprochent aux parents âgés leur parcimonie, soit ce sont les parents qui s'élèvent contre la mauvaise gestion des biens ou la gestion opaque des doyens d'âge de famille. A Débrimou, un homme âgé de 67 ans, père de 15 enfants, nous a confié que ses enfants lui ont arraché sa maison qu'il a construite à Abidjan203(*).
Aussi, il y a-t-il des ruptures de liens que les parents n'arrivent pas à expliquer. Ils constatent sans aucune raison apparente que leurs enfants les ont délaissés puisque plusieurs années se sont écoulées sans qu'ils aient eu des nouvelles d'eux. Toutefois, nous nous retrouvons dans des situations où parfois le conflit naît du fait que parents et enfants ont des points de vue divergents sur la manière de concevoir la vie. Ici, les parents âgés du fait de leurs expériences pensent être sur des sentiers droits tandis que les enfants considèrent leur vision erronée. Pour de telles raisons, 7,2% des enfants ne rendent pas visite à leurs parents contre 88%.
Tableau 38 : Qualité des rapports entre les personnes âgées et la famille
Visite aux parents Nature des rapports familiaux |
Oui |
Non |
Oui pour enfants |
Total |
||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Entente |
223 |
67,2 |
67 |
20,2 |
01 |
0,3 |
291 |
87,7 |
Conflictuel |
12 |
3,6 |
21 |
06,3 |
03 |
0,9 |
36 |
10,8 |
Pas de famille (tous morts) |
01 |
0,3 |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
02 |
0 ,6 |
Entente-conflit |
03 |
0,9 |
00 |
00 |
00 |
00 |
03 |
0,9 |
Total |
239 |
72 |
89 |
26,8 |
04 |
1,2 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Chez les Odjukru, à l'intérieur du village, nous observons deux groupes d'appartenance. La génération au sein de laquelle l'homme s'épanouit pour participer à la gestion et au développement du village et la famille. Cette dernière reste la cellule de base qui accepte, présente et introduit son membre à la classe d'âge. A preuve, toutes les cérémonies d'initiation et d'investiture demandent le concours de la famille. Traditionnellement, le patrimoine économique (adja) est entre les mains du doyen de la famille. Cette importance de la famille, les enquêtés l'ont affirmée en déclarant qu'ils avaient des relations harmonieuses avec la leur, soit une proportion de 87,7% contre 10,8% qui entretiennent des rapports tumultueux avec leur famille. Lorsque nous lisons le tableau qui se réfère aux visites, nous constatons que 26,8% des enquêtés sont distants de leurs parents.
Deux raisons204(*) expliquent le manque de visites entre les membres âgés de la famille. La première cause qui limite les visites est la maladie qui compte pour 19,6% et la deuxième est liée à des différends sociaux, soit 5,1%. Ces différends sociaux se déclinent à leur tour en deux: accusation pour pratique de sorcellerie et gestion opaque des legs.
Il y a une féminisation des différends sociaux, en ce sens que plus de femmes sont accusées205(*) de pratiques de sorcellerie et ce sont elles qui se plaignent le plus de ne pas jouir des biens acquis grâce à l'héritage. Nous avons 3,9% de femmes qui évoquent des différends sociaux contre 1,2% des hommes. Elles auraient voulu bénéficier d'une partie de l'héritage pour scolariser leurs jeunes enfants ou avoir des terres cultivables. Or, dans tradition, elles n'ont pas droit à la propriété foncière.
Nous constatons aussi que 0,6% des femmes âgées ont tous les membres de leur famille décédés. En fait, dans une famille il y a toujours les aînés (personnes âgées) et les cadets (les jeunes et adultes). Et ce sont les aînés qui parlent au nom de la famille et la représentent. Dire qu'elles n'ont plus de famille est entendu comme ayant perdu les répondants qui sont les personnes âgées. La présence des aînés sociaux comme nous le dit une femme âgée de 60 ans, membre de la classe d'âge des Mborman-bago, est un facteur de valorisation de la famille.
Les différends sociaux opposent aussi bien les personnes âgées et les autres membres de la famille que les frères ou soeurs consanguins. La baisse de solidarité traduit que la famille traditionnelle Odjukru subit des transformations. Une femme âgée de 60 ans membre de la classe d'âge des Mborman-boman et mère de cinq enfants, nous a relaté que ses parents s'éloignent d'elle parce qu'elle devenue une charge et ses enfants n'ont pas réussi socialement.
Tableau 39 (TC): Qualité des rapports intergénérationnels
Rapports intergénérationnel Inconduites des jeunes |
Entente |
Conflit |
Pas de rapports |
Total |
||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Délinquance |
116 |
16,7 |
30 |
04,3 |
12 |
1,7 |
158 |
22,7 |
Vol |
175 |
25,1 |
47 |
06,8 |
11 |
1,6 |
233 |
33,5 |
Déviance sociale |
147 |
21,1 |
51 |
07,3 |
12 |
1,7 |
210 |
30,2 |
Fétichisme |
16 |
02,3 |
02 |
00,3 |
00 |
00 |
18 |
02,6 |
Fainéantise |
23 |
03,3 |
01 |
00,1 |
00 |
00 |
24 |
03,4 |
Ingratitude |
02 |
0,3 |
00 |
00 |
01 |
0,1 |
03 |
0,4 |
Incroyance |
06 |
0,9 |
00 |
00 |
01 |
0,1 |
07 |
01 |
Individualisme |
01 |
0,1 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,1 |
Pas de reproche |
29 |
4,2 |
00 |
00 |
02 |
0,3 |
31 |
04,5 |
Pas de réponse |
07 |
01 |
02 |
00,3 |
02 |
0,3 |
11 |
1,6 |
Total |
552 |
75 |
133 |
19,1 |
41 |
05,9 |
696 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Le pouvoir en pays Odjukru est gérontocratique aussi bien en famille qu'à la tête de la communauté. Les jeunes et les adultes doivent servir les aînés et les côtoyer pour s'enrichir de l'expérience de ces derniers. Ainsi, nous avons interrogé les personnes âgées sur la nature de leurs rapports avec les jeunes du village. Il ressort que 75% des personnes âgées entretiennent des rapports courtois avec les jeunes de leur milieu contre 19,1% qui disent être en conflit avec ces derniers. 5,9% d'entre elles n'ont pas de rapports avec les jeunes du village. En fait, pour préserver leur dignité, il y a des personnes âgées qui préfèrent anticiper sur un possible déportement de la jeunesse en n'ayant pas commerce avec elle. Lorsque nous comparons la qualité des rapports entre les personnes aînées et leurs enfants et entre elles et les jeunes de leur village, nous remarquons une nette différence au profit des rapports parents-enfants (84,9% d'entente et 2,4% de conflit) relativement aux rapports personnes âgées-jeunes du village (75% d'entente et 19,1% de conflit). Mais quels sont les noeuds de discorde entre les personnes âgées et les jeunes ?
Selon le tableau ci-dessus, nous constatons que même les personnes âgées qui entretiennent des rapports cordiaux avec les jeunes et celles qui n'en ont pas du tout formulent à leur encontre des reproches. Trois reproches s'expriment dans des proportions très importantes. Ce sont le vol, la déviance sociale et la délinquance.
· Vol
Il représente une proportion de 33,5%. Il porte notamment sur le vol de poulets et des récoltes d'hévéa. En effet, des jeunes informés de l'état de santé de leur potentielle victime ou des heures de repos s'introduisent dans le poulailler ou les plantations d'hévéa pour opérer.
· Déviance sociale
Le pourcentage de déviance sociale s'élève à 30,2%. Les enquêtés déplorent les bagarres entre les jeunes, les actes de méchanceté et les crimes d'adultère. A Bouboury, les jeunes ont détrôné le chef du village, une personne âgée de 75 ans. Ils lui reprochaient sa passivité et son manque de charisme.
· Délinquance
Elle atteint une proportion de 22,7%. Elle concerne l'alcoolisme et la prise de drogue. A cela s'ajoutent la pratique des jeux de hasard et la débauche sexuelle. Il arrive que des jeunes sous l'effet de la drogue ou de l'alcool perturbent les assemblées villageoises ou qu'ils aient des prises de bec avec les aînés sociaux.
De plus, des enquêtés se sont offusqués de ce que des jeunes s'adonnent aux pratiques fétichistes soit pour se protéger contre eux soit pour les desservir. Pour eux, vu les désagréments que peuvent causer les fétiches en cas de non respect des conditions d'usage, l'on ne devrait pas permettre qu'ils soient possédés par des jeunes.
Pour confronter les propos, nous avons réuni pour un focus group des responsables de structures de jeunesse. Ils ont décrié à leur tour la gestion partiale des êbebu. En effet, selon les règles admises, les travaux du village sont affectés d'office aux mabêssê. Or, pour des intérêts pécuniaires, les êbebu attribuent à des membres d'autres générations des travaux tels que les préparatifs pour la réception d'invités de marque (personnalités d'Etat) devant prendre part aux cérémonies majeures (êbeb, low, angbandji). Ainsi donc, les jeunes ont menacé de ne pas transmettre la machette à leur cadet à la prochaine fête d'investiture des êbebu.
Si dans l'ensemble on observe que la proportion des rapports harmonieux surclasse celle des rapports conflictuels, la proportion des rapports conflictuels entre les aînés sociaux et leurs enfants, leur famille et les générations cadettes est un indice précurseur d'un déclin des rapports de parenté et de famille. Comme nous l'avons dit plus haut, les jeunes Odjukru échappent au cadre traditionnel de socialisation au profit des cultures exotiques dites modernes206(*). Or, ces cultures aussi bien en Occident qu'en Afrique ont fait baisser les sens premiers de la famille qui reposent sur la solidarité, la fraternité et la convivialité. On ne peut donc pas les emprunter sans importer les germes des pathologies sociales qu'elles renferment. C'est ce que nous verrons avec l'analyse des conditions de vie des personnes aînées enquêtées.
Le grand âge suscite une question, celle de l'utilité des personnes âgées. Dans les pays du Nord, avant le XVIIIème siècle, la réponse avait été donnée. Les personnes âgées n'étant pas utiles, on les mettait à la retraite ou elles finissaient douloureusement le reste de leur vie dans des maisons de réclusion. Chez les Odjukru au contraire, le système social affirme leur utilité. Mais la participation sociale des personnes aînées est-elle effective ? Ou a-t-elle évoluée au gré de la mondialisation qui favorise les emprunts culturels ? C'est à ce questionnement que cette partie s'attèle à apporter des réponses.
La société a en primauté un rôle d'intégration. Elle n'éjecte que les éléments déviants. Ainsi, au cours de notre étude, nous avons décelé trois facteurs majeurs qui favorisent l'intégration sociale des personnes âgées.
· Opportunités de réjouissance
Tableau 40 (TC) : Motifs courants des déplacements des personnes âgées
Motifs de déplacement |
VA |
VR |
Fêtes traditionnelles, religieuses et Funérailles |
391 |
57,4 |
Visites maternées |
26 |
3,8 |
Visites de courtoisie |
49 |
07,2 |
Règlement de conflit |
04 |
0,6 |
Visites médicales |
41 |
06 |
Emplettes et courses |
19 |
2,8 |
Retrait de pension |
11 |
1,6 |
Activité politique |
30 |
4,4 |
Mariages |
05 |
0,7 |
Pas de sorties |
105 |
15,4 |
Total |
681 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Les cérémonies de réjouissance dans la société Odjukru revêtent un caractère particulier et ont lieu à des rythmes soutenus avec une grande mobilisation sociale. Du low à l'êbeb en passant par l'angbandji, la contribution des chefs de famille et des personnes âgées est centrale. Ce sont les personnes âgées parce qu'elles détiennent le pouvoir et la connaissance qui les préparent et qui les président. Toute leur importance est mise en exergue lors des cérémonies à travers le protocole qui vise à les honorer et au travers de leurs interventions. C'est pourquoi, nous constatons dans le tableau que 57,4% des événements qui amènent les personnes âgées à se déplacer de leur village sont liés aux célébrations de fêtes traditionnelles, religieuses et aux funérailles. Parfois, dans un village, plus d'une centaine de jeunes hommes sont concernés par le low. Et dans le dernier trimestre de l'année généralement, la fréquence des célébrations des fêtes d'angbandji est très élevée. C'est ce qu'il nous a été donné de constater le troisième samedi du mois de décembre 2009 où nous avons assisté le jour même à cinq célébrations d'angbandji à Débrimou. Ou encore l'ampleur des fêtes est perceptible au cours des six années qui précèdent la célébration de l'êbeb puisque les candidats à l'êbebu doivent célébrer leur angbandji. Dans le cas de Débrimou, nous pouvons estimer à plus de 250 célébrations d'angbandji avant l'intronisation des actuels êbebu en 2003.
· Participation sociale des personnes âgées
Les personnes âgées pensent que c'est un rôle «régalien» pour elles de maintenir la cohésion sociale et l'équilibre social par leurs conseils, fruits de longues années d'expériences. Elles se comparent à une lampe dont la lumière éclaire les cadets sociaux. Le rôle de régulateur est un art dont la maîtrise et la connaissance sont offertes par la tempérance et le calme que procure l'avance en âge. Elles se sentent les plus aptes à détenir des astuces capables d'apaiser la colère des parties belligérantes. Ce qui leur confère d'être consacrées à la dignité d'êbebu. Chez les Odjukru, plusieurs occasions donnent lieu à des assemblées villageoises. Parmi elles, nous pouvons énumérer les affaires courantes pour lesquelles les êbebu sont sollicités, les cérémonies festives et funèbres. C'est sans doute l'importante fréquence des affaires qui animent le village qui ont fait que traditionnellement, les êbebu étaient exemptés de tous les travaux physiques pour se consacrer exclusivement à la gestion politique du village. Aujourd'hui encore, des personnes âgées à la retraite quittent la ville pour aller résider au village tant leur présence pour l'administration du village est importante.
Ainsi, 47,1%207(*) des personnes âgées interrogées ont-elles dit être satisfaites de leur position de personnes âgées en raison du fait qu'elles jouissent de la dignité d'êbebu et des avantages de l'âge.
· Gérontophilie
La gérontophilie est ressentie chez les personnes âgées enquêtées comme étant le fait d'être adulées par l'entourage et les petits-fils pour leur grand âge. Dans ce rapport de plaisanterie entre la personne âgée et son cadet, soit on ne fait pas allusion d'une manière ou d'une autre aux défauts de l'âge, soit on en fait mention en mettant la dégénérescence au compte du poids des années. Par cette dernière, on reconnaît à la personne âgée que son état est «normal» (compréhensible) au regard de son âge. Donc les signes de faiblesses physiques sont positivés et la gérontophilie devient une énergie qui ravive en la personne âgée le goût de vivre. Par exemple, des personnes âgées trouvent leur joie lorsque l'entourage les appellent: «la vieille ou le vieux». Des personnes d'un âge très avancé ayant des problèmes de mobilité peuvent être portées par des jeunes.
· Liens de parenté
Tableau 41 (TC) : Attachement aux liens familiaux et au village d'appartenance
Abandon du village Liens avec le village |
Oui |
Non |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Attachement au village |
00 |
00 |
210 |
57,1 |
210 |
57,1 |
Attachement à la famille |
00 |
00 |
83 |
22,6 |
83 |
22,6 |
Environnement hostile |
07 |
1 ,9 |
01 |
0,3 |
08 |
02,2 |
Satisfaction pour la prise en charge |
01 |
0,3 |
11 |
03 |
12 |
03,3 |
Utilité |
00 |
00 |
04 |
1,1 |
04 |
01,1 |
Inopportunité liée à l'âge |
00 |
00 |
39 |
10,6 |
39 |
10,6 |
Pas mon village natal |
04 |
1,1 |
00 |
00 |
04 |
01,1 |
Aller à l'aventure |
02 |
0,5 |
00 |
00 |
02 |
0,5 |
Eviter de gêner |
00 |
00 |
02 |
0,5 |
02 |
0,5 |
Isolement |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Pas de réponse |
00 |
00 |
03 |
0,8 |
03 |
0,8 |
Total |
15 |
4,1 |
353 |
95,9 |
368 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Certes nous avons indiqué dans les rapports entre les personnes âgées et le réseau social que la famille est en crise. Cependant, les relations de parenté dans l'ensemble sont maintenues (87,7% de satisfaction) et les crises qui secouent les familles sont à des degrés divers. Pour preuve, 84,6%208(*) des enquêtés rendent visites à leurs parents et 91,9% sont satisfaits de la qualité des rapports avec leurs parents qui résident notamment en ville. L'importance des liens de parenté se perçoit à travers le nombre important de personnes âgées qui vivent de don (51,5%), le nombre de personnes qui vivent avec leurs parents âgés (94,6%) à domicile et celui des personnes âgées, surtout des femmes, qui vivent soit chez leur frère ou leurs enfants. L'importance des rapports de parenté est affirmée par les enquêtés à travers une proportion de 57,1% et de 22,6% qui respectivement sont attachés au village et à la famille.
Pour affirmer la prédominance du lien social et socioculturel des enquêtés sur l'internement, nous avons pris des situations désespérées ou attrayantes (maladies, les lieux de référence (la ville)), la répugnance pour la vieillesse et nous avons donné la possibilité à l'individu de quitter son village. Les questions qui servent d'office d'"expérimentation" révèlent ce qui suit dans les tableaux.
· Possibilité de quitter son village
Nous constatons que 95,9%209(*) des personnes refusent l'exode en affirmant leur attachement au village et à leur famille. Cela est encore vrai quand les personnes âgées ne sont pas satisfaites de la prise en charge (3%), quand elles trouvent inopportunes de quitter leur village au regard de l'âge (10,6%). Les individus favorables à quitter leur village sont ceux qui disent vivre dans un environnement hostile soit 1,9%.
· Préférence du village à la ville
Tableau 42 (PC) : Choix du lieu de résidence en temps de retraite
Résidences en période d'activité Causes de changement de résidence |
Au village |
En ville |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Non réponse |
232 |
100 |
00 |
00 |
232 |
69,9 |
Problème de mobilité |
00 |
00 |
01 |
01 |
01 |
0,3 |
Retraite de l'époux |
00 |
00 |
12 |
12 |
12 |
3,6 |
Raison de vieillesse |
00 |
00 |
05 |
05 |
05 |
1,5 |
Cause de retraite |
00 |
00 |
62 |
62 |
62 |
18,7 |
Décès de conjoint |
00 |
00 |
06 |
06 |
06 |
1,8 |
Statut d'êbebu |
00 |
00 |
04 |
04 |
04 |
1,2 |
Réside encore en ville |
00 |
00 |
01 |
01 |
01 |
0,3 |
Pas de raison particulière |
00 |
00 |
02 |
02 |
02 |
0,6 |
Pour s'occuper de la famille |
00 |
00 |
02 |
02 |
02 |
0,6 |
Suite à un divorce |
00 |
00 |
04 |
04 |
04 |
1,2 |
Raison de santé |
00 |
00 |
01 |
01 |
01 |
0,3 |
Total |
232 |
100 |
100 |
100 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
A la lecture du tableau, nous remarquons que 62% et 12% des personnes âgées qui ont résidé en ville pendant leur période d'activité ou pendant la période d'activité de l'époux sont venues s'installer au village bien qu'ayant une pension de retraite. Or, la ville avec ses conforts en termes d'infrastructures (routes, hôpital, eau, électricité etc.) attire le monde. Elles vont au village pour exercer leur fonction d'êbebu, pour se reconvertir à une activité ou pour retrouver leur classe d'âge.
· Préférence de la vie communautaire à l'hospice
Tableau 43 : Perception de l'hospice
Source : enquête personnelle, 2010.
Nous avons expliqué l'hospice aux enquêtés en tant qu'institution de prise en charge des personnes âgées. Malgré l'explication qui a présenté sciemment les avantages de l'hospice, nous avons constaté paradoxalement que la majorité des personnes âgées ayant un état de santé fragile mais satisfaite du statut d'aîné social refuse d'aller y vivre. Nous comptons dans ce cas 17,5% et 49,4% d'individus ayant respectivement un état de santé mauvais ou assez bon.
En outre, nous avons 1,2% et 1,6% de personnes âgées déçues de leur statut d'aînés sociaux et ayant une santé instable qui ne veulent pas de la vie à l'hospice.
En revanche, nous avons 1,2% et 3,7% de personnes âgées qui ne sont pas satisfaites de leur statut d'aînés sociaux et ayant une mauvaise santé qui sont favorables à la vie à l'hospice.
Si de façon générale, la tendance est le refus de la vie à l'hospice, il faut dire que la dépréciation du statut de la personne âgée et la mauvaise santé favorisent l'envie d'être admis dans une maison de retraite. Pourquoi les individus sont-ils attachés à leur village ?
Selon nos sachants, la place de l'individu Odjukru est de résider dans son village, d'où sa fonction d'êbebu. Le mot êbebu, nous le rappelons, est tiré de la racine eb qui veut dire la société ou la culture210(*). C'est une infortune, un déshonneur que d'être enterré hors de son village et de l'abandonner. Les individus Odjukru doivent moralement fidélité à leurs parents morts et enterrés au village. Le village natal est la raison d'être de l'individu, eb, et être êbebu, c'est-à-dire chef de terre et de communauté est la plus grande reconnaissance du village à l'individu attaché à son village. C'est ce que fait savoir un homme âgé de 78 ans, membre de la classe d'âge des Mbédié-kata qui dit ne pouvoir vivre nulle part ailleurs que dans son village natal, parce qu'il leur est défendu de le faire surtout qu'il est le gardien de tout l'héritage de ses aïeux. Outrepasser la volonté de ses parents serait, provoquer leur colère qui s'exprimera par des sanctions.
En dépit de tout, il faut dire que la vie dans une maison de retraite n'est pas l'idéal. Elle est une solution de dernier recours qui doit s'offrir aux personnes âgées en situation de dépendance et n'ayant plus de famille pour s'occuper d'elles. C'est pourquoi, en vue d'encourager les aînés sociaux à se maintenir à domicile, la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse211(*) (CNAV) en France accordent des aides financières pour la rénovation, l'adaptation et l'entretien de logement.
Tableau 44 (TC) : Avis sur l'utilité du grand âge
Sentiment d'utilité Raisons de l'utilité |
Oui |
Non |
Ne sait pas |
Total |
||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Pourvoyeurs financiers de la famille |
46 |
13,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
46 |
11,8 |
Statut d'êbebu et de chef de famille |
153 |
44,2 |
00 |
00 |
00 |
00 |
153 |
39,1 |
Détenteur de savoir |
109 |
31,5 |
01 |
03,7 |
00 |
00 |
109 |
28,2 |
Marques de respect eu égard à l'âge |
25 |
07,2 |
00 |
00 |
00 |
00 |
25 |
6,4 |
Objet d'abandon |
00 |
00 |
05 |
18,5 |
03 |
16,7 |
08 |
02 |
Obligation alimentaire et gérontophilie |
02 |
0,6 |
00 |
00 |
00 |
00 |
02 |
0,5 |
Morts des membres de la famille |
00 |
00 |
01 |
03,7 |
01 |
05,6 |
02 |
0,5 |
Inutilité |
00 |
00 |
15 |
55,6 |
06 |
33,3 |
21 |
05,4 |
Fonction religieuse |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
01 |
05,6 |
02 |
0,5 |
Accusation de sorcellerie |
00 |
00 |
02 |
07,4 |
00 |
00 |
02 |
0,5 |
Doute sur capacités cognitives |
00 |
00 |
01 |
3,7 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Maladie |
00 |
00 |
00 |
00 |
02 |
11,1 |
02 |
0,5 |
Pas de réponse |
10 |
02,9 |
02 |
07,4 |
05 |
27,8 |
17 |
04,3 |
Total |
346 |
100 |
27 |
100 |
18 |
100 |
390 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Dans les sociétés traditionnelles comme celles décrites par C. Meillassoux (1970)212(*), les patriarches détenaient le grenier (l'équivalent d'une banque au sens moderne) de la famille dont ils répartissaient le produit selon les besoins de ses membres. Leur position d'économe leur conférait un pouvoir. Ce qui revient à dire que le facteur économique est essentiel à l'intégration des personnes âgées. Car les rôles de chef de famille, de gouverneur de village demandent des moyens financiers pour la mise en oeuvre de leurs actions. Les membres de famille dépendant financièrement du patriarche lui devront plus de soumission. C'est ce que confirme notre tableau ci-dessus dans lequel il apparaît que 44,2% et 13,3% des personnes âgées ont le sentiment d'être utiles du fait de leur statut de pourvoyeurs financiers de la famille etde leur rôle d'êbebu et de chef de famille.
Ils ont la charge financière des dépenses domestiques (nourriture, eau, électricité) de la scolarisation de leurs enfants et petits-fils, des cérémonies d'investiture et de sacre. Ils mettent à la disposition des membres de leur famille des pagnes et de l'or «cica» indispensable pour l'éclat des fêtes de sacre.
Tableau 45 : Etat de santé des personnes âgées au moment de l'enquête
Etats de santé actuels |
VA |
VR |
Bon |
267 |
80,4 |
Mauvais |
65 |
19,6 |
Total |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Pour l'anthropologie des systèmes sanitaires, toutes les sociétés sans exception ayant compris le rôle perturbateur de la maladie dans les relations de l'individu avec son milieu, ont mis en place un dispositif pour la combattre. Si les hommes ont la psychose de la vieillesse c'est en réaction à son assimilation à la maladie. Si pendant l'enquête nous nous sommes rendu compte de la participation des personnes âgées aux activités communautaires (rôle d'êbebu) et de leur maintien en activité, c'est parce que nous comptons un nombre élevé de personnes âgées ayant une santé relativement bonne, soit 80,4% contre 19,6% de cas de mauvaise santé.
Tableau 46 (PC) : Répartition des activités quotidiennes en fonction du sexe
Activités quotidiennes
Sexes
Masculin |
Féminin |
Total |
||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Travaux champêtres |
28 |
20,3 |
03 |
1,5 |
31 |
9,3 |
Préparation de couscous de manioc |
00 |
00 |
42 |
21,6 |
42 |
12,7 |
Suivi d'activité |
42 |
30,4 |
02 |
01 |
44 |
13,3 |
Pas d'activités |
63 |
45,7 |
99 |
51 |
162 |
48,8 |
Commerce |
00 |
00 |
15 |
7,7 |
15 |
4,5 |
Pêche |
01 |
0,7 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Ménage |
02 |
1,4 |
32 |
16,5 |
34 |
10,2 |
Activité politique |
01 |
0,7 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Tradi-praticien |
01 |
0,7 |
01 |
0,5 |
02 |
0,6 |
Pas de réponse |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
Total |
138 |
100 |
194 |
100 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
On entend ici par activités, les activités de production économique, c'est-à-dire destinées à avoir des ressources pour subvenir aux besoins d'une personne.
