PREMIERE PARTIE :
LA SECURITE ALIMENTAIRE DANS SA PHASE INITIALE AU
TOGO : ENTRE REALITES GEOGRAPHIQUES ET LOGIQUES SOCIO-POLITIQUES
(1977-1985)
25
Le Togo reste toujours un pays essentiellement agricole, et le
secteur primaire constitue un élément clé du
développement économique. C'est pourquoi au sortir de la
colonisation plusieurs tentatives ont été menées en vue de
mieux organiser ce secteur. Mais ces initiatives ont eu du mal à
être réalisées sur le terrain. C'est à partir des
années 1970 que cette volonté de revalorisation de l'agriculture
se concrétisa avec le lancement de la politique de la révolution
verte dont l'objectif était l'autosuffisance alimentaire dans un
délai de cinq années consécutives. En
réalité, l'objectif d'une telle politique allait au-delà
d'une simple satisfaction des besoins alimentaires locaux par la production
nationale. En effet, les pays africains nouvellement indépendants,
à l'instar du Togo, avaient fait le triste constat qu'ils n'avaient
arraché à leurs métropoles qu'une simple liberté
politique, et que la bataille restait énorme pour conquérir
l'indépendance économique. La réussite d'un tel pari
pensaient-ils, passait par la réduction de la dépendance des
besoins alimentaires vis-à-vis de l'extérieur (en
réalité l'ancienne métropole). De plus, en cette aube des
indépendances, les pays africains se sont trouvés devant un
défi du choix de la politique de développement de leur pays.
C'est ainsi qu'au Togo, le choix fut porté sur le secteur primaire.
Aussi, l'agriculture par ses productions végétale et animale
était-elle considérée comme le moteur du décollage
économique du Togo à partir des années 1970. Elle devait
assurer avant tout une production locale à même de couvrir la
demande de sa population. C'est pourquoi l'agriculture fut
considérée dans le troisième plan (1976-1980) de
développement économique comme la « priorité des
priorités ». Eu égard à tout ceci une question
s'impose : quelle politique agricole au Togo pour relever le défi du
décollage économique de 1977 à 1985 ? Dans cette
première partie, il s'agit avant tout d'analyser et de chercher à
savoir si les conditions climatiques et agropédologiques permettent la
pratique de l'agriculture au Togo. Puis il sera question de déterminer
si la politique choisie par le Togo au lendemain de l'indépendance
pouvait utiliser l'agriculture comme moteur de développement.
26
CHAPITRE PREMIER :
LES CONDITIONS CLIMATIQUES ET PEDOLOGIQUES DE LA
PRATIQUE DE L'AGRICULTURE AU TOGO : ATOUTS ET CONTRAINTES
Les grandes puissances à l'instar des Etats-Unis ou la
France, avant d'arriver au stade actuel d'une économie axée sur
l'industrie et les services, ont passé d'abord par une révolution
agricole30. C'est pourquoi le Togo croit toujours en un
décollage économique qui puisse s'appuyer sur l'agriculture. Ceci
souligne l'importance capitale de ce secteur dans la politique
développementaliste du pays. En effet, le Togo possède une
économie basée sur une agriculture, mais celle-ci n'est pas
à l'abri des aléas climatiques, et souffre aussi de manque de
modernisation. Cependant, s'il est vrai qu'une graine ne germe que sur une
bonne terre, il est tout à fait évident qu'avant de se lancer
dans une étude portant sur la politique agricole d'une zone
donnée, l'étude du contexte géophysique du milieu
s'impose. D'où la question suivante : les conditions climatiques et
pédologiques du territoire togolais se prêtent-elles à une
agriculture productive et compétitive ? Pour répondre à
cette question, nous ferons d'abord un inventaire des éléments
climatiques du Togo afin d'en saisir leur effet sur l'agriculture. Ensuite nous
dégagerons les grandes aires agro-écologiques et les mutations
qui s'y sont induites. Enfin nous énumérerons les divers types de
sols que présente le territoire afin de voir leur aptitude en
matière de production, de même que les conditions de leur
amélioration pour une agriculture productive et durable.
1. Le Togo, son relief, son climat, son l'hydrographie
et sa production agricole
Pour réussir une mise valeur agricole les
éléments suivants sont à prendre en compte :le relief, le
climat, la pluviométrie et la température. Ce sont des
paramètres le plus souvent pris en compte dans les décisions de
production agricole dans les pays qui, comme le Togo, pratiquent une
agriculture essentiellement pluviale.
1-1- Situation géographique de la zone
d'étude
Le Togo est l'un des plus petits États africains avec
une superficie de 56 785 km2, s'étirant sur environ 700 km du
nord au sud avec une largeur n'excédant pas100 km,31
limité au nord par le Burkina Faso, au sud par le golfe de
Guinée, à l'est par le Bénin et à l'ouest par le
Ghana.
30 L'histoire des révolutions industrielles
montre que sans une révolution agricole et démographique accrue,
le décollage industriel ne peut être possible.
31
http://fr.wikipedia.org/wiki/Togo,
consulté le 09 Novembre 2014 à 07 h 00.
27
En 2008, sa population était estimée à 5
000 731 habitants (DGSCN, 2008). Cette faible superficie n'a pas empêcher
le Togo de disposer une grande diversité de paysages (une côte de
sable fin bordée de cocotiers au sud, des collines, des vallées
verdoyantes et des montagnes, des plaines arides et de grandes savanes
plantées de baobabs au nord) qui offrent des possibilités de mise
en valeur agricole. La superficie cultivable est évaluée à
3,6 millions d'hectares, soit 60% du total. La carte 1 le situe
géographiquement.
Carte n° 1: Situation géographique du
Togo
Senegal
Sahara
Occidental
éeGuinea
Liberia
Mau rit anie
Maroc
d'Ivoire
Burkina
Faso
Mali
Algerie
%[ Chef-lieu de région
Nigeria
Tunisie
Niger
Cameroun
Limite d'Etat
Limite de région
Zim ba bw eMadagascar
Région Centrale
Région de la Kara Région des Plateaux
Région des Savanes Région
Maritime
Namibie
Libye
Angola
Tchad
Congo
Afrique du Sud
RCA
RDC
Botswana
Zambie
Egypte
Burundi
Soudan
OugandaKenya
Malawi
Ta nzan ie
Mozambique
Ethiopie
0 50 km
0°
0°
BURKINA FASO
%[ Dapaong
Sokodé
%[
Kara
%[
Atakpamé
%[
Tsévié
1°
1°
%[
W
N
S
E
Source : Maman, 2014.
G
°8
Les deux types de climats qui se partagent le Togo sont
déterminés les conditions
orographiques du pays.
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