Année académique 2011-2012
REPUBLIQUE DU NIGER MEMS/RT
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UNIVERSITE ABDOU MOUMOUNI DE NIAMEY Faculté des
Lettres et Science Humaines
Département de Géographie
|
Milieux et Sociétés des Espaces Arides et
Semi-arides : Aménagement-Développement
Option : Aménagement et Gestion des Espaces
Ruraux
Mémoire de Master II
Enjeux fonciers et stratégies des acteurs autour
de la vallée de la Tarka (Département de Dakoro).
Présenté par : HIYA MAIDAWA Moustapha
Soutenu le 22 Février 2013
Sous la direction de : Membres du jury
Dr AMOUKOU Ibrahim, Maitre Assistant
Président :
Faculté d'Agronomie Pr ADAM Toudou,
Dr DAMBO Lawali Maitre Assistant FLSH Professeur
titulaire Faculté
d'Agronomie Assesseur :
Pr YAMBA Boubacar, Professeur titulaire FLSH
Sommaire
Table des figures v
Table des photographies v
Table des tableaux v
Table des encadrés v
SIGLES ET ABREVIATIONS vi
DEDICACE vii
REMERCIEMENTS viii
Résumé ix
Abstract. x
INTRODUCTION 1
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE 3
1.1 Etat des connaissances sur le foncier rural
3
1.1.1 Enjeux fonciers 3
1.1.2 Stratégies des acteurs et l'accès à la
terre 5
1.2 Définition des termes 7
1.2.1 Foncier 7
1.2.2 Acteurs 8
1.2.3 Stratégies 8
1.3 Contexte et justification du choix de thème
8
1.4 Problématique 9
1.5 Hypothèses 11
1.6 Objectifs 11
1.6.1 Objectif global 11
1.6.2 Objectifs spécifiques 11
1.7 Méthodologie 12
1.7.1 Atelier préparatoire 12
1.7.2 Recherche documentaire 12
1.7.3 Collecte de données 12
1.7.3.1 Choix des sites 12
1.7.3.2 Choix des enquêtés 13
Mémoire de Master II : Aménagement et gestion des
espaces ruraux
i
1.7.3.3 Méthodes de collecte des données 13
1.7.4 Outils de collecte de données 14
1.7.4.1 Questionnaire 14
1.7.4.2 Entretiens 14
1.7.5 Dépouillement, Analyse / Interprétation des
données 14
1.8 Difficultés rencontrées 14
CHAPITRE II : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
16
2.1 Milieu physique 16
2.1.1 Situation géographique 16
2.1.2 Climat 16
2.1.3 Sols 17
2.1.4 Ressources en eau 17
2.1.5 Végétation 18
2.2 Caractéristiques de la population
18
2.3 Activités agricoles 19
2.4 Elevage 19
2.5 Activités non agricoles 20
2.6 Présentation de la vallée de la Tarka
et son rôle stratégique 20
Conclusion partielle 24
CHAPITRE III : SYSTEMES DE MOBILITE PASTORALE ET LES
ENJEUX FONCIERS 25
3.1 Principaux systèmes de mobilité
pastorale 25
3.2 Evolution et historique de l'occupation de l'espace
dans la vallée de
la Tarka 27
3.2.1 Historique de l'occupation des terres dans quelques
terroirs de la Tarka ..28
3.2.2 Évolution de la dynamique d'occupation des sols
autour de la Tarka de
1986 à 2001 31
3.3 Non-respect de la limite nord des cultures
33
3.4 Mobilité des éleveurs 33
3.5 Contraintes liées à la mobilité
36
3.5.1 Occupation des espaces pastoraux par les agriculteurs et
les agropasteurs
36
3.5.2 Monétarisation de l'eau 36
3.6 Genre et foncier 38
Conclusion partielle 39
CHAPITRE IV : ACTEURS ET CONFLITS LIES A L'UTILISATION
DES
RESSOURCES 40
4.1 Acteurs identifiés 40
4.1.1 Acteurs internes 40
4.1.2 Acteurs externes 40
4.2 Jeux des acteurs 40
4.2.1 Acteurs internes : De la prolifération des
champs et des puits traditionnels
40
4.2.2 Acteurs externes 42
4.3 Modes d'accès à la terre 43
4.3.1 Héritage 43
4.3.2 Prêt 44
4.3.3 Don 44
4.3.4 Achat 44
4.3.5 Octroi par les chefs traditionnels 44
4.3.6 Gage coutumier 44
4. 4 Conflits autour des ressources et les modes de
Gestion 45
4.4.1 Conflits liés à l'accès aux points
d'eau 49
4.4.2 Conflits liés à l'accès au
pâturage aérien et à la paille 49
4.4.3 Conflits liés aux dégâts
champêtres 49
4.4.4 Conflits liées aux réclamations des champs
50
4.4.5 Conflits liés au non-respect de la
réglementation en vigueur 50
4.5 Modes de gestion des conflits 51
Conclusion partielle 54
CHAPITRE V : FACTEURS DE VULNERABILITE LIES AU FONCIER,
LES STRATEGIES DES ACTEURS ET DISCUSSION DES
RESULTATS 55
5.1 Facteurs sociaux, institutionnels et économiques
55
5.2 Facteurs naturels 55
5.3 Stratégies d'occupation de l'espace face aux
catastrophes
naturelles 56
iv
5.3.1 Stratégies d'occupation des terres en zone pastorale
56
5.3.2 Stratégies des éleveurs face aux crises 57
5.3.2.1 Eleveurs pratiquant le système agropastoral et le
système mixte 57
5.3.2.2 Stratégies des agro éleveurs 57
5.3.2.3 Eleveurs pratiquant le système de grande
mobilité (bergers moutonniers)
58
5.3.2.4 Eleveurs pratiquant le système camelin 58
5.3.3 Stratégies adoptées par les associations
et les projets de développement
58
5.3.4 Stratégies développées par
l'État. 58
5.4 Discussion des résultats 58
Conclusion partielle 60
CONCLUSION ET PERSPECTIVES 61
BIBLIOGRAPHIE 62
V
Table des figures
FIGURE 1: REPARTITION DU CHEPTEL EN UBT PAR ESPECE
|
20
|
FIGURE 2: LOCALISATION DU DEPARTEMENT DE DAKORO ET DE LA
VALLEE DE LA TARKA
|
23
|
FIGURE 3: CARTES D'OCCUPATION DES SOLS DE 1986 ET 2001
|
32
|
FIGURE 4: LES GRANDS AXES DES MOUVEMENTS DES PASTEURS
|
34
|
FIGURE 5:ELEVEURS TRANSHUMANTS ET NON TRANSHUMANTS SELON
LES PERSONNES ENQUETEES
|
35
|
FIGURE 6:REPARTITION D'APPARTENANCE DES POINTS D'EAU
SELON LES PERSONNES ENQUETEES
|
.41
|
FIGURE 7:REPARTITION DES CONFLITS PAR ACTEURS
|
.45
|
FIGURE 8:LES COULOIRS INTERNATIONAUX DE TRANSHUMANCE DANS
LA REGION DE MARADI
|
.46
|
FIGURE 9:LOCALISATION DES TYPES DE CONFLITS ENREGISTRES
|
.48
|
FIGURE 10:CONFLITS VIOLENTS ENREGISTRES ET LEURS
CONSEQUENCES DE 2000 A 2011.
|
51
|
FIGURE 11:LES ESPECES LES MOINS RESISTANTES AUX
CATASTROPHES NATURELLES
|
56
|
Table des photographies
|
|
PHOTO 1: CHAMPS DE MIL EN PLEINE ZONE PASTORALE A BOUNDOU
ROUA (A COTE DE RANCH FACO
|
30
|
PHOTO 2: PETITE FILLE CONDUISANT LES ANIMAUX D'EXHAURE
|
38
|
PHOTO 3: FEMME PEULH TRANSPORTANT DE L'EAU
|
38
|
Table des tableaux
|
|
TABLEAU 1: QUELQUES EVENEMENTS MAJEURS AYANT MARQUES LES
ELEVEURS
|
27
|
TABLEAU 2: SUPERFICIES ET POURCENTAGES DE L'OCCUPATION
DES SOLS
|
33
|
TABLEAU 3:LES RESSOURCES EN EAU ET LEUR DISPONIBILITE
SELON LE CALENDRIER PASTORAL
|
37
|
TABLEAU 4: REPARTITION DES ACTIVITES D'UN MENAGE PASTORAL
|
38
|
TABLEAU 5: CONFLITS FONCIERS AGRICULTEUR-AGRICULTEUR DE
2004 A 2011
|
50
|
TABLEAU 6:INSTANCES DE GESTION DES CONFLITS : ANALYSE
COMPARATIVE
|
53
|
TABLEAU 7: LES EPIZOOTIES FREQUENTES DANS LA VALLEE DE LA
TARKA
|
56
|
Table des encadrés
ENCADRE 1 : TEMOIGNAGE DE SAMI ALASSANE
|
36
|
ENCADRE 2 : LA CONCILIATION COMME MOYEN DE SURFACTURATION
|
........... ....43
|
ENCADRE 3 : ORGANISATION SOCIALE DE LA MOBILITE
.......
|
52
|
vi
SIGLES ET ABREVIATIONS
ANPME: Association nigérienne pour la
promotion et la modernisation de l'élevage.
BAB : Banque d'Aliment Bétail.
BC : Banque
Céréalière.
BIZ : Banque d'Intrant Zootechnique.
CEDEAO : Communauté économique
des Etats de l'Afrique de l'ouest.
COFO: Commission foncière.
COFOCOM : Commission Foncière
communale.
COFODEP: Commission foncière
départementale.
CR : Commune Rurale.
CSFD : Comité Scientifique
Français de la Désertification.
CTB : Coopération Technique Belge.
DDA : Direction Départementale de
l'Agriculture.
DDE/LCD : Direction Départementale de
l'Environnement et de la Lutte Contre la
Désertification.
DDPD : Direction Départementale du
Plan de Dakoro.
DDRA : Direction Départementale des
Ressources Animales.
DS : District Sanitaire
GRAP3A : Groupe de recherche en appui
à la politique en matière d'alimentation et
agriculture en Afrique.
INS : Institut National de la statistique.
LASDEL : Laboratoire d'études et de
recherches sur les dynamiques sociales et le
développement local.
ONG : Organisation non gouvernementale.
PC : Puits Cimenté.
PT : Puits Traditionnel.
PTF: Partenaires techniques et financiers.
RéDéV : Réseau
Développement Durable.
SAREL : Sécurité alimentaire
renforcée par l'élevage.
SDDSD : Schéma Directeur de
Développement Sous-régional de Dakoro.
SDDRM : Schéma Directeur de
Développement Régional de Maradi.
UBT: Unité bétail tropical.
DEDICACE
vii
Je dédie ce travail à mes frères Mahamadou
Hiya Maidawa et Inoussa Hiya Maidawa.
viii
REMERCIEMENTS
Nos remerciements vont à l'endroit de :
Pr. ADAM Toudou, Dr AMOUKOU Ibrahim tous de la Faculté
d'Agronomie et Dr DAMBO Lawali (FLSH), mes encadreurs de mémoire qui, en
dépit de leurs nombreuses occupations nous ont honoré en
acceptant de diriger cette recherche. Leurs expériences et la rigueur de
leur encadrement nous ont beaucoup aidé dans la réalisation de ce
travail. Qu'ils trouvent ici notre entière reconnaissance.
La Coopération Technique Belge (CTB) à travers
GRAP3A pour son soutien financier dans le cadre de cette étude.
Mr Ibrahim Kadaouré du Centre Régional AGRHYMET
pour son assistance en cartographie.
Dr Bodé Sambo et Dr Bassirou Malam Souley pour leurs
contributions diverses.
Mon grand frère KARIMOUNE Mahaman (doctorant au
département de Géographie) pour sa contribution multiforme.
Mes amis et frères Nahantchi Nayoussa, Oumarou
Zabeirou, Ousseini Idi Abdoulkarim, Amadi Maman Abass, Yagi Sanoussi, Magagi
Mamane, Mahamidou Nahantchi, Maâzou Seydou, Ado Maman Nassirou, Awal
Baboussouna, Tijani Soumana, Saley Djibo, Abdoul Aziz Harouna, etc. pour leur
soutien multiforme. Tous les membres de notre équipe de stage à
savoir Mahaman Massaoudou, Elhadj Hamza Maman et Youssoufa Idrissa
(Université de Maradi) sans oublier notre superviseur Boukari Issa
doctorant au département de géographie.
MM Madi Bassirou, Moussa tous au District Sanitaire (DS) de
Dakoro et Alio Mamane pour leur soutien multiforme.
Tous mes collègues étudiants de la
1ère promotion de Master II de géographie pour leurs
diverses contributions.
Tous ceux qui de près ou de loin, directement ou
indirectement m'ont apporté leur soutien dans la réalisation de
ce document.
Que ceux qui n'ont pas été cités ici,
trouvent également l'expression de ma profonde gratitude.
Résumé
Au Niger en général et dans le
département de Dakoro en particulier, la terre revêt une
importance capitale et a une dimension économique, sociale, etc. Les
acteurs autour du foncier ont établi des relations autour de
l'accès à la terre et de sa gestion en raison de l'accroissement
des enjeux.
Le présent document met en évidence les enjeux
fonciers et les stratégies des acteurs dans l'accès et le
contrôle du foncier pastoral à travers les trois (3) villages dans
la vallée de la Tarka (département de Dakoro). Cette étude
a pour objectif principal d'analyser les différents enjeux fonciers et
les stratégies développées par les acteurs pour
l'accès et la gestion des ressources naturelles. Pour atteindre cet
objectif, des enquêtes et des entretiens ont été conduits
à travers deux approches (qualitative et quantitative). Elles ont permis
d'identifier les différents systèmes de mobilité pastorale
et les acteurs autour du foncier. Les résultats auxquels nous sommes
parvenus montrent que trois (3) enjeux majeurs structurent les pratiques et les
stratégies des acteurs en matière de foncier pastoral dans cette
vallée : le problème de la limite nord des cultures, le
contrôle de la zone pastorale, et la question de la transhumance.
En effet, les 3/5 des enquêtés pensent que
l'occupation de l'espace pastoral est dû à l'avancée du
front agricole au delà de la limite nord des cultures. Les chefs
traditionnels facilitent cette occupation en octroyant des champs pour des
raisons diverses. Les points d'eau sont privatisés à 45% contre
44% monopolisés par les chefs traditionnels et 11% gérés
par des comités villageois. Cette monétarisation de
l'accès à l'eau rend les ménages pastoraux
vulnérables et rend la mobilité difficile car tous les
éleveurs en transhumance vers le nord passent par la vallée de la
Tarka. Cette situation conduit à des conflits souvent mortels autour des
ressources pastorales. Les pasteurs utilisent des stratégies diverses
dans l'occupation des terres et pour faire face aux différentes
catastrophes naturelles. Enfin, cette étude a permis d'identifier les
facteurs de vulnérabilité liés au foncier notamment la
privatisation de l'accès à l'eau, l'occupation de l'espace
pastoral par l'agriculture, etc.
ix
Mots clés : Foncier, vallée
Tarka, stratégies d'acteur, Dakoro.
Abstract
In Niger, particularly in the district of Dakoro, the soil
remains vital and still holds its social and economic importance. The increase
of interest has led the authorities in the field to establish relationships
encompassing access and management of the soil.
This article discusses the needs and stakes of land-ownership
and the strategies put in place by the authorities to ensure the access and
control of the pastoral lands throughout the three (3) villages located in the
Tarka Valley (district of Dakoro). The main goal of this study is to not only
identify the factors at stakes but also to analyze the techniques developed by
the authorities to facilitate the management and access to the natural
resources. The study was conducted through surveys and interviews using
qualitative and quantitative approaches. Those two (2) approaches helped us
identify the different pastoral mobility systems as well as all the
participants in the field. Our findings show that three (3) major factors
determine the practices and approaches of the participants in this valley. The
factors are as follow: (1) the issue of the northern limitation of cultivation
or farming, the control of the pastoral zone, and transhumance.
In fact, 3/4 of the participants in the surveys believed that
the occupancy of the pastoral areas derives from the advancement of the
agricultural line beyond the northern limitation of farming. The traditional
chiefs promote the phenomenon by granting farmlands for diverse reasons. Water
points are privatized at 45% versus 44% monopolized by the traditional chiefs,
and 11% managed by village committees. The privatization of the access to water
has weakened the rural households and has made their mobility more difficult
because most herdsmen pass through the valley towards the north during their
transhumance. The situation often leads to tragic confrontations or conflicts.
The herdsmen employ a range of strategies to occupy the lands and face the
natural disasters. Finally, this study has allowed us to identify all the
issues related to this subject especially the privatization of the access to
water and the occupancy of the pastoral areas by farmers.
x
Key words: Land, Tarka Valley, techniques
participants, Dakoro.
1
INTRODUCTION
Pays ouest africain, le Niger est situé au coeur du
Sahel et constitue dans son ensemble un territoire à vocation
agrosylvopastorale. Le Niger fait face à des difficultés d'ordre
: économiques, sociales surtout d'insécurité alimentaire
et une vulnérabilité grandissante qui assaille la population
(Sitou, 2005). Avec une population essentiellement rurale environ 80,2% (INS,
2011), l'agriculture et l'élevage constitue les principales
activités de la population. Cependant, dans les zones pastorales, les
ressources pastorales sur lesquelles se fondent l'économie pastorale
sont confrontées à des contraintes d'ordre climatique et
convoitées pour d'autres utilisations (agriculture, alimentation, etc.).
Pour sécuriser les ressources naturelles au Niger, le gouvernement a
utilisé beaucoup des stratégies d'où la naissance de la
loi n° 61-05 du 26 mai 1961 qui fixe la limite nord des cultures et
empêche l'avancée du front agricole. Également, une autre
stratégie a vu le jour avec l'adoption, de l'ordonnance n°93-015 du
02 mars 1993 fixant les principes d'orientation du code rural.
[a région de Maradi en générale et le
département de Dakoro en particulier ne sont pas également
épargnés de ces contraintes pastorales malgré que
l'agriculture et l'élevage constituent les principaux leviers de
l'économie régionale.
[a vallée de la Tarka qui est notre zone
d'étude, traverse le département de Dakoro d'Est en Ouest sur
environ 115 km avec une largeur de 6 km (Forum sur la Tarka, 2012). Elle
constitue depuis la période coloniale la ligne de démarcation
entre la zone agricole au sud et la zone pastorale au Nord. [a plupart des
couloirs de transhumance qui traversent la région de Maradi depuis la
frontière du Nigeria se jettent dans cette vallée.
[a loi 61-005 du 26 mai 1961 qui fixe la limite nord des
cultures passe à la hauteur de la vallée de la Tarka. C'est une
enclave à vocation essentiellement pastorale mais les sécheresses
des années 70 et 80 ont provoqué une avancée du front
agricole du sud vers le nord et une reconversion de certains éleveurs
à l'agriculture.
La situation actuelle de cette vallée est celle d'un
écosystème en voie de dégradation et l'avancée du
front agricole vers le nord fait d'elle un espace convoité et
disputé par les agriculteurs et éleveurs avec des systèmes
d'élevage différents. Cependant, les champs ont atteint le lit de
la vallée avec des modes d'exploitation des terres et des ressources
naturelles dégradants. Cette dégradation des ressources
pastorales est aussi liée au fonçage anarchique des points d'eau
dans la vallée, au cours de séjour des transhumants et
l'installation des villages par les agriculteurs. [a cohabitation entre les
agriculteurs et les éleveurs se fait souvent avec des vives tensions
conduisant à des conflits mortels. Malgré cette menace, la
2
vallée de la Tarka constitue un atout pour le
développement socio-économique du département de
Dakoro.
Cette étude entre dans le cadre du programme GRAP3A
(Groupe de Recherche en Appui à la Politique en matière
d'Alimentation et Agriculture en Afrique). Elle a comme thème : «
Enjeux fonciers (pastoral) et stratégies des acteurs autour de la
vallée de la Tarka (département de Dakoro) ». Ce
thème permet de mieux appréhender l'occupation du foncier
pastoral autour de la Tarka, de caractériser les différents
systèmes pastoraux afin d'identifier les enjeux et les acteurs.
Ce document s'organisera autour des points suivants :
? Le chapitre I porte sur le cadre théorique de
l'étude.
? Le chapitre II présente la zone d'étude dont
l'objectif est de comprendre le contexte géographique et
socioéconomique.
? Le chapitre III présente les différents
systèmes de mobilité pastorale et les enjeux. ? Le chapitre IV
porte sur les acteurs et les conflits liés à l'utilisation des
ressources.
? Le chapitre V porte sur les facteurs de
vulnérabilité liés au foncier, les stratégies
des
acteurs et la discussion des résultats.
3
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
Ce chapitre retrace la revue de la littérature, la
problématique de recherche, la méthodologie et les
difficultés rencontrées au cours de cette recherche.
1.1 Etat des connaissances sur le foncier rural
Il existe une littérature abondante sur la question
foncière et les stratégies des acteurs car ces dernières
années, elle polarise l'attention de beaucoup de chercheurs tant au plan
national qu'international.
Dans le cadre de la présente étude, la
complexité de la question sur le foncier permet de présenter de
façon analytique, une sélection de quelques ouvrages parmi
l'abondante recherche consacrée à ce sujet.
1.1.1 Enjeux fonciers
Le terme d'enjeu foncier renvoie à une relation
foncière, à un rapport social noué entre acteurs
individuels ou collectifs autour d'une chose ou d'un bien (terre, plantation,
mare, etc.)1.
Selon Vincent et Ouédrago (2008), les enjeux fonciers
en Afrique de l'Ouest rurale sont plus que jamais d'importance. Ces enjeux sont
liés à la dimension démographique. Selon ces mêmes
auteurs, d'ici 2030, les pays ouest-africains connaîtront, en suivant le
modèle de croissance agricole actuel, un taux d'utilisation
théorique des terres compris entre 75 et 100%, trois autres
dépasseront les 100%. Alors que des rivalités foncières
locales étaient, dans le passé, atténuées par un
contexte de relative abondance des terres, la dynamique de saturation de
l'espace met en question la viabilité des exploitations familiales et
reste une menace réelle pour la paix sociale.
Cette menace crée des mouvements migratoires qui
soulèvent souvent de graves tensions identitaires. En outre, la question
du pastoralisme devient de plus en plus complexe du fait de la mobilité
des troupeaux. Ces auteurs montrent aussi l'importance de
l'inapplicabilité de la quasi-totalité des législations en
vigueur pour lutter contre la spéculation foncière provoquant
l'accaparement d'importantes superficies à d'autres fins. L'absence
d'une bonne politique étatique est un facteur favorisant la
concentration des terres dans les mains des plus nantis. Cette pratique non
contrôlée par l'Etat devient de surcroît source de
conflits2 là où les mécanismes de
régulation locale sont défaillants.
1 Propos cités dans : Le Meur (2002), dans son «
approche qualitative de la question foncière ».
2Ce thème a fait l'objet des actes du forum
international à Niamey, Niger, du 24 au 26 mars 2003, sur le
thème : Conflits ruraux et gestion des ressources naturelles en Afrique
de l'ouest et du centre, 320p.
4
Selon Sitou (2011), cette situation crée un blocage
foncier né de la forte pression démographique et l'accroissement
des enjeux économiques influençant le morcellement excessif des
terres et l'individualisation des exploitations agricoles. Cette
individualisation favorise par conséquent, l'émergence des
spéculations foncières marchandes au profit des opérateurs
économiques installés désormais dans une logique
d'accaparement de terres. L'achat, le gage et la location constituent les
principaux modes d'accès à la terre en lieu et place d'anciennes
formes de solidarité (don, prêt).
Vincent et Ouédrago (2008) pensent que la
décentralisation est une opportunité offrant la perspective d'une
gestion foncière locale, notamment à l'échelle de la
commune. Mais dans la plupart des cas, le transfert des compétences en
matière foncière reste le plus souvent théorique.
Pour Sournia (1998), les Etats africains sont aujourd'hui
confrontés à deux éléments permanents qui ont
caractérisé la vie des pasteurs. Le premier est l'extraordinaire
évolution démographique qui en quelques années a
multiplié par deux voire par trois, d'où la
nécessité des populations de conquérir de nouvelles terres
à cultiver. Le deuxième fut le déficit
pluviométrique généralisé qui touche de
façon chronique la ceinture sahélo-soudanienne, avec pour
corollaire l'abandon progressif de million d'hectares de terres arables et de
pâturages par les populations. Cet auteur, a démontré que
l'élevage en Afrique est sous menace avec des déplacements
saisonniers pour la recherche de pâturage. Mais ce qui reste ici, est la
détermination des acteurs dans ce domaine et les enjeux surtout fonciers
liés à cette activité. Thréance (2010) pense qu'il
s'agit plutôt de savoir comment les stratégies des acteurs
influencent et complexifient la gestion du foncier par les collectivités
locales qui ont aujourd'hui des compétences en la matière.
Malgré cela, ces collectivités montrent souvent leur limite dans
la gestion du foncier surtout au Niger.
Les enjeux fonciers auxquels sont confrontées toutes
les politiques de développement en Afrique sont l'accroissement
démographique, l'accès à la terre et aux logements pour
tous (Lavigne-Delville, 2002). Il s'agit essentiellement des
compétitions entre acteurs autour de la terre qui sont souvent des
sources des conflits à l'échelle locale et nationale.
Pour ces chercheurs, les pays africains doivent relever les
défis spécifiques suivants sur en matière du foncier :
- « Permettre l'accès au sol aux populations, pour
produire, se nourrir et se loger,
- Prévenir et réguler les conflits sur
l'accès à la terre et aux ressources naturelles.
- Prendre en compte la diversité des droits sur la
terre et les ressources naturelles renouvelables.
5
- Avoir un besoin de politiques foncières dans un monde
libéral. »
Ces recherches ont permis de faire le rapprochement entre les
enjeux et les défis fonciers à relever.
Le foncier, l'un des enjeux fondamentaux du nouveau
siècle, est aujourd'hui comme un facteur de production le plus limitant
(Coulibaly, 2004). Avec cette forte croissance démographique l'on
enregistre de plus en plus des conflits sérieux sur l'utilisation des
ressources.
Les sécheresses récurrentes au Niger et leurs
conséquences ont conduit les éleveurs à la pratique de
l'agriculture. Cette situation leur permet de réduire le risque en cas
de sécheresse d'où une rude concurrence dans l'occupation de
l'espace. Les problèmes fonciers ont montré la difficile
coexistence entre éleveurs et sédentaires dans une région
de difficultés alimentaires chroniques à savoir le dallol Bosso
(Alain, 1976).
Selon Sidikou (1994), la question foncière au Niger est
non seulement complexe, mais elle révèle aussi un problème
très délicat et difficile. La nature et l'acuité des
problèmes fonciers varient d'un site à un autre.
Ces problèmes peuvent être compliqués par
des interférences politiques anciennes ou récentes. Cette
pratique existe encore dans les sociétés nigériennes
provoquant l'accaparement des terres au profit des intérêts
individuels.
Ces documents consultés ont beaucoup mis l'accent sur
la croissance démographique comme étant un facteur important dans
les problèmes fonciers que rencontrent les pays africains en
général et le Niger en particulier. Mais Ces recherches n'ont pas
fait cas de la vallée de la Tarka et surtout sur le foncier pastoral
avec l'identification des différents acteurs. Notre étude tentera
ainsi de dégager l'ampleur de l'occupation de l'espace pastoral par
l'agriculture autour de la vallée de la Tarka.
1.1.2 Stratégies des acteurs et l'accès
à la terre
Selon Le Meur (2002), il existe deux types d'acteurs : les
acteurs individuels et collectifs subdivisés en deux catégories
(acteurs en compétition pour l'accès aux ressources et instances
ou institutions de contrôle de l'accès aux ressources). Cette
approche nous parait intéressante dans la mesure où elle met
l'accent sur les stratégies des deux catégories d'acteurs
cités ci-dessus.
Les catastrophes naturelles de ces dernières
années ont conduit certains acteurs (éleveurs) à
développer un certain nombre de stratégies. Selon Mohamadou
(2004), ces stratégies sont entre autres l'exode rural, les dons et
aides par des projets, la vente des résidus de cultures pour les
agriculteurs, la réduction de la taille du bétail et la
transhumance vers le sud pour les
6
éleveurs. Ce qui manque à ce niveau est la
stratégie utilisée par ces acteurs dans l'occupation des terres
de culture dans une zone agropastorale et pastorale. Selon toujours le
même auteur, les sécheresses successives des dernières
décennies, la pression démographique et l'appauvrissement des
sols ont provoqué le développement de nouvelles stratégies
autour de l'accès et du contrôle de l'espace. Mais
l'identification des acteurs autour de ces stratégies parait
nécessaire pour comprendre les mécanismes d'attribution des
terres autour de la vallée de la Tarka.
Selon Le Meur cité par Thréance (2010) les
stratégies des acteurs sont de deux catégories : la
catégorie des stratégies d'accès à la terre et
celle des stratégies de contrôle et de règlementation
foncière. Elles peuvent être composites,
hétérogènes, productrices, rentières,
patrimoniales, politiques, symboliques, etc. pour l'accès à la
terre. Pour ce qui concerne les stratégies de contrôle et de
règlementation foncière, les moyens employés par les
« institutions foncières » sont aussi variés, entre
droit, force, coutume et conventions.
Cet auteur a analysé l'importance de la question
foncière dans les politiques et stratégies de
développement rural au Burkina Faso.
Toutes ces stratégies développées par les
acteurs intervenant dans le domaine du foncier jouent un rôle important
dans la politique du développement rural conduisant aussi à des
nouvelles stratégies d'accès à la terre.
Les stratégies d'accès à la terre sont
classées suivant les acteurs qui s'affrontent. Elles sont variées
et inspirées des logiques individuelles ou collectives,
coutumières ou étatiques (Fotsing, 1994).
Après des analyses, ce chercheur montre que
traditionnellement, en Afrique la terre est un bien collectif de tous les
habitants. Chaque individu peut recevoir une terre pour cultiver. Le chef
étant le possesseur de toutes les terres, peut attribuer les terres
à toute personne désirant exploiter la terre. Cette soumission
aux règles communautaires a longtemps maintenu une relative
cohésion sociale et préservé la crise foncière.
Avec les enjeux de plus en plus grandissants (privatisation des points d'eau et
la maitrise de l'espace), les acteurs s'affrontent dans la course à
l'occupation et/ou l'exploitation des espaces encore disponibles. Cette
situation a provoqué la disparition de la logique d'appropriation
collective des terres. L'accroissement démographique, le souci de
marquer sa réussite au village, les modalités traditionnelles de
promotion sociale, l'autonomie relative des chefs traditionnels, sont autant
d'éléments qui secouent les stratégies du pouvoir des
structures foncières coutumières et favorisent les
stratégies individuelles plus ou moins spontanées.
7
Selon toujours le même chercheur, les dispositions
foncières de l'administration, les diverses stratégies
actuellement déployées dans la course à l'occupation des
terres résultent de la confusion des droits fonciers dont les
conséquences sont entre autres, les inégalités, les
conflits fonciers, etc.
Ces stratégies individuelles d'occupation de la terre
se traduisent souvent par un marquage de l'espace, la disparition de la
jachère et l'occupation des espaces jadis inoccupés. Ce qui
conduit à des stratégies de réglementation foncière
comme l'a dit Coulibaly (2006). Selon cet auteur, les stratégies
développées et mises en oeuvre par les acteurs dans le
règlement des conflits portent sur le choix des instances d'arbitrage,
la formation de groupes stratégiques3 et les pratiques de
corruption. Avant d'entamer la problématique, il est nécessaire
de définir les termes utilisés pour mieux comprendre le sujet.
1.2 Définition des termes
Dans le cadre de cette recherche, il parait nécessaire
de clarifier les termes suivants susceptibles de nous aider à mieux
cerner le sujet. Il s'agit de : foncier, acteurs, stratégies des
acteurs.
1.2.1 Foncier
Étymologiquement, le mot foncier vient du latin
fundus qui désigne « fonds de terre ».
En général le mot est relatif au fonds de
terre.
On distingue plusieurs compréhensions du foncier qui
varient en fonction des disciplines. Il est d'abord le socle et le support de
toutes les activités humaines. Thréance (2010) a défini le
foncier selon les domaines suivants :
Pour les juristes, le foncier se mesure en
propriété, statut du sol, règlement, contrainte et
servitude. Pour l'écologiste, le foncier c'est le sol,
écosystème complexe, support de vie, participant au maintien des
équilibres naturels.
Pour l'urbaniste, il s'aborde en termes d'occupation du sol,
de projet de vie. Pour le géographe, il est support d'un usage,
caractérisé par un relief, un bâti, une forme, une
densité. Pour l'économiste, le foncier s'analyse en valeur, en
rendement (locatif, agricole) ; c'est une assiette fiscale, un objet
d'équilibre financier pour que sa valorisation soit rendue possible.
Pour les sociologues le foncier est compris comme le mode d'organisation de
l'espace et des populations humaines qui le composent. Il est au carrefour
entre l'homme et son
3 Le terme de « groupe stratégique »
correspond ici à la définition que lui donne Oliver De Sardan
(1995) à savoir «une agrégation d'individus qui ont
globalement, face à un « problème », une même
attitude, déterminée largement par un rapport social similaire
à ce problème (il faut entendre ici «rapport social» au
sens large, qui peut être un rapport culturel ou symbolique comme
politique et économique) ».
8
environnement, avec une priorité pour la
société. Chaque société humaine s'est
installée sur ce que l'on peut appeler un territoire, et c'est par la
compréhension de la manière dont les sociétés
s'installent que l'on peut analyser le foncier. Tous ces domaines
énumérés sont en interaction, en succession.
En fin, le foncier est l'ensemble des éléments
ayant trait à la terre ou plus précisément à la
propriété de la terre où on parle des ayant-droits pour
désigner toute personne ou entité titulaire des droits fonciers
coutumiers (Miliça, cité par Vincent-Alloké (1989))
1.2.2 Acteurs
Selon le Nouveau Petit Robert, l'acteur est comme une personne
qui prend une part active, joue un rôle important dans la
réalisation d'un objectif. Les acteurs du foncier peuvent être :
l'ensemble des acteurs publics ou privés, individuels ou collectifs, qui
jouent un rôle effectif dans des décisions touchant au foncier
(affectation ou validation de droits, enregistrement, arbitrages, etc.), sans
présager de leur statut au regard de la loi, avec leurs relations de
complémentarités, de compétition, de concurrence ou de
synergies (GRET, 2002)
1.2.3 Stratégies
La stratégie est l'ensemble d'objectifs
opérationnels choisis pour mettre en oeuvre une politique
préalablement définie. C'est la façon dont un acteur
réalise ses divers objectifs en fonction des contraintes auxquelles il
est soumis et des moyens dont il dispose. Selon le dictionnaire encarta, la
stratégie est l'art d'organiser et de coordonner un ensemble
d'opérations pour parvenir à un but. Elle est souvent
dirigée vers le futur en tenant compte des comportements des autres
acteurs.
Dans ce cadre, les stratégies sont
catégorisées : accès à la terre, le contrôle
d'une part, et d'autre part, les stratégies d'occupation de l'espace et
de gestion des crises.
1.3 Contexte et justification du choix de
thème
Dans le cadre du partenariat qui existe entre la
coopération technique Belge à travers le programme GRAAP 3A et le
Département de Géographie de l'UAM de Niamey, une bourse de six,
(6) mois a été attribuée à dix (10)
étudiants en master 2, pour conduire des recherches sur plusieurs
thématiques dans les régions de Dosso, Maradi et Tahoua dont le
département de Dakoro est l'un des sites choisi pour abriter les
investigations sur les facteurs de vulnérabilités des
systèmes d'élevage et ménages pastoraux.
Les raisons du choix de ce sujet se résument à deux
niveaux:
Le premier est purement scientifique. En effet, de nombreux
travaux (Abdoulaye (2004), Sitou (2011), Sidikou (1994), Kandine (2006)) ont
été faits au Niger sur le
9
foncier en zone agricole. Mais il n'existe pas assez
d'études sur le foncier pastoral en lien avec la
vulnérabilité autour de la vallée de la Tarka. Il s'agit
de contribuer au processus de réflexion sur la question foncière
qui est au coeur de toutes les actualités tant sur le plan national
qu'international.
Le deuxième choix résulte d'un stage
octroyé par la Coopération Technique Belge (CTB), suite a une
recherche qu'ils ont initié sur la thématique : «
évolution et perspectives du seuil de vulnérabilité
des systèmes pastoraux dans les départements de Dakoro, Birni
N'Gaouré et Abalak ».
1.4 Problématique
En Afrique de l'ouest, les sécheresses des trente
dernières années ont considérablement modifié les
équilibres écologiques et les systèmes de production. La
dégradation du potentiel productif conjuguée à la pression
démographique et à l'absence des techniques appropriées
ont conduit agriculteurs et éleveurs à de nouvelles pratiques
dans l'exploitation et la gestion des ressources naturelles. Ainsi,
l'accès à la terre devient de plus en plus difficile. Dans les
régions strictement pastorales, les points d'eau déterminent
l'accès aux pâturages environnants, avec des statuts d'utilisation
variés4 (tantôt libre, tantôt sous
l'autorité d'une entité ou d'un clan). Faire pâturer du
bétail ne confère aucun droit sur la terre, contrairement
à l'agriculture qui produit grâce au travail du sol, d'où
une dissymétrie des droits d'usage souvent source de
conflits5 . Cela montre que les enjeux autour du foncier pastoral ne
sont pas à négliger dont la législation est souvent
insuffisante.
En effet, sur le plan foncier, la déclaration finale du
forum de Praia+9 relatif au foncier rural et développement durable au
Sahel et en Afrique de l'ouest constitue le seul cadre de
référence régionale (CEDEAO, 2008). Il n'existe donc pas
de texte réglementaire de portée régionale relatif au
foncier pastoral en Afrique de l'ouest. Mais au niveau des pays
(sahéliens notamment), des textes de loi tenant lieu de codes pastoraux
ont été adoptés récemment (année 2000) et
appliqués avec plus ou moins de succès.
Au Niger, le texte relatif au pastoralisme (l'ordonnance
2010-29 du 20 mai 2010) n'a pas encore un décret d'application.
4 Propos cités dans les dossiers thématiques du
CSFD numéro 9 60p.
5 Ickowicz et al. 2010, cité dans dossiers
thématiques du CSFD n°9 60p.
10
Face à la dégradation des terres de culture et
à la démographie galopante du pays (3,5%6 de taux de
croissance annuelle), le Niger est dans l'urgence de trouver des nouvelles
stratégies et politiques foncières (Kandine, 2006). Cette
situation est combinée au faible taux de production agricole (2%) et
surtout devant la pression sur le foncier7. Ainsi, un code rural a
été élaboré pour fixer le cadre juridique des
activités agricoles, sylvicoles et pastorales avec des commissions
foncières comme représentation dans le pays jusqu'au niveau des
villages. Cet accroissement démographique et celui des champs au
détriment des espaces vitaux pour l'élevage détruit
progressivement une grande partie des ressources pastorales. Cette extension et
les contraintes climatiques ont conduit les pasteurs à pratiquer
l'agriculture pour subvenir aux petits besoins et contrecarrer leurs espaces
pastoraux au nord avec l'avancée progressive du front agricole. Au sud,
la zone agricole est saturée par les champs qui se sont étendus
jusqu'à emprunter les superficies destinées initialement au
pâturage et à l'abreuvement. Beaucoup de couloirs de passage et
aires de pâturages ont été mis en culture et les
éleveurs doivent souvent se contenter de déplacer leur troupeau
sur la route ou son bas-côté quand celui-ci n'est pas
cultivé (RéDéV, 2005).
Cette situation a favorisé en zone intermédiaire
le développement des champs largement au nord de la limite officielle
des cultures et occupe les superficies de pâturages précieux pour
les éleveurs. Ceci rend difficile voire impossible l'accès
à certaines ressources.
La zone de cette étude (la moyenne vallée de la
Tarka) au niveau de Dakoro correspond à la partie agropastorale et
pastorale du département est concernée par les problèmes
et contraintes évoquer précédemment.
Cette vallée se caractérise par une forte
pression foncière liée à une agriculture extensive,
d'où l'avancée du front cultural vers la zone pastorale
au-delà de la limite nord des cultures. Cette colonisation agricole est
le fait des agriculteurs Haussa venus du sud qui défrichent les espaces
pastoraux mais aussi le fait des éleveurs convertis à
l'agriculture (Mohamadou, 2004). Les chefs traditionnels Touareg ont
contribué à cette avancée en encourageant les
éleveurs à se sédentariser. La vallée de la Tarka
fait aujourd'hui l'objet d'une vive compétition entre les
éleveurs, les agriculteurs, les politiciens, les chefs traditionnels et
les élus locaux.
6 Selon l'INS en 2011.
7 94,1% de la population est concentrée dans les
régions du sud qui ne couvrent que 34,9% du pays.
11
Un autre phénomène autour de cette
vallée, est l'appropriation privative des points d'eau. Les puits
publics et communautaires sont systématiquement
privatisés8. Cette stratégie s'inscrit dans une
logique d'appropriation de l'espace parce qu'en zone pastorale, qui
contrôle l'eau contrôle l'espace.
Ces conditions difficiles prouvent que les pasteurs font face
à des dangers et risques qui facilitent la vulnérabilité
des systèmes et ménages pastoraux.
Ce travail envisage d'analyser les différents enjeux
autour du foncier pastoral et les stratégies développées
par les acteurs dans la gestion des ressources naturelles. Partant de ces
constats, il est nécessaire de poser ces quelques questions :
- Quels sont les différents acteurs intervenant dans la
vallée de la Tarka ?
- Qui gère le foncier dans la vallée de la Tarka
?
- Quelles sont les pratiques ou stratégies des acteurs
pour l'accès à des terres et la gestion du foncier pastoral ?
1.5 Hypothèses
Les hypothèses sur les quelles nous avons travaillé
sont :
- Différents acteurs sont présents directement
ou indirectement dans la vallée de la Tarka et interviennent dans la
gestion et l'utilisation des ressources naturelles de cette vallée.
- Les conditions de vie, des éleveurs notamment, dans
la vallée de la Tarka dépendent de leur capacité à
accéder aux ressources.
- Les stratégies développées par les
éleveurs sont fonction de l'état des ressources et des
différents systèmes pastoraux.
1.6 Objectifs
1.6.1 Objectif global
Ce travail s'est fixé comme objectif global d'analyser les
différents enjeux fonciers et les stratégies
développées par les acteurs pour l'accès et la gestion des
ressources naturelles. 1.6.2 Objectifs spécifiques
- Analyser l'occupation pastorale dans la vallée de la
Tarka ;
- Identifier les différents systèmes de
mobilité et les potentialités pastorales dans la vallée de
la Tarka ;
8 LASDEL, 2004 Foncier agro-pastoral, conflits et gestion des
aléas climatiques au Niger Cas de Dakoro et Abalak, Etudes et Travaux
n° 26, 39p.
12
- Identifier les différents acteurs et les enjeux
autour des ressources naturelles de cette vallée ;
- Dégager et évaluer les risques auxquels sont
soumis les différents acteurs;
- Identifier et analyser les stratégies et initiatives
locales développées par les acteurs autour de ces ressources.
1.7 Méthodologie
1.7.1 Atelier préparatoire
Avant la tenue de l'atelier, une mission composée d'une
équipe pluridisciplinaire d'enseignants chercheurs, de deux doctorants
et d'un expert en gestion foncière a séjourné dans le
département de Dakoro afin d'effectuer un diagnostic rapide de la
situation de vulnérabilité des ménages pastoraux tout en
identifiant les différents systèmes pastoraux. Il s'agit entre
autres d'apprécier le niveau de recomposition de l'espace en lien avec
l'avancée du front agricole, identifier les sites où seront
installés les étudiants pour leur stage de mémoire,
etc.
En suite, un atelier d'harmonisation des outils et
d'élaboration des thématiques et sujets de recherche a
été organisé à Niamey, du 10 au 11 juillet 2012
entre les enseignants chercheurs, les doctorants et les étudiants.
L'objectif de cette rencontre est de valider les différentes
thématiques et les outils de collecte de données.
1.7.2 Recherche documentaire
Elle consiste essentiellement à une consultation des
documents et à leur synthèse. Les ouvrages, les rapports, les
mémoires, les thèses et les articles scientifiques qui
présentent un grand intérêt pour la présente
étude ont été consultés. La consultation des
documents a été faite au niveau des différents centres de
documentation de l'AGRHYMET, du LASDEL, de CARE Dakoro, de SAREL Dakoro et dans
les bibliothèques de la Faculté d'Agronomie et du
Département de Géographie de l'université Abdou Mounmouni
de Niamey, ainsi que sur les sites internet. Cet exercice a permis de
rassembler le maximum d'informations sur le pastoralisme et les systèmes
pastoraux.
1.7.3 Collecte de données
La collecte des données s'articule autour du choix des
sites, des outils de collecte des données et des pasteurs
enquêtés.
1.7.3.1 Choix des sites
Les enquêtes ont concerné les sites de Kougou,
Kadago et Gadabédji. Ces sites ont été choisis sur la base
d'appartenance à une zone agropastorale et pastorale, de convergence des
éleveurs transhumants du fait de l'existence de points d'eau mais aussi
de la présence permanente d'au
13
moins une partie des autochtones. Il s'agit de saisir
l'occasion pour échanger avec des éleveurs venus d'horizons
divers.
1.7.3.2 Choix des enquêtés
L'analyse a porté sur deux (2) catégories de
pasteurs enquêtés en fonction des systèmes d'élevage
à savoir :
- Eleveurs en transhumance
Il s'agit des éleveurs venus notamment des
régions voisines et d'autres zones du département de Dakoro. Ce
sont tantôt des leaders, tantôt des éleveurs ordinaires. Ils
disposent d'animaux compris de gros et petits ruminants.
- Eleveurs transhumants autochtones
Ce sont des agropasteurs qui ont dû diversifier leurs
activités avec la pratique de l'agriculture avec l'effet des
sécheresses successives.
1.7.3.3 Méthodes de collecte des
données
Plusieurs méthodes ont été
utilisées pour collecter les données (qualitatives et
quantitatives) auprès des acteurs institutionnels et au niveau des
campements. Ainsi, la démarche de Olivier de Sardan citée par
Bodé (2011) a été adoptée : elle consiste à
«Habiter le village (si on travaille en milieu rural),
séjourner longtemps dans les services (si on travaille en milieu
professionnel urbain), c'est indispensable. Une bonne enquête implique du
temps, et suppose l'observation participante, autrement dit côtoyer les
gens, bavarder avec eux, vivre (au moins un peu) avec eux. On ne peut
simplement descendre de la voiture, faire trois entretiens, et repartir. C'est
le soir, après le travail, qu'on apprend beaucoup de choses. C'est dans
la durée que les gens, s'habituent au chercheur, et commencent à
lui faire confiance ».
Cette démarche a permis de faire plusieurs jours sur le
terrain (7 à 10 jours par site) avec des excursions dans les campements
aux alentours du site de base. La journée est uniquement
réservée aux enquêtes et entretiens avec des observations
directes sur le terrain ; et la nuit des causeries avec les anciens et les
jeunes. Ces moments d'observation et de causeries qui sont aussi importants
permettent de compléter et de vérifier les données
acquises pendant les enquêtes et les entretiens.
Aussi, des interviews individuelles ont permis de recueillir des
témoignages d'éleveurs.
14
1.7.4 Outils de collecte de données
Deux types d'outils ont été utilisés pour
la collecte des donnés sur le terrain. Ce sont les guides d'entretien et
les questionnaires. La phase d'enquête a été
effectuée au moment de notre séjour de trois (3) mois sur le
terrain allant du mois de juillet à septembre.
1.7.4.1 Questionnaire
Ce questionnaire a concerné les chefs de ménage
éleveurs (Peulh et Touareg) qu'ils soient transhumants, nomades ou
résidents. Au total soixante (60) chefs de ménage (33 Peulh et 27
Touareg) ont été enquêtés.
1.7.4.2 Entretiens
Le guide d'entretien élaboré à l'occasion
de cette étude est adressé aux chefs traditionnels, personnes
ressources, chefs de service départementaux d'élevage,
agriculture, plan, hydraulique, environnement et les maires de Gadabéji,
Dakoro et aux différents Secrétaires Permanents (SP) de la
Commission Foncière (COFO). Ce guide a été aussi
adressé aux différents projets et ONG tels que SAREL, PASEL,
CARE, etc.
1.7.5 Dépouillement, Analyse / Interprétation
des données
Le dépouillement s'est fait au fur et à mesure du
déroulement de l'enquête.
Les logiciels qui ont été utilisés dans
cette étude sont entre autres: Word pour la saisie du rapport, EXCEL
pour les représentations graphiques; SPSS pour le traitement et
l'analyse des données et ARC View 3.2 GIS pour la réalisation des
cartes.
A la fin de chaque sortie sur le site un rapport est
rédigé et soumis au débat avec le superviseur et les
autres membres de l'équipe afin d'identifier les manquements et corriger
ceux-ci avant la prochaine sortie sur le terrain.
L'interprétation des données recueillies s'est
faite en deux étapes. Un premier draft du rapport a été
rédigé et soumis à l'appréciation des membres de la
mission de supervision lors de son passage à Dakoro afin de recueillir
les premières observations. Ces dernières ont été
prises en compte pour améliorer le contenu du document. Une
deuxième étape est celle de la rédaction définitive
du mémoire après les premières observations.
1.8 Difficultés rencontrées
Au cours de cette phase de notre travail, nous nous sommes
confrontés à un certain nombre de difficultés que nous
résumons comme suit :
· Les grèves répétitives des agents du
développement rural;
· La coïncidence de calendrier de recherche sur
terrain avec le mois de Ramadan qui a rendu le déplacement sur le
terrain un peu difficile;
·
15
[a non-disponibilité de certains producteurs
(agropasteurs) due aux travaux champêtres,
· [a non-disponibilité à temps des images
satéllitales (2 mois d'attente) pour la réalisation des cartes
d'occupation des sols.
Tout cela a rendu lent le rassemblement des données
mais avec l'engagement et la patience, nous avons surmonté ces
difficultés.
16
CHAPITRE II : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
Le présent chapitre traite des aspects physiques et
humains de la zone d'étude dont l'intérêt est de comprendre
le contexte géographique et socio-économique dans lequel se
produit le phénomène d'occupation de l'espace pastoral, objet de
cette étude.
2.1 Milieu physique
2.1.1 Situation géographique
Le département de Dakoro est situé dans la
partie septentrionale de la région de Maradi. Il est compris entre les
13°40' de latitude Nord et 7°45' de longitude Est. Le
département de Dakoro couvre une superficie de 17 670 km2 soit 42,28% de
celle de la région qui est de 41.796 km2 et 1,48% de la superficie
totale du Niger (Ibeida, 2012).
Ce département est composé des cantons de
Kornaka, Bader-Goula, Soly et Birnin Lallé, les groupements peul de
Korahane, de Bermo (devenu département en 2012) et Kassawsawa (à
majorité Peul Bororo) et les groupements touareg de
Azagor,Gadabèdji et Effret.
Occupant la partie Nord de la région de Maradi, ce
département est limité au Nord par Tchirozérine, au Sud
par Guidan Roumji, à l'Est par Tanout et à l'Ouest par Madaoua,
Bouza et Keita.
Au fur et à mesure que l'on remonte du Sud vers le Nord du
département on rencontre quatorze (14) communes subdivisées en
trois zones écologiques distinctes :
- la zone a vocation agricole au sud comprenant les communes
rurales de Dan Goulbi, Kornaka, Mayara et Sabon Machi ;
- la zone intermédiaire ou agropastorale avec les
communes rurales d'Ajekoria, Azagor, Birni-Lalle, Dakoro, Korahane, Badar
Goula, Roumbou et Soli-Tagris ;
- La zone pastorale occupant tout le nord de l'ancien
département avec les communes Rurales de Gadabedji et
Bermo9.
Cette situation géographique du département de
Dakoro constitue une position stratégique dans la régulation de
la transhumance. La vallée de la Tarka se trouve à cheval entre
ces zones écologiques citées plus haut. Vu cet espace pastoral
vaste, les agriculteurs du sud se précipitent à occuper cet
espace au profit de l'agriculture.
2.1.2 Climat
Le climat du département de Dakoro va de type
sahélien semi-aride au sud et sahélo-saharien au nord avec une
pluviométrie moyenne de 200 à 300 mm au nord et de 300 à
400 mm au sud (DDA, 2011). Ces précipitations fluctuent d'une
année à l'autre. La Mousson et l'harmattan
9 Cette localité est devenue département de
Bermo.
17
caractérisent le régime des vents du
département de Dakoro avec des températures
élevées. Ce climat est favorable à l'élevage et au
déplacement des animaux tout au long de la zone pastorale.
2.1.3 Sols
Au plan pédologique, le département de Dakoro
comprend trois grands groupes des sols différenciés par le
matériau d'origine, par la géomorphologie et par les conditions
climatiques.
Du Nord au Sud les sols se présentent comme suit (SDDSD,
2000) :
Les sols isohumiques dont la limite méridionale
s'arrête à la vallée de la Tarka. Il s'agit de sols peu
structurés, très sensibles à l'érosion
éolienne et d'une fertilité très faible. Ils ont
évolué dans des conditions d'aridité et possèdent
une vocation essentiellement pastorale. Les sols ferrugineux tropicaux qui
occupent d'importantes superficies et couvrent pratiquement tout le
département au sud de la vallée de la Tarka. Les faibles
précipitations enregistrées n'autorisent sur ces sols qu'une
agriculture aléatoire.
Outre ces deux grands ensembles, il existe des sols plus ou
moins hydromorphes présents dans les vallées de la Tarka et du
Goulbin N'Kaba. Ils présentent une bonne aptitude à
l'irrigation.
2.1.4 Ressources en eau
Il existe deux types des ressources en eau :
y' Les eaux de surface : ces eaux se limitent seulement aux
mares qui sont au nombre de 34 dont une permanente, celle de Akadané qui
fait 100 ha actuellement alors qu'elle en faisait 200 dans les années
1990 (SDDRM, 1997). Toutes ces mares sont alimentées par le
ruissellement en saison de pluies. Ces points d'eau jouent un rôle
important dans la vie socio-économique de la population en
général et en particulier dans les activités pastorales.
En saison de pluies le bétail s'y abreuve ; et en fonction de leur
régime, elles règlent les mouvements de transhumance. Toutefois,
la conquête progressive des superficies par les agriculteurs vers le
nord, au-delà de la limite nord des cultures crée des
perturbations dans l'utilisation des mares. Ces eaux de surface alimentent
aussi la nappe phréatique et de nombreux puits existant dans la
vallée de la Tarka.
y' Les eaux souterraines : deux nappes souterraines
intéressent le département de Dakoro. La nappe du continental
hamadien, constitue un acquifère multicouche avec des grès et la
nappe des alluvions anciennes du Goulbi N'Kaba qui se repose sur des
18
grès bariolés avec des galets et des sables
(SDDRM, 1997). Ces eaux souterraines constituent la source d'approvisionnement
en eau pendant la saison sèche. Cependant on enregistre plus ou moins
des conflits autour de ces points d'eau vu la forte pression animale dans la
vallée de la Tarka.
2.1.5 Végétation
A l'image des conditions édaphiques, le couvert
végétal présente une grande
hétérogénéité. Le potentiel ligneux et
herbacé varie en fonction des types de formations. La
végétation correspond à une steppe herbeuse ou peu
arborée. Le couvert herbacé naturel est important et l'existence
de nombreux couloires de passage facilitent l'accès aux ressources
pastorales. Dans la zone pastorale située au nord de la vallée de
la Tarka, on trouve des steppes herbeuses piquetés d'arbuste tel
Acacia raddiana. Le couvert herbacé donne des pâturages
de qualité. Le potentiel fourrager est excellent en saison pluvieuse
entre juillet et septembre (DDE/LCD, 2011). A partir de mars, la qualité
se dégrade et devient médiocre. Dans la vallée de la
Tarka, le peuplement arboré est assez important malgré une
emprise croissante de l'agriculture.
Le département de Dokoro se situe dans une zone
marquée par d'importantes ressources fourragères ; ce qui lui
confère une vocation pastorale. Mais la dégradation du couvert
végétal réduit sensiblement les ressources
fourragères. Certains cultivateurs vont jusqu'à brûler les
pâturages pour éloigner les éleveurs des zones de culture.
Il faut également noter la présence des forêts
classées de Birnin Lallé (46 ha) et de Gadabéji (76000
ha), une gommeraie de 841ha et environ 81 enclaves pastorales rattachées
aux 13 couloirs de passage internationaux tous balisés (DDRA, 2007).
Cette végétation constitue le principal pâturage de la
vallée de la Tarka. La riche floristique de cette vallée est
à la base de certaines confrontations entre éleveurs dans la
gestion du pâturage.
2.2 Caractéristiques de la population
La population du département de Dakoro est
estimée à 606 862 habitants10, avec une densité
de 16 habitants /km2 au Nord et 20 habitants/km2 au sud.
Le taux d'accroissement naturel est de 3,7%. Ce département est
peuplé essentiellement par trois groupes ethniques. Ces trois grands
groupes et l'origine de leur provenance se résument comme suit :
? Les Haoussas composés des sous-groupes suivants :
Les Gobirawa venant de l'Aïr pour certains et de Tibiri pour
d'autres ;
Les Katsinawa venus de Katsina (Nigeria) ;
Les Aderawa venus de l'Ader (région de Tahoua) ;
10 Selon INS (2011) : le Niger en chiffre
19
Les Kambari barebari venant de Daoura (Nigeria).
Les Haoussas occupent la bande sud et le centre du
département, plus particulièrement dans le canton de Kornaka,
Birnin Lallé et Soli Tagriss où ils sont majoritaires.
V' Les Peulhs dont tous les groupes ethniques se
réclament originaires de Sokoto (Nigeria). On distingue des sous-groupes
tels que les Kassaoussawa, les Yamawa, les Bikaraoua (Bororo) qui sont des
nomades et occupant la partie nord avec les Touareg. Les Peulhs Farfarou qui se
sont plus ou moins sédentarisés occupant le centre et le
sud-ouest du département formant le groupement peulh de Korahane.
V' Les Touareg constitués de deux principaux
groupes à savoir les Kel Ferwane et les Kel Gress viennent du nord
(Aïr) et du nord-ouest (région de Tahoua). On rencontre les
Igadalène et les Imagarawan occupant l'extrême nord du
département (terroir d'Akadaney).
La densité de cette population dans le sud et le fort
taux de croissance démographique combinés aux sécheresses
ont conduit les éleveurs à pratiquer l'agriculture.
2.3 Activités agricoles
L'Agriculture constitue la principale activité
économique des populations sédentaires. Les principales cultures
sont le mil (117405,67 tonnes cultivées sur environ 85% des surfaces),
le sorgho, le niébé et l'arachide. Le manioc, l'oseille et le
maïs sont aussi cultivés mais à petite échelle (DDAD,
2010). La production des céréales est généralement
destinée à l'autoconsommation (plus de 80%). Le bilan
céréalier est souvent déficitaire une année sur
deux. L'augmentation de la production dépend beaucoup plus de
l'extension des superficies emblavées. Mais cette agriculture est
contrainte par les aléas climatiques et les ennemis des cultures, ce qui
rend le département une zone à déficit alimentaire
récurrent (DDA, 2011). Malgré ces contraintes, on assiste
à une extension de l'agriculture au-delà de la Tarka en pleine
zone pastorale ; ce qui rend difficile le mouvement des éleveurs.
2.4 Elevage
L'élevage, avec 646 443,25 UBT en 2011 (DDRA, 2012)
dont 42% de bovins (figure 1), est la deuxième activité
économique du département. Il est pratiqué sous trois
formes : sédentaire, nomade et transhumant. L'élevage
sédentaire est dominant dans la zone agricole et agro-pastorale. Il
s'agit d'une forme d'intégration de l'activité agricole et de
l'élevage. Quand à l'élevage nomade, il est
pratiqué par les peulhs et les Touareg de la zone pastorale ;
fondé sur la mobilité des hommes et des animaux pour
l'exploitation des pâturages naturels et des points d'eau.
L'élevage transhumant est le plus important dans le département
de par les
20
effectifs des troupeaux concernés. Il utilise
l'ensemble de la zone pastorale et agricole à travers un mouvement
pendulaire et cycliste.
300 000,00 250 000,00 200 000,00 150 000,00 100 000,00
50 000,00
0,00
|
|
EFFECTIF EN UBT
|
Figure 1: Répartition du cheptel en UBT par
espèce
Source : DDRA, 2012
Cette figure fait ressortir que les bovins sont les plus
dominants dans le département de
Dakoro avec 42% suivit des camelins et les caprins avec
respectivement 33% et 12%. Les espèces les moins
représentées sont les ovins avec 8%, les asins 5% et les
équins avec 1%. Cela montre le rôle important que joue le
département de Dakoro en matière d'élevage au Niger en
général et dans la région de Maradi en particulier.
2.5 Activités non agricoles
Il s'agit du commerce et de l'artisanat. L'activité
commerciale occupe une bonne partie de la
population. Ce qui fait la spécificité de
Dakoro, c'est la part importante que tient la vente du bétail dans
l'économie du département. Le secteur de l'artisanat regroupe une
gamme d'activités. Il concerne tous les groupes ethniques, en
particulier les Touareg spécialisés dans la bijouterie, le
travail de cuir, la confection des nattes. Ces activités se font dans la
plupart des cas dans le village artisanal de Dakoro. En effet, ces
activités constituent une source de revenus pour les éleveurs
victimes des crises pastorales.
2.6 Présentation de la vallée de la Tarka et
son rôle stratégique
La vallée de Tarka (figure 2) est une zone à
vocation pastorale qui traverse le département
d'Est en Ouest sur 115 km de longueur et environ 6 km largeur
du Sud au Nord (Forum sur la Tarka, 2012).
A l'origine Tamasheq le nom de la vallée peut
être considérée comme un des indicateurs de
l'antériorité de la présence des Touaregs dans la
vallée. Ainsi, selon le secrétaire permanent
21
de la cofodep, le mot «Tarka » signifie «
quelque chose de si abondant qu'elle finit par se décomposer ». Les
premiers occupant ont, désigné par-là l'abondance des
arbres et du pâturage qui caractérisait la vallée et ses
pourtours à l'époque.
La Tarka est un écosystème qui subit les assauts
répétés des agriculteurs attirés par la
qualité de ses sols ferrugineux tropicaux et hydromorphes très
favorables aux cultures. Les pasteurs convoitent également cette
vallée à cause des ligneux fourragers très
appétées : Acacia raddiana (Kandilli), Balanites
aegyptiaca (Adoua), Acacia Senegal (Akwara), très
dominante ; viennent ensuite Faidherbia albida (Gao), Acacia
seyal, Bauhinia rufescens (Dirga) et Hyphaene thebaica
(les doumiers). La profondeur des puits ne dépasse guère 50
mètres et cela permet l'épanouissement d'une flore importante.
Les mares sont très pauvres en eau car elles sont temporaires.
Du fait de l'instabilité du climat et surtout des
activités anthropiques, la vallée de la Tarka connaît une
dégradation accélérée.
Dès 1937 on note la colonisation de cette vallée
par les sédentaires ; avec l'installation des villages
sédentaires et « zongos » (Matoya, Tambarawa Dargué,
Roumbou...). A cette même date l'administration coloniale en place a
émis le voeu de voir cette installation interdite afin de
protéger le pâturage.
Sur le plan hydrologique la vallée de la Tarka est
subdivisée en trois (3) parties :
V' la Haute vallée : dans le
département de Tanout qui constitue la partie la plus vaste ;
V' La Moyenne Tarka ou la vallée centrale: qui
s'étend de Dakoro jusqu'à Bouza
V' la Basse vallée : qui commence de Bouza
à Madaoua jusqu'à la frontière du Nigéria.
La Moyenne Tarka au niveau du département de Dakoro
constitue notre zone d'étude.
Autrefois, cette vallée regorgeait un important
peuplement riche en biodiversité floristique et animale. Cela a
suscité un afflux des agropasteurs depuis les années 1920 (date
probable d'installation des premiers champs).
L'exploitation abusive conjuguée à
l'avancée du front agricole, a occasionné la dégradation
accélérée des ressources naturelles de cette
vallée. Ce qui constitue une préoccupation tant pour les
populations riveraines, que pour l'Etat et les Partenaires Techniques et
Financiers (PTF).
Sa position géographique et sa vaste zone pastorale
font de Dakoro un carrefour des éleveurs venant du Nigeria, d'Agadez, de
Tanout, de Zinder et du Sud Maradi en saison de pluies et en période de
soudure.
Les éleveurs partent en transhumance, vers le Nord
jusqu'à la région d'Agadez. A l'allée comme au retour, la
vallée constituait une aire où les animaux pouvaient se reposer
pendant
22
deux à trois mois, voire beaucoup plus pour certains.
Par son immensité et l'absence d'autorité indigène, la
vallée de la Tarka fut une zone où il est facile de se soustraire
aux charges administratives pendant la période coloniale. Les rares
populations étaient les touaregs et les nomades peuls qui faisaient
paître les troupeaux.
23
Figure 2: Localisation du département de Dakoro et de la
vallée de la Tarka Source : Centre régional AGRHYMET
24
Conclusion partielle
Après analyse des différents points, il ressort que
le département de Dakoro présente un
climat de type sahélien semi-aride au sud et
sahélo-saharien au nord. L'économie de ce département
repose sur les activités agricoles, l'élevage, l'artisanat et le
commerce. La Moyenne vallée de la Tarka présente d'importantes
potentialités favorables à l'élevage et elle joue un
rôle stratégique pour les éleveurs en transhumance vers le
nord.
25
CHAPITRE III : SYSTEMES DE MOBILITE PASTORALE ET LES
ENJEUX FONCIERS
Ce chapitre s'articule autour des différents
systèmes de mobilité pastorale qui est la porte d'entrée
de cette étude et les principaux enjeux fonciers autour de la Tarka
ainsi que les difficultés liées à cette
mobilité.
3.1 Principaux systèmes de mobilité
pastorale
Le système mobile à faible ancrage
foncier : il est mis en oeuvre par les pasteurs Mbororo et
Wodaabe des zones d'Eggo et de Bermo qui élèvent des troupeaux
avec une composition à dominante bovins. Pendant les années dites
normales avec une production fourragère suffisante, ils
s'éloignent très rarement de leurs sites d'attache (mares et
puits traditionnels), c'est le nomadisme. Par contre, en année de
déficit fourrager, ils se replient dans des sites stratégiques
souvent très éloignés de leur terroir d'attache (commune
Bermo) souvent jusqu'aux pays étrangers (Nigéria, Tchad et
Cameroun, etc.).
Ces éleveurs disposent d'un encrage foncier faible en
zone pastorale qui leur permet d'avoir des puits traditionnels ou le
contrôle des vallées. Les relations de réciprocité
sont développées dans ce système du fait de l'ouverture
dans l'accès aux ressources pastorales. Ils partagent d'excellentes
relations avec les pratiquants des autres systèmes.
Le système agropastoral avec un ancrage
foncier souvent fort est surtout pratiqué par des Peuls
Katchinawa (Afagaye, Puits de Bahago) et certains Haoussa de la bande sud du
département. Ils possèdent des troupeaux importants
généralement diversifiés composés de bovins, ovins,
caprins, camelins et asins. Ce système tend à évoluer vers
une certaine intégration agriculture élevage (stockage des
résidus de cultures et de la paille de brousse, culture attelée,
etc.). C'est le véritable système de transhumance d'hivernage,
avec toutefois une fixation au niveau des terroirs d'attache pendant la saison
sèche.
Le système d'agro éleveurs
: ce sont des éleveurs de divers groupes
socioprofessionnels en décapitalisation suite à des
sècheresses répétitives ou certains ménages qui se
lancent dans un élevage naisseur (Gadabédji, Dakoro). Ils
pratiquent plus une agriculture combinée soit au petit élevage
(caprins et ovins) et d'autres activités (petits commerce, exode,
salariat agricole, etc.).
Le système mixte à faible ancrage
foncier : mis en oeuvre par des pasteurs Oudawa (Farfaru de
Korahan, Bero Marafa, etc.) qui élèvent essentiellement les
bovins et les ovins. Leurs déplacements sont circonscrits entre les
sites de saison de pluies et ceux de saison sèche situés plus au
sud dans les vallées plus humides de Goulbi, de la basse vallée
de la Tarka et de
26
Tchinkahi au Nord Nigeria. Certains mouvements prennent de
l'ampleur et de l'amplitude d'une véritable transhumance
transfrontalière.
Le système de grande mobilité des
bergers moutonniers : Ces éleveurs passent habituellement
la saison des pluies dans les espaces ouverts de la zone pastorale du
département de Dakoro ou le sud de la région d'Agadez. Compte
tenu de tarissement des mares temporaires à la fin de saison de pluie,
ces éleveurs descendent plus au sud dans leurs terroirs d'attache pour
la vaine pâture situés soit au sud de la région de Maradi
ou au Nigéria pour passer la saison sèche.
Sur leur parcours, ils valorisent le pâturage vert et
les mares. Ces moutonniers se déplacent sans famille ni bagage et sans
matériels d'exhaure ; ce qui leur permet de se déplacer à
un rythme rapide afin d'éviter, autant que possible, les
dégâts champêtres et d'accéder au pâturage
avant l'arrivée d'un grand nombre d'éleveurs. Ces peuls n'ont pas
d'encrage foncier. Mais ce système sollicite la présence du
marché sur les parcours d'où la multiplication des escales. En
cas de dégâts champêtres, ils quittent nuitamment la zone.
Ce système est basé uniquement sur les liens sociaux et de bon
voisinage.
Le système camelins : ce
système pratiqué par les Touareg (Gadabéji et Azagor) se
caractérise par un mouvement pendulaire. En effet, les éleveurs
disposent d'un terroir d'attache avec une maitrise foncière en zone
pastorale et se déplacent souvent sans famille. Ils pâturent en
saison de pluies non loin du terroir d'attache (Tiguitou Gadabedji), en saison
sèche certains de ces éleveurs partent en transhumance
jusqu'à Bassaré (Nigeria) pour profiter du pâturage
ligneux.
Le mouvement est amorcé après la récolte
à partir de la zone pastorale (Gadabeji, Azagor,...) vers le
Nigéria (généralement) où ils restent 4 à 5
mois. Ils ne reviennent sur leur terroir d'attache qu'en début
d'hivernage. Ces éleveurs choisissent des bons moments pour la
remonté et la descente leur permettant d'éviter les taxations
abusives liées aux dégâts champêtres.
Compte tenu de certaines contraintes climatiques, ce
système commence à prendre de l'ampleur. Il est axé
surtout sur un élevage camelin associé parfois aux petits
ruminants et au commerce d'animaux. Ces commerçants touareg natifs de
Gadabeji, qui résident à Maradi
achètent les animaux des éleveurs en
période de sécheresse ou de crise dans la zone pastorale moins
chers pour les élever avec des aliments bétail et les vendre
très chers après la saison de
pluies. Ces Touareg confient leurs propres troupeaux au berger
tout en faisant cette pratique. Cette dernière prend de plus en plus de
l'ampleur et demande beaucoup des moyens financiers.
27
Les systèmes observés et rencontrés sur
le terrain sont entre autres le système mixte avec encrage foncier, le
système d'agro éleveur, le système agropastoral à
faible encrage foncier et le système camelin. Ces éleveurs ont
des points d'attache avec un encrage foncier fort ou faible et possèdent
diverses stratégies dans l'occupation de l'espace qui seront
détaillées très prochainement.
3.2 Evolution et historique de l'occupation de l'espace
dans la vallée de la Tarka
Cet espace diminue vu la grande concurrence qui prévaut
dans cette vallée dans le cadre de
l'occupation de l'espace. Cette diminution est liée
à l'avancée du front agricole au-delà de la limite nord de
cultures et les fluctuations climatiques observées ces dernières
années couplées à des multiples sécheresses
chroniques (tableau 1).
Tableau 1: Quelques événements
majeurs ayant marqués les éleveurs
Années
|
Nom local en Haoussa
|
Caractéristiques
|
1966
|
tsaballé tia manda
|
prix du mil de 25f à 100f CFA/kg
|
1969
|
Kakabao
|
Manque fourrager dans la Tarka, bétail
décimé,
migration définitive de certains éleveurs vers
le Nigeria, Tchad.
|
1974
|
Bounkou koussou
|
Manque fourrager, le son de blé est vendu aux
éleveurs à un prix modéré pour la première
fois.
|
1984
|
EL Bouhari
|
migration définitive de certains éleveurs vers
le
Nigeria, perte d'animaux.
|
1988
|
Baroumjé
|
Achat des animaux à des prix dérisoires par les
bouchers.
|
1998
|
Macé da ciki
|
Manque de fourrage avec une perte d'animaux
|
2005
|
Agama
|
Manque de fourrage, achat de vieilles cases pour donner aux
animaux.
|
2010
|
---------------
|
Manque de fourrage, perte massive des animaux.
|
(Source : nos enquêtes)
On retient de ce tableau que, les différentes
sécheresses ont marqué les éleveurs de 1966 à 2010.
Les sécheresses de 1974, 1984 et 2010 ont beaucoup plus marqué
ces éleveurs avec une perte énorme des animaux et le
départ des éleveurs vers le Nigeria.
28
3.2.1 Historique de l'occupation des terres dans quelques
terroirs de la Tarka : Kouggou, Kadago Rouga, Zongo Amayo, Boumdou Roua
(Koré Adoua) et Torodi rouga Terroir de Kouggou
Le village de Kouggou se situe en zone agropastorale dans la
commune rurale d'Azagor à 27 km à l'est de Dakoro. Selon Ardo
Housseini, la création de Kouggou est le fruit d'une grande
sécheresse qui les a chassés de Sokoto (Nigeria) avant
l'arrivée de Maurice Vilmin, dit « Maï Bougé
»11. A l'arrivée ils étaient au total 300 chefs
de ménage. Vingt (20) ans après une sécheresse a fait
partir définitivement 180 chefs de ménage vers le Tchad, Borno,
Diffa, Zinder. Actuellement, il n'y a que 120 ménages dont chacun
dispose d'un ou de deux champs. Cette situation les a conduits à
pratiquer et développer l'agriculture, d'où l'origine de
l'occupation anarchique des champs dans la Tarka. Tous les étrangers
sont les bienvenus et Ardo lui donne un champ après un avis de confiance
à moins qu'il soit sorcier. Ces chefs de ménage procèdent
souvent à des transactions foncières. C'est l'exemple de Saadou
Sani agriculteur haoussa originaire de Madarounfa qui a un capital foncier de 4
champs dont 3 achetés auprès des peuls avec des superficies
suivantes : 6 ha, 4 ha, 3,5 ha et 4,5 ha. Les sécheresses chroniques ont
obligé certains à changer de métier comme c'est le cas de
Garba Kouggou 66 ans devenu Dilal depuis 8 ans.
Terroir de Kadago Rouga
Ce village se situe en zone agropastorale de la Tarka dans la
commune de Dakoro à 9 km à l'ouest du chef lieu de la commune.
D'après Ardo Balli Kiri, ils sont originaires de Moussa à
côté de Birni Lallé et installer définitivement dans
la vallée de la Tarka depuis la grande sécheresse
surnommée localement « Maikoraré » il y a de cela 70
ans où un manque d'eau s'est déclenché. Selon Ardo, ses
grands-parents ont acheté un puits auprès des Haoussa, y compris
leurs champs à 20 000 F correspondant en ce temps à un troupeau
de 15 bovins. Ce puits s'appelle Kadago. Lors du fonçage de ce puits,
les étrangers de passage ont demandé de l'eau à boire les
habitants du village ont dit que c'est maintenant qu'on creuse le puits ; ces
étrangers ont réagi en disant en langue Haoussa « wanan gari
shiné Kadago » qui veut dire « ce village, c'est lui qui est
impitoyable » d'où le nom du village. Après le tarissement
de ce puits ardo a ordonné le fonçage d'un deuxième puits
cela depuis 35 ans. Les Haoussas ont quitté la vallée pour partir
plus au sud.
11 Ce colon fut le fondateur de la ville de Dakoro et premier
administrateur colonial de la subdivision de Dakoro.
29
Zongo Amayo
Les Touareg de Zongo se sont installés eux-aussi 10 ans
après l'arrivée des peuls de Kadago. La sécheresse de 1984
les a poussés à quitter Zongo pour la recherche de
pâturage. Pendant les années normales, ces habitants sont
rentrés et ont choisi de cultiver les champs dans la vallée
autour de leurs anciens campements. Les peulh de Kadago les ont proposés
de cultiver les 15 champs de leurs frères qui ont quitté le
village. Ayant accepté, à leur grande surprise, les frères
de ces peulh étaient du retour au début des années 2000.
