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Les stratégies d'adaptation des populations au changement climatique dans le sahel Burkinabe. Cas de Belgou dans la province du Seno.

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par Mamadou KABRE
Université de Ouagadougou - MaàŪttrise en Géographie (Option rurale) 2007
  

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Conclusion partielle

La présentation du milieu physique a permis de comprendre le milieu dans lequel vit la population de Belgou. Le terroir présente un paysage varié, avec des sols en général pauvres et recouverts d'une végétation essentiellement herbeuse. Les éléments du climat présentent dans leur ensemble une variation spatio-temporelle. En plus de l'agriculture et de l'élevage, les populations pratiquent plusieurs autres activités génératrices de revenus. Parmi ces activités, la plus importante est l'orpaillage qui mobilise aussi bien les hommes que les femmes. La pratique de ces différentes activités permet aux populations d'avoir des revenus pour faire face à l'incertitude climatique. Quelle est alors la perception de la variabilité et du changement climatique par les populations ? Que font-elles pour s'adapter à ce phénomène ?

LA PERCEPTION PAYSANNE ET LES STRATEGIES D'ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

DEUXIEME PARTIE

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Il s'agit dans cette partie de présenter la perception paysanne du changement et de la variabilité climatique et de passer en revue toutes les stratégies mises en place pour y faire face.

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CHAPITRE III :

LE CHANGEMENT ET LA VARIABILITÉ CLIMATIQUES

SELON LES POPULATIONS

Dans ce chapitre nous essayerons de faire ressortir la perception des populations sur l'évolution du climat durant ces trente dernières années. A partir des données météorologiques recueillies à la station synoptique de Dori, nous analyserons certains paramètres climatiques que nous mettrons en rapport avec les déclarations des populations.

3.1 - LA REPRESENTATION DE LA VARIABILITE ET DU CHANGEMENT

CLIMATIQUE PAR LES PAYSANS

Les enquêtes réalisées ont montré que toute la population reconnaît l'évolution du climat surtout après les sècheresses des années 1970. Elle appréhende le changement et la variabilité climatique à travers le déroulement des saisons et l'observation d'un certain nombre de phénomènes au fil des ans.

3.1.1 - Les saisons

Les populations peulh de Belgou se basent sur les éléments climatiques des deux grandes saisons de l'année (la saison des pluies et la saison sèche) pour caractériser la variabilité et le changement climatique.

3.1.1.1 - La saison pluvieuse

La saison pluvieuse est la période où on enregistre les quantités importantes de précipitations. C'est le moment le plus important de l'année pour les paysans car, la suite de la saison en dépend. Le début de la saison, sa variation dans le temps et dans l'espace, les signes annonciateurs de pluie, les quantités d'eau tombées et les types de pluie sont autant d'indicateurs de changement et la variabilité climatique pour les populations de Belgou.

3.1.1.1.1 - Le début de la saison des pluies et les premiers semis

La majeure partie des populations enquêtées (62%) estiment que de nos jours, les premières pluies tardent à s'installer, donc il y a un retard dans l'installation de la saison

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hivernale. Du coup, on constate un recul de la date des premiers semis. Il y a une trentaine d'années, on enregistrait suffisamment de pluies en mi-mai pour commencer les travaux champêtres. Mais de nos jours, il faut attendre le mois de juin avant d'enregistrer les précipitations suffisantes pour les premiers semis. Cependant d'aucuns (21%) estiment n'avoir pas observé de changement dans l'installation de la période hivernale. Les 17% n'ont pas d'opinion sur la question. Contrairement au début de la saison pluvieuse, les populations pensent que la saison sèche s'installe plus tôt qu'auparavant. En effet, la fin des pluies qui se situait au début du mois d'octobre a connu un recul vers le début du mois de septembre. Cet arrêt précoce des averses annonce alors le prolongement de la saison sèche qui atteint souvent 8 mois. Toutes les personnes enquêtées ont souligné cela.

3.1.1.1.2 - Les signes annonciateurs de pluie

Lors de nos échanges avec certaines personnes âgées du village, il a été fait cas de changement observé sur les signes précurseurs de pluie ; c'est le cas de l'assombrissement du ciel, les forts grondements de tonnerre accompagnés d'éclairs. Les populations trouvent que ces signes sont aujourd'hui en voie de s'amenuiser. Selon les interlocuteurs, le changement ou la disparition progressive de ces signes a fait apparaître un nouveau type de pluie :"les pluies surprises?. Ce sont des pluies qui tombent de façon brusque et qui surprennent souvent les agriculteurs dans les champs. Ils soulignent aussi le fait que généralement ce sont des pluies de courte durée.

3.1.1.1.3 - La pluviométrie

De façon générale, les populations perçoivent le changement et la variabilité à travers la baisse de la pluviométrie. Elles déclarent qu'"il ne pleut plus comme avant". Le changement est perçu à travers le nombre d'évènements pluvieux et les quantités d'eau tombées. La majorité de la population (90%) a observé une baisse du nombre de jours de pluie. Cependant cette tranche de la population n'est pas unanime sur l'évolution des quantités d'eau tombées. En effet des 90%, certains (60%) estiment que malgré le nombre réduit d'évènements pluvieux les quantités d'eau reçues aujourd'hui sont supérieures à celles d'autrefois ; d'autres (30%) par contre soutiennent que la baisse des évènements pluvieux est synonyme de la baisse de la quantité d'eau tombée. 2% estiment que le nombre de jours des pluies et les quantités d'eau sont en hausse. Les 8% restants n'ont constaté aucun changement

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du nombre de jours de pluie. Cependant leur remarque sur l'évolution des proportions d'eau diffère car 5% estiment qu'il ya une augmentation des quantités d'eau tombées et 3% soutiennent le contraire.

Tous s'accordent sur le fait que quelle que-soit les quantités d'eau reçues cela ne leur profite pas en saison sèche car la rivière qui passe à côté du village draine toute l'eau qui tombe en hivernage. Aussi, le bouli avec sa faible capacité de rétention due à son ensablement est soumis à la pression humaine, animale et à l'évaporation. Il n'arrive donc pas à conserver l'eau pendant longtemps. Cette baisse généralisée de la pluviométrie a donc un impact sur la durée de la disponibilité en eau de surface.

3.1.1.1.4 - les pluies de mousson et la période de crue du cours d'eau

La mousson s'installait au mois d'août. Mais aujourd'hui, on constate que ce phénomène même s'il continue d'apparaître, connais des variations dans leurs manifestations et dans leur durée : installation précoce ou tardive, irrégularité de l'intensité, etc. Ceci a un impact sur les périodes de crue du cours d'eau qui borde le village dans sa partie méridionale. De ce fait, les crues qui s'étalaient sur tout le mois d'août connaissent également des variations. On observe souvent des crues en juillet et même souvent en septembre, en fonction de l'installation de la mousson.

3.1.1.1.5 - Les pauses pluviométriques

Ce sont des poches de sécheresse au cours de la saison des pluies. Ces trêves pluviométriques n'excédaient pas généralement dix jours. Aujourd'hui, elles peuvent durer vingt jours et sont devenues la principale cause des mauvaises récoltes. Les cultivateurs estiment que lorsque les pauses excèdent deux semaines, elles jouent sur l'évolution des plantes et peuvent même entraîner la mort de celles-ci. Elles sont plus dangereuses lorsque les céréales sont au stade de l'épiaison.

3.1.1.1.6 - La répartition des pluies dans le temps et dans l'espace

Les paysans ont remarqué une diminution de la durée de la saison des pluies ainsi que la réduction de la durée d'une pluie. Selon eux, la saison des pluies pouvait atteindre auparavant 4 à 5 mois ; mais aujourd'hui elle n'excède pas 3 à 4 mois.

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Quant aux durées des précipitations, les villageois soulignent la raréfaction des pluies de longue durée. Avant, il pouvait pleuvoir du matin au soir. Mais actuellement ce sont des évènements rares.

La répartition des pluies dans l'espace a été relevée par les paysans comme élément de changement. Ils constatent que les pluies ne couvrent plus de grandes surfaces. La preuve on pouvait avoir des pluies qui arrosent tous le département de Falangountou. Mais aujourd'hui, il peut pleuvoir dans un champ sans que le voisin ne reçoive aucune goutte d'eau.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus