Politiques agricoles et sécurité alimentaire au Togo (1977-2008).( Télécharger le fichier original )par Halourou MAMAN Université de Lomé - Master en Histoire économique et sociale 0000 |
Source : MERF, 2007 : 12. La prise en compte des niveaux et des effets des variables climatiques ci-dessus permet de déduire que la région des savanes qui enregistre un volume de précipitation assez bas, un nombre de jours de pluies réduit, la température la plus élevée, le degré hygrométrique le plus bas, et la durée d'insolation la plus longue, serait la plus défavorisée sur le plan des conditions climatiques. La région maritime dont la pluviométrie, le nombre de jours de pluies et la 48 République togolaise, 2009, p. IX. 49Ministère de l'environnement et des ressources forestières (MERF), 2009, p. 29. 33 température sont défavorables enregistre par contre le degré hygrométrique le plus élevé, elle peut être classée au titre de la deuxième région la plus défavorisée au plan climatique. 2. Des aires agro-écologiques en mutations 2.1. Les aires de cultureLa diversité de situation agro-écologique (climat, relief, etc.) du Togo permet la pratique de trois cultures d'exportation et d'une gamme très variée de cultures vivrières. Les cultures d'exportation sont d'une part, le café et cacao cultivés dans l'ouest de la région des plateaux, et d'autre part, le coton cultivé dans les cinq régions économiques du pays. En ce qui concerne les cultures vivrières, on distingue 3 grandes aires de culture. Chaque aire est caractérisée par une des trois cultures vivrières dominantes suivantes du pays à savoir : le maïs (Zea mays, ou blé d'Inde au Canada), l'igname (discorea) 50 et le mil (Panicum miliaceum). En partant de la côte, la première aire, appelée l'aire du maïs, recouvre toute la région maritime et le sud de la Région des Plateaux. Ensuite, vient l'aire de l'igname qui couvre le nord de la Région des plateaux, la Région Centrale et le sud et l'ouest de la Région de la Kara. Le nord de la Région de la Kara et la région des savanes constitue l'aire du mil. La 2 rend compte des faits décrits. 50 Au Togo, on distingue deux grandes espèces d'igname qui sont : le discorea cayensis-rotundata qui est bien apprécié à cause de son cycle végétatif court est son aptitude pour le foufou ; et le discorea alata (République française, 1991, pp. 631-730 ; Y. Tiankpa, 2010, p. 24.). 34 Carte n° 2: Les grandes aires de culture au Togo %[ Chef-lieu de région Aires de cultures 0 50km Limite d'Etat Limite de Région Igname Maïs Mil et Sorgho 1981 0° 1° 0° BURKINA FASO %[ Dapaong Sokodé %[ Kara ° 1° Atakpamé %[ Tsévié 1° %[ W E N S 0 50km 0° 1° 0° 1° N BURKINA FASO %[ Dapaong Kara Atakpamé Sokodé Tsévié %[ %[ 11 11 %[ 2008 %[ W E S A NIN NIN BE Source : Réalisés par nous à partir de CRASH (2003) et des enquêtes de terrain. BE %[ i NA N 8 ° 8 °7 GHNA °7 °8 2.2. La mutation des aires de culture et son influence sur les habitudes alimentaires Les aires de culture ont évolué dans le temps. Ainsi, le maïs ne se produit plus seulement que dans sa zone traditionnelle, il se cultive de plus en plus dans la Région des Savanes. De même le sorgho, qui se cultivait dans l'aire du mil, descend progressivement vers les régions méridionales. Seule l'igname reste circonscrite dans sa zone de culture et a du mal à s'étendre sur l'ensemble du territoire CRASH (2003). En fait, l'igname étant traditionnellement cultivée sur défriche, il est difficile de la cultiver dans les régions où la jachère a pratiquement disparu. Au contraire, son aire de culture a tendance à se rétrécir, sauf si la recherche trouve de nouvelles techniques de culture permettant de cultiver l'igname sur des parcelles qui ne sont pas des défriches (cf. carte 1). La conséquence de toutes ses ° 35 36 mutations reste le changement des habitudes alimentaires des populations. Le maïs traditionnellement consommé par les populations du sud-Togo, et de nos jours consommé sur presque toute l'étendue du territoire. Le mil et le sorgho ont aussi suivi le même phénomène inversement. Ceci contribue un des moyens de lutte contre l'insécurité alimentaire. 3. Une variété de sols relativement fertiles mais en dégradation 3.1. Les différents types de solsLes études effectuées sur les sols au Togo signalent cinq grands types de sols, 3.1.1. Les sols ferrugineux tropicauxCe sont des sols dont le taux de saturation en base est supérieur à 50% et la teneur en matière organique faible. Ils ont une structure massive. Les sols ferrugineux tropicaux sont de loin les plus répandus au Togo. Ils sont inventoriés sur toute l'étendue du territoire national. Leur limite sud se situe approximativement au nord des terres de barre. Ils sont en général chimiquement pauvres.51 La plupart de ces sols sont sableux dans les horizons de surface et renferment des éléments grossiers. Ils sont très perméables et parfois filtrants. Ils se dessèchent assez rapidement. Ils ont une texture sableuse en surface et argilo-sableuse en profondeur. La structure est particulaire, grossière en surface à massive, plus ou moins riches en concrétions ferrugineuses dans l'horizon médian. La couleur est grise en surface, devenant brun - jaunâtre à brun rouge. Ils sont perméables et leur drainage est normal. Ils sont poreux (macro pores). Ils sont utilisés pour une gamme variée de cultures vivrières et parfois des cultures de rente comme le coton. En effet selon les régions, ces sols portent le maïs, le sorgho, le mil, le niébé, l'arachide, le voandzou, le poids d'angole, l'igname, le manioc et même le palmier à huile naturel. Leur mise en valeur rationnelle et rentable nécessite des amendements organiques et minéraux.52 3.1.2. Les sols peu évoluésCes sols sont dits peu évolués parce que, soit l'apport de matériau est récent, soit l'érosion vient de décaper la roche. La sous-classe comprend deux groupes : le groupe des sols peu évolués d'érosion (lithiques pour les roches-mères dures), régosolique (roches tendres) et le groupe des 51 A. Gon-Kondé et al. p. 128. 52 Ibid. sols peu évolués d'apport alluvial (bordures des cours d'eau), colluvial (ruissellement), anthropique (homme), etc. Ces sols se rencontrent dans toutes les régions du pays53. Du point de vue de leurs caractéristiques physiques et chimiques, ils ont une texture généralement sableuse (légère), à structure particulaire. La couleur d'ensemble est gris brun. Ils sont perméables et leur drainage est légèrement excessif. Ils sont très poreux (macro porosité). La matière organique est faiblement représentée (1 à 2%). Les sols peu évolués d'érosion sont en principe des espaces à reboiser. Il n'est cependant pas rare de rencontrer sur ces sols des cultures vivrières (mil, sorgho, maïs, arachide, niébé, etc.) dans presque toutes les régions du pays. Les sols peu évolués d'apport alluvial (chimiquement riches en éléments minéraux) et même les sols d'apport colluvial sont exploités en cultures vivrières ou de rente54. 3.1.3. La classe des vertisols et paravertisolsCes sols présentent des fentes de dessiccation en saison sèche. Leur structure est grumeleuse en surface, polyédrique à prismatique grossière en profondeur ; la macroporosité est très faible, la cohésion ainsi que la consistance sont très fortes. Ce sont des sols argileux à dominance d'argiles gonflantes dont les proportions avoisinent le plus souvent 35-40%, la capacité d'échange cationique (CEC) est en moyenne de 35 à 40 méq/100 g d'argile avec une couleur d'ensemble noire ou gris foncée. Ils sont souvent riches en nodules calcaires en profondeur. Ils sont formés en zones planes ou déprimées présentant un pédoclimat humide pendant de longue période. Les sols de cette classe se rencontrent surtout dans certaines zones des Régions Maritime (Vo, Yoto), Plateaux (Anié) et Kara (Binah).Les vertisols et para vertisols ont une texture argileuse (fine). La structure est grumeleuse en surface à prismatico-cubique en profondeur. La couleur d'ensemble est gris brun. Ils sont peu perméables et leur drainage est imparfait. Ils sont peu poreux (micro et macro pores). Les teneurs en matière organique sont moyennes à riches (2 à 5%)55.Du point de vue de leurs aptitudes et possibilités d'utilisation, les vertisols sont généralement bien pourvus en matière organique, en bases échangeables (calcium et magnésium), en phosphore et en minéraux altérables, et ne posent donc pas de problèmes chimiques pour une exploitation agricole. Ils conviennent à toute une gamme variée de cultures vivrières et d'exportation, à savoir : riz, igname, maïs, coton, niébé, canne à sucre, etc. Sur le plan physique, ils sont très difficiles à travailler : collants et très plastiques à l'état humide, très 53 Ministère de l'environnement et des ressources forestières (MERF), 2007, p. 13. 54 MERF, 2007, p. 13. 55 MERF, 2007, p. 13. 37 durs à l'état sec. Ces sols sont très peu représentés au Togo mais on les rencontre dans les cinq régions économiques du pays. 3.1.4. Les sols ferralitiquesAu sud du Togo, les sols ferralitiques sont appelés terres de barre. Ils couvrent une superficie d'environ 4 000 km2 soit un peu moins de 10% du territoire. Ils sont localisés dans la partie méridionale du pays. La limite nord de ces sols se situe à peu près au nord de la ville de Tsévié. Ils couvrent en partie les préfectures du Zio, de l'Ave, des Lacs, de Yoto et de Vo56.Les sols ferralitiques ont une texture sableuse à sablo-argileuse en surface devenant argilo-sableuse en profondeur. La structure particulaire en surface à massive en profondeur, parfois plus ou moins riches en concrétions ferrugineuses. La couleur est brun-rougeâtre à rouge. Ils sont perméables et leur drainage est normal. Ils sont poreux. Les teneurs en matière organique sont faibles à moyennes (1 à 3%)57. En zones montagneuses dans la Région des Plateaux et dans la Région Centrale, ces sols portent les cultures de rentes comme le café, le cacao, le palmier à huile, les fruitiers et les cultures annuelles pratiquées dans ces localités (maïs, manioc, igname, taro, etc.) Sur ces terres de barre au sud, ils sont utilisés pour les cultures de maïs et de manioc en association, avec le niébé, l'arachide et le palmier à huile. Le problème de ces sols est la perte de la matière organique conduisant à une baisse de fertilité. L'élément le plus déficient est le potassium. Pour restaurer à ces sols leur fertilité, les quelques solutions issues des résultats d'expérimentations agronomiques sont proposées. Il s'agit entre autres de restitution des produits de récolte, l'utilisation des drèches de bière, du fumier de ferme, des tourbes, ou l'agroforesterie. 3.1.5. Les sols hydromorphesCe sont des sols dont l'évolution est dominée par l'effet d'excès d'eau pendant toute ou une partie de l'année entraînant un engorgement temporaire ou permanent d'une partie ou la totalité du profil. Cet excès d'eau peut être dû soit à la présence ou à la remontée de la nappe phréatique, soit au manque d'infiltration des eaux pluviales. Ils caractérisent souvent les zones déprimées, les talwegs, les têtes de ruisseaux, etc. Les sols de cette classe sont représentés dans toutes les régions du Togo. Ils ont une texture sableuse en surface et argileuse à argilo-sableuse en profondeur. La structure est particulaire à massive. La couleur est gris brun foncé dans l'ensemble. Ils sont perméables à peu perméables et leur drainage est imparfait à pauvre. 56 MERF, 2007, p. 14. 57 Ibid. 38 Ils sont poreux à peu poreux. La matière organique est moyennement présente (2 à 3%). Ces sols sont généralement assez riches chimiquement. L'excès d'eau est le facteur limitant majeur. Sur les sols à gley où l'eau reste durant une bonne partie de l'année, les possibilités de mise en valeur sont réduites à deux ou trois cultures comme le riz et la canne à sucre. Sur les sols à pseudo-gley, plus aérés, la gamme peut être très variée allant des cultures vivrières (igname, maïs, etc..) aux cultures de rente comme le palmier à huile, le cacaoyer, la canne à sucre, etc. ci-après la carte pédologique du Togo pour mieux comprendre. Carte n° 3: les sols du Togo Sols minéraux peu évolués Vertisols Sols ferralitiques Sols ferrugineux tropicaux Sols hydromorphes Terres de l'Est-Mono Région des Plateaux Cours d'eau d'apport sédimentaire Constitués d'argile rouge Limite d'Etat provenant d'érosion Hydromorphes Lessivés na a 0 50km 0° 1° 0° Burkina Faso Océan Atlantique 1° Source: Réalisé par nous à partir de Lamouroux, (1969). 39 3.2. Etat de dégradation des terres au TogoAu Togo, la dégradation des sols a été signalée depuis 1986 suite aux travaux réalisés par l'Institut national des sols. Les sols non dégradés ne représentent que 14,8% du territoire national et plus de 50% des terres cultivables sont naturellement pauvres et caractérisés par une grande susceptibilité au lessivage58. La dégradation des sols s'étend de plus en plus à des zones autrefois à l'abri, comme la zone forestière (Kloto, Danyi, Amou, Wawa) où la déforestation, les feux de brousse et l'érosion qui s'en ont suivis ont laissé plusieurs poches rocailleuses comme en pays Kabyè. De façon générale, l'apparition du phénomène de dégradation des sols peut être analysée comme découlant d'une part de la politique agricole mise en oeuvre par le Togo sans intégration de la dimension environnementale et d'autre part du déboisement à des fins de bois d'oeuvre et d'énergie, de la mise en exploitation des carrières minières sans souci de réhabilitation des sites endommagés. De plus, la coexistence des régimes fonciers traditionnel et moderne, crée une incertitude quant aux droits sur la terre et décourage ainsi les investissements à long terme comme les reboisements et les aménagements anti-érosifs. Les secteurs les plus dégradés du Togo (au sud dans les terres de barre, au nord en pays Kabyè, Tamberma et Moba) associent en effet une forte densité de population rurale et une disparition ou une forte réduction de temps de jachère. Les populations de ces zones sont alors soumises à la théorie néomalthusienne mettant en rapport la population, les ressources et leur dégradation59. En ce qui concerne la réparation des terres dégradée, Au plan régional, il 'existe de différences entre les cinq Régions administratives du pays. La Région Centrale est celle qui compte le plus de terres peu dégradées, tandis que la Région des Savanes totalise, en même temps, le pourcentage le plus élevé des terres protégées, mais aussi celui des terres fortement dégradées60.Les politiques agricoles doivent en tenir compte pour une lutte contre l'insécurité alimentaire. La situation pourrait cependant évoluée rapidement au début des siècles prochains sous les effets conjugués de la forte croissance démographique en cours et de la migration des agriculteurs quittant les zones dégradées pour exploiter de nouvelles terres, souvent sans contrôle et avec des pratiques qui ne ménagent ni la végétation ni les sols. C'est ce que montre la carte 4. 58 MERF, 2007, p. 17. 59 En effet, selon les malthusiens et les néomalthusiens, la pression démographique constitue un frein au développement économique. 60 MERF, 2007, p. 12. 40 Carte n° 4: La dégradation des terres au Togo
Terres dégradées Terres moyennement dégradées dégradées et lessivées Terres peu dégradées Terres menancées par la dégradation 0 50km 0° 1° Source : Réalisé par nous à partir MERF, 2007 :71. 41 A l'issu de ce premier chapitre, on peut retenir que le Togo appartient au domaine des climats chauds. Etiré en latitude, il est couvert au nord par le climat tropical soudanien et au sud par le climat tropical guinéen. Cette forme étirée offre au pays une diversité de reliefs et de végétations qui, par leur truchement permettent de produire une gamme de produits aussi bien vivriers que d'exportation. Ainsi la zone sud-ouest reste le domaine de la production des cultures d'exportation alors que le reste du territoire offre la possibilité de produire les cultures vivrières avec bien sûr des zones de prédilection pour chacune d'entre elles. Le coton, culture d'exportation par excellence se produit sur toute l'étendue du territoire à l'exception de la zone du sud-ouest où prédominent le café et le cacao. Mais depuis quelques années (1980), sous l'effet du bouleversement climatique, les variables climatiques ont subi d'énormes perturbations. L'on assiste alors à des décalages pluviométriques, des inondations, des sécheresses et de l'érosion. Ces phénomènes qualifiés de catastrophes naturels ont des effets très néfastes sur la production agricole. D'abord, cette situation ne permet plus aux producteurs agricoles de maîtriser le calendrier pluviométrique afin de mieux régler les dates de semi et de bonnes récoltes. Cela influent négativement sur la productivité agricole. Ensuite, le retard des pluies ou leur absence à certains moments de la saison rend impossibles la production de certaines denrées. Enfin on assiste bouleversements dans la production, cette situation a des répercussions sur les habitudes alimentaires. Un des paramètres à ne pas négliger dans la politique de la sécurité alimentaire. Il est donc opportun que la définition des politiques agricoles en tiennent compte aussi bien dans leur élaboration que dans leur exécution pour une agriculture capable d'assurer une sécurité alimentaire durable au pays.
42 CHAPITRE DEUXIEMELE TOGO A LA QUETE DE L'AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE DE 1977 A 1985 Le Général Eyadéma61 en lançant la politique de la révolution verte en 1977 en ces termes : « Oui, il est essentiel que dans un proche avenir, tous les Togolais mangent à leur faim... Nous voulons entendre par là que dans les cinq ans, tous les Togolais puissent disposer à tout moment, en tout lieu, en qualité et en quantité, des biens alimentaires produits par eux-mêmes et pour eux-mêmes 62», n'avait fait que confirmer sa volonté politique annoncée quelques années plus tôt dans ce secteur en 1974, par le retour à la terre et la réforme agrofoncière, ou par la proclamation de 1975 comme l'année du paysan togolais. Car il considérait le secteur primaire par ses productions (végétales et animales) comme les armes de l'indépendance économique63 du Togo. Le slogan était alors : « produire plus pour dépendre moins de l'extérieur ».La réussite de cette politique passait par la transformation structurelle du secteur rural vers la modernisation afin qu'il puisse relever le défi des besoins alimentaires grandissants des populations et celui du développement. Schwartz (1984) résumait alors les objectifs de cette révolution verte en ces termes : « Les objectifs assignés en 1977 par la `'Révolution verte» à l'agriculture togolaise peuvent être résumés ainsi : une production vivrière à même d'assurer l'autosuffisance alimentaire du pays dans un délai de 5 ans, (et) une production d'exportation à même de fournir au pays les moyens financiers de son développement » (Schwartz, 1984 : 7). Le Togo voulait alors assurer sa sécurité alimentaire, entendu alors dans la logique de déficit de production et d'offre locale (l'autosuffisance alimentaire).Il parait donc évident de se poser la question de savoir si plus de cinq ans après le lancement de la révolution verte, le Togo avait réussi à garantir à sa population une autosuffisance alimentaire durant cette période. La réponse à cette interrogation nous amènera à passer en revue les moyens mis en oeuvre dans ce cadre de la révolution verte pour la modernisation de l'agriculture et pour la promotion de l'agro-industrie. Nous analyserons aussi les moyens financiers mis au service de cette politique, de même que les résultats obtenus à travers un bilan de sept années de révolution verte. 61 Président de la République du Togo de 1967 à 2005. 62 Discours prononcé par G. Eyadéma à l'occasion du séminaire national agricole du 08 mars 1977 (Boukpessi P. et Diouf B., (éd.), 1997 :120). 63 Annuaire économique officiel de la République togolaise, 1987, p. 56. 43 1. Les actions de modernisation agricole dans la politique de la révolution verteL'option prise par le gouvernement de faire de l'agriculture la base de son épanouissement économique, nécessitait une assise scientifique et technique solide, bien élaborée et adaptée aux conditions et aux exigences nouvelles du développement rural. 1.1. La sensibilisation et la réorganisation de la masse paysanneLa sensibilisation des populations a beaucoup joué dans la politique de l'autosuffisance alimentaire togolaise. Toutes les couches socioprofessionnelles ont été littéralement galvanisées par cette politique qui convie tout le monde au travail de la terre64. En 1983,en prélude à la campagne agricole, et sur recommandation du 6è congrès national du RPT, deux propagandes d'envergure nationale de sensibilisation ont été menées à l'endroit des paysans afin de dynamiser la politique de l'autosuffisance alimentaire. La première, était une série de séminaires de sensibilisation agricole organisée à Kara et à Kpalimé à l'endroit des représentants des paysans, des chefs traditionnels, et de la jeunesse rurale. Kara réunissait les préfectures des Régions Centrale, de la Kara et des Savanes, alors que Kpalimé réunissait celles des régions Maritime et des Plateaux. La deuxième fut la campagne de sensibilisation agropastorale organisée sur toute l'étendue du territoire du 11 au 20 mars 1983.Ces sensibilisations animées par les membres du bureau politique et du comité central du Rassemblement du peuple togolais (RPT) qu'on appelait les messagers du parti, portaient sur l'association de l'élevage à l'agriculture, la promotion de la culture attelée et la modernisation des pratiques culturales. Ainsi pouvait-on lire dans le quotidien togolais de l'information la nouvelle marche de l'année 1983 : « En nous permettant d'avoir une alimentation complète, l'élevage constitue aussi une source de revenus »65. « Les messagers sont à pied d'oeuvre sur toute l'étendue du territoire... Un bon sarclage permet une meilleure production agricole »66. L'auteur poursuit en disant ceci : « Accroître l'agriculture et l'élevage pour une autosuffisance alimentaire ».67 Mis à part cette vitrine médiatique, des politiques incitatives furent menées à l'égard des paysans afin de les amener à travailler plus. Ainsi furent alors initiées des foires agricoles à l'issu desquelles étaient récompensés les meilleurs agriculteurs. Dans le cadre de l'apothéose de ces foires agricoles organisées à « Togo 2000 68» le 11 janvier 64 En 1974, la politique du retour à la terre fut lancée, une occasion de revaloriser le paysan et son travail. Un an après, l'année 1975 fut déclarée année du paysan togolais. 65 La nouvelle marche, n° 986 du vendredi 18 mars 1983, p. 6. 66 La nouvelle marche, n° 999 du lundi 14 mars 1983, p. 1. 67 La nouvelle marche, n° 1001 du mercredi 16 mars 1983, p. 1. 68 Actuel Centre togolais d'exposition et foires (CETEF) de Lomé. 44 45 1981, il fut sélectionné 500 paysans lauréats dans les cinq régions économiques du Togo parmi lesquels 21meilleursagriculteursavaient reçu le Prix du Président de la République d'une enveloppe de 150 000 FCFA, 21 autres, le Prix de la Décennie du Travail, alors qu'un diplôme d'honneur du premier paysan était attribué au Général Gnassingbé Eyadema pour l'audace qu'il eut de lancer la politique de la révolution verte et de l'accompagner69. Ce dernier n'hésitait pas à décréter des journées chômées et payées au lendemain d'une pluie afin de permettre aux fonctionnaires cultivateurs de procéder aux ensemencements dans leurs champs. C'est l'exemple de la journée du lundi 2 mai 198370 déclarée chômée et payée sur toute l'étendue de la commune de Lomé en raison de la tombée de la pluie la veille afin de permettre aux travailleurs de la commune de semer. Cette politique répondait ainsi au principe de congrès national du RPT qui était de tout faire pour gagner le pari de l'autosuffisance alimentaire. Parallèlement à ces actions, les populations rurales étaient exonérées du paiement de la taxe civique, alors que l'Etat subventionnait l'engrais à 50 %. Les populations ainsi sensibilisées avaient besoin d'être organisées, encadrées et accompagnées dans leur travail pour que les recommandations soient bien mises en oeuvre. Ainsi créa-t-on des structures d'animation du monde rural. Il s'agit des Organismes régionaux de promotion et de production des cultures vivrières (ORPV), et des Directions régionales de l'animation rurale et de l'action coopérative (DRARAC). Ces deux organismes (tout comme les SORAD qu'ils ont remplacé en 1977) constituaient le canal de vulgarisation des programmes agricoles initiés par le gouvernement. Mais ceux-ci avaient des domaines spécifiés d'intervention comme le voulait l'objectif de leur création. Ainsi les ORPV s'occupaient des projets et programmes initiés dans les régions pour promouvoir la culture vivrière. Les DRARAC, quant à elles, animaient comme leur nom l'indique, le milieu rural. Ceci devait se faire par la promotion des coopératives agricoles, de moyennes exploitations privées et des grandes unités de production (Maman, 2011 : 82). Mise à part la formation des cadres d'agriculture dans l'Ecole supérieure d'agronomie (ESA) installée à l'Université et dans l'Ecole nationale d'agriculture (ENA) de Tové, une Division de la coopération et de la mutualité créée en 1980 sous la direction des DRARAC menait des activités de formation coopérative du personnel d'encadrement et des responsables de groupements. Elle s'occupait de l'assistance aux groupements dans l'élaboration et la réalisation des microprojets grâce à un suivi régulier sur le terrain. 69 Pour plus d'information, lire Tsigbé, 2010, p. 171, ou Togo Dialogue, n°55 du février 1981, p. 22. 70 La nouvelle marche, n° 1041 du mardi 3 mai 1983, p. 1. La motorisation de l'agriculture était un volet important dans la politique de la révolution verte. 1.2. La promotion d'une agriculture motoriséeAfin de « produire plus pour dépendre moins de l'extérieur », il fallut que l'agriculture togolaise passe du stade de subsistance à celui de dégagement d'excédents vivriers (pour la commercialisation ?). Pour cela, il fallait transformer ce secteur dominé essentiellement par l'énergie humaine avec l'usage de la houe, de la hache ou de la machette entre autres. C'est pourquoi la motorisation de l'agriculture était l'un des soucis majeurs des promoteurs de la révolution verte. Aussi décidèrent-ils dès 1977, d'acquérir un impressionnant parc de matériels agricoles très diversifiés allant des petits appareils maniables à la main aux gros tracteurs et aux bulldozers. Ce parc contenait dès sa mise en place, 332 tracteurs, 88 unités de transports, 48 unités de terrassement, 31 bulldozers, et plus de 1000 accessoires (herses, charrues, semoirs...)71. Les tracteurs servaient à emblaver des grandes surfaces pour des cultures telles que le coton ou le maïs qui nécessitent de grands espaces. Les bulldozers s'occupaient des infrastructures rurales et les unités de transports permettaient de desservir les zones même les plus reculées. Le cliché 1 montre un tracteur, l'une de ces machines en activité. Cliché n °1: Un tracteur, outil technique de la révolution verte dans un champ, en 1983 Source : La Nouvelle Marche n° 994 du lundi 15 mars 1983, p. 11. 71 Pour plus d'informations, lire A. Schwartz, 1989, p. 100. 46 Mais les ORPV et les DRARAC qui avaient en charge la gestion de cet grand parc n'ont pris qu'une seule année pour mettre la moitié des matériels en mauvais états. Elles ont été loin de leurs objectifs qui étaient de valoriser le parc, plutôt, elles l'ont réduit à néant72. C'est ce qui précipita la création de la Société togolaise d'exploitation de matériels agricoles (SOTEXMA) en 1978 pour prendre le relais. Celle-ci, étant une société d'économie mixte, changea de formule de gestion du matériel, qui est désormais loué à tout intéressé, qu'il soit privé ou public aux fins de travaux de labour et d'entretien des routes de desserte dans le domaine du génie rural. Mais elle subira le même sort entraînant ainsi sa dissolution en 1982 pour n'avoir pas pu équilibrer ses fonds. En 1984 la Société de gestion du matériel agricole (GEMAG), dirigée par un Européen, avait pris les nouvelles charges d'entretien de ce parc devenu boiteux depuis 1978, mais le nombre de matériel ne cessa de chuter au jour le jour, pour cause de mauvaise gestion et des pannes répétées73 (Maman, 2011 : 83-85). Nombreuses sont les causes qui expliquent l'échec de la tentative de mécanisation agricole au Togo pendant la période de la révolution verte. Selon Y. Nagnango74, les paysans n'ont pas été associés à la politique de mécanisation durant la révolution verte. Il pense aussi que cette politique a manqué d'accompagnement tout au long de la chaîne du travail. Pour lui, « Il faudrait que le paysan exprime lui-même, son désir de posséder le tracteur, dans ce cas sa gestion et son entretien seront d'une efficacité importante... il faudrait aussi que le champ du paysan soit d'abord accessible... on aurait dû introduire d'abord, les engins de dessouchage des champs, ensuite le labour... il fallait aussi accompagner le tracteur des pièces essentiels de rechange ». Il apparaît donc que la politique de mécanisation agricole voulue par la révolution verte, n'avait donc pas suivi une démarche participative, qui associe le producteur qui est le premier concerné. Elle a aussi souffert du manque d'une politique de développement des pistes rurales afin de rendre les champs et les zones de production agricole accessibles aux tracteurs et aux autres engins de transport des denrées produites. L'entretien des engins de labour ne fut aussi pas efficace, un tracteur dans une ferme, sans mécanicien, et sans les pièces de rechange réduit à néant l'effort du paysan. En effet, l'agriculture togolaise, est essentiellement pluviale. Le paysan doit donc se soumettre au rythme de la pluviométrie des saisons (cf. chap. 1). Donc, après la tombée d'une pluie par exemple, le paysan dispose de 72 Pour plus d'informations, lire A. Schwartz, 1989, p. 100. 73 Le GEMAG avait fait preuve d'une gestion indélicate du parc de matériels que l'Etat lui avait confié, conduisant ainsi à sa liquidation judiciaire en 1988. Après sa liquidation, seuls quelques tronçonneuses et une presse hydraulique cédées respectivement à 16 millions et 4,5 millions, avaient été retrouvées (FICAO, faillite GEMAG, assemblée des créanciers, du 7 juin 1991, annexe 5. 74 Y. Nagnango., ingénieur agricole, et Directeur exécutif de la Centrale des producteurs de céréales (CPC) du Togo, entretien du 28 mai 2014 à 12 h03, dans son bureau à Tsévié. 47 deux à trois jours pour labourer son champ, après cette période la terre se sèche rendant ainsi le labour pénible. Mais, si dans cette période du lendemain de la tombée de la pluie, il advenait que le tracteur est crevé - sur la route parce qu'elle n'est pas tracée, ou n'existe même pas- ou tombé en panne, cela déprogramme le paysan, parce que, ni les pièces de rechange, ni le mécanicien ne sont pas sur place. Il faudra alors attendre d'autres pluies pour espérer labourer. Le paysan prend donc du retard sur la pluviométrie, sa production reste menacée. En dehors de la mécanisation, la traction animale aussi fut entreprise. 1.3. Le développement de la culture atteléeL'attelage constituait aussi un autre volet de la modernisation agricole tant prêchée par les pouvoirs publics. Cette pratique avait été initiée depuis longtemps et avait gagné la confiance des paysans de l'extrême Nord du pays. Ce qui n'était pas le cas au Sud. Dans la politique de la révolution verte, on chercha surtout à l'intensifier dans les zones où elle existait déjà et à la propager dans celles où elle n'existait pas encore. Les matériels d'attelage étaient initialement produits et distribués par le Centre de recherche d'élevage et d'agriculture d'Avétonou (CREAT), qui vulgarisait l'association agriculture-élevage. Mais à partir de l'année 1982, pour une meilleure prise en charge de la culture attelée, l'Etat décide de la création de deux organismes en la matière. Le premier, l'Unité de production des matériels agricoles (UPROMA), installé à Kara devait s'occuper de la fabrication des matériels nécessaires à l'attelage. Le second, Projet pour la promotion de la traction animale (PROPTA) installé à Atakpamé se chargeait de vulgariser les matériels produits par l'UPROMA dans les milieux paysans. Cet organisme coordonne aussi toutes les actions liées à cette pratique et des programmes connexes. En plus de ses sections purement administratives, le PROPTA dispose au niveau national de cinq divisions techniques chargées de la coordination du suivi sanitaire des animaux de trait, de la distribution des animaux, de l'approvisionnement et de l'amélioration de l'équipement de traction animale, de la formation technique ainsi que des activités de contrôle et d'évaluation. Grâce aux actions conjuguées de ces deux organismes, la traction animale va connaître un essor spectaculaire comme le montre le graphique 1. 48 Graphique n °1:Evolution de l'attelage au Togo de 1978 à 1984 4500 4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 0 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 Source : Réalisé par nous, à partir de Klutse A., Amegbeto K., et Westneat A., 1987 : 343. Ce graphique montre que d'un peu plus de 1 000 en 1978, le nombre de d'attelages en atteignant les 4 195 en 1984 avait presque quintuplé. Mais il est clair que sur ce fort taux de croissance (303, 36 %) de l'attelage au Togo, le taux d'adoption n'était pas le même d'une zone à une autre, sur la même période, comme le montre le graphique 2. Graphique n° 2: Taux de d'adoption de la culture attelée au Togo de 1978 à 1984
Source : Réalisé par nous, à partir de Klutse A., Amégbéto K., Westneat A., 1987 : 343. 49 D'une façon plus significative, les paysans de la région des Savanes ont atteint un taux proche de 7 %. Cependant dans les régions de la Kara et du Centre ce taux avoisine 1% alors que les agriculteurs de la région Maritime et de la Région des Plateaux n'ont montré qu'un faible intérêt pour cette technologie. Plusieurs raisons expliquent l'assise de la culture attelée dans la région des Savanes. Les sols de la région des Savanes sont généralement légers et les champs sont plats et ouverts; ce sont des conditions favorables aux animaux plus petits et moins chers, disponibles au Togo. La végétation de cette région (Savanes) est clairsemée et ceci permet de débarrasser facilement les terrains des souches, des buissons et des roches. Cette caractéristique facilite beaucoup la transition du travail à la houe à celui de traction animale. Les paysans de la région ont été eux-mêmes propriétaires de troupeaux de bovins depuis longtemps. Cette familiarité avec ce type de bétail facilite sa préparation et son utilisation pour la traction animale. En plus, le nombre d'animaux provenant du Burkina Faso et du Niger est plus élevé chez les agriculteurs des Savanes que chez les paysans du Sud. Par conséquent, les prix des animaux sont plus bas dans le Nord. Par contre dans le sud du pays, les conditions d'emploi d'animaux paraissent un peu pénibles que dans le sud. En effet, pour B. Akondo75., au sud, les sols sont lourds, ce qui rend difficile le dessouchage de la terre, alors que celle-ci constitue une étape importante avant le labour, car c'est elle qui balise la voie à celui-ci. L'une des raisons du faible taux d'adoption de la culture attelée dans le sud était aussi la non adaptation des boeufs trait aux conditions climatiques, et l'absence de soins adéquats pour y remédier. Les témoignages suivants en sont illustratifs : « Les animaux (de trait) apportés du nord vers le sud, ne supportaient pas le climat... Le personnel soignant n'était pas à mon avis à la hauteur...» (Y. Nagnango76). « J'ai encore le matériel de traction, mais sans les boeufs. Ils sont morts par ce qu'ils ne supportaient pas le climat » (K. Abolo77). Certaines zones comme la plaine du Mô, n'ont même pas été concernées par la politique d'introduction de la culture attelée. En effet, selon notre enquête menée dans le village de Djarkpanga (dans la plaine du Mô), auprès d'un ancien producteur du coton, on peut retenir ceci : « Il n'y a eu ici, aucune politique de l'attelage et de mécanisation agricole. L'accès même à notre village ne fut possible que grâce aux pistes de desserte pour le transport du coton » (S. Tchédré78).De ce qui précède, il est clair que le 75 B. S. Akondo, ingénieur agricole, ancien Chef régional de la protection des végétaux à Kara, entretien du 24 mai 2014 à17h 05, à son domicile à Agoé. 76 Y. Nagnango., ingénieur agricole, et Directeur exécutif de la Centrale des producteurs de céréales (CPC) du Togo, entretien du 28 mai 2014 à 12 h03, dans son bureau à Tsévié. 77 K. H. Abolo, producteur agricole, président de l'Union des producteurs de céréales du canton d'Agbélouvé (UGPCC), entretien du 28 mai 2014 à 16 h 15, à son domicile à Agbélouvé. 78 S. G. Tchédré, ancien producteur de coton, entretien du 31 mai 2014 à 10 h 00, à Djarkpanga. 50 développement de la culture attelée passe nécessairement par la promotion de l'élevage, et les promoteurs de la révolution verte ne l'avaient pas ignoré. 1.4. Le développement de l'élevage et son impact du la production agricoleLa promotion de l'élevage dans la logique de la révolution verte répondait à deux impératifs. Eponger dans un bref délai le déficit en protéines animales auquel faisait face le pays afin de compléter l'autosuffisance alimentaire, et procurer des animaux de trait pour la culture attelée. La philosophie de la révolution verte considère que l'élevage constitue son second volet après la production végétale. Ainsi, une large diffusion des bienfaits de l'élevage a été faite durant les années quatre-vingt, notamment par des sensibilisations et des séminaires extraordinaires à travers tout le territoire. Cette politique d'incitation et de sensibilisation voulait mettre en application les recommandations du 6èm congrès national du RPT portant sur la production agro-pastorale. À l'issue de ce congrès, le Général Eyadema appelait tous ses compatriotes à traduire dans les faits lesdites recommandations. Le message du Général Eyadema à ce conseil était très illustratif : « ...l'autosuffisance alimentaire serait incomplète si la production agricole79 n'est pas suivie de la production animale »80. A l'issue de ce conseil, il lança un appel solennel à tout Togolais quel que soit son rang social ou son niveau d'éducation, à veiller à la croissance de la production agropastorale. Pour ce faire, diverses mesures aussi bien institutionnelles que techniques ont été mises en place. Ainsi cinq inspections régionales de vétérinaires à raison d'une par région ont été créées. Celles-ci coordonnent et centralisent les activités des inspections préfectorales installées dans toutes les préfectures du pays. L'objectif principal de ces institutions était d'assurer la santé animale par des campagnes de vaccination. Sur le plan technique, cinq centres d'élevage ont été mis à contribution, à savoir : le Centre de recherche et d'élevage d'Avétonou-Togo (CREAT), créé en 1964 grâce à une coopération germano-togolaise, il fut restructuré à partir de 1977 suivant la logique de l'heure. Ainsi, le centre étendit ses activités à la recherche sur la trypnotolérance bovine81. A partir de 1980, le centre se dota d'un programme de vulgarisation et distribua sous forme de crédit des bovins (de race n'dama et locale) et des petits ruminants de race djallonké aux paysans de la zone d'Agou alors sous-préfecture. L'élevage sous palmerais de la SONAPH, créé en 1982 visait à utiliser les bovins pour le nettoyage des palmeraies de la Société pour un meilleur développement des palmiers à huile, et à valoriser les sous-produits 79 Ici, la production agricole sous-entend la production végétale. 80 Discours du G. Eyadema, lors du 6èm congrès national du RPT, du 03 au 08 Décembre 1982. 81 C'est d'ailleurs à partir de cette date qu'il devient le Centre de recherche et d'élevage. Avant cette date, il ne faisait que des activités d'élevage. 51 agro-industriels. Le ranch Bena-développement, une société mixte germano-togolaise, créée en 1971 dans la région des plateaux, avait pour objectif dans le cadre de le politique d'autosuffisance alimentaire, de produire de la viande de boucherie pour l'alimentation des centres urbains. Le centre produit aussi du porc. La capacité d'entretien du centre était estimée à 10 000 têtes de bovins sur une superficie de 27 000 km2, mais il n'utilisait que 5 000 ha en 1985, pour une production globale de 2 000 têtes, dont 240 porcs qui étaient livrés mensuellement82.Le ranch de l'Adélé dans le centre du pays assurait une production de taureaux N'dama réputés à la fois pour l'attelage, la consommation et surtout pour sa résistance à la trypanosomiase, alors que celui de Namiélé situé dans l'extrême nord du pays notamment dans les Savanes fournissait de bons boeufs de trait. L'élevage à cycle court conduisit les dirigeants à initier un programme nommé « projet petits ruminants ». Ce projet disposait de plus de 2 000 ovins. Il entrait dans la logique de la politique d'encouragement à l'élevage des volailles, des caprins, des porcins et des assins. A la fin du quatrième quinquennat en 1985, l'inventaire des troupeaux était le suivant : 207 792 têtes de porcins, 401 181 têtes de bovins (y compris ceux importés) et 649 565 têtes d'ovins-caprins83. Le fait que le nombre d'ovin-caprins soit supérieur à ceux de toutes les autres bêtes vient corroborer l'option prise par les dirigeants de réduire dans un bref délai le déficit protéique par le développement du petit élevage à cycle court84. Pour stimuler la production toute entière, l'Etat avait aussi misé sur les intrants agricoles. 1.5. La vulgarisation des intrants La vulgarisation des intrants de type moderne se résume à des semences sélectionnées, de l'engrais et des insecticides. C'est par définition la constituante de base de toute révolution verte. La production de semences sélectionnées (maïs, riz, sorgho, niébé, arachide, soja) est assurée depuis 1977 par la Ferme semencière de Sotouboua,mais aussi par certaines des structures de type administratif ou para-administratif d'encadrement du milieu rural, et aussi par des « paysans semenciers ».Les semences améliorées voient leur production s'accroître d'une façon notoire. De 1978 à 1981, la production du maïs sélectionné est passée de 248 tonnes à 436 tonnes, celle du sorgho de 2 tonnes à 153 tonnes, celle du riz de 98 tonnes à 354 tonnes et celle des arachides de 82 PROPTA, 1988, p. 71. 83 Ministère du plan et de l'industrie : 20 ans d'effort de planification pour le développement du Togo, p. 63. 84 Pour plus d'informations, lire Maman, 2011, p. 95. 52 16 tonnes à 153 tonnes85. Quant aux engrais et aux insecticides, importés en totalité, ils coûtent chers, même si l'engrais vivrier est subventionné à 50 % par l'État depuis 197586. Pour mieux réussir la politique d'engrais, l'Etat avait créé depuis 1976 le Service national des engrais et de moyens de production. Ce service se chargeait de l'élaboration et de la définition de la politique en matière d'engrais et moyens de production. Il se chargeait aussi de la diffusion au niveau des utilisateurs des thèmes techniques indispensables à l'optimisation de l'engrais. Outre ces attributions, le service des engrais s'occupait de toutes les transactions et opérations ayant trait à la commande, la vente et la distribution des engrais, produits phytosanitaires, et appareils de traitement. Il avait aussi la responsabilité de la gestion des ressources financières provenant de diverses sources. En 1983, ce service fit de nombreuses réalisations. Depuis sa création, le service avait réalisé jusqu'ici 3 000 parcelles de démonstration qui jouèrent pour beaucoup dans la sensibilisation des populations paysannes. Une trentaine de magasins ont été construits dans les zones à vocation de production vivrière et cédés aux DRDR de ces localités87. Ceci augmenta la consommation des engrais au niveau national. En effet, les importations d'engrais sont passées de 5400 tonnes en 1977 à 24 000 tonnes en 198188. Les pesticides quant à eux étaient plutôt bénéfiques aux producteurs de culture de rente notamment les cotonculteurs. En effet, en 1985, un paysans togolais qui décide de produire du coton bénéficiait mis à part de l'engrais-coton (NPKSB), de l'insecticide, un pulvériseur à piles de type ULV contre une contribution forfaitaire de seulement 600 FCFA89. L'essor que le coton avait pris à cette époque en surclassant les produits traditionnels d'exportation (le café et le cacao) en est le principal motif. Les importations des insecticides sont passées de 240 000 tonnes en 1978 à 675 000 tonnes en 1981, soit une progression spectaculaire de 181,125 %, même si l'essentiel est utilisé par les cotonculteurs90. 85 Ministère du plan et des mines, Stratégie de développement à moyen terme, 1984, p. 16. 86 En conséquence, Schwartz montre qu'en 1987-1988, pour une culture aussi importante que celle du maïs par exemple, le stade III d'encadrement tel que défini par les responsables de l'agriculture togolaise (utilisation par les paysans de semences sélectionnées et de fumure) ne touche, suivant les régions, que de 2,5 % (régions des Plateaux et des Savanes) à 11,8% (région Maritime) des superficies emblavées. 87 Rapport annuel, DRDR, 1983, pp. 162-163. 88 Ministère du plan et des mines, Stratégie de développement à moyen terme, 1984, p. 16. 89 Schwartz, 1996, p. 3. 90 Ministère du plan et des mines, Stratégie de développement à moyen terme, 1984, p. 16. 1.6. La formation et l'installation des jeunes agriculteursLa formation des jeunes agriculteurs est un volet de l'action de modernisation des structures de production entreprise en 1977 dont la concrétisation débuta en 1980. Il s'agissait essentiellement d'aider les jeunes du milieu rural à s'orienter vers l'agriculture et à s'y consacrer afin de participer pleinement à l'effort national engagé pour l'amélioration et l'accroissement de la production. Cinq Centres de formation de jeunes agriculteurs (CFJA) à raison d'un par Région, furent alors ouverts. Dans ces centres, devaient être formés pendant deux ans, 500 jeunes (garçons et filles) d'un niveau scolaire au moins égal à celui de la classe de 3è. Il s'agit des centres de Zionvonou dans le Maritime, d'Adéta dans les Plateaux, d'Attéda dans la Kara, de Barkossi dans les savanes, et de Kambolé dans la centrale. A l'issu de la première vague de formation, 408 jeunes seulement ont pu mener la formation jusqu'à terme, le reste l'ayant abandonné. Ainsi ces 408 jeunes agriculteurs modernes formés furent repartis à partir de février 1983 sur toute l'étendue du territoire dans des zones à vocation agricole et pris en charge par les projets en cours d'exécution de ces zones ou par les DRDR de ces localités. L'Etat les accompagnait dans leur installation par les aides sous forme de bourse ou sous forme alimentaire, ou aussi sous forme d'intrants ou de travaux de génie rural. C'est ainsi que de mars à décembre 1983, chacun de ces jeunes avait reçu 5 000 FCFA par mois, pour un coût total de 20 400 000 FCFA91.En dépit de tous ces moyens d'accompagnement, les résultats de la production de ces jeunes après une campagne ne donnèrent pas de résultats encourageants comme le montre le tableau n°2. 53 91 Rapport annuel, DRDR, 1983, p. 146-148. 54 Tableau n° 2:Prestation des jeunes agriculteurs modernes de la campagne agricole 1983-1984 pour la culture du maïs
Source : Rapport annuel, DRDR, 1983, p. 147. De l'analyse des résultats de ce tableau, il est clair que l'opération d'installation de jeunes agriculteurs ne fût pas une réussite malgré tous les efforts déployés93.De toutes les zones d'installation des JA, seule celle de Borgou dans les Savanes donna des résultats assez encourageants alors que c'est la zone qui accueillit le plus petit nombre de JA. En effet, cette région n'eut qu'une seule zone d'installation de 15 JA contre deux zones de 24 JA de la Kara, quatre zones de 54 JA de la Centrale, deux zones de 26 JA des Plateaux et deux zones de 204 JA de la Maritime aux résultats somme toute décevants. L'hypothèse d'une mauvaise répartition des JA ne saurait donc être écartée, mais les principaux problèmes de cet échec sont selon le rapport annuel de la Direction générale du développement rural de 92Les jeunes agriculteurs de la zone de Mission Tové ne produisaient exclusivement que du riz faute de terres sèches. 93Schwartz (1989, p. 101) remarque que leur installation, théoriquement assurée par l'État, pose cependant tellement de problèmes qu'en août 1988 ils ne sont plus que 298 à ne pas avoir abandonné. 55 l'année 1983,les suivants : la précipitation et l'improvisation totale de l'installation des JA est la principale cause. « Aucune structure d'encadrement n'était préparée à accueillir les JA de telle sorte que dans beaucoup de cas, le démarrage de la campagne a été tardif »94. Mis à part les difficultés de logement, d'eau de boisson et de conditions climatiques, le problème de moyens de production reste le plus palpitant d'entre-deux. En effet, « aucune prévision financière ou autre n'est faite au niveau des structures d'encadrement pour leur permettre d'apporter l'assistance matérielle nécessaire aux jeunes, particulièrement en ce début où ces derniers sont dépourvus de tout » 95.A toutes ces raisons, il faut aussi mentionner que la politique d'installation des JA a ignoré l'approche participative des jeunes concernés, comme le signale Y. Nagnango96 « Est-ce que les jeunes-là ont dit qu'ils voulaient retourner à la terre ? Il fallait motiver les jeunes, que les volontaires se dégagent pour qu'on les forme... les gens décident seuls dans leur bureau, c'est ce qui a fait que cette politique a capoté ». L'amorce de la modernisation agricole ayant pour objectif le dégagement d'excédents céréaliers, il avait paru important de penser à la transformation de ceux-ci afin de garantir la sécurité alimentaire. 2. la promotion d'une industrie agro-alimentaire basée sur la transformation des produits agricoles locauxCette politique répond au souci de créer dans le pays une industrie d'import-substitution, à même d'une part de mettre sur le marché à des conditions satisfaisantes pour les consommateurs, des biens alimentaires de première nécessité, de l'autre, d'oeuvrer dans le sens d'un développement autocentré. Deux principales sociétés de transformation ont été mises à contribution. Il s'agit de l'Office national de promotion, et de développement des cultures fruitières (TOGOFRUIT) et la Société nationale de développement des palmeraies et des huileries(SONAPH). En fait, ces deux sociétés ont été créées bien avant le lancement de la politique de la révolution verte. Il s'est donc agi d'une réorientation de leurs objectifs vers l'atteinte de l'autosuffisance alimentaire. 94 Rapport annuel, DGDR, 1983, p. 149. 95 Ibid. 96 Y. Nagnango., ingénieur agricole, et Directeur exécutif de la Centrale des producteurs de céréales (CPC) du Togo, entretien du 28 mai 2014 à 12 h03, dans son bureau à Tsévié. 56 2.1. TOGOFRUITL'Office national de promotion et de développement des cultures fruitières (TOGOFRUIT)97 créé en 1971, avait des objectifs qui épousaient les attentes de la politique de la révolution verte lancée vers la fin de la décennie 70. En effet, elle devait s'occuper dans un premier temps, de tout programme de recherche et d'adaptation du matériel végétal en vue de la vulgarisation, et de la conduite de toutes opérations arboricoles fruitières au Togo ; et dans un second temps, promouvoir la transformation, la conservation et la commercialisation des fruits issus de la production locale. Pour ce faire, elle créa divers postes (Kpalimé, Notsè, Sotouboua, Kara, ...) équipés de structures techniques de bases afin de créer et d'entretenir des pépinières. Lors du troisième quinquennat par exemple, la société avait pour objectif de faire la mise en place de 10 015 hectares de vergers répartis dans les cinq régions économiques du pays dont 380 ha pour la région maritime, 4 260 ha pour celle des plateaux, 2 185 ha dans la région centrale, 1 500 ha dans celle de la Kara et 1 690 ha pour celle des savanes98. Les essences fruitières qui devaient être développées sont les agrumes pour 1 445 ha, les ananas pour 1 715 ha, les avocatiers pour 810 ha, les anacardiers pour 3 000 ha, les bananiers pour 1 120 ha, les manguiers pour 1 650 ha, et d'autres divers fruits estimés à 275 ha99. Cependant, force est de constater qu'à la fin de ce quinquennat, l'objectif fixé plus haut n'a pas été atteint en matière de production, car le patrimoine de TOGOFRUIT en 1980 atteignait à peine les 4 089 ha, alors que les objectifs fixés étaient de 10 015 ha100.Le manque de suivi dans la réalisation de cette politique fruitière fut l'une des principales causes de ce fiasco. Exemple de l'institution de la journée de l'arbre en marge de cette politique, qui se résume à la livraison des plans, et leur mise en terre chaque 1er juin, sans aucun suivi (Agbévé, 2011 : 84).Mais la conservation des fruits fut de loin la plus grande difficulté de cette société fruitière, comme le relate un enquêté : « Cette politique s'est limitée seulement à la production. Le grand problème fut celui de la conservation de ses fruits ; il n'y avait aucun système de leur conservation. TOGOFRUIT se contentait de vendre les fruits aux bonnes femmes, quelques fois au Bénin voisin... la production était de la sorte qu'elle n'attirait aucun investisseur» (B. Akondo101).En définitif, la politique agro-industrielle sur la 97 TOGOFRUIT fut créée en Novembre 1971par décret n°213/71. 98 Ministère du plan et des mines, plan de développement socio-économique 1976-1980, p. 231. 99 Ibid. 100 Ministère du plan et des mines, plan de développement socio-économique 1981-1985, p. 88. 101 B. Akondo, ingénieur agricole, ancien Chef régional de la protection des végétaux à Kara, entretien du 24 mai 2014 à17h 05, à son domicile à Agoé. 57 base de la production locale, ne bénéficia pas d'une bonne mise en application. Des projets évoqués ne furent donc pas réalisés, ceci n'est pas sans conséquence sur les résultats globaux de la révolution verte. Un autre volet de l'agro-industrie concernait les palmiers à huiles. 2.2. De la SONAPH aux industries d'huilerie du TogoTout comme TOGOFRUIT, la Société nationale pour le développement de la palmeraie et des huileries (SONAPH) créée en 1968 par décret n° 68-164 du 4 septembre 1968 avait deux principaux objectifs qui épousaient ceux de la révolution verte, et s'est rapidement transformée en un élément clé de la politique agro-industrielle prônée par cette dernière. En effet, la SONAPH avait pour vocation première le développement de la palmeraie sélectionnée au Togo, de même que la revalorisation de celle naturelle menacée par les abattages anarchiques pour la fabrication de la boisson locale sodabi. Pour atteindre cet objectif elle se charge de la sélection et de la fourniture des plants aux paysans tout en veillant à leur mise en terre selon les normes techniques modernes définies par les organismes spécialisés. (Domtsè,2009 : 36).Ces mesures ainsi prises devaient se traduire sur le terrain par une production de 39 198 tonnes de régimes de palmeraies sélectionnées en 1980 à la fin du troisième quinquennat, et de 75 050 tonnes à la fin du quatrième en 1985.Une production qui propulserait les usines de transformation des produits du palmier à huile, qui constituait en fait le deuxième objectif de la SONAPH. En effet, le second volet de ses objectifs concernait la transformation industrielle. Pour gagner ce pari, l'Etat par le biais de la société procéda à l'installation des unités de transformation des matières premières de palmeraie en huile de palme. Ainsi deux principales usines seront les chevilles ouvrières de cette politique. Il s'agit de l'huilerie d'Alokoégbé installée depuis la période coloniale, et dont les objectifs furent reprécisés à partir de 1977 par des travaux d'extension et de rénovation. La seconde usine était celle mise en place en 1979 à Agou dont la mission principale était la transformation des régimes de palmiers (principalement des noix palmistes) en huile de palme102.Ainsi, à en croire les documents officiels, l'huilerie d'Alokoégbé exploitée par la Coopérative des producteurs de noix de palme (CPNP) de la localité fit une progression de production encourageante de 1977 à 1980 passant de 4 970 tonnes d'huile de palme à 10 000 tonnes, soit un taux de croissance de 101,20 % ; puisque la production a presque doublé en 102 Ministère du plan et des mines, plan de développement socio-économique 1976-1980, p. 224-225. 58 l'espace de trois années103. Quant à l'huilerie d'Agou dotée d'une capacité de production de 50 000 tonnes de régimes palmistes et exploitée par la Compagnie générale du Togo, la production ne fut pas très encourageante comme le montre le tableau 3. Tableau n° 3: Evolution de la production d'huile de palme et de palmistes de la SONAPH de 1979-1980 à 1985-1986 en tonnes
Source : SONAPH, rapports annuels 1976-1996, p. 25, cité par Domtsè, 2009 : 67. Il ressort de l'appréciation des données de ce tableau que l'huilerie d'Agou depuis sa création jusqu'à la fin de la politique de la révolution verte n'a jamais avoisiné même la moitié de sa capacité de production de 50 000 tonnes par an. Dès sa première année d'installation, elle n'avait produit que 3316,711 tonnes de régimes de palmistes (toutes productions confondues, huile de palme + palmiste), soit environ 6.63 % seulement de sa capacité normale de production. Ce qui devait en principe être qualifié de situation déplorable. Mais bizarrement, les années suivantes ont aussi aligné de mauvaises performances, le comble étant la campagne 1983-1984 avec une production totale de 1095,664 tonnes, soit une contre-performance de 2,19 % par rapport à la campagne initiale 1979-1980. Par ailleurs, sur sept campagnes agricoles, c'est-à-dire de la campagne 1979-1980 à celle de 1985-1986, l'usine ne traita que 18 686,873 tonnes de palmistes, soit 37,37 % de sa capacité. C'est dire que la production cumulée de sept années de l'usine n'atteignit même pas sa capacité annuelle. Situation unique dont l'explication est à chercher dans l'insuffisance de production des plantations de palmier à huile que la SONAPH est censée entretenir. Cependant, si la très mauvaise performance de la 103Annuaire économique officiel de la République togolaise, 1987, p. 62. 59 campagne 1983-1984 peut s'expliquer en partie par la sécheresse de cette année, la vétusté des plantations était aussi l'une des causes de cette situation. En effet, la majorité des régimes palmistes traités par l'usine provenait des plantations naturelles dont la durée de vie serait arrivée à terme, dans un contexte d'une mauvaise politique de vulgarisation des plants sélectionnés de palmier à huile. Le désir de modernisation de l'agriculture ne peut réussir que si une bonne politique de crédit agricole est définie. 3. La Caisse nationale de crédit agricole (CNCA), une banque des paysans ?La plupart des paysans n'étant pas lettrés, donc méconnaissant les mécanismes de prêt bancaire, et ne constituant pas à cet effet un des clients solvables pour les banques qui d'ailleurs ne sont pas proches, il fallait trouver une structure financière propre aux paysans. D'où la création de la CNCA. 3.1. Rôle et objectif de la CNCACréée en juin 1967 104 et restructurée en 1973 pour mieux faire face au défi de la révolution verte lancée quatre ans après, la Caisse nationale de crédit agricole avait pour objectif principal, le financement de toutes les activités ayant trait à l'agriculture, l'élevage et la pêche, et accessoirement à la foresterie. Son organisation associait le crédit à la vulgarisation et à la commercialisation, car on estimait que le financement de l'agriculture ne devait pas être une opération isolée, mais une action s'inscrivant dans le cadre général de l'éducation, de la formation de l'agriculteur. Elle devait conditionner impérativement le succès des techniques modernes proposées aux paysans traditionnels, tels que l'acquisition du matériel, l'utilisation des intrants, entretien des plantations... La caisse se veut donc plus incitatrice et souple dans ses transactions avec les clients en vue d'éviter les mesures draconiennes qui détérioreraient ses relations avec les paysans. Et pourtant c'est ce qui arriva. 3.2. Les réalisations de la CNCADotée d'un conseil d'administration et d'un comité de prêt chargé de l'administration générale pour son fonctionnement, la CNCA était le principal bailleur de fonds du monde rural avec un capital initial de 333 000 000 FCFA105 et de 16 succursales installées sur toute l'étendue du territoire, afin de se rapprocher de sa clientèle favorite, qui était les 104 L'ordonnance n° 25 du 14 juin créa la Caisse nationale de crédit agricole. 105 Annuaire économique officiel de la République togolaise, 1987, p. 58. 60 paysans. La caisse s'adresse prioritairement aux groupements et coopératives pour s'assurer de la solvabilité, car la notion de prêt et de son remboursement n'était pas encore très nette chez le paysan. Pour cela, elle n'accorde donc son prêt qu'aux paysans intégrés dans un groupement. La caisse proposait deux sortes de crédits : le crédit à court terme ou les prêts de campagne qui servent à financer les moyens de production et la commercialisation des produits, et les prêts à moyen et long terme qui sont souvent et surtout consentis en faveur de l'élevage et de la production des cultures pérennes. Dans son mode opératoire, elle ne s'adressait pas directement au paysan, elle se faisait relayer sur le terrain par les Directions régionales de développement rural DRDR, qui avaient succédé aux Sociétés régionales d'aménagement et de développement (SORAD). Ce sont donc les DRDR qui empruntent elles-mêmes du crédit agricole qu'elles rétrocèdent aux paysans. Mais les difficultés ne tardèrent pas à surgir mettant à mal cette procédure, comme l'a remarqué Dogo (1983) en ces termes : « Cette procédure ne durera pas. Les remboursements des prêts s'étant tout de suite révélés faibles, (les) SORAD étaient par conséquent contraintes d'utiliser des mesures coercitives qui ont eu malheureusement pour effet le renforcement de la méfiance des paysans au sujet de l'endettement »Dogo (1983 : 170-171) . En fait la réussite d'un tel projet devait passer par le changement de mentalité chez le paysan, pour qui le crédit sert à faire face aux besoins socioculturels (scolarisation, consommation en période de soudure, funérailles...) et non aux besoins d'acquisition de terres ou de matériel pour son aménagement, car la culture de subsistance lui paraît suffisante. Dogo (1983) pensait qu' « Il faut faire évoluer le paysan de la mentalité de l'économie de `'l'équilibre du sous-développement» à celle de `'déséquilibre dans le développement» »(Dogo, 1983: 172). Aussi, la légitime préoccupation de la Caisse de se garantir contre le risque de non-remboursement de ses prêts l'incitait-elle à limiter la diffusion du crédit qu'aux seuls paysans encadrés dans un projet ou membre d'une coopérative. Or, compte tenu du nombre très faible de producteurs agricoles intégrés dans divers projets de développement, l'ensemble du monde rural n'est pas à même de profiter des facilités offertes par la Caisse. Ainsi, la Caisse utilisait beaucoup plus souvent ses fonds dans d'autres secteurs où les clients lui offrent un peu plus de garantie de solvabilité à l'instar des sociétés et des entreprises106. Il convient donc de remarquer que sur l'encourt global des prêts accordés par la CNCA à l'économie en septembre 1980 de 6 265 000 000 FCFA, seulement 2 101 000 000 FCFA étaient allés au 106 Pour plus d'informations, lire Maman, 2011, p. 61. 61 secteur agricole, soit 33,54 %, contre 3 274 000 000 FCFA au commerce et à l'artisanat, soit 52,26 %107.Il est évident que le secteur rural pour qui la CNCA fut créée ne bénéficia pas assez de ses services comme nous le fait savoir un de nos enquêté : « Combien de paysans avaient bénéficiés des prêts de la CNCA ? La banque de crédit agricole doit être adaptée aux découpages saisonniers. Allez y voir les statistiques, vous verrez que ce ne sont pas les paysans qui ont mieux bénéficié de ces prêts » (Y. Nagnango108). Selon lui, on devait ôter le «A» de du sigle « CNCA », car il ne trouva pas son importance dans la réalité. Cet avis est partagé, voire confirmé par un autre enquêté : « Est-ce qu'elle (la CNCA) finançait réellement les paysans ? Les conditions (pièce d'identité, cautionnaire...) à remplir afin de bénéficier des prêts, n'étaient pas à la bourse des paysans. Ce sont les fonctionnaires qui prenaient des prêts làba... les gens faisaient des prêts pour se marier avec. Moi-même j'ai fait des prêts à la CNCA pour des besoins non agricoles » (B. Akondo109). Comme les paysans n'arrivaient pas à remplir les conditions des prêts, des structures intermédiaires de microcrédits avaient vu le jour. Celles-ci prenaient des prêts auprès de la CNCA, qu'elles offraient aux paysans jusque dans leurs champs, sans garantie nécessaire, mais avec un intérêt plus élevé que celui de la banque. Cette pratique ne facilita pas le remboursement des paysans. Ainsi, ceux-ci s'endettèrent, auprès de leur microfinance, qui à son tour s'endette auprès de la CNCA110.L'apothéose de tous ces errements fut la mauvaise gestion des fonds de la caisse, marquée par des détournements spectaculaires la rendant ainsi bancale, et incapable de jouer le rôle qui lui a été assigné111.La CNCA n'avait donc pas été une banque des paysans, mais une banque tout simplement. Vus d'importants moyens mis en oeuvre dans le cadre de cette révolution verte, un bilan de fin d'activité s'imposa. 107 Annuaire économique officiel de la République togolaise, 1987, p. 58. 108. Y. Nagnango., ingénieur agricole, et Directeur exécutif de la Centrale des producteurs de céréales (CPC) du Togo, entretien du 28 mai 2014 à 12 h03, dans son bureau à Tsévié. 109 B. Akondo, ingénieur agricole, ancien Chef régional de la protection des végétaux à Kara, entretien du 24 mai 2014 à17h 05, à son domicile à Agoé. 110 S. G. Tchédré, ancien producteur de coton, entretien du 31 mai 2014 à 10 h00, à Djarkpanga, et B. S. Akondo, ingénieur agricole, ancien Chef régional de la protection des végétaux à Kara, entretien du 24 mai 2014 à17h 05, à son domicile à Agoé. 111 La CNCA disposait au cours des dix premières années de révolution verte de substantielles lignes de crédit, que lui ouvrent en particulier les instances financières multilatérales, et qui lui permettent de travailler de façon tout à fait satisfaisante, avant d'être littéralement paralysée dans son action en 1987 par la découverte d'un détournement de fonds considérable. 62 4. Sept années de révolution verte face au défi de l'autosuffisance alimentaireConsidérée comme la « priorité des priorités » dans le troisième plan quinquennal, car devant constituer le levier du décollage économique, l'agriculture s'est vue traversée par une ferme volonté politique de sa modernisation, avec notamment le lancement de la politique de la révolution verte. Un bilan de la mise en oeuvre de cette politique devient donc une évidence. 4.1. L'Office national des produits vivriers (TOGOGRAIN), une panacée pour l'autosuffisance alimentaire ?La révolution verte lancée en 1977 avait pour objectif principale d'assurer l'autosuffisance alimentaire au pays par une agriculture modernisée dégageant des surplus de production. Et pour assurer l'autosuffisance alimentaire aux populations à tout moment de l'année, TOGOGRAIN devait jouer un rôle éminent. Créé le 3 septembre 1971112, il devint à partir de 1977, et aux côtés de la CNCA l'une des sociétés de service pour le pilotage de la révolution verte. Il avait donc pour objectif le développement, l'organisation et la promotion du commerce des produits vivriers en général, et, particulièrement les céréales, ainsi que l'exploitation des agro-industries connexes (rizeries, minoteries...). A cet effet, TOGOGRAIN devait se charger de la promotion intensive du développement des céréales et autres grains vivriers ; de l'achat, du stockage, de la conservation et de la redistribution des produits céréaliers. Ceci devait passer inévitablement par la création et l'amélioration des infrastructures indispensables à la réalisation de son projet (silos, magasins, stations d'usinage et de traitement...). Il devait s'occuper de la stabilisation des prix aux producteurs, garantissant un niveau social raisonnable des prix à la consommation ; de l'octroi des prêts aux producteurs agricoles ; et de la recherche de débouchés extérieurs afin de commercialiser le surplus dégagé. Mais à aucun moment TOGOGRAIN ne réussira pas à jouer ce noble rôle qui lui fut dévolu pour diverses raisons. D'abord la mauvaise acquisition et de gestion de ses installations. Celles-ci étaient estimées à 47en 1984, dont 9 silos et38 magasins d'une capacité totale de 9 910 tonnes repartis dans les villes de Lomé (6), de Vogan (4), de Notsè (3), d'Atakpamé (6), de Kpalimé (3), de Sokodé (5), de Sotouboua (4), de Kara (11), et de Dapaong (5). La plus part d'entre-elles sont la propriété de TOGOGRAIN, le reste étant acquis sous forme 112 Décret n° 71-164 du 3-9-1971 portant approbation des statuts de l'Office national des produits vivriers (TOGOGRAIN). 63 de location ou de prêt sans aucun statut juridique clair113.Une étude diagnostique réalisée par la Société togolaise d'étude et de développement (SOTED) en juin 1984 montra qu'un seul silo d'une capacité de 1 400 tonnes moyennant quelques travaux était opérationnel sur les 9 existants ; la plupart des magasins de 100 tonnes construits en 1979 sont, soit inutilisables, soit de qualité médiocre, ou soit vétustes. Seuls les magasins de Vogan, de Tabligbo et de Mango étaient en bon état. De plus ces magasins en nombre très importants sont mal repartis. Ainsi, Atakpamé à 2500 tonnes de capacité en 6 magasins, alors que Sokodé n'a que 580 tonnes en 5 magasins 114 .Devant une situation pareille, les performances de TOGOGRAIN ne peuvent pas être roses. Ainsi, elle n'avait pu stocker que 500 tonnes seulement en 1978-1979, et 1 088 tonnes en 1980. Une contre-performance qui fut imputée au manque de fonds. C'est pourquoi le séminaire du RPT sur la commercialisation des produits vivriers de 1981 va lui renflouer les caisses par la création d'un fonds de solidarité national, et lui imposer une restructuration de ses organismes de fonctionnement. Sa capacité de stockage fut alors portée à 15 000 tonnes. Avec ces fonds de solidarité évalués au 11 novembre 1981 à 222 000 000 FCFA et un soutien financier de 620 000 000 FCFA de l'Etat, l'Office devait être en mesure d'acheter et de stocker 6 000 tonnes de produits en 1981-1982 et 10 000 tonnes en 1982-1983, afin d'atteindre sa capacité totale de stockage en 3 ans par la suite115. Mais tel ne fut pas le cas, puisqu'à la campagne 1982-1983, l'Office n'a pu acheter et commercialiser que 4 041,30 tonnes de céréales, soit 67,36 % environ contre une prévision de 6 000 tonnes116, malgré les mesures d'accompagnement telles que l'interdiction de la vente sur pied des récoltes ou la limitation de la commercialisation des produits vivriers aux marchés existants et aux centres autorisés. L'échec de la mission de cette société est remarqué aussi par les documents officiels. Ainsi s'exprimait Anani Gassou, Ministre du développement rural d'alors, dans son rapport au conseil national du RPT du 6 Août 1981 à ce propos : « L'étude de la dimension des zones de production, la limite des moyens de l'office, la concurrence des commerçants (les spéculations) n'ont pas permis à TOGOGRAIN depuis sa création en 1971 jusqu'à ce jour, de jouer pleinement son rôle qui lui a été assigné... ».Il poursuit en disant qu'«... étant donné que les silos ne sont pas opérationnels, nous ne sommes pas en mesure de vous donner les renseignements sur les coûts d'emmagasinage. Par 113 Ministère du plan et de l'industrie, TOGOGRAIN, diagnostic technique, comptable et financier, 1984, p. 2. 114 Idem, p. 70. 115Annuaire économique officiel de la République togolaise, 1987, p. 59. 116 Ministère du développement rural, 1982, TOGOGRAIN : un rôle majeur, document de 5 pages non paginées. 64 ailleurs, il est très important de souligner ici que les magasins de TOGOGRAIN ne sont pas des magasins adaptés et équipés pour le stockage des céréales »117. C'est au niveau de la conservation des denrées que cette société avaient beaucoup faillit, et l'enquête sur le terrain le confirme : « Le stockage n'a pas réussi, les silos importés à grands frais ont déçu, car ils n'étaient pas adaptés aux conditions climatiques du milieu. En effet, sur les parois extérieures des silos, se dépose l'humidité de l'air. A l'intérieur de ces parois se dégage la chaleur (car il n'y avait pas de ventilation, comme c'est le cas avec les greniers traditionnels que les paysans exposent à l'air libre). La rencontre entre cette chaleur et l'humidité se fait au niveau des parois et produit une condensation. C'est cette condensation qui pourri les grains de céréales de l'extrémité vers l'intérieur » B. Akondo118. Ce phénomène de condensation qui pourri graines stockées a été catastrophique dans le sud du pays, car comme nous l'avons vu au chapitre premier, l'humidité de l'air y est plus forte que dans le nord, à cause de la mousson caractéristique d'une pluviométrie abondante et d'un vent humide. A la lumière de tout ceci, il est clair que le rôle de régulateur par excellence du marché céréalier, et de grenier du pays qui était assigné à TOGOGRAIN, n'a pas été une réussite, mettant donc à mal l'autosuffisance alimentaire du Togo durant la période de la révolution verte. Aussi parait-il important de savoir comment les productions ont évolué durant cette période face à l'évolution de la population. 4.2. La production agricole face aux besoins de la populationLa politique de la révolution verte a eu un impact sur la production agricole de façon notoire, avec en tête les légumineuses notamment le haricot dont la production était passée de 10 000 tonnes en 1977 à 20 000 tonnes en 1985, soit une croissance de 100 %. Suivent alors les céréales qui passèrent à l'instar du maïs, de 123,7 000 tonnes en 1977 à 221,8 000 tonnes en 1984 avant de chuter à 181,6 000 tonnes en 1985, soit une croissance de 46,8%. Le riz paddy a plutôt stagné, voire régressé, au niveau des céréales avec une décroissance de - 1,9%119.Les tubercules ont quant à eux stagné parfois même régressé. Exemple de l'igname 117 Ministère du développement rural, 1982, TOGOGRAIN : un rôle majeur, document de 5 pages non paginées. Pour plus d'informations, lire Maman, 2011, p. 83. 118 B. Akondo, ingénieur agricole, ancien Chef régional de la protection des végétaux à Kara, entretien du 24 mai 2014 à 17h 05, à son domicile à Agoé. 119 Maman, 2011 : 98. Pour plus d'informations, se conférer à l'annexe 3. 65 qui chute de 394,3 000 tonnes en 1977 à 364,4 000 tonnes en 1985, soit une régression de - 7,5%120. Les productions animales ont elles aussi connu une sensible hausse, mais très faible du côté de l'élevage comme de la pêche. Du début à la fin de la planification, les bovins sont passés de 169 397 têtes à 277 588, les ovins et caprins de 1 179 236 à 1 220 216 et les volailles de 1 787 145 à 1 935 682. La pêche artisanale donna aussi une certaine satisfaction avec des prises de poissons qui sont passées de 4 048 tonnes en 1979 à 12 476 tonnes en 1984 (Maman, 2011 :98)121. Il reste alors à savoir si une pareille performance avait réussi à couvrir l'essentiel des besoins des populations du Togo d'alors, comme le voulait l'autosuffisance alimentaire. Cela ne semble pas évident pour une population qui était passé sur la même période de 2,3 millions à 3,3 millions avec un taux de croissance démographique de 45 %(Tsigbé, 2010 :172). Schwartz, (1989) : 106), montre que ce taux est supérieur au taux d'accroissement de la production enregistrée par six des sept produits vivriers de base du pays, ce qui permet d'émettre des doutes sur les possibilités, à la fin de la décennie 1980, de couverture de la demande nationale de produits alimentaires par offre ; de 1976 à 1987, comme par le passé, la production agricole est demeurée sujette à d'importantes fluctuations. Ce qui permet d'affirmer qu'à la fin de la décennie 1980, le pays même s'il lui arrive de produire épisodiquement l'essentiel de ce dont les habitants ont besoin pour se nourrir ne maîtrise pas encore sa production agricole, c'est-à-dire n'a pas atteint sa sécurité alimentaire(Schwartz, 1989 : 106).Une hypothèse que confirme une étude menée par l'Organisation des nations unies pour l'alimentation (FAO), en 1993 qui révélait qu'entre 1979 et 1981, le Togo n'aurait offert à ses habitants que 2 285 kcal par jour et par capita en termes d'apports énergétiques. Une énergie calorifique en dessous de la norme requise par cette institution à l'endroit des pays en développement, et qui est de 2 400 kcals par jour et par capita. (FAO, 1993 : tableau annexe 14). Le fait aussi que la révolution verte n'ait pas pu changer les méthodes culturales est une preuve de cet échec. L'utilisation de la machine dans l'agriculture n'a pas réussi à s'imposer. Les paysans sont toujours restés fidèles à leur pratique ancestrale. Le passage d'une agriculture traditionnelle (utilisant les méthodes archaïques) à celle moderne (utilisant les machines), seule condition capable d'assurer une croissance qui serait en adéquation avec l'accroissement de la population n'a donc pas réussi122. Malgré donc le cri de victoire lancé 120 Maman, 2011 : 98. Pour plus d'informations, se conférer à l'annexe 3. 121 Pour plus d'informations, lire Tsigbé, 2010 : 172, et Schwartz, 1989 : 105. 122En effet, l'agriculture traditionnelle qui utilise les outils aratoires, ne possède qu'une capacité d'offre alimentaire qui évolue lentement à la manière d'une suite arithmétique, donc par addition ; alors que la population évoluait à la manière d'une suite géométrique, donc par puissance. Pour couvrir les besoins quasi 66 par les promoteurs de la révolution verte croyant avoir gagné le pari du 8 Mars 1977, le Togo continue de dépendre de l'extérieur (Maman, 2011 : 100). D'ailleurs, le fait qu'ils ont rééchelonné la période jusqu'en 1986 en est une preuve, quand on sait que le pari devrait être gagné théorique dans un quinquennat après le lancement de la dite révolution en 1977. Alors il est clair que l'autosuffisance alimentaire a été un rendez-vous manqué qui mit à mal la sécurité alimentaire du Togo durant cette période. Considérée comme « priorité des priorités », durant les années 1980, consécutives à la période charnière du décollage économique du Togo, l'agriculture fut l'objet d'une attention particulière. Devant une ferme volonté politique concrétisée par de vastes réformes agraires dont l'objectif principal était de transformer l'agriculture traditionnelle en une agriculture moderne afin de faire face au défi d'une indépendance économique, cependant, la réalité du terrain ne refléta pas les efforts consentis. À l'improvisation des réformes agraires, viennent s'ajouter la résistance des paysans restés fidèles à leurs anciennes pratiques culturales. Celles-ci ne pouvaient guère assurer les besoins d'une population sans cesse grandissante grâce aux nouvelles méthodes sanitaires modernes. On s'accorde alors avec Tsigbé (2010) pour dire qu'au-delà des données politiques et conjoncturelles, les données structurelles ont tout de même contribué à l'échec de la politique d'autosuffisance alimentaire au Togo postcolonial(Tsigbé, 2010 : 173).Ceci met à mal la sécurité alimentaire du pays, quant on sait d'ailleurs que l'organe central de cette politique de sécurité alimentaire qu'est l'Office national des produits vivriers (TOGOGRAIN), n'avait jamais réussi à réaliser un stock de sécurité de plus de 4 500 tonnes. L'agriculture n'ayant donc pas pu relever le défi en atteignant son objectif, le décollage économique qu'il devait entraîner dans son sillage resta jusqu'ici à l'étape de projet. exponentiels des populations, seule une agriculture moderne dont les offres alimentaires progresseraient à la manière d'une suite géométrique pouvait régler la situation. 67 Le territoire togolais présente de grands atouts pour la valorisation de l'agriculture. De par sa forme il offre la possibilité de pratiquer aussi bien des cultures de rente que des cultures vivrières. Une pédologie qui montre toute une gamme de sols différents, présentant chacun une possibilité de culture. Cependant il convient de souligner que ces potentialités sont soumises à de rudes épreuves depuis un longtemps, et les mesures d'accompagnement ne sont toujours pas suivies. En effet, au Togo, le mode d'attribution, des terres le plus en vogue est l'héritage. Ce mode d'accès est la cause principale du morcellement excessif des terres. Dans ce système, la femme n'a pas droit à la terre. Ce mode d'accès à la terre basée sur le droit coutumier a connu d'importants bouleversements à cause des réformes foncières dites « modernes ». Reforme que les populations ont toujours ignorées, et ne se sont jamais appropriées. Ce qui fait qu'elle conduit à un effet contraire à son objectif. En conséquence, la terre n'est plus utilisée d'une façon durable, il n'est pas rare de remarquer l'effet immédiat de ces pratiques qui se manifeste souvent par la présence des conditions désertiques dans l'extrême nord du pays tandis qu'au sud la petite saison tend à disparaître. C'est donc dans ce contexte que la politique agricole de la révolution verte lancée en 1977 à été réalisée. Cette politique visait à une modernisation de l'agriculture togolaise qui, était appelée à quitter le stade traditionnel pour celui dit« moderne », utilisant les moyens mécanisés de production. C'était la seule condition pour le secteur de relever le défi du décollage économique du pays, puisque celui-ci en avait fait sa priorité. Mais, cette politique ne marcha pas, car elle ne fut pas bien réalisée sur le terrain à cause de l'improvisation, de l'incompétence de la plupart des acteurs, de la mauvaise gestion du matériel mis en place, et surtout d'une forte résistance de paysans restés fidèles à leurs pratiques ancestrales. 68 DEUXIEME PARTIE :LA SECURITE ALIMENTAIRE DANS LE CONTEXTE
|
Années Produits |
1989 |
1990 |
1991 |
Urée 46 % |
9 400 |
7 450 |
5 000 |
NPK 15-15-15 |
7 000 |
8 225 |
3 249 |
NPKSB 12-22-12-5-1 |
16 500 |
18 000 |
6 500 |
Source : DESA137, 1993, Recueil des données socio-économiques sur le secteur rural (1990-1991), p. 20.
