à‰tat et analyse du revenu global et des dépenses de consommation en produits alimentaires de base (riz, maà¯s, sorgho, manioc doux, igname et patate douce) dans les exploitations agricoles de la commune de Jean-Rabel.( Télécharger le fichier original )par Jean Ribert FRANCOIS Université d'Etat d'Haiti - Ingénieur-Agronome 2015 |
2.2. SITUATION ALIMENTAIRE DU PAYSPour la majeure partie de la population haitienne, l'alimentation se caractérise par son extrème irrégularité jounalière. Les besoins alimentaires et la disponibilité alimentaire ne sont pas en équilibre. Il en résulte une crise alimentaire dans le pays et ce, depuis des décenies. 2.2.1. La crise alimentaire en HaïtiLa situation alimentaire du pays, marquée par un déséquilibre soutenu entre croissance démographique et celle de la production, n'a pas attendu le séisme du 12 janvier 2010 pour être alarmante. Elle a détérioré progressivement au cours des trois dernières décennies. Cette crise de l'alimentation en Haïti peut, selon Vincent (2003), être élucidée par une analyse tridimensionnelle : politique, économique et sociale. 2.2.1.1. Dimension politiqueL'instabilité politique, au cours des deux siècles succédant la proclamation de l'indépendance, demeure l'une des caractéristiques de la République d'Haïti. Cette situation laisse l'avenir de la première République Noire du monde hypothéqué. Haïti est pris dans un cercle vicieux de crises politiques. Non seulement ces crises empêchent la satisfaction des besoins fondamentaux du peuple, l'insatisfaction de ces besoins engendrent à leur tour des flambées de violence. En effet, depuis la chute du régime dictatorial des Duvalier en 1986, le pays a vécu une période sombre sur le plan politique. Manifestations, graffitis et barricades enflammées d'un coté, gigantesques murs de maisons aisées, vitres fumés et autres barbelées de l'autre (Doura, 2002 ; Jean, 2008), témoignent tous d'une situation d'antagonisme important. Cette instabilité a eu des retombées négatives sur l'économie nationale telles que : l'insécurité sociale et alimentaire, la baisse drastique des investissements privés, le déficit chronique de la balance commerciale suite à la crise du système productif haïtien et une augmentation exacerbée du cout de la vie. 2.2.1.2. Dimension économiqueL'économie haïtienne est fortement liée à son agriculture. Cette dernière y représente aujourd'hui environ 25 % du PIB et 40% des possibilités d'emploi. Un simple regard sur l'évolution du PIB pendant les deux dernières décennies montrent la faiblesse de l'appareil productif en Haïti. Le taux de croissance du PIB fluctue entre le négatif et le positif, et quand c'est positif, il est toujours inferieur à 5% (exception faite pour 2011 où ce taux était de 5.6%8(*)). Les performances de cette économie sont trop faibles pour supporter la croissance d'une population de 2.0% en moyenne. Ce pays semble s'enfermer, selon Sévère (2010), dans un cycle d'échec et de pauvreté interminable. Les gens, en particulier ceux du milieu rural, vivent pour la plupart avec un pouvoir d'achat misérable ne leur permettant pas de satisfaire certains besoins primaires comme le fait de se nourrir. Plus de 71% de la population haïtienne sont dans la pauvreté. Cette situation se montre plus critique au niveau de la paysannerie haïtienne suivant l'enquête sur les conditions de vie des Haïtiens (ECVH) réalisée en 2001 par l'IHSI : 82 % des ménages ruraux se trouvent dans la pauvreté dont 58 % sont dans la pauvreté extrême. * 8 L'année précédente (2010) a été marquée par le séisme qui avait de grandes incidences sur le PIB. C'est pourquoi le taux de croissance de l'année suivante était aussi élevé. |
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