48,8% des personnes âgées se sont désengagées de toute activité. 51,2% poursuivent les activités. Les principales activités qu'exercent les hommes âgées sont les travaux champêtres 20,3% et le suivi d'activité 30,4%. Au niveau des femmes âgées, les activités auxquelles elles s'adonnent sont la préparation de couscous de manioc 21,6%, le commerce 7,7% et le ménage 16,5%. Aussi, constatons-nous que la proportion de femmes âgées en cessation d'activité est supérieure à celle des hommes âgés soit 51% contre 45,7%. Deux raisons expliquent les différences de proportions. La première est que les hommes malgré le grand âge travaillent pour subvenir aux besoins de la famille. La seconde est que le nombre de femmes âgées dans le quatrième âge est élevé. Or, il y a une corrélation entre l'âge et la cessation des activités.
Nous avons mis en rapport la profession exercée pendant l'âge adulte et les activités quotidiennes des personnes âgées213(*) en termes de reconversion. Nous constatons que 22,1% des planteurs (agriculteurs) continuent les travaux champêtres et 27,9% se consacrent au suivi des activités champêtres (la théorie de la déprise) tandis que 48,5% se sont désengagées. Parmi les personnes âgées ménagères, nous notons que 22,9% s'occupent de la préparation de couscous de manioc, 5,4% font du commerce et 15,1% continuent d'entretenir le ménage.
9,7% parmi celles qui travaillaient dans le secteur informel et qui avaient des activités de vente, se reconvertissent à la préparation de couscous de manioc, 16,1% font le suivi d'activités, 22,6% se consacrent au ménage et 19,4% font toujours le commerce. De façon générale, les personnes âgées qui ont eu à travailler dans les secteurs privé ou public et qui avaient une activité parallèle de planteur se reconvertissent à la retraite à l'activité parallèle. C'est le cas de 14,3% d'enseignants qui sont devenus eux-mêmes des agriculteurs et 35,7% qui font le suivi des travaux champêtres. 42,9% de cette catégorie socio-professionnelle est sans activité.
En définitive, nous constatons que les personnes âgées qui ont eu des activités d'agriculteurs, de ménagères ou de commerçants à l'âge adulte se reconvertissent plus facilement dans lesdites activités que celles qui n'ont pas eu d'activités parallèles liées au secteur agricole.
L'analyse met en exergue ici trois théories du vieillissement. Il s'agit de la théorie du désengagement pour les personnes âgées qui cessent toute activité, de la théorie de l'activité pour celles qui continuent les activités et de la théorie de la déprise pour les personnes âgées qui font le suivi d'activité.
· Actifs du troisième âge et du quatrième âge
Tableau 47 : Répartition par tranches d'âge selon les activités quotidiennes
Tranches d'âge Activités quotidiennes |
[60-75] |
[76-99] |
[100 et plus |
Total |
||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Travaux champêtres |
24 |
7,2 |
07 |
02,1 |
00 |
00 |
31 |
09,3 |
Suivi d'activité |
29 |
8,7 |
15 |
04,5 |
00 |
00 |
44 |
13,3 |
Préparation de couscous de manioc |
28 |
8,4 |
14 |
04,2 |
00 |
00 |
42 |
12,7 |
Tradi-praticien |
01 |
0,3 |
01 |
00,3 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
Commerce |
11 |
03,3 |
04 |
01,2 |
00 |
00 |
15 |
4,5 |
Pêche |
00 |
00 |
01 |
00,3 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Ménage |
15 |
04,5 |
19 |
05,7 |
00 |
00 |
34 |
10,2 |
Activité politique |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Pas d'activité |
64 |
19,3 |
97 |
29,2 |
01 |
0,3 |
162 |
48,8 |
Total |
173 |
52,1 |
158 |
47,6 |
01 |
0,3 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Ce tableau a consisté à faire une comparaison entre les personnes âgées encore actives. Nous constatons que sur un effectif absolu de 332 personnes âgées, un nombre de 170, soit 51,2%, est encore en activité à des degrés divers. Parmi elles, il y a 13,3% qui ont réduit leurs activités pour ne faire que le suivi. 09,3% travaillent dans leurs champs. 12,7% de femmes âgées s'adonnent à la préparation du couscous de manioc, 04,5% exercent le petit commerce et 10,2% vaquent au ménage. Nous remarquons également que la tranche d'âge des personnes âgées du troisième âge (60-74 ans) actives est supérieure à celle du quatrième âge. Le rapport qui peut s'établir est que la proportion des personnes actives diminue au fur et à mesure qu'on avance en âge. Nous avons précisément parmi les personnes âgées actives 52,1% qui ont un âge compris entre 60 et 74 ans contre 47,6% pour celles qui ont un âge compris entre 75 et 99 ans. Aussi, l'une des conclusions que nous tirons de ce tableau est que comparativement aux secteurs public et privé où l'âge limite de la retraite est respectivement de 60 et 55 ans, dans le milieu traditionnel Odjukru, les personnes âgées restent-elles plus longtemps en activité, soit 20 ans de plus. Ce qui, selon les théories de l'activité et de la déprise sont des facteurs propices au vieillissement réussi (vieillissement actif). Dans le milieu traditionnel, un facteur détermine la retraite, c'est celui de la dégénérescence physique.
La société, par étymologie, est un cadre dans lequel les différents éléments ou acteurs sont reliés entre eux, donc intégrés. Cependant, des comportements ou des mécanismes peuvent conduire à la marginalisation. Dans notre étude, nous avons noté quatre facteurs qui entraînent l'isolement social des personnes âgées.
Nous distinguons deux sortes de legs. L'héritage familial (adja) dont la gestion incombe au doyen de la famille et l'héritage matriarcal.
L'héritage est le patrimoine économique de la famille qui est géré par son doyen, le plus âgé. Il est composé de plantations, de métaux précieux (or) et de pagnes. Le doyen d'âge de la famille gère les biens au profit des membres de la famille. Par exemple, le capital angbandji de la famille est justifié par l'adja et lesdits biens. Il aide les membres de la famille à célébrer leurs fêtes traditionnelles. Cependant, la société Odjukru étant de plus en plus attirée par le profit (ressources issues des produits de rente) les biens familiaux ont tendance à être les propriétés des chefs de famille qui en jouissent seuls au détriment des besoins des autres. Cette situation est l'objet de conflits entre les membres de la famille. Par exemple un homme âgé de 84 ans, interrogé sur ses frères et soeurs en vie, a répondu qu'il n'en avait pas. Or, en réalité, ils vivent mais ils sont divisés sur le partage de l'héritage familial. D'autres nous ont expliqué qu'elles ont été mises à l'écart parce qu'elles réclament des aides provenant des biens familiaux. Des chefs, réticents à la distribution des richesses, instaurent de fait une inimitié entre les plaignants et eux en ne leur rendant plus visite. La même situation se reproduit dans le cas de la distribution des biens issus de l'héritage de l'oncle. Ici, un jeune ou un adulte se trouvant dans la position de neveu hérite de l'oncle. Les soeurs ou frères du défunt attendent de lui des obligations alimentaires mais qui ne sont pas toujours satisfaites ou satisfaites au mécontentement des «ayant droits». C'est le genre de conflit qui oppose une femme âgée de 75 ans, membre de la classe d'âge des Mbédié-kata à ses neveux au sujet de l'héritage de leur défunt père. Les enfants accusent la femme âgée de sorcière: soit parce qu'elle a tué son frère pour s'approprier ses biens soit parce qu'elle est l'instigatrice d'une lutte pour le contrôle de l'héritage. Les conflits sur l'héritage sont couramment associés à la sorcellerie.
Durant l'enquête, nous avons découvert que l'accusation pour pratique d'acte de sorcellerie est redoutée par les personnes âgées. Car être étiquetée de sorcière peut retirer à la personne âgée le soutien à la fois de la famille, du village et de sa descendance. Tous craignent d'être «mangés» ou d'avoir des malheurs. C'est se livrer et être la proie facile que d'apporter du secours aux sorcières. L'élément matériel, parce qu'ayant été au contact avec l'homme, contient ses empreintes donc son âme que la sorcellerie peut anéantir. On accuse les personnes âgées sorcières de se rajeunir ou d'être en bonne santé grâce au phénomène de substitution qui consiste à s'incarner par des procédés mystiques dans le corps d'un individu bien portant. Les sorcières deviennent alors vigoureuses et transmettent leur mal à la victime.
Le sens premier de la famille en tant qu'espace de cohésion sociale, de solidarité et de fraternité est en crise. L'économie de marché et la recherche du profit font passer de plus en plus les biens familiaux pour des biens individuels. Les individus qui, grâce à leur travail personnel, s'enrichissent ne versent pas les biens dans le grenier familial. Ils sont propriétaires à titre personnel de logements et de plantations. Certaines personnes âgées ont interdit à leurs enfants les visites au village par crainte de sorcellerie. Des frères et soeurs s'opposent entre eux, la gestion des chefs de famille est contestée. Les divisions intestines ont amené des enquêtés à dire ne pas avoir de famille. Nous avons 18 personnes âgées soit 5,4% qui vivent seules. Et 9 d'entre elles ont un âge compris entre 75 et 99 ans. Or, c'est à cet âge que selon la gériatrie, il y a plus de cas de polypathologie. En réalité, ce n'est pas un dépérissement de la famille en termes quantitatifs mais un manque de cohésion sociale entre les personnes âgées et leur famille et entre les personnes âgées et la communauté villageoise. La vertu de la communauté repose sur le sens du partage et de la solidarité et non absolument sur les rapports de consanguinité. Il y a la famille biologique et il y a la famille issue des classes d'âge. Il existe donc suffisamment de réseaux sociaux pour que les personnes âgées ne vivent pas isolées. L'isolement social est même contraire à l'esprit de la classe d'âge en ce sens que dans les classes d'âge, les individus sont en interaction entre eux et entre eux et les autres classes d'âge.
La pomme de discorde entre les personnes âgées et leur famille ou parents, ainsi que nous l'avons évoqué tantôt, est la répartition des biens familiaux. Car au sein des personnes âgées, la proportion d'indigence économique est élevée au regard de la baisse d'activité elle-même liée à la dégénérescence physique.
Nous avons noté que 51,5% des personnes âgées vivent de dons et 11,4% vivent avec moins de 40 000 FCFA. Pour certaines personnes âgées, leur relégation s'explique par le fait qu'elles sont dans le besoin. Les visiteurs peuvent se voir contraints de «mettre la main à la poche».
Des personnes âgées se plaignent de ne pas être informées des réunions de prises de décision au sein de la famille et du village. Elles se disent inutiles à partir du moment où elles ne peuvent pas apporter d'appui matériel (pagnes et bijoux) à l'organisation de la célébration des fêtes de leurs membres. Ainsi, un Mborman-kata de 65 ans a déclaré ceci: « Quand la personne âgée est riche, elle est utile. Mais quand elle est pauvre, on la bafoue. Pourtant, les jeunes ont besoin de vieux et vice versa.». Autrement dit, la dignité de la personne âgée dépend de son capital économique. Il est soutenu par les propos d'un autre Mborman-bago de 66 ans qui se plaint de ne pas être consulté pour les prises de décisions cruciales dans le village et dans la famille. Il n'y voit aucune autre raison que sa pauvreté.
Au cours de l'enquête, des familles nous ont rapporté sept cas de démence sénile avérés ou non. Parfois, l'intervention des familles s'apparente à des refus de soumettre la personne âgée à l'enquête. Cependant, nous avons pu administrer jusqu'à terme des questionnaires à certaines personnes âgées reléguées par entourage pour raison de démence sénile. La famille freine l'accès à ces personnes âgées prenant pour prétexte qu'elles diront des fatras.
C'est la situation de vie d'une vieille Ndjurman-kata de 90 ans qui, à la question de savoir si elle se sentait utile, avait répondu par la négative en justifiant par l'attitude de ses parents qui trouvaient ses raisonnements incohérents. Par la suite, elle nous a confié que la vieillesse est inutile et qu'elle ne veut pas trop vieillir. Elle se dit être `'rassasiée'' de la vie. La pertinence de son intervention est loin d'être celle d'une personne atteinte de démence sénile. En réalité, souvent l'entourage craint que la personne âgée livre des informations sur les éventuels sévices qu'elle aurait vécus. Ce qui peut agir sur l'état de santé.
Tableau 48 (PC) : Impact de l'état de santé des enquêtés sur la mobilité
Etats de santé Motifs de déplacement |
Très bon |
Bon |
Assez bon |
Mauvais |
Total |
|||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Fêtes traditionnelles et religieuses |
22 |
27,8 |
49 |
29,3 |
89 |
27,1 |
21 |
19,6 |
181 |
26,6 |
Funérailles |
23 |
29,1 |
56 |
33,5 |
107 |
32,6 |
23 |
21,5 |
209 |
30,7 |
Visites maternées |
03 |
03,8 |
10 |
06 |
11 |
3,4 |
02 |
1,9 |
26 |
3,8 |
Visites de courtoisie |
07 |
8,9 |
14 |
8,4 |
23 |
07 |
05 |
4,7 |
49 |
7,2 |
Règlement de conflit |
01 |
1,3 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
02 |
1,9 |
04 |
0,6 |
Visites médicales |
06 |
7,6 |
06 |
3,6 |
17 |
5,2 |
12 |
11,2 |
41 |
06 |
Emplettes et courses |
05 |
6,3 |
07 |
4,2 |
07 |
2,1 |
00 |
00 |
19 |
2,8 |
Retrait de pension |
05 |
6,3 |
03 |
1,8 |
02 |
0,6 |
01 |
0,9 |
11 |
1,6 |
Activité politique |
05 |
6,3 |
13 |
7,8 |
10 |
3 |
02 |
1,9 |
30 |
4,4 |
Mariages |
01 |
1,3 |
02 |
1,2 |
02 |
0,6 |
00 |
00 |
05 |
0,7 |
Affaire du village |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
01 |
0,1 |
Pas de sorties |
01 |
1,3 |
07 |
4,2 |
58 |
17,7 |
39 |
36,4 |
105 |
15,4 |
Total |
79 |
100 |
167 |
100 |
328 |
100 |
107 |
100 |
681 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Notre champ social est composé de personnes âgées. Ce qui signifie que la probabilité d'enregistrer une proportion importante de malades est élevée. Nous remarquons dans le tableau ci-dessus que 105 personnes âgées soit 15,4% ne sortent pas hors de leur village. Parmi elles, 36,4% jugent leur santé mauvaise et 17,7% qualifient la leur d'assez bonne. La maladie les empêche de prendre part aux assemblées villageoises et de participer aux activités communautaires. 32,6% et 21,5% des personnes âgées bien qu'ayant un état de santé relativement bon ou mauvais participent aux activités funéraires.
Trois états de santé sont de nature à aliter ou à maintenir à domicile. Ce sont les états d'immobilité, de mal entendant et de mal voyant. Ces états demandent l'appui de l'entourage en termes de guide et de transport. Appui qui n'est pas toujours satisfait. Tout cela peut influencer l'appréciation du grand âge.
Tableau 49 (PC) : Raisons Justificatives de l'appréciation du statut de personne âgée
Acceptation du statut de P.A Motifs de satisfaction du statut de P.A |
Oui |
Non |
Pas de réponse |
Total |
||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Dignité d'êbebu et avantage de l'âge |
162 |
47,1 |
01 |
7,7 |
00 |
00 |
163 |
45,5 |
Grâce d'une vie normale malgré l'âge |
05 |
1,5 |
00 |
00 |
00 |
00 |
05 |
1,4 |
Dépendance et souffrance |
00 |
00 |
09 |
69,2 |
00 |
00 |
09 |
2,5 |
Jouir des fruits de la retraite |
06 |
1,7 |
00 |
00 |
00 |
00 |
06 |
1 ,7 |
Croissance de la famille |
14 |
4,1 |
00 |
00 |
00 |
00 |
14 |
3,9 |
Signe d'harmonie entre l'homme et Dieu |
125 |
36,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
125 |
34,9 |
Effritement du statut de la personne âgée |
00 |
00 |
02 |
15,4 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
Vu la mort des congénères |
23 |
6,7 |
00 |
00 |
00 |
00 |
23 |
6,4 |
Obligation alimentaire |
03 |
0,9 |
00 |
00 |
00 |
00 |
03 |
0,8 |
Mort de progénitures |
00 |
00 |
01 |
7,7 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Recélébration de low |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Etre en fin de vie |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
S'en remettre à Dieu |
01 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Pas de réponse |
04 |
1,2 |
00 |
00 |
00 |
00 |
04 |
1,1 |
Total |
334 |
100 |
13 |
100 |
01 |
100 |
358 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
L'ensemble de ces facteurs suscite au tréfonds de certaines personnes âgées le dégoût et la répugnance du grand âge. Car se parlant à elles-mêmes: pourquoi vivre si l'entourage abandonne la personne âgée, si la personne âgée est infantilisée ? De tels sentiments font qu'en Occident, à cet âge, il y a des cas de suicide dans la population des aînés sociaux. Même si dans le tableau la proportion des personnes âgées qui sont satisfaites de leur statut est supérieure à la proportion des personnes âgées qui rejettent la vieillesse, nous enregistrons que 69,2% et 15,4% des personnes âgées qui répugnent leur état de vieillesse, avancent les raisons de dépendance, de souffrance et d'effritement de leur statut de personne âgée. Les femmes quand à elles sont victimes d'une double marginalisation, celle liée à l'âge et celle liée au genre.
La société Odjukru à l'instar de plusieurs sociétés traditionnelles a une conception d'infériorité du rôle et du statut de la femme bien qu'elle soit de type matrilinéaire. Cette relégation de la femme se perçoit notamment à travers les cérémonies de sacre, d'investiture et des assemblées villageoises.
Les jeunes filles appartiennent au même titre que les jeunes garçons à des générations et classes d'âge. Cependant, on ne célèbre pas leur fête de génération comme leurs congénères hommes. Il nous arrive de parler d'une célébration indirecte c'est-à-dire qu'elles ressentent, vivent et festoient en marge du low de leurs congénères hommes. Toutefois, on trouve un équivalent du low chez la femme, appelé dediakpo.
La femme est un élément de la richesse et de la noblesse de l'homme. Par conséquent, elle se tient aux côtés de son époux pour célébrer son angbandji. C'est l'homme qui se trouve au premier plan de la célébration de l'angbandji et non la femme. Cela est logique d'autant plus que la femme n'a pas droit à la propriété foncière. Or, dans les sociétés traditionnelles, le travail de la terre est l'activité qui crée la richesse et la détention de capital économique. En fait, on pense que la femme a tendance à s'enorgueillir quand elle acquiert la richesse.
Il s'inscrit dans la même logique de marginalisation de la femme que le low. Les femmes ne pouvant pas prétendre à gouverner et diriger ni la famille ni le village, elles ne sont pas directement sacrées et investies êbebu. Ce sont leurs congénères hommes qui reçoivent les insignes du pouvoir et sont soumis à des rituels. Les femmes âgées accompagnent les hommes lors des cérémonies. Une fois que les cérémonies de sacre prennent fin, sur toutes les scènes on ne voit plus que les êbebu. Les femmes âgées retournent à leurs rôles et activités quotidiens. A titre honorifique, on leur décerne le nom d'êbebyow.
Aussi, si nous avons de part et d'autre des hommes et des femmes lêlessel ou lakpikine, le plus souvent c'est le titre des hommes qui est prononcé et mis en relief.
Il faut dire que les femmes ne sont pas concernées par les assemblées villageoises puisqu'elles n'ont pas droit à la parole. Si la femme a des choses à dire, elle doit s'adresser en principe à l'homme le plus âgé de sa génération qui à son tour rapporte l'information à la réunion. Toutefois, elle peut être autorisée, dans des circonstances exceptionnelles, à s'exprimer en public. Dans ce cas, elle s'assoit à même le sol, les pieds joints et tendus.
Lors de la tenue des assemblées, des bâches sont dressées pour chaque génération ou des chaises sont placées en respectant le droit d'aînesse des générations. On prend soin de ne pas confondre les générations les unes avec les autres. Ce protocole n'est pas observé au niveau des femmes. D'ailleurs, leur présence est facultative puisqu'elles n'ont pas droit à la parole en public. Or, réunis pour les cérémonies festives (angbandji, êbeb), les participants, les visiteurs ou les récipiendaires font des dons en numéraire et en nature (boissons) aux personnes âgées. Cependant, lorsqu'il y a une présence féminine, il n'y pas de distinctions entre les femmes. En revanche, s'il y a une rencontre spécifique aux femmes, elles s'asseyent par génération.
La doyenneté des femmes âgées n'est pas reconnue avec faste, elle est discrète. On distingue vite la doyenneté de l'homme alors que celle de la femme donne un peu à réfléchir. Par exemple, à Débrimou, notre informateur a indiqué rapidement le doyen d'âge du village. Mais lorsque nous avons demandé qui est la doyenne, il a hésité entre deux femmes âgées. En effet, la présence distinguée des êbebu et post-êbebu aux cérémonies leur confère une notoriété alors que les femmes comme nous l'avons dit sont absentes. En outre, on reconnaît au doyen d'âge homme un pouvoir spirituel. C'est pourquoi, lors des événements ou en cas de besoin on recourt à ses prières d'intercession. A la doyenne d'âge femme on ne reconnaît aucun pouvoir.
Comme nous le voyons, la femme n'a pas de gloire en elle-même, elle tire sa gloire de celle de l'homme (homme-classe d'âge, homme-époux, homme-chef de famille, homme-êbebu). Néanmoins, aujourd'hui, les familles ne font pas d'obstacle à la scolarisation des petites filles. Là où la question ne se pose pas c'est leur droit direct au low, à l'angbandji et à l'êbeb. Ici, l'intelligence sociale des Odjukru a relégué les femmes tout en leur trouvant soit des institutions équivalentes (low et dédiakpo) soit en les associant aux institutions qui existent (angbandji, êbeb).
A l'instar de la femme et de l'enfant214(*), les personnes âgées au nom de leur fragilité, de leur situation de dépendance subissent souvent des violences, leurs bourreaux étant conscients de leurs actes ou non. Trop souvent, l'entourage n'a eu le sentiment d'avoir été violent envers la personne âgée que lorsqu'il a porté atteinte à son intégrité physique. Pourtant, à travers certains faits et gestes les plus bénins, il blesse et choque la conscience des aînés sociaux qui par peur de représailles n'osent pas protester ou dénoncer. Au cours de notre étude, dans les quatre villages de notre champ social, nous avons pu enregistrer directement ou sur la base de témoignages recueillis quatre formes de maltraitance. Pour des raisons de discrétion et pour préserver les individus et le village et même nous éviter des incidents, nous décrirons les faits de sorte à montrer comment et pourquoi des personnes âgées subissent des sévices. Si l'obligation de réserve autorise à taire leur identité, les faits seront relatés avec indication de l'âge et la génération.
Les violences psychologiques ont trait à tout acte tendant à porter atteinte à la dignité de la personne âgée et qui est susceptible de constituer une entrave à son équilibre psycho-affectif. Ainsi, dans les paragraphes qui suivent nous exposons les différentes tendances de violence psychologiques auxquelles les enquêtés ont été confrontés. Il s'agit des violences pour motif de sorcellerie et des restrictions de visite et rétention d'information.
· Violences pour motif de sorcellerie
Nous avons enregistré quatre témoignages directs de femmes âgées ayant en moyenne un âge de 76 ans et toutes accusées de sorcellerie mais traitées différemment.
Une veuve de 87 ans sans enfant, membre de la classe d'âge des Mbédié-kata, a passé quatre mois en prison au motif qu'elle est sorcière. Généralement, l'emprisonnement se fait en dehors de procès judiciaire. Les accusateurs usent de leur influence auprès de la gendarmerie pour les maintenir dans les geôles.
Une autre veuve de 78 ans, de la classe d'âge des Mbédié-bago est accusée de sorcellerie. Trois de ses six enfants sont décédés. Ainsi face à ses calomniateurs, compte-elle les contredire par sa longévité et sa décence de vie.
Une veuve de 75 ans, de la classe d'âge des Mbédié-kata, mère de six enfants est accusée par les enfants de son défunt frère (neveux), de sorcières. Quotidiennement, elle dit être injuriée par ces derniers. Pour les enfants, elle serait à l'origine de la mort de leur père. En effet, les règles du matriarcat confèrent aux enfants de la vieille dame le droit d'hériter des biens de l'oncle. Du coup, elle peut en jouir du fait des rapports qui la lient à son fils. La vieille dame aurait donc compromis leur avenir au profit de la réussite des siens.
En outre, une Mborman-kata de 67 ans, malade depuis 6 ans, divorcée et mère de deux enfants est la risée de sa famille et de ses enfants qui la traitent de sorcière. Elle aimerait vivre dans un hospice. Elle nous a reçus en cachette hors du domicile familial. Cette femme vit une situation particulièrement difficile du fait d'un double acharnement. D'abord les persécutions de ses propres enfants et celles de sa famille.
Nous constatons aussi dans les quatre cas que toutes les femmes accusées sont veuves. Avec un tel statut, elles n'ont en principe que deux potentiels soutiens. Le soutien des enfants et celui de la famille. Ce sont d'ailleurs ces soutiens qui entretiennent avec elles des rapports conflictuels. Après les violences pour cause de sorcellerie, nous avons les restrictions de visite et rétention d'information.
· Restrictions de visite et rétentions d'information
Les personnes âgées comme tous les hommes ont droit à une vie normale. Elles doivent être tenues informées de ce qui se passe dans le village ou dans la famille et être libre d'entrer en relation avec qui elles veulent. Ces droits à une vie normale, sous le prétexte des effets de l'âge leur ont parfois été refusés.
Comme témoignage, nous avons celui d'une femme âgée de 90 ans de la classe d'âge des Ndjurman-kata, veuve et mère de deux enfants. Elle est de surcroît la doyenne de son village. Elle ne se sent pas utile à la société parce que sa famille pense qu'elle n'est pas cohérente dans ses propos. Pourtant, durant l'administration du questionnaire, elle a répondu à toutes les questions avec lucidité. En d'autres termes, elle ne se reconnaît pas en état de démence sénile. Elle vit de fait un enfermement, une privation de liberté contre laquelle sous le couvert de la dépendance, elle ne peut lutter. Elle est contrainte de coopérer pour garantir son pain quotidien et les éventuels soins de santé.
