à‰tat et analyse du revenu global et des dépenses de consommation en produits alimentaires de base (riz, maà¯s, sorgho, manioc doux, igname et patate douce) dans les exploitations agricoles de la commune de Jean-Rabel.( Télécharger le fichier original )par Jean Ribert FRANCOIS Université d'Etat d'Haiti - Ingénieur-Agronome 2015 |
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONSAAA : Agro Action Allemande ASEC : Assemblée de la Section Communale BAC : Bureau Agricole Communal BID : Banque Interaméricaine de Développement BRH : Banque de la République d'Haïti CASEC : Conseil d'Administration de la Section Communale CNSA : Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire DDL : Degré de Liberté DGV : Dépenses Globales de Vie EA : Exploitations Agricoles ECVH : Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti EMMUS : Enquête Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services FAES : Fonds d'Assistance Economique et Sociale FAMV : Faculté d'Agronomie et de Médecine Vétérinaire FAO : Food and Agriculture Organization of the United Nations FEWS NET : Famine Early Warning Systems Network Ha : Hectare IDH : Indice de Développement Humain IHSI : Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatique IPC : Indice des Prix à la Consommation Kcal : Kilocalorie MAN : Modèle Agro-Nutritionnel MARNDR : Ministère de l'Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural MCA : Modèle de Consommation Alimentaire MCI : Ministère du Commerce et de l'Industrie MCO : Moindres Carrés Ordinaires MEF : Ministère de l'Economie et des Finances MPCE : Ministère de la Planification et de la Coopération Externe ONG : Organisation Non Gouvernementale PAM : Programme Alimentaire Mondial PDNA : Post-Disaster Needs Assessment PAB : Produits Alimentaires de Base PIB : Produit Intérieur Brut PMA : Pays Moins Avancés RG : Revenu Global SACAD : Systèmes Agraires Caribéens et Alternatives de Développement SCEM : Somme des Carrés des Ecarts à la Moyenne SPSS : Statistical Package for the Social Sciences TEC : Tonnes Equivalents-Céréales TM : Tonne Métrique UE : Union Européenne UGB : Unité Gros Bétail USA : United States of America USD : United States Dollar USEC : Unité Socio-Économique de Consommation I. INTRODUCTIONLe rôle de l'agriculture devrait toujours être capital dans tous ses aspects. L'agriculture doit d'abord, produire de la nourriture pour les personnes et ensuite, procurer aux individus qui s'y adonnent un revenu leur permettant de vivre et d'acheter des produits divers dans la société. Depuis des décennies, l'agriculture haïtienne fait face à un véritable défi qui est de nourrir la population. Ce défi est d'autant plus important si on se réfère à certaines caractéristiques du secteur agricole haïtien comme l'exigüité des parcelles, l'accès difficile aux principaux moyens de production (eau d'irrigation, cheptel, équipements, outillage...), la faible utilisation d'intrants chimiques, l'exode rural, sans oublier les insuffisances d'ordre structurel et les phénomènes naturels désastreux. Le niveau de production agricole assure environ 48 % des besoins alimentaires (AFD, 2014)1(*). Partout où l'on passe, la grande partie des exploitations agricoles se trouvent dans la pauvreté. La population de Jean-Rabel, vivant dans l'une des communes les plus pauvres de ce pays en voie de développement (MPCE, 2004), a fait face à toutes les difficultés pour satisfaire ses besoins fondamentaux. Exclus et non encadrés, les paysans de ce coin du pays vivent, pour emprunter le terme de Paul Moral, dans un véritable grappillage. La lutte pour la survie continue chez ces paysans qui mènent en effet une vie très difficile. Cette présente étude, avec pour objectif général de déterminer et d'analyser le revenu global et les dépenses de consommation en produits alimentaires de base (riz, maïs, sorgho, manioc doux, igname et patate douce) dans les exploitations agricoles de la commune, se révèle importante pour une analyse plus profonde de la situation. Le document est divisé en cinq (5) parties. La première est composée de quatre (4) sections : la problématique, les objectifs, les hypothèses et le cadre théorique. La deuxième partie passe en revue brièvement la littérature sur certains points importants de l'étude et comprend deux grands points, l'un sur la consommation alimentaire et l'autre sur la situation alimentaire en Haïti. La troisième partie présente le cadre géographique et physique ainsi que le cadre socio-économique de la zone d'étude. La quatrième quant à elle, présente la méthodologie adoptée pour réaliser le travail. La cinquième partie présente les résultats de l'étude, analyse et discute ces résultats à la lumière des objectifs et des hypothèses. Finalement, on conclut le document tout en proposant des recommendations englobant une batterie d'éléments à prendre en compte pour améliorer l'existence des exploitations agricoles de la commune. 1.1.- ProblématiqueSituée à l'extrême pointe Ouest de la presqu'île du Nord d' Haïti, la commune de Jean-Rabel fut pendant longtemps considérée, selon un article du journal « Le Nouvelliste » paru le 07 septembre 20122(*), comme le Far West et ses habitants dépendaient essentiellement de l'aide alimentaire. Malgré qu'on ait observé une évolution de la situation, les insuffisances alimentaires continuent à marquer la vie quotidienne d'une partie importante de la population. Car, le Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE) a relaté en 2007 que plus de la moitié de la population n'arrive pas à se procurer la ration alimentaire minimale de 225 kg de céréales par an et par individu, tel qu'établie par la FAO. L'agriculture, principale activité de la commune, n'est pas bien développée. Les conditions climatiques n'y sont pas favorables. L'importance des récoltes dépend des aléas saisonniers et des caprices de la nature, ce qui entraîne une faiblesse de production au niveau de la commune. Cette faiblesse a de fortes incidences sur le niveau de vie des exploitants agricoles qui subsisteraient en grande partie à partir de ce que leurs lopins de terre peuvent produire. Avec un régime de base constitué de céréales et de tubercules3(*) (MATHURIN et BAYARD, 2008), les dépenses alimentaires des ménages représentent plus de 65%4(*) des dépenses monétaires mensuelles selon la Coordination Nationale de Sécurité Alimentaire (CNSA) en 2011. Besoin fondamental de l'homme, l'alimentation a tenu une place importante dans le budget des exploitations agricoles de la commune de Jean-Rabel au détriment d'autres postes comme l'éducation et l'habillement. Vu la défaillance du secteur agricole, pour survivre, les exploitations agricoles ont dû recourir à d'autres sources d'approvisionnement en produits alimentaires et d'autres sources de revenu non agricoles comme le commerce, les transferts et les petits métiers. Cependant, ces recours ne sont pas une panacée aux problèmes alimentaires que confrontent les gens de la commune. La croissance importante des prix des produits alimentaires sur le marché a rendu difficile l'accès d'une grande partie de la population aux produits disponibles, compte tenu que l'assistance alimentaire n'y est désormais pas régulière. Sur la période 1999-2013, l'indice des prix de l'alimentation est passé, avec 2004 comme année de référence, de 43.3% à 220.5%5(*) selon les données de l'IHSI. Cet accroissement du coût de la vie a fait, sans nul doute, baisser considérablement le revenu réel des exploitations agricoles déjà très faible. En effet, la diversification des sources de revenu est très importante pour les exploitations agricoles dans la mesure où elle permet une augmentation substantielle de leurs revenus, attribuant ainsi un plus grand contrôle sur leur alimentation. Ce faisant, la croissance du revenu des exploitations leur permettra d'améliorer leur situation alimentaire. Ainsi, des études approfondies et spécifiques relatives au revenu et à la dynamique de la consommation alimentaire dans les exploitations agricoles de la commune de Jean-Rabel s'avèrent nécessaires. On se demande à travers la présente étude : · Comment se présente le revenu global au niveau des exploitations agricoles de la commune de Jean-Rabel ? · Comment se repartit ce revenu aux différents postes de dépenses dans les exploitations agricoles ? · Quel en est le poids de la consommation des produits alimentaires de base (riz, maïs, sorgho, manioc doux, igname et patate douce) ? · Qu'est-ce qui détermine la consommation de ces produits alimentaires de base ? Notre travail permettra d'apporter des réponses à ces questions. Les analyses qui en découlent pourront permettre aux organisations nationales et internationales de mieux cerner la problématique de la pauvreté dans la commune de Jean-Rabel, à l'Etat haïtien de formuler une meilleure politique d'emploi et également de mettre en place de meilleures politiques agricole, alimentaire et commerciale pour le bien-être des exploitations agricoles. * 1 www.afd.fr/home/pays/amerique-latine-et-caraibes/alc/haiti/projets-haiti/agriculture-haiti/appui-a-la-securite-alimentaire-dans-le-departement-du-sud * 2 http://www.lenouvelliste.com/article4.php?newsid=108665 * 3 Les céréales sont le riz, le maïs et le sorgho. Les tubercules comprennent les principales cultures comme le manioc, l'igname et la patate douce. * 4 Cette statistique a été donnée pour le département du Nord-Ouest. * 5 http://www.ihsi.ht/pdf/serie/IPC_par_Poste_de_depense.pdf et http://www.ihsi.ht/pdf/ipc/serieIPC/ipc_last.pdf |
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