INTRODUCTION
Il y a 2 types d'entreprises sur le marché du travail.
Les premières proposent des salaires
élevés et des promotions rapides à la condition de
répondre à ses exigences et d'adhérer totalement à
ses principes.
Les secondes ne proposent que des emplois précaires et
peu qualifiés, sans espoir d'évolution, avec une grande
insécurité. Les secondes sont d'ailleurs souvent des
sous-traitantes des premières.
La réalité du monde du travail tel qu'on le
connait aujourd'hui est que l'on peut travailler et malgré tout vivre en
dessous du seuil de pauvreté.
Pour cette même raison, un grand nombre de demandeurs
d'emploi sont des chômeurs volontaires, ils choisissent de ne pas
travailler, de ne pas accepter un emploi précaire qui finalement serait
plus couteux pour eux, accentuerait leur niveau de pauvreté. En effet,
le revenu gagné en travaillant ne compense pas la perte de revenus qui
est liée aux dépenses supplémentaires engagées
(carburant, frais de garde, diminution des allocations logement...).
Les nouvelles valeurs prônées sur le
marché du travail sont fondées sur la réalisation
personnelle de l'employé, son engagement.
L'individualisation est apparue en mai 1968, période de
grèves générales. Les individus ont décidé
de se rebeller contre les contraintes de travail, l'autoritarisme des
entreprises, l'exploitation.
C'est ce qui a été à l'origine de cette
nouvelles vision du patronat qui a développé l'individualisation
pour deux raisons : la première, pour répondre aux attentes
des salariés qui proclament leur épanouissement personnel au
travail et la deuxième pour justement casser ce collectif à
l'origine des grèves et restaurer leur position de force dans les
entreprises.
Fondamentalement, l'exclusion d'un travailleur se
définit comme son renvoi de son poste de travail pur et simple.
De ce principe découlerait le fait suivant : les
chômeurs sont appelés des exclus, les employés sont des
inclus, leur inclusion dans la vie sociale est permise par leur travail, ils
sont insérés socialement. Le travail serait assimilé en ce
sens à une bouée de sauvetage, sans laquelle la survie est
impossible.
Cependant, il existe un autre phénomène bien
moins définissable dans le monde du travail : l'exclusion
insidieuse du salarié.
Le monde du travail est dominé par la concurrence, la
compétitivité. Les entreprises sont de plus en plus exigeantes
avec leurs employés. Certains se retrouvent fragilisés, en
situation précaire qu'elle soit financière ou morale.
Les entreprises densifient le travail en réduisant les
temps morts, elles demandent toujours plus de flexibilité dans les
horaires pour être le plus productif possible et les employés
n'ont parfois pas d'autre choix de faire ce qui leur est demandé en
faisant fi de leurs souffrances.
Qui plus est, leur résignation s'impose car les moyens
de rébellion et de résistance n'existent plus, il n'y a plus de
collectif de travail qui permettait la solidarité et l'entraide et
chaque individu isolément n'a plus aucune puissance d'action.
Le sujet de mon mémoire sera donc de tenter de
répondre à cette problématique :
Le travail est-il vraiment le vecteur de l'intégration
sociale ou peut-il dans certains cas pousser au contraire vers une
disqualification sociale ?
L'intérêt porté par le Cinéma ne
réside pas seulement dans le visionnage du film. C'est aussi le
prétexte aux premiers échanges quant au choix du film que nous
allons voir, aux discussions qui ont lieu après l'avoir regardé.
Nous échangeons nos avis respectifs, nous argumentons très
souvent...
Le Cinéma donne une image de la société
à travers l'oeil de la caméra, qui est ensuite
répercutée dans les médias, comme un miroir du temps
présent.
C'est pourquoi j'ai choisi de traiter cette
problématique à travers l'analyse cinématographique.Je
commencerai par définir le lien social et ses origines, puis, à
travers l'analyse de plusieurs films, je me pencherai sur les effets du travail
et du chômage pour tenter de déterminer s'ils sont vecteurs
d'intégration ou de disqualification sociale. Ensuite,
j'étudierai l'influence du marché du travail d'une part et de la
société de consommation d'autre part sur le lien social, avant de
conclure.
I. LE LIEN SOCIAL, DEFINITION ET
ORIGINES
A. La Doctrine du solidarisme, naissance du
lien social
Le solidarisme, dont les prémices sont apparues
début XXème siècle, a réellement vu le jour en 1946
avec la naissance de la sécurité sociale.
La sécurité sociale a créé la
solidarité nationale pour assurer la sécurité de tous et
en particulier des plus pauvres. Elle est née dans un contexte
d'après-guerre, dans lequel le parti communiste est le plus fort. Il
faut rassembler les français pour panser les plaies de la guerre.
Cette protection sociale change le tissu social qui lie
l'individu à la société, il ne dépend plus des
contraintes familiales, il est plus libre de ses choix.
Le solidarisme a fondé le lien social, il est
basé sur un principe de dette sociale mutualisée entre toutes les
générations. Chaque individu est redevable envers tous les
autres, comme une sorte de contrat national qui unit tous les
français.
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