SECTION 2. APPROCHE THEORIQUE ET
EMPIRIQUE
2.1. APPROCHE THEORIQUE
Malgré une certaine reconnaissance de la
légitimité de l'entrepreneuriat en tant que science à part
entière23(*), la
recherche dans ce domaine reste encore fragmentée, voire
éclatée. Il demeure encore pratiquement impossible d'obtenir une
définition consensuelle et de construire une théorie
générale24(*).
Plusieurs disciplines ont tenté depuis des
années de proposer des définitions ou des conceptualisations de
l'entrepreneuriat et différentes orientations sont
privilégiées par les chercheurs pour l'étude de cet
objet.
De nombreuses approches (mentionnées dans le tableau
ci-dessous) ont ainsi émergé au fil du temps. Elles marquent,
d'une part, l'évolution des conceptions et, d'autre part, la mouvance
des préoccupations dans le champ de l'entrepreneuriat, inscrivant les
chercheurs dans des courants de pensée ou des paradigmes distincts.
Tableau n°1. Les
approches qui sous- tendent l'évolution du concept25(*)
1. Durant les deux derniers siècles, l'entrepreneuriat
renvoie à une approche fonctionnelle utilisée surtout dans le
domaine économique.
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SCHUMPETER (1928)
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«L'essence de l'entrepreneuriat se situe dans la
perception et l'exploitation des nouvelles opportunités dans le domaine
de l'entreprise. Cela a toujours à faire avec l'apport d'un usage
différent de ressources nationales qui sont soustraites de leur
utilisation naturelle et sujettes à de nouvelles combinaisons».
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PENROSE (1963)
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L'entrepreneuriat appréhende l'identification
d'opportunités dans le système économique.
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LEIBENSTEIN (1968, 1979)
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L'entrepreneuriat renvoie aux activités
nécessaires à la création d'une entreprise. Il se
définit comme « activités nécessaires pour
créer ou continuer une entreprise où non tous les marchés
sont bien établis où clairement définis et/ou dans quelles
parties appropriées de la fonction de production ne sont pas accomplies
connues ».
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2. Depuis le début des années 50,
l'entrepreneuriat renvoie à une approche individuelle utilisée
surtout dans le domaine psychologique, sociologique ou de psychologie
cognitive.
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RONSTAD (1984)
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L'entrepreneuriat est un processus dynamique de
création humaine incrémentale. «cette richesse est
créée par les individus qui assument les risques principaux dans
la limite des capitaux propres, de la période, et/ou de l'engagement de
carrière de fournir la valeur pour un certain produit ou service. Le
produit ou le service lui-même peut ou ne peut pas être nouveau ou
unique mais la valeur doit être infusée de façon ou d'autre
par l'entrepreneur en fixant et en allouant les qualifications et les
ressources nécessaires ».
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TOULOUSE (1988)
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«L'Entrepreneurship est une réponse
créatrice, une habileté à percevoir de nouvelles
perspectives, à faire des choses nouvelles, à faire
différemment les choses existantes ».
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STEVENSON ET JARILLO (1990)
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«Le coeur de l'entrepreneuriat corporatif est que
l'opportunité qui se présente à la firme doit être
poursuivie par des individus en son sein. Mais le repérage des
opportunités est certainement fonction des capacités de
l'individu: sa connaissance intime du marché, des technologies
impliquées, des besoins du consommateur, etc.».
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TIMMONS (1994)
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« Entreprendre suppose un état cognitif conduisant
une personne à agir conformément au type d'action qu'appelle
l'acte correspondant, à partir d'une idée et de la
détection ou de la construction d'opportunités
d'affaires».
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DANJOU (2000)
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«L'entrepreneuriat est « incarné ». Il
est appréhendé comme le comportement d'un individu ayant des
besoins, des motivations, des traits de personnalité, des aptitudes et
des compétences particuliers».
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3. Depuis le début des années 90,
l'entrepreneuriat renvoie à une approche fondée sur les processus
utilisée surtout dans le domaine des sciences de gestion, de l'action ou
dans les théories des organisations.
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BYGRAVE ET HOFER (1991)
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L'entrepreneuriat est un phénomène qui consiste
à créer et organiser de nouvelles activités.
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CUNNINGHAM ET LISCHERON (1991)
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L'entrepreneuriat est un processus itératif de
création d'idées, dévaluation personnelle, de remise en
cause actuelle et future : « ce processus implique de créer
l'idée, d'évaluer ses habilites personnels, et d'agir maintenant
et à l'avenir ».
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BRUYAT (1993)
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L'entrepreneuriat est une dialogique individu- création
de valeur nouvelle, dans une dynamique de changement créatrice.
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VENKATARAMAN (1997)
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L'entrepreneuriat est défini comme « l'examen
savant de la façon dont, par qui et avec quelles opportunités
d'effets de créer de futures marchandises et entretient sont
découverts, évalué et exploité ».
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SHANE ET VENKATARAMAN (2000)
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Le champ de l'entrepreneuriat renferme « l'étude
des sources des opportunités ; le procédé de la
découverte, de l'évaluation, et de l'exploitation des
opportunités ; et l'ensemble d'individus qui découvrent, les
évaluent, et exploitent ».
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VERSTRAETE (2003)
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« L'entrepreneuriat concerne le phénomène
relevant d'une relation symbiotique entre l'entrepreneur et l'organisation
impulsée par celui-ci».
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On peut donc résumer que le tableau ci-dessus
présente les différentes approches théoriques de
l'entrepreneuriat, il s'agit de l'approche fonctionnelle, de l'approche
individuelle et de l'approche processuelle. Nous pouvons souligner l'existence
de deux éléments fondamentaux au niveau de l'entrepreneuriat: la
création (d'un produit, d'un service, d'une activité, d'une
organisation, de valeur) et l'entrepreneur.
En effet, RONSTAD (1984), GARTNER (1985), VERSTRAETE (2000)
ainsi que BRUSH et AL (2003) avancent que chercheurs et praticiens, tenants du
paradigme de création d'une organisation, associent assez souvent
l'entrepreneuriat à l'acte d'entreprendre.
HERNANDEZ (1999) met en exergue le rôle joué par
l'entrepreneur et assimile l'entrepreneuriat au processus de création de
l'entreprise par ce dernier. Il stipule que « l'entrepreneur est le sujet,
l'acteur, et la création de l'entreprise, le résultat de son
action ».
Dans ce qui suit, et sans dénier l'intérêt
du paradigme de création d'une organisation, l'entrepreneuriat est
appréhendé à travers la relation individu/système
créé.
* 23 SAPORTA.B.,
Préférences théoriques, choix
méthodologiques et recherche française en entrepreneuriat: un
bilan provisoire des travaux entrepris depuis dix ans, Revue de
l'entrepreneuriat, Vol 2, N°1, 2003,
http://www.revue-entrepreneuriat.com.
* 24 (DANJOU, 2000 ; Hernandez,
2001 ; Fayolle, 2007). Cité par Amina OMRANE, Les
compétences. Entrepreneuriales et le processus entrepreneurial : une
approche dynamique, EM Lyon Business School, p3
* 25 Cette
catégorisation du champ de l'entrepreneuriat est déduite des
travaux de Fayolle et Verstraet (2005) et notamment de leur article
« Paradigmes et entrepreneuriat », Revue de
l'entrepreneuriat, Vol.4, n°1, 2005.
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