Donc ces Touareg ont réclamé leurs anciennes terres. Au lieu
d'occuper ces dernières, ils ont choisi de partir à la
frontière des champs des habitants de Maitourou à l'ouest de
zongo (à environ 4 km) tout en gardant les anciennes terres comme des
réserves ; ce qui a créé beaucoup de tensions. Conscients
de risque d'être chassés un jour, ils sont convenus d'avoir une
assise foncière.
Koré Adoua (Boundou Roua)
C'est un terroir situé en pleine zone pastorale dans la
commune de Bermo à moins de 4 km à l'est de ranch de Fako. Ce
sont des peuls Farfarou originaire de Korahane installés sur ce terroir
depuis 46 ans et sont les premiers à cultiver la terre. En ce temps, il
n'ya que les villages de Eggo et Assada. Un an après, ils ont construit
leur propre puits autorisé par les autorités de Dakoro. Les
causes de ce déplacement sont entre autres la recherche des champs selon
le propriétaire du puits Roua Garba 77 ans parce qu'au sud, l'espace
manque. Une fois le puits foncé ils ont créé des champs
aux alentours (photo n°1). Cette agriculture de subsistance auparavant est
devenue aujourd'hui une des activités principales de ce groupe. Elle
permet de prendre en charge la famille pendant 6 à 7 mois sans toucher
le troupeau.
30
Photo 1:champs de mil en pleine zone pastorale à Boundou
Roua (à côté de ranch faco)
Torodi rouga
Ce village se trouve en pleine zone pastorale à environ
3 km à l'ouest de chef lieu de la commune de Gadabéji. Ce sont
des éleveurs transhumants originaires de Sokoto. Le village
récemment créé (2002), a vu le jour suite
aux appels lancés par les autorités politiques de se regrouper en
un seul lieu pour leur construire une école et un puits. Selon le
témoignage d'Ardo cheffou :
« Le chef de Gadabeji m'a donné 100 ha de
terres pour cultiver y compris mes administrés (94 chefs de
ménage) devant plus de 100 témoins. Il m'a autorisé
à foncer un puits malheureusement mes moyens ne me permettent pas de le
foncer ».
Cette occupation historique de la Tarka est à l'origine
de cette ruée vers cette prestigieuse vallée où chaque
éleveur ou groupe d'éleveurs cherche à avoir une maitrise
foncière forte. Cette vallée subit actuellement de très
fortes pressions humaines et animales. Cette situation est l'oeuvre de
plusieurs acteurs intervenant directement ou indirectement dans la Tarka.
En effet, la mobilité des éleveurs a
favorisé l'installation des agriculteurs hausa qui ont fini par
s'approprier l'espace en le cultivant. A travers cette fixation, Il s'agit de
créer des villages pour marquer l'espace. Avec ces villages, une partie
de la famille ne part pas en
31
transhumance avec les animaux. Cette permanence permet
d'occuper l'espace pour éviter l'arrivée de nouveaux
agriculteurs.
3.2.2 Évolution de la dynamique d'occupation des
sols autour de la Tarka de 1986 à 2001
L'interprétation des images Landsat de 1986 et 2001 a
permis de réaliser les cartes d'occupation des sols (Figure 3 et 4 ).
Les superficies et les pourcentages de la proportion exacte de l'espace
occupé par un même type d'occupation de sols ont été
calculés sur la base des tables établies lors de
réalisation des cartes et classées dans un tableau (tableau 2).
Ces cartes sont réalisées dans le but de donner un exemple de
l'évolution progressive des cultures de pluie et la multiplication des
lieux d'habitation vers la vallée de la Tarka, ce qui contribue à
la dégradation des ressources pastorales.
Dans la zone d'étude, le pâturage est pour
l'essentiel constituée de la steppe (les herbacés et les
ligneux). En 1986, on remarque une dominance de la steppe herbeuse et arbustive
dans la zone pastorale (figure 3). Elle occupe plus de la moitié de
l'espace, soit 63,9% de la surface totale de la zone cartographiée
tandis que les cultures pluviales occupe 23,7%. Le pâturage de la
vallée de la Tarka est de l'ordre 11,9%. Les lieux d'habitation
représentent 0,1%.
De 1986 à 2001 les cultures de pluies ont
augmenté de 77 983,9 ha sur l'espace total de la zone
cartographiée. Cet accroissement de la surface des terres de culture
contribue à la diminution du pâturage. En effet, la steppe a
diminué de 13,9% de sa superficie estimée en 1986 (figure 4).
Cette diminution est due en partie par la sédentarisation des
éleveurs avec une pratique intensive de l'agriculture. A partir de cette
sédentarisation les lieux d'habitation ne font que s'accroitre dans
cette zone avec une augmentation de 0,2% en 2001 (tableau 2). En somme, les
ressources pastorales subissent des pressions humaines à travers les
cultures pluviales. Ces pratiques agricoles sont à l'origine de la
dégradation et la diminution de l'espace pastoral. Par
conséquent, le couvert végétal naturel se réduit et
fait place aux surfaces cultivées qui ont accru
énormément. Cette situation rend difficile la pratique de
l'élevage dans une zone à vocation pastorale.
32
Figure 3: Cartes d'occupation des sols de 1986 et 2001. Source :
images Landsat
33
Tableau 2: superficies et pourcentages de l'occupation des
sols
|
1986
|
2001
|
Superficie (ha)
|
Pourcentage
|
Superficie (ha) Pourcentage
|
Steppe
|
352242,6
|
63,9
|
271619,3
|
50,0
|
Culture
|
130766,3
|
23,7
|
208750,2
|
38,4
|
Sol nu
|
1863,1
|
0,3
|
1819,8
|
0,3
|
Mare
|
128,7
|
0,0
|
202,3
|
0,0
|
Formation ripicole
|
477,6
|
0,1
|
593,1
|
0,1
|
Terrain rocheux
|
83,6
|
0,0
|
92,3
|
0,0
|
Lieu d'habitation
|
337,5
|
0,1
|
1886,8
|
0,3
|
Tarka (pâturage)
|
65634,9
|
11,9
|
58405,1
|
10,7
|
Total
|
551534,3
|
100,0
|
543368,9
|
100,0
|
3.3 Non-respect de la limite nord des cultures
Cette limite est matérialisée par la
vallée de la Tarka qui traverse le département de Dakoro d'est en
ouest. C'est une loi de 1961 qui a fixé cette délimitation entre
zone agricole et zone pastorale ; l'objectif était de préserver
un espace pour le développement de l'élevage. Le front cultural
dépasse largement cette limite. Les champs de cultures se trouvent au
nord de la vallée de la Tarka. Cette dernière fait l'objet d'une
vive compétition entre éleveurs et agriculteurs malgré de
nombreux foras organisés pour sauver la Tarka.
Dans la pratique, la limite nord des cultures n'est pas
respectée parce que les pouvoirs publics ont opté pour le laisser
faire.
3.4 Mobilité des éleveurs
Cette mobilité concerne les éleveurs
transhumants (73% des éleveurs rencontrés) qui quittent leurs
terroirs d'attache pour aller à la recherche du pâturage (figure
5). Les éleveurs du sud se déplacent en saison de pluies pour
pâturer autour de la Tarka et au-delà de cette vallée,
où ils trouvent suffisamment de pâturage. Quant aux
éleveurs dont le terroir d'attache est dans la vallée partent
plus au nord vers Akadané, Bermo, Tamaya, Fako, Amoulass, Abou Haya,
jusqu'à Ingall à cause des champs autour de la vallée. En
saison sèche c'est le retour au sud pour profiter des résidus
agricoles vers Mayayi, Tchadoua, Guidan Roumgji, Sabon Machi, Tanout, Shinkafi
(Nigeria), Kano, Djibia, etc. La durée du parcours varie d'une semaine
à un mois avec des arrêts de 2 à 3 jours (voire même
une semaine) sur les aires de pâturage selon la distance et les grands
axes définis au préalable (figure 4). La durée sur les
différents lieux de pâturage varie de 3 à 6 mois. Cette
mobilité nécessite une préparation minutieuse
(encadré n°1).
34
Figure 4: les grands axes des mouvements des pasteurs Source :
Données terrain, juillet-août 2012
35
Cette figure montre les grands axes des mouvements des
différents systèmes rencontrés. Les éleveurs
pratiquant le système mixte, suivent les axes Tchadoua-Ingall et
Tassaoua-Ingall (allée) avec des séjours de 2 à 3 jours
avant la dernière destination (Ingall). Du retour ces éleveurs
partagent les mêmes axes (Ingall-Bassaré et Abalak-Shinkafi) que
les moutoniers et les chameliers. Ces derniers ont comme axes en allée
Bassaré-Ingall et Shinkafi-Ingall via Abalak. Ces déplacements
sont guidés en fonction des mares pendant la saison de pluies et par les
puits en saison sèche ou par l'existence des couloirs de passage. Tous
ces systèmes ont presque la même destination à savoir
Inguall. Cette localité constitue un lieu de rencontre et
d'échange pour les éleveurs afin de participer à la
fête de la cure salée12. Ces mouvements se font aussi
en fonction des marchés qui constituent la source d'information et de
ravitaillement des produits vivriers.
27%
73%
Transhumants
Non transhumants
Figure 5:éleveurs transhumants et non transhumants selon
les personnes enquêtées
12 Cure salée : c'est une fête annuelle des
éleveurs peuls et Touaregs qui consiste à des échanges
culturels et des expositions des produits pastoraux. Elle se tient chaque
année à la mi-septembre à Ingall (région
d'Agadez).
Encadré 1 : organisation sociale de la
mobilité (cas du système mixte de Kadago Rouga)
L'amorce d'un déplacement nécessite au
préalable une préparation
minutieuse et relève de la compétence du
chef du groupe. Ce sont les garso, qui collectent et centralisent les
informations nécessaires sur les zones concernées par le
déplacement. Ces jeunes garso âgés de 20 à 26 ans
rencontrent les éleveurs dans les lieux de concentration et utilisent la
téléphonie cellulaire ou se déplacent en personne pour
chercher les informations. Toutes les informations collectées sont
traitées et analysées en groupe afin de tracer le circuit du
mouvement. Pendant le déplacement, le chef de groupe est chargé
de la gestion financière. Il prend soin de chercher tout animal
égaré et assure la cohésion du groupe et guide le
déplacement en cherchant des solutions en cas de
problèmes.
|
36
3.5 Contraintes liées à la
mobilité
3.5.1 Occupation des espaces pastoraux par les agriculteurs
et les agropasteurs
Les contraintes évoquées par les éleveurs
sont entre autres la colonisation des espaces pastoraux et l'implantation
anarchique des champs dans la zone pastorale (Bermo, Gadabeji, Tagriss,...).
Dans la commune rurale de Gadabeji, les champs ont avancé de 21 Km en 58
ans (de 1954 à 2012) soit environ une progression moyenne de 0,362 km
(362m) par an. 75% des enquêtés affirment que les agriculteurs et
agropasteurs défrichent de plus en plus dans la zone pastorale afin
d'installer des nouveaux champs. Cela contribue à l'amenuisement des
espaces pastoraux. Cette occupation des espaces pastoraux donne lieu à
des conflits. Ce phénomène est accentué par l'incidence
des feux de brousse détruisant de vastes espaces. En effet, selon la
direction départementale de l'environnement de Dakoro, entre le 21
septembre et le 1er novembre 2011, 22 236,7 hectares ont été
brûlés dans les communes de Gadabéji et Bermo.
3.5.2 Monétarisation de l'eau
La pratique de la monétarisation de l'eau tend à
se généraliser. Dans certaines localités, les
éleveurs paient 5.000 à 10.000f ou bien un (1) bouc et/ou un (1)
mouton par jour d'abreuvement avec une limitation du délai de
séjour. Ce payement tient compte de la taille du troupeau. Souvent,
l'accès est libre en fonction des connaissances. C'est l'exemple des
éleveurs de Boundou Roua qui en transhumance ne payent rien sur le puits
de Dargui Hada. Selon le gérant de puits de Mailafia, l'éleveur
peut être taxé par jour à 2000 FCFA par
37
abreuvement. Il s'agit de 10 000F/40 à 50 têtes et
20 000F/100 têtes pour deux (2) mois à Goula, Soli et
Belbéji en cas de transhumance.
Cette monétarisation est surtout développée
après la saison de pluies où la demande d'eau est forte (tableau
3).
Tableau 3:les ressources en eau et leur disponibilité
selon le calendrier pastoral
Les ressources en eau
|
Période et fréquence d'utilisation des
ressources en eau
|
Puits cimenté (PC)
|
J
|
Jt
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
« Damana » Saison de
pluie
|
|
« Kaka »
saison sèche froide
|
« Rani »
Saison sèche chaude
|
X
|
|
XX
|
XXX
|
Puits
traditionnel (PT)
|
|
|
XX
|
XXX
|
Mares
|
XXX
|
|
|
|
XXX : forte utilisation XX :
utilisation moyenne X : faible utilisation
De l'analyse de ce tableau, on retient que les éleveurs
utilisent plus les puits cimenté et les puits traditionnels en saison
sèche chaude. Ces points d'eau sont moins voire rarement utilisés
en saison de pluie. Les mares sont utilisées uniquement pendant la
saison de pluie avec une forte utilisation.
38
3.6 Genre et foncier
Traditionnellement, chez les agropasteurs, la femme
n'hérite pas la terre. Mais son mari peut lui offrir un petit terrain
(gamana) pour cultiver. Aujourd'hui, le voisinage avec les agriculteurs haoussa
fait en sorte que la femme hérite une portion de terre plus que la
« gamana» pour travailler et subvenir à ses besoins. Selon
Balla Namoda13, les femmes réclament de plus en plus des
terres héritées dont d'autres femmes ont eu gain de cause. Donc
l'accès à la terre pour la femme est souvent limité sauf
en cas d'achat avec ses propres moyens. Elles combinent ces activités
avec l'élevage des petits ruminants (caprins) malgré qu'une dame
de 55 ans Fatima Moussa a souligné que « Awaki maggi né
» qui signifie en français : les caprins ne sont que des
condiments. Chez les pasteurs le foncier se résume à l'espace
pastoral et les points d'eau. Donc on peut hériter d'un puits ou un
terroir autour du puits. La femme n'a pas un héritage proprement dit sur
le plan foncier. Toutes ses activités se résument au foyer
(tableau 4) avec la recherche de l'eau au puits avec les jeunes filles (photo
n°2 et 3).
Les jeunes de 20 à 25 ans partent en transhumance avec
les animaux pour la recherche de pâturage. Pour les enfants
âgés de 2 ans leurs parents leur donnent deux bovins, deux ovins
et deux caprins. Si ces animaux ont atteint 5 chacun, le père vend les
mâles pour lui acheter les femelles. A l'âge du mariage, le
père vend ses propres animaux pour assurer celui de son fils et
après avoir eu deux enfants, tous ses animaux lui seront
restitués.
Photo 2: Petite fille conduisant les animaux d'exhaure Photo 3:
Femme peulh transportant de
l'eau
13 Balla Namoda président de l'Association
Nigérienne pour la promotion et la Modernisation de l'élevage
(ANPME Soumpo).
39
Tableau 4: Répartition des activités d'un
ménage pastoral
Membres du ménage
|
Activités
|
Les hommes
|
"
|
Travaux champêtres,
|
|
"
"
|
Conduite du troupeau au pâturage, Traite le lait le matin
et le soir
|
|
"
"
|
Recherche de l'eau au puits pour les autres, Vente d'animaux au
marché en cas de besoin.
|
Les femmes
|
" " " " " "
|
Le ménage dans la matinée,
Tressage des nattes, des éventails et des lits,
Conduite du troupeau au pâturage en cas d'absence du
mari,
Recherche de l'eau au puits avec les ânes,
Vente du lait dans les grands centres,
Recherche du bois de chauffe.
|
Les jeunes
|
"
"
|
Conduite du troupeau au pâturage et en transhumance avec
les jeunes de 20 à 26 ans,
Contrôle des animaux autour de la maison.
|
Les filles
|
"
"
|
Recherche du bois de chauffe, Tressage des nattes et piler le
mil
|
(Source : enquête juillet 2012)
Conclusion partielle
Plusieurs systèmes de mobilité pastorale traversent
la vallée de la Tarka dans le département
de Dakoro. L'élevage est confronté à une
occupation anarchique de l'espace pastoral au profit de l'agriculture et la
monétarisation de l'accès à l'eau. Cette occupation est
souvent liée à l'histoire. La loi 61-005 du 26 mai 1961 fixant la
limite nord des cultures n'est pas respectée car les champs sont au
delà de cette limite. Cette situation rend difficile le mouvement des
éleveurs.
40
CHAPITRE IV : ACTEURS ET CONFLITS LIES A L'UTILISATION
DES RESSOURCES
Dans ce chapitre, il sera mis en évidence, les
différents acteurs et leurs jeux ainsi que les modes d'accès
à la terre dans la vallée de la Tarka. Il sera également
mis en exergue, les conflits liés à l'utilisation des ressources
et les modes de gestion de ces conflits.
4.1 Acteurs identifiés
4.1.1 Acteurs internes
Il s'agit des éleveurs, des agriculteurs et des chefs
traditionnels intervenant dans la vallée de la Tarka. Ces acteurs
peuvent agir sur n'importe quel système d'élevage. Avec une forte
concurrence, chaque acteur veut imposer sa domination dans l'occupation de
l'espace. Les chefs traditionnels font venir des agriculteurs du sud pour
travailler la terre dans les zones à vocation pastorale, ce qui pousse
les éleveurs à partir plus au nord pour éviter les
conflits ou bien de s'adonner à la pratique d'agriculture pour avoir un
ancrage foncier.
4.1.2 Acteurs externes
Il s'agit des autorités administratives, la
municipalité, la gendarmerie, la Commission Foncière (COFO), la
justice, les projets et ONG et les hommes politiques (représentants
locaux des partis politiques). Ces acteurs jouent un rôle important dans
l'occupation de l'espace et la gestion des conflits. Certains de ces acteurs
(autorités administratives, la municipalité, la cofo, etc.)
autorisent le fonçage des puits, décident sur les modes
d'accès à la terre et dans le règlement des conflits.
Voilà pourquoi certains acteurs internes (notamment les éleveurs)
se plaignent d'eux dans le traitement des dossiers et la gestion des
conflits.
4.2 Jeux des acteurs
4.2.1 Acteurs internes : De la prolifération des
champs et des puits traditionnels
La prolifération des champs est l'oeuvre des chefs
traditionnels comme l'a été dit précédemment.
L'objectif de cette pratique est d'avoir beaucoup d'administrés afin de
profiter de l'impôt et avoir une grande part en cas des dons. Certains
chefs réclament même que la zone pastorale soit transformée
en zone agropastorale pour la simple raison d'avoir des champs, procéder
à des transactions foncières et profiter des aides d'urgence en
cas de déficit céréalier. Selon la COFOCOM de
Gadabédji, les champs ont occupé plus de la moitié de la
commune. Les occupants sont plus de 60% des Haoussas du sud qui ont vendu leurs
champs et installer en zone pastorale avec la complicité des chefs
souvent pour être des bras valides. Ces champs ont évolué
jusqu'à moins de 3 km au sud du village de Gadabedji alors qu'ils
41
étaient à 25 km dans les années 60 et 70.
Le grand problème des champs dans cette zone est l'absence de
contiguïté de ceux-ci en laissant des poches de pâturage.
Actuellement, même la réserve totale de faune et de flore de
Gadabedji est menacée avec l'installation de quatre(4) campements
à savoir Zongon Boubacar, Amoulas, Tiguitaout et Bammo. Plusieurs
campements mobiles se sont greffés autour de ces derniers notamment au
niveau de zongon Boubacar (Gadabédji) et Bammo.
Dans la zone agropastorale, c'est le phénomène
de transaction foncière qui est couramment opéré par les
chefs locaux. Il s'agit souvent des gages moyennant une somme de 40 000Fcfa par
champ de 2 à 3 ha notamment dans la commune d'Azagor. A Zongo Amayo,
c'est le phénomène de réserves foncières (terres
réservées pour l'avenir). Cette situation peut créer des
vives tensions dans un proche avenir car c'est dans une vallée à
vocation pastorale avec des fortes pressions animales et humaines.
Les puits traditionnels sont foncés de manière
anarchique souvent sans autorisation. Selon Ardo Roua Gara, à
Koré Adoua après leur installation (il y a 46 ans), il n'y avait
que deux puits mais actuellement il existe 24 puits aux alentours.
Au classement de la réserve de Gadabeji en 1955, il
n'existait que 5 puits le long de la réserve mais actuellement, on
compte plus de 150 puits sur les 111km que constitue son
périmètre. Les textes de classement de la réserve ont
prévu qu'il ait un puits à 500 m de la limite de celle-ci. Mais
actuellement à moins de 100 m il y a un puits. Après les
inondations de 2010 qui ont ravagé 33 puits c'est un total de 117 puits
traditionnels qui restent et 13 puits cimentés dont 7 non fonctionnels.
Ces points d'eau sont tantôt gérés par les chefs
traditionnels ou les privés (Figure 6).
45%
11%
44%
Chef du village Privés
Village
Figure 6:Répartition d'appartenance des points d'eau selon
les personnes enquêtées
42
Il ressort de cette figure que, 45% des enquêtés
affirment que les points d'eau, notamment les puits, appartiennent aux
privés, 44% monopolisés par les chefs traditionnels et 11%
affirment que les puits appartiennent au village avec un comité de
gestion.
Toutes ces pratiques aboutissent à un seul objectif qui
est sans nul doute la maitrise de l'espace.
Les éleveurs qui voient leur espace menacé
tentent eux aussi d'avoir une assise foncière malgré qu'ils
partent en transhumance.
Les élus locaux sont dans la plupart des cas les
proches du chef de village, ce qui les permet de monopoliser les biens du
village et de s'imposer dans la gestion du bien public.
De nombreux éleveurs foncent des puits pour les vendre
à des agriculteurs du sud. Cela crée aussi une mauvaise
cohabitation surtout avec la forte taxation sur l'eau. Mais les membres de la
famille refusent cette vente tout en proposant un prix au propriétaire
du puits.
4.2.2 Acteurs externes
La Commission Foncière (COFO) examine les demandes de
fonçage de puits et toutes autres questions concernant le foncier. Avant
que la COFO donne son avis, les demandeurs sont déjà à 30
m de fonçage, souvent c'est après le fonçage qu'ils font
des demandes. Rien que pour l'année 2012, il y a eu environ 50 demandes
de fonçage de puits en zone pastorale, seules 8 ont eu l'accord. Mais
une fois les compétences conférées au nouveau
département de Bermo, les autorités ont accordé
l'autorisation à toutes ces demandes, ce qui a créé
beaucoup de confusion.
Les projets et ONG intervenant dans la zone favorisent aussi
l'occupation rapide de l'espace pastoral. En effet, ces organismes font des
réhabilitations des puits traditionnels même si le maillage n'est
pas respecté et font des interventions en fonction de ces puits pour
désigner le lieu des regroupements. Cette situation a poussé les
éleveurs à foncer des puits de manière anarchique sans
autorisation pour en profiter de cette offre.
Les hommes politiques (élus nationaux et ressortissants
de cette zone) interviennent indirectement dans la gestion du foncier en se
cachant derrière les acteurs internes en facilitant l'accès au
foncier en cas de besoin. Ils font aussi des interventions ciblées pour
construire des infrastructures (Banque d'Aliment Bétail (BAB), Banque
Céréalière (BC) et des dons). Ces infrastructures
représentent un moyen de pression sur les populations pour les soutenir
en cas de besoin.
La justice et la COFO sont souvent les institutions de
référence pour le règlement des conflits. En cas des
conflits, ces institutions se déplacent sur le terrain pour
cartographier les localités concernées. Mais certains acteurs
(éleveurs) accusent la justice de parti pris et de la lenteur
43
dans le traitement des dossiers. Une affaire peut faire une
année voire deux années avant que la justice ne tranche. Une fois
le jugement fait, la partie perdante, soutenue souvent indirectement par des
« hauts placés » fait appel devant un autre tribunal. Un
conflit avant d'être définitivement réglé prend un
à deux ans, voire plus dans certaines conditions.
Encadré 2 : témoignage d'un
éleveur de 70 ans, terroir de Zongo Amayo (CR Azagor) marié et
père de 13 enfants.
Cet éleveur nous raconte comment ils ont eu le
fonçage de leur puits :
« Du retour sur notre ancien campement après
une longue absence dû à la sécheresse de 1984 ; et
après de très longues réflexions nous sommes convenus
d'avoir une assise au risque d'être chassés par les autres
communautés. Pour avoir un ancrage foncier fort, nous avons
décidé de foncer un puits en faisant une demande auprès
des autorités compétentes. Après plusieurs tentatives ces
dernières ont rejeté notre demande pour des raisons qu'on ignore.
Ayant fait recours à notre frère un cadre de la Somaïr
proche d'un grand homme politique, ces autorités ont cédé.
Subitement, un jour, les autorités nous ont appelé pour dire que
nous avons eu l'autorisation de foncer le puits partout où nous voulons
dans la zone pastorale ».
4.3 Modes d'accès à la terre
Dans tous les sites visités, les modes d'accès
à la terre se situent entre tradition et modernité,
c'est-à-dire que les pratiques traditionnelles d'acquisition de terres
ont significativement évolué vers de nouvelles formes de
transfert de terres. Dans la majorité des cas, le processus de transfert
des droits fonciers s'inscrit dans un jeu d'acteurs où l'argent
constitue un des facteurs clés de validation des transactions en lieu et
place de rapports sociaux (Sitou, 2011). Les anciens modes d'acquisition des
terres (héritage, don, prêt) sont aujourd'hui dominés par
l'achat, le gage coutumier et l'octroi par les chefs locaux. Voyons comment
fonctionnent ces pratiques et quelles sont les modalités de chaque
mode.
4.3.1 Héritage
C'est le mode originel d'accès aux terres dans le
département de Dakoro. Il revient de droit à un héritier
après le décès de son parent sans distinction de sexe
d'hériter d'une terre. Selon le résultat de notre enquête
47,16% des enquêtés ont eu leur terre de culture par
héritage. Mais
44
chez les pasteurs l'on hérite plutôt d'un terroir
d'attache ou d'un puits autour d'un terroir d'attache.
4.3.2 Prêt
Le prêt est un mode d'accès temporaire à
la terre. C'est un statut foncier instable dont la durée n'est
généralement pas déterminée. On y rencontre des
prêts de courte durée et de prêt de longue durée
voire des années. Il consiste traditionnellement à offrir de la
terre aux migrants afin de leur faciliter l'installation et le lancement de
leurs activités dans leur milieu d'accueil.
Cette pratique se fait aussi entre les riches et les pauvres.
Selon nos enquêtes 3,77% des personnes rencontrées ont eu leurs
champs par prêt. Il s'agit pour la plupart des cas des
étrangers venus récemment dans le village ou les
gendres de chef de village. En effet, le prêt génère des
conflits. Selon nos enquêtés il est fréquent d'assister
à une remise en cause de certains prêts si l'emprunteur valorise
et produit mieux sur les terres que son propriétaire. 4.3.3
Don
Le don est un signe de sympathie, d'amitié ou d'amour.
Il consiste à octroyer une parcelle ou un lopin de terre gratuitement
à son prochain en présence ou pas des témoins. Cette
pratique,
est devenue rare ces dernières années, car
souvent source de conflit après le décès de donateur.
Selon l'enquête environ 3,23% des enquêtés ont eu leur terre
de culture par donation.
4.3.4 Achat
Ce mode d'accès à la terre est en
perpétuel évolution dans le département de Dakoro. Ce type
d'acquisition de terre intervient suite à une spéculation
foncière. Un ayant droit qui se trouve
dans une nécessité vend une partie ou la
totalité de son terrain de culture afin de subvenir à ses
besoins. De 2001 à 2012, 239 cas de vente ont été
enregistrés dans tout le département de Dakoro (COFODEP, 2012).
Environ 25% des enquêtés affirment avoir leurs terres par achat.
Les chefs locaux procèdent aussi par des transactions foncières
dans la vallée de la Tarka. 4.3.5 Octroi par les chefs
traditionnels
C'est la pratique la plus courante dans la vallée de la
Tarka. Les chefs traditionnels pensaient jusqu'à présent que la
terre leur appartient. Ils procèdent à des octrois des terres
clandestinement à des étrangers venus dans leurs territoires pour
des circonstances. Selon les enquêtés, 20,34% ont
bénéficié d'un octroi de champ par les chefs locaux
4.3.6 Gage coutumier
Le gage est l'une des premières transactions qui
confèrent à la terre une valeur monétaire. En effet, le
gage était souvent discuté et décidé au sein de la
famille lorsqu'un des membres doit faire face à une obligation sociale.
Le preneur du champ en gage détient le droit d'usage
45
jusqu'à ce que la somme engagée soit
versée au métayer pour que le propriétaire
récupère sa parcelle. Cette pratique est très rare dans
cette localité.
4. 4 Conflits autour des ressources et les modes de
Gestion
Le mouvement des éleveurs pour la recherche du
pâturage et leur retour coïncident avec les périodes
cruciales des travaux champêtres. Ce qui permet d'assister à une
fréquence de conflits entre acteurs. Ces derniers constituent une
entrave à la mobilité pastorale. Avant de se déplacer,
l'éleveur ou le groupe d'éleveurs se renseigne sur l'état
des ressources, les conditions d'accès et le climat social qui
règnent sur le parcours. Malgré toutes ces dispositions prises en
amont, plusieurs cas de conflits ont été enregistrés
(figure 9). Les causes de ces conflits sont le plus souvent liées aux
dégâts champêtres, fonçage de puits entre deux puits
d'une même ethnie (c'est le cas de Gadabéji), l'extension des
champs vers les puits pastoraux. Les agriculteurs s'installent de plus en plus
autour d'un puits d'un terroir d'attache donné sans informer et sans
l'accord de chef de terroir. Cela crée des vives tensions dans la
cohabitation. Certains agropasteurs revendiquent les champs après un
long abandon ou après la vente d'un puits (Maigochi, Oubankadi, Zongon
Amayo et Maitourou). Cette situation peut être à l'origine des
conflits.
Selon le Secrétaire Permanent de la COFODEP de Dakoro,
les conflits agriculteurs-agriculteurs sont les plus fréquents dans tout
le département (figure 7).
Agriculteurs- Agriculteurs
Agriculteurs-Eleveurs
Eleveurs- Eleveurs
28%
22%
50%
Figure 7:Répartition des conflits par acteurs
L'analyse de cette figure montre que les conflits
agriculteurs-agriculteurs sont plus fréquents avec 50% des cas
enregistrés dans le département de Dakoro. Les conflits
agriculteurs-éleveurs ne représentent que 28%. Les conflits
éleveurs-éleveurs sont moins fréquents avec 22%. Ce
dernier type de conflit est enregistré autour des points d'eau et sur le
pâturage.
46
Figure 8:Les couloirs internationaux de transhumance dans la
région de Maradi
Source : PASEL 2006
47
Cette figure fait ressortir les couloirs de transhumance et
les aires de pâturage dans la région de Maradi. Ainsi presque tous
les couloirs de passage en direction du Nord se jettent dans la vallée
de la Tarka. Ces couloirs sont guidés par les aires de pâturage.
Ces dernières sont menacées par le front agricole, ce qui a
poussé le PASEL à initier le balisage de ces aires et des
couloirs de passage. Cette pression foncière a conduit les agriculteurs
à aller plus loin à la recherche des terres. Cela explique cette
implantation des champs au-delà de la limite officielle des cultures
(figure 8). Les sites enquêtés dans le cadre de cette étude
se sont coïncidés avec la fin de ces couloirs et de nombreux champs
dans la vallée. C'est pour cela que cette vallée est
convoitée à une occupation anarchique de l'espace couplée
à une forte pression animale avec une dégradation
accélérée des ressources naturelles. Cette carte des
ressources pastorales et les cartes d'occupation des sols ont permis de
dégager des localités où les ressources naturelles sont
partagées entre les éleveurs, les autochtones et les
agriculteurs. L'exploitation de ces ressources provoque des confrontations
entre utilisateurs. Voyons à présent les différents
conflits enregistrés dans la vallée de la Tarka.
48
Figure 9:Localisation des types de conflits enregistrés
Source : Données terrain, juillet-août 2012
49
De l'analyse de cette figure, il ressort qu'un certain nombre
de localités à risque de conflit ont été
identifiées. Ces localités ont été
distinguées en fonction de l'avancée du front agricole ;
l'existence des points d'eau traditionnels comme les puits, la forte pression
des animaux qui traversent ces localités en partant pour la transhumance
et la forte demande des terres pour une agriculture pluviale. Tout cela est
combiné à une croissance démographique de plus en plus
galopante. Dans certaines localités tels que Maitourou et Zongon Amayo,
c'est le phénomène de réserve foncière qui serait
source des conflits dans un proche avenir. La vente des champs par les chefs
traditionnels risque d'engendrer des rivalités avec la cohabitation des
différentes communautés et ethnies.
4.4.1 Conflits liés à l'accès aux
points d'eau
Les conflits liés à l'accès aux points
d'eau (environ 4,44%) sont enregistrés dans la plupart des cas pendant
la descente des éleveurs où la majorité des mares est
tarie. Les conflits sont dus aux refus des éleveurs à payer le
droit d'accès aux puits. Ces conflits touchent presque tous les
systèmes de mobilité sauf les chameliers qui peuvent faire
plusieurs jours sans abreuver leurs troupeaux.
4.4.2 Conflits liés à l'accès au
pâturage aérien et à la paille
L'amenuisement et la disparition des espaces pastoraux
obligent les éleveurs à couper les arbres. Les conflits naissent
d'abord entre éleveurs et gestionnaires des ressources naturelles (les
forestiers). Lors de la transhumance vers le sud, en saison sèche, la
traversée des champs pour profiter des résidus des cultures est
source de conflits entre agriculteurs et éleveurs.
En ce qui concerne les chameliers, l'accès aux
résidus agricoles stockés sur des arbres constitue une source de
conflit. L'accès au pâturage aérien des arbres fruitiers
aussi n'est pas toléré. Tout chameau qui y toucherait est saisi.
Cet acte est considéré comme dégâts champêtres
et réglé ainsi. Ces conflits représentent environ 13,33%
des conflits enregistrés dans le département de Dakoro.
4.4.3 Conflits liés aux dégâts
champêtres
Les conflits liés aux dégâts
champêtres sont enregistrés au mouvement des éleveurs
pendant la période de récolte chez les agriculteurs ou au
début de la campagne agricole. Ce type de conflit représente 46%
des conflits enregistrés. Le déplacement est amorcé
dès la germination de l'herbe. Le retour se fait avant la
libération officielle des champs. Certains agriculteurs sèment
des variétés tardives, par conséquent, toute divagation
d'animaux est considérée comme dégâts
champêtres. Ces conflits sont dus aussi par des champs pièges
implantés autour des couloirs de passage et des aires de
pâturage.
50
Les moutonniers descendent bien avant les récoltes
pendant que l'herbe est verte et les mares pleines. Leur descente est
émaillée de conflits liés aux dégâts
champêtres car leurs bétails étant habitués à
la pâture nocturne, traversent les champs dans les zones
dépourvues de couloirs de passage. Cette situation se complique
davantage en zone agricole où beaucoup d'espaces pastoraux ont
été mis en culture.
4.4.4 Conflits liées aux réclamations des
champs
Les conflits liés aux réclamations des champs
sont enregistrés chaque année auprès de la justice et sont
en perpétuelle évolution. Ces conflits prennent de plus en plus
de l'ampleur (tableau 5). Les agropasteurs après un long abandon
reviennent souvent reprendre leur terre ou bien après la vente d'un
puits pendant longtemps, les agropasteurs réclament les champs qui sont
autour de ce puits. Le partage des champs d'héritage est souvent source
de litiges quand le frère aîné s'accapare de tout.
Tableau 5: Conflits fonciers agriculteur-agriculteur de 2004
à 2011
Année
|
Nombres de champs
|
Superficie
|
2004
|
4
|
172 1/2 ha
|
2005
|
2
|
78 ha
|
2006
|
25
|
318 ha
|
2007
|
10
|
230 ha
|
2008
|
34
|
767 ha
|
2009
|
68
|
1608 ha
|
2010
|
39
|
------
|
2011
|
44
|
------
|
TOTAL
|
226
|
|
(Source : Cofodep Dakoro, 2012)
De l'analyse de ce tableau, il ressort que les conflits
champêtres sont en perpétuelle évolution par rapport aux
années 2004 et 2005. Toute fois, le nombre des champs concernés
varie d'une année à l'autre avec des superficies importantes.
4.4.5 Conflits liés au non-respect de la
réglementation en vigueur
Les pratiques des acteurs dans des questions relatives
à l'élevage dans son ensemble sont émaillées de
parti-pris, de non-respect de la réglementation en vigueur. Les acteurs
ne respectent pas le maillage dans le cadre du fonçage d'un puits ce qui
est souvent source des conflits. Ces conflits sont aussi dus au refus par les
différentes communautés (surtout en zone pastorale de
Gadabéji) de foncer un puits entre deux puits de même ethnie.
Ainsi, un peul ne peut pas construire un puits entre deux puits de deux touareg
et vice versa.
51
4.5 Modes de gestion des conflits
Ces conflits sont gérés soit par les chefs
coutumiers ou les autorités communales à travers la conciliation,
soit par la gendarmerie ou la justice en collaboration avec la COFO. La gestion
est très lente et les concernés ne font que dépenser.
Voila pourquoi les éleveurs reprochent souvent aux chefs et la justice
d'être injustes.
Selon le président du tribunal de Dakoro, plusieurs
conflits violents ont été enregistrés cette
dernière décennie (figure 10) et 45 cas de litige foncier sont en
instance de traitement cette année, 80 à 85% des conflits sur le
foncier jugés à Maradi provient du seul département de
Dakoro en cas d'appel.
La conciliation des litiges se fait à la justice par
prestation du serment coranique par les acteurs concernés. Chez certains
chefs traditionnels, la conciliation est devenue un moyen d'enrichissement et
de surfacturation surtout en cas de dégâts champêtres
(encadré n°3).
Quelque soit le moment du dégât, c'est toujours
l'éleveur qui n'a pas raison alors même que la
réglementation en vigueur stipule que « l'agriculteur garde son
champ le jour et, l'éleveur
garde ses animaux la nuit». A l'issue du règlement
des conflits, l'éleveur fait face à la taxation abusive. Les
projets de développement et les associations pastorales interviennent
aussi dans la gestion des conflits à travers la promotion du dialogue
inter - communautaire et le renforcement des capacités des leaders
traditionnels. Ces organisations organisent des forums pour amener les acteurs
locaux à reconnaître les ressources communes qu'ils doivent
protéger. A ce titre plusieurs instances de gestion des conflits ont
été identifiées dans le département de Dakoro
(Mohamadou, 2004). Ces instances mènent des actions diverses dans la
gestion des conflits avec des points forts et des limites (tableau 6).
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
TOTAL
140 120 100 80 60 40 20
0
|
|
|
|
|
Nbre conflits Nbre blessés Nbre morts
|
Figure 10:conflits violents enregistrés et leurs
conséquences de 2000 à 2011.
Source : Justice Dakoro, 2012
52
Cette figure montre que, sur 12 conflits enregistrés en
2007 les conséquences sont lourdes avec 3 morts et 30 blessés, en
2003 pour un total de 10 conflits il y a eu 23 blessés et 2 morts. De
2000 à 2011, 45 conflits violents ont été recensés
dont 129 blessés et 10 morts soit une moyenne de 6/45 conflits mortels
avec un taux de 13,33%.
Encadré 3 : la conciliation comme moyen de
surfacturation selon un éleveur de Gadabéji
« En cas des dégâts champêtres en
zone pastorale par exemple le chef rencontre
individuellement les deux parties. Chez l'éleveur
il négocie 3 têtes d'animaux en disant qu'à la
fourrière l'amende sera plus que ces 3 têtes. Ensuite, il fait des
chantages à l'autre partie au nom de la zone pastorale où les
champs sont interdits , · si les autorités administratives
apprennent l'amende sera plus lourde, « je t'ai négocié 2
têtes d'animaux » tout en réclamant son droit de
déplacement 1 tête. A la fin le chef se retrouve avec 2
têtes et l'agriculteur une seule tête , · même chose
pour les amendes d'argent ».
|
53
Tableau 6: Instances de gestion des conflits : analyse
comparative
Instances
|
Actions
|
Points forts
|
Points faibles
|
Chefferies coutumières
|
Conciliation, répression
|
Légitimité fondée sur
des solidarités historiques et sociales
|
Remise en cause des
conciliations, clientélisme social
|
Préfet
|
Conciliation, répression
|
Légitimité administrative
|
Clientélisme politique,
corruption
|
Municipalité
|
Répression,
conciliation, fourrière
|
Légitimité fondée sur les élections
locales
|
Clientélisme politique, parti
pris
|
Services techniques
|
Prévention,
vulgarisation des textes
|
Dialogue, négociation
|
Manipulation par l'autorité
administrative
|
Commissions foncières
|
Prévention,
vulgarisation des textes,
enregistrement des droits
|
Composition et
objectifs
|
Jeunes, faible ancrage
|
justice
|
Conciliation et
règlement
|
Règlement durable
|
Impact négatif sur la cohésion sociale,
corruption
|
Projet CARE
|
Prévention, négociation
sociale, forums communautaires Balisage des couloirs de
passage,
|
Initiative aux
communautés, négociation sociale
|
Absence de légalité,
pérennisation
|
Projet PASEL
|
Balisage des couloirs de passage, aménagement des aires de
transit et de repos
Implication de tous les acteurs institutionnels
|
Diminution des
conflits
|
Pérennisation
|
Associations éleveurs
|
Lobbying, actions de
proximité
|
Ancrage local
|
Capacités limitées Qualité des dirigeants
|
54
Conclusion partielle
En définitive, les acteurs autour de la gestion des
ressources naturelles de la vallée de la Tarka
sont de deux (2) sortes : les acteurs internes et les acteurs
externes. Ces acteurs interviennent dans cette vallée de manière
directe ou indirecte. Les jeux de ces acteurs sont à l'origine de
nombreux conflits fonciers. Ces derniers sont gérés soit par
conciliation avec les chefs locaux ou bien par la COFO et la justice. Les
éleveurs reprochent toujours à la justice d'être lente dans
le règlement des conflits.
55
CHAPITRE V : FACTEURS DE VULNERABILITE LIES AU FONCIER,
LES STRATEGIES DES ACTEURS ET DISCUSSION DES RESULTATS
Les facteurs de vulnérabilité englobent à la
fois les facteurs sociaux, institutionnels, économiques et naturels. Les
stratégies des acteurs contiennent à la fois les
stratégies de prévention et celles de gestion en cas des crises
alimentaires et pastorales. Les acteurs développent diverses
stratégies dans l'occupation et l'appropriation de l'espace pastoral.
5.1 Facteurs sociaux, institutionnels et
économiques
Ces facteurs concernent tous les systèmes de
mobilité rencontrés sauf le système camelin.
Il s'agit entre autres de l'accaparement des espaces pastoraux
au profit de l'agriculture, la méconnaissance des dispositions et
institutions sur le foncier par les éleveurs qui ont toujours cru que la
terre appartient aux chefs. Ces facteurs ont fortement contribué
à la vulnérabilité des systèmes pastoraux à
travers la diminution de l'espace pastoral. Pourtant il existe des textes
relatifs au pastoralisme notamment l'ordonnance 2010-29 du 20 mai 2010 dont les
éleveurs ne connaissent pas à 75% par manque de sensibilisation
et l'analphabétisme.
Sur le plan économique, les éleveurs sont
confrontés à des fortes amendes en cas de dégâts
champêtres surtout en zone pastorale (5000fcfa/tête d'animaux)
alors que les champs sont interdits en zone pastorale. Chaque jour que l'animal
passe à la fourrière coute 1000Fcfa et 1500F/nuitée pour
les gros ruminants et 700F pour les petits ruminants. Les éleveurs qui
traversent la vallée de la Tarka sont aussi confrontés à
des fortes taxes sur les points d'eau en nature ou en espèce (5000F
à 10 000F/séjour ou bien 1 bouc ou 1 mouton, 2000F/abreuvement
sur le puits de Mailafia). Par contre, dans les localités de Goula, Soli
et Belbéji les taxations se font par tête d'animaux pour une
période de deux (2) mois (10 000F/40 à 50 têtes et 20
000F/100 têtes). Cette situation rend difficile la mobilité des
systèmes pastoraux et contribue à la vulnérabilité
des ménages pastoraux.
5.2 Facteurs naturels
Ces facteurs concernent le système très mobile
à faible ancrage foncier, le système mixte à faible
ancrage foncier et le système de grande mobilité des bergers
moutonniers. Le troupeau de ces éleveurs est essentiellement
dominé par les ovins et bovins qui sont moins résistants aux
catastrophes naturelles (figure 11). La fréquence des épizooties
(tableau 7) joue un rôle important dans cette vulnérabilité
à travers la perte massive des animaux. Un autre phénomène
est celui des feux de brousse qui ravage des milliers d'hectares par an dans le
département de Dakoro surtout en zone pastorale ou dans la
réserve de Gadabédji. Cela provoque une insuffisance de
pâturage qui rend aussi les systèmes pastoraux
vulnérables.
56
Tableau 7: Les épizooties fréquentes dans la
vallée de la Tarka
Epizooties
|
Nom local de la maladie
|
Période de manifestation
|
Charbon symptomatique
|
bougao
|
Saison des pluies et sèche
|
La peste
|
Mourra dabba
|
Saison des pluies
|
Pasteurellose
|
Tchiwon souhé
|
Saison des pluies
|
Source : enquête terrain juillet-août 2012
12%
7%
82%
Bovins et ovins Ovins
Ne sais pas
Figure 11:les espèces les moins résistantes aux
catastrophes naturelles
Après l'analyse de cette figure, 82% des
enquêtés affirment que les bovins et ovins sont moins
résistants en cas de catastrophes naturelles. Cela est du au fait que
ces animaux ont de gros ventres et préfèrent dans la plupart de
temps de l'herbe verte. Ces catastrophes naturelles se résument à
des sécheresses récurrentes (1966, 1969, 1974, 1984, 1988, 1998,
2005, 2010). A titre d'exemple, Shefou Jaé de Torodi Rouga a perdu 20
bovins et 50 ovins et caprins pendant la sécheresse de 2010.
5.3 Stratégies d'occupation de l'espace face aux
catastrophes naturelles
5.3.1 Stratégies d'occupation des terres en zone
pastorale
Malgré l'interdiction par l'ordonnance 2010-29 du 20 mai
2010 des champs de subsistance
qui sont autorisés par la loi 61-005 du 26 mai 1961, ce
phénomène prend de plus en plus de l'ampleur avec des nouveaux
champs sous prétexte de la 61-005 du 26 mai 1961 qui permet
57
les champs de subsistance. Avec l'avancée des
agriculteurs vers le nord, les éleveurs créent des «
ceintures agricoles autour des terroirs pastoraux» pour arrêter le
front agricole des Haoussas. Ces champs deviennent à leur tour des vrais
champs. Tout un village peut se déplace vers la zone pastorale pour dire
aux chefs traditionnels qu'ils ont eu des problèmes avec leurs chefs du
sud en faisant une requête pour être des administrés de ces
chefs. Deux ans après, ils demandent des lopins de terre pour cultiver
et procèdent au fonçage de puits. Ces cas sont rares mais ils ont
été notifiés par quelques enquêtés. Ces
agropasteurs laissent des espaces libres entre les champs facilitant
l'occupation de l'espace vide. Ils procèdent aussi frauduleusement
à une extension des champs car les chefs qui leur donnent des champs ne
limitent pas la superficie et c'est à travers des gestes qu'ils
délimitent le champ donné. Une autre stratégie, c'est la
création des villages et campements à une date récente
(cas de Torodi Rouga). Cela est une forme d'accaparement des terres en zone
pastorale avec la création des champs et le fonçage des puits. La
gestion d'un point d'eau en zone pastorale et agropastorale constitue un enjeu
majeur dans le contrôle et l'accès aux pâturages. C'est une
dynamique d'appropriation de l'espace et de contrôle de pâturage
à travers la gestion des points d'eau. Cette gestion est une forme
d'appropriation de l'espace et de contrôle des pâturages.
5.3.2 Stratégies des éleveurs face aux
crises
Les systèmes pastoraux adoptent diverses
stratégies pour faire face aux différentes crises. Voyons
à présent ces stratégies développées en
fonction des systèmes.
5.3.2.1 Eleveurs pratiquant le système
agropastoral et le système mixte
Ces systèmes ont adopté la transhumance vers les
zones pourvues de pâturages, l'achat d'intrants alimentaires et les
aliments bétail, ainsi que la constitution de stock de fourrage comme
stratégies face aux crises. Selon les enquêtés, ils s'en
sortent tant bien que mal par ces stratégies. Les dons en nature ou en
espèce, le habbanayé et l'entraide sont aussi des
stratégies très développées dans cette zone
d'étude à travers le lien de parenté. La main d'oeuvre
agricole et le contrat de berger sont développés par les
éleveurs qui ont perdu presque la totalité de leurs animaux. Ces
stratégies sont plus ou moins efficaces en fonction des sites
visités. Mais 92% des enquêtés trouvent ces
stratégies satisfaisantes contre 8% qui aperçoivent celles-ci peu
satisfaisantes.
5.3.2.2 Stratégies des agro éleveurs
Ces éleveurs ont développé le
habbanayé, l'entraide, la main d'oeuvre agricole et le contrat de berger
comme stratégies face aux crises alimentaires et pastorales. Ils
pratiquent aussi l'agriculture combinée soit au petit élevage
(caprins et ovins) et d'autres activités (petits commerces, exode,
etc.).
58
5.3.2.3 Eleveurs pratiquant le système de grande
mobilité (bergers moutonniers)
Le déplacement vers les zones pourvues de
pâturages verts est la principale stratégie
développée par les moutonniers. En cas des catastrophes
naturelles (sécheresse, crise alimentaire et pastorale) et pour leur
ravitaillement en nourriture, ces derniers procèdent à la vente
des animaux les plus fatigués. Raison pour laquelle leur
déplacement est toujours guidé par la présence du
marché sur les parcours de transhumance.
5.3.2.4 Eleveurs pratiquant le système
camelin
C'est le système le plus résistant parmi ces
systèmes parce que ces animaux peuvent faire plusieurs jours sans
s'abreuver et ne profitent que du pâturage aérien. Mais en cas des
crises pastorales ou alimentaires aigues, ces éleveurs se
déplacent vers les zones pourvues du pâturage aérien avec
la diversification du cheptel (caprins et ovins). Ces éleveurs utilisent
cette deuxième stratégie parce qu'une chamelle prend deux (2)
à trois ans avant de mettre bas. 5.3.3 Stratégies
adoptées par les associations et les projets de développement
Les associations et les projets de développement ont
développé plusieurs stratégies pour aider les
éleveurs à surmonter les difficultés en cas de crises
pastorales et alimentaires. Il s'agit entre autres de déstockage des
animaux pendant la période de soudure, la création des Banques
d'Aliment Bétail (BAB) et Banques d'Intrants Zootechniques (BIZ). Ces
associations en partenariat avec les partenaires techniques et financiers
procèdent aussi à la vente à prix modéré des
aliments bétail et la recapitalisation des ménages
vulnérables à travers le habbannayé.
5.3.4 Stratégies développées par
l'État.
Face à des crises, l'Etat du Niger à
développé des stratégies pour assister les
éleveurs. Ces stratégies sont entre autres la vente à prix
modéré des aliments bétail et des produits vivriers, la
récupération des terres dégradées et la
distribution des petits ruminants aux femmes les plus démunies.
5.4 Discussion des résultats
Les résultats de cette étude fait ressortir
plusieurs enjeux fonciers et d'énormes stratégies des acteurs.
Parallèlement, les résultats d'enquête ont ressorti des
conflits liés à l'utilisation des ressources naturelles.
Après analyse, il ressort que les principaux enjeux
autour de la Tarka sont liés à l'historique de l'occupation de
l'espace, la mobilité pastorale et le sérieux problème de
la limite nord des cultures. Cette occupation s'est effectuée à
travers la création des villages et des champs par des éleveurs
et agropasteurs suite à des sécheresses chroniques. Ces constats
confirment les
59
résultats d'Abdoulaye (2009) sur la
décentralisation et pouvoir local au Niger. Ceci, a poussé les
agriculteurs eu aussi à pratiquer l'agriculture au-delà de la
limite des cultures. Les chefs traditionnels ignorent les textes relatifs au
foncier et font croire aux administrés qu'ils ont le monopole du foncier
dans la vallée de la Tarka. Ces chefs locaux, procèdent souvent
à des transactions foncières. Ainsi nos résultats
confirment aussi ceux de Dagobi (2004) qui montent qu'à Dessa, la
chefferie et les grandes familles de la chefferie distribuent les terres aux
dépendants. Contrairement à Dakoro, les chefs perçoivent
la fakurma (dîme locative), assurent la régulation
foncière et s'adonnent aux spéculations de tous ordres.
En effet, Arifari (1999) montre que dans la région de
Gaya, le foncier est revendiqué de façon symbolique par les chefs
traditionnels dans leurs stratégies d'auto-réhabilitation. Ainsi,
leur participation au règlement de litiges fonciers est le principal
privilège de la chefferie traditionnelle discuté selon les cas
avec les pouvoirs officiels. Ce même auteur, montre qu'au Bénin,
à partir du cas de la région de Gomparou, il y a plutôt une
politisation négociée par le bas avec une faible présence
de l'Etat. Ce ne sont pas les conflits fonciers en eux-mêmes qui ont
conduit à la politisation, mais les itinéraires informels de la
résolution des conflits, et les stratégies de partage de pouvoir
au sein des différentes fractions de l'élite locale.
Malheureusement, les différents acteurs sur le terrain ne
perçoivent pas les enjeux de la même façon et ne sont
surtout pas conscients des implications sur les conditions de vie dans les
années à venir.
La mal gouvernance sur le foncier et la cohabitation entre
différents acteurs provoquent des conflits entre acteurs. Les conflits
les plus fréquents sont à 46% liés aux dégâts
champêtres, 13,33% aux réclamations des champs et 4,44%
liés à l'accès aux points d'eau. Selon Sougnabé
(2003), dans la zone méridionale du Tchad, ces conflits dans la plupart
des cas trouvent leurs origines dans la gestion des ressources naturelles et de
l'espace.
Cette mauvaise gouvernance foncière rend difficile la
mobilité des éleveurs qui traversent la vallée de la
Tarka. En effet, les éleveurs rencontrés sont à 73% des
transhumants. Les premiers problèmes évoqués par ces
éleveurs sont l'occupation de l'espace pastoral par les agriculteurs,
les feux de brousse et la monétarisation de l'accès à
l'eau. Ces résultats confirment en partie ceux de PSSP (2009), qui
montrent que les conquêtes des espaces pastoraux par le front agricole ;
la privatisation et la monétarisation de l'accès aux ressources
pastorales et le non-respect des droits de personnes et les droits de
mobilité sont autant des problèmes qui rendent difficile la
mobilité. Selon Bodé (2011), ces difficultés de
déplacement et d'exploitation pastorale des ressources naturelles par
les transhumants entrainent une exacerbation des conflits fonciers.
60
Les résultats de cette étude montrent aussi que
plusieurs acteurs interviennent directement ou indirectement dans cette
question foncière qui est très complexe. Il s'agit des acteurs
internes et externes (les élus, les autorités administratives, la
COFO, les projets et les associations). Ces acteurs ont développé
beaucoup de stratégies dans la gestion du foncier et des catastrophes
naturelles. Selon Thréance (2010), l'évolution des
stratégies des acteurs influence et complique la gestion du patrimoine
foncier rural de la commune de Klouékanmé au Burkina Faso.
Cette situation d'insécurité foncière et
des difficultés liées à la mobilité rend les
ménages pastoraux vulnérables.
Vu la tendance actuelle de la gestion foncière dans la
Tarka, les éleveurs risqueront de se transformer en agriculteurs dans un
avenir proche.
Conclusion partielle
Après analyse, plusieurs facteurs de
vulnérabilité liés à l'occupation de l'espace ont
été identifiés. Il s'agit des facteurs sociaux,
institutionnels, économiques et naturels. Ainsi, les agriculteurs et les
agropasteurs utilisent diverses stratégies pour occuper les espaces
pastoraux. Les éleveurs, les associations et les projets de
développement ainsi que l'Etat utilisent des stratégies pour
sauver le bétail en cas de catastrophes naturelles.
61
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Il ressort de cette étude que trois enjeux majeurs
structurent les pratiques et les stratégies des acteurs en
matière de foncier pastoral dans cette zone : le problème de la
limite nord des cultures, le contrôle de la zone pastorale, et la
question de la mobilité.
L'occupation de l'espace pastoral au profit de l'agriculture
prend de plus en plus de l'ampleur. Cette situation s'aggrave avec la
prolifération des puits traditionnels de façon anarchique souvent
sans autorisation. Les chefs traditionnels facilitent cette occupation en
octroyant des champs pour des raisons diverses et en autorisant le
fonçage des puits. Cette pratique est à l'origine de nombreux
conflits souvent mortels. Les aires de pâturage sont sous pression, voire
même menacées par le front agricole qui avance de manière
progressive. Les sécheresses chroniques sont dans la plus part des cas
les causes de cette occupation à travers des champs de subsistances
transformés définitivement en champs de culture. Les acteurs
autour de la Tarka utilisent différentes stratégies dans
l'occupation de l'espace et face à des catastrophes naturelles. Le
phénomène de monétarisation des points d'eau prend de plus
en plus de l'ampleur. Les éleveurs transhumants subissent ces pratiques
qui les rendent souvent vulnérables. En cas des catastrophes naturelles
les bovins et ovins sont le plus souvent vulnérables parce qu'ils sont
moins résistants au manque de pâturage. Le système camelin
est le moins vulnérable du fait de la capacité des dromadaires
à s'adapter aux catastrophes naturelles. Les acteurs intervenant dans la
Tarka développent diverses stratégies dans l'accaparement des
terres et la maitrise de l'espace. La discussion des résultats obtenus
et les constats tirés de cette étude ont permis de
vérifier et de confirmer nos hypothèses de départ. Pour
les perspectives, les prochaines recherches vont être consacrées
à cette problématique mais aller au-delà, en cherchant
à savoir quel peut être l'avenir des systèmes pastoraux
dans un environnement incertain du changement climatique, de
décentralisation et une démographie qui consomme
énormément des ressources naturelles.
62
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nouveau siècle », revue-grain-sel/41-42-1.
1
ANNEXES
Annexe I
QUESTIONNAIRE SUR LE FONCIER PASTORAL
I. IDENTIFICATION DE L'ENQUETE
Nom et prénoms :
Sexe : M F Age :_____
Terroir d'attache : ___
Nationalité :
Groupe ethnique :
Situation matrimoniale :
Taille ménage :
II. DYNAMIQUE DU FONCIER PASTORAL 2.1 Selon
vous, comment évolue l'espace pastoral ici ?
Augmente Diminue reste le même
Justifiez votre réponse (en cas de diminution,
précisez les
causes)
2.2 Comment évolue le
pâturage ?
2.3 Comment évoluent les eaux de surface ?
2.4 Disposez-vous d'un ou plusieurs puits dans la zone ?
Si oui, précisez le type ainsi que
l'usage et le mode de
gestion
2.5 A qui appartiennent les puits se trouvant sur l'espace
pastoral ? L'Etat La
municipalité Le village Eleveurs Autres à
préciser :
. Le système pastoral
1Quel type d'élevage pratiquez-vous ? (insérez
le numéro de la réponse correspondante) |__| 1. Nomade ; 2.
Transhumant ; 3. Semi extensif 4. Autre
2
2. Pourquoi le choix de ce type d'élevage ?
3
3. Comment s'effectue la mobilité au cours de ces 30
dernières années ? (insérez le numéro de la
réponse correspondante)
|__| 1= augmenté 2=stable 3= diminué
4=disparu (Justifier la réponse)
4 Quel type de mobilité pratiquez-vous aujourd'hui ?
(insérez le numéro de la réponse
correspondante)
|__| 1= intra régionale, 2= interrégionale,
3= transfrontalière 4=Autre (à
préciser) (Justifiez votre réponse)
5 Quel type de mobilité pratiquiez-vous auparavant ?
(insérez le numéro de la réponse
correspondante)
|__| 1= intra régionale, 2= interrégionale,
3= transfrontalière 4=Autre (à
préciser) (Justifiez votre réponse)
6 Quel est le principal critère de choix d'un circuit de
transhumance ? (insérez le numéro de la réponse
correspondante)
|__| 1=Disponibilité des ressources pastorales (eau,
pâturage), 2=Relations sociales, 3= Autre (à
préciser)
7 Votre système d'élevage a-t-il connu des
changements ? (cochez la réponse correspondante)
|__| 1= Oui 2= Non
8 Si oui dites lesquels ? (insérez le numéro de
la réponse correspondante) |__| 1= introduction des espèces
animales résistances ; 2= agropastoralisme ; 3 = autres à
préciser
9 Quelle est la composition de votre troupeau ?
Espèce
|
|
Evolution au cours
|
Raisons des évolutions
|
Types de transformations
|
élevées
|
Nbre
|
des 30 dernières années
|
|
|
|
|
1= augmenté, 2=stable
|
|
|
|
|
3= diminué, 4=disparu,
|
|
|
4
|
|
5=nouveau
|
|
|
Bovins
|
|
|
|
|
Ovins
|
|
|
|
|
Caprins
|
|
|
|
|
Camelins
|
|
|
|
|
Equins
|
|
|
|
|
Asins
|
|
|
|
|
Autres (préciser)
|
|
|
|
|
10 Quelles sont les transformations subies par le cheptel ?
(insérez le numéro de la réponse
correspondante)
|__| 1= introduction des espèces résistances ; 2 =
division du cheptel ; 3= autres préciser (Justifiez vos
réponses):
11 Est-ce que la composition de votre troupeau a connu une
diversification ? (insérez le numéro de la réponse
correspondante)
|__| 1=Oui 2 =Non (Justifiez vos
réponses):
12 Où séjourne le troupeau en saison sèche
?
13 Est-ce que tout le troupeau se déplace en saison
sèche? (insérez le numéro de la réponse
correspondante)
|__| 1=Oui 2 =Non (Justifiez votre réponse)
:
14 Quelle est la période de départ ?
15 Quelle est la période de retour ?
16 Distance parcourue/terroir d'attache ?
17 Où séjourne le troupeau en saison de pluie?
5
18 Est-ce que tout le troupeau se déplace en saison de
pluie? (insérez le numéro de la réponse
correspondante)
|__| 1= Oui 2= Non Justifiez votre réponse :
19 Quelle est la période de départ ?
20 Quelle est la période de retour ?
21 Distance parcourue/terroir d'attache
Evolution de l'espace pastoral
1 Quelle est la situation des aires pastorales aujourd'hui?
(Encercler les numéros des réponses correspondantes)
1= Dégradées 2=Menacées ; 3= Etroites, 4=
Vaste 5=Manque de point d'eau 6= inaccessibilité 7= Sous pression
8=autre (à préciser)
2 Quelle est la situation des couloirs de passage ?
(Encercler les numéros des réponses correspondantes)
1= Dégradés 2=Menacés ; 3= Etroits, 4= Vaste
5=Envahissement des mauvaises herbes 6=insuffisants 7= Non balisés
8=autre (à préciser)
3 Quelles sont les causes de ces mutations ? (insérez
le ou les numéros des réponses correspondantes)
|__|__ /__/ 1= extension des champs; 2= création des
villages ; implantation des ouvrages publics ; 4= disparition des mares;
5=pression animale
6= absence des pâturages ; 7= autres à
préciser
4 Quelles sont les conséquences de ces mutations ?
5 Quels sont vos itinéraires actuels ?
6 Avez-vous eu d'autres itinéraires par le passé ?
(insérez numéro de la réponse correspondante)
|__| 1=Oui 2=Non
7 Si oui dites lesquels ?
6
8 Pourquoi avez-vous changé d'itinéraires ?
(encercler numéro de ou des réponses
correspondantes)
1= aridité climatique, 2= disponibilité et
accessibilité du pâturage et de l'eau, 3=opportunités
économiques, 4=autre (à préciser)
(Justifiez votre réponse) :
9 Quelle est la durée moyenne de séjours sur les
différents lieux lors de la mobilité pastorale?
10 Quels sont les conséquences de ces changements ?
|__| 1= prolongation durée de séjour,
2=développement pâture nocturne, 3=morcellement du cheptel,
4=autre (à préciser)
(Justifiez votre réponse):
III. CONFLITS D'UTILISATION DES RESSOURCES
3.1 Enregistre-t-on des conflits dans l'utilisation des
ressources naturelles ? Si oui, avec quels acteurs ?
Agriculteurs Eleveurs dont transhumants Pêcheurs Autres
à
préciser 3.2 Quel est le type de conflit le plus
fréquemment enregistré ?
Léger sans mort d'homme Grave avec mort d'homme 3.3
Quelle est l'institution de référence en cas de conflit ?
Chefferie traditionnelle Gendarmerie COFO Justice Autres
à
préciser
IV. CONNAISSANCE DES DISPOSITIONS ET INSTITUTIONS SUR LE
FONCIER 4.1 Connaissez-vous la loi 61-05 portant sur la limite nord
des cultures ?
Si oui, qu'est-ce qu'elle dispose ?
Si non pourquoi ? 4.2 Connaissez-vous l'ordonnance 2010-29
portant sur le pastoralisme ?
Si oui, parlez des quelques-unes de ses
dispositions
7
Si non pourquoi ?
4.3 Connaissez-vous le Code rural ?
Si oui, que fait-il dans le cadre de votre activité ?
Si non, pourqoui ? 4.4 Avez-vous eu affaire au moins une fois
au Code rural ?
Si oui, à quelles occasions ?
Si non, pourquoi ?
V. ROLE DES ELITES DANS LA RECOMPOSITION DE
L'ESPACE
5.1 Y a t-il des personnes qui ne résident pas ici mais
qui ont des champs, ranch ou puits ? Si oui, qui sont-elles et quelles sont
leurs qualités respectives ?
5-2 Y a t-il des personnes étrangères et
résidants ici mais qui disposent des champs, ranch ou puits ?
Si oui, précisez leurs origines et qualités
respectives
Et à combien estime t-on la superficie détenue par
personne ?
5.3 Qui octroie le droit de propriété
foncière ?
Chefferie traditionnelle Municipalité
Préfecture
Autres à préciser
5.4 Avez-vous l'habitude d'assister à des
réaffectations des terres ici ? Si oui, pour quelles raisons ?
Et au profit de quelles activités cela est fait ?
Si non, pourquoi ?
VI. MOBILITE DES ACTEURS
6.1 Avez-vous l'habitude de quitter votre terroir d'attache ? Si
oui pour quelles raisons et pendant combien de temps ?
Exode (durée) transhumance (durée et
itinéraire)
8
Autres à préciser
6.2 Quelles en sont les difficultés enregistrées
?
6.3 Y a t-il des éleveurs d'ici qui ont
définitivement quitté le lieu ?
Si oui, pourquoi ? Sécheresse Manque d'aire de
pâturage Conflits
Autres à préciser
6.4 Y a t-il des éleveurs d'ailleurs qui sont
définitivement installés
ici ?
Si oui, comment se passe la cohabitation ?
6.5 Y a t-il d'autres utilisateurs des ressources (agriculteurs,
pêchers...)
venus d'ailleurs ?
Si oui, comment se fait la cohabitation ? Non
VII. VULNERABILITE DES ELEVEURS
7.1 Combien de têtes d'animaux possédez-vous
actuellement ?
7.2 Combien avez-vous il y a 15/20 ans ?
7.3 Comment trouvez-vous l'activité du point de vue
rentabilité ?
Justifiez votre réponse
7.4 Quelle peut être la conséquence du
rétrécissement des aires de pâturage sur
l'élevage ?
7.5 Y a t-il des couloirs de passage qui ne fonctionnent plus
aujourd'hui (ayant perdu leur statut) ?
Si oui, qu'est ce qui le justifie ?
Si non pourquoi ? 7.6 Connaissez-vous des enclaves pastorales
qui ont disparu dans la zone ?
S oui, comment ?
Sinon, selon vous pourquoi ?
7.7Existe des marchés où vous vous approvisionnez
en produits ?
Si oui, précisez s'il existence sur place le nombre de
km
7.8 Trouvez-vous l'essentiel des produits surtout alimentaires
désirés ?
Justifiez votre réponse
VIII. 9
RESILIENCE FACE A LA SECHERESSE
8.1 Parlez de la fréquence de la sécheresse ici
Que faîtes-vous en cas de sécheresse ?
8.2 Quelles sont les espèces animales les plus
touchées ?
Et pourquoi ?
8.3 Comment atténuer les effets des sécheresses
?
8.4 Avez-vous l'habitude d'être soutenu en cas de
sécheresse ?
Si oui, par qui ? et quelle est la nature du
soutien ?
Sinon pourquoi ?
IX. PERCEPTION DES ACTEURS
9.0 Connaissez-vous le code rural ?
Si oui, qu'est-ce que c'est ?
9.1 Quelles appréciations faites-vous du Code rural
conformément à votre activité?
9.2 Quelles appréciations faites-vous de la chefferie
traditionnelle sur les questions pastorales ?
9.3 Quelles appréciations faites-vous des organisations
pastorales ?
10
9.4 Selon vous, quelle est l'institution qui oeuvre le mieux
pour la réussite de vos
activités ? Justifiez votre réponse :
9.5 Autres appréciations pour la bonne marche de vos
activités
X. Ressources pastorales
Comment l'accès aux ressources pastorales a
évolué dans votre aire de parcours durant ces 30 dernières
années?
Modes d'accès
aux ressources pastorales (pâturage, eau
.....)
|
1= augmenté, 2=stable 3=
diminué, 4=disparu, 5=nouveau
(insérez le numéro de la réponse
correspondant e)
|
1 : Puits ciment
2 : Puits traditionnel
3 : Mare
(insérez le numéro de la réponse
correspondante)
|
S.
sèche (Mettez une croix)
|
S. de pluies (Mettez une croix)
|
Cause des évolutions
|
Accès libre
|
|
|
|
|
|
Accès limité
|
|
|
|
|
|
Accès payant
|
|
|
|
|
|
Autre (à préciser)
|
|
|
|
|
|
Quelle est la disponibilité actuelle des ressources
fourragères et hydrauliques sur le terroir d'attache et en zone de
replie? (insérez des croix en dessous des variables
correspondantes)
|
Localisation
|
Disponibilité
|
Terroir d'attache
|
En zone de replie
|
importante
|
faible
|
disparue
|
Nouvelle
|
Espèces de
pâturages (listez-les en
dessous)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ressources en eau
|
Terroir d'attache
|
Zone de repli
|
importante
|
faible
|
disparue
|
Nouvelle
|
Forages
|
|
|
|
|
|
|
Puits cimentés
|
|
|
|
|
|
|
Puits traditionnels
|
|
|
|
|
|
|
Mare
|
|
|
|
|
|
|
Autre (à préciser)
|
|
|
|
|
|
|
XI. Relations sociales
Quels types des relations entretenez-vous avec les autres
communautés? (cochez la réponse correspondante)
|__| Réciprocité |__| Parenté |__|
Affinité sociale |__| Bon voisinage |__| Autre (préciser)
Comment se fait le partage des puits avec les autres
communautés ?
Comment se fait l'exploitation des pâturages avec les
autres utilisateurs?
Quels sont les conflits existants ?
Quelles sont leurs causes ?
Comment sont ils gérés ?
Avez-vous des sites habituels où vous vous installez
régulièrement lors de votre séjour en transhumance ?
(cochez la réponse correspondante)
|__| Oui |__| Non (Justifier votre réponse)
Pourquoi dit-on que les animaux qui ne commettraient pas des
dégâts champêtres sont peu résistants à la
sécheresse ?
|__| Oui |__| Non (Justifier votre réponse)
11
XII. stratégies /réduction du
risque
12
Quelles sont vos stratégies pour réduire les
risques des pertes massives de bétail en cas des
séchéresses? (Encadrer la ou les réponses
correspondantes)
1= Déstockage précoce 2=Achat d'intrants
alimentaires 3= Constitution de stock de fourrage 4=Transhumance vers les zones
pourvues de pâturages 5= Se remettre à Dieu 6= Vaccination du
bétail contre les principales épizooties 7=Autres (à
préciser)
A quelle moment vaccinez vous vos animaux? (Encadre la ou les
réponses correspondantes)
1=Avant qu'une épizootie ne se déclare dans le
troupeau 2= lorsqu'une épizootie se déclare au sein du troupeau
3=lorsqu'une épizootie se déclare dans la zone 4=Avant qu'une
épizootie ne se déclare dans la zone 5=Autre (à
préciser)
Pour vacciner vos animaux vous vous basez sur quelle
critère? (Encadrer la ou les réponses
correspondantes)
1=Saisonnalité des épizooties 2= Arrivée des
transhumants étrangers 3=Les conseils des agents
vétérinaires 4=Le savoir faire traditionnel 5=Autre (à
préciser)
Quels vos indicateurs d'alertes pour une mauvaise campagne
agropastorale?
Querels sont vos indicateurs d'alerte pour une bonne campagne?
Comment jugez vous vos stratégies actuelles de reduction
des risques de catastrophes? (insérez le numéro correspondant
à la réponse)
|__| 1= Satisfaisante 2= Peu satisfaisante 3= Mauvaises 4= Autre
(à préciser) Si vos statégies actuelles ne sont
pas satisfaisantes que comptez vous faire?
13
Annexe II
GUIDE D'ENTRETIEN
Le guide d'entretien est adressé aux chefs traditionnels,
aux secrétaires permanents de la Cofocom et de la Cofodep, aux services
techniques et aux structures d'appui et d'encadrement
I-Entretien
A-Chefs traditionnels
1- Quel est l'historique du peuplement de votre terroir ?
2- Quel rôle jouez-vous en tant que premier responsable
dans la gestion du foncier pastoral :
? Dans l'attribution des terres
? Dans le règlement des conflits fonciers
3- Quelles sont les potentialités naturelles que regorge
la commune / terroir villageois ?
4- Quelles sont vos relations avec la Cofo, les élus
locaux et les services techniques relevant du foncier pastoral ?
5- Quelles sont les difficultés dans l'acquisition des
terres ?
6- Quels sont les groupes sociaux qui possèdent plus de
terres ?
7- Existe-t-il des familles sans terres ?
8- Discussion sur la gestion foncière pastorale (origine
des conflits fonciers, leurs natures, les zones touchées, acteurs
concernés, les techniques de prévention des conflits, etc.)
9- A quel niveau situez-vous l'ampleur de l'accaparement des
terres dans le département/commune
10- Quel est l'impact de la croissance démographique sur
la gestion du foncier pastoral ?
11- Etes vous assisté ou non par :
- L'Etat
- Les Projets - Les ONG
12- Quelles sont vos suggestions pour une meilleure gestion des
ressources naturelles du département/ commune/ terroir villageois ?
B-Commissions foncières
1- Présentez nous l'occupation foncière pastorale
du département/ commune.
2- Quelles sont les potentialités naturelles du
département/ commune ?
3- Quels sont les différents modes d'accès
à la terre ?
4- Quelles sont les difficultés liées à
l'acquisition des terres ?
5-
14
Y a-t-il des familles sans terres dans le
département/commune?
6- A quel niveau situez-vous l'ampleur de l'accaparement des
terres dans le département/commune
7- Quel est l'impact de la croissance démographique sur
la gestion du foncier pastoral ?
8- Quels sont vos rapports avec la chefferie traditionnelle et
les services techniques ?
9- Quel est le rapport entre la Cofo et la justice dans la
conciliation des conflits fonciers ?
10- Quels sont les différents conflits que vous
enregistrez ?
-Origine -Nature
-Les plus fréquents
11- Quelles sont vos suggestions pour une meilleure gestion des
ressources naturelles pastorales?
C- Services techniques, structures d'appui et
d'encadrement
12- Quelle présentation tirez-vous de l'occupation du
foncier pastoral ?
13- Présentez nous la situation agro-sylvo-pastorale du
département/ commune ?
14- Quelles sont les potentialités naturelles du
département/ commune ?
15- Discussion sur la gestion foncière pastorale (origine
des problèmes fonciers, nature des problèmes, zones
touchées, méthodes de prévention, etc.)
16- Quel est l'impact de la croissance démographique sur
la gestion du foncier pastoral ?
17- Quelles sont vos suggestions pour une meilleure gestion des
ressources naturelles pastorales ?
|