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Conflits enAafrique centrale: le cas de la RCA de 1960 à  2013. Dynamique récurrente d'une trappe de conflictualité

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par Yannick Stéphane NGBWA ESSO
Université de Yaoundé II - Master-Recherce en Science Politique, option: Relations Internationales 2014
  

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PARAGRAPHE 2 : LA CONQUETE ET LE CONTROLE DU POUVOIR

La RCAse caractérise par les coups d'Etat et tentatives de coups d'Etat à répétition. Cette situation d'instabilité chronique s'explique en partie parles luttes poussées pour le pouvoir (A) et l'autoritarisme des régimes (B).

A. LE POUVOIR POLITIQUE, ENJEU DES LUTTES FRATRICIDES : DE L'USAGE DE LA VIOLENCE COMME STRATEGIE DE CONSERVATION ET DE CONQUETE DU POUVOIR

Les luttes politiques renvoient à des affrontements et autres querelles qui ont pour but la prise et l'exercice du pouvoir. Il n'existe pas de société si petite soit-elle sans un pouvoir qui en assure la régulation. A cet effet, Jean-William LAPIERRE pense que « toute vie sociale a pour condition de possibilité une régulation des comportements des membres du groupe de telle sorte que le comportement de l'un soit ajusté à celui de l'autre et que tous ces comportements ensemble soient coordonnés »96(*). Comme pour dire qu'il n'existe aucune société sans tension, ni conflit. La RCA n'en fait donc pas exception. Les incompréhensions et rancoeurs coloniales ainsi que l'immédiateté conceptuelle des socles étatiques par les nouveaux dirigeants ne pouvaient pas garantir de paix durable en RCA.

La violence est érigée en stratégie de conservation du pouvoir dans ce pays. Le 13 août 1960, l'indépendance du pays est proclamée. Le 17 novembre, David DACKO est élu Président de la République. Aux premières heures de l'indépendance, un régime autocratique est institué. La corruption et les excès de tout genre acculent la population centrafricaine. Celle-ci est confinée dans la peur. Le parti unique est instauré. Refusant ce statut, l'opposition et les syndicats mènent une épreuve de force. Au final, la violence va s'ériger en « adjuvant de la gouvernance politique »97(*). Elle est légitime selon les dirigeants pour stabiliser le pays dans le développement.

D'autre part, si la violence prévaut dans les stratégies d'exercice du pouvoir, elle domine également les discours et trajectoires de compétition pour l'accession au pouvoir. Le verrouillage politique a amené l'opposition à privilégier la violence comme mode opératoire. Autant les dirigeants s'en servent, autant l'opposition s'en approprie. C'est dans cette logique que Jean-Bedel BOKASSA s'empare du pouvoir sur la base des récriminations de certains acteurs politiques à l'encontre de David DACKO. Au demeurant, la violence structure la lutte pour la conquête et le contrôle du pouvoir en RCA. Le droit du plus fort prime et est légitimé. D'où la nature autoritariste des différents régimes.

B. L'AUTORITARISME DES REGIMES

L'autoritarisme est l'une des principales causes des conflits en RCA. Elle a pour conséquence les mécontentements, les frustrations et les tensions au sein des populations opprimées. Tout part des premiers régimes à la tête du pays. Dans une logique de pérennité, ils instaurent des mécanismes de verrouillage de la vie politique. Dans ce sillage, le pays baigne pendant longtemps dans le monopartisme. Ainsi, plusieurs partis uniques sont à compter au fil des régimes. Le premier parti unique, le Mouvement d'Evolution Sociale en Afrique Noire (MESAN) est institué par David DACKO en 1962. Le deuxième voit le jour en 1980 sous l'appellation de l'Union Démocratique Centrafricaine (UDC). Il est l'oeuvre du même David DACKO. Un troisième parti unique est instauré par André KOLINGBA en 1986. Auparavant, le pays est érigé en Empire Centrafricain (ECA) en 1976 par Jean-Bedel BOKASSA. A chaque fois, on assiste à l'interdiction des partis d'oppositionet des syndicats.

Les dirigeants centrafricains optent également pour les révisions constitutionnelles. Chaque régime y va de sa propre révision ou changement pour se pérenniser98(*). Adja DJOUNFOUNE voit en la révision constitutionnelle « une technique d'établissement de la monopolisation du pouvoir par le Chef d'Etat et d'un instrument de pérennisation du système politique »99(*). Il est certes normal de reformuler les lois qui régissent le peuple100(*). Pourtant, ces changements sont rarement tournés vers l'avenir mais autour du Chef de l'Etat. Ils sont plutôt dirigés contre le retour d'un adversaire et annulent les possibilités d'un Etat de droit en RCA.Le problème des élites gouvernantes c'est le maintien au pouvoir. A cet effet, Eric Mathias OWONA NGUINI affirme que « les leaders étatiques (...) se conduisent comme des entrepreneurs et opérateurs politiques orientés vers le développement des ressources de `'monopolisation du pouvoir'' à même d'installer les moyens de domination portés vers un gouvernement perpétuel ou quasi perpétuel »101(*). A titre illustratif, David DACKO à son arrivée au pouvoir fait amender la Constitution de 1959 à plusieurs reprises la vidant de sa substance démocratique. Il consacre le MESAN comme parti unique dès novembre 1962 dont l'appartenance est obligatoire. Autre illustration, Jean-Bedel BOKASSAen 1966,suspend la Constitution et se fait proclamer Président à vie en 1972.

Le déficit de l'Etat à relever les défis fait des mécontents. Le système étant verrouillé, il ne reste plus que le recours à la force armée. Celui-ci se matérialise par les coups d'Etat et les tentatives de coups d'Etat notamment. Les incidences qui en découlent sont catastrophiques pour le développement économique et social du pays.

* 96 Jean-William LAPIERRE cité par Louis Paul NGONGO, séminaire d'Introduction à la Science Politique, chapitre 2 : le phénomène du pouvoir, Université de Yaoundé II, année universitaire 2010-2011.

* 97 Alphonse ZOZIME TAMEKAMTA, « Poliorcétique en guerre et violence banale. L'Afrique Centrale au coeur de la nouvelle saison conflictuelle (1960-1990) », Enjeux, numéro 51, juin 2015, p. 77.

* 98 On dénombre plusieurs révisions ou changements de constitution dont :

-celui du 9 février 1959

-celui du 4 décembre 1976

-celui du 1er février 1981

-celui du 21 novembre 1986

-celui du 14 janvier 1994

-celui 28 décembre 1994

-celui du 5 décembre 2004

* 99 Adja DJOUFOUNE cité par Martin KUENGIENDA, L'Afrique est-elle démocratisable ? Constitution, sécurité et bonne gouvernance, Paris, L'Harmattan, 2015, p. 85.

* 100 La Constitution française (1789) qui sert de modèle à l'Etat centrafricain postule que la nation a le droit imprescriptible de changer sa constitution. Voir Martin KUENGIENDA, op. cit., p. 102.

* 101 Eric Mathias OWONA NGUINI, « Le gouvernement perpétuel en Afrique Centrale : le temps politique présidentialiste entre autoritarisme et parlementarisme dans la CEMAC », Enjeux, numéro 19, avril-juin 2004, pp. 9-14.

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe