Chapitre IV : DISCUSSION DES RESULTATS
Cette étude transversale a portée sur 364
élèves inscrits régulièrement dans les
écoles de la commune de Kadutu, ville de Bukavu. Elle a consisté
à identifier les déterminants de la consommation des boissons
alcoolisées chez les élèves de l'école
secondaire.
Notre étude a trouvé une prévalence de la
consommation des boissons de 74,7%. Cette prévalence trouvée dans
notre étude est supérieur à celle trouvée dans une
étude menée en Europe par Sylviane LIBERGE (3) sur la
consommation d'alcool chez les jeunes âgés de moins de 18 ans et
ceux âgés de 18 ans, ont montré que la prévalence
serait de 26% en France, 3ème rang européen
derrière l'Italie (43%) et le Portugal (33%). Bien que ces jeunes ne
boivent pas nécessairement de l'alcool tous les jours et qu'ils ne
souffrent pas de problèmes sérieux liés à l'alcool,
approximativement 20% d'entre eux n'en sont pas moins des consommateurs
à risque (3). L'étude menée par aide
mémoire Copenhague en 2009 montre également que dans le cadre de
l'enquête sur le comportement de santé des enfants d'âge
scolaire, dans laquelle il s'est agi de déterminer auprès des
jeunes, la fréquence de la consommation d'alcool, l'âge de leur
premier état d'ébriété et le nombre de fois qu'ils
se sont retrouvés dans cet état d'ivresse, a conclu au fait que
la prévalence de consommation d'alcool et d'ivresse hebdomadaires
augmentait d'une manière significative avec l'âge de13 à 15
ans, aucune différence n'a été observé entre les
deux sexes, et la prévalence était variable selon les pays. Il a
été constaté que toutes les régions accusaient des
taux similaires d'environ 1% à l'âge de 11 ans, cependant les taux
de consommation d'alcool en Autriche et au pays de Galles étaient
supérieurs à 25% chez les adolescents de 15 ans, tandis qu'ils
dépassaient à peine 10% en Norvège et au Portugal, ce qui
a laissé entrevoir que le contexte socio- environnemental pourrait
être modifié en faveur d'un meilleur état de santé
chez les jeunes en matière de consommation d'alcool(10). Cette
différence serait justifiée par le fait que dans les pays
développés il ya instauration des mesures efficaces de lutte
contre l'alcoolisme en milieu scolaire, un cas qui reste sans succès
dans les pays en voie de développement. Ceci étant nous affirmons
notre hypothèse selon la quelle la prévalence de la consommation
des boissons alcoolisées chez les élèves de l'école
secondaire dans la commune de Kadutu serait élevée
Nos observations ont montrées que la moyenne
d'âge des élèves qui consomment l'alcool était de
16,7#177;2,2, (p<0,001) et la majorité des élèves qui
consomment les boissons alcoolisées étaient de la tranche
d'âge de 16 à 21 ans. Nos observations sont se rapproches avec
ceux trouvées dans une étude menée à l'Est de la
République démocratique du Congo par Japhet Kayani Nzigire dans
laquelle l'âge des élèves qui consommaient les boissons
alcoolisées était de 18,3 ans comprise entre l'âge
Nos observations sur l'environnement scolaire des
élèves ont montré que 54,4% d'élèves qui
consomment l'alcool, reconnaissent l'utilisation de l'alcool à
l'école contre 10,9% de non
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minimal de 14 ans et l'âge maximal de 24 ans et dont la
majorité des enquêtés sont des élèves
comprise dans la tranche d'âge de 15 à 20ans soit 88,8%. En ce qui
concerne le sexe 65,1% sont du sexe masculin contre 34 % de sexe féminin
(25).
Quant au sexe de nos enquêtés, une
différence statistiquement significative a été
observée entre les deux groupes (p=0,03). 55,9% des élèves
de sexe masculin consomment les boissons alcoolisées contre 43,5%. Nos
observations se rapprochent avec celles trouvées par Ornella B. dans une
enquête du programme de médicalisation des systèmes
d'informations montre que Ivresses masculines est presque trois fois plus
nombreux que les filles à avoir connu au moins 10 ivresses dans
l'année (28). Ce ci nous conduit à affirmer notre
hypothèse selon la quelle l'influence du sexe et de l'âge serait
déterminant dans la consommation des boissons alcoolisées chez
les élèves de l'école secondaire dans la commune de
Kadutu.
Nos observations par rapport au niveau d'étude ont
montré que 22,8% des élèves du 1er degré
consomment les boissons alcoolisées contre 38,0% qui n'en consommaient
pas ; 35,7% du 2e degré consomment les boissons
alcoolisées contre 39,1 % et 41,5% du 3e degré contre
21%. Une différence statistiquement significative entre les
différentes proportions a été observée
(p<0,001). Nos observations sont similaire à celles de Japhet Kayani
Nzigire trouvée dans une étude menée en RDC
précisément au nord Kivu dans laquelle les élèves
de 5ème et 6ème constituent près de
la moitié des répondants soit 47 % de l'échantillon sans
différence statistiquement significative p=0,07 (25). La plupart
d'élèves enquêtés étaient de la religion
catholique 57,7% dans le groupe des consommateurs et de 39,1% dans le groupe de
nons consommateurs avec une différence statistiquement significative
entre la religion et les deux groupes de l'étude p=0,04. Ces
résultats nous poussent à affirmer notre hypothèse selon
la quelle l'influence du sexe et de l'âge serait déterminant dans
la consommation des boissons alcoolisées chez les élèves
de l'école secondaire dans la commune de Kadutu.
Les observations ont montré une différence
statistiquement significative entre les deux groupes pour la distance à
parcourir pour trouver les boissons alcoolisés (p<0,001), les
résultats trouvés par Kilombo AMANI S. sur l'alcoolisme au
Nord-Kivu montre des différences statistiquement significatives entre la
disponibilité des boissons des différents noms et
différentes qualités un peu partout dans les quartiers de la
ville en fonction des connaissances sur les boissons alcoolisées
produites dans la ville et celles exportées de l'étranger(26).
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consommateurs. Une différence statistique entre les
deux proportions a été observée (p<0,001). Une
enquête menée en 2005 donne une idée approximative de
l'utilisation, de la prévalence de consommation de la drogue chez les
élèves en milieu scolaire haïtien et de leur perception de
la problématique de la drogue. L'image projetée par cette
enquête montre une tendance à l'utilisation et à la
consommation de drogue chez les jeunes et une insuffisance des cours de
prévention dans le milieu scolaire haïtien qui est expliquée
par un taux élevé de méconnaissance des
conséquences de la drogue(27). Compte tenu de ce qui procède nous
pensons qu'il serait utile de bien vouloir faire une étude sur la
prévention de la toxicomanie en milieu scolaire. Parmi les sanctions
prévues, 57,7% des consommateurs ont reconnu la sanction d'exclusion
définitive contre 78,3%(p<0,001). Une différence statistique a
été observée entre les proportions en ce qui concerne les
sanctions (p<0,001). Les résultats issus d'une enquête de la
prévalence de consommation de la drogue chez les élèves en
milieu scolaire haïtien montrent que ceux qui disposent de plus grands
moyens financiers offrent des joints aux autres. L'accès à
l'alcool et aux autres drogues est relativement aisé, car, il n'existe
aucune mesure présentement efficace qui empêche la vente des
boissons alcoolisées et autres drogues aux mineurs. Et un besoin urgent
en matière d'information pour des prises de décisions
adéquates et opportunes relatives aux luttes contre la drogue est plus
qu'une nécessité. C'est donc à la lumière de toutes
ces considérations que le gouvernement haïtien par le biais de la
CONALD en concertation avec la CICAD s'est vu dans l'obligation de mener au
cours de l'année 2005 une enquête nationale sur l'utilisation et
la prévalence de consommation de drogues en milieu scolaire
haïtien. On espère que les résultats de cette enquête
aideront à apporter des éléments de réponse
à la problématique de la drogue en Haïti et à
mobiliser les partenaires engagés dans ce combat continuel contre
l'usage des drogues dans le pays(27)
En analyse uni variée un seul facteur à
présenter un risque statistiquement significatif associé à
la consommation des boissons alcoolisées: Le fait de parcourir une
distance de moins d'un kilomètre de la maison pour arriver au
débit des boissons alcoolisées (RR : 2,97) exposerait deux fois
plus à la consommation des boissons alcoolisées par les
élèves par rapport à la distance de 1km2. Mais il y a une
différence statistiquement significative entre la distance parcourue et
la consommation des boissons alcoolisées dans les deux groupes p-Valeur
< 0,001. (Tableau n°10) Des recherches
démontrent que le risque de subir des dommages cérébraux
durables dus à une consommation abusive d'alcool pourrait être
plus élevé chez les jeunes à cause de sa
disponibilité occasionnant une fréquence élevée, le
cerveau est toujours en développement. La consommation
abusive d'alcool est associée aux comportements à risque. Parmi
les risques et les conséquences liés à une consommation
abusive d'alcool figurent la mort, les blessures, la violence, l'intoxication
alcoolique, les rapports sexuels non prévus et involontaires, y compris
les agressions sexuelles et les infections sexuellement transmissibles. Compte
tenu de la prévalence élevée et les risques aux quels
l'alcoolisme plonge la
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progéniture du pays nous pensons qu'il faudrait mener
une étude sur la problématique de l'alcoolisme chez les
adolescents. Au vu de ce résultat nous affirmons notre hypothèse
selon la quelle L'influence culturelle et du niveau socioéconomique
seraient déterminants dans la consommation des boissons
alcoolisées chez les élèves de l'école secondaire
dans la commune de Kadutu, ce là veut dire que la distance parcourue
pour trouver de la boisson reste un déterminant dans la consommation des
boisons alcoolisées chez les élèves.
Le modèle de régression logistique nous a permis
de mettre en évidence des facteurs prédictifs déterminants
de la consommation des boissons alcoolisées chez les
élèves et les observations nous ont montrées les
résultats suivants : l'âge des enquêtés [OR :
0,43(0,26-0,69), p<0,001] ; Le niveau d'étude, le 1er
degré/ 2e degré et 3e degré [OR :
1,65 (1,00-2,73); p=0,03)], La religion : catholique, Kimbanguiste,
Protestante, Musulmane, témoin de Jéhovah [OR : 2,18(1,31-3,62)
;p=0,04)]
Ces résultats sont comparables à ceux trouvaient
dans d'autres études faites et qui sont regroupées dans la
méta-analyse sur les déterminant de l'alcoolisme juvénile
et qui nous permettent de confirmer les présupposés facteurs
favorisants aux quels nous avions pensés dans cette étude
notamment la part des autorités éducationnelles, la
responsabilité des parents sur l'encadrement des élèves et
l'âge de la première consommation autorisé.
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