Dans le même cas, nous avons une femme âgée de 72 ans, divorcée et membre de la classe d'âge des Mborman-odjogba qui dénonce l'attitude de rejet des personnes âgées pour cause d'insalubrité et de mauvaise hygiène. Selon elle, il y a des individus qui refusent l'usage commun de certains objets avec les personnes âgées prétextant qu'elles manquent de soin. C'est un comportement que les personnes âgées trouvent vexatoire car les vomissements et les défécations ne les ont pas détournées de leur rôle de procréation.
Les violences psychologiques faites aux aînés sociaux ont concerné les restrictions de visite et d'information et les accusations de sorcellerie. Cependant, elles peuvent prendre la forme d'atteinte à l'intégrité physique.
Les violences physiques sont entendues comme étant des actes qui causent des douleurs ou des blessures corporelles aux personnes âgées. Les raisons ayant entraîné ce type de violences sont d'un ordre principal, la sorcellerie. Ici, sur quatre témoignages, nous avons un qui est relaté par la victime, deux qui sont relatés par les auteurs de sévices et un témoignage indirect.
· Accusation de sorcellerie
Le témoignage direct de la victime est dit par un vieil homme de 82 ans, de la classe d'âge des Mbédié-odjogba, père de 10 enfants et veuf, il se déplace en prenant appui sur une canne. Il a perdu tous ses cheveux et tous ses congénères les plus proches (amis) sont morts. Malheureusement, accusé de sorcier, sa famille l'a humilié en le mettant dans une fosse. Il vit aujourd'hui sans lien avec sa famille. Certainement, ce sont ces rapports conflictuels avec sa famille qui le conduisent à concevoir la longévité comme une punition.
Les mêmes causes et les mêmes types de sanctions ont été retrouvés dans un autre village. Nous apprenons les faits au cours d'un focus group qui a rassemblé trois jeunes d'une même génération. Ils ont fièrement affirmé que dans les années 1987-1988, de vieilles femmes accusées de pratique de sorcellerie ont été mises dans un trou à l'effet de leur arracher des aveux. Mettre une personne dans une fosse et la menacer de refermer le sable sur elle, si elle ne dit pas la vérité qui n'est autre chose que ce qu'on veut entendre, est une grande peur et un trouble qu'on installe dans l'esprit des accusées. Car c'est connaître une mort douloureuse que d'être enterré vivant. Ainsi, sous l'effet d'une telle pression, on choisit parfois de dire des contrevérités pour sauver sa vie.
Nous avons recueilli aussi le témoignage d'un colonel à la retraite, membre de la classe d'âge des Mborman-kata, 65 ans et père de 9 enfants. Il a dit avoir lui-même battu ses grands-parents à l'aide d'une matraque pour motif de sorcellerie.
Il a aussi ajouté que quelques mois avant notre étude, il a fait emprisonner d'autres personnes âgées pour les mêmes raisons. Il aurait utilisé sa position sociale de militaire pour régler ses comptes avec ses parents qu'il taxe de sorciers. Par cette manière de procéder, il croit pouvoir se protéger lui-même des sorciers. Car il vit une aisance financière avec une construction moderne et un revenu mensuel d'au moins 900 000 FCFA.
Enfin, nous avons un jeune d'une trentaine d'années, de la génération des Ndjurman qui nous a révélé sans aucune pudeur qu'il ôte le pagne de sa grand-mère contre son gré pour la contraindre à aller prendre son bain. Parfois, il la menace de la priver de nourriture en cas de refus. Cette démarche est celle que toute la famille emploie pour les soins corporels de la vieille dame. Or, tout être humain quelque soit son âge a droit à la dignité. Cette dignité commence par la protection et le respect de ce qu'on peut appeler l'intimité de l'homme. Ce traitement peut également être rangé parmi les violences économiques.
Cette forme de violence est encore appelée l'exploitation financière. Elle consiste à utiliser les biens d'une personne âgée à son insu ou par la manipulation. Il peut s'avérer que dans les cas de prise en charge, les personnes qui s'occupent des personnes âgées retiennent l'argent ou l'utilisent à d'autres fins. A titre d'illustration, nous fournissons sept cas de violences économiques recueillies auprès de sept personnes âgées d'âge moyen de 73 ans:
Le premier cas concerne le vol par des jeunes du village des noix de cocos d'une vieille de 86 ans, de la classe d'âge des Ndjurman-boman, veuve et mère de deux enfants. Couchée ou assise à l'intérieur de sa maison, elle entend les fruits de son cocotier tomber sans qu'elle puisse s'opposer ou interpeller ses malfaiteurs eu égard à son état physique. Ainsi, les agissements des jeunes du village font qu'ils n'ont pas bonne presse auprès d'elle. Pour elle, la jeunesse s'assimile au vol, à la délinquance et à l'irrespect.
Cette autre femme âgée de 79 ans, mariée et mère de 6 enfants se plaint de ce que les jeunes du village lui ont dérobé tout son argent. Aujourd'hui, elle est très pauvre. En effet, il s'agit des jeunes de son milieu qui, très renseignés sur ses ressources financières, profitent de sa faiblesse physique et de son inattention pour s'introduire dans sa chambre et la dévaliser.
Un homme âgé de 63 ans de la classe d'âge des Mborman-kata, polygame et père de 17 enfants est propriétaire d'une plantation d'hévéa. Son lot quotidien est le vol de ses récoltes. Ce qui constitue le noeud de ses conflits avec des jeunes de son village. Dans la région, l'hévéaculture est rentable eu égard à la qualité du sol, la pluviométrie et au prix d'achat qui peut aller jusqu'à 600 FCFA le kilogramme.
C'est la même amertume pour cette femme âgée de 70 ans membre de la classe d'âge des Mborman-bago. Elle fait l'élevage domestique de volaille. Chaque fois que ses poulets atteignent leur croissance, elle constate qu'ils disparaissent du poulailler. Après investigation, elle s'est rendue compte que ses poulets lui sont dérobés par des jeunes de son village. Elle est contrariée dans son désir de voir autour d'elle des animaux dont l'entretien la sort de l'oisiveté.
· Ici, il s'agit du principal tambourineur d'un village. Il a 73 ans et est père de douze enfants dont six sont décédés. Il a réparti sa plantation entre ses enfants pour éviter des rixes de succession. Cependant, il se plaint du fait que ses enfants ne partagent pas avec lui les produits de rente. Ce qui le met dans un état de nécessité car sa fonction de tambourineur lui fait bénéficier de dons lors des cérémonies. Mais les dons sont modiques.
· 67 ans, membre de la classe d'âge des Mborman-kata, il est marié et père de 15 enfants. Il est propriétaire d'une maison à Abidjan. Mais il est en conflit avec ses enfants qui confisquent son loyer. Il se dit être injustement exproprié. Or, il souffre d'un mal cardiaque depuis 6 ans. Mal qui l'aurait conduit à s'installer au village et à déléguer à ses enfants la charge d'encaisser le loyer. Le revers de la médaille est qu'ils se sont arrogés le droit de propriété. Ils se partagent les revenus et ignorent les besoins en santé de leur père. En responsabilisant ses enfants, il pense aussi pouvoir recevoir d'eux des obligations alimentaires.
· Cet homme âgé de 76 ans, fonctionnaire à la retraite, est mal voyant (cataracte). Il est marié et père de 10 enfants. Il est méfiant vis-à-vis de tout le monde parce qu'il a été plusieurs fois victime de vol à domicile de sa pension de retraite qui s'élève à 272 000 FCFA. Or, c'est grâce à cette ressource qu'il suit des soins en diabétologie.
Les violences économiques dans les cas relatés ont été commises soit par des jeunes de l'entourage des personnes âgées soit par leurs propres enfants. Elles ont porté sur les vols de produits agricoles, des cas de retentions d'argent ou de vol d'argent à domicile. Ces violences pourraient être favorisées par la négligence ou l'abandon des personnes âgées.
La négligence s'observe dans des situations où les proches refusent d'apporter leur soutien à une personne âgée dépendante ou en situation d'assistance. Ils feignent de ne pas voir les difficultés de la personne âgée quand il ne trouve pas de raisons tendant à justifier ses besoins par l'âge.
· C'est la situation de vie d'une femme âgée de 77 ans, de la classe d'âge des Mbédié-boman, veuve et mère de six enfants. Ses enfants et petits-fils vivent en ville. Elle vit seule dans une maison d'une pièce alors qu'elle se déplace par reptation. Elle reçoit son repas d'une autre famille qui vit à une distance considérable d'elle. Elle souffre de cette vie solitaire et souhaite avoir une personne à ses côtés pour lui prêter main forte. Elle rejette l'état de vieillesse qu'elle dit être une punition. Elle traduit son mal en ces termes: « Je suis immobile et donc si je mange à satiété, j'aurai des besoins hygiénique (uriner, aller à la selle). Pour éviter donc la satisfaction de mes besoins hygiéniques, j'évite de trop manger car je dors seule dans ma chambre. ». Il y a là le choix d'une sous alimentation par peur de laisser s'installer une incontinence.
· Une femme de 79 ans, membre de la classe d'âge des Mbédié-odjogba est veuve et mère de deux enfants. Elle souffre du diabète et de l'hypertension. Bien que vivant dans un ménage avec dix membres de sa famille, elle n'a personne pour l'aider à faire le ménage. Ce cas est similaire à celui que vit une autre femme âgée de 73 ans, membre de la classe d'âge des Abrahman-kata, veuve et sans enfant. En fait, elle a perdu tous ses enfants et elle vit présentement avec ses petits-fils qui ne l'aident pas. En plus du ménage, elle vend du couscous de manioc pour subvenir aux besoins de la famille. Les deux femmes s'exposent inconsciemment aux effets nocifs du gaz carbonique qui se dégage de la fumée du bois de chauffe.
· Une femme âgée de 72 ans, de la classe d'âge des Mborman-bago, mère de cinq enfants, souffre d'une maladie pulmonaire qui nécessite une intervention chirurgicale. Mais par manque de moyens financiers, elle vit avec son mal. Elle attend en vain une éventuelle aide de sa famille et du village. Ses enfants sont pour le moment sans emploi.
Dans les cas de négligence ou d'abandon, les personnes âgées vivent dans les familles et entretiennent avec ses membres des rapports. C'est l'assistance aux vulnérables qui est faible. Mais, il y a à côté des situations de rupture de lien avec la famille.
La rupture de lien familial naît souvent à la suite de conflit entre la personne âgée et ses parents ou enfants. Ils vivent donc les uns à côté des autres sans s'acquitter de leurs devoirs moraux d'assistance mutuellement et de solidarité. Plusieurs raisons à l'intérieur des familles expliquent les causes des rapports antagonistes entre les membres des familles. C'est ce que nous voyons à travers les différents témoignages qui suivent.
· C'est le cas pour une femme âgée de 69 ans, veuve et grabataire, elle est abandonnée par ses trois enfants et sa famille pour motif d'acte de sorcellerie. Bien qu'elle souffre de douleurs lombaires et de douleurs aux genoux depuis plus de 15 ans, elle vit seule. Cependant, elle reçoit discrètement de l'aide venant de l'une de ses nièces. Pour ses accusateurs, elle paye par la maladie ses actes de méchanceté. C'est Dieu qui la punit en la rendant grabataire. Selon elle, sa souffrance s'accentue parce qu'elle n'a ni parent ni enfant pour s'occuper d'elle.
· Une autre femme âgée de 89 ans, membre de la classe d'âge des Abrahman-kata, veuve et mère de quatre enfants, est délaissée pas sa fille aînée. A son âge, elle va au champ à la recherche de bois de chauffe pour faire la cuisine. Cette corvée la rend favorable à la vie dans un hospice.
· A 75 ans, un homme âgé de la classe d'âge des Mborman-odjogba, père de quatre enfants, vit seul sous le regard indifférent de son neveu qui le traite de sorcier. Nous lui avons fait un don de 400 FCFA à sa demande car il nous a dit qu'il avait faim. Habituellement, il se nourrit grâce à la générosité d'autres villageois.
· Une femme âgée de 80 ans, membre de la classe d'âge des Mbédié-bago, est veuve et sans enfant. En plus de cela, elle est non voyante. Pour cause d'indigence économique, elle se contente d'un repas journalier. Pour elle, la vieillesse est une punition et le statut de personne âgée n'est pas un avantage.
· Une femme de 66 ans, mariée et membre de la classe d'âge des Mborman-boman, a eu 9 enfants dont les quatre aînés sont décédés. Elle souffre depuis 5 ans de maladie neurologique, de troubles visuels et de maladie cardiaque. Mais pour des raisons d'indigence économique, elle est sans soin. Elle a le sentiment que ses parents ne lui rendent pas visites pour éviter de partager sa misère et être contraints moralement de participer aux soins.
En outre, à côté de ce regard panoramique des maltraitances, nous avons eu des cas d'abandon de personnes âgées lesquelles ont préféré taire les raisons de leur isolement. Au total, nous avons recensé 35 cas de maltraitance avérés sur une population totale de 332 enquêtés soit un taux d'âgisme de 10,54%. Ce qui est hautement significatif et préoccupant pour une société reconnue pour sa gérontophilie où, à l'intérieur des classes d'âge et des familles, les membres en principe, sont appelés à la solidarité. Cette proportion de maltraitance est triplée lorsque nous interrogeons nos enquêtés aux fins de savoir s'ils connaissent des personnes âgées isolées dans leurs villages respectifs.
Tableau 50 : Existence de personnes âgées en situation d'isolement social
Existence de P.A Motifs d'isolement |
Oui |
Non |
Ne sait pas |
Total |
|||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
||
Non réponse |
00 |
00 |
222 |
63,2 |
07 |
02 |
229 |
65,2 |
|
Refus d'ingérence |
09 |
2,6 |
00 |
00 |
00 |
00 |
09 |
02 ,6 |
|
Pauvreté de la P.A |
27 |
7,7 |
00 |
00 |
00 |
00 |
27 |
07,7 |
|
Acariâtre |
24 |
6,8 |
00 |
00 |
00 |
00 |
24 |
06,8 |
|
Rupture de lien filial |
03 |
0,9 |
00 |
00 |
00 |
00 |
03 |
00,9 |
|
Rupture de lien social |
08 |
2,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
08 |
02,3 |
|
Accusé de sorcellerie |
32 |
9,1 |
00 |
00 |
00 |
00 |
32 |
09,1 |
|
Conflit de génération |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
00,3 |
|
Morts de membre de famille |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
00,3 |
|
Infortunes des enfants |
02 |
0,6 |
00 |
00 |
00 |
00 |
02 |
00,6 |
|
Pas de descendance |
07 |
02 |
00 |
00 |
00 |
00 |
07 |
02 |
|
Ignore les raisons |
08 |
2,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
08 |
02,3 |
|
Total |
122 |
34,8 |
222 |
63,2 |
07 |
02 |
351 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
L'isolement social est considéré comme une rupture de lien avec son réseau social. C'est un facteur limitant de la participation à la vie familiale et communautaire. Il peut y avoir le non accès à l'information, aux biens et le gel d'activités.
Nous constatons à travers le tableau que 34,8% des enquêtés disent connaître des personnes âgées de leur milieu qui sont maltraitées ou isolées contre 63,2% qui ont répondu ne pas en connaître. 2% refusent de répondre à la question en prétextant ne pas savoir. En fait les enquêtés ont deux soucis: préserver l'image de leur société et affirmer le primat de la personne âgée. Dire qu'on connaît des personnes âgées maltraitées peut être considéré comme une ingérence dans les affaires familiales ou une dénonciation calomnieuse. A preuve, 7,4% de celles qui ont répondu oui refusent de donner les raisons de l'isolement. Elles ne veulent pas s'immiscer dans les problèmes familiaux. 6,6% savent qu'il y a des personnes âgées isolées mais elles en ignorent les raisons. Aussi, le tableau confirme-il les raisons de la marginalisation de certaines personnes âgées. Il donne les proportions des cinq principales causes de cet isolement des personnes âgées. Ce sont: les accusations de pratique de sorcellerie 26,2%, l'indigence économique 22,1%, les caractères acariâtres 19,7%, les ruptures de lien social 9% et le manque de descendances 5,7%.
Avec le regard dialectique, nous venons de nous apercevoir que les personnes âgées dans la société Odjukru sont partagées entre gérontophilie et gérontophobie (âgisme). Les différentes formes de violences et les tableaux qui les illustrent ont été établis à partir de témoignages vécus directement par les victimes ou révélés par l'entourage. C'est pourquoi, nous avons examiné de près la qualité de vie des enquêtés à travers des aspects extérieurs.
Tableau 51 (PL) : Appréciation sur la prestance des personnes âgées enquêtées
Sexes Aspects physiques |
Masculin |
Féminin |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Allure soignée |
104 |
40,5 |
153 |
59,5 |
257 |
100 |
Allure négligée |
34 |
45,3 |
41 |
54,7 |
75 |
100 |
Total |
138 |
41,6 |
194 |
58,4 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Nous avons observé lors de l'enquête l'apparence et la tenue des personnes âgées rencontrées. Nous avons différencié les tenues ordinaires des tenues de travaux champêtres. Nous avons noté que 77,4% d'entre elles contre 22,6% présentent un aspect physique soigné, c'est-à-dire revêtues de vêtements propres et décents. Dans la sous population des hommes âgés et des femmes âgées qui ont une image soignée nous avons respectivement 40,5% et 59, 5%. En revanche nous avons 45,3% des hommes âgés contre 54,7% des femmes âgées qui ont une image négligée. La négligence signifie que les habits sont délabrés et qu'il y a un manque d'hygiène corporelle. La faible proportion des hommes âgés aux tenues négligées relativement à celles des femmes âgées peut s'expliquer par le fait que les premiers sont très souvent partis pour des réunions du village et des cérémonies. Or, à ces rencontres, les hommes sont habillés en pagne à la couture traditionnelle pendant que les femmes s'occupent du ménage. L'aspect physique des êbebu à toutes les rencontres doit être soigné. Et l'un des éléments de valorisation de son statut est le port de vêtements décents. Généralement, il y a deux éléments qui écornent l'image des hommes âgés, ce sont l'état d'ébriété et la maladie.
Dans l'intervalle d'âge [60 à 75 ans]215(*), intervalle d'âge dans lequel on rencontre plus d'êbebu, il y a une très forte proportion d'hommes à l'aspect physique soigné soit 85,5% contre 14,5%. En revanche, dans l'intervalle d'âge 76 à 99 ans, où il y a plus de personnes âgées ayant dépassé le stade d'êbebu, nous remarquons que 69% des individus ont un air soigné contre 31%. Il peut s'établir que plus on avance en âge, moins il y a des personnes âgées qui s'occupent de l'entretien corporel. En effet, à partir de la catégorie des lêlessel, les personnes âgées sont à la retraite; elles sont de ce fait moins présentes sur la scène politique.
Tableau 52 (PL) : Appréciation du cadre de vie en rapport avec la prestance des personnes âgées
Qualité du cadre de vie Prestances |
Non réponse |
Propre |
Insalubre |
Total |
||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Allure soignée |
00 |
00 |
247 |
96,1 |
10 |
3,9 |
257 |
100 |
Allure négligée |
01 |
1,3 |
44 |
58,7 |
30 |
40 |
75 |
100 |
Total |
01 |
0,3 |
291 |
87,7 |
40 |
12 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Ce manque d'attention se confirme lorsque nous corrélons la qualité du cadre de vie à l'aspect physique. Nous constatons que 40% parmi les personnes âgées qui se négligent vivent également dans un cadre insalubre. En revanche, 96,1% des personnes âgées qui accordent de l'importance à leur soin corporel vivent dans un environnement salubre. L'environnement insalubre laisse voir à proximité des habitations des dépôts d'ordure, à l'intérieur de la cour des restes de tubercules épluchées et des objets hors usages non rangés à divers endroits.
Tableau 53 : Répartition des propriétaires immobiliers en fonction du sexe
Propriétaires immobiliers Sexes |
Oui |
Non |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Masculin |
116 |
34,9 |
22 |
6,6 |
138 |
41,6 |
Féminin |
134 |
40,4 |
60 |
18,1 |
194 |
58,4 |
Total |
250 |
75,3 |
82 |
24,7 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
L'enquête, il faut le rappeler, s'est déroulée en milieu rural. Dans cet espace, les propriétés foncières ou immobilières sont des biens familiaux. Elles ne sont pas destinées à la commercialisation. Les biens peuvent être directement pour soi ou appartenir à un membre de la famille ou encore à la famille.
Nous constatons que 75,3% des personnes âgées sont propriétaires ou co-propriétaires de leur maison contre 24,7%. 34,9% des hommes âgés sont propriétaires contre 6,6% et 40,4% des femmes âgées sont propriétaires ou co-propriétaires contre 18,10%. En réalité, les femmes sont plus co-propriétaires que propriétaires. En effet, les femmes déclarent que les maisons leur appartiennent généralement quand elles sont à leur époux ou à leurs enfants. Les personnes âgées qui vivent dans les maisons dont elles ne sont pas propriétaires résident dans des maisons appartenant à leurs parents notamment leurs pères ou frères.
Tableau 54 (PL) : Répartition par type de construction selon les villages
Types de construction Lieux de résidence |
Non réponse |
Case |
Maison en bois |
Maison en dur |
Total |
|||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Armébé |
00 |
00 |
02 |
7,4 |
06 |
22,2 |
19 |
70,4 |
27 |
100 |
Bonn |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
20 |
100 |
20 |
100 |
Bouboury |
00 |
00 |
02 |
2,7 |
02 |
2,7 |
69 |
94,5 |
73 |
100 |
Débrimou |
01 |
0,5 |
18 |
8,5 |
25 |
11,8 |
168 |
79,2 |
212 |
100 |
Total |
01 |
0,5 |
22 |
6,6 |
33 |
9,9 |
276 |
83,1 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Nous rencontrons dans les quatre villages trois types de construction au plan architectural. Les maisons en dur sont prédominantes soit 83,1% et il y a respectivement 9,9% et 6,6% de maisons en bois et en cases. Il faut aussi noter que parfois, il y a des maisons que l'on peut considérer comme étant en dur alors que ce sont des maisons bâties avec de la terre et recouvertes de ciment (maison en terre).
A Bonn et à Bouboury, nous avons dans l'ordre 100% et 94,5% des personnes âgées qui vivent dans des maisons en dur. A Débrimou et à Armébé, nous avons des proportions de 79,2% et 70,4 de maisons en dur. La forte proportion de maisons en dur est liée à l'émulation à l'intérieur des villages. On excite à abandonner les constructions en case au profit des maisons en dur. Il y a aussi la célébration des fêtes d'Angbandji et d'êbeb qui commande la mise en état des maisons pour présenter aux convives une bonne image de soi et de son village.
8.4.3-Qualité de l'eau consommée et type d'éclairage domestique
Tableau 55 (PL) : Croisement de la qualité d'eau consommée et du type d'éclairage
Qualité d'eau consommée Types d'éclairage domestique |
Non réponse |
Puits |
Eau courante |
Total |
||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Non réponse |
01 |
100 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
100 |
Electricité |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
322 |
99,4 |
324 |
100 |
Lampe à pétrole |
00 |
00 |
00 |
00 |
07 |
100 |
07 |
100 |
Total |
01 |
0,3 |
02 |
0,6 |
329 |
99,1 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Dans les milieux ruraux, il se pose souvent le problème de l'accès aux infrastructures sociales de base telles que l'eau et l'électricité. L'avantage du champ social d'étude est de ne pas les avoir comme éléments de précarité.
Nous constatons à travers le tableau que 99,4% des enquêtés bénéficient dans leur ménage à la fois d'eau courante et d'électricité. Deux ménages de personnes âgées soit 0,6% ont de l'électricité mais consomment l'eau de puits. 100% des personnes âgées qui utilisent les lampes à pétroles consomment de l'eau courante. Quatre facteurs nous conduisent à lier l'absence d'eau courante et d'électricité à l'indigence économique. En effet, nous avons remarqué qu'il y a plus de femmes âgées, plus de veuves, plus de personnes âgées qui vivent de dons et de personnes âgées en mauvaise santé. La consommation d'eau courante est un avantage pour les personnes âgées en ce sens que les sols sont pollués à cause de l'apport très important d'engrais aux hévéacultures et aux palmeraies. Aussi, les fournitures en eau courante et en électricité favorisent-elles le retour des personnes âgées retraitées dans leur village natal.
Nous avons identifié trois types d'activités pouvant servir à la récréation des personnes âgées. Le premier a concerné les éléments qui demandent l'effort intellectuel. Le deuxième a renfermé un certain nombre de jeux (ludo, awalé, pétanque...) et le troisième a trait à la promenade.
· Radio
Tableau 56 : Radio comme élément de loisir
Source : enquête personnelle, 2010.
On estime que le niveau d'instruction peut avoir été un facteur déterminant dans le choix des types de loisir.
Nous avons constaté que dans la strate des analphabètes, 25,3% d'hommes âgés et 25,7% de femmes âgées contre 5,7% et 43,4% respectivement d'hommes âgés et de femmes âgées sont auditeurs d'émissions radiophoniques. Dans la strate des individus de niveau d'études primaires, il y a 68,4% d'hommes âgés et 7,9% de femmes âgées qui écoutent la radio contre 7,9% d'hommes et 15,8% de femmes.
Au niveau du secondaire et du supérieur, nous avons dans l'ordre 87% et 83,3% d'hommes âgés contre 8,7% qui ne suivent pas les émissions radiophoniques. Nous remarquons à chaque niveau que la proportion des hommes âgés auditeurs de radio est plus élevée que celle des femmes et que la proportion d'auditeurs augmente d'un niveau d'études inférieures à un niveau d'études supérieures. La proportion relativement élevée des auditeurs de la radio s'explique par le fait que sur la radio de proximité locale, il y a des émissions produites en langue Odjukru et des émissions qui promeuvent la culture du milieu.
· Télévision
Tableau 57 : Télévision comme moyen de récréation
Source : enquête personnelle, 2010.
Dans la même logique, nous constatons que 44,2% des personnes âgées analphabètes contre 55,8% sont des téléspectateurs. Nous avons dans les détails 20,4% d'hommes âgés contre 10,6% qui suivent les émissions de la télévision. En revanche, chez les femmes âgées, nous avons 23,8% contre 45,3% qui sont des téléspectatrices. Nous observons la même différence de proportion de téléspectateurs à chaque niveau d'études. Toutefois, nous notons une relative supériorité en termes de proportion d'auditeurs de radio sur les téléspectateurs. Cette supériorité du recours à la radio au détriment de la télévision plus attrayante (image animée) peut s'expliquer par l'accessibilité financière qui sous-entend deux choses: le coût élevé de l'appareil-télévision relativement à la radio et la consommation plus importante d'énergie par la télévision et l'usage facile de la radio. Aussi, y a-t-il le fait que nous avons un nombre élevé de sujets âgés qui se plaignent de troubles de la vue.
· Promenade
Tableau 58 (PL) : Promenade comme moyen de récréation
Promenade Sexes |
Oui |
Non |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Masculin |
126 |
91,3 |
12 |
8,7 |
138 |
100 |
Féminin |
145 |
74,7 |
49 |
25,3 |
194 |
100 |
Total |
271 |
81,6 |
61 |
18,4 |
332 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
La promenade constitue le principal loisir parmi les trois. Elle concerne 81,6% des personnes âgées interrogées contre 18,4%. Il s'agit pour les personnes âgées de se rendre des visites de courtoisie. Nous constatons parmi les hommes âgés que la proportion de ceux qui se détendent par la promenade est supérieure à celle des femmes âgées soit 91,3% contre 74,7%. Les personnes âgées qui ne vont pas en promenade sont de façon générale celles qui ont des difficultés de santé ou qui se sentent marginalisées. La promenade comme moyen de distraction est pour les personnes âgées ce que sont les voyages ou les excursions pour des personnes âgées dans les pays occidentaux. Parfois, des personnes âgées bien qu'elles soient malades, font des efforts pour rendre visite à leurs congénères.
En résumé, on constate que si le loisir est présent, il y a une proportion non moins négligeable de personnes âgées qui ne s'offrent pas de récréation dans les jeux que nous avons sélectionnés. En France216(*) par exemple, il y a des caisses de retraite qui facilitent l'accès des personnes âgées aux activités socio-culturelles et aux vacances à travers l'octroi de chèques vacances. Car les loisirs sont des moyens d'épanouissement de l'individu et de raffermissement des liens sociaux. En pays Odjukru, de nombreuses occasions créent des espaces de réjouissance (low, angbandji, dediakpo et wawrouoka).
Nous avons interrogé les personnes âgées sur la manière dont elles entrevoient leur avenir. Nous avons remarqué que 88,8% parmi elles éprouvent des inquiétudes de fin de vie contre 11% qui sont satisfaites de leur parcours de vie et qui se réjouissent de la réussite de leurs enfants ou qui attendent sans angoisse la mort. 33,7% des personnes âgées pessimistes (inquiétude de fin de vie) pour l'avenir fondent leurs inquiétudes sur les violences dont elles sont victimes, la mort des parents ou enfants qui devaient leur assurer une sépulture et les conditions dans lesquelles leurs funérailles pourraient se dérouler. 28,5% au sein de cette même sous population se soucient de la réussite de leurs enfants (scolarisation, travail, santé, mariage, protection contre les sortilèges), car elles ne sont pas rassurées, eu égard aux conflits internes dans les familles, que leurs enfants bénéficieront de l'aide de substituts parentaux. 09,6% de personnes âgées sont déprimées à cause de leur mauvais état de santé et de leurs conditions de vie précaires.
Dans la tradition Odjukru, la mort heureuse est celle qui survient au grand âge, qui réunit les membres de la famille (absence de conflit) et qui consolide la cohésion familiale préalable à des obsèques honorifiques. Ici, la mort n'est pas vécue comme une fin mais un passage du monde des vivants à celui des ancêtres. Il faut donc éviter l'humiliation à l'âme qui s'en va pour qu'elle repose en paix. Cette mort heureuse a pour signe annonciateur le sentiment de paix intérieur qu'éprouvent les individus. C'est le cas de 6,6% des enquêtés.
Tableau 59 (PC) : Ambition de vie des personnes âgées en fonction des générations
Générations Ambitions |
Mborman |
Mbédié |
Abrahman |
Ndjurman |
Total |
|||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Pas d'ambition |
95 |
51,4 |
67 |
55,8 |
18 |
50 |
03 |
75 |
183 |
53 |
Réussite des enfants |
14 |
7,6 |
11 |
9,2 |
06 |
16,7 |
00 |
00 |
31 |
09 |
Développement d'activité lucrative |
19 |
10,3 |
10 |
8,3 |
01 |
2,8 |
00 |
00 |
30 |
8,7 |
Possession de richesse matérielle |
14 |
7,6 |
04 |
3,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
18 |
5,2 |
Réalisation de besoins fondamentaux |
32 |
17,3 |
11 |
9,2 |
04 |
11,1 |
00 |
00 |
47 |
13,6 |
Harmonie sociale |
02 |
1,1 |
03 |
2,5 |
01 |
2,8 |
00 |
00 |
06 |
1,7 |
Legs de biens à la descendance |
02 |
1,1 |
02 |
1,7 |
00 |
00 |
00 |
00 |
04 |
1,2 |
Santé et longévité |
04 |
2,2 |
00 |
00 |
03 |
8,3 |
00 |
00 |
07 |
02 |
Prière |
01 |
0,5 |
03 |
2,5 |
01 |
2,8 |
00 |
00 |
05 |
1,4 |
Remariage |
01 |
0,5 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Création d'entreprise |
01 |
0,5 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Célébration de fête traditionnelle |
00 |
00 |
02 |
1,7 |
00 |
00 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
Funérailles honorifiques |
00 |
00 |
03 |
2,5 |
00 |
00 |
00 |
00 |
03 |
0,9 |
Avoir un auxiliaire |
00 |
00 |
01 |
0,8 |
01 |
2,8 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
Pas de réponse |
00 |
00 |
03 |
2,5 |
01 |
2,8 |
01 |
25 |
05 |
1,4 |
Total |
185 |
100 |
120 |
100 |
36 |
100 |
04 |
100 |
345 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Nous avons, à la suite des rôles que la société pourrait attribuer aux personnes âgées, demandé à nos enquêtés de savoir ce qu'ils compteraient entreprendre en termes d'initiative personnelle. Nous avons remarqué que 53% parmi elles ayant estimé avoir réalisé l'essentiel dans leur parcours de vie, ont déclaré ne plus avoir d'ambition. De façon générale, ce sont des individus qui se réjouissent d'avoir au cours de leur vie:
- Contracté un mariage,
- Donné naissance à des enfants,
- Célébré leurs fêtes traditionnelles (low, angbandji, êbeb),
- et construit un logement.
Ces éléments sus évoqués sont constitutifs du paquet de vie de l'homme. Cependant, certaines personnes âgées ont d'autres préoccupations. Notamment la réussite de leurs enfants soit 9%. Elles voudraient avoir une longue vie pour continuer à scolariser leurs enfants ou leur apporter de l'aide en vue de l'acquisition d'un premier emploi. 13,6% ont pour projet la réalisation de besoins fondamentaux tels la finition ou la construction de logement décent et la satisfaction des besoins en nourriture. Nous remarquons également l'importance de cette proportion à l'intérieur des classes d'âge des Mborman et des Abrahman soit respectivement 17,3% et 11,1%. Au nombre des personnes âgées qui veulent développer des activités (commerce, plantation, agrandissement de champs) et posséder des biens matériels (or, pagnes, meubles) nous avons une proportion plus significative dans les générations des Mborman et des Mbédié soit dans l'ordre 10,3% et 8,3%, chez les Mborman 7,6% et 3,3% chez les Mbédié. Dans les générations des Abrahman et des Ndjurman, les pourcentages sont presque nuls.
Tableau 60 (TC) : Attribution de rôles aux personnes âgées
Sexes Assignation de rôle aux P.A |
Masculin |
Féminin |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Aider au ménage |
00 |
00 |
04 |
1,1 |
04 |
1,1 |
Fonction spirituelle |
09 |
2,5 |
04 |
1,1 |
13 |
3,6 |
Directeur de conscience et agent de socialisation |
117 |
32,3 |
146 |
40,3 |
263 |
72,7 |
Gouverneur |
18 |
05 |
08 |
2,2 |
26 |
7,2 |
Exempté de tout rôle |
06 |
1,7 |
15 |
4,1 |
21 |
5,8 |
Bailleurs de fonds |
04 |
1,1 |
05 |
1,4 |
09 |
2,5 |
Activités récréatives |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Inutilité |
01 |
0,3 |
02 |
0,6 |
03 |
0,8 |
Pas de réponse |
03 |
0,8 |
19 |
5,2 |
22 |
6,1 |
Total |
159 |
43,9 |
203 |
56,1 |
362 |
100 |
Source : enquête personnelle, 2010.
Dans certains discours, les idées reçues sur la vieillesse l'assimilent à l'âge du repos, de l'inventaire de fin de vie. Ils tendent à rendre la personne âgée incapable de se projeter dans le temps, incapable d'avoir des ambitions d'une vie normale si ce n'est de penser à sa mort et aux conditions de sa sépulture. Or, la personne âgée pense qu'elle peut aussi jouer des rôles. Ceux notamment de directeur de conscience, d'agent de socialisation et de gouverneur.
72,7% des personnes âgées enquêtées estiment qu'il leur revient en priorité de jouer les rôles précités. L'exercice de ces rôles profite aux jeunes. En effet, ayant vécu la jeunesse et l'âge adulte, les personnes âgées ont accumulé une somme d'expériences qui leur permet de prévoir facilement les dénouements de certaines situations. Elles peuvent devenir donc des guides sur le chemin de vie des cadets en leur évitant des erreurs. Pour rappel, ce sont les personnes âgées (les êbebu) qui règlent les conflits, veillent au fonctionnement des classes d'âge et les initient au low, les encadrent pour l'obtention du titre d'angbandji.
Pour les raisons qui viennent d'être mentionnées, les personnes âgées estiment qu'elles seules sont aptes à diriger la société. Car, les vertus essentielles du chef sont la tempérance et la sagesse. Or, ces vertus s'acquièrent avec l'âge.
Le parcours des conditions de vie fait découvrir qu'il y a un gap entre le discours social Odjukru sur le grand âge et la réalité de la vie quotidienne des personnes âgées malgré la persistance des institutions sociales qui visent à les valoriser. La réalité est que des personnes âgées sont victimes de sévices, l'âge devient un défaut et une charge. On peut donc s'interroger sur leur état de santé physique et les réponses qu'elles apportent à la dégénérescence.
L'étude a porté sur l'« approche socio-anthropologique des institutions d'intégration des personnes âgées: le cas de l'êbeb chez les Odjukru ». L'objectif subsidiaire a été de rendre visible ce modèle de prise en charge des personnes âgées afin que les pouvoirs publics s'en inspirent pour mettre en relation les institutions modernes et traditionnelles de gestion des aînés sociaux. Les institutions traditionnelles pourraient offrir des froments aux difficultés que rencontrent les Caisses de retraite et servir aussi de base à la construction d'une politique vieillesse.
Le regard anthropologique sous lequel se perçoit donc l'êbeb en tant que fait socioculturel a amené à l'analyser en deux temps. D'abord comme une institution qui participe à la structuration de la société Odjukru à partir du pouvoir des personnes âgées et ensuite comme une institution qui évolue dans un contexte multiculturel. Et c'est le structuro-constructivisme de P. Bourdieu (1987)217(*) qui offre matière à l'analyse de l'êbeb.
En effet, cet auteur a concilié les postulats extrémistes des paradigmes holistique et interactionniste qui posent respectivement l'homme comme agi par les structures sociales et cet homme comme capable de réaction donc acteur qui produit le fait social ou réoriente ses actions selon ses buts. Pour lui, il ne faut pas nier l'existence des structures sociales qui conditionnent les conduites mais admettre aussi que l'homme réoriente ses actions selon les buts poursuivis.
L'êbeb, eu égard à son substrat de tradition et à son interaction avec les cultures exogènes continue de structurer la société Odjukru grâce à son caractère d'institution dynamique. Les citoyens Odjukru par leur action donnent une orientation à la vie de la société, les institutions reçoivent d'eux des apports permanents qui modifient leurs contenus et leur fonctionnement.
Si on se réfère à l'histoire, la société Odjukru, avant la colonisation avait été au contact avec les sociétés Dida, Alladjan et Atchan. Ces sociétés avaient leur mode de légitimation du pouvoir politique. Néanmoins, la société Odjukru est restée irréductible en ayant son propre mode de légitimation du pouvoir politique, la gérontocratie consacrée par la célébration de l'êbeb. En tant qu'institution structurante de la société, toutes les autres institutions s'organisent autour d'elle.
Les membres du groupe, pour parvenir au statut d'êbebu sont astreints à célébrer leur low et angbandji. Ils sont donc dans des classes d'âge et comme tel, ils participent à la vie du groupe, remplissent les rôles qui leur sont assignés. Bien que certains membres de la société soient nés de mariage interethnique, qu'ils résident hors du pays ou hors du village et qu'ils occupent des statuts ou rôles liés à l'évolution de la société vers une société organique, tout est mis en oeuvre pour signifier son appartenance à la société Odjukru en célébrant le low ou l'angbandji. En ce sens, les individus nés d'un père Odjukru et d'une mère issue d'une autre société sont intégrés dans une génération.
L'adhésion aux institutions préparatoires à l'êbeb (low, angbandji) requiert la présence des membres sur l'espace communautaire. Ainsi, la société Odjukru s'adapte en ménageant au niveau du low un temps propice pour rassembler au village, les candidats à l'initiation. Généralement, le rassemblement, à des fins de socialisation des candidats au low, a lieu pendant la période des vacances, les autres célébrations ont lieu aussi en fin de semaine (samedi et dimanche) et en décembre à l'approche des fêtes de fin d'année.
Dans un laps de temps relativement court pour tenir compte des statuts d'élèves et d'étudiants, les jeunes sont formés sur la culture Odjukru en termes de normes et de valeurs de ce qu'il faut faire et ne pas faire en société. Jadis, il y avait moins de difficultés et le mécanisme par lequel on assure la socialisation des cadets était quotidien vu la permanence de résidence sur le même lieu.
Au niveau de l'angbandji, il est permis que l'on se fasse représenter en cas d'empêchement. Au niveau de l'êbeb, la présence physique de façon continue des êbebu n'est plus une exigence absolue. Autrefois, les êbebu devaient résider au village. Les contraintes sont devenues moins rigides pour permettre de concilier les rôles traditionnels et modernes.
Certes, l'êbeb est originellement Odjukru, toutefois, l'on a conscience qu'il faut l'ouvrir aux autres acteurs des autres cultures. Il se met en place un marketing social pour le promouvoir à travers les mass médias, la participation des touristes, l'invitation d'amis et de parents vivants à l'étranger. Il est même possible à titre exceptionnel et pour l'intérêt qu'on accorde à la culture Odjukru d'investir êbebu un non Odjukru d'origine. Il faut dans ce cas précis l'avis favorable des êbebu. Comme on le voit, à travers l'êbeb s'exprime le rapport dialectique et non dichotomique de la tradition et de la modernité de G. Balandier (1971)218(*), l'un des représentants de l'anthropologie dynamique. Pour lui, il faut remettre en cause le dualisme entre tradition et modernité pour en saisir les transformations sociales en termes de rupture et de continuité. Les éléments culturels modernes proviennent du traditionnel c'est donc une actualisation et une revitalisation des cultures traditionnelles.
Dans cette optique, l'êbeb en tant qu'institution sociale évolue selon deux dynamiques. Une dynamique interne liée au fait que par essence toute société n'est pas en soi figée. En fonction des contextes et des situations vécues, les acteurs sociaux produisent des réponses à leurs besoins. Une dynamique externe liée au rapport avec les organisations et institutions introduites par l'entremise de la colonisation et de l'industrialisation.
Autrement dit, la société Odjukru s'étant ouverte à d'autres cultures, notamment la culture occidentale, ses membres se réfèrent notamment à la culture et aux formes de sociabilité occidentale et de ce fait ont des interactions avec les structures modernes. C'est pourquoi, aujourd'hui, on y trouve deux types de personnes âgées prises en charge soit uniquement par les structures traditionnelles d'intégration des aînés sociaux, soit à la fois par les structures traditionnelles et modernes de gestion des aînés sociaux. On s'est donc interrogé sur les comportements de ces acteurs sur un même espace et sur la signification de la retraite pour eux.
On observe que les conceptions sur la retraite au sens traditionnel et la retraite du point de vue moderne diffèrent.
En effet, dans la tradition Odjukru, les êbebu une fois passées les huit années de pouvoir, se retirent de la gestion directe des affaires de la communauté. Ils sont intégrés dans des organes consultatifs avec pour mission d'aider leurs successeurs êbebu dans la direction du village. Ils ne tombent pas dans l'anonymat puisqu' à chaque cérémonie ils prennent place sous l'arbre à palabre. Ils ont un statut honorifique qui leur vaut, à certaines occasions, de recevoir des dons et recevoir l'hommage du tambour annonçant leur arrivée. Ils participent donc socialement à la vie communautaire. Les niveaux d'organes consultatifs qu'ils gravissent (lêlessel, lakpikine) laissent entendre que l'avance en âge est un gain. Ici, on se soucie peu de la dégénérescence physique. Le primat est accordé à l'éthique (déceler dans les conduites sociales des personnes âgées les qualités morales) et au spirituel (les aînés sociaux, signes de la présence des ancêtres et de la bénédiction des dieux). C'est pourquoi, certaines personnes en dépit des difficultés de santé font des efforts pour prendre part aux cérémonies. Les cérémonies en général ne sont valables que si elles portent «le sceau» des personnes âgées. La retraite chez les Odjukru n'est donc pas une mise en fourrière en attendant les obsèques. C'est le temps idéal pour transmettre tout ce que l'on a appris. Cette transmission se perçoit à l'accession à la dignité d'êbebu où l'on dirige; et la retraite à travers l'accession aux organes consultatifs où on intervient discrètement pour rappeler ce qui doit être. L'action des êbebu à la retraite est de droit et non de fait.
L'expression de «retraite des personnes âgées» n'a pas son équivalent dans le vocable Odjukru; c'est par comparaison et par analogie à la retraite moderne qu'on l'emploie étant donné qu'à un certain moment, des générations se retirent de la gestion directe du pouvoir. Dans ce cas, il n'y a pas de sentiment de regret ou d'oubli social vu qu'on quitte une position pour une autre. C'est d'ailleurs une mobilité sociale totale pour une communauté villageoise donnée. Il n'y existe pas une caisse de retraite. Mais la question de la prise en charge des aînés sociaux est au centre de l'organisation sociale. L'organisation des cérémonies est un moyen de cotisation et de solidarité envers les aînés sociaux. A l'origine, le fruit du travail des mabêssê ajouté aux dons recueillis pouvait permettre de faire face aux besoins des patriarches. D'ailleurs, les biens familiaux étaient gérés par les aînés sociaux. Actuellement, les dons n'ont qu'une valeur symbolique, ils renvoient à l'attachement à la tradition. Ils ne peuvent pas servir à couvrir les besoins (déplacements, frais de santé, charges domestiques).
Lorsqu'on interroge les êbebu à la retraite sur le contenu de la retraite traditionnelle, ils citent leur participation à la gestion des affaires du village, la présidence des cérémonies communautaires. En revanche, sur la retraite moderne, leurs réponses sont peu prolixes. La retraite formelle est vécue comme le temps qu'ils passent à percevoir des pensions.
Ce fait est attesté par K. Dayoro (2008)219(*) qui a conclu ces travaux en posant que: « Les institutions (CGRAE et CNPS) de la retraite en Côte d'Ivoire, ne sont pas des systèmes. Nous relevons un manque de cohérence puisqu'elles ne s'inscrivent pas dans la logique du relativisme culturel et se fondent sur des logiques sociales qui ne relèvent pas du contexte social culturel Ivoirien. C'est pourquoi, elles se limitent à trois actes essentiels: collecte des cotisations, liquidation des dossiers de retraite et enfin redistribution des cotisations, sous forme de pensions de retraite».
On a parmi les retraités qui appartiennent aux deux mécanismes de retraite ceux qui sont rentrés au village pour y résider et ceux qui ont une bi-résidence (un logement en ville et un autre au village). Leur présence en ville est souventes fois motivée par le paiement des pensions.
Sur l'espace communautaire, il n'existe fondamentalement pas de différence de position de verticalité entre les êbebu ou post-êbebu selon les types de mécanismes de gestion des personnes âgées. Cela est dû au fait qu'ils tirent tous leurs principales ressources des produits de rente. Et il s'avère que ces ressources parfois sont supérieures aux pensions. Ce qui donne une marge de manoeuvre à tous d'investir dans des logements modernes et de se procurer un certains nombres de biens et services. N'est ce pas la bi-appartenance de certains qui fait qu'à la retraite les citoyens Odjukru recourent à d'autres activités attendu que chez les retraités affiliés aux caisses de retraite, on remarque de façon générale une absence d'activité lucrative ? Cela pourrait se vérifier puisque des êbebu qui refusent de revenir s'installer au village sont ceux qui pendant la période d'activité avaient un faible degré de lien social avec le village. N'ayant pas investi au village (pas de champ, pas de construction) et la pension de retraite étant modique, la ville devient pour eux un abri contre l'infamie. Toutefois, on pense qu'une étude comparative permettra d'affiner la question et d'apporter des réponses plus plausibles.
Le mode de vie des êbebu ayant travaillé dans l'administration conventionnelle sert de modèle (hygiène de vie, architecture). Ceux qui sont alphabétisés, sous autorisation de leurs pairs, représentent le groupe en cas d'interaction avec les structures administratives. Donc l'affirmation de prestige individuel est liée à son capital économique que permettent ses biens (produits de rente).
Le modèle de protection sociale des aînés sociaux chez les Odjukru rejoint le modèle beveridgien. En effet, selon William Henry Beveridge220(*), la protection sociale se définit par trois principes.
D'abord le principe de l'universalité qui veut une couverture sociale pour toute la population. Tous les êbebu et les post-êbebu bénéficient de la part de la communauté villageoise des dons et privilèges. Les mécanismes modernes de protection sociale des personnes âgées ne couvrent pas toute la population de personnes âgées. Les travailleurs du secteur informel ne sont pas pris en compte, les travailleurs qui ne satisfont pas à un certain nombre d'années de cotisation ne bénéficient pas de pension de retraite. Cette manière sélective de prendre en charge les personnes âgées est selon les paradigmes de la protection sociale source de déséquilibre sociale. La vieillesse étant un état définitif et de dégénérescence, la population âgée laissé-pour-compte est confrontée à l'acquisition d'un revenu de remplacement.
Ensuite le principe de l'uniformité qui veut que les prestations versées soient forfaitaires et uniformes pour tous. La répartition des dons en nature et en espèce entre les êbebu et les post-êbebu est établie sur le partage équitable (répartition horizontale). Bien que la CGRAE et la CNPS reposent sur la solidarité, la répartition est fonction des cotisations qui elles-mêmes sont fonction des statuts et rôles des affiliés. Cette répartition verticale à l'idée de compétition a un inconvénient majeur, celui de ne pas tenir compte des besoins différentiels des personnes âgées. En effet, certaines personnes qui ont une faible pension ont des besoins importants liés notamment aux frais de santé. Il n'y a pas d'adéquation entre la fonction, les besoins spécifiques au grand âge et la pension. Pourtant, des études démontrent la corrélation entre la fonction et la santé.
C'est en situations difficiles (chômage, accident, maladie, pauvreté et vieillesse) que la solidarité est appelée à s'exprimer pour maintenir les liens sociaux et contribuer à la baisse de ce qui pourrait être les charges sociales.
Enfin, le principe de l'unité. Selon ce principe, une seule cotisation doit servir à couvrir l'ensemble des risques et la gestion des institutions de solidarité doit être centralisée et assurée par l'Etat. La société Odjukru est d'économie substantiviste. Comme telle, les cotisations sont enchâssées dans le social. La cotisation dans une société de ce type renvoie à la participation selon une position qu'on occupe. En d'autres termes, la société Odjukru fonctionnant de façon cyclique, les êbebu ou les post-êbebu d'aujourd'hui ont été dans les catégories sociales ouvrières d'hier. Dans les Caisses moderne de retraite, les cotisations servent à payer seulement les pensions de retraite. Pourtant, il existe plusieurs autres besoins auxquels les personnes âgées doivent faire face, notamment les logements adaptés, le transport, les appareils orthopédiques, la santé, l'alimentation...
Aussi, la CGRAE et la CNPS bien qu'étant des institutions étatiques de gestion des retraités, n'ont-elles pas les mêmes prestations et sont-elles sous la tutelle de plusieurs ministères (ministère de la fonction publique, ministère de la solidarité, ministère de l'économie et ministère de tutelle). Ce qui entrave la fluidité des services. Ainsi, face aux difficultés qu'elles rencontrent, les institutions financières privées (Banques et Assurances) proposent aux personnes âgées des produits. Le déséquilibre de fonctionnement des Caisses de retraite et le déficit de prestation remettent en cause la solidarité, socle et vecteur des Caisses de retraite.
Comme la CGRAE et la CNPS, l'êbeb est une institution de gestion des personnes âgées en termes de buts poursuivis. Ils ont notamment en commun la coercition. Les cotisations à la CGRAE et à la CNPS ont un caractère obligatoire qui répond plus à des questions financières : prélever de l'argent pour payer les prestations. La société Odjukru n'admet pas que ses membres se soustraient au low et à l'angbandji, institutions primaires qui permettent de prétendre à l'êbeb. N'est citoyen que celui qui est initié au low. Ne peut célébrer l'angbandji que celui qui a passé le cap de l'initiation au low et n'accède à l'êbeb que celui qui a fêté son angbandji. Cependant, sous l'influence de manière générale des doctrines des religions dites révélées, certains Odjukru refusent l'initiation au low et le sacre à l'êbeb qualifiant les pratiques d'hérétiques. Ils sont exclus de ce fait de la vie sociale. La rigidité des sanctions les amène à se rétracter. Ils se voient infligés une amende puis sont réintégrés.
En outre, on constate que la qualité du traitement et la perception des personnes âgées fait remarquer une différence dans la manière chez celles-ci d'entrer et de vivre la retraite. En effet, alors qu'à la fonction publique ou dans l'entreprise l'annonce de la mise à la retraite entraîne parfois mécontentements et regrets, l'entrée dans la catégorie des patriarches (êbebu) est vécue avec joie; la famille et le village se mobilisent pour célébrer l'événement. La cessation de la fonction d'êbebu se fait pacifiquement.
Certes, il y a des spécificités selon les villages et fédérations Odjukru. Toutefois, les personnes âgées restent l'invariant en tant que clé de voûte et acteurs dominants de la société.
La retraite moderne est perçue négativement parce qu'elle est liée à la décrépitude. On part de l'idée qu'à un certain âge, les forces physiques et les fonctions cognitives de l'individu s'amenuisent. Il faut donc le retirer du marché de l'emploi en lui accordant un revenu. D'ailleurs, A-M. Guillemard (1972)221(*) fait remarquer que l'idée de base qui a institué la retraite est aujourd'hui révolue étant donné qu'il y a des jeunes-retraités et qu'il y a en Occident comme dans certains pays de l'Afrique la prolongation de l'âge de départ à la retraite.
Pour la société Odjukru, le grand âge est intégré au parcours de vie et y parvenir est un mérite. Elle met donc en place une période de préparation estimée à près de quarante ans. Selon le cycle d'évolution des générations lorsqu'on parvient à l'êbebu, il n'y a pas de dérogation, la génération concernée est investie. Sur l'espace Odjukru, deux théories du vieillissement d'inspiration fonctionnaliste s'expriment. Il s'agit des théories du désengagement et de l'activité.
La théorie du désengagement. Dans la société traditionnelle Odjukru, les êbebu abandonnaient toutes activités surtout physiques pour se consacrer à la gestion du pouvoir politique. De moins en moins, certains villages restent attachés au désengagement des personnes âgées des activités culturales. Toutefois, contrairement à la théorie du désengagement dans toute sa conception, il ne s'agit pas d'un abandon total des rôles. Des personnes âgées font le suivi des travaux champêtres ou sont à l'oeuvre elles-mêmes dans leur plantation. C'est l'expression de la théorie de l'activité.
La société confie aux êbebu et aux post-êbebu les fonctions les plus honorifiques, à savoir les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Ils ont même en charge les cultes. Ils sont donc au centre du fonctionnement et de la régulation de la société. C'est par l'exercice de ces rôles sociaux que se traduit le lien social avec les membres de la société et que se réalise l'intégration des personnes âgées.
Comme toute société, la société Odjukru au fil du temps et des interactions avec d'autres cultures, notamment la culture occidentale, a évolué du point de vue social, culturel, économique et politique.
Ainsi, au plan socio-culturel, on enregistre d'importants emprunts culturels aussi bien dans la célébration de l'êbeb que dans d'autres cérémonies. Chaque village étant libre de s'organiser et de nouer des relations avec des groupes sociaux de son choix, il existe des différences dans la manière de célébrer les fêtes d'un village à un autre. A l'intérieur des familles, on réfléchit à l'introduction d'éléments nouveaux pouvant ajouter plus d'éclat aux cérémonies et les distinguer des autres. A Yassap I par exemple, bien qu'il y ait un pagne uniforme pour toute la génération qui célèbre son êbeb, un membre, par souci d'affirmer sa richesse et renforcer son prestige, s'est paré d'un vêtement plus luxueux, reflet de son capital économique. En lieu et place du bijou en métal noir (auss' ibr) emprunté aux anglais qui était utilisé pour faire don aux êbebu, aujourd'hui, le don se fait avec de la monnaie.
Au plan religieux, il y a une forte adhésion aux confessions chrétiennes. Ainsi, en plus des cérémonies de libation, les candidats à l'êbeb selon leur obédience religieuse participent à des cultes d'action de grâce pour demander la bénédiction d'une longue vie et d'un mandat réussi.
Dans la même optique de modernisation, la célébration de l'êbeb est placée sous le parrainage d'une haute personnalité d'Etat. Les invités les plus cotés sont ceux qui se déplacent des pays du Nord pour venir soutenir leur parent. En outre, la musique moderne et la fanfare donnent plus de voix que les danses et chants traditionnels. Des vêtements sont commandés à l'extérieur du pays et les convives de marques s'égayent de liqueurs.
Au niveau social, la fonction militaire aujourd'hui n'est qu'une survivance à rôle réduit. L'Odjukru est un groupe social à part entière de la nation ivoirienne. Comme tel, s'il survient un conflit à l'intérieur du village ou entre le village et d'autres communautés allochtones ou étrangères, la sécurité revient de façon régalienne aux institutions de la république (la gendarmerie ou la police). Les mabêssê ne sont plus compétents pour intervenir de façon militaire. Ce qui exclut de leur rôle l'usage de la force. Les conflits opposants les citoyens Odjukru entre eux sont portés devant le tribunal moderne. Pourtant, traditionnellement, la justice coutumière où siègent les personnes âgées permet de régler les différends.
En outre, les mabêssê traditionnellement avaient pour mission de travailler la terre pour assurer les besoins en nourriture des patriarches. Dans le contexte traditionnel, il s'agit d'une économie substantiviste. Cette économie est caractérisée par la production en fonction des besoins de la communauté. Or, le développement des produits de rente se déroule dans une logique industrielle, voire capitaliste. Dans ce cas, il y a le risque que les bénéficiaires des biens villageois ne s'entendent pas sur les modalités de partage. C'est le cas à Débrimou où la répartition des revenus des produits de rente tels le palmier et l'hévéa entre les patriarches a été interrompue.
Au plan économique, les cadets sociaux qui vivent au village, travaillent de façon générale pour leur propre compte et non plus absolument pour le doyen d'âge. Cela est d'autant plus observé chez ceux qui sont en ville pour des raisons professionnelles ou d'études. Ils travaillent pour une entreprise publique ou privée. Ils sont donc rémunérés grâce à ce travail. Ils ne sont pas soumis à la logique communautaire qui veut que l'on travaille pour le doyen d'âge de la famille, ils ne reçoivent pas de lui les moyens financiers pour répondre à leurs besoins. Il y a la recherche de profit et l'esprit d'autonomisation. Ils viennent donc en aide aux patriarches en fonction de leur possibilité financière. On découvre même que certaines familles emploient des jeunes filles pour les travaux ménagers.
Ainsi, des formes de logement en «U» signes d'un rassemblement familial222(*) on a des logements modernes de types villas et châteaux qui traduisent l'individualisme. Ces maisons sont désignées par l'identité du propriétaire alors que les propriétés familiales portes les noms des familles.
Au plan politique, des associations se sont créées à côté des structures traditionnelles, en fonction de certaines affinités. Ce sont les associations de jeunesse, de partis politiques, d'étudiants et de confessions religieuses qui ont des fonctionnements différents. Les modes d'adhésion et de désignation des responsables obéissent à d'autres logiques que celles de l'appartenance au low. Ainsi, on pourrait vouloir comme responsable, un homme lettré, donc pas nécessairement le plus âgé, des femmes dans le bureau exécutif alors qu'elles sont exclues directement de la gestion du pouvoir politique (êbeb).
Les secrétariats dans les associations sont assurés par des personnes reconnues pour leur qualité intellectuelle. Ce ne sont plus les individus issus de la génération qui exerce la fonction de miridiekun.
De l'appartenance à une conscience collective, aujourd'hui, il y a des adhésions à plusieurs idéologies politico-économiques. Pour illustration, il y a ceux qui en fonction des partis politiques d'appartenance se réfèrent au socialisme, au libéralisme ou à la socio-démocratie. L'adhésion à ces courants de pensée n'est pas sans influencer le rapport au monde des citoyens Odjukru. Pour illustration, sous l'arbre à palabre (addisem), on perçoit dans les prises de position et les prises de décision des différences idéologiques. Les interventions influencées par les idéologies modernes ont tendance à prendre le pas sur le cadre décisionnel traditionnel. Pendant que les patriarches qui se réfèrent au cadre traditionnel veulent une répartition immédiate des produits de rente, ceux du cadre moderne recommandent l'épargne pour faire face aux besoins non prévisionnels qui pourraient subvenir.
A cela s'ajoute les conflits entre les cadres d'un même village de partis politiques différents, des crises de chefferie dues à des élans politiques, des conflits entre les aînés sociaux sur la place publique. Or, le droit d'aînesse est un critère déterminant du leadership.
En effet, les Odjukru partent des éléments de la nature pour expliquer le droit d'aînesse. Selon les Odjukru, lorsqu'on grimpe au palmier, ce sont les premières branches, les branches les plus proches qu'on sectionne d'abord avant d'en venir aux autres. Or, les premières branches sont les plus âgées. Ainsi, l'âge devient le critère objectif du leadership.
Pour éviter les contestations qui pourraient naître étant donné que la société Odjukru est de l'oralité, elle a inventé les générations ou les classes d'âge dans lesquelles elle range les individus nés au cours d'une période donnée. La formation des générations obéit à l'échelle des âges. On va de la sous-classe des aînés vers celle des cadets. Autrefois, en cas de doute sur la détermination de l'aîné du groupe, on organisait une lutte pour trancher.
L'angbandji, bien qu'il soit une fête individuelle selon les possibilités financières du préposé, il est recommandé de célébrer celui des aînés avant celui des cadets car faire l'inverse pourrait porter honte à l'aîné.
La répartition des dons et l'organisation des funérailles se font selon le critère d'âge. Les aînés reçoivent avant les cadets et les obsèques des aînés sont plus honorifiques que celles des cadets.
La notion de droit d'aînesse est donc fondamentale dans la société Odjukru.
Toutefois, on tient maintenant compte en plus du droit d'aînesse de la qualité des individus (éthique, respect des normes sociales, lien avec le village).
Dans la deuxième partie, il a été mis en relief le discours social qui régit les personnes âgées et structure l'êbeb dans la société Odjukru. Dans cette troisième partie, à travers l'analyse des caractéristiques socio-démographiques et des conditions de vie, il ressort deux constats. Le constat de l'hétérogénéité du vieillissement des aînés sociaux à l'intérieur des strates sociales. Cette hétérogénéité peut s'expliquer par l'histoire personnelle de chaque individu bien que tous les membres d'une génération ou classe d'âge partagent la même conscience collective Odjukru et par la constitution biologique propre à chacun.
En outre, il y a l'existence d'un gap entre le discours officiel valorisant de la vieillesse et la réalité. Certaines personnes âgées sont en situation de précarité et parfois entretiennent des rapports sociaux conflictuels avec leur réseau social. Cela peut être lié à l'influence des formes de sociabilité moderne.
«Approche socio-anthropologique des institutions d'intégration des personnes âgées: le cas de l'êbeb chez les Odjukru», tel est le thème de l'étude qui se réfère au cadre conceptuel et paradigmatique de la socio-anthropologie de la vieillesse et du vieillissement.
A cet effet, l'intérêt du grand âge dans la société Odjukru a retenu notre attention et nous a conduit à choisir ladite culture avec, sur la feuille de route, les questions suivantes :
Quelles sont les représentations sociales liées à la vieillesse chez les Odjukru pour que les hautes fonctions soient assignées aux personnes âgées ?
Comment la société Odjukru construit-elle le statut de ses personnes âgées ?
Quels sont les mécanismes sociaux d'intégration des personnes âgées dans la société Odjukru ?
A l'aide de guide d'entretien, de questionnaire, de focus group et d'observation, nous nous sommes rendus dans les quatre villages que sont: Armébé, Bonn, Bouboury et Débrimou à la recherche de réponses aux interrogations sus formulées.
Nous avons recouru au structuralisme-constructiviste, aux théories du désengagement et de l'activité pour analyser les données recueillies auprès de sujets transindividuels et de 332 personnes âgées.
La thèse de départ est que: la Côte d'Ivoire a la double ambition d'être un pays émergent d'ici 2020 et de parvenir au développement humain durable. Cela implique l'amélioration de tous les indicateurs socio-économiques, dont la réussite de sa politique de protection sociale. Pour ce faire, elle doit rendre inclusifs les mécanismes de gestion des personnes âgées en articulant les structures modernes de prise en charge des retraités et les institutions traditionnelles d'intégration du grand âge. En ce sens, l'êbeb peut être un modèle pour la construction d'une politique vieillesse en Côte d'Ivoire.
Nous avons rattaché à la thèse deux hypothèses.
La première pose que les statuts et rôles sociaux assignés aux personnes âgées sont fonction des représentations sociales du grand âge. Plus la société a une image valorisante de la vieillesse, plus elle confie des rôles honorifiques aux personnes âgées.
La deuxième affirme que les institutions socioculturelles Odjukru favorisent l'atténuation des risques sociaux de vieillissement pathologique. Elles sont une alternative à la difficile reconstruction du parcours de vie post-retraite.
Ces hypothèses qui étaient des réponses provisoires se sont confirmées sur le terrain.
En effet, la question de l'âge ayant été à l'origine de l'institution de la fête de l'êbeb, fait structurant de la société Odjukru, toutes les institutions et tous les rapports sociaux se sont organisés autour de l'âge et du grand âge. L'emprise des personnes âgées est totale c'est-à-dire qu'elles ont les pouvoirs politique et économique. Cependant, leur prestige et leur primat connaissent un effritement à cause de l'influence des formes de sociabilité moderne. Formes de sociabilité modernes, qui entraînent des modes de vie nouveaux tels l'autonomisation des individus et la recherche individuelle de profit. Or, dans le système économique Odjukru, la propriété est collective, familiale et indivise.
Contrairement aux aînés sociaux, les jeunes générations ont de nouveaux espaces de socialisation (école conventionnelle, mass médias, internet). Ainsi, bien qu'elles se soumettent à l'initiation au low, premier cadre de socialisation, donc de savoir-être et de savoir-faire et de définition des identités collectives d'appartenance à une classe d'âge de l'Odjukru traditionnel, il y a la question du degré du lien entre elles et les institutions. De fait, il y a une persistance des institutions sociales face à la problématique des cultures modernes. Le maintien de l'êbeb dans un tel environnement culturel est dû à sa capacité à capter les cultures exogènes pour ensuite les intégrer. Ce qui permet d'atténuer le conflit auquel pourrait être confronté ses membres hybrides.
Le dépérissement des institutions sociales a fait constater des formes de violence que sont les violences psychologiques, physiques et économiques, alors que l'on continue d'évoquer le discours laudatif d'A. Hampaté-Bâ (1972)223(*) au sujet des personnes âgées en Afrique. Si dans une culture telle que la culture Odjukru où tout est centré sur les aînés sociaux, il y a des cas d'âgisme, on peut au regard des données, prévoir deux types de personnes âgées en situation difficile. Les personnes âgées des chambres ou les personnes âgées des rues. Celles des chambres concernent les personnes âgées qui ont des problèmes de mobilité et à qui le soutien de la famille fait défaut. Les personnes âgées des rues sont celles qui fuyant la maltraitance en famille se retrouvent dans la rue pour y mendier ou y résider. C'est ce que G. Minois (2007)224(*) a exprimé en ces termes: « plus favorables aux vieillards seront donc les civilisations reposant sur l'oral et sur la coutume: ils y joueront le rôle de liens entre les générations, et le rôle de mémoire collective; on fera appel à eux dans les veillées et les procès; ce sera le cas en Grèce et surtout au Moyen Age. Par contre, la progression de l'écrit, des archives, des lois écrites leur sera défavorables, leur connaissance des coutumes deviendra inutile. Le livre imprimé fut un temps l'ennemi du vieillard.».
Sur la question de la représentation de la vieillesse et de la longévité, nous avons noté que la culture Odjukru dans sa conception initiale anoblit la vieillesse et la longévité, mais ses membres au regard de leur histoire personnelle et de leur expérience forgées à partir de leur propre état ont une vision manichéenne de la vieillesse et de la longévité. La vieillesse et la longévité sont positives et appréciées comme provenant des entités surnaturelles ou de Dieu quand les conditions de vie sont convenables ou que la santé est favorable. En revanche, la précarité des conditions matérielles d'existence, l'existence de rapports sociaux conflictuels et la maladie conduisent à nier la noblesse de la longévité, à la repousser et à l'entrevoir comme une sanction. Dans ce cas, le désir de longévité devient donc fonction des facteurs précités. Or, dans la conscience collective du peuple Odjukru, le parcours de vie normal passe par le low, l'angbandji, l'êbeb et transcende ces trois niveaux pour que les individus puissent parvenir à l'échelon des milacme, échelon de l'extrême longévité.
Selon le modèle de classification des strates de personnes âgées chez les Odjukru, c'est à partir des âges de nênici et de milacme que l'individu peut connaître la dégénérescence. En effet, les termes de nênici et de milacme véhiculent au sens anthropologique la faiblesse et l'exploit. Les réalités auxquelles renvoient les termes de nênici et de milacme sont du point de vue littéraire des euphémismes qui traduisent doublement la dégénérescence et la ténacité (mérite). La dégénérescence de la vieillesse donc n'est pas un défaut puisque les individus de cet âge sont prévus dans l'échelle sociale et jouissent de leur dignité en tant que tels. D'ailleurs aux âges de nênici et de milacme, l'évolution cyclique des classes d'âge a permis la régénérescence symbolique ou la réincarnation des individus de ces âges.
La vision Odjukru de la longévité est fondamentalement théologique non sans exclure les facteurs socioculturels et environnementaux. Pour lui, de même que l'auteur de la vie est Dieu en tant qu'Origine Première des choses, de même seul Dieu «Nyam» décide de la durée de vie de l'individu. C'est pourquoi les actes de bienfaisance sont récompensés par une bénédiction prononcée en ces termes: «niagne ongue sel kpap», - que Dieu t'accorde une longue vie -.
Cependant, certains comportements dans la société peuvent soit favoriser un allongement de la vie, soit réduire la durée de vie de l'être. Comme éléments à mettre au compte des facteurs favorisants, nous avons le respect de l'éthos qui sous-entend le respect des lois de la nature, l'observance des normes et des valeurs dont les personnes âgées en sont les garantes. Respecter la nature est très utile pour l'homme, car les Odjukru pensent que dans l'univers, chaque élément de la nature (la terre, l'eau...) est animé par des génies qui ont le pouvoir, dans leur courroux d'infliger le malheur aux déviants sociaux. C'est s'attirer le malheur que de manquer de tenir ses promesses envers les dieux ou les génies. Dans ces cas, les forces surnaturelles retirent à l'individu leur protection et leur bienveillance. Ainsi, devient-il la cible des sorciers «ag'nu» et les projets de vie connaissent des revers.
Avoir de l'égard pour les personnes âgées, c'est témoigner du prix pour les ancêtres et avoir un intermédiaire entre l'individu et les divinités. En effet, les offices religieux tels que les libations sont présidés par les êbebu, les post-êbebu et les doyens d'âge. C'est d'ailleurs ce qui justifiait le fait que dans la société traditionnelle Odjukru, les chasseurs offraient aux êbebu le thorax du gibier et que les cultivateurs leur offraient les prémices de leur récolte. Ces actes de générosité leur valaient en retour des prières de bénédiction et de prospérité. Plus encore, le comportement de l'homme soumis amenait les vieilles personnes à lui enseigner les secrets de vie qui consistaient à se défendre contre l'adversité. De ce qui précède, nous décelons que vivre longtemps ou vouloir vivre longtemps commande un respect des lois de l'univers qu'on peut résumer dans cette trilogie non exclusive:
- respecter Dieu (Nyam)
- respecter la nature (Elmis)
- fréquenter les vieux.
C'est dans la fréquentation des personnes âgées que l'on entre dans l'intimité de Dieu et obtient la connaissance de la nature.
A côté des facteurs favorisants, nous avons aussi les facteurs défavorisant qu'il nous convient d'appeler les nuisances sociales (sociopathies). Il s'agit des actes et des comportements déviants qui rompent l'équilibre entre l'individu et sa famille ou sa communauté, entre l'individu et les divinités ou les forces surnaturelles. Les conduites déviantes et les actes répréhensibles sont des fissures qu'exploitent les forces maléfiques et les sorciers pour jeter des sorts à leurs ennemis. Selon les données recueillies sur le terrain, l'un des actes déviants les plus réprimés est le vol. Voler chez les Odjukru, c'est risquer sa vie et jeter l'infamie sur toute sa famille. Parfois, les victimes à travers des incantations recommandent le voleur inconnu à la mort et à la malédiction extrême.
Tout ceci concourt à déterminer la longévité par des facteurs socioculturels qui ont une dimension horizontale et une dimension verticale. La dimension horizontale réside dans les rapports entre l'individu et la société. Et la dimension verticale met d'une part en relief les rapports entre l'individu et Dieu (Nyam) et d'autre part entre l'individu et la nature.
Ces deux facteurs induisent inéluctablement deux typologies de vieillissement. Le vieillissement réussi et le vieillissement pathologique. Le vieillissement réussi qui signifie l'absence d'un état pénible de vieillesse notamment les maladies séniles graves, est accordé aux individus qui ont montré de l'intérêt pour les normes et les valeurs de la société. Et l'Odjukru manifeste sa reconnaissance envers Dieu à l'occasion de la célébration de l'êbeb, fête dont les bases ont été posées depuis plus de quarante ans. En revanche, le vieillissement pathologique entremêlé de souffrance et de maladies dégénératives, est une sanction contre les individus asociaux.
La longévité est donc la conséquence de deux groupes de facteurs principaux. Nous avons les facteurs subjectifs qui concernent la conformité aux normes et aux valeurs sociales, le rapport entre l'individu et les entités surnaturelles. Et les facteurs objectifs qui sont relatifs à l'observance de l'hygiène de vie et à une alimentation équilibrée en vue de jouir d'un bon état de santé. L'hygiène de vie s'entend à deux niveaux, les soins corporels et la salubrité du cadre de vie. Des deux groupes de facteurs qui déterminent la longévité, nous avons vu lors de notre investigation sur le terrain que les facteurs subjectifs surclassent les facteurs objectifs.
L'étude des aînés sociaux dans la société Odjukru nous a fait découvrir trois choses. La première est le modèle d'organisation et le discours social sur le grand âge perceptible à travers:
- la notion d'extrême longévité ;
- les rapports régissant la coopération entre les aînés sociaux et les générations cadettes ;
- la hiérarchisation et les fonctions sociales des différentes strates de personnes âgées ;
- le processus de régénération des personnes âgées ;
- l'euphémisme dans les faiblesses de l'âge ;
- et l'importance du champ sémantique socioculturel exprimant la réalité des aînés sociaux.
C'est d'autant de valeurs que peut s'inspirer la société actuelle pour résoudre l'âgisme. Ce n'est pas l'êbeb et le modèle d'organisation gérontophile Odjukru qui sont remis en cause, ni le mécanisme de leur fonctionnement qui met à mal le statut des personnes âgées. Le problème se situe du côté des facteurs qui menacent les institutions socioculturelles Odjukru.
La deuxième est qu'il faut désormais rompre avec la vision idyllique qui présente les sociétés africaines dans leur ensemble comme celles de l'intégration et de la promotion du grand âge pour poser les difficultés auxquelles sont confrontées les aînés sociaux et mettre à jour les connaissances. Le dépérissement de l'institution familiale, le passage progressif vers la société de type organique, l'urbanisation et l'autonomisation des acteurs sociaux rendent nécessaires la construction d'une solidarité sociale à dimension nationale.
L'exemple de l'êbeb montre qu'il existe dans les cultures africaines des institutions de protections sociales. Il faut donc les questionner pour la construire cette solidarité.
La troisième se positionne sous l'angle scientifique. En effet, l'accession au pouvoir des êbebu aux alentours de l'âge de 60 ans contredit les conclusions des études démographiques d'A. Sauvy (1961)225(*) qui stipulent que: « la vie moyenne des hommes n'a guère dû dépasser 35 ans, dans les périodes favorables, jusqu'à l'avènement d'une thérapeutique, c'est-à-dire jusqu'à une date très récente qui se situe, pour les pays les plus avancés, vers le milieu du XVIIème siècle.». Or, le continent africain a été présenté par les explorateurs européens226(*) comme celui des maladies endémiques.
De même qu'au niveau des instances internationales, les critères d'appréciation des projets de développement et la conditionnalité de l'aide au développement demandent la prise en compte des dimensions du genre (surtout la parité homme et femme) et de l'environnement, on pourrait y ajouter la dimension gérontologique.
De ce qui précède, l'êbeb peut apparaître comme une alternative à la difficile reconstruction du parcours de vie post-retraite (en termes de participation sociale), que K. Dayoro (2008)227(*) a observé chez les retraités des Caisses modernes de prévoyance sociale.
En effet, 51,2% des personnes âgées enquêtées ont une activité de reconversion, 62% des personnes âgées qui ont vécu en ville pendant la période d'activité retournent vivre au village une fois à la retraite. En ce sens, S. Dédy (2006)228(*), a montré que 88% des retraités résident à Abidjan et refusent de rejoindre leur village. Parmi eux, 51% ont dit ne pas avoir préparé leur retraite. On a comme indicateur de bien-être social la longévité plus importante des enquêtés de notre étude à ceux des Caisses de retraite conventionnelles. L'Etude interdisciplinaire de la mortalité au sein des retraités de la Fonction Publique de Cote d'Ivoire, menée par S. Dédy (2006)229(*) a révélé que 35,1% et 23,7% des affiliées des Caisses de retraite survivent respectivement entre 10 et 15 ans et 20 ans du fait de : «... la pénibilité de la vie et la précarité de l'état de santé». Dans la présente étude, nous constatons que dans la catégorie des personnes du troisième âge (60-75 ans), le pourcentage de personnes âgées est plus élevé, soit 52,1%. Dans la strate des personnes âgées du quatrième âge (76-99 ans), nous avons à l'affiche 47,6%. Même si la proportion des personnes âgées du troisième âge est supérieure à celle des personnes âgées du quatrième âge, la différence reste relativement faible soit un écart de 4,5%.
Une étude comparative avec un échantillon quantitativement plus important de personnes âgées régies soit par les Caisses de retraite, soit par les institutions socioculturelles pourrait confirmer l'impact des conditions de vie sur la longévité. Cela inspire également d'étudier d'autres institutions socioculturelles de participation des aînés sociaux.
Au niveau méthodologique, nous estimons qu'une étude longitudinale, une présence continue et la maîtrise de la langue du milieu auraient servi dans la compréhension du sens des discours pour découvrir des éléments significatifs et les bifurcations qui s'y opéreraient. Les interlocuteurs pourraient avoir attiré notre attention sur ce qui pour eux paraît essentiel. En anthropologie, de l'infiniment petit peut se dégager des éléments heuristiques. Des questions soulevées ou des données recueillies demandent dans la mesure du possible que de telles études soient conduites dans un cadre interdisciplinaire.
Adisséhi: il s'agit de la troisième étape du sacre des êbebu.
Adja: l'héritage
Afr': le ciel
Afr' nunu: l'univers
Agbo-êdj : danse du fusil en l'honneur d'un êbebu qui est à la retraite et qui est décédé.
Ag'nu: le sorcier
Ag'man: le sorcier bienfaiteur
AK'nun eg'nun ligel: le chef de famille
Angbandji: c'est une fête de reconnaissance qui donne au récipiendaire d'accéder à la classe des hommes riches ou nobles.
