THÈME:
CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE : LE CAS DE LA RCA DE
1960 A 2013
D
Dynamique récurrente d'une trappe de
conflictualité
Mémoire présenté par
NGBWA ESSO Yannick Stéphane
Licence en Institutions des Relations Internationales et Etudes
Stratégiques
Directeur
Dr. ELONO ESSONO Armand
Chargé de cours àl'IRIC
Année Académique 2014 - 2015
AVERTISSEMENT
L'Université de Yaoundé IIn'entend donner
aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce
mémoire : ces opinions doivent être considérées
comme propres à leur auteur.
DEDICACE
Aux victimes des crises en RCA et à leurs familles
respectives
En signe de solidarité, de réconfort et de
compassion
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier tous, ceux et celles qui d'une
manière ou d'une autre, ont contribué et rendu possible la
conception et l'élaboration de ce travail de recherche,
notamment :
Notre directeur de mémoire, le Docteur ELONO ESSONO
Armand qui, malgré ses multiples responsabilités, a su nous
guider dans nos travaux et dont la rigueur scientifique nous a permis de
pouvoir mieux nous orienter ;
Nos enseignants du département de Sciences Politiques
de l'Université de Yaoundé IIen l'occurrence le Professeur FOGUE
TEDOM Alain, le Professeur NTUDA EBODE Joseph Vincent, le Professeur KOUNOU
Michel, le Professeur OWONA NGUINI Mathias, le Professeur MVELLE Guy et le
Professeur AKONO ATANGANAE Eustache ;
Nos camarades de promotion notamment ceux de la filière
Institutions des Relations Internationales et Etudes Stratégiques pour
les intenses et non moins passionnants moments d'échanges et de
débatsque nous avons eu entre nous ;
Notre famille, pour avoir été toujours à
nos côtés ;
Le Professeur DIMI Charles-Robert ;
Madame ATANGANA AVA née EBA MBALLA Lydie au
Ministère de l'Enseignement Supérieur à Yaoundé.
SIGLES ET ABREVIATIONS
AEF : Afrique Equatoriale Française
APRD : Armée Populaire pour la Restauration de la
Démocratie
BAD : Banque Africaine de Développement
BONUCA : Bureau des Nations-Unies pour la Consolidation
de la Paix en République Centrafricaine
CDS : Commission de Défense et de
Sécurité
CEEAC : Communauté Economique des Etats de
l'Afrique Centrale
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire
de l'Afrique Centrale
CEN-SAD : Communauté des Etats
Sahélo-Sahéliens
CEMI : Commission Electorale Mixte et
Indépendante
CEPGL : Communauté Economique des Pays des Grands
Lacs
CFA : Colonie Française d'Afrique
CMRN : Comité Militaire de Redressement
National
CNT : Conseil National de Transition
CODESRIA : Conseil pour le Développement de la
Recherche en Sciences Sociales en Afrique
COPAX : Conseil de Paix et de Sécurité de
l'Afrique Centrale
CPJP : Convention Patriotique pour la Justice et la
Paix
CPS : Conseil de Paix et de Sécurité
CPSK : Convention Patriotique du Salut du Kodro
CRN : Conférence de Réconciliation
Nationale
DADP : Direction des Affaires Politiques Diplomatiques
DDR : Désarmement, Démobilisation et
Réintégration
Dir. : (sous la direction de)
DSRP : Document de Stratégie de Réduction
de la Pauvreté
Ed. : Editions
EMIA : Ecole Militaire Inter-Armées
ENAM : Ecole Nationale d'Administration et de
Magistrature
Etc. : Et Cætera
EUFOR : Opération de l'Union Européenne en
République du Tchad et la République Centrafricaine
FACA : Forces Armées Centrafricaines
FAR : Forces Armées Rwandaises
FEF : Facilité en faveur des Etats Faibles
FPAE : Fondation Paul AngoEla
FDPC : Front Démocratique du Peuple
Centrafricain
FOMAC : Force Multinationale de l'Afrique Centrale
FOMUC : Force Multinationale en Centrafrique
FPR : Front Populaire pour le Redressement
FUC : Front Uni pour le Changement
GAPLC : Groupement d'Action Patriotique de
Libération de la Centrafrique
GP : Garde Présidentielle
HCR : Haut-commissariat pour les Réfugiés
ICR/LRA : Initiative de Coopération
Régionale contre la LRA
IDH : Indicateur du Développement Humain
IFC : Institut Français du Cameroun
LCDH : Ligue Centrafricaine des Droits de l'Homme
LRA : Lord ResistanceArmy (Armée de
résistance du Seigneur)
MARAC : Mécanisme d'Alerte Rapide en Afrique
Centrale
MEDAC : Mouvement d'Evolution Démocratique en
Afrique Centrale
MESAN : Mouvement d'Evolution Sociale en Afrique Noire
MICOPAX : Mission de Consolidation de la Paix en
Centrafrique
MINURCA : Mission des Nations Unies en République
Centrafricaine
MINURCAT : Mission des Nations Unies en République
Centrafricaine et au Tchad
MISAB : Mission de Surveillance des Accords de Bangui
MLC : Mouvement de Libération du Congo
MLCJ : Mouvement des Libérateurs Centrafricains
pour la Justice
MLPC : Mouvement de Libération du Peuple
Centrafricain
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
OMP : Opération de Maintien de la Paix
ONU : Organisation des Nations Unies
Op.cit. : operecitare (dans le même ouvrage)
P : Page
PAP : Protocole d'Accord Politique
PARE : Programme d'Appui aux Réformes
Economiques
PDES : Plan de Développement Economique et
Social
PIB : Produit Intérieur Brut
PNA : Programme National d'Action
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PRES : Programme de Redressement Economique et Social
P.U.F. : Presses Universitaires Françaises
RCA : République Centrafricaine
RDC : Rassemblement Démocratique Centrafricain
RGPH : Recensement Général de la Population
et de l'Habitat
TMP : Tribunal Militaire Pénal
TPIY : Tribunal Pénal International pour l'ex
Yougoslavie
UA : Union Africaine
UDC : Union Démocratique Centrafricaine
UFAP : Union des Forces Acquises à la Paix
UFDR : Union des Forces Démocratiques pour le
Rassemblement
USTC : Union Syndicale des Travailleurs Centrafricains
LISTE DES ANNEXES
ANNEXE 1 :Les principales sources minières en
RCA
ANNEXE 2 :La liste des différents Chefs de
gouvernement centrafricains de 1960 à 2013
ANNEXE 3 : La carte de la RCA
ANNEXE 4 : Les régions administratives de la
RCA
ANNEXE 5 : Les indicateurs de scolarisation et de
dépenses publiques
ANNEXE 6 :Le protocole d'entretien
RESUME
Enclavé au coeur de l'Afrique, la République
Centrafricaine (RCA) est un pays riche en ressources minières et
forestières. Paradoxalement, sa population vit dans des conditions on ne
peut plus précaires. La faute principalement à la mauvaise
gouvernance entretenue par l'élite dirigeante.
Depuis son indépendance obtenue en 1960, le pays est
confronté à des crises politico-militaires et
socio-économiques récurrentes. Leur niveau de violence et de
barbarie est des plus élevés. Ces crises aux facteurs internes et
externes débordent largement le cadre national centrafricain. Aussi, les
pays riverains et les puissances étrangères interviennent-ils
à un rythme incessant. Les raisons de ces interventions sont
économiques, politiques, hégémoniques,
stratégiques, etc. toujours est-il que, s'agissant de l'ONU et de ses
relais régionaux, ils tentent à chaque fois d'apporter des
solutions à ces crises. Ceci au travers de processus impliquant
très souvent les différents belligérants.
Mais, malgré tous les efforts nationaux et
internationaux, les conflits s'enlisent. La situation reste
délétère avec la recrudescence de la violence et le
renforcement des positions des groupes armés.
De manière objective, la présente contribution
apporte des éléments pour comprendre le contexte et les origines
de ces crises récurrentes. Elle propose aussi de nouvelles esquisses de
solutions.
Mots clés : conflit, paix,
nation, Etat.
ABSTRACT
Landlock in the heart of Central Arica, CAR is a country rich
in mineral and forest resources. Paradoxally, the population lives in
precarious conditions. The country is characterized by bag governance fostered
by the ruling elite.
Since the independence in 1960, the CAR crises have reached a
level of violence and barbarism of the highest. The factors are internal and
external. Their actors are both national, state and foreign. Naturally, they
have subregional implications. The countries of Central Africa and the rest of
the international community forced the national political actors in the signing
of agreements for the return of peace. These processes are generally followed
by democratic elections and governments of national unity and transition. They
are accompagnied by the presence of multinational forces for the restoration of
security and disarmament of armed groups. The CAR authorities are also working
locally though certain reforms.
But, despite the support of the international community and
national efforts, conflicts seem to get bogged down. The situation remains
deleterious with increased violence and strengthening the positions of armed
groups.
Objectively, the present contribution brings some elements to
understand the context and the origins of these recurrent crises.
Key words :conflict, peace, nation,
state
SOMMAIRE
INTRODUCTION
GENERALE
2
PREMIERE PARTIE :LA CONFLICTUALITE CHAOTIQUE DE LA
RCA : FRUIT DES FACTEURS ENDOGENES ET EXOGENES
27
Chapitre
I:Les facteurs internes de production de la conflictualité en
RCA......................
29
Section 1 : les facteurs politiques
30
Section 2 : les facteurs economiques et
sociaux
35
Section 3 : la question des identites
41
Conclusion du chapitre I
45
Chapitre II :les facteurs externes de
production de l'instabilite en RCA
46
Section 1 : le poids des heritages
47
Section 2 : le poids de l'exterieur
52
Conclusion du chapitre II
60
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
61
SECONDE PARTIE :LA PERSISTANCE DES CONFLITS EN
RCA : CONSEQUENCE DE L'INEFFICACITE DES MECANISMES DE GESTION DES CONFLITS
ARMES
62
Chapitre III:le processus de reiteration de la
violence en rca : preuve de l'echec de la communaute internationale
64
Section 1: les supports juridiques et
institutionnels
65
Section 2: les supports logistiques
73
Conclusion du chapitre III
85
Chapitre IV :la reactivation de la spirale
centrafricaine de conflictualite : consequence de l'inefficacite des
reformes internes
86
Section 1 : l'inefficacite des reformes
politiques
87
Section 2 : l'inefficacite des reformes
socioeconomiques
93
Conclusion du chapitre IV
98
CONCLUSION
GENERALE
99
BIBLIOGRAPHIE
103
INTRODUCTION
GENERALE
Depuis la fin du 20è siècle, l'Afrique en
général et l'Afrique subsaharienne en particulier sont devenues
le théâtre de multiples conflits. En effet, l'espace africain est
traversé par de nombreuses tensions aux conséquences
dévastatrices. Entre guerres d'indépendance, répressions,
guerres civiles, violences ethniques, rébellions et guerres entre
Etats ; la question des conflits est une des pierres angulaires des
problèmes de sécurité et de développement de
l'Afrique.Aucun pays ne pouvant aspirer au développement dans
l'insécurité, les questions de sécurité sont donc
devenues prioritaires. Or, la politique de sécurité qui rassemble
toutes les stratégies internes d'un Etat afin d'établir ou de
rétablir la paix et de la préserver dans son territoire, de
garantir aux gouvernés les moyens de vivre, travailler, investir et
faire des projets sereinement1(*), est un bien encore mal assuré en Afrique. Face
à l'incapacité des Etats à mettre en place des
dispositions diplomatiques et légales, des ressources humaines et
budgétaires, des équipements militaires adéquats et
efficaces pouvant permettre à leurs citoyens de vivre et de cohabiter en
paix ; l'insécurité prend des formes multiples dont les plus
extrêmes sont les conflits armés.Depuis 1960, 38
conflits majeurs ont été répertoriés dans 28
pays2(*). En 1999, l'Afrique
était le théâtre de plus de la moitié des conflits
armés se déroulant dans le monde3(*). En 2002, au moins 15 des 53 pays que comptent le
continent sont marqués par des conflits soit ouverts, soit
latents4(*).Les conflits
pour ainsi dire, ont rythmé la vie et l'évolution du continent
noir dans un intervalle plus ou moins régulier.
La plupart de ces conflits se déroulent dans le cadre
étatique. En effet, depuis la fin de la guerre froide, on assiste
à une mutation dans la nature des conflits. Le nombre de conflits se
déroulant à l'intérieur d'un Etat dépasse largement
celui des conflits entre les Etats selon un constat de la Commission
Carnegie5(*). Les chiffres
sont assez évocateurs à ce sujet. Depuis 1990, sur 19 conflits
majeurslocalisés dans 17 pays africains, un seul oppose deux Etats entre
eux6(*). Allant dans le
même sens, Kofi A. ANNAN signalait déjà en 1999 que plus de
30 guerres en majorité d'ordre interne se sont déroulées
dans le continent depuis 19707(*).La rareté des guerres interétatiques
provient de ce que les Etats sont davantage préoccupés à
consolider leurs assises sur le plan interne qu'à provoquer des conflits
dont ils n'ont pas les moyens de gérer.
L'Afrique Centrale bat tous les records en matière de
conflits. Elle est traversée par une conflictualité largement
au-dessus de la moyenne8(*).Sur les 29 crises majeures recensées entre 1974
et 2002, l'Afrique Centrale vient en tête de liste avec 9 crises9(*). Jusqu'en 2008, les pays qui la
constituent sont classés parmi les pays au monde dont les indices de
paix sont les moins élevés.Ici, sept des onze pays sont
marqués par l'existence ou la sortie des crises violentes10(*). Une conflictualité qui
semble défier le temps et se moquer de ses contraintes11(*). Ces conflits font
généralement suite à des coups d'Etat qui portent de
nouveaux acteurs au pouvoir. Une fois installés, ces derniers jadis des
rebelles cherchent à asseoir et à légitimer leur pouvoir
au travers de processus électoraux non transparents et par eux
contrôlés. On assiste dès lors à une situation
très paradoxale où les élites politiques d'un pays ont la
faveur des urnes mais pas celles de la population. Celle-ci ne s'identifie pas
forcement à elles et ne reconnait leur autorité que du fait de la
coercition dont usent et abusent ces élites. D'autre part, les anciens
dirigeants renversés ne lésinent pas sur les moyens, la force
armée principalement, pour revenir aux affaires. Par-là, ils
cherchent à reprendre leur place d'avant qui leur aurait
été injustement arrachée.D'où un environnement
conflictuel récurrent. La situation qui prévaut nous oblige
à nous intéresser au problème de la place occupée
dans les systèmes politiques (qu'ils soient ou non démocratiques)
par la force. En outre, les conflits dans la sous-région voient
incessamment la participation des forces extérieures.
Pour comprendre le pourquoi des conflits en Afrique Centrale,
il faut remonter à l'époque coloniale, notamment en 1884-1885.
Cette date marque le découpage de l'Afrique. Celui-ci a donné
lieu à ce qu'on a appelé la balkanisation du continent. Des
populations hétérogènes sont désormais
regroupées au sein d'institutions dites étatiques. Et ceci
constitue un terreau de conflits. Il faut également interroger la
mondialisation pour la compréhension de ces conflits. « De
grandes firmes usent de leur puissance et de leur mobilité nouvelle pour
exercer une influence politique »12(*). Pour demeurer au pouvoir, la plupart des dirigeants
se mettent à la solde des étrangers, des transnationales. Ce
choix est à l'origine des troubles sociaux qui secouent la
quasi-totalité des Etats de la sous-région. Le sacrifice des
intérêts nationaux sur l'autel des intérêts du
capital mondialisant et mondialisé pour ainsi dire est l'une des causes
de l'instabilité de ces Etats13(*).
I. CONTEXTE ET
JUSTIFICATION
Il est question dans cette partie de notre travail de
présenter le sujet d'une part (A) et de donner les
arguments qui ont joué en faveur de son choix d'autre part
(B).
A. PRESENTATION DU
SUJET
La RCA est marquée par une série de turbulences
politico-militaires (1) et socioéconomiques
(2). Lesquelles perturbent fortement la paix et la
sécurité intérieure.
1. Des crises politico-militaires
régulières
-Période 1960-1965,
le régime de David DACKO
Fondée le 1er décembre 1958
par Barthelemy BOGANDA14(*), la RCA accède à l'indépendance
le 13 aout 196015(*). La
première crise survient quelques mois plus tard. Le 17 novembre 1960,
David DACKO est élu premier Président de la République par
l'Assemblée Nationale. Une élection dont les conditions
d'organisation sont contestées par Abel GOUMBA. Ce dernier crée
son propre parti politique, le Mouvement d'Evolution Démocratique en
Afrique Centrale (MEDAC). Du haut d'une cohabitation difficile entre les deux
rivaux, Abel GOUMBA est contraint à l'exil16(*).
-Période
1965-1979, le règne de Jean-Bedel BOKASSA
Dans la nuit de la Saint Sylvestre 1965, David DACKO est
déposé par le Colonel Jean-Bedel BOKASSA alors Chef d'Etat-major
des Forces Armées17(*). Pendant quatorze ans, celui-ci instaure une
dictature militaire féroce. Son autoritarisme provoque des
mécontentements. Aussi, est-il victime de plusieurs tentatives de
putsch. La première intervient le 11 avril 1969 par le
Lieutenant-colonel Alexandre BANZA. La deuxième survient le 7 avril 1973
par un complot imputé à l'ancien ministre Auguste M'BONGO. Une
autre tentative de déstabilisation est initiée en novembre 1974
par le Général LIPOUGOU. La dernière tentative contre
Jean-Bedel BOKASSA intervient en février 1976 sous forme d'attentat
raté. En janvier et avril 1979, des grèves d'écoliers et
d'étudiants sont sauvagement réprimées: on parle de plus
de 400 morts. L'opération Barracuda du 20 septembre 1979 met fin au
régime de Jean-Bedel BOKASSA et marque l'avènement de David DACKO
pour la seconde fois. Cette manoeuvre ne fait pas que des heureux. En effet,
les nationalistes sont désappointés tandis que les forces
organisées pour un changement politique réel sont
frustrées18(*).
L'opposition voit en David DACKO une imposture et se considère
flouée par la France.
-Période 1979-1981, le second mandat de David DACKO
Contraint au dialogue, le pouvoir organise un séminaire
national de réflexion en décembre 1980. Ce forum accouche d'une
nouvelle Constitution où est inscrit le pluralisme politique.
L'élection présidentielle qui s'ensuit en mars 1981 conforte
David DACKO au pouvoir. L'opposition (Ange Félix PATASSE et son parti le
MLPC notamment) organise des manifestations violentes en représailles.
Six mois après son élection, l'armée dirigée par le
Général KOLINGBA oblige David DACKO à lui laisser le
pouvoir. Nous sommes le 1er septembre 1981.
-Période 1981-1993, la dictature du
Général André KOLINGBA
La constitution est suspendue, les syndicats et les partis
politiques sont dissouts. Très vite, des contradictions surgissent au
sein du CMRN. Ces contradictions prennent des proportions dramatiques et
conflictuelles. La RCA est au bord de l'implosion. La paix et l'unité
nationale sont gravement menacées. C'est dans ce contexte que
surviennent les attentats de Bangui. L'état de siège est
décrété entre mai et juillet 1981. Le
Général François BOZIZE tente un coup d'Etat le 03 mars
1982. L'entrée au gouvernement de quelques universitaires et grands
commis de l'Etat à partir de 1985 n'y change rien. En novembre 1986, une
nouvelle constitution instaure le parti unique, le Rassemblement
Démocratique Centrafricain (RDC). Dès Avril 1991, on note le
retour du multipartisme sous la pression du discours de la Baule et la
radicalisation des mouvements internes. Le retour des formations politiques
marque l'exercice d'une grande pression contre le régime en place. Elle
aboutit finalement à des élections le 25 octobre 1992. Suite
à des irrégularités, leurs résultats sont
annulés par la Cour Suprême. De longues tractations donnent lieu
à de nouvelles élections en septembre 1993. Elles portent
Ange-Félix PATASSE au pouvoir.
-Période 1993-2003, l'ère Ange-Félix
PATASSE
Des alliances se sont faites à la veille de
l'élection d'Ange-Félix PATASSE. Mais ce dernier règne
sans partage. La déception s'installe et s'accroit au sein des anciens
alliés. Entre 1996 et 1997, l'armée se soulève en
mutineries pour dénoncer ses conditions précaires19(*). La paix reste menacée
malgré la signature d'accords. Profitant de ce climat, l'ancien
Président André KOLINGBA tente de prendre le pouvoir le 28 mai
2001. Il a fallu l'intervention des troupes militaires du rebelle congolais
Jean Pierre BEMBA pour rétablir l'ordre institutionnel. Une crise
sociopolitique et militaire s'installe. Un climat de méfiance entre le
président Ange-Félix PATASSE et son Chef d'Etat-major, le
Général François BOZIZE surgit. Le second entre en
rébellion en octobre 200120(*). Du Tchad où il s'organise, il tente par deux
fois de prendre le pouvoir en vain. Le 15 mars 2003, François BOZIZE
revient à la charge et prend le pouvoir.
-Période 2003-2013, le pouvoir de
François BOZIZE
En 2004, François BOZIZE fait adopter une nouvelle
question et en 2005 il organise une élection présidentielle qui
le conforte au pouvoir. Entre 2006 et 2007, on note des soulèvements
armés. Ils sont l'oeuvre des anciens alliés mécontents de
François BOZIZE. Ceux-ci lui reprochent de ne pas respecter les ententes
passées lors du coup d'Etat de 2003. En 2012, une nouvelle
rébellion éclate. Elle est initiée par plusieurs groupes
armés regroupés au sein de la coalition
Séléka21(*).
Elle s'insurge contre le non-respect par François BOZIZE des accords de
paix de 2007. Elle prend le pouvoir le 24 mars 2013 à la suite d'un
nouveau coup d'Etat22(*).
2. Des crises socioéconomiques aux
conséquences dévastatrices
La RCA enregistre plusieurs crises économiques.
Celles-ci ont des incidences dévastatrices sur le niveau de
développement du pays.
-Période 1960-1966, la stagnation de l'économie
centrafricaine
Entre 1960 et 1966, l'émergence d'une nouvelle
administration entraine la stagnation de l'économie centrafricaine.
Cette émergence se traduit par le besoin croissant de financements. Ils
sont acquis par le prélèvement autoritaire sur les revenus des
paysans. Cette politique a découragé la production agricole et
entrainé la baisse du revenu par habitant.
-Période 1967-1975, entre boom des secteurs de base et
échec de la réforme agraire
Si la période 1967-1970 marque le boom des secteurs
miniers et forestiers, on note un ralentissement de la croissance entre 1970
et 1975. Il fait suite à l'échec de la réforme agraire
initiée par Jean-Bedel BOKASSA. Originellement, il vise l'accroissement
de la productivité agricole par une mécanisation accrue. Ses
effets sont désastreux : la production du coton chute jusqu'en
1980. Celle du café n'a de cesse de chanceler.
-Période 1976-1983, de l'envolée des cours
à la détérioration des termes de l'échange
Entre 1976 et 1978, il y'a une envolée des cours de
matières premières. Mais le pays ne tire pas son épingle
du jeu. Il s'ensuit une période de récession entre 1979 et 1983.
Elle est due à une détérioration des termes de
l'échange. Elle est consécutive à la hausse du prix du
pétrole, la baisse des cours mondiaux des matières
premières. Cette situation provoque un creusement aigu du déficit
commercial. Les choses s'améliorent nettement dès 1981 avec la
dépréciation du dollar par rapport au franc CFA.
-Période 1983-1989, les déséquilibres
structurels
La période 1983-1985 marque une tentative de
stabilisation de l'économie malgré une faiblesse de la
croissance. Elle n'apporte pas une amélioration notable. Bien que
supérieure à la précédente, la croissance
économique reste médiocre. La faute est imputée à
la crise mondiale, la sècheresse de 1983 et le gel des salaires des
fonctionnaires. Ces déséquilibres structurels persistent entre
1986 et 1989 malgré les mesures mises en place par le gouvernement afin
de stopper l'hémorragie23(*). Cette tentative est compromise par des facteurs
étrangers défavorables. Les cours du café sont au plus
bas. Les recettes à l'exportation sont affaiblies. L'Etat vient à
la rescousse de tous les secteurs déficitaires.
-Période 1990-1999, la grande
récession
La RCA connait une grave crise économique entre 1990 et
1993 : on parle d'une phase de grande récession (-8,9% sur 4
ans)24(*). La faute
à la conjonction de plusieurs facteurs. Il s'agit du faible niveau des
recettes enregistrées. Lequel s'explique par la chute des cours des
principaux produits d'exportation de la RCA notamment le coton, le café,
le bois, le tabac et le diamant25(*) (annexe 1) et par la longue grève qui a
paralysé les régies financières. Les autres raisons sont
la surévaluation du franc CFA26(*), la dépréciation du dollar
américain qui a affecté les recettes d'exportation, la gestion
opaque des finances publiques et de l'Aide publique au développement et
la perte du pouvoir d'achat de la population27(*). Après une reprise économique en
1994-1995, la croissance redevient négative en 1996 suite aux mutineries
qui fragilisent le tissu économique. Une nouvelle reprise timide de
l'économie survient entre 1998 et 1999. Elle est favorisée par
les efforts des autorités soutenues par les bailleurs de fonds
internationaux28(*).
-Apartir de 2000, de la crise
d'approvisionnement en produits pétroliers à la baisse
continuelle des cours mondiaux des produits d'exportation.
Entre 2000 et 2001, l'économie centrafricaine connait
une période difficile. Elle est marquée par les problèmes
de gouvernance, la chute des prix des principaux produits exportés par
le pays, le non-approvisionnement en produits pétroliers,
l'envolée du prix de baril de pétrole, etc. La situation du pays
évolue en 2002. Elle se dégrade dès 2003. Les raisons sont
la persistance des tensions inflationnistes, l'aggravation du déficit
budgétaire, le recul de la masse monétaire, etc.
L'insécurité chronique transforme en
« mythe de Sisyphe les efforts de développement
économique et social ». La conséquence est la
prééminence des conflits pour la contestation de l'ordre
établi29(*). La
constitution des insurgés et les tensions sociales qui en
résultent conduisent à l'enracinement des crises. Ces
paramètres ont naturellement pesé dans le choix de notre
sujet.
B. CHOIX DU
SUJET
La première raison qui justifie le choix de ce sujet
est laviolence permanente et multiforme observée en RCA. Pour des
raisons d'illégitimité ou d'incapacité à mettre en
oeuvre des politiques publiques viables, les régimes centrafricains
plongent dans l'autoritarisme et l'oppression. Aussi, va-t-on observer
l'éclosion de deux types de violence au sein de la société
centrafricaine30(*). La
première se veut directe ou visible. Elle renvoie à ce qui est
perceptible. L'usage de la force armée commence dès la naissance
de l'Etat centrafricain. Avec le temps, elle est devenue un mode d'expression
qui prend le pas sur un certain nombre de limites. Des limites qu'on s'efforce
de respecter dans une société moderne et civilisée. Ce qui
donne l'impression que c'est la loi du plus fort qui domine. Il s'agit bien
évidemment d'une dérive on ne peut plus dangereuse. La violence
visible se manifeste par des coups d'Etat et tentatives de coups d'Etat. Elle
se matérialise aussi par les conflits armés entre le gouvernement
et des groupes rebelles, les répressions et les exactions de
l'armée (tortures, bastonnades, etc.) et la destruction
matérielle. On note également les enlèvements, les
détentions, l'enrôlement des mineurs, les pillages, le braconnage,
le banditisme, les meurtres, les viols ou encore les incendies des
maisons31(*). Claudine
VIDAL parle à cet effet de «brutalisations des rapports de force
politique»32(*).
Cette violence visible est accompagnée d'une autre, moins visible mais
non moins affligeante pour ses victimes. En effet, la violence en RCA
n'est pas que physique : on parle de violence invisible. Cette seconde
catégorie de violenceest dite culturelle et structurelle. Elle n'emploie
pas la force physique et ne laisse pas de séquelles corporelles. Il
s'agit entre autres de la restriction des libertés, de la
discrimination, de l'intolérance, du désenclavement de la partie
Nord du pays, du climat d'insécurité ou encore de l'absence de
justice sociale. On y joint la méfiance entre les musulmans et les
chrétiens. Tous ces éléments constituent de
véritables freins à l'épanouissement d'une certaine
fraction de la population centrafricaine selon que telle ou telle ethnie est
aux affaires. Les abus et autres transgressions inacceptables des dirigeants
centrafricains provoquent des fractions au sein de la population et facilitent
la formation des groupes armés qui posent des actes criminels sous le
prétexte de défendre les intérêts de cette
population. Ainsi, les rapports de force politique appellent à
l'élimination physique d'individus appartenant à des
catégories sociales considérées comme adversaires. Les
conséquences immédiates sont les nombreuses crises qui
ébranlent le pays.
La seconde raison repose sur la place centrale qu'occupe
l'armée sur l'échiquier politique centrafricain33(*). La quasi-totalité des
dirigeants sont arrivés au pouvoir par les armes (annexe 2). De peur de
se faire évincer à leur tour, ils restructurent l'armée
sur la base ethnique. Des raisons égoïstes et personnelles sont
à chercher derrière ces réajustements. Toujours est-il que
cette situation crée des dissensions au sein de l'armée.Ainsi,
l'armée au gré des évènements échappe-t-elle
progressivement au contrôle de l'administration. Les rivalités au
sein de l'armée naissent d'une décision d'août 1963. Ladite
décision dote le pays d'une brigade de sécurité
intérieure de l'Etat. Cette brigade spéciale est directement
placée sous l'autorité directe du Président. Sa mission
est d'assurer la sécurité des institutions nationales ainsi que
la protection des personnalités du pays. Elle est aussi responsable de
la lutte contre toute forme de subversion et de menace contre la
sécurité de l'Etat. Le Président assure lui-même le
recrutement de ses éléments et nomme par décret le
Secrétaire Général chargé de sa direction. Le mode
de recrutement de cette brigade est fondé sur le clientélisme.
Son autonomie opérationnelle par rapport à la hiérarchie
militaire, son indépendance vis-à-vis de l'administration ainsi
que sa vocation à servir le pouvoir et non pas la République
dressent l'armée contre elle. L'armée y perçoit une marque
de méfiance et de défiance du régime en place. C'est dans
ce contexte de rivalité entre les deux entités que dans la nuit
du 31 décembre 1965 au 1er janvier 1966, des soldats
centrafricains apportent un soutien opérationnel à leur
commandant en chef, le Colonel Jean-Bedel BOKASSA pour renverser David
DACKO.Sous le régime militaire de Jean-Bedel BOKASSA, la violence
politique et la répression sont institutionnalisées. A titre
illustratif, entre 1966 et 1969, des tribunaux militaires permanents sont
instaurés. Ces tribunaux prononcent régulièrement des
peines de mort contre les adversaires politiques du pouvoir. Entre 1981 et
1983, l'armée est impliquée dans divers mouvements de violence.
La junte militaire dirigée par le Général KOLINGBA est
sous la menace permanente de militaires dissidents. Celui-ci adopte une
attitude de défiance et prend des mesures politiques visant uniquement
sa survie politique et physique34(*). Dévoyée, l'armée centrafricaine
se retrouve au centre des violences politiques qui agitent le pays jusqu'au
retour du pluralisme en 1990. Avec l'élection présidentielle de
1993, on pouvait espérer le retour de l'armée à des
valeurs républicaines. Mais la mauvaise gestion renforce au contraire
ses dérives. L'armée est marginalisée par le nouveau
régime qui repose son pouvoir sur la garde
présidentielle35(*). La défiance de plus en plus accrue et le
dénuement de l'armée au regard des nombreux privilèges
accordés à la GP constituent la base des tensions qui
régissent les deux corps. Les 28 mai 2001, 2 novembre 2001 et le 25
octobre 2002, l'armée est une fois de plus au centre de tentatives de
coups d'Etat. Comme les fois précédentes, ces tentatives sur fond
de rivalités ethniques ont entrainé le pays dans de nouveaux
drames humains36(*). La
célèbre maxime de Clausewitz « la guerre est la
continuation de la politique par d'autres moyens » trouve tout son
sens et sa véracité dans ce contexte. La situation y est
tellement grave que FAES et SMITH parlent à juste titre de
« la solitude et le chaos en République
Centrafricaine »37(*).Une situation qui se résume en ces mots:
nation inexistante, population malheureuse, mauvaise gouvernance et
démocratie introuvable38(*). Elle a favorisé l'éclosion de milices
et autres groupes armés. Et c'est sans compter sur l'impact de ces
crises sur le développement du pays et le processus d'intégration
en zone CEMAC39(*). Aussi,
l`intérêt de ce travail porte-t-il sur plusieurs niveaux.
II. INTERET DU
SUJET
Trois aspects démontrent en quoi il est
intéressant d'aborder ce sujet. Il s'agit notamment de l'aspect
personnel (A), scientifique (B)et critique
(C).
A. AU PLAN PERSONNEL
Les cris de détresse des populations centrafricaines,
les exactions, les dégâtsmatériels et humanitaires et
l'insécurité alimentairesont autant d'éléments qui
nous ont interpellés. Notre intérêt personnel sur cette
question est d'autant plus grand que le phénomène mondialisant
voulant avec la disparition des frontières, les évènements
qui ont cours en RCA ont des répercussions directes sur les pays
limitrophes et le Cameroun en particulier40(*). Dès lors, se pencher sur les conflits en RCA,
leur persistance et leurs issues revêt une importance et une
sensibilité somme toutes particulières.
B. AU PLAN SCIENTIFIQUE
Ce travail est une contributionpour tous ceux qui voudront
porter une réflexion quelconque sur les conflits en Afrique Centrale et
en RCA particulièrement. Il s'intéresse à leurs origines
immédiates et lointaines. Il permet aussi de faire une sociologie des
acteurs des conflits qu'ils soient étatiques, individualisés ou
étrangers.
C. AU PLAN CRITIQUE
Sur le plan critique, ce travail porte un jugement et une
appréciation sur les mécanismes de gestion et de
prévention des conflits de la communauté internationale. Il
s'agit d'uneinterrogation sur leur portée réelle dans le
rétablissement de la paix. En nous appuyant sur la RCA, il convient de
voir que la prédominance des conflits repose en partie sur
l'inefficacité des solutions. Parleur extraversion et leur imposition,
ellessont inappropriées. Malgré un semblant d'arrangement, la
situation finit toujours par se dégrader au bout de quelques temps.Cela
étant dit, il convient maintenant de situer notre travail temporellement
et géographiquement.
III. DELIMITATION DU
SUJET
Le sujet doit être limité en définissant
le cadre spatial (A) et le cadre temporel (B)
dans lesquels l'étude est menée.Il y va de l'efficacité et
de la pertinence de nos propos.
A. DELIMITATION
TEMPORELLE
Notre étude sur la conflictualité en RCA porte
sur la période allant de 1960 à 2013. C'est en 1960 que la RCA
accède à l'indépendance41(*). Elle acquiert son autonomie juridique
nécessaire pour une existence sur la scène
internationale42(*). Elle
commence à présider elle-même à ses propres
destinées. Avant cette date, la RCA n'était qu'une colonie de
l'ex métropole françaiseparmi tant d'autres.
La limite à posteriori de notre étude se situe
quant à elle à 2013. Cettedate marque la dernière crise
grave dans le pays. Aussi, convient-il de situer ce pays
géographiquement.
B. DELIMITATION
SPATIALE
Il parait tout aussi impérieux de situer la RCA dans
son aire géographique (annexe 3). Avec ses 623.000 Km2 et ses
4.610.000 d'habitants43(*), le pays est enclavé au coeur de l'Afrique. Il
est entouré par le Tchad (1197,0 km), le Soudan (175,0 km), le Sud
Soudan (990,0 km), la RDC (467,0 km), le Congo (1577,0 km) et le Cameroun
(797,0 km). Avec Bangui pour capitale, la RCAest répartie sur 7
régions (annexe 4), 16 préfectures,44(*) 71 sous-préfectures et
175 communes. Le pays est composé d'environ 90 ethnies45(*) dont les principales sont les
Baya, les Banda, les Mandja dans le Centre et l'Ouest ; les Sara et les Kaba
dans le Nord (le long de la frontière avec le Tchad), les Yakoma,
Banziri, Sango et Mbaka dans le Sud ; les Mbororo(Peuhls) à l'Ouest
et les pygmées (Ba'aka) au Sud46(*).50% de cette population est chrétienne (dont
25% de catholiques et 25% de protestants) tandis que 35% sont des animistes et
les 15% restants des musulmans47(*).
IV. CLARIFICATION
CONCEPTUELLE
Nous avons entrepris de répertorier les
termesessentiels qui permettent d'avoir une idée générale
de la chose étudiée et qui aident à la
compréhension du problème scientifique abordé. Il s'agit
notamment de la notion de conflit (A), paix durable
(B) et Etat (C).
A. LE CONFLIT
Au sens légal, un conflit est un contentieux sur un ou
des points de droit. Il s'agit d'un affrontement entre deux ou plusieurs
volontés individuelles ou collectives qui manifestent les unes à
l'égard des autres une intention hostile et une volonté
d'agression, à cause d'un droit à recouvrer ou à
maintenir. Ces volontés essayent de briser la résistance de
l'autre, éventuellement par le recours à la violence.
Toujours sur le plan juridique, l'article 2 commun aux
Conventions de Genève de 1949 et l'article 1 du Protocole additionnel II
permettent de mieux approfondir cette définition du conflit armé.
En 1995,cependant, le Tribunal Pénal International pour Yougoslavie
(TPIY), lors de l'affaire TADIC, en estimant alors qu'un «conflit
armé existe chaque fois qu'il y'a recours à la force armée
entre Etats ou un conflit armé prolongé entre les
autorités gouvernementales et des groupes armés organisés
ou entre de tels groupes au sein d'un Etat»48(*), apporte davantage de
lumière.
Jean-Pierre DERRIENNIC nous propose une réflexion
proche des disciplines des relations internationales. « Un conflit
est une relation entre plusieurs personnes ou plusieurs groupes qui poursuivent
des buts incompatibles »49(*).
Julien FREUND part davantage d'une base sociologique.
« Le conflit consiste en un affrontement ou heurt intentionnel entre
deux êtres ou groupes de mêmeespèce qui manifestent les uns
à l'égard des autres une intention hostile, en
général à propos d'un droit et qui, pour maintenir,
affirmer ou rétablir ce droit, essaient de briser la résistance
de l'autre, éventuellement par le recours à la violence, laquelle
peut le cas échéant tendre à l'anéantissement
physique de l'autre »50(*).
Michel MONROY et Anne FOURNIER signalent les
caractéristiques du conflit. Il s'agit de la durée, les
partenaires impliqués, la forte charge affective, la
détermination à déstabiliser, affecter, réduire,
voire éliminer l'adversaire et le fort investissement à tous
les niveaux. Eux de conclure que « tout conflit comporte un
coût et des coups (...) le conflit est un ensemble de pertes et de
destructions communément consenties »51(*).
KennethBOULDINGquant à lui définit le conflit
comme «une situation de concurrence dans laquelle les parties sont
conscientes de l'incompatibilité de positions futures potentielle et
dans laquelle chaque partie désire occuper une position qui est
incompatible avec les autres »52(*).
Gérard CORNU pour sa part y décèle
« toute opposition de vue entre les Etats, d'une ampleur telle que la
recherche de sa solution puisse déboucher sur l'emploi de la force
»53(*).
PourBarryMAMADOU ALIOU,il s'agit « des guerres
civiles opposant soit des gouvernements à des groupes d'opposants, qui
en général sont des entités ethniques dont l'unique
ambition est la conquête du pouvoir, soit des gouvernements à des
groupes ethniques qui revendiquent leur autonomie »54(*).
Les conflits ne sont pas les mêmes partout. Ils varient
d'un endroit à un autre selon leur intensité, leur durée
et leur extension territoriale. Ils répondent à des
caractères spécifiques. Quand ils ne sont pas politiques55(*), ils sont militaires ;
parfois les deux à la fois. Pris sous l'angle de la typologie, Antoine
Denis N'DIMINA MOUGALA56(*) distingue différents types de conflits en
Afrique: les conflits de libération nationale, les conflits de
frontières, les conflits sécessionnistes, les conflits
identitaires et les conflits de pouvoir57(*). Le lien dominant est la quête du pouvoir.Il
est important de souligner que ce n'est pas le fait d'avoir des buts
différents ou des opinions différentes qui conduit les humains
à entrer en conflit, mais le fait de poursuivre des buts incompatibles,
c'est-à-dire des buts que certaines personnes ne peuvent atteindre sans
empêcher d'autres d'atteindre les leurs.C'est lorsqu'il évolue en
conflit armé qu'il se confond alors à la guerre.
La guerre ici est l'expression la plus poussée du
conflit. Dans son acception la plus courante, elle est un rapport impliquant
l'usage de la force entre des Etats ou toute autre unité politique
internationale58(*).Elle
se distingue de la rétorsion et des représailles pacifiques qui
excluent le recours aux armes et des représailles armées qui
s'exercent sans intention de guerre59(*).Karl CLAUSEWITZ est l'un des principaux auteurs
à traiter du concept de guerre. D'abord, il commence par y voir
« un combat singulier à grande
échelle »60(*). Il poursuit en disant que la guerre est
« un acte de violence dont l'objet est de contraindre l'adversaire
à exécuter notre volonté »61(*). Pour l'auteur, la guerre est
un phénomène intentionnel62(*). Elle doit être considérée comme
l'ultime instrument de la politique. Contrairement au conflit, la guerre
appelle inéluctablement aux armes pour trancher un différend
ayant surgi entre des groupes ou des Etats d'une part. D'un autre
côté, elle rime avec des combats et des victimes.
B. LA PAIX
DURABLE
Une relation dialectique existe entre la paix et la guerre,
entre la pacification et le conflit63(*). Les conflits se terminent « par besoin de
paix, par épuisement des forces » ou par
« détournement », parce qu'on a trouvé un
autre objet64(*). Selon le
dictionnaire Le Robert, la paix est la situation d'un Etat, d'une nation qui
n'est pas en guerre.
La paix est un intervalle plus ou moins fragile entre deux
conflits. Elle est l'absence de violence armée entre unités
politiques65(*). Elle
appelle à une absence armée prolongée sur la durée.
Ce qui amène Raymond ARON à déclarer que la paix c'est
«la suspension, plus ou moins durable, des modalités de la
rivalité entre unités politiques»66(*). Cependant, la paix ne
découle pas seulement de l'absence de violence armée. En effet,
d'autres menaces non militaires sont susceptibles d'entraver la paix. Elles
trouvent leur source dans l'instabilité économique, sociale et
humanitaire67(*); ainsi
que dans l'exclusion et la marginalisation sociales d'un groupe d'individus.
Elles reposent également sur le domaine politique dès lors que ce
groupe sera enclin pour préserver ses intérêts, de recourir
à tous les moyens nécessaires capables de créer des
tensions et finalement, des violences armées. La paix durable doit donc
aussi émaner de mécanismes de dissuasion et de dissipation qui
permettent d'éviter et/ou de contenir l'état de guerre entre des
entités politiques à l'instar du protocole de non-agression et de
défense mutuelle.
Les principaux travaux sur la paix sont à mettre sous
la coupe d'Emmanuel KANT68(*). Pour lui, la paix est une construction
perpétuelle. Voilà pourquoi elle doit être établie
par un projet à long terme. Ceci passe par un traité de paix qui
marque la suspension de la guerre. Elle ne se limite pas seulement au respect
de la territorialité et de la souveraineté des autres Etats,
l'abolition des armées permanentes et la nécessité de
bannir toute pratique machiavélique. Pour Emmanuel KANT, par le droit la
paix peut être instaurée en multipliant les républiques, en
les regroupant au sein de fédérations et en définissant un
droit cosmopolitique. Il poursuit en disant que par nature, la paix est
possible mais pour ce faire, il faut la volonté des hommes. Lui de
conclure que les hommes tendent à construire un monde pacifique par
nécessité et en toute liberté.
C. L'ETAT
Le concept d'Etat à tout prendre est
polysémique. Cependant, nous mettrons l'accent sur les contradictions
intra structurales de l'Etat pour le définir. A cet effet,
Karl MARX le conçoit comme l'instrument de domination de la classe
de ceux qui possèdent les moyens de production sur la classe des
prolétaires, qui ne vivent qu'en louant aux premiers leur force de
travail. L'Etat est donc un phénomène d'assujettissement d'une
partie de la population à l'autre, et non pas un phénomène
d'organisation du groupe social par lui-même69(*). Max WEBER70(*) quant à lui
considère l'Etat comme le monopole de la violence physique
légitime71(*).
Généralement, l'Etat est perçu comme une communauté
structurée par trois types
d'intégration : « le monopole de l'usage
légitime de la violence ; l'existence d'un centre de
décision capable de déterminer l'allocation des ressources et des
récompenses au sein de la communauté ; l'existence d'un
point transcendant d'identification de la majorité des
citoyens... »72(*).
Il est à noter que ces définitions
n'épuisent pas le rôle de l'Etat. Chose que Dominique SCHNAPPER va
tenter de faire en le définissant comme « l'ensemble des
institutions et des moyens de contrôle et de coercition qui permettent de
créer la cohésion interne et l'action vers
l'extérieur»73(*).
Selon Thierry MICHALON, l'Etat est la structure politique et
administrative dont se dote un groupement humain vivant sur un territoire
donné, et exerçant sur ce groupement, et en son nom, une
autorité exclusivement74(*).
Pour Pierre AYOUN N'DAH, l'Etat est « une
organisation humaine (...) pour la défense et la promotion de
l'intérêt général à travers,
particulièrement mais non exclusivement, le service
public »75(*).
L'Etat nait « de la réunion d'une
multiplicité d'hommes sous des lois juridiques »76(*). Pour en parler, trois
éléments indissociables sont à compter : un
territoire bien délimité et reconnu des autres, un gouvernement
et une population.
V. REVUE
LITTERAIRE
Le discours sur la notion de conflit a fait l'objet de
nombreuses études. Certaines portent sur les conflits dans le temps.
D'autres, pour ce qui nous concerne, portent sur l'Afrique Centrale et la
République Centrafricaine.
AlainFOGUE TEDOM77(*) scrute particulièrement les causes internesdes
conflits qui minent l'Afrique Noire afin de les prévenir. Pour lui, les
conditions dans lesquelles les Etats Africains ont obtenu leur
indépendance les exposaient aux violences actuelles. En effet, l'Etat
postcolonial a été pensé et conçu pour servir les
intérêts des puissances impériales à travers une
élite politique africaine78(*) sélectionnée sur la base de sa
loyauté à la métropole.Cette élite n'hésite
pas à se construire des régimes autoritaires et
réfractaires à toute idée de réformes
démocratiques et encore moins d'alternance au pouvoir. Toujours selon
l'auteur, la situation conflictuelle s'explique également par la
cécité stratégique dont souffriraient ces Etats.Elle est
caractérisée par son absence d'autonomie politique. Tous les
secteurs clés sont entre les mains de grandes puissances et des
multinationales étrangères. Autre élément
évoqué dans ses travaux, les difficultés de la mise en
application du Chapitre VIII de la Charte des Nations-Unies dans la lutte
contre l'insécurité en Afrique Noire.
Les travaux de Michel KOUNOU79(*) mettent un accent particulier sur les facteurs de la
conflictualité dans la sous-région. Pour lui, le fait ethnique
joue un rôle prépondérant dans la naissance des conflits en
Afrique Noire. Mais, c'est sans compter sur d'autres facteurs endogènes
et exogènes. Ces dernierss'articulent autour de la question des
frontières postcoloniales et des manipulations qu'on en fait,
l'implication d'acteurs étrangers attirés par les ressources
naturelles abondantes et les confrontations géopolitiques et
géostratégiques entre puissances occidentales. Chacune veut se
tailler la plusgrosse part du lion. Parlant de la prévention de ces
conflits, l'auteur ne voit pas en l'OUA (désormais UA) la réponse
appropriée vu ses faiblesses. Il mise plutôt sur
l'édification d'un Etat fort sur tous les plans comme réponse
efficace à ces conflits.
C'est aussi dans cette logique que, des auteurs sous la
direction de Paul ANGO ELA dans l'ouvrage La Prévention des conflits
en Afrique Centrale : prospective pour une culture de la paix80(*), analysent les facteurs
à l'origine des conflits en Afrique Centrale. De leur avis, ceux-ci
reposent principalement sur la conquête, l'exercice et la conservation du
pouvoir et leurs dérives. Lesdites dérives etla dictature
notamment amènent les politiques à instrumentaliser la
diversité ethnique. A ces premiers facteurs s'ajoutent les ambitions
géopolitiques occidentales et la pauvreté. Une fois les facteurs
énumérés, les auteurs proposent de prendre exemple sur les
organismes régionaux mieux aguerris dans la prévention des
conflits etd'adapter leurs modèles à notre contexte. Enfin, les
auteurs proposent des pistes de solutions comme le dialogue social, la culture
de la paix et de la démocratie, une meilleure coopération entre
les organismes internationaux et ceux sous régionaux, etc. pour plus
d'efficacité.
Il demeure cependant urgent de s'appesantir sur un cas
particulier pour mieux illustrer toutes les théories ou analyses qui
précèdent. C'est ce que font les auteurs tels que Mohamed
HOUSSEIN81(*) avec les
conflits centrafricains. Selon lui, l'histoire de ce pays est jalonnée
de soubresauts politiques, économiques et militaires. Ceux-ciont
entrainé une instabilité institutionnelle et conjoncturelle
défavorable à son développement. Il s'intéresse aux
principaux facteurs de conflits en RCA à savoir : la
fragilité des institutions, l'échec des efforts de
démocratisation, l'exploitation et l'instrumentalisation des
différences ethniques, la pauvreté et la misère, le manque
de dialogue et de confiance entre le pouvoir et l'opposition. C'est donc
l'ensemble de ces facteurs qui crée la situation explosive du pays.
L'auteur s'interroge également sur les conséquences de ces
conflits. La principale est l'insécurité. Elle donne libre cours
à la prolifération des coupeurs de route et des braconniers, au
trafic illicite d'armes et à l'affaiblissement du système de
défense.
C'est aussi dans cette logique que Moise-Hubert
MBETO-JY82(*)s'inscrit.
Les causes des conflits en RCA sontde plusieurs ordres. Elles sont
politiques : crise des institutions et de la gouvernance. Elles
sontégalement économiques avec la lutte pour le contrôle de
l'exploitation du pétrole. Elles sont enfin socioculturelles à
travers le tribalisme, le népotisme et la politique d'exclusion. Pour
remédier à ces maux, il propose des pistes de solution à
l'instar du dialogue et de l'unification pour la reconstruction de la paix et
l'accompagnement de la communauté internationale.
Pierre SAULNERs'attarde également sur la situation
délétère de la RCA. En effet, dans son ouvrage
intitulé Le Centrafrique : Entre mythe et
réalité83(*), il relève que la RCA est un pays
inconnu et méconnu mais dont l'histoire remonte très loin dans le
passé. Pour l'auteur, la situation socio-économique chaotique que
connait ce pays aujourd'hui est due à la traite des esclaves et à
la colonisation. L'auteurpour illustrer ses propos s'appuie sur l'histoire du
pays, sa géographie physique et humaine, sa société et ses
religions ; comme facteurs principaux de ces conflits.
La quasi-totalité de ces travaux
s'intéresseà la genèse des conflits. Le second
thème sur lequel ils s'appesantissent est leur résolution.
S'il est nécessaire d'analyser les conflits en RCA en
mettant en exergue leur genèse, il demeure cependant insuffisant de ne
pas aborder la question de la persistance de ces conflits et de
l'inefficacité des solutions jusqu'alors proposées.
VI.
PROBLEMATIQUE
L'Etat en RCA est à multiples pôles
ethniques que rien ne relie entre eux et ce à cause de la
diversité régionale à laquelle s'ajoutent les
inégalités héritées de la colonisation.Si le Sud
peut se targuer un tant soit peut de voir le soleil se lever au plan
économique, social voire politique, le Nord,par contre, est
plongé dans une nuit noire. Le seul lien qui unit ces deux
régions est la pauvreté de la grande masse du peuple. Cette
pauvreté est endémique. Pour s'y soustraire, les élites
qui ont succédé aux colons se ruent vers l'Etat qu'elles
n'hésitent pas à transformer en vache à lait. Une telle
politique est de nature à creuser davantage le fossé qui
sépare le Nord et le Sud. Le contrôle de l'Etat pour les parties
en présence devient l'enjeu fondamental.Dès lors, les conflits
intertribaux ou régionaux ont tendance à faire en sorte que la
RCA persiste dans son être caractérisé par une scission
sérieuse. Face à cette situation, la communauté
internationale tente d'apporter des solutions. Mais, peut-on réellement
soigner les conflits en RCA si les Centrafricains ne se constituent pas en
corpus pour y mettre un terme ?
HYPOTHESES
La France n'a pas intérêt à ce que la
guerre finisse en RCA. Au lendemain de l'indépendance du pays, elle met
en place un certain nombre de garde-fous. Dans ces conditions, l'histoire se
répète d'abord sous forme de tragédie et ensuite sous
forme de comédie. Les successeurs de la France s'approprient le credo de
l'ex métropole « diviser pour mieux régner ».
Aussi, les pressions de la France et l'imprégnation subséquente
des leaders centrafricains à la complexité des mécanismes
de gestion politique, économique, sociale et financière
contribuent à l'instabilité chronique du pays.
Hypothèses secondaires :
2- Tous les acteurs aux conflits centrafricains ne
défendent que leurs intérêts égoïstes.
D'où l'échec des solutions et l'enlisement des conflits.
3- Aucune solution durable ne peut être trouvée
à ces conflits si les Centrafricains ne créent pas une conscience
nationale au dessus des ethnies.
VII. CADRE
THEORIQUE
Tout problème de recherche doit d'abord
s'intégrer dans une perspective théorique générale.
Cette dernière est garante de l'intégration de la recherche dans
la communauté scientifique. Le cadre théorique est construit dans
le but d'expliquer un phénomène précis. Il sert aussi
à intégrer ou à rendre crédible une recherche
particulière, dans l'ensemble de la communauté scientifique. En
ce qui concerne notre travail, nous avons retenu la théorie
réaliste.
La théorie réaliste avec ses pionniers Carl
EDWARD, Hans MORGENTHAU, Kenneth WALTZ et autres Max WEBER stipule que le
conflit est inhérent à la nature humaine. La
société est un jeu perpétuel d'harmonies et de discordes.
Le réalisme part du postulat que l'Homme est foncièrement mauvais
et égoïste84(*). Il serait même, conformément à
la vision hobbesienne, un loup pour l'homme.
En outre, les Etats sont en quête permanente de pouvoir
pour une meilleure préservation de leurs intérêts.Pour ce
faire, ilsn'hésitent pas à employer la force. Partant de
là, tout Etat peut légitimement faire usage de la force pour
défendre ses intérêts sur la scène internationale.
Vu qu'il existe une forte probabilité d'agression et que les Etats ont
une forte propension à l'expansion, tout Etat doit donc accroitre son
potentiel militaire, économique, énergétique, etc. en vue
d'assurer sa survie. Le système international apparait donc comme une
jungle à l'intérieur de laquelle les Etats ont pour objectif
principal la survie85(*).
Résultat des courses, on assiste à l'anarchie. Le désordre
est davantage favorisé par l'absence d'une autorité à
proprement parler susceptible d'empêcher l'usage de la force armée
par les acteurs. D'emblée,et à bien observer les approches
théoriques des relations internationales86(*), la théorie réaliste permet
l'explication des multiples crises qui sévissent en RCA depuis 1960.
VIII.
METHODOLOGIE
La rédaction de toute oeuvre scientifique
nécessite l'utilisation d'outils appropriés afin d'atteindre le
but escompté. Pour y parvenir, il nous a fallu une méthodologie
qualitative87(*) et
quantitative.
Selon la conception de Madeleine GRAWITZ, « la
méthode est l'ensemble des opérations intellectuelles par
lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités
qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie »88(*).Le déploiement de
chaque méthode nécessite une technique89(*). Notre approche
méthodologique s'articule autour de deux points : les techniques
documentaires (A), les enquêtes et les interviews
(B).
A. TECHNIQUES
DOCUMENTAIRES
La documentation est l'ensemble des techniques permettant le
traitement permanent et systématique des documents ou des données
incluant la collecte, le signalement, l'analyse, le stockage, la recherche, la
diffusion de ceux-ci, pour l'information des usagers. Dans le cadre de notre
travail nous nous appuyons sur plusieurs sources documentaires dont la
pertinence et la disponibilité sont les critères qui ont
motivé leur choix. Il s'agit des archives, la presse
(1) et les enquêtes et les interviews
(2).
1. Les archives90(*) et la presse
Evoquant les sources primaires, nous avons recouruaux archives
privées tirées de la documentation des organisations
internationales telles que le PNUD et le HCR dans la ville de Yaoundé. A
ces archives, sont associés les journaux nationaux et internationaux,
les revues et articles ayant trait aux conflits en Afrique Centrale et en RCA
particulièrement.
2. Les sources
secondaires
Elles sont constituées des mémoires,
thèses et ouvrages généraux. Leur exploitation s'est
faite sur Internet et dans des centres de documentations publics et
privés. Sur Internet, nous avons exploité les données
disponibles dans les moteurs de recherche ainsi que celles des centres
d'étude qui s'intéressent aux aspects de ce travail. Dans la
ville de Yaoundé, il s'agit des bibliothèques de l'Institut
Français du Cameroun (IFC), la Fondation Paul ANGO ELA (FPAE). Dans la
ville universitaire de Soa, nous avons puisé nos informations à
la bibliothèque de l'Université de Yaoundé II et dans les
bibliothèques privées environnantes.
B. LES ENQUETES ET LES INTERVIEWS
Dans notre besoin de recoupement des informations, nous avons
procédé à des enquêtes et à des interviews.
Pour ce faire, nous avons interrogéles responsables diplomatiques et
administratifs, les populations centrafricaines résidant à
Yaoundé. Nous avons également recueilli l'avis des
spécialistes des questions de sécurité. Le but poursuivi
était le recueillement des données et une position de
vérité établie. Ceci passait par des échanges
interactifs avec nos informateurs.
PREMIERE PARTIE :
LA CONFLICTUALITE CHAOTIQUE DE LA RCA : FRUIT DES FACTEURS
ENDOGENES ET EXOGENES
La RCA connait des conflits depuis les premières
années qui ont suivi son indépendance. Comme un mauvais sort, ces
conflits jalonnent son histoire. L'analyse de Michel KOUNOU91(*) sur la conflictualité
démontre queles conflits s'expliquent principalement par la conjugaison
de facteurs endogènes d'une part (CHAPITRE I) et de
facteurs exogènes d'autre part (CHAPITRE II).
CHAPITRE I:
LES FACTEURS INTERNES DE PRODUCTION DE LA CONFLICTUALITE EN
RCA
La RCA a connu des conflits dès les premières
années qui suivent l'indépendance. Les élites
gouvernementales qui héritent du pays s'appuient sur la politique de
l'ancien colon. Celle-ci consiste en la répression. Les
mécanismes qu'elle implique ne sont pas sans conséquence. Les
différents magistères brillent par le verrouillage de la vie
politique et les inégalités sur les plans économique et
social. Face à cette situation, les voix s'élèvent pour
revendiquer le changement. Certains leaders profitent de la conjoncture pour
assouvir leurs intérêts égoïstes. Moyennant la
violence cultivée pendant la colonisation, la force armée devient
le recours principal. C'est ainsi que le pays se retrouve pris dans un cycle
infernal. La cascade des coups d'Etat et tentatives de coups d'Etat en est la
parfaite illustration. Si la responsabilité interne est
avérée, il convient d'identifier le fondement sur lequel repose
la conflictualité en RCA. Il s'agit des facteurs politiques
(SECTION 1), des facteurs socio-économiques
(SECTION 2) et des facteurs culturels (SECTION
3).
SECTION
1 : LES FACTEURS POLITIQUES
Les facteurs politiques jouent un rôle
prédominant dans les conflits que traverse la RCA.Ceux-ci reposent sur
les conditions d'accession à l'indépendance (PARAGRAPHE
1) et la conquête et l'exercice du pouvoir(PARAGRAPHE
2). Les attentionsqu'ils cristallisent alimentent des
intérêts pernicieux. Ilsont largement favorisé les coups
d'Etat.
PARAGRAPHE 1 : UNE INDEPENDANCE SOUS TUTELLE
Le 13 août 1960, la RCA accède à
l'indépendance. Cette transition se fait dans des conditions difficiles
et non avantageuses pour sa population. En effet, la France installe des
vivriers potentiels d'instabilités politiques qui lui permettent de
perpétuer les pratiques de division, de domination et d'exploitation des
Centrafricains qui ont toujours servi de moteur à son entreprise. La
désormais entreprise néocoloniale passe par la sélection
de l'élite appelée à présider aux destinées
du jeune Etat. Une élite qui ne fait pas l'unanimité
auprès de ses concitoyens(A). L'autre subterfuge passe
par la signature des accords de coopération militaire
(B). Ainsi sont posés les jalons des conflits latents
dans le pays.
A- ENTRE REBELLES ET REBELLES, LES ENTRE SOI DE
L'ELITE POLITIQUE
Contrairement à d'autres territoires africains, il
n'existe pas un fort mouvement nationaliste en RCA. Il y'a peu d'auxiliaireset
partant, peu de raisons de développer l'enseignement.Cette carence plus
ou moins considérable d'élites intellectuelles suffisamment
aguerries, ouvertes et favorables au dialogue social est préjudiciable.
Une situation qui rend l'élite centrafricaine inapte à
gérer le territoire et à encadrer la population. Le pays
brilledonc parune «absence quasi-totale d'élite»92(*). Le principal leader de
l'époque est un jeune abbé, Barthélemy BOGANDA. Il
décède le 29 mars 1959 lors du crash de son avion. Une perte
lourde de conséquence pour le pays qui traverse un moment décisif
de son histoire. Cette perte est d'autant plus lourde que le pays ne dispose
pas d'un large éventail de leaders intellectuels. David DACKO prend sa
succession avec la bénédiction de l'ex métropole. Une
situation qui crée des tensions au sein de l'opposition dont Abel GOUMBA
est l'une des têtes de proue.
Le pays accède à l'indépendance dans la
division et la méfiance. L'élite dirigeante s'accroche au pouvoir
et s'accapare du « gâteau national ». Elle est
davantage préoccupée par la défense des
intérêts égoïstes que tout autre chose. L'oppositionne
bénéficie pas des retombées. De plus, elle subit le
durcissement du régime. Les nouveaux dirigeants stigmatisent les
opposants et les contraignent à l'exil. L'autre option qui leur reste
est le recours à la force armée. De là s'accentue la
culture de la résistance. Une culture déjà présente
pendant la colonisation. Face au verrouillage politique, on assiste à
l'éclosion des rébellions à base ethnique. Le Sud est
souvent opposé au Nord. Parfois le Sud est opposé au Sud. Chaque
ethnie vise sa part du gâteau au détriment des autres. De fil en
aiguille, s'ériger en rebelle s'avère être la voie la plus
sûre de bénéficier des ressources du pays. Aussi,
l'élite centrafricaine va-t-elle basculer dans la violence. C'est dans
ce contexte que nait petit à petit l'insécurité dans le
pays. Une insécurité amplifiée par les accords de
coopération militaire qui servent de rempart aux dirigeants.
B- LES ACCORDS DE COOPERATION MILITAIRE, VERITABLE
EPEE DE DAMOCLES
La France et la RCA sont liées par un accord de
défense signé le 15 août 1960. Un autre accord concernant
l'assistance militaire a été signé le 8 octobre 1966.
Cette coopération cible plusieurs aspects à l'instar de la vente
d'armes, les transferts de technologie, etc. Ses objectifs sont de plusieurs
ordres93(*).Ils sont
politiques pour le maintien de l'ordre interne, la stabilité et
l'équilibre. Ils sont diplomatiques pour le renforcement des liens avec
les dirigeants centrafricains dans l'optique de la formation d'un bloc pro
français dans les instances internationales.Ils sont également
militaires et stratégiques afin de maintenir un statut de puissance et
se déployer facilement. La RCA de par sa situation centrale est un pays
idéalement placé pour les opérations françaises
dans la sous-région. Le pays a des frontières avec cinq Etats
importants tout en étant «un verrou aux portes d'un Soudan de moins
en moins fréquentable»94(*). Enfin, la coopération a des visées
économiques et culturelles. La symbolique linguistique opère
également dans le jeu politique et militaire.Par ces accords, la RCA
abandonne les domaines clés de la défense et de la
sécurité, les politiques économiques ou la politique
étrangère entre les mains de la France.
La stratégie tend à conférer un
«caractère conscient et calculé aux décisions par
lesquelles on veut faire prévaloir une politique»95(*). Or, la RCA du fait de sa
vulnérabilité et de son manque d'autonomie ne peut nourrir une
telle ambition. Il convient de relever l'incapacité de l'Etat
centrafricain à maitriser son destin.L'importante marge de manoeuvre
concédée aux partenaires étrangers dans la
définition et la mise en application de sa politique tant
intérieure qu'extérieure démontre à suffisance que
son indépendanceest juste juridique.Elle n'est ni politique, ni
stratégique, encore moins économique.Ces accords planent
au-dessus de la tête des gouvernants centrafricains. Tous ceux qui
s'écartent de la politique française sont éjectés.
On parle de révolution des palais où le peuple n'a rien à
y voir. La conséquence est la naissance des maux qui entravent son
épanouissement économique, social et politique. Cette
dépendance politique et stratégique se traduit par l'extraversion
étatique.Elle n'est pas seulement le résultat de la contrainte
exercée sur la RCA par ses partenaires étrangers notamment la
France. Certes, cette dernière a intérêt à voir
cette dépendance se perpétuer. Mais, il est juste de
préciser que la RCA ne subit pas forcément cette
dépendance. Ses dirigeants respectifsy voient le meilleur moyen de
compenser leur manque de légitimité. Ils y voient
également un moyen efficace de se maintenir au pouvoir dans un
environnement où la crise de la participation politique et le
déficit démocratique rendent la sécurité à
la tête du pouvoir incertaine. Le cas du Général
AndréKOLINGBA est édifiant à ce sujet.Celui-ci impose sa
dictaturependant 12 ans grâce à l'aide duColonel MANSION.Ce proche
des services secrets français avait la main sur toutes les affaires
sensibles du pays.
PARAGRAPHE 2 : LA CONQUETE ET LE CONTROLE DU POUVOIR
La RCAse caractérise par les coups d'Etat et tentatives
de coups d'Etat à répétition. Cette situation
d'instabilité chronique s'explique en partie parles luttes
poussées pour le pouvoir (A) et l'autoritarisme des
régimes (B).
A. LE POUVOIR POLITIQUE, ENJEU DES LUTTES
FRATRICIDES : DE L'USAGE DE LA VIOLENCE COMME STRATEGIE DE CONSERVATION ET
DE CONQUETE DU POUVOIR
Les luttes politiques renvoient à des affrontements et
autres querelles qui ont pour but la prise et l'exercice du pouvoir. Il
n'existe pas de société si petite soit-elle sans un pouvoir qui
en assure la régulation. A cet effet, Jean-William LAPIERRE pense que
« toute vie sociale a pour condition de possibilité une
régulation des comportements des membres du groupe de telle sorte que le
comportement de l'un soit ajusté à celui de l'autre et que tous
ces comportements ensemble soient coordonnés »96(*). Comme pour dire qu'il
n'existe aucune société sans tension, ni conflit. La RCA n'en
fait donc pas exception. Les incompréhensions et rancoeurs coloniales
ainsi que l'immédiateté conceptuelle des socles étatiques
par les nouveaux dirigeants ne pouvaient pas garantir de paix durable en
RCA.
La violence est érigée en stratégie de
conservation du pouvoir dans ce pays. Le 13 août 1960,
l'indépendance du pays est proclamée. Le 17 novembre, David DACKO
est élu Président de la République. Aux premières
heures de l'indépendance, un régime autocratique est
institué. La corruption et les excès de tout genre acculent la
population centrafricaine. Celle-ci est confinée dans la peur. Le parti
unique est instauré. Refusant ce statut, l'opposition et les syndicats
mènent une épreuve de force. Au final, la violence va
s'ériger en « adjuvant de la gouvernance
politique »97(*). Elle est légitime selon les dirigeants pour
stabiliser le pays dans le développement.
D'autre part, si la violence prévaut dans les
stratégies d'exercice du pouvoir, elle domine également les
discours et trajectoires de compétition pour l'accession au pouvoir. Le
verrouillage politique a amené l'opposition à privilégier
la violence comme mode opératoire. Autant les dirigeants s'en servent,
autant l'opposition s'en approprie. C'est dans cette logique que Jean-Bedel
BOKASSA s'empare du pouvoir sur la base des récriminations de certains
acteurs politiques à l'encontre de David DACKO. Au demeurant, la
violence structure la lutte pour la conquête et le contrôle du
pouvoir en RCA. Le droit du plus fort prime et est légitimé.
D'où la nature autoritariste des différents régimes.
B. L'AUTORITARISME DES REGIMES
L'autoritarisme est l'une des principales causes des conflits
en RCA. Elle a pour conséquence les mécontentements, les
frustrations et les tensions au sein des populations opprimées. Tout
part des premiers régimes à la tête du pays. Dans une
logique de pérennité, ils instaurent des mécanismes de
verrouillage de la vie politique. Dans ce sillage, le pays baigne pendant
longtemps dans le monopartisme. Ainsi, plusieurs partis uniques sont à
compter au fil des régimes. Le premier parti unique, le Mouvement
d'Evolution Sociale en Afrique Noire (MESAN) est institué par David
DACKO en 1962. Le deuxième voit le jour en 1980 sous l'appellation de
l'Union Démocratique Centrafricaine (UDC). Il est l'oeuvre du même
David DACKO. Un troisième parti unique est instauré par
André KOLINGBA en 1986. Auparavant, le pays est érigé en
Empire Centrafricain (ECA) en 1976 par Jean-Bedel BOKASSA. A chaque fois, on
assiste à l'interdiction des partis d'oppositionet des syndicats.
Les dirigeants centrafricains optent également pour les
révisions constitutionnelles. Chaque régime y va de sa propre
révision ou changement pour se pérenniser98(*). Adja DJOUNFOUNE voit en la
révision constitutionnelle « une technique
d'établissement de la monopolisation du pouvoir par le Chef d'Etat et
d'un instrument de pérennisation du système
politique »99(*). Il est certes normal de reformuler les lois qui
régissent le peuple100(*). Pourtant, ces changements sont rarement
tournés vers l'avenir mais autour du Chef de l'Etat. Ils sont
plutôt dirigés contre le retour d'un adversaire et annulent les
possibilités d'un Etat de droit en RCA.Le problème des
élites gouvernantes c'est le maintien au pouvoir. A cet effet, Eric
Mathias OWONA NGUINI affirme que « les leaders étatiques (...)
se conduisent comme des entrepreneurs et opérateurs politiques
orientés vers le développement des ressources de `'monopolisation
du pouvoir'' à même d'installer les moyens de domination
portés vers un gouvernement perpétuel ou quasi
perpétuel »101(*). A titre illustratif, David DACKO à son
arrivée au pouvoir fait amender la Constitution de 1959 à
plusieurs reprises la vidant de sa substance démocratique. Il consacre
le MESAN comme parti unique dès novembre 1962 dont l'appartenance est
obligatoire. Autre illustration, Jean-Bedel BOKASSAen 1966,suspend la
Constitution et se fait proclamer Président à vie en 1972.
Le déficit de l'Etat à relever les défis
fait des mécontents. Le système étant verrouillé,
il ne reste plus que le recours à la force armée. Celui-ci se
matérialise par les coups d'Etat et les tentatives de coups d'Etat
notamment. Les incidences qui en découlent sont catastrophiques pour le
développement économique et social du pays.
SECTION
2 : LES FACTEURS ECONOMIQUES ET SOCIAUX
Certains auteurs apportent une explication économique
des conflits102(*).
L''aspect socio-économique joue un rôle prépondérant
dans le cycle infernal des conflits en RCA. En effet, la gestion hasardeuse des
ressources (PARAGRAPHE 1) a conduit à la
paupérisationde la population (PARAGRAPHE 2)
créant ainsi des mécontentements et des exacerbations en son
sein. La précarité a favorisé leur manipulation par
certains leaders et groupes armés.
PARAGRAPHE 1 : LA MAUVAISE GESTION ET REPARTITION DES
RESSOURCES
L'économie centrafricaine est une économie
appendice du capitalisme français. Elle est pour ainsi dire extravertie
au point où le peuple se trouve étranger dans son territoire.
Tout pour les élites dirigeantes(A) et leurs
alliés français(B). Rien pour les
Centrafricains, sinon des miettes. A ce niveau se pose le problème de
partage.
A- ENTRE CONFISCATION DES BIENS ET GABEGIE
FINANCIERE,LA PATRIMONIALISATION DES RESSOURCES
Les dirigeants centrafricains n'ont jamais fait le distinguo
entre les biens privés et ceux de l'Etat qu'ils incarnent.Le pays
possède des ressources diamantifères plus ou moins
conséquentes.Elles sont suffisantes pour assurer à la population
un certain niveau de vie. D'autant que s'y ajoutent des ressources
forestières importantes, le pétrole, l'uranium et le cuivre. On
note malheureusement un manque de transparence dans leur gestion.La gabegie et
le pillage sont les maitres mots. Plus de la moitié de la production
diamantifère échappe au contrôle de l'Etat. Elle alimente
la contrebande quand elle n'est pas détournée, érigeant la
RCA en «gemmocratie»103(*). Convenablement gérées, ces ressources
permettraient la création d'un tissu industriel. Jamais le peuple
centrafricain n'a profité des ressources de son sous-sol. On parle
à juste titre parle de la mainmise et de la confiscation du bien commun.
Le gaspillage des ressources et des revenus tirés des secteurs
stratégiques, miniers en particulier a pendant longtemps
été érigé en système en l'absence des
politiques de contrôle et de régulation de ces secteurs. Les
conséquences sont l'aggravation des conditions de vie de la population.
De nombreux citoyens ne parviennent pas à satisfaire leurs besoins
fondamentaux notamment l'alimentation et la couverture sanitaire. Des
disparités importantes subsistent dans la société. Georges
NZONGOLA croit d'ailleurs savoir que la crise économique du début
des années 1990 est à l'origine des mutineries de
1996-1997104(*).Les
détournements et la mauvaise gestion occasionnent le non-paiement des
salaires des fonctionnaires et agents de l'Etat. Cette mauvaise gouvernance a
fait fuir les investisseurs les plus sérieux105(*). Tandis que le
contrôle et l'exploitation des ressources restent une exclusivité
des entreprises étrangères.
B- LE MANQUE DE CONTROLE DES RESSOURCES
L'Etat centrafricain est caractérisé par le
manque de contrôle et de souveraineté sur ses ressources. Des pans
entiers de l'économie sont laissés en friche. D'où
l'anéantissement de la créativité des richesses.
Dès lors, il lui est quasi-impossible de répondre aux attentes de
la population. Les entreprises étrangères, celles
françaises notamment ont un contrôle total sur son
économie. Leur raison d'être ce sont les matières
premières pour l'intérêt bien compris de leur industrie.
Aussi, ces entreprises vont-elle mettre en place des structures pour une
exploitation totale des ressources du pays. Certes la RCA est seulement
classée 32ème parmi les clients de la France.
Cependant, l'investissement français n'est pas des moindres .On
note la présence du Groupe BGI Castel (production de boissons et du
sucre) et de Bolloré qui s'occupe de la distribution de l'eau, de la
production des cigarettes, du fret grâce à sa présence au
port de Douala et du transport dans le pays. Total monopolise le stockage, la
commercialisation et la distribution des hydrocarbures. Le CFAO contrôle
le secteur des importations et des pièces de voitures. Orange ou France
Télécom est dans le domaine des télécommunications.
Areva a une mainmise sur l'uranium centrafricain. Bivac Centrafrique s'occupe
de la sécurité douanière pour ce qui est du bois, un des
principaux produits centrafricains. D'autres entreprises à l'instar
d'Air France qui monopolise le transport aérien dans le pays et
Sécurité Sans Frontières du Groupe Sofema y sont
également présentes. Les profits qu'elles tirent sont colossaux
malgré la pauvreté du pays. Les domaines clés de la RCA
sont entre les mains d'étrangers qui s'assurent leur contrôle par
des interventions militaires fréquentes.
Toutefois, les entreprises étrangères
n'interviennent pas seules dans le contrôle des ressources en RCA. Ce
contrôle passe également par la monnaie extérieure, le
franc CFA.L'Etat centrafricain est dans l'incapacité totale de piloter
son économie parce qu'il ne produit pas (suffisamment)106(*). La situation conduit le
pays à survivre au lieu de vivre et l'empêche de se projeter sur
le long terme. La conséquence est la paupérisation d'une
population qui travaille mais sans jamais voir les résultats. Elle est
dépossédée de ses biens. De là naissent des
sentiments d'injustice et de révolte susceptibles de créer des
conflits.
PARAGRAPHE 2 : PAUVRETE, PRECARITE ET TENSIONS SOCIALES EN
RCA
Le manque de projet viable a conduit le pays droit vers le
mur. Le contexte lui vaut d'être parmi les pays les plus sinistrés
de la sous-région.La pauvreté qui gangrène la
société centrafricaine engendre le désespoir. Celui-ci
à son tour alimente les tensions (A). Le
sous-développement vient transformer ces tensions latentes en conflits
(B).
A- LA PAUVRETE COMME ELEMENT DECLENCHEUR DES CONFLITS
EN RCA
La pauvreté est un terme caractérisant la
situation d'un individu, d'un groupe de personnes, d'une société
qui ne dispose pas des ressources suffisantes pour lui permettre de satisfaire
ses besoins fondamentaux et se développer normalement. La
pauvreté réfère primitivement à l'accès
à la nourriture, l'eau potable, les vêtements, le logement, le
chauffage. Mais avec le progrès technologique et le développement
des sociétés, elle concerne également l'accès
à des ressources comme l'électricité et les
communications, et de manière générale l'ensemble des
conditions de vie, incluant l'accès à des soins de santé
et l'éducation.
La pauvreté se caractérise par l'absence
d'opportunités économiques aggravée et l'absence des
services sociaux de base. Bon nombre de régions souffrent de l'absence
ou du dysfonctionnement des infrastructures, du désenclavement, du
déficit d'approvisionnement en électricité et en eau.
Trois facteurs dans le contexte centrafricain peuvent justifier de
l'état de la pauvreté ambiante: la faible gouvernance,
l'insécurité et les bas revenus. L'analyse participative de la
pauvreté conduite en 2007 par le PNUD montre que la pauvreté
touche environ sept personnes sur dix en milieu rural107(*). La réaction de
survie des pauvres a créé un ensemble de corps de métiers
dont les principales activités sont par ordre d'importance
l'agriculture108(*), le
maraichage, le commerce et la restauration, les activités
minières, l'élevage et les services de transport. Ainsi, le
secteur primaire (agriculture et élevage) occupe l'essentiel des actifs
et contribue à plus de la moitié de la richesse nationale
produite (55%).Toutefois, il souffre de l'insécurité des
récoltes et du manque d'intrants. L'agriculture est sinistrée,
les paysans sont abandonnés à eux-mêmes faute
d'encadrement. Les structures d'élevage sont ruinées par
l'incompétence. Le secteur des services vient en deuxième
position avec des acteurs informels de plus en plus nombreux au fil des
années, aussi bien à Bangui qu'à l'intérieur du
pays.Le budget (prévision pour l'exercice 2016) n'est que de 129
milliards de francs CFA, l'équivalent du budget d'un ministère au
Cameroun voisin. Il est largement tributaire des impôts et de la douane
(51 milliards, soit 35,5%) à côté de l'exportation du bois
et du diamant. La population est asphyxiée par la taxe, les
impôts, les tracasseries policières et administratives. Un adulte
sur cinq en âge de travailler est au chômage. En 2008, 67,2% de la
population vivaient en dessous du seuil de pauvreté selon le rapport de
suivi des OMD 2010 du PNUD. 30,2% de personnes vivent dans
l'insécurité alimentaire.
La pauvreté engendre le désespoir qui alimente
les tensions, pouvant ainsi provoquer des conflits109(*). Elle est
génératrice de « la rupture du lien
social »110(*). Lâchée par l'Etat, la population
développe un mode de vie marqué par un degré
élevé de violence. La violence devient un moyen pour crier
l'exacerbation des conditions de vie précaires.La pauvreté
s'avère donc être un amplificateur ou un déclencheur des
tensions sociales.Toutefois, ce n'est pas l'état de pauvreté en
lui-même qui pose problème. Des pauvres il y'en a toujours eu et
il y'en aura toujours. C'est plutôt l'écart qui n'a de cesse de
grandir entre les couches sociales.
B- L'ETAT DE SOUS-DEVELOPPEMENT AMBIANT: UNE
SOURCE LATENTE DES CRISES CENTRAFRICAINES
L'exclusion sociale et le sous-développement sont des
états qui affectent bon nombre d'individus en RCA. Il semble tellement
difficile de s'accomplir professionnellement. La progression sociale pour un
citoyen lambda est gênée par la corruption, le poids des
réseaux claniques et familiaux ; et les passe-droits divers. Le
sous-développement est favorisé par la pauvreté et le
chômage endémique des jeunes centrafricains. Le
non-développement limite considérablement la scolarisation. Le
désoeuvrement des jeunes garçons et la pauvreté sont
source du développement du banditisme illustré par les coupeurs
de route qui entretiennent l'insécurité permanente.
L'économie est sinistrée. Malgré des ressources
minières diverses, le pays ne dispose d'aucune industrie minière.
L'accès à l'eau et à la nourriture est un véritable
calvaire pour la population. Par exemple, la Société de
Distribution d'Eau de Centrafrique (SODECA) ne couvre que 15% du pays en eau
potable. L'accès à l'électricité offre le
même spectacle avec des délestages récurrents sous l'oeil
impuissant de l'Entreprise Nationale d'Electricité de la
République Centrafricaine (ENERCA). Très enclavé, le pays
est l'un des plus pauvres au monde. Même comme Dieudonné MOZOUALA
soutient que le véritable enclavement de la RCA est son
« enclavement mental »111(*). Le pays n'a eu de cesse de régresser et de
s'enfoncer dans la pauvreté et la misère. Un rapport du PNUD
indique à cet effet que la RCA est passée pour l'indice de
développement humain du 142è rang en 1993 au
166è sur 174 en 1999.Les inégalités sont
très marquées. Entre réfugiés, orphelins et autres
enfants déscolarisés, une population qui évolue dans une
telle situation risque de semer les germes de la haine et de la violence. Elle
adopte une certaine culture de la violence. D'où l'importance du
principe d'intériorisation et d'extériorisation de Pierre
BOURDIEU. En effet, l'enfant intériorise un certain nombre de
modèles culturels liés au processus de sa socialisation qu'il
extériorise au fur et à mesure qu'il grandit à travers son
comportement. Allant dans ce sens, AllassoumBEDOUM déclare que «le
phénomène de la pauvreté conduit à des situations
où se perdent toutes les valeurs. L'homme qui a faim n'est pas un homme
libre, un homme susceptible de réfléchir sereinement et
objectivement, et la plupart des remous sociaux que les pays africains ont
connu relèverait de ce phénomène.»112(*). Les rigueurs et les
injustices du quotidien alimentent les tensions. L'impossibilité pour
l'Etat d'assurer ses fonctions régaliennes de sécurité
favorisent des tensions permanentes et constantes au sein de la
société. Le peuple est victime d'une exploitation à double
vitesse. D'abord les Français, ensuite les élites
dirigeantes.Ceci n'est possible que sur la base de divisions inter tribales.
D'où l'importance des questions identitaires. Celle-ci devient donc
exclusive.
SECTION
3 : LA QUESTION DES IDENTITES
La société centrafricaine est composée
d'une diversité culturelle.Ces entités ont des rapports plus ou
moins tumultueux matérialisés par des replis identitaires. Les
conflits en RCA ont généralement un caractère
discriminatoire et s'expliquent souvent en termes ethnique(PARAGRAPHE
1) et religieux (PARAGRAPHE 2).
PARAGRAPHE 1: L'EXPLOITATION DES DIFFERENCES
ETHNIQUES
Les particularismes ethno-politiques sont une
réalité en RCA. Historiquement, on note une division entre les
différents groupes ethniques (A).Son
instrumentalisation politico-militaire par certains leaders est à
l'origine des conflits dans le pays (B).
A- LES DYNAMIQUES POLITICO-ETHNIQUES DE L'ETAT
CENTRAFRICAIN
Historiquement, les ethnies en RCA ont des rapports
conflictuels. Avant la colonisation, les Peulhs en provenance du Soudan
procédaient à des razzias et soumettaient les populations de
l'actuelle RCA à l'esclavagisme. On note à partir de ce moment
une fracture entre les différents groupes. Les rapports sont de nature
dominant/dominé, oppresseur/oppressé. Ces pratiques prennent fin
avec la colonisation française. Elles refont surface après
l'indépendance du pays. L'accès aux ressources disponibles,
à la richesse et au pouvoir constituent les nouveaux facteurs de
division parmi les ethnies. Dès lors, les ethnies du Nord et celles du
Sud entrent en conflit de pouvoir. Les premiers du fait de leur minorité
sont écartés de la gestion des affaires publiques. Ceux-ci
luttent pour un changement radical. Leur objectif est la réforme de la
structure du pouvoir. Les seconds majoritaires, souhaitent conserver leur
position de dominants sans partage du pouvoir et des ressources.Les
solidarités ethniques sont aussi utilisées par les rebelles et la
population comme ultime recours pour leur survie. L'enfermement identitaire
illustre la phrase de Jean Paul SARTRE : « l'enfer c'est les
autres ». La conjoncture mène inéluctablement à
la violence. Craignant pour leur avenir collectif, les groupes ethniques n'ont
d'autres mesures que de s'en prendre à l'autre afin d'étouffer la
menace (réelle ou non). A cet effet, la diversité ethnique en RCA
pose un certain nombre de problèmes de coexistence pacifique. Ainsi, les
conflits dans le pays naissent de la manipulation de ces différences
ethniques.
B. LES PARTICULARISMES
ETHNO-POLITIQUES ET LEUR INSTRUMENTALISATION POLITICO-MILITAIRE
La RCA est constituée de plusieurs ethnies dont
les principales sont: les Gbaya, les Banda, les Mandjia, les Sara, les Mboum,
les Ngbandi, les Ngbaka. Le pays recourt sur le plan linguistique au
français et au sango pour fédérer la diversité
linguistique. Bien qu'étant fondé sur les communautés de
base et les ethnies, l'Etat en RCA a toujours cultivé le tribalisme. Une
perversion du sentiment d'appartenance à une communauté et de son
usage à des fins politiciennes. Ce qui a très souvent
favorisé des violences brutales et des régimes sanglants. Cette
image reflète des siècles de méfiance entre les
communautés ethniques ainsi qu'une grande fracture sociale.
L'ethnicité fragilise l'Etat et occasionne l'instabilité
politique. Elle est le moteur principal de luttes politiques et sociales
constantes.Il se développe réellement en RCA une certaine culture
de la violence aggravée par la prolifération des armes.On peut
remarquer avec Ernest Marie MBONDA que les conflits jadis n'étaient pas
foncièrement des conflits identitaires113(*). C'est dans le cadre de l'Etat moderne rassemblant
des individus de diverses provenances qu'émergent des facteurs de
différenciation et d'opposition proprement identitaires. C'est
l'instrumentalisation de ces différenciations ethniques par des
« entrepreneurs politiques »114(*) à court d'arguments
et de projets convaincants que naissent les conflits en RCA.Entre
incapacité et manque de volonté, on mobilise les individus sur la
base tribale en vue des intérêts égoïstes aussi bien
des Français que des élites. On observe des rivalités au
sein d'une même communauté ethnique et des alliances de
circonstance avec des groupes rivaux.Ellesont davantage contribué
à plonger le pays dans un état de révolte permanent parmi
les tribus et de guerres civiles. Ces rivalités sont dues à la
volonté de chaque ethnie d'exercer le pouvoir et de contrôler les
ressources naturelles du pays. Au cours des 53 ans qui ont suivi
l'indépendance, le Sud a contrôlé le pays pendant 44 ans de
1960 à 1993 et de 2003 à 2013.Le poids de la fracture ethnique
entre les groupes de la savane et ceux du fleuve aidant, les rivalités
ethniques prennent le pas sur la dynamique religieuse.
PARAGRAPHE 2 :LES FRACTURES RELIGIEUSES
Le phénomène
religieux est plus ou moins problématique en RCA. Il est très
souvent un instrument au service d'une élite politique
(A). En outre, il existe des rivalités et des luttes
entre les religions pour la gestion des affaires. Ce cocktail explosif
constitue une source de tensions dans le pays (B).
A- L'INSTRUMENTALISATION POLITIQUE DE LA
RELIGION
La genèse religieuse des conflits repose sur une
croyance en une entité supérieure et créatrice de la race
humaine. C'est le domaine de la foi avec son corollaire de prescriptions et de
proscriptions conformes aux règles édictées dans les
livres dits saints. En RCA, le christianisme et l'islam sont les deux
principales religions révélées qui génèrent
des conflits identitaires. La question religieuse pose un certain nombre de
problèmes relatifs à l'identité et à
l'instrumentalisation religieuse à des fins politiques. A ce propos,
Samuel HUNTINGTON avait prédit un changement de situation dans son
article publié en 1993 dans la revue ForeignAffairs. Sa thèse
repose sur l'idée selon laquelle «après l'effondrement de
l'Union Soviétique, les motifs d'affrontement et de guerre ne seront
plus bien sûr les motifs Est-Ouest, mais des affrontements à venir
entre grandes zones culturelles, entre grandes aires
religieuses»115(*).
Cette pensée montre très clairement que la religion demeure
foncièrement une cause de conflits.
Bien que lointaines, les razzias esclavagistes des Peulhs
musulmans ont laissé des traces profondes dans les mentalités.
Les leaders du Sud jouent sur cette mémoire et sur la peur de
l'envahisseur musulman pour mobiliser et joindre les populations à leur
cause. Ainsi, des clichés populaires circulent abondamment sur cette
histoire traumatique de l'esclavage. Elle soulève le problème
d'autochtonie et de nationalité. Les leaders du Nord quant à eux
s'appuient sur le fait que sans la colonisation, ils auraient le pouvoir en
RCA. C'est sur ces arguments que certains fondent leurs actions. Ce regard en
chiens de faïence entre les deux croyances est à l'origine des
tensions au sein de la société centrafricaine.
B- LES DISCRIMINATIONS SOCIALES
Il règne une certaine animosité entre les
musulmans et les chrétiens centrafricains. Elle est due principalement
à la manipulation et l'épanouissement des uns au détriment
des autres. La religion y est un facteur de division plutôt que
d'union.
Le Nord-est musulman s'insurge régulièrement
contre le Sud essentiellement chrétien à cause de sa politique.
L'exemple le plus récent est la formation d'une coalition armée
Séléka en 2012. En effet, les musulmans se sentent
marginalisés et abandonnés à leur propre sort. Leur
région est parmi les plus pauvres du pays. Le désenclavement a
atteint un état poussé. Le manque de routes bitumées,
d'infrastructureset d'écoles est criard. Les musulmans en RCA ont le
sentiment au fil des régimes que les richesses du pays ne
bénéficient qu'aux populations du Sud chrétien. Ils se
sentent écartés dans la gestion des affaires courantes et dans le
partage des retombées de la manne minière et
pétrolière. De là, naissent des sentiments de frustration,
de méfiance et de haine vis-à-vis des autres religions. Elles
sont dès lors perçues comme des menaces dont il faut
impérativement se débarrasser. Certains leaders politiques et
militaires profitent de la fragilité psychologique des populationspour
servir leurs causes égoïstes. D'où la multiplication des
coups de force pour la contestation de l'ordre établi, la priseen compte
de leurs revendications et l'exercice du pouvoir. La conséquenceest la
prolifération des milices et l'insécurité.
CONCLUSION DUCHAPITREI
Les facteurs endogènes des conflits en RCA sont au
nombre de trois. Il s'agit d'abord des facteurs politiques. Ceux-ci sont
liés aux conditions d'accession à l'indépendance et
à l'exercice et au contrôle du pouvoir. Ensuite, viennent les
facteurs socioéconomiques avec notamment la mauvaise gestion des biens
publics et le manque de contrôle et de souveraineté sur les
ressources du pays. Ils entrainent inéluctablement la
paupérisation de la population.Enfin, les facteurs culturels à
travers les rivalités ethniques et l'instrumentalisation des
différences religieuses dans un pays à forte diversité
culturelle.Ces facteurs endogènes sont en corrélation avec
d'autres facteurs dits exogènes pour produire la guerreen RCA.
CHAPITRE II :
LES FACTEURS EXTERNES DE PRODUCTION DE L'INSTABILITE
EN RCA
La RCA comme la plupart des pays de la sous-région a
connu la colonisation française. Celle-ci s'étend sur la
période 1903-1960. La quête de l'intérêt national et
la recherche de l'équilibre des forces sont le moteur de l'introduction
de la France dans le pays. Clairement, elle vise le contrôle et
l'exploitation de ses richesses. Pour ce faire, elle instaure une politique
d'assimilation, véritable « soupape de
sureté »116(*). Elle consiste à diviser les ethnies pour
mieux asseoir sa domination. Cette politique a laissé des traces
indélébiles au sein de la société centrafricaine.
Les legs de la colonisation constituent des sources de conflits en RCA
(SECTION 1). Outre la colonisation, l'essor de la
mondialisation alimente les influences extérieures. En effet, bon nombre
d'acteurs étatiques ou non s'activent sur le sol centrafricain. Les
raisons sont criminelles, hégémoniques, stratégiques, etc.
Toujours est-il que leurs actions entrainent l'instabilité et
l'insécurité dans le pays (SECTION 2).
SECTION 1 : LE POIDS DES HERITAGES
L'empreinte du contact entre la France et la RCA est profonde.
L'une des principales causes de sa conflictualité repose sur son
histoire. En étudiant la colonisation, on y décèle les
prémisses d'une fracture entre les différents groupes qui la
composent (PARAGRAPHE 1).C'est sans compter le modèle
étatique inapproprié dont héritent les leaders
centrafricains. Son caractère extraverti et son déficit
d'autonomie maintiennent le pays dans « l'archaïsme
politique »117(*) (PARAGRAPHE 2).
PARAGRAPHE 1 : LES SEQUELLES DE LA COLONISATION
FRANCAISE
La colonisation françaiseest une cause lointaine des
conflits centrafricains.Elle est à l'origine de disparités entre
les ethnies. Ces inégalités sont liées au découpage
arbitraire des frontières118(*) qu'elle a établi (A). Elles
reposent aussi sur les rivalités et les frustrations qu'elle a
exacerbées auprès de certaines ethnies (B). De
là naissent une certaine culture de violence et de résistance et
des rapports au pouvoir assez atypiques. Ils sont à l'origine des coups
d'Etat et des rébellions.
A- LES FRONTIERES CENTRAFRICAINES, ENTRE DECOUPAGE
ARBITRAIRE ET POROSITE : UN REMODELAGE RADICAL DE LA CARTE
POLITIQUE
Un des legs majeurs de la colonisation en RCA est
assurément son découpage. La rupture avec le passé a
été plus ou moins brutale. Le pays est une construction
artificiellement née de l'époque coloniale française
à l'aube du XXe siècle : il s'agit «des constructions
géopolitiques datées»119(*). Les frontièressont de fait à
l'origine des conflits de l'avis d'ETEKIMBOUMOUA120(*). Elles ne furent pas
tracées par la France pour délimiter les frontières d'un
futur pays souverain. Elles étaient destinées au découpage
administratif colonial. Ces frontières avaient pour objectif
d'améliorer le contrôle du vaste territoire de l'AEF.Celui-ci
englobait le Gabon, le Congo Brazzaville, le Tchad et la RCA d'aujourd'hui.
Dans cette structure coloniale, le Tchad et la RCA actuels faisaient partie
d'une même entité sous-administrative: la province de l'Oubangui
Chari du nom des fleuves principaux, l'Oubangui en RCA et le Chari au Tchad.
Lorsque la partie Oubangui de ce territoire obtint son indépendance en
1960, le nouvel Etat centrafricain adopte l'ancien découpage
administratif colonial de l'Oubangui Chari pour définir ses nouvelles
frontières souveraines. Malheureusement, les dirigeants politiques
avaient miné l'avenir du processus de construction nationale du pays. La
transformation des limites territoriales coloniales en frontières
nationales plus petites a obligé les communautés ethniques
à vivre ensemble bien que n'ayant pas d'identité commune. Le
tracé de ces frontières a créé des configurations
inattendues réunissant dans le territoire des peuples qui vivaient
séparés, s'ignoraient ou se faisaient la guerre. C'est l'une des
raisons des difficultés qu'éprouve le pays à vivre
pacifiquement121(*).
En outre, le relief naturel a pendant longtemps
délimité les diverses cultures ethniques, les modes de vie et les
activités économiques liés à la
propriété foncière. Par conséquent, la
géographie a favorisé les conflits politiques et sociaux internes
à base ethnique entre les populations du Sud et celles du Nord. Sans
aucun doute, la géographie physique a empêché la RCA de
devenir une nation unifiée.C'est une résultante de l'organisation
territoriale héritée de la colonisation française. Une
organisation qui a favorisé « des disparités en termes
d'infrastructures, de développement et, surtout en termes de
contrôle de l'Etat sur certaines régions ».C'est sur
cette base que Pierre KALK constate que la RCA est le pays le plus
délaissé. Il se demande si ce n'est pas dû au fait qu'elle
ne vaut rien. Il continue en disant que la délimitation des
frontières centrafricaines a vraiment été faite par
« hasards de l'exploration »122(*).
B- LA MEMOIRE DE LA COLONISATION, UN FACTEUR DE
CONFLITS
Pour comprendre les conséquences de la colonisation en
RCA, il ne suffit pas seulement de s'intéresser aux ressources
pillées.Il faut aussi s'attarder sur les moyens qu'elle a
employés. En ce sens, la colonisation française est
également à l'origine des conflits. Elle n'a pas mis l'accent sur
l'éducation et la santé. Bien au contraire, l'accent est mis sur
la violence. Les conséquences qui en découlent sont le
mécontentement et la culture de la résistance contre la
domination. La France attise et alimente les rivalités entre les
différentes tribus. Pour ce faire, elle s'appuiesur la
coopération avec certaines ethnies dociles du Sud chrétien et sur
l'exploitation de d'autres ethnies réputées hostiles et
musulmanes. C'est le casdes Gbaya et d'autres groupes ethniques de l'Ouest
(Yanguéré, Karré, Pana, Mboum).Cette politique crée
des traumatismes et des frustrations au sein de cesgroupes. Elle les remonte
contre les autres ethnies.Le système reposait sur les travaux
forcés et des échanges très inégaux.On parle d'une
politique d'assimilation par l'application des lois, des croyances et des
traditions qui d'ailleurs n'ont pas manqué de créer des
bouleversements.La minorité musulmane qui ne partage pas la même
idéologie et la même croyance se désolidarise de fait de la
majorité chrétienne. L'expression « diviser pour mieux
régner » trouve ici tout son sens.La population
développe diverses formes de résistance. Il s'agit de la
soustraction à l'impôt, aux cotisations auprès des
sociétés de prévoyance (instituées en 1937), aux
travaux forcés (notamment avec la fuite en brousse) et la révolte
armée comme la « guerre des manches » entre 1928 et
1931.
C'est dans ce contexte d'animosité que le pays devient
indépendant. L'élite dirigeante adopte les méthodes des
anciens colons français. On assiste à l'importation du
modèle étatique français. Ses mécanismes et
principes éprouvent toutes les difficultés à s'arrimer au
contexte centrafricain.
PARAGRAPHE 2: LA CRISE DE L'ETAT CENTRAFRICAIN
L'Etat en RCA n'est pas une émanation des
Centrafricains eux-mêmes. Il s'agit de l'un des principaux legs de la
France. Son calquage s'est fait loin des considérations
sociétales et de la volonté des communautés
(A). Il porte donc en son sein les germes de sa destruction.
Sa greffe ratée est à l'origine d'une insécurité
chronique dans le pays (B).
A- PLURALISME ETHNIQUE ET UNITE NATIONALE RCA :
UNE CONTRADICTION INSURMONTABLE ?
Le sacrosaint principe de l'intangibilité des
frontières ne favorise pas la naissance d'un Etat-Nation en RCA. Pour
William ZARTMAN, les problèmes de consolidation de l'Etat-Nation
après l'indépendance figurent parmi les causes des
conflits123(*). Ipso
facto, les conflits en RCA résident principalement dans le fait que ce
jeune Etat ne constitue pas (encore) une nation.
Comme le souligne Georges BURDEAU, «dans les pays
anciens, c'est la nation qui a fait l'Etat; il s'est lentement formé
dans l'esprit et les institutions unifiées par le sentiment national.
Dans le nouvel Etat, tel qu'il apparait dans le continent africain, c'est
l'Etat qui doit faire la nation. Seulement, comme l'Etat ne peut naitre que
d'un effort national, le drame politique s'enferme dans un cercle
vicieux»124(*). La
nation est le résultat historique amené par une série de
faits convergeant dans le même sens. Si en France la nation est le point
de départ de l'Etat, la RCAse caractérise par
l'antériorité de l'Etat. Un Etat issu des dynamiques coloniales
exogènes qu'elle ne contrôle pas125(*). Son oeuvre n'est d'ailleurs pas totalement
achevée en raison de l'existence d'un «micro-nationalisme»
naturel. Le sentiment d'appartenance au groupe ethnique est plus sacré
et plus légitime que celui d'appartenir à l'Etat. Cet
élément joue énormément sur le destin du pays et
est l'une des raisons de sa situation chaotique. L'Etat en RCA est
pluriethnique. Le pays connait une diversité culturelle. On
dénombre une soixantaine de langues126(*). Il s'agit de l'une des données fondamentales
de son équation politique. Ces différentes sociétés
traditionnelles n'ont jamais manifesté la volonté de vivre
ensemble.Les limites dessinées par les colons ne respectaient pas les
espaces ethnoculturels. Les Sara se trouvent coupés de la
majorité des leurs vivant au Tchad. Il en va de même des Mboum qui
résident avant tout au Cameroun. Dans le même sillage, les Youlou
sont répartis entre la RCA et les deux Soudan. Les populations des
fleuves sont séparées de leurs pairs de la RDC. Les Zandè
quant à eux sont éparpillés entre la RCA, le Sud Soudan et
la RDC127(*). Or,
l'essence d'une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en
commun et que tous aient oublié bien des choses128(*).La culture politique
dominante n'est pas prête à faire émerger des attitudes et
des comportements générateurs de dynamiques de construction du
phénomène de la Nation.Ici, le sentiment national repose
davantage sur l'allégeance aux dirigeants qu'à un projet
national. Tout ceci aboutit à une sorte « d'empêchement
national »129(*).
B- L'ETAT POSTCOLONIAL CENTRAFRICAIN, FACTEUR
D'INSECURITE
Le legs d'un modèle d'Etat dit moderne est un impact
durable de la période coloniale130(*). L'Etat centrafricain porte les marques du partage
colonial de l'Afrique. En plus du cadre territorial, les structures
économiques, les institutions politiques et administratives, le
système judiciaire, l'éducation de l'élite moderne, etc. A
l'indépendance, il n'y a pas eude rupture brutale entre l'Etat colonial
centrafricain fragment de l'Etat français et l'Etat postcolonial. La RCA
reste politiquement et économiquement dépendante de la
France131(*). Les choses
sont restées les mêmes. Pendant la colonisation, les
Français étaient les bourreaux et depuis l'indépendance ce
sont les dirigeants centrafricains qui le sont devenus132(*).BernardLUGAN parle d'un
«Etat littéralement plaqué sur des mouvances
ethniques »133(*).Il est réduit à être au service
des oligarchies et des autres aristocraties. En effet, le cadre étatique
permet à une partie des élites de gérer à leur
guise les ressources de l'Etat, qu'il s'agisse de la richesse nationale propre
ou des aides fournies par des partenaires étrangers. Ces élites
privilégient au mieux leurs intérêts sur les bases
ethniques, religieuses et locales. La réalité de l'exercice du
pouvoir fait la part belle aux réalités sociologiques, aux
solidarités ethniques, aux rapports d'allégeance d'ordre
clanique. Quelques efforts de redistribution de la rente étatique sont
faites mais le plus souvent à l'endroit de leurs affidés. C'est
ce que Jean-François BAYART appelle la « politique du
ventre »134(*). Cette gestion prédatrice de l'Etat ne peut
que susciter frustration et colère chez les exclus. L'Etat s'identifie
à une personne donnée dans un moment historique particulier avec
une concentration du pouvoir entre ses mains. L'autorité en RCA est
analysable à travers le troisième modèle de domination mis
en exergue par Max WEBER, le charisme. Il y'a une dimension patrimoniale du
leadership en RCA135(*).
On ignore la conception du pouvoir comme capacité d'agir pour
améliorer la situation de la population. La finalité primordiale
d'Etat est la durée au profit de laquelle les ressources nationales sont
mobilisées.La faiblesse de l'Etat centrafricain donne la latitude
à des acteurs extérieurs d'agir à l'intérieur de
ses frontières.
SECTION 2 : LE POIDS DE L'EXTERIEUR
L'absence de vision politique et la faiblesse de l'Etat
centrafricain l'amènent à subir régulièrement des
pressions externes. Incapable de monter une stratégie propre, la
volonté des autreslui est imposée. Ces actions sources
d'instabilité sont l'apanage des pays étrangers
(PARAGRAPHE 1) et des mouvements régionaux
(PARAGRAPHE 2).
PARAGRAPHE 1 : LES DYNAMIQUES DES PUISSANCES
ETRANGERES
L'immixtion soutenue de la France est à l'origine de
bon nombre de crises en RCA(A). La situation chaotique est
accentuée par les influences des pays de la sous-région
(B).
A. LA RCA, UNE CHASSE GARDEE DE LA FRANCE
Même en lui accordant l'indépendance, la France
n'a jamais songé à lâcher le « morceau
centrafricain ». La raison estla position géographique
centrale qu'occupe le pays dans la sous-région.Une position
stratégique pour une France jalouse de ses intérêts en
Afrique Centrale136(*).
Aussi, a-t-elle continuéd'influencer le jeu politique centrafricain en
mettant au pouvoir une élite docile.Ses multiples interventions pour
installer, retirer ou protéger les régimes entrent dans cette
logique137(*).
Celles-cisurviennent à un rythme accru et régulier. Ainsi, en
1979, les opérations «Caban» et «Barracuda» ont
exfiltré l'Empereur BOKASSA Ier et réinstallé
David DACKO pour un second mandat. Au printemps 1996, les militaires de
l'opération «Almandin» par trois fois, sécurisent le
pouvoir d'Ange-Félix PATASSE contesté par les mutins.Ils se
chargent aussi de la protection les ressortissants français et
européens138(*).
En 2002, l'opération «Boali» forme des militaires de
l'armée centrafricaine et appuie leurs opérations. En 2007, des
parachutistes français sautent sur Birao au Nord du pays où se
multiplient les mouvements rebelles influencés par le Soudan et le Tchad
frontaliers. En 2013, l'opération «Sangaris» est mise sur pied
après le coup de force des rebelles de la Séléka et la
fuite de François BOZIZE. Ces interventions, loin de s'interposer entre
les belligérants, choisissent délibérément un camp
sur lequel s'appuyer pour préserver leurs intérêts. Le cas
de François BOZIZE illustreà suffisance le néocolonialisme
français en RCA139(*).Devenu indésirable et sentant sa fin proche,
il accuse ouvertement la France le 27 décembre 2012 sur RFI d'être
à l'origine de la crise qui prévalait en soutenant
laSéléka. Il déclare alors : « j'ai
donné le pétrole aux Chinois, et c'est devenu un
problème »140(*). Désormais déchu, l'ancien
allié tente par tous les moyens de revenir aux affaires. C'est ainsi que
le pays s'enfonce dans un nouveau cycle de violence. Au lieu de pacifier la
situation, la France au contraire l'envenime. Elle joue un rôle
d'instigateur et de soutien aux conflits.Le rôle de la France dans les
conflits se traduit notamment par « le soutien à des
dirigeants tant vomis par leur peuple que menacés par des
rébellions armées » constate Guy MVELLE141(*). L'incidence estdes
mécontentements au sein des autres formations. En RCAcomme dans tout ce
qu'elle considère comme son pré carré en Afrique Noire,la
France a favorisé une personnification142(*) de ses relations. Ce qui fausse lejeu politique.
Elle a servi d'appui au développement des régimes autoritaires
dans le pays. Toutefois, si elle est la principale puissance
étrangère active dans ce pays, elle n'en est pas la seule.
B. UN VOISINAGE INCERTAIN
La RCA est un carrefour d'influences qui lui sont
extérieures. La multiplication du nombre de ces lointains intervenants
vient compliquer la situation à tel point que le pays ne parvient pas
à unifier ses diverses tendances pour constituer un Etat fort143(*). Jean Lucien EWANGUE parle
d'un « espace très convoité au centre de plusieurs
enjeux »144(*). C'est la vision géopolitique de l'Occident
qui dit les caractères stratégiques ou non des enjeux comme les
ressources minières et forestières. L'effet structurant de la
dynamique extra-africaine est bénéfique ailleurs. Pourtant en
Afrique Centrale, elle est catastrophique. Cette situation est due à
l'absence d'un leadership interne.
Les crises au Tchad, au Soudan et les conflits en RDC
et en Ouganda ont des conséquences sur la RCA. Parlant du Tchad, il
intervient régulièrement dans le jeu politique centrafricain. Il
a un intérêt stratégique dans le pays. En effet, la RCA est
un élément clé de la sécurité du Tchad sur
son flanc sud en raison de la composition ethnique commune au Sud du Tchad et
au Nord de la RCA. Cette frontière est habitée des deux
côtés par l'ethnie Sara. Les Sara tchadiens et centrafricains se
soutiennent mutuellement dans tous les domaines. Culturellement et
politiquement par exemple, les Sara tchadiens ont toujours été
hostiles aux clans arabo-nomades du Nord du pays qui gouvernent depuis 1980. En
RCA, les Sara ont souvent fait cause commune avec les autres groupes du Nord
tels que les Banda, les Randa, les Goula contre la suprématie des
groupes du Sud. Durant les trente dernières années, les
gouvernements tchadiens et centrafricains ont toujours vu en l'ethnie Sara et
ses alliés une menace pour leurs sécurités
intérieures respectives. Aussi, le Tchad soutient-il activement
l'accès au pouvoir des représentants du Sud en RCA145(*). Chaque fois que le pouvoir
est entre leurs mains, les ethnies du Sud (Yakoma et Gbaya) créent des
alliances de circonstance avec le Tchad pour saper le pouvoir du groupe Sara et
de ses alliés politiques du Nord. En outre, le Tchad a besoin d'assurer
le calme près de la frontière avec la RCA. Ses champs de
pétrole et le pipeline menant à la côte camerounaise
passent près du Nord-ouest troublé de la RCA. Des
décennies de guerres civiles ont également entrainé les
mouvements de la population vers la RCA. Parmi ces populations, on retrouve des
anciens rebelles et opposants au régime. Plus récemment, les
opposants d'Idriss DEBY se sont installés en RCA. Il s'agit entre autres
de Moise KETTE, Baba LADDE146(*), Adoum YACOUB147(*), etc. Certains de ces hommes ont été
impliqués de près ou de loin dans la prise du pouvoir de
François BOZIZE en 2003 et celle de la Séléka en 2013.
Les guerres au Soudan ont également
provoqué des mouvements migratoires148(*). Le conflit au Darfour a par exemple eu des
incidences en RCA. Des rapprochements se sont faits entre des chefs rebelles du
Darfour, ceux du Tchad opposés à Idriss DEBY et certains rebelles
centrafricains. On pense notamment à Abdoulaye MISKINE et les leaders de
l'UFDR. En témoigne la présence des mercenaires soudanais et des
populations arabes dans les rangs de la Séléka. En outre, le
ravitaillement des groupes rebelles centrafricains en armes se fait au
Soudan.
Les autres conflits en RDC et la présence du
MLC de Jean Pierre BEMBA à la frontière avec le Sud de la RCA ont
également eu des incidences sur la sécurité du pays.
L'insécurité est favorisée par la porosité des
frontières et la proximité des communautés vivant des deux
côtés. Elle est aussi liée au trafic des armes pour
alimenter les groupes armés en RCA. En Ouganda, le conflit opposant le
gouvernement à la LRA149(*) s'est prolongé dans le Sud-est de la RCA
où ce mouvement s'y est installé. L'armée ougandaise les
traque et commet des exactions contre les populations civiles.
Les miliciens de ces groupes armés sont
généralement recrutés à la hâte. Ils ne
reçoivent aucune formation qu'elle soit civile ou militaire. De fait,
ils confondent souvent la logique du crime à celle de la
guerre150(*). Ils
s'illustrent par leur degré élevé de cruauté. La
guerre pour eux devient « un vrai éden (...)
délaissant, sans hésiter, une vie quotidienne recrue
d'injustices, de privations, d'ennuis et d'exactions. Grâce à la
guerre, la violence qu'ils avaient subie des corps habillés de l'Etat
devient une violence à portée de leur main, armée de fusil
(...). Maintenant, ils prennent ce qui leur tombe sous la main, sans rien
commander à personne151(*). L'Etat en RCA n'a donc pas le monopole de la
violence si cher à Max WEBER. Les multiples groupes armés
traduisent l'institutionnalisation d'un ordre instable et symbolisent par
là même la crise de l'Etat centrafricain.
PARAGRAPHE 2 : LES MOUVEMENTS REGIONAUX, VECTEURS DE
DIFFUSION ET D'AMPLIFICATION DES CONFLITS EN RCA
La porosité des frontières favorise
l'éclosion des activités criminelles. Des trafics de tout genre
sont observés dans la sous-région. Ces activités profitent
de la faillite de l'Etat centrafricain pour se déployer. L'incidence est
le développement et la transposition extraterritoriale de
l'insécurité en RCA.C'est le lieu de voir les dynamiques
transfrontalières(A)et les dynamiques transnationales
(B).
A- LES DYNAMIQUES TRANSFRONTALIERES
La RCA éprouve de sérieuses difficultés
à affirmer sa souveraineté en zones frontalières. En tant
que complexe géopolitique, elle est en proie à des dynamiques
d'insécurité transfrontalière. L'essor d'activités
criminelles profite de la quasi-inexistence de l'Etat en RCA, incapable
d'assurer la sécurité sur toute l'étendue de son
territoire. Des pans entiers de ce territoire sont abandonnés permettant
ainsi à ces réseaux de se déployer. Les frontières
centrafricaines sont « des lieux privilégiés pour leurs
activités informelles »152(*). Les réseaux criminels fonctionnent comme des
entreprises. De fait, ils cherchent à minimiser les dépenses et
à maximiser les gains. Hans De Marie HEUNGOUP parle à cet
effet « d'entrepreneurs
d'insécurité »153(*) répartis en cinq ordres : les gangs, les
bandes armées, les milices, les groupes terroristes et les
rébellions qui sévissent au-delà des
frontières154(*).Ils sont dotés de moyens logistiques pour
créer l'insécurité. Ils agissent pour s'enrichir,
contrôler un territoire ou pour prendre le pouvoir au sein d'un Etat.
L'intangibilité des frontières favorise aussi
l'avènement des braconniers venant de certains pays étrangers.
Ils pénètrent sur le territoire et se livrent à un
braconnage aveugle. L'insécurité qu'ils créent,
réduit considérablement le nombre de touristes qui souhaitent se
rendre dans le Nord-est. Leurs activités illégales constituent
d'importants manques à gagner financiers pour l'économie
centrafricaine. La porosité des frontières subit les effets
néfastes de la prolifération et de la circulation illicite
d'armes de guerre, surtout avec la position géographique du pays. En
effet, la présence des rebelles et des groupes armés en RCA fait
d'elle l'une des principales plaques tournantes du trafic illicite et de la
prolifération des armes légères en Afrique Centrale. La
circulation illicite des armes dans le pays fait suite à
l'instabilité politique qui prévaut depuis 1996. Les mouvements
des troupes étrangères vers la RCA ont grandement
contribué à la prolifération d'armes sur son territoire.
Il s'agit notamment de l'arrivée des militaires ex-FAR et miliciens
entre 1994 et 1997. Ceux-ci fuyaient les troupes de l'AFDL. Il s'agit
également de l'arrivée des FAZ en débandade après
la chute de Joseph Désiré MOBUTU en 1997. Il s'agit enfin de
l'intervention des troupes du MLC de Jean Pierre BEMBA venus à la
rescousse du Président Ange-Félix PATASSE. Les armes en
circulation illicite en RCA sont donc pour la plupart des armes acquises
légalement mais qui se sont retrouvées en détention
illicite entre les mains des groupes non étatiques ou des civils. Il
y'aurait environ 20 millions d'armes légères en circulation en
Afrique Centrale, principalement en RCA, au Tchad et en RDC155(*). Les
réfugiés156(*) en provenance des pays voisins dans leurs
différents mouvements emportent également des armes
légères.Du fait de leur légèreté, ces armes
passent très souvent les mailles de la douane centrafricaine. Quoi donc
de plus normal que le pays soit l'une des principales voies de trafics
illicites internationaux.
B- LES DYNAMIQUES TRANSNATIONALES
Selon Rémy LEVAU, les dynamiques transnationales
perturbent les jeux étatiques classiques. Ces dynamiques créent
des liens au-delà des frontières. Ainsi, des courants
d'idées, de personnes circulent dans des espaces importants et
créent des réseaux au coeur des Etats157(*). L'Afrique Centrale est le
théâtre de nombreuses activités criminelles. Celles-ci
servent à financer les groupes armés.Il s'agit entre autres du
trafic de produits pharmaceutiques, le blanchiment d'argent, la fausse monnaie,
le trafic de drogues, la pêche illicite, l'exploitation illicite des
ressources minières, le trafic d'enfants, le trafic des migrants
clandestins, la pédopornographie, la cybercriminalité,
etc.158(*). On
note une implantation et une implication d'unités extra
africaines de puissance et d'action sur le sol centrafricain entre Etats,
lobbies d'influence, réseaux de pouvoir, dispositifs stratégiques
et grands groupes d'affaires159(*). Ils entretiennent des relations de concurrence
et/ou de complémentarité entre eux. La souveraineté de
l'Etat centrafricain tient plus de la fiction que de la réalité.
Il a échoué dans son projet de recherche
hégémonique et de totalisation de l'espace160(*). La RCA est le terreau des
flux transnationaux qui subvertissent sa souveraineté161(*).
Parmi ces activités criminelles figurent des
réseaux de trafics d'enfants en RCA et dans les pays de la
sous-région dont les auteurs sont généralement des
concitoyens aisés. Ces derniers se ravitaillent dans les zones rurales
où la pauvreté est accrue et les déportent au Cameroun,
Congo Brazzaville, Guinée Equatoriale et Gabon en transitant par le
Cameroun. Tandis que les enfants enlevés au Tchad sont quant à
eux déportés en RCA162(*). En parallèle de ce trafic, subsiste un
trafic d'un tout autre genre : celui de la drogue. Ce trafic a ses
origines dans les pays tels que la RDC, la Tanzanie, l'Afrique du Sud,
l'Ouganda et ceux d'Amérique latine. Il transite par la RCA pour
atteindre les autres pays de la sous-région et est
généralement destiné à la consommation locale.Il
y'a également des réseaux de trafics de médicaments en
provenance de l'Inde, de la Chine et du Nigéria. Du Nigéria, ces
médicaments ont pour destination finale les pays de la zone
CEMAC163(*). Ils ont des
incidences économiques (inefficience des dépenses de
santé) et sanitaires graves (échec thérapeutique).Tous ces
trafics dans leurs déploiements respectifs occasionnent
l'insécurité dans la sous-région. Ce sont des vecteurs de
la transnationalisation des conflits en RCA.
CONCLUSION DU CHAPITRE II
Des facteurs externes jouent un
rôleprépondérant dans le déclenchement des conflits
en RCA. Ces facteurs sont regroupés en deux catégorisations. Il
s'agit premièrement des facteurs sociohistoriques. En effet, la RCA a
subi la colonisation française pendant près d'un
demi-siècle. Cette période renvoie à l'exploitation des
ressources et de la population du pays. L'héritage de ce processus est
des frontières artificielles et des rivalités entre les ethnies
nées de la politique française. Elles sont des causes lointaines
des conflits centrafricains. L'autre legs majeur est l'Etat postcolonial.
Malheureusement, les dérives qu'entraine sa greffe ratée dans le
contexte centrafricain est elle-même source d'instabilité et
d'insécurité.
Les ingérences et interférences
étrangères constituent la seconde source externe des conflits en
RCA. La présence accrue d'acteurs extérieurs jaloux de leurs
intérêts contribue à maintenir le pays dans une situation
d'instabilité permanente. On parle ici du poids de ces puissances
étrangères et des répercussions des mouvements
régionaux sur un Etat qui se caractérise principalement par sa
« cécité géopolitique ».
CONCLUSION DE LA PREMIERE
PARTIE
Le champpolitique centrafricainest marqué par la
forclusion de la violence. Celle-ci fait du coup d'Etat le principal mode
d'accession au pouvoir. L'histoire de la RCA est jalonnée par une
multitude de crises socioéconomiques etpolitico-militaires.Près
d'une vingtaine sont inventoriées. Elles sont entretenues et
alimentées par plusieurs acteurs. Ils sont nationaux, étatiques
et étrangers.
Les conflits en RCA résultent de plusieurs
mécanismes propres à la société centrafricaine. Les
dits mécanismes reposent sur les conditions d'indépendance,
l'autoritarisme des régimes, la mauvaise gestion des ressources, la
pauvreté et l'instrumentalisation des différences ethniques et
religieuses. Mais, ces conflits ont également des origines externes.
Celles-cirelèvent de la colonisation française et des
ingérences flagrantes des puissances étrangères. Il existe
une corrélation étroite entre les facteurs internes et les
facteurs externes. Les deux interagissentpour produire la guerre en RCA.
Face à cette situation, la communauté
internationale se mobilise pour apporter des solutions. Ses initiatives visent
en effet le rétablissement de la paix et de la stabilité en
RCA.Malheureusement, ces solutions s'avèrent inefficaces.
SECONDE PARTIE :
LA PERSISTANCE DES CONFLITS EN RCA : CONSEQUENCE DE
L'INEFFICACITE DES MECANISMES DE GESTION DES CONFLITS ARMES
Plusieurs mécanismes de gestion des conflits ont
été mis en oeuvre en RCA. Ils visent fondamentalement le retour
d'une paix durable dans le pays. Ils sont internationaux parce
qu'émanant de la communauté internationale à travers l'ONU
et les organisations régionales et sous régionales. Ces
mécanismes reposent sur la signature d'accords de paix. Mais, ceux-ci ne
sont jamais respectés parce qu'ils sont imposés aux
belligérants. S'agissant du recours à la force militaire, il
s'avère inefficace. La France est à la fois juge et partie. Etant
membre du Conseil de Sécurité, elle ne peut que maintenir le
statu quo. Sa mainmise doit demeurer invariée et
invariable(CHAPITRE III). Les mécanismes de gestion des
conflits centrafricains sont également locaux.Cependant, même ces
initiatives n'aboutissent pas à des résultats probants. La raison
principale est qu'elles interviennent sous des pressions externes. L'autre
raison réside sur le manque de volonté des différents
leaders(CHAPITRE IV). La conséquence est l'enlisement
et la résurgence des conflits dans le pays.
CHAPITRE III:
LE PROCESSUS DE REITERATION DE LA VIOLENCE EN RCA :
PREUVE DE L'ECHEC DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
La communauté internationale à travers l'ONU
notamment lutte pour le maintien de la paix à travers le monde. Aussi,
est-elle présentepartout où il y'a des conflits. Ses actions sont
multiples et variées. Elles sont d'abord pacifiques. La piste
diplomatique est la plus prisée. Ensuite, elles sont coercitives.
L'échec de la diplomatie donne lieu à l'usage de la force dont le
conseil de sécurité détient le monopole. Les actions de la
communauté internationale sont prévues par des textes juridiques
bien déterminés. Ceux-cileur donnent sens et
légalité (SECTION 1). C'est naturellement et
légitimement qu'elle intervient donc dans les conflits centrafricains.
Elle s'y mobilise pour le retour d'une paix durable. Pour ce faire, elle
bénéficie de dispositifs logistiques. Ces derniers reposent sur
la signature d'accords de paix, les interventions militaires et la
démocratisation de l'Etat. Toutefois, ces solutions ne se soldent pas
par un franc succès. Elles sont inadéquates et
inappropriées au contexte centrafricain. Elles semblent davantage
créer plus de problèmes qu'elles n'en résolvent. Cet
échec explique en partie l'enlisement des conflits en RCA
(SECTION 2).
SECTION 1: LES SUPPORTS JURIDIQUES ET INSTITUTIONNELS
Trois textes fondamentaux encadrent l'action de la
communauté internationale dans la gestion et la résolution des
crises en RCA. Il s'agit de la Charte des Nations Unies (PARAGRAPHE
1), l'Acte Constitutif de l'Union Africaine (PARAGRAPHE
2) et des textes de la CEEAC instituant le COPAX (PARAGRAPHE
3).
PARAGRAPHE 1 : LA CHARTE DES NATIONS-UNIES
Signée le 26 juin1945 à San Francisco,la
Charte164(*)entre en
vigueur le 24 octobre 1945.Elle codifie les grands principes des relations
internationales. Il s'agit notamment de l'égalité souveraine des
Etats et l'interdiction de recourir à la force dans les rapports entre
Etats entre autres. La Charte est pour l'ONU ce qu'une constitution est pour un
Etat moderne et démocratique. Elle régit le comportement et les
attitudes des Etats. Le but ultime est le maintien de la paix sur la
scène internationale. La Charteconsacre trois chapitres à la
prévention et à la gestion des conflits éventuels. Les
procédures prévues sont pacifiques (A) et
coercitives (B). Une place est également
accordée aux organisations régionales (C).
A. LE REGLEMENT PACIFIQUE DES DIFFERENDS
Le Chapitre VI de la Charte des Nations-Unies porte sur 5
articles, du 33è au
38è(1).Son déploiement repose sur
plusieurs mécanismes pacifiques(2).
1. Principe
En cas de conflit, la Charte, par le biais du conseil de
sécurité, privilégie la piste pacifique comme issue
à ce dernier. Ici, les parties en conflit sont encouragées
à régler leurs différends de manière
concertée à la lumière de bon nombre de mécanismes
prévus à cet effet.
2. Les mécanismes diplomatiques
Le règlement pacifique des conflits stipulé par
le chapitre VI use de plusieurs mécanismes non violents pour essayer de
trouver des solutions à un conflit existant entre deux ou plusieurs
parties:
-L'entente directe par voie de négociation
diplomatique
Elle consiste en un contact direct ou indirect entre les
différents protagonistes au conflit afin que ces derniers puissent
discuter face à face et trouver eux-mêmes une solution
consensuelle à leur différend. La négociation n'implique
pas l'intervention d'une tierce partie. Elle a l'avantage de rapprocher les
parties, de favoriser la communication entre elles et de trouver une solution
durable.
-L'intervention d'un tierce sous forme de bons offices ou de
médiation
La différence entre les bons offices et la
médiation est infime. La médiation privilégie
l'intervention d'une tierce partie. Elle peut être un individu ou un
groupe d'individus dépêchés par une organisation
internationale avec le consentement préalable des parties en conflit.
Son but est de rapprocher les belligérants autour d'une plate-forme de
dialogue. Les bons offices, quant à eux, visent essentiellement la
reprise des négociations entre les parties.
-L'arbitrage
Il vise le règlement pacifique entre les parties en
conflit via le canal juridique à travers des juges de leur choix et sur
la base du respect du droit. Les parties en conflit s'engagent à
accepter et à se soumettre à la décision qui en
découlera. La procédure d'arbitrage a l'avantage de la souplesse,
de la simplicité et de la rapidité; ainsi que du contrôle
des parties sur le déroulement de la procédure.
-L'enquête
Elle n'est pas une procédure de règlement de
conflit à proprement parler. L'enquête permet plutôt de
faciliter le règlement d'un conflit par une connaissance exacte des
faits élucidés par un organisme offrant toutes garanties
d'impartialité. Bien que limité à l'examen des faits, son
rôle est important. Elle permet à travers une commission
d'enquête de mettre en lumière les causes et les
conséquences d'un problème ainsi que les responsabilités
qui s'en dégagent.
-La conciliation
La conciliation vise l'intervention d'une tierce partie qui
recense les origines d'un conflit et propose des esquisses de solutions
contenues dans un document nommé rapport de conciliation. Elle ne
constitue pas un acte contraignant faut-il le rappeler.
B. LE REGLEMENT NON PACIFIQUE DES
DIFFERENDS
Le règlement non pacifique des différends est
stipulé par le chapitre VII de la Charte. Ce chapitre implique les
articles 39 à 51. Il repose également sur un postulat bien
déterminé (1) et prévoit des
méthodes particulières (2) pour atteindre les
objectifs de rétablissement de la paix.
1. Principe
Lorsqu'un conflit éclate entre deux ou plusieurs
parties et que tous les recours de résolution pacifique sont
épuisés sans qu'il n'y ait pas pour autant un
rétablissement de la paix, alors on a recours au Chapitre VII. Celui-ci
autorise l'usage de la force aux fins d'imposition de la paix.
2. Les mécanismes
opérationnels
Les moyens de coercition prévus par ce chapitre dans
l'optique de la résolution d'un conflit sont de plusieurs ordres. Il y'a
d'abord toute une série de mesures qui n'implique pas «l'emploi de
la force»165(*)
à l'instar de «l'interruption totale ou partielle des relations
économiques et des communications ferroviaires, maritimes,
aériennes, radioélectriques et des autres moyens de
communication, ainsi que la rupture des relations diplomatiques»166(*). Ensuite, et si ces mesures
se révèlent «inadéquates»167(*), le conseil de
sécurité peut décider d'entreprendre «au moyen de
forces aériennes, navales ou terrestres, toute action qu'il juge
nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix et de la
sécurité internationales. Cette action peut comprendre des
démonstrations, des mesures de blocus et d'autres opérations
exécutées par des forces aériennes, navales ou terrestres
de membres des Nations Unies »168(*). Et dans ce cas-là, «tous les membres
des Nations Unies»169(*) sont invités à mettre à la
disposition du Conseil de Sécurité, «les forces
armées, l'assistance et les facilités, y compris le droit de
passage, nécessaires au maintien de la paix et de la
sécurité internationales »170(*).
C. LES ORGANISATIONS REGIONALES DANS LES
CONFLITS
Dans son incapacité d'être présente sur
tous les terrains où se déroulent des conflits, et pour plus
d'efficacité, l'ONU dans le chapitre VIII de sa Charte permet aux
organisations régionales de la suppléer et de l'assister dans sa
mission de maintien de la paix à travers le monde. Pourvu que les
activités et les accords de ces organismes régionaux soient
compatibles avec les objectifs et les principes des Nations Unies. Ce chapitre
préconise la résolution des conflits à l'échelle
locale avant toute saisie de l'instance faitière.
PARAGRAPHE 2 : LECONSEIL DE PAIX ET DE SECURITEDE L'UNION
AFRICAINE DANS LA RESOLUTION DES CONFLITS EN AFRIQUE
Le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) tire sa
légitimité de plusieurs textes juridiques fondamentaux au rang
desquels l'Acte Constitutif de l'UA, le protocole de sa création, la
Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples et des dispositions de la
Charte des Nations Unies. Ces textes constituent la base juridique de la
création du CPS et lui confèrent une importance cruciale dans la
gestion des conflits en Afrique. Il semble donc logique de montrer la base
juridique du CPS à travers son fondement juridique international
(A) et son protocole de création
(B).
A- LE FONDEMENT JURIDIQUE INTERNATIONAL DU
CPS
Le CPS171(*) repose sur les principes énoncés dans
les dispositions de trois textes juridiques incontournables qu'on va ici
rappeler: il s'agit de la Charte des Nations Unies, la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme et l'Acte Constitutif de l'UA.
De manière rétrospective, au plan universel, la
responsabilité principale du maintien de la paix et de la
sécurité internationale incombe prioritairement au Conseil de
Sécurité conformément aux dispositions de la Charte des
Nations Unies172(*).
Mais, ces dernières décennies nous ont clairement montré
un Conseil de Sécurité débordé dans ces
prérogatives. C'est dans ce sens que BOUTROS BOUTROS-GHALI alors
Secrétaire Général de l'ONU déclarait que «la
paix est un phénomène global, elle est l'affaire de tous... Le
rôle des Nations Unies dans le maintien de la paix doit être
transcendé »173(*). D'oùl'importance du rôle des
organismes et accords régionaux et la nécessité d'une
collaboration étroite entre l'ONU et ces derniers.
Le relais en Afrique est passé à l'UA dont
l'Acte Constitutif dès son préambule, prend conscience de ce que
les conflits en Afrique sont un obstacle au développement
socio-économique, à la promotion de la paix, de la
sécurité et de la stabilité, conditions
préalablesà la réussite des objectifs de l'UA,
volonté réitérée dans l'Article 3j de l'Acte
Constitutif174(*).
L'objectif de la promotion de la paix et de la stabilité figure aussi
dans l'Article 4d.f qui donne ainsi le droit à l'UA d'intervenir dans le
règlement des différends entre Etats et à
l'intérieur de ces derniers. Pour ce faire, il faut tout de même
leur aval dans le strict respect du droit de non-ingérence175(*). Ce principe peut
néanmoins être écarté en fonction de la
gravité de la situation (génocide, crimes de guerre,
etc.)176(*).
L'autre fondement juridique international du CPS est
apporté par les dispositions de la Déclaration des Droits
Universels de l'Homme. Elles invitent les Etats membres à s'engager sur
la voie de leur respect universel et le respect des libertés
fondamentales. Son importance réside dans le fait que «la
méconnaissance et le mépris des Droits de l'Homme peut conduire
à des actes de barbarie»177(*).A ces trois textes juridiques fondamentaux, se
greffe le protocole même de création du CPS.
B- L'ASSISE JURIDIQUE DU PROTOCOLE DU CPS
Le CPS est un organe de l'UA chargé d'une mission
spéciale et, par conséquent, régi par un texte
délimitant la portée de sa mission: il s'agit du Protocole
relatif à sa création adopté par la première
session ordinaire de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement
de l'UA qui s'était tenue à Durban (Afrique du Sud) le 9 juillet
2002. Ce texte détermine le cadre d'intervention du CPS, ses pouvoirs et
ses limites.
Créé conformément à l'Article 5,
le CPS est un organe de décision permanent pour la prévention et
la gestion des conflits conformément à l'Article 2 alinéa
1 du Protocole. Cet alinéa rajoute qu'il est un système de
sécurité collective et d'alerte rapide visant à permettre
une réaction rapide et efficace aux situations de conflits et de crises
en Afrique.Le Conseil est une structure opérationnelle pour la mise en
oeuvre efficace des décisions prises dans les domaines de la
prévention des conflits, du rétablissement de la paix, des
opérations d'appui à la paix et de l'intervention, ainsi que la
consolidation de la paix et de la reconstruction après les conflits.
Le Protocole peut aussi être complété par
un corps de déclarations, décisions et divers textes. Nous en
citerons le plus mémorable: la décision AHG/Déc. 160
(XXXVII) de la 37è Session ordinaire autorisant le transfert du
Mécanisme de l'OUA à l'UA. Le CPS bénéficie d'un
cadre d'action élargi allant des missions de maintien et de
rétablissement de la paix aux actions humanitaires et de protection des
Droits de l'Homme. Il assemble en son sein une bonne partie des attributions et
missions de plusieurs organes de l'UA. De la réussite de ses objectifs
dépend la réalisation de ceux de l'UA en
général.Cependant, le CPS (qui a une action régionale) est
relayé par des organismes plus petits au niveau sous régional
comme c'est le cas de la CEEAC en Afrique Centrale.
PARAGRAPHE 3 : LACEEAC ET LE REGLEMENT DES CONFLITS EN
AFRIQUE CENTRALE: LA COPAX
La CEEAC178(*) est une organisation dont la sous-région de
déploiement est l'Afrique Centrale. Au départ, sa mission
consistait à favoriser l'intégration de l'économie
(A). Seulement, la multiplication des conflits l'empêche
d'atteindre cet objectif. C'est dans ce contexte qu'ellerevêt un aspect
politique pour tenter d'en venir à bout (B).
A- L'INTEGRATION ECONOMIQUE, PRINCIPAL ROLE DE LA
CEEAC
Entrée en vigueur le 18 décembre 1984 par le
biais d'un traité fonctionnel depuis 1985, la CEEAC comme son nom
l'indique est une communauté d'intégration économique et
monétaire. Elle n'est qu'une institution économique qui, à
défaut de les exclure, renvoie au second plan les objectifs
d'intégration politique179(*). C'est ce qui explique que la priorité de la
CEEAC ne soit pas la résolution des conflits contrairement à l'UA
par exemple; mais de «promouvoir et renforcer une coopération
harmonieuse, équilibrée et autonome entretenue dans les domaines
de l'activité économique et sociale, (...) en vue de
réaliser l'autonomie collective, d'élever le niveau de vie des
populations, d'accroitre et de maintenir la stabilité économique,
renforcer les étroites relations pacifiques de ses membres et de
contribuer au progrès du continent africain». Ainsi, le rôle
pour lequel la CEEAC avait été mis sur pied est la promotion
d'une intégration économique et politique en vue de
l'établissement d'une union douanière et de politiques
sectorielles communes.Cependant, le climat d'insécurité qui
caractérisait l'Afrique Centrale s'est révélé
être un véritable frein à l'atteinte de ces objectifs.
D'où une reformulation des prérogatives de cette institution
visant à garantir la paix dans la sous-région.
B- LA REFORMULATION DES PREROGATIVES DE LA
CEEAC
Avec la multiplicité des conflits en Afrique Centrale,
la CEEAC est enclin à un nouvel objectif: celui de la promotion de la
paix, de la sécurité et de la stabilité dans la
sous-région. Elle est convaincue qu'aucun développement
économique ne peut se réaliser dans un environnement
d'insécurité et d'instabilité. La corrélation entre
le développement économique et un environnement de
sécurité et de stabilité est étroite et
interdépendante. Elle pousse l'institution à réagir pour
ne pas mettre en péril ses objectifs. Les résultats obtenus dans
le secteur économique et en termes de développement peuvent
facilement être compromis par l'instabilité de la
sous-région.
A cet effet, elle a mis sur pied le Conseil de Paix et de
Sécurité de l'Afrique Centrale, COPAX créé par un
Protocole du 24 février 2000180(*). Entré en vigueur en 2004, il est
compétent pour traiter tant des conflits interétatiques que des
conflits internes; y compris l'action humanitaire. Ce conseil dispose de deux
outils opérationnels que sont le Mécanisme d'Alerte Rapide
d'Afrique Centrale (MARAC) et la Force Multinationale de l'Afrique Centrale
(FOMAC).Brigade régionale de maintien de la paix, la FOMAC voit le jour
lors d'une réunion des Chefs d'état-major tenue à
Brazzaville en octobre 2003. Elle est en application avec le Protocole relatif
au COPAX et le Règlement de la Force Multinationale de la CEEAC, et en
conformité avec les recommandations de l'UA pour la constitution d'une
Force Africaine en Attente (FAA).A travers ses mécanismes de
défense, de dissuasion et de contrainte, la CEEAC apparait comme un
gendarme régional et un outil de paix à travers ses
interventions. Allant dans ce sens, Luc SINDJOUN de déclarer que
« la puissance est un concept fécond des relations
internationales africaines »181(*).
SECTION 2: LES SUPPORTS LOGISTIQUES
La communauté internationale a toujours essayé
de trouver des solutions chaque fois qu'il y'a eu des crises en RCA. Ces
solutions passent soit par la signature des accords de paix, soit par des
interventions militaires (PARAGRAPHE
1)entérinées par des processus électoraux au
bilan très mitigé (PARAGRAPHE 2).
PARAGRAPHE 1 : LA SIGNATURE DES ACCORDS DE PAIX ET LES
INTERVENTIONS MILITAIRES EN RCA
Les accords de paix sont l'une des voies les plus
empruntées par la communauté internationale pour remédier
aux conflits en RCA. Ainsi, plusieurs sont signés entre les
belligérants (A). Ces accords sont
généralement suivis d'OMP (B).
A. REGARD SUR LES ACCORDS DE PAIX EN RCA
Les accords de paix sont un ensemble de dispositions
juridiques issues des négociations politiques entre les parties en
conflit ayant pour but d'établir un compromis entre elles et de
régir la transition. Ils définissent les règles de bonne
conduite et principe de comportement pour préserver et renforcer la
paix. Les négociations de paix ont proliféré autant de
fois que les conflits ont éclaté. Aucun de ces accords n'est
respecté.
En 1996, la RCA a été le théâtre
d'une crise politico-militaire se traduisant par trois mutineries des soldats
des forces régulières.Elles résultent du
mécontentement suscité par les problèmes
socio-économiques et exacerbés par la non perception des soldes
de 30 mois. Préoccupée par la dégradation de cette
situation, la 19è réunion des Chefs d'Etat et de Gouvernement de
France et d'Afriquetenue en décembre 1996 demande aux Présidents
gabonais, tchadien, malien et burkinabé de se rendre à Bangui
pour négocier une trêve entre les forces loyales et les mutins. Le
25 janvier 1997, les accords de Bangui sont signés par les parties
concernées. Un comité international composé des
représentants des quatre pays est instauré pour s'assurer du
respect des termes des accords.
Après cette crise, une situation de calme va plus ou
moins régner jusqu'en 2000. Les trois années suivantes sont
marquées par des tensions. Dès 2004, la rébellion de
l'UFDR de Michel DJOTODIA aidée pour la circonstance par d'autres
groupes notamment le GAPLC, le MLCJ et le FDC contestent les nouvelles
autorités de Bangui.Elle tente de s'emparer dupouvoir. La France
intervient une fois de plus pour stopper la rébellion. Des accords de
paix sont signés le 2 février 2007 à Syrte entre le
gouvernement, le FDPC et l'UFDR sous la médiation de la Libye et du
Tchad. Ils faisaient suite au retournement de la Séléka qui avait
aidé François BOZIZE dans sa prise de pouvoir en 2003. Les
anciens alliés se plaignaient de leur exclusion dans la gestion des
affaires de l'Etat. Ces accords prévoyaient l'arrêt des
hostilités, le cantonnement et le désarmement, l'amnistie et la
libération des prisonniers politiques, la participation des parties
signataires à la gestion des affaires publiques, etc. Mais, le manque de
volonté politique et l'impatience des groupes dissidents conduisent
encore le pays dans un cycle de violence.Un autre accord de paix est
signé avec le gouvernement le 13 avril 2007 à Birao. Ce dernier
prévoit une amnistie pour l'UFDR, sa reconnaissance en tant que parti
politique et l'intégration de ses combattants dans l'armée. Des
négociations supplémentaires se poursuivent et aboutissent
à un accord en 2008 en faveur d'une réconciliation nationale.
Le 21 juin 2008, des accords de paix globaux sont
signés sous le contrôle du Gabon. Leurs signataires sont le
gouvernement centrafricain, l'APRD et l'UFDR. Ils reprennent les dispositions
des précédents accords. Comme pour les précédents,
ces dispositions ne sont pas respectées. Les fraudes électorales
de janvier 2011 entrainent le soulèvement de la Séléka.
Elle lance de nouvelles hostilités dès 2012.
En décembre 2012, un nouveau conflit éclate
entre le gouvernement et les opposants regroupés au sein de la
Séléka. Ces derniers reprochent au Président
François BOZIZE de ne pas respecter les précédents accords
de 2007. Des combats s'en suiventnaturellement. Le vendredi 13 janvier 2013, le
gouvernement annonce officiellement la signature d'un accord entre les forces
gouvernementales et les rebelles. Cet accord prévoit le maintien au
pouvoir de François BOZIZE jusqu'en 2016, la place irrévocable de
Premier Ministre cédée à l'opposition, l'attribution du
portefeuille de la défense, la dissolution de l'Assemblée
Nationale et le retrait des forces militaires étrangères
excepté la FOMAC. Très contraignants pour le gouvernement, ces
accords ne sont pas respectés par le camp du Président. Ce qui
conduit à la reprise des armes par la Sélékaet la prise de
Bangui le 24 mars 2013.
Les accords de paixen RCA s'avèrentinefficaces. Leur
inefficacité réside dans le fait que les dispositions desdits
accords sont imposées par des acteurs étrangers. Du coup, elles
sont très contraignantes aux parties en conflit. C'est presque
naturellement qu'elles ne sont pas respectées. Même les OMPqui
s'en suivent n'y changent rien.
B. DU MAINTIEN A L'IMPOSITION DE LA PAIX :
L'USAGE DE LA FORCE
L'intervention militaire est définie par Mark AMSTUTZ
comme « l'usage de la force armée destinée à
imposer la volonté de celui qui intervient contre un adversaire refusant
de se soumettre »182(*). Elle est un comportement coercitif qui
« engage le déploiement d'une force militaire et vise des
opérations armées qui comportent un risque de
violence »183(*). Les interventions au fil des crises en RCA vont
s'avérer monnaie courante.
D'abord, la Mission Interafricaine pour la Surveillance des
Accords de Bangui (MISAB) autorisée par la résolution 1125 du
Conseil de Sécurité des Nations Unies. Suite aux mutineries de
1996 et au lendemain de la signature des accords de Bangui, le Gabon, le Tchad,
le Mali et le Burkina Faso créent à compter du 31 janvier 1997
une force interafricaine en RCA. Il s'agit de la MISAB dont la mission est de
rétablir la paix et la sécurité en Centrafrique par des
opérations de désarmement des anciens mutins, des milices et de
tous les autres individus illégalement porteurs d'armes. Cette mission
s'étend sur un an, de février 1997 à avril 1998.
Le retrait par la France de ses effectifs en mi-avril prive la
MISAB d'un soutien logistique fondamental. Elle est désormais incapable
d'assurer sa mission. Il paraissait donc nécessaire de déployer
une autre force pour maintenir la stabilité en RCAsous l'égide de
l'ONU. C'est dans ce contexte que la Mission des Nations Unies en
République Centrafricaine (MINURCA) est créée en avril
1998. Forte de 1200 hommes, sa mission est de maintenir et de renforcer la
stabilité et la sécurité ainsi que la liberté de
mouvement dans le pays, protéger les installations clés de
Bangui, assurer la sécurité du personnel de l'ONU et des biens de
l'Organisation; aider à élaborer le code électoral et
l'organisation des élections législatives prévues en
aout/septembre 1998, etc. Elle prend fin en 2000 avec son remplacement par une
autre mission.
Après la MINURCA, c'est autour du Bureau des Nations
Unies pour la Consolidation de la Paix en République Centrafricaine
(BONUCA) d'être lancé par les Nations Unies en 2000 (jusqu'en
2009). Sa mission, consolider la relative accalmie que le pays venait de
retrouver au lendemain de l'élection qui avait permis de maintenir
Ange-Félix PATASSE au pouvoir en 1999. Cette paix de courte durée
prend fin en 2001 avec la tentative de coup d'Etat du Général
KOLINGBA.
C'est dans ce contexte qu'en janvier 2002, l'UA autorise le
déploiement de la Force de maintien de la paix et de la
sécurité de la CEN-SAD en RCA. Sa mission s'achève en
décembre de la même année. Elle est remplacée par la
FOMUC.
A la suite d'une tentative de coup d'Etat orchestré le
25 octobre 2002 par le Général BOZIZE, la CEMAC met en place
dès décembre 2002 (à l'issue du sommet du 2 octobre 2002)
la Force Multinationale en Centrafrique (FOMUC). Forte de 350 hommes issus des
pays de la sous-région, son mandat initial est d'assurer la
sécurité du Président Ange-Félix PATASSE et de
surveiller le travail des patrouilles mixtes le long de la frontière
avec le Tchad. Cependant, avec la prise du pouvoir de François BOZIZE en
2003, la FOMUC voit son mandat prolongé jusqu'en juillet 2008 et
adapté à la nouvelle situation.
En 2007, la Mission des Nations Unies en République
Centrafricaine (MINURCAT) est autorisée par le Conseil de
Sécurité des Nations-Unies. Son unique mission consiste à
réunir les conditions de sécurité sine qua non pour un
retour des réfugiés qui s'étaient dispersés en RCA,
au Tchad et au Soudan du fait des conflits ; et leur réinsertion.
Cette mission prend fin en 2010.
Au cours de la même2007, l'EUFOR Tchad-RCA est
autorisée par la résolution 1778 du Conseil de
Sécurité. Il s'agit pour elled'assurer la sécurité
au Nord-est de la RCA où pullulent les bandes armées. Cette
mission de l'Union Européenne (UE) prend fin en 2009.
En juin 2008, alors que sévit la deuxième guerre
civile en RCA, le Comité de Sécurité de la CEEAC se
réunit à Libreville pour procéder à la
création d'un instrument d'imposition de la paix et de la
sécurité: la Mission de Consolidation de la Paix en
Centrafricaine (MICOPAX). Elle est riche de 2694 hommes venant des pays de la
CEMAC.La mission à elle assignée est d'assurer la
sécurité de la population pour permettre le développement
de la RCA et de la région d'Afrique Centrale, de promouvoir le respect
des droits de l'homme, coordonner l'aide humanitaire et lutter contre le
VIH/Sida, etc. Elle fonctionne jusqu'à son remplacement en 2013.
En 2011, le CPS autorise l'ICR/LRA en vue de lutter contre la
LRA ougandaise de Joseph KONY et les exactions qu'elle commet
régulièrement en RCA. Cette mission est toujours
d'actualité.
La MISCA sous la conduite africaine viendra remplacer la
MICOPAX suite à la montée de la violence en RCA depuis le coup
d'Etat de 2013. Sous la demande de la France, elle est autorisée le 5
décembre 2013 par le Conseil de Sécurité de l'ONU dans sa
résolution 2127. Son déploiement est effectif sur le terrain
à partir du 19 décembre 2013 sous la houlette de l'UA et de la
France. Elle prend fin après seulement un an d'activités, en
septembre 2014.
La multiplication des OMP en RCA est une preuve à peine
voilée de leur inefficacité. On parle de 10 OMP entre 1997 et
2013. On n'observe pas un traitement égal de toutes les parties tout le
temps qui peut mener à une politique d'apaisement »184(*). Pour intervenir, il leur
faut l'aval du gouvernement. Dès lors, les OMP peinent à
intervenir quand les forces gouvernementales sont impliquées. Ce qui
entraine la passivité et renforce les hostilités des autres.
D'où des résultats mitigés. Ces opérations sont
suivies d'efforts de l'ONU dans le domaine de la démocratisation.
PARAGRAPHE 2 : LA DEMOCRATISATION DE L'ETAT
CENTRAFRICAIN
Les efforts de la communauté internationale
pour le retour d'une paix durable en RCA visent également l'ouverture
politique (A) et l'assistance électorale
(B).
A. L'OUVERTURE POLITIQUE :ENTRE GOUVERNEMENTS DE
TRANSITION ET GOUVERNEMENTS D'UNION NATIONALE
A la suite de la signature d'accords de paix et des OMP en
RCA, onassiste très souvent à la formation de gouvernements de
transition ou d'union nationale comme ultime étape de
rétablissement de la paix. Luc SINDJOUN parle à cet effet de
concurrence qualifiante. Il s'agit de « la situation dans laquelle
la contestation réussie du monopole étatique de la violence
physique et l'opposition armée aux autres unités combattantes
permettent de participer aux institutions de transition »185(*). Cependant, cette
pseudo-ouverture politique est telle que les fruits n'ont pas tenu la promesse
des fleurs. Aussi, allons-nous nous appuyer sur un exemple à titre
illustratif.
Al'issue des scrutins électoraux contestés de
janvier 2011, un gouvernement d'union nationale partiellevoit le jour le 22
avril 2011. Le Président François BOZIZE s'arrange à
conserver tous les portefeuilles clés s'attirant par la même
occasion le courroux de l'opposition.Sous l'impulsion des Etats de la
sous-région, l'accord de Libreville est signé le 11 janvier 2013.
Il implique la formation d'un gouvernement d'union nationale par l'opposant
Nicolas TIANGAYE le 17 janvier 2013. Ce gouvernement est d'ailleurs
sapé par François BOZIZE. La conséquence est le coup
d'Etat de mars de la même année. Après ce coup d'Etat, un
Conseil National de Transition (CNT) est mis en place, reconnu par le sommet
extraordinaire de la CEEAC sur la RCA du 18 avril 2013. Ce sommet adopte la
« Déclaration de Ndjamena » et fixe la transition
à 18 mois. Un gouvernement d'union nationale de 34 membres s'ensuit le
13 juin 2013 dont 9 proviennent de la Séléka. Celle-ci
détient d'ailleurs les secteurs clés : défense,
mines, communication, sécurité, eaux et forêts. Seulement
deux membres proviennent du camp du Président déchu, 16 de la
société civile et 7 de l'opposition. Une présence rendue
possible grâce à la pression des Chefs d'Etat d'Afrique Centrale
pour que toutes les sensibilités politiques soient
représentées.
Les différents gouvernements de transition et d'union
nationale sont de véritables melting-pots du fait deleur extraversion,de
leur représentativité disproportionnée et dunon-respect
des engagements. Ils s'accompagnent souvent de processus de
démilitarisation d'anciens miliciens et d'assistance
électorale.
B. DEMILITARISATIONETASSISTANCE ELECTORALE
La démilitarisation repose sur les programmes de
désarmement et les processus de réinsertion. Pour les
politiciens, elle est l'une des conditions sine qua non pour une campagne
électorale libre. Pour les communautés, elle est une
revendication économique et un aspirateur de miliciens. Il s'agit d'un
préalable pour l'avènement d'un dialogue intercommunautaire et le
rétablissement de la paix. Les groupes armés signent des accords
de désarmement avec le gouvernement. C'est dans ce sillagequ'une
Commission nationale pour le désarmement, la démobilisation et la
réinsertion est mise en place le 14 septembre 2004 pour la
réinsertion de 7500 anciens combattants dans la vie civile et le
bénéfice d'une formation.
Mais, ces accords manquent souvent de
crédibilité et de stratégie globale. Les programmes de
désarmement en RCA se sont soldés par des échecs. En 2012
par exemple, une analyse rétrospective du DDR de l'APRD met en
évidence le faible nombre d'armes récupérées.
Seulement 150 armes pour 6000 combattants. Elle met aussi à
l'évidence le faible nombre de miliciens intégrés dans
l'armée et l'absence de réinsertion dans la vie
économique. L'extrême pauvreté, l'absence d'économie
formelle, la faible structuration des groupes armés et
l'insécurité généralisée en sont les
principales entraves. Par ailleurs, l'instrumentalisation des DDR par certains
chefs des groupes armés, qui en font un outil de chantage politique et
d'enrichissement, constitue un autre problème. L'échec des DDR
relève du manque de représentativité de certains chefs des
groupes politico-militaires, du manque de volonté du gouvernement et du
détournement des fonds186(*).
La démilitarisation aboutit souvent à
l'assistance électorale dans le cadre des missions de consolidation de
la paix. Elle propose des conseils en matière de droit électoral.
Elle consiste aussi à l'organisation ou la supervision des
élections, l'observation du déroulement des campagnes
électorales.Ce fut notamment le cas lors des élections de mars
2005 faisant suite au coup d'Etat de 2003. L'UE principal bailleur de fonds
finance le processus à hauteur de 9.526.113.924 de francs FCA. Des
moyens en matériels, en transport de fournitures sont fournis par l'aide
internationale. Le PNUD a apporté un appui à la CEMI.Mais, il
existe des contradictions dans les principes de la communauté
internationale. Elle condamne les coups d'Etat mais elle finit par reconnaitre
le pouvoir de François BOZIZE en lui posant la condition des
élections. C'est naturellement qu'elles sont entachées de
dysfonctionnements et de fraudes. On peut donc s'interroger sur l'impact des
mécanismes internationaux de gestion des conflits en RCA.
PARAGRAPHE 3 : LES FACTEURS DE L'ECHEC DES MECANISMES DE
GESTION DES CONFLITS EN RCA
Face aux nombreuses crises qui secouentla RCA depuis 1960, la
communauté internationale apporte des solutions. Elles s'avèrent
malheureusement inefficaces à cause des problèmes de mise en
oeuvre et de fonctionnement des missions(A) et leur
caractère extraverti (B) maintenant ainsi le pays dans
l'instabilité.Leur bilan très mitigé explique en partie la
persistance de l'insécurité et l'enlisement des conflits en
RCA.
A- LA FRAGILITE DE LA COOPERATION INTERNATIONALE ET
REGIONALE
Les missions internationales connaissent des problèmes
de fonctionnement liés à certains vides
juridiques(1), au financement et au fonctionnement desdites
missions (2). Ces problèmes expliquent partiellement
les difficultés à restaurer une paix durable en RCA et leur
échec cuisant. La conséquenceest la résurgence des
conflits dans le pays.
1. Les obstacles juridiques et politiques à la
gestion efficace des conflits en RCA
L'échec des solutions aux conflits centrafricains
étaitprévisible dans la mesure où les organisations
internationales en charge de leur règlement comportent en leur sein des
freins à leur déploiement. En effet, on note dans l'action de ces
organismesdes contradictions sur le plan juridique. Deux cas sont fort
édifiants à ce sujet : il s'agit del'UA et la CEEAC. Ilest
plus qu'impératif de clarifier le champ d'action du CPS. La question de
savoir qui détient l'initiative dans la gestion des conflits en Afrique
n'a de cesse d'être posée. En analysant l'Acte Constitutif de
l'UA, notamment son article 9-2, on constate que tout organe de cette
institution n'a de pouvoir que celui et/ou parce que la Conférence lui
en délègue. Si l'article 7-1, a, b c et d du Protocole semble
reconnaitre la responsabilité et la compétence conjointes du CPS
et du Président de la Commission dans la prévention, la gestion
et la résolution des conflits sur le continent, l'article 7-1, e lui,
vient rappeler que le CPS conjointement avec le Président de la
Commission, «recommande à la Conférence, conformément
à l'article 4 (h) de l'Acte constitutif, l'intervention au nom de
l'Union dans un Etat membre» dans des situations jugées
suffisamment graves (crimes de guerre, génocide, etc.). D'où
l'interrogation sur la souveraineté réelle du CPS et le
véritable organe sur lequel repose l'initiative de la gestion des
conflits en Afrique. En effet, il peut avoir conflit de compétence entre
la commission, la Conférence voire le CPS187(*). Cet exemple permet de
mieux comprendre l'échec des solutions régionales. Surtout que
toutes les structures de cet organisme ne sont pas encore totalement mises en
place.
La CEEAC fait également face à des manquements,
d'ordre institutionnel notamment. Jusqu'en 2007, le MARAC n'était pas
totalement opérationnel. Pourtant, c'est cet organe stratégique
qui collecte, analyse et transmet les informations sur l'état de
sécurité de la sous-région à la Commission de
Défense et de Sécurité (CDS).La CDS à son tour
propose et donne des conseils au Conseil des Ministres qui les soumet à
la Conférence des Chefs d'Etat. Celle-ci prend des décisions et
mène des actions de prévention et de gestion des conflits. Si
déjà le premier maillon de la chaine n'est pas efficient, quoi de
plus normal que les objectifs de paix ne soient pas atteints ?
2. Les problèmes de fonctionnement et de
financement
L'échec des solutions internationales en RCAs'explique
également par l'éternel problème du financementdes
organisations régionaleset des OMP. Une entité dépendante
financièrement parlant comme c'est le cas de l'UA n'est ni libre, ni
efficace sur le terrain. La faute incombe notamment au retard dans les
cotisations des Etats membres qui affecte sérieusement son
fonctionnement188(*) et
à la grande contribution des partenaires occidentaux189(*) qui ont une mainmise sur la
sécurité et la défense en Afrique. Or, pour venir à
bout des conflits en Afrique et en RCA particulièrement, il faut entre
autres priorités, être en mesure de s'autofinancer.Le remplacement
régulier d'une OMP par une autre, incapable de faire respecter les
accords de paix et à restaurer la paix en RCA, est une autre preuve de
l'échec des solutions internationales.
Concomitamment, on note à « un manque de
volonté politique et à une faible capacité
d'analyse »190(*) de la part des différents organismes qu'il
s'agisse de l'UA ou de la CEEAC. Dans leurs principes fondateurs, ceux-ci
condamnent les coups d'Etat. Pourtant, ces organismes se retrouvent
paradoxalement en train de reconnaitre des gouvernements anticonstitutionnels
en RCA. Tel fut notamment le cas au lendemain de la prise de pouvoir de
François BOZIZE en 2003 et de celle de Michel DJOTODIA en 2013.
Egalement, les organismes régionaux brillent par leur lenteur à
mettre sur pied des OMP. Les belligérants ont le temps de se livrer
à des crimes et exactions de tout genre dans l'irrespect total du droit
international humanitaire et le mépris des droits de l'Homme. Lors du
coup d'Etat de Michel DJOTODIA et la crise qui s'en est suivie, la
communauté internationale a mis des mois à créer la MISCA
et à lui faire prendre ses fonctions.Alors que le coup d'Etat a lieu en
mars, ce n'est qu'en décembre 2013 que la MISCA devient
opérationnelleavec un effectif pléthorique de 4500
soldats191(*).
B.
L'INEFFICACITE DES SOLUTIONS INTERNATIONALES
Les solutions de la communauté internationale en RCA
brillent par leur inefficacité. D'abord, parce qu'elles sont
imposées de l'extérieur (1) mais
également à cause des excès dont se rendent coupables les
missions censées faire appliquer ces résolutions
(2).
1. L'extraversion des solutions
Les méthodes pacifiquesmises en
oeuvre permettent d'obtenir des belligérantsdes cessez-le-feu etla
signature des accords de paix. Or, ces cessez-le-feu apparaissent plus comme un
moment où les belligérants se réorganisent, se
réarment, peaufinent leurs stratégies et mettent sur pied de
nouvelles tactiques de combat. Tout comme les accords n'ont jamais vraiment
été une garantie parce que imposés d'une part et non
respectés la plupart du temps par les belligérants d'autre part.
L'échec des accords de paix entrainent des interventions militaires. Ces
dernières échouent à leur tour à cause de leur
caractère à la fois intéressée, non neutre et
impartial. On n'observe pas « un traitement égal de toutes les
parties tout le temps qui peut mener à une politique
d'apaisement »192(*).Ceci entraine une certaine passivité,
renforce l'hostilité des autres en donnant le sentiment à
certains camps d'être lésés au profit d'autres.
Naturellement, le sentiment d'animosité ne peut que subsister et se
démultiplier à la limite.
A chaque fois qu'il y'a une crise et un semblant d'arrangement
en RCA, la situation se dégradeau bout de quelques temps. Elle va
même en s'aggravant parce qu'on applique la stratégie qui consiste
à « bombarder pour mieux négocier et
convaincre »193(*). On assiste par conséquent à la
résurgence des conflits. L'insécurité demeuremalgré
la présence des OMP. La FOMUC par exemple n'a pas empêché
le coup d'Etat de François BOZIZE en 2003. Ces missions visent
principalement la protection des régimes, la protection des
réfugiés, le désarmement des milices et l'organisation des
élections. Cependant, elles ne s'attaquent pas vraiment aux
problèmes de fond comme la pauvreté, le renforcement des
institutions, la présence effective de l'Etat sur toute l'étendue
du territoire centrafricain. Au contraire, elles mènent des actions qui
enveniment davantage une situation déjà explosive.
2. Les exactions des soldats des forces
multinationales
Depuis leur première implantation en 1997,certains
soldats des forces internationales sont constamment accusés par la
société civile centrafricaine et les ONG de s'adonner à
des pillages de diamant dans les zones où elles sont stationnées,
notamment au Nord dans les villes comme Bria. Profitant de la pauvreté
ambiante et de l'inactivité minière dans ces régions,
certains des casques bleus achètent les diamants à vil prix et
les revendent dans les marchés noirs mis en place dans les pays de la
sous-région. Sont généralement pointés du doigt les
soldats français, burundais et congolais. Les soldats des forces
multinationales s'adonnent également à des exactions. On parle
d'exécutions sommaires, de passages à tabac, de tortures.
Toutefois, les crimes les plus récurrents sont les abus sexuels. Les
soldats sont généralement accusés de viols sur des filles
mineures et d'actes à connotation homosexuelle sur des petits
garçons. Dans un pays où les groupes armés s'en prennent
régulièrement aux civils, les casques bleus devraient être
des protecteurs et non pas des prédateurs.
Face à ces dénonciations, les pays respectifs
desdits soldats les rapatrient afin de les protéger. Ils ne sont pas
souvent poursuivis, ni inquiétés. Ceci envenime davantage les
crises dans le pays en créant plus d'animosité, de
mécontentement, de frustration et de vengeance. Les soldats
censés participer à l'application des résolutions sont
donc par moment les premiers à les enfreindre. L'échec de leurs
missions précipite leur départ du pays. Leur départ
crée généralement d'autres conflits.
CONCLUSION DU CHAPITRE III
La communauté internationale déploie tout un
arsenal pour tenter de remédier aux conflits qui prévalent en
RCA. Ces mécanismes sont prévus par des textes juridiques qui
donnent la légitimité et la latitude d'intervention à des
organisations internationales (ONU), régionales (UA) et sous
régionales (CEEAC).Les mécanismes en question sont d'abord
pacifiques avec la signature de plusieurs accords de paix depuis 1997 entre les
différents belligérants. Leurssignataires sont
généralement l'Etat et les groupes rebelles. Malheureusement, ces
accords de paix ne sont jamais respectés. La faute à leur
aspectcontraignant. L'irrespect desdits accords donne lieu à de nouveaux
affrontements et fait place à des OMPqui tentent d'imposer la
paix. Le pays en a connu 10 de 1997 à 2013. Le remplacement
fréquentde ces missions trahità son tour leur
inefficacité. Au lieu d'apaiser la situation, ellesl'enveniment
davantage.Nul doute que l'inefficacité des mécanismes de
prévention et de gestion des conflits en RCA explique en partie leur
résurgence.
CHAPITRE IV :
LA REACTIVATION DE LA SPIRALE CENTRAFRICAINE DE
CONFLICTUALITE : CONSEQUENCE DE L'INEFFICACITE DES REFORMES INTERNES
Les conflits sur le territoire centrafricain présentent
deux principales caractéristiques. La première est la multitude
d'acteurs étrangers étatiques et non étatiques à
côté d'acteurs nationaux. La seconde caractéristique est la
transposition extraterritoriale des conflits qui déchirent certains de
ses pays voisins, notamment le Soudan, la RDC, et autresOuganda. C'est dans ce
sens que parlant de la résolution des conflits, Filip REYNTJENS requiert
une approche pluridirectionnelle, «combinant la recherche des solutions
politiques internes à des problèmes internes dans tous les pays
de la région avec la recherche des solutions régionales à
des problèmes régionaux»194(*). Mais, le premier travail doit être fait sur
le plan interne par les principaux concernés. En effet, la sortie de
cette situation conflictuelle passe par des efforts consentis par les
dirigeants ou hommes politiques et par la population elle-même.
Malheureusement, les solutions jusque-là proposées par les
élitescentrafricaines ne rencontrent pas un franc succès. Elles
portent notamment sur le plan politique (SECTION 1) et sur le
plan socio-économique (SECTION 2). Ces réformes
interviennent davantage sous la pression de la communauté
internationale. Il en résulte la persistance de ces conflits.
SECTION 1 : L'INEFFICACITE DES REFORMES POLITIQUES
Les autorités centrafricaines ont entrepris certaines
actions politiquespour apporter une réponse aux conflits.
Malheureusement, le manque de volonté de certains a rendu vain les
efforts de démocratisation (PARAGRAPHE 1) et de bonne
gouvernance (PARAGRAPHE 2).
PARAGRAPHE 1 : UNE DEMOCRATISATION CHAOTIQUE
La RCA a connu une tendance à la démocratisation
à l'aube des années 1990. Avec cette mutation, les dirigeants
sesont laissés croire que la simple organisation des élections
marquerait la transition démocratique(A).Pourtant,
cette phase doit être suivie de la consolidation des institutions
(B). Le manque de maturité et de volonté des
politiques a précipité l'échec de ces réformes. Ce
qui a davantage contribué à maintenir le pays dans le chaos.
A. LA DEMOCRATIE INDUITE ET SA DERIVE
La démocratisation renvoie à l'action de
démocratiser195(*); qui elle-mêmeest le fait d'organiser le
pouvoir d'Etat selon certains principes fondé sur des
éléments fondamentaux comme le pluralisme politique, la garantie
du respect des libertés publiques, le respect de l'indépendance
des pouvoirs et l'élection libre, sincère et transparente comme
mode d'accession et d'exercice du pouvoir.Pour Patrick QUANTIN, la
démocratisation est «une dynamique d'ouverture de participation
citoyenne et de la compétition pour l'accès au
pouvoir»196(*). Vu
sous cet angle, ce processus préconise l'accueil des revendications
politiques des opposants en vue de la formation des gouvernements d'union
nationale.La démocratisation a cet avantage de permettre à un
pays de se stabiliser en intégrant les cycles électoraux et en
améliorant leur organisation globale. Le processus de changement
politique repose sur trois piliers : le passage du parti unique au
pluralisme, la transition du constitutionnalisme de figuration au
constitutionnalisme de confirmation et la participation politique effective des
citoyens à la dévolution et au contrôle du pouvoir. En
effet, la transition démocratique exige des élections justes,
transparentes reposant sur un cadre électoral consensuel et des organes
de contrôle autonomes et impartiaux ; en plus des garanties
d'exercice des libertés civiles et politiques ainsi que l'existence et
la libre compétition des partis politiques, l'information et la
formation des électeurs, des agents électoraux ainsi que des
formations politiques et la maturité du personnel politique prêt
à accepter la défaite sans mauvaise foi ou la victoire dans un
esprit constructif.
Le premier processus démocratique a lieu en mars 1981
sous la pression populaire et de l'opposition. Il donne David DACKO vainqueur
devant Ange-Félix PATASSE. Le processus se veut « une
procédure par excellence de légitimation du
pouvoir »197(*). Malheureusement, ses résultats sont
contestés. Après avoir organisé d'importantes
manifestations, Ange-Félix PATASSE est contraint à l'exil au
Togo. Le passage à la démocratisation s'est véritablement
effectué au début des années 1990. Il intervient dans un
contexte marqué par la fin de la bipolarisation du monde et le triomphe
de la démocratie libérale. Ce passage est consécutif
à des pressions externes198(*) mais également à des facteurs
internes. En effet, la société civile est dorénavant
déterminée à jouer un rôle crucial dans les
débats politiques. Les autorités sont désormais soucieuses
de reconnaissance au niveau international et d'une certaine
légitimité en interne.Dès lors,les dirigeants
centrafricains se servent du multipartisme et des élections pour obtenir
un titre leur procurant une pseudo-légitimité dans leur exercice
du pouvoir. On taille des lois, des organes et autres à la mesure
voulue. On place ceux qu'on peut facilement manipuler. On évite
d'adopter des lois défavorables aux dignitaires. En juin 1999, le
gouvernement instaure la CEMI qu'il contrôle pour surveiller les
élections. Le 24 mai 2004, François BOZIZE nomme ses 30 membres
dont 10 sont issus des partis politiques, 10 de la société civile
et 10 représentants de l'administration. Ceux-ci lui sont redevables et
ne peuvent que travailler pour ses intérêts. Cette
pseudo-légitimation passe par desélections très souvent
truquées et entachées d'irrégularités. A titre
illustratif, aux élections de 1998, de graves tensions et une
grève nationale marquent la protestation de l'UFAP contre la corruption
du parti du Président Ange-Félix PATASSE199(*). La présidentielle de
1999 est aussi marquée par des irrégularités notamment
dans l'inscription des électeurs et la distribution du matériel
électoral. Elles occasionnent des confrontations entre les pro PATASSE
et les pro KOLINGBA le 10 septembre. Et le 2 octobre, l'opposition attaque
l'ambassade de France et des véhicules chinois qu'elle accuse de
soutenir le Président. Les luttes pour le pouvoir ne se font pas dans
les règles du jeu démocratique qui consiste à accepter le
choix des électeurs200(*). La concurrence pour le pouvoir se fait davantage
par la force ou par des élections contestées. L'incidence est que
les acteurs sont moins désireux de répondre aux besoins et aux
aspirations de la population. Les mécontentements et les contestations
qui résultentdes échéances électorales accentuent
des tensions sociopolitiques déjà existantes (luttes
fractionnelles, réalités ethniques, présence de
l'armée sur la scène politique).
Depuis l'indépendance,le système
électoral centrafricain fait l'objet de nombreuses controverses qui ne
garantissent pas une concurrence juste et équitable dans le cadre
d'élections libres et transparentes. Il n'y a pas de financement des
partis politiques, pas de fiabilité des listes électorales. Les
partis politiques n'ont pas toujours accès aux médias. Les
dirigeants n'hésitent pas à changer la constitution pour
conforter leur pouvoir et assurer leur pérennité. C'est la preuve
d'une certaine faiblesse des institutions étatiques.
B. LA FRAGILITE ADMINISTRATIVE ET
INSTITUTIONNELLE
Dans sa théorie de l'institution et de la puissance
publique, Maurice HAURIOU cerne l'institution comme «un projet d'oeuvre ou
d'entreprise qui se réalise et dure juridiquement dans un milieu social;
pour la réalisation de ce projet, un pouvoir s'organise et lui procure
des organes (...). Il se produit des manifestations de communication
dirigée ou organisée par des pouvoirs et réglée par
des procédures»201(*).
La persistance des conflitsestassociée à la
problématique de la fragilité de l'Etat202(*). La RCAbrille par la
quasi-inexistence de ses institutions. Les rares mises sur pied sont
généralement contrôlées par le Président de
la République. Celui-ci détient un pouvoir extraordinaire. Il
influe sur le respect des textes constitutionnels. La transversalité du
système politique en pouvoir et contre-pouvoir est entamée. Les
rapports vont du haut vers le bas. Il existe une absence de
réciprocité sociale entre les dirigeants et les citoyens. Les
dirigeants brillent par leur comportement non réceptif et irresponsable,
leur manque de respect pour la société civile, le non-respect de
la primauté du droit et le manque de transparence dans
l'élaboration des politiques publiques. Les mécanismes mis en
place ne permettent pas au peuple centrafricain de participer à la vie
politique. Les hommes sont plus forts que les institutions. Quand ils tombent,
l'Etat aussi s'effondre. Les dirigeants centrafricains jaloux de leur pouvoir
et de leur position, ne jugent pas nécessaires de mettre sur pied des
institutions fortes, viables et surtout indépendantes. Le manque
d'indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis des autres
pouvoirs entre dans cette logique. Pourtant elle est garantie par la
Constitution de 2004. Mais, tout ici est entre les mains du Président
(qui nomme les juges) et de l'armée. Loin de concilier avec leurs
intérêtségoïstes, ces institutions constitueraient
plutôt un danger pour leur pouvoir. De 1960 à la fin des
années 1980, il n y'a pas eu d'institutions de contrôle du jeu
politique. L'Assemblée Nationale est contrôlée du fait du
monopartisme.
L'accès et l'exercice du pouvoir répondent
à des critères claniques. Ils ne sont pas du ressort de la
compétence ou du dévouement. La mode est à la complaisance
dans le recrutement à la fonction publique. L'Etat est perçu
comme un « gâteau national ».Accéder à
un poste est la manière la plus sûre d'en avoir une part.
L'élaboration et la mise en oeuvre de stratégies de
développement sont mises en branle. Dès lors, la paix et la
stabilité sont fortement hypothéquées. Il s'en suit alors
des coups d'Etat, le pilotage à vue, l'absence de projet, etc. L'Etat se
retrouve dans une posture de survie. Incapable de réguler la vie et les
rapports sociaux en RCA, le terrain est laissé aux groupes armés
qui ne vont pas tarder à se constituer, à proliférer et
à régner sans partage sur des pans du territoire centrafricain en
toute impunité. Ce vide institutionnel est à l'origine du
désordre permanent qui perdure en RCA. L'aliénation des
élites politiques centrafricaines les empêche de chercher de
nouveaux moyens de promotion d'institutions fortes. D'où le
déficit de gouvernance.
PARAGRAPHE 2 : LES DEFICITS CHRONIQUES DE GOUVERNANCE
La gestion des affaires courantes en RCA, l'une des plus
chaotiques dans la sous-région, a plongé ce pays dans une
situation de sous-développement endémique. L'absence de bonne
gouvernance (A) et la corruption galopante
(B) ont contribué à entretenir des tensions au
sein de la société.
A- LA CONFIGURATION DISTENDUE DE
L'ADMINISTRATION
On note des insuffisances dans l'édification d'une
administration performante. Il s'agit de faiblesses d'ordre fonctionnel et
organisationnel. Tout se joue à Bangui. Pourtant, la gouvernance doit se
reposer sur une approche territoriale, entendue comme un ancrage local tenant
compte de la complexité et de la réalité et tachant d'en
apporter des réponses appropriées. Elle doit également
reposer sur la subsidiarité qui combine trois idées
fondamentales: le partage de la responsabilité commune entre les
différents niveaux de gouvernance, l'élaboration par chaque
niveau de réponses spécifiques et adaptées à la
diversité des situations rencontrées et enfin, aucun des niveaux
ne doit disposer d'une souveraineté absolue. Car faut-il le rappeler,
ils ne sont que de simples gestionnaires et comptables de gestion devant toute
la communauté. Dit autrement, le pouvoir et l'exécution des
taches doivent être une affaire de tous. Il n'y a pas une
véritable décentralisation: toutes les régions de la RCA
ne sont pas associées aux prises de décisions. Elles ne
bénéficient pas des mêmes investissements en termes
d'infrastructures. Les infrastructures qui constituent également un
véritable goulot d'étranglement. Déjà que 90% des
bâtiments sont un legs de la colonisation française203(*). On assiste à une
répartition approximative : la plupart des fonctionnaires sont dans
les grandes villes du pays. Les problèmes de faibles effectifs sont
chroniques. Il y'a des problèmes de compétence et de
compétitivité qui pourtant sont des leviers d'une bonne
administration. On note également l'absence flagrante des services
publics renforcée par l'insécurité dans certaines parties
du territoire. Le spectre tribal est on ne peut plus manifeste. Certaines
populations au Nord et à l'Est notamment se sentent abandonnées
par le pouvoir de Bangui. Il continue de s'agir d'une ethnie, d'une religion au
lieu de la RCA.
B- LA CORRUPTION
L'administration centrafricaine tarde à mettre fin aux
pratiques jusque-là observées dans la gestion courante des
affaires publiques du pays. Des réformes institutionnelles ne sont pas
initiées.La lutte efficace contre la corruption en prenant exemple sur
d'autres pays plus aguerris dans le domaine notamment le Cameroun avec la
CONAC, est loin d'être effective au fil des régimes et semble ne
pas figurer dans les priorités des dirigeants. Les recrutements à
la fonction publique continuent de se faire non pas sur les bases de la
compétence et du mérite, mais celles tribales et
clientélistes. Toutes les tribus ne peuvent toujours pas accéder
aux sphères de décision et encore moins être
représentées.
D'où la corruption galopante qui se manifeste de
différentes manières. D'abord dans la désignation des
cadres et agents d'Etat. Les recrutements se font sur les critères
ethniques, tribalistes et confessionnels. D'autre part, les candidats qui n'ont
pas d'affinité achètent leur poste. C'est plus récurrent
dans l'armée, la police etla douane (service des impôts). On note
également l'absence de probité (toutes les couches sociales sont
touchées), le manque de responsabilisation et d'obligation de rendre des
comptes, le manque de transparence, d'efficience, d'efficacité, de
satisfaction dans l'administration en RCA.En outre, l'accès à la
justice est également un défi majeur et un obstacle à la
construction démocratique et à l'équilibre social; et
l'efficacité des mesures de promotion et de protection des Droits de
l'Homme (en) est tributaire. L'impunité règne en maitre aux plans
social et politique. L'exacerbation des frustrations au sein des populations
est si manifeste qu'elles ne croient plus aux institutions. Avec le temps,ces
institutions sont devenues interlocutrices, peu crédibles parce que
très peu motivées et très peu outillées pour
remplir leurs rôles. Autant d'éléments qui créent et
nourrissent des crispations.
SECTION 2 : L'INEFFICACITE DES REFORMES
SOCIOECONOMIQUES
Aux crises économiques et sociales qui ébranlent
le pays, les dirigeants centrafricains ontessayé d'apporter des
solutions sur le plan économique (PARAGRAPHE 1) et sur
le plan social (PARAGRAHE 2). Les réformes en question
n'ont malheureusement pas porté leurs fruitsmaintenant de fait le pays
dans son éternelle situation d'instabilité.
PARAGRAPHE 1 : L'ECHEC DES POLITIQUES DE RELANCE
ECONOMIQUE
Les efforts entrepris par les autorités en RCA dans le
domaine de l'économie en réponse aux crises n'ont pas
brillé par des résultats positifs. La faute à la trop
forte dépendance aux aides extérieures (A) et
à des programmes de relance économique
inachevés(B).
A- AIDESET DEPENDANCE, UNE ARME A DOUBLE
TRANCHANT
La RCA est soumise à une forte dépendance
financière extérieure. Ceci est dû à une
économie atterrée par une cascade de conflits. L'aide
financière à la RCA vise davantage son développement.
Mais, si elle renvoie à une certaine conception de la solidarité,
elle a aussi des impératifs beaucoup plus égoïstes. On pense
notamment au maintien du pays dans les zones d'influence économique,
politique et économique de la France204(*).
Chronologiquement, l'ONU est l'acteur principal. Elle est
suivie des Etats les plus riches, la France en tête et des ONG. Les
bailleurs de fonds internationaux et les puissances étrangères
octroient donc des prêts et des dons à l'Etat centrafricain pour
relancer l'économie du pays et améliorer les conditions de vie de
la population avec la création d'emplois et le développement du
secteur privé. Tel fut par exemple le cas de la BAD qui avait
octroyé un don de 14,79 millions de dollars au pays
prélevés sur les ressources de la Facilité en faveur des
Etats Faibles (FEF) ; afin d'améliorer la gestion des finances
publiques et la gouvernance économique dans le secteur public,
atténuer les pressions inflationnistes, améliorer la mobilisation
des ressources propres de l'Etat et renforcer le désendettement du pays.
L'objectif étant de consolider la croissance et lutter contre la
pauvreté. C'est aussi dans cette optique que le Programme d'Appui aux
Réformes Economiques (PARE) avait été mis sur pied :
au nombre de trois au total, la phase I, la phase II de 2008 à 2009 et
la phase III de2012 à 2013.
Ces prêts et dons ne sont pas sans contrepartie. Ils
sont subordonnés à des modifications structurelles et politiques.
Ce peut être l'instauration de la démocratie, la suppression de
subventions ou la diminution de tarifs douaniers. Ils affaiblissent la RCA
puisqu'ils l'aliènent plus qu'ils ne l'aident. Cette dernière en
est devenue dépendante et par conséquent n'est pas/plus libre. La
marge de manoeuvre se réduit considérablement sur le plan
international et sur le plan national. Le poids de la dette n'a eu de cesse
d'augmenter depuis 1990. De 66% du PIB en 1990, elle est passée à
86% en 1999 avec un pic de 93% en 1996. Et lorsque ces organismes cessent leurs
donations, le pays plonge alors à nouveau dans une autre crise. C'est ce
qui a par exemple causé les remous dans le pays en milieu des
années 1990. En outre, l'aide ne bénéficie pas toujours
aux populations nécessiteuses du fait d'un manque de coordination, d'un
défaut d'infrastructures ou de son détournement par les acteurs
politiques centrafricains. L'assistance au développement mal
placée ravive les tensions entre les groupes.
B- DES REFORMES ECONOMIQUES, ENTRE INOPERATION ET
INAPPROPRIATION
Pour remédier aux déficits des différents
secteurs sociaux, l'Etat a initié des actions diverses avec le concours
des partenaires au développement. On note ainsi les Etats
généraux l'Education Nationale en 1994, l'adoption d'une loi sur
l'Education Nationale, l'élaboration du Plan National de
Développement de l'Education (PNDE) couvrant la période
1999-2010, l'élaboration du Plan National de Développement
Sanitaire (PNDS), le projet hydraulique villageoise en faveur des ruraux ;
la restructuration du secteur de l'eau, la création d'un tribunal pour
enfants205(*). Sur le
plan économique,les autorités centrafricainess'engagent dans un
programme de développement et de stabilisation pour répondre aux
nombreux défis auxquels le pays fait faceà travers
notamment : le Plan de redressement économique et social (PRES) de
1980 à 1981206(*), le Programme National d'Action (PNA) de 1981
à 1985, le Plan de Développement Economique et Social (PDES) de
1986 à 1990, les Politiques d'Ajustement Structurel207(*), le Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté II (DSRP II) de 2011
à 2015, etc.
Mais, plusieurs années après, les principaux
indicateurs sociaux et économiques montrent que les résultats
obtenus sont très insuffisants. Lesdites insuffisances sont dues au
manquede volonté et à l'absence d'investissement dans les
secteurs porteurs dans l'agenda des politiques publiques de
développement. L'absence de transparence budgétaire continue de
prévaloir, de même que dans la gestion des domaines clés du
pétrole, de la forêt et des mines, l'opacité des dirigeants
et l'endettement excessif. Les fonds de ces programmes sont
détournés sous forme de malversations et d'opérations de
fonctionnement.
Ce constat d'inefficacité explique partiellement le
maintiende la population dans un état de pauvreté ambiant. Les
tensions et autres frustrations restent donc vives. A partir de là, les
conflits ne peuvent pas disparaitre. Bien au contraire, ils sont latents et
susceptibles de dégénérer à n'importe quel
moment.
PARAGRAPHE 2 : L'INSUCCES DES PROCESSUS DE RECONCILIATION
NATIONALE
Les processus de réconciliation nationale
entamés en RCA pour unir le peuple ont fait preuve de limites qui n'ont
pas permis leur réussite. D'abord, ces processus ne sont pas à
proprement parler inclusifs (A). Ensuite, la justice qui est
l'un des mécanismes par lesquels ils se déploient, brille par sa
partialité (B).
A. DES PROCESSUS EXCLUSIFS
L'International Institute for Democracy and International
Assistance (IDEA) définit la réconciliation comme un
processus global incluant des instruments clés tels que la justice, la
vérité, la cicatrisation et la réparation afin d'assurer
la transition d'un passé divisé à un avenir
commun208(*).
En RCA, les différents conflits ont mis aux prises des
communautés qui vivent dans la méfiance. Les différents
affrontements entre les ethnies du Nord et celles du Sud sont assez
révélateurs d'un climat de tensions sociales qui règnent
dans le pays. Depuis plus de cinq décennies, le clientélisme, le
favoritisme, les violations des droits de l'homme, les exactions, les
exécutions sur les seules bases ethniques et religieuses ont
été légion dans le pays. A la fin de chaque crise, des
processus de réconciliation ont été entamés pour
calmer les rancoeurs et les vengeances ; et permettre au peuple
centrafricain de (re)vivre dans l'entente. Ces processus reposaient sur le
pardon, la justice et le partage du pouvoir. A cet effet, du 8 au 15
décembre 1981 s'est tenu le tout premier forum national
appelé : séminaire national. Le deuxième a lieu en
août 1992 sous le nom de grand débat national. Le troisième
s'est tenu en mars 1998 sous le nom de Conférence de
Réconciliation Nationale (CRN). Le quatrième intervient en
septembre 2003 sous l'appellation de dialogue national. Le cinquième
intitulé dialogue politique inclusif a lieu du 8 au 20 décembre
2008209(*). Voilà
autant de processus mis en oeuvre pour réconcilier les Centrafricains.
Lesdits processus suscitent toujours de l'espoir. Leurs objectifs sont la
recherche des voies de sortie de crise devant aboutir à la
réconciliation nationale profonde, à la paix et à la
stabilité durable.
Malheureusement, ils semblent davantage concerner les hommes
politiques et les partis politiques. Ceux-ci ne défendent que leurs
intérêts propres et ne cherchent qu'à avoir une part du
gâteau au détriment des autres couches socioprofessionnelles. Ces
processus ne font que ressasser des solutions déjà connues et non
mises en oeuvre. Les engagements qui en découlent ne sont jamais
appliqués.A titre d'exemple, Ange-Félix PATASSE non
prédisposé au dialogue, fait peu de concessions envers
l'opposition. Il met plutôt tous ses efforts à la consolidation de
son pouvoir. Pour ce faire, il le repose sur sa base ethnique les Kaba, son
parti politique le MLPC, ses affidés, etc. A partir de là, il
n'était pas aisé que les différentes populations
centrafricaines se fassent confiance mutuellement et aux institutions
étatiques.
Au final, on constate une rébellion quasi permanente
parce que ces conférences nationales, dialogues politiques inclusifs et
autres dialogues nationaux n'ont jamais abouti à des résultats
probants210(*).
B. UNE JUSTICE SELECTIVE ET A MINIMA
La justice en principe est sensée juger les auteurs de
crimes des deux camps. En RCA, les vaincus sont plutôt dans son
collimateur. On note une partialité des poursuites. Le cas du
Général François BOZIZE est édifiant à ce
sujet. Aucune poursuite n'est retenue contre les rebelles sous ses ordres lors
du coup d'Etat de 2003. Par contre, il y'a eu des poursuites pénales
sélectives s'appuyant sur des enquêtes légères pour
juger certains crimes commis par les hommes d'Ange-Félix
PATASSE211(*).Ces
derniers estiment par ailleurs que ce serait tout de même paradoxal que
de vouloir rassembler et réconcilier les Centrafricains pendant qu'on
traine certains devant les tribunaux et que d'autres ne sont pas
inquiétés. On parle de justice sélective ou justice des
vainqueurs. Ce qui tend à créer d'autres frustrations et à
raviver des tensions qui à la base, étaient censées
disparaitre avec les processus de réconciliation. Par exemple, le
Tribunal Militaire Permanent (TMP) censé juger les infractions commises
par des militaires, n'a pas siégé depuis 1997. La faute aux
nombreux troubles politiques et militaires qui n'ont eu de cesse de se
succéder. Sa partialité est remise en doute car il est
constitué de 4 juges issus des rangs de l'armée et d'un seul
procureur issu du milieu judiciaire.
Or, pour qu'il y ait vraiment réconciliation, la
justice doit faire la lumière sur tous les crimes commis et situer les
responsabilités des uns et des autres sans bouc émissaire. Tous
les individus impliqués dans les crimes, quelle que soit leur
obédience religieuse ou leur appartenance ethnique et politique
devraient être inculpés et jugés selon les normes
internationales des droits de l'homme.
CONCLUSION DU CHAPITRE IV
Les Centrafricainsont eux-mêmes entrepris des actions
afin de trouver des solutions aux conflits qui plombent le décollage de
leur économie et empêchent leur épanouissement.Pour ce
faire, ils ont essayé d'apporter des réformes sur les plans
politique, économique et bien évidemment social. C'est ainsi
qu'ils se sont essayés à la démocratisation.Ils ont aussi
monté des programmes de relance économique quoi que
financés majoritairement par des bailleurs de fonds étrangers.
Ils ont enfin mis sur pied des processus de réconciliation.
Malheureusement, le manque de volonté et de moyens ont
largement miné le déploiement et le succès de ces
processus.Ces entraves ramènent plutôt le pays à la case
départ, celle de l'instabilité chronique.
CONCLUSION GENERALE
L'Afrique Centrale est aujourd'hui l'une des parties du monde
la plus affectée par des conflits d'envergure. A cet effet, Marc-Louis
ROPIVIA parle de « région
embrasée »212(*). D'aucuns les qualifient volontiers de conflits
« majeurs ». La quasi-totalité d'entre eux sont de
nature interne en ce sens qu'ils naissent, se développent et se
déroulent à l'intérieur des frontières nationales.
D'ordres à la fois militaire et politique, ces conflits sont liés
à l'accès aux ressources naturelles et à
l'identité. En effet, l'accession à l'indépendance n'a pas
mis fin aux problèmes d'autodétermination où une partie
de la population réclame son droit à l'autodétermination
pour se réunir avec des ethnies parentes vivant dans un Etat
voisin213(*). Ces
conflits sont également liés à l'exercice du
pouvoir et quelquefois au voisinage et aux frontières. Lointaine
paraitl'époque où les conflits opposaient directement et
exclusivement les Etats entre eux. On parlait alors de conflits
interétatiques ouconflits internationaux.
En Afrique Centrale, la RCA détient le record des
conflits qui ont émaillé et émaillent encore la
période post indépendance. Sur les six régimes politiques
qu'a connus ce pays de 1960 à 2013, cinq sont issus de coups d'Etat.
Ici, les coups d'Etat se sont pour ainsi dire érigés en mode de
changement de pouvoir politique. Les rebelles deviennent les dirigeants et les
anciens dirigeants des rebelles. Cette situation entraine le pays depuis plus
de 50 ans dans un cycle de conflictualité quasi permanent.Elle est
favorisée par l'omniprésence de l'armée dans le champ
politique centrafricain et un pullulement accru de groupes rebelles au Nord et
à l'Est notamment. C'est sans compter avec la présence d'acteurs
extérieurs qui,selon les enjeux,pèsent de tout leur poidssur le
déclenchement, le déroulement et l'issue de ces conflits. Si
aucune solution interne n'est viable et ce d'autant que le géant voisin
la RDC, sujette elle aussi à de nombreux conflits internes, intervient
par le MLC de Jean Pierre BEMBA interposé en RCA. La France, franchement
jalouse de ses intérêts dans ce territoire, ne tarde pas à
venir rétablir l'ordre qui doit régner à tout prix et
à tous les prix.
Pour comprendre un tel état des choses, nous
recherchons les origines de l'instabilité politique et de
l'insécurité incessantes en RCA. A tout prendre, ces conflits
doivent leur existence à des sources à la fois internes et
externes au pays. D'abord, il y a l'histoire de la RCA, articulée
notamment aux conditions d'accession àl'indépendance dans la
division et à la signature d'accords de coopération militaire des
dirigeants avec la mère patrie. A cela s'ajoutent les
égoïsmes des élites politiques, constituéesen
bourgeoisie politico-bureaucratique, et l'extraversion de l'économie
centrafricaine (économie appendice du capital français). La
conséquence en est que la pauvreté de la populationen RCA devient
rampante. Par ailleurs, le moral des populations du Nord en prend un bon coup
car elles sont des laissés-pour-compte. Ce mécontentement a
tôt fait de prendre l'allure d'une violence de nature armée
c'est-à-dire la guerre. Les ressources ne bénéficient
qu'à une infime partie de la population selon qu'elle a des
affinités avec le pouvoir de l'heure. Enfin, le favoritisme ethnique et
l'instrumentalisation de la religion mettent régulièrement aux
prises les musulmans au Nord aux chrétiens au Sud,occasionnant
çà et là la prolifération des armes
légères et des groupes armés. Voilà les principales
causes internes justificatives des conflits en RCA. Parlant des facteurs
exogènes, nous avons pu retenir la colonisation et les ingérences
à un rythme soutenu des puissances étrangères.
Toutefois, ces conflits s'enlisent et perdurent. Il s'ensuit
que leur résurgenceest la conséquence de l'inefficacité
des mécanismes de prévention et de gestion des conflits. Les
solutions jusque-là apportées par la communauté
internationale ont failli aussi. Elles n'ont servi qu'à calmer
momentanément la situation au lieu de la régler
définitivement. Sur le plan interne, l'apport des Centrafricains
s'avère également inefficace pour cause d'une
démocratisation avortée parce qu'induite de l'extérieur et
dont le corrélat est la mauvaise gouvernance, l'inefficacité des
réformes économiques et l'insuccès des processus de
réconciliation nationale. Tous ces éléments tendent donc
à alimenter des tensions sociales. Celles-ci n'ont besoin que d'un petit
déclic pour exploser de nouveau. D'où le cycle infernal
d'insécurité et de conflits qui caractérise la RCA depuis
plus de cinq décennies.
Les Centrafricains eux-mêmes détiennent la
clé du retour à une paix durable. Personne d'autre (physique ou
morale) ne peut faire leur bonheur. Tout comme aucune aide extérieure
aussi considérable soit-elle ne peut les sortir de cette situation
sieux-mêmes ne s'y emploient pas. Allant dans le même sens, Koffi
ANNAN alors Secrétaire Général de l'ONU déclarait
que : « les Nations Unies et le reste de la communauté
internationale peuvent déléguer des envoyés
spéciaux, organiser des négociations et dépenser des
milliards de dollars dans des opérations de maintien de la paix (OMP),
rien de tout ceci ne va résoudre les conflits si la volonté
politique et la capacité sont inexistantes ici-même en
Afrique ». Il est certain que « la famille des Nations
Unies va continuer de travailler en partenariat étroit » avec
l'Afrique en général et l'Afrique Centrale en particulier, mais
la clé du succès se trouve, non pas à l'ONU, mais dans la
volonté des décideurs et peuples d'Afrique Centrale, leur
capacité à pérenniser le soutien que leur apporte la
communauté internationale et à prendre véritablement en
main leur destin de paix, de sécurité et de
prospérité. Pour cela, ils doivent faire preuve d'initiative et
de leadership à travers des actions
concrètes. »214(*). Les Centrafricains doivents'accepter mutuellement
et regarder vers une même direction ; celle du développement
de leur pays pour le bien-être de tous. Ceci passe prioritairement par la
volonté des dirigeants politiques, religieux et traditionnels. C'est
à eux qu'incombe cette lourde responsabilité de réunir le
peuple centrafricain en le ramenant à de meilleurs sentiments.Ces
mêmes dirigeants doivent songer à une rupture des accords de
défense exclusifs avec la France sans laquelle il ne saurait
prétendre à une émancipation totale. Rupture qui gagnerait
à être suivie d'une réorganisation totale de l'armée
et de l'administration. Un accent doit également être mis sur la
lutte contre la corruption, l'éducation, la formation et l'emploi des
jeunes.Un peuple qui jouit des conditions de vie convenables et d'un travail
décent et stable qui l'éloigne de l'oisiveté, ne serait
pas tenté de porter des armes ou d'être enrôlé par
des groupes rebelles.D'où la pertinence du développement de
concepts fédérateurs à même de rapprocher les
Centrafricains quelle que soit leur obédience religieuse ou leur
appartenance ethnique et de créer une conscience nationale au
dessus des ethnies. Nous pensonsnotamment à l'essor du sport. Celui-ci
s'est avéré être un facteur d'union et d'unité
nationale dans certains pays jadis déchirés par les conflits.
Ceci à travers les valeurs qu'il véhicule et les passions qu'il
déchaine. Pourquoi n'en serait-il pas de même en RCA ? Nous
préconisons également la création de grandes écoles
comme l'EMIA et l'ENAM du Cameroun. Des écoles prestigieuses où
se mêleraient toutes les sensibilités ethniques et qui
contribueraient à associer ces dernières à la gestion des
affaires courantes du pays.
BIBLIOGRAPHIE
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-FAES Géraldine et SMITH Stephens,
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Stratégiques, numéro 1, pp. 223-245, 2001
- OWONA Joseph, « Les doctrines de
sécurité en Afrique Centrale », Le Mois en Afrique,
numéro 235-236, aout-septembre 1985
- RUFFIN Jean Claude, « Les conflits
en Afrique », Relations internationales et stratégiques,
numéro 23, Paris, 1996, p. 79-178
III. Documents officiels
-Acte Constitutif de l'Union Africaine
-Charte des Nations-Unies
-Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
-Décision AHG/Déc. 1160 (XXXVII)
-Protocole relatif à la création du CPS
-Protocole relatif à la Commission de Médiation
et d'Arbitrage de l'UA
IV. Thèses, mémoires,revues et
cours
- FOGUE TEDOM Alain, «Les Questions
stratégiques», Le déficit d'autonomie politique et
stratégique de l'Etat postcolonial et les problèmes africains
actuels, cours dispensé en Master 2 classique à
l'université de Yaoundé 2-Soa, option : Institutions des
Relations Internationales et Etudes Stratégiques (IRIES), 63p.
-MBETO JY Moise Hubert, La gestion des crises
sociopolitiques en Afrique Centrale : l'exemple de la République
Centrafricaine, université de Ba4ngui, RCA- Master en Sciences
Politiques et Juridiques, 2015.
-DOUI WAWAYE Augustin Jérémie,
La sécurité, la fondation de l'Etat centrafricain :
contribution à la recherche de l'Etat de droit, université de
Bourgogne, 2012, 743p.
V. Webographie
-Cairn
-Diploweb
-Encarta 2009
- Erudit
- Google
-Jeune Afrique
-Mémoireonline
- Persée
-Wikipédia
ANNEXES
ANNEXE
1 : Les principales sources minières de la RCA
Préfectures
|
Sous-préfectures
|
Substances minérales et roches
|
BAMINGUI-BANGORAN
|
Bamingui
Bangoran
Bolo
Manovo
(zone cynégétique)
Ndélé
|
Sable
Diamant, tourmaline
Or
Or
Or, fer, quartz, sable
|
BASSE-KOTTO
|
Kémbé
Satéma
Dimbi
Alindao
Djéma
Haute Kosho
Am-Borogo
|
Or, latérite
Diamant, or, latérite
Diamant, kaolin, latérite
Or, latérite, granite
Or, fer
Diamant
Granite
|
HAUTE-KOTTO
|
Bria
Ouada-Djalé
|
Diamant, or, fer, étain, latérite
Diamant, or, latérite, manganèse,
quartz, cobalt, fer
|
KEMO
|
Yalinga
Dékoa
|
Diamant, latérite, or
Or, graphite, fer, eau thermale, granite
|
LOBAYE
|
Possel
Galafondo
Boda
|
Calcaire, dolomie et marbre
Granite
Diamant, or, latérite, argile, sable,
granite
|
MAMBERE-KADEI
|
Mbaiki
Bogangangone
Berbérati
Carnot
Amadagaza
Gamboula
|
Diamant, or, latérite, calcaire, sable,
quartzite
Diamant, latérite, sable
Diamant, or, calcaire
Diamant, or, graphite
Diamant, or
Diamant, or
|
MBOMOU
|
Bangassou
Bakouma
Yakoma
|
Diamant, or, plomb, chrome
Uranium, étain, cuivre, lignite, zinc
Or, cobalt
|
NANA-GRIBIZI
|
Kaga-Bandoro
Mbrès
|
Or, quartz, granite
Or, granite
|
NANA-MAMBERE
|
Bouar
Baoro
|
Diamant, or, graphite, latérite, granite
Diamant, graphite, latérite, granite
|
OUAKA
|
Bambari
Grimari-Bakala
Ippy
|
Diamant, or, cuivre, nickel, disthène, quartz,
granite
Or, étain, fer, cuivre
Or, étain
|
OUHAM
|
Bossangoa
Markounda
Kouki
Baboro
Boué
Markounda-Kouki
|
Diamant, or, titane, sable, quartzite, granite,
étain
Or, sable, quartzite
Or, sable
Fer, sable, quartzite
Quartz
Or, sable, quartzite, granite, ardoise,
ampérite
|
OUHAM-PENDE
|
Bozoum
Paoua
Bocaranga
Béangombo
|
Diamant, or, thorium, granite
Diamant, or, cuivre, colombo-tantalite, zirconium,
granite
Diamant, or, colombo-tantalite, zirconium, granite
Thorium, granite
|
SANGHA-MBAERE
|
Nola
Baria
Bambio
Salo
|
Diamant, or
Diamant
Diamant
Diamant
|
VAKAGA
|
Birao
Dolembo
Ngapé
Sikikédé
|
Granite, quartzite, granite, hydrocarbure
Eau thermale
Cuivre
Hydrocarbure
|
Source :
Rapport des Etats généraux des mines (2003)
ANNEXE 2 : La liste des
différents Chefs de gouvernement centrafricains de 1960 à
2013
Noms
|
Période
d'exercice
|
|
Elisabeth Domitien
|
01/01/1975-07/04/1976
|
Ière République
|
Ange Félix Patassé
Henri Maidou
|
8/12/1976-14/07/1978
14/07/1978-26/09/1979
|
Empire Centrafricain
|
Bernard
Ayandho
Jean-Pierre Lebouder
Simon
Narcisse Bozanga
|
26/09/1979-22/08/1980
12/11/1980-04/04/1981
04/04/1981-01/09/1981
|
IIèRépublique
|
Edouard
Franck
Timothée Malendoma
Enoch
Dérant-Lakoué
|
15/03/1991-04/12/1992
04/12/1992-26/02/1993
26/02/1993-25/10/1993
|
IIIè République
|
Jean
Luc Mandaba
Gabriel
Koyambounou
J-P
Ngoupandé
Michel
Gbézéra-Bria
Anicet-Georges Dologuélé
Martin
Ziguélé
Abel
Goumba
CelestinGaombalet
|
25/01/1993-12/04/1995
12/04/1995-06/06/1996
06/06/1996-30/01/1997
30/01/1997-01/02/1999
01/02/1999-01/04/2001
01/04/2001-15/03/2003
23/03/2003-12/12/2003
12/12/2003-13/06/2005
|
IVèRépublique
|
Elie
Doté
Faustin-Archange Touadéra
Nicolas
Tiangaye
|
13/06/2005-22/01/2008
22/01/2008-03/02/2013
03/02/2013-10/01/2014
|
Vè République
|
Source : wikipédia
ANNEXE 3 : La carte de la
RCA
Source : google
ANNEXE
3 : Les régions administratives de la RCA
Bangui
|
|
Région 1 :
|
Ombelle, MpokoLobaye
|
Région 2 :
|
Sangha Mbaré,
MambéréKadei, Nana-Mabéré
|
Région 3 :
|
Ouham-Pendé,
Ouham
|
Région 4 :
|
Kémo, Nana Gribizi,
Bamingui-Bangoran
|
Région 5 :
|
Ouaka, Haute Kotto,
Vakaga
|
Région 6 :
|
Basse Kotto, Mbomou, Haut
Mbomou
|
ANNEXE 5 : Les indicateurs de
scolarisation et de dépenses publiques
|
Taux d'alphabétisation des adultes (%)
|
Taux de scolarisation
|
Dépenses publiques
|
|
|
Primaire (%)
|
secondaire
|
Primaire et secondaire
|
Supérieur
|
Année
|
1997
|
1997
|
1997
|
1993-1996
|
1993-1996
|
RCA
|
42,4
|
46,2
|
19,0
|
69,7
|
24
|
PMA
|
-
|
60,4
|
31,2
|
-
|
-
|
Source :
rapport mondial sur le développement humain 1999
ANNEXE
6 :Le protocole d'entretien
1- Pouvez-vous nous dire approximativement combien de
conflits la RCA a connu depuis 1960 ?
2- De quelle nature sont-ils ?
3- A votre avis quelles en sont les causes ?
4- Comment comprendre que les coups d'Etat soient le
principal mode d'accession au pouvoir ?
5- La RCA n'est pas le seul pays de la
sous-région à jouir d'une diversité culturelle. Mais
comment comprendre que cette hétérogénéité
soit un facteur de discorde et de division de premier plan contrairement
à d'autres pays à l'instar du Cameroun ?
6- Quels sont les différents acteurs qui
interviennent dans les conflits centrafricains ?
7- Quid du rôle de l'armée ?
8- Quelles sont les actions menées pour le
rétablissement de la paix en RCA ?
9- Qu'est ce qui explique l'enlisement de ces conflits
malgré les mécanismes de gestion des conflits mis en place dans
le pays ?
10- Quelles sont selon vous les mesures à
prendre pour le retour d'une paix durable en RCA ?
TABLE DE MATIERES
AVERTISSEMENT
i
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
SIGLES
ET ABREVIATIONS
iv
LISTE
DES ANNEXES
vii
RESUME
viii
ABSTRACT
ix
SOMMAIRE
x
INTRODUCTION
GENERALE
1
I.CONTEXTE ET JUSTIFICATION
4
A. PRESENTATION DU SUJET
4
1.Des crises politico-militaires
régulières
4
2.Des crises socioéconomiques aux
conséquences dévastatrices
8
B. CHOIX DU SUJET
10
II.INTERET DU SUJET
13
A. AU PLAN PERSONNEL
13
B. AU PLAN SCIENTIFIQUE
13
C. AU PLAN CRITIQUE
13
III.DELIMITATION DU SUJET
14
A. DELIMITATION TEMPORELLE
14
B. DELIMITATION SPATIALE
14
IV.CLARIFICATION CONCEPTUELLE
15
A. LE CONFLIT
15
B. LA PAIX DURABLE
18
C. L'ETAT
19
VREVUE LITTERAIRE
20
VI.PROBLEMATIQUE
23
VII.CADRE THEORIQUE
23
VIII.METHODOLOGIE
25
A. TECHNIQUES DOCUMENTAIRES
25
1. Les archives et la presse
25
2. Les sources secondaires
25
B. LES ENQUETES ET LES INTERVIEWS
26
PREMIERE PARTIE :
27
LA CONFLICTUALITE CHAOTIQUE DE LA RCA : FRUIT
DES FACTEURS ENDOGENES ET EXOGENES
27
CHAPITRE I:LES FACTEURS INTERNES DE PRODUCTION DE
LA CONFLICTUALITE EN RCA
29
SECTION 1 : LES FACTEURS POLITIQUES
30
PARAGRAPHE 1 : UNE INDEPENDANCE SOUS
TUTELLE
30
A- ENTRE REBELLES ET REBELLES, LES ENTRE SOI
DE L'ELITE POLITIQUE
31
B- LES ACCORDS DE COOPERATION MILITAIRE,
VERITABLE EPEE DE DAMOCLES
32
PARAGRAPHE 2 : LA CONQUETE ET LE CONTROLE DU
POUVOIR
33
A. LE POUVOIR POLITIQUE, ENJEU DES LUTTES
FRATRICIDES : DE L'USAGE DE LA VIOLENCE COMME STRATEGIE DE CONSERVATION ET
DE CONQUETE DU POUVOIR
33
B. L'AUTORITARISME DES REGIMES
34
SECTION 2 : LES FACTEURS ECONOMIQUES ET
SOCIAUX
35
PARAGRAPHE 1 : LA MAUVAISE GESTION ET
REPARTITION DES RESSOURCES
36
A- ENTRE CONFISCATION DES BIENS ET GABEGIE
FINANCIERE, LA PATRIMONIALISATION DES RESSOURCES
36
PARAGRAPHE 2 : PAUVRETE, PRECARITE ET TENSIONS
SOCIALES EN RCA
38
A- LA PAUVRETE COMME ELEMENT DECLENCHEUR DES
CONFLITS EN RCA
..............................................................................................
38
B- L'ETAT DE
SOUS-DEVELOPPEMENT AMBIANT: UNE SOURCE LATENTE DES CRISES
CENTRAFRICAINES
39
SECTION 3 : LA QUESTION DES IDENTITES
41
PARAGRAPHE 1: L'EXPLOITATION DES DIFFERENCES
ETHNIQUES
41
A- LES DYNAMIQUES POLITICO-ETHNIQUES DE
L'ETAT CENTRAFRICAIN
41
B. LES PARTICULARISMES ETHNO-POLITIQUES ET LEUR
INSTRUMENTALISATION POLITICO-MILITAIRE
42
PARAGRAPHE 2 : LES FRACTURES RELIGIEUSES
43
pour la gestion des affaires. Ce cocktail explosif
constitue une source de tensions dans le pays (B).
43
A- L'INSTRUMENTALISATION POLITIQUE DE LA
RELIGION
43
B- LES DISCRIMINATIONS SOCIALES
44
CONCLUSION DU CHAPITRE I
45
CHAPITRE II :
46
LES FACTEURS EXTERNES DE PRODUCTION DE
L'INSTABILITE EN RCA
46
SECTION 1 : LE POIDS DES HERITAGES
47
PARAGRAPHE 1 : LES SEQUELLES DE LA
COLONISATION FRANCAISE
47
A- LES FRONTIERES CENTRAFRICAINES, ENTRE
DECOUPAGE ARBITRAIRE ET POROSITE : UN REMODELAGE RADICAL DE LA CARTE
POLITIQUE
48
B- LA MEMOIRE DE LA COLONISATION, UN FACTEUR
DE CONFLITS
49
PARAGRAPHE 2: LA CRISE DE L'ETAT
CENTRAFRICAIN
50
A- PLURALISME ETHNIQUE ET UNITE NATIONALE
RCA : UNE CONTRADICTION INSURMONTABLE ?
50
B- L'ETAT POSTCOLONIAL CENTRAFRICAIN,
FACTEUR D'INSECURITE
51
SECTION 2 : LE POIDS DE L'EXTERIEUR
52
PARAGRAPHE 1 : LES DYNAMIQUES DES PUISSANCES
ETRANGERES
52
A. LA RCA, UNE CHASSE GARDEE DE LA
FRANCE
52
B. UN VOISINAGE INCERTAIN
54
PARAGRAPHE 2 : LES MOUVEMENTS REGIONAUX,
VECTEURS DE DIFFUSION ET D'AMPLIFICATION DES CONFLITS EN RCA
56
A- LES DYNAMIQUES TRANSFRONTALIERES
57
B- LES DYNAMIQUES TRANSNATIONALES
58
CONCLUSION DU CHAPITRE II
60
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
61
SECONDE PARTIE :LA PERSISTANCE DES CONFLITS EN
RCA : CONSEQUENCE DE L'INEFFICACITE DES MECANISMES DE GESTION DES CONFLITS
ARMES
62
CHAPITRE III:LE PROCESSUS DE REITERATION DE LA
VIOLENCE EN RCA : PREUVE DE L'ECHEC DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
64
SECTION 1: LES SUPPORTS JURIDIQUES ET
INSTITUTIONNELS
65
PARAGRAPHE 1 : LA CHARTE DES NATIONS-UNIES
65
A. LE REGLEMENT PACIFIQUE DES DIFFERENDS
66
1. Principe
66
2. Les mécanismes diplomatiques
66
B. LE REGLEMENT NON PACIFIQUE DES
DIFFERENDS
67
1. Principe
67
2. Les mécanismes
opérationnels
67
C. LES ORGANISATIONS REGIONALES DANS LES
CONFLITS
68
PARAGRAPHE 2 : LE CONSEIL DE PAIX ET DE
SECURITE DE L'UNION AFRICAINE DANS LA RESOLUTION DES CONFLITS EN AFRIQUE
68
A- LE FONDEMENT JURIDIQUE INTERNATIONAL DU
CPS
69
B- L'ASSISE JURIDIQUE DU PROTOCOLE DU
CPS
70
PARAGRAPHE 3 : LA CEEAC ET LE REGLEMENT DES
CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE: LA COPAX
71
A- L'INTEGRATION ECONOMIQUE, PRINCIPAL ROLE
DE LA CEEAC
71
B- LA REFORMULATION DES PREROGATIVES DE LA
CEEAC
72
SECTION 2: LES SUPPORTS LOGISTIQUES
73
PARAGRAPHE 1 : LA SIGNATURE DES ACCORDS DE
PAIX ET LES INTERVENTIONS MILITAIRES EN RCA
73
A. REGARD SUR LES ACCORDS DE PAIX EN RCA
73
B. DU MAINTIEN A L'IMPOSITION DE LA
PAIX : L'USAGE DE LA FORCE
75
PARAGRAPHE 2 : LA DEMOCRATISATION DE L'ETAT
CENTRAFRICAIN
77
A. L'OUVERTURE POLITIQUE : ENTRE
GOUVERNEMENTS DE TRANSITION ET GOUVERNEMENTS D'UNION NATIONALE
77
PARAGRAPHE 3 : LES FACTEURS DE L'ECHEC DES
MECANISMES DE GESTION DES CONFLITS EN RCA
80
A- LA FRAGILITE DE LA COOPERATION
INTERNATIONALE ET REGIONALE
80
1. Les obstacles juridiques et politiques
à la gestion efficace des conflits en RCA
80
2. Les problèmes de fonctionnement et
de financement
81
B. L'INEFFICACITE DES SOLUTIONS INTERNATIONALES
82
1. L'extraversion des solutions
82
2. Les exactions des soldats des forces
multinationales
83
CONCLUSION DU CHAPITRE III
85
CHAPITRE IV :LA REACTIVATION DE LA SPIRALE
CENTRAFRICAINE DE CONFLICTUALITE : CONSEQUENCE DE L'INEFFICACITE DES
REFORMES INTERNES
86
SECTION 1 : L'INEFFICACITE DES REFORMES
POLITIQUES
87
PARAGRAPHE 1 : UNE DEMOCRATISATION
CHAOTIQUE
87
A. LA DEMOCRATIE INDUITE ET SA DERIVE
88
B. LA FRAGILITE ADMINISTRATIVE ET
INSTITUTIONNELLE
90
PARAGRAPHE 2 : LES DEFICITS CHRONIQUES DE
GOUVERNANCE
91
A- LA CONFIGURATION DISTENDUE DE
L'ADMINISTRATION
91
B- LA CORRUPTION
92
SECTION 2 : L'INEFFICACITE DES REFORMES
SOCIOECONOMIQUES
93
PARAGRAPHE 1 : L'ECHEC DES POLITIQUES DE
RELANCE ECONOMIQUE
93
A- AIDES ET DEPENDANCE, UNE ARME A DOUBLE
TRANCHANT
93
B- DES REFORMES ECONOMIQUES, ENTRE
INOPERATION ET INAPPROPRIATION
94
PARAGRAPHE 2 : L'INSUCCES DES PROCESSUS DE
RECONCILIATION NATIONALE
95
A. DES PROCESSUS EXCLUSIFS
96
B. UNE JUSTICE SELECTIVE ET A MINIMA
97
CONCLUSION DU CHAPITRE IV
98
CONCLUSION
GENERALE
99
BIBLIOGRAPHIE
103
ANNEXES
106
* 1Cf. Mialisoa
RANDRIAMAMPIANINA, «Sécurité et défense :
Nouveaux défis, nouveaux acteurs», Antananarivo, 2009, p. 9.
* 2
http://www.statistiques-mondiales.com,
consulté le 16 février 2016.
* 3 Albert LEGAULT, Michel
FORTMANN, Les Conflits dans le monde. 1999-2000, Québec, Les
Presses de l'Université Laval, 2005, p. 10-11.
* 4 Cf. Africa at A Glance,
Africa Institute of South Africa, Pretoria, 2001-2002, p. 87.
* 5 Cf. les travaux de la
Commission Carnegie sur la prévention des conflits meurtriers,
Washington, 1998, p. 4.
* 6 Cf. les statistiques de
l'UCDP (Uppsala Conflict Data Programm), 2005.
* 7 Cf. Koffi ANNAN,
« Eviter la guerre, prévenir les catastrophes : le monde
mis au défi », Rapport annuel sur l'activité des
Nations-Unies, New York, 1999, 143p.
* 8 Cf. Yves LACOSTE,
« Géopolitique d'une Afrique médiane »,
Hérodote, numéro 86-87, 1997, pp. 3-5.
* 9Abel Hubert MBACK WARA,
La prévention des conflits dans la dynamique de l'intégration
sous-régionale en Afrique Centrale, Mémoire de
Master-Recherche en Sciences Politiques, Université de Yaoundé
II, 2006.
* 10 Il s'agit des pays
suivants : Angola, Burundi, Centrafrique, Congo-Brazzaville, Congo
Kinshasa, Rwanda et Tchad. Par rapport à la situation qui prévaut
ailleurs, le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale et Sao
Tomé et Principe sont relativement calmes.
* 11 Alain Didier OLINGA,
« Temps de crise, crise du temps ? De la variable temporelle
dans l'analyse des conflits en Afrique Centrale », Enjeux,
numéro 19, avril-juin 2004, pp. 5-8.
* 12Sunon RETALACK
cité par Charles-Robert DIMI, Historicité et
rationalité de la démocratie africaine. Essai de philosophie
politique, Paris, L'Harmattan, p.139.
* 13Idem.
* 14 Barthélemy
BOGANDA est le principal artisan de l'indépendance en RCA. C'est lui
qui, durant plusieurs années, mène la lutte pour
l'émancipation de ses concitoyens au sein de son parti, le Mouvement de
l'Evolution Sociale en Afrique Noire (MESAN) créé en 1949. Pour
plus d'informations sur sa vie et son engagement politique, Cf. Pierre KALK,
Barthelemy Boganda : élu de Dieu et des Centrafricains,
Saint Maur, SEPIA, 1995, 218p.
* 15L'hymne de la
RCA s'appelle « La Renaissance » et se devise est
« Unité-Dignité-Travail ».
* 16 Exilé en 1962,
Abel GOUMBA entreprend des études de médecine. Il devient par la
suite fonctionnaire de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Il
convient de souligner que c'est lui qui assurait l'intérim du pouvoir
après la mort de Barthélemy BOGANDA et avant l'élection de
David DACKO.
* 17 Le coup d'Etat fait
suite à de nombreuses difficultés intérieures. En effet,
David DACKO pour son projet économique fait appel aux Chinois et aux
Israéliens. Un affront aux yeux des partenaires occidentaux qui stoppent
ipso facto leur aide au pays. L'hymne de la RCA s'appelle « La
Renaissance » et se devise est
« Unité-Dignité-Travail ».
* 18 En effet, les
enseignants à travers leurs syndicats et les partis politiques
clandestins tels que le MLPC et le FPOPT se mobilisaient déjà sur
le terrain pour mettre fin à la dictature de Jean-Bedel BOKASSA.
* 19La RCA a connu trois
mutineries de 1996 à 1997. Ces différentes mutineries militaires
ont été l'occasion de violences exercées de part et
d'autre, se soldant par la mort de plusieurs personnes :
-La mutinerie du 18 avril
1996
Peu après l'élection de 1993, Ange-Félix
PATASSE devient mal aimé au sein de l'armée. Ce désamour
nait de la mauvaise gestion mais aussi de la cessation par la France de son
soutien économique pour le salaire des soldats. Les autres raisons
tiennent de l'irritation de l'armée et de la révolte alimentaire.
Le 13 avril 1996, entre 200 et 300 soldats protestent contre leurs conditions
précaires. Les affrontements entre les mutins et la
sécurité présidentielle font 9 morts et 40 blessés.
La France apporte son soutien à Ange-Félix PATASSE à
travers l'opération Almandin I. Le mouvement de protestation prend fin
sous deux conditions préalables : le paiement des soldes des mutins
par la France et la promesse de Bangui de ne pas ester ceux-ci en justice.
-La mutinerie de mai-juin
1996
Le 18 mai 1996, une deuxième mutinerie plus grave que
la précédente éclate à Bangui. Elle est conduite
par 500 soldats qui reprochent à Ange-Félix PATASSE l'irrespect
des accords précédents. Elle fait suite au non-paiement des
soldes et à la discrimination dont les soldats Yakoma se sentent
victimes. Bangui est occupée, la présidence et la radio
encerclées. La France intervient une fois de plus aux côtés
d'Ange-Félix PATASSE assistée du Gabon et du Tchad. On compte 48
morts et 238 blessés. La rébellion prend fin avec un accord
signé le 26 mai entre la France et les mutins. Il prévoit
l'amnistie et un gouvernement d'union nationale.
-La mutinerie de novembre
1996 à janvier 1997
Le 15 novembre 1996, une troisième mutinerie voit le
jour pour demander la démission du Président. Cette
énième révolte était prévisible dans la
mesure où les anciens mutins n'avaient pas été
désarmés. 1500 soldats français sont envoyés pour
assurer la protection des ressortissants étrangers. Ils ne
s'arrêtent pas là. Dans la nuit du 04 janvier au 05 janvier 1997,
ils attaquent plusieurs quartiers de Bangui et stoppent la rébellion.
Dès le 06 décembre, un processus de négociation commence
sous l'égide du Tchad, du Gabon, du Mali et du Burkina Faso. Il
s'achève par la signature des accords de paix de Bangui de janvier 1997.
Ces accords prévoient le remplacement des troupes françaises par
celles de la MISAB.
* 20 François BOZIZE
alors Chef d'Etat Major des Armées, n'accepte pas que le
Président Ange-Félix PATASSE le limoge. Il estime l'avoir
sauvé du coup d'Etat du Général KOLINGBA. Or, le Chef de
l'Etat le soupçonne de préparer un autre coup d'Etat.
* 21Séléka
signifie coalition, en Sango, la langue usuelle en RCA. Elle est l'un
des rares pays africains qui malgré sa diversité ethnique, a une
langue commune. Cf. Marcel DIKI-KIDRI, « Le Sango dans la formation
de la Nation centrafricaine », Politique africaine,
numéro 23, 1985, p. 83-99.
* 22La coalition est
majoritairement constituée des membres de la CPJP d'Adem NOURREDINE, du
FDPC d''Abdoulaye MISKINE et de l'UFDR de Michel DJOTODIA. Les sources de
financement de la coalition Séléka sont multiples. Il provient de
la contribution de certains musulmans vivant au pays et à
l'étranger. Une partie des musulmans de RCA longtemps
marginalisée a vu en la Séléka un moyen de rompre avec les
injustices. Le financement provient également des trafics divers,
diamant et drogue notamment. Les viols, les pillages et les exactions sur les
populations civiles et chrétiennes sont leurs modes opératoires.
La réponse des victimes est la mise en place des groupes d'auto
défense : les milices anti-balaka. Les milices anti-balaka sont des
groupes d'auto défense villageoise à dominance chrétienne
et animiste. Originellement, elles luttaient contre les coupeurs de route ou
zaraguinas. Avec les nombreuses exactions de la coalition Séléka,
les milices anti-balaka réorientent leurs prérogatives. Elles
passent ainsi de la défense à la vengeance. Elles sont
composées de paysans encadrés par certains militaires des FACA
proches de François BOZIZE. C'est ainsi qu'elles attaquent les positions
de la Séléka et les civils musulmans en général.
Dans leur entendement, les musulmans sont des étrangers voleurs de leurs
richesses. La tendance est donc à l'élimination. En
témoignent la violence et la cruauté des tueries. Le but est de
briser le moral de l'ennemi. Les actions de ces milices s'étendent
à Bangui la capitale, à l'Ouest et au Nord où elles
s'entremêlent à des groupes armés étrangers.
* 23 Ces mesures reposent la
réduction des déficits budgétaires et de la balance
courante, les politiques restrictives du crédit, le relèvement
des taux d'intérêt et les mesures axées sur l'offrant
visant à rétablir le potentiel de croissance.
* 24 Le gouvernement de la
République Centrafricaine, Troisième conférence des
Nations-Unies sur les pays les moins avancés, Bruxelles, 14-20 mai 2001,
p. 7.
* 25 Cf. Dominique AUZIAS,
La République Centrafricaine, Paris, Editions Nouvelle Edition
de l'université, coll. Le Petit Futé, 2007, p. 32.
* 26 La surévaluation
a pénalisé les produits d'exportation de la RCA au profit
d'autres PMA hors zone franc.
* 27 Elle est liée
aux arriérés de salaires des fonctionnaires et à la
mévente des produits de base et des produits vivriers des paysans.
* 28 Le 21 juillet 1998, le FMI
approuve un plan triennal d'investissement (1er juillet 1998 au 30
juin 2001) au titre de FASR par un tirage global de 40 milliards. Ce programme
bénéficie de l'appui de la Banque Mondiale et de la BAD.
* 29 Extrait du cours
« Le déficit d'autonomie politique et stratégique de
l'Etat postcolonial et les problèmes africains actuels »
dispensé à l'Université de Yaoundé II en
filière Institutions des Relations Internationales et Etudes
Stratégiques (IRIES) par le Pr. Alain FOGUE TEDOM, année
universitaire 2014-2015, 63p.
* 30 La violence est
observable dans bon nombre de pays d'Afrique Noire. Elle n'est donc pas une
exclusivité de la RCA. Dans un système démocratique, la
violence n'est pas obligée de disparaitre contrairement à
d'aucuns pour qui la démocratie rime avec la fin de la violence. Ceci
pour deux principales raisons : d'abord, le monopole de la violence permet
l'expression d'une violence contestataire jusqu'à un certain seuil et
réciproquement. De plus, la relation de pouvoir implique des
stratégies de lutte, d'affrontements et de rivalités et, plus la
légitimité du pouvoir est grande, plus le pouvoir use moins de
cette violence. Ensuite, des précautions d'usage de la violence
existent, en ce sens que son usage au plan intérieur est minutieusement
codifié. Elle doit donc être utilisée avec parcimonie pour
ne pas être rejetée par les groupes sociaux. Ce qui est loin
d'être le cas dans le contexte centrafricain.
* 31
« République Centrafricaine : un pays aux mains des
criminels de la Séléka », Rapport d'enquête de la
FIDH, Paris, septembre 2013, pp. 30-38.
* 32 Claudine VIDAL,
«La Brutalisation du champ politique ivoirien, 1990-2003 »,
Revue africaine de sociologie, CODESRIA, 2003, pp. 45-57.
* 33Certains auteurs
apportent une explication sur cet état des choses. Cf. Tatania
YANNOPOULOS, Denis MARTIN, « Régimes militaires et classes
sociales en Afrique. Une hypothèse », Revue
française de science politique, volume 22, numéro 4,
août 1972, pp. 847-882 et M. L. MARTIN, «Un aspect de l'insertion
des militaires dans le processus de développement national en Afrique
Noire: études de quelques contradictions». Année
africaine, 1972. ; «Les régimes militaires africains:
profil constitutionnel d'une bureaucratie gouvernante». Revue
juridique et politique, numéro 3, juillet-septembre 1973, p.489;
«Les rôles extramilitaires des armées dans les
sociétés africaines non industrialisées».
L'Afrique et l'Asie modernes, numéro 101, p. 21-34.
* 34 Les principaux postes
de responsabilité politique, administrative et surtout militaire sont
occupés par les membres de l'ethnie Yakoma dont est originaire le
Général André KOLINGBA. Cf. l'interview
d'Ange-Félix PATASSE dans Le Messager du vendredi 14 septembre
2001.
* 35 Cf.
« Centrafrique : la GP s'agrandit », L'Autre
Afrique, numéro 35 du 3 février 1998, p. 23.
* 36 Cf.
«Patassé-Bozizé: le grand pardon? », Jeune
Afrique L'intelligent, numéro 2133 du 27 novembre au 3
décembre 2001, pp. 29-30; «Centrafrique: cauchemar sans fin»,
Jeune Afrique L'intelligent, numéro 2182, du 4 au 10 novembre
2002.
* 37 Géraldine FAES
et Stephen SMITH, « La solitude et le chaos en République
Centrafricaine », Politique internationale, numéro
88, été, 2000.
* 38 Cf. Patrick GOURDIN,
République Centrafricaine : géopolitique d'un pays
oublié. Consulté sur
www.diploweb.com/Republique-centrafricaine/html,
le 25 mars 2016.
* 39 Marc Louis ROPIVIA
pense que les problèmes d'instabilité et
d'insécurité constituent l'un des plus grands freins à
l'intégration dans la sous-région. Cf. Marc Louis ROPIVIA,
« Institutions déliquescentes et espace éclaté.
Quelle intégration régionale en Afrique
Centrale ? », Régionalisation, mondialisation et
fragmentation en Afrique Subsaharienne, Paris, Karthala, 1998, p. 14.
* 40 Selon l'UNHCR, plus de
131.000 réfugiés centrafricains ont trouvé refuge au
Cameroun depuis 2013. Consulté sur le site
www.unhcr.org, le 7 avril 2016. En
plus de ces mouvements, on note les actions criminelles des coupeurs de route
en provenance de la RCA sur la partie Est du Cameroun.
* 41 Comme toutes les
colonies de l'ex métropole française, la RCA accède
à l'indépendance dans des conditions difficiles et après
avoir signé au préalable des accords de coopération
militaire visant à laisser intacte l'influence française dans le
pays. Cf. Pascal CHAIGNEAU, La Politique militaire de la France en
Afrique, Paris, CHEAM, 1984, pp. 13-16.
* 42 La RCA est admise
à l'ONU le 20 septembre 1960 par la résolution 1488 (XV)
adoptée par l'Assemblée Générale.
* 43 Rapport Banque
Mondiale, 2013.
* 44Il s'agit de:
Ndélé, Mobaye, Kaga-Bandoro, Obo, Bria, Sibut, Mbaiki, Berberati,
Bangassou, Bouar, Bimbo, Bambari, Bossangoa, Bozoum, Nola et Birao.
* 45 Pour plus
d'informations sur certaines ethnies, Cf. Pierre KALK, Histoire de la
République Centrafricaine : des origines à nos jours,
Paris, Berger-Levrault, 1974, 374p.
* 46 Consulter la fiche de
l'UNHCR sur la République Centrafrique, janvier 2005, p. 5.
* 47Idem., p. 8
* 48 Tribunal Pénal
International pour l'ex Yougoslavie, Le Procureur c/Dusko Tadic, 2 octobre
1995, http:/www.icty.org/x/cases/tadic/acdec/fr/51002JN3.htm.
* 49 Jean-Pierre DERRIENNIC,
Les guerres civiles, Paris, Presses de Sciences Po, 2001, p. 13.
* 50 Julien FREUND,
Sociologie du conflit, Paris, PUF, 1983, p. 65
* 51 Michel MONROY, Anne
FOURNIER, Figures du conflit, Paris, PUF, 1997, pp. 12-13.
*
52EncyclopediaUniversallis, Corpus, 1977, p. 394.
* 53 Gérard CORNU,
La Guerre et ses théories, Paris, éd. PUF, 1970, p.
117.
* 54 Barry MAMADOU ALIOU,
La resolution des conflits en Afrique de l'Ouest, Paris, Karthala,
1997, pp. 31-32.
* 55 Les conflits politiques
sont des disputes et désaccords concernant l'usage et l'exercice du
pouvoir entre gouvernement et opposition ou groupes rebelles et qui aboutissent
à des résultats positifs. Cas du Burkina Faso avec le
départ de Blaise COMPAORE obtenu par le peuple le 31 octobre 2014 suite
à des manifestations pacifiques.
* 56 Antoine-Denis N'DIMINA
MOUGALA, «Les conflits africains au XXe siècle. Essai de
typologie », Guerres mondiales et conflits contemporains,
numéro 225, 2007, p. 121-131.
* 57 Notons que la typologie
ci-dessus mentionnée ne suggère pas qu'il n'y en aurait pas
d'autres ; bien au contraire. Et pour d'autres typologies des conflits
d'un point de vue général, cf. Jean Louis DUFOUR et Maurice
VAISSE, La guerre au XXe siècle, Paris, Hachette, 1993, p.
240.
* 58 Pascal BONIFACE (dir.),
Dictionnaire des relations internationales, Paris, HATIER, 1996, p.
171.
* 59 NGUYEN QUOC DINH et al,
Droit International public, 2è édition, Paris, L.G.D.J.,
1980, p. 25.
* 60 Karl CLAUSEWITZ (VON),
cité par Abel Hubert MBACK WARA, op. cit.
* 61Idem.
* 62 Toutefois, il convient
de noter que la guerre peut également être accidentelle. Il peut
arriver qu'aucun des protagonistes n'ait eu un intérêt à
son déclenchement. Cela a été le cas pour la
Première Guerre Mondiale.
* 63 Cf. Maximos ALIGISAKIS,
« L'Europe comme sortie des conflits », Institut
européen de l'Université de Genève, 2005, p. 8.
* 64 Georg SIMMEL, Le
conflit, Paris, Circé, 1992, pp. 139-141.
* 65 Marie-Claude SMOUTS et
al, Dictionnaire des relations internationales, Paris, Dalloz, 2003,
p. 381.
* 66 Raymond ARON, Paix
et guerre entre les nations, Paris, Calmann-Lévy, p.
158.
* 67 Pierre-Marie DUPUY,
Droit international public, 7è édition, Paris,
Dalloz, 2004, p. 599.
* 68 Emmanuel KANT,
Projet de paix perpétuelle, traduit par Karin RIZET, Paris,
Mille Et Une Nuits, 2001, 72p.
* 69 Thierry MICHALON,
Quel Etat pour l'Afrique ?, Paris, L'Harmattan, 1984, p. 24.
* 70 Cf. Max WEBER, Le
Savant et le politique, Paris, Plon, 1959, p. 230.
* 71 Toutefois, si on admet
avec Max WEBER que l'Etat moderne se définit par le monopole de la vie
politique, cela signifie qu'on doit se poser la question de savoir si la
Somalie peut être considérée comme un Etat. Mais par
contre, le Somali land qui a proclamé son indépendance en 1991
ressemble de plus en plus à un Etat parce qu'il bat sa propre monnaie,
il a son propre système de plaque minéralogique, délivre
des passeports et pourtant ce pays n'est pas reconnu par l'UA au nom du
sacrosaint principe de l'intangibilité des frontières
héritées de la colonisation. On aboutit ainsi à un
paradoxe de la mondialisation où d'un coté on assiste à la
multiplication des regroupements des Etats et de l'autre à
l'émiettement croissant des mêmes Etats. Ce constat nous
amène à conclure que la liste des pays Etats est appelée
à s'élargir. Aussi, avons-nous assisté à une
évolution des membres de l'ONU entre 1945 et 2010 passant de 51 à
192 membres.
* 72Amitai ETZIONI,
« A paradigm for the study of political unification »,
World Politics, XV (1), 1962, p. 45.
* 73 Dominique SCHNAPPER,
La Communauté des citoyens. Sur l'idée moderne de
nation, Paris, Gallimard, 1994, p. 45.
* 74 Cf. Thierry MICHALON,
op. cit., .p. 24.
* 75 Pierre AYOUN N'DAH,
Moderniser l'Etat africain, Abidjan, les Ed. du CERAP, 2003, p. 9.
* 76 Emmanuel KANT,
Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique,
trad. de l'allemand par Luc FERRY, Paris, éditions Gallimard, 2009,
128p.
* 77 Alain FOGUE TEDOM,
Enjeux Géostratégiques et conflits politiques internes en
Afrique Noire, Paris, L'Harmattan, 2008, 418p.
* 78 Selon l'auteur, poser
ce problème de l'élite africaine c'est s'interroger sur sa
légitimité politique, son aptitude à penser puis à
mener les réformes politiques, économiques et sociales
nécessaires pour sortir l'Afrique du sous-développement et de la
dépendance. C'est également s'interroger sur sa capacité
à comprendre les grands enjeux internationaux et surtout les analyser de
façon à pouvoir définir puis défendre efficacement
les intérêts vitaux du pays et du continent dont elle est à
la tête.
* 79 Michel KOUNOU,
« Les conflits armés post-guerre froide en Afrique au sud du
Sahara : Un essai de caractérisation », Revue
Africaine d'Etudes Politiques et Stratégiques, numéro 1,
2001, pp. 223-245.
* 80 Paul ANGO ELA (dir.),
La Prévention des conflits en Afrique Centrale : prospective
pour une culture de la paix, Paris, Karthala, 2001, 222p.
* 81
http//www.ireneesnet-/bdf.fiche-analyse-1011_fr.html, consulté le 24
avril 2016.
* 82 Moise-Hubert MBETO-JY,
La gestion des crises sociopolitiques en Afrique Centrale, l'exemple de la
République Centrafricaine, de 1996 à 2015,
Mémoire de DEA, Université de Bangui, 2015.
* 83 Pierre SAULNER, Le
Centrafrique entre mythe et réalité, Paris, Editions
L'Harmattan, coll. Etudes africaines, 1998, 240p.
* 84 En cela, les principaux
auteurs de ce courant s'inscrivent dans la lignée des penseurs qui
avaient développé une vision cynique et pessimiste des rapports
humains: Le Prince de Nicolas MACHIAVEL (1469-1527) qui place la
sécurité de l'Etat au centre de ses préoccupations; le
Leviathan de Thomas HOBBES (1588-1679) qui développe la vision
d'un «état de nature» marqué par la guerre de tous
contre tous et nécessitant l'imposition d'un ordre par une
autorité supérieure; l'ouvrage majeur de CLAUSEWITZ (1780-1831),
De La guerre qui insiste sur le fait que «la guerre est la
poursuite de la politique par d'autres moyens».
* 85 Jean-François
RIOUX, Ernie KEENES, Gérard LEGARA, «Le néoréalisme
ou la reformulation du paradigme hégémonique», Etudes
internationales, vol. XIX, 1988, p. 64.
* 86 Cf. Jean-Jacques ROCHE,
Théories Des relations internationales. Montchrestien.
Clés/Politique. 1994. 152p ; Philippe BRAILLARD, Rosa DJALILI
MOHAMMAD, Les Relations internationales, Paris, PUF, 1988, 125p.
* 87 Les données
qualitatives reposent avant tout sur la perspicacité des propositions
etdes hypothèses, la finesse des remarques, le sérieux des
observations recueillies. Elles suggèrent une idée
centrale : parfois le chercheur se trouve devant un grand nombre
d'observations qu'il ne peut pas traiter de façon statistique. Dans ce
cas, il recourt à une notion caractérisant l'ensemble des faits.
Madeleine GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales, Paris,
Dalloz, 2001, p.488
* 88Idem, p.
446.
* 89La technique est un
outil utilisé dans la collecte des informations qui devront plus tard
être soumises à l'interprétation et à l'explication
grâce aux méthodes. J. William GOODE cité par SHOMBA
KINYAMBA, Méthodologie De recherche scientifique, Kinshasa,
éd. MES, 2001, p. 60.
* 90 Les archives ont deux
fonctions : une fonction de mémoire (pour des personnes vivantes ou
ayant disparu) et une fonction de preuve (pour justifier ce qui est dit ou
fait).
* 91 Michel KOUNOU, op.
cit., pp. 225-245.
* 92Hervé BOURGES et
Claude WAUTHIER, Les 50 Afriques, postface de Samir Amin, Paris,
Seuil, 1979, p. 98.
* 93Jeany LORGEOUX, Jean
Marie BOCKEL, La présence de la France dans une Afrique
convoitée, Rapport d'information numéro 104, 29 octobre 2013, p.
257.
* 94 Jacques GODFRAIN,
Réformes, numéro 2703, Paris, 30 janvier-5
février 1997.
* 95 André BEAUFRE,
Introduction à la stratégie, Paris, Hachette Pluriel,
2012, 192p.
* 96 Jean-William LAPIERRE
cité par Louis Paul NGONGO, séminaire d'Introduction à la
Science Politique, chapitre 2 : le phénomène du pouvoir,
Université de Yaoundé II, année universitaire
2010-2011.
* 97 Alphonse ZOZIME
TAMEKAMTA, « Poliorcétique en guerre et violence banale.
L'Afrique Centrale au coeur de la nouvelle saison conflictuelle
(1960-1990) », Enjeux, numéro 51, juin 2015, p.
77.
* 98 On dénombre
plusieurs révisions ou changements de constitution dont :
-celui du 9 février 1959
-celui du 4 décembre 1976
-celui du 1er février 1981
-celui du 21 novembre 1986
-celui du 14 janvier 1994
-celui 28 décembre 1994
-celui du 5 décembre 2004
* 99 Adja DJOUFOUNE
cité par Martin KUENGIENDA, L'Afrique est-elle
démocratisable ? Constitution, sécurité et bonne
gouvernance, Paris, L'Harmattan, 2015, p. 85.
* 100 La Constitution
française (1789) qui sert de modèle à l'Etat centrafricain
postule que la nation a le droit imprescriptible de changer sa constitution.
Voir Martin KUENGIENDA, op. cit., p. 102.
* 101 Eric Mathias OWONA
NGUINI, « Le gouvernement perpétuel en Afrique Centrale :
le temps politique présidentialiste entre autoritarisme et
parlementarisme dans la CEMAC », Enjeux, numéro 19,
avril-juin 2004, pp. 9-14.
* 102 Cf. Mamadou
KOULIBALY, « Enjeux économiques, conflits africains et
relations internationales », AfricaDevelopment, vol. XXIV,
numéro 3 et 4, 1999 ; Philippe HUGON, « L'économie
des conflits en Afrique », Revue internationale et
stratégique, numéro 43, 2001, p. 152-169.
* 103 Le terme
«gemmocratie» qualifie les régimes politiques qui accaparent
les ressources diamantifères. Cf. Olivier VALLEE, Les gemmocraties:
l'économie politique du diamant africain, Paris, Desclée de
Brouwer, 1997, 240p.
* 104 Georges NZONGOLA,
« La dynamique des acteurs des conflits en Afrique Centrale. Acteurs
et processus », 14è congrès biennal de
l'association africaine de science politique, Durban 29 juin-4 juillet 2003.
* 105 La
déliquescence du pays a découragé les investisseurs les
plus regardants en matière de gouvernance et de transparence pour
laisser libre champ à des acteurs déjà présents
(Syriens, Yéménites, Libanais) et à de nouveaux acteurs
(Chinois, Indiens).
* 106 Le franc CFA
(Colonies Françaises d'Afrique) appartient à la France. Par
conséquent, il enrichit l'économie française au
détriment des pays d'Afrique Noire qui l'utilisent. Cf. Nicolas AGBOHOU,
Le Franc CFA et l'Euro contre l'Afrique : pour une monnaie africaine
et la coopération sud-sud, Paris, Editions SOLIDARITE
NATIONALE A.S, 1999, 269p.
* 107 Stratégie
Nationale pour la finance inclusive en RCA, 2010-2014, PNUD et FENU.
* 108 En 2011, 70% de la
population travaillait dans l'agriculture qui avait assuré 56% du PIB et
avait atteint 2,16 milliards.
* 109 Cf. Lennard BAGE,
Président du FIDA. Propos tenus le 20 février 2003 à
l'ouverture de la 25è session du Conseil des gouverneurs.
* 110 Maxime KAMDEM KAMDEM,
« Pauvreté et exclusion sociale : manifestation et impact
au Cameroun », Enjeux, numéro 44, juillet-septembre
2010, p. 6.
* 111 Dieudonné
MOZOUALA, « L'accès à la mer, un défi à
variables multiples pour la Centrafrique », Enjeux,
numéro 26, janvier-mars 2006, pp. 29-35.
* 112Allassoum BEDOUM,
Les conflits en Afrique Centrale : un défi pour le PNUD,
United Nations Development Program Oslo Governance Centre, décembre
2003, p 12.
* 113 Un clan pouvait aller
en guerre contre un autre pour des raisons telles que le vol, la conquête
d'un territoire, la résistance à une poussé
conquérante.
* 114 Ernest Marie MBONDA,
Guerres modernes africaines et responsabilité de la
communauté internationale, Yaoundé, Presses de l'UCAC, 2007,
pp. 3-4.
* 115 Antonio TARRANZANO,
op. cit,. p, 165.
* 116Arthur GIRAULT
cité par Jacques THOBIE et al, Histoire de la France
militaire/1914-1990, Paris, Armand-Colin, 1990, p. 15.
* 117 Alain FOGUE, op.
cit., p. 8.
* 118 Une frontière
est une ligne imaginaire séparant deux Etats, délimitant deux
champs distincts de souveraineté. Cf. à ce propos Pascal
BONIFACE, (dir), Dictionnaire des relations internationales, Paris,
HATIER, 1996, pp. 160-165.
* 119 Michel FOUCHER,
Fronts et frontières. Un tour du monde géopolitique,
Fayard, Paris, 1991, p. 11.
* 120 ETEKI MBOUMOUA,
« Eléments d'une culture de la paix en Afrique
Centrale », La Prévention des conflits en Afrique
Centrale, Paris, Karthala, 2001, pp. 189-199.
* 121 Cf. Roland POURTIER,
Géopolitique de l'Afrique et du Moyen-Orient, Paris, Nathan,
2006, p. 79.
* 122 Pierre KALK
cité par Augustin Jérémie DOUI WAWAYE, La
sécurité, la fondation de l'Etat centrafricain :
contribution à la recherche de l'Etat de droit, thèse de
doctorat en droit public, Université de Bourgogne, 2012, p. 3.
* 123 William ZARTMAN
cité par Djibril SAMB, « Conflits et crises en Afrique :
étiologie, typologie, symptomatologie », Leçon
inaugurale de l'Amphi de rentée UGS, Saint Louis, année
universitaire 2007/2008, pp. 1-2.
* 124Georges BURDEAU,
l'Etat, Paris, Seuil, 1970, p. 37.
* 125 Cf. Roland POURTIER,
op. cit., p. 75.
* 126 Les langues
vernaculaires en RCA sont regroupées en deux grands ensembles : les
dialectes adamoua-oubangiens du groupe nigéro-congolais et les dialectes
soudanais centraux du groupe nilo-sahharien.
* 127 Cf. Patrick GOURDIN,
« République Centrafricaine, géopolitique d'un pays
oublié », consulté le 25/07/2016 sur
www.diploweb.com.
* 128 Cf. Ernest RENAN,
Qu'est-ce qu'une nation ?,Paris, Editions Mille et une nuits,
1997, p. 15.
* 129 François
THUAL, Les conflits identitaires, Paris, Ellipse, 1995, p. 156.
* 130 Cf. Jean-Marie
BALENCIE, Arnaud de LA GRANGE (dir.), Mondes rebelles. Guérillas,
milices, groupes terroristes, Paris, Editions Michalon, 2001, 1677p.
* 131 Cf. René
LEMARCHAND, « Quelles indépendances ? »,
Pouvoir, numéro 25, Paris, PUF, 1983, pp. 131-147.
* 132 Achille MBEMBE,
De La postcolonie, Paris, Editions Karthala, 2000, pp. 41-93.
* 133 Bernard LUGAN
cité par Justin KONE KATINAN, Cote d'Ivoire. L'audace de la
rupture, L'Harmattan, Collections Afrique liberté, 2013, p. 45.
* 134 Jean-François
BAYART, L'Etat en Afrique, Paris, Bayard, 1989, 439p.
* 135 Cf.
Jean-François MEDARD, « La spécificité des
pouvoirs africains », Pouvoir, numéro 25, Paris, PUF,
1983, pp. 15-21.
* 136Cette présence
trouve tout son sens dans les visées géopolitiques et
géostratégiques initiées par le Général
Charles DE GAULLE. Il avait fait le pari de continuer de faire de la France une
puissance malgré ses faiblesses. Sa stratégie repose sur deux
volets. Il s'agit de placer les anciennes colonies au service de la
défense, du développement et du rayonnement international de la
France. Il s'agit aussi de faire jouer à la France le rôle
d'avocat des plus faibles dans les affaires du monde. Cette politique est
nécessaire pour engranger la sympathie de l'opinion internationale. Elle
est aussi indispensable dans la lutte inégale qui l'oppose aux autres
grandes puissances.Ces deux raisons ont été retenu parce qu'elles
entrent directement dans le cadre de notre travail. Sinon, il est important de
souligner que la pensée géopolitique gaullienne ne s'articule pas
seulement sur ces deux éléments. Il faut également compter
la dissuasion nucléaire et la construction de l'Europe comme marche pied
vers la reconquête d'une place de grande puissance.
* 137 Cf. Pierre PEAN,
Affaires africaines, Paris, Fayard, 1983, pp. 230-231.
* 138 Lire à cet
effet « Centrafrique : la lettre de CHIRAC à
PATASSE », Jeune Afrique du 12 au 18 mars 1997, p. 17.
* 139 François
BOZIZE rompt le partenariat à hauteur de 28 millions d'euros
signé avec Areva en 2008. En outre, il signe des accords militaires avec
l'Afrique du Sud. L'Elysée y voit un affront impardonnable.
* 140 En effet, le 10
septembre 2009, François BOZIZE en visite en Chine signe un contrat avec
la société chinoise China Petroleum Corporation (CNPC) pour
l'exploitation de la réserve pétrolière de Boromata dans
le Nord-est du pays.
* 141 Guy MVELLE, op.
cit., p. 11.
* 142 Jean-François
BAYART, L'Afrique désenchantée, «C'était
MITTERAND», Le Nouvel Observateur, mai 1995, p. 109.
* 143 Cf. Rose NDO'O,
« La RCA, la rébellion et le pouvoir : un
« remake » de la valse meurtrière de
l'autodestruction », Enjeux numéro 49, juin 2013, p.
54.
* 144 Jean Lucien EWANGUE,
Enjeux géopolitique en Afrique Centrale, Paris, L'Harmattan,
2009, p. 10.
* 145 Avant de prendre le
pouvoir, François BOZIZE formait ses troupes au Tchad où elles
étaient entrainées et renforcées par les Tchadiens. Le
Président Idriss DEBY a participé activement à la prise du
pouvoir de mars 2003. Les forces rebelles comprenaient une centaine de soldats
tchadiens.
* 146Baba LADDE crée
le FPR en 1998. Il s'agit d'un mouvement tchadien opposé à Idriss
Deby. Ce dernier réclame la sauvegarde des intérêts des
éleveurs peulhs tchadiens. Fuyant les offensives des forces
armées tchadiennes, le mouvement s'implante en RCA et se fixe pour
objectif la création d'un Etat Peulh. Ceci passe par la destitution des
régimes centrafricains et tchadiens. Le FPR a commis de nombreuses
exactions dans les régions de l'Ouala, Nana-Grébizi et l'Oulam.
Face aux offensives conjuguées de la RCA et du Tchad, son leader
retourne au Tchad avec certains de ses combattants en 2012. Une autre partie
rallie les rangs de la Séléka. Le reste se forme en milices
indépendantes.
* 147AdoumYacoub
crée leFUC en décembre 2005. C'est un mouvement rebelle tchadien
qui s'installe dans le Nord-est de la RCA courant 2006. Cette
délocalisation fait suite aux défaites enregistrées face
aux forces gouvernementales tchadiennes.
* 148C'est le cas de
l'armée de libération du peuple soudanais est un groupe
créé au Soudan en 1983 par John GARANG. Ce mouvement
chrétien et animiste du Sud du pays s'oppose au pouvoir arabe et
musulman du Nord. Face aux défaites que le mouvement essuie pendant la
seconde guerre civile qui ébranle le pays, certains de ses combattants
fuient vers la RCA et s'installent dans le Nord-est.
* 149 La LRA est un mouvement
rebelle créé en 1987 par Joseph KONY qui s'insurge contre le
pouvoir de Kampala.
* 150 Marc Antoine PEROUSE
DE MONTCLOS, L'aide humanitaire, aide à la guerre ?,
Bruxelles, Editions Complexe, 2001, pp. 122-123.
* 151 Stephen SMITH,
Négrologie, Paris, Calmann-Lévy, 2003, pp. 139-140.
* 152 Roland POURTIER,
op. cit., p. 93.
* 153 Hans De Marie
HEUNGOUP, « Entreprenariat d'insécurité, réseaux
de contrebande et dynamiques transfrontalières en Afrique
Centrale », Enjeux, numéro 49, juin 2013, pp.
38-40.
* 154 Cf. Issa SAIBOU,
« Les mutations polémologiques du banditisme en Afrique
Centrale, Enjeux, numéro 33, octobre-décembre 2007, pp.
10-15.
* 155 Hans De Marie
HEUNGOUP, op. cit., pp. 38-40.
* 156 Selon la Convention
de Genève de 1951, un refugié est une personne qui,
« craignant avec raison d'être persécutée du fait
de sa race, de sa religion, de sa nation, de son appartenance à un
certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays
dont elle a la nationalité et qui ne peut ou du fait de cette crainte,
ne veut se réclamer de la protection de ce pays ».
* 157 Rémy LEVAU
cité par Didier BIGO, « Les conflits bipolaires :
dynamiques et caractéristiques », Cultures et conflits
(En ligne), 08/Hiver 1992, mis en ligne le 07 janvier 2003,
consulté le 31 mai 2016. URL : http:conflits.revues.org/517.
* 158 Cf. Serge MEYE,
«La coopération policière en Afrique Centrale : point
de la situation », Enjeux, numéro 50, janvier 2015,
p. 29.
* 159 Eric Mathias OWONA
NGUINI, « L'Afrique Centrale sous le prisme des intérêts
étrangers : vue politique, stratégique, diplomatique,
géopolitique et géoéconomique »,
Enjeux, numéro 42, janvier-mars 2010, p. 8.
* 160 Cf.
Jean-François BAYART etAchille MBEMBE cité par Luc SINDJOUN,
Sociologie des relations internationales africaines, Paris, Karthala,
2002, p. 95.
* 161 Cf.Bertrand
BADIE et Marie-Claude SMOUTHS, Le retournement du monde, Paris,
Presses de Sciences Po, 1992, pp. 69-110.
* 162 Cf. Claude ABE,
« Les cartographies du trafic d'enfants en Afrique Centrale :
territorialisation de la criminalité et intégration
régionale », Enjeux, numéro 49, juin 2013, pp.
9-11.
* 163 Jérôme
NJEGWEHA, « Les activités réticulaires de contrebande
et de trafic de médicaments en Afrique Centrale : socioanalyse de
pratiques génératrices de l'insécurité
humaine », Enjeux, numéro 49, juin 2013, p. 21.
* 164 La Charte des Nations
Unies comporte un Préambule, 19 chapitres et 111 articles, ainsi qu'une
note préliminaire sur les amendements ultérieurs.
* 165 Art. 41.
* 166Idem.
* 167 Art. 42
* 168Idem.
* 169 Art. 43
* 170 Idem.
* 171 Le CPS comprend
quinze membres dont dix membres sont élus pour un mandat de deux ans; et
cinq pour un mandat de trois ans. Ces membres élus le sont par rotation
sur la base d'une représentation régionale. En plus de ces deux
considérations, l'Etat membre postulant doit remplir un certain nombre
de critère parmi lesquels une expérience dans le domaine des
opérations d'appui à la paix et le respect de la gouvernance
constitutionnelle, conformément à la Déclaration de
Lomé, de l'Etat de droit et les droits de l'Homme.
* 172 C'est l'article 24 S1
de la Charte des Nations Unies qui consacre la compétence des Nations
Unies dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité
internationale.
* 173 Dans son article
intitulé «l'ONU et les opérations de maintien et de
rétablissement de la paix», paru dans le dossier de Politique
étrangère; 3è trimestre 1993 de l'Institut Français
des Relations Internationales, Maurice FLORY analyse les controverses
soulevées par le dépassement de l'ONU.
* 174 L'article 3j. de
l'Acte constitutif: L'Union a pour objectif de promouvoir la paix, la
sécurité et la stabilité sur le continent.
* 175 L'article 4g
définit le principe de non-ingérence d'un Etat membre dans les
affaires intérieures d'un autre Etat membre. Cependant, les Etats
membres ont le droit de solliciter l'intervention de l'Union pour restaurer la
paix et la sécurité (art. 4j), ce qui fragilise un peu sa mission
parce que lorsqu'un Etat ne sollicite pas l'intervention de l'Union, il est
fort possible qu'elle reste inactive.
* 176 L'article 4h
prévoit un droit d'ingérence de l'UA dans des circonstances
graves qui portent une entorse directe aux Droits de l'Homme.
* 177 Cf. le
préambule de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
* 178 La CEEAC a
été créé le 18 octobre 1983 par les Etats membres
de l'UDEAC et les Etats membres de la CEPGL (RDC, Congo Brazzaville, Burundi,
Rwanda), ainsi que Sao Tome et Principe. L'Angola y adhère le 6
février 1998.
* 179 James MOUANGE KOBILA,
Cours de droit institutionnel de la CEMAC non publié,
1ère année de doctorat, FSJP, Universités de
Douala et de Dschang 2006-2007, p.5.
* 180 Les dispositions de
ce Protocole ont été précisées dans le cadre du
mémorandum entre l'UA et les Commissions régionales et
harmonisées avec les instruments juridiques de l'UA.
* 181 Luc SINDJOUN,
Sociologie Des relations internationales africaines, Paris, Karthala,
2002, p. 141.
* 182 Mark AMSTUTZ,
cité par Yves Alexandre CHOUALA, « Puissance,
résolution des conflits et sécurité collective à
l'ère de l'Union Africaine, Théorie et pratique »,
Bordeaux, CEAN, 2006, p. 292.
* 183
DavidCHARLES-PHILIPPE, La Guerre et la paix. Approches contemporaines de la
sécurité et de la stratégie, Paris, Presses de
Sciences Po, 2000, pp. 157-158.
* 184 Rapport Brahimi,
op. cit., p. 25.
* 185 Luc SINDJOUN, Le
gouvernement de transition. Eléments pour une théorie
politico-constitutionnelle des Etats en crise ou en reconstruction,
Mélanges MILACIC, Bruxelles, Bruylant, 2007, 256p.
* 186 Cf.
« Rapport RCA : le DDR sans GPS », mission
indépendante d'évaluation du programme de réinsertion des
ex-combattants et d'appui aux communautés en République
Centrafricaine, commissionné par le Programme multi-pays de
démobilisation et de réintégration (MDRP), décembre
2007.
* 187 Cf. l'affaire
togolaise et la crise de compétence entre le Président de la
Commission et OBASANJO alors Président de la Conférence, Alain
FOGUE TEDOM, «L'Union Africaine au défi titanesque de la
prévention, du règlement et de la gestion des conflits»,
Juridis Périodique numéro 75, Revue de droit et de
science politique, 2008, p. 85.
* 188Le fait que certains
pays appartiennent à la fois à la CEMAC, à la CEEAC et
à l'UA pèse sur leurs portefeuilles respectifs.
* 189 Les Etats-Unis et
l'Union Européenne sont les principaux bailleurs de fonds de l'Union
Africaine. Pour le déploiement de sa première mission de paix au
Burundi en 2003, l'UA a dépensé 6,239 millions de dollars dont
1,950 provenaient de ses Etats membres et le reste de ses partenaires
étrangers.
* 190 Alain FOGUE TEDOM,
« RCA. Crises et guerres civiles. Essai encore non concluant pour
l'Architecture Africaine de Paix et de Sécurité (AAPS) de l'Union
Africaine (UA) »,
www.diploweb.com, 22
février 2015.
* 191 Cf.
« Centrafrique : La MISCA prend officiellement le relais de la
FOMAC », Jeune Afrique, 19 décembre 2013.
* 192Rapport BRAHIMI, ONU,
New-York, 21 aoùt 2000, p. 25.
* 193 Pascal VENESSON,
« Bombarder pour convaincre ! Puissance aérienne,
rationalité limitée et diplomatie coercitive au
Kossovo », Cultures de conflits, numéro 37, 2000.
* 194 Filip REYNTJENS,
« La deuxième guerre du Congo: plus qu'une
réédition », L'Afrique des grands lacs,
Annuaire 1998-1999, Paris, L'Harmattan, 1999, p. 282.
* 195 Larousse 2003, p.
216.
* 196 Patrick QUANTIN
cité par BALINGENE KAHOMBO, Le règlement pacifique du conflit
en RDC : étude pour une paix durable dans la Région des
Grands Lacs, Licence en Droit Public, Université de Goma, 2005.
* 197 Jean-Claude MASCLET,
Le Droit des élections politiques, Paris, PUF, Collection que
sais-je ?, 1992, p. 9.
* 198 Le processus de
démocratisation avait été imposé aux dirigeants
centrafricains foncièrement dépendants de l'aide
extérieure.
* 199 Lors de ces
élections, l'opposition avait eu 55 sièges contre 54 pour
Ange-Félix PATASSE. Mais bizarrement, un député de
l'opposition donne sa voix au camp du Président contre toute attente lui
permettant d'avoir la majorité.
* 200 Norbert ELIAS, Eric
DURMING, Sport Et civilisation. La violence maitrisée,
Paris, Fayard, 1994, 392p; Norbert ELIAS, La civilisation des moeurs,
Paris, Calmann-Lévy, 1973, 345p.
* 201 Maurice HAURIOU,
Théorie De l'institution. Revue droit et société,
numéro 30-31, 1995.
* 202 Alain DUBRESSON et
Jean-Pierre RAISON, L'Afrique subsaharienne : une géographie du
changement, Paris, Armand Colin, 1998, p. 32-37.
* 203 Cf. Dieudonné
MOZOUALA, « Fragilité de l'Etat et sous-développement
en Centrafrique », Enjeux,numéro 38, Mars 2008, p.
77.
* 204 Cf.
François-Xavier VERSCHAVE, Complicité de
génocide ?, Paris, La découverte, 1994, pp. 52-53,
Dossiers noirs de la politique africaine de la France, numéro 1 à
5, pp. 314-315
* 205 Pour en savoir plus
sur les réformes sociales en RCA, consulter l'exposé du
gouvernement de la République Centrafricaine lors de la Troisième
Conférence des Nations Unies sur les Pays les Moins Avancés,
Bruxelles, 14-20 mai 2001, 85p.
* 206 Le PRES est un plan
biennal de redressement économique et social qui fait suite au
désordre socio-économique survenu en 1979. Le plan fut mis sur
pied avec la participation de la France et dont l'objectif était la
remise en ordre et la relance de l'économie centrafricaine. Mais,
réalisé à seulement 63% et à 71% par
l'extérieur, ses résultats furent mitigés.
* 207 A partir de 1986, les
autorités centrafricaines ont élaboré ce programme,
appuyé par les institutions de BrettonWoods afin de réduire les
dépenses publiques de l'Etat centrafricain. Trois PAS avaient
été élaborés et mis en oeuvre : le premier
à partir de 1986 pour assainir les bases de l'économie, le
deuxième à partir de 1988 pour rétablir une croissance
durable et le troisième en 1990 mais qui a vu son interruption à
cause des mouvements de revendication démocratique qui avaient eu des
effets défavorables sur les recettes de l'Etat.
* 208 IDEA, La
réconciliation après un conflit violent,
idea.int/publications/reconciliation/upload/policy_summary_fr.pdf (site
internet consulté le 22 juin 2016).
* 209 Cf. Rose NDO'O,
« RCA, le dialogue politique inclusif, un de trop ? »,
Enjeux, numéro 38, mars 2008, p. 94-95.
* 210 Cf. Fabien
BOUSSI-BOULAGA, Les Conférences nationales en Afrique Noire :
une affaire à suivre, Paris, Editions Karthala, 1993, 240p.
* 211 Cf.
« République Centrafricaine. Fin de la transition politique
sur fond d'impunité. Quelle réponse apportera la Cour
pénale internationale ?, Rapport Mission Internationale
d'Enquête du FIDH, numéro 410, février 2005, p. 28.
* 212 Marc-Louis ROPIVIA,
L'Afrique Centrale embrasée : pour une géopolitique de
pacification régionale. Prospective pour une culture de la paix,
Paris, L'Harmattan, 2002, 212p.
* 213 VAN MINH TRAN,
Encyclopédie Juridique de l'Afrique, Les nouvelles
éditions africaines, 1982, pp 314-316.
* 214 Discours du
Secrétaire Général de l'ONU à l'Assemblée
des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'UA, Maputo, Mozambique, 10 Juillet
2003
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