2.2.2. Une approche
participative
Au-delà de sa première vocation qui est de
promouvoir la communication pour le développement - et en toute logique
avec celui-ci d'ailleurs -, l'élaboration d'une PNCD doit se faire selon
une approche participative et contextualisée qui encourage la
participation de l'ensemble des parties prenantes, afin de garantir une
réelle appropriation. Cela suppose, d'une part, qu'il faut toujours
partir des besoins des communautés pour définir le contenu d'une
PNCD; et cela induit, d'autre part que sa mise en oeuvre doit être le
fait de l'ensemble des acteurs dudéveloppement.
Au Burkina Faso, le processus de définition de la PNCD
a engagé l'ensemble des parties prenantes. En effet, sa
définition s'est faite en trois étapes majeures dans un souci
d'intégrer l'ensemble des partenaires à ce processus. Les
étapes de son processus d'élaboration observent d'ailleurs celles
définies par l'Atelier de Niamey.
La première étape a plutôt
été une étape méthodologique ; il s'agit de la
mise en oeuvre d'études thématiques et sectorielles
organisées par des consultants nationaux. Ces études ont permis
de recenser les secteurs sur lesquels doit reposer le processus de
définition et d'élaboration de la PNCD du Burkina Faso. Elles ont
également permis d'harmoniser les concepts et les méthodologies
à mettre en oeuvre tout au long du processus (FAO & Min. Com.,
2001a, p.11). C'est lors de cette étape que les huit secteurs sur
lesquels repose la PNCDBF ont été définis. À
savoir, la presse écrite (en français et en langues
nationales ; publiques et privées), la presse audiovisuelle (radios
et télévisions ; publiques et privées), les
technologies et infrastructures de la radiodiffusion, de la
télévision et de la presse écrite, les moyens de
communication traditionnels, les technologies de l'information et de la
communication, le cadre juridique et institutionnel de la communication, la
formation en communication pour le développement et finalement les
outils de communication de proximité. Ces études sectorielles ont
permis de faire un inventaire des outils et d'effectuer une enquête
auprès de acteurs dudéveloppement local afin « de
dégager les problèmes et les besoins en matière de
communication pour le développement » (FAO & Min. Com.,
2001a, p.12). Elles ont également permis une harmonisation des concepts,
des secteurs et des thématiques choisies ; ce qui est, somme toute,
important pour la légitimité d'une politique.
La seconde étape du processus de définition est
l'organisation d'ateliers de concertations régionales. Cette
étape a eu un double objectif : d'une part, confirmer les
résultats et les conclusions des experts lors des
précédentes études, et d'autre part recueillir
auprès des communautés et des acteurs locaux leurs
préoccupations ainsi que leurs besoins. Cette étape a donc
été importante, car cohérente avec l'approche
participative de la communication pour le développement. Par ailleurs,
l'organisation de concertations régionales, plutôt qu'une
concertation nationale, a permis de contextualiser l'évaluation des
besoins et par conséquent les stratégies à mettre en
oeuvre. Ainsi, l'analyse du document d'évaluation de la situation de la
communication pour le développement (tome 1) révèle
que des recommandations particulières sont faites selon les
régions. En effet, il est important de ne pas généraliser
les stratégies dans un pays de treize régions qui ont chacune
leurs spécificités. Suite à ces concertations, l'enjeu a
alors été de trouver un consensus entre toutes les
recommandations émises, toutes régions confondues, afin de mettre
en place une stratégie nationale capable de refléter les
préoccupations et les besoins de toutes les communautés et de
tous les acteurs locaux et nationaux.
La troisième étape, est la tenued'un atelier
national de validation des conclusions des précédentes
étapes. L'objectif de cet atelier a été d'abord l'adoption
de recommandations et de stratégies. Celles-ci, issues des concertations
et des études, portent sur les voies et les moyens qui mènent
à « une plus grande implication des populations dans la
conceptualisation, l'élaboration, la mise en oeuvre, le suivi et
l'évaluation des programmes de développement » (FAO
& Min. Com., 2001b, p.7) .Il s'agit notamment d'un plan d'action qui
permette à court, moyen et long terme de redéfinir la mission
sociale des médias, de préciser les fonctions des
différents outils de communication dans les initiatives de
développement local, et de redéfinir les stratégies
à mettre en oeuvre en vue d'utiliser les atouts de ces différents
outils afin qu'ils accompagnent au mieux les initiatives de
développement.
Ce processus de définition et d'élaboration
dénote l'importance accordée aux préoccupations de
l'ensemble des parties prenantes, y compris les communautés, comme le
démontre la mise en oeuvre des concertations régionales.
Toutefois, un point à souligner dans ce processus est sans doute la
définition des étapes. En effet, il est légitime de se
demander si le fait que des consultants experts définissent
déjà en amont les secteurs et les thématiques pertinents
n'est pas en soi une limite à l'expression des acteurs locaux. Le
processus n'aurait-il pas été davantage participatif, et
reflétant pleinement les préoccupations de ces acteurs, s'ils
avaient été associés dès le début au
processus d'analyse de la situation? En effet, les différentes phases de
la définition, telles que décrites ci-dessus, ne donnent pas
l'opportunité aux acteurs locaux d'exprimer pleinement leurs
préoccupations, car leur expression - lors des concertations - est
limitée à des thématiques préalablement
circonscrites. Les acteurs locaux ont été consultés
après la définition des thématiques ; un processus
qui garantit la prise en compte de toutes leurs préoccupations aurait
été une consultation auprès des acteurs locaux
préalablement à la définition des thématiques.
Il n'en reste pas moins que l'enjeu de la participation est
présent dans l'élaboration de la PNCDBF, car au-delà de la
prise en compte des spécificités et des préoccupations,
cet enjeu réfère également à la sélection
des méthodes et des outils de communication appropriés pour
encourager la participation des acteurs locaux - notamment les
communautés -, mais également favoriser le dialogue entre les
communautés et leurs partenaires au développement. De plus, cette
approche est confortée par le Consensus de Rome, qui plaide pour une
plus grande participation des communautés locales aux initiatives de
développement, mais également à ce que les principes de la
communication pour le développement - notamment la participation -
deviennent un droit pour les communautés. Une approche à laquelle
se conforment les fondements de la PNCDBF, ainsi que sa méthodologie
d'élaboration -- somme toute consensuelle.
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