Asra: appellation du tabac en langue Odjukru
Attigbani: désignation du tambour parleur. Il est réservé aux cérémonies traditionnelles, aux célébrations de l'angbandji, de l'êbeb, aux funérailles d'un êbebu, d'un angbandji; il exécute l'êtêpkrê. L'attigbani se différencie du tambour ordinaire que l'on nomme brem.
Attiéké: couscous de manioc, préparation traditionnelle de la farine de manioc.
Auss' ibr: bijou empruntée aux anglais et qui servait à faire des dons aux êbebu et aux post-êbebu
Bago: puîné
Baraka: chance, bénédiction
Boman: benjamin
Bosou sougon: c'est le lignage maternel
Brem: appellation du tambour ordinaire.
Cica: l'or
Cocoba: appellation donnée à l'un des membres des miridiékun désigné pour assurer le rôle de modérateur des réunions et assemblées villageoises. Le cocoba jouit d'une immunité même en dehors de son village. En d'autres, en cas de conflit entre son village et un autre village, il peut se rendre dans le village adverse sans craindre pour sa vie.
Dédiakpo: célébration de l'âge de la puberté chez les jeunes filles Odjukru (à partir de 14 ans).
Êb: il s'agit de la société, de la terre ou de la culture.
Êbeb: cérémonie marquant la prise du pouvoir exécutif en pays Odjukru.
Êbebyow: féminin d'êbebu. (Les femmes ne détiennent pas le pouvoir).
Êbebu: titre donné au tenant du pouvoir exécutif.
Edjême: nom donné aux séances publiques, aux rencontres publiques et aux réunions sous l'arbre à palabre.
Ers: le bas
Êtêkprê: danse exécutée dans la cour d'un êbebu au septième jour de sa mort.
Elmis: le génie
Godo godo: Le temps passé ou l'obscurité
Kata: cadet
Kpaman: désignation de la canne.
Lakpikine: ce sont les individus de la deuxième classe d'âge à la retraite. Ils ont un âge compris entre 76 ans et 84 ans et entre 84 et 92 ans.
Lêless: terme employé pour désigner un patriarche ou encore un individu appartenant à la dernière classe d'âge ayant quitté le pouvoir. Ils ont un âge compris entre 68 ans et 76 ans et entre 76 ans et 84 ans. Le pluriel donne lêlessel.
Low: c'est une cérémonie d'initiation qui donne aux individus le droit d'appartenir à une classe d'âge.
M'liss idjem: qui veut dire «la personne que ma mère m'a envoyée».
Mabêss: c'est le nom donné à la classe d'âge qui détient le pouvoir de la machette, elle assure la fonction militaire.
Ma-totuor: désignation des boissons liqueurs.
Mbossi: le manioc
Milacme: ce sont les individus de la quatrième classe d'âge à la retraite.
Ils ont un âge compris entre 92 ans et 100 ans et entre 100 et plus ans.
Milow: c'est l'appellation donnée au chef de classe d'âges.
Miridiékun: appellation donnée à la classe d'âge qui précède les êbebu et qui détient le pouvoir de la parole.
Nanan: grand-père ou grand-mère
Nanan sê: en langue Tchaman230(*), il veut dire le titre de doyen
Nênici: ce sont les individus de la troisième classe d'âge à la retraite. Ils ont un âge compris entre 84 ans et 92 ans et entre 92 ans et 100 ans.
Nyam: appellation de Dieu.
Odjogba: aîné
Osso-kogba: nom donné aux grands pagnes de qualité qui recouvrent les êbebu. Ce type de pagne est encore connu sous le nom de pagne kita
Ouss: la terre
Oworan: appellation donnée aux classes d'âge.
Post-êbebu: nous désignons sous ce vocable les êbebu à la retraite. C'est-à-dire des personnes ayant fini les huit années d'exercice de pouvoir entant qu'êbebu.
Pracari: le tapioca
Saye: le chasse-mouche.
Sel kpap: c'est la longévité
Sisme akp : c'est la mendicité rituelle qui se fait lors des fêtes du low et de l'êbeb.
Toufê: désignation du chapeau.
Wawrouoka: célébration pendant trois mois du premier né d'une jeune mère.
Yaye: danse guerrière exécutée à la mort d'un êbebu.
Yèfrènan: le temps moderne ou le jour de la lumière
Yoro-oubaure: c'est la deuxième étape de la fête de l'êbeb ou l'étape du défilé.
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LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS IV
PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE 5
CHAPITRE 1 : CADRE THÉORIQUE 6
1.2.1-Du fonctionnement des organismes de retraite à l'identité des retraités 17
1.2.2-Représentations sociales de la vieillesse 25
1.2.3- Rôles des institutions traditionnelles et
conditions de vie des
personnes âgées
40
1.2.4-Du conflit intergénérationnel à l'équité entre les générations 59
1.2.5-Facteurs d'intégration du grand âge 65
1.3-Champ de référence théorique 73
1.4.2-Objectifs spécifiques 82
1.6.1-Plan de vérification des hypothèses 83
CHAPITRE 2 : CADRE MÉTHODOLOGIQUE 94
2.1-Justification des champs de l'étude 94
2.2- Élaboration des instruments d'enquête 96
2.2.1-Recherche documentaire 97
2.2.7-Recensement de population 103
2.2.8- Dépouillement des données de l'enquête 104
2.3-DIFFICULTÉS DE L'ÉTUDE
105
DEUXIÈME PARTIE : FONDEMENTS
ANTHROPOLOGIQUES
DE LA SOCIÉTÉ ODJOUKROU ET SA VISION
DU GRAND AGE
108
CHAPITRE 3 : FONDEMENTS ANTHROPOLOGIQUES
DE LA SOCIÉTÉ ODJUKRU : ASPECTS STRUCTURELS,
IDÉOLOGIQUES ET
SYMBOLIQUES DE L'ÊBEB
110
3.1-Présentation et fonction des structures
sociales
d'intégration de la naissance au grand
âge
110
3.1.1- Historique du peuple Odjukru 110
3.1.2- Société Odjukru : une société à classes d'âge (oworan) 112
3.1.3- Fonctions sociales des
générations dans la société Odjukru:
les auxiliaires des êbebu
116
3.1.4- Célébration de l'angbandji ou la fête de noblesse 119
3.1.5- Célébration de l'êbeb 124
3.1.5.1- Cadre socio-historique de l'institution de l'êbeb 124
3.1.5.2.- Accession à l'êbebu 125
3.1.6- Rites et étapes de l'investiture des êbebu 126
3.1.6.1- Première étape: étape de la consécration des êbebu 127
3.1.6.2- Deuxième étape: étape du défilé ou le yoro-oubaure 128
3.1.6.3- Troisième étape: étape de l'adisséhi des êbebu 129
3.1.7- Fonctions sociales majeures des êbebu 132
3.1.8- Prestiges sociaux liés à la dignité d'êbebu 133
3.1.9- Aspects intégratifs de l'êbeb 136
3.1.10- Institutions féminines majeures chez les Odjukru 140
3.1.11. Structures sociales d'intégration et
d'initiation comme
éléments structurants de la
vie dans la société Odjukru
144
CHAPITRE 4 : REPRÉSENTATIONS
SOCIALES DE
LA VIEILLESSE LA LONGÉVITÉ
146
4.1-Représentation sociale de la vieillesse 146
4.1.1- Représentation sociale déclinante de la vieillesse 146
4.1.2- Représentation sociale rayonnante de la vieillesse 150
4.1.3- Signes physiques caractéristiques de la vieillesse 152
4.1.4- Signes comportementaux caractéristiques de la vieillesse 154
4.1.5- Construction sociale de la vieillesse pathologique 156
4.1.6- Construction sociale de la vieillesse réussie 159
4.1.6.1- Réussite de parcours de vie 159
4.1.6.2- Santé et maintien en activité 161
4.2- Représentations sociales de la longévité 162
4.2.1- Sens de la longévité 162
4.2.1.1- Longévité vue comme une récompense 163
4.2.1.2- Longévité vue comme une punition 163
4.2.2- Sources de la longévité 165
4.2.3-Désir de longévité des enquêtés 167
4.2.4-Stratification sociale du grand âge chez
les Odjukru: la notion
d'extrême longévité
169
4.2.5-Recélébration du low, un processus
de régénération sociale
de l'être
âgé Odjukru
171
4.2.6-Classification des aînés sociaux post-êbebu 173
4.2.6.1-Distinction des lêlessel 173
4.2.6.2-Distinction des lakpikine 173
4.2.6.3-Distinction des nênici 174
4.2.6.4- Distinction des milacme 174
CHAPITRE 5 : DÉTERMINANTS DE LA LONGÉVITÉ 177
5.1- Facteurs favorisants la longévité 177
5.1.1- Facteurs métaphysico-religieux 177
5.2- Facteurs limitants de la longévité 182
5.2.2- Facteurs métaphysico-religieux 184
5.2.4- Facteurs psychologiques 186
5.3- A la rencontre des secrets de longévité 188
TROISIÈME PARTIE: ANALYSE ET
INTERPRÉTATION
DES DONNÉES SUR LES CARACTÉRISTIQUES
SOCIO-DÉMOGRAPHIQUES ET LES CONDITIONS DE VIEDES PERSONNES
ÂGÉES
192
CHAPITRE 6: CARACTÉRISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES DE LA POPULATION DE PERSONNES AINÉES ENQUÊTÉES 192
6.1-Distribution des caractéristiques
socio-démographiques
des personnes
âgées enquêtées
192
6.1.1- Répartition par sexe 193
6.1.2- Répartition par tranche d'âge 197
6.1.3- Répartition par génération et classe d'âge 201
6.1.4- Répartition selon le niveau de scolarisation 208
6.1.5- Répartition des enquêtés selon la profession 211
6.1.6- Répartition des enquêtés en fonction des activités de reconversion 214
6.1.7- Répartition en fonction du nombre d'années de retraite moderne 218
6.1.8- Répartition selon le nombre d'années de cessation d'activité 222
6.1.9- Répartition des enquêtés par sources de revenu 225
6.1.10- Répartition des enquêtés en fonction du statut matrimonial 228
6.1.11- Répartition des enquêtés par nombre d'enfants 230
6.1.12- Répartition des enquêtés en fonction de la taille du ménage 232
CHAPITRE 7 : NATURE DES RAPPORTS ENTRE
LES
PERSONNES AINÉES ET LE
RÉSEAU SOCIAL IMMÉDIAT
238
7.1- Système de parenté Odjukru : les lignages 238
7.2- Nature des rapports avec le/la conjoint(e) 239
7.3- Nature des rapports avec les enfants 241
7.4- Nature des rapports avec la famille 243
7.5- Nature des rapports avec les jeunes 245
CHAPITRE 8 : CONDITIONS DE VIE: LOGIQUES D'INTÉGRATION ET D'ISOLEMENT SOCIAL D'AINES SOCIAUX 248
8.1- Logiques d'intégration des aînés sociaux 248
8.1.2- Prééminence du lien social et
socioculturel sur l'internement
malgré les affres de
l'âge
253
8.1.4- Facteur physiologico-médical 257
8.1.5- Adaptation sociale des personnes âgées 258
8.2- Logiques d'isolement social des aînés sociaux 261
8.2.3- Facteur psychologique 265
8.2.4- Facteur physiologico-médical 266
8.2.5- Relégation du statut des femmes âgées 268
8.2.5.4- Ethique de la parole 269
8.3.1- Violences psychologiques 272
8.3.2 - Violences physiques 274
8.3.3- Violences économiques 276
8.3.4- Négligence ou abandon de personnes âgées 278
8.3.5- Ruptures de lien familial 279
8.4- Qualité de vie des enquêtés 283
8.4.1- Prestance des personnes âgées 283
8.5- Motivations et projets de vie des aînés sociaux 292
8.5.1- Inquiétudes de fin de vie 292
8.5.2-Ambitions de vie des personnes âgées 294
8.5.3- Fonctions sociales souhaitées par les aînés sociaux 296
8.5.4- Rôle de directeur de conscience et d'agent de socialisation 296
CHAPITRE 9 : DISCUSSION DES RÉSULTATS DE L'ÉTUDE 298
Annexe sur les professions
1. Technicien : mécanicien, technicien en transport, électricien, technicien en communication, ingénieur, tapissier, soudeur
2. Agriculteur : planteur, pêcheur
3. Agent de service financier : comptable, agent des impôts, transitaire, encaisseur, agent commercial, caissier
4. Agent de bureau : administratif
5. Agent subalterne : chauffeur, planton, cuisinière, magasinier, coursier
6. Tradipraticien : guérisseur, matrone
7. Travailleur du secteur informel : vendeuse, maçon, couturière, transporteur, menuisier,
Annexe sur des tableaux issus du dépouillement des données
Tableau annexe I: Statut matrimonial des enquêtés selon le sexe
Sexes |
Masculin |
Féminin |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Célibataire |
06 |
01,8 |
00 |
00 |
06 |
1,8 |
Monogame |
96 |
28,9 |
00 |
00 |
96 |
28,9 |
Polygame |
18 |
05,4 |
00 |
00 |
18 |
5,4 |
Mariée |
00 |
00 |
33 |
09,9 |
33 |
9,9 |
Divorcé |
05 |
01,5 |
22 |
06,6 |
27 |
8,1 |
Veuf |
13 |
03,9 |
139 |
41,9 |
152 |
45,8 |
Total |
138 |
41,6 |
194 |
58,4 |
332 |
100 |
Tableau annexe II: Raisons explicatives des manques de visite aux parents
Visites aux
parents |
Oui |
Non |
Oui (pour enfants) |
Total |
||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Non réponse |
239 |
100 |
00 |
00 |
00 |
00 |
239 |
72 |
Raison de santé |
00 |
00 |
65 |
73 |
00 |
00 |
65 |
19,6 |
Différends familiaux |
00 |
00 |
13 |
14,6 |
04 |
100 |
17 |
5,1 |
Préférence mode de vie villageois |
00 |
00 |
01 |
1,1 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Eviter d'indisposer |
00 |
00 |
03 |
3,4 |
00 |
00 |
03 |
0,9 |
Décédés |
00 |
00 |
02 |
2,2 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
pas d'antécédent |
00 |
00 |
02 |
2,2 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
Distance éloignée |
00 |
00 |
02 |
2,2 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
Raison de vieillesse |
00 |
00 |
01 |
1,1 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Total |
239 |
100 |
89 |
100 |
04 |
100 |
332 |
100 |
Tableau annexe III : Répartition des raisons d'absence de visite en fonction du sexe
Sexes |
Masculin |
Féminin |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Non réponse |
116 |
34,9 |
123 |
37 |
239 |
72 |
Raison de santé |
16 |
04,8 |
49 |
14,8 |
65 |
19,6 |
Différends familiaux |
04 |
01,2 |
13 |
3,9 |
17 |
5,1 |
Préférence mode de vie villageois |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
01 |
0,3 |
Eviter d'indisposer |
02 |
0,6 |
01 |
0,3 |
03 |
0,9 |
Décédés |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
02 |
0,6 |
pas d'antécédent |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
02 |
0,6 |
Distance éloignée |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
02 |
0,6 |
Raison de vieillesse |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
01 |
0,3 |
Total |
138 |
41,6 |
194 |
58,4 |
332 |
100 |
Tableau annexe IV: Estimation du temps d'inactivité
En Activité |
Pas d'activités |
En activité |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
En activité |
0 |
0 |
170 |
100 |
170 |
51,2 |
[1-5] |
47 |
29 |
0 |
0 |
47 |
14,2 |
[6-10] |
70 |
43,2 |
0 |
0 |
70 |
21,1 |
[11-15] |
24 |
14,8 |
0 |
0 |
24 |
07,2 |
[16-20] |
19 |
11,7 |
0 |
0 |
19 |
05,7 |
[21-25] |
02 |
1,2 |
0 |
0 |
02 |
0,6 |
Total |
162 |
100 |
170 |
100 |
332 |
100 |
Tableau annexe V : Répartition des enquêtés en relation entre les générations et les villages
Lieux de
|
Armébé |
Débrimou |
Bonn |
Bouboury |
Total |
|||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Mborman- odjogba |
6 |
1,8 |
19 |
5,7 |
0 |
0 |
10 |
3 |
35 |
10,5 |
MBorman- bago |
6 |
1,8 |
25 |
7,5 |
0 |
0 |
18 |
5,4 |
49 |
14,8 |
MBorman- Kata |
4 |
1,2 |
36 |
10,8 |
0 |
0 |
18 |
5,4 |
58 |
17,5 |
MBorman- boman |
2 |
0,6 |
32 |
9,6 |
0 |
0 |
2 |
0,6 |
36 |
10,8 |
Sous total Mborman |
18 |
5,4 |
112 |
33,7 |
00 |
00 |
48 |
14,5 |
178 |
53,6 |
MBédié- odjogba |
1 |
0, 3 |
19 |
5,7 |
5 |
1,5 |
5 |
1,5 |
30 |
9 |
MBédié- bago |
1 |
0,3 |
14 |
4,2 |
6 |
1,8 |
6 |
1,8 |
27 |
8,1 |
MBédié- Kata |
3 |
0,9 |
15 |
4,5 |
6 |
1,8 |
11 |
3,3 |
35 |
10,5 |
MBédié- boman |
0 |
0 |
23 |
6,9 |
0 |
0 |
0 |
0 |
23 |
6,9 |
Sous total Mbédié |
05 |
1,5 |
71 |
21,4 |
17 |
5,1 |
22 |
6,6 |
115 |
34,6 |
Abrahman- odjogba |
0 |
0 |
3 |
0,9 |
0 |
0 |
2 |
0,6 |
5 |
1,5 |
Abrahman- bago |
2 |
0,6 |
6 |
1,8 |
0 |
0 |
0 |
0 |
8 |
2,4 |
Abrahman- Kata |
2 |
0,6 |
12 |
3,6 |
2 |
0,6 |
1 |
0,3 |
17 |
5,1 |
Abrahman- boman |
0 |
0 |
5 |
1,5 |
0 |
0 |
0 |
0 |
5 |
1,5 |
Sous total Abrahman |
04 |
1,2 |
26 |
7,8 |
02 |
0,6 |
03 |
0,9 |
35 |
10,5 |
NDjurman- odjogba |
0 |
0 |
1 |
0,3 |
0 |
0 |
0 |
0 |
1 |
0,3 |
NDjurman- bago |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
NDjurman- Kata |
0 |
0 |
0 |
0 |
1 |
0,3 |
0 |
0 |
1 |
0,3 |
NDjurman- boman |
0 |
0 |
2 |
0,6 |
0 |
0 |
0 |
0 |
2 |
0,6 |
Sous total Ndjurman |
00 |
00 |
03 |
0,9 |
01 |
0, 3 |
00 |
00 |
04 |
1,2 |
Total |
8,1 |
27 |
212 |
63,9 |
20 |
6 |
73 |
22 |
332 |
100 |
Tableau annexe VI: Répartition des professions occupées pendant la période d'activité selon le niveau d'instruction
Niveaux
d'étude |
Analphabète |
Primaire |
Secondaire |
Supérieur |
Total |
|||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Technicien |
6 |
1,8 |
06 |
1,8 |
01 |
0,3 |
02 |
0,6 |
15 |
4,5 |
Agriculteur |
63 |
19 |
04 |
1,2 |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
68 |
20,5 |
Ménagère |
159 |
47,9 |
06 |
1,8 |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
166 |
50 |
Travailleur du secteur informel |
26 |
7,8 |
05 |
1,5 |
00 |
00 |
00 |
00 |
31 |
9,3 |
Corps habillé |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
02 |
0,6 |
00 |
00 |
04 |
1,2 |
Agent de service financier |
00 |
00 |
05 |
1,5 |
01 |
0,3 |
01 |
0,3 |
07 |
2,1 |
Agent subalterne |
09 |
2,7 |
10 |
03 |
02 |
0,6 |
00 |
00 |
21 |
6,3 |
Directeur de société |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Enseignant |
00 |
00 |
00 |
00 |
11 |
3,3 |
03 |
0,9 |
14 |
4,2 |
Infirmier |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Religieux |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
01 |
0 ,3 |
Agent de bureau |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
Tradipraticien |
02 |
0,6 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
Total |
265 |
79,8 |
38 |
11,4 |
23 |
6,9 |
6 |
1 ,8 |
332 |
100 |
Tableau annexe VII : Tableau corrélé du régime de retraite et la génération d'appartenance
Générations
Régimes
Pension de retraite |
Licencié |
Pas de retraite |
Total |
|||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
Mborman |
46 |
13,9 |
02 |
0,6 |
130 |
39,2 |
178 |
53,6 |
Mbédié |
10 |
03 |
01 |
0,3 |
104 |
31,3 |
115 |
34,6 |
Abrahman |
03 |
0,9 |
00 |
00 |
32 |
9,6 |
35 |
10,5 |
Ndjurman |
00 |
00 |
00 |
00 |
04 |
1,2 |
04 |
1,2 |
Total |
59 |
17,8 |
03 |
0,9 |
270 |
81,3 |
332 |
100 |
Tableau annexe VIII: Sources de revenu en fonction du revenu mensuel
Sources de revenu |
Pension de retraite |
Produits de rente |
Loyer |
Dons |
Produits d'activité |
Produit de vente |
Total |
Vivre de don |
00 |
10,9 |
00 |
79,9 |
50 |
69,6 |
51,5 |
[20000-40000[ |
8,8 |
14,1 |
00 |
10,9 |
50 |
13 |
11,4 |
[40000-60000[ |
21,1 |
07,8 |
00 |
04,3 |
00 |
8,7 |
8,1 |
[60000-80000[ |
07 |
17,2 |
00 |
4,3 |
00 |
4,3 |
7,2 |
[80000-100000[ |
12,3 |
6,3 |
00 |
0,5 |
00 |
00 |
3,6 |
[100000-120000[ |
3,5 |
9,4 |
50 |
00 |
00 |
4,3 |
3 |
[120000-140000[ |
10,5 |
1,6 |
00 |
00 |
00 |
00 |
2,1 |
[140000-160000[ |
00 |
4,7 |
00 |
00 |
00 |
00 |
0,9 |
[160000-180000[ |
5,3 |
3,1 |
00 |
00 |
00 |
00 |
1,5 |
[180000-200000[ |
5,3 |
14,1 |
50 |
00 |
00 |
00 |
3,9 |
[200000-et plus |
26,3 |
10,9 |
00 |
00 |
00 |
00 |
6,6 |
Total |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
Tableau annexe IX: Répartition du nombre d'enfants en fonction du lieu de résidence
Lieux de |
Armébé |
Débrimou |
Bonn |
Bouboury |
Total |
|||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
0 |
02 |
7,4 |
13 |
06,1 |
00 |
00 |
01 |
1,4 |
16 |
4,8 |
1-5 |
17 |
63 |
80 |
37,7 |
13 |
65 |
26 |
35,6 |
136 |
41 |
6-10 |
06 |
22,2 |
100 |
47,2 |
07 |
35 |
32 |
43,8 |
145 |
43,7 |
11-15 |
01 |
3,7 |
15 |
07,1 |
00 |
00 |
06 |
08,2 |
22 |
06,6 |
16-20 |
01 |
3,7 |
04 |
01,9 |
00 |
00 |
05 |
06,8 |
10 |
03 |
21-25 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
02 |
02,7 |
02 |
0,6 |
26 et plus |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
01,4 |
01 |
0,3 |
Total |
27 |
100 |
212 |
100 |
20 |
100 |
73 |
100 |
332 |
100 |
Tableau annexe X: Rapport entre l'activité quotidienne et la profession en période d'activité
Activités quotidiennes en période d'activité |
Agriculteur |
Préparation de couscous de manioc |
Suivi d'activité |
Pas d'activité |
Commerce |
ménage |
Activité politique |
tradipraticien |
Total |
Technicien |
03 |
00 |
04 |
07 |
00 |
01 |
00 |
00 |
15 |
Agriculteur |
14 |
00 |
19 |
33 |
00 |
01 |
00 |
00 |
68 |
Ménagère |
03 |
38 |
00 |
91 |
09 |
25 |
00 |
00 |
166 |
Travailleur du secteur informel |
01 |
03 |
05 |
09 |
06 |
07 |
00 |
00 |
31 |
Corps habillé |
00 |
00 |
03 |
01 |
00 |
00 |
00 |
00 |
04 |
Agent de service financier |
01 |
00 |
02 |
04 |
00 |
00 |
00 |
00 |
07 |
Agent subalterne |
06 |
01 |
06 |
08 |
00 |
00 |
00 |
00 |
21 |
Directeur de société |
01 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
Enseignant |
02 |
00 |
05 |
06 |
00 |
00 |
01 |
00 |
14 |
Infirmier |
00 |
00 |
00 |
01 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
Religieux |
00 |
00 |
00 |
01 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
Agent de bureau |
00 |
00 |
00 |
01 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
Tradipraticien |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
02 |
02 |
Total |
31 |
42 |
44 |
162 |
15 |
34 |
01 |
02 |
332 |
Tableau annexe XI: Répartition de la taille des ménages en fonction du nombre d'enfants
Tailles des ménages Nombre d'enfants |
0 |
[1-5] |
[6-10] |
[11-15] |
[16-20] |
[21-25] |
[26 et + |
Total |
|||||||||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
||
[01] |
0 |
00 |
12 |
8,8 |
06 |
4,1 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
18 |
05,4 |
|
[2-6] |
07 |
43,8 |
52 |
38,2 |
59 |
40,7 |
09 |
40,9 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
127 |
38,3 |
|
[7-11] |
08 |
50 |
57 |
41,9 |
56 |
38,6 |
08 |
36,4 |
05 |
50 |
01 |
50 |
00 |
00 |
135 |
40,7 |
|
[12-16] |
00 |
00 |
12 |
8,8 |
18 |
12,4 |
02 |
09,1 |
03 |
30 |
01 |
50 |
01 |
100 |
37 |
11,1 |
|
[17-21] |
00 |
00 |
03 |
2,2 |
05 |
03,4 |
01 |
04,5 |
01 |
10 |
00 |
00 |
00 |
00 |
10 |
03 |
|
[22-26] |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
04,5 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,3 |
|
[27-31] |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
0,7 |
01 |
04,5 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
|
[32 et plus |
01 |
6,3 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
00 |
01 |
10 |
00 |
00 |
00 |
00 |
02 |
0,6 |
|
Total |
16 |
100 |
136 |
100 |
145 |
100 |
22 |
100 |
10 |
100 |
02 |
100 |
01 |
100 |
332 |
100 |
Tableau annexe XII: Répartition de l'aspect physique des enquêtés selon les tranches d'âge
Aspects
physiques |
Image soignée |
Image négligée |
Total |
|||
VA |
VR |
VA |
VR |
VA |
VR |
|
[60-75] |
148 |
85,5 |
25 |
14,5 |
173 |
100 |
[76-99] |
109 |
69 |
49 |
31 |
158 |
100 |
100 ans et plus |
00 |
00 |
01 |
100 |
01 |
100 |
Total |
257 |
77 ,4 |
75 |
22,6 |
332 |
100 |
GUIDE D'ENTRETIEN SUR LA PARTICIPATION SOCIALE DES AINES A L'INSTITUTION ANGBANDJI
1. Que signifie l'angbandji ?
2. A quand remonte l'institution de la fête de l'angbandji ?
3. Qu'est-ce qui a été à l'origine de cette fête ? (historique de l'angbandji )
4. Racontez-nous le déroulement de la fête de l'angbandji ?
5. La société Adjoukrou est organisée en classe d'âge. Chaque classe d'âge a-t-elle une participation particulière dans la célébration de l'angbandji ?