Au vu de ce tableau, la politique de subvention de l'Etat fit baisser l'importation d'engrais, en premier lieu l'engrais vivrier nommé Urée 46 %, qui est l'élément essentiel pour la croissance des spéculations vivrières telles que le maïs et le sorgho. Son importation chuta de 9 400 tonnes en 1989 à 7 450 tonnes en 1990 puis à 5 000 tonnes en 1991, soit un taux de décroissance de 46,80 %. Une telle situation réduit considérablement le nombre de cultivateurs utilisateurs d'engrais ; ce qui agit inévitablement sur les surfaces engraissées. Ainsi, à la fin de la récolte le grenier du paysan ne pouvait plus lui permettre de garantir sa sécurité alimentaire, alors que les activités génératrices de revenus en milieu rural sont rares. L'Etat mit en place pour pallier ce fléau, une politique d'encouragement de l'utilisation des engrais organiques (fumier, compost...) qui ne donna pas satisfaction. Quant aux autres intrants constitués essentiellement de produit phytosanitaires chimiques tels que les pesticides, ils sont en grande partie consommés par les cotonculteurs et les café-cacaoculteurs, au grand dam des producteurs des produits vivriers. La politique de l'Etat dans ce domaine consista à la libéralisation de leur exportation et de leur distribution. Mais il est clair que cette politique rencontra la forte résistance de SOTOCO qui était devenue presque« imprivatisable »138.
La réforme agrofoncière du Togo instituée en 1974140 et dont le but visait la libéralisation des terres au profit de quiconque voudrait la mettre en valeur, permet à l'Etat de disposer d'un
137 DESA : Direction des statistiques agricole est devenu depuis 1997 DSID : Direction des statistiques de l'informatique et de la documentation.
138 Engagée depuis les années 1980, c'est tout récemment que SOTOCO fut privatisé et transformée en NSTC (Nouvelle société cotonnière du Togo).
139 Programme spécial de travaux publics à haute intensité de main-d'oeuvre
76
domaine foncier national pour le développement du pays. En effet, des études ont révélé que les terres incultes ou faiblement occupées étaient estimées à 1 600 000 ha141, et qu'il y a encore de la place pour d'importants projets de colonisation agricoles et d'installation des jeunes agricoles. Mais dans un contexte d'austérité budgétaire, il saisit alors l'occasion du PSTP/ jeunes financé par le Bureau international du travail (BIT), pour procéder à la colonisation des terres incultes ou faiblement occupées sur toute l'étendue du territoire. Ce programme utilisait les potentialités locales en main-d'oeuvre pour faire exécuter manuellement de préférence aux engins mécaniques à chaque fois que cela s'avère possible dans les conditions de rendement, prix et délai acceptables, des infrastructures d'emplois à moyen et long terme. Concrètement, dans une zone où peuvent être installés des jeunes, le projet fait réaliser des travaux d'infrastructures (pistes, hydraulique, constructions) ou d'aménagement de terrain (défrichement, essouchage, boisement) par les jeunes inemployés ou sous-employés des environs (en créent ainsi les emplois temporaires) afin d'installer des jeunes volontaires à des postes de production agricole (emploi de moyenne ou longue durée).Ce projet devait permettre, de contrôler l'exode des jeunes, d'améliorer sensiblement les conditions de vie en milieu rural, et de provoquer une redistribution monétaire parmi les moins favorisés ou alors de créer des emplois induits (fabrication des outils agraires ou pour les travaux, entretien, commercialisation). Ainsi, en 1986, le projet avait déjà installé 68 jeunes, consolidé 126 autres, et aidé plus de 100 jeunes femmes à accroître leur possibilité de production, de transformation et de commercialisation142.
Il est tout à fait clair que l'Etat a voulu utiliser ce projet pour mettre les jeunes désoeuvrés au travail, et pour rendre effectif l'ordonnance n ° 12 du 16 février 1974 promulguant la réforme agrofoncière restée jusque-là à l'étape de texte. Mais malheureusement, à la fin du projet en 1989-1990, consécutive à l'arrêt de financements, l'Etat n'avait pas pris le relais, et les jeunes ruraux installés de même que ceux en cours de formation pour l'installation sont laissés à eux-mêmes.
Pour les autorités du pays, la mécanisation agricole devait se réduire à la traction animale, après l'échec de la tentative de motorisation agricole lancée dans le cadre de la révolution
140 Par l'ordonnance n° 12 du 16 février 1974, le Togo promulguait la réforme agrofoncière.
141 Direction générale du plan, 1990, Installation des jeunes agriculteurs, évaluation et actions futures, pp. 9-10.
142 Direction générale du plan, 1990, Installation des jeunes agriculteurs, évaluation et actions futures, pp. 1011.
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verte143. En effet, la volonté des autorités togolaises de transformer l'agriculture traditionnelle en une agriculture modernisée utilisant les machines rencontra une forte résistance des paysans 144(par exemple, l'essouchage de parcelle par le bulldozer coûtait entre 60 et 80 000 FCFA145, ce montant paraît insupportable pour le petit paysan togolais) aggravée par une mauvaise gestion des matériels acquis pour la cause. La situation étant aggravée par les faillites répétées des structures en charge de la gestion de ces matériels modernes, en l'occurrence la société de GEMAG146, qui avait réduit à néant tout le matériel agricole du passif dont elle hérita. En 1988 lors de sa liquidation, il n'existait que trois machines de génie rural, dont une presse hydraulique, une tronçonneuse, et une grue PPM 3609147.Cette situation avait amené l'Etat togolais à donner la priorité à l'attelage dans le cadre de la NSDR, qui avait alors reçu une attention particulière et méritée, en recevant de multiples projets pourvus d'un volet traction animale estimé à une trentaine sur toute l'entendu du territoire148.De nombreuses initiatives ont été menées pour vulgariser cette technique moderne intermédiaire, notamment la publication d'un bulletin technique du PROPTA dénommé « Force animale » qui sensibilisait médiatiquement les populations sur les bonnes pratiques de l'utilisation des animaux de trait. Des concours de la culture attelée étaient souvent organisés dans plusieurs localités du pays. En juillet 1987, l'Association française des volontaires de progrès (AFDP), avait organisé un concours de culture attelée à l'endroit de 7 groupements des préfectures du Zio et de l'Avé, dont le meilleur prix revenait au groupement de Todomé de Tsévié avec une enveloppe de 50 000 FCFA sur carnet de la CNCA149. Ces initiatives entreprises ça et là ont permis d'accroître le nombre d'attelage dans le pays, mais pas à un niveau souhaitable, car en 1985-1986, on ne dénombra que 4 195 paires de boeufs de trait, dont 3 214 dans la seule Région des Savanes, 637 dans la Kara, 257 dans la Région Centrale, 55 dans les Plateaux et 32 seulement dans la Maritime150. Plusieurs causes expliquent cette situation. Entre autres, le coût très élevé d'une paire de boeufs, estimé à 325 000 FCFA, ce qui paraît péniblement
143 Nous en avons fait cas largement dans le chapitre précédant.
144 L'une des raisons de ce échec en était l'inadaptation des terres aux bulldozers et tracteurs mis à la disposition des paysans.
145Ministère du développement rural, 1986, Séminaire-atelier sur la NSDR, document 6, moyens techniques de production, p.20.
146 Gestion des matériels agricoles.
147 Fiduciaire conseil de l'Afrique de l'Ouest (FICAO), faillite GEMAG, assemblée des créanciers, du 7 juin 1991, annexe 5.
148 Ministère du développement rural, 1986, Séminaire-atelier sur la NSDR, document 6, moyens techniques de production, p.18.
149 Force animale, n ° 2, Octobre 1987, p. 10.
150 Ministère du développement rural, 1986, Séminaire-atelier sur la NSDR, document 6, moyens techniques de production, p.19.
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supportable pour un paysan togolais, sans le recours à un crédit, lequel n'est octroyé qu'à un agriculteur intégré à un groupement, chose jusque-là méconnu par la plus part des ruraux du pays. Aussi, la formation des encadreurs qui devaient assister les paysans n'incluait souvent pas le volet attelage comme le reconnaissent certains documents officiels : «...Aujourd'hui, nombreux sont encore les encadreurs qui n'ont aucune notion de la technique de la traction animale »151.L'une des raisons expliquant la décroissance du nombre d'attelage au fur et à mesure qu'on va au sud, est la diminution de l'effet du pastoralisme du nord vers le sud. L'élevage (surtout de bovins) prospère dans le nord plus que dans le sud. De plus, les sols sont plus légers au nord qu'au sud. Mais pour mieux réussir cette traction animale, il fallait d'abord, entretenir un bon matériel animal.
Deux objectifs étaient assignés à la production animalière dans le cadre de la NSDR. Il s'agit de fournir de la viande pour la consommation et assurer l'approvisionnement des animaux de trait. Pour atteindre un tel objectif, il fallait assurer une santé des animaux grâce aux actions de vaccination et de traitement d'animaux. Ainsi, créa-t-on à cet effet divers postes vétérinaires un peu partout dans toutes les régions même les plus reculées du pays. Dans la seule Région des Savanes il y avait 15 postes vétérinaires dont 11 à Dapaong et 4 à Mango, car c'est le fief de l'élevage au Togo. C'est ce qui explique aussi l'avancée spectaculaire de l'attelage dans cette région aussi. Diverses campagnes de vaccination d'animaux furent régulièrement organisées afin de préserver leur santé, et de rehausser leur production. Car on ne pouvait pas prétendre avoir une bonne production animalière si on ne se préoccupait pas de la santé des bêtes. Aussi, une grande campagne de vaccination de bovins fut-elle organisée en Décembre 1988 dans tout le pays. Ces genres de campagne jouaient un rôle double pour l'Etat. Non seulement, elles permettaient de maintenir la santé animale, mais elles étaient aussi l'occasion pour le pays de connaître l'effectif de bêtes existantes.152 Ce qui constituait une base de données statistiques sur lesquelles le pays pouvait se fonder pour définir d'éventuelles politiques de développement du secteur (Maman 2011 : 114) 153 . L'approvisionnement en géniteurs et en animaux de trait étaient assuré par les structures traditionnelles de production déjà évoquées au chapitre précédent dans le cadre de révolution
151 Ministère du développement rural, 1986, Séminaire-atelier sur la NSDR, document 6, moyens techniques de production, p.19.
152 En fait il n'y avait pas une exactitude dans ces données car la vaccination des bêtes n'était pas exhaustive.
153 Mais ces vaccinations loin d'être exhaustives ne permettent donc pas de connaître avec exactitude l'effectif des bêtes.
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verte. Il s'est agi dans le cadre de la NSDR, d'un renforcement de leur capacité de production. Il s'agit du CREAT, des ranchs de l'Adélé et de Namiélé, les projets élevage sous-palmerais pour le bovin, et celui pour les petits ruminants, le centre d'appui de Kolokopé, la ferme avicole de Baguida et quelques fermes privées pour la volaille154. Mais en dépit de tous ces efforts, le manque de coordination des activités des différentes structures intervenant dans le domaine de l'élevage, la mauvaise organisation du circuit de commercialisation des animaux, l'absence de certaines données statistiques relatives à la production et à la santé n'ont pas permis à ce sous-secteur de l'agriculture de prospérer et de relever le défi qui lui fut assigné155. Tous ces efforts de développement seraient vains s'ils ne bénéficiaient pas d'un soutien financier.
Les effets pervers des différents programmes d'ajustement appliqués par le gouvernement au cours de la décennie 1980 ont affecté notablement les investissements publics dans le secteur rural.
Les investissements des zones rurales du Togo ont toujours été essentiellement assurés par les ressources publiques d'origine nationale ou étrangères. De 1985 à 1986 par exemple, les finances publiques ont alloué au secteur rural 72,20 milliards de FCFA dont 61, 27 milliards pour le programme d'investissement public 156 . Quant à la relativité des sources, de financement, on note sur la période 1985/1990, une diminution des ressources internes (BIE) dévolues à l'investissement. Alors que l'effort des partenaires bilatéraux et multilatéraux est resté constant avec une progression d'environ 3,7 % et des réaménagements internes portant les dons en progression de 3,5 milliards FCFA en 1985 à 6 milliards en 1990, alors que les prêts sont passés de 7,3 milliards F CFA et à 6,7 milliards sur la même période157. Malgré la chute de l'aide extérieure des années 1990 imputable aux événements sociopolitiques, le secteur agricole avait continué à bénéficier d'apports extérieurs. Le déséquilibre budgétaire du pays au cours des années 1980 affecta beaucoup l'investissement agricole à commencer par la fermeture des structures étatiques de production ou d'appui agricole, notamment
154 Ministère du développement rural, 1986, Séminaire-atelier sur la NSDR, document 6, moyens techniques de production, p.14.
155 Idem., p.15.
156 Ministère du développement rural, 1996, Stratégie national de la sécurité alimentaire, document de travail, p. vi.
157 Ibid.
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TOGOFRUIT, SOTEXMA, GEMAG..., puis survient alors une baisse des fonds investis dans le secteur rural comme le montre le tableau 5 de l'évolution du budget national sur une période de 5 années consécutives.
Tableau n° 5 : Evolution du budget d'investissement agricole du Togo en
millions de F CFA de 1986 à 1990
Années |
Budgets d'investissement |
1986 |
2366,350 |
1987 |
2032,250 |
1988 |
1973,900 |
1989 |
2295,400 |
1990 |
2225,400 |
Source : MDR, 1990 rapport national d'avancement de la réforme agricole et le développement 1987-1990, p. 29.
Les données du tableau montrent que le budget d'investissement dans le secteur rural qui était de 2 366,350 millions de FCFA en 1986 a chuté de 14,11 % l'année suivante soit un investissement de 2 032,250 millions de FCFA pour 1987. La chute continua alors pour atteindre les 16,58 % en 1988, soit un investissement de 1 973, 900 millions de FCFA, avant de se stabiliser autour des 2 295, 400 millions de FCFA pour les années 1989 et 1990.
Les dépenses consignées dans le tableau 5 servent essentiellement au financement du secteur paysannal, notamment le personnel d'encadrement, les activités en amont et en aval du secteur de l'agriculture ? Il est avéré que cette baisse d'investissement va réduire considérablement les performances de l'agriculture. L'évaluation du budget agricole par rapport au budget national montre que la volonté politique des pouvoirs publics ne se traduit pas dans les faits. En effet, jusqu'en 1991, le budget agricole n'avait jamais dépassé les 3 % du budget national. Il était de 2,5 %, du budget national en 1988, de 2,9 % en 1989 et 1990, et de 3 % en 1991,158 dans un pays essentiellement agricole, où le secteur primaire était considéré comme une arme du décollage économique. Dans une pareille situation, les paysans ne pouvant plus compter sur l'effort traditionnel des pouvoirs publics pour les soutenir, il est évident que leur production ne fera que baisser à leur tour. Mais la grande déception des paysans était venue de la liquidation de leur banque.
158 DESA, 1993, Recueil des données socio-économiques sur le secteur rural (1990-1991), p. 17.
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La CNCA était devenue inefficace pour le développement rural (comme nous l'avions dit un peu plus haut), surtout à partir de 1987, suite à un grand détournement de fonds qui l'avait paralysée presque totalement159. De plus, elle n'accordait ses prêts qu'aux agriculteurs intégrés à un groupement ou liés à un projet. Encore faut-il se poser la question de savoir combien de cultivateurs togolais étaient intégrés, ou étaient bien groupés ? La situation est beaucoup plus grave du côté des producteurs des cultures vivrières car certains producteurs de cultures industrielles étaient liés à des groupements, ceci depuis l'époque coloniale. Ainsi, cette situation a permis aux productions de rente de garder toujours leur prépondérance grâce aux avantages qu'ils avaient vis-à-vis des décideurs. Au fait, c'est que leur financement venait aussi de l'extérieur qui en tire aussi grand profit et qui n'a rien à gagner en investissant sur le maïs ou l'igname par exemple. Cela va aboutir à la liquidation de la CNCA (en 1990) portant ainsi un coup sévère aux paysans, donc à NSDR en ce sens qu'elle limita la capacité d'accumulation productive de ces derniers160. Comme la réussite de toute politique agricole dépend indubitablement du niveau de son financement, il est clair que cette situation explique des mésaventures des tentatives de modernisation agricoles mises en place dans le pays.
La Société nationale du commerce (SONACOM), était une Société mixte qui s'occupait de la commercialisation de tous les produits au Togo. Mais dès 1989, elle fut amputée du monopole de l'importation et de la distribution de tous les produits et denrées alimentaires. La commercialisation de ces produits fut alors libéralisée et exemptée de toutes les taxes de monopole. Il s'agit par exemple du riz et du sucre. Après l'abolition de ce monopole, l'Etat engagea la politique des prix aux producteurs, notamment des productions de rente, en référence au « prix plancher »161. Cette politique vise à assurer la croissance économique auto-soutenue à moyen terme des agriculteurs, tout en continuant d'améliorer la position de la balance des payements et des finances publiques. A titre d'exemple, au cours de la campagne agricole 1986-1987, les prix aux producteurs de café et de cacao ont été élevés : le prix du
159 Schwartz, 1989 : 99.
160 Maman, 2011 : 108-109 ; et Schwartz, 1989 : 99.
161 Hausse du prix aux producteurs, ou baisse de ce dernier par rapport au prix plancher, en fonction des cours mondiaux et de l'intervention de la caisse de stabilisation.
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café est passé de 365 FCFA le kg à 400 F CFA le kg et celui du cacao de 300 FCFA à 360 FCFA, soit une hausse respective de 9,6% et de 9,1%162.
La lecture attentive de cette politique de prix montre que l'Etat voulait tout simplement inciter les paysans à produire plus, car ceux-ci étaient déjà découragés par des mesures d'austérité. Pour les cultures vivrières, la libéralisation devait consister en la mise en place, d'un système d'attribution de licence d'exportation, et d'une ligne de crédit pour les groupements de paysans et les exportations en vue d'alléger les contraintes immédiates qui se posait à eux dans la commercialisation. Quant à TOGOGRAIN qui s'en chargeait, dès 1986 avec la NSDR, ce dernier fut restructuré, et il devait évoluer selon un certain nombre de règles qui lui sont tracées. A cet effet la règle de stock de TOGOGRAIN ne devrait pas dépasser 12 000 tonnes renouvelables par tiers annuel (Maman, 2011 : 110). L'objectif visé par la politique agricole du Togo durant cette période de déséquilibre et d'austérité budgétaire accentuée par les troubles sociopolitiques, était bel et bien la sécurité alimentaire.
Il paraît donc important de visiter les performances de l'agriculture pour voir s'il était arrivé à la hauteur de ce défi.
La sécurité alimentaire est assurée dans un pays si ce dernier arrive à couvrir les besoins de sa population par les disponibilités alimentaires (production locale + importation) stables, accessibles et d'une qualité nutritionnelle.
A la fin de la politique de la Nouvelle stratégie de développement rural, en 1993, la production agricole présentait une progression dans son ensemble, avec des variantes suivant les spéculations. Le tableau suivant montre l'évolution de chaque produit durant cette période.
162 Ministère du Plan, 1988, déclaration de la politique de développement du gouvernement togolais dans le cadre du 3ème PAS, p. 10.
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Tableau n° 6 : Evolution de la production des principaux produits agricoles durant la NSDR en milliers de tonnes de la campagne 1985-1986 à la campagne 1993-1994
Campagnes agricoles |
Production agricole en millier de tonne |
||||||
Céréales |
Tubercul e |
Racine |
Légumineuses |
||||
Maïs |
Sorgho- mil |
Riz paddy163 |
Igname |
Manioc |
Niébé |
Arachide |
|
1985-1986 |
181,6 |
168,9 |
15,2 |
364,4 |
474,4 |
26,6 |
31,5 |
1986-1987 |
127,0 |
212,9 |
19,8 |
409,4 |
410,7 |
23,1 |
34,8 |
1987-1988 |
172,1 |
168,2 |
23,2 |
360,4 |
355,2 |
36,2 |
31,7 |
1988-1989 |
296,3 |
175,5 |
28,7 |
378,7 |
413,1 |
18,0 |
25,2 |
1989-1990 |
287,3 |
249,8 |
27,7 |
405,1 |
408,6 |
22,8 |
27,6 |
1990-1991 |
285,4 |
172,5 |
25,1 |
391,9 |
592,9 |
19,6 |
26,5 |
1991-1992 |
231,1 |
191,2 |
39,3 |
376,5 |
510,5 |
17,0 |
21,8 |
1992-1993 |
278,1 |
187,6 |
25,3 |
368,0 |
452,1 |
23,8 |
32,1 |
1993-1994 |
393,1 |
201,5 |
34,0 |
350,4 |
389,5 |
38,6 |
34,7 |
1994-1995 |
269,5 |
129,8 |
38,8 |
375,2 |
411,8 |
21,5 |
29,2 |
1995-1996 |
225,1 |
191,1 |
39,7 |
411,2 |
466,8 |
22,5 |
27,2 |
Taux de croissance |
23,95% |
13,14% |
161,18% |
12,84% |
-1,60% |
-15,41% |
-13,65% |
Source : Par nous à partir des données de la DESA, 1996, (Cf. Annexe 1).
Selon le tableau 6, les différentes spéculations ont connu dans leur ensemble une tendance à la hausse durant la NSDR mais une observation de ce tableau dans les détails laisse voir que les différents produits ont alterné bonnes saisons et mauvaises saisons. C'est dire qu'il y a eu une énorme fluctuation, tant l'agriculture est pluviale et soumise aux caprices des aléas climatiques. Au niveau des céréales, le maïs constitue le meilleur exemple qui illustre cette situation. Sa production qui était de 181 600 tonnes en 1985-1986, était tombée à 127 000 tonnes la campagne suivante, soit une chute de 30,06 %, puis à 172 100 tonnes celle d'après, avant de rebondir à 196 300 tonnes à la campagne 1988-1989, soit un bond de 14,06 %. Puis elle grimpa jusqu'à 231 100 tonnes à la campagne 1991-1992 avant de remonter jusqu' à sa production record de 393 100 tonnes à la campagne 1993-1994, puis elle chuta de nouveau à
163 Le riz paddy, c'est le riz récolté à l'état brut avant décorticage.
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269 500 tonnes en 1994-1995, et à 225 100 à 1995-1996.Mais cette évolution en dents de scie, n'empêcha pas cette spéculation d'enregistrer une croissance d'ensemble de 23,95 % entre 1985 et 1996. La bonne opération a été du côté du riz paddy qui enregistra une forte croissance de 161,18 % sur la même période, alors que le sorgho-mil avait fait un bond de 13,14 %. Les tubercules et les légumineuses à l'exception de l'igname ont plutôt été très décevants. En effet de 1985-1986 à 1995-1996, le manioc a régressé de 1,60 %, le niébé de 15,41 %, et l'arachide de 13,65 %.
De toutes ces spéculations en régression, c'est le cas du manioc qui paraît un peu délicat, pour la simple raison qu'il est un produit à la fois alimentaire et matière première pour la petite industrie de transformation de ses multiples dérivés.
La production de viande et abats s'est accrue de 1986 à 1993 (15 200 tonnes en 1986, 17 300 tonnes en 1989, et 22 133 tonnes en 1993) avec un taux modeste 5,4 %.
Au même moment, les cultures de rente ont aussi vu leur production baisser. Le café est passé d'une production de 17 234 tonnes d'une valeur de 5 170, 2 millions de F CFA en 1989 à seulement 9 290 tonnes d'une valeur de 2 552,818 millions de F CFA en 1991, soit une baisse de 50,62 % du chiffre d'affaire164. Le cacao ne présentait pas aussi une situation satisfaisante durant la même période, car il est passé d'une production de 8 701 tonnes d'une valeur de 4 440, 308 millions de F CFA à seulement 6 279 tonnes d'une valeur de 3 093,306 millions de F CFA, soit un baisse du chiffre d'affaire de 30,33 %165. Le coton qui était entre-temps devenu une culture locomotive166, avait une production qui tournait autour de 35 832 tonnes d'une valeur de 1 622,529 millions de F CFA en 1991167.
Ces mauvaises performances de la production des cultures de rente constituent une grande perte pour les paysans producteurs. Ceux-ci n'avaient pas assez de devises après la vente, ce qui ne leur permet donc pas de faire face aux besoins sociaux en l'occurrence l'achat des denrées alimentaires, principalement en période de soudure. Cette situation constitue donc une menace sérieuse pour leur sécurité alimentaire de cette frange de la population togolaise.
164 DESA, 1993, Recueil des données socio-économiques sur le secteur rural (1990-1991), p. 21.
165 Idem., p. 21.
166 Les pouvoirs publics pensaient que le développement de cette culture de rente allait entraîner, grâce à son caractère national celui de tout l'ensemble de l'exploitation agricole et au-delà, celui de tout le milieu rural. C'est en cela que le coton était considéré comme « culture locomotive ».
167 DESA, 1993, Recueil des données socio-économiques sur le secteur rural (1990-1991), p. 21.
85
Si l'offre ou la disponibilité des produits alimentaires est une chose, la demande des consommateurs en est une autre. Et en situation de sécurité alimentaire sur une période donnée, rappelons-le, les besoins alimentaires en quantité et en qualité sont censés être couverts par la disponibilité alimentaire, celle-ci étant constituée de la production locale, des importations et/ou de l'aide internationale. En plus de cela il fallait que ces aliments disponibles soient accessibles à toutes les couches de la population durant toute la période. Cela implique donc de la part de celles-ci de disposer d'un pouvoir d'achat raisonnable durant cette période pour pouvoir en avoir accès. Quelle était donc la situation au Togo une décennie après la NSDR ?
L'analyse de la situation alimentaire au Togo dans les années 1990 révèle des constats suivants : globalement, la capacité de croissance agricole du pays en une décennie de réforme agraire de la NSDR est très faible pour toutes les productions aussi bien vivrières que de rente, à l'exception du coton. Ce qui affecta le Produit intérieur brut agricole réel (PIBA) par habitant et par an qui de 76 954 FCFA dans les années 1970 avait chuté à 66 244 FCFA dans les années 1980, puis à 48 644 FCFA en 1993168, soit une baisse de 36,78 % sur une période de trois décennies. Il en résulte donc de l'indice de l'extrême pauvreté, sur la sécurité alimentaire, qu'un Togolais sur trois souffrait de sous-alimentation chronique en 1993169.De plus, les paysans producteurs des produits agricoles d'exportation n'ont pas tiré grand avantage de leurs exportations. En effet, par rapport à leurs revenus, sur la période 1986/1992, le repli des cours mondiaux a engendré une baisse cumulée des prix aux producteurs de 37 % pour le cacao, de 65 % pour le café et de 14,5 % pour le coton170. Ceci se traduit donc par la baisse de leur pouvoir d'achat, et la réduction de leur capacité d'accéder aux produits alimentaires pour faire face à leurs besoins. Sur le plan de l'apport quantitatif alimentaire, de l'enquête budget-consommation de 1988, il ressort que seules les Régions des Plateaux et centrale ont toujours présenté des productions excédentaires sur l'ensemble du territoire.
En effet, en 1993-1994 par exemple, les déficits céréaliers était évalués respectivement à 45 900 tonnes et de 22 100 tonnes dans les Régions maritime et de la Kara dont : 4 300 tonnes de sorgho-mil et de 21 300 tonnes de riz dans la Région maritime ; et 140 500 tonnes de maïs,
168 Ministère du développement rural, 1996, Stratégie nationale de la sécurité alimentaire, document de travail, p. iii.
169 Ministère du développement rural, 1996, Stratégie nationale de la sécurité alimentaire, document de travail, p. iii.
170 Ministère du développement rural, 1996, Stratégie nationale de la sécurité alimentaire, document de travail, pp. 6-7.
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8 700 tonnes de sorgho-mil, et de 1 900 tonnes de riz dans la région de la Kara. Dans la Région des Savanes, la situation était beaucoup plus alarmante au même moment171.Le besoin en viande et abats étant estimé à 10 kg/habitant/an, les disponibilités n'ont jamais atteint ce taux malgré d'énormes importations de ces produits. En effet, ces disponibilités avaient évolué de 5 kg en 1989 à 5,7 kg en 1993, soit une couverture moyenne de 61 % sur cette période172.
Sur le plan de l'apport alimentaire qualitatif, globalement, la ration quotidienne moyenne était de 2 148 kcals en 1995, contre la norme de 2 400 kcals fixée pour les pays en développement par le sommet mondial pour l'alimentation de 1974173.
Il est alors évident que la non couverture des normes énergétiques et protéiques constatée est bien la conséquence d'une insécurité alimentaire qui affecte une partie de la population résidant dans les zones confrontées aux problèmes de famines saisonnières ou d'accès difficile aux aliments. L'apport en micronutriments pour une alimentation équilibrée est aussi déficitaire sur l'ensemble du territoire pour le fer, le maïs circonscrit, pour la vitamine A et l'iode. D'une manière générale, la croissance agricole et la situation alimentaire du Togo se situent en dessous des moyennes régionales et connaissent une fluctuation interne qui ne laisse pas envisager une stabilité pour les domaines où la dynamique agricole et alimentaire est positive.
171 DESA, 1993, Recueil des données socio-économiques sur le secteur rural (1990-1991), p. 19.
172 Ministère du développement rural, 1996, Stratégie nationale de la sécurité alimentaire, document de travail, pp. 10-11.
173 Idem.
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Pendant le boom pétrolier des années 1970 qui a créé l'illusion d'un décollage économique des pays de l'Afrique subsaharienne, le Togo de son côté avait son « boom phosphatier » qui a créé les mêmes illusions. Mais, très vite, les Gouvernements ont dû se rendre à l'évidence de la faiblesse de l'économie de leurs Etats vers la fin de cette même décennie. Ainsi au début de la décennie 1980, la plupart de ces pays ont pris des mesures d'austérité budgétaire dans le cadre de ce que l'on a appelé Programme d'ajustement structurel (PAS) en vue de relancer leur économie. Comme le dit si bien Simon, « le programme de relance économique du Togo est principalement orienté vers la libéralisation des filières de production » (CRASH, 2003 : 84). Deux importantes filières, la filière café-cacao et la filière coton, ont été concernées par cette libéralisation. Il s'agissait pour l'Etat de se désengager de ses fonctions traditionnelles dans l'organisation, la gestion et le fonctionnement de ces filières. Cette situation s'est aussi traduite par le recadrage institutionnel de l'encadrement du monde rural, mais la grande conséquence qu'elle engendra fut la perte du soutien traditionnel de l'Etat auprès des paysans matérialisée par la baisse des investissements, l'arrêt des subventions des intrants agricoles, et la liquidation de la plupart des structures de soutien du monde rural. Il en résulte alors une faible progression des produits aussi bien vivriers que de rente à même de permettre aux populations sans cesse grandissantes de faire face à leurs besoins quotidiens. Il apparaissait alors évident pour les pouvoirs publics de définir une nouvelle politique de la sécurité alimentaire pour le XXèm siècle finissant.
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La dernière décennie du XXèm siècle a été pour le Togo une période trouble, marquée par les crises sociopolitiques issues de l'avènement de la démocratisation, et le départ de ses principaux bailleurs de fonds. Le pays s'est alors vu dans l'obligation d'engager sous tutelle de ses principaux partenaires économiques (la BM, et le FIDA notamment) des réformes structurelles de toute son économie. Réformes qui n'épargnèrent donc pas le secteur de la production agricole, qui pourtant constituait une cheville ouvrière de l'économie puisque faisant vivre plus des 2/3 de la population et occupant plus de 60 % des actifs de celle-ci. Au même moment le défi de la sécurité alimentaire restait une entière préoccupation du pays qui n'hésita pas à pendre de nombreuses initiatives aussi bien nationales que régionales en la matière, car le problème de la sécurité alimentaire à l'heure de la mondialisation restait un fléau transfrontalier. Par rapport à cette donne, il se pose alors la question de savoir, quelle a été la stratégie du Togo pour contrer l'insécurité alimentaire de 1996 à 2008 ? Pour répondre à cette question, nous analyserons d'abord l'effet du désengagement de l'Etat dans le secteur productif et de la libéralisation économique et leurs effets sur la production agricole ; ensuite, la politique intégrée de l'Etat en matière de lutte contre l'insécurité alimentaire, de même que les projets initiés en la matière ; et enfin l'état de la sécurité alimentaire au Togo à l'horizon 2008.
Après une période d'absence de financement extérieur, qui avait vu souffrir l'agriculture togolaise, le Fond international de développement agricole (FIDA) et la Banque mondiale (BM) dans la logique de désengagement et de libéralisation économique, avaient financé un Projet national d'appui aux services agricoles (PNASA) qui créa le Ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche (MAEP) dont le mécanisme d'intervention tourne autour de trois principaux organes. Il s'agit du Secrétariat général (SG),174 de l'Institut du conseil et d'appui technique (ICAT)175 et de l'Institut togolais de recherche agronomique (ITRA)176.
174 Décret n°97-108/PR du 23 juillet 1997.
175 Ibid.
176 Ibid.
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Le Secrétariat Général est l'organe d'animation, de coordination et de supervision des programmes des services centraux et des établissements sous tutelle technique dudit Ministère. Il coordonne les activités de 6 directions centrales subdivisées en 22 divisions et de 5 directions régionales que sont les Directions régionales de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche (DRAEP). Les 6 directions centrales sont les suivantes: Direction de l'agriculture (DA), Direction de la planification et des ressources humaines (DPRH), Direction de l'aménagement et de l'équipement rural (DAER), Direction des statistiques, de l'informatique et de la documentation (DSID), Direction de l'élevage et de la pêche (DEP) et Direction de l'administration et des finances (DAF). Au Secrétariat général sont rattachés des organismes tels que la Société togolaise de coton (SOTOCO), l'Office national des abattoirs frigorifiques (ONAF) et l'Observatoire de sécurité alimentaire (OSAT).
Dans le monde de l'encadrement rural régnait un grand désordre qui nécessitait une prise de conscience. En effet, le niveau de compétence technique des agents d'encadrement de base des DRDR était dans l'ensemble très bas. La grande majorité des encadreurs et chefs de sous-secteurs n'avait jamais bénéficié de formation agricole de base. Leur formation professionnelle initiale se limitait à une session de 2 à 3 jours aux techniques simples de production. Il n'existait donc aucun système de suivi et d'évaluation des activités d'encadrement. Ainsi, le rapport annuel du Ministère du développement rural (MDR) de l'année 1981 concluait-il en ces termes : « Nous avons l'impression que pour 80% de nos encadreurs, tout est à refaire, depuis l'alphabétisation fonctionnelle jusqu'aux techniques agricoles en passant par des tests d'éveil de bons sens, la plupart des encadreurs n'inspiraient aucune confiance »177 (Maman, 2011 : 103-104). La création de l'ICAT dont la mission fut de contribuer à la promotion du monde rural, à travers la professionnalisation des producteurs agricoles était une réponse à ce fléau. Il comprend une Direction générale, cinq délégations régionales et des agences au niveau des préfectures. Compte tenu de l'importance du secteur agricole et des enjeux qui le caractérisent, les pouvoirs publics par le biais de l'ICAT, s'appuyant sur les opportunités offertes par l'organisation paysanne, ont mis en oeuvre depuis 1996 une réforme structurelle basée sur la responsabilisation du monde rural, afin de garantir
177 Ministère du développement rural, 1986, nouvelle stratégie de développement rural, document 3 : encadrement et formation, p. 5.
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aux populations agricoles/rurales des services de base tels que l'accès aux marchés, la défense de leurs intérêts, l'accès aux prises de décision et la participation, la contribution à leur bien-être et à la bonne gouvernance locale. La stratégie repose alors sur la reconnaissance du rôle des agriculteurs comme agents économiques et se fonde aussi sur un nouvel équilibre et une collaboration entre les organismes publics et le secteur privé.
En termes de situation des OPA issues de la mise en oeuvre de la DPDA178 1996, latypologie des organisations paysannes s'est développée selon deux axes, à savoir: l'axe professionnel, agricole et financier; et l'axe sociocommunautaire. Le premier axe, étant le plus ancien de l'organisation paysanne, a connu au cours de la période 1996-2004 179, une évolution
typologique progressive et pyramidale autour de l'activité économique, professionnelle et dans l'espace géographique excentrique (village, préfecture, région, nation, etc.). Cependant, il y a lieu de relever que cette évolution n'est pas uniforme selon les filières, en raison de la convergence ou non des intérêts et des motivations respectives des acteurs des filières et de l'Etat. Ainsi, l'organisation des filières de productions vivrières et celle des productions de diversification des exploitations connaissent un essor moins encourageant que celui des productions traditionnelles(coton, café/cacao) de rente. Néanmoins, toutes les filières sont affiliées aux chambres régionales de l'agriculture. Globalement, tous les sous-secteurs de l'agriculture, au sens large, connaissent des mouvements coopératifs. Le deuxième axe étant celui de motivation très récente (la décentralisation par transfert de pouvoir de décision, d'exécution et de gestion,...) et visait comme intérêts le bien-être communautaire, la bonne gouvernance locale, la responsabilisation des communautés rurales, ses outils et stratégies sont peu maîtrisés. Son évolution ne présente pas encore une couverture géographique de base complète ni une évolution pyramidale. Mais il faut aussi retenir qu' en même temps qu'il appuie les OP, l'ICAT se charge de la vulgarisation des intrants et des nouvelles techniques culturales mises en place par l'ITRA, à leur endroit.
L'ITRA a pour attribution de conduire les activités de recherche-développement dans les domaines des systèmes agraires, des productions, de la gestion des ressources naturelles, des technologies alimentaires et de la normalisation. Il comprend une Direction générale dotée
178 DPDA : Déclaration de politique de développement agricole.
179 1996-2004 caractérise la période de mise en oeuvre de la DPDA. Elaborée pour la première fois pour 19931997, elle fut réactualisée en 1996 pour une durée de quatre ans de 1996 à 2000, puis une troisième fois sur 2000-2004.
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d'une Direction scientifique, et au niveau des régions, des Centres de recherche agricole. L'ITRA, résultait du regroupement de plusieurs instituts de recherche auparavant administrés par la Direction nationale de la recherche agronomique (DNRA). Il s'agissait de l'Institut national des cultures vivrières (INCV), l'Institut national des sols (INS), l'Institut national de la Nutrition et de la Technologie Alimentaire (INTA), l'Institut de recherche sur le coton et des textiles exotiques (IRCT), l'Institut de recherche du Café et du Cacao (IRCC) et l'Institut National Zootechnique et Vétérinaire (INZV).L'ITRA, qui dépend du MAEP, est responsable des recherches relatives aux systèmes agricoles, aux productions végétale et animale, à la pêche, à la gestion des ressources naturelles et aux technologies alimentaires. Cet institut, dont le siège social se trouve à Lomé, possède des Centres de recherche agricole (CRA) situés dans chacune des quatre zones agro-écologiques du pays, à savoir le littoral à Lomé (CRA-L), la forêt à Kpalimé(CRA-F), les savanes humides à Anié (CRA-Sil) et les savanes sèches à Dapaong (CRA-SS). Entre 1997 et 2003, l'ITRA est demeuré majoritairement dépendant du financement du PNASA provenant en grande partie des prêts de la Banque Mondiale. L'avenir du financement de l'ITRA demeure très incertain depuis la fin du PNASA en 2003. De nombreux programmes de recherche ont été suspendus et seuls les projets soutenus par les réseaux régionaux disposent d'un appui financier adéquat.
Pour réduire les dépenses publiques du pays sous pression de ses principaux acteurs financiers extérieurs, le Togo devait libéraliser son secteur agricole.
S'inscrivant dans la logique des réformes engagées depuis les années 1980 dans les PAS, le Togo s'est donc lancé à partir de 1996-1997 dans la politique de désengagement total dans les sous-secteurs de production agricole, en l'occurrence celui d'approvisionnement en intrants.
A partir de 1996-1997, le Togo abandonna le stade des subventions dégressives des intrants pour celui de cession du marché au privé afin de réduire ses dépenses et de faire face à ses dettes, pour pouvoir renouer avec la croissance économique.
Pour ce qui concerne les engrais, le monopole d'importation et de distribution ne disparut pas totalement pour cause de la persistance de la SOTOCO dans le portefeuille de l'Etat. En effet, avant la libéralisation, le Service des engrais et moyen de production (SEMP) et la SOTOCO importaient la quantité d'engrais nécessaire après évaluation des besoins, puis ils se
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chargeaient également de la distribution dans les différentes zones. Mais à partir de 1997, conformément au processus de désengagement progressif de l'Etat du marché, la Division de la maintenance et du patrimoine logistique (DMPL)180 et la SOTOCO ne procédaient plus à l'importation des engrais. Ce rôle était dévolu aux structures privées qui importaient et revendaient de l'engrais à la DMPL et à la SOTOCO, qui se chargeaient chacune à leur tour de la redistribution sur le plan national. C'est en cela qu'on peut dire que l'Etat n'a pas totalement perdu le monopole du marché. Mais cela n'empêcha pas l'importation d'engrais d'enregistrer une faible croissance, passant ainsi de 36 848 tonnes en 1997 à 45 106,1 tonnes en 1999, soit une augmentation de 22,4 % sur les trois ans ayant suivi la libéralisation, contre une progression de 44,8 % sur les trois années l'ayant précédé (26 275 tonnes e 1994 et 38 086 tonnes en 1996). En trois années consécutives, le taux d'importation d'engrais a diminué de 50 %181. Cette situation pourrait s'expliquer par la hausse du prix de vente des engrais, et l'incapacité de la DMPL de financer la commande des engrais vivriers, se contentant des dons d'engrais japonais.
Le marché des pesticides était détenu par les mêmes structures de gestion d'engrais que sont la SOTOCO pour le coton, la DMPL pour les productions vivrières, l'Association de conseil de développement rural (ACDR) 182 pour le café-cacao ainsi que les sociétés privées importatrices et parfois distributrices. Dans ce secteur l'effet de la libéralisation a plutôt été positif amenant les importations à se multiplier par trois sur trois ans. Entre 1997 et 1999, les importations sont allées de 777,903 tonnes à 1 566,164 tonnes183. Cela pouvait s'expliquer par le fait que le foisonnement des acteurs notamment privés a permis l'accès à des producteurs vivriers aux intrants.
Les produits vétérinaires, et les aliments pour bétail connaissant déjà l'intervention des privés depuis les années 1990. Cette situation s'est confortée par le retrait du PROPTA dans l'importation des produits vétérinaires à partir de 1997, mais il garda la Direction de l'élevage et de la pêche dans le processus d'importation. Toutefois, la libération a eu pour effet d'augmenter les prix des produits de traitement sanitaire. Ainsi, par exemple, le vaccin pestos1000 doses a vu son prix passer de 1 225 FCFA en 1996 à 1 575 FCFA en 1998, puis à 1 700 FCFA en 1999, soit une hausse de 38,77 % sur trois ans184.
180 Elle remplaça le SEMP en 1990 (Fondation SADAOC - Togo, 2000, p. 12).
181 Fondation SADAOC - Togo, p. 15.
182 Elle fut créée en remplacement de la SAFIC (Société d'appui à la filière café-cacao).
183 Fondation SADAOC - Togo, pp. 18-19.
184 Idem., pp. 24-25.
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Suite à la restructuration du ministère en charge de l'agriculture, le marché des semences améliorées est centré sur les organismes suivants : l'ITRA, l'ICAT, la ferme semencière de Sotouboua et les OPA. L'ITRA s'occupe de l'introduction, de l'amélioration et le la production de semences pré-base, l'ICAT appuie la production et est responsable de la distribution. La ferme semencière de Sotouboua qui est censée fournir les semences de base a du mal à fonctionner à cause des difficultés financières. Les paysans individuels choisis compte tenu de leur degré de réceptivité de nouvelles techniques agricoles sont censés produire des semences à moindre coût pour les agriculteurs. Mais il n'est pas rare de constater la présence de produits phytosanitaires de mauvaise qualité sur le marché, due certainement au manque de contrôle de qualité. Rôle qui incombe à l'ITRA. Mais la grande conséquence de la libéralisation reste la fluctuation des prix des semences, autrefois fixés par l'Etat. A titre d'exemple entre les campagnes agricoles 1996-1997 et 1999-2000, le prix des semences commerciales du maïs, du sorgho et du riz oscillaient entre 150 et 200 FCFA le kilogramme, alors que ceux du niébé et du soja oxillaient entre 300 et 350 FCFA le kilogramme185.
Le marché des matériels agricoles concerne surtout le petit matériel, la culture attelée et le matériel motorisé. Le processus de désengagement de l'Etat l'avait amené à liquider la principale structure de production de matériels agricoles qu'est l'Unité de production de matériels agricoles (UPROMA) en 1977186. Un coup dur pour le secteur rural quand on sait que cette structure était le seul organe producteur de matériels non motorisés et souvent maniables à la main pour les petits paysans togolais qui continuent d'user de l'énergie humaine pour le travail de la terre. La culture attelée était animée et organisée par le Projet pour la promotion de la traction animale (PROPTA), qui avait un accord avec l'UPROMA, achetait l'équipement complet pour la traction qu'elle cédait au paysans, mais avec la dissolution de l'UPROMA et du PROPTA, un grand vide est donc créé dans ce domaine de modernisation agricole. Les matériels de traction animale utilisés par les paysans manquent de pièces de rechange, faute de structure de production. La libéralisation a donc créé un vide difficilement comblable. La motorisation agricole après son échec dans les années 1980, ne se résume plus qu'à une utilisation sommaire dans la riziculture des bas-fonds et les vallées de l'Oti, et du Zio. En 1996-1997, la Direction des statistiques agricoles de l'informatique et de la documentation (DSID), avait dénombré seulement 40 moteurs sur toute l'étendue du territoire togolais, dont 16 dans la région maritime, 5 dans les plateaux, 4 dans la région
185 Fondation SADAOC - Togo, pp. 36-37.
186 Par Décret n ° 97-102 du 23 juillet 1997, l'UPROMA fut dissoute. (cf. annexe 2).
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centrale, 3 dans celle de la Kara, et 12 dans les savanes. Ce nombre aussi insignifiant soit-il dénote de la médiocrité de la modernisation agricole au Togo des années 1996-2008, qui pourtant prétend offrir une production agricole pouvant garantir une sécurité alimentaire à sa population qui ne cesse de croître d'année en année. Le fort taux de concentration des tracteurs dans les Régions des Savanes (30 %) et Maritime (40 %) s'explique par l'utilisation des Machines dans les zones rizicoles des vallées de l'Oti dans les savanes et du Zio dans le maritime. Le mode de financement agricole a aussi été décentralisé.
Dans le domaine de l'appui financier agricole, deux remarques importantes s'imposent. Il s'agit d'une démission de l'Etat en matière de crédit rural et d'un faible budget agricole. En effet, depuis les années 1990, le secteur du crédit agricole togolais était en crise, après la fermeture de l'organe bancaire en charge, la CNCA. Elle a été liquidée en raison d'une accumulation d'impayés, de malversations et d'une mauvaise gestion, et il n'y avait donc plus d'établissements spécialisés dans le financement du secteur agricole et le financement du secteur a été intégralement libéralisé. Ce qui veut dire en réalité que, comme les banques commerciales n'interviennent qu'exceptionnellement au profit du secteur 187, il n'y avait pratiquement plus de crédit à moyen et long terme en dehors des lignes de crédit prévues dans le cadre de projets de développement sur financements extérieurs et de quelques ONG agissant en milieu rural, ce qui constitue une contribution très marginale. Ce fut un coup dur pour les paysans producteurs des cultures vivrières puisque les associations de producteurs de coton continuaient à bénéficier néanmoins d'un système performant de crédit de campagne pour les intrants destinés à la culture du coton. La SOTOCO délivrait à crédit, un engrais coton, les pesticides et les piles des pulvérisateurs UVB. Les semences sont cédées gratuitement. La valeur du forfait est déduite du produit payé au producteur après collecte et égrenage par la SOTOCO, et ceci sans intérêt. Tout le coton produit étant centralisé et égrené par la SOTOCO, le taux de remboursement des crédits à la SOTOCO est voisin de 100 % 188 .Le relais devrait être pris par les institutions financières rurales à caractère mutualiste (les SFD. L'objectif visé par l'Etat était de promouvoir par le biais de ces structures privées, le crédit rural et agricole au Togo. Aussi assista-t-on à un foisonnement de
187 Pour ces banques les paysans n'offrent pas de garanties nécessaires pour qu'ils bénéficient de leurs prêts.
188 FAO, 1996, Etude sur les phosphates naturels du Togo et leur exploitation dans les systèmes de culture, p. 21.
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ces structures financières privées. Parmi elles nous pouvons citer entre autres la FUCEC189, dont les activités couvrent l'ensemble du territoire togolais, la SYNORSEC 190 et la SOCODEVI191 (Maman 2011 : 123). Mais la réalité du terrain montra que la passation du témoin n'a vraisemblablement pas avantagé les agriculteurs. En effet, à en croire une étude menée par l'UEMOA en 2000, sur les 42 SFD recensés en 1997, 26 ont déclaré financer des activités agricoles. Les 16 autres essentiellement urbains, financent des activités de commerce, d'artisanat, de service, mais représentent une fraction marginale du secteur des SFD. Le montant total de crédit estimé allouer à l'agriculture par ces SFD était de l'ordre de 780 millions en 1997, soit environ 12% du volume de crédit global traité par ces 26 SFD, et environ 10% du portefeuille global de tous les SFD confondus192. La simple comparaison avec le montant estimé des besoins annuels de financement de court terme des exploitations cotonnières (10.5 milliards pour les intrants coton et vivrier) montre la faible contribution relative des SFD au financement de l'agriculture, et plus précisément à la production vivrière193. Par ailleurs, les financements octroyés à l'agriculture sont en très grande majorité de court terme (<1an). De plus, les crédits agricoles n'occupent qu'une infime partie des financements de ces SFD. Par exemple, bien que la FUCEC, soit le plus grand réseau national la part qu'elle accorde à l'agriculture est faible. En décembre 1998, le réseau regroupait 152 COOPEC, disséminées sur l'ensemble du territoire national et comptait environ 108 000 membres, mais celui-ci n'avait octroyé que 7 % seulement des ses crédits au secteur agricole 194 .Les crédits sont de court terme parce que les petits paysans n'offrent pas assez de garantie de solvabilité, tant ils sont soumis aux caprices des aléas climatiques d'une part, et d'autre part, avec la dissolution de l'OPAT, le prêteurs (les SFD), ne sont pas assurés de recouvrer leur emprunt par les producteurs de cultures de rente. Car avec l'OPAT, le recouvrement des crédits se faisait après la vente par celle-ci. Tout ceci laisse entrevoir que les paysans togolais, qu'ils soient producteurs de produits vivriers ou de rente étaient dans une réelle impasse, et éprouvaient d'énormes difficultés
189 FUCEC : Fédération des unions de coopératives d'épargne et de crédit, créée depuis 1968 est un SFD qui est le plus proche des ruraux actuellement.
190 Synergie nord/sud pour l'épargne et le crédit (SYNORSEC) est un SFD fortement orienté vers l'agriculture, mais très peu développé.
191 Société de Coopérative pour le Développement International, est une ONG travaillant essentiellement dans le genre en milieu rural.
192 UEMOA, Etude sur les financements des filières agricoles des pays de l'UEMOA, rapport par pays, Togo, janvier 2000, 64 p.
193 Notons que ces chiffres reflètent une situation « d'après libéralisation »puisqu'avant celle-ci, la contribution de la FUCEC (Faitière des unités coopératives d'épargne et de crédit) par exemple, était au moins deux fois plus importante et dépassait le milliard annuellement.
194 UEMOA, Etude sur les financements des filières agricoles des pays de l'UEMOA, rapport par pays, Togo, janvier 2000, pp. 32-48.
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pour faire face à leurs besoins basiques, car leurs activités ne leur procurant plus de revenus conséquents. De l'autre côté, l'austérité budgétaire et la libéralisation de l'économie avaient amené l'Etat à porter moins d'investissement que ne l'exigeait le secteur.
En effet, les investissements publics dans le secteur agricole ont fortement baissé depuis que le Togo s'est lancée dans le processus de désengagement. Situation rendue pire par la rupture de la coopération avec ses partenaires bilatéraux et multilatéraux. Ainsi, de plus de15 milliards (soit 12 % du budget national) dans les années 1980, ils baissèrent à 11 milliards de F CFA dans les années 1990, avant de dégringoler pour se situer autour de 3 milliards (soit 3 % du budget) en 2000 et même à moins d'un milliard en 2003195. La raison de cette chute vertigineuse paraît simple, car plus de 80 % du financement agricole togolais est assuré par les fonds extérieurs des partenaires au développement. Or, ceux-ci avaient coupé leur coopération avec le pays, aboutissant ainsi à un arrêt de financements des bailleurs de fonds importants tels que les institutions de Bretton Woods (Banque mondiale, FMI), le FIDA et la BAD ont tous cessé leur décaissement pour non apurement des arriérés de paiement depuis 2001, et surtout à cause du déficit démocratique. Conscient que l'insécurité alimentaire, est un phénomène transnational, le Togo avait à partir des années 2000 opté pour une lutte intégrée contre ce fléau.
Cette politique s'était traduite par l'adoption des politiques agricoles communes au niveau régional et sous régional, sans oublier les recommandations internationales en la matière.
À la veille du troisième millénaire, l'insécurité alimentaire frappait la plupart les Etats africains, dont la cause principale était la défaillance des politiques agraires initiés dans différents pays. Afin de renverser la tendance du déclin du secteur agricole, sur le continent, les ministres africains en charge de l'agriculture ont adopté, à la XXIIèm Conférence régionale pour l'Afrique, le 8 février 2002 au Caire, une résolution sur les étapes clefs à considérer dans le domaine agricole dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique
195 Gouvernement de la République du Togo, Appui à la mise en oeuvre du NEPAD-PDDAA, Programme national d'investissement à moyen terme (PNIMT), p. 11.
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(NEPAD)196. Pour mettre en oeuvre cette résolution, ils ont approuvé, le 9 juin 2002, le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture en Afrique (PDDAA). La Déclaration sur l'agriculture et la sécurité alimentaire en Afrique, ratifiée par l'Assemblée des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union africaine réunis à Maputo (Mozambique) les 10 et 11 juillet 2003, a apporté un soutien politique fort au PDDAA. A cette occasion, les Chefs d'Etat et de gouvernement se sont engagés à adopter des politiques déterminées en faveur de l'agriculture et du développement rural et à y consacrer, dans les cinq années à venir, au moins 10% de leur budget. Le PDDAA définit un cadre général présentant les principaux axes d'intervention prioritaires pour restaurer la croissance agricole, le développement rural et la sécurité alimentaire en Afrique. Par essence, il a pour objectif de mettre en oeuvre les recommandations des conférences internationales récentes sur la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté et l'utilisation durable des ressources naturelles. Le programme repose sur cinq piliers, à savoir : extension des superficies bénéficiant d'une gestion durable des sols et de systèmes fiables de maîtrise de l'eau ;amélioration des infrastructures rurales et des capacités de commercialisation, pour un meilleur accès au marché ;augmentation de l'offre alimentaire et réduction de la faim ;recherche agricole, vulgarisation et adoption de technologies permettant une croissance durable de la production ; et Développement durable de l'élevage, des pêches et des forêts.
Le résultat attendu de ces initiatives était de faire augmenter les productions agricoles nationales de 6 %. Toutes ces mesures ne valent que par leur financement, et cela fut même le point phare de la PDDAA, adopté sur engagement à Maputo en 2003. Pour atteindre cet objectif, le Togo avait soumis à la FAO, en 2005 un projet de financement nommé Projet national d'investissement à moyen terme (PNIMT). Cinq années après (en 2008) Maputo (en 2003) et malgré l'appui de la FAO, le Togo ne réalisa pas l'objectif d'accorder 10 % de son budget au secteur agricole. En effet, pour atteindre cet objectif, l'Etat togolais estimait ce budget à 70 milliards de FCFA, ce qui le classait dans la fourchette des pays à revenus intermédiaires (10 % du PIB agricole)197. Or de 2003 à 2008 le budget agricole togolais bien qu'il soit en croissance n'atteignit même pas 23,33 milliards, c'est-à-dire le tiers des 70 milliards recommandés. En effet, le budget agricole était passé d'environ 8 milliards en 2004 à
196 Le NEPAD est né en juillet 2001 de la fusion du Plan Oméga et du Millenium African Plan, au cours de l'année 2000, et qui cherchaient à pallier le retard immense qu'avait pris l'Afrique en matière de développement sur la scène internationale. Il n'est pas une institution complètement autonome. C'est avant tout un projet, sous la tutelle de l'Union africaine. Son ultime but est de combler le fossé séparant l'Afrique du reste du monde.
197 République togolaise, revue diagnostique des dépenses publiques dans le secteur agricole, rapport final, p. ix.
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environ 21 milliards en 2008198, soit une croissance d'environ 162,5 % mais pas suffisant pour être dans les normes du PDDAA, alors que cinq pays de l'Afrique occidentale voisins du Togo avait réussi à réaliser cet objectif. Il s'agit du Burkina Faso, du Niger, de la Guinée, du Sénégal et du Mali199. En conséquence, la croissance attendue de 6 % ne fut pas au rendezvous. La tendance était plutôt à la baisse passant de 4,8 % en 1996 à 1,2 % en 2003200. Des mesures conjointes étaient aussi prises sur le plan sous-régional afin de bouter l'insécurité alimentaire hors des frontières.
La politique agricole de l'UEMOA (PAU) n'a pas vocation de remplacer les politiques agricoles nationales des Etats-membres. En vertu du principe de subsidiarité, elle vient les compléter pour tirer parti des complémentarités agricoles entre les pays et pour développer des synergies entre les politiques agricoles nationales afin de les rendre plus efficaces. Les objectifs assignés à la PAU découlent des grands défis auxquels est confrontée l'agriculture de la région : nourrir sa population, accroître de façon durable la production agricole et réduire la pauvreté rurale.
L'objectif global de la PAU, est donc de contribuer, de manière durable, à la satisfaction des besoins alimentaires de la population, au développement économique et social des Etats-membres et à la réduction de la pauvreté. Cet objectif global peut se décliner en trois objectifs généraux. Ces objectifs rejoignent dans leurs grandes lignes ceux de la politique agricole de la CEDEAO dénommée ECOWAS. Pour atteindre cet objectif, les Etats membres tout en prenant des engagements d'élaborer des politiques agricoles nationales cohérentes avec les défis de l'heure, se sont décidés à établir une tarification commune des produits du secteur rural, en allant des intrants jusqu'aux denrées alimentaires finies. L'Union douanière a été réalisée par la mise en place d'un tarif extérieur commun (TEC), et par la libéralisation des échanges dans la zone. La structure du TEC de l'Union est composée comme suit :
- Droit de douane (DD) à 4 taux (0 ; 5 ; 10 et 20%)
198 République togolaise, revue diagnostique des dépenses publiques dans le secteur agricole, rapport final, p. 14.
199 Information disponible sur le site d'Afrikinfo, http://fr.afrikinfos.com/2013/07/10/engagements-investissements-dans-le-secteur-agricole-dix-ans-apres-maputo-toujours-trop-loin/ns, consulté le samedi, 15 février 2014 à 10 h 49.
200 République du Togo, revue des efforts de développement dans le secteur agricole, pp. 1-2.
201 UEMOA : Union économique et monétaire ouest africaine.
202 CEDEAO : Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest.
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- Redevance statistique (RS) : 1%
- Prélèvement communautaire de solidarité (PCS) : 1%203
Les 4 catégories de Droit de Douane ont été déterminées sur la base des 3 critères suivants : critères d'équité, de niveau de transformation et d'utilisation. La catégorie « 0 » regroupe dans une liste limitative, les produits à caractère social, tels que les produits pharmaceutiques, les appareils médicochirurgicaux, les livres, etc., qui par nature et par destination, sont généralement exclus des préoccupations fiscales des Gouvernements. C'est ainsi que les produits de première nécessité, les matières premières de base, les biens d'équipement et les intrants spécifiques sont classés dans la catégorie « 1 » affectée d'un taux de 5%.Le critère du niveau de transformation a prévalu dans la détermination de la catégorie « 2 » des produits intermédiaires, affectés d'un TEC au taux de 10%. Il assure à la production industrielle des pays de l'Union un niveau de protection suffisante qui lui permet d'accroître la valeur ajoutée nationale. Enfin, le critère d'utilisation finale permet de classer les produits selon qu'ils sont destinés à une ouvraison complémentaire, et sont faiblement taxés, ou à la consommation finale. Quand ils sont destinés à la consommation finale ils sont fortement taxés. Ils sont alors dans ce dernier cas classés dans la catégorie « 3 » et assujettis au TEC à 20%. Le tableau 7 synthétise ces taux globaux du TEC.
Tableau n° 7: Taux globaux du TEC
Droits et Taxes |
Catégorie |
|||
0 |
1 |
2 |
3 |
|
Droit de douane |
0 |
5% |
10% |
20% |
Redevance statistique |
1% |
1% |
1% |
1% |
PCS204 |
1% |
1% |
1% |
1% |
Fiscalité globale |
2% |
7% |
12% |
22% |
Source : FAO-UEMOA, Etude sur l'élaboration du TEC appliqué aux produits agricoles et du mécanisme de sauvegarde spéciale pour l'UEMOA, p.10.
Ainsi, pour le Togo, avec l'entrée en vigueur du TEC depuis l'an 2000, les produits du cru et industriels communautaires agréés sont exonérés des droits de douanes, parce que faisant partie de la catégorie « o ».Cependant de nombreuses études estiment, que le TEC a eu des effets négatifs sur le pays. Ceux-ci se traduiraient par l'arrivée massive de produits
203 FAO-UEMOA, Etude sur l'élaboration du TEC appliqué aux produits agricoles et du mécanisme de sauvegarde spéciale pour l'UEMOA, p.10.
204 Prélèvement communautaire de solidarité
100
manufacturés ivoiriens et accessoirement sénégalais, sans que le Togo puisse augmenter ses exportations en direction de ces pays205. Le manque de compétitivité des produits agro-industriels togolais explique cette faible exploitation du marché de ces deux pays.
Pour mettre en pratique toutes ces initiatives prises çà et là en matière de lutte contre l'insécurité alimentaire, divers projets ont été réalisés.
Les projets réalisés dans le cadre du programme d'ajustement structurel et de relance de l'agriculture, et de la sécurité alimentaire au Togo des années 90 aux années 2000, peuvent être regroupés en deux catégories. Les projets de soutien à l'agriculture et les projets de soutien au domaine de la santé.
Les projets de soutien agricoles estimés à une dizaine à l'horizon 2006 sur toute l'étendue du territoire togolais avaient presque tous les mêmes objectifs. Il s'agit entre autres de :
Projet d'organisation et de développement villageois (PODV). Le PODV réalisé de 1996 à 2005 dans la Région Maritime et financé par le FIDA pour un montant total de 4,544 millions de FCFA206, avait pour objectifs d'augmenter et diversifier les revenus agricoles, de réduire les contraintes liées au foncier et de protéger les ressources naturelles renouvelables. Les actions prévues en vue d'atteindre ces objectifs sont regroupées en quatre composantes que sont la protection du patrimoine foncier, la petite hydraulique agricole, l'appui aux organisations villageoises, et le financement rural.
Projet vivrier Avé-Togo (PVAT). Le PVAT installé dans la préfecture de l'Avé visait les objectifs ci-après: garantir la sécurité alimentaire par la maîtrise de l'eau, intensifier et diversifier la production agricole, augmenter les revenus des populations de la zone d'intervention, renforcer les capacités de gestion des organisations professionnelles pour une responsabilisation plus accrue des bénéficiaires.
Programme d'amélioration des moyens d'existence des populations pauvres(PAMEP) de 2000 à 2003.Il visait à améliorer le niveau de vie des populations pauvres dans les Régions de la Kara et Centrale, et d'autre part, à renforcer les capacités des
205 UEMOA, les grandes orientations de la politique agricole de l'UEMOA, p. 81.
206 MAEP, Programme national de sécurité alimentaire (PNSA), stratégie et plan d'action à court et moyen termes (2008-2015), janvier 2009, p. 42.
101
principaux acteurs (publics etprivés) dans la mise en oeuvre et le suivi des actions de lutte contre la pauvreté. Le projet fut mis en oeuvre à travers deux composantes: mise en place d'un fonds d'appui au développement villageois (FADEV), basé à Kara et renforcement des capacités et appui au système de suivi et de coordination de lutte contre la pauvreté, dont la cellule était à Lomé.
Projet de soutien aux groupements villageois de l'est de la Région des Savanes (SOGVERS). De tous ces projets, celui-ci paraît comme étant le prototype pour appréhender la portée de l'ensemble de tous, puisqu'ayant presque les objectifs similaires. En effet, réalisé dans la zone des préfectures de l'Oti et de Kpendjal sur une superficie cultivable d'environ 50 000 ha et une durée de quatre années consécutives (1996-2000), il avait comme but principal d'améliorer leurs conditions de vie et de protéger l'environnement en amorçant un processus de développement auto-entretenu et autogéré au niveau des villageois. Ce but principal se déclinait sous cinq points d'impact à savoir : promouvoir les groupements villageois, augmenter la production agricole et de l'élevage par la fourniture des services de vulgarisation en matière d'agriculture et d'élevage, aménager des infrastructures rurales, octroyer un appui aux services financiers ruraux et mettre en place une ligne de crédit ainsi qu'un fonds de développement rural, et renforcer la capacité de la DRDR-Savanes207.Pour le premier point concernant la promotion des groupements villageois, les résultats ne furent pas à la hauteur de l'objectif. En effet, le projet devait sur ce point promouvoir 157 groupements villageois (GV), et créer également 157 centres d'alphabétisations. Mais, en fin de projet en 2000, seulement 100 GV et 68 centres d'alphabétisation furent construits, soit un taux de réalisation de 36,30 % et de 24,68 % respectivement208. En conséquence, la sensibilisation et la formation des membres de GV qui devaient se faire à partir des techniciens spécialisés (TS) et d'animateurs travaillant avec le les groupements, afin de former les techniciens villageois (TV) n'a tout simplement pas pu fonctionner. En conséquence le relai que ces derniers devaient assurer dans les secteurs en lieu et palace des TS et des animateurs fut un voeu pieu. Dans le deuxième point focal, qui concernait l'augmentation de la production agricole qui devait se matérialiser par le renforcement des services de soutien aux
207 Au lancement du projet en 1996, le ministère en charge de l'agriculture le Ministère du développement rural (MDR) n'avait pas encore subit la restructuration. Celle-ci était intervenue un an plus tard en 1997, transformant ainsi le MDR en MAEP et les DRDR en ICAT.
208Projet de soutien aux groupements villageois de l'est de la région des savanes (SOGVERS), rapport d'évaluation finale, mars 2001, pp. 14-15.
102
agriculteurs afin d'accroître leur production, malgré les efforts déployés, l'apport d'intrants n'a pas progressé assez comme le montre le tableau 8 :
Tableau n° 8: Evolution de l'usage de l'engrais vivrier par les GV en tonnes dans la zone du projet de 1998 à 2000.
Année |
engrais NPK |
engrais urée |
semences maïs |
semences riz |
1998 |
435 650 |
113 000 |
1 789 |
1 460 |
1999 |
172 200 |
27 300 |
1 700 |
700 |
2000 |
361 900 |
115650 |
Source : SOGVERS, rapport d'évaluation finale, mars 2001, p. 18.
