UNIVERSITÉ D'ÉTAT D'HAÏTI
(UEH)
FACULTÉ DE DROIT ET DES SCIENCES
ÉCONOMIQUES (FDSE)
LES DÉTERMINANTS DE LA PRODUCTIVITÉ DE
L'INVESTISSEMENT PRIVÉ EN HAÏTI : UN MODÈLE À
ÉQUATIONS SIMULTANÉES (1981-2010).
Mémoire de sortie présenté par
l'étudiant : DODIEU Carlos Pour l'obtention du
grade de licencié ès Sciences Économiques Sous la
direction du professeur : THÉBEAU Michel
Promotion 2007-2011
Mai 2014
Avant-propos
Ce travail de recherche s'inscrit dans le cadre du
couronnement du programme de licence en économie offert par la
Faculté de Droit et des Sciences Économiques (FDSE) de
l'Université d'État d'Haïti(UEH). Cette exigence
académique faite par la faculté permet de mettre en
évidence la capacité de l'étudiant à poser un
problème, sa dextérité à confronter les
théories d'avec la réalité et de les articuler autour
d'une tour indivisible d'analyses cohérentes.
En effet, les raisons qui expliquent le sujet retenu
'Les déterminants de la productivité de l'investissement
privé en Haïti (1981-2010)" sont de deux ordres: d'une
part, l'investissement est le principal moteur de la croissance
économique, son investigation permet de mener des politiques
économiques qui favorisent la croissance en Haïti; d'autre part,
cette thématique n'a pas été déjà
traitée explicitement dans le cas d'Haïti.
De plus, ce travail a pour but d'établir les facteurs
qui influent le plus sur la productivité de l'investissement
privé en Haïti. L'objectif étant de quantifier l'impact de
chaque facteur pour établir des priorités en termes de politiques
publiques. Les travaux de recherche préalablement effectués sur
l'investissement dans le cas d'Haïti se limitent à mesurer l'impact
de l'investissement sur la croissance économique.
La limite de ce présent travail se situe au niveau des
données utilisées qui sont des agrégats. Or,
l'investissement a une dimension microéconomique. Car, la
décision d'investissement privé essentiellement est l'oeuvre des
entrepreneurs. Donc, l'utilisation des données agrégées
peut donner à nos résultats et à nos conclusions une
tendance globale mais non détaillée. Ensuite, pour retenir
l'effet des variables qualitatives, nous avons utilisé la méthode
des variables indicatrices. Ce qui peut constituer une faible mesure de
perception de ces dites variables.
La réalisation de ce travail d'économiste n'a
pas été facile compte tenu des difficultés pour recueillir
les données et d'opérationnaliser les variables. Mais, pour
répéter le poète latin Virgile : « Un travail
opiniâtre est toujours venu à bout de toutes les
difficultés ».
II
REMERCIEMENTS
Je tiens d'abord à remercier Dieu de m'avoir
guidé tout au long de cette formation. Ensuite ma famille pour son
soutien et sa patience, à mon encadreur le professeur Michel THEBEAU
pour son support, ses relectures, ses suggestions et pour toute la
disponibilité dont il a fait preuve pour la réalisation de ce
travail.
Mes remerciements s'adressent également au
Décanat, à tout le corps professoral de la Faculté de
Droit et des Sciences Economiques (FDSE) de l'Université d'État
d'Haïti (UEH) qui ont, de myope ou de presbyte, corroboré à
ma formation tout au long de mon parcours académique.
Au jeune économiste-planificateur John Herrick
DESSOURCES pour ses relectures, suggestions et accompagnement ; à
Valéry MOÏSE pour ses relectures syntaxiques.
À mes amis MATHIEU Vladimyr, ADRIEN Pascal,
JEAN-BAPTISTE Edmond, Ing. Henry CIVIL et CHÉRENFANT Ansadou pour leur
encouragement et soutien.
À tous les étudiants de la promotion Martial
CÉLESTIN de la faculté, plus particulièrement à
AUGUSTIN Jeanty Junior. Pour leur soutien et encouragement.
III
DÉDICACES
Je dédie ce travail : À toute ma
famille, À tous mes amis, Ainsi qu'à tous mes
enseignants.
iv
RÉSUMÉ
Ce travail de recherche porte son étude sur les
déterminants de la productivité de l'investissement privé
en Haïti pour la période allant de 1981 à 2010.
Notre cadre méthodologique s'articule autour de deux
méthodes : La méthode analytique et la méthode
statistique. Une analyse descriptive a été faite autour des
déterminants de l'investissement à l'aide des graphiques
présentant leur évolution au cours de la période
sous-étude.
Le Modèle à Équations Simultanées
(MES) a été utilisé pour mettre à l'épreuve
nos hypothèses de travail compte tenu du double statut de certaines
variables explicatives de la décision d'investissement. Toutes les
variables ont été opérationnalisées. Les
données utilisées proviennent de diverses sources : BRH, IHSI,
CFI, Yearbook FMI et Banque Mondiale.
Les résultats du modèle à
équations simultanées indiquent la prééminence des
dépenses d'investissements publics, la gouvernance politique et le cadre
légal et institutionnel comme déterminants de la
productivité de l'investissement privé en Haïti. À ce
titre, les dépenses d'investissements publics accusent un coefficient de
-0.249534, la gouvernance politique affiche un coefficient de l'ordre de
-1.767706 et le cadre légal et institutionnel est assigné d'un
coefficient égal à -0.987089.
Fort de cela, les recommandations de politiques
économiques s'orientent dans le sens d'une mise en relief de
l'assainissement du climat des affaires, de la stabilité politique et de
l'amélioration du cadre légal et institutionnel et l'orientation
des dépenses d'investissements dans des secteurs ayant des
externalités positives sur la productivité de l'investissement
privé. Et enfin, prioriser les investissements privés domestiques
en mettant en exergue les filières porteuses et insérer dans sa
politique un volet de facilitation des exportations dans le cadre de la
promotion des investissements.
Mots clefs : Déterminants de
l'investissement, Modèle à Équations Simultanées,
Climat des affaires, Cadre légal et Institutionnel, Gouvernance
politique, méthode analytique, méthode statistique, facilitation
des exportations.
V
TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROPOS i
REMERCIEMENTS ii
DÉDICACE iii
RÉSUMÉ iv
TABLE DES MATIÈRES v
LISTE DES TABLEAUX viii
LISTE DES GRAPHIQUES viii
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
ix
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
PREMIÈRE PARTIE : LES FONDEMENTS
THÉORIQUES ET EMPIRIQUES DE LA
DÉCISION D'INVESTISSEMENT 10
CHAPITRE I : LES DÉTERMINANTS
ÉCONOMIQUES DE L'INVESTISSEMENT 11
SECTION I: Cadre théorique 12
1 La théorie keynésienne de la décision
d'investissement 12
1.1 L'investissement et le taux d'intérêt 12
1.1.1 Critère de la Valeur Actuelle Nette (VAN) 12
1.1.2 Le Taux de Rendement Interne (TRI) 13
1.1.3 L'investissement et la demande anticipée :
Formulation de l'accélérateur simple 14
1.1.4 Le modèle Harrod-Domar : Productivité
marginale du capital (ICOR) 15
1.2 La théorie néoclassique de la demande
d'investissement 16
1.2.1 La décision d'investissement 16
1.2.2 Accélérateur flexible : Modèle de
Koyck (1954) 19
1.2.3 Accélérateur flexible : Modèle de
D.W. Jorgenson(1963) 20
SECTION II : Revue de littérature
théorique et empirique 22
2.1 Lien entre investissement public et investissement
privé 22
2.2 Lien entre investissement privé et
instabilité macroéconomique 23
2.3 Lien entre investissement privé domestique et
investissement direct étranger(IDE) 24
CHAPITRE II : LES DÉTERMINANTS
EXTRA-ÉCONOMIQUES DE
L'INVESTISSEMENT 28
vi
SECTION I: Économie institutionnelle
29
1.1 Le problème de la décision d'investissement
par l'entreprise 33
1.1.1 Facteurs qui influencent F et Ë 34
SECTION II : Cadre empirique des variables
institutionnelles 36
2.1 Climat d'investissement et investissement privé
domestique : Travaux d'Asante(2000) 36
2.2 Travaux de Mauro (1995) 36
2.3 Travaux de Hall et Jones (1999) 37
2.4 Le modèle de la Banque Mondiale 37
2.5 Travaux de Hiren Sarkar et Aynul Hasan (2001) 39
2.6 Travaux de Ndinga (2002) 39
DEUXIÈME PARTIE : LA RÉALITÉ DE
L'INVESTISSEMENT EN HAÏTI DE 1981 À
2010 42
CHAPITRE III : L'INVESTISSEMENT EN HAITI : LES FAITS
43
SECTION I : L'environnement des investissements en
Haïti : Aspect institutionnel 43
1.1 La Gouvernance politique en Haïti 44
1.1.1 Corruption en Haïti 45
1.1.2 Délai imparti à la création d'une
entreprise 46
1.1.3 Le foncier en Haïti : Obstacle à
l'investissement privé et public 47
1.1.4 Instabilité macroéconomique en Haïti
48
SECTION II : Profil des investissements en Haïti
49
2.1 Evolution de l'investissement en Haïti de 1980
à 2010 49
2.2 La productivité de l'investissement en Haïti
51
2.3 Les dépenses d'investissements publics en
Haïti 54
2.4 L'Investissement Direct Etranger(IDE) 56
2.5 L'investissement privé domestique en Haïti
59
2.5.1 Contexte 59
2.5.2 Les coûts de transaction et l'investissement
privé 60
2.5.3 Les grandes firmes privées et leurs
filières d'investissements en Haïti 60
2.5.4 Épargne intérieure brute et investissement
en Haïti 62
2.5.5 Crédit accordé au secteur privé et
investissement en Haïti 64
vii
Chapitre IV : LES DÉTERMINANTS DE
L'INVESTISSEMENT : Un Modèle à
Équations Simultanées(MES)
66
SECTION I : Présentation générale
du Modèle à Équations Simultanées (MES)
66
1.1 Écriture du modèle à équations
simultanées (MES) 67
1.1.1 D'un exemple introductif 67
1.1.2 À la formulation générale des
modèles à équations simultanées 69
1.2 Le problème de l'identification 70
1.2.1 Conditions de rang et d'ordre d'identification 71
1.2.2 Conditions d'identification 73
1.3 Les méthodes d'estimation 74
1.3.1 Les moindres carrés indirects 75
1.3.2 Les doubles moindres carrés 76
Section II : Présentation de notre
modèle 77
2.1 Méthodologie : choix des variables explicatives
77
2.2 Spécification du modèle 78
2.3 Étude d'identification du modèle à
équations simultanées 78
2.4 Méthode d'estimation du modèle 79
2.5 Signes anticipés des coefficients des variables
explicatives du modèle 80
2.6 Estimation du modèle 80
2.7 Interprétations des équations du
modèle 81
2.7.1 Interprétation de l'équation
d'investissement 81
2.7.2 Interprétation de l'estimation de
l'équation de croissance 82
Conclusion et Remarques 83
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
85
ANNEXE I
VIII
LISTE DES TABLEAUX
Tableau I : Opérationnalisation des
variables de l'hypothèse 7
Tableau II : Tableau de synthèse sur
le cadre théorique et la revue de littérature 25
Tableau III : Synthèse des
déterminants extra-économique de l'investissement 40
Tableau IV : Répartition des
entreprises par secteur d'activités 61
Tableau V : Présentation des
résultats de l'estimation 81
Tableau VI : Évolution des principaux
indicateurs macroéconomiques de 1981 à 2010 II
Tableau VII : Évolution du Taux
d'intérêt, du Crédit au secteur privé(%) et de
l'épargne
intérieur brute en pourcentage du PIB III
Tableau VIII : Évolution de
l'investissement total et ses composantes privée et publique (1981
à 2010) IV
Tableau IX : Évolution
synthétique de l'investissement privé en pourcentage du PI3 et
ses
variables traditionnelles (1981-1990/2001-2010) V
Tableau X : Évolution
synthétique de l'investissement total et ses composantes privées
et
publiques (1981-1985/1995-2010) V
Tableau XI : Évolution de l'indice
d'instabilité Macroéconomique en Haïti et ses variables
proxy : Degré d'ouverture de l'économie (DOE),
l'inflation et le taux de change VI
Tableau XII : Évolution
comparée du Taux de l'investissement, du taux de croissance et de
l'ICOR (1981-2010) VII
Tableau XIII : Taux de croissance, Taux
d'investissement d'Haïti et certains pays en voie de
Développement (Moyenne 1985 à 2005) VIII
Tableau XIV : Estimation du système
d'équation sur Eviews VIII
Tableau XV : secteur d'investissements
publics (En pourcentage) IX
Tableau XVI : Investissements Directs
Étrangers en millions de dollars US(Haïti, République
Dominicaine, Cuba, Jamaïque) ;(1981-2010) IX
Tableau XVII : Évolution de L'IDE et
de l'investissement privé en pourcentage du PI3 (1981-
2010) X
Tableau XVIII : Indice de liberté
économique et certaines îles de la Caraïbe (1999, 2001,
2003
& 2005) XI
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique I : Évolution comparée du taux de
croissance économique et de l'investissement
privé en pourcentage du PIB (1981-2010) 4
ix
Graphique II : Évolution comparée du Taux
d'intérêt et de l'investissement privé en
pourcentage du PIB (1981 à 2010 5
Graphique III : Évolution comparée du
Crédit et de l'investissement privé (1981-2010) 6
Graphique IV : Evolution de l'indice d'instabilité
macroéconomique de 1980 à 2010 49
Graphique V : Évolution de la Formation Brute de
Capital Fixe et ses composantes
privées/publiques en % du PIB (1981-2010) 50
Graphique VI : Évolution du Taux d'investissement et de
l'ICOR (1980 à 2006) 52
Graphique VII : Évolution comparée de
l'investissement privé et l'investissement public en
pourcentage du PIB (1981-2010 55
Graphique VIII : Évolution de L'IDE et de
L'Investissement privé en pourcentage du PIB (1981
à 2010) 57
Graphique IX : Répartition des entreprises en fonction
de leurs chiffres d'affaire 62
Graphique X : Évolution de l'épargne et de
l'investissement en pourcentage du PIB 63
Graphique XI : Évolution du taux de crédit et du
taux d'investissement de 1981 à 2010 65
LISTE DES SIGLES ET ABBRÉVIATIONS
AUF : Agence Universitaire de la
Francophonie
BRH : Banque de la République
d'Haïti
CFI : Centre de Facilitation des
Investissements
CIDCM: Center for International
Development& conflict Management
CNUCED : Conférence des Nations Unies
pour le Commerce et le Développement
DMC : Doubles Moindres Carrés
EMC : Efficacité Marginale du
Capital
FDSE : Faculté de Droit et des
Sciences Économiques
FBCF : Formation Brute de Capital fixe
FTN : Firmes TransNationales
ICOR : Incrémental Capital Output
Ratio
IDE : Investissement Direct
Étranger
IDH : Indice de développement
humain
IHSI : Institut Haïtien de Statistiques
et d'Informatique
IPC : Indice de Perception de la
Corruption
MCI : Moindres Carrés Indirects
X
MCO : Moindres Carrées Ordinaires
MES : Modèle à Équations
Simultanées
NA : Non Appliqué
NIE : New Institutional Economics
OCDE : Organisation de Coopération et
de Développement Économique
ONACA : Office National du Cadastre
PAS : Programmes d'Ajustement structurel
PIB : Produit Intérieur Brut
PMA : Pays Moins Avancés
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PNUD : Programme des Nations Unies de
Développement
SUR : Seemingly Unrealated
Régression
TRI: Taux de Rendement Interne
UEH : Université d'État
d'Haïti
VAN: Valeur Actuelle Nette
Page | 1
INTRODUCTION GÉNÉRALE
I- INTRODUCTION ET PROBLÉMATIQUE
L'investissement constitue le processus de renouvellement et
d'accroissement du capital d'une économie. En macroéconomie, le
poids de l'investissement est mesuré par le taux d'investissement. Ce
dernier est le ratio de la formation brute de capital fixe (FBCF) au montant du
PIB. Bon nombre d'économistes, à l'instar d'Harrod (1939), de
Domar (1947)1, de Robinson (1956), de Paul Romer (1986)2,
de Barro (1990), pour ne citer que ceux-là le considèrent comme
le principal moteur de la croissance économique. Levine et Renelt (1992)
ont montré que l'investissement est l'unique facteur qui reste
corrélé au taux de croissance économique quels que soit la
spécification, les périodes ou les pays étudiés.
Dans le modèle de Kenneth Arrow (1962)3 exposant les «
effets d'apprentissage par la pratique », le stock de connaissances d'une
société dépend de son investissement brut cumulé.
L'Asie de l'Est en est le témoignage parfait, sa croissance accusait un
taux de 7 à 8% par an, concourue par des taux de formation brute de
capital fixe d'environ 30% du PIB4. Suivant le modèle
d'Harrod-Domar, l'investissement a deux composantes : du côté de
la demande, il est créateur de revenu à court terme par son effet
multiplicateur ; du côté de l'offre, à long terme il
augmente la capacité productive de l'économie. En un mot,
l'investissement est inhérent à la création de richesses
au sein d'une économie. Cette opération indispensable qu'est
l'investissement de laquelle dépend, selon les économistes, la
maintenance de la productivité des facteurs de production, capital et
travail, est liée dans une économie de marché aux choix
des entrepreneurs. L'investissement repose sur leur confiance en l'avenir ainsi
que sur l'anticipation qu'ils portent sur l'environnement économique.
Ce lien serré entre investissement et croissance
suscite à analyser les déterminants de l'investissement productif
en vue de mieux cerner quelle mesure de politique économique capable de
soutenir une progression équilibrée de l'investissement.
1 ARROUS Jean. Croissance et Fluctuations. Editions
Dalloz, Rue Soufflot, 1991.
2 Agence Universitaire de la Francophonie. Pourquoi
la croissance, la croissance pour quoi ? (Revue Economique), 1997.
3 Ibid.
4 Op. cit.
Page | 2
Nous avons jeté notre dévolu sur la
période allant de 1981 à 2010 du fait qu'elle marque la chute
drastique du niveau de la production, des principaux indicateurs
macroéconomiques et une détérioration
invétérée du niveau de vie.
Ce présent travail, de portée académique,
sous l'égide des analyses empiriques c'est-à-dire statistiques et
économétriques, peut servir de référence parmi tant
d'autres aux pouvoirs publics en vue d'orienter la politique économique
dans le cadre de facilitation et d'incitation aux projets d'investissements
productifs en Haïti.
Problématique
Au tournant des années 80, le taux de croissance moyen
de l'investissement en Haïti est relativement élevé en
volume. Ainsi, il accusait un taux de 11.01 % du PIB de 1981 à 1990, et
16.78 % de 1991 à 2000. Et enfin, Il s'estimait à un taux moyen
de 27.40 % pour la période de 2001 à 20105.
Au niveau macroéconomique, les débats sur les
motifs de la décision d'investissement suscitent des controverses entre
les économistes de différents courants de pensée et
débouchent sur quatres paradigmes considérés comme les
variables traditionnelles de la décision d'investissements, telles que :
Le coût du capital, la demande, la disponibilité du financement et
les anticipations de profits.
Suivant l'approche keynésienne, l'investissement est
fonction de son coût et de son rendement : le rendement est
représenté par l'efficacité marginale du capital , le
coût de l'investissement est mesuré par le taux
d'intérêt peu importe le mode de financement, interne à
savoir l'épargne nationale et externe donc l'épargne externe.
Dans ces conditions, les entrepreneurs s'apprêtent à investir au
cas où le rendement est supérieur au coût, en d'autres
termes lorsque l'efficacité marginale du capital6 est
supérieure au taux d'intérêt.
Le point essentiel chez Keynes tient au fait que
l'investissement est indépendant du niveau de revenu ou de production
(Y) de cette économie : Il est stable quelle que soit l'évolution
de la production. Donc, l'investissement ainsi défini est autonome. En
somme, la
5 Voir tableau VIII en annexes.
6 L'éffcacité marginale
représente la productivité de l'investissement. Elle est
mesurée le plus souvent par L'ICOR.
Page | 3
fonction d'investissement est une fonction décroissante
du taux d'intérêt. Keynes parle également de
l'investissement induit qui dépend de la production sans prendre les
délais d'ajustement. Cette considération fait
référence à la notion d'accélérateur
simple.
Le point de vue ci-dessus est contesté par les
néoclassiques. Pour eux, suivant le principe de
l'accélérateur, découvert par l'économiste
français Albert Aftalion7 en 1909 et largement mis en oeuvre
par Clark, la dépense d'investissement dans une économie est
fonction de la demande, c'est-à-dire de l'importance de la variation de
la production nationale avec les délais d'ajustement. Bien qu'on fasse
l'hypothèse que l'investissement dépend seulement du niveau de la
production. Pour que l'investissement net, différence entre le stock de
capital désiré et le stock de capital effectif, augmente au cours
du temps, il s'avèrerait donc indispensable que le produit national
s'accroisse à un rythme de plus en plus
accéléré.
D'autres économistes, à l'instar d'Asante (2000)
et Gani (2004)8 considèrent la disponibilité du
financement comme le déterminant clef de la décision d'investir.
Donc une augmentation du crédit dans l'économie engendre un
accroissement de l'investissement dans l'économie ceteris paribus.
Un courant de pensée récent évoque la
notion de profitabilité comme variable explicative de la décision
d'investissement. En ce sens, le coefficient Q de Tobin (1969) est la
formulation la plus répandue qui correspond à l'efficacité
marginale du capital de Keynes (1936). Donc les anticipations de profits
élevés incitent les entrepreneurs à accroitre leur volume
d'investissement.
Ces différentes approches sus-mentionnées
s'apparentent, bien qu'elles s'opposent, en quelque sorte à
l'économie haïtienne. Cependant, elles semblent présenter
des limites à l'explication de la réalité de
l'investissement au cours de la période sous-étude.
Quant aux taux d'intérêts moyens sur les
prêts, ils sont pratiquement élevés en Haïti. En
effet, pour la période allant de 1981 à 1990, ils affichaient un
taux de 15.60 % pour un taux d'investissement privé moyen de 11.01 % .
Au cours de la deuxième décennie allant de 1991 à 2000, le
taux d'intêt moyen sur les prêts s'estimait à 20 %, soit une
tendance haussière de 28.21% du taux d'intérêt par rapport
à la décennie précédente, le niveau de
l'investissement
7 Aftalion (1909, cf. Bernier,2001)
8 Voir NDIAYE, 2007.
Page | 4
affichait un taux de 16.78 point de pourcentage en moyenne
pour cette décennie9, soit une hausse tendancielle de 52.41 %
. Enfin, au cours de la dernière décennie allant de 2001 à
2010, le taux d'intérêt accusait un pourcentage de 26.36 % pour un
taux d'investissement privé de l'ordre de 27.40 % . La théorie
suivant laquelle l'investissement est une fonction décroissante du taux
d'intérêt suscite ici des intérrogations.
Graphique I : Évolution comparée du Taux
d'intérêt et de l'investissement privé en pourcentage
du
PIB (1981-2010)
45.00%
40.00%
50.00%
35.00%
30.00%
25.00%
20.00%
15.00%
10.00%
0.00%
5.00%
1981
1982
1983
1984
1985
1986
Taux d'interet Investissement priv/PIB
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Source : Calculs de l'auteur à partir des
données de l'IHSI, de la BRH et du Yearbook FMI.
Quant au crédit10, indicateur de la
disponibilité du financement, il accusait un taux de 1.72 % pour un taux
d'investissement privé de 11.01 % au cours de la première
décennie (1981-1990). Pour la deuxième décennie allant de
1991 à 2000, malgré la chute du taux de crédit , affichant
un taux de 0.1436 %, l'investissement a varié à la hausse,
accusant un taux de 16.78 %. Pour la troisième et dernière
décennie (2001-2010), le crédit a encore chuté, s'estimant
à une variation de 0.1169 point de pourcentage, tandis que
l'investissement privé s'estimait à 27.40 %. Malgré la
faiblesse et la baisse tendancielle du crédit, l'investissement
privé affiche une tendance à la hausse. Ce qui semble être
à l'encontre des antécédants théoriques.
9Ibid., p.3 10 Ibid., p.4
Page | 5
Graphique II: Évolution comparée du
Crédit et de l'investissement privé (1981-2010)
-10.00%
40.00%
50.00%
30.00%
20.00%
10.00%
0.00%
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
cred/pib Inv-priv/pib
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Source : Calculs propres à partir des
données de l'IHSI, de la BRH et du Yearbook FMI.
En effet, la croissance de la production11,
indicateur de la demande, de 1981 à 1990 représentait -0.59 % et
simultanément l'investissement privé moyen affichait un taux
positif de 11.01 %. Pour la deuxième décennie allant de 1991
à 2000, Un faible taux de croissance du Produit Intérieur Brut de
l'ordre de 0.17 %, correspondait un taux moyen d'investissement privé
pratiquement élevé de l'ordre de 16.78 %. Lorsque la croissance
de la production se situe à 0.19% environ pour la période allant
de 2000 à 2010, l'investissement affiche un taux de 27.40%.
Malgré une faiblesse accrue de la demande, l'investissement privé
accusait des taux relativement élevés. Il s'ensuit une tendance
contradictoire, contrairement à ce que préconise la
théorie économique, entre l'investissement et la variation du PIB
en Haïti.
En fait, il est à remarquer, à travers l'analyse
ci-dessus, que des taux élevés d'investissements
génèrent des taux de croissance économique extrêment
faibles voire négatifs. Donc, en terme de volume l'investissement semble
être présent en Haïti mais il s'est
révélé inéfficace. Le faible effet induit de
l'investissement sur la croissance économique soulève la
problématique de la productivité de l'investissement.
11 Voir tableau VIII en annexe.
Page | 6
Graphique III : Évolution comparée du taux
de Croissance économique et de l'investissement privé en
pourcentage du PIB (1981-2010)
-10.00%
-20.00%
40.00%
50.00%
30.00%
20.00%
10.00%
0.00%
1981
1982
1983
Investissement prive/PIB Taux de croissance du PIB
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Source : Calculs propres à partir des
données de l'IHSI et du cahier de Recherche de la BRH.
Cet état des lieux montre d'une part, le vide
laissé par la fonction macroéconomique traditionnelle de la
décision d'investissement à expliquer le phénomène
haïtien et d'autre part la pertinence de la problématique de la
productivité de l'investissement. D'où une question s'impose :
Quelles sont les variables qui ont le plus influencé sur la
productivité de l'investissement privé en Haiti pour la
période de 1981 à 2010 ?
II -Hypothèses :
H1:. La faiblesse des investissements publics
a un impact négatif sur la productivité de l'investissement
privé.
H2 : le cadre légal et institutionnel
a un impact négatif sur la productivité de l'investissement
privé.
H3 : La gouvernance politique a un impact
négatif sur la productivité de l'investissement privé.
Page | 7
Tableau I : Opérationnalisation des variables des
hypothèses
Variables
|
Dimension
|
Types
|
Définition
|
Indicateurs (mesure)
|
Soubassements théoriques
|
Productivité de l'investissement
|
-quantitative. -qualitative.
|
Dépendante
|
Le taux
d'investissement
substantiel, potentiel qui induit une croissance du PIB plus
soutenue.
|
Incremental Capital Output Ratio (AK/AY)
|
Harrod-Domar
|
Cadre légal et institutionnel (CLI)
Ou Infrastructure institutionnelle.
|
Qualitative
|
Indépendante
|
Institutions et politiques
gouvernementales qui déterminent l'environnement
économique dans lequel les agents accumulent les connaissances
et prennent leurs décisions de production.
|
Variable indicatrice :
CLI=0, cadre légal et institutionnel favorable à
l'investissement productif et 1 sinon.
|
Hall & Jones(1999)
Nouvelle Économie Institutionnelle.
|
Instabilité politique
|
Qualitative
|
Indépendante
|
Coups d'états, assassinats politiques, manifestations
intempestives, contestations politiques et grèves, répressions
politiques et dépenses militaires.
|
Variable
indicatrice : prenant 0 comme valeur dans le cadre d'une
instabilité politique et 1 sinon.
|
Nouvelle Économie Institutionnelle
|
Investissements publics
|
Quantitative
|
Indépendante
|
Les dépenses en capital de l'État dans les
infrastructures, santé, Éducation, tourisme.
|
Montant des dépenses en capital de l'administration
publique.
|
Théoriciens de la croissance endogène.
Barro(1990)
|
Source : Auteur du Mémoire
III-OBJECTIFS
Le but de ce travail est d'analyser les déterminants
économiques et extra-économiques de l'investissement,
s'articulant autour des objectifs suivants :
1- Il est tenu de présenter la réalité de
l'investissement en Haïti de 1980 à 2010.
2-
Page | 8
Il importe également de présenter
l'environnement des affaires au cours de cette même période.
3- Et enfin il convient de faire ressortir l'importance, le
poids des variables extra-économiques (climat des affaires, indice de
corruption, instabilité politique, Cadre institutionnel etc.) dans les
décisions d'investissement en Haïti au cours de la période
sous-étude.
IV-CADRE MÉTHODOLOGIQUE
Ce travail a été élaboré suivant
deux méthodes en sciences sociales : La méthode analytique et la
méthode statistique. La méthode analytique qui consiste à
décomposer l'objet d'étude en allant du complexe au plus simple
et ; la méthode statistique qui tente de concilier les démarches
qualitatives et quantitatives.
Les sources de données sont diverses. Cependant, sont
priorisées les statistiques provenant de la Banque de la
République d'Haïti (BRH) et de l' Institut Haïtien de
Statistiques et d'Informatique (IHSI), et du Centre de Facilitation des
Investissements (CFI). Par contre, nous avons également utilisé
les données provenant de la Banque Mondiale, De Freedom House, etc.
En vue de confronter nos hypothèses d'avec la
réalité, nous avons présenté un
modèle à équations simultanées mettant
l'emphase sur les deux types de variables qui ont pour but d'expliquer la
productivité de l'investissement : variables économiques et des
variables extra-économiques. Pour le choix des variables, nous
priorisons les variables ciblées à travers nos hypothèses
et nous nous inspirons du modèle de Hall et Jones (1999).
Ce présent travail comporte respectivement deux parties
ayant chacune deux (2) chapitres :
-La première partie intitulée,
`LES FONDEMENTS THÉORIQUES ET EMPIRIQUES DE LA DÉCISION
D'INVESTISSEMENT', a pour objectif d'exposer les théories et les travaux
empiriques relatifs aux variables qui influent sur la décision
d'investissement et sa productivité. À travers cette dite partie,
un premier chapitre intitulé `LES DÉTERMINANTS ÉCONOMIQUES
DE L'INVESTISSEMENT' a pour but de répérer les variables de la
décision d'investir relevant de la fonction macroéconomique
traditionnelle et d'autres travaux empiriques d'une part ; et d'autre part, un
second chapitre intitulé `LES DÉTERMINANTS EXTRA-
Page | 9
ÉCONOMIQUES DE L'INVESTISSEMENT'
exposant les variables institutionnelles, socio-politiques,
culturelles et administratives de la décision d'investissement.
La deuxième partie dénommée, `LA
RÉALITÉ DE L'INVESTISSEMENT EN HAÏTI DE 1981 À 2010'
présente l'environnement dans lequel s'effectue l'investissement. Dans
cette deuxième partie, le premier chapitre intitulé `LES
DÉTERMINANTS DE L'INVESTISSEMENT : LES FAITS', a pour but de
décrire et analyser le climat de l'investissement du point de vue
institutionnelle et étudier le profil des investissements
effectués au cours de la période sous-étude d'une part ;
et d'autre part, le quatrième et dernier chapitre intitulé, `LES
DÉTERMINANTS DE L'INVESTISSEMENT :UN MODÈLE
ÉCONOMÉTRIQUE', présente un modèle à
équations simultanées ayant pour objectif de mesurer et analyser
l'impact de certaines variables de la revue de littérature sur la
productivité de l'investissement.
Page | 10
PREMIÈRE PARTIE
LES FONDEMENTS THÉORIQUES ET EMPIRIQUES DE LA
DÉCISION D'INVESTISSEMENT
La tâche qui incombe aux économistes à
préciser les variables explicatives de la décision
d'investissement privé productif, dans une économie
donnée, s'avère difficile, du fait que l'investissement constitue
un choix d'une relative complexité où s'incorporent des variables
observables et mesurables que nous désignons par
déterminants économiques de l'investissement,
comme le taux d'intérêt, et des facteurs subjectifs dont
l'évaluation n'est pas aisée à déterminer, comme le
climat des affaires, que nous désignons par variables
extra-économiques de l'investissement.
Toutefois, nous tenons à mettre en exergue ces deux
catégories de variables sus-citées du comportement des
investissements selon les écoles de pensée respectives : Les
classiques se limitent autour de la fonction importante du taux
d'intérêt, et Keynes, à cela ajoute la notion de la demande
anticipée; le modèle Harrod-Domar, en établissant une
relation stable entre production et Stock de capital, met en évidence la
productivité marginale du capital appelée ICOR(Incremental
Capital-Output Ratio). Par contre, les néoclassiques tiennent compte des
délais d'ajustement de la demande anticipée, d'où
l'accélérateur fléxible, les théoriciens de la
croissance endogène ont prouvé le rôle de l'investissement
public dans la décision des investissements privés. Cependant,
les théoriciens de l'école institutionnaliste ainsi que des
travaux empiriques tiennent compte des variables politique, sociale, culturelle
et administrative de la décision d'investissement. C'est ainsi que Mauro
(1995), et Meyer12(1999) ont montré l'influence
négative d'un mauvais climat d'affaire sur l'investissement.
Cette présente partie se propose d'étudier d'une
part, les variables économiques de l'investissement ( Chapitre I
). Et d'autre part, nous étudions ses limites en exposant les
variables extra-économiques ( Chapitre II ).
