1.1.2 Stratégies des acteurs et l'accès
à la terre
Selon Le Meur (2002), il existe deux types d'acteurs : les
acteurs individuels et collectifs subdivisés en deux catégories
(acteurs en compétition pour l'accès aux ressources et instances
ou institutions de contrôle de l'accès aux ressources). Cette
approche nous parait intéressante dans la mesure où elle met
l'accent sur les stratégies des deux catégories d'acteurs
cités ci-dessus.
Les catastrophes naturelles de ces dernières
années ont conduit certains acteurs (éleveurs) à
développer un certain nombre de stratégies. Selon Mohamadou
(2004), ces stratégies sont entre autres l'exode rural, les dons et
aides par des projets, la vente des résidus de cultures pour les
agriculteurs, la réduction de la taille du bétail et la
transhumance vers le sud pour les
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éleveurs. Ce qui manque à ce niveau est la
stratégie utilisée par ces acteurs dans l'occupation des terres
de culture dans une zone agropastorale et pastorale. Selon toujours le
même auteur, les sécheresses successives des dernières
décennies, la pression démographique et l'appauvrissement des
sols ont provoqué le développement de nouvelles stratégies
autour de l'accès et du contrôle de l'espace. Mais
l'identification des acteurs autour de ces stratégies parait
nécessaire pour comprendre les mécanismes d'attribution des
terres autour de la vallée de la Tarka.
Selon Le Meur cité par Thréance (2010) les
stratégies des acteurs sont de deux catégories : la
catégorie des stratégies d'accès à la terre et
celle des stratégies de contrôle et de règlementation
foncière. Elles peuvent être composites,
hétérogènes, productrices, rentières,
patrimoniales, politiques, symboliques, etc. pour l'accès à la
terre. Pour ce qui concerne les stratégies de contrôle et de
règlementation foncière, les moyens employés par les
« institutions foncières » sont aussi variés, entre
droit, force, coutume et conventions.
Cet auteur a analysé l'importance de la question
foncière dans les politiques et stratégies de
développement rural au Burkina Faso.
Toutes ces stratégies développées par les
acteurs intervenant dans le domaine du foncier jouent un rôle important
dans la politique du développement rural conduisant aussi à des
nouvelles stratégies d'accès à la terre.
Les stratégies d'accès à la terre sont
classées suivant les acteurs qui s'affrontent. Elles sont variées
et inspirées des logiques individuelles ou collectives,
coutumières ou étatiques (Fotsing, 1994).
Après des analyses, ce chercheur montre que
traditionnellement, en Afrique la terre est un bien collectif de tous les
habitants. Chaque individu peut recevoir une terre pour cultiver. Le chef
étant le possesseur de toutes les terres, peut attribuer les terres
à toute personne désirant exploiter la terre. Cette soumission
aux règles communautaires a longtemps maintenu une relative
cohésion sociale et préservé la crise foncière.
Avec les enjeux de plus en plus grandissants (privatisation des points d'eau et
la maitrise de l'espace), les acteurs s'affrontent dans la course à
l'occupation et/ou l'exploitation des espaces encore disponibles. Cette
situation a provoqué la disparition de la logique d'appropriation
collective des terres. L'accroissement démographique, le souci de
marquer sa réussite au village, les modalités traditionnelles de
promotion sociale, l'autonomie relative des chefs traditionnels, sont autant
d'éléments qui secouent les stratégies du pouvoir des
structures foncières coutumières et favorisent les
stratégies individuelles plus ou moins spontanées.
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Selon toujours le même chercheur, les dispositions
foncières de l'administration, les diverses stratégies
actuellement déployées dans la course à l'occupation des
terres résultent de la confusion des droits fonciers dont les
conséquences sont entre autres, les inégalités, les
conflits fonciers, etc.
Ces stratégies individuelles d'occupation de la terre
se traduisent souvent par un marquage de l'espace, la disparition de la
jachère et l'occupation des espaces jadis inoccupés. Ce qui
conduit à des stratégies de réglementation foncière
comme l'a dit Coulibaly (2006). Selon cet auteur, les stratégies
développées et mises en oeuvre par les acteurs dans le
règlement des conflits portent sur le choix des instances d'arbitrage,
la formation de groupes stratégiques3 et les pratiques de
corruption. Avant d'entamer la problématique, il est nécessaire
de définir les termes utilisés pour mieux comprendre le sujet.
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