Malgré l'effort de construction des infrastructures rurales telles que la mise en place des sites rizicoles, les difficultés de leur mise en valeur et de leur entretien s'étaient posées. Sur une dizaine de sites réalisés, à presque 100 % d'exécution, aucun n'a connu un labour de 10 %. Prévu pour construire 73 km de nouvelles pistes rurales et réhabiliter 98 km anciennes, pour un total de 171 km, le projet n'a réalisé que 81,43 km de pistes rurales soit moins de la moitié209. Quant à l'appui financier en zone rurale, l'objectif du projet était de couvrir la zone d'un réseau de COOPEC viables, aptes à rendre des services financiers aux populations paysannes et à faire face aux besoins générés par l'activité du projet. Compte tenu du peuplement de la zone, du besoin d'un service de proximité et de la nécessité pour chaque COOPEC d'avoir un marché suffisamment étoffé, le chiffre de 15 COOPEC a été retenu. Cela représente pour chaque COOPEC un potentiel théorique de 2000 comptes et au moins 30 millions de francs CFA d'épargne. Au 31 décembre 2000, seul un réseau de 12 COOPEC210 fonctionnelles, capables d'offrir des services financiers aux paysans, était implanté dans la zone du projet. Ceci est un résultat non encourageant, comparé aux autres sous-secteurs. Le dernier point portant sur le renforcement des capacités du personnel de la DRDR, n'a vraisemblablement pas marché à cause du fait que le ministère du développement rural était en pleine restructuration, à l'issue de laquelle la majeure partie des encadreurs jugés incompétents devraient être licenciés. Ce qui avait fait que ces derniers portaient moins d'attention aux
209 Projet de soutien aux groupements villageois de l'est de la région des savanes (SOGVERS), rapport d'évaluation finale, mars 2001, p. 21.
210 Ibid.
103
formations que leurs proposaient les techniciens spécialisés (TS) du projet. Les projets de lutte contre l'insécurité alimentaires ont aussi porté sur les mesures sociales et sanitaires des productions agricoles, à cause de la multidimension du concept de sécurité alimentaire.
Deux projets importants furent réalisés dans ce domaine. Le premier est le Projet pilote de fonds social (PPFS) de 1999 à 2002 financés par le PNUD et la Banque mondiale. Il avait pour objectif de développement, de réduire la pauvreté en mettant en place deux fonds sociaux régionaux pour tester la faisabilité d'un réseau décentralisé de fonds sociaux. Il est soutenu par des objectifs spécifiques ci-après : contribuer à l'amélioration des conditions de vie des groupes cibles, renforcer au sein des groupes cibles la capacité de gestion des services sociaux de base, et renforcer les capacités des institutions locales agissant comme promoteurs ou intermédiaires. La mise en oeuvre de ces objectifs est réalisée à travers trois composantes que sont les infrastructures socio-communautaires de base, le renforcement de capacités, et l'appui aux micro-projets productifs. Le second projet est le Plan national d'action pour l'alimentation et la nutrition (PNAAN) étalé sur une période de quatre années consécutives de 1996 à 2000. L'objectif principal qui lui fut assigné était d'assurer en permanence à tous les ménages des disponibilités alimentaires en quantité et en qualité. Par l'intermédiaire de ce projet, les activités suivantes devraient être réalisées : l'inspection sanitaire de la viande et des produits d'origine animale ainsi que la salubrité des installations d'abattage et des frigorifiques ; le contrôle phytosanitaire au niveau de toutes les portes d'entrées du pays ; l'établissement et le contrôle des cartes de santé des vendeurs d'aliments et de boissons dans les marchés et sur les voies publiques ; le contrôle des huiles alimentaires des sociétés agro-alimentaires locales (NIOTO, SIPACOG 211 , SONOPH...), et des société commerciales (SGGG...) ; le contrôle physico-chimique et microbiologique des produits d'exportation (café, cacao, graines oléagineux, karité...). Cependant, toutes ces mesures sont loin d'être appliquées sur le terrain. En effet, dans les années 2000, selon le ministère de la santé publique212, les différentes activités de PNAAN étaient conduites de façon non coordonnées. Un tel manque de synergie et d'harmonisation constitue évidemment un frein
211 SIPACOG : Société industrielle des produits agricoles et des corps gras.
212 Ministère de la santé publique, Plan national d'action pour l'alimentation et la nutrition (PNAAN), 19962000p. 45.
104
à l'atteinte des objectifs assignés au projet. Il souligne de même que le contrôle phytosanitaire ne s'effectue seulement qu'au niveau du port et de l'aéroport de Lomé, les autres points d'entrée ne bénéficiaient d'aucune action de vérification. Ceci est un véritable danger sur la vie des populations togolaises qui, avec l'évolution des habitudes alimentaires importent presque tout. Par ailleurs, le problème des résidus de pesticides reste entier malgré l'utilisation croissante au niveau des paysans213. Au vu de toutes ces mesures et initiatives prises çà et là, il s'avère nécessaire d'apprécier leurs effets sur la sécurité alimentaire dans le pays.
Pour évaluer l'état de la sécurité alimentaire, il s'avère nécessaire de connaître celui des disponibilités alimentaires.
La production locale des denrées agricoles de base constitue la très grande partie des disponibilités alimentaires d'un pays. Ainsi, au Togo de 1996 aux années 2008, la production locale avait connu une croissance non négligeable dans l'ensemble, comme le montre le tableau 9.
213 La consommation des pesticides au Togo est passée de 60 000 litres en 1978 à 170 000 litres en 1987, soit une croissance de 183,33 % en moins d'une décennie, (Ministère de la santé publique, Plan national d'action pour l'alimentation et la nutrition (PNAAN), 1996-2000 p. 45).
105
Tableau n° 9: Evolution des principaux produits agricoles vivriers du Togo de 1996/1997 à 2007/2008, en tonnes.
Production en milliers de tonnes |
||||||||
Campagne Agricoles |
Céréales |
Tubercules |
Racines |
Légumineuses |
||||
Mais |
Sorgho |
Mil |
Riz- paddy |
Igname |
Manioc |
Haricot |
Arachide |
|
1996/1997 |
387,5 |
155,8 |
55,1 |
76,5 |
604,7 |
548,3 |
42,6 |
55,4 |
1997/1998 |
452,1 |
151,7 |
48,7 |
86,2 |
683,0 |
595,7 |
46,6 |
34,2 |
1998/1999 |
350,4 |
136,5 |
40,6 |
86,6 |
696,1 |
579,3 |
32,7 |
27,1 |
1999/2000 |
493,5 |
141,6 |
39,3 |
81,0 |
665,6 |
693,9 |
45,3 |
35,3 |
2000/2001 |
482,0 |
155,401 |
37,3 |
62,3 |
563,2 |
700,6 |
41,7 |
25,9 |
2001/2002 |
463,9 |
41,2 |
63,6 |
745,9 |
651,5 |
41,3 |
33,0 |
|
2002/2003 |
510,0 |
168,9 |
69,2 |
745,9 |
663,5 |
44,6 |
35,6 |
|
2003/2004 |
537,9 |
163,2 |
62,0 |
614,9 |
778,8 |
43,6 |
38,2 |
|
2004/2005 |
523,6 |
169,7 |
83,8 |
636,3 |
679,0 |
49,4 |
34,8 |
|
2005/2006 |
509,4 |
206,0 |
42,1 |
72,1 |
575,2 |
678,9 |
67,3 |
33,4 |
2006/2007 |
543,3 |
224,6 |
42,4 |
76,2 |
621,0 |
767,3 |
52,8 |
39,2 |
2007/2008 |
546,0 |
210,2 |
45,4 |
80,4 |
618,2 |
773,1 |
62,9 |
35,9 |
Taux moyen de croissance |
41,08 % |
34,91% |
- 17,60 % |
5,09% |
2,23% |
40,99% |
47,65% |
-27,97% |
Source : Par nous à partir des résultats des enquêtes statistiques des campagnes agricoles de 1990 à 2009 menées par la DSID.
Si d'une manière générale, la lecture du tableau 9 laisse voir une tendance globalement haussière de la production, les différentes spéculations ont cependant évolué selon des fortunes diverses. En effet, la production céréalière a connu une progression non
106
négligeable avec des taux de croissance de 41,08 % pour le maïs et de 34,91 %, pour le sorgho de 1996 à 2008. Le mil a plutôt baissé de 17,60 % sur la même période alors que le riz-paddy n'a connu qu'une croissance de 5 % environ. Du côté des plantes à racines, c'est le manioc qui réalisa de très bonnes performances enregistrant sur une décennie à peu près, une croissance d'environ 41 %. Au même moment chez les légumineuses, le haricot connut une prestation appréciable avec un taux de croissance de plus de 47 % alors que l'arachide sombra avec une contre-performance de 30 % environ. La principale remarque qui s'impose d'après les performances de la production agricole montre une évolution en dents de scie de celle-ci. Elle associe bonne production (bonne saison) et mauvaise production (mauvaise saison) au gré des conditions climatiques et des catastrophes naturelles. Cependant, en règle générale, et en situation de sécurité alimentaire, cette production est appelée à être disponible auprès des populations nécessiteuses. Au Togo, ce sont les céréales (maïs, sorgho-mil, riz) qui constituent les aliments de base de la consommation qui devraient jouer ce rôle. Ainsi, selon une étude menée par le MAEP en collaboration avec la FAO, sur la période 1998-2005, le bilan céréalier a été légèrement déficitaire, sauf en 1998 (avec un taux de couverture de 87%), et en 2001 (avec un taux de couverture de 94%). En 2004 et 2005, les taux étaient respectivement de 96% et 97%214. Ces différences de taux s'expliquent en partie par les aléas climatiques et/ou autres événements comme les inondations qui détruisent périodiquement une partie des récoltes. Ainsi, en 2008, une évaluation de la FAO avait estimé que 15 000 ha de cultures ont été détruits et 24 900 agriculteurs touchés principalement dans les régions des savanes, plateaux et maritime lors des inondations de 2007. Une enquête conduite par le Programme alimentaire mondiale (PAM) toujours en 2008 sur l'impact des inondations de 2007 montrait que dans les trois régions, au moins 65 000 personnes étaient à risque (pour leur vie). Les inondations de juillet-août 2008 ont gravement endommagé les cultures, les habitats et les infrastructures (destruction de ponts et de routes, ...)215. Tout ceci démontre assez clairement que les périodes excédentaires correspondent à celle de bonnes récoltes, et les périodes déficitaires, à celles de mauvaises saisons.
Les disponibilités en produits d'élevage ne présentent pas elles aussi une situation enviable. En effet, sur la période allant de 1998 à 2005, le taux de couverture des besoins en produits
214 MAEP, Programme national de sécurité alimentaire (PNSA), stratégie et plan d'action à court et moyen termes (2008-2015), janvier 2009, p. 17.
215 Réseau africain du droit à l'alimentation (RAPDA-TOGO), Etat des lieux sur le droit à l'alimentation adéquate au Togo, p. 46.
107
d'élevage a été largement déficitaire. Il était de l'ordre de 70% et la consommation était estimée à 7 Kg de viande et abats par habitant et par an, ce qui est nettement inférieur à la norme préconisée par la FAO qui est de 12 Kg par personne et par an. Le pays importe annuellement 30 000 bovins, 40 000 petits ruminants, un million de volaille correspondant à près de 10 000 tonnes de viande216.Quant à la production halieutique, le taux de couverture des besoins était sur la même période inférieur à 50% et risque de s'aggraver à l'avenir compte tenu de la faiblesse des ressources maritimes et des eaux continentales217.Autant dire qu'en résumé, le Togo est importateur net de riz, de viande et de poisson pour satisfaire les besoins alimentaires de sa population. En 2007 par exemple, selon la Direction générale de la statistique et de la comptabilité nationale218, plus de 4 milliards de F CFA ont été consacrés à l'importation du riz, presque 3 milliards de F CFA pour l'importation de poissons et environ 1,25 milliard de F CFA pour la viande. En matière de sécurité alimentaire, la qualité nutritionnelle des aliments reste aussi très importante que leur disponibilité.
D'une manière générale, à l'horizon 2006 au Togo, la situation nutritionnelle de la population était caractérisée par une prédominance de la malnutrition protéino-énergétique et de la carence en micronutriments (fer et vitamine A), qui touchent principalement les enfants et les femmes en âge de procréer, comme le montre le tableau 10t.
Tableau n° 10: Taux de malnutrition aiguë, chronique et insuffisance pondérale (en %)
Lomé |
Maritime |
Plateaux |
Centrale |
Kara |
Savanes |
Total |
|
Malnutrition aiguë |
6,9 |
12,9 |
9,8 |
8,0 |
22,6 |
32,0 |
14,3 |
Malnutrition chronique |
14,0 |
19,7 |
25,6 |
24,3 |
36,6 |
33,2 |
23,7 |
Insuffisance pondérale |
14,5 |
23,6 |
17,3 |
20,8 |
37,0 |
54,0 |
26,0 |
Sources : MICS 2006, citée dans PAM-TOGO, Evaluation de la sécurité alimentaire des ménages affectés par les inondations de la campagne agricole 2007- 2008, Rapport final, avril 2008, p. 26.
216 MAEP, Programme national de sécurité alimentaire (PNSA), stratégie et plan d'action à court et moyen termes (2008-2015), janvier 2009, p. 19.
217 Ibid.
218 DGSCN, 2008, annuaire statistique du Togo.
108
En effet, Les résultats de l'enquête MICS219 2006 présentent une situation nutritionnelle assez inquiétante. Que ce soit la malnutrition aiguë, chronique ou encore l'insuffisance pondérale, les taux sont largement supérieurs au seuil critique. Ainsi, si la malnutrition aiguë qui se traduit par l'émaciation atteint un taux de 14% chez les enfants de moins de 5 ans, le retard de croissance encore appelé malnutrition chronique et l'insuffisance pondérale ont des taux respectifs de 24 et 26%. Ces tendances sont plus ou moins identiques avec celles de l'enquête réalisée par le Programme alimentaire mondiale (PAM) en 2006.D'après cette enquête, 12,3 % des enfants souffraient de malnutrition aiguë, 23,3 % de malnutrition chronique et 25,4 % d'insuffisance pondérale220.Les carences en fer, en zinc, et dans certaines régions (dont les Savanes) en vitamine A et en iode, exposent les enfants et les femmes en âge de procréer à plusieurs problèmes de santé publique tels que les problèmes oculaires, d'avortements, de retards mentaux, d'anémie, etc. Ces carences sont aussi responsables d'une baisse des capacités intellectuelles et physiques de la population active. De plus le retard de croissance dans la petite enfance se traduit à l'âge adulte par une réduction de la capacité productive, donc une perte de productivité pour l'économie du pays.
Selon la Banque mondiale(BM), en 2005, le Togo avait un revenu national brut par tête de l'ordre de 350 US $ (contre 310 US $ en 2004 et 270 US $ en 2003), niveau qui le classe dans la catégorie des Pays les Moins avancés (PMA). Par ailleurs, selon le Rapport sur le développement humain du PNUD en 2007, le Togo occupait le 152em rang sur 177 pays, tandis qu'en 2006 il avait occupé la 147e place.
La dégradation de la situation économique est essentiellement due à la crise politique que traverse le pays depuis le début des années 90. En effet, la croissance moyenne annuelle du PIB à prix constant n'a été que de 1,1% depuis 1991, niveau largement inférieur à l'accroissement naturel de la population estimé à 2,4% par an. 221 Cette situation, associée à une répartition inégale des fruits de la croissance, n'a guère permis une amélioration du revenu réel par tête des plus démunis constitués essentiellement des petits agriculteurs ruraux. Ceux-ci ne
219 MICS: Multitple indicators clusters survey - Enquête en grappe à indicateurs multiples, citée dans MAEP, Programme national de sécurité alimentaire (PNSA), stratégie et plan d'action à court et moyen termes (20082015), janvier 2009, pp. 16-17.
220 PAM-TOGO, Evaluation de la sécurité alimentaire des ménages affectés par les inondations de la campagne agricole 2007 - 2008, Rapport final, avril 2008, pp. 25-26.
221 MAEP, Programme national de sécurité alimentaire (PNSA), stratégie et plan d'action à court et moyen termes (2008-2015), janvier 2009, pp. 16-17.
109
disposant pas d'assez de moyens financiers et matériels en l'absence de tout soutien agricole public (depuis la disparition de la CNCA et d'autres structures d'appui agricole), ne dispose que d'une faible capacité de production, généralement destinée à l'autoconsommation. En conséquence, le paysan se voit à la fin des moissons obligé de vendre une partie de cette production pour faire face à ses besoins basiques (santé, éducation, scolarisation, sacrifices rituels ...). Une situation qui le rend vulnérable, puisqu'en période de soudure, il sera obligé d'acheter des denrées alimentaires à un prix plus élevé à celui qu'il avait vendu en période de récolte. En règle générale, un ménage est d'autant plus vulnérable qu'il consacre une part importante de ses revenus à l'achat des denrées alimentaires. Ce ménage ne pourra donc pas satisfaire convenablement d'autres besoins essentiels tels que la santé, l'éducation, l'achat des biens productifs, etc. Les ménages en insécurité alimentaire sont surtout confrontés à un problème d'accès aux produits alimentaires. En effet, les résultats de l'enquête QUIBB222 indiquent que l'incidence de la pauvreté est de 74,3% en milieu rural et de 36,8% en milieu urbain223. En 2008, le PAM a mené une évaluation de la sécurité alimentaire dans les cinq régions du Togo dont les graphiques 3 et 4 synthétisent les résultats.
Graphique n°3 : Etat de la sécurité alimentaire au Togo en 2008
51,5
19,7
28,8
Risqued'insécurité alimentaire
Sécurité alimentaire
Insécurité alimentaire
Source : Réalisé par nous à partir de PAM-TOGO, 2008, p. 30.
222 QUIBB : Questionnaire unique d'indicateur de bien-être.
223 PAM-TOGO, Evaluation de la sécurité alimentaire des ménages affectés par les inondations de la campagne agricole 2007-2008, Rapport final, avril 2008, p. 26.
110
Sur fond des résultats cette évaluation réalisée par le PAM, le graphique 3 indiquent que 19,7 % des ménages enquêtés en 2008 dans les cinq régions du Togo étaient en insécurité alimentaire et 28,8 % à risque d'insécurité alimentaire. Partant de ces résultats, la population vulnérable peut être estimée à 48, 5%. Ainsi, près de la moitié de la population du pays est reste sous prévalence de l'insécurité alimentaire. Seuls 51,5 % soit la moitié des ménages enquêtés étaient en situation de sécurité alimentaire durant cette même année.
Cependant, il convient de remarquer que d'une Région économique à une autre, le taux de prévalence de l'insécurité alimentaire présente diverses fortunes. Le graphique 4 rend compte de cette situation.
Graphique n° 4: Taux d'insécurité alimentaire par Région économique au Togo en 2008
43,1 maritime
plateau centrale kara savane
13,9
26,6
13
7,5
Source : Réalisé par nous à partir de PAM-TOGO, 2008, p. 30.
La distribution géographique de la prévalence de l'insécurité alimentaire montre que les régions des Savanes et Maritime avec respectivement de 43,1% et de 26,6 % sont celles qui affichent les taux les plus élevés224.
224 PAM-TOGO, Evaluation de la sécurité alimentaire des ménages affectés par les inondations de la campagne agricole 2007 - 2008, Rapport final, avril 2008, p. 30.
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L'agriculture togolaise à l'aube de ce XXIèm siècle est à l'image de l'économie du pays sous perfusion des institutions financières mondiales. Celles-ci lui ont imposé des réformes administratives notamment le désengagement et la libéralisation de l'économie. Cette politique n'épargna pas le secteur primaire qui afficha depuis des années 1980 des performances peu enviables à même de garantir une sécurité alimentaire aux populations. La baisse de rythme constatée au niveau de l'agriculture vivrière s'explique en partie par les difficultés structurelles auxquelles l'agriculture togolaise est confrontée. Il s'agit en effet d'une agriculture de type traditionnel qui est principalement tributaire des aléas climatiques (sècheresses prolongée et répétitives et inondations des zones de basses altitudes). Selon la FAO, pendant deux campagnes agricoles successives (2004 - 2005 et 2005 - 2006), les producteurs ont dû faire face aux aléas climatiques (retard des pluies, mauvaise répartition et baisse du volume des pluies) qui ont perturbé la production agricole. C'est dans ce contexte déjà fragilisé que se sont produits deux chocs climatiques (sécheresse prolongée et inondations) au cours de la campagne agricole 2007 - 2008 et qui ont eu un impact négatif sur la production agricole des régions des Savanes, Plateaux et Maritime. Ce fut un coup dur pour la sécurité alimentaire du pays qui s'était dégradée davantage, alors que la situation antérieure n'était pas satisfaisante comme l'ont prouvé plusieurs enquêtes. Le pays doit donc revoir sa politique en la matière en repensant la politique de la sécurité alimentaire par la promotion du droit à l'alimentation.
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Après l'indépendance en 1960, le Togo a connu une forte stabilité politique qui a même attiré l'implantation des institutions internationales et sous-régionales, comme la BCEAO, la BOAD, Caritas Afrique, qui ont établi leur siège à Lomé. Le rayonnement de la diplomatie togolaise a permis au pays de connaître des progrès économiques et sociaux lents, mais soutenus, jusqu'à la fin des années 1980. Le secteur primaire à beaucoup souffert de la politique de désengagement de l'Etat et de la libéralisation de l'économie nationale amorcée à partir de ces années. Cette politique a anéanti toutes les initiatives de modernisation agricole, notamment par la liquidation de la Caisse nationale de crédit agricole. La liquidation des unités de production et de gestion des matériels agricoles (UPROMA, PROPTA...) a constitué un coup d'arrêt à la mécanisation agricole au Togo. La disparition du monopole de l'Etat dans la production et l'exportation des produits agricoles de rente a réduit les revenus des producteurs et le chiffre d'affaire de l'Etat. Pourtant le défi de la sécurité alimentaire reste immense, dans un contexte de mondialisation. C'est ainsi que le Togo initia un programme agricole capable de faire marche ensemble avec le contexte économique d'alors, mais les résultats ne furent pas au rendez-vous, car il a beaucoup souffert du manque de soutien dans sa mise en oeuvre. La complexité du phénomène de la sécurité alimentaire obligea le pays à partir des années 2 000, à engager une lutte commune régionale, sinon sous-régionale, contre ce fléau. Mais, la réalité du terrain ne reflétait pas toujours les engagements pris et la lutte contre l'insécurité alimentaire a donc du pain sur la planche.
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Avant de commencer par parler de la politique de développement agricole, il urge de savoir si les conditions naturelles sont propices ou non à la pratique de cette agriculture. Le Togo, de par sa forme étirée, présente plusieurs possibilités de cultures. De la savane boisée au nord du pays à la zone du littoral au sud en passant par les savanes humides au centre, une panoplie de spéculations peut être développée. Les études ont montré que les zones agro-écologiques et les écosystèmes sont riches et diversifiés, du fait de l'étirement du pays et de son relief. Ils sont marqués par la Chaîne montagneuse de l'Atakora, qui traverse le pays dans le sens du sud-ouest vers le nord-est. Celle-ci est constituée par une série de plateaux qui, par endroits, culminent à plus de 900 m d'altitude. Sur ses contreforts, plusieurs rivières et fleuves prennent naissance et se déversent vers l'Ouest dans l'Oti et dans le bassin de la Volta au Ghana et vers l'Est dans le bassin du fleuve Mono qui fait frontière avec le Bénin. Cette situation et la position particulière du Togo montrent l'importance d'une gestion concertée des eaux entre ces trois pays. Le climat est de type intertropical et varie sensiblement des régions méridionales (avec quatre saisons) aux régions septentrionales (avec deux saisons marquées). La pluviométrie moyenne sur les 20 dernières années est de l'ordre de 1 100 mm par an. Le pays dispose de ressources abondantes en eau de surface, évaluées entre 8 et 12 milliards de m3 d'eau en moyenne par année. L'étude éco-géographique du Togo, réalisée dans le cadre du projet PNUD/FAO/TOG/83/009, découpe le territoire national en six zones agro-écologiques du Nord au Sud. Sur ces six zones, trois présentent un déficit alimentaire structurel (en quantité et en valeur). Il s'agit de la zone des savanes sèches continentales du Nord, la zone montagneuse-Est sèche de l'Atakora septentrional et la zone sèche pré-littorale et littorale. Le Togo compte 3,6 millions d'ha de terres cultivables, ce qui représente 60 % de la superficie totale du pays, dont 1,4 million d'ha sont mis en culture (soit respectivement 41 % de la superficie cultivable et 25 % de la superficie du pays). Les potentialités en terres irrigables sont estimées à 86 000 ha (en tenant compte des ressources souterraines mobilisables), dont seulement 2 300 ha ont été aménagés en maîtrise totale ou partielle et 1 200 ha sont exploités. Ces aménagements se situent pour l'essentiel dans les Régions Maritime, des Plateaux et Savanes et sont cultivés pour le riz, la canne à sucre et dans une moindre mesure les cultures maraîchères. Les massifs forestiers couvraient 1 396 200 ha en 1993. Les aires protégées (forêts classées, réserves de faunes et parcs nationaux) qui renferment l'essentiel de la biodiversité couvraient en 1990 une superficie d'environ 800.000 ha soit 14 % du territoire national. Le pays dispose de ressources halieutiques maritimes, lagunaires et continentales en
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quantité relativement limitée dont l'exploitation représente respectivement 75 %, 15 % et 10 % environ de la production nationale225. A la sous exploitation des potentialités du pays, s'ajoute une gestion de façon non durable de celles-ci. En conséquence, le changement climatique apparaît inexorablement conduisant progressivement vers la disparition de la petite saison au sud, et de l'avancée du désert dans le nord.
La politique de développement rural menée par le Togo depuis le lancement de la politique de la révolution verte en 1977 à l'aube du troisième millénaire (2008) se caractérise par une prolifération de structures institutionnelles plus ou moins coordonnées, des investissements insuffisants et pas toujours judicieusement orientés, et des résultats de production agricole très en deçà des ambitions. En effet, selon une étude menée par l'ORSTOM226 en 1984, dans le domaine de la production vivrière, les autorités togolaises affirmèrent avoir atteint l'objectif de l'autosuffisance alimentaire dès l'aube de la décennie 1980, si tant est qu'un bilan de ce type, en l'absence de données statistiques fiables, peut être établi valablement. Cette étude montra qu'au terme de la campagne agricole 1983, le Ministre du développement rural d'alors, reconnaissait cependant que :
« A la suite des deux années consécutives de sécheresse qu'avaient connues le pays, la production pourrait à nouveau être inférieure aux besoins »(Schwartz, 1984 : 7-10).Ainsi, « Du pays excédentaire en produits alimentaires, le Togo des années 1980, malgré les efforts que déployèrent les paysans, le parti et le Gouvernement, arriva à un point où la production était inférieure aux besoins alimentaires ou à peine équilibrée »(Schwartz, 1984 : 7-10).
Quoi qu'il en soit, 1'autosuffisance alimentaire n'est pas un état auquel l'on accède une fois pour toute, mais une situation qui doit se reproduire chaque année. La production agricole est largement tributaire des aléas climatiques et caractérisée par une agriculture pluviale de subsistance, des exploitations de petite taille faiblement équipées et des systèmes de production extensifs. Dans leur ensemble, les producteurs, éleveurs et pêcheurs sont également fortement confrontés aux difficultés de sous-équipement pour la transformation, la conservation et la commercialisation des produits, qui se traduisent par des pertes très importantes. On distingue généralement le système pastoral, le système agro-pastoral, qui est le système prédominant sur
225MAEP, Programme national de sécurité alimentaire (PNSA), stratégie et plan d'action à court et moyen termes (2008-2015), janvier 2009, p. 10.
226ORSTOM : Officie de la recherche scientifique des territoires outre-mer. Ce centre est de nos jours transformé en Institut de la recherche scientifique (IRIS), implanté dans ex-pays outre-mer. Au Togo, ses portes sont restées fermées jusqu'ici.
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l'ensemble du territoire et le système agricole. A partir des années 1980, la stabilité économique devait céder sa place à un déséquilibre budgétaire, qui obligea le pays à réduire son train de vie par une gestion plus rigoureuse de ses fonds. Ainsi, l'Etat amorça la politique de libéralisation économique. La plupart des sociétés d'exploitation agricole et/ou agro-industrielles furent dissoutes ou cédées aux privés. L'investissement agricole baissa, considérablement, les subventions sur les intrants disparurent, en même temps que les partenaires financiers se faisaient rares. Alors que l'investissement public dans le secteur agricole provient en grande partie des fonds extérieurs. Ceux-ci ne feront leur retour sur la scène de l'économie rurale togolaise qu'à partir des années 2000. C'est alors que le Togo initia de nombreux programmes de lutte contre l'insécurité alimentaire allant des mesures régionales (politique agricoles de l'UEMOA, de la CEDAO, et de l'UA) à celles internationales dans le cadre des objectifs du millénaire pour le développement dont le tout premier était der réduire de moitié la proportion des personnes mourant de faim. Dans ce troisième millénaire naissant, le combat de l'insécurité alimentaire reste l'une des principales préoccupations de l'Etat togolais.
Noms et références des enquêtés
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Noms et Prénoms |
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Qualités de l'interviewé |
Date et lieux de l'interview |
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ABOFLAN Elias |
56 ans |
Président de la Centrale togolaise des organisations |
Entretien du 26 mai 2014 à 11h50, dans son bureau à Lomé |
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TREKU Mawéna |
49 ans |
Ingénieur agronome au MAEP |
Entretien du 10 octobre 2013, à 09h15, dans son bureau au MAEP |
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Soussou S, 1996, Féculerie de Ganavé dans la préfecture des Lacs, une initiative de politique coloniale d'industrialisation au Togo . 1952-1977, mémoire de maîtrise d'histoire, Université du Bénin, 108 p.
Tamégnon H., 1976, Financement de l'agriculture togolaise 1966-1975, mémoire de maîtrise en Economie générale, ESTEG, Lomé, 122 p.
Tchagai E. B., 2006, La culture du coton au Togo et dans l'espace UEMOA . un enjeux des rapports nord/sud au lendemain des indépendances (1960-2005), mémoire de maîtrise en histoire, Université de Lomé.104 p.
Tiankpa Y., 2010, La dimension sociale et culturelle de l'igname dans le terroir Kabou en pays Bassar au nord-Togo, mémoire de maîtrise en géographie, Université de Lomé, 89 p.
Tsigbé K. N., 2010, « Politiques agricoles et autosuffisance alimentaire au Togo (19581985)», in Mosaïque, n° 010, ISPSH Don Bosco de Lomé, pp. 157-175.
126
Annexe 1 : Journal officiel de la République togolaise, portant organisation du ministère du développement rural
16 Ja® t991 |
JOURNAL OFFICIEL DE LA REPUrLIOUE TOGOLAISE |
#61 |
DECPITE TTCRE
ATTRIBUTIONS ET ORGANISATION GENERALE
Eu
MS[YISI ERË DU DEV ELOPPI V7 RURAL
Ail 1
Lt eakautJ7e du deeeloppemena rural a pour -emb
l
· finies :
le rtv'oçtatasoation et la mire érm mrrVre dc Usesop(za-liord de dtvr]oppereent din 1e domain ruai en conformité avec la poaitlrtkb nationale déttnio pat k test rraoment et selon Ici objectifs qu-i1 rue. Ces
o pérerions ris= les produc4ioga 'efeieiti at l'en= ülre . l
·élrrlige et lei *hes sasi que I'aaki#ruF
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national
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ü echerche/ que Yequicrl ld mugi ca (nuvtr do IR pa111igrga aatytpa e iÇlkOlc eo relatiurl avec ries aul es dfpanemerei sisiettrieds-
- l'e>erckcb els la tateSS Lauqur cor . i xK `st#5
d'éraaoEISle mü3e, tiabl.trsenggili peerlact{S Aociettr tirant
dei omettra da l'agi-Iwatare, des fur ds l'anage
et dc l'#guiprment rirai . Ait. 2
Ls tuiewt#ra du diveicgpenieit rusai comprend : 3v
ca1L'ivret -el mritiem 4eckeigtree cc
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iRstitutiona oc organisme r itteclu!s,
Art 3
Lki Cabillot mini t s rSq dirigd pas le directeur de
imbibai qui amuie k mitelstrc dans 9e4 técheu da con-caprice CL da cc e e. mite b l'apgtication de sri directions et ea SM= le OigfdinatKm.
Lei 'amines tfitbsiques dv AVIDi i !MI rcatota Mi sein de Mil mena q i redi-rent direcsergeot de ministr.
C:ee isola rKpanes mont
§ La Direction Cs~olsik dv DevIcluippemeni. Rural,
· La Diaconats Nationale de la Recherche Atrano-
§ La D amcake dr l'Achubligra4w at dd, Fanoicee
Les sadé#, d'épyp rdo sniffle, ler etabi-mcsovu s rikiki et eorsétfs d'Etat FMtF tutellc technique du ranis.
do
dérelopveraitin rural mat la stick* LtZotalse de cern (SOTOCO)r k socléte eation,ïa puni- 1a r#Lwwation de la caibiêre et dc la cacwyisre iSRCC3, la wrsd#té rpktioaale pour k développement ki pailletaits et dm Wh: in IS' NAPHj, r ~co~ t ilatiaJ de d#rel-elgement
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ATTRIBUTIONS ET ORGANISATION DE LA iN R ECJlON c NERALE D1J DEVELON EM 4 '
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Art. S
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A rt. 6
Lir di,ectioe enterai: du di-Min -mou rural (D<]DR) 3 laquelle sun /attachés un serYuo des ifaisee communes eL uo centre. de documentation L d'Infoismatiou airrtrukei c:x iprCltd ;
LEI oeuf S9} p7ec4ceks N-akrloalra suivants :
' la Direction dr !i PLg.o,F+rstion el de la Prost-m. mulon
· lai Direction dor cesqueica et Stissmatvica Arkesri Agricoles {VESA)
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n la e --ic drt l'Eneeigtiesamt eit de b Farmatloe
Arreoidi {DEFAI· la Direction de J'El-rage et dee pfchet 1D1 j ;
· le De ction dee Production Forrsülrea 0313F7
· le Direction de I'It.rnéaa ol ri de I'Equigo-
mena Ara-a] EDAM).;§ Ii Direction de la Protection Ath Veetaus (DM.;
ka cinq {» Diractiaaa RJpauaicl d iJpp 1L l
Parai (1/ROM allp_s :
· Direction R#gilt,aak de h Rien Maritime
· Direction R4gien*b de le Rdgxm des Mamans ns
· Direction R#ele,onJe de ]a ReOun irearrere a Direction Reglrm.lo de la Région do la ]{gra
· Direction Réglunale de la Région dm Savanes. An T
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dvrrieers matrau: et 1. di r4 4peV; Km p,>m-
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Art. d
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i furor na ablïaatairetrent placé 915o4 ]~ut+uell! evisainimm-Art 9
Tout pk+a]et, de dent:ipp tmuot ratel présent cet lier technique et fmanciéro d'une d'ir Ction nationale ou d'usé dlreirecr k r# iomale.
Art 10
Iva m dal:in de collaboration trchrikipa craieFr atielmire aa dereloFgmaa rural et kri orausimbom mos
128
EVOLUTION DE LA PRODUCTI(: N VIVRIERE AU TOGO (Unité m Tonne)
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|
93.000 |
191.000 |
_28.000 |
2.000. |
16.000 |
18.000 |
7.000 |
1.075.000 . |
... r.017.000 ' |
6.000 |
142.000 |
|||||
f968 |
115.000 |
111.000 |
18.000 |
9.000 |
26.000 |
972.000 |
1.081.000 |
" |
||||||||
1969 |
115.000 |
102.000 |
15.900 |
12.000 |
9.000 |
557.000 |
665.000 |
|||||||||
1970 |
-151.000- |
139.000 |
15.000 . |
13.000 |
36,000 |
469.000 |
539.000 |
|||||||||
1971 |
182,000 |
138.090 |
24.000 |
25.000 |
50.000 |
807.000 |
788.000 - |
|||||||||
1972 |
115.000 |
96.900 |
9.000 |
17.0(10 |
13.000 |
383.000 |
388.000 |
|||||||||
1973 |
116.000 |
101.000 |
13.000 |
17,200 |
13.100 |
400.000 |
427.300 |
|||||||||
1974 |
125.400 |
109.000 |
14.000 |
18.500 |
15.000 |
403.000 |
416.000 |
|||||||||
1975 |
135.100 |
119.000 |
15.100 |
19.900 |
16.000 |
406.000 |
409.000 |
|||||||||
1976 |
95.000 |
115.000 |
15.300 |
. |
16.300 |
13.200 |
416.500 |
393.000 |
||||||||
1977 |
123.700 |
107.200 |
15.500 |
14.500 |
9.200 |
394.300 |
319.100 |
|||||||||
1978 |
138.700 |
109.500 |
17.000 |
17,800 |
12.500 |
497.700 |
370.800 |
|||||||||
1979 |
159.300 |
136.300 |
13.000 |
24,100 |
16,600 |
480.500 |
432.500 |
|||||||||
.1980 |
- |
138.400 |
137.500 |
.14.700 |
24.500 |
15.100 |
499.400 |
406.700 |
||||||||
1981 |
. |
151.000 |
120.400 ' |
.14.500 |
27.600 |
19.800 |
527.800 |
372.100. |
||||||||
1932 |
150.900 |
136.000 |
16.300 |
'L900 |
17.600 |
26.200 |
' |
3.100 |
471.500 |
366.900 |
||||||
1983 |
'144.700 ' |
187.200 |
10.000 |
1.600 |
15,900 |
20.600 |
1.800 |
383.100 |
345.200 |
|||||||
.1984 |
221.800 I |
195.200 |
17.800 |
10.500 |
23.100 |
33.000 |
3.800 |
341.900 |
444.400 |
7.200 |
||||||
I985 |
181.600 |
168.900 |
15.200 |
1.500 |
3L500 |
26.600 |
6.000 |
364.400 |
474.400 |
|||||||
1986 |
127.000 |
212.900 - |
19.800 |
6.200 |
34.800 |
23.100 |
6.500 |
409.400 |
410.700 |
1.300 |
||||||
1987 |
172.100 |
168.200 |
23.200 |
4.700 |
31.700 |
36.200 |
3.600 |
360.400 |
355.200 |
8.500 |
4.100 |
|||||
i988 |
296.300 |
175,500 |
28.700 |
3.200 |
25.200 |
18.000 |
1.300 |
378.700 |
413.190 |
16.500 |
3.600 |
|||||
1489 |
287,300 |
249.800 |
27.700 |
1.000 |
27.600 |
22.800 |
2.200 |
405.100 |
408.600 |
10.900 |
6.100 |
|||||
1990 |
285.400 |
172.500 |
25.100 |
800 |
26.500 |
19,600 |
2.100 |
391.900 |
592.900 |
7.900 |
13.700 |
|||||
1991 |
231.400 - |
191.200 |
39.300 |
2.600 |
21,800 |
17.000 . |
2.300 |
376.500 |
510.500 |
1.700 |
13,700 |
|||||
1992 |
278.100 |
187,600 |
25.300 |
3.900 |
32.100 |
23.800 |
2.100 |
368.000 |
452.100 |
100 |
10,700 |
|||||
]993 |
393.100 |
201.500 |
34.000 |
5.400 |
34.700 |
38.600 |
4.400 |
530.400 |
389..500 |
27.300 |
19.500 |
|||||
1994 |
269.500 |
129.800 |
38.800 |
5.700 |
29.200 |
21.500 |
4.200 |
375.200 |
411.800 |
8.700 |
11.800 |
|||||
1995 |
225.100 |
191.100 |
39.700 |
2.400 |
27.200 |
22.500 |
1.300 |
411.200 |
466.800 |
|||||||
1996 |
' |
413.751 |
22L436 |
66.757 |
5.706 |
41,826 |
30.138 |
6.100 |
594.470 |
424.603 |
||||||
~4= ~r |
129
130
Tableau n° 1: Moyenne par Région des variables climatiques de 1976 à 2000 32
Tableau n° 2:Prestation des jeunes agriculteurs modernes de la campagne agricole 1983-
1984 pour la culture du maïs 54
Tableau n° 3: Evolution de la production d'huile de palme et de palmistes de la SONAPH
de 1979-1980 à 1985-1986 en tonnes 58
Tableau n° 4: évolution en tonne des importations d'engrais au Togo de 1989 à 1991 75
Tableau n° 5 : Evolution du budget d'investissement agricole du Togo en millions de F CFA
de 1986 à 1990 80
Tableau n° 6 : Evolution de la production des principaux produits agricoles durant la NSDR
en milliers de tonnes de la campagne 1985-1986 à la campagne 1993-1994 83
Tableau n° 7: Taux globaux du TEC 99
Tableau n° 8: Evolution de l'usage de l'engrais vivrier par les GV en tonnes
dans la zone du projet de 1998 à 2000. 102
Tableau n° 9: Evolution des principaux produits agricoles vivriers du Togo de 1996/1997
à 2007/2008, en tonnes. 105
Tableau n° 10: Taux de malnutrition aiguë, chronique et insuffisance pondérale (en %) . 107 1-2- Listes des graphiques
Graphique n °1:Evolution de l'attelage au Togo de 1978 à 1984 48
Graphique n° 2: Taux de d'adoption de la culture attelée au Togo de 1978 à 1984 48
Graphique n°3 : Etat de la sécurité alimentaire au Togo en 2008 109
Graphique n°4: Taux d'insécurité alimentaire par Région économique au Togo en 2008 110
131
Carte n° 1: Situation géographique du Togo 27
Carte n° 2: Les grandes aires de culture au Togo 34
Carte n° 3: les sols du Togo 38
Carte n° 4: La dégradation des terres au Togo 40
Cliché 1: Un tracteur, outil technique de la révolution verte dans un champ, en 1983 45
DEDICACE 2
REMERCIEMENTS 3
SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES 4
INTRODUCTION GENERALE 7
PREMIERE PARTIE : 24
LA SECURITE ALIMENTAIRE DANS SA PHASE INITIALE AU TOGO : ENTRE
REALITES GEOGRAPHIQUES ET LOGIQUES SOCIO-POLITIQUES (1977-1985) 24
CHAPITRE PREMIER : 26
LES CONDITIONS CLIMATIQUES ET PEDOLOGIQUES DE LA PRATIQUE DE
L'AGRICULTURE AU TOGO : ATOUTS ET CONTRAINTES 26
1. Le Togo, son relief, son climat, son l'hydrographie et sa production agricole 26
1.2. Un relief faiblement marqué, mais favorable à une mise en valeur 27
1.3. Le climat tropical soudanien au nord propice aux cultures à cycle végétatif long 28
1.4. Le climat tropical guinéen au sud propice aux cultures à cycle végétatif court et aux
cultures pérennes. 29
1.5. Une anomalie climatique dans le bas-Togo qui n'arrange pas les producteurs 30
1.6. Une variabilité climatique due à l'effet s du changement climatique 31
2. Des aires agro-écologiques en mutations 33
132
2.1. Les aires de culture 33
2.2. La mutation des aires de culture et son influence sur les habitudes alimentaires 34
3. Une variété de sols relativement fertiles mais en dégradation 35
3.1.Les différents types de sols 35
3.1.1. Les sols ferrugineux tropicaux 35
3.1.2. Les sols peu évolués 35
3.1.3. La classe des vertisols et paravertisols 36
3.1.4. Les sols ferralitiques 37
3.1.5. Les sols hydromorphes 37
3.2. Etat de dégradation des terres au Togo 39
CHAPITRE DEUXIEME 42
LE TOGO A LA QUETE DE L'AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE DE 1977 A 1985 42
1. Les actions de modernisation agricole dans la politique de la révolution verte 43
1.1. La sensibilisation et la réorganisation de la masse paysanne 43
1.2. La promotion d'une agriculture motorisée 45
1.3. Le développement de la culture attelée 47
1.4. Le développement de l'élevage et son impact du la production agricole 50
1.5. La vulgarisation des intrants 51
1.6. La formation et l'installation des jeunes agriculteurs 53
2. la promotion d'une industrie agro-alimentaire basée sur la transformation des produits
agricoles locaux 55
2.1.TOGOFRUIT 56
2.2.De la SONAPH aux industries d'huilerie du Togo 57
3. La Caisse nationale de crédit agricole (CNCA), une banque des paysans ? 59
3.1.Rôle et objectif de la CNCA 59
3.2.Les réalisations de la CNCA 59
4. Sept années de révolution verte face au défi de l'autosuffisance alimentaire 62
4.1.L'Office national des produits vivriers (TOGOGRAIN), une panacée pour
l'autosuffisance alimentaire ? 62
4.2. La production agricole face aux besoins de la population 64
DEUXIEME PARTIE : 68
133
134
LA SECURITE ALIMENTAIRE DANS LE CONTEXTE DE LA LIBERALISATION
ECONOMIQUE AU TOGO DE 1985 A 2008 68
CHAPITRE TROISIEME 70
LA NOUVELLE STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT RURAL (NSDR) FACE AU DEFI
DE LA SECURITE ALIMENTAIRE AU TOGO DE 1985 A 1996 70
1.Cadre institutionnel de la NSDR 70
1.1.Une réforme institutionnelle pour le secteur agricole togolais 71
1.2.Mode et principe d'intervention des institutions de la NSDR 71
2.Cadre technique de la NSDR 74
2.1.Les intrants agricoles face à la subvention dégressive de l'Etat 74
2.2.Le PSTPcomme moyen de mise en application de la réforme agrofoncière ou
d'employabilité des jeunes 75
2.3. La traction animale comme moyen de mécanisation agricole 76
2.4. Le matériel animal, un rôle stratégique 78
3.La NSDR vue sous l'angle financier 79
3.1.Un budget d'investissement agricole en baisse 79
3.2.La liquidation de la CNCA et l'asphyscie de l'agriculture togolaise 81
3.3.La libéralisation des échanges des produits agricoles 81
4.Les performances de la production agricole togolaise dans la NSDR face au défi de la
sécurité alimentaire 82
4.1.La NSDR et l'évolution de la production agricole 82
4.2.Analyse de la situation alimentaire du Togo à l'horizon des années 1990 85
CHAPITRE QUATRIEME 88
LA STRATEGIE NATIONALE DE LA SECURITE ALIMENTAIRE AU TOGO DE 1996
A 2008 88
1. Le PNASA et la restructuration du ministère en charge de l'agriculture 88
1.1.Le Secrétariat général et le rôle régalien de l'Etat 89
1.2.L'ICAT et le renforcement de capacités des organisations paysannes (OP) 89
1.3.L'ITRA et la recherche agronomique 90
2.La libéralisation du secteur de la production agricole 91
2.1. La libéralisation du marché des intrants et son effet sur l'agriculture 91
2.2. La libéralisation du financement agricole, du monopole de l'Etat au Système financier
décentralisé (SFD) 94
3.La politique agricole intégrée face au défi de la sécurité alimentaire au Togo 96
3.1.La politique agricole de l'Union africaine (UA) 96
3.2.La politique agricole de l'UEMOA et de la CEDEAO, pour un marché commun
agricole 98
1.Les projets de développement agricole 100
1.1.Les projets à caractère de soutien agricole 100
1.2.Les projets à caractère de soutien socio-sanitaire 103
2.Etat de la sécurité alimentaire au Togo à l'aube du troisième millénaire 104
2.1.Disponibilités alimentaires et productions 104
2.2.Situation nutritionnelle inquiétante 107
2.3.Pauvreté et accessibilité alimentaire 108
CONCLUSION GENERALE 113
I.Références bibliographiques 116
I-1- Sources orales, publications officielles et sources web. 116
I.1.1. Sources orales 116
I.1.2. Les publications officielles 118
1.1.3. Sources webographiques 122
I.2. Bibliographie 122
ANNEXES 126
Annexe 1 : Journal officiel de la République togolaise, portant organisation du ministère
du développement rural 127
Annexe 2 : Décret n°97-102 du 23 juillet 1997, portant dissolution d'UPROMA 128
Annexe 3 : Evolution de la production vivrière au Togo de 1960 à 1996 en tonne 129
1- Table des illustrations 130
1-1- Liste des tableaux 130
1-2- Listes des graphiques 130
1-3- Liste des cartes 131
1-4- Liste des clichés 131
135
Index
affluents 27
Agriculture 10
attelage 48
Bretton Woods 69
bulldozers 45
Campesina 15
change cationique 35
crédit agricole 59
ECOWAS 98
E-DEIA 3
évapotranspiration potentielle
31
FAO 15
Gnassingbé Eyadema 44
harmattan 28
indépendance économique 23
insécurité alimentaire 109
intrants 52
ITRA 90
jachère 39
l'autosuffisance alimentaire,
12
l'Ecole nationale
d'agriculture (ENA) 44
la mondialisation 15
La politique agricole 11
La sécurité alimentaire 12
LARDYMES 3
Mango 31
masse paysanne 43
météorologie nationale 31
Mono 27
OMD 9
Organisation mondiale du
commerce (OMC) 15
ovin-caprins 51
pauvreté 20
Pays les Moins avancés 108
priorité des priorités 26
Programme d'ajustement
structurel (PAS
69
Programmes d'ajustement
structurel 23
pulvérisateurs UVB 94
Région Centrale 39
Régions des Savanes 31
Régions Maritime 35
révolution verte 12
secteur primaire 25
sommet de l'alimentation 15
SORAD 44
SOTED 63
souveraineté alimentaire 15
TOGOGRAI 62
tracteurs 45
Via Campesina 15