12Meyer(1999 ;cf. Bonny JEAN BAPTISTE,2005)
Page | 11
CHAPITRE I
LES DÉTERMINANTS ÉCONOMIQUES DE
L'INVESTISSEMENT
Comme nous l'avons mentionné dans les lignes ci-dessus,
les variables économiques de la décision d'investissement se
refèrent aux variables objectives, quantitatives et mesurables. À
ce titre, la base de la théorie de la décision d'investissement
remonte aux travaux de Fischer. En ayant pour socle l'arbitrage entre le
désir de consommation immédiate et le principe
d'opportunité d'investir, Fischer a présenté une
théorie du taux d'intérêt. Selon Fischer, la
décision d'investissement n'était économiquement
rationnelle que si la rentabilité économique
espérée du capital était supérieure aux taux
d'intérêt réel.
À partir de cette base théorique
fishérienne de la décision d'investissement, d'autres paradigmes
ont vu le jour débouchant sur la fonction macroéconomique
traditionnelle de la décision d'investir. Cette dernière regroupe
les différents facteurs suivants : L'évolution de la demande, le
coût relatif des facteurs de production, les contraintes
financières et le coût d'opportunité.
En effet, la demande se réfère à la
perspective de débouchés suffisants ; le coût relatif des
facteurs de production est lié aux coûts salariaux et aux
coûts du capital rapportés à la productivité des
facteurs ; les contraintes financières font référence aux
notions d'autofinancement, d'emprunt et de rentabilité financière
; le coût d'opportunité s'adhère à la notion du
coût d'usage du capital.
De nombreux travaux empiriques ont été
également effectués. Les théoriciens de la croissance
endogène à l'instar de Barro (1990) et de Long et Summers (1991)
ont démontré le lien existant entre l'investissement public dans
les infrastructures et l'investissement privé. Greene et Villanueva
(1990) ont établi la relation entre l'instabilité
macroéconomique et l'investissement privé.
C'est ainsi qu'il importe d'étudier ces
différents déterminants de la décision d'investissement
à travers deux (2) sections respectivement. La première section
est un cadre théorique exposant l'approche keynésienne et
l'approche néoclassique de la décision d'investissement et de sa
productivité ; La deuxième section est une revue de
littérature théorique et empirique présentant les
différents travaux de la décision d'investissement.
Page | 12
SECTION I : Cadre théorique
Le cadre théorique de cette présente
étude s'articule autour de deux (2) grands courants de pensée de
la décision d'investissement : Une approche keynésienne et une
approche néoclassique.
1 La théorie keynésienne de la
décision d'investissement
L'opération par laquelle un producteur décide de
transformer des actifs monétaires en actifs physiques consiste en la
décision d'investissement. Cette décision indispensable à
la croissance, est fonction selon Keynes, du taux d'intérêt et du
volume des ventes ou rendements espérés.
1.1 L'Investissement et le Taux d'intérêt
L'investissement est enclin à deux modes de
financement: Le financement par des fonds propres ou le financement par des
emprunts. Et dans les deux scénarios, les intérêts
constituent le coût lié à cet investissement. Étant
donné que les entrepreneurs sont préoccupés à la
rentabilité financière, ils vont comparer ce coût avec le
rendement du projet. En ce sens, la rentabilité du capital est le moteur
de l'investissement. La prise en compte de cette considération
microéconomique a poussé les Américains Robert
Solow13(1956) et Trevor Swan14(1956) à
développer, séparément en 1956, un modèle qui
constitue le cadre de référence de l'analyse de la croissance.
Cette dite rentabilité s'étudie par référence au
critère de la Valeur Actuelle Nette (VAN) et le concept du Taux de
Rendement Interne (TRI).
1.1.1 Critère de la Valeur Actuelle Nette (VAN)
La Valeur Actuelle Nette(VAN), en matière de
décision d'investissement, est primordiale car elle consiste à
comparer le coût et les recettes d'un projet d'investissement. Deux
groupes d'éléments s'apparentent aux études d'une
opportunité d'investissement par un entrepreneur:
-Une dépense d'investissement (I0) à effectuer
immédiatement pour acquérir des biens d'équipement dont la
durée de vie est de (n) années.
13 Solow (1956 ;cf.Bénassy,2002)
14 Trevor Swan, op. cit.,p. 12.
Page | 13
-Des recettes futures nettes (RN) espérées
provenant de la vente des produits acquis au moyen de l'investissement pris sur
toute sa durée de vie15.
Soit donc RN1, RN2,.....RNn, les recettes nettes
espérées ou les rendements escomptés, par un entrepreneur
envisageant d'acheter des biens d'équipements d'une valeur Io. Soit
r16 le taux d'intérêt et n la durée de vie des
équipements. Pour décider de la faisabilité d'un projet,
il faut calculer sa VAN, c'est-à-dire de la différence entre la
somme des recettes actualisées et le coût d'achat des
équipements:
VAN= + + +.....+
Ce projet ne sera considéré comme rentable et ne
sera réalisé que si sa VAN17 est positive.
1.1.2 le taux de rendement interne (TRI)
S'inspirant de la VAN, Keynes va faire valoir le concept
alternatif appelé Efficacité Marginale du Capital (EMC),
appelé aussi Taux de Rendement Interne de l'investissement (TRI). Le
Taux de Rendement Interne (TRI) est le taux d'actualisation(J1) qui rend nulle
la différence entre la valeur présente de l'investissement et ses
recettes espérées ou attendues. Le TRI (J1) d'un projet est
déduit de la relation :
La décision d'investissement résultera dans ces
conditions d'une comparaison entre u et le taux d'intérêt (r).
Pour qu'un investissement soit réalisé, il faut que son TRI soit
supérieur au taux d'intérêt.
Rendements espérés >
coûts
15Ici, il s'agit de prévisions:
prévision des coûts de production, celle de la durée
d'utilisation, celle des résultats attendus de l'exploitation.
16L'analyse keynésienne de courte
période fait l'hypothèse que les prix sont constants,
c'est-à-dire le taux d'inflation anticipée est nul , donc le taux
d'intérêt créditeur est égal au taux
d'intérêt débiteur.
17Le calcul de la VAN signifie que le projet n'est
rentable qu'au terme d'une période et que, est nulle, la valeur
résiduelle.
Page | 14
Ainsi, plus le taux d'intérêt est faible, plus le
montant des investissements est élevé, et les projets seront de
plus en plus rentables. L'investissement est donc une fonction
décroissante du taux d'intérêt :
I= f(r) avec : : < 0.
1.1.3 L'investissement et la demande anticipée :
Formulation de l'accélérateur simple.
Cette théorie stipule que plus l'output s'accroitra,
plus le capital nécessaire pour le fabriquer est important, et donc plus
il est susceptible d'investir. L'idée sous-jacente de cette
théorie s'inscrit dans le principe d'accélération.
Albert Aftalion18 écrivait
déjà en 1913 sur le phénomène : « Il suffit
d'insensibles oscillations à la base de la pyramide économique
pour déterminer de terribles ébranlements, des
écroulements retentissants parmi les constructions qui sont au sommet
». Le principe d'accélération permet de saisir la
détermination de l'investissement induit.
Trois conditions, au moins, doivent être
vérifiées pour qu'une variation de la demande se traduise par un
accroissement des capacités de production :
-Il faut qu'il n'y ait pas de capitaux oisifs,
c'est-à-dire les capacités de production sont pleinement
utilisées.
-On fait l'hypothèse que la production s'ajuste
immédiatement à la demande de sorte que la production substitue
la demande dans la fonction d'investissement.
-On suppose une fonction de production à coefficients
fixes et des rendements d'échelle constants.
En admettant que la production s'adapte momentanément
à la demande anticipée, l'accélérateur simple
suppose que l'investissement d'une période est proportionnel à la
variation de la production de la même période, d'où :
Kt= U Yt ? Inet =
U(?Yt)=U(Yt-Yt-1)
18Aftalion(1913;cf.Bernier,2001)
Page | 15
Où á est le coefficient
d'accélération, égal au coefficient de capital ( /
)19, Etant donné Yt-1 est
une constante, il s'ensuit que l'investissement net est une
fonction croissante du niveau de production :
Inet = f(Y) avec > 0.
L'investissement nouveau nécessaire pour supporter
l'accroissement de la demande correspondante est appelé investissement
induit. L'investissement brut sera donc égal l'investissement induit
plus l'investissement de remplacement.
L'accélérateur est fonctionnel au cas où la
demande est croissante. Si la demande baisse, il y aura de capitaux oisifs,
l'investissement sera nul. Si il y a une reprise de la demande, les capitaux
oisifs doivent être utilisés pour relancer de nouveaux
investissements.
En somme, les déterminants de l'investissement dans la
théorie keynésienne dépendent aussi bien du taux
d'intérêt que du volume des ventes anticipé :
Inet=f(r, y) avec >0
1.1.4 Le modèle Harrod-Domar20 : Productivité
marginale du capital (ICOR)
Le modèle Harrod-Domar est d'inspiration
keynésienne. Il établit une relation stable entre production (Y)
et stock de capital (K) :
(1) Y=K/k où k est le rapport capital /production (K/Y).
L'hypothèse retenue est celle d'une constance de k. En dynamique la
relation devient :
(2) AY= AK/k. Le taux de croissance (g=AY/Y) s'écrit
alors comme le produit du taux d'investissement (AK/Y = I/Y) et de la
productivité marginale du capital (AY/AK).
(3) AY/Y = AK/Y * AY/AK. En considérant qu'en
économie fermée, l'investissement est égal
l'épargne, il vient :
(4) g = s/k avec s, le taux d'épargne (S/K) et k
l'inverse de la productivité marginale du capital appelée ICOR
(Incremental Capital-Output Ratio = AK/AY).
19Dans cette expression, le coefficient moyen de
capital est égal au coefficient marginal de capital. 20Cf.
MONTALIEU Thierry, Économie du Développement. Edition De Boeck,
2008. p. 72.
Page | 16
Le taux de croissance d'une économie résultera
de la capacité à mobiliser l'épargne se transformant
ensuite en investissement et de l'efficacité avec laquelle on utilise
les ressources en capital.
Sous l'hypothèse d'un ICOR constant, la relation entre
taux d'épargne et taux de croissance devient directe. Mais La question
qui est posée est celle de la stabilité et de
l'exogénéité de l'ICOR. De nombreuses études
empiriques indiquent qu'il n'est pas constant, ni dans le temps et ni dans
l'espace. La productivité marginale du capital n'est pas un
paramètre purement technique, elle dépend également du
système économique dans lequel les projets d'investissement
prennent place mais aussi de la conjoncture.
1.2 La théorie néoclassique de la demande
d'investissement
Dans le modèle néoclassique de l'investissement,
on tient compte des délais d'ajustement où l'investissement est
défini comme étant la différence entre le stock de capital
désiré (K*t) et le stock de capital existant ( -
1) moyennant un coefficient d'ajustement X. Ce paradigme
constitue
le fondement des modèles d'accélérateurs
flexibles comme celui de Koyck21(1954) et de Jorgenson(1963).
1.2.1 La Décision d'investissement
Chez les néoclassiques, la décision
d'investissement résulte de la comparaison entre le gain net ou
rendement de l'investissement et le coût d'opportunité des fonds
investis22. En d'autres termes dans l'analyse microéconomique
néoclassique, la fléxibilité des prix des marchés
permet à la firme de choisir la meilleure combinaison des facteurs
productifs en vue de maximiser son profit. Ce modèle de l'investissement
repose principalement sur la comparaison par l'entrepreneur des coûts
relatifs de ces facteurs. Il s'agit du coût d'usage du capital et le
coût réel du travail. Le rendement de l'investissement est
constitué de deux éléments :
Cet investissement d'une unité augmente la production
Yt+1 de la Productivité marginale du capital
PmK qui sera vendue au prix
Pt+1 c'est-à-dire que le revenu additionnel
sera : (Pt+1)
21Koyck(1954;cf.Alphandery,1976)
22 Stroh, K. J. 2000 << Investissement et
croissance de la productivité : étude inspirée de la
théorie néoclassique et de la nouvelle théorie de la
croissance>>. Document hors série no 24 Programme des
publications de recherche d'industrie Canada, juin.
(PmK). En tenant compte d'un taux
d'amortissement ä, à la fin de la période, de cet
investissement, il en restera (1-ä). Faisant l'hypothèse que le
producteur vend tout son capital à la fin de chaque période, la
valeur résiduelle est :(Pt+1)
(1-ä).
Ainsi, une unité d'investissement coûte Pt en t et
rapporte en (t+1) : (Pt+1) [PmK + (1-ä)].
D'ou le rendement en valeur de cet investissement qui correspond au
:
Gain net=
(Pt+1) [PmK + (1-ä)]
- Pt.
Gain net= Recette marginale + valeur résiduelle +
Prix d'achat
Par ailleurs, le montant Pt
dépensé pour l'achat du capital a un coût
d'opportunité, c'est-a-dire un revenu ou un gain qui aurait pu
être réalisé si Pt était placé. En supposant
que le taux d'intérêt débiteur est égal au
d'intérêt créditeur (R), nous pouvons déduire que
:
Le coût d'opportunité des fonds investis=
R*Pt
Les entreprises augmenteraient leur stock de capital,
c'est-à-dire investir, au cas où le rendement du capital est
supérieur au coût d'opportunité du capital.
L'égalisation entre ces deux derniers permet de déterminer
le stock de capital optimum.
(Pt+1) [PmK + (1-ä)] - Pt=
R*Pt
Sachant que: t = - 1 => Pt+1 = ( t
+1)(Pt) L'équation (1) devient:
= ( t +1) )(Pt)[PmK + (1-ä)] - Pt=
R*Pt
Si nous simplifions par Pt, nous obtenons:
( ^ +1) )[PmKt + (1-ä)] - 1= R
«Rendement nominal de l'investissement = Taux
d'intérêt nominal
Page | 17
«( ^ +1) )[PmK + (1-ä)] = R+1
Page | 18
?PmKt + (1-ä) = ^
Remarque: On démontre que si 0 < ^ < 1, alors ^ 1 +
R - ^
réel(r) ).
Il s'ensuit que: Soit PmKt - ä = r (2) et PmKt = r + ä
(3)
|
(avec R - ^ = taux d'intérêt
|
Avec r + ä = cu : Le coût d'utilisation du capital
pendant une période de production. Ce coût est appelé
coût d'usage du capital.
La relation (3) établit la condition d'obtention du
capital optimum : l'égalité entre ce que rapporte une
unité de capital et ce que coûte l'usage de cette unité de
capital : Pmkt = cu.
En somme,le stock de capital optimum est une fonction
décroissante du coût d'usage du capital23 :
Kt*= f(cu) avec < 0, et comme r24+
ä = cu = R- ^ + ä,
Alors : K*t = f(r+ ä) (avec < 0 et < 0.
)
Étant donné que l'investissement brut(IBt ) est
égal à l'investissement net augmenté de son amortissement,
on a :
IBt = ( - ) +ä _ ( _ est supposée constante), alors
:
IBt = f(r+ä) avec < 0 et < 0.
comme Kt*= f(r+ä) avec < 0 et < 0.
On peut en déduire la relation : IBt = f(R - ^ + ä)
avec < 0 et < 0. Avec ^ > 0.
23 Car on suppose que la productivité marginale
du capital est décroissante. 24Remarquons que r varie si
l'une de ses composantes R ou ^ varient.
Page | 19
En substance, l'investissement est en relation
décroissante avec le taux d'intérêt nominal et le taux
d'amortissement, et en relation croissante avec le taux d'inflation
anticipé.
1.2.2 Accélérateur flexible : Modèle
de Koyck25(1954)
Contrairement à l'accélérateur
simple26 où le stock de capital est relié au niveau
de
production d'une année, dans
l'accélérateur flexible, le stock de capital désiré
est proportionnel à une moyenne pondérée des outputs
des années antérieures, la part des outputs est supposée
décroissante avec le nombre d'années reculées. Koyck a
fait choix d'une série géométrique décroissante
:
En période t : Kt= á (1-X) [Qt+X Qt-1 +
X2 Qt-2 +...+Xn Qt-n] (1) En période t-1 : XKt-1=
á (1-X)[ X Qt-1 + X2 Qt-2 +...+Xn Qt-n]
(2) D'après (1) et (2) : Kt- X Qt-1= á (1-X)Qt
D'où : Kt= á (1-?) Qt +? Qt-1
L'investissement en cours de période correspond
à la différence entre le niveau de capital à la
période et le niveau de capital à la période
passée. L'investissement net induit par les variations de l'output est
:
It= Kt - Kt-1= á(1-X) Qt + X Kt-1 -Kt-1
Donc, It = á (1-?) Qt - (1- ?) Kt-1
Notons que l'investissement brut (I )
à chaque période comprend l'investissement induit (It) et
l'investissement de remplacement (Dt) :
I = It +Dt
Supposons que (Dt) soit proportionnel au stock de capital de
la période précédente :Dt =ô Kt-1 (ô : taux de
dépréciation).
25Ce modèle a été
développé par Edmond ALPHANDERY dans son livre intitulé
Cours d'Analyse Macroéconomique, p 85.
26Les limites de l'accélérateur ont
été prouvées par des estimations empiriques .On a
remarqué, statisquement, que l'accélérateur défini
comme le rapport entre l'accroissement de l'output et l'augmentation induite
d'investissement est peu élévé et très
inférieur au rapport capital-output.
Page | 20
IBt = It + Dt => IBt = á (1-ë)Qt
- (1- ë) Kt-1 + ä Kt-1
D'où :IBt
= á (1-X) Qt -(1- X- S) Kt_ 1 avec
-(1- X- S) > 0.
Le niveau de l'investissement est une fonction croissante avec le
revenu (l'output) et décroissante du capital de la période
précédente.
1.2.3 Accélérateur flexible : Modèle
de Jorgenson (1963)
D.W. Jorgenson (1963) a construit un modèle d'ajustement
du stock de capital à son niveau optimal. Il prend en
considération des retards d'ajustement dus aux délais de
réalisation. Il ne tient pas compte des délais de
réactions. Le modèle est élaboré de la
manière suivante :
- L'investissement net (INt), réalisé au cours
d'une période donnée t, est égal à la variation
effective du stock de capital au cours de la période
considérée :
= K 1 - Kt (1)
Cette dite relation est une relation ex post de
l'investissement réalisé. Elle est toujours
vérifiée, par définition.
-L'investissement net, ex ante, par des décisions
d'investissement des entrepreneurs (DIt), est aussi
déterminé. Pour procéder à des calculs, on fait
l'hypothèse que :
Toute décision d'investissement prise au début
d'une période t, est réalisée dans la proportion (?0) au
cours de cette période t, dans la proportion (?1) au cours de la
période t+1, dans la proportion (?2) au cours de la période t + 2
.... Et dans la proportion (?n) durant la période t + n.
Cette répartition chronologique ne varie pas, elle est
la même pour toutes les décisions d'investissement et que tous les
projets finissent par être réalisés, on a alors :E n
Et
L'investissement net, réalisé durant la
période (t) résulte des décisions
précédentes d'investissement (DI), considérées au
cours des précédentes t, t-1, t-2,.... t-n. Il s'identifie sous
la forme ci-dessous :
INt = ?0 DIt + ?1 DIt-1 + ?2 DIt-2 +.... +
ån DIt-n (2)
En intégrant, dans l'expression (2), un opérateur
retard (S), tel que :
Page | 21
SnDIt = DIt-n (3) .On obtiendra : INt = E0SDIt (4)
Où E(S) est donné par la relation suivante :E(S) =
E0 + E1 S + E2 S2 +.... + En Sn
La détermination de l'investissement au cours de la
période (t), selon la relation (4), consiste à déterminer
le critère de décisions des investissements des entreprises
(DIt), au début de la période (t) sachant que la distribution
å(S) est donnée.
-Le critère de détermination possible selon
Jorgenson consiste à prendre la décision permettant, avec les
fractions non encore réalisées des décisions
passées, au stock de capital disponible (Kt) de s'ajuster a son niveau
désiré (Kt*).
Algébriquement, pour toute valeur de t, ce critère
s'exprime de cette manière : K*t- Kt = DIt +
(1-E0)DIt-1 + (1- E0- E1) DIt-2 +..... + + (1- E0-
E1-..... En) DIt-n (5) Au début de la
période t-1, la relation (5) s'écrit :
= DIt-1 + (1- E0) + DIt-2 + (1- E0- E1)
DIt-2 +..... (6)
La différence entre (6) et (5), donne :
(K*t- Kt)-( ) = DIt - E0- E1DIt-1 - DIt-2
En) DIt-n = DIt - E0S DIt - E1S2 DIt - E2S3
DIt = (1- E0S - E1S2 - E2S3) DIt Il s'ensuit que : (K*t -
K*t-1) - (Kt - K t-1) = [1- S å(S)] DIt
En introduisant l'opérateur de retard et la relation (1),
on obtient : (K*t - K*t-1)= [1- S å(S)] DIt + S INt
En substituant INt, dans la relation (4), par sa valeur, on
obtiendra : (K*t - K*t-1)= [1- S å(S)] DIt + S å(S) DIt
= DIt
On a donc, DIt = K*t - K*t-1
Page | 22
La décision (DIt ) permettant, avec les proportions non
réalisées encore des décisions passées, au stock de
capital disponible (Kt ) de s'ajuster a son niveau désiré ( ) est
celle qui facilite au stock de capital de se maintenir en permanence, a un
niveau optimal.
En substituant dans l'équation (4) (DIt ) par sa
valeur, on obtient la fonction d'investissement suivante :
INt= å(S) (K*t - K*t-1) (7) D'où : K t =
å(S) K*t (8)
Cette dernière équation décrit le
processus d'ajustement du capital. Le modèle de Jorgenson
s'assoit sur le raisonnement suivant : La
décision d'investissement repose sur l'ajustement entre un niveau
effectif de capital ( ) et un niveau optimal de stock de capital (
.
Section II : Revue de Littérature
théorique et empirique
Les déterminants de l'investissement privé ont
été traités dans le cadre de travaux théoriques et
empiriques pertinents. Cette section présente les résultats
d'étude faisant le lien entre l'investissment public et privé
(théoriciens de la croissance endogène), le lien entre
l'investissement privé et l'instabilité macroéconomique(
Greene et Villanueva) et le lien entre l'investissment privé domestique
et l'investissment direct étranger.
2.1 Lien entre investissement public et investissement
privé
Les ténors de la croissance endogène à
l'instar de Barro (1990) et de Romer (1986), De long et Summers
(1991)27 stipulent que l'investissement public sous la forme de
ports, de routes, et de télécommunications crée
l'infrastructure de base nécessaire à la réalisation des
projets d'investissement privé rentables et peut donc faciliter la
croissance. Par contre, les investissements publics dans le commerce et dans
l'industrie dans lesquels les entreprises publiques concurrencent le secteur
privé sont susceptibles de décourager l'investissement
privé.
Bon nombre de travaux empiriques ont été
effectué sur le lien entre investissement privé et investissement
public en vue de confirmer cette intuition. C'est ainsi que Aschauer (1989) et
Erenburg (1993) ont également déterminé à un niveau
global, l'incidence des infrastructures publiques sur l'investissement
privé et ils ont abouti à une corrélation positive. Khan
et Blejer
27 De long et Summers(1991 ;cf.AUF,2007)
Page | 23
(1984) ont élaboré une étude portant sur
le comportement de l'investissement dans 24 pays en développement.
S'inspirant du modèle de l'accélérateur, ils ont conclu
que l'investissement était positivement lié par la tendance du
niveau de l'investissement public en infrastructure, il est positivement
influencé à la variation du PIB réel et
négativement lié par la capacité excessive de production.
Easterly et Rebelo (1993) ont également utilisé un large
échantillon de pays pour étudier les liens entre investissement
public et investissement privé. Ils ont remarqué que
l'investissement public qui inclut une large gamme de projets d'infrastructure,
est corrélé positivement à la fois à
l'investissement privé et à la croissance. En faisant une
subdivision sectorielle, ces auteurs réalisent que c'est
l'investissement dans les transports et les communications qui influe
positivement le plus sur l'investissement privé et la croissance.
Cependant, Greene et Villanueva (1991) ont nuancé sur
les études suscitées. Pour eux, à court terme
l'investissement public ne fait qu'évincer l'investissement du secteur
privé. La relation de complémentarité entre
l'investissement privé et l'investissement public ne réside que
dans le long terme.
2.2 Lien entre investissement privé et
instabilité macroéconomique
Les résultats d'étude de Mlambo et
Elhiraika28 (1997) ont étudié l'impact de
l'incertitude macroéconomique sur l'investissement domestique. Ils ont
retenu les variables explicatives suivantes de l'instabilité
macroéconomique : Le taux d'inflation, le taux de change réel,
les déficits fiscaux.
Les travaux de Greene et Villanueva (1990), d'Asante (2000),
de la Banque Mondiale (1996) ont montré l'impact négatif du taux
d'inflation sur l'investissement privé.
D'autres auteurs comme Pfefferman et Madorassy (1991),
Seruvatu et Jayaraman (2001) estiment que le taux de change réel est un
déterminant de l'investissement. Asante (2000) prouve que l'impact du
taux de change réel sur l'investissement est positif dans le cas du
Ghana.
Selon Madarassy et Pfeffermann29 (1991), le
financement domestique des déficits fiscaux réduit directement
les crédits disponibles aux firmes privées. Greene et
Villanueva(1990) prouvent
28Mlambo et Elhiraika(1997;cf.NDIAYE,2007)
29Madarassy et Pfeffermann(1991;cf.NDIAYE,2007)
Page | 24
qu'un taux d'investissement élevé induit des
déficits fiscaux bas. Le papier de recherches d'Asante (2000) trouve que
le ratio des taxes sur les revenus des sociétés aux revenus
fiscaux totaux a un effet non significatif sur l'investissement au Ghana.
2.3 Lien entre investissement privé domestique et
investissement Direct Etranger.
De nombreux travaux empiriques tentent à expliquer dans
quelle mesure l'IDE exerce un effet d'éviction ou un effet
d'entraînement sur les investissements privés domestiques. Cette
question primordiale a été largement mise en évidence par
Borensztein et al (1998). Markusen et Venables (1999), dans leurs études
théoriques, considèrent qu'il existe entre les IDE et les
entreprises domestiques des liens possibles de
complémentarité30.
De Gregorio et Lee (1998) ont prouvé une relation
positive entre les IDE et les investissements domestiques, même si cet
effet n'est pas très significatif. Soya et Oneal (1999) ont
montré également que les IDE incitent les investissements locaux
au lieu de les empêcher. Les firmes locales peuvent tirer profit de la
présence des firmes étrangères pour améliorer leur
productivité totale des facteurs31.
Dans son rapport en 2002, la CNUCED affirme que l'effet
positif des IDE sur l'investissement domestique se traduit par le biais de
plusieurs canaux tels que : L'accroissement de la concurrence et de
l'efficacité, la transmission des techniques de contrôle de
qualité à leurs fournisseurs et l'introduction d'un nouveau
savoir-faire. Les firmes multinationales peuvent également inciter les
entreprises locales à améliorer leur gestion ou emprunter,
s'inspirer des techniques de commercialisation utilisées par les
multinationales sur le marché local ou mondial. Alaya (2004) dans son
étude sur le lien entre investissement direct étranger et
croissance économique, a montré également que l'IDE influe
positivement et d'une manière significative sur l'investissement
domestique en Tunisie. Selon les résultats de son étude, une
augmentation d'un (1) point du ratio des IDE par rapport au PIB ferait varier
à la hausse l'investissement local de 1.15 points.
30 Cf. NDIAYE, 2007.
31 Ibid.
Page | 25
Collins et Bosworth32 (1999) estiment
également l'impact des IDE et des flux de capitaux sur l'investissement
pour un panel de 58 pays en développement entre 1978 et 1995.
L'échantillon considéré couvre en grande partie l'Asie de
L'Est et du Sud, de l'Amérique latine, du Moyen-Orient, de l'Afrique du
Nord et de l'Afrique Subsaharienne. Trois types de flux ont été
pris en considération : IDE, investissements de portefeuille,
prêts bancaires, qui, semblent, ne sont pas corrélés entre
eux. Les auteurs trouvent qu'à chaque dollar d'entrée de capitaux
induit une augmentation de 50 cents des investissements intérieurs pour
l'ensemble de l'échantillon. Cependant, il existe des différences
marquées selon le type de flux. En effet, l'IDE a l'impact le plus
significatif : Un dollar d'IDE accroît l'investissement intérieur
de 80 cents. Dans cette même lignée, Mayer et Agosin33
(2000) ont étudié l'incidence des IDE sur l'investissement
intérieur par région en utilisant un échantillon de 32
pays avec une plus longue période allant de 1970 à 1996. Les
résultats de leurs travaux ont montré que l'IDE a incité
l'investissement intérieur en Asie. C'est ainsi que, à chaque un
dollar supplémentaire d'IDE correspond une augmentation de plus d'un
dollar d'investissement total. Par contre, en Amérique latine l'IDE
évince l'investissement domestique et que son incidence est pratiquement
neutre en Afrique.
En substance, ces variables de la décision
d'investissement, bien qu'elles proviennent de plusieurs paradigmes
concurrents, se trouvent sur le label d'un environnement macroéconomique
sain. C'est-à-dire on fait abstention des chocs éxogènes,
des aléas conjoncturels et des variables qualitatives, culturelles et
politiques. D'autres paradigmes vont faire valoir ces variables qualitatives
faisant l'objet du chapitre qui suit.
Tableau II : Tableau de synthèse sur le cadre
théorique et la revue de littérature
Auteur
|
Facteur évoqué
|
Mécanisme
|
Formulation possible
|
Résultats
|
I-Cadre théorique
|
32Ibid, p 24. 33Ibid.
Page | 26
1-Keynes(1936) 2-Koyck(1954)
3-Jorgenson(1963)
|
Perspectives de demande
|
Principe de l'accélérateur :
Relation initialement macroéconomique, reliant la variation
anticipée de la demande à la variation du capital
(investissement). L'effet est dit accélérateur du fait que,
s'il n'y a pas de capacités de production inexploitées,
l'augmentation de la production nécessite une dépense
en capital plus que proportionnelle (dépendant du coefficient de
capital).
|
1) Kt= á Yt Inet=á (?Yt)=á (Yt-Yt-1)
Si on adopte une hypothèse d'anticipations adaptatives
:
2) IBt = á (1-ë) -(1- ë- ä) avec -(1-
ë- ä) >0. (Koyck).
3) INt= å(S) (K*t - K*t-1) (Jorgenson)
|
1-l'investissement est une fonction croissante de la demande.
2-Le niveau de l'investissement est une fonction croissante avec
le revenu (l'output) et décroissante du capital de la période
précédente.
3-La décision d'investissement Dit
repose sur l'ajustement entre un niveau effectif de capital (Kt) et un
niveau optimal de
stock de capital (Kt ).
|
Tobin(1969)
|
Perspectives de profits liés aux nouveaux
investissements
|
Rôle de la profitabilité (Q de Tobin)
Le Q marginal pour un nouvel équipement I se
définit comme :
Taux de rendement Interne de 7
|
R
TUC
|
Qm > 1 :
L'investissement est réalisable.
Qm < 1 :
L'i nvestissement ne doit pas être réalisé
|
= a0 + a1Q + a2 +
Kt -i
Où TUC est le taux d'utilisation des capacités ; Le
Q moyen de Tobin défini comme :
Valeur boursière
|
Q m
Coût du financement de 7
|
Valeur de remplacement
|
Keynes(1936)
Théorie néoclassique
|
Comparaison entre le coût du capital et de son rendement
le rendement de l'investissement et le
coût d'opportunité des fonds investis
|
La rentabilité s'étudie par référence
au critère de la Valeur Actuelle Nette(VAN) et le concept du Taux de
Rendement Interne(TRI). Lorsque l'efficacité marginale du capital est
supérieure au coût du capital : L'investissement est
réalisable.
Le mécanisme de la flexibilité des prix
des marchés permet à la firme de choisir la meilleure
combinaison des facteurs productifs en vue de maximiser son profit. Ce
modèle de l'investissement repose principalement sur la comparaison
par l'entrepreneur des coûts relatifs de ces facteurs. Il s'agit du
coût d'usage du capital et le coût réel du travail.
|
VAN= RN 1+ RN2 +
RN3
|
L'investissement est une fonction décroissante du taux
d'intérêt et une fonction croissante de l'efficacité
marginale ou rendement du capital.
Les entreprises augmenteraient leur stock de capital,
c'est-à-dire investir, au cas où le rendement du capital est
supérieur au coût d'opportunité du capital.
|
1+r (1+r)Z (1+r)3
I
|
+.....+(R+
)Z?0, est réalisable.
TRI > r: l'investissement est réalisable.
(Pt+1) [PmK + (1-ä)] - Pt=
R*Pt
Rendement> Coûts
|
Asante(2000)
|
La disponibilité du
|
L'intermédiation bancaire
|
|
Le crédit a un impact positif sur
|
Page | 27
Gani(2004)
|
financement : Le crédit.
|
|
|
l'investissement privé.
|
Le modèle d'Harrod-Domar
|
Rapport entre le taux de croissance et le taux d'investissemen
t(ICOR)
|
Relation stable entre production et stock de capital.
|
AY/Y = AK/Y * AY/AK.
g = s/k avec s, le taux d'épargne (S/K) et k l'inverse de
la productivité marginale du capital appelée ICOR (Incremental
Capital-Output Ratio = AK/AY
|
La productivité marginale du capital n'est pas un
paramètre purement technique, elle dépend
également du système économique dans lequel les
projets d'investissement prennent place mais aussi de la
conjoncture.
|
II- Revue de littérature Théorique et
empirique
Barro(1990)
De long et Summers(1991)
Romer(1986)
|
Investissement public en infrastructures sous forme de routes,
ponts et de télécommunications
|
Création d'externalités positives.
|
|
|
L'investissement public a un impact positif sur l'investissement
privé
|
|
|
Greene et Villanueva
(1990)
|
Instabilité
macroéconomique
Investissement Direct Étranger(IDE)
|
Taux d'inflation, Taux de change réel, déficits
fiscaux.
L'accroissement de la concurrence et de l'efficacité, la
transmission des techniques de contrôle de qualité à leurs
fournisseurs et l'introduction d'un nouveau savoir-faire.
|
|
|
Impact négatif de l'instabilité
macroéconomique sur l'investissement privé.
|
|
|
Borensztein et al (1998)
Markusen et Venables(1999)
CNUCED(2002) Alaya(2004)
|
|
|
Relation positive entre les IDE et
l'investissement privé.
une augmentation d'un (1) point du ratio des IDE par rapport
au PIB ferait varier à la hausse l'investissement local de 1.15 points.
(Alaya)
|
|
|
Source : Auteur du mémoire
Page | 28
CHAPITRE II
LES DÉTERMINANTS EXTRA-ÉCONOMIQUES DE
L'INVESTISSEMENT
Kobrin (1976) fut l'un des pionniers à avoir
incorporé, dans un modèle à la détermination de
l'investissement privé étranger, les variables politiques,
sociales, culturelles et administratives. Il a montré dans son
étude que le risque sous ces différentes facettes constitue un
obstacle majeur à la réalisation d'investissements privés
rentables et décourage tout investisseur potentiel. D'autres
études plus récentes abondent dans cette même ligne
d'idée et ont prouvé les liens intrinsèques entre ces
dites variables et l'investissement ; on peut citer les travaux de Mauro
(1995), Meldrun34 (2000), etc.
Les travaux empiriques de Tanzi et Davoodi (1994) ont
étudié comment la qualité des institutions physiques et
humaines influencent l'investissement domestique à travers la
corruption, l'instabilité politique et sociale.
Cependant, les travaux de Kaufmann (2000) et ceux de
Zoido-Lobatón (2000) ont prouvé que les variables politiques,
sociales, administratives sont toutes charriées par le concept de
Gouvernance. Pour ces auteurs, la gouvernance se
réfère aux traditions et aux institutions à
travers desquelles s'exerce l'autorité dans un pays. En ce
sens, se trouvent inscrits dans le concept de gouvernance : le respect des
institutions par l'État et les citoyens, l'allocation et la gestion des
ressources rares de façon à résoudre les problèmes
collectifs, La capacité des gouvernants de formuler et d'appliquer de
saines politiques et d'adéquates réglementations, les
procédures de choix, et de remplacement des gouvernants. Selon le
Programme des Nations pour le Développement (PNUD,1997), la
transparence, la satisfaction des besoins et des attentes, la primauté
du droit, la responsabilité, l'efficacité et
l'équité sont les principaux critères d'évaluation
de la qualité de la gouvernance. Les résultats d'études
d'Asiedu (2003) ont prouvé que la stabilité
macroéconomique des institutions efficientes, de la stabilité
politique et d'un cadre légal et réglementaire ont un impact
positif sur la décision d'investissement. Par contre, la
dérogation à ces caractéristiques constitue la mauvaise
gouvernance qui s'identifie par les troubles, violences, la hausse de la
corruption, les émeutes, le gaspillage des ressources
34Meldrun(2000,cf.Bonny,2005)
Page | 29
nationales, l'exclusion, etc. Il existe de nombreux travaux
sur le lien entre ces dites variables et l'investissement. Déjà,
selon la CNUCED, la stabilité politique, sociale et économique,
les régimes commercial et fiscal, le cadre légal et
réglementaire influent sur la décision des investissements
privés. Bon nombre d'experts ont prouvé que la performance
économique d'un pays dépend principalement de son cadre
politique, institutionnel, et juridique [OCDE, 2001]. En ce sens, ce chapitre
est divisé en deux grandes sections : la première expose les
théories de l'école institutionnaliste ; la seconde
présente quelques résultats de travaux empiriques comme ceux
d'asante (2000), de Mauro (1995), le modèle de la Banque et Mondiale,
les travaux de Hall & Jones, les travaux de Hiren Sarkar & Aymul Hasan
(2001), et les travaux de Ndinga (2002).
SECTION I : Économie institutionnelle35
L'école institutionnaliste a connu ses premières
influences avec Max Weber (histoire économique) en Allemagne ou John
Hodson (l'impérialisme) en Angleterre, et les fondateurs de cette
école sont les américains Thorstein Veblen, Clarens Ayres, Wesley
Mitchell, J.M. Clark et J.R. Commons. D'après ces auteurs, le
problème économique ne s'articule pas autour de l'allocation de
ressources rares, de la production, de la répartition et de la
consommation de biens, mais il s'inscrit dans le cadre de l'organisation du
système économique, de la structure du pouvoir qui le
contrôle, et du système de croyances et de valeurs qui le
caractérise. Le progrès économique est fonction non
seulement de la technologie, mais aussi des institutions, qui ne sont pas des
données immuables, mais qui sont créées... et
changées par les hommes. On peut les définir comme « des
règles, des normes de comportement, des aspects de l'application des
lois » (North, 1990). Ainsi le marché, qui pour les
néoclassiques se confond avec l'économie et a pour tâche de
répartir les ressources n'est pour les institutionnalistes qu'une
institution en intéraction avec toutes les autres : « La position
fondamentale des institutionnalistes est que ce n'est pas le marché,
mais la structure organisationnelle de l'économie au sens large qui, en
fait, répartit les ressources. » (W.J. Samuel, Institutional
Economics, New Palgrave). Le néo-institutionnalisme se distingue de la
première école institutionnaliste dans la mesure où il ne
rejette pas les acquis de la Science Economique traditionnelle, mais cherche
plutôt à les élargir : « Le problème de
nombreux des premiers institutionnalistes est qu'ils voulaient une Science
Economique avec les
35 Cf. THEBEAU Michel (2010). Cycles, crises et
théories de la croissance économique, Notes de cours, FDSE,
3ème année, UEH.
Page | 30
institutions sans les théories ; le problème de
nombreux néo-classiques est qu'ils veulent une théorie
économique sans institution ; ce que les néo-institutionnalistes
essaient de faire, c'est de fournir une Science Economique qui ait à la
fois de la théorie et des institutions » (Richard Langlois). Parmi
les néo-institutionnalistes, citons Ronald Coase, Douglas North et
Oliver Williamson.
La NIE (New Institutional Economics) a trouvé dans le
TIERS-MONDE un vaste champ d'investigation. Depuis Gannagé, Institutions
et développement, 1966), de nombreux auteurs comme Myrdal, Schultz,
Briton ont insisté sur la nécessaire compréhension de
l'environnement et des institutions pour la mise en place de politique de
développement. Le concept même de développement
économique considéré jusque-là comme la croissance
accompagnée de changements structurels, a pu être ainsi
défini par Nabli et Nugent comme « la croissance économique
accompagnée d'un changement efficace des institutions ».
Le concept d'institutions se rapporte à la notion
marxiste de superstructure idéologique de la société, sauf
qu'ici la relation est inversée. Alors que, pour Marx, le mode de
production auquel sont assujettis les hommes déterminent leur conscience
et façonne la superstructure idéologique de la
société, la Nouvelle Economie Institutionnelle (NEI) prône
que les institutions ont des effets économiques. Il en découle
logiquement un programme de recherche sur les institutions les plus efficientes
en matière de développement économique.
Comprendre le rôle des institutions dans le
développement économique nécessite de rapprocher cette
notion de celle de « coût de transaction ». En effet, depuis
Coase (1937), à côté des coûts de production, il faut
prendre en considération les coûts de transaction sur le
marché. Bien que ces coûts n'aient pas été retenus
par la Science Economique traditionnelle, ils sont très importants dans
les économies modernes. En effet, l'analyse néoclassique raisonne
avec des coûts de transaction nuls et ignore les institutions qui peuvent
être à l'origine de ces coûts. Ils ne constituent donc pas
un obstacle à la croissance qui dépend seulement de la population
(le travail), du capital et du progrès technique.
Or, selon les néo-institutionnalistes, les coûts
de transaction existent bien et constituent la « clé de la
performance économique » (North, 1990). Lorsque les coûts de
transaction s'accroissent plus vite que ne baissent les coûts de
production, le développement est entravé. En
Page | 31
revanche, les bonnes institutions permettent de réduire
les coûts de transaction qui freinent la dynamique des échanges,
l'extension des marchés et en dernier ressort la croissance et le
développement.
Les coûts de production et les coûts de
transaction évoluent en sens inverse à mesure que la
société se développe et devient plus complexe.
Considérons, pour simplifier, un axe linéaire avec deux
extrêmes : une société primitive et une
société développée. Dans la première, les
relations économiques sont essentiellement des relations personnelles
fondées sur la réputation. Les coûts de transaction y sont
par conséquent très faibles. Mais, en revanche, la faible
spécialisation des personnes et le faible niveau de capital technique
génèrent des coûts de production élevés. Dans
une société développée, les relations
économiques deviennent impersonnelles à mesure que les personnes
se spécialisent. Dès lors, les coûts de transaction
deviennent croissants (coûts de recherche antérieurs à la
transaction, coûts de négociation sur les termes du contrat,
coûts d'application des termes du contrat). Dans ce type de
société, la division du travail permet la baisse des coûts
de production, mais ces gains de productivité sont contrebalancés
par des coûts de transaction plus élevés. Le
développement économique s'accompagne donc, parallèlement
à la baisse des coûts de production, d'un accroissement des
coûts de transaction. Toute la problématique du
développement réside donc dans la capacité des
institutions à faire en sorte que les coûts de transaction,
croissants en fonction du développement, ne gomment pas la baisse des
coûts de production.
Douglas North (1994, 1997) nous apporte quelques idées
préliminaires sur la question de structure institutionnelle. Il souligne
que la structure incitative de la société- qui est fondamentale
pour le processus de changement- dépend de la structure institutionnelle
de cette même société. Les institutions36
représentent « les règles du jeu dans la
société, ou (...) les contraintes humainement disposées
pour former les intéractions humaines » Il ne s'agit pas seulement
de règles formelles (constitutions, lois et règlement) mais aussi
de contraintes informelles (normes de comportement, conventions, codes de
conduite auto-imposés). C'est de l'ensemble de ces règles, normes
et conditions de mise en pratique, que dépend la performance
économique.
À cette phase du débat, nous pouvons dire que le
potentiel effectif de croissance rapide de la productivité des pays ne
se détermine pas uniquement par les différences de niveau de
36 Institution : lois fondamentales régissant
la vie politique et socio-économique d'un pays.
Page | 32
technologie, d'intensité capitalistique et
d'efficacité de l'allocation des ressources qui les séparent des
pays développés. Ces pays sont aussi limités par leurs
caractéristiques institutionnelles qui restreignent leurs
possibilités de financer, d'organiser et de faire fonctionner le genre
d'entreprise dont ils auraient besoin pour exploiter les technologies
situées aux confins de la science et de l'ingineering. Ce sont tous ces
éléments qui, ensemble, déterminent le potentiel effectif
de croissance de la productivité d'un pays (Abramovitz et David,
1996).
Après le capital physique, le capital humain et le
capital éducationnel, certains économistes ajoutent aux
déterminants de la croissance un « capital social ». La
rentabilité économique du capital social devient tangible lorsque
c'est l'intéraction sociale qui produit des effets externes et permet
une action collective en faveur d'un bénéfice mutuel en dehors du
marché. On peut considérer la confiance, la
réciprocité, les réseaux interpersonnels, la
coopération et la coordination comme un « capital social civil
» qui conditionne les interactions entre les agents économiques et
produisent des effets externes.
Par infrastructure sociale, on entend la manière dont
se font les affaires, plutôt que le capital humain. Un système
dans lequel les individus se comportent de façon malhonnêtes, ou
dans lequel la bureaucratie fait de l'obstruction, ou dans lequel les droits de
propriété ne sont pas clairement définis et
respectés, peut conduire à une allocation très inefficaces
des ressources en raison de coût qu'impliquent l'assurance contre la
malhonnêteté, le fait de circonscrire la bureaucratie ou le
renforcement des droits de propriété. Ces coûts, ainsi que
les distorsions au niveau des incitations, peuvent constituer de sérieux
obstacles à la croissance (Stern, 1991).
Collier (1998) définit le capital social comme la
cohérence sociale et culturelle interne de la société, les
normes et les valeurs qui gouvernent les interactions au sein de la population,
et les institutions dans le cadre desquelles ces normes et valeurs entrent en
jeu.
On peut, de même, définir le « capital
social gouvernemental » comme recouvrant les avantages de la loi, de
l'ordre, des droits de propriété, de l'éducation, de la
santé et d'un bon gouvernement. Dans la mesure où le capital
social réduit les coûts de transaction et les coûts de
l'information rendant ainsi le capital physique et le capital humain plus
productifs, on doit pouvoir le considérer comme un déterminant de
la productivité totale des facteurs.
Page | 33
Cette importance accordée au capital social- autrement
dit à la culture, aux institutions et aux structures comportementales-
devrait donner à l'explication du processus du changement un aspect
pluridisciplinaire. Selon North (1990, 1997), les croyances culturelles
constituent un déterminant fondamental de la structure
institutionnelle.
? ?
Ne pas
1.1 Le problème de la décision
d'investissement par l'entreprise
Quels sont les facteurs à prendre en compte quand une
grande entreprise multinationale envisage d'implanter une filiale dans un pays
quelconque ? L'analyse coût-bénéfice, qui consiste à
calculer les coûts totaux d'un projet et à les comparer aux
bénéfices totaux, permet de répondre à cette
question. Désignons, en effet, par F le coût fixe37
qu'implique l'ouverture de la filiale et par II la valeur de la somme
actualisée des profits38. Une approche formelle du
problème de l'investissement conduit à un schéma de
décision très simple. Si la valeur nette de la filiale, II, est
supérieure à son coût de mise en place, F, il faut opter
pour l'ouverture. On a donc :
?
|
F
|
Investir
|
??
F
|
|
?
|
|
investir
|
Nous avons choisi d'illustrer ce problème par la
décision d'ouvrir une filiale étrangère. Cependant, ce
schéma peut s'appliquer à bien d'autres cas de figure :
investissement domestique, transfert de technologie ou choix d'une formation.
L'application au transfert technologique est implicitement présente dans
notre exemple, car l'ouverture d'une filiale implique très probablement
un transfert notable de technologie. Il est d'ailleurs bien connu que
l'ouverture de filiales par les entreprises multinationales est une des formes
du transfert technologique. Le schéma est aussi valable pour
l'accumulation des connaissances. Dans ce cas, la décision porte sur le
temps de formation. Prenons l'exemple d'une personne qui doit décider si
elle consacre ou non une année de plus à se former. Si F
représente le coût d'une année de formation, à la
fois en termes de dépenses directes et de coût
d'opportunité (salaires auxquels on renonce implicitement
37 Ce coût correspond, par exemple, à
l'obtention des licences, domestiques et étrangères, ainsi
qu'à la prise de contact avec les fournisseurs et les distributeurs du
pays d'accueil.
38 L'activité rapporte un profit chaque
année si la filiale est ouverte c'est-à-dire F est
dépensé. Dans ce cadre simplifié, Ï représente
la valeur de la filiale. Si la maison mère décidait de se
séparer de sa filiale, combien un acquéreur potentiel accepterait
-il de payer pour en devenir propriétaire ? La réponse est
donnée par la valeur de la somme actualisée des profits, ou du
moins par la valeur anticipée de cette somme. Voilà pourquoi la
valeur de la filiale est égale à Ï.
Page | 34
en choisissant ne pas travailler pendant un an), le
bénéfice Ï correspond à l'augmentation de salaire qui
résulte de la formation complémentaire.
1.1.1 Facteurs qui influencent F et Ë
Quels sont les facteurs qui influencent les valeurs de F et
Ï dans les pays du monde ? Notre réponse est que le coût de
création d'une entreprise et les opportunités de
bénéfices varient fortement d'un pays à l'autre. Ces
écarts s'expliquent en grande partie par la diversité des
politiques économiques et des institutions et, plus
généralement, par les infrastructures propres à chaque
pays. Un bon gouvernement doit fournir les institutions et les infrastructures
qui minimisent F et maximisent Ð (ou, plus exactement qui maximisent
Ð-F), afin d'encourager l'investissement.
Commençons par recenser les facteurs qui ont un effet
sur F, le coût fixe d'un investissement. L'ouverture d'une entreprise est
un processus qui se déroule en plusieurs étapes. Chacune de ces
étapes implique l'interaction avec d'autres agents économiques
qui ont parfois les moyens de « rançonner » l'entreprise.
Toutes ces étapes offrent de multiples opportunités aux
fonctionnaires qui cherchent à se faire graisser la patte ou tout
simplement à faire rentrer des recettes pour l'Etat39.
Naturellement, un responsable avisé doit se faire une idée de
l'ensemble des frais dès le départ, avant qu'aucun terrain ni
aucun équipement n'aient été achetés, et avant
qu'un pot-de-vin ni aucune taxe n'aient été payés. Il est
alors possible ex ante de renoncer au projet. Dans les pays
développés, comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, ce
problème peut paraître relativement mineur. C'est
précisément ce qui fait leur attrait pour un investissement qui
recherche avant tout un environnement économique favorable, ayant
déjà attiré investissements et talents justement parce que
ces problèmes sont mineurs.
La mesure dans laquelle les institutions favorisent
l'utilisation productive des ressources ou, au contraire, leur
détournement à des fins improductives, est un
élément, parmi d'autres, qui influence de façon
déterminante les profits escomptés d'un investissement.
L'utilisation productive des ressources est favorisée par des
infrastructures qui stimulent la création de biens
39 Ces difficultés ne doivent pas être
sous-estimées. Par exemple, une fois que l'emplacement a
été acquis ou loué, s'il faut solliciter plusieurs
autorisations, rien n'empêche que les fonctionnaires habilités
à délivrer ces autorisations de réclamer un pot -de -vin
égal (ou légèrement inférieur) à fl. Dans
ces conditions, le décideur rationnel n'a d'autre choix que de renoncer
ou payer la rançon. Toutes ces sommes (pot-de-vin ou taxes) sont des
« coûts irrécupérables » dont il ne pas tenir
compte dans la décision éventuelle de payer un nouveau pot-de-vin
ou une nouvelle taxe.
Page | 35
et services et les transactions afférentes. Le
détournement des ressources désigne tout ce qui relève du
vol ou de la confiscation. Il peut s'agir d'activités illégales
(vol, corruption, racket) ou légales (fiscalité, bureaucratie ou
lobbying de la part de groupe d'intérêt). Le détournement
de ressources agit avant tout comme une taxe sur l'activité
économique. Une certaine fraction des recettes ou des profits sont
prélevés sur l'entreprise, diminuant ainsi la rentabilité
de l'investissement. D'autre part, la perspective d'un
prélèvement sur leur production oblige les entreprises à
rechercher les moyens de s'y soustraire40.
La stabilité de l'environnement économique peut
aussi influencer fortement le rendement d'un investissement. Un pays dans
lequel les lois et les institutions changent fréquemment peut
paraître risqué aux investisseurs. En effet, même si la
politique pratiquée aujourd'hui est favorable, l'investisseur est en
droit de se demander s'il en sera de même demain.
L'infrastructure institutionnelle d'une économie a
potentiellement une grande influence sur l'investissement. Dans les
économies où l'infrastructure encourage le détournement
des ressources productives plutôt que la production, il y a moins
d'investissements, donc moins de transferts technologiques. Par ailleurs, les
agents économiques sont moins enclins à investir dans la
formation ou à développer des idées nouvelles permettant
d'améliorer les possibilités de production.
De plus, l'infrastructure d'une économie a une
incidence sur la nature des investissements. Ainsi, dans un pays où le
vol représente un problème significatif, une partie des
investissements sont détournés de l'acquisition de machines et
d'usines pour être consacrés à l'achat de systèmes
de sécurité. Là où les institutions favorisent une
administration collectrice de taxes ou corrompue, les individus sont
incités à investir dans des formations permettant de
décrocher un emploi administratif plutôt que d'investir dans des
formations ouvrant des débouchés sur le secteur productif.
En somme, contrairement aux analyses néoclassiques qui
font hypothèse que les activités de production s'effectuent dans
un environnement macroéconomique sain ; Les tenants de l'école
institutionnelle stipulent que autres que les coûts de production, il
faut prendre en compte
40 Il se peut, par exemple, que l'entreprise soit
obligée de recruter plus de comptables et d'avocats, ou qu'elle soit
contrainte de payer des « protecteurs » (pour éviter des
rackets). Tous ces investissements détournent des ressources de la
production.
Page | 36
les coûts de transaction, les variables politiques,
culturelles et administratives. En ce sens, bon nombre de travaux empiriques
ont été réalisés en vue de modéliser ces
variables sus-citées. Ce qui fera l'objet de la section suivante.
SECTION II : Cadre empirique des variables
institutionnelles
Les économistes ont étudié les variables
institutionnelles dans une perspective de recherche des déterminants de
l'investissement dans une économie donnée. Les économistes
à l'instar d'Asante, de Mauro, d'Hall et Jones, et le modèle de
la Banque Mondiale ont montré le rôle prépondérant
de se variables dans le cadre des déterminants de l'investissement d'une
économie. Les travaux de ces auteurs sus-cités feront l'objet du
développement de cette section.
2.1 Climat d'investissement et investissement privé
domestique : Travaux d'Asante(2000)
Asante, dans son papier de recherches, préconise une
promotion du climat d'investissement. Car, selon lui, le climat
d'investissement est la variable clef qui détermine le niveau
d'investissement et son éfficience. Cette variable est un
dénominateur commun de toutes les variables institutionnelles à
savoir la corruption, instabilité politique, les coûts de
transaction, le cadre légal et réglémentaire, ect ;
c'est-á-dire que le climat des investissements est une résultante
de toutes ces variables sus-citées. Cependant, l'auteur a utilisé
l'investissement retardé d'une période comme indicateur clef de
l'investissement actuel. Donc, conformément à la
littérature, l'investissement retardé, variable proxy du climat
d'investissement, influence positivement l'investissement courant.
2.2 Travaux de Mauro (1995)
Les premiers travaux s'articulant sur la corruption en
économie étaient l'oeuvre des auteurs tels que Rose-Ackerman
(1999), Klitgaard (1989), Lui (1975). Elle était vue par certains
économistes comme profitable à l'activité
économique car pour eux qu'elle permettrait d'améliorer
l'efficience, on peut citer les auteurs suivants : Leff(1964), Beck et Meyer
(1986), Huntington (1968).
Cependant, la première évaluation empirique sur
la question de corruption a été effectuée par Mauro en
1995. Ce dernier a prouvé l'impact négatif d'un mauvais
climat d'affaires qui tend non seulement à diminuer le taux
d'investissement mais aussi à faire varier à la baisse le
Page | 37
rendement, la productivité des investissements
réalisés. Il a recueilli des données sur la corruption,
à partir desquelles il a remarqué un impact négatif de
l'indicateur de la corruption sur le niveau d'investissement. Suivants les
résultats de son modèle, une baisse d'un écart-type de
l'indicateur de corruption correspondrait à une hausse du taux
d'investissement d'environ 3% du PIB. La corruption induit des résultats
économiques inefficients. À long terme, la corruption nuit
à la réalisation d'investissements intérieur et
étranger rentables. Mauro, dans ses travaux, a prouvé
également les pouvoirs publics corrompus accordent moins de
crédits aux secteurs porteurs de croissance comme l'éducation, la
santé, les infrastructures ; cet état de fait influence
négativement les projets d'investissements du secteur privé.
2.3 Travaux de Hall & Jones (1999)
Selon les économistes Robert E. Hall & Charles I.
Jones (1999), Un faible niveau d'infrastructures sociales diminue les profits
des investisseurs et accroit leurs coûts, décourageant ainsi les
investissements en capital humain, en capital physique et en technologie. Hall
et Jones ont construit un indice d'infrastructures sociales basé sur
l'indice des politiques gouvernementales anti-diversions et le degré
d'ouverture d'une économie. Cette dernière variable, selon les
auteurs, est un indicateur des opportunités de corruption d'une
économie. Ils ont trouvé qu'une baisse de 1 % de l'indice
d'infrastructures sociales réduit l'investissement en capital physique
de 1%, celui en capital humain de 1.3 % et celui en productivité de 2.7
%, au total de 5% sur le total de la production. Ces économistes
entendent par infrastructure sociale, les institutions et les politiques
gouvernementales qui déterminent l'environnement économique dans
lequel les agents accumulent les connaissances et prennent leurs
décisions de production.
2.4 Le modèle de la Banque Mondiale41
La Banque Mondiale a établi un classement annuel
relatant les progrès réalisés par les pays (178) en terme
de réformes pour améliorer le cadre des affaires.Ce classement
est désigné par <<Doing Business>>. Ce dernier permet
de auner les réalisations des nations en matière d'incitation
à l'investissement privé domestique et d'attraction des
Investissements Directs Etrangers (IDE). Il permet également de mesurer
le cadre général d'accueil des affaires et son application dans
chacun des 178 pays à partir de 10 indicateurs. Ainsi, la voie à
emprunter en vue d'accoucher un
41 Cf.voir les rapports annuels de Doing Business de
2004 à 2010.
Page | 38
processus de développement dynamique en incitant
l'initiative privée, l'entrepreneuriat, en développant l'esprit
d'entreprise repose sur l'assainissement des cadres sociopolitique, juridique
et macroéconomique.
À cet effet, un ensemble de critères ont
été répertoriés suivant le modèle de Doing
Business et, renvoient aux normes de la bonne Gouvernance. Un climat
sociopolitique stable caractérisé par la primauté du
droit, l'Etat de droit, le respect de la propriété privée,
la transparence dans toutes les transactions d'affaires concourent au maintien
et au renforcement de confiance des investisseurs avisés. Au niveau
macroéconomique, la stabilité macroéconomique
définie par l'évolution de variables précises fluctuant
dans un intervalle donné, bien défini, relativement
contrôlable et souhaitable. Il s'agit de la fiscalité souvent trop
pesante, des conditions propices d'importation et d'exportation,
l'assouplissement aux crédits, de taux de change et d'inflation
relativement stables évoluant dans une fourchette préalablement
déterminée. Au niveau du cadre juridique, le cadre légal
et réglémentaire caractérisé par un délai
raisonnable pour immatriculer un nouveau projet d'investissement, la protection
de la propriété privée, les conditions d'emploi de la
main-d'oeuvre, de clôture des entreprises, etc. devraient être
susceptibles de stimuler les investisseurs privés tant domestiques
qu'étrangers à emboiter le pas dans le tissus
économique.
Partant de ces considérations, bon nombre
d'études récentes ont éxaminé les liens qui
existent entre les indicateurs Doing Business et les performances
économiques.C'est ainsi que, Djankov, Ramalho et Shleifer (2007) ont
testé les réformes en rapport avec la variable Doing Business
<<obtention de prêts>> et ont conclu que les prêts
augmentaient lorsque des améliorations étaient apportées
aux droits et l'imformation des créanciers.
Toutefois, des résultats mitigés ont
été enregistrés par d'autres études. Commander et
Svejnar (2007) n'ont pas trouvé assez d'éléments
permettant d'établir une relation avérée entre les
indicateurs du modèle Doing Business, les contraintes de l'environnement
et les performances des entreprises mesurées par le ratio de
rentabilité. Commander et Tinn(2007) ont abouti dans leurs travaux
à l'absence de relations statistiquement significatives entre les
indicateurs Doing Business 2004 et les taux de croissance. Par contre, Ils ont
observé quelques relations significatives avec des résultats
intermédiaires. Ainsi, une meilleure protection des droits légaux
des créanciers et des emprunteurs a été associée
aux prêts privés, aux flux de capitaux et à
l'investissement Direct Etranger(IDE). Par ailleurs, d'autres études
aboutissent à une corrélation
Page | 39
faible entre l'investissement et les indicateurs du Doing
Business,<<octroi de licences>> et <<Exécutions des
contrats>>.
Les conclusions de ces travaux doivent être faits
l'objet de certaines réserves, du fait du caractère relativement
récent par le modèle Doing Business, ainsi que d'autres limites
liées aux contraintes pesant sur les entreprises informelles et les
microentreprises qui sont différentes des entreprises formelles
captées par les indicateurs du Doing Business.
2.5 Travaux de Hiren Sarkar et Aynul Hasan (2001)
Hiren Sarkar et Aymul Hasan, dans un modèle de
régression simple, ont estimé l'impact de la corruption, selon
l'indice de Perception de la Corruption de Transparency International, sur la
productivité de l'investissement calculée par le ratio du taux de
croissance moyen annuel du PIB sur le taux de croissance moyen annuel de
l'investissement réel. Les résultats du modèle ont abouti
sur une corrélation positive entre la corruption et l'investissement, ce
qui permet d'établir l'effet perturbateur de la corruption sur
l'investissement et par extension sur la croissance économique.
2.6-Travaux de Ndinga (2002)
Les résultats d'études de Ndinga ont
montré que la mauvaise gouvernance, par contre, décourage les
investissements. Elle tend à réduire la confiance des
investisseurs dans l'économie à cause des distorsions et des
incertitudes qu'elle crée, favoriser la fuite des capitaux en augmentant
le coût des investissements, accroître le coût des frais
généraux des affaires courantes, détruire les perspectives
d'investissement et de croissance de l'entreprise à cause de l'absence
de transparence, de l'inefficacité du cadre légal et
réglementaire des affaires et du système judiciaire en
général.
En somme, L'un des facteurs majeurs qui influent tant sur le
volume que sur la productivité des investissements est la qualité
des institutions et de la gouvernance. Des institutions plus solides et une
gouvernance meilleure peuvent contribuer à réduire les risques et
à abaisser les coûts, ce qui devrait à la fois favoriser le
développement des investissements et de leur productivité. Dans
les pays où les droits de propriété sont sûrs et
où le respect des contrats est assuré par le pouvoir judiciaire,
les investisseurs ont beaucoup plus de chances de réaliser des
implantations plus
Page | 40
importantes et à long terme. Si les investisseurs
considèrent que le système judiciaire ou les organismes publics
de régulation sont imprévisibles, ils risquent d'aller ailleurs
ou de ne pas investir du tout. Cette ligne d'idée trouvera sa
justification dans la deuxième partie de ce travail.
Tableau III : Synthèse des déterminants
extra-économique de l'investissement
Auteurs
|
Variables
|
Définition
|
Résultats
|
Douglas North (1990) Ronald Coase (1937)
|
Infrastructure institutionnelle : Coûts de transaction
|
L'ensemble des règles, normes et conditions.
Coûts provenant de l'infrastructure institutionnelle.
|
Des coûts de transaction élevés ont un
impact négatif sur la productivité de l'investissement, la
croissance économique et le développement.
|
Collier (1998)
|
Capital social gouvernemental
|
capital social gouvernemental recouvre les avantages de
la loi, de l'ordre, des droits de propriété, de
l'éducation, de la santé et d'un bon gouvernement.
|
le capital social réduit les coûts de
transaction et les coûts de l'information rendant ainsi le capital
physique et le capital humain plus productifs, on doit pouvoir le
considérer comme un déterminant de la productivité
totale des facteurs.
|
Mauro (1995)
|
Corruption
|
Dérogation aux normes de bonne gouvernance.
|
une baisse d'un écart-type de l'indicateur de corruption
correspondrait à une hausse du taux d'investissement d'environ 3% du
PIB. La corruption induit des résultats économiques
inefficients.
|
Hall & Jones(1999)
|
Infrastructure sociale
|
l'indice des politiques gouvernementales anti- diversions et le
degré d'ouverture d'une économie.
|
une baisse de 1 % de l'indice d'infrastructures sociales
réduit
l'investissement en capital
physique de 1%, celui en
capital humain de 1.3 % et celui en productivité de 2.7
%, au total de 5% sur le total de la
production.
|
Modèle de la Banque Mondiale
|
Bonne Gouvernance
|
Un climat sociopolitique stable caractérisé
par la primauté du droit, l'Etat de droit, le respect de la
propriété privée, la transparence dans toutes
les transactions d'affaires concourent au maintien et au renforcement
de confiance des investisseurs avisés.
|
Corrélation positive entre la Bonne gouvernance et la
productivité.
|
Hiren Sarkar et Aymul Hasan (2001)
|
Corruption
|
Dérogation aux normes de bonne gouvernance
|
Les résultats du modèle ont abouti sur une
corrélation positive entre la corruption et l'investissement.
|
Page | 41
Travaux de Ndinga (2002)
|
Mauvaise gouvernance
|
Dérogation aux normes de bonne gouvernance.
|
La mauvaise gouvernance tend à réduire la confiance
des investisseurs dans l'économie, créant des distorsions et
des
|
|
|
|
incertitud , détruire les perspectives
d'investissement.
|
Source : Auteur
Page | 42
DEUXIÈME PARTIE
LA RÉALITÉ DE L'INVESTISSEMENT EN
HAÏTI DE 1981 À 2010
La réalité de l'investissement en Haïti de
1980 à 2010 s'est révélée précaire tant au
niveau du cadre général de son accueil caractérisé
par la gouvernance politique, administrative, le cadre légal et
réglementaire et l'instabilité macroéconomique ; tant au
niveau de la contribution des secteurs investisseurs ; à savoir les
investissements réalisés par les administrations publiques, les
entreprises privées domestiques et les investissements
réalisés par les étrangers (IDE) dans l'évolution
du PIB.
En effet, l'investissement réclame un climat de paix,
un bon cadre juridique et institutionnel, la stabilité politique
fidélisant les entrepreneurs. Et les investissements
réalisés doivent être productifs c'est-à-dire ces
investissements doivent pouvoir générer une croissance
économique soutenue et durable. Pour cela, il importe d'identifier les
secteurs d'investissement qui induisent un fort effet de richesses en
identifiant les filières. Et également, il est convenu
d'étudier l'évolution comparée de l'investissement
privé et des variables financières comme l'épargne et le
crédit, et également son évolution comparée avec
certains déterminants comme l'investissement public et l'investissement
direct étranger (IDE).
Cette deuxième partie tentant de présenter et
d'étudier la réalité de l'investissement au cours de la
période sous-étude est structurée comme suit :
Le premier chapitre fait une analyse descriptive (statistique)
de l'investissement tout en présentant les variables qualitatives dans
le cas d'Haïti ;
Le second chapitre fera l'objet d'un modèle
économétrique qui étudie l'impact de certaines variables
théoriques sur la productivité de l'investissement
privé.
