3.3 Non-respect de la limite nord des cultures
Cette limite est matérialisée par la
vallée de la Tarka qui traverse le département de Dakoro d'est en
ouest. C'est une loi de 1961 qui a fixé cette délimitation entre
zone agricole et zone pastorale ; l'objectif était de préserver
un espace pour le développement de l'élevage. Le front cultural
dépasse largement cette limite. Les champs de cultures se trouvent au
nord de la vallée de la Tarka. Cette dernière fait l'objet d'une
vive compétition entre éleveurs et agriculteurs malgré de
nombreux foras organisés pour sauver la Tarka.
Dans la pratique, la limite nord des cultures n'est pas
respectée parce que les pouvoirs publics ont opté pour le laisser
faire.
3.4 Mobilité des éleveurs
Cette mobilité concerne les éleveurs
transhumants (73% des éleveurs rencontrés) qui quittent leurs
terroirs d'attache pour aller à la recherche du pâturage (figure
5). Les éleveurs du sud se déplacent en saison de pluies pour
pâturer autour de la Tarka et au-delà de cette vallée,
où ils trouvent suffisamment de pâturage. Quant aux
éleveurs dont le terroir d'attache est dans la vallée partent
plus au nord vers Akadané, Bermo, Tamaya, Fako, Amoulass, Abou Haya,
jusqu'à Ingall à cause des champs autour de la vallée. En
saison sèche c'est le retour au sud pour profiter des résidus
agricoles vers Mayayi, Tchadoua, Guidan Roumgji, Sabon Machi, Tanout, Shinkafi
(Nigeria), Kano, Djibia, etc. La durée du parcours varie d'une semaine
à un mois avec des arrêts de 2 à 3 jours (voire même
une semaine) sur les aires de pâturage selon la distance et les grands
axes définis au préalable (figure 4). La durée sur les
différents lieux de pâturage varie de 3 à 6 mois. Cette
mobilité nécessite une préparation minutieuse
(encadré n°1).
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Figure 4: les grands axes des mouvements des pasteurs Source :
Données terrain, juillet-août 2012
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Cette figure montre les grands axes des mouvements des
différents systèmes rencontrés. Les éleveurs
pratiquant le système mixte, suivent les axes Tchadoua-Ingall et
Tassaoua-Ingall (allée) avec des séjours de 2 à 3 jours
avant la dernière destination (Ingall). Du retour ces éleveurs
partagent les mêmes axes (Ingall-Bassaré et Abalak-Shinkafi) que
les moutoniers et les chameliers. Ces derniers ont comme axes en allée
Bassaré-Ingall et Shinkafi-Ingall via Abalak. Ces déplacements
sont guidés en fonction des mares pendant la saison de pluies et par les
puits en saison sèche ou par l'existence des couloirs de passage. Tous
ces systèmes ont presque la même destination à savoir
Inguall. Cette localité constitue un lieu de rencontre et
d'échange pour les éleveurs afin de participer à la
fête de la cure salée12. Ces mouvements se font aussi
en fonction des marchés qui constituent la source d'information et de
ravitaillement des produits vivriers.
27%
73%
Transhumants
Non transhumants
Figure 5:éleveurs transhumants et non transhumants selon
les personnes enquêtées
12 Cure salée : c'est une fête annuelle des
éleveurs peuls et Touaregs qui consiste à des échanges
culturels et des expositions des produits pastoraux. Elle se tient chaque
année à la mi-septembre à Ingall (région
d'Agadez).
Encadré 1 : organisation sociale de la
mobilité (cas du système mixte de Kadago Rouga)
L'amorce d'un déplacement nécessite au
préalable une préparation
minutieuse et relève de la compétence du
chef du groupe. Ce sont les garso, qui collectent et centralisent les
informations nécessaires sur les zones concernées par le
déplacement. Ces jeunes garso âgés de 20 à 26 ans
rencontrent les éleveurs dans les lieux de concentration et utilisent la
téléphonie cellulaire ou se déplacent en personne pour
chercher les informations. Toutes les informations collectées sont
traitées et analysées en groupe afin de tracer le circuit du
mouvement. Pendant le déplacement, le chef de groupe est chargé
de la gestion financière. Il prend soin de chercher tout animal
égaré et assure la cohésion du groupe et guide le
déplacement en cherchant des solutions en cas de
problèmes.
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