6. Si oui, dites-nous quelle est la participation de chaque classe d'âge à la célébration de l'angbandji ?
7. De façon particulière, quels sont les rôles remplis par les différentes catégories de personnes âgées (Milacme, Nênici, Lakpiky, Lêlêssel, Êbebu) à la célébration de l'angbandji ?
8. Y a-t-il des rôles spécifiques attribués aux femmes âgées dans la célébration de l'angbandji ?
9. Si oui, lesquels ?
GUIDE D'ENTRETIEN SUR LA PARTICIPATION SOCIALE DES AINES A L'INSTITUTION DEDIAKPO
Femmes Agées(le dédiakpo est la fête de l'âge de la puberté)
1. Que signifie le dédiakpo ?
2. A quand remonte l'institution du dédiakpo ?
3. Qu'est-ce qui a été à l'origine du dédiakpo ? (historique du dédiakpo)
4. A partir de quel âge célèbre t-on le dédiakpo ?
5. Quel est l'équivalent de cette célébration chez les hommes ?
6. Racontez-nous le déroulement de la célébration du dédiakpo ?
7. De façon particulière, quels sont les rôles remplis par les différentes catégories de femmes âgées (Milacme, Nênici, Lakpiky, Lêlêssel, Êbebu) à la célébration du dédiakpo ?
8. Y a-t-il des rôles spécifiques attribués aux hommes âgés dans la célébration du dédiakpo ?
9. Si oui, lesquels ?
10. Quels sont les rôles assignés aux Êbebyow ?
11. Combien d' Êbebyow il en reste actuellement !
12. Comment justifiez-vous le nombre actuel ?
13. Y a-t-il vos collègues Êbebyow qui résident hors du village ?
GUIDE D'ENTRETIEN SUR LA PARTICIPATION SOCIALE DES AINES A L'INSTITUTION WAWROUOKA
Femmes Agées
(Le wawrouoka est la célébration du premier né des jeunes mères.)
1. Que signifie le wawrouoka ?
2. A quand remonte l'institution du wawrouoka ?
3. Qu'est-ce qui a été à l'origine du wawrouoka ? (historique du wawrouoka)
4. Racontez-nous le déroulement de la célébration du wawrouoka ?
5. De façon particulière, quels sont les rôles remplis par les différentes catégories de personnes âgées (Milacme, Nênici, Lakpiky, Lêlêssel, Êbebu) à la célébration du wawrouoka ?
6. Y a-t-il des rôles spécifiques attribués aux hommes âgés dans la célébration du wawrouoka ?
7. Si oui, lesquels ?
FOCUS GROUP ADMINISTRE A UN GROUPE DE JEUNES
I . Représentation sociale de la vieillesse et de la longévité
1. Qu'est ce qu'une vieille personne ?
2. Pour certaines personnes la vieillesse est un don de Dieu, qu'en pensez-vous ?
3. On accuse souvent les personnes âgées de sorcellerie. Qu'en pensez-vous ?
4. Selon vous, dans quelle catégorie d'âge (enfant, jeune, vieux) trouve-t-on plus de sorciers ?
5. Y a-t-il une raison qui explique cela ?
6. Selon vous, par quel signe ou indice reconnaît-on une personne sorcière ?
7. Selon vous, qu'est ce qu'une bonne vieillesse ?
8. Selon vous, qu'est ce qu'une mauvaise vieillesse ?
9. Votre voeu est-il de vieillir ?
10. Pourquoi ?
11. A partir de quel âge peut-on dire que quelqu'un a vécu longtemps ?
12. Selon vous, quelles sont les pratiques qui peuvent favoriser la longévité
13. Selon vous, quelles sont les pratiques ou les comportements qui peuvent écourter la vie ?
14. Selon vous, quels sont les signes physiques et comportementaux qui déterminent la vieillesse ?
II. Rapports sociaux entre les générations cadettes et aînées
15. Y a-t-il une entente entre les jeunes du village et les vieux ?
16. Pourquoi ? (donner des exemples concrets)
17. Pensez-vous que la jeune génération manifeste de l'intérêt l'égard des personnes âgées ?
18. Comment cet intérêt ou ce désintérêt se manifeste-t-il ?
19. Pensez-vous que les personnes âgées sont-elles utiles à la société ?
20. Pourquoi ?
21. selon vous, quel rôle doit-on confier aux personnes âgées dans la société ?
22. Connaissez-vous des personnes âgées isolées par leur famille ?
23. Si oui, comment ressentez-vous ce délaissement ?
24. Que pensez-vous des vieilles personnes maltraitées?
25. Vivez-vous des cas de maltraitance ici ?
26. Au su des actes, des actions et des interventions des personnes âgées, quelles idées vous faites- vous d'elles ?
27. Que reprochez-vous aux personnes âgées ?
28. Avez-vous assisté à un conflit opposant une personne âgée à un jeune dans le village ?
29. Quel a été votre sentiment ?
30. Si c'était possible, quels conseils donnerez-vous aux vieux en vue d'améliorer vos rapports ?
31. Quelles appréciations faites-vous des conditions de vie des personnes âgées ?
32. Avez-vous des parents âgés ?
33. Si oui, les rendez-vous visites ?
34. Si non, pourquoi ?
35. Avez-vous au moins un parent âgé grabataire ?
36. Quels sont vos rapports avec ce parent ? (Visite, satisfaction de besoins matériels...)
37. Pouvez-vous abandonner toutes vos activités pour suivre un parent âgé grabataire ?
38. Pourquoi ?
39. Savez-vous l'histoire de la création du village ?
40. Si oui, qui vous l'a apprise ?
41. Est-ce que dans vos familles ou dans le village, il y a des séances au cours desquelles les personnes âgées vous racontent l'histoire du village ?
42. Qu'attendez-vous de vos parents âgés?
43. Pensez-vous que c'est une obligation pour les enfants de s'occuper de leur parent âgé ?
44. Pourquoi ?
45. Serez-vous d'accord pour que votre parent âgé parte vivre dans un hospice ?
46. Pourquoi ?
GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX PERSONNES ÂGÉES (FOCUS GROUP)
I. Représentation sociale
1. Pour certaines personnes la vieillesse est un don de Dieu, qu'en pensez-vous ?
3. On accuse souvent les personnes âgées de sorcellerie. Qu'en pensez-vous ?
4. Selon vous, par quel signe ou indice reconnaît-on une personne sorcière ?
5. Selon vous, qu'est ce qu'une bonne vieillesse ?
6. Selon vous, qu'est ce qu'une mauvaise vieillesse ?
7. A partir de quel âge peut-on dire que quelqu'un a vécu longtemps ?
8. Selon vous, la vieillesse est-elle une récompense ou une punition ?
9. Pour vous, les hommes vivent-ils plus longtemps actuellement que par le passé ?
10. Selon vous, quelles sont les pratiques qui peuvent favoriser la longévité ?
11. Selon vous, quelles sont les pratiques ou les comportements qui peuvent écourter la vie ?
12. Connaissez- vous des plantes qui peuvent favoriser la longévité ?
13. si oui lesquelles ?
14. Selon vous, quels sont les signes physiques et comportementaux qui déterminent la vieillesse ?
15. Aspirez-vous être un milacme ?
II. Rapports sociaux intergénérationnels
16. Y a-t-il l'entente entre les jeunes du village et les vieux ?
17. Si non Pourquoi ?
18. Pensez-vous que la jeune génération manifeste de l'intérêt à l'égard des personnes âgées ?
19. Comment cet intérêt ou ce désintérêt se manifeste-t-il ?
20. Que reprochez-vous à la conduite des jeunes ?
21. Avez-vous le sentiment d'être respecté dans le village ?
22. Donnez-nous des exemples de marques de respect.
22. parlez-nous de la manière de disposer les places lors des assemblées ou des rencontres sous
l'arbre à palabre.
23. Les êbebu actuellement au pouvoir consultent-t-ils souvent leurs aînés ?
24. Pensez-vous que les personnes âgées sont-elles utiles à la société ?
25. Pourquoi ?
26. Selon vous, quels rôles doit-on confier aux personnes âgées dans la société ?
27. Connaissez-vous des personnes âgées isolées par leur famille ?
28. Que pensez-vous des vieilles personnes maltraitées?
29. Vivez-vous des cas de maltraitance ici ?
30. Que reprochez-vous aux à certaines personnes âgées ?
31. Serez-vous d'accord pour aller vivre dans un hospice ?
32. Pourquoi ?
33. Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes générations pour qu'elles vivent
longtemps ?
34. De façon générale, quels sont les problèmes auxquels sont confrontés les membres de votre génération ?
a. au plan médical
b. au plan économique
c. au plan social (rapport avec la famille, rapport avec le village ...)
35. Y a-t-il des biens du village dont les ressources vous profitent ?
36. Si oui lesquels ?
37. Quand vous vous retrouvez entre membres d'une même génération que faites-vous généralement ?
III. Rôles des personnes aînés
Quel est votre rôle en tant que personnes âgées dans le mariage ?
Quels rôles jouez-vous dans le règlement des conflits ?
Au plan cultuel que faites-vous ?
QUESTIONNAIRE
N° |
QUESTIONS |
REPSONSES |
CODES |
Section : I. IDENTIFICATION DE L'ENQUETÉ |
|||
Numéro d'identification |
|||
Q 100 |
Sexe |
1. Masculin 2. Féminin |
|
Q 101 |
Age |
1. (60-74) 2. (75-99) 3. (100 et +) |
|
Q 102 |
Lieu de résidence |
||
Q 103 |
Génération et classe d'âge d'appartenance |
||
Q 104 |
Religion |
||
Q 105 |
Niveau d'instruction |
||
Q106 |
Profession |
||
Q 107 |
Estimation de revenu mensuel |
||
Q 108 |
Statut matrimonial |
||
Q 109 |
Nombre de conjointes |
||
Q 110 |
Nombre d'enfants |
||
Section : II. REPRESENTATION DE LA VIEILLESSE ET DE LA LONGEVITE |
|||
Q 200 |
Selon vous, qu'est-ce que la vieillesse ? |
||
Q 201 |
Quels sont les signes physiques qui accompagnent la vieillesse ? |
||
Q 202 |
Avec l'avance en âge, sentez-vous en vous des changements de comportements et de manière de penser ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 203 |
Si oui, lesquels ? |
||
Q 204 |
Pour certaines personnes, la longévité ou le grand âge est un don de Dieu. Qu'en pensez-vous ? |
||
Q 205 |
Selon vous, la longévité ou le grand âge est-il une récompense ou une punition ? |
||
Q 206 |
Justifiez votre réponse ? |
||
Q 207 |
Pensez-vous que les personnes âgées sont utiles à la société ? |
||
1. Q 208 |
Justifiez votre réponse ? |
||
Q 209 |
Pour vous, qu'est-ce qu'une vieillesse réussie ? |
||
Q 210 |
Pour vous, qu'est-ce qu'une mauvaise vieillesse ? |
||
Q 211 |
Etes-vous satisfait de votre statut de personne âgée ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 212 |
Pourquoi ? |
||
Q 213 |
Pour vous, les Hommes vivent-ils plus longtemps actuellement que par le passé ? |
1. Oui 2. Non 3. Ambivalence 4. Ne sait pas |
|
Q 214 |
Pourquoi ? |
||
Section : III. DETERMINANTS DE LA LONGEVITE |
|||
Q 300 |
Avez-vous connu des personnes qui ont vécu longtemps ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 301 |
Selon vous, à partir de quel âge devient-on trop vieux ? |
||
Q 302 |
Voulez-vous beaucoup vieillir ? |
1. Oui 2. Non 3. Volonté de Dieu 4. Ne sait pas |
|
Q 303 |
Pourquoi ? |
||
Q 304 |
Pour espérer vivre longtemps, que feriez-vous ? |
||
Q 305 |
Selon vous, quels sont les actes et les comportements qui peuvent favoriser la longévité ? |
||
Q 306 |
Selon vous, quels sont les actes et les comportements qui peuvent mettre à mal la longévité ? |
||
IV. QUALITE DES RAPPORTS AVEC LA SOCIETE |
|||
Q 400 |
Quelle est la qualité des rapports avec votre épouse ? |
1. Entente 2. Conflit 3. Entente-conflit 4. Conflit momentané |
|
Q 401 |
Quelle est la qualité des rapports avec vos enfants ? |
1. Entente 2. Conflit 3. Entente-conflit 4. Pas d'enfants |
|
Q 402 |
Quelle est la qualité de vos rapports avec votre famille ? |
1. Bonne 2. Mauvaise 3. Pas de famille 4. Entente-conflit 5. Autre............ |
|
Q 403 |
Vos parents vous rendent-ils visites généralement ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 404 |
Rendez-vous visites à vos parents, enfants ou autres? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 405 |
Si non pourquoi ? |
||
Q 406 |
Avez-vous un téléphone ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 407 |
Pouvez-vous appeler quelqu'un facilement en cas de danger ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 408 |
En cas de besoins financiers ou de secours, qui sollicitez-vous ? |
||
Q 409 |
Etes-vous satisfait de la fréquence des visites ? |
1. Oui 2. Non 3. Ne sait pas |
|
Q 410 |
Avez-vous encore des frères et des soeurs en vie ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 411 |
Nombre de frères et/ou de soeurs en vie |
||
Q 412 |
Vous rendez-vous visites ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 413 |
Si non, pourquoi ? |
||
Q 414 |
Vos enfants vous rendent-ils régulièrement visites ? |
1. Oui 2. Non 3. Pas d'enfants |
|
Q 415 |
Avez-vous des petits-fils ? |
1. Oui 2. Non 3. Pas de petits-fils |
|
Q 416 |
Quelle est la qualité de vos rapports avec les jeunes du village? |
||
Q 417 |
Que reprochez-vous à la conduite des jeunes d'aujourd'hui ? |
||
Q 418 |
Prenez-vous vos repas seul ou avec un membre de la famille ? |
||
Q 419 |
Avez-vous pris vos repas dans ces conditions, depuis toujours ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 420 |
Quels sont actuellement les événements qui vous conduisent à vous déplacer de votre village à un autre lieu ? |
||
Q 421 |
Quelle est la qualité de vos rapports avec vos parents qui vivent en ville ? |
||
Q 422 |
Avez-vous le sentiment d'être utile au village et à la famille ? |
1. Oui 2. Non 3. Ne sait pas |
|
Q 423 |
Justifiez votre réponse ? |
||
Q 424 |
Avez-vous le sentiment d'être respecté ? |
1. Oui 2. Non 3. Ne sait pas |
|
Q 425 |
Avec qui vivez-vous ? |
||
Q 426 |
Combien de personnes vivent-elles dans ce ménage ? |
1. (01) 2. (2-6) |
|
Q 427 |
Ecoutez-vous la radio ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 428 |
Regardez-vous la télévision ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 429 |
Lisez-vous les journaux ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 430 |
Allez-vous en promenade ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 431 |
Avez-vous d'autres loisirs que ceux énumérés ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 432 |
Lesquels ? |
||
Section : V. CONDITIONS DE VIE DES PERSONNES AGEES |
|||
Q 500 |
Combien d'années de retraite avez-vous actuellement? |
1. Licencié 2. 1-5 |
|
Q 501 |
Quelles sont vos sources de revenus actuellement ? |
1. Pension de retraite 2. Produits de rente |
|
Q 502 |
La maison dans laquelle vous vivez, vous appartient-elle ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 503 |
Êtes-vous satisfait de votre logement ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 504 |
Si non, pourquoi ? |
||
Q 505 |
Si vous avez la possibilité, quitterez-vous ce village ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 506 |
Pourquoi ? |
||
Q 507 |
Combien de repas prenez-vous par jour ? |
1. (1) 2. (2) 3. (3) |
|
Q 508 |
Pourquoi ? (si moins de trois) |
||
Q 509 |
Avez-vous quelqu'un qui vous fait la cuisine et vos courses ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 510 |
Etes-vous satisfait de ses services ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 511 |
Comment jugez-vous ses aides ? |
1. Suffisantes 2. Insuffisantes 3. Importantes |
|
Q 512 |
Quelles sont vos activités quotidiennes actuellement ? |
||
Q 513 |
Depuis combien de temps avez-vous cessez toute activité ? (si aucune activité) |
1. (1-5) 2. (6-10) |
|
Q 514 |
Où avez-vous passé plus de temps pendant votre vie ? |
1. Au village 2. En ville 3. A l'étranger |
|
Q 515 |
Pourquoi résidez-vous maintenant au village ? (si en ville avant) |
||
Q 516 |
Partant de la qualité et de la nature des rapports avec votre entourage, avez-vous le sentiment d'être bien traité ou maltraité ? |
1. Bien traité 2. Mal traité 3. Ne sait pas |
|
Q 517 |
Etes-vous associé aux prises de décisions en famille, dans le village ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 518 |
Connaissez-vous des personnes âgées isolées, maltraitées ? |
1. Oui 2. Non 3. Ne sait pas |
|
Q 519 |
Si oui, pourquoi sont-elles isolées ou maltraitées ? |
||
Q 520 |
Vous avez connu des personnes âgées. Comment jugez-vous la manière dont elles étaient traitées au regard de votre traitement actuel ? |
1. Même traitement 2. Meilleur traitement de nos aînés dans le passé 3. Meilleur traitement des aînés actuels 4. Pas de réponse |
|
Q 521 |
Quels sont les types de problèmes que rencontrent les personnes âgées ? |
||
Q 522 |
Accepterez-vous vivre dans un hospice ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 523 |
Pourquoi ? |
||
Section : VI. CONSCIENCE SANITAIRE ET RAPPORTS A LA MALADIE |
|||
Q 600 |
Comment trouvez-vous votre état de santé actuellement ? |
1. Très bon 2. Bon 3. Assez bon 4. Mauvais 5. Sans réponse |
|
Q 601 |
En cas de maladie, vous rendez-vous à l'hôpital ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 602 |
Avez-vous une ou des maladies qui demandent des soins réguliers ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 603 |
Si oui, la ou lesquelles ? |
||
Q 604 |
Lequel des traitements suivez-vous ? |
1. Médecine moderne 2. Médecine traditionnelle 3. Les deux médecines à la fois 4. Automédication 5. Pas de traitement |
|
Q 605 |
Pourquoi ? |
||
Q 606 |
Depuis combien de temps êtes-vous malade ? |
||
Q 607 |
Y a-t-il des maladies pour lesquelles vous pensez qu'il n'est pas important d'aller à l'hôpital ? |
1. Oui 2. Non 3. Ne sait pas |
|
Q 608 |
Si oui, Lesquelles ? |
||
Q 609 |
Après consultation, arrivez-vous à acheter les médicaments prescrits ? |
1. Oui 2. Non 3. Souvent 4. Ne fréquente pas l'hôpital 5. Pas de traitement |
|
Q 610 |
Quelle est la fréquence actuelle de vos visites médicales ? |
||
Q 611 |
Avez-vous passé un séjour à l'hôpital cette année ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 612 |
Selon vous, quelles sont les maladies liées à l'avance en âge ? |
||
Q 613 |
Observez-vous présentement un régime alimentaire ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 614 |
Si oui, lequel ? |
||
Q 615 |
Quels sont vos aliments de base ? |
||
Q 616 |
Entre la viande et le poisson, lequel consommez-vous le plus ? |
1. La viande 2. Le poisson 3. Viande et poisson |
|
Q 617 |
Fumez-vous ? |
1. Oui 2. Non 3. Tabac |
|
Q 618 |
Consommez-vous l'alcool ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 619 |
Avez-vous des interdits alimentaires ? (totem) |
1. Oui 2. Non |
|
Q 620 |
Lesquelles ? |
||
Q 621 |
Marchez-vous sans difficulté ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 622 |
Marchez-vous avec une canne ? |
1. Oui 2. Non 3. Raser le mur 4. Reptation |
|
Q 623 |
Portez-vous des lunettes ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 624 |
Etes-vous non voyant ? |
1. Oui 2. Non 3. mal voyant |
|
Q 625 |
Avez-vous des problèmes d'ouïe ? |
1. Oui 2. Non 3. Mal entendant |
|
Section : VII. PERSPECTIVES |
|||
Q 700 |
Si on vous donnait la chance de redevenir jeune, comment mènerez-vous votre nouvelle vie ? |
||
Q 701 |
Si le village ou la famille vous donne la possibilité de lui exposer vos besoins, que demanderez-vous ? |
||
Q 702 |
Quelles sont les ambitions que vous n'avez pas pu réaliser durant votre vie ? |
||
Q 703 |
Que demandez-vous présentement à Dieu dans vos prières quotidiennes ? |
||
Q 704 |
Quelles sont vos ambitions actuellement ? |
||
Q 705 |
Avez-vous des inquiétudes pour votre avenir ? |
1. Oui 2. Non |
|
Q 706 |
Pourquoi ? |
||
Q 707 |
Selon vous, quel rôle doit-on confier aux personnes âgées dans la société ? |
||
Section : VIII. NOTE DE L'ENQUETEUR |
|||
Q 800 |
Accueil réservé à l'enquêteur |
1. Bon 2. Moyen 3. Mauvais |
|
Q 801 |
L'enquêté a répondu : |
1. Seul 2. En présence d'un tiers |
|
Q 802 |
Observation sur l'aspect physique de l'enquêté |
1. Image soignée 2. Image de négligeant 3. Autre .............. ...... |
|
Q 803 |
Vérifier l'état des dents |
1. Edenté 2. Bon 3. Moyen 4. Mauvais |
|
Q 804 |
E tat physiologique |
1. Bon 2. moyen 3. Mauvais 4. Grabataire |
|
Q 805 |
Etat psychique |
1. Bon 2. Moyen 3. Mauvais |
|
Q 806 |
Type de construction |
1. Case 2. Maison en bois 3. Maisons en dure |
|
Q 807 |
Qualité du cadre de vie |
1. Propre 2. Malpropre |
|
Q 808 |
Type d'éclairage domestique |
1. Electricité 2. Lampe à pétrole |
|
Q 809 |
Qualité de l'eau consommée |
1. Puits 2. Eau courante |
* 1 P. BOURDELAIS, Le Nouvel âge de la vieillesse : histoire du vieillissement de la population, Odile Jacob, 1993, p 21
* 2 www.un.org/esa/socdev/ageing.htm- Nations Unies, Vieillissement dans le monde, Plan d'Action International sur le vieillissement.
* 3United Nations, World Population Ageing 1950-2050, Department of Economic and Social Affairs. Population Division, 2002, p 66.
* 4Richard Lefrançois, Les nouvelles frontières de l'âge, Québec, 2004, pp. 80-81.
* 5www.ilc-france.org/actualites/docs/2009/Forette_Prevention_Dependance.pdf
* 6Rapport annuel 1997-1998 Conférence Internationale de la Prévoyance Sociale (CI.PRE.S)
* 7Il s'agit du choix du principe de la solidarité intergénérationnelle opposé à la capitalisation. La capitalisation est comparable à une assurance. Les travailleurs cotisent et constituent un capital qui leur est reversé sous forme de rente viagère avec des intérêts, en fin d'activité professionnelle.
* 8Pension d'ancienneté: allocation versée par la caisse de retraite, aux retraités ayant eu une carrière complète et ayant cotisé régulièrement.
* 9Pension proportionnelle: allocation versée par la caisse de retraite, aux retraités n'ayant pas atteint une carrière complète (15 ans de service) et ayant cotisé.
* 10Pension viagère: pension versée à une personne durant toute sa vie mais non réversible sur ses héritiers.
* 11Pension de vieillesse, (de retraite): allocation versée périodiquement par la caisse d'assurance et de prévoyance aux personnes qui ont atteint un certain âge et qui ont effectué des versements à cette caisse.
* 12 Pension d'invalidité: pension versée à tout travailleur des suites d'un accident ou d'une maladie non professionnelle.
* 13 Pension réversion: pension payée à une personne dont le conjoint est mort.
* 14Les lois N°99-476 et 99-477 2 août 1999
* 15Message à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la famille du 15 mai 2012.
* 16 Message à l'occasion de la Journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées, le 15 juin 2012
* 17Décisions du Conseil des Ministres de janvier et avril 2012
* 18La CGRAE accusait un déficit de 50 000 000 000 FCFA. La CNPS avait en 2010 un déficit de 7, 14 milliards.
* 19Ordonnance n°2012-03 du 11 janvier 2012modifiant les articles 22, 50, 95, 149 à 163 ter et complétant l'article168 de la loi n°99-477 du 02 août 1999, portant modification du Code de Prévoyance Sociale
* 20MUGEF-CI
* 21Fédération Nationale des retraités de Côte d'Ivoire
* 22Union Nationale des Retraités de Côte d'Ivoire
* 23Recensement général de la population (RGP) 1975
* 24Recensement général de la population et de l'habitat (RGPH) 1988
* 25Donnée obtenue à partir de calcul, étant donné que le taux de croissance des personnes âgées (60 ans) est de 3 à 3,5%.
* 26 www.un.org/esa/socdev/ageing.htm- Nations Unies, Vieillissement dans le monde, Plan d'Action International sur le vieillissement.
* 27United Nations, World Population Ageing 1950-2050, Department of Economic and Social Affairs. Population Division, 2002, p. 66.
* 28Confère Amadou Hampaté-Bâ et Claude Meillassoux.
* 29Bernard Arcand, « La construction culturelle de la vieillesse », Anthropologie et Sociétés, 1982, vol. 6 n° 3,
pp. 7-23.
* 30Koffi N'guessan, Anoh Amoakon, Communication présentée à l'ENSEA à Abidjan, lors de la cérémonie de lancement des activités de la Société Nationale Ivoirienne de Gériatrie et de Gérontologie en 2006.
* 31Rapport annuel 1997-1998 de la Conférence Internationale de la Prévoyance Sociale (CI. PRES. S), p. 6.
* 32Soungalo Koné, http://www.ouestafriqueeconomie.com/n6/dossier-04-11-04-13-16.html, 09 septembre 2012.
* 33Séri Dédy, Etude interdisciplinaire de la mortalité au sein des retraités de la Fonction Publique de Côte d'Ivoire, 2006.
* 34Séri Dédy, idem.
* 35Anne-Marie Guillemard, La retraite, une mort sociale. Sociologie des conduites en situation de retraite, Paris, Mouton, 1972.
* 36Anne-Marie Guillemard, idem.
* 37 http://www.elie-cohen.eu/print.php3?id_article=110, 08 janvier 2013
* 38 Elie Cohen, op ; cit.
* 39Jean-Luc Demonsant, un système informel de retraite base sur le prestige des notables au village. Étude de cas à Matam (Sénégal), in Philippe Antoine, les relations intergénérationnelles en Afrique: approche plurielle, Paris, 2007, pp. 121-142.
* 40Guy Perrin, «Pour une théorie sociologique de la sécurité sociale dans les sociétés industrielles», Revue française de sociologie, 1967, pp. 299-324.
* 41De l'époque homérique à l'époque classique - VIème et VIIème siècle -, on n'était pas membre du Conseil des Anciens à cause de l'âge avancé mais l'élément déterminant était la richesse matérielle. Donc la gérontocratie alliait la ploutocratie. La magistrature n'était pas la seule fonction réservée aux personnes âgées. Il y avait de plus des personnes de 20 à 30 ans. «Désormais, l'Ecclésia, Assemblée des citoyens, la Boulè où l'on entre à30 ans, et le Conseil où l'on entre à 40 ans, se partagent le pouvoir.». La vieillesse était fixée entre 45 et 50 ans. Jean-Pierre Bois, Histoire de la vieillesse, Paris, PUF, 1994, p. 17.
* 42L'espérance de vie se situait entre 20 et 30 ans. Les personnes âgées avaient un âge compris ente 40 et 50 ans.
* 43Jean-Pierre Bois, ibidem, p. 40.
* 44Centre International de Gérontologie Sociale, recommandation adoptées par la conférence africaine de gérontologie, CIGS, 1985, p. 23
* 45Jean-Pierre Bois, idem, p. 47.
* 46Jean-Pierre Bois, idem, p. 23.
* 47 http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Durkheim_-Le_Suicide,_Alcan,_1897.djvu/358, consulté le 07/01/13
* 48Christophe De Jaeger, La gérontologie, Paris, PUF, 1992, p.32.
* 49Cette pensé a été influencée par les idées de Saint Augustin. Pour lui, « la vieillesse est l'image du renouveau de la vie spirituelle.», Jean-Pierre Bois, idem, p.28.
* 50Diderot (1713-1784) et Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) sont considérés au XVIIIème siècle comme étant les fers de lance du « bon vieillard ». À ce sujet, Diderot écrit que: « les détails du vieillard sont admirables: belle tête, belle barbe, beau caractère, belles jambes, beaux pieds, belles oreilles, et des tissus, et des chairs. » Jean-Baptiste Greuze met en exergue dans ses oeuvres artistiques, la vieillesse aimée, représentée par le vieillard en famille entouré de ses enfants.
* 51Jean-Pierre Bois, op. cit.
* 52 Jean-Pierre Gutton, in Jean-Pierre Bois, op. cit.
* 53Charles-François-Nicolas, in Patrice Bourdelais, Le nouvel âge de la vieillesse: Histoire du vieillissement de la population, Paris, Odile Jacob, 1993, p. 43.
* 54Peck et Erikson, in Christophe De Jaeger, idem, p. 32.
* 55Jacques Attali, Au propre et au figuré, Paris, Fayard, 1988, p.12.
* 56Jacques Attali, idem.
* 57Bérose, in Jean-Pierre Bois, idem, p. 9.
* 58Jean-Pierre Bois, idem, p. 67.
* 59OlivierDe Ladoucette, Bien vieillir,Paris, Bayard Editions, 1999, pp. 20-24.
* 60OMS, Plan d'action international sur le vieillissement, Genève, 2002.
* 61Patrice Bourdelais, Le nouvel âge de la vieillesse: Histoire du vieillissement de la population, Paris, Odile Jacob, 1993, pp. 18-19.
* 62Dans la tradition Grecque, la vieillesse est née de l'union entre Erèbe et la Nuit. Et la vieillesse est une divinité présentée sous les traits d'une vielle femme à côté d'une clepsydre épuisée. Jean-Pierre Bois, idem, p.13.
* 63Jean Corbichon, in Patrice Bourdelais, idem, p. 19.
* 64César-Pierre Richelet, in Patrice Bourdelais, ibidem, p. 19.
* 65Dans le même temps (XVII et XVIIIème siècles) les arithméticiens et les lexicographes, dans un esprit de démarcation définissent la vieillesse comme une période de la vie qui débute à 60 ans et la caducité ou la décrépitude à 80 ans. Ce découpage ignore que la vieillesse est différentielle. En effet, de même que certaines personnes peuvent manifester un état décrépit avant l'âge de 80 ans, de même au-delà de cet âge, il y a des personnes âgées valides et utiles socialement.
* 66Maximilienne Levet-Gautrat, Anne Fontaine, Gérontologie sociale, Paris, PUF, 1987, p. 18.
* 67Maximilienne Levet-Gautrat, Anne Fontaine, Gérontologie sociale, Paris, PUF, 1987, p. 18.
* 68Olivier De Ladoucette, op.cit.
* 69Jean-Claude Henrard, in Olivier De Ladoucette, op. cit., pp. 11-13.
* 70Olivier De Ladoucette, op. cit.
* 71Jean-Pierre Bois, op.cit., p.7.
* 72Alfred Sauvy, Les Limites de la vie humaine, Paris, Hachette, 1961, p. 38.
* 73La peste noire apparue dans les années 1348, avait presque décimé l'Europe; elle s'attaquait notamment aux jeunes. A côté de la peste qui était le mal le plus redouté. Il y avait d'autres pathologies qui sévissaient parmi lesquelles nous citons : la diphtérie, la petite vérole, la typhoïde et le choléra. A l'heure actuelle, ces maladies dites exogènes selon les termes d'Alfred Sauvy sont presque éradiquées en Europe. Et l'Europe est confrontée aux maladies endogènes qui constituent les causes premières de mortalité. Il y a: le cancer et les maladies cardio-vasculaires, confère Alfred Sauvy, ibidem, p. 71.
* 74Alfred Sauvy, ibidem, p. 80.
* 75Le vieillissement précoce était provoqué en partie par la dureté du travail, par la sous-alimentation et par la mauvaise hygiène
* 76L'hospice est considéré comme: « le lointain héritier de la xénodochia du Haut Moyen Age, celui d'asile pour tous les démunis, adjacent à la cathédrale et sous sa dépendance, halte provisoire plutôt que réclusion. ». Confère Nicole Benoit-Lapierre, Rithée Cevasco, Markos Zafiropoulos, Vieillesse des pauvres : les chemins de l'hospice, Paris, Les Editions Ouvrières, 1980, p. 172.
* 77Nicole Benoit-Lapierre, Rithée Cevasco, Markos Zafiropoulos, idem, p. 12.
* 78Quand la représentation de la vieillesse est devenue rayonnante, l'asile qui signifiait le lieu d'internement des fous ou des vieux, a été remplacé par le terme hospice pour devenir peu après la maison de repos ou maison de retraite. Abou Touré, Le vieux et la vieille: situation des personnes âgées en Côte d'Ivoire, p. 5.
* 79Simone De Beauvoir, La vieillesse, Gallimard, 1970.
* 80Jean-Marie Domenach, in Abou Touré, idem, p.1.
* 81Maximilienne Levet-Gautrat, Anne Fontaine, op. cit., p. 6.
* 82Graux, in Patrice Bourdelais, op. cit., p. 366.
* 83Le quatrième âge est fixé à 75 ans.
* 84Jack Messy, op. cit., p 25.
* 85Les personnes âgées: un problème de société, Prospective Internationale, 1981, p.12.
* 86Patrice Bourdelais,op. cit., p.45.
* 87Alfred Sauvy, op. cit.. p. 110.
* 88Paul Paillat, Sociologie de la vieillesse, Paris, PUF, 1963, p. 111.
* 89Les personnes âgées: un problème de société, Prospective Internationale, p. 28.
* 90«Les agents suicidogènes le plus souvent mentionnés sont, en premier lieu, la dépression (78% des cas), les maladies physiques chroniques (70% des cas), l'isolement social.». Voir Olivier De Ladoucette, op. cit., p.163.
* 91Encyclopédie, l'homme du XXème siècle et son esprit, volume V, E.D.I.L.E.C., 1997, Italie, p. 358.
* 92Paul Paillat, op. cit., p. 120.
* 93L'admission dans une institution (hospice) n'est autorisée en principe qu'au-delà de 80 ans.
* 94Les personnes âgées: un problème de société, Prospective Internationale, pp. 41-42.
* 95La commission Laroque: c'est le rapport qui en 1960 a consacré la politique de vieillesse en France.
* 96Au Japon, 65% des personnes âgées vivent chez leurs enfants adultes. L'importance est accordée à la famille, l'Etat est en retrait. Confère ONU: le vieillissement dans le monde: à le recherche d'une société pour tous les âgés, 2001, p. 98.
* 97Amédée Thevenet, le Quatrième âge, PUF, 1989, p. 97.
* 98Jean-Pierre Bois, op. cit., p. 120.
* 99À Sun City à Phoenix en Arizona, à Leisure word à Laguna Hills. Confère Jean-Pierre Bois, op. cit., p. 120.
* 100Achille Pegoue, Thomas Kombo, «Etat des lieux sur les problèmes rencontres par les personnes âgées au Cameroun: cas du district de sante de Kribi dans la province du sud». Communication prononcée à Abidjan à l'initiative de la Société Nationale Ivoirienne de Gériatrie et de Gérontologie en 2005.
* 101En 1998, la proportion de pauvre en Afrique était estimée à 31%. Selon les Prévision dans les vingt prochaines années ce chiffre devrait augmenter. Source: pauvreté et santé: une stratégie pour la région Africaine, OMS, Bureau Régional de l'Afrique, Brazzaville, 2003, AFR/RC52/11.
* 102Le minimum vieillesse est une allocation de solidarité aux personnes âgées de 65 ans en général, qu'elles soient françaises ou étrangères, résidant en France. Cette allocation est exonérée de prélèvements sociaux (cotisation, impôt).
* 103Maximilienne Levet-Gautrat, Anne Fontaine, op. cit.
* 104C'est en 1810 que le code civil français a prévu l'obligation alimentaire. Elle consiste à une prise en charge des parents âgés par leurs enfants.
* 105 Une loi norvégienne de 1982 accorde un temps de travail réduit aux salariés qui assistent des parents âgés.
* 106 Maximilienne Levet-Gautrat, Anne Fontaine, op. cit., p. 39.
* 107 L'hébergement temporel permet entre autre de trouver une famille d'accueil pour les personnes âgées rurales pendant le temps de l'hiver. C'est juste pour régler un problème ponctuel.
* 108Mahamadou Oumarou, «Enquête auprès des aidants familiaux des personnes âgées en perte d'autonomie», Université de Poitiers, Master Professionnel: droit, économie sociale et solidaire, juin 2007.
* 109 Koné Mariatou, Kouamé N'Guessan, Socio-anthropologie de la famille en Afrique, Abidjan, CERAP, 2005.
* 110Amédée Thevenet, op. cit., p. 43 et 26.
* 111Christophe De Jaeger,op. cit.,p. 29 et 34.
* 112Gbényon Kuakuvi, Ouro-Gbéléou Tchatikpi, Bitoka Basso Maurice, Issifou Kloussomou, La terre demeure sous le contrôle du plus âgé ou conflits de générations et migrations en pays losso au nord-Togo, communication présentée lors du colloque international sur: « sociétés, développement et vieillissement en Afrique » : « comprendre le vieillissement pour prévenir les conflits de génération », Abidjan, Hôtel ibis au plateau en 2005.
* 113Gbényon Kuakuvi, Ouro-Gbéléou Tchatikpi, Bitoka Basso Maurice, Issifou Kloussomou, idem.
* 114Agbroffi Diamoi, Conflits intergénérationnels d'hier à aujourd'hui, du colloque international sur « Sociétés, développement et vieillissement en Afrique », communication présentée lors du colloque international sur: « sociétés, développement et vieillissement en Afrique » : « comprendre le vieillissement pour prévenir les conflits de génération », Abidjan, Hôtel ibis au plateau en 2005.
* 115Jean-Pierre Bois, op. cit., p. 32.
* 116 Abram Kardiner, l'individu dans la société. Essai d'anthropologie psychanalytique, Gallimard, 1969, p. 184.
* 117N'Da Constant, «Vieillissement et conflits intergénérationnels». Communication présentée lors du Colloque International sur: « sociétés, développement et vieillissement en Afrique »: « Comprendre le vieillissement pour prévenir les conflits de génération », à Abidjan à l'hôtel Ibis au Plateau en 2005.
* 118Constant Nda, idem.
* 119Kouakou N'Guessan, « Ainés et cadets : la dialectique d'une dynamique sociale dans l'Afrique traditionnelle». Communication présentée lors du Colloque International sur: « sociétés, développement et vieillissement en Afrique » : « Comprendre le vieillissement pour prévenir les conflits de génération », Abidjan, l'hôtel Ibis au Plateau en 2005.
* 120Paul Paillat, op.cit., p. 126.
* 121Jean-Pierre Bois, op. cit. pp. 77-78.
* 122Séri Dédy, Gozé Tapé, Famille et éducation en Côte d'Ivoire, Abidjan, Ed. Les Lagunes, 1995, p. 35.
* 123Intervention de Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité au Colloque de clôture de l'Année Internationale des Personnes âgées le 30 novembre 1999.
* 124ONU, op. cit., pp. 95-105.
* 125http://www.ivpsa.ulaval.ca/Upload/fil_15.pdf?1188494061235
* 126 Phillip Clark, http://www.ivpsa.ulaval.ca/Upload/fil_15.pdf?1188494061235
* 127Olivier De Ladoucette, op. cit., p.81.
* 128Le travail du deuil est la capacité psychologique de se détacher progressivement d'un être, d'une situation ou des aptitudes auxquelles l'on était attaché.
* 129Jack Messy, op. cit., pp 69-70.
* 130Carl Jung, in Olivier De Ladoucette, op. cit., p. 89.
* 131Peck, in Olivier De Ladoucette, op. cit.
* 132Louis-Vincent Thomas, in Olivier. De Ladoucette, op. cit.,pp. 103- 107.
* 133Maximilienne Levet-Gautrat, Anne Fontaine, op. cit., p. 27. La déritualisation de mort: c'est le fait que la famille confie l'organisation des obsèques d'un parent mort à un service de pompe funèbre juste pour s'en débarrasser
* 134Olivier De Ladoucette op. cit., pp. 105-106.
* 135Amadou Hampaté-Bâ, Aspect de la civilisation africaine, Paris, Présence Africaine, 1972, p.26.
* 136Olivier De Ladoucette, op. cit., p. 108.
* 137Olivier De Ladoucette, op. cit., p. 163.
* 138Cicéron, la vieillesse, traduction française de Vincent Ravasse, Août 2003. www.thelatinlibrary.com
* 139A. R. Hochschild, «Disengagement theory: a critique and proposal», American Journal review, n° 40, 1975.
* 140Olivier De Ladoucette, op. cit., p. 107.
* 141ONU, Deuxième Assemblée Mondiale sur le Vieillissement, Madrid, du 8-12 Avril 2002.
* 142Richard Lefrançois, Les nouvelles frontières de l'âge, Québec, Presse Universitaire de Montréal, 2004, p. 107.
* 143Louis-Vincent Thomas, in Olivier De Ladoucette, op. cit.
* 144Pierre Bourdieu, Choses dites, Paris, les Editions de Minuit, collection «Le sens commun», 1987.
* 145Pierre Bourdieu, ibidem.
* 146Adolphe Quetelet in Michel De Coster, Introduction à la sociologie, Bruxelle, De Boeck Université, 1994, p. 83.
* 147Vincent Caradec, Sociologie de la vieillesse et du vieillissement, Paris, Armand Colin, 2006, p. 90.
* 148Werner D. Fröhlich, Dictionnaire de la psychologie, la pochothèque, 1997, p. 36.
* 1 Alain Birou, vocabulaire pratique des sciences sociales, Editions économie et humanisme, les Editions ouvrières, 1966, p. 267.
* 149 G.uy Rocher, introduction à la sociologie. Action sociale, tome 1, Editions, HMH, 1968, p. 73.
* 150Serge Braudo, Dictionnaire du droit privé, http://www.dictionnaire-juridique.com/definition/risque.php, le 05 février 2013.
* 151 http://fr.wikipedia.org/wiki/Risque, le 05 février 2013.
* 153Jack Messy, La personne âgée n'existe pas, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 2002, pp. 24-26.
* 154Claude Meillassoux, Anthropologie économique des Gouros de Côte d'Ivoire. De l'économie de subsistance à l'agriculture commerciale, Paris, Mouton, 1970.
* 155Jack Messy, idem.
* 156Wikipedia.org/wiki/personne_%C3%A2g%C3%A9e
* 157Rodolphe Ghiglione, Les enquêtes sociologiques: théories et pratiques, Paris, Armand Colin, 1976, p. 301.
* 158Richard Lefrançois, op. cit., p.107.
* 159Paul Paillat, op. cit., p. 68.
* 160 Le Centre Culturel Français est l'actuel `'Institut Français d'Abidjan'', situé dans la commune du Plateau, en Côte d'Ivoire.
* 161Chez les Odjukru, le terme d'oworan est employé pour désigner à la fois la génération et la classe d'âge. Cependant, pour les besoins de notre étude, nous les distinguons. Ainsi, nous définissons la génération comme étant un ensemble de trois ou quatre classes d'âge composées chacune des individus nés au cours d'un intervalle d'âge de deux ans. La classe d'âge, elle, est formée des individus nés au cours d'un intervalle d'âge de deux.
* 162Une année paire signifie que le dernier chiffre de l'année est un multiple de 2. Par exemple 201O. Une année impaire signifie que le dernier chiffre de l'année n'est pas un multiple de 2. Par exemple 2009.
* 163Le pouvoir politique est l'expression utilisée pour désigner à la fois les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
* 164Harris Memel-Fotê, Le système politique de Lodjoukrou, Paris, Présence Africaine, les Nouvelles Editions Africaines, 1980.
* 165Georges Niangoran Bouah, Introduction à la drummologie, Université nationale de Côte d'Ivoire, Institut d'ethnosociologie, 1980.
* 166A ce stade, les femmes de la génération restent à la maison, mais elles rentrent dans l'acquisition du pouvoir. En effet, les femmes n'ont pas de pouvoir de décision. Et seuls les hommes sont consacrés.
* 167Les êbebu actuellement au pouvoir à Débrimou, ont payé un droit de sol de 500 F CFA. Dans les temps encore plus reculés, ce droit était de 5 FCFA.
* 168Les femmes qui appartiennent à la génération qui sera sacrée sont présentes sur la place publique.
* 169 Chaque sous-classe a un leader qu'on appelle le Milow. Il n'est pas forcement le plus âgé.
* 170En France, pendant la période de canicule, des milliers de personnes âgées meurent dans l'indifférence. Nations Unies, Deuxième Assemblée Mondiale sur le vieillissement, Madrid du 8 au 12 avril 2002, New York, 2000.
* 171André Jacob, Encyclopédie philosophique universelle, les oeuvres philosophiques, Paris, PUF, 1990.
* 172L'expression de mère par la maternité peut paraitre redondante. Mais la précision est importante dès lors que la femme peut être par l'adoption.
* 173Voir infra, p. 171 schéma 9: Evolution rotative des générations et classes d'âge.
* 174C'est un type de pagne généralement fabriqué au Ghana et qui sert d'accoutrement aux autorités traditionnelles ou de vêtements de luxe pour toutes les cérémonies importantes.
* 175Voir infra, p. 175 signification de la molaire et de la cendre.
* 176Séri Dédy, Gozé Tapé, Famille et éducation en Côte d'Ivoire, Abidjan, Editions des lagunes, 1995, pp. 20-21.
* 177Malinké: groupe linguistique qui se trouve au nord de la Côte d'Ivoire.
* 178Nicole Benoit-Lapierre, Rithée Cevasco, Markos Zafiropoulos, op. cit.
* 179Pour les ouvrages sur Jeanne Calment, on peut lire: Gabriel Simonoff : Jeanne Calment. La Passion de vivre, Editions du Rocher, 1995; France Cavalié, Jeanne Calment. L'oublié de Dieu, Paris, Editions Notre temps, 1995; Jean-Marie Robine et Michel Allard, les 120 ans de Jeanne Calment, doyenne de l'humanité, le Cherche-Midi, 1994
* 180Philippe Laburthe-Tolra, Jean-Pierre Warnier, op. cit., p.131.
* 181Confère les Sourates: la Lumière, verset 2, les Femmes, verset 15, la Vache, verset 16, www.metransparent.com/old/texts/ikbal_algharbi_lapidation_1.htm, Evangile de Saint Jean 8, 1-6
* 182Les Agni et Baoulé sont des groupes sociolinguistiques qui se trouvent en Côte d'Ivoire. Les Baoulé sont localisés au Centre et Centre-est de la Côte d'Ivoire. Les Agni sont situés dans le Sud, le Sud-est et l'Est de la Côte d'Ivoire
* 183Dans l'hindouisme, on admet qu'il y a nécessairement un effet à tout acte posé: c'est le retour.
* 184Régina Yaou, «Aihui anka» (défi aux sorciers), Abidjan, NEI, 1999.
* 185Auguste Comte dans sa loi des trois états a décrit les états successifs par lesquels l'esprit humain est passé. Il s'agit dans l'ordre des états théologique, métaphysique et positif.
* 186Séri Dedy, Etude interdisciplinaire de la mortalité au sein des retraités de la Fonction Publique de Côte d'Ivoire, 2006, p 26.
* 187Voir supra, p. 116: Structures des générations et leurs classes d'âge.
* 188Voir tableau annexe V: Répartition des enquêtés en relation entre les générations et les villages.
* 189La première tentative de création de l'école en Côte d'Ivoire a eu lieu en 1882 dans la région d'Aboisso, précisément à Elima à l'initiative d'un français, Arthur Verdier. Source: dinec-ci.org (direction nationale de l'enseignement catholique)
* 190 http://web.undp.org/africa/documents/mdg/coteivoire-august2010.pdf
* 191Voir annexe sur les professions.
* 192Voir Tableau annexe VI: Répartition des professions occupées pendant la période d'activité selon le niveau d'instruction
* 193Voir tableau annexe X: Rapport entre l'activité quotidienne et la profession en période d'activité
* 194Voir tableau annexe VII: Tableau corrélé du régime de retraite et la génération d'appartenance.
* 195Le couscous de manioc est appelé en langue locale Odjukru, attiéké. C'est de la pulpe de manioc fermentée, séchée et cuite à la vapeur.
* 196Voir tableau annexe IV: Estimation du temps d'inactivité.
* 197Voir tableau annexe VIII: Sources de revenu en fonction du revenu mensuel.
* 198Paul Paillat, op. cit., p. 2.
* 199Voir supra, p.171 schéma 9: Evolution rotative des générations et classes d'âge.
* 200Voir tableau annexe IX: Répartition du nombre d'enfants en fonction du lieu de résidence.
* 201Voir tableau annexe XI: Répartition de la taille des ménages en fonction du nombre d'enfants.
* 202Voir tableau annexe I: Statut matrimonial des enquêtés selon le sexe.
* 203C'est aussi de la maltraitance économique
* 204Voir tableau annexe II: Raisons explicatives des manques de visite aux parents.
* 205Voir tableau annexe III: Répartition des raisons d'absence de visite en fonction du sexe.
* 206Lire Séri Dedy, Gozé Tapé, et. Mariétou Koné, Kouamé NGuessan.
* 207Voir infra, p. 258 tableau 49: Raisons Justificatives de l'appréciation du statut de personne âgée.
* 208Voir supra, p. 236 tableau 38: Qualité des rapports entre les personnes âgées et leur famille.
* 209Voir infra, p. 244 tableau 41: Attachement aux liens familiaux et au village d'appartenance.
* 210Harris Memel-Fotê, op. cit., p. 116, 118, 122.
* 211www.marne.fr/index.php/public/vivre/familles/personnes-agees/la-vie-sociale-et-les-loisirs.
* 212Claude Meillassoux, op. cit.
* 213Voir tableau annexe X: Rapport entre l'activité quotidienne et la profession en période d'activité.
* 214 www.droitsenfant.com/maltraitance.htm, http://fr.wikipedia.org/wiki/Maltraitance
* 215Voir tableau annexe XII: Répartition de l'aspect physique des enquêtés selon les tranches d'âge.
* 216www.marne.fr/index.php/public/vivre/familles/personnes-agees/la-vie-sociale-et-les-loisirs.
* 217Pierre Bourdieu, op. cit.
* 218Georges Balandier, Sens et puissance, Paris, PUF, 1971, pp.13-16.
* 219Kevin Dayoro, op. cit., p. 275.
* 220Marc Montoussé, Gilles Renouard, 100 fiches pour comprendre la sociologie, Rosny, Editions Bréal, 2006, pp 212-213.
* 221Anne-Marie Guillemard, op. cit.
* 222Confère Séri Dedy, Gozé Tapé, op. cit. pp 20-21.
* 223Amadou Hampaté Bâ, op cit. p. 11.
* 224GeorgesMinois, Histoire de la vieillesse, France, Fayard, 2007, p. 409.
* 225Alfred Sauvy, op. cit., p 35.
* 226Simon-Pierre Ekanza, L'Afrique au temps des blancs (1880-1935), Abidjan, Editions CERAP, 2005, p. 113.
* 227Kevin Dayoro, op. cit., 283.
* 228Séri Dédy, Etude interdisciplinaire de la mortalité au sein des retraités de la Fonction Publique de Côte d'Ivoire, 2006.
* 229Séri Dédy, ibidem.
* 230Le groupe sociolinguistique Tchaman se trouve essentiel dans la partie Sud de la Côte d'Ivoire.