Page | 43
CHAPITRE III
L'INVESTISSEMENT EN HAÏTI : LES FAITS
L'investissement évolue dans un environnement où
il est influencé d'une part, par des variables économiques comme
le crédit, le taux d'intérêt, la demande et
l'épargne et d'autre part, des variables qualitatives comme le nombre de
jours nécessaires à l'immatriculation et l'incorporation d'une
nouvelle entreprise, les frais d'immatriculation, la gouvernance politique,
économique et administrative. Cet environnement doit inspirer confiance
chez les entrepreneurs dans leur décision d'investissement par rapport
à leur anticipation.
C'est ainsi que, dans ce présent chapitre, nous allons
exposer, dans une première section, le climat des affaires en Haïti
en priorisant l'aspect institutionnel, et dans la suivante, nous analysons le
profil des investissements réalisés au cours de la période
sous-étude.
SECTION I : LE CLIMAT DES INVESTISSEMENTS EN HAITI :
Aspect institutionnel
Le climat d'investissement se définit selon la Banque
Mondiale42(2004), comme « L'ensemble des facteurs
propres à la localisation de l'entreprise, qui influent sur les
opportunités de marché ou le désir des entreprises
d'investir à des fins productives, de créer des emplois et de
développer leurs activités. Les politiques et le comportement des
pouvoirs publics ont une influence très importante en raison de
l'incidence qu'ils ont sur les coûts, les risques et les obstacles
à la concurrence. L'entreprise est le point de départ du cadre
d'analyse. Selon ce rapport, le générique
<<Entreprise>> désigne tout l'éventail des agents
économiques privés depuis les agriculteurs et les
micro-entrepreneurs jusqu'aux entreprises manufacturières locales et aux
multinationales, et ce quels que soient leur taille, leur activité ou le
statut juridique formel ».
En effet, au tournant des années 80, une situation de
dégradation continuelle du niveau de vie a prévalu en Haïti.
Cette situation se caractérise par une intermittente instabilité
politique43 et macroéconomique, de violences et conflits
civils et politiques, de coups d'Etats, la mauvaise
42 Cette définition est extraite
textuellement du Rapport sur le Développement dans le Monde 2005
publié par la Banque Mondiale en 2004 intitulé :»Un meilleur
climat de l'Investissement pour tous `'.
43 Respectivement les années
(1980,1982,1983,1984,1985) ,contestation au régime des Duvalier ;
1986(chute du régime duvaliériste), 1991(coup d'Etat millitaire)
; 1991 à 1994 (Embargo commercia et financier), 2000 à
2004(contestation contre le régime d'Aristide).
Page | 44
gestion des ressources nationales, de hauts coûts de
transaction induits par l'inefficience et l'inefficacité du cadre
légal et réglementaire des affaires. Tous ceux-ci inhibent tout
projet d'investissement productif et toute perspective de développement
et engendrant la fuite des capitaux humains, monétaires, vu les risques
encourus et les coûts liés à l'instabilité dans le
pays.
1.1 La Gouvernance politique en Haïti
Des conflits internes intermittents sont survenus en
Haïti depuis la chute du régime duvaliériste dans la
deuxième moitié des années 80. Coups d'Etats, des troubles
civils et politiques de tout acabit, un embargo durant trois années
(1991-1994), une période de troubles qui s'intensifie après le
départ du président Jean Bertrand Aristide en 2004, la hausse de
la corruption par la multiplication des pots-de-vin, l'inefficience de la
structure de gestion des affaires publiques et du système juridique ;
tels ont été les faits saillants de la période en terme de
gouvernance.
C'est ainsi que, tous les indicateurs reconnus et
acceptés sur le plan international en vue d'une évaluation de la
qualité de gouvernance classent la République d'Haïti
à la marge en terme de performance.
L'indice global de libertés civiles
élaboré par Freedom House44 réflétant
les aspects suivants : Le niveau de la liberté d'expression, celui du
droit d'assemblée, d'association, d'éducation et de religion.
L'établissement d'un État de droit équitable, ainsi qu'une
activité économique libre favorisant l'accès à
l'égalité des chances des citoyens. Sur une échelle de 1
à 7, les scores les plus bas (1 et 2) sont les pays qui répondent
aux critères ci-dessus, les scores les plus élevés sont
alloués aux États qui offrent peu de libertés à
leurs citoyens qui gémissent dans la crainte de la répression.
Pour Haiti, l'indice global moyen a été de 6,00 environ pour la
période de 1980 à 2010 ; durant la période de coup d'Etat
et d'embargo commercial (19911994), Haïti affiche une note de 7,00. Il en
est de même pour la période de troubles politiques (2000-2005),
l'indice a été de 6,00. Selon le Rapport annuel de freedom House
en 2005, sur une échelle graduée de 1 à 7 avec 1
représentant la catégorie la plus libre et 7 celle la moins
libre,
44Freedom House est une organisation
indépendante, non gouvernementale, fondée aux Etats-Unis au cours
des années 1940. Elle comprend de personnalités du monde des
affaires et des syndicats, ainsi que d'intellectuels et des gens de tous les
milieux.
Page | 45
pour Haïti les deux indicateurs de libertés
publiques et de droits politiques étaient respectivement de 6 et 7.Tout
ceci révèle l'état de répression dans lequel Haiti
évolue.
L'indice de liberté économique fournit par
Heritage Fondation45 et du Wall street Journal regroupant 50
indicateurs, à la fois quantitatifs et qualitatifs, en vue de mesurer la
faiblesse des interventions et des contraintes gouvernementales sur les
activités économiques ont aussi affirmé le mauvais
environnement des affaires qui gangrène Haïti. Ce pays se
positionne dans les abysses de l'échelle, hormis Cuba, dans l'espace
caribéen. Ceci est prouvé clairement par les scores
enregistrés par ce pays entre 1999 et 2005 (voir tableau XVIII
en annexe) Haïti se trouve toujours parmi les économies
contrôlées, sauf en 2003.
Enfin, les données du CIDCM46 de
l'université de Maryland nous renseignent sur l'état du climat
politique en Haïti. Les indicateurs de démocratie et d'autocratie,
respectifs allant à l'espace politique allant de 1986 à 2003, ont
prouvé que les régimes en place en 1988-1989 et ceux des
périodes 1991-1993 et 2000-2003 étaient autocratiques alors
qu'ils se sont révélés, en 1990, démocratiques
ainsi qu'à la période 1994-1998. Les années 1986-1987 et
1997 représentaient des périodes transitoires.
La mauvaise gouvernance en Haïti est du ressort d'autres
indicateurs comme la corruption et le délai imparti pour enregistrer et
incorporer une nouvelle entreprise dans l'économie.
1.1.1 La corruption en Haïti
La corruption en Haïti a atteint son paroxysme depuis le
règne des Duvalier à nos jours. La Banque
Mondiale47(1997) confirme que les ressources financières
devant contribuer au développement d'Haïti se sont
évaporées par l'appropriation illégale des deniers de
l'État d'environ 1,6 milliard de dollars américain, par la
dynastie Duvaliériste. Donc, ce régime accaparait plus de 7
millions de dollars américain par an à des fins
égoïstes. Des sommes importantes ont été
allouées à des projets fantômes avec la coopération
d'investisseurs étrangers et une caisse particulière était
destinée à recevoir le produit des impôts et des redevances
non enregistrés et comptabilisés au budget de l'État.
45The Heritage Fondation est un institut de
recherche et d'éducation fondée en 1973 dont la mission consiste
à formuler et à promouvoir des politiques conservatrices
basées sur les principes de la libre entreprise.
46Center for International Development & conflict
Management,
http://www.cidcm.umd.edu/.
47Banque Mondiale(1997:168;cf,Doura,Tome 3, 2003)
Page | 46
Á la chute des Duvalier en 1986, on s'attendait
à ce que la tendance eût changé, car presque tous les
discours politiques s'articulent autour de l'assainissement des finances
publiques. Mais, rien de tout cela n'a été fait, le
problème de la corruption s'est révélé structurel.
C'est ainsi que, selon le Média dénommé»Miami
Herald48», Monsieur Aristide a expédié
vers des comptes à l'étranger une somme se situant entre 200
à 800 millions de dollards américains entre 1994 à
2004.
On perçoit Haïti comme l'un des pays les plus
corrompus parmi ceux retenus dans l'Indice de Perception de la Corruption
(IPC)49. Haïti est placé à la dernière
position 145ème sur 145 pays dans le classement de l'Indice
de Perception de la corruption (IPC). Les scores d'Haïti diminuent de plus
en plus depuis 2002. Elle a enregistré des valeurs de L'IPC très
faibles sur une échelle de 0 à 10 soit : un indice deux (2) comme
indicateur très élevé de corruption, deux (2) comme
indicateur de l'efficience du système juridique, deux (2) pour
l'indicateur de l'efficience de la structure de gestion des affaires publiques
(Bardhan, OCDE, 28-31). Tout ceci témoigne l'augmentation du niveau de
corruption qui ronge ce pays.
1.1.2 Délai imparti à la création
d'une entreprise
Les investisseurs s'intéressent également aux
coûts de base des affaires et, notamment, à ceux
qu'entraînent le démarrage d'une affaire, le recrutement et le
licenciement de salariés, l'octroi de licences industrielles ou
commerciales, l'obtention de crédits, l'enregistrement d'un bien et
l'application des contrats. Dans ce domaine, l'économiste
péruvien Hernando de Soto a réalisé un travail de pionnier
dans l'ouvrage qu'il a publié en 1989, l'autre sentier.
En effet, selon une étude de la Banque
Mondiale50 en 2004, en ce qui a trait au nombre de jours
nécessaires pour enregistrer et incorporer une nouvelle entreprise dans
l'économie, Haïti se trouve à la dernière place. Ce
pays détient le délai le plus long pour l'immatriculation d'une
nouvelle entreprise, soit 203 jours51, contre 78 jours en
République Dominicaine. Au cours de la même année, le
coût requis pour enregistrer et obtenir les droits de
propriété était évalué à 8,10% de la
valeur de la propriété contre 6,30% en République
Dominicaine.
48 Miami Herald(2004;cf.LFFH,2004)
49 C.f. Fred DOURA(2003). Economie d'Haiti,tome 3,
chapitre 5, p.221.
50 Banque Mondiale, Doing Business in 2005, p. 3.
51 Cf.voir le code des investissements
révisé en 2002.
Page | 47
1.1.3 Le foncier en Haïti : Obstacle à
l'investissement privé et public
Selon Erik Vittrup52 s'il n'y a pas de registres
fonciers, et un cadre juridique en garantissant les droits, les investisseurs
ne dépenseront pas un (1) dollar en Haïti. À ce titre, selon
l'Organisation des Nations Unies, Moins de 5% des terres en Haïti sont
officiellement comptabilisées dans les registres des terres publiques,
ce qui aggrave la difficulté de déterminer à qui
appartient un terrain. Même avant le séisme la
propriété foncière était un problème
épineux en Haïti, contribuant à la violence et à la
pauvreté dans un pays où les terres sont concentrées dans
les mains de quelques grands propriétaires terriens.
Bon nombre de projets ont été bloqués
à cause de ce problème de vieille date, mis à nu par le
tremblement de terre du 12 janvier 2010. Selon un rapport de l'ONU-HABITAT, le
gouvernement haïtien et les organismes d'aide internationale est en
concurrence en vue de construire de nouveaux logements pour les 1.5 millions de
personnes vivant dans les camps. Le problème est qu'il importe de
déterminer à qui appartient les terres avant de construire.
D'après De SOTO, en Haïti, les avoirs immobiliers
urbains et ruraux sans titre valent ensemble quelque 5,2 milliards de dollars
américains. En guise de comparaison, ce montant représente quatre
fois l'actif total de l'ensemble des entreprises en activité
légale à Haïti, neuf fois la valeur des biens publics et 158
fois la valeur de l'ensemble des IDE répertoriés dans l'histoire
du pays jusqu'en 1995.
Pour résoudre ce problème, le financement d' un
projet intitulé << Foncier Haïti>> a été
annoncé par l'Organisation des États Américains (OEA) et
le gouvernement haïtien, accusant un montant de 1.5 millions de dollars
Américains. Le Projet « Foncier Haïti » est
élaboré par l'ONACA et l'OEA. Il vise à moderniser le
cadastre et les infrastructures du registre immobilier en Haïti. Selon
José Miguel Insulza, ce projet aura un impact positif sur les efforts de
relance des entreprises et du développement économique.
Jusqu'à date le problème reste entier. L'ONACA,
d'après sa loi organique de 1984, doit comprendre 13 districts
cadastraux53 couvrant les différents départements
géographiques du pays. Cependant, par manque de moyen financier et en
raison du nombre peu élevé de techniciens en
52 officier supérieur de l'Organisation des
Nations Unies pour les habitations (ONU-HABITAT).
53 Depuis la constitution de 1987, on a parlé
de préférence de département cadastral.
Page | 48
cadastres disponibles en Haïti, seulement trois districts
sont fonctionnels sous forme de travaux pilotes (district de Port-au-Prince :
900 ha dans la commune de Delmas ; district des Gonaïves : 2700 ha dans la
basse plaine des Gonaïves et le district de St Marc : 5400 ha dans la
vallée de l'Artibonite) ;
Croix des bouquets, Pétion-Ville, Tabarre, Saint-Marc
et Gonaïves sont les seules communes d'Haïti où est
présent l'Office National du Cadastre (ONACA) qui végète
avec seulement son petit budget de fonctionnement depuis sa création par
décret du 23 novembre 1984 ;
Seulement 5% du pays est cadastré c'est-à-dire
5% de la superficie totale du pays est sous le contrôle de
l'État.
En somme, le problème foncier est l'un des obtacles les
moins négligeables à la réalisation d'investissements
privés productifs et publics en Haïti.
1.1.4 Instabilité macroéconomique en
Haïti
Les investisseurs donnent manifestement une grande
priorité à la stabilité macroéconomique et
politique. Des taux d'inflation élevés, des taux de change
fluctuants ou des crises financières répétées
augmentent les coûts de production et créent des risques
substanciels pour les investisseurs, qui les dissuadent dès lors
d'investir même dans des projets potentiellement rentables. Les
investissements tendent également à être beaucoup plus
faibles dans des pays où règne une plus grande instabilité
politique du fait de coups militaires, d'une guerre civile ou de manifestations
ou de grèves fréquentes.54
Haïti connait une situation d'instabilité
macroéconomique de 1980 à 2010 qui aggrave l'état de
délabrement du pays et affecte négativement l'investissement
productif. Cette situation est caractérisée par une interruption
d'un mouvement de hausse ou de baisse des variables économiques,
notamment celle du niveau général des prix libellé
à un niveau déterminé, du taux d'intérêt et
du degré d'ouverture de l'économie. L'indice d'instabilité
macroéconomique55 calculé à partir de la
méthodologie de l'IDH (indice de développement humain) en
intégrant les variables macroéconomiques suivantes : La variation
du taux de change, le degré d'ouverture de l'économie et le taux
d'inflation annualisé, nous renseigne sur le niveau
d'instabilité
54 Perkins et al (2008). Économie du
développement, éditions de boeck, p.474.
55Cf.»cahier de recherche de la Banque de la République
d'Haïti, Mai 2010».
Page | 49
macroéconomique qui prévaut en Haïti. Plus
l'indice est élevé, plus le degré d'instabilité est
élevé. (Voir tableau XI en Annexe).
C'est ainsi qu'on a assisté à une
évolution de l'indice d'instabilité macroéconomique dont
la tendance est croissante : De 1980 à 1990, l'indice moyen
s'évaluait à 0.305, il s'est élevé dans la
décennie suivante soit de 1990 à 2000, affichant une valeur de
0.504, et enfin de 2000 à 2008, il a encore subi un accroissement dont
la valeur est de 0.685.
Graphique IV :Evolution de l'indice d'instabilité
macroéconomique de 1980 à 2010
0.80
0.60
0.40
0.20
0.00
1.20
1.00
Indice d'instablite Macroeconomique Linear (Indice d'instablite
Macroeconomique)
Indice d'instablite Macroéconomique
Source : Cahier de recherche de la BRH & Calcul de
l'auteur (Données) et Auteur(Graphique)
SECTION II : Profil des investissements en
Haïti
2.1 Évolution de l'investissement en Haïti de
1980 à 2010
L'investissement d'Haïti a connu des fluctuations dont la
tendance générale est haussière en volume accusant un taux
de 20.16 % en moyenne au cours de la période allant de 1981 à
2010. L'observation du graphique ci-dessous met en exergue trois tendances qui
correspondent à trois phases différentes. La première
tendance est remarquée sur la période de 1981 à 1985,
l'investissement global s'estimait à un taux moyen de 13.63 % en
pourcentage du PIB ; De 1986 à 1994, au cours des années de vives
crises politiques, de coup d'Etat militaire, d'embargo, il est passé
à 10.15 % accusant une baisse vigénaire de -0.25532 % en moyenne
annuelle. Cette période est aussi marquée par l'application des
programmes d'ajustement structurel(PAS). De
Page | 50
1995 à 2010, il représentait en moyenne 27.82 %.
La courbe de l'investissement en pourcentage du PIB a considérablement
décliné au cours des trois (3) années de crises
particulières : 1992 (6.65 % ), 1993 (6.42 % ), 1994 (5.81 % )
représentant 6.29 % du PIB en moyenne.
GRAPHIQUE V : Évolution de la Formation Brute de
Capital Fixe et ses composantes
privées/publiques en pourcentage du PIB
(1981-2010)
Source : Calculés personnels à partir des
donnés de la BRH et Yearbook FMI 2010 et graphique (auteur)
Cependant, la part de la FBCF publique est restée assez
faible passant de 2.66% de 1981 à 1985, à 1.15% pour la
période 1986 à 1996, soit une baisse de -0.57%. Cet état
de fait est du à la considérable réduction des
dépenses publiques d'investissement tributaire de la mise en oeuvre des
Programmes d'Ajustement structurel(PAS) durant cette période.
Tandis que la FBCF du secteur privé représentait
11.43 % de 1981 à 1985 et 9.11 % du PIB pour la période allant de
1986 à 1994. Cette deuxième sous-période est
marquée par de graves crises politiques, d'une épouvantable
instabilité politique, cinq gouvernements se sont succédé
au pouvoir. Les taux d'investissements les plus faibles en pourcentage du PIB
se sont affichés durant cette période : 1992 (6.17% ), 1993 (
5.91 % ) et 1994 ( 5.58 % ).
En 1995, avec le rétablissement timide de l'ordre
constitutionnel, l'investissement global a connu une reprise
considérable s'estimant à un taux de 11.95 % en pourcentage du
PIB. Et le taux d'investissement privé accusait un taux de 11.27 % en
pourcentage du PIB. Ce qui implique que l'investissement nécessite un
climat de paix, de bonne gouvernance, la certitude politique
Page | 51
créant un regain de confiance des investisseurs.
À noter que l'année 1995 est marquée par une croissance
avérée de dépenses effectuées, passant de 75.20
millions de gourdes en 1994 à 278,10 millions en 1995 en terme courant,
soit une augmentation de 72.96% en glissement annuel, dans le cadre des grands
travaux de réhabilitation des infrastructures routières et
autres, l'accélération considérable des travaux du secteur
construction, avait stimulé un accroissement sensible de la formation
brute de capital fixe (FBCF).
La situation s'est renversée en 1996. L'arrêt des
négociations avec les bailleurs de fonds au début de
l'année a entrainé la suspension de l'aide internationale, ce qui
a engendré des effets contractionnistes. La variation à la baisse
des investissements publics, de 278 millions de gourdes en 1995 contre 140.10
millions de gourdes en 1996, tend à un investissement privé qui
perdure à se manifester de manière potentielle, est en volume de
1,5 % de la FBCF sous l'effet de la contraction.56
De manière globale, on a assisté à une
reprise des activités d'investissement au cours de la période
1995 à 2010. Soutenu le plus par les dépenses publiques,
l'investissement global a cru de 31.23% en moyenne annuelle. Ceci a
prouvé un certain dynamisme de la demande intérieure.Toutefois,
il importe de mentionner qu'on n'a pas encore abouti à la
véritable relance tant espérée de l'economie réelle
; car, jusqu'à présent le niveau du P11B, en volume et en terme
d'efficience reste inélastique aux stimulis de l'investissement, donc
ces investissements n'augmentent pas la capacité productive de
l'économie. Au cours de la période 2000 à 2006, le taux
d'investissement global moyen s'estimait à 34.13% environ grâce
aux supports d'une forte contribution des dépenses en capital du secteur
public générant une faible croissance économique de
l'ordre de 0.075% environ. L'influence de l'investissement sur la croissance
dépend surtout des types d'investissement favorisés. D'où
la nécessité d'analyser l'efficience du capital investi ou en
d'autres termes la productivité du volume d'investissement
réalisé en Hati.
2.2 La productivité de l'investissement en
Haïti
La productivité de l'investissement d'après la
littérature se définit comme le taux d'investissement
substantiel, potentiel qui induit une croissance du P11B plus soutenue (Levine
et Renelt, 1992). En Haïti, la faiblesse de la productivité de
l'investissement généré explique
56 Banque de la République d'Haïti (BRH).
Rapport annuel, 1996.
Page | 52
l'inélasticité de la croissance
économique. En fait, L'évolution du PIB dans le processus
d'accumulation du capital est corrélée de manière plus
significative à la productivité de l'investissement que de son
volume. Par contre, certaines catégories d'investissements sont à
faible valeur ajoutée tels que les investissements de remplacement, leur
contribution au développement, l'effet de richesse qu'ils induisent sont
relativement faibles. Á une hausse de l'investissement d'un point de
pourcentage ne correspond pas de toute évidence à une
accélération du rythme de croissance du PIB .Comme on l'a pu
constater en Haïti, à travers l'évolution de l'ICOR
(Incrémental Capital Output Ratio), un coefficient utilisé pour
mesurer le taux de retournement de l'investissement, la quantité de
capital supplémentaire susceptible d'induire une unité
supplémentaire d'Output. À la décroissance du coefficient
marginal de capital correspond un niveau d'investissement de plus en plus
efficient. C'est ainsi que de 1980 à 1994, dans un cadre
général des affaires caractérisé par
l'instabilité politique, de crise économique sévère
comme l'embargo, l'ICOR s'est élevé à 0.47%, contrairement
à la décennie précédente, soit de 1970 à
1979, où il s'était évalué à 0.37%. Durant
la période allant de 1995 à 2006, l'ICOR variait encore à
la hausse, affichant un taux moyen de 1.87%. Tout ceci signifie au cours de la
période 1980-1994, une accélération du rythme de
croissance du PIB de 1% nécessitait un accroissement de 0.47% du stock
de capital. Dans les années succédant, soit de 1995 à
2006, l'obtention du même résultat requiert une hausse de 1.87% du
stock de capital de l'économie. Ses résultats empiriques laissent
entrevoir l'inefficience du processus d'accumulation du capital en Haïti,
par ricochet la faible valeur ajoutée créée et le faible
effet de richesse induit.
Graphique VI : Évolution du Taux
d'investissement et de l'ICOR (1980 à 2006)
-20.00%
-40.00%
40.00%
20.00%
0.00%
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
ICOR Taux d'investissement
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
Source: Cahier de Recherche de la BRH en
2008(Données) et Graphique(Auteur).
Page | 53
La croissance du PIB est inélastique aux incitatifs de
l'investissement. Ceci résulterait des types d'investissements
réalisés ; à titre d'exemple les investissements de court
terme comme les investissements de remplacement génèrent moins de
valeur ajoutée que ceux visant le long terme appelés
investissements de capacité comme les dépenses d'investissements
en infrastructures, machineries, constructions etc. En Haïti, le faible
niveau d'investissements publics, en capital physique et humain
(infrastructures, santé, Education, Recherche), soit 13.73% en moyenne
des dépenses globales du Gouvernement, explique en grande partie la
faiblesse de la productivité des investissements en Haïti.
En faisant une comparaison des taux d'investissement et des
taux de croissance moyens d'Haïti et de certains pays en voie de
développement57 pour la période allant de 1985
à 2005. On constante que le taux d'investissement des pays en voie de
développement génèrent des taux de croissance beaucoup
plus élevés que ceux d'Haïti. À ce titre, Pour un
pays comme Maroc, à un taux d'investissement moyen de 3% correspond un
taux de croissance économique de 21% ; Pour la Tunisie, à un taux
d'investissement moyen de 4% correspond un taux de croissance économique
de 27% ; Pour la Botswana, à un taux d'investissement de 7% correspond
un taux de croissance de 26% ; L'Égypte affiche un taux de croissance de
19% tributaire d'un taux d'investissement de 4% ; La Corée et La
Malaisie accusent respectivement des taux de croissance de 34% et 30% pour un
taux d'investissement de 7%. Par contre, pour Haïti, à un taux
d'investissement de 23.58% en moyenne correspond un taux moyen de croissance
économique de l'ordre de -0.09%. L'investissement en Haïti est
moins productif que ceux des pays en voie de développement.
Il existe un nette asymétrie entre l'évolution
des taux de croissance du PIB et de l'investissement. En calculant, le taux
d'efficience de l'investissement, en moyenne, une hausse de 1% de
l'investissement global induit un accroissement du PIB de 0.76%, par contre une
baisse de même valeur de l'investissement entraine une chute de 1,70% du
taux de croissance de l'économie haïtienne.
57 Voir tableau XIII en Annexes.
Page | 54
En substance, Les investissements réalisés en
Haïti n'arrivent pas à stimuler la croissance économique
compte tenu du climat déstabilisateur dans lequel ils évoluent et
de la qualité des investissements privilégiés et des
filières priorisées.
2.2 Les dépenses d'investissements publics en
Haïti
Pour de nombreux investisseurs, les infrastructures
constituent un point crucial. Si l'approvisionnement en
électricité et en eau est trop coûteux ou trop incertain,
les investissements en pâtiront. Les routes de mauvaise qualité
(provoquant des pannes de camion fréquentes) ou surchargées
(causant de longs délais) génèrent une augmentation
superflue des coûts. Des installations portuaires trop petites, mal
situées ou saturées dissuadent les investisseurs. Les pays
dotés de mauvaise infrastructure sont souvent dans l'incapacité
d'attirer les investissements, sauf si leurs coûts sont plus faibles dans
d'autres domaines, tels les coûts salariaux. En fait, des infrastrucutres
incertaines ou très coûteuses réduisent la
productivité et limitent les salaires que les investisseurs seraient
prêts à verser.58
Les dépenses en capital de l'État renferment
ceux des administrations publiques(écoles, infrastructures
routières, santé, etc). Il s'agit d'investissements d'ordre
collectif qui devraient avoir des externalités positives sur l'ensemble
de l'économie et avoir pour objectif la rationalisation et
s'intégrant dans un dynamisme de développement,
d'industrialisation, et de croissance du revenu. Dans cette perspective, l'Etat
devrait faire un inventaire de ses ressources et de ses contraintes en vue de
planifier son programme d'investissement public en identifiant également
leur priorité générale pour l'ensemble de
l'économie nationale.
En Haiti, les dépenses en capital de l'État
représentaient en moyenne 12.37 % des dépenses totales pour la
période allant de 1981 à 1985, soit 2.20 % du Produit
Intérieur Brut (PIB). De 1986 à 1990, les dépenses
d'investissement ont chuté, accusant un taux de 10.61% des
dépenses totales, soit 1.44% du PIB. De 1991 à 1994, dans un
climat de coup d'état militaire, d'une situation politique
désastreuse, de crise économique intense marquée par
l'embargo ; les dépenses d'investissement ont varié à la
baisse, affichant un taux moyen de 6.21 % des dépenses totales, soit
0.53 % du PIB59. Au cours de la période sous-étude,
les dépenses en capital de l'État
58 Perkins et al(2008), économie du
Développement, p. 474
59 Ces calculs ont été effectués
à partir des données du tableau VIII en annexe.
Page | 55
évoluent en dessous de 5 % du PIB (voir
graphique VII). Force est de constater, que les dépenses devant
permettre aux pouvoirs publics d'établir les infrastructures
nécessaires pour promouvoir un climat favorable aux investissements
privés domestiques et étrangers et d'assurer des services sociaux
qui répondent aux besoins fondamentaux de la population, ne sont pas
significatives en pourcentage du PIB. Ces dépenses peuvent être
destinées à une redistribution équitable des revenus,
surtout aux catégories sociales démunies au moyen des transferts
publics.
Le poids croissant de l'Etat soit comme producteur soit comme
redistributeur est considérablement faible en Haiti. Mesuré par
le ratio dépenses publiques sur PIB, celui-ci représente en
moyenne 1.85 % en Haiti de 1981 à 2010.
Graphique VII : Évolution comparée de
l'investissement privé et l'investissement public en pourcentage du
PIB (1981-2010)
40.00%
50.00%
30.00%
20.00%
10.00%
0.00%
1981
1982
1983
Investissement prive/PIB Investissement public/PIB
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Source : BRH, IHSI et Yearbook FMI (Données) et
Graphique (Auteur).
En analysant les dépenses d'investissement public par
secteur, les dépenses d'investissements en éducation sont
passées de 14.7% en 1996 à 3.19 % en 2008 du montal total; celles
en agriculture sont passées de 11% en 1996 à 4.97% en 2008; les
dépenses d'investissements en environnement sont passées 0.00%
à 0.72% de 1996 à 2008; les dépenses d'investissements en
santé sont passées de 4.2% à 2.52 % de 1996 à 2008;
celles effectuées en infrastrutures sont passées de 36.3%
à 50.83 % en 2008.60
60 Voir tableau XV.
Page | 56
En dépit de la variation à la hausse des
dépenses en infrastrucutres, les effets externes sur l'investissement
privé se sont révélés faibles. Cet état de
fait s'explique par le faible niveau de la productivité de
l'investissement.
2.4 L'investissement Direct Étranger en Hati
L'investissement Direct Etranger (IDE) constitue le capital
injecté dans la propriété d'actifs réels pour
établir une entreprise en Hati ou pour détenir le contrôle
d'une entreprise nationale déjà existée afin d'avoir droit
effectif dans sa gestion. Ce type d'investissement est réalisé
dans des installations de production impliquant un apport financier et apporte
une innovation technologique et un mode de gestion pouvant accroitre le niveau
d'efficience du capital. Il est sujet également aux risques et a pour
but le profit. Ce type d'investissement peut être fait également
par l'Etat. Il importe d'établir une différence entre
l'investissement Direct etranger et l'investissement de portefeuille car la
distinction entre ces deux types d'investissement est dans une certaine mesure
difficile à effectuer du fait que un faible degré de
participation au capital d'une entreprise étrangère peut
engendrer un pouvoir de contrôle. En effet, l'investissement de
portefeuille est caractérisé par l'achat de titres(actions ou
obligations) privés ou d'Etat ou des intérêts minoritaires
dans les entreprises en vue de tirer un certain profit sans un pouvoir de
contôle durable. Il permet aux investisseurs de diversifier ses risques
et de placer rentablement ses capitaux, sans la tâche de gérer et
de contrôler ne leur a pas été endossée. Les titres
provenant de ce type d'investissement change de mains en mains sans que
l'épargne étrangère mobilisée ne
génère de nouveaux investissements productifs.
En revanche, l'investissement Direct Etranger (IDE) est
reconnu par la littérature économique comme un moteur de
croissance important pour les petites économies ouvertes comme Hati. Car
le faible niveau d'investissement endogène dans les pays moins
avancés (PMA) par l'insuffisance des revenus et de l'épargne
intérieure. Donc, il un impératif pour les pays pauvres de
créer les conditions soci-économiques et politiques pour attirer
un financement extérieur de plus en plus accru pour assurer leur
développement. En ce sens, l'investissement direct étranger (IDE)
constitue un des apports de financement extérieur privé le plus
stable et le plus important.
Page | 57
C'est ainsi que, au cours de la période
sous-étude, en Haïti, les entrées nettes d'IDE sont
relativement faibles comparativement aux îles de la même
région respectivement République Dominicaine, Jamaïque,
Trinitad et Tobago, Cuba. Durant cette période, on registre un moyenne
annuelle de 20,75 millions de dollars américains en terme courants soit
1,39 % des entrées nettes totales pour la région ciblée ;
cependant en Républicaine Dominicaine, le flux moyen d'IDE s'est
estimé à 626.11 millions de dollars américains soit 42% du
montant total des entrées nettes totale d'IDE. Quant à la
Jamaïque, il enregistre un montant moyen de 311,26 millions de dollars
accusant un taux de 21% du montant total d'IDE pour la région
ciblée.Trinitad et Tobago a reçu une somme moyenne de 526,15
millions de dollars américains soit un taux de 35% du montant total
d'IDE atteint dans la région. Sauf, Cuba qui se trouve au-bas de
l'échelle par rapport à Haïti, il a réussi à
attirer un faible montant moyen d'IDE s'estimant à 10,2236 millions de
dollars américains soit -0.022% du montant total d'IDE alloué
à la région ciblée pour la période allant de 1980
à 2010.
Ce faible pourcentage d'IDE dans Les PMA surtout en Haïti
aurait été engendré par des contraintes tant
endogènes qu'éxogènes :Une instabilité politique et
économique, la taille réduite des marchés, une
insuffisance d'avantage comparatif et une faible compétitivité
des entreprises nationales capables des se partenariser avec les Firmes
TransNationales (FTN). Ces diverses contraintes d'ordre conjoncturel et
structurel fixent le loyer de l'argent à un pallier relativement
élevé, induisant des coûts de transaction auxquels doit
affronter tout investisseur penché vers l'espace économique
haïtien.
Graphique VIII : Évolution de L'IDE et de
L'Investissement privé en pourcentage du PIB (1981 à
2010)
45.00%
35.00%
25.00%
15.00%
-5.00%
5.00%
1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
2010
IDE/PIB INVP/PIB
Source: Calculs de l'auteur, IHSI & Banque Mondiale
(Données); Graphique(Auteur)
Page | 58
En observant le graphique ci-dessus, On contate qu'il existe
une nette asymétrie entre l'Investