Master Mention "Géographie et
aménagement"
Mémoire de Master 2 professionnel
Aménagement et développement
transfrontaliers de la montagne
1
LES TERRASSES DU PECH DE FOIX :
RECHERCHES « ETHNO-HISTORIQUES » POUR LA MISE EN OEUVRE
D'UN SENTIER D'INTERPRETATION ET PERSPECTIVES DE DYNAMISATION DU SITE
Par Elise LABYE
Encadrement universitaire : Corinne EYCHENNE, Jean-Paul
METAILIE et Jacinthe BESSIERE
Maître de stage : François REGNAULT
Septembre 2011
2
REMERCIEMENTS
En premier lieu je souhaite remercier François Regnault
et toute l'équipe de la Fédération Pastorale pour leur
accueil chaleureux et leur accompagnement tout au long de ces quatre mois de
stage. Merci aussi à Camille Provendier et Richard Béziat de
l'Humain Volontaire ainsi qu'à toutes les personnes que j'ai pu
interviewer dans le cadre du stage.
Je remercie aussi mes parents, Christelle, Marc, Maël,
Ludo, Mitra, Claudine, Nicolas et tous ceux que j'oublie pour leur aide et
leurs encouragements.
Un grand merci à toute l'équipe
pédagogique du Master 2 ADTM et à Claudine Loncelle,
secrétaire du département géographie et aménagement
de Foix, qui nous ont accompagnées au cours de cette année de
formation.
Je remercie chaleureusement toutes les filles de la promotion
Noémie, Sylvie, Clémentine, Dominique, Sandrine, Anaïs et
Clémence pour tous les souvenirs que je garderai de cette année
passée ensembles depuis nos nombreux fous rires jusqu'aux moments de
doutes que nous avons pu traverser parfois.
Et enfin, un très grand merci à Corinne
Eychenne, Jacinthe Bessière et Jean-Paul Métailié pour
avoir encadré mon travail de stage et m'avoir conseillé pour la
réalisation de ce mémoire.
3
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS 2
INTRODUCTION 6
1ère PARTIE : CONTEXTE DE L'ETUDE REALISEE DANS LE CADRE
DU PROJET
DE MISE EN PLACE DU SENTIER D'INTERPRETATION 9
I. La Fédération Pastorale de l'Ariège 9
A. Type de structure 9
B. Objectifs, territoires d'actions et missions 10
II. Le programme « 1001 terrasses d'Ariège »
12
A .Le système terrasse 12
B. Objectifs et actions 17
C. Un projet intégré au programme leader 19
III. Le site de terrasses du Pech de Foix 20
A. Présentation géographique du site 20
B. Une ressource territoriale « multi-patrimoniale »
23
C. Suivi du projet et mode de financement 26
D. Travail confié et méthodologie mise en place
31
Conclusion de la première partie 33
2eme PARTIE : RECHERCHES ETHNO-HISTORIQUES : RESULTATS ET
FONCTIONS
34
I. Résultats de l'enquête ethno-historique 34
A. Rappel des objectifs et précisions sur la
méthode 34
B. Toponymie des noms de lieux 36
C. Habitat, usages et représentations 37
D. Portraits d'habitants du Pech 58
II. Synthèse et préconisations 61
A.
4
Bilan de l'enquête 61
B. Préconisations pour un approfondissement des
recherches 61
III. Apports pour la conception du sentier
d'interprétation 63
A. La notion d'interprétation 63
B. Une perspective ethno-historique 64
C. Portraits et paroles 65
D. Participation à la démarche partagée
65
Conclusion de la deuxième partie 66
3ème PARTIE: PISTES DE VALORISATION DU SITE ET MODALITES
DE SUIVI PAR
LE GROUPE PROJET UNE FOIS LE SENTIER EN PLACE 67
I. Enjeux, objectifs, méthodologie et limites de cette
partie 67
A. Les enjeux d'une dynamisation du site 67
B. Objectifs et méthodologie 68
C. Les limites 69
II. Autres sites de terrasses : Actions mises en oeuvre,
modalités de gestion 69
A. Les terrasses de la carolle à Auzat 70
B. Le Mas d'Azil : site de Souribet 70
C. Camon : les cabanes en pierres sèches 71
III. Quels projets pour le site de Foix ? 73
A. Synthèse des potentiels du site de Foix 73
B. Domaines d'actions possibles et exemples de projets 74
C. Possibilités de financements 81
IV. Modalités de pilotage et de développement
d'activités sur les terrasses du Pech de Foix
81
A. Les réunions du groupe-projet, les besoins
identifiés 81
B. Les actions à mettre en oeuvre par le groupe-projet
pour avancer dans le
développement d'activités sur le site 83
C. Mise en réseau avec le collectif 1001 terrasses
d'Ariège 85
5
D. Synthèse pour la valorisation du site de terrasses du
Pech de Foix 85
Conclusion de la troisième partie 87
CONCLUSION GENERALE 88
BIBLIOGRAPHIE 90
LISTE DES SIGLES UTILISES 93
ANNEXE 1 : PHOTOS ANCIENNES 94
ANNEXE 2 : PLAN NAPOLEONIEN 95
ANNEXE 3 : PLAN DE FOIX, ATLAS DES VILLES DE FRANCE, G.DE LLOBET
96
LEGENDE DU PLAN 97 ANNEXE 4 : ARTICLES DE JOURNAUX ANCIENS
CONCERNANT LA
DISPARITION DE JEAN SOULA 98
ANNEXE 5 : TABLEAU RECAPITULATIF DES PERSONNES DU GROUPE-
PROJET INTERVIEWEES 102
ANNEXE 6 : ARTICLES DE PRESSE SUR LES CHANTIERS DE JEUNES 106
ANNEXE 7 : PORTRAITS ET PAROLES 108
TABLE DES MATIERES 112
6
INTRODUCTION
La valorisation des patrimoines naturel et culturel peut
constituer, sous réserve du respect des principes du
développement durable1, un élément majeur pour
la dynamisation et le développement des territoires ruraux. Souvent pris
sous l'angle de l'expression d'un reflexe identitaire de nos
sociétés face aux phénomènes de mondialisation
culturelle et économique, il constitue néanmoins une ressource
territoriale qui peut être utilement mobilisée par les acteurs
locaux oeuvrant dans le domaine du développement local. En effet, la
mobilisation du patrimoine d'un territoire peut avoir des répercussions
dans des domaines bien différents : esthétique paysagère,
construction identitaire d'un territoire et de ses habitants (NEMERY et
THURIOT, 20082), plus-value économique, etc.
La valorisation du patrimoine rural occupe une place de choix
dans les politiques de développement rural, aux côtés
notamment du domaine agricole et de celui des services aux populations. Cette
place se justifie généralement en raison de la plus-value
générée pour le développement d'activités
touristiques. Le tourisme semble à notre époque la panacée
de la revitalisation des territoires ruraux « en perte de vitesse
économique » bien que cette stratégie ne soit pas toujours
la plus adaptée au développement durable d'un
territoire3. La valorisation du patrimoine rural peut avoir un effet
important sur l'attractivité d'un territoire tant dans une perspective
touristique que pour l'accueil de nouveaux habitants. D'autant que la
conjoncture actuelle montre que les effectifs de la population rurale sont
globalement en augmentation, depuis la fin des années 1980, après
avoir été en déclin au cours d'une longue période
d'exode rural qui a débutée au début du
20ème siècle.
Le cas qui nous intéresse ici concerne un site
d'anciennes terrasses de cultures situé dans le département de
l'Ariège. Il avait été quasiment oublié de la
population locale, quand, à l'initiative d'acteurs locaux et grâce
au programme d'action 1001 terrasses d'Ariège, un projet de
réhabilitation a progressivement vu le jour. Sa mobilisation en tant que
ressource territoriale, pourrait avoir des conséquences positives dans
différents domaines à l'échelle locale. Ces
retombées pour le territoire sont toutefois soumises à un certain
nombre de
1 Définition selon le rapport Brundtland sur
le développement et l'environnement réalisé à la
demande des Nations Unies (1987): « "Le développement durable est
un mode de développement qui répond aux besoins du présent
sans compromettre la capacité des générations futures de
répondre aux leurs". Le développement durable a pour objectif la
recherche, dans toute action de développement, d'un équilibre
prenant en compte entre les sphères sociale, économique et
environnementale.
2 « La construction des identités
passe notamment par la mobilisation des ressources et des
richesses-identifiées alors comme patrimoine-présentes sur un
territoire »p.7
3 Idée développée notamment
par Pierre Torrente, cours de M2 Aménagement et développement
transfrontaliers de la montagne.
7
paramètres pour pouvoir se déployer largement.
L'un de ces paramètres est une réelle appropriation du projet par
les acteurs locaux privés et institutionnels, les seuls à
même de faire vivre le site dans le temps.
Le mode de valorisation choisi est la mise en place d'un
sentier d'interprétation avec un accès libre du public. Il sera
intégré au Plan départemental des itinéraires de
promenade et de randonnée4. Un bureau d'étude, «
l'Humain Volontaire », a été choisi pour élaborer le
contenu des dispositifs qui seront mis en place le long du sentier et pour
mener une démarche participative en animant un « groupe-projet
» réunissant des acteurs locaux, aux côtés de la
Fédération Pastorale de l'Ariège. Ce groupe se
réunit régulièrement autour de divers sujets ayant trait
à l'avancée du projet.
Des acteurs locaux souhaitent aujourd'hui protéger et
réhabiliter cet espace, qui constitue un témoin de l'histoire
agraire locale, afin d'en éviter la disparition, mais aussi pour montrer
qu'il recèle des potentialités actuelles et modernes pouvant
être mobilisées pour l'avenir du territoire. Mais la
capacité de valoriser cet espace pour un bénéfice durable
des populations locales dépend de la façon dont il sera
géré sur le long terme. Sinon, ce site risque de devenir un
espace musée figé et de retomber dans une certaine
indifférence faute de susciter et d'y mener des actions pour
développer d'autres fonctionnalités ancrées dans le
présent.
Quels peuvent être, de nos jours, les enjeux de la
valorisation du patrimoine rural pour un territoire tel que l'Ariège ?
En quoi la collecte d'informations sur les usages passées et actuels du
site peut être mobilisée dans la mise en oeuvre d'une
démarche de projet participative ? Quelles sont les pistes de
valorisation possibles de ce site lorsqu'il sera doté d'un sentier
d'interprétation ?
Autant de questions auxquelles nous tenterons de
répondre dans ce mémoire qui a été
rédigé à l'issue d'un stage professionnel qui s'est
déroulé sur une durée de quatre mois à la
Fédération Pastorale de l'Ariège. Il doit rendre compte de
la complémentarité de cette mise en situation professionnelle
avec la formation universitaire grâce, notamment, à une mise en
perspective théorique du sujet de la mission confiée au cours du
stage.
4 Le PDIPR recense, dans chaque département, des
itinéraires ouverts à la randonnée pédestre, et
éventuellement équestre. Il revient à chaque Conseil
Général d'établir un PDIPR en application de l'article
L361-1 du Code de l'Environnement. Cette compétence est issue d'une loi
de décentralisation de 1983.
8
La première partie de ce document présentera le
contexte de l'étude et le projet des terrasses du Pech de Foix. Les
résultats de l'enquête ethnohistorique, leurs limites et les
modalités de leur intégration dans l'étude pour la mise en
place du sentier d'interprétation réalisée seront
développés dans la deuxième partie. Enfin, la
dernière partie sera consacrée à la synthèse des
potentialités, à l'identification de pistes de valorisation et
à leurs possibilités de suivi par les acteurs locaux une fois que
le sentier sera mis en place.
1ERE PARTIE : CONTEXTE DE L'ETUDE
REALISEE DANS LE CADRE DU PROJET DE
MISE EN PLACE DU SENTIER
D'INTERPRETATION
|
9
Cette première partie a pour but de positionner
l'étude menée au cours du stage professionnel dans son contexte
à la fois géographique et institutionnel. Dans un premier temps,
nous présenterons la Fédération Pastorale de
l'Ariège et son programme « 1001 terrasses d'Ariège »
dont nous préciserons les objectifs et missions. C'est dans le cadre de
ce programme que s'insère le projet de valorisation du site des
terrasses du Pech de Foix, objet central de notre propos, et dont une
première présentation sera faite dans cette partie. Ensuite sa
situation géographique, les caractéristiques de sa dimension
patrimoniale et le mode de suivi du projet seront précisés.
Enfin, nous aborderons plus concrètement le contenu de la mission
à remplir dans le cadre du stage.
I. LA FEDERATION PASTORALE DE L'ARIEGE
|
A. TYPE DE STRUCTURE
La Fédération Pastorale de l'Ariège (FPA)
a été crée en 1988 à l'initiative des
éleveurs, des élus de la montagne et du Conseil
Général de l'Ariège. Il s'agit d'une association loi 1901
qui a pour vocation « la mise en oeuvre de la politique pastorale du
département de l'Ariège »5 qui est un territoire à la
fois très rural et montagnard. Les membres du conseil d'administration
de la FPA sont issus des principaux groupes d'acteurs du milieu agro-pastoral
à la fois privés et publics (Conseil Général,
Association des maires, Chambre d' Agriculture, Office National des
Forêts, Direction Départemental des Territoires et les
représentants des éleveurs, des propriétaires fonciers et
des pâtres de haute-montagne). Cette
5 Extrait de la plaquette de présentation de la
Fédération Pastorale de l'Ariège.
10
structuration rapproche la FPA à la fois du statut de
structure professionnelle agricole et celui de fédération
d'économie montagnarde.
B. OBJECTIFS, TERRITOIRES D'ACTIONS ET MISSIONS
Elle met en place une animation pastorale menée par une
équipe d'ingénieurs et de techniciens spécialisés
dans différents domaines (foncier, estives et transhumance, patrimoine,
environnement, système d'information géographique, etc.)
Profondément ancrée dans le système montagnard, elle
intervient auprès des acteurs locaux sur trois types de territoires qui
diffèrent selon l'étagement montagnard. L'organisation et la
gestion à mettre en oeuvre pour structurer les territoires d'estive, de
zones intermédiaires et de fonds de vallées.
Figure 1: schéma de l'étagement montagnard
relatif aux usages pastoraux (Source: fédération pastorale de
l'Ariège)
Elle fut pionnière en France dans la structuration de
l'activité pastorale et la gestion des grands espaces pastoraux
grâce à l'utilisation des outils que sont les associations
foncières
11
pastorales(AFP)6 et les groupements
pastoraux(GP)7. Ils sont issus des lois pastorales de 1972 qui ont
permis de poser les bases d'une politique en faveur de l'Agriculture de
montagne. Le but était alors de rénover l'économie
pastorale traditionnelle en donnant un cadre légal aux pratiques
collectives d'utilisation des pâturages (EYCHENNE, 2003).
L'action de la FPA s'inscrit dans une logique de
développement territorial. La lutte contre la déprise agricole et
la dynamisation des villages sont des objectifs transversaux à toutes
les actions de la FPA. Et bien que la FPA agisse principalement dans le domaine
du pastoralisme, le caractère transversal de cette activité et
ses interrelations avec différents domaines la place au coeur des enjeux
actuels relatifs aux territoires de montagne.
« Le pastoralisme occupe une place particulière
dans le Massif des Pyrénées. Système d'exploitation
agricole constitutif de l'identité culturelle du massif, il doit
être considéré au travers de sa fonction globale et de
l'ensemble de ses composantes qui touchent aux domaines de l'économie,
du social, du patrimoine, de l'environnement, de l'aménagement des
territoires, des paysages, du tourisme,... » (Extrait du schéma
pastoral départemental 2008-2013, Fédération Pastorale de
l'Ariège)
Dans l'esprit d'une démarche de développement
territorial global, certaines actions de la fédération pastorale
se sont tournées vers la valorisation du patrimoine pastoral et rural.
C'est dans les années 1990 que des opérations de restauration ont
débutés grâce au Fond de Gestion de l'Espace Rural
(lavoirs, chemins, murets, paysages bocagers, etc.) mis en place par le Conseil
Général de l'Ariège. En 2000 débute le programme
1001 terrasses d'Ariège dans le cadre duquel s'inscrit le projet de
valorisation des terrasses de Foix, son contenu sera développé
plus loin. L'un des enjeux de la valorisation du petit patrimoine est de
répondre aux attentes des propriétaires fonciers qui se sont
engagées dans des démarches collectives telles que les AFP
(Association Foncière Pastorale).
6 Cet outil permet de mettre en
place une gestion d'espaces situés généralement en fond de
vallées et en zone intermédiaire. Ces zones sont le plus souvent
constituées de multiples parcelles appartenant à de nombreux
propriétaires. « Une Association Foncière Pastorale est une
association syndicale libre ou autorisée, constituée entre des
propriétaires de terres pastorales et de terrains boisés en zone
de montagne ou défavorisée. Sa création a pour objectif de
regrouper les terrains privés ou publics en vue d'améliorer les
conditions d'exploitation, d'aménagement et d'entretien des fonds
regroupés dans le cadre d'une gestion collective de ces biens ».
(Document de présentation édité par le conseil
général de l'Ariège intitulé : «
l'Aménagement Foncier en Ariège : une compétence
transférée »)
7 Un groupement pastoral rassemble des
éleveurs transhumants afin de mettre en place la gestion collective
d'une zone d'estive (pâturages de haute-montagne où les troupeaux
de plusieurs éleveurs sont rassemblés en été) On
peut par exemple : embaucher un berger, programmer des travaux
d'amélioration des infrastructures de l'estive (cabane, parcs de
contention, héliportage de matériel, etc.)
12
En fonction des projets, la FPA est soutenue
financièrement par le Conseil Général de l'Ariège,
le Conseil Régional de Midi Pyrénées, l'Etat et la
Communauté Européenne à travers différents
programmes de développement.
LES MISSIONS DE LA FPA
? Organisation des acteurs du pastoralisme
ariègeois : encourager
l'organisation de la propriété foncière
par la création d'AFP. Inciter à l'organisation des
éleveurs en GP (groupements pastoraux) pour maintenir une approche
collective de la gestion des espaces. Assurer l'animation de ces structures par
leur accompagnement technique et leur suivi administratif.
? Aménagement des territoires :
accompagner le développement des territoires pastoraux
par la mise en oeuvre de travaux d'amélioration pastorale (cabanes,
parcs de contention, points d'eau, débroussaillement, etc.). Les AFP et
les GP peuvent bénéficier d'aides publiques pour la
réalisation de ces travaux. La FPA propose chaque année une
programmation de ces travaux aux partenaires financiers (Conseil
Général, Conseil Régional, Etat, Europe).
? Gestion raisonnée de l'espace :
réalisation d'expertises techniques. Aide à la
gestion raisonnée de l'espace et des ressources fourragères
(diagnostics pastoraux, plans de gestion, suivis de végétation,
mise en place de contrat de gestion de l'espace.
? Valorisation du patrimoine naturel et bâti
: prise en compte de la valeur environnementale des surfaces
pastorales et des milieux pour une gestion plus respectueuse du patrimoine
naturel. Valorisation du patrimoine bâti montagnard en relation avec
l'activité pastorale (programme 1001 terrasses d'Ariège,
inventaire de cabanes et de granges, etc.)
II. LE PROGRAMME « 1001 TERRASSES D'ARIEGE
»
|
Pour pouvoir mieux comprendre ses enjeux nous allons dans un
premier point préciser en quoi consiste un espace organisé en
terrasses à la fois dans sa dimension mondiale et locale avant de
rentrer plus précisément dans le contenu et les modalités
de mise en oeuvre de ce programme d'actions.
A .LE SYSTEME TERRASSE
1. Definition et principes
En maints endroits du monde depuis l'Amérique latine
jusqu'aux confins de l'Asie en passant par le Moyen-Orient et l'Europe on
trouve des terroirs aménagés en terrasses résultant
13
de la mise en oeuvre des mêmes principes. Ce sont «
des nécessités communes » qui ont amené dans bien des
régions de la planète, « des réponses proches ».
Il s'agit de construire des ouvrages de soutènement, le plus souvent en
pierre, afin de réduire, d'annuler, voire d'inverser la pente naturelle
des terrains, avec pour objectifs essentiels de les cultiver. Cela permet aussi
de valoriser les matériaux issus de l'épierrement (FRAPA,
1996).
« Une terrasse est une bande de terre horizontale ou de
très faible pente soutenue par des murs ou des talus qui ont
été créés pour stabiliser le sol et permettre ou
faciliter l'exploitation agricole. » (PIOL, 2001 p.17, à partir des
définitions des Chambres d'Agricultures de la Région
Languedoc-Roussillon).
2. Un savoir-faire paysan complexe
De ces aménagements d'espaces naturels résultent
des paysages en escaliers qui sont qualifiés de culturels voire
même d'artificiels car ils résultent du travail de l'homme sur le
milieu et sont bien souvent construits de toutes pièces.
L'aménagement de la pente est extrême. Sur un espace comme le Pech
de Foix, massif calcaire subissant des influences
méditerranéennes, la technique est la suivante : la terre est
enlevée, souvent jusqu'à la roche mère, puis un mur est
bâti. On tapisse le fond de la terrasse avec de grosses pierres pour un
meilleur drainage et enfin on remplit à nouveau avec la terre
enlevée à laquelle s'ajoute un apport extérieur de terre.
Combler ainsi la profondeur créée génère un sol
plus propice à l'accueil de cultures8. Ces techniques
diffèrent selon le climat, la nature du sol et le type de cultures que
l'on souhaite mettre en place (cultures sèches, irriguées ou
inondées). Mais il s'agit toujours d'un savoir-faire paysan plus
complexe qu'il n'y parait au premier abord.
« Ces paysages, que l'on retrouve un peu partout à
travers le monde, impressionnent et irritent l'esprit, probablement parce que
plus que d'autres, ils suggèrent spontanément le travail
démesuré de l'homme, un passé laborieux au cours duquel la
terre vivait et faisait vivre, mais aussi et surtout ils témoignent
d'une technologie, d'un savoir-faire et d'une capacité à
gérer le milieu dont on ne sait finalement que peu de choses »
(BLANCHEMANCHE, 1990)
8 Explications recueillies lors d'un entretien avec
Jean-Paul Métailié, Géographe au laboratoire GEODE de
l'université de Toulouse le-Mirail.
14
Une fois ce constat établi, on comprend mieux la
fragilité et la « sensibilité à l'abandon » de
ces espaces. Pour rester en bon état ils nécessitent un entretien
régulier : maintenir les murs, remonter la terre qui descend lors des
fortes pluies, etc.
« Plus un espace naturel a subi de transformation pour
l'adapter aux besoins humains, plus il est instable et fragile en cas
d'abandon. [...] La densité de leur population est à la fois
à leur origine, leur problème et leur condition indispensable de
pérennité » (FRAPA, 1996).
L'abandon de ces espaces peut avoir des répercussions
écologiques à divers niveaux. Notamment, leur préservation
permet d'éviter certains risques naturels différents selon les
territoires : limitation de l'érosion et des coulées de boue en
cas de précipitation, lutte contre les incendies grâce au maintien
d'espaces ouverts, etc.
« Les versants n'ont pas été
aménagés pour lutter contre l'érosion mais pour
créer un espace de production et le préserver : lorsque la
production n'est plus nécessaire ou possible, pour des raisons
économiques et ou sociales, l'entretien des aménagements cesse et
par conséquent la lutte anti-érosive » (FRAPA, 1996).
3. Les terrasses de cultures en Ariège
Figure 2: La France des terrasses de culture
à mur de soutènement en pierres sèches.
Source : (c) Christian
Lassure9
9
http://www.pierreseche.com/regions_a_terrasses.htm,
consulté le 12 Août 2011.
15
L'Ariège constitue selon la carte ci-dessus la limite
ouest de la zone méditerranéenne et pyrénéenne
française où l'on trouve des terrasses. Les zones où elles
sont le plus présentes sont la haute-Ariège et le Donezan,
où elles peuvent couvrir des pans entiers de montagne. Ce sont les
influences climatiques de la méditerranée et la pierrosité
abondante qui ont contribués à leur apparition et permettent des
cultures sèches spécifiques (la vigne par exemple). Dans les
Pyrénées Orientales les versants en terrasses sont couverts de
cultures de vigne, notamment dans la région de Banyuls. En
Ariège, la grande majorité des terrasses ne sont de nos jours
plus cultivées et pour en savoir plus sur leurs usages anciens, on peut
notamment se référer à des ouvrages de géographie
humaine classique.
L'ouvrage de Michel Chevalier « La vie humaine dans
les Pyrénées ariègeoises » paru en 1956 est
issue d'une thèse de géographie humaine réalisée
à partir d'une enquête très minutieuse menée sur la
partie montagneuse du département. Il comporte des
éléments intéressants concernant les terrasses de cultures
en Ariège, les usages anciens qui y sont liés et leurs
évolutions.
« Les préférences des premiers
agriculteurs, créateurs des actuels paysages agricoles, n'étaient
nullement comparables à celles des cultivateurs modernes. L'on
recherchait des terres légères et faciles à travailler
plus que les terres fertiles. Essentiellement vivrière, l'agriculture
ancienne s'accrochait aux terroirs ensoleillés, propices aux
céréales, si incommode que fut leur assiette. Or, c'était
surtout la montagne qui était riche, non seulement en estives, mais en
grands versants ensoleillés et en sols légers. [...] La soulane
est par excellence le terroir de montagne », une importance «
liée aux phénomènes d'ensoleillement. [...] la
construction d'innombrables murettes, à flanc de pente, n'empêche
pas le glissement des terres ; leur remontée, le plus souvent à
dos d'homme, constituait l'une des tâches les plus rudes de l'ancienne
agriculture [...] le caractère très meuble des sols de montagne a
longtemps suffi à compenser, aux yeux de paysans mal outillés,
leurs multiples désavantages. Mais ces terres à seigle, à
sarrasin et à pommes de terre, assez bien adaptées à
l'économie ancienne, ne le sont plus du tout aux exigences de
l'agriculture moderne ; ce sont parfois les terroirs qui avaient
été le plus précocement mis en valeur qui sont de nos
jours [c'est-à-dire dans les années cinquante] les plus proches
de l'abandon. » (CHEVALIER, 1956)
Ces premières considérations permettent de
confirmer l'idée selon laquelle l'occupation et l'aménagement de
versants en terrasses de culture sont probablement très anciens dans le
département. Et, contrairement à ce que l'on croit
communément, leur
16
occupation n'est pas seulement liée à
phénomènes de surpopulation obligeant les montagnards à
coloniser ces espaces difficiles bien que cela ait contribué à
leur colonisation à certaines époques. Ces terroirs
étaient très prisés avant la mécanisation de
l'agriculture malgré de fortes contraintes comme l'entretien des murs et
la remontée régulière des terres ravinées, à
l'aide des gourbilles10.
En Cerdagne, aux alentours de 1800 mètres, la
période de fonctionnement d'une terrasse agricole a été
située autour de l'âge du Bronze. Des datations qui sont possibles
grâce aux techniques de l'archéologie de l'environnement comme la
pédoanthracologie11. Des données qui sont
cohérentes avec « les évidences palynologiques d'une
conquête pastorale générale de la montagne
pyrénéenne à la fin de l'Age du Bronze. »
(Marie-Claude BAL 2006).
Lorsque les montagnes pyrénéennes étaient
très peuplées12 et que le système «
traditionnel » était en plein essor, elles servaient aux cultures
de céréales telles que le blé noir, l'orge, le seigle mais
aussi pour la pomme de terre qui était un pilier de l'alimentation des
populations des régions de montagnes. La culture de la vigne occupait
aussi une place de choix sur les espaces terrassés d'Ariège.
C'était le cas sur une bonne partie des terrasses du Pech de Foix.
Toujours dans l'ouvrage de Michel Chevalier, au chapitre concernant la culture
de la vigne, nous pouvons en trouver quelques indications :
« ...Les trois grandes zones viticoles des
Pyrénées Ariègeoises : le bassin de Saint-Girons, le Mas
d'Azil, et enfin le vignoble de Foix étalé sur les terrasses de
l'Ariège et sur les flancs du Pech de Foix ». Il indique
également à propos du paysage des vignobles en pentes : «
Celles-ci sont coupées de petites murettes, qui non seulement retiennent
les terres, mais procurent aux vignes des étroites terrasses les
avantages de la réverbération. Presque au dessus de Montgailhard,
le Pech de Foix étage encore les gradins innombrables de son ancien
vignoble. »
De nos jours, ces terrasses servent le plus souvent de
pâturages. Mais, après un abandon plus ou moins long,
actuellement, des acteurs locaux utilisent certains espaces de terrasses et y
développent des activités plus ou moins éloignées
de ce à quoi elles étaient destinées à l'origine.
Si certains les réhabilitent à des fins de cultures, d'autres
sont l'objet d'une valorisation pour des usages de loisirs. Nous allons voir
maintenant quels sont les
10 Sorte de panier en osier qui se porte sur le dos et
sert à remonter la terre descendue des terrasses.
11 Il s'agit d'une discipline de
l'archéobotanique qui repose sur l'étude des charbons de bois.
12 Le pic de population se situe au milieu du
XIXème siècle.
17
objectifs et les moyens du programme 1001 terrasses
d'Ariège qui les accompagne dans leur démarche.
B. OBJECTIFS ET ACTIONS
Suite au constat qu'une grande partie des territoires
pastoraux, sur lesquelles la Fédération Pastorale de
l'Ariège concentre son action, étaient constitués
d'anciennes terrasses de cultures, le programme 1001 terrasses d'Ariège
a été initié au cours de l'année 2000. Son
programme d'actions doit permettre de préserver de manière
durable ce patrimoine à travers quatre axes.
Les quatre axes du programme d'action de
l'opération 1001 terrasses d'Ariège y'
Mesurer : pour mieux connaître ces espaces et
établir des choix de gestion.
y' Souligner : pour rendre les
terrasses plus visibles dans le paysage ariègeois, auprès des
habitants et auprès du public touristique.
y' Préserver : autant que
possible pour le bénéfice des générations
futures.
y' Développer : pour servir
de support au développement économique en préservant et en
relançant les activités valorisant les terrasses, aussi en
mettant en réseau les acteurs et les sites.
|
L'intérêt est porté sur un
élément, les terrasses de cultures, dont la portée est
universelle car il en existe un peu partout à l'échelle
planétaire. Les objectifs sont de mieux appréhender
l'étendue, en Ariège, de cet élément marquant de la
culture ariègeoise, de s'interroger sur leurs fonctionnalités
aujourd'hui (intérêt paysager, prévention des inondations
et crues torrentielles, espaces riches en biodiversité, qualités
agronomiques des parcelles, etc.) et de valoriser leurs potentialités
mésestimées à travers un programme d'action.
L'une de ses premières étapes fut la
réalisation d'un inventaire pour mieux cerner les espaces sur lesquels
le programme souhaitait agir. (PIOL, 2001). Cet inventaire a conclu à la
présence de 23 000 hectares de terrasses sur le département
ariègeois pour beaucoup en friche ou emboisées. La vocation
pastorale étant devenue, au fil du temps, principale sur nombre de ces
espaces, l'une des premières actions fut une expérimentation en
vue de la réduction de la dégradation des terrasses par les
troupeaux domestiques.
18
En fonctions des différents porteurs de projets,
d'autres modes de valorisation agricoles existent, tels que la production de
petits fruits, le maraîchage ou encore la trufficulture. Des modes
d'utilisation des terrasses qui sont plus en lien avec leur fonction initiale.
Une autre vocation encore : des sites où le public est accueilli pour
des activités de loisirs et touristiques avec différentes
modalités de mise en scène du patrimoine, notamment à
travers des dispositifs scénographiques. Ces porteurs de projets ont pu
être soutenus grâce à un travail d'animation,
d'accompagnement et à travers différents moyens : travaux
d'aménagements et de restauration des constructions en pierre
sèche, formation à la technique de la pierre sèche,
valorisation scénographique, moyens de communication (supports
d'information) etc.
Par ailleurs, un réseau des porteurs de projet se
développe à l'échelle du département : une action
qui permet de fédérer ceux qui mènent des activités
sur terrasses et de définir un programme d'action collectif. Il doit
pouvoir être un lieu d'échanges et permettre la capitalisation
d'expériences. Dans le cadre d'une formation13,
l'identification de valeurs partagées pour développer une
identité collective a pu être définie afin de constituer un
cadre de référence et d'action. Dans ce but, plusieurs
collèges thématiques ont été créés
(foncier, pratiques culturales, pierre sèche, communication,
médiation et accueil) et un plan de communication commun va être
prochainement mis en oeuvre (dont un site internet). L'organisation d'une
journée événementielle, « la fête des terrasses
» dans le cadre des journées européennes du patrimoine
participe de cet objectif collectif de communication.
Une autre action est actuellement à l'oeuvre en
partenariat avec la Chambre de Métiers de l'Ariège. Il s'agit de
progresser dans la structuration de la filière des artisans de la pierre
sèche en Ariège en créant un collectif d'artisans à
même de répondre collectivement à des appels d'offres, en
organisant des formations techniques, en favorisant la mise en relation avec
des maitres d'ouvrage, etc. Le programme participe ainsi à la sauvegarde
d'un patrimoine technique, artisanal à travers la valorisation du
métier de murailler. La technique du bâti en pierre sèche,
loin de n'être que du folklore, conserve aujourd'hui toute sa raison
d'être notamment en termes de durabilité écologique, de
solidité des réalisations et d'esthétique du
résultat, le tout au bénéfice du territoire.
13 Assurée par deux intervenantes : Malika
Boudellal (ethno-muséographe) et Camille Provendier (Consultante en
Education à l'Environnement)
19
C. UN PROJET INTEGRE AU PROGRAMME LEADER
Le programme 1001 terrasses d'Ariège fonctionne en
grande partie grâce au programme européen LEADER (Liaison Entre
les Actions de Développement de l'Economie Rurale). Depuis 1992 ce
programme européen est destiné au développement des zones
rurales et se caractérise notamment par une volonté de soutenir
une stratégie locale définie dans une approche ascendante. Ce
programme d'appui au développement local fait partie depuis 2007 du
second pilier de la PAC (Politique Agricole Commune), c'est-à-dire de la
politique européenne de développement rural. Il en est le
quatrième axe et se distingue des autres axes notamment par le fait que
des territoires de projets doivent se constituer autour d'une priorité
ciblé et candidater afin d'obtenir une reconnaissance en tant que
territoire LEADER. C'est ensuite un Groupe d'Action Local (GAL) qui gère
la programmation sur un partenariat privé/public. En Ariège le
territoire Leader constitué englobe la quasi-totalité du
département et son action s'articule autour de la priorité
suivante : « l'accompagnement des Pays d'Ariège vers un
Développement Durable porteur d'emplois ». Les thématiques
privilégiées sont le tourisme, les services et l'espace.
Le programme 1001 terrasses d'Ariège est
financée par ces fonds européens à hauteur de 44%. Quant
au reste du financement, il se partage entre la Région, le
Département et un autofinancement par la Fédération
Pastorale de l'Ariège. Après avoir mis en place 5 sites
vitrines14 grâce à LEADER + (programmation 2000-2006) ;
pour sa programmation 20072013, les financements du programme 1001 terrasses
d'Ariège correspondent à deux lignes de financement faisant
parties de l'Axe stratégique A du plan de développement du Leader
Pays d'Ariège-Pyrénées : « Encourager la mise en
production des ressources naturelles et patrimoniales ». Elles concernent
le « Tourisme d'interprétation et patrimoine » et la «
Formation des acteurs » au titre des dispositifs PDRH15 313 et
331D1, fonctionnant sur des fonds FEADER (Fonds Européen Agricole de
Développement Rural).
14 Cinq sites de terrasses valorisés par des projets
exemplaires à caractère agricole ou touristique.
15 Programme de
Développement Rural Hexagonal. Il s'agit d'une déclinaison
nationale de la politique européenne de développement rural dont
il existe également une déclinaison régionale : le DRDR
(document régional de développement rural)
20
III. LE SITE DE TERRASSES DU PECH DE FOIX
Dans le cadre de cette nouvelle tranche de programmation
Leader, il est prévu que deux nouveaux sites de terrasses soit l'objet
d'aménagements scénographiques, dont le site de terrasses du Pech
de Foix. Le projet prendra la forme d'un sentier dont le départ se fera
depuis la ville de Foix.
A. PRESENTATION GEOGRAPHIQUE DU SITE
Le site de terrasses est situé sur le flanc sud ouest
du Pech de Foix aux alentours de 500 mètres d'altitude. Inclus dans le
périmètre d'une zone Natura2000, il fait partie d'un
chaînon calcaire orienté est-ouest, appartenant au massif
prépyrénéen du Plantaurel, et allant de Foix à
Roquefixade. Sur ce massif, on trouve de nombreuses falaises calcaires «
coiffées des petits plateaux composés d'une mosaïque de
pelouses, landes et forêts ». De par sa nature géologique, on
y trouve de nombreuses cavités. « Les soulanes sont
ponctuées de villages et de hameaux entourés de prairies
bocagères, tandis que les ombrées sont occupées par la
hêtraie. Les activités humaines notamment l'élevage,
structurent ces paysages. » (Extraits document d'objectifs
Natura200016). Cette zone a été classée en tant
que site d'intérêt communautaire de par la présence de
divers éléments floristiques et faunistiques d'une grande
diversité et d'une grande richesse.
Les terrasses sont logiquement situées sur le versant
exposé au soleil, beaucoup plus chaud et sec que le versant nord, elles
subissent donc une influence méditerranéenne dominante. A cette
influence s'ajoute un sol calcaire favorisant ainsi un type de
végétation. On y trouve notamment des chênes pubescents et
des chênes verts dans les parties boisées. Sur les espaces ouverts
on constate la présence d'espèces typiques des influences
méditerranéennes comme la lavande par exemple qui s'adapte bien
au manque d'eau. On y trouve également du chèvrefeuille, des
noyers, de la vigne, de l'origan, etc.
16« Document d'objectifs de la zone spéciale
de conservation Pechs de Foix, Soula et Roquefixade, grotte de l'Herm ».
Ce document détermine les mesures à mettre en oeuvre pour
garantir la préservation des habitats et des espèces
présents. « La constitution du réseau Natura 2000 repose sur
la mise en oeuvre de deux directives européennes - les directives «
oiseaux » et « habitats ». Son objectif est la conservation,
voire la restauration d'habitats naturels et d'habitats d'espèces de la
flore et de la faune sauvage, et d'une façon générale, la
préservation de la diversité biologique. »
Source :
http://www.midi-pyrenees.ecologie.gouv.fr/spip.php?rubrique194
(consulté le 23 aout 2011)
21
Actuellement, il n'y a pas d'activité agricole dans le
périmètre où le sentier sera mis en place, seul un
troupeau de chèvres, apparemment ensauvagées, parcourt le site.
La dernière activité agricole sur le site date d'il y a quelques
années quand un troupeau de chevaux pâturait à
l'année.
La partie qui nous intéresse se situe au lieu-dit
« les Bentenaus » et à proximité du hameau de Jean
Germa actuellement en ruines. Il est à proximité directe de la
ville de Foix et l'on y accède soit par le chemin des asperges qui
débute près du vieux pont de Foix soit par le chemin des
Bonshommes(GR107) au départ du quartier de Flassa situé à
proximité de la gare de Foix.
Figure 3: localisation du site des terrasses du Pech de
Foix
(Source des cartes: Géoportail)
On trouve sur ce site un ensemble de terrasses avec de
très nombreux murs de soutènement en pierres sèches. En
plus d'anciennes habitations, en ruines, on constate la présence d'abris
en pierres sèches dont un de forme ronde, construit en
encorbellement,
22
particulièrement remarquable. Situé sur la
commune de Foix, préfecture du département de l'Ariège,
ces terrains sont essentiellement privés à l'exception d'une
petite partie appartenant aux domaines de l'Etat. Ces espaces de terrasses ne
se cantonnent pas au site choisi pour le sentier d'interprétation, ils
recouvrent une très grande partie de ce versant du Pech de Foix et
descendent jusqu'à l'arrière des premières habitations de
la ville dont ils constituaient les jardins. Ces espaces sont donc en quelque
sorte dans la continuité architecturale de la ville. Si une partie de
ces terrasses est emboisée, d'autres sont restés des espaces plus
ouverts.
Sachant que la zone entre Foix et Tarascon a été
peuplée en continu depuis la préhistoire (présence de
grottes préhistorique) on peut supposer que l'origine des
aménagements en terrasses sur le Pech de Foix est très ancienne.
Il a pu y avoir des abandons puis des réhabilitations à
différentes époques. Ce type de soulane, qui est du même
type que la soulane de la corniche du massif de Tabe est propice à une
agriculture diversifiée. Il y fait chaud, les sols sont calcaires. La
légèreté du sol permettait un travail à l'araire.
Cette terre de terrasses permettait donc des cultures différentes de
l'ensemble agraire local, celles qui nécessitent du soleil, comme la
vigne. En Ariège, il y avait autrefois de la vigne sur tous les coteaux
calcaires, notamment jusqu'à Lordat en haute-Ariège.
Figure 4: vue d'ensemble du site (cliché : Elise
Labye)
23
Situé dans un cadre de moyenne montagne, cet
élément du patrimoine est lié à une culture locale
spécifique. Pris dans son ensemble il constitue un paysage particulier,
issu de pratiques agraires, résultant du travail de l'homme sur le
milieu naturel. Sa physionomie est due à sa structuration en terrasses
même si aujourd'hui, il n'y a plus de pratiques agraires sur ces
endroits. Cette espace a entretenu autrefois des relations fonctionnelles avec
la ville Foix (productions agricoles, lieu d'habitation). D'autres relations
avec la ville seront amenées à se développer dans l'avenir
avec la mise en place du sentier d'interprétation (loisirs,
apprentissages pédagogiques, etc.). Un choix de valorisation qui inscrit
ce site dans un processus de patrimonialisation.
B. UNE RESSOURCE TERRITORIALE « MULTI-PATRIMONIALE
» 17
La notion de patrimoine est relative, selon sa
définition la plus ancienne, à l'« ensemble des biens
hérités du père ». Il constitue un héritage
légué par la génération précédente,
à transmettre aux générations suivantes et dont la valeur
entraine un sentiment de responsabilité à son égard. Peu
à peu, ce concept à été élargi
jusqu'à concerner « tout ce qui peut être conservé
».
« Composantes matérielles et immatérielles
de l'identité de toute société humaine,
élaborées, puis transmises et réactualisées sur un
territoire : ces biens et savoirs fondent l'identité et les
différences entre les groupes humains » (C.Origet de Cluzeau)
Comme nous le rappelle cette définition, le patrimoine
est un témoin de l'histoire et la preuve d'une permanence à
travers les épreuves, ce qui peut lui conférer le statut de
« valeur refuge ». En effet, le patrimoine est une notion très
présente dans nos sociétés occidentalisées
où il y a une forte uniformisation culturelle due au contexte de
mondialisation. Ce que semble confirmer l'absence fréquente de cette
notion dans beaucoup de pays dits « en voie de développement
».
Mais, le patrimoine ce n'est pas seulement le passé, il
est aussi porteur d'avenir lorsqu'il est pris dans sa dimension de ressource
territoriale. « La notion de ressource [prise] en tant que
potentialité d'action » (HIRCZAK, PECQUER et MOLLARD, 2004)
C'est-à-dire comme un potentiel spécifique à un territoire
donné, qui peut être valorisé à travers une
17 Sous partie réalisée
notamment à l'aide du cours de master2 ADTM de Jacinthe
Bessière
24
stratégie de développement local et avoir des
répercussions dans différents domaines notamment pour l'image
globale d'un territoire.
« Le sentiment qu'existe une identité patrimoniale
collective (avec ses références) naît de certaines
conjonctures génératrices de menace et de risques, qui
interpellent la collectivité sur la continuité de son histoire.
[...] le patrimoine architectural ou environnemental se construit à
l'interface de l'économique et du social ; du culturel et du politique,
de l'esthétique et de l'historique : il régénère
à la fois l'économie locale et le lien social, toujours dans le
cadre d'un territoire déterminé. [...] Le patrimoine
territorialisé apparaît comme une nouvelle donne de
l'économie régionale : tourisme, développement local,
promotion de produits artisanaux, industriels, agricoles, ou viticoles.[...] Un
des aspect sous lequel il apparait est celui de la réactivation du lien
social mis en question par l'individualisme triomphant des « trente
glorieuses ». Par là même, il oblige à une
confrontation des discours, des politiques et des pratiques. » (Yvon LAMY,
2005)
Face au développement du « tout patrimoine »,
de nombreux adjectifs ont pu être accolés au terme patrimoine lui
permettant de se décliner en une multitude de nuances qui se chevauchent
bien souvent. Le patrimoine que constitue le site des Bentenaus dans son
ensemble, mais aussi les divers éléments qui le constituent,
peuvent se décliner à travers divers adjectifs, à la
croisée de différentes formes de patrimoine. Cela lui
confère une dimension « multi-patrimoniale ».
Le site de terrasses du Pech de Foix étant situé
en zone rurale et lié à la culture paysanne et ses pratiques
agraires, il est incontestablement ce que l'on nomme du « patrimoine rural
». Que l'on peut encore préciser en disant du « petit
patrimoine » car il est lié à la vie quotidienne des
populations locales. Aussi appelé « patrimoine vernaculaire »,
il peut être défini comme l'ensemble des constructions ayant eu,
dans le passé, un usage dans la vie de tous les jours. C'était un
lieu d'habitation et de travail composé d'espaces privés et
domestiques périurbains, à l'exception du chemin public. Nous
sommes face à un patrimoine que l'on peut aussi caractériser
comme « populaire » par opposition au « patrimoine monumental
» plus grandiose (églises, abbayes, châteaux, etc.). Ensuite,
cet espace relève à la fois du patrimoine matériel (ici le
patrimoine bâti) et immatériel (ici principalement les
savoir-faire qui ont permis la construction des terrasses et des
bâtiments) et du patrimoine naturel et culturel.
-matériel : murets, maisons, abris, chemins.
-immatériel : savoir-faire agricoles, techniques de la
pierre sèche.
-naturel : faune, flore, éléments
minéraux (fossiles), etc.
25
-culturel : paysage en terrasse résultant de pratiques
humaines, chemins de liaisons à courtes distances, etc.
Le classement en zone spéciale de conservation du
réseau Natura 2000 témoigne largement de la dimension «
patrimoine naturel » attribuée aux habitats dits «
d'intérêts communautaires » et à la richesse en
biodiversité faunistique et floristique de ces espaces.
C'est alors même que les terrasses de cultures tendent
à disparaître et à être oubliées que leur
valeur s'accroit et qu'elles deviennent du patrimoine. Car la notion de
patrimoine est une construction sociale liée à un contexte
historique. Ce que nous nommons patrimoine aujourd'hui bien souvent ne
l'était pas il y a quelques décennies. Et de même, ce qui
sera patrimoine demain n'apparait pas forcément comme tel aujourd'hui.
La prise de conscience par les acteurs locaux d'être détenteurs et
responsables d'un patrimoine commun et la mise en oeuvre de sa valorisation
peut permettre un rayonnement qui ira au-delà de ce seul patrimoine et
pourra se répercuter en termes d'image sur l'ensemble du territoire. Le
caractère patrimonial des anciennes terrasses de culture s'affirme
actuellement à travers un processus de patrimonialisation.
« C'est par un processus de patrimonialisation qu'un ou
des éléments sont élevés au rang de patrimoine par
les habitants d'un lieu, par les décideurs politiques et par les
spécialistes. La patrimonialisation peut être définie comme
un processus de réinvestissement, de revalorisation d'espaces
désaffectés » (Norois, 2000).
Les sites de terrasses sont actuellement en Ariège,
l'objet d'un tel processus. Celui-ci se matérialise dans une
appropriation collective qui se manifeste dans les choix faits par les acteurs
locaux (privés ou institutionnels) de les revaloriser sous
différentes formes (agricole et touristique, pédagogique). La
raison d'être et de création de ces terrasses n'est plus
adaptée à la conjoncture sociale, économique et agricole
actuelle et leur dimension patrimoniale prend aujourd'hui le dessus. Elles
symbolisent une agriculture paysanne ancienne, un mode de fonctionnement et des
techniques pluriséculaires faisant partie de l'identité du
territoire. On donne ainsi du sens et de la valeur à ces espaces qui
sont alors transformés en « bien collectif » ou « bien
commun ».18
18 Cette transformation en bien commun se traduit
dans le cas du site de Foix par l'investissement d'argent public sur des
terrains privés et par sa contrepartie c'est-à-dire une ouverture
du site au public. Ce processus est « officialisé » par un
conventionnement entre collectivités publiques et propriétaires
privés.
26
Aujourd'hui, et dans un contexte où l'on cherche
à atteindre des objectifs de développement durable, les
techniques utilisées pour la construction et pour l'entretien des
terrasses conservent malgré tout leur raison d'être. Sans
être appliquées telles qu'elles l'étaient autrefois, elles
peuvent être adaptées à des besoins actuels et remises au
gout du jour. Ce n'est pas un simple calcul économique qui pousse ou
justifie la valorisation de ce patrimoine comme l'ont démontré
les résultats d'une enquête de la Fédération
Pastorale sur la rentabilité économique des productions sur
terrasses. D'autres raisons, plus affectives et esthétiques,
basées sur des convictions personnelles poussent des personnes à
produire sur terrasses. Lorsqu'il s'agit d'une initiative plus collective que
privée comme c'est le cas pour le site de Foix, la dimension
économique n'est pas non plus la raison principale qui pousse à
une revalorisation, ce qui montre bien le caractère patrimonial de
l'opération et le processus de patrimonialisation dont il est
l'objet.
Pour le site de Foix, le processus de patrimonialisation passe
par une volonté de valoriser ce lieu grâce à un sentier
d'interprétation du patrimoine dont l'objectif est de faire comprendre
le site aux visiteurs, leur révéler ce qu'il peut raconter
à travers une approche sensible.
C. SUIVI DU PROJET ET MODE DE FINANCEMENT
1. Le Comité de pilotage
Suite à une reconnaissance collective de son
intérêt public par l'ensemble des acteurs, et parmi les
différentes modalités de mise en scène des patrimoines,
celle qui a été privilégiée ici est la mise en
place d'une scénographie sur un site d'anciennes terrasses de cultures
devenu l'objet d'un processus de patrimonialisation. Une action qui s'inscrit
dans le cadre des missions de la Fédération Pastorale de
l'Ariège à travers son programme de valorisation « 1001
terrasses d'Ariège ».
Un comité de pilotage a été mis en place
pour les prises de décisions et la validation des grandes orientations
du projet, les structures suivantes y sont représentées : la
Fédération Pastorale de l'Ariège (directeur de la
structure et animateur du projet), la Mairie de Foix (élus en charge du
dossier) et l'Office du tourisme du Pays Foix-Varilhes (Président).
27
2. Le groupe-projet
Afin que le projet de valorisation des terrasses du Pech de
Foix soit largement partagé, des réunions de travail sont
régulièrement organisées par la Fédération
Pastorale et ont permis de constituer un « groupe-projet »
composé de diverses personnes et structures, notamment associatives,
impliquées dans le projet : des habitants, les propriétaires des
terrains, des élus de la mairie de Foix, des représentants de
l'Office du Tourisme du Pays de Foix-Varilhes et du Syndicat
Départemental des Trufficulteurs, une guide culturelle, des
représentants du foyer Léo Lagrange de Foix, la FAJIP ( Foix
Adolescence Jeunesse Information Prévention), le bureau d'étude
l'Humain Volontaire, la Fédération Pastorale de l'Ariège.
Au cours de ces réunions sont discutées les différentes
phases du projet afin de recueillir la parole et les remarques des membres du
groupe et de les intégrer au mieux dans l'élaboration du sentier
d'interprétation et le choix des orientations possibles. La constitution
de ce « groupe-projet » doit permettre une appropriation du projet et
favoriser l'émergence de propositions de la part des acteurs locaux.
Voici une présentation rapide des principaux
participants aux réunions du groupe projet. L'animation des
réunions se partage entre François Regnault, technicien de la
Fédération Pastorale en charge du programme 1001 terrasses
d'Ariège, Camille Provendier et Richard Béziat du bureau
d'étude l'Humain Volontaire. J'ai également participé en
présentant régulièrement les avancées de mon
travail de stage.
?La Mairie de Foix
Des élus, sensibilisés à la protection du
patrimoine naturel et culturel, sont à l'initiative de ce projet. Ils y
ont vu la possibilité de valoriser ces « belles terrasses »,
de les remettre en lumière pour créer un plus touristique et
donner un nouvel élan à la ville de Foix. Constatant
l'adéquation du contenu du projet et du sens souhaité avec le
programme 1001 terrasses d'Ariège, ce à quoi s'est ajoutée
la possibilité de bénéficier d'une aide financière
via ce programme, la mairie s'est lancée dans cette action de
valorisation patrimoniale. Les élus, adjoints au maire, qui
interviennent dans le suivi de ce dossier sont Danielle Delavergne, Norbert
Meller, et Maryse Loubet. La FAJIP (pôle jeunesse de la mairie de Foix)
est également largement impliquée dans le projet.
28
?La FAJIP
Cette structure éducative organise depuis
déjà plusieurs années des chantiers de jeunes, notamment,
sur des espaces d'anciennes terrasses pour des opérations de
débroussaillement et de remontage de murs en pierre sèche. Sur le
site de Foix, le premier chantier de défrichage a eu lieu durant les
vacances de la toussaint en 2010, puis en Mai et juillet 2011. Lisa Victories
coordonne la mise en place de ces chantiers. Il y a eu des chantiers
internationaux avec l'intervention de jeunes marocains19 ou locaux
avec l'intervention de jeunes de la ville de Foix. Ces chantiers locaux
s'intègrent dans l'opération « Ville Vie Vacances »
dont le principe est qu'un groupe de jeunes accompagné par les
animateurs et les techniciens des services techniques de la ville s'engage dans
un projet d'intérêt collectif en échange de quoi ils
reçoivent une contrepartie en nature comme des bons d'achats.
?L'Office du Tourisme du pays de
Foix-Varilhes
Cette structure, en tant qu'organisme chargé de
l'accueil, de l'information et de la promotion du tourisme auprès des
visiteurs et du public pour le territoire du pays de Foix-Varilhes, participe
activement au projet de mise en place du sentier. Lorsqu'il sera
terminé, elle pourra mettre en oeuvre sa promotion auprès des
visiteurs sur le territoire. Notamment proposant des niveaux de lecture du site
complémentaires aux dispositifs d'interprétation : support
papier, visites guidées, etc. Richard Danis, président de l'OT de
Foix Varilhes mais aussi du comité départemental de la
randonnée pédestre20 (CDRP) suit prêt le
dossier, il participe également au comité de pilotage. Une des
animatrices de l'OT, Anne Lacoste, participe aussi aux réunions.
?Mélanie Savès : « Passerelle
culture »
Elle est guide culturelle et propose des visites, notamment de
la ville de Foix mais aussi dans d'autres lieux de la haute Ariège.
Mélanie Savès travaille en partenariat avec les Offices du
tourisme, dont celui du Pays de Foix-Varilhes. Elle est actuellement la seule
à proposer des visites de la ville de Foix. Plusieurs visites
thématiques sont en place sur la ville,
19 Ce chantier était la suite d'un
échange, des jeunes de la ville de Foix étaient partis au Maroc
l'année précédente pour participer à un chantier de
plantation de tamaris pour éviter l'ensablement des points d'eau.
20 « Le CDRP 09 fédère les
associations de randonnée pédestre de l'Ariège. Menant ses
actions avec des partenaires locaux, régionaux et nationaux, il est le
relais départemental de la Fédération Française
de la Randonnée Pédestre. Il favorise la promotion de cette
activité sportive et de loisirs, ainsi que le développement des
sentiers de grande randonnée et de promenade » extrait du site
internet du CDRP09.
http://www.cdrp09.com/index.php?option=com_content&task=view&id=28&Itemid=84
(consulté le 25/08/11)
29
elles varient selon le public visé: visite aux
flambeaux, visite-rallye, visite avec dégustation de produits locaux,
etc. Il est prévu qu'elle assure des visites du site des Terrasses du
Pech lorsque le sentier sera réhabilité et
aménagé.
?Le bureau d'étude « l'Humain volontaire
»
Il a été choisi en comité de pilotage
suite au lancement d'un appel d'offre et a en charge la conception d'un
itinéraire d'interprétation du patrimoine de terrasses sur le
site des Bentenaus du Pech de Foix. Son équipe se compose d'experts en
animation scientifique, éducation et médiation environnementale,
ethno-muséographie, d'une paysagiste et d'un botaniste. Après une
phase de diagnostic, il proposera un scénario d'interprétation
dont le contenu sera ensuite détaillé pour chacun des dispositifs
prévu tout au long du sentier. L'animation de réunions avec le
« groupe-projet » est également prévue pour favoriser
une démarche partagée. Camille Provendier et Richard
Béziat sont présents à chacune des réunions.
?Le Syndicat des trufficulteurs de
l'Ariège
Ce syndicat souhaite participer à la sauvegarde du
patrimoine trufficole du département de l'Ariège. Cette
association a déjà participé en Ariège à des
projets de valorisation d'espaces en terrasses où elle a
accompagnée des propriétaires dans la mise en place de plantation
de chênes truffiers pour à terme permettre la récolte de
truffes (site de Camon, site du Mas d'Azil). Ils peuvent fournir des conseils
et un appui technique aux propriétaires de terrains souhaitant se lancer
dans la production de truffes ou simplement favoriser son retour naturel
grâce à des opérations de débroussaillement. Lors
des réunions il est représenté par André Clare, son
président, et Robert Rouch.
?Foyer Léo Lagrange
Ce centre d'hébergement et de restauration accueille
des groupes, des familles et des individuels au centre-ville de Foix. Il est
également un lieu d'accueil pour de nombreuses associations culturelles
de la ville de Foix. Dans le cadre du projet du site de Foix, il se propose de
fournir de l'information auprès des nombreux randonneurs qui y font
escale et d'y organiser des sorties pour ses adhérents. Michel Jouanolou
et Christian Sounac représentent le foyer lors des réunions.
30
?Habitants de Foix
Divers habitants de Foix participent aux réunions du
« groupe-projet », notamment ceux qui fréquentent le site
régulièrement et/ou ceux qui ont été
sollicités dans le cadre des recherches effectuées pour une
meilleure connaissance du site et de son histoire. Une très grande part
des personnes qui participent à ces réunions, à titre
personnel ou comme représentant d'une structure sont des habitants de la
ville ou des ses alentours.
?Propriétaires des terrains
Le sentier d'interprétation passera sur des parcelles
privées. Lors du lancement du projet, un accord a été
recherché avec les propriétaires. Une convention sera donc
signée avec les différentes collectivités amenées
à y intervenir notamment pour des travaux de restaurations et
d'entretien. Cette convention doit être validée par la
Préfecture pour garantir sa conformité afin que des fonds publics
puissent être investis sur des terrains privés avec en
contrepartie une ouverture au public de ces espaces. Leur participation aux
réunions est assez ponctuelle.
3. Financement des différentes tranches du
projet :
La Fédération Pastorale de l'Ariège a
prévu pour ce projet un montant de 10 000 € pour la
réalisation d'une étude pour la conception de l'itinéraire
d'interprétation et de 15 000€ pour la création et la mise
en place des aménagements scénographiques.
La Mairie de Foix : doit s'occuper des travaux sur les
éléments architecturaux en pierre sèche, le remontage des
murs en mauvais état pour un montant qui a été
estimé à 40 000 €. Ces travaux seront réalisés
par une entreprise artisanale et /ou par des travailleurs en insertion sous
maitrise d'ouvrage de la Mairie.
Le Conseil Général de l'Ariège
gèrera tout ce qui concerne le cheminement du sentier
d'interprétation. Il sera décaissé et stabilisé
dans le cadre de l'aménagement du sentier. Puis, étant
intégré au Plan départemental des itinéraires de
promenade et de randonnée, il sera entretenu aux frais du Conseil
Général qui fera réaliser cet entretien par la
Communauté de Commune du Pays de Foix. Le montant des travaux de
réfection n'est pas formellement déterminé à ce
jour il est estimé aux alentours de 20 000 €.
31
Une fois le sentier réalisé, il sera en quelque
sorte « livré » par la FPA à la mairie de Foix qui
prendra le relais, avec l'Office du Tourisme, pour gérer sa mise en
tourisme et développer des animations.
Fédération Pastorale de
l'Ariège
(programme 1001 terrasses d'Ariège)
|
? étude scénographique : 10 000 €
? aménagements scénographiques :
15 000 €
44% Europe (Leader), 18% département, 18%
Région, 20% autofinancement
|
Mairie de Foix
|
|
? travaux de pierre sèche : 40 000 €
(dossier Leader prévu) 44% Europe, 36%
département, 20% autofinancement
|
Conseil Général de
l'Ariège
|
|
? mise en place du cheminement :
20 000 € (estimation)
|
Total
|
|
85 000 € (estimation)
|
D. TRAVAIL CONFIE ET METHODOLOGIE MISE EN PLACE
Le travail confié dans le cadre du stage s'appliquait
au projet des terrasses du Pech de Foix et consistait en une analyse des
rapports d'usages liés au site et à l'instauration d'une
dynamique autour d'un site patrimonial doté d'un sentier
d'interprétation. Il y avait donc deux parties à traiter avec
deux objectifs différents. Pour chacune des parties, une
méthodologie adaptée a été mise en place ainsi que
des modalités de restitution au groupe projet et à la
Fédération Pastorale.
La première partie avait donc comme objectif le recueil
de données historiques concernant l'activité humaine sur le Pech
de Foix, les rapports d'usages et leur évolution, afin de nourrir le
contenu des dispositifs d'interprétation, principalement, mais aussi
pour améliorer la connaissance du site. Ce travail devait
intégrer les données qui avaient été
32
préalablement rassemblées par des
étudiants de licence professionnelle Gestion et Aménagement des
Espaces Montagnards et Pastoraux (GAEMP), basée à Foix, dans le
cadre d'un projet tuteuré.
La méthodologie appliquée intégrait des
recherches aux archives départementales de l'Ariège pour le
recueil de données sur les usages passés et leur
évolution, mais aussi pour faire des investigations concernant un
ensemble particulier de terrasses situé sur le site, dites «
terrasses monumentales », afin de déterminer le contexte de
construction et le type de cultures auxquelles il était destiné.
Un deuxième type de méthodologie a été mis en
oeuvre, il s'agit d'un enquête par entretiens auprès d'anciens
habitants du Pech, d'habitants de Foix et d'autres personnes susceptibles de
détenir des informations (érudits locaux, etc.) ; afin
d'approfondir la notion de rapport d'usage, c'est à dire les liens que
les habitants de Foix et les habitants de ce lieu entretenaient avec cet
espace. Et pour répondre à ces questions : quelles étaient
les fonctions du site et comment cela a-t-il évolué au cours du
temps ? Cette enquête par entretien devait aussi permettre de
réaliser des portraits d'habitants à partir du recueil de la
parole. Cette partie du travail a pris la forme d'une enquête de type
ethno-historique.
La deuxième partie du travail avait pour objectif
l'instauration d'une dynamique autour du site en faisant des propositions pour
faire perdurer le « groupe-projet » une fois le sentier mis en place,
notamment en identifiant des projets possibles pour faire vivre le site. Il
s'agissait ainsi de favoriser un ancrage territorial du projet en continuant
à gérer le site à travers une démarche
partagée. Le travail sur cette question a été
proposé au début du stage par le bureau d'étude l'Humain
Volontaire qui s'intéresse aux questions liés à l'ancrage
territorial des projets et à leur réalisation dans le cadre d'une
démarche participative.
Dans ce but, une méthodologie a également
été mise en place. Tout d'abord, chacun des membres du
groupe-projet ont été rencontré individuellement afin
d'identifier des potentiels ou des freins éventuels pour l'avenir du
sentier. Ces éléments devant ensuite être classés
selon différentes thématiques (nouvelles fonctions pour le site,
modalité de fonctionnement du groupe-projet, etc.). Afin d'avoir une
vision plus large du projet et d'identifier de bonnes pratiques, d'autres
gestionnaires ou acteurs clés d'autres sites du programme 1001 terrasses
d'Ariège ayant une vocation d'accueil du public ont été
rencontrés.
33
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Nous avons pu voir dans cette première partie que ce
projet s'insère dans un programme de valorisation des terrasses de
culture dont l'un des objectifs principaux est de montrer qu'elles peuvent
avoir des fonctionnalités aujourd'hui, notamment pour la
prévention des risques, pour la préservation des espaces et
espèces, pour la valorisation agricole ou touristique, pour favoriser la
préservation et la revalorisation des savoir-faire de la pierre
sèche.
Les mécanismes par lesquels ces espaces ont pu
acquérir une valeur patrimoniale et la nature de ce patrimoine ont
été évoqués, ainsi que les plus-values diverses que
leur valorisation peut générer. La présentation
géographique du site et des modalités de déroulement du
projet a permis de contextualiser plus précisément
l'opération et les objectifs du travail réalisé pendant le
stage professionnel.
Dans la partie suivante, les résultats de recherches et
enquêtes menées à propos des usages du site et de son
histoire seront présentés. Puis les modalités selon
lesquelles il a été choisi de donner le site à voir au
public seront expliquées. En dernier lieu sera exposée la
façon dont ces résultats peuvent être utilisés pour
la mise en place du sentier et favoriser une participation des habitants.
34
2EME PARTIE : RECHERCHES ETHNO-
HISTORIQUES : RESULTATS ET FONCTIONS
I. RESULTATS DE L'ENQUETE ETHNO-HISTORIQUE
A. RAPPEL DES OBJECTIFS ET PRECISIONS SUR LA
METHODE
En intégrant le travail réalisé
préalablement par des étudiants de la licence Gestion et
Aménagement des Espaces Montagnards et Pastoraux, il s'agit d'un recueil
des données concernant l'activité humaine, les rapports d'usages
anciens et leurs évolutions sur le Pech de Foix et plus
précisément le lieu-dit « les Bentenaus ». Les rapports
d'usage concernent les relations que les hommes entretiennent avec ce lieu. Ils
seront abordés en termes de fonctions remplies par le site et de
représentations sociales que les personnes en ont. Au-delà de la
connaissance du site, ce travail pourra alimenter le contenu des dispositifs
d'interprétation qui jalonneront le sentier et dont l'élaboration
a été confiée au bureau d'étude « l'Humain
Volontaire ». Certains résultats de ce travail, ayant trait aux
terrasses de cultures en général et aux terrasses dans le
contexte Ariègeois ont été intégrés dans la
première partie du mémoire pour servir à préciser
le contexte. Les données restituées ici sont de ce fait plus
spécifiques au site de Bentenaus.
1. Les recherches aux archives départementales
de l'Ariège
Figure 5: couverture d'un registre cadastral de la
commune de Foix (Cliché: E.L)
35
Les recherches dans les divers fonds d'archives disponibles
permettent d'accéder à des informations anciennes. Ces recherches
doivent aider à mieux appréhender les rapports d'usage
passés et leurs évolutions. Le cadastre a pu être
systématiquement dépouillé sur la période allant
d'environ 1807 (premier cadastre napoléonien) à 1930. Le cadastre
comprend des plans cadastraux et des registres où sont consignés
les noms des propriétaires de chacune des parcelles
numérotées et référencées sur le plan.
2. L'enquête par entretiens
Elle permet le recueil d'informations pour la période
la plus récente c'est-à-dire le 20ème siècle. Si
cette méthode nécessite une certaine prudence concernant
l'exactitude des renseignements, notamment pour les éléments de
chronologie et de localisation, elle est une méthode essentielle pour
recueillir les représentations sociales. Des entretiens semi-directifs
ont été menés auprès d'anciens habitants du Pech,
d'habitants actuels de Foix et d'autres personnes-ressources (érudits
locaux, etc.). Certains ont été enregistrés, d'autres ont
été pris en note. Les entretiens qui avaient été
réalisés par les étudiants de licences ont
également servi dans la présentation des résultats qui
vont suivre. On peut signaler tout de suite que même les personnes
âgées n'ont pas connu l'époque où il y avait une
réelle exploitation de ces terrasses. Grâce à cette
méthode, nous avons pu :
? Accéder à des anecdotes
à propos du site
?Approfondir la notion de rapport d'usage par une analyse de
discours
?Réaliser des portraits d'habitants
36
3. Les observations de terrain
Elles apportent des éléments sur
différents points : les vestiges d'habitations (qui permettent de faire
des recoupements pour les localisations), la présence de plantes «
domestiques » (Vignes ensauvagées près de certaines maisons
et sur les terrasses monumentales, des lilas quasiment auprès de chaque
reste de bâtiments), des éléments techniques (colmatage de
murs de bâtiment en bouse de vache, agencement des pierres en
arêtes de poisson).
Figure 8: vignes ensauvagées Figure 7: vestiges
d'ustensiles près des Figure 6: mur de bâtiment avec
habitations colmatage entre les pierres
(Clichés : E.L)
B. TOPONYMIE DES NOMS DE LIEUX
Comme ont pu le faire remarquer Claudine
Pailhès21 et Stéphane Bourdoncle22, la
toponymie est un exercice très hasardeux et beaucoup de choses fausses
ont pu être écrites en se référant à cette
discipline. Cela nécessite une documentation très solide et
permettant de remonter la généalogie d'un nom de lieu. Pour mener
ce type de recherche, il faut de sérieuses connaissances, notamment en
linguistique. C'est pourquoi nous ne présenterons ici que des
hypothèses d'explication des toponymes présents sur le site.
Le seul nom de lieu pour lequel nous pouvons donner une
explication certaine est « le Pech ». Il est l'un des nombreux noms
de lieux qui soient issus du latin podium c'est-à-dire «
lieu élevé » et dont la forme « pech » se
rencontre dans plusieurs départements autour de Toulouse dont
l'Ariège. Il fait partie du thème toponymique relatif au relief
et plus spécifiquement aux hauteurs et aux montagnes (GENDRON, 2008).
21 Directrice des archives départementales de
l'Ariège avec qui nous avons pu avoir un entretien.
22 Historien, spécialiste d'histoire
socio-linguistique, grâce à qui nous avons pu avoir plusieurs
d'hypothèses d'explication pour les toponymes « les Bentenaus
» et « Pech de Mounjets »
37
Les recherches aux archives ont permis de constater
l'apparition du nom de lieu-dit « les Bentenaus » sur la carte du
cadastre datant de 1847. On en trouve différentes orthographes dans la
matrice cadastrale où sont consignés les noms et les changements
de propriétaires (Bintenaus, Bentenous, Bintenous, Bentenaous, etc.). Le
hameau de Jean Germa, autre lieu-dit à proximité, apparait
également sur cette carte.
Pour le toponyme « Bentenaus », plusieurs
hypothèses existent :
- « vint e naus » signifiant 29
-« vent de nauts » : vent des hauts (hauteurs)
- ou encore : les vents neufs
Pour pouvoir donner une explication plus sûre, il
faudrait une version occitane plus ancienne, datant de la période
médiévale ou moderne, où une graphie occitane
apparaîtrait car il s'agit là d'une francisation du
toponyme23.
Sur la carte cadastrale datant de 1807 les noms de lieu-dit
sont différents. Il y a notamment Pech de Moungets à la place de
Jean Germa. L'hypothèse qui peut être avancée en lien avec
le toponyme pech de mounjets est le pech des petits (ou jeunes) moines,
plutôt que « des haricots » comme on aurait pu le croire,
toujours selon Stéphane Bourdoncle. Pour les habitations situées
plus vers la crête c'est Pech d'Acoquat qui est le nom d'un
propriétaire de nombreuses parcelles sur cette zone à cette
époque. Mais pas de nom de lieu-dit sur cette carte pour la zone des
Bentenaus. Au fur et à mesure de l'abandon des habitats et des
terrasses, ces différents toponymes ont été
généralement oubliés et désormais on dit simplement
« le Pech ».
Les registres du cadastre de 1807 fut difficilement
exploitable, car les noms de lieux et le parcellaire sont différents
(pas de correspondance dans le découpage ni dans les numéros de
parcelles). De plus, la carte est en mauvais état. Donc, c'est le
cadastre de 1847 qui fut principalement exploité pour les recherches aux
archives.
C. HABITAT, USAGES ET REPRESENTATIONS
Les fonctions et usages dont la zone des Bentenaus fut l'objet
au fil du temps sont très divers : habitation, activités
agricoles, activités pastorales, de loisirs et même symboliques
(croyances, légendes). Quand on se promène sur le site, on
constate rapidement la présence de nombreux vestiges d'habitations, de
bâtiments agricoles divers et surtout un très grand
23 Explication fournie par Stephane Bourdoncle
Figure 9: (réalisation E.L)
Figure 10: (réalisation E.L)
38
39
La photographie de 1890 (ci-dessus), provenant du
Muséum d'histoire naturelle de Toulouse24, permet aussi de se
rendre compte qu'il y avait encore à cette époque un habitat
permanent et une utilisation agricole soutenue au niveau des terrasses de
cultures, vraisemblablement, il s'agissait surtout de céréales.
De façon sûre, et grâce au cadastre Napoléonien, nous
savons qu'il y avait de la vigne. La photo actuelle permet de constater
l'abandon agricole de ces parcelles et le retour d'une végétation
abondante. La partie située entre l'abri et les terrasses monumentales
reste tout de même assez dégagée. L'une des zones
nettoyée par la Fajip et identifiée sur les photos permet d'avoir
un point de repère pour se situer.
1. A propos des habitants et propriétaires
Le dépouillement des matrices cadastrales a permis de
retracer les noms et professions des propriétaires successifs pour la
maison à la citerne en montant le chemin des asperges, pour la maison
située en contrebas de l'abri rond en pierre sèche et pour la
zone des terrasses dites « monumentales ». Les derniers habitants du
Pech y ont vécu jusque dans les années soixante, mais
l'exploitation des terrasses pour la culture a vraisemblablement pris fin dans
les années 1920 / 1930. A cette période les maisons du hameau
Jean Germa commencent à être mentionnées comme : « en
ruines » ou « démolie » dans les registres des matrices
cadastrales. Les qualificatifs des parcelles évoluent aussi. Par
exemple, pour la parcelle N°204, mentionnée « vigne »,
devient « pâture » dans les années 20.
-La maison de monsieur Barona :
L'une des maisons, située aux abords de l'abri rond et
qui fut habitée jusque dans les années 1960 par un certain M.
Barona25 d'origine espagnole, n'apparait pas sur le cadastre pour la
période qui a été consultée. Il est un des derniers
habitants de la zone des terrasses et probablement un des derniers à
avoir utilisé les terrasses pour y faire quelques cultures.
24 Voir photo ci-dessous
25 Information issue du recoupement de plusieurs
témoignages recueillis lors d'entretiens
40
|
« Quand il y avait Barona, il entretenait la maison
qui est démolie, il entretenait sous l'orry, une baraque basse, il avait
des lapins, il était puisatier... il cherchait des points d'eau pour
faire des puits, il en aurait trouvé un, plus bas là ou il y a la
baraque au drapeau... je l'avais vu rempli à ras. f...] Les types avant,
ils vivaient de peu. Barona il n'était pas
méchant ». (M.Alozy)
|
Figure 11: maison habitée jusqu'aux années
1960 (cliché E.L)
|
-La maison à la citerne :
Pour cette maison située au bord du chemin, en montant
le chemin des asperges, et les parcelles autour voici ce que nous avons pu
recueillir comme informations concernant ses différents
propriétaires successifs:
Figure 12: "maison à la citerne" (cliché E.
L)
1847 : M. Jean Bicheyre, « employé, demeurant
à Foix », également propriétaire d'une autre maison
à Foix donc peut-être qu'il ne vivait pas dans cette maison.
1853 : M. Jacques Rousse « capitaine de Dragon en
retraite ».
1856 : « Jean Eychenne époux de Denjean
Anne, Fermiers de Bellissen au château du cap de la ville
». On observe les mentions : « Maison reconstruite » et «
augmentation de construction ».
1882 : la maison appartient à Pierre Dupla «
instituteur au Bosc ».
1915 : « Authié Bellerose Baptiste époux de
Dupla Jeanne habitant aux Arcades du capitole à Toulouse »
Grâce aux entretiens, nous pouvons estimer que cette
maison fut habitée jusque dans les années 1960. A cette
époque, les propriétaires de cette maison seraient des espagnols.
Vers cette même période, plusieurs personnes se souviennent d'un
monsieur espagnol avec une jambe de bois et un chien blanc, il fut apparemment
le dernier habitant de cette maison. Cet
41
homme qui n'était pas commode, faisait peur à
ceux qui s'approchaient de sa maison. M. Alozy qui avait alors environ 14 ans
ne passait pas trop près avec ses copains, car ils en avaient peur.
Cette maison est actuellement en ruines, on peut toujours y voir une citerne de
récupération des eaux de pluie.
Selon M. Danis, les Portet qui vivaient à Flassa
utilisaient cette maison. En été, ils amenaient leurs vaches sur
le Pech. Il se souvient qu'il venait y chercher du lait quand il avait environ
10/12 ans c'est-à-dire dans les années 1960.
Ceux qui ont connu cette maison habitée se rappellent
d'une terrasse magnifique avec une glycine. Une vigne ancienne pousse toujours
devant. D'une certaine façon cette maison est toujours un habitat
utilisé car il y a un campement de fortune fait de tentes de camping
à côté, occupé par des sans domicile fixe.
A proximité de cette maison, des personnes ont
vécu dans des sortes de cabanons. Tout d'abord un certain M. Louxaiou,
qui « vivait de ce qu'il récoltait », vers la fin des
années 1930, avant la guerre, il faisait peur aux gens et
possédait un âne pour se déplacer.
Ensuite, une femme a vécu un an et demi avec son mari
et ses enfants en bas-âge dans une sorte de cabane très
rudimentaire toujours au début des années soixante.
-La maison au dessus du chemin en arrivant sur le site de
terrasses :
Au moment de l'établissement du cadastre en 1847, le
propriétaire est « Caralp Jérôme dit jean de Livou (ou
liou ?) Cultivateur ».
1882 : Marfaing Françoise, « veuve de Caralp
Jérôme » et ses enfants deviennent propriétaires
1922 : Charles Rouch « automobiliste place Saint volusien
»
1923 : Soula Pierre « cultivateur au Pech », il est
le père du jeune Jean Soula qui disparut en janvier 1914 (voir plus loin
au paragraphe « faits divers »). Il est
également l'arrière grand-père de l'un des
propriétaires actuels de parcelles sur les Bentenaus et le dernier
cultivateur qui fut en activité sur cette zone du Pech. Il y vécu
jusqu'aux années 1950 dans la maison qu'il a ensuite vendu à
M.Barona. Son arrière petit-fils se souvient notamment qu'il travaillait
les parcelles à l'aide de ses boeufs, qu'il avait des ânes pour se
déplacer et qu'il faisait surtout pousser des pommes de terres et du
maïs pour ses bêtes. Il avait trois filles et un garçon :
Jean, Catherine, Augusta et Louise.
1924 : la mention « démolition » est
portée sur le cadastre.
On remarque deux parcelles de vigne à proximité
de cette maison, dont une est toujours mentionnée « vigne » en
1927.
42
-Hameau de Jean Germa :
Plusieurs maisons composent ce hameau situé au-dessus de
la zone des terrasses. Le dépouillement du cadastre permet d'avoir une
idée de la période où il a été
abandonné. C'est dans les années 1920/1930 que les maisons
changent de statut sur le cadastre :
1926 : « Fourment Joseph cordonnier à Foix »
maison mentionnée « démolie ».
1933 : « Couzy Jean cultivateur au Pech » maison
mentionnée « en ruines » à cette
date.
-Professions ou qualités diverses
des propriétaires apparaissant dans la matrice cadastrale :
Marchand de vin à Foix, chaudronnier, cultivateur
à Flassa, cultivateur au Pech, célibataire au Pech, cultivateur
à Jean Germa, boulanger, charron, marchand de papiers peints, tailleur
de pierre, fermier des places, épicier, employé du
télégraphe, etc.
2. Evolution des rapports: d'un espace essentiellement
agricole à un espace de loisirs
Les qualités des parcelles sur le cadastre
témoignent des usages de ces espaces au 19ème siècle. On y
retrouve les mentions : « pâturage », « bois »,
« labourable » (donc des cultures), « vigne », «
hautins »26 et d'autres témoignant de l'absence
d'exploitation : « broussailles », « rochers ». Mais il n'y
a pas plus d'information concernant le type de culture pour les parcelles
dîtes « labourables ». Les parcelles qui jouxtent les
habitations en bord de route au bas du Pech sont le plus souvent
mentionnées « jardins », « vigne » ou « hautins
».
La présence de vigne n'est pas étonnante car, en
Ariège, la vigne poussait autrefois sur tous les coteaux calcaires
jusqu'à des altitudes assez élevées comme à Lordat
en haute-Ariège. Aujourd'hui, on trouve encore sur les terrasses de
Bentenaus des vignes aujourd'hui ensauvagées. M. Blazy, dernier vigneron
de la ville de Foix, a pu donner quelques indications grâce à
l'examen de sarments prélevés sur les terrasses. Selon lui, ce
sont des anciens cépages français. Les greffons étant
morts car pas entretenus, il ne reste que les porte-greffes qui ne sont pas
sensibles aux maladies. Ces restes de vignes ne sont pas issus de marcottages
ou de bouturages, ils sont « issus du pépin ».
C'est-à-dire qu'ils ont été semés. Ce type de pied
de vigne est plus adapté à un sol comme celui du Pech, où
l'eau n'est pas abondante, car les
26 Vignes aux branches très
hautes et supportées par des arbres ou des échalas
43
racines de vigne « issus du pépins »
descendent plus en profondeur et peuvent ainsi aller chercher l'eau
nécessaire.
Certaines personnes se souviennent du magnifique jardin d'un
gendarme qui s'appelait M. Rouzaud au début du chemin des asperges, dans
les années 1960.
Ces qualificatifs évoluent à partir des
années 1910. On constate des modifications qui traduisent le
début de l'abandon de ces terroirs. De même pour l'abandon des
habitations qui commencent à être mentionnées « en
ruines » ou « démolies ». Par exemple : la parcelle 204 :
en « vigne » devient « pâture » dans les
années 1920. D'autres parcelles mentionnées « Vigne »
et « hautin » deviennent pâture vers 1914. L'utilisation pour
la pâture des animaux semble de plus en plus se généraliser
et, actuellement, les parcelles des Bentenaous sont généralement
mentionnées « lande » traduisant ainsi l'abandon progressif de
ces espaces. Divers évènements ont contribué à ces
changements : crise du phylloxéra, guerre mondiale de 1914-1918,
modernisation de l'agriculture, etc.
Ces remarques concernent plus spécifiquement le site
des Bentenaus, car le haut du Pech où se trouvent des espaces plus plats
et de grandes fermes était en culture jusqu'à une période
plus récente. Des personnes interviewées se souviennent de
cultures de céréales, notamment du blé, et de la vie
sociale liée à ces pratiques agricoles : la moisson du
blé, le moment du « dépiquage », les vendanges, la
fête du cochon. C'était des moments où les voisins, les
amis se retrouvaient : « Les gens allaient de fermes en fermes, pour
travailler ensemble, mais il n'y avait pas de question d'argent ». Les
paysans du Pech accrochaient un tissu blanc dans la végétation
pour que ceux du Saint Sauveur soit avertis quand c'était le moment de
dépiquer le blé. On se souvient aussi qu'ils descendaient
à Foix les jours de marché. Les personnes ont le souvenir de
plusieurs familles de paysans en activité dans les fermes du haut du
Pech au cours des années 1950, 1960, 1970. Actuellement l'une de ces
fermes est encore utilisée pour de l'élevage ovin.
Pour les Bentenaus, ceux dont on se souvient encore
aujourd'hui, vivant là, n'avait pas vraiment d'activité agricole.
M.Roux se souvient d'un homme qui vivait sous la première terrasse et
qui cultivait les terrasses en potager dans les années 1935/40.
Si autrefois le Pech était majoritairement une zone
d'habitat permanent, de production (principalement vivrière) et
secondairement de loisirs (pour la chasse notamment), peu à peu la
tendance s'est inversée. Il s'agit désormais principalement d'un
espace de loisir (randonnée, balade, cueillettes, chasse,
spéléologie, etc.). C'est cet usage et cette
représentation des lieux qui prédomine. La dimension «
espace naturel », voire de « nature sauvage » a pris le dessus
bien que le paysage et les terrasses qui le structurent soient
44
le résultat d'une anthropisation ancienne du milieu.
L'activité agricole et l'habitat sont désormais très
limités sur le Pech.
3. La question de l'eau sur le Pech
C'est un point qui semble énigmatique car il y a
très peu d'eau sur le Pech et l'on se demande comment les cultures
étaient arrosées et les animaux abreuvés. Mais certaines
informations viennent relativiser cette question. Si l'eau était
effectivement un problème sur le Pech, les hommes qui y vivaient avaient
développé des techniques permettant de le pallier.
Tout d'abord, selon M. et Mme Vacquier, retraités
agricoles, des sources non entretenues ont pu se perdre. Et autrefois on
arrosait moins, d'ailleurs les céréales cultivées
nécessitaient moins d'eau.
Figure 13: la fontaine de Labat au hameau de Jean
Germa (cliché E. L)
Dans cette zone du Pech, le seul point d'eau connu est la
fontaine située au hameau de Jean Germa, mais M. Barona, qui
était puisatier, aurait trouvé un autre point d'eau qu'il aurait
aménagé en puits, vers la falaise au drapeau (à droite,
plus en
contrebas par rapport aux terrasses « monumentales
»). Les maisons sont équipées de systèmes permettant
de récupérer les eaux de pluie qui sont stockées dans des
citernes. Devant la
maison de M. Barona il y a deux citernes au niveau du sol qui
devaient recueillir les eaux de
ruissellement du toit. Une des grandes fermes de la
crête aurait même un dispositif permettant
de drainer les eaux de pluie de toute la crête.
M. Roux a de la famille qui a vécu sur le Pech, il
raconte qu'il y avait un manque d'eau et que les gens utilisaient la Fount de
Labat sur la route du Pech d'en haut, c'est-à-dire la source de Jean
Germa. Il raconte aussi que « Les filles Soula allaient tous les matins
vendre le lait à des particuliers à Foix, [et qu'] ensuite elles
remontaient les bidons remplis d'eau. »
Au niveau du cadastre, on peut signaler qu'en 1914 la parcelle
dénommée « Lafount » situé sur le chemin du Pech
d'en haut apparait comme appartenant aux habitants du hameau de Jean Germa.
Bien que mentionnée « pâture » sur le cadastre cette
parcelle correspond bien à la fontaine de Labat à Jean Germa.
Peut-être que suite à des problèmes de répartition
de la ressource il a été décidé que cette fontaine
serait à tous les habitants du hameau.
45
En contrebas de la zone de terrasses des Bentenaus, il y a
plusieurs parcelles qui portent le nom de « Fount del Binténaous
» (elles sont mentionnées « vigne », « pâture
», « bois » , etc.). Peut-être qu'il y a eu à un
moment une fontaine ou une source à cet endroit. Cela correspond
d'ailleurs à peu près avec la zone où M.Barona aurait
construit un puits.
Selon certains de nos interlocuteurs, il y aurait un lac sous
le Pech, ou du moins une grande quantité d'eau. Une idée qui
pourrait être confirmée par les problèmes qu'il y a au
niveau du tunnel de Foix, notamment lorsqu'il y a des gros orages. Lors des
travaux pour le percement du tunnel des sortes de rivières souterraines
auraient été « sectionnées » puis
rebouchées. Ce qui aurait eu pour effet de tarir certaines sources du
côté de la route de l'Herm et au contraire d'en ouvrir d'autres.
Suite à de violents orages, l'eau qui ne pouvait plus s'écouler
par son chemin habituel serait passée sous la route provoquant un
plissement de la chaussée.
4. Les cueillettes sur le Pech
-les fleurs :
Nombreux sont ceux, parmi nos interlocuteurs, qui associent le
Pech de Foix à la cueillette de fleurs, principalement au printemps.
Pervenches, iris, « belles fleurs blanches », gentianes de koch,
lilas, etc.
Sur le chemin il y a une prairie où l'on retrouve des
espèces botaniques remarquables : orchidées, ancolies, gentianes
de koch, etc. La présence de gentianes bleues à cette altitude
n'est d'ailleurs pas commune.
Les recherches dans les ouvrages de la bibliothèque des
archives départementales de l'Ariège ont permis de trouver une
mention de cette particularité dans une monographie communale de Foix
datant de 1884, écrite par Paul Baby, où l'on peut lire à
la rubrique « flore » :
« Un fait botanique très curieux à
signaler : notre compatriote M Lazerges, président de la
société des sciences physiques et naturelles de Toulouse a
trouvé en très grande abondance sur le versant nord ouest du Pech
et à la faible altitude de 425 mètres, le gentiana acaulis
latifolia, qu'on ne rencontre que dans les régions alpines de 1300
à 1800 mètres. »
Figure 15: lilas en fleurs au printemps Figure 14: fleur
non identifiée
46
Figure 16 : Ancolie Figure 17: gentianes de
koch
(Clichés : E.L)
Monsieur Richard Danis, dans les années 1960, quand il
avait une dizaine d'années, venait au Pech cueillir des gentianes de
koch, il les disposait ensuite dans une assiette à soupe pour faire un
« coussin » et l'offrir à sa mère.
Mme Favergeon, qui vivait près du vieux pont se
promenait sur le chemin des asperges, âgée d'une dizaine
d'années elle aimait beaucoup aller cueillir des pervenches au
printemps. C'était toujours sous l'oeil de sa mère, qui la
surveillait depuis le magasin de l'autre côté du vieux pont,
« il fallait qu'on nous voie » dit-elle. Lorsqu'elle se promenait
avec sa mère, elles rejoignaient Flassa et faisaient la boucle.
Annie Cazenave, historienne, et habitante de Foix
fréquentait le Pech pour diverses raisons : pour « explorer »
seule ou avec des amis, en promenade avec sa mère, etc. Elle y allait
aussi au printemps pour cueillir des pervenches sur le chemin des asperges. Par
le chemin situé en face de la croix de Bouychère (sur le cadastre
napoléonien il est appelé « chemin de Trinques-Couches
»), aujourd'hui envahi par la végétation, elle allait
cueillir des iris avec sa mère. Elles allaient aussi cueillir des lilas
aux abords des anciennes habitations. Les fossiles, c'était surtout les
garçons qui y allaient. Elle ne faisait que suivre.
47
Mme Depas ramassait des oeillets sauvages.
M. Gaston Géraud, qui est du quartier du Vignoble (vers
Montgailhard) se souvient que son oncle Josépou, sur le chemin de
l'école qui était à Foix, passait par le Pech et faisait
une petite botte d'iris violet clair, avec, « il se faisait un peu
d'argent pour s'acheter une petite bagatelle. »
M.Alozy pour sa part ne cueillait pas de fleurs, mais il les
prenait en photos, il a de très nombreuses diapositives de fleurs
photographiées sur le Pech.
-Les asperges :
Certains habitants de Foix vont, au printemps, cueillir de
jeunes pousses d'asperges sauvages sur les flancs du Pech. D'où le nom
du chemin qui part du vieux pont. M.Alozy va au Pech et plus
précisément sur les terrasses pour chercher des asperges
sauvages. Par contre les « respunchus », que d'autres ramassent, il
ne les aime pas :
|
« Cet endroit là j'y vais que pour les
asperges, sur les terrasses, il y en a plein...c'est fin...il faut prendre que
le bout... on les fait en omelette »
|
Figure 18: asperges sauvages (cliché:
E.L)
|
|
-Les truffes :
Plusieurs personnes ont parlé des truffes du Pech, mais
nous avons relevé peu de détail sur cette cueillette. Seulement
une anecdote à propos de deux jeunes hommes qui se sont fait prendre
à braconner et qui ont dû restituer le précieux butin
à la propriétaire du terrain.
Quant à Henri Aillères, dans les années
1960/1970 il y allait avec ses voisins : « On allait chercher des
truffes c'était quelque chose d'exceptionnel, j'étais content de
les sentir ».
-Des cueillettes de subsistance :
Mme Depas et son mari n'avaient aucunes ressources lorsqu'ils
sont venus habiter sur le Pech au début des années soixante. Les
cueillettes permettaient de compléter leur alimentation :
48
J'allais aux asperges, j'allais aux champignons, je
ramassais des oeillets sauvages...après y'avait des amandes, à
l'époque y'avait de tout...On ramassait aussi des poireaux sauvages pour
faire la soupe...on avait rien, on n'avait pas un sou ! Après mon mari a
travaillé, on a pu commencer à s'acheter ce qu'il fallait pour
manger...
5. Faits divers et croyances :
Il existe à propos du Pech de Foix de nombreux faits
divers et croyances : des disparitions de personnes, des histoires
d'assassinats, de suicidés, de maison hantée, etc.
On nous a relaté la disparition d'un enfant qui ne fut
jamais retrouvé et que l'on a supposé tombé au fond d'un
gouffre (il y a en effet de nombreuses cavités naturelles sur le Pech de
Foix). Ce fait divers se serait passé à la fin du
19ème siècle, la famille de Mme Favergeon, vivant
à proximité du vieux pont, a participé aux recherches.
Une autre histoire concerne une jeune femme qui aurait disparu
huit jours avant son mariage. Elle était allée porter à
manger à ses parents qui travaillaient une parcelle de terre sur le
Pech.
Il y a également en 1914, la disparition de Jean Soula.
Il était parti chasser sur le Pech, lui non plus ne fut jamais
retrouvé. Dans un article consacré à cette histoire on dit
de lui qu'il est « de la métairie du Pech faisant face aux
allées de Villotes ». Ce fait est lié à un second :
le meurtre d'une jeune femme. Dans ce cas, les faits sont avérés
tant par des témoignages de descendants de la famille du jeune homme que
par les articles relatant l'histoire. Ces extraits de journaux ont
été retrouvés par les étudiants de la licence
GAEMP27.
Les articles relatant ces faits divers permettent de relever
quelques informations sur les habitudes et la vie quotidienne de personnes
vivant sur le Pech. Dans l'utilisation de l'expression « habitants du
quartier du Pech », le terme « quartier » souligne le
caractère urbain ou périurbain attribué au Pech. Le jeune
homme travaillait à la mine de Pradières, où les ouvriers
furent mobilisés pour la recherche du jeune homme. Toujours à
propos de ce jeune homme, on apprend que « parfois le dimanche, il venait
passer la journée à Foix ».
A propos de la jeune fille assassinée, on sait qu'elle
était allée aider à la ferme voisine pour préparer
le salé, ce qui nous donne une idée des relations entre les
familles et notamment l'entraide qui existait entre voisins pour certains
événements marquants, selon les saisons ; ici la
préparation du cochon.
27 Voir articles documents reproduits en annexe.
49
En réalité ces deux faits divers sont
liés car tous les deux sont vraisemblablement les victimes d'un
même assassin, le fils d'une famille du Pech, celle-là même
où la jeune fille était allée aider. Il fut
retrouvé quelques temps plus tard, il s'était pendu.
Ensuite, deux personnes ont parlé de maisons
considérées comme hantées et/ou ayant été le
lieu d'un crime. La première histoire concerne une maison qui serait
hantée en raison d'un meurtre qui y fut commis, un homme aurait
assassiné sa femme :
« Je ne sais pas si c'était un village mais il
restait pratiquement rien...il restait des dalles par terre...y'avait quelques
briques, quelques trucs...on disait que c'était hanté à
l'époque...parce que ça faisait bizarre quand on arrivait...tout
autour c'était des bois, les oiseaux ils chantaient et quand vous
arriviez à cet endroit là : plus un bruit ! C'était
même prenant le silence qu'il y avait...c'est pour ça qu'on disait
c'est hanté...M Barona disait `faut pas trop y aller par là c'est
hanté !'... ...ça devait être par là ; au dessus de
la falaise...mais je vous dit dans l'état que c'était
déjà, on allait chercher le bois là...je l'attachais
à la taille et je le descendais comme ça...[...] à propos
de la maison hantée, ce que je me rappelle et ce que je me souviens,
c'était un homme qui avait tué sa femme et après lui il se
serait tué et puis plus personne n'est allé dans cette maison et
c'est là qu'elle est tombé en ruine et puis qu'on disait que
c'était hanté... ...on disait que les deux âmes
revenaient...vous savez à l'époque c'était...des croyances
comme ça aussi... ça a du se passer dans les années 40
par
là » .
Dans le second cas, il s'agit de ce qu'Annie Cazenave, qui
s'est beaucoup promenée sur le Pech, appelle « la maison du crime
». Elle allait avec sa mère cueillir des lilas aux abords de cette
maison située derrière un épaulement rocheux. Dans les
années 1920, un couple de paysans aurait été
assassiné par un homme s'étant présenté comme un
camarade de leur fils, tué à la guerre de 14-18. Il les aurait
tués pour de l'argent, il fut ensuite guillotiné. La preuve
étant que trois verres avaient été retrouvés sur la
table.
Ces diverses histoires confèrent au Pech un
caractère de dangerosité et d'étrangeté qui a pu
pousser les parents à une certaine prudence notamment en ne laissant pas
trop les enfants y aller seuls.
6. L'abri en pierre sèche construit en
encorbellement
Figure 19: (cliché FPA)
Parmi les éléments architecturaux remarquables
du site se trouve un abri construit en encorbellement. Nous ne disposons que de
très peu d'informations à son sujet et concernant son
utilisation. Selon divers témoignages d'habitants, il aurait servi
à stocker, durant l'hiver, les pommes de terre qui étaient
cultivées sur les terrasses. Il a
50
également pu servir d'abri à outils. Un autre
usage, plus contextuel, a été mentionné par M. Roux qui se
souvient que, lorsqu'il était enfant, l'« orry »28
leur servait de fortin pour jouer à la guerre.
7. Les terrasses monumentales
Elles ont une physionomie "hors-norme" et forment un ensemble
qui se distingue des
autres terrasses du site: les murs sont massifs, très
rectilignes et des murets dépassent du niveau de la terrasse. Elles sont
peu larges (l'espace cultivable est réduit) et ne suivent pas les
courbes de niveau, il y a une inclinaison très nette. Elles constituent
un ensemble particulier de terrasses dites « terrasses monumentales »
dont le contexte de construction reste inconnu à ce jour ainsi que le
type de cultures auquel ces terrasses étaient destinées.
Figure 20: (cliché E.L)
Au moment de
l'établissement du cadastre, vers 1847, la parcelle
où elles se trouvent appartient à « Joseph Canel, horloger
demeurant à Foix », également propriétaire d'autres
parcelles et d'une grande maison rue Labistour (18 portes et fenêtres) et
une autre plus petite rue de Lazema (4 portes et
28 Le terme « orry » est
fréquemment utilisé par tout un chacun pour parler de cet abri,
néanmoins, il n'est pas correct, car un « orry »
désigne une construction destinée à un usage pastoral en
zone d'estive, ce qui n'est pas le cas ici.
51
fenêtres). Il est propriétaire des parcelles aux
Bentenaous jusqu'en 1862, de la grande maison jusqu'en 1863, de la petite
jusqu'en 1871. Entre 1861 et 1868 il acquiert d'autres bien dont des parcelles
en vigne dans la « côte de Montgauzi » et à «
Lespinet ».
Ensuite, successivement les propriétaires des parcelles
« terrasses monumentales » sont : « Astre Antoine,
employé du télégraphe à Foix en 1882 », «
Jean Cazals cultivateur à Jean Germa » de 1882 à 1906,
« Couzy Jean-Baptiste cultivateur à Flassa en 1906, Eugène
Gélis marchand de vin en 1919, « Soula Catherine, Augusta,
célibataire au Pech » en 1928 (les filles de Pierre Soula
cité précédemment).
Une des hypothèses que l'on peut faire est une
construction pour planter de la vigne. Tout d'abord, selon JP
Métailié29, les terrasses hautes ne sont pas pour les
céréales mais plutôt pour des fruitiers ou de la vigne qui
sont alors disposés sur deux rangs. Actuellement, on constate qu'il y a
quelques vignes ensauvagées sur ces terrasses. Le but pouvait être
de favoriser un murissement plus rapide du raisin et un taux d'alcool plus
élevé grâce à la chaleur dégagée par
la pierre le jour et la restitution de chaleur la nuit. Une technique de
culture de la vigne dont une variante existe à Saint-Paul de Jarrat: il
s'agit de gros rochers, résidus d'un ancien glacier, ou d'amoncellements
de pierres sur lesquels on fait pousser de la vigne pour une optimisation des
effets de l'ensoleillement.
Plusieurs hypothèses ont été
proposées pour expliquer leur inclinaison par rapport aux courbes de
niveaux lors de la visite partagée30 organisée par le
bureau d'étude l'Humain Volontaire et la Fédération
Pastorale de l'Ariège :
-l'adaptation à la forme de la roche mère
(hypothèse formulée par Vincent Baudon, artisan-murailler)
-une orientation au sud, pour une meilleure exposition au
soleil
-Une optimisation de l'irrigation et de l'écoulement
des eaux
L'hypothèse d'une construction en vue de cultiver de la
vigne semble plausible mais le cadastre napoléonien est en contradiction
avec cette théorie puisque ces parcelles sont mentionnées comme
« pâture » et pour certaines parties comme « labourable
». Mais la construction de cet ensemble pourrait être
postérieure à cette date et la dénomination de la parcelle
n'aurait pas été modifiée. L'hypothèse serait alors
une construction sur plan à l'initiative de Joseph Canel entre 1847 et
1862 (date à laquelle le groupe de parcelles est
29 Géographe du laboratoire GEODE de
l'université de Toulouse le-Mirail.
30 Cette visite partagée a eu lieu le 14
mars 2011. Il s'agissait d'une sortie sur le terrain avec les personnes du
« groupe-projet ».
52
vendu). Avec pour but une optimisation technique de la culture
en terrasses selon un modèle de rationalisation scientifique, à
une époque où les sciences agronomiques sont en plein essor.
Justement, à cette époque, en Ariège
existait la « ferme-école »31 de Royat où
l'apprentissage de techniques modernes pour la viticulture avait une grande
place (CASTERAN, 1992). Le propriétaire du domaine de Royat est Emile
Lefèvre32. L'un de ses objectifs principaux est de montrer
que la culture de la vigne peut, en Ariège, connaître des
améliorations de qualité (à l'époque de Philippe Le
Bel, les vins ariègeois, de qualité, étaient servis
à la cour du Roi, mais au fil des siècles, le savoir-faire s'est
perdu). Il est persuadé qu'avec la production de vins d'une
qualité tout à fait convenable, la rentabilité à
l'hectare, sera supérieure à toute autre culture et permettra
d'enrayer l'exode des jeunes ruraux vers les bons salaires des vignes
languedociennes ou sur les chantiers de chemin de fer.
Emile Lefèvre est convaincu que l'on pourrait ainsi
modifier les conditions économiques de la région. Les bons
résultats du vignoble de la ferme école en sont selon lui la
preuve indiscutable (en 1878 un bénéfice de 20 000 F est
réalisé). Or pour une réelle amélioration, il faut
un investissement conséquent ce qui attire de nombreuses critiques
à la ferme-école. Elle est parfois accusée de se livrer
à des cultures de luxe, qui conduisent à des échecs
couteux ceux qui les essayent. (CASTERAN, 1992). L'hypothèse peut
être faite que les terrasses monumentales du Pech de Foix ont
été réalisées dans ce contexte, en appliquant des
conseils techniques issus des préconisations de la ferme-école.
Seules des recherches plus poussées en archives permettrait de confirmer
ou infirmer une telle hypothèse.
8. Le Pech: un espace de tranquillité, d'exploration
voire d'apprentissage
Du fait de son relief abrupt, et bien que contigüe
à la ville de Foix, le Pech n'a pas subi l'extension urbaine, ce qui
accentue aux yeux des fuxéens ses qualités d'espace
préservé, calme et tranquille. D'ailleurs, lors de la visite
partagée certaines personnes présentes ont évoqué
la tranquillité dont les habitants du Pech devaient
bénéficier et le cadre privilégié dont ils
jouissaient.
31 La monarchie de juillet, consciente des
progrès à réaliser dans le domaine de l'agriculture,
décide de créer des fermes-écoles en 1848. C'est un
système national avec une ferme par département.
32 Proche de la société d'Agriculture
et des Arts de l'Ariège créée en 1817 par des notables
épris d'agriculture, propriétaires pour la plupart dans la plaine
: un secteur en avance technique.
53
Ce qui plait à M.Alozy sur le Pech c'est le calme, la
proximité de Foix, la vue que l'on a de là-haut et le terrain
d'exploration que cela représente. Il se dit lui-même «
amoureux du Pech » :
« J'y allais pour me promener, pour aller
découvrir si je trouvais de nouveaux trucs...je faisais des photos,
surtout de fleurs. Quand j'étais jeune je faisais les grottes. Le
moindre trou même si c'était un trou où y'avait les
blaireaux qui y rentraient, moi j'y allais pour voir si on pouvait pas
agrandir, si ça pouvait pas aller plus loin, si ce n'était pas
une grande grotte finalement[...]On était plus attiré par le Pech
d'en haut, sur ce grand plateau on voyait vers Arabaux, vers l'Herm, vers le
massif de Tabe, le Montcalm, on voit loin, si c'est bien dégagé
au printemps, on voit la neige, c'est joli ! [...] C'est à deux pas de
Foix, y'a pas à prendre la voiture et le paysage est diversifié
selon le coin où on va... »
Originaire de la région lilloise, Mme Depas a
vécu au début des années soixante dans un cabanon
situé non loin de la maison à la citerne pendant un an et demi
avec son mari son petit garçon de deux ans et sa petite fille qui est
née durant cette période. Leurs conditions de vie étaient
très rudimentaires mais malgré cela cette femme garde de
très bons souvenirs de cette période qu'elle considère
comme les meilleurs moments qu'elle ait passé en Ariège. :
« Je m'y plaisais beaucoup, je l'appelais `mon petit
paradis' [...] j'ai vu construire le pont et tout ça...la vue plongeait
comme ça au vieux pont [...] ce qui me plaisait c'était le calme,
c'était la ville en dessous, on pouvait tout regarder...la
tranquillité surtout...moi j'aime être tranquille »
Pour Annie Cazenave le Pech est un lieu de balade, de
cueillette, mais aussi d'exploration : ses grands oncles lui avaient
parlé d'un dolmen sur le Pech, le jeudi, elle partait avec une amie
à la recherche de ce dolmen qui devait se trouver dans l'alignement de
Villotes.
Mme Anne-Marie Joffres-Lefèvre, âgée d'une
soixantaine d'années, se souvient de ce qu'elle appelle un « rituel
familial ». Le 15 aout, la famille se réunissait et faisait un
grand repas. Le matin il y avait une visite au cimetière des «
tombes des ancêtres » et cours de latin -grec pour les enfants.
L'après-midi c'était excursion au Prat-d'Albis, au Saint -Sauveur
ou au Pech. Son grand-père avait un ami à la ferme tout en haut
du Pech. Il fallait faire attention aux trous de calcaire qui étaient
source de peur et d'inquiétude, les enfants n'avaient pas le
54
droit de sortir des chemins. « Tout le monde partait pour
un pique-nique, il y avait la bonne, les nappes blanches et tout le tralala
». Ensuite, le grand oncle qui était botaniste et professeur de
sciences physiques les faisait « herboriser » pour apprendre les
plantes de montagne. Mais ils n'avaient pas le droit d'aller seuls au Pech, il
y avait « un caractère de dangerosité ». Ici, la
promenade au Pech sert aussi de terrain, de support d'apprentissage.
9. Le Pech comme espace de « relégation
»?
La zone des terrasses du Pech semble aussi être et avoir
été considérée comme un espace de misère et
de mise à l'écart. Si ce type de terroirs était
plutôt privilégié à certaines époques, avant
la mécanisation (voir plus haut ce qu'en dit Michel Chevalier), plus
tard, il semble avoir été exploité par des personnes qui
étaient plutôt au bas de l'échelle sociale. A
l'époque de la mécanisation de l'agriculture, travailler ces
terrasses sans outils modernes devait sembler un travail
particulièrement difficile et ingrat. Selon les témoignages
recueillis, les paysans de la crête du Pech étaient
considérés comme mieux lotis et certainement plus riches que ceux
vivant et cultivant les terrasses.
« Ils devaient vivre de misère là-haut
[en parlant de la zone des terrasses]...en haut sur le plateau, c'est
plat on peut le cultiver autrement, ça devait être riche »
(M.Alozy)
Vers les années 1940 /1960 des personnes habitaient
vers le chemin des asperges dans des sortes de cabanes dans des conditions
rudimentaires sans eau et sans électricité. Des conditions qui
paraissent d'autant plus précaires si on les considère depuis
notre époque où le confort des habitations a largement
évolué. Certains d'entre eux n'étaient pas commodes, ce
qui ne devait pas inciter les Fuxéens à la balade.
Aujourd'hui, il y a encore quelques habitants sur cette zone
du Pech : ce sont des personnes sans domicile fixe. Cette occupation par des
personnes en marge et sans abri est favorisée pour au moins deux raisons
: c'est un lieu à la fois proche de la ville et à l'abri du
regard des Fuxéens.
55
|
Au moyen-âge, à l'extérieur des remparts
de la ville et à proximité de l'une des entrées de la
ville médiévale (le vieux pont), il y avait vraisemblablement une
léproserie située vers le début du chemin des asperges.
Elle apparait sur plan de la ville de Foix réalisé par G de
LLOBET, historien. A cette époque, les léproseries ou maladreries
étaient des lieux d'isolement et de prise en charge des malades de la
lèpre.
|
Figure 21: Atlas historique des villes de France G. De
Llobet (1982) (Voir aussi en annexe la carte intégrale et sa
légende)
10. Un espace agricole périurbain
Autrefois, lorsqu'il était habité, le Pech de
Foix était comme « un quartier » de la ville33.
Notamment en raison de la généralisation de la voiture comme
moyen de transport, cette zone du Pech a été progressivement
désertée de ses habitants et aujourd'hui il est plutôt
perçu comme un espace naturel. C'est une zone qui présente les
caractéristiques d'un espace de campagne, rural, tout en étant en
proximité directe de la ville.
Cette situation devait permettre aux paysans de vendre
facilement leur production aux nombreux Fuxéens sans avoir besoin de
faire beaucoup de chemin. Cet écoulement de marchandises pouvait se
faire sur les marchés, sur les foires et directement auprès des
particuliers.
M. Piquemal, qui a vécu sur le haut du Pech de sa
naissance jusqu'à ses dix ans (entre 1928 et 1938), se souvient de la
vie de la ferme. Il y avait une dizaine de vaches, une trentaine de moutons et
quelques cochons. Les agneaux et les veaux après avoir été
engraissés étaient
33 Voir plus haut : l'expression « quartier du
Pech » est utilisé dans un article de journal de 1914
56
vendus sur le marché à Foix. Sa mère
transformait le surplus de lait en beurre et le petit lait était
donné aux cochons. La volaille et les lapins étaient aussi vendus
sur le marché. Ils cultivaient un jardin potager et des
céréales : blé, avoine, seigle. Une fois
récolté et dépité, son père descendait le
blé à dos d'âne jusqu'au pont de l'Arget chez le meunier
pour le faire moudre. Avec la farine sa mère fabriquait le pain.
Henri Aillères se souvient que les jours de
marché les deux soeurs Galy qui vivaient tout en haut du Pech
descendaient des veaux. Elles vendaient aussi des produits de la ferme, de la
volaille, des oeufs, des légumes. Par contre selon ses souvenirs, les
maisons plus basses sur le Pech, dans la zone des terrasses, ne faisaient pas
de production pour la vente à cette époque.
Autre exemple : la vente de lait cru aux particuliers de la
ville de Foix. Nous avons eu plusieurs témoignages à ce propos.
Le lait cru nécessite d'être vendu quotidiennement pour assurer sa
fraicheur et la proximité de la ville constitue un avantage pour une
livraison qui peut se faire à pied. Cette vente de lait frais aux
particuliers a perduré jusqu'a il y a peu.
Mme Vacquié l'a fait jusqu'à ce qu'elle et son
mari prennent leur retraite à la fin des années quatre-vingt-dix.
Leur ferme est située sur la route de l'Herm du côté
Pradières. Tous les jours, à pied, elle « portait le lait en
ville ». Dans des bidons au départ, puis dans des bouteilles et
à la fin dans des berlingots. Cela permettait de vendre plus cher que le
prix du ramasseur et puis lors de l'instauration des quotas dans les
années 1980, « il fallait bien faire quelque chose des surplus
». L'inconvénient c'est que cela prenait du temps. Cette pratique,
certainement très ancienne, se faisait au début du
20ème siècle selon le témoignage de M.Roux qui
raconte que les filles de Pierre Soula allaient tous les matins vendre du lait
à des particuliers à Foix.
Grâce au dépouillement du cadastre ancien, on
peut remarquer que certains propriétaires dont la profession est «
cultivateur » sont domiciliés au centre ville de Foix et
possèdent des parcelles en périphérie, notamment sur le
Pech. Ce qui dénote encore une fois cette proximité, cette
interpénétration des deux espaces : l'urbain et le rural.
57
11. Le quartier du vieux
pont34
Le quartier situé au départ du sentier des
asperges est un point de passage très fréquenté. La route
d'où le sentier démarre est une des artères principales de
la ville (Route Nationale jusqu'à ce que la déviation par le
tunnel soit mise en place) et jusqu'en 1962, le vieux pont est le seul qui
permette d'accéder à la ville. Autrefois, les boîtes aux
lettres des habitants du Pech étaient situées au niveau du
passage sous le porche qui débouche vers les premiers lacets du chemin
des asperges. Ce passage est comme une interface entre l'espace urbain et
l'espace « naturel » du Pech.
Henri Aillères qui vivait au départ du chemin du
Pech, où sa mère tenait un café jusqu'au début des
années quatre-vingt-dix, se souvient bien de la vie et de l'animation
qui régnait dans ce quartier lorsqu'il était jeune. Il y avait
beaucoup de monde, des commerces, des services publics et bien moins de
voitures qu'aujourd'hui. « Tout le monde passait par là ».
C'était, jusqu'au début des années 1990, un quartier
très vivant avec de nombreux commerces et services. Il y avait
Fauré le photographe, plusieurs pompistes, Lautier pneus, la
Sécurité Sociale, la Caisse d'allocations familiales, la
Trésorerie Générale, etc. Et aussi un grand hôtel
restaurant ayant une grande notoriété pour sa gastronomie.
Les jours de marché le café du départ du
chemin des asperges était fréquenté par les agriculteurs
qui venaient à la foire, le marché de la place du Mercadal
n'était pas loin. Les personnes qui vivaient à Flassa venaient
également au café. Sa fréquentation était aussi
liée au trafic des cars qui desservaient Toulouse et la
Haute-Ariège. L'arrêt était devant le
café. la gare n'est pas loin non
plus.
Il y avait également du transport de marchandises pour
lequel le café faisait dépôt et réception des colis.
La charcuterie Rouch, par exemple, faisait partir des colis vers la
Haute-Ariège pour approvisionner des épiceries. A l'époque
il n'y avait pas de chaîne du froid. Cet endroit de la ville a
été pendant des siècles un lieu de rencontre, de passage,
de circulation de personnes et de marchandises. Actuellement, c'est toujours un
lieu de passage, mais la circulation est surtout routière.
Au chemin des asperges des gens travaillaient leurs jardins.
Plusieurs personnes nous ont parlé d'un gendarme, M. Rouzaud, et de son
magnifique jardin. Il habitait dans Foix et venait là cultiver son
jardin, une petite cabane lui servait à ranger ses outils. Il faisait
un
34 Afin de mieux situer ce quartier, se
référer au plan situé dans la première partie du
mémoire dans le chapitre présentant le site.
58
potager et un peu de vigne dont il consommait le raisin. Pour
les enfants du quartier, le chemin des asperges et le Pech c'était la
balade principale.
« C'était la nature, la construction de
cabanes, la cueillette des asperges...des jeux ayant trait à la
nature...on y était tout le temps. Beaucoup de gens du Rivals, la partie
basse de la ville, fréquentaient. » (Henri Aillères)
D. PORTRAITS D'HABITANTS DU PECH35
1. Suzanne DEPAS
Âgée de 69 ans, Mme Depas est la mère de 5
enfants, la grand-mère de 20 petits enfants et 20 arrière petits
enfants. Elle vit à Saint Jean du Falga avec son mari. Dans les
années soixante, âgée d'une vingtaine d'années, elle
fut l'une des dernières habitantes du Pech pendant environ un an et demi
; avec son mari, son fils de deux ans et sa fille, née durant cette
période sur le Pech. Malgré les conditions de logement
rudimentaires et les difficultés, l'amour qui l'unissait à son
mari36 et la tranquillité des lieux lui ont fait garder de
très bons souvenirs de cette période et de ce lieu qu'elle
appelle « son petit paradis ».
C'est une cabane au sol de terre battue, sans eau ni
électricité, située en contrebas de la maison à la
citerne sur le chemin des asperges. Son mari remontait chaque soir de l'eau de
la source située à la préfecture. Pour laver le linge et
faire la vaisselle, l'eau de la citerne de la maison du dessus suffisait. Le
bois, ramassé aux alentours et transporté sur le dos, en fagot,
alimentait la petite cheminée de l'habitation. Pour améliorer
l'isolation du toit, ils avaient acheté des chevrons, mis de la paille
et du lino par-dessus. La table c'était quatre pieds d'acacia et une
planche, les chaises des bidons de mazout recouverts de coussins. Un sommier de
quatre planches avec de gros rochers pour les pieds faisait office de lit.
« Pour faire joli », Suzanne avait mis des petits rideaux sur le tour
du sommier. Les services sociaux ont voulu les loger en HLM, mais ils
préféraient être là, tranquilles. Finalement, pour
les enfants, ils ont fini par déménager, mais dans une maison.
Au départ, son mari rentrait tout juste de la guerre
d'Algérie, ils n'avaient donc aucun revenu. Pour compléter leur
alimentation, Suzanne cueillaient des poireaux sauvages, des
35 Cette partie comprend des redites par rapport
aux développements précédents, cela est du au choix de
faire une restitution sous forme de portraits.
36 Décédé par la suite, en
1976
59
amandes, des asperges, des champignons, etc. Ils avaient aussi
des lapins et quelques poules que le renard venait régulièrement
chaparder.
Originaire du Nord de la France, Suzanne est arrivée en
Ariège pour rejoindre sa tante, qui vivait en Ariège. C'est ici
qu'elle a rencontré son mari également originaire du Nord. Au
départ, ils étaient peu appréciés, on les appelait
les étrangers. Ils ont ensuite sympathisé avec Monsieur et Madame
Baronna, originaires d'Espagne, qui habitaient plus haut, ils passaient parfois
la journée du samedi ou du dimanche avec eux. Les deux hommes
bricolaient ensemble. Suzanne les recevait aussi chez elle, ils
s'arrêtaient boire le café quand ils allaient à Foix car
c'était sur leur chemin.
Sa belle-mère vivait au bas du Saint Sauveur dans une
cabane du même type, lorsque l'une d'elles avait un problème, elle
mettait un drap blanc dans un buisson pour prévenir. Ses jeunes
belles-soeurs venaient régulièrement lui rendre visite et
l'accompagnaient dans ses cueillettes sur le Pech.
Suzanne dit avoir passé là ses meilleures
années en Ariège. Ce qui lui plaisait c'était la vue sur
la ville en dessous, le calme et la tranquillité surtout qui convenait
bien à la liberté d'esprit qu'elle revendique.
2. Monsieur BARONA :
D'origine espagnole, il est probablement le dernier à
avoir utilisé les terrasses des Bentenaous pour des cultures, jusque
dans les années soixante.
Ce monsieur, qui était puisatier, aurait trouvé
un puits dans la zone des Bentenaous, vers « la maison au drapeau ».
Il vivait avec sa femme dans la maison, aujourd'hui en ruines, située en
contrebas au bout du chemin plat dans la forêt. Juste devant on peut
encore voir deux sortes de citernes ou puits au niveau du sol, peut-être
les a-t-il construits lui-même ?
Il avait des lapins, des poules, un âne, deux mulets et
« il faisait un peu de tout » pour sa consommation personnelle :
« Quand il y avait Baronna, il entretenait la maison
qui est démolie, il entretenait sous l'orry, une baraque basse, il avait
des lapins, il était puisatier... il cherchait des points d'eau pour
faire des puits, il en aurait trouvé un plus bas, là ou il y a la
baraque au drapeau... je l'avais vu rempli à ras bord. f...] Les types
avant, ils vivaient de peu. Baronna il n'était pas méchant.
» (M.Alozy)
60
« Mme Baronna c'était une dame petite assez
costaud et son mari c'était un grand maigre. Il descendait à Foix
sur l'âne et il remontait sur l'âne...et elle, la bonne femme, elle
tirait l'âne parce qu'il voulait pas qu'elle monte dessus...alors elle
s'arrêtait à la maison pour boire un petit coup d'eau ou de
café, elle disait il faut que je monte sur cet âne je vais pas
monter là-haut moi j'en peu plus...alors elle prenait un rocher un peu
haut elle montait dessus et puis elle voulait monter sur l'âne et quand
elle allait mettre la jambe, l'âne il avançait ! Ça
c'était trop... » (Mme Depas)
Plusieurs personnes se souviennent encore aujourd'hui de ce
monsieur qui descendait du Pech sur son âne pour faire ses courses
à Foix. Vraisemblablement, il n'empruntait pas le
chemin plat aujourd'hui dégagé. Ce chemin devait
déjà être enfriché, il en utilisait un autre en
bifurquant à droite, en dessous de la maison à la citerne, en
montant le chemin des asperges : le « chemin de chèvre ».
3. Monsieur PIQUEMAL
Il est né sur le Pech en 1928, à la ferme du
Pech de Naut (Pech d'en haut) que ses parents avaient acheté en 1920 et
qu'ils ont habité jusqu'en 1938. Il a donc vécu là
jusqu'à l'âge de 10 ans et se souvient de la vie de la ferme.
Il y avait une dizaine de vaches, une trentaine de moutons et
quelques cochons. Les agneaux et les veaux, après avoir
été engraissés, étaient vendus sur le marché
à Foix. Sa mère transformait le surplus de lait en beurre et le
petit lait était donné aux cochons. La volaille et les lapins
étaient aussi vendus sur le marché.
Ils cultivaient un jardin potager et des
céréales : blé, avoine, seigle. Une fois
récolté et dépité, son père descendait le
blé à dos d'âne jusqu'au pont de l'Arget, chez le meunier,
pour le faire moudre. Avec la farine, sa mère fabriquait du pain.
Le cochon, c'était pour la consommation familiale,
lorsqu'on le tuait, il y avait une grande fête avec les amis qui
étaient venus donner un coup de main. La semaine, pour être plus
près de l'école, il dormait chez sa tante à Flassa.
À partir de 1938, la famille Piquemal est descendue du Pech pour
s'installer dans une ferme plus bas mais tout en continuant à utiliser
les terres du haut. Puis, en 1955, la ferme sera vendue.
61
II. SYNTHESE ET PRECONISATIONS
A. BILAN DE L'ENQUETE
Les recherches concernant l'activité humaine sur le
Pech de Foix, les rapports d'usages et leur évolution ont
été menées grâce aux méthodes de la recherche
historique et de l'enquête ethnographique. Les résultats ont
notamment permis de dégager des thèmes qui pourront être
mobilisés pour l'élaboration du scénario
d'interprétation.
Des précisons ont été apportées
sur les rapports d'usages liés à cet espace d'anciennes terrasses
de cultures, au chemin qui y mène et à leurs abords (hauts du
Pech, quartier du vieux pont). La remarque principale que l'on peut faire est
le constat des multiples variations de ces rapports selon l'époque
à laquelle on se situe. Le passage d'un espace à vocation
d'habitat et agricole à un espace surtout de loisirs de nature a
profondément modifié les usages des habitants et les
représentations de cet espace. Ces variations dans les rapports d'usage
se retrouvent aussi, pour une même époque, entre les types
d'usages, d'usagers et leur classe sociale d'appartenance.
Espaces prisés avant la mécanisation de
l'agriculture, puis abandonnés aux paysans les moins bien lotis, ils
sont actuellement en train de redevenir des espaces estimés et
valorisés grâce à la patrimonialisation dont ils sont
l'objet, notamment à travers la mise en place d'un support
destiné à sensibiliser les visiteurs au patrimoine qu'ils sont
devenus.
Les représentations liées au Pech de Foix,
même si elles sont parfois teintées d'effroi face aux multiples
histoires de disparitions, suicides et crimes, restent globalement très
positives et liées à des sentiments de liberté, de rupture
et de ressourcement. Des sentiments qui prévalent même chez ceux
qui se sont retrouvés là par misère. La vue dominante
qu'il y a sur la ville, permettant de la percevoir dans son ensemble et
même au-delà, participe certainement à ce sentiment
général.
B. PRECONISATIONS POUR UN APPROFONDISSEMENT DES
RECHERCHES
L'un des objectifs principaux de ces recherches était
de trouver des réponses concernant l'origine des terrasses monumentales.
Des hypothèses ont été formulées et des pistes
suggérées mais le mystère n'a pas été
percé. Des recherches plus poussées, principalement en archives,
pourraient apporter des réponses aux questions que l'on se pose
62
sur le contexte de construction et les raisons de leur forme
atypique probablement liée à une fonctionnalité
particulière. Leur caractère exceptionnel et mystérieux
semble justifier un approfondissement des investigations. Voici des pistes de
recherche en archives encore à explorer :
?Les archives de la société d'agriculture de
l'Ariège, les archives de la ferme-école de Royat qui pourrait
avoir eu des liens avec un des propriétaires des terrasses
monumentales.
?Recherche des listes des bénéficiaires de
« primes aux initiatives progressistes » versées en 1841 et
dont certaines vont à des vignerons.
?Les archives de la mine de Bauxite de Pradières
située à proximité. Avant que les mines soient mises en
exploitation, des études sont réalisés avec notamment des
cartographies et des descriptions des activités aux alentours. Ces
archives font partie de la série S.
?Recherches dans les délibérations municipales
de la commune de Foix, mais c'est un travail très long car il faut tout
passer en revue
?Les livres terriers qui répertorient les
propriétés pour les 17ème et
18ème siècles. La lecture de documents
antérieurs au 19ème siècle n'est pas
évidente, il faut être capable de les déchiffrer.
Les recherches en archives prennent du temps et
nécessitent des habitudes méthodologiques. Cela pourrait
être par exemple un sujet de mémoire de master pour un
étudiant en histoire, qui pourrait, dans le cadre d'un stage, poursuivre
des recherches en archives. Une autre possibilité serait de faire appel
à un réseau associatif de bénévoles
passionnés d'histoire locale et habitués aux recherches en
archives.
D'autres disciplines pourraient permettre de mieux
connaître ce site et son histoire ; notamment en datant la période
d'apparition des terrasses de culture, en décelant d'éventuelles
modifications au cours des siècles, en répertoriant les types de
cultures selon les époques, etc. Pour la réalisation des
datations, les méthodes de l'archéologie de l'environnement
semblent les plus indiquées.
Sur la question de l'eau, des recherches pourraient aussi
être faites pour mieux comprendre comment fonctionnaient les citernes et
puits présents aux abords des maisons, notamment celle de M.Barona.
D'autres sources d'eau, éventuellement perdues, pourraient être
recherchées pour une application directe dans des projets
nécessitant d'avoir un point d'eau sur le site.
63
III. APPORTS POUR LA CONCEPTION DU SENTIER
D'INTERPRETATION
A. LA NOTION D'INTERPRETATION
La modalité d'appropriation de ce patrimoine par le
public (local ou de passage) et de restitution au public qui a
été choisie est un sentier d'interprétation.
C'est-à-dire, pour ce site patrimonial, un parcours in situ
jalonné de dispositifs faisant appel aux principes de
l'interprétation. Il s'agit au départ d'une technique de
médiation dont l'invention est attribuée à Freeman Tilden,
journaliste qui, dans les années cinquante, réalisa une expertise
pour Parcs Canada. Il en tirera un ouvrage « Interpreting our heritage
» publié en 1957 dans lequel il fait des préconisations
de médiations à destination des animateurs et
conférenciers des Parcs Naturels. Selon les principes qu'il a
énoncés, repris par Serge Chaumier dans un ouvrage
collectif,37 « il rappelle que l'interprétation doit
investir la subjectivité du visiteur, s'appuyer sur son
expérience, sans quoi elle est stérile. Que
l'interprétation ne se résume pas à une compilation
d'informations, mais qu'elle les révèle, s'appuie sur elles pour
les faire vivre. Qu'elle s'ancre dans une nécessaire
interdisciplinarité, notamment en faisant dialoguer les apports des
sciences. Que l'interprétation est en quelque sorte une provocation qui
vise à attirer les curiosités, à les faire naître.
Qu'elle s'adresse à l'homme tout entier, dans sa globalité, et
qu'une approche trop partielle est source d'appauvrissement. Enfin, qu'elle
doit s'adapter à ses publics, et notamment que l'interprétation
à destination des enfants ne consiste pas en une technique au rabais des
médiations pour adultes ».
Son ouvrage s'applique au patrimoine naturel,
s'intéresse surtout à la réception de l'information et
assez peu à la conception de l'offre. Mais ces principes, alliés
aux influences des courants de l'écomuséologie et de la nouvelle
muséologie, seront repris jusqu'à nos jours pour la conception de
ce que l'on appelle communément des supports d'interprétation qui
peuvent être implantés en milieu naturel ou dans des espaces comme
les centres d'interprétation. Il s'agit sous diverses formes et de
diverses façons de donner des clés au visiteur pour comprendre et
non pas seulement pour montrer. Le discours ne doit pas simplement être
didactique, il doit privilégier une approche sensible faisant appel aux
émotions, aux sensations, aux expérimentations et à
l'interactivité. On crée ainsi « des lieux de
compréhension, et donc de sensibilisation du public à une
donnée patrimoniale à découvrir
37 « Politiques et pratiques de la culture » sous la
direction de Philippe Poirrier, 2010, la documentation française
64
et à respecter. Car telle est bien la fonction
première [...] : interpeller le public pour lui donner à voir un
espace dans ses multiples dimensions. Pour cela, toutes les disciplines,
scientifiques, mais aussi artistiques sont mobilisées ». (CHAUMIER,
2010) Bien que la création de ce type de dispositifs soit le plus
souvent portée par des acteurs du tourisme, ils s'adressent aussi bien
à la population locale.
La mise en oeuvre de ces principes visant à montrer un
espace dans ses multiples dimensions permet de respecter, dans le processus de
valorisation d'un espace patrimonial, ce qu'Annette Viel appelle «
l'esprit des lieux ». Muséologue et consultante internationale
québécoise elle met l'accent, dans son travail, sur l'importance
de « l'esprit des lieux » dont la prise en compte lui apparait comme
essentielle dans toute démarche de valorisation d'un espace auquel
l'épaisseur de l'histoire a donné des sens différents,
selon les époques et les personnes. Pour elle, « le lieu
représentait un objet diversifié, complexe et signifiant qui ne
pouvait être appréhendé qu'en portant attention à
l'ensemble des signes qui le constituaient. » Selon elle, «
l'incorporation du respect de l' « esprit des lieux », dès
l'énonciation des orientations conceptuelles des projets, favorise une
synergie pluridisciplinaire orchestrant une vision partagée. Ce principe
fédérateur incite décideurs et spécialistes
à demeurer vigilants afin d'éviter le risque de diluer voire
perdre le sens dont sont dépositaires ces lieux représentatifs
d'une parcelle d'identité singulière ou plurielle. [...] Ces
lieux, trop souvent confrontés à une logique influencée
par l'industrie touristique, sont menacés de perdre une partie de l'
« esprit » qui les caractérise. »
B. UNE PERSPECTIVE
ETHNO-HISTORIQUE
Les résultats de l'enquête concernant
l'activité humaine sur le Pech et l'évolution des rapports
d'usages ont été intégrés par le bureau
d'étude dans la partie diagnostic de l'étude
scénographique en tant que perspective ethno-historique aux
côtés des approches naturaliste, paysagère, et
thématique préalables à l'élaboration du
scénario d'interprétation. La démarche participative mise
en oeuvre à travers l'animation du groupe-projet est également un
élément important notamment dans la définition des
potentiels du site qui précède l'élaboration du
scénario par les consultants du bureau d'étude.
Les résultats de l'enquête constituent
également un apport de données « brutes »pouvant
alimenter les contenus du scénario d'interprétation. Des
données à retravailler qui, une fois adaptées, pourront
éventuellement s'intégrer aux dispositifs
d'interprétation. L'approche ethno-historique est aussi l'une des
approches choisie pour la
65
démarche interprétative du scénario
élaboré par l'agence l'Humain volontaire. Les autres approches
sont « les approches ludique, sensorielle, ou encore artistique [qui]
seront utilisées successivement ou simultanément dans la
transcription du message à l'attention d'un public varié »
(extrait du document rédigé par l'Humain volontaire
présentant le scénario d'interprétation).
C. PORTRAITS ET PAROLES
Grâce à la méthode de l'enquête par
entretien, des portraits d'habitants et des extraits de recueil de la parole
pourront être intégrés au sentier. La thématique qui
a été choisie pour le site est « du plus proche au plus
lointain, du plus près au plus ancien » et l'une des « sous
thématiques » concerne « la mémoire de l'usage : des
fragments de vie entre mystère et familiarité, un patrimoine
humain ». En divers points du site, ces portraits et paroles seront autant
de fragments de vie « qui laisseront au visiteur tout le loisir de
s'imprégner des lieux et de s'approprier ces anecdotes » (extraits
du scénario d'interprétation).
Lors d'une réunion du groupe-projet, une lecture de
ces portraits et paroles a été faite afin de recueillir les
impressions du groupe et s'assurer de leur adhérence au concept. Leur
utilisation dans les dispositifs nécessite forcément une
autorisation des personnes concernées et dans un souci éthique
l'accord verbal des personnes avait été recueilli avant la
lecture publique.
D. PARTICIPATION A LA DEMARCHE
PARTAGEE
Tout d'abord, l'enquête par entretien participe à
la mise en oeuvre d'une démarche partagée car il s'agit de
rencontrer des habitants qui ont un lien avec le site. Ils le
fréquentent, le connaissent et même pour certains ils l'ont
habité. Ils sont ainsi conviés à participer à
l'élaboration du projet en apportant leur connaissance et leur
perception du lieu, utiles à la conception du scénario du
sentier. Aussi, l'utilisation du site, passée et actuelle, par la
population locale peut être prise en compte pour la conception du
scénario.
Le bureau d'étude l'humain volontaire est très
attaché à la mise en oeuvre d'une démarche partagée
à travers la recherche d'une vision partagée et l'animation du
groupe-projet. C'est notamment pour cette raison cette agence a
été choisi par le comité de pilotage pour la conception du
scénario d'interprétation. L'enquête de type
ethnohistorique s'est
66
fondue dans cette démarche globale qui a permis
d'appréhender les multiples facettes du lieu. La mise en valeur du lieu
se fait alors selon les principes de la démarche interprétative
qui cherche à donner à voir un espace dans ses multiples
dimensions.
L'objectif est aussi de permettre une appropriation du site
par les habitants afin que sa réhabilitation puisse être
créatrice de lien social et favoriser l'émergence de projets
complémentaires initiés localement.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
Dans cette seconde partie, nous avons pu voir comment
l'enquête ethnohistorique a participé à la production de
données classées par thèmes et qui seront utiles à
la conception du scénario d'interprétation privilégiant
une approche sensible dépassant la simple présentation de faits,
tout en contribuant à la mise en oeuvre d'une démarche de projet
partagée. Cette collecte d'informations sur les usages du site
passées et actuels, qui pourront être données à voir
pour participer à la compréhension du site par les futurs
visiteurs, a pu être réalisée avec l'aide d'habitants
locaux qui ont montré leur intérêt pour le projet en
acceptant d'être interviewés et en participant aux réunions
du « groupe-projet ».
Dans la troisième partie nous allons nous
intéresser aux perspectives de dynamisation possibles pour le site et
pour ce groupe d'acteurs dans l'avenir, quand la mise en place du sentier sera
terminée. Comment la dynamique qui s'est installée dans le cadre
de sa conception pourra-t-elle perdurer ? C'est à cette question que
l'autre partie du travail réalisé dans le cadre du stage
professionnel doit apporter des éléments de réponse.
3EME PARTIE: PISTES DE VALORISATION
DU SITE ET MODALITES DE SUIVI PAR LE
GROUPE PROJET UNE FOIS LE SENTIER EN
PLACE
|
I. ENJEUX, OBJECTIFS, METHODOLOGIE ET LIMITES DE CETTE
PARTIE
67
A. LES ENJEUX D'UNE DYNAMISATION DU SITE
Cette troisième et dernière partie
s'intéresse à l'avenir du site une fois que le sentier aura
été conçu et aux modalités possibles de
fonctionnement du groupe-projet composé d'acteurs institutionnels,
associatifs et d'habitants locaux. Une fois que les murs auront
été restaurés, que le cheminement pour accéder au
site et pour s'y déplacer sera aménagé et
agrémenté de dispositifs d'interprétation, qu'en sera-t-il
de la dynamique que ce processus de mise en scène du patrimoine aura
générée ? Si la mise en valeur, grâce à un
sentier d'interprétation, du paysage de terrasses et de ses dimensions
patrimoniales naturelle et culturelle est déjà très
importante en elle-même, n'est il pas possible d'aller plus loin et de
faire perdurer cette dynamique pour une plus-value étendue pour le
territoire sur lequel elle s'applique ?
La patrimonialisation d'un bien permet à la fois de
régénérer l'économie locale et le lien social,
toujours dans le cadre d'un territoire déterminé 38
(LAMY, 2005). Les acteurs mobilisés, notamment ceux qui sont
maîtres d'ouvrage ont tout intérêt à en faire un
levier du développement local en saisissant cette opportunité
pour maximiser les possibilités de retombées positives de cet
investissement dans la mise en oeuvre d'un sentier d'interprétation.
La FPA intervient financièrement et techniquement aux
côtés de la mairie de Foix pour la création du sentier
d'interprétation, mais une fois le sentier réalisé c'est
la mairie de Foix et l'Office du Tourisme local avec l'aide d'autres acteurs
locaux notamment associatifs
38 Voir aussi page 21 à propos du processus de
patrimonialisation, page 18.
68
qui prendront le relais pour la gestion et l'animation du
site, pour sa mise en tourisme. Sachant que le sentier pourrait fonctionner
seul, car il est ouvert au public et nécessite un minimum d'entretien,
c'est l'engagement plus ou moins fort des acteurs, notamment politiques et
associatifs, qui décidera de l'ampleur de la portée du projet sur
d'autres domaines de la vie sociale locale, comme par exemple les
activités à destination des jeunes permettant d'entretenir le
site au-delà du cheminement qui le parcourt.
L'une des modalités qui permettrait d'aller dans ce
sens est de favoriser d'autres projets, de développer d'autres
modalités d'appropriation et de restitution du patrimoine qui auront le
site de terrasses des Bentenaus comme support. Des projets mis en oeuvre par
des acteurs locaux, pour un public local ou pour un public de passage.
Le maintien et l'amplification d'une dynamique de groupe telle
qu'elle existe au sein du groupe-projet est aussi importante pour une bonne
appropriation du site. Actuellement, une action, vouée à se
maintenir, est déjà à l'oeuvre. Il s'agit des chantiers de
jeunes organisés par la FAJIP, pôle jeunesse de la commune de
Foix. Ils font vivre le site et concourent à une appropriation du lieu
par les jeunes de la ville en les faisant agir physiquement dessus
(débroussaillement, remontage de murs en pierre sèche, etc.) ;
une appropriation du lieu également pour les encadrants et les
organisateurs de ces chantiers.
B. OBJECTIFS ET METHODOLOGIE
L'idée de s'intéresser à cette question a
été proposée par le bureau d'étude l'Humain
Volontaire, très attaché à la notion d'ancrage
territorial, au début du stage afin d'élargir le travail
d'enquête présenté en deuxième partie du
mémoire en s'intéressant aux perspectives de dynamisation du
site. Le but était de proposer des pistes pour que le projet reste
ancré dans le territoire, que la dynamique d'action collective, à
l'oeuvre actuellement, perdure, le tout afin que le site vive dans le temps.
Des entretiens ont donc été menés auprès de divers
acteurs clés. Tout d'abord, la quasi-totalité des membres du
groupe-projet a été rencontré (ces différentes
personnes ou structures ont été présentées dans la
première partie du mémoire)39. Ensuite les
gestionnaires, ou acteurs clés, d'autres sites 1001 terrasses
d'Ariège ayant une visée principalement touristique ou de loisirs
ont été rencontrés. Ainsi l'angle de vue a pu être
plus large et bénéficier de leur recul sur leur propre
expérience. L'idée était d'identifier ce qui
était
39 Voir aussi en annexe le tableau
récapitulatif des personnes rencontré pour cette partie du
travail.
69
transposable ou pas, de voir les points communs et les
différences avec le projet du site de Foix.
C. LES LIMITES
L'étude menée a permis de voir comment cela
fonctionne sur d'autres sites de terrasses ouverts au public, de
répertorier des idées de projets à mettre en oeuvre, de
s'interroger sur les possibilités de pilotage, notamment pour la mise en
oeuvre de nouveaux projets, et de faire quelques propositions pour des pistes
d'approfondissement.
Toutefois, ce travail a de nombreuses limites. Il aurait pu
être beaucoup plus développé en ayant plus de temps
à y consacrer et peut-être aussi en ayant été
menée plus en aval dans l'avancée du projet. Le faible nombre
d'acteurs présents, notamment en raison de la période estivale,
lors de la réunion dont le programme était « Quels projets
pour faire vivre le site de terrasses du Pech de Foix ? Quel fonctionnement
pour le groupe projet ? » n'a pas non plus aidé à enrichir
les réflexions de ce travail. Cette réunion devait permettre
d'avancer plus sur ce sujet mais certains acteurs clés pour les
activités à développer sur le site comme la FAJIP ou
Mélanie Savès (Guide culturelle) n'était pas
présents. De plus, aucun des propriétaires n'étaient
là. Le plan de dynamisation demandé n'a pas vraiment
été réalisé mais l'accent a été mis
sur toutes les possibilités que ce site offre et sur ce qui apparait
comme prioritaire à mettre en oeuvre.
II. AUTRES SITES DE TERRASSES : ACTIONS MISES EN OEUVRE,
MODALITES DE GESTION
Identifier ce qui était transposable ou pas,
préciser les points communs et les différences n'a pas vraiment
pu être fait pour chacun des sites car les informations recueillies
n'étaient pas suffisamment conséquentes. Une vraie comparaison
aurait nécessité un travail beaucoup plus poussé. Il
aurait fallu pour cela y consacrer plus de temps et rencontrer plusieurs
acteurs clés pour chacun des sites. Toutefois, nous pouvons restituer
ici un aperçu du fonctionnement de chacun des sites. De plus, chacun a
ses propres particularités et s'inscrit dans un contexte avec ses
caractéristiques géographiques, ses composantes humaines,
matérielles etc. C'est pourquoi on ne peut pas transposer tel quel un
mode d'approche ou de fonctionnement. Toutefois, cela permet d'avoir des
éléments de comparaison avec d'autres
70
sites qui ont été l'objet d'une valorisation
patrimoniale. Un certain nombre de remarques ou conclusions
intéressantes peuvent être tirées de cette prospection.
A. LES TERRASSES DE LA CAROLLE A
AUZAT
La revalorisation du site d'Auzat a été
initiée par la communauté de Communes d' Auzat et du Vicdessos et
mis en place techniquement par la Fédération Pastorale de
l'Ariège. Les travaux de remise en état des terrasses ont
été réalisés par l'AAPRE (Association
Ariègeoise de Personnes en Recherche d'Emploi). L'étude
scénographique pour un sentier audio guidé a été
réalisée par Jacques Degeilh. Il est le premier des sites de
terrasses d'Ariège à avoir été
équipés de dispositifs scénographiques. La
communauté de communes a ensuite décidé de poursuivre
l'équipement du sentier en mettant en place des panneaux didactiques.
Les gestionnaires constatent que les dispositifs audio nécessitent une
maintenance et un entretien, pour l'instant elles ne fonctionnent d'ailleurs
plus. Au niveau foncier, il s'agit de terrains municipaux qui font partie de
l'association foncière pastorale d'Auzat-Saleix.
Le site est ouvert au public et gratuit. Ensuite, la Maison
des Patrimoine qui dépend de la Communauté de Communes fait en
sorte qu'il y ait de l'animation et qu'on parle du site en organisant
ponctuellement des animations. Chaque année un stagiaire est
chargé de créer une animation autour de l'un des quatre sentiers
thématiques gérés par la maison des patrimoines , dont
celui des terrasses. Diverses thématiques d'animation ont pu avoir lieu
sur les terrasses : atelier de land art, jeu de piste, etc. Dans le cadre d'une
journée organisée par le Parc Naturel des Pyrénées
Ariégeoises sur le thème des produits locaux, une visite du site
faisait partie des animations. Si la mise en valeur paysagère est
satisfaisante, le sentier n'est toutefois pas très
fréquenté et il ne génère pas d'économie
directe. Quant aux écoles, selon les gestionnaires du site, le sujet ne
les motive pas.
Concernant la gestion de l'entretien du site, les services
techniques de la commune débroussaillent environ deux fois par an.
B. LE MAS D'AZIL : SITE DE SOURIBET
Ce site se trouve au dessus de la grotte préhistorique
du Mas d'Azil. La valorisation de ces terrasses a la particularité
d'avoir été initiée par les propriétaires des
terrains eux-mêmes. Au nombre de quatre, ils ont décidé de
réaliser une plantation expérimentale de chênes truffiers
en partenariat avec le syndicat des trufficulteurs de l'Ariège. Les
restaurations des
71
terrasses et des cabanes ont ensuite été
réalisées, à l'initiative de la Fédération
Pastorale, par l'AAPRE. Puis, un dispositif audio guidé a
été mis en place par Jacques Degeilh, et enfin, le site a
été ouvert au public.
Ici, comme à Auzat, c'est la communauté de
communes de l'Arize qui a ensuite pris en main la gestion du site et l'Office
du Tourisme a pris le relais pour l'animation du sentier. Des panneaux
supplémentaires ont également été mis en place et
des visites thématiques (notamment avec animation musicale et
pique-nique) sont ponctuellement organisées dont certaines sont
animées bénévolement par l'un des propriétaires. En
plus du chemin de pierre qui est un sentier jalonné d'oeuvres de land
art, un autre projet de sentier géologique est en cours. Il est
financé par le Pays des Portes d'Ariège. Beaucoup de gens
viennent visiter la grotte donc le site de terrasses bénéficie de
cette affluence.
L'entretien du sentier est réalisé par une
association d'insertion (ALICE09) qui a mis en place un conventionnement avec
la communauté de communes qui finance ces chantiers pour l'entretien de
tous les sentiers de randonnées de la communauté de communes
Des dégradations et des actes de vandalisme (la
batterie solaire qui alimentait le dispositif audio a été
dérobée, celui-ci ne fonctionne donc plus) sont à
déplorer sur le site. Ce serait lié à la grande
fréquentation occasionnée par la proximité de la grotte du
Mas d'Azil. Quant aux plantations de truffes, elles ne sont apparemment pas
toujours respectées par les visiteurs ce qui génère de la
réticence chez certains propriétaires et une clôture aurait
même apparu au milieu d'un des chemins d'accès.
C. CAMON : LES CABANES EN PIERRES
SECHES
C'est la municipalité qui a lancé les
premières phases de mise en oeuvre pour valoriser ces espaces. L'enjeu
était au départ de permettre une valorisation agricole. Puis dans
le même temps, il y a eu la volonté de mettre en avant les atouts
touristiques de ce petit village fortifié où se trouve
également une abbaye. Une centaine de cabanes ont pu être
inventoriées par l'association Montagne et Patrimoine. Ensuite, des
chantiers de restauration réalisés par l'AAPRE ont
commencé. Le choix a été fait de ne pas laisser le site en
libre accès pour éviter des problèmes de déchets,
d'oubli de fermeture des clôtures, de non respect des prés de
fauche, etc. C'est donc dans le cadre d'une visite guidée que l'on peut
accéder au site. Pour continuer à restaurer, des chantiers
internationaux ont eu lieu. Des jeunes du village et des propriétaires
ont aussi participé aux restaurations de cabanes.
72
Dès 1999, deux emplois aidés se consacrent
à la valorisation patrimoniale et touristique dans le village dont un
uniquement sur les cabanes. Au fil des années, cette balade a pris
beaucoup d'essor et fonctionne très bien. Leur lien avec le programme
1001 terrasses d'Ariège se traduit surtout par un intérêt
pour le réseau départemental d'acteurs et pour les
possibilités de formation aux techniques de la pierre sèche pour
les gens du village et des alentours, pour former des bénévoles
et pour les propriétaires de terrain. L'office du tourisme de Camon est
géré par une animatrice qui assure les visites du village et du
site de cabanes. Les gestionnaires du site se demandent jusqu'où il faut
aller dans le « devoir de mémoire » sachant que ces terrasses
ne sont plus adaptées à l'activité agricole d'aujourd'hui.
Les vaches font tomber des murs qu'il faudrait remonter chaque année. Un
projet de plantation de vigne est en cours actuellement dans le village et une
partie devrait être sur terrasses, une culture qui sera plus
adaptée à la conservation des murs en pierres sèches. Au
fil des années, il y a eu différents type de visites et
d'animation sur le site. Des visites de groupe, des visites en individuel, des
balades avec des ânes bâtés, un pique nique avec des
produits du terroir etc. Des journées et des demi-journées sont
aussi organisées pour les centres de loisirs de la communauté de
communes.
L'entretien du site est réalisé par les
propriétaires ou par les fermiers, l'un des propriétaires a
planté des chênes truffiers qu'il entretient. Mais il y a aussi
des chantiers avec des bénévoles du village pour du
débroussaillage, de l'entretien. Il y a entre 12 et 25 personnes qui
participent un samedi par mois de septembre à avril et la mairie fourni
le piquenique. Cette entreprise originale permet une réappropriation du
site par les habitants du village, de créer du lien social. Des
associations s'intègrent également dans le projet. Cette
réappropriation passe par l'existence d'une cabane plus grande que les
autres et que différents types d'acteur du village utilisent pour des
usages divers (jeunes, chasseurs, familles, etc.).
Le succès de ce projet tient en grande partie à
une grande implication du maire dans le projet. La présence d'une
activité agricole et de propriétaires motivés est aussi
certainement un facteur important. Le travail de l'animatrice joue aussi un
rôle capital, car sinon il n'y aurait plus de visites. Elle s'occupe
aussi de gérer le réseau de bénévoles, d'organiser
les stages, de « travailler à faire le lien ».
Sur le site de Camon, sont développés à
la fois des activités agricoles, de tourisme, pédagogiques, et
des événementiels. Grâce à une conjoncture
particulière qui n'est pas transposable partout directement, ce site
pourrait être cité en exemple car il remplit différentes
fonctions positives pour le territoire. Il y a un effet activateur de lien
social du à l'implication des acteurs locaux dans la vie du site, une
plus-value touristique et une volonté d'aller plus
73
loin encore dans la valorisation des potentiels du site pour
favoriser son succès sur le long terme.
III. QUELS PROJETS POUR LE SITE DE FOIX ?
A. SYNTHESE DES POTENTIELS DU SITE DE FOIX
Le site présente un certain nombre de
particularités qui doivent impérativement être prises en
compte pour l'avenir du sentier. Sa spécificité principale,
notamment par rapport aux autres sites de 1001 terrasses est qu'il se situe en
zone périurbaine. Foix est la préfecture du département de
l'Ariège et compte environ 10 000 habitants qui sont autant de publics
potentiels et d'acteurs à mobiliser. La proximité de la ville et
de ses habitants est un atout très fort. C'est pourquoi il est important
que le projet soit en lien étroit avec la ville qui est à ses
pieds et d'où il part. C'est un point fort essentiel à optimiser
pour de meilleures chances de valorisation du projet pour le
développement local. Et, comme un effet miroir, les projets du site de
Foix peuvent être valorisants et constituer une vitrine du dynamisme de
la ville, de l'Ariège et de ses habitants. La valorisation de ce site
permet aussi à la ville de Foix de renouer avec son contexte rural.
Au niveau esthétique et visuel, il constitue un
environnement « naturel » de qualité et une vue à
valoriser, à la fois sur le site comme paysage de terrasses (espace
naturel sculpté en escalier par les hommes agrémenté
d'innombrables murets de pierres sèches), et depuis le site sur un large
paysage d'architecture urbaine, de vallées et de crêtes
montagneuses. Le site est visible quasiment depuis n'importe quel endroit de la
ville ce qui est également un atout. Le site peut intéresser de
nombreux publics potentiels, autant les touristes que les randonneurs, les
Fuxéens, les jeunes publics (notamment scolaires), etc. Les
activités mises en place peuvent avoir une visée
économique, pédagogique, culturelle, sociale, scientifique, etc.
En raison de la variété des thématiques, la palette des
possibles est très large. L'accès gratuit au sentier
d'interprétation le rend très accessible notamment pour les
classes populaires qui ont habituellement peu d'accès à l'offre
culturelle. Toutefois, des animations payantes peuvent tout à fait
être mises en place pour générer une activité
économique de plus sur le territoire.
74
Le classement du site en zone Natura2000 est aussi un atout
avec une possible intégration dans les actions mises en oeuvre dans le
cadre des animations, notamment pédagogique, prévues sur ce
périmètre.
Mais des contraintes existent pour le site de Foix. Tout
d'abord il n'y a pas d'eau courante et l'accès pour des engins
mécanisés n'est pas possible. De ce fait, une
réhabilitation qui soit seulement à but agricole est peu
envisageable ; ou alors pour de l'élevage, mais la question de
l'emplacement des bâtiments, de la préservation des murs et des
dispositifs d'interprétation se poserait. Le positionnement du site peut
donc aussi dans certains cas être vu comme une contrainte car il faut une
petite vingtaine de minutes de marche pour y arriver et le chemin est assez
raide par moment, ce qui limite l'accès à un public en conditions
physiques suffisantes.
Le site est assez peu connu, même si c'est en train de
changer avec la mise en oeuvre du projet. Les Fuxéens connaissent bien
le Pech, mais la zone des terrasses beaucoup moins, il faut dire qu'avant que
l'ancien chemin d'accès soit dégagé dans le cadre d'un
chantier de la Fajip et avec l'aide des services techniques de la mairie,
l'accès était difficile et l'existence de ces terrasses avait
été oubliée pour beaucoup.
Les thèmes de valorisation touristique et
pédagogique sont très diversifiés et font partie des
potentiels du site. Ils sont mobilisés pour l'élaboration des
contenus des dispositifs du sentier mais pourraient également
l'être pour des animations touristiques ou pédagogiques
spécifiques. Ces thèmes peuvent être : la géologie,
la découverte de la faune et de la flore, les savoir-faire paysans
traditionnels, l'histoire locale, la technique de la pierre sèche, la
géomorphologie, l'architecture urbaine, etc.
B. DOMAINES D'ACTIONS POSSIBLES ET EXEMPLES DE
PROJETS
De nombreuses idées ont été
évoquées par différents acteurs du projet. Leur classement
dans des domaines d'actions permet d'y voir un peu plus clair dans les
possibilités existantes. Certaines ont un intérêt
économique direct, d'autres ont des intérêts qui se
mesurent autrement, notamment en potentiel d'appropriation de cet espace et de
dynamique d'action locale. Pour plus de détails sur toutes ces
propositions, on peut aussi se référer au tableau de
synthèse des entretiens menés auprès du groupe-projet qui
se trouve en annexe.
Lors des entretiens, des orientations générales
ont émergé et des propositions faites pour faire perdurer une
dynamique autour du projet. Tout d'abord, d'un avis assez
général,
75
pour atteindre ce but, il faut faire fonctionner le
groupe-projet et trouver des moyens de faire vivre le site en favorisant une
dynamique de projet. Il s'agit de le rendre visible aux yeux du
public40, de donner aux gens envie d'y aller et de leur montrer que
l'on peut y faire des choses. L'idée de transmettre l'histoire populaire
locale en donnant à voir et à comprendre ce patrimoine de
terrasses aux différents publics (Fuxéens, jeunes locaux,
touristes, etc.) apparait aussi comme primordiale pour la majorité des
personnes.
Autres points essentiels qui ressortent des rencontres
individuelles des différents acteurs: la question de l'entretien du site
pour qu'il reste accessible, entretenu et la nécessité d'y
développer une activité économique et/ou touristique. Le
listing de ces différents projets classés par catégorie
correspond à une restitution des idées émises soit en
réunion soit lors d'entretiens individuels.
1. Tourisme et randonnée
Le premier et le plus évident des domaines de
valorisation du sentier est touristique. L'office de Tourisme qui est largement
engagé dans l'élaboration du sentier (participation au
comité de pilotage) a déjà réfléchi à
cette question et proposé des orientations. Le site
bénéficiera notamment des moyens de communication de l'OT
auprès du public. L'intégration du site dans les documents de
communication du programme 1001 terrasses d'Ariège et la création
d'une plaquette spécifique pour le site de Foix sont déjà
prévues. Trois niveaux de visite du site seront possibles : visite libre
du sentier d'interprétation, visite accompagnée d'un support
papier, visite avec un guide culturel ou un accompagnateur en montagne. Le
foyer Léo Lagrange prévoit également d'organiser de
petites randonnées sur le site pour ses adhérents. Il organise
déjà des sorties dans ce secteur.
Les propositions suivantes ont été faites :
-Apport d'informations supplémentaires grâce
à différents supports : support papier, possibilité de
télécharger des données sur un Smartphone.
-Organisation de visites guidées sur le site notamment
par Mélanie Savès, guide culturelle qui propose
déjà des visites à thèmes de la ville de Foix. Un
produit touristique spécifique sera créé ou bien ce sera
intégré dans la visite de la ville.
-Création de produits touristiques complets (comprenant
éventuellement déplacements /hébergement / restauration et
qui permettrait le développement d'une économie
associée).
40 L'idée a été donnée
de rendre le site visible y compris physiquement en mettant en place quelque
chose qui permettrait qu'on l'identifie depuis la ville
76
-Projet de création d'un produit touristique « de
terrasses en terrasses » qui prendrait la forme d'un circuit passant par
différents sites du programme 1001 terrasses d'Ariège.
Ensuite, pour une mise en tourisme et une éventuelle
commercialisation d'un produit touristique, plusieurs points doivent être
pris en compte pour favoriser sa réussite :
-Prendre connaissance et tenir compte des études et
enquêtes sur la demande locale liée à ce type de produits
de loisirs.
-S'intéresser aux attentes diverses et changeantes des
publics locaux ou urbains Ces attentes varient selon les groupes sociaux, les
individus et elles sont évolutives.
-S'assurer d'avoir un bon positionnement de son produit et
être en phase avec son territoire pour augmenter les chances d'attirer
les clientèles.
-Favoriser les partenariats et créer des passerelles
pour se renvoyer les clients d'un site à l'autre (exemple : le
château de Foix, les Forges de Pyrène, etc.) et tenir compte de la
complémentarité des acteurs touristiques du territoire.
-Créer des visites à thème : atelier
lecture du paysage (façonnement du paysage par l'homme, formation des
montagnes, etc.), thématiques historiques, thématique des
savoir-faire paysans, etc.
-Evaluer régulièrement son produit pour pouvoir
cibler la communication et la mise en marché : suivi de la satisfaction
des usagers, dépôts de dépliants dans des lieux
stratégiques, inclusion dans des guides touristiques populaires, etc.
Pour un réel bénéfice, la Mairie et
l'Office du Tourisme devront définir un projet économique
basé sur l'étude précise d'une demande potentielle autour
de vrais produits touristiques. En partenariat avec Le programme 1001 terrasses
qui a pour projet la mise en place d'un produit touristique « de terrasses
en terrasses ». Un circuit qui s'appuiera sur une mise en réseau et
qui permettra de visiter plusieurs sites sur le département. Permettant
d'assurer une bonne médiatisation, une communication plus forte et plus
cohérente.
2. Les projets agricoles
La plupart des personnes interviewées
considèrent que la mise en place d'une activité agricole serait
bénéfique pour le site car cela permettrait d'y conforter une
activité pérenne et diverses propositions ont été
faites allant de la plantation de cerisiers à celle de chênes
truffiers en passant par la production de petits fruits ou la plantation de
vigne. Les projets d'élevage n'ont par contre quasiment pas
été envisagés par nos interlocuteurs. Mais ces
propositions se heurtent à plusieurs difficultés dont chacun a
bien conscience. L'accès au site
77
est difficile, il n'y a qu'un chemin, pas de route. Les
terrains ne sont pas mécanisables et il n'y a pas d'eau à
proximité à part une source située au dessus du site de
terrasses. Le contexte de la propriété privée et la
faiblesse des surfaces sont également des limites au potentiel de
production du site. Un projet purement agricole apparait comme difficilement
viable économiquement et techniquement. Ces limites ont
été relevées par la plupart des membres du groupe-projet
et par François Regnault qui, en tant qu'animateur du programme 1001
terrasses et techniciens de longue date de la Fédération
Pastorale, connait bien la problématique des activités agricoles
sur terrasses.
Toutefois, à condition que des techniques de
récupération d'eau soient étudiées et mises en
place (retenue collinaire, recherche de sources, etc.) des projets de type
agricole pourraient voir le jour ; s'ils permettaient la production d'un
produit territorialisé et à forte valeur ajoutée ou/et
s'ils incluaient une large composante pédagogique ou à
visée d'insertion.
Voici quelques propositions en ce sens:
-Evaluer le potentiel pour la trufficulture, si des
propriétaires sont intéressés, et/ou favoriser un retour
naturel de la truffe grâce au débroussaillement de parcelles.
-Faire des recherches sur les différentes
possibilités techniques pour mettre en place un système de
récupération d'eau, indispensable pour tout projet de plantation
ou d'élevage.
-proposer, éventuellement dans le cadre d'un projet
à but pédagogique, à un apiculteur de mettre,
saisonnièrement, ses ruches sur le Pech. Des espèces
mellifères pourraient aussi être plantées sur les
terrasses.
-Replanter de la vigne (par exemple sur les terrasses
monumentales) ou bien entretenir les pieds qui sont présents sur le
site. Avec éventuellement un système de parrainage pour favoriser
une implication des habitants comme il en existe le projet sur la commune de
Pamiers41. M. Blazy, dernier vigneron de Foix, est prêt
à transmettre sa connaissance des techniques naturelles d'entretien de
la vigne et à fournir un appui technique (documentation, etc.) à
des personnes qui souhaiteraient faire pousser de la vigne sur les terrasses.
Ce projet pourrait avoir une vocation expérimentale et
pédagogique.
Tout comme le conclut une « étude de
faisabilité pour la mise en place et le maintien d'activités
durables sur les terrasses d'Ariège » (CASTEL, 2003) «
plusieurs activités sont réalisables, mêlant des
activités avantageusement complémentaires telles l'agriculture,
le
41 L'association Bi del Mas Bielh avec le soutien
de la mairie de Pamiers, travaille en collaboration avec un vigneron, Philippe
Babin sur un projet de replantation de vigne sur le site Cailloup.
L'idée a été lancée, pour que les habitants
s'impliquent, qu'ils deviennent parrain de pieds de vigne et que la plantation,
et surtout les vendanges, deviennent un rendez-vous culturel et festif.
78
tourisme, l'éducation à l'environnement. »
Pour Foix, la dimension agricole devrait, pour les diverses raisons
évoquées plus haut, passer au second plan sans être
nécessairement évacuée des projets.
3. Valorisations
pédagogiques
Deux grands types d'activités pédagogiques sont
possibles. Elles peuvent simplement utiliser le sentier comme support pour des
visites (ou des ateliers thématiques) ou bien prendre la forme d'une
exploitation ou rénovation des terrasses à visée
pédagogique, expérimentale ou éventuellement d'insertion.
Dans ce but, un rapprochement avec les différents réseaux
éducatifs et pédagogiques serait nécessaire
(écoles, centres de loisirs, centres de vacances, etc....). Aussi les
acteurs du « groupe projet » pourront initier des actions pour :
-Continuer à mettre en place des chantiers de
proximité avec des jeunes ou chantiers d'insertion professionnelle pour
des activités de débroussaillement, remontage de murs en pierre
sèche, etc. comme cela se fait déjà avec les chantiers de
la Fajip.
-Continuer à rénover des murs dans le cadre de
stages et formation
-Favoriser l'émergence de projets comme par exemple :
la reconstitution d'une terrasse agricole à but expérimental et
pédagogique : après avoir remonté un mur comme cela se
fait déjà, aller plus loin en plantant sur une terrasse des
variétés anciennes de céréales cultivées
autrefois sur ces terrasses: seigle, maïs ou pomme de terre, vigne, etc.
comme une démonstration ou l'on pourrait « vivre l'histoire
paysanne» en participant à cette reconstitution, aux
activités de plantations, de récoltes, aux labours à
traction animale etc. Cette même expérience pourrait être
menée avec une plantation de vigne
Dans une dimension plus modeste, la valorisation
pédagogique pourrait se faire en favorisant une appropriation du sentier
d'interprétation par les équipes pédagogiques de la ville
de Foix en priorité. Les thèmes de valorisation
énoncés plus haut pourraient aussi être adaptés aux
programmes scolaires (géographie, histoire, sciences de la nature,
éducation à l'environnement, etc.)42
42 Des projets de ce type existent, notamment à
Lérida en Catalogne, où des écoles à partir d'un
jardin potager abordent toutes les matières, depuis les
mathématiques jusqu'à l'histoire, en passant par les sciences
naturelles ou la géographie notamment.
79
Dans ce but, il faudrait organiser des réunions avec les
responsables pédagogiques des écoles pour informer des
possibilités et évaluer les motivations. Dans un second temps, un
manuel pédagogique à destination des enseignants pourrait
être créé ou bien, des enseignants intéressés
ou déjà sensibilisés à de type de projets
pourraient s'investir dans l'élaboration de ce manuel. Plus simplement,
les équipes pourraient organiser des sorties à la journée
ou à la demi-journée sur le site pour parcourir le sentier ou
organiser des ateliers thématiques.
Exemple de propositions recensées :
-Création d'une mallette pédagogique contenant des
outils à destination des équipes pédagogiques.
-Un projet éducatif dont la restitution pourrait se
faire in situ favoriserait un site vivant en valorisant la restitution de
l'action pédagogique.
-Dans le cadre d'un projet, des jeunes participent à
l'entretien ou à la rénovation du site puis ils élaborent
et proposent eux-mêmes des visites touristiques guidées.
- Créer des animations thématiques «
initiation lecture de paysage », animation « ateliers
pédagogiques sciences de la nature », etc.
-Le sentier pourrait servir de support pour des actions du
programme d'animations pédagogiques Natura 2000.
L'avantage pour les écoles de la ville réside
aussi dans le fait que le site est accessible à pied pour les
écoles de Foix, ce qui permet des sorties à moindre frais car il
n'y a pas besoin de faire appel à un bus. Un point commun de tous ces
projets pédagogiques est de favoriser une appropriation du site par les
jeunes et les équipes pédagogiques ou d'animateurs permettant
ainsi d'ancrer le site comme support d'une dynamique locale et aussi
d'encourager une appropriation de l'histoire populaire locale.
4. Projets artistiques
Sur un des postes du sentier d'interprétation est
prévu la possibilité de faire intervenir « un artiste ou un
artisan d'aujourd'hui sur des murets bâtis autrefois ».
Cette possibilité a soulevé quelques
réticences de la part de certains membres du groupe qui en redoutent le
résultat. Pour éviter que cela dénature le lieu et
garantir un certain type de résultats, il a été
précisé que si un tel appel d'offre était lancé, il
faudrait rédiger un cahier des charges très précis
à l'attention des artistes, imposant des contraintes notamment en termes
de matériaux utilisés. L'idée d'un évènement
annuel a été évoquée ou encore celle d'une variante
pédagogique proposant un atelier land art.
5. 80
Projets scientifiques
L'idée de mettre en place un observatoire du milieu
naturel (faunes et flore) a été proposée par l'un des
propriétaires du site. L'observation de rapaces, qui sont assez nombreux
en raison de la proximité d'une zone de falaises, est l'une des
possibilités d'observation. Un contact a été établi
par mail avec des associations de naturalistes (Association des Naturalistes
Ariègeois et Nature Midi Pyrénées) qui ont confirmé
l'intérêt qu'il pouvait y avoir pour l'observation des rapaces.
Ils se positionnent en prestataires de services.
Le développement de domaines de recherches
associés au site est aussi envisageable. Notamment pour approfondir les
recherches sur le site et les terrasses monumentales (sollicitation de
chercheurs dans différents domaines pour datation des terrasses,
recherches en archives, etc.). Des possibilités d'approfondissement des
recherches sur le site ont été évoquées dans la
deuxième partie du mémoire au chapitre «
préconisations pour un approfondissement des recherches ».
Le site recèle aussi tout un potentiel
d'expérimentation notamment sur les enjeux liés à la
ressource en eau, aux techniques agricoles anciennes qui sont remises au gout
du jour dans un contexte de recherche de développement durable.
6. Projets
événementiels
Divers types de projets événementiels pourraient
avoir lieu sur les terrasses du Pech de Foix. Fêtes, festivals, «
nuits », « journées portes ouvertes », etc...dont les
contenus et la thématique seraient à définir par les
acteurs locaux.
L'utilisation du sentier pour des événements
sportifs (type cross montagne) peut être envisagée, mais il faut
penser aux risques possibles de dégradations du terrain notamment si le
temps est pluvieux.
L'idée n'est pas que tous ces projets voient le jour,
des priorités seront données en fonction des choix des
gestionnaires. Mais, le recensement de toutes ces orientations possibles permet
de se rendre compte que ce ne sont pas les idées qui manquent. Les
projets qui apparaissent comme les plus plausibles sont ceux qui impliquent une
valorisation pédagogique et ceux concernant la mise en place d'un
événementiel. La question qui se pose maintenant est qui pourrait
mettre en oeuvre ces projets ? Qui pourrait les financer ? Qui pourrait les
gérer et qui déciderait du choix des projets à mettre en
oeuvre.
81
C. POSSIBILITES DE FINANCEMENTS
En fonction des projets et de leurs finalités, il peut
exister des programmes de financements spécifiques : formation, chantier
de jeunes, évènementiel, etc. Pour connaitre ces
différents programmes, il faut faire appel aux personnes
compétentes en montage de projet, notamment pour le montage financier.
Ces programmes peuvent soutenir des projets pédagogiques innovants, des
projets de valorisation artistique, des projets agricoles, des projets
d'éducation à l'environnement etc. Pour cela, il est
nécessaire de connaître les programmes en cours auxquels des
actions pourraient être rattachées.
Le programme LEADER offre une large attention à la
dimension d'innovation des projets retenus ce qui peut être le cas pour
certains des projets proposés, mais la structure qui porte le projet
doit être suffisamment solide financièrement pour pouvoir
s'investir dans le projet en attendant que les fonds soient perçus ce
qui limite cette voie de financement pour les petites structures.
Une autre piste peut être envisagée, notamment
pour des projets liés à la valorisation de la dimension naturelle
des terrasses, il s'agit d'un rapprochement avec les programmes d'animation du
réseau Natura 2000 dans lequel le site est inclus.
D'une manière générale, la sollicitation
du principe des financements croisés, c'est-à-dire une
ventilation entre des crédits européens, de l'Etat, de la
Région, du Département et des autres collectivités
territoriales, s'impose. Il faut identifier et prendre contact avec les
services et les personnes qui gèrent les différentes lignes de
financement auxquelles il est possible de faire appel.
IV. MODALITES DE PILOTAGE ET DE DEVELOPPEMENT D'ACTIVITES
SUR LES TERRASSES DU PECH DE FOIX
A. LES REUNIONS DU GROUPE-PROJET, LES BESOINS
IDENTIFIES
Les principaux participants aux réunions du groupe
projet ont été présentés dans la première
partie du mémoire. Elles ont lieu à l'initiative de la
Fédération Pastorale et leur animation se partage entre
François Regnault, technicien de la Fédération Pastorale
en charge du programme 1001 terrasses d'Ariège, Camille Provendier et
Richard Béziat du bureau d'étude l'Humain Volontaire depuis
qu'ils ont été chargés de la conception du sentier.
J'ai
82
également participé en présentant
régulièrement les avancées de mon travail au cours du
stage. Les participants de ces réunions sont d'une part les
décideurs principaux du projet tels que les représentants de la
mairie de Foix, de l'Office du Tourisme du pays de Foix-Varilhes et la
Fédération Pastorale. Mais également des
représentants du tissu associatif local comme le Foyer Léo
Lagrange, le syndicat des trufficulteurs, le comité départemental
de randonnée pédestre ou encore des professionnels du tourisme et
de l'animation jeunesse comme « passerelle culture » et la FAJIP ;
ainsi que les propriétaires de terrains et quelques habitants de
Foix.
La réunion du 18 aout dont le thème était
centré sur la vie du site quand le sentier sera en place avait pour but
de lancer des perspectives et de préciser l'avenir du groupe-projet.
Avec pour support la présentation des différents types de projets
énoncés plus haut, un certain nombre de besoins ont
été identifiés, malgré l'absence d'un certain
nombre d'acteurs clés par rapport à ces questions. Le premier
besoin identifié correspond à ce qui devra être fait
à minima pour que le site de Foix fonctionne quasiment seul avec un
accès libre et non accompagné du public. Il s'agit de l'entretien
du site et du dispositif scénographique par la collectivité et
les chantiers de jeunes de la Fajip. Il ne nécessite que peu de moyens
d'autant plus que le chemin sera intégré au plan
départemental de randonnée et sera donc entretenu par le biais de
la communauté de communes qui recevra une subvention du Conseil
Général. Dans ce cas, le groupe-projet n'aura plus vraiment
besoin de se maintenir et la promotion du sentier d'interprétation se
fera par le biais de l'OT.
Le deuxième correspond à la volonté
d'entretenir une dynamique de projet sur le site. Pour cela, il faudra une
animation du groupe projet grâce à un éventuel temps de
travail consacré à ce dossier. Mais aussi la mise en place d'une
démarche participative et la mobilisation de financements croisés
pour faire émerger et susciter des projets.
Une autre nécessité identifiée, et
correspondant à la volonté d'entretenir une dynamique, est
l'importance de la définition de règles d'utilisation à
respecter par les usagers porteurs de projets. Il peut s'agir de la
définition d'un référentiel, d'une sorte de cahier des
charges pour la gestion et l'animation du site.
La mise en place d'un réseau des partenaires
intervenant sur le site dans le cadre de sa valorisation touristique et
pédagogique pour une meilleure coordination des projets à
l'oeuvre apparait nécessaire.
83
Pour une meilleure appropriation du site par les usagers, il a
été identifié que des espaces de restitution43
pourraient être mis à disposition pour une valorisation des
initiatives collectives qu'elles soient pédagogiques ou artistique par
exemple. Cela peut être une restitution sur le site lui-même ou
bien dans la ville par exemple.
Un certain nombre de modalité de gestion existant pour
d'autres sites ont pu être mis en évidence. Et notamment la place
de la collectivité dans la mise à disposition de personnel, la
pertinence des partenariats pour la promotion et la mise en place
d'événementiel et enfin, la force de proposition que
représentent les associations locales pour favoriser une dynamique de
projet.
B. LES ACTIONS A METTRE EN OEUVRE PAR LE
GROUPE-PROJET POUR AVANCER DANS
LE DEVELOPPEMENT D'ACTIVITES SUR LE
SITE
Tout d'abord, le groupe doit identifier des priorités
dans les domaines d'activité à développer sur le site pour
définir un projet et une vraie stratégie de développement
qui sera fondée sur des orientations thématiques, des valeurs et
non pas seulement un empilement d'actions ponctuelles sans liens les unes avec
les autres. Pour cela, il faut structurer le réseau des acteurs, qu'ils
se réunissent régulièrement afin de définir
collectivement des enjeux et des objectifs pour tendre vers la
réalisation d'objectifs communs résultants d'actions
coordonnés. Des actions qui peuvent avoir plusieurs dimensions
(pédagogiques, touristiques, à visée d'insertion, etc.)
mais qui suivent le même fil conducteur défini grâce
à un référentiel commun.
Ensuite, il sera nécessaire de préciser un
modèle de pilotage pour la gestion et la dynamisation du site. Deux
possibilités apparaissent, il s'agit de mettre en oeuvre un processus de
consultation ou bien de favoriser une véritable concertation avec les
différents acteurs. Si l'on applique le modèle de la
consultation, le groupe projet sera force de proposition et un comité de
pilotage validera éventuellement ses propositions. On sera sur un
modèle proche de celui qui est déjà à l'oeuvre
actuellement44. Si l'on cherche à appliquer le
deuxième modèle, le groupe projet sera alors une force de
proposition et pourra prendre part à la décision aux
côtés du comité de pilotage. Ce modèle est celui de
la démarche participative va jusqu'à la prise de
décision.
43 Il s'agit d'un endroit du site ou d'un lieu
extérieur (Mairie par exemple) qui pourrait accueillir des productions
résultant d'une initiative collective, par exemple une exposition
d'objets réalisés par des enfants dans le cadre d'une animation
pédagogique.
44 Voir dans la première partie à propos
du suivi du projet.
84
Afin d'avancer dans le développement d'une dynamique,
des actions devront permettre de définir le cadre de l'action
collective, notamment en mettant en place un conventionnement avec les
propriétaires et en choisissant une forme juridique pour cette instance
de pilotage. Cela pourrait être par exemple une forme associative mais
elle a été jugée trop contraignante à mettre en
place pour l'instant lors de la réunion. L'instance de pilotage devra
également valoriser les initiatives, faire des propositions,
sélectionner d'éventuels projets et décider de comment ces
prises de décisions seront faites, selon quel modèle de gestion :
concertation ou simple consultation ?
Quelques réserves peuvent être déjà
émises sur les modalités de pilotage. Tout d'abord, un
modèle de concertation se heurtera certainement à la
difficulté de laisser une part de décisionnel par les actuels
membres du comité de pilotage. D'autre part on peut aussi émettre
des réserves sur le dynamisme du groupe projet dans le temps, d'autant
plus que la participation régulière aux réunions, qui
prennent parfois beaucoup de temps, n'est pas toujours évidente pour les
personnes. La tenue de réunions en période estivale a pu donner
l'impression d'un essoufflement, notamment du côté des
propriétaires et des structures associatives, qui n'est pas
forcément voué à durer. Mais il apparait comme
évident que le fonctionnement d'un réseau basé sur la mise
en oeuvre d'une dynamique collective nécessite des compétences en
animation et montage de projet. Mais pour pouvoir envisager de faire appel
à ces compétences, il faut savoir qui utilisera le site, s'il y
aura suffisamment de porteur de projets pour nécessiter d'y investir
largement. Pour pouvoir évaluer un temps de travail nécessaire,
il faut fixer des enjeux et les besoins qu'ils génèrent puis voir
en fonction des objectifs opérationnels quels moyens peuvent être
mis en face. Il est encore un peu tôt en amont du projet pour pouvoir
l'évaluer ce sera plus concret lorsque des projets définis
commenceront à émerger.
Toutefois, nous pouvons signaler ici, comme le rappelle
Emmanuelle Bonerandi dans son article « Le recours au patrimoine,
modèle culturel pour le territoire ? » paru en 2005 que dans un
contexte où l'on parle régulièrement de démocratie
participative « la dimension patrimoniale constitue un vecteur fertile de
participation parce qu'il fait sens au nom de la collectivité [ et que]
le patrimoine est un objet intermédiaire par le simple fait que son
évocation réussit à faire réagir, à
rassembler et éventuellement à fédérer. » Il y
a donc tout intérêt à vouloir faire appel à une
démarche participative dans un contexte de valorisation patrimoniale car
le consensus se fait plus facilement et l'effet générateur de
lien social apparait comme essentiel.
C. 85
MISE EN RESEAU AVEC LE COLLECTIF 1001 TERRASSES
D'ARIEGE
La mise en réseau du site de Foix avec les autres
membres du collectif 1001terrasses apparait comme une action essentielle
à mettre en oeuvre par les acteurs impliqués dans le projet.
Cette composante pourrait s'avérer très fructueuse pour les
acteurs du site de Foix pour avoir une vision plus globale, pouvoir prendre du
recul par rapport à son propre projet et en même temps
s'insérer dans un réseau collectif. Ce rapprochement avec le
collectif permettrait de participer à l'élaboration du
référentiel qui sera ensuite mobilisé notamment pour les
actions communes de communication. Il est d'ailleurs prévu qu'un site
internet soit créé. Des groupes de travail thématiques,
pour que chacun y trouve l'angle qui l'intéresse ou pour lequel il a
besoin de l'appui du groupe ont également vu le jour et permettront
à chacun d'avancer dans son projet et collectivement avec les autres
membres du réseau. Ces thématiques sont : la communication, les
questions foncières, les pratiques culturales, la technique pierre
sèche, la médiation et l'accueil de public, elles correspondent
à différentes attentes et besoins. Le point de convergence est la
mise en oeuvre d'actions en faveur de la valorisation des terrasses. Le
réseau permet d'avoir un cadre de références et d'actions
communes à l'échelle départementale.
D. SYNTHESE POUR LA VALORISATION DU SITE DE
TERRASSES DU PECH DE FOIX
Voici un certain nombre d'actions ciblées qui semblent
prioritaires pour la valorisation du site de Foix. Pour chacune, des objectifs
sont précisés et des partenariats indiqués.
?Elaboration d'un projet économique avec de
vrais produits touristiques bien étudiés : partenariat
entre la Mairie de Foix, l'OT du Pays de Foix-Varilhes pour un produit local
pour le site de Foix. Partenariat avec en plus la Fédération
Pastorale et le Réseau 1001 terrasses d'Ariège pour
l'élaboration d'un produit touristique global prenant la forme d'un
circuit départemental de visites « de terrasses en terrasses
».
?Programmation d'un événementiel annuel
comme celui qui aura lieu le 17 septembre dans le cadre des
Journées Européennes du Patrimoine. Cet évènement a
été organisé par la Fédération Pastorale en
partenariat notamment avec la mairie de Foix et les acteurs du réseau
1001 terrasses d'Ariège. Il aura lieu au centre ville de Foix. Au
programme de la journée sont prévus une démonstration des
techniques de la pierre sèche avec la réalisation d'un banc dans
un jardin public, un marché des produits des terrasses, des expositions,
des visites guidées du site des terrasses du Pech de Foix. Le site de
Foix et cet
86
événement peuvent servir de vitrine au
Réseau 1001 terrasses pour se faire connaître et communiquer.
4Formaliser le fonctionnement du groupe-projet
pour l'élaboration et le suivi d'actions à mettre en
oeuvre et de projets à susciter. Possibilité s'il n'y a pas
d'animateur attitré de faire une animation tournante des
réunions, chaque structure pourrait à tour de rôle animer
la réunion pour le suivi des affaires en cours et pour traiter plus
précisément un sujet de son choix.
4 Rechercher des partenariats plus larges avec les
réseaux pédagogiques locaux. Tout d'abord en programmant
une réunion d'information sur les possibilités offertes par le
sentier avec éventuellement une présentation des actions
déjà réalisées par la FAJIP pour montrer ce qui se
fait déjà. Norbert Meller qui suit les affaires scolaires de la
ville de Foix pourrait éventuellement apporter son soutien dans cette
voie possible de développement d'activités pédagogiques
pour les écoles. La recherche de partenariats financiers et techniques
sera nécessaire si la décision est prise de réaliser des
outils pédagogiques spécifiques. Un partenariat pourrait
être développé avec les services départementaux de
l'Education Nationale et l'outil pourrait être utilisé pour
d'autres sites de terrasses.
4L'affectation d'une part de temps de travail sur ce
projet. Il peut s'agir de dégager un temps de travail sur celui
d'un salarié de la mairie de Foix qui aurait les compétences
adaptées ou bien d'une embauche à temps partiel et ce serait
suffisant pour susciter et accompagner des projets, coordonner et animer ce
dossier. A la fois pour un suivi du groupe-projet, le développement de
partenariats, la recherche de financements, etc. Ou bien, dans un premier
temps, un stagiaire pourrait être recruté pour faire avancer le
projet de valorisation, notamment pédagogique du sentier, mais à
l'issue du stage, il faudrait que le relais puisse être pris sinon, cet
investissement de temps et d'énergie risque d'être perdu.
Si l'élaboration de produits touristiques se fera
très probablement, notamment grâce à l'action de l'Office
de Tourisme, et si les chantiers de la FAJIP sont voués à
perdurer, par contre, le développement d'activités
pédagogiques notamment en partenariat avec les écoles primaires
et les centres de loisirs de la ville de Foix nécessiteraient un
investissement plus important pour être mis en oeuvre. C'est sur ce point
me semble-t-il qu'il faudrait concentrer l'action du groupe projet et de la
mairie de Foix pour une plus-value pour les acteurs locaux et une appropriation
du site par les enfants qui pourra se transmettre aux parents.
En 2002 déjà, les participants du forum des
acteurs du patrimoine rural avaient insisté sur l'importance dans les
projets de valorisation patrimoniale de « l'implication nécessaire
de
87
l'éducation nationale, par des contrats
éducatifs locaux par exemple, car la jeunesse doit être consciente
des spécificités du patrimoine local pour en assurer la
préservation ». (MAZUEL, 2005)
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
En encourageant des activités sur le site, on
évite de rester simplement dans la préservation et la
présentation d'un patrimoine, on s'inscrit dans une démarche de
création, d'invention. De nombreux atouts et potentiels ont pu
être mis en évidence pour le site de terrasses de Foix. Mais pour
une valorisation allant au-delà de la simple maintenance d'un site nous
avons vu que des moyens humains doivent être mobilisés, des
partenariats sont à structurer, une animation pour le maintien d'une
dynamique sont indispensables pour une valorisation sur le long terme. Il est
important aussi de mobiliser le tissu associatif local autour du projet et
encourager tous ceux qui pourraient joindre leurs activités à une
dynamique du site. Comme dans tout projet de développement local, il
faut prendre en compte l'importance du travail en réseau, grâce au
développement de partenariats, et de la prise en compte des aspects
humains et contextuels.
Tous les projets énoncés ne verront pas le jour,
mais quelques actions ciblées peuvent permettre de favoriser du lien
social et apporter une plus-value au territoire dans un sens économique,
social et culturel au-delà du temps de la conception du site. Cela
permettrait de créer une dynamique pour que le relais passe entre
différents acteurs ou structures et participerai au dynamisme local. Le
site pourrait être une vitrine de la dynamique du développement de
la ville de Foix et du département de l'Ariège dont elle est la
préfecture.
La mise en oeuvre d'une démarche de projet
participative n'est pas évidente à mettre en oeuvre, mais c'est
sur ce type de démarches patrimoniales que le consensus et
l'adhésion peuvent se faire le plus facilement.
Ce travail sur l'identification de pistes de dynamisation du
site aurait pu être approfondi avec plus de profits en ayant plus de
temps à y consacrer. Il aura déjà permis de mettre
l'accent sur les potentialités intrinsèques du site et toutes
celles supplémentaires apportées par le sentier en tant que
support d'autres actions complémentaires coordonnées.
88
CONCLUSION GENERALE
Pour un territoire comme l'Ariège, peu riche
économiquement, la valorisation du patrimoine rural est un enjeu
essentiel car il constitue une ressource territoriale spécifique et
unique qui peut améliorer l'image extérieure du territoire
permettant de générer une activité économique,
touristique dont il faut toutefois veiller à ce qu'elle reste
raisonnée et respectueuse des équilibres naturels et culturels.
Il permet également, et ce n'est pas là son moindre apport,
d'améliorer l'image pour soi grâce à la répercussion
de l'image positive d'un territoire qui sait préserver, valoriser et
avoir conscience de son héritage historique sur ceux qui l'habitent.
Mais il est important aussi de trouver le moyen d'aller au delà de la
mise en valeur d'un paysage culturel. Pour déployer un usage du
patrimoine lui permettant grâce à des actions coordonnées
d'être un catalyseur de développement local, un activateur de
dynamiques sociales et économiques globales.
La valorisation des terrasses du Pech de Foix prend la forme
d'un sentier d'interprétation qui a pour vocation de sensibiliser le
public aux différentes facettes du lieu, sans trahir « l'esprit des
lieux » qui l'habite. La réalisation d'une enquête
ethnohistorique préalable participe à la démarche
d'élaboration partagée du sentier, notamment car elle fait appel
à des témoignages directs d'usagers du lieu et permet de rendre
compte de différentes approches possibles du site en termes de
représentations sociales. Ainsi, cela permet une
(ré)appropriation du lieu et une appropriation du sentier par la
population.
La Fédération Pastorale de l'Ariège livre
un outil, un support d'interprétation que les acteurs locaux doivent
ensuite se réapproprier pour le faire vivre. En l'absence de projet
agricole aux perspectives rentables, et étant donnée que la
valorisation touristique du sentier semble déjà en voie
d'être assurée, il semble que la perspective de valorisation
pédagogique est celle qui mériterai le plus d'être
développée aux côtés de la pérennisation des
chantiers de jeunes. Elle permettrait un réel bénéfice et
développerait une nouvelle vocation pour ce site, au-delà de la
période d'animation estivale, pour les enfants, les jeunes, les
habitants locaux. Là encore, ce serai un facteur de plus pour
l'appropriation du site par la population locale, et cette reconnaissance du
site est essentielle pour y générer des activités
collectives ou individuelles porteuse de développement local.
La sensibilisation des jeunes au patrimoine qui les entoure et
à l'histoire de leur territoire, dans une vision à long terme,
peut les amener à réaliser qu'il y a du potentiel, des ressources
sur leur territoire, qu'il y a des moyens à valoriser. Cet objectif
semble important dans les territoires ruraux et de montagne comme
l'Ariège qui voient beaucoup de jeunes
89
générations migrer vers les villes. Mais, sans
animation ou activité, on risque de créer un espace-musée
figé et de rester uniquement dans le devoir de mémoire qui passe
par la sauvegarde des témoins du passé. Si ce devoir de
mémoire se combine avec des fonctionnalités nouvelles, il devient
alors porteur de dynamisme local. Rappelant ainsi que la ressource patrimoniale
n'existe que parce que la ressource humaine la crée et la valorise,
l'animation territoriale favorise le dynamisme local en accompagnant des
porteurs de projet, notamment en coordonnant des convergences partenariales
entre sphère publique et sphère privée.
90
BIBLIOGRAPHIE
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espaces et des terrasses agro-pastoraux en zone intermédiaire des
Pyrénées du Néolithique à nos jours (Cerdagne, Pays
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91
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transfrontaliers de la montagne. Université de Toulouse-le Mirail.
92
Schéma pastoral départemental 2008-2013,
Fédération Pastorale de l'Ariège.
93
LISTE DES SIGLES UTILISES
FPA : Fédération Pastorale de l'Ariège
OT : Office du Tourisme
PDIPR : Plan départemental des itinéraires de
promenade et de randonnée CDRP : Comité départemental de
randonnée pédestre
ADTM : Aménagement et développement
transfrontaliers de la montagne GAEMP : Gestion et Aménagement des
espaces montagnards et pastoraux AAPRE : Association Ariègeoise de
Personnes en Recherche d'Emploi FFRP : Fédération
française de randonnée pédestre
94
ANNEXE 1 : PHOTOS ANCIENNES
(Source : Edition Fournier. Photo-Mécanic, MURET.)
(Source : Vue panoramique du Pech de Foix vers 1890 (hiver). Cl.
E. Trutat, coll. Muséum d'Histoire Naturelle de Toulouse.)
95
ANNEXE 2 : PLAN NAPOLEONIEN
ANNEXE 3 : PLAN DE FOIX, ATLAS DES VILLES DE FRANCE,
G.DE LLOBET
LEGENDE DU PLAN
97
ANNEXE 4 : ARTICLES DE JOURNAUX ANCIENS CONCERNANT LA
DISPARITION DE JEAN SOULA
99
100
102
ANNEXE 5 : TABLEAU RECAPITULATIF DES PERSONNES DU
GROUPE-
PROJET INTERVIEWEES
103
Personne interviewée et lien au projet
|
Potentialités
|
Projet général
|
Projets agricoles/ exploitation ou rénovation
pédagogiques
|
Projets d'animations pédagogiques
|
Projets touristiques et randonnée
|
Partenariat et réseaux
|
Norbert Meller (élu)
|
-Des terrasses
|
-Le groupe doit
|
-travail de quelques
|
-ateliers ludiques
|
|
-Prise de contact
|
-Elus de la mairie de
|
restaurées et visibles
|
continuer
|
parcelles : plantation de
|
|
|
avec la Chambre
|
Foix sensibilisés au tourisme, à la
|
pour les visiteurs et les fuxéens
|
-trouver un moyen pour que le lieu vive, que ce
|
cerisiers, truffes, vigne, etc.
|
|
|
d'agriculture (projet d'installation
|
protection de
|
-vue sur le patrimoine
|
soit fréquenté et
|
-intervention de
|
|
|
agricole)
|
l'environnement, du patrimoine naturel et
|
de terrasses et sur le patrimoine de la ville
|
entretenu
-Mettre en place
|
quelques personnes, une association ou des
|
|
|
-prise de contact avec la chambre de
|
culturel
-à l'initiative du projet
|
(architecture)
|
quelque chose qui se voit depuis les allées de
|
professionnel (ex : la Vernière, un lycée
|
|
|
métiers (savoir-faire, artisans pour
|
-suivi financier : pas de certitudes à long terme
|
|
Vilottes
|
professionnel, des horticulteurs, de jeunes retraités,
etc.)
|
|
|
rénovations)
|
|
|
|
-Projet d'élevage compliqué car il faut une
personne qui vive là-haut
|
|
|
|
Richard Danis
|
-un patrimoine des
|
-scénographie+projet
|
-culture de fruits
|
-Projet du type « un
|
-Visites guidées de
|
-intégration du
|
(président OT et du
|
anciens à protéger
|
agricole
|
rouges mais accès
|
chemin/une école »
|
Mélanie Savès
|
projet dans les
|
CDRP)
|
(murs, sentiers, etc.
|
|
difficile
|
avec CDRP et club de
|
(produit touristique à
|
documents de
|
-Représente l'office du
|
-panorama :
|
-faire comprendre ce
|
|
randonnée local.
|
sa façon)
|
communication sur
|
tourisme et le FFRP
|
observation du
|
patrimoine
|
-mise en place d'un
|
Objectif : création
|
|
les sites de 1001
|
-à l'initiative du projet
|
paysage et des
|
|
système de
|
d'un petit topoguide
|
-Intégration de
|
terrasses d'Ariège
|
|
formations
|
-générer un plus
|
récupération d'eau
|
par les élèves.
|
visites dans des
|
|
|
géologiques
|
économique /
|
|
|
produits touristiques
|
-Création d'une
|
|
-Trois niveau de
|
développer une activité
|
-arbres fruitiers, vigne
|
|
complets (type séjour
|
plaquette pour le site
|
|
lecture (approche libre et panneaux, guide papier, guide
accompagnateur)
|
touristique
-Penser à l'entretien et à la
pérennisation
|
|
|
organisés avec secrétariat assuré par
l'OT)
|
de Foix
|
|
|
-Voyages d'études
|
|
|
-une balade de plus et une variante du
|
|
|
|
|
|
|
« chemin des bonshommes »
|
|
104
Personne interviewée et lien au projet
|
Potentialités
|
Projet général
|
Projets agricoles/ exploitation ou rénovation
pédagogiques
|
Projets d'animations pédagogiques
|
Projets touristiques et randonnée
|
Réseau et
communication
|
« Passerelle
|
-une plus-value
|
-effet attractif de la
|
|
|
-Visites guidées sur le
|
|
culture »(Mélanie
|
pour des visites en
|
valorisation
|
|
|
site: parler de la ville et
|
|
Savès, guide
|
lien avec visites de
|
patrimoniale: « venez
|
|
|
du Pech, de la vie du
|
|
culturelle)
|
la ville
|
chez nous, on
|
|
|
19ème siècle (nécessité
|
|
-Invitation aux
|
-point de vue sur la
|
s'occupe de notre
|
|
|
que le sentier soit
|
|
réunions par l'OT/
|
ville
|
patrimoine et c'est
|
|
|
restauré et nettoyé pour
|
|
Guide culturelle -partenariat avec la ville pour des visites
|
-point de vue sur les terrasses depuis la ville.
|
notre richesse »
|
|
|
un accès facilité)
|
|
|
-départ du vieux pont : intéressant
historiquement
|
|
|
|
|
|
|
(entrée de la ville)
|
|
|
|
|
|
Lisa Victories
|
-transmission aux
|
-chantiers de
|
-des projets pour
|
-utilité sociale
|
|
-un besoin de la
|
(FAJIP45)
|
jeunes locaux sur
|
proximité : des jeunes
|
chaque parcelle, pour
|
-transmettre l'histoire
|
|
compétence des
|
-A l'initiative du projet
|
leur territoire
|
locaux et des
|
des cultures
|
locale, du Pech aux
|
|
muraillers
|
-Service jeunesse de la
|
- une vitrine pour le
|
ressources locales
|
-chantiers d'insertion
|
fuxéens et aux gens
|
|
|
Mairie de Foix
|
réseau 1001
|
(différent des
|
professionnelle pour
|
du coin
|
|
-Rapprochement des
|
- Mise en place de
|
terrasses d'Ariège
|
chantiers
|
adultes
|
-jeunes nettoient le
|
|
réseaux éducatifs et
|
chantier de jeunes avec l'aide des services
|
- adhésion autour de ce projet :
|
internationaux organisés par
|
|
site et font ensuite eux-mêmes des visites
|
|
pédagogiques (Ecoles, CLAE)
|
techniques de la mairie
|
activation d'un
|
associations
|
|
touristiques guidées
|
|
-Associations
|
(débroussaillement et
|
réseau
|
extérieures)
|
|
-Appropriation de leur
|
|
d'insertion
|
rénovation murs en
|
-remet Foix dans
|
-donner aux gens
|
|
histoire par des jeunes
|
|
professionnelles
|
pierre sèche)
|
contexte rural/belle image pour le tourisme
|
envie d'y aller et montrer qu'on peut y faire des choses.
|
|
en crise identitaire (adolescence)
|
|
|
|
-proximité de la ville de Foix
|
|
|
|
|
|
|
-Natura 2000
|
|
|
|
|
|
105
Personne
interviewée et lien au projet
|
Potentialités
|
Projet général ou
autres
|
Projets agricoles/ exploitation ou rénovation
pédagogiques
|
Projets d'animations pédagogiques
|
Projets touristiques et
randonnée
|
Réseau et communication
|
Jacques Grelot, Propriétaire depuis une dizaine
d'année
|
-situation géographique
-côté patrimonial -classement N2000
|
-un observatoire du milieu naturel
|
-évaluer le potentiel trufficole
|
|
|
|
Michel Jouanolou (Foyer Léo Lagrange) -Information
auprès des randonneurs -foyer au départ et à
l'arrivée du « Chemin des bonhommes »
|
-Point de vue sur Foix
-les terrasses, les murs
-possibilité d'arriver en train
|
-donner à voir et expliquer ce patrimoine
-prévoir une personne pour l'animation du groupe
-Mettre des moyens pour l'entretien du site
|
|
|
-intégrer le site dans le dépliant du sentier des
bonhommes
|
|
Bernard Saurat (propriétaire)
|
-le point de vue
|
-nécessité d'entretenir une fois le sentier fait
|
|
|
|
|
Jean-Pierre RAU (Propriétaire)
|
|
-pas de projet mais ne
veut pas de fréquentation par des engins
motorisés sur ses terrains
|
|
|
|
|
« Syndicat des trufficulteurs » André Clare et
Robert Rouch
-Conseil aux propriétaires intéressés
|
-un patrimoine truffier à sauvegarder (car il disparait en
raison du manque d'entretien du milieu naturel) -Vision sur Foix
|
|
-Favoriser un retour naturel de la truffe
(débroussaillement) -Plantation de chênes truffiers mais il y faut
consacrer du temps -mise en place système de récupération
d'eau
|
|
|
|
106
ANNEXE 6 : ARTICLES DE PRESSE SUR LES CHANTIERS DE
JEUNES
Publié le 11/05/2011 par La Dépêche
du Midi
FOIX. CHANTIER FRANCO-MAROCAIN SUR LES TERRASSES DU
PECH
Foix. Chantier Franco-marocain sur les terrasses du Pech
Le pôle jeunesse de la ville Foix (Fajip) a accueilli six
jeunes marocains. Les jeunes ont travaillé durant une semaine sur le
projet de restauration des terrasses et des murets du Pech. Sous la houlette de
leurs animateurs Mohamed Ben Hamed et Mohamed Salmi (Maroc), Claire Chayet
(Foix), et Vincent Baudon murailler, ils ont conduit les opérations de
débroussaillage nécessaires, puis, ont découvert un
savoir-faire ancestral de nos Pyrénées, la technique de la pierre
sèche. Ce travail de fourmi que réalisent les animateurs avec les
jeunes est fondamental, même s'il est discret. En 2010, un groupe de
jeunes fuxéens s'était rendu à Ain Chouater, province de
Figuig au Maroc, à l'invitation de l'association bassin Guir. Objectif :
participer à un chantier de plantation de tamaris pour éviter
l'ensablement des points d'eau.
Source :
http://www.ladepeche.fr/article/2011/05/11/1078799-Foix-Chantier-Franco-marocain-sur-les-terrasses-du-Pech.html
(consulté le 25 août 2011)
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Publié le 24/07/2011 par La Dépêche
du Midi
CE QUI S'APPELLE DEBROUSSAILLER LE TERRAIN.VACANCES
ACTIVES
Les jeunes sur un chantier d'intérêt public./ Photo
DDM, Norbert Meler
Six jeunes de la cité, de 14 à 18 ans, se sont
mobilisés pour débroussailler des sentiers. Une initiative
très physique pendant leurs vacances, à l'initiative du
Pôle jeunesse.
Stéphan Davila, animateur au pôle jeunesse (Fajip)
de la ville de Foix, a mobilisé cette semaine un groupe de six jeunes de
14 à 18 ans pour aller débroussailler le chemin des Asperges. Ce
sentier démarre du Pont vieux, au niveau de l'ancien café
Aillères, et conduit sur les terrasses du Pech, offrant au promeneur une
vue exceptionnelle sur la cité de Fébus. Au fil du temps, les
hautes herbes, les ronciers, les arbrisseaux envahissaient un accès qui
menaçait de disparaître. Dans le cadre du dispositif ville vie
vacances (3V) fruit d'un partenariat entre la commune et l'Etat, les jeunes
travaillent durant 5 matinées de 8 h 30 à 12 h 30,
encadrés par un animateur socio-éducatif et un technicien
municipal des espaces verts, Jean-Charles Péreira. Un jeune saisonnier
des services techniques, Samir Bel-Ghazi, complète le groupe. Passer du
collège ou du lycée aux exigences du travail physique en pleine
nature, voici qui bouscule les habitudes. Scies, cisailles ou sécateurs
en main le chantier progresse, à tel point que lorsque nous nous y
sommes rendus, nous avons constaté que l'itinéraire était
devenu confortable même s'il demeure un peu abrupt. Ce sentier sera le
point de départ de l'itinéraire qui accueillera les randonneurs
pour les guider vers l'aménagement futur des murets du Pech. En guise de
gratification, les jeunes recevront en fin de chantier un bon d'achat de 75
euros échangeable dans l'un des commerces de la ville. Après le
travail réalisé début juillet à la cité
Pierre-Faur du Courbet, ce second chantier manuel contribue à
développer chez les jeunes le sens de l'intérêt collectif.
C'est une école concrète de citoyenneté.
Source :
http://www.ladepeche.fr/article/2011/07/24/1133920-ce-qui-s-appelle-debroussailler-le-terrain.html
(consulté le 25 août 2011)
108
ANNEXE 7 : PORTRAITS ET PAROLES46
Les habitants du Pech ?Suzanne
DEPAS
Dans les années soixante, âgée d'une
vingtaine d'années, elle fut l'une des dernières habitantes du
Pech pendant environ un an et demi ; avec son mari, son fils de deux ans et sa
fille, née durant cette période. Malgré des conditions de
logement très rudimentaires, l'amour qui l'unissait à son mari et
la tranquillité des lieux lui ont fait garder de très bons
souvenirs de cette période et de ce lieu qu'elle appelle « son
petit paradis ».
« J'allais aux asperges, aux champignons, je
ramassais des oeillets sauvages...après y'avait des amandes, à
l'époque y'avait de tout...On ramassait aussi des poireaux sauvages pour
faire la soupe...on avait rien, on n'avait pas un sou ! Après mon mari a
trouvé du travail, on a pu commencer à s'acheter ce qu'il fallait
pour manger... »
« Je m'y plaisais beaucoup, je l'appelais `mon petit
paradis' [...] De là-haut, j'ai vu construire le nouveau pont en 1962
[...] ce qui me plaisait c'était le calme, c'était la ville en
dessous, on pouvait tout regarder...la tranquillité surtout...moi j'aime
être tranquille ».
?Monsieur BARONA :
D'origine espagnole, il est probablement le dernier à
avoir cultivé des terrasses aux Bentenaous, jusque dans les
années soixante.
Ce monsieur, qui était puisatier, vivait avec sa femme
dans la maison, aujourd'hui en ruines, située en contrebas du chemin
plat menant au site de terrasses. Il avait des lapins, des poules, un âne
et deux mulets. « Il faisait un peu de tout » pour sa consommation
personnelle.
« Quand il y avait Barona, il entretenait la maison
qui est démolie, il entretenait sous l'orry, une baraque basse. Il avait
des lapins...il était puisatier...c'est-à-dire qu'il cherchait
des points d'eau pour faire des puits. Il en aurait trouvé un plus bas,
là ou il y a la baraque au drapeau...(M.Alozy)
« Mme Baronna c'était une dame petite assez
costaud et son mari c'était un grand maigre. Il descendait à Foix
sur son âne et il remontait sur l'âne...et elle, la bonne femme,
elle tirait l'âne parce qu'il voulait pas qu'elle monte dessus...alors
elle s'arrêtait à la maison pour boire un petit coup d'eau ou de
café, elle disait `il faut que je monte sur cet âne je vais pas
monter là-haut à pied moi j'en peu plus'...alors elle prenait un
rocher, un peu haut, elle montait dessus et puis elle voulait monter sur
l'âne et quand elle allait mettre la jambe, l'âne il
avançait ! » (Mme Depas)
46 Tels qu'ils ont été livrés
au bureau d'étude et présentés lors de la réunion
du « groupe-projet » du 28 juillet 2011
109
? Albert PIQUEMAL
Il est né sur le Pech en 1928, à la ferme du
Pech de Naut (Pech d'en haut) que ses parents avaient acheté en 1920 et
qu'ils ont habité jusqu'en 1938. Il a donc vécu là
jusqu'à l'âge de 10 ans et se souvient de la vie de la ferme.
Il y avait une dizaine de vaches, une trentaine de moutons et
quelques cochons. Les agneaux et les veaux, après avoir
été engraissés, étaient vendus sur le marché
à Foix. Sa mère transformait le surplus de lait en beurre et le
petit lait était donné aux cochons. La volaille et les lapins
étaient aussi vendus sur le marché.
Ils cultivaient un jardin potager et des
céréales : blé, avoine, seigle. Une fois
récolté et dépité, son père descendait le
blé à dos d'âne jusqu'au pont de l'Arget, chez le meunier,
pour le faire moudre. Avec la farine, sa mère fabriquait du pain.
Le cochon, c'était pour la consommation familiale,
lorsqu'on le tuait, il y avait une grande fête avec les amis qui
étaient venus donner un coup de main. La semaine, pour être plus
près de l'école, il dormait chez sa tante à Flassa.
À partir de 1938, la famille Piquemal est descendue du Pech pour
s'installer dans une ferme plus bas mais tout en continuant à utiliser
les terres du haut. Puis, en 1955, la ferme sera vendue.
Ceux qui fréquentent(ou ont
fréquenté) le Pech
Gérard ALOZY :
Artisan peintre à la retraire, il fréquente le
Pech depuis ses plus jeunes années pour se promener, pour explorer, pour
admirer la vue qu'il y a depuis là-haut et profiter de la
tranquillité des lieux.
Vers l'âge de quatorze ans, avec ses copains,
c'était le terrain de jeux et d'exploration mais toujours en
évitant de passer trop près de la maison où vivait un
monsieur avec une jambe de bois et son chien blanc, car il leur faisait
peur.
Plus tard, c'est à la recherche de grottes ou autres
cavités qu'il parcourt les lieux.
La photographie, autre de ses passe-temps, l'amène
à prendre quantité de photos, principalement des fleurs, sur le
Pech et ailleurs.
Autre but de ses escapades : la cueillette des asperges, au
printemps, lorsque les jeunes pousses sortent de terre.
« Cet endroit là j'y vais pour les asperges,
sur les terrasses il y en a plein...c'est fin...il faut prendre que le bout et
on les fait en omelette...Après, je vais plus vers le haut du Pech.
»
110
« On voit loin, c'est à deux pas de Foix y'a pas
à prendre la voiture et le paysage est très diversifié sur
le Pech selon le coin où l'on va. »
« J'y allais pour me promener, pour découvrir,
trouver de nouveaux endroits...Je faisais des photos, surtout de fleurs
»
« J'y allais le weekend quand je travaillais, maintenant
je peux y aller quand je veux. »
Henri AILLERES :
Educateur sportif, Henri Aillères a vécu toute sa
jeunesse à proximité du départ du chemin des asperges. Sa
mère y tenait un café jusqu'au début des années
quatre-vingt-dix. Pour les enfants du quartier, le Pech, c'était le
terrain de jeux.
« Aller au Pech, c'était la nature, la
construction de cabanes, la cueillette des asperges...des jeux ayant trait
à la nature...on y était tout le temps. »
Le Pech pouvait aussi être le lieu d'autres cueillettes
:
« Quand on allait chercher des truffes, avec les
voisins, c'était quelque chose d'exceptionnel, j'étais content de
les sentir... »
Lucette FAVERGEON :
Tout comme ses parents, Lucette Favergeon était
marchande de chaussures à proximité du vieux pont. Lorsqu'elle
avait une dizaine d'années elle allait sur le chemin du Pech pour se
promener et ramasser des fleurs, notamment des pervenches. Quand sa mère
l'accompagnait, elles allaient jusqu'au quartier de Flassa « pour faire la
boucle ».
« Parfois, j'y allais avec un livre et je m'asseyais
au bord du chemin pour lire...on y est bien...Mais c'était toujours sous
l'oeil de ma mère qui surveillait depuis le pont...il fallait qu'on nous
voit. »
Paroles diverses :
« Il y avait un manque d'eau sur le Pech. On
utilisait la `Fount de Labat' sur la route du Pech de Naut ou on descendait
chercher l'eau à Foix. Les filles Soula allaient tous les matins vendre
le lait à des particuliers à Foix, puis elles remontaient les
bidons remplis d'eau » (Yves ROUX)
111
« Quand ils faisaient le blé, ils accrochaient un
tissu blanc pour que ceux du Saint-Sauveur viennent dépiquer...il y
avait beaucoup d'entraide à l'époque » (Mme
VAQUIÉ)
« Enfant, je venais cueillir des gentianes puis je les
disposais dans une assiette à soupe pour en faire un coussin et l'offrir
à ma mère. » (Richard DANIS)
« Au printemps, j'allais cueillir des pervenches sur le
chemin des asperges. Par le chemin situé en face de la croix de
Bouychères j'allais cueillir des iris avec ma mère et au bord des
anciennes habitations, des lilas. » ( Annie CAZENAVE)
« Mon oncle Josépou, sur le chemin de
l'école, passait par le Pech, faisait une petite botte d'iris violet
clair et avec il se faisait un peu d'argent pour s'acheter une petite bagatelle
» (Gaston GERAUD)
112
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS 1
INTRODUCTION 6
1ère PARTIE : CONTEXTE DE L'ETUDE REALISEE DANS LE CADRE
DU PROJET
DE MISE EN PLACE DU SENTIER D'INTERPRETATION 9
I. La Fédération Pastorale de l'Ariège 9
A. Type de structure 9
B. Objectifs, territoires d'actions et missions 10
II. Le programme « 1001 terrasses d'Ariège »
12
A .Le système terrasse 12
1. Definition et principes 12
2. Un savoir-faire paysan complexe 13
3. Les terrasses de cultures en Ariège 14
B. Objectifs et actions 17
C. Un projet intégré au programme leader 19
III. Le site de terrasses du Pech de Foix 20
A. Présentation géographique du site 20
B. Une ressource territoriale « multi-patrimoniale »
23
C. Suivi du projet et mode de financement 26
1. Le Comité de pilotage 26
2. Le groupe-projet 27
3. Financement des différentes tranches du projet : 30
D. Travail confie et méthodologie mise en place 31
Conclusion de la première partie 33
2eme PARTIE : RECHERCHES ETHNO-HISTORIQUES : RESULTATS ET
FONCTIONS
34
113
I. Résultats de l'enquête ethno-historique 34
A. Rappel des objectifs et précisions sur la
méthode 34
1. Les recherches aux archives départementales de
l'Ariège 35
2. L'enquête par entretiens 35
3. Les observations de terrain 36
B. Toponymie des noms de lieux 36
C. Habitat, usages et représentations 37
1. A propos des habitants et propriétaires 39
2. Evolution des rapports: d'un espace essentiellement agricole
à un espace de loisirs
42
3. La question de l'eau sur le Pech 44
4. Les cueillettes sur le Pech 45
5. Faits divers et croyances : 48
6. L'abri en pierre sèche construit en encorbellement
50
7. Les terrasses monumentales 50
8. Le Pech: un espace de tranquillité, d'exploration
voire d'apprentissage 52
9. Le Pech comme espace de « relégation »?
54
10. Un espace agricole périurbain 55
11. Le quartier du vieux pont 57
D. Portraits d'habitants du Pech 58
1. Suzanne DEPAS 58
2. Monsieur BARONA : 59
3. Monsieur PIQUEMAL 60
II. Synthèse et préconisations 61
A. Bilan de l'enquête 61
B. Préconisations pour un approfondissement des
recherches 61
III. Apports pour la conception du sentier
d'interprétation 63
A.
114
La notion d'interprétation 63
B. Une perspective ethno-historique 64
C. Portraits et paroles 65
D. Participation à la démarche partagée
65
Conclusion de la deuxième partie 66
3ème PARTIE: PISTES DE VALORISATION DU SITE ET MODALITES
DE SUIVI PAR
LE GROUPE PROJET UNE FOIS LE SENTIER EN PLACE 67
I. Enjeux, objectifs, méthodologie et limites de cette
partie 67
A. Les enjeux d'une dynamisation du site 67
B. Objectifs et méthodologie 68
C. Les limites 69
II. Autres sites de terrasses : Actions mises en oeuvre,
modalités de gestion 69
A. Les terrasses de la carolle à Auzat 70
B. Le Mas d'Azil : site de Souribet 70
C. Camon : les cabanes en pierres sèches 71
III. Quels projets pour le site de Foix ? 73
A. Synthèse des potentiels du site de Foix 73
B. Domaines d'actions possibles et exemples de projets 74
1. Tourisme et randonnée 75
2. Les projets agricoles 76
3. Valorisations pédagogiques 78
4. Projets artistiques 79
5. Projets scientifiques 80
6. Projets événementiels 80
C. Possibilités de financements 81
IV. Modalités de pilotage et de développement
d'activités sur les terrasses du Pech de Foix
81
A. Les réunions du groupe-projet, les besoins
identifiés 81
B.
115
Les actions à mettre en oeuvre par le groupe-projet
pour avancer dans le
développement d'activités sur le site 83
C. Mise en réseau avec le collectif 1001 terrasses
d'Ariège 85
D. Synthèse pour la valorisation du site de terrasses
du Pech de Foix 85
Conclusion de la troisième partie 87
CONCLUSION GENERALE 88
BIBLIOGRAPHIE 90
LISTE DES SIGLES UTILISES 93
ANNEXE 1 : PHOTOS ANCIENNES 94
ANNEXE 2 : PLAN NAPOLEONIEN 95
ANNEXE 3 : PLAN DE FOIX, ATLAS DES VILLES DE FRANCE, G.DE
LLOBET 96
LEGENDE DU PLAN 97
ANNEXE 4 : ARTICLES DE JOURNAUX ANCIENS CONCERNANT
LA
DISPARITION DE JEAN SOULA 98
ANNEXE 5 : TABLEAU RECAPITULATIF DES PERSONNES DU
GROUPE-
PROJET INTERVIEWEES 102
ANNEXE 6 : ARTICLES DE PRESSE SUR LES CHANTIERS DE JEUNES
106
ANNEXE 7 : PORTRAITS ET PAROLES 108
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