ANNEXE 7 : PORTRAITS ET PAROLES46
Les habitants du Pech ?Suzanne
DEPAS
Dans les années soixante, âgée d'une
vingtaine d'années, elle fut l'une des dernières habitantes du
Pech pendant environ un an et demi ; avec son mari, son fils de deux ans et sa
fille, née durant cette période. Malgré des conditions de
logement très rudimentaires, l'amour qui l'unissait à son mari et
la tranquillité des lieux lui ont fait garder de très bons
souvenirs de cette période et de ce lieu qu'elle appelle « son
petit paradis ».
« J'allais aux asperges, aux champignons, je
ramassais des oeillets sauvages...après y'avait des amandes, à
l'époque y'avait de tout...On ramassait aussi des poireaux sauvages pour
faire la soupe...on avait rien, on n'avait pas un sou ! Après mon mari a
trouvé du travail, on a pu commencer à s'acheter ce qu'il fallait
pour manger... »
« Je m'y plaisais beaucoup, je l'appelais `mon petit
paradis' [...] De là-haut, j'ai vu construire le nouveau pont en 1962
[...] ce qui me plaisait c'était le calme, c'était la ville en
dessous, on pouvait tout regarder...la tranquillité surtout...moi j'aime
être tranquille ».
?Monsieur BARONA :
D'origine espagnole, il est probablement le dernier à
avoir cultivé des terrasses aux Bentenaous, jusque dans les
années soixante.
Ce monsieur, qui était puisatier, vivait avec sa femme
dans la maison, aujourd'hui en ruines, située en contrebas du chemin
plat menant au site de terrasses. Il avait des lapins, des poules, un âne
et deux mulets. « Il faisait un peu de tout » pour sa consommation
personnelle.
« Quand il y avait Barona, il entretenait la maison
qui est démolie, il entretenait sous l'orry, une baraque basse. Il avait
des lapins...il était puisatier...c'est-à-dire qu'il cherchait
des points d'eau pour faire des puits. Il en aurait trouvé un plus bas,
là ou il y a la baraque au drapeau...(M.Alozy)
« Mme Baronna c'était une dame petite assez
costaud et son mari c'était un grand maigre. Il descendait à Foix
sur son âne et il remontait sur l'âne...et elle, la bonne femme,
elle tirait l'âne parce qu'il voulait pas qu'elle monte dessus...alors
elle s'arrêtait à la maison pour boire un petit coup d'eau ou de
café, elle disait `il faut que je monte sur cet âne je vais pas
monter là-haut à pied moi j'en peu plus'...alors elle prenait un
rocher, un peu haut, elle montait dessus et puis elle voulait monter sur
l'âne et quand elle allait mettre la jambe, l'âne il
avançait ! » (Mme Depas)
46 Tels qu'ils ont été livrés
au bureau d'étude et présentés lors de la réunion
du « groupe-projet » du 28 juillet 2011
109
? Albert PIQUEMAL
Il est né sur le Pech en 1928, à la ferme du
Pech de Naut (Pech d'en haut) que ses parents avaient acheté en 1920 et
qu'ils ont habité jusqu'en 1938. Il a donc vécu là
jusqu'à l'âge de 10 ans et se souvient de la vie de la ferme.
Il y avait une dizaine de vaches, une trentaine de moutons et
quelques cochons. Les agneaux et les veaux, après avoir
été engraissés, étaient vendus sur le marché
à Foix. Sa mère transformait le surplus de lait en beurre et le
petit lait était donné aux cochons. La volaille et les lapins
étaient aussi vendus sur le marché.
Ils cultivaient un jardin potager et des
céréales : blé, avoine, seigle. Une fois
récolté et dépité, son père descendait le
blé à dos d'âne jusqu'au pont de l'Arget, chez le meunier,
pour le faire moudre. Avec la farine, sa mère fabriquait du pain.
Le cochon, c'était pour la consommation familiale,
lorsqu'on le tuait, il y avait une grande fête avec les amis qui
étaient venus donner un coup de main. La semaine, pour être plus
près de l'école, il dormait chez sa tante à Flassa.
À partir de 1938, la famille Piquemal est descendue du Pech pour
s'installer dans une ferme plus bas mais tout en continuant à utiliser
les terres du haut. Puis, en 1955, la ferme sera vendue.
Ceux qui fréquentent(ou ont
fréquenté) le Pech
Gérard ALOZY :
Artisan peintre à la retraire, il fréquente le
Pech depuis ses plus jeunes années pour se promener, pour explorer, pour
admirer la vue qu'il y a depuis là-haut et profiter de la
tranquillité des lieux.
Vers l'âge de quatorze ans, avec ses copains,
c'était le terrain de jeux et d'exploration mais toujours en
évitant de passer trop près de la maison où vivait un
monsieur avec une jambe de bois et son chien blanc, car il leur faisait
peur.
Plus tard, c'est à la recherche de grottes ou autres
cavités qu'il parcourt les lieux.
La photographie, autre de ses passe-temps, l'amène
à prendre quantité de photos, principalement des fleurs, sur le
Pech et ailleurs.
Autre but de ses escapades : la cueillette des asperges, au
printemps, lorsque les jeunes pousses sortent de terre.
« Cet endroit là j'y vais pour les asperges,
sur les terrasses il y en a plein...c'est fin...il faut prendre que le bout et
on les fait en omelette...Après, je vais plus vers le haut du Pech.
»
110
« On voit loin, c'est à deux pas de Foix y'a pas
à prendre la voiture et le paysage est très diversifié sur
le Pech selon le coin où l'on va. »
« J'y allais pour me promener, pour découvrir,
trouver de nouveaux endroits...Je faisais des photos, surtout de fleurs
»
« J'y allais le weekend quand je travaillais, maintenant
je peux y aller quand je veux. »
Henri AILLERES :
Educateur sportif, Henri Aillères a vécu toute sa
jeunesse à proximité du départ du chemin des asperges. Sa
mère y tenait un café jusqu'au début des années
quatre-vingt-dix. Pour les enfants du quartier, le Pech, c'était le
terrain de jeux.
« Aller au Pech, c'était la nature, la
construction de cabanes, la cueillette des asperges...des jeux ayant trait
à la nature...on y était tout le temps. »
Le Pech pouvait aussi être le lieu d'autres cueillettes
:
« Quand on allait chercher des truffes, avec les
voisins, c'était quelque chose d'exceptionnel, j'étais content de
les sentir... »
Lucette FAVERGEON :
Tout comme ses parents, Lucette Favergeon était
marchande de chaussures à proximité du vieux pont. Lorsqu'elle
avait une dizaine d'années elle allait sur le chemin du Pech pour se
promener et ramasser des fleurs, notamment des pervenches. Quand sa mère
l'accompagnait, elles allaient jusqu'au quartier de Flassa « pour faire la
boucle ».
« Parfois, j'y allais avec un livre et je m'asseyais
au bord du chemin pour lire...on y est bien...Mais c'était toujours sous
l'oeil de ma mère qui surveillait depuis le pont...il fallait qu'on nous
voit. »
Paroles diverses :
« Il y avait un manque d'eau sur le Pech. On
utilisait la `Fount de Labat' sur la route du Pech de Naut ou on descendait
chercher l'eau à Foix. Les filles Soula allaient tous les matins vendre
le lait à des particuliers à Foix, puis elles remontaient les
bidons remplis d'eau » (Yves ROUX)
111
« Quand ils faisaient le blé, ils accrochaient un
tissu blanc pour que ceux du Saint-Sauveur viennent dépiquer...il y
avait beaucoup d'entraide à l'époque » (Mme
VAQUIÉ)
« Enfant, je venais cueillir des gentianes puis je les
disposais dans une assiette à soupe pour en faire un coussin et l'offrir
à ma mère. » (Richard DANIS)
« Au printemps, j'allais cueillir des pervenches sur le
chemin des asperges. Par le chemin situé en face de la croix de
Bouychères j'allais cueillir des iris avec ma mère et au bord des
anciennes habitations, des lilas. » ( Annie CAZENAVE)
« Mon oncle Josépou, sur le chemin de
l'école, passait par le Pech, faisait une petite botte d'iris violet
clair et avec il se faisait un peu d'argent pour s'acheter une petite bagatelle
» (Gaston GERAUD)
112
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS 1
INTRODUCTION 6
1ère PARTIE : CONTEXTE DE L'ETUDE REALISEE DANS LE CADRE
DU PROJET
DE MISE EN PLACE DU SENTIER D'INTERPRETATION 9
I. La Fédération Pastorale de l'Ariège 9
A. Type de structure 9
B. Objectifs, territoires d'actions et missions 10
II. Le programme « 1001 terrasses d'Ariège »
12
A .Le système terrasse 12
1. Definition et principes 12
2. Un savoir-faire paysan complexe 13
3. Les terrasses de cultures en Ariège 14
B. Objectifs et actions 17
C. Un projet intégré au programme leader 19
III. Le site de terrasses du Pech de Foix 20
A. Présentation géographique du site 20
B. Une ressource territoriale « multi-patrimoniale »
23
C. Suivi du projet et mode de financement 26
1. Le Comité de pilotage 26
2. Le groupe-projet 27
3. Financement des différentes tranches du projet : 30
D. Travail confie et méthodologie mise en place 31
Conclusion de la première partie 33
2eme PARTIE : RECHERCHES ETHNO-HISTORIQUES : RESULTATS ET
FONCTIONS
34
113
I. Résultats de l'enquête ethno-historique 34
A. Rappel des objectifs et précisions sur la
méthode 34
1. Les recherches aux archives départementales de
l'Ariège 35
2. L'enquête par entretiens 35
3. Les observations de terrain 36
B. Toponymie des noms de lieux 36
C. Habitat, usages et représentations 37
1. A propos des habitants et propriétaires 39
2. Evolution des rapports: d'un espace essentiellement agricole
à un espace de loisirs
42
3. La question de l'eau sur le Pech 44
4. Les cueillettes sur le Pech 45
5. Faits divers et croyances : 48
6. L'abri en pierre sèche construit en encorbellement
50
7. Les terrasses monumentales 50
8. Le Pech: un espace de tranquillité, d'exploration
voire d'apprentissage 52
9. Le Pech comme espace de « relégation »?
54
10. Un espace agricole périurbain 55
11. Le quartier du vieux pont 57
D. Portraits d'habitants du Pech 58
1. Suzanne DEPAS 58
2. Monsieur BARONA : 59
3. Monsieur PIQUEMAL 60
II. Synthèse et préconisations 61
A. Bilan de l'enquête 61
B. Préconisations pour un approfondissement des
recherches 61
III. Apports pour la conception du sentier
d'interprétation 63
A.
114
La notion d'interprétation 63
B. Une perspective ethno-historique 64
C. Portraits et paroles 65
D. Participation à la démarche partagée
65
Conclusion de la deuxième partie 66
3ème PARTIE: PISTES DE VALORISATION DU SITE ET MODALITES
DE SUIVI PAR
LE GROUPE PROJET UNE FOIS LE SENTIER EN PLACE 67
I. Enjeux, objectifs, méthodologie et limites de cette
partie 67
A. Les enjeux d'une dynamisation du site 67
B. Objectifs et méthodologie 68
C. Les limites 69
II. Autres sites de terrasses : Actions mises en oeuvre,
modalités de gestion 69
A. Les terrasses de la carolle à Auzat 70
B. Le Mas d'Azil : site de Souribet 70
C. Camon : les cabanes en pierres sèches 71
III. Quels projets pour le site de Foix ? 73
A. Synthèse des potentiels du site de Foix 73
B. Domaines d'actions possibles et exemples de projets 74
1. Tourisme et randonnée 75
2. Les projets agricoles 76
3. Valorisations pédagogiques 78
4. Projets artistiques 79
5. Projets scientifiques 80
6. Projets événementiels 80
C. Possibilités de financements 81
IV. Modalités de pilotage et de développement
d'activités sur les terrasses du Pech de Foix
81
A. Les réunions du groupe-projet, les besoins
identifiés 81
B.
115
Les actions à mettre en oeuvre par le groupe-projet
pour avancer dans le
développement d'activités sur le site 83
C. Mise en réseau avec le collectif 1001 terrasses
d'Ariège 85
D. Synthèse pour la valorisation du site de terrasses
du Pech de Foix 85
Conclusion de la troisième partie 87
CONCLUSION GENERALE 88
BIBLIOGRAPHIE 90
LISTE DES SIGLES UTILISES 93
ANNEXE 1 : PHOTOS ANCIENNES 94
ANNEXE 2 : PLAN NAPOLEONIEN 95
ANNEXE 3 : PLAN DE FOIX, ATLAS DES VILLES DE FRANCE, G.DE
LLOBET 96
LEGENDE DU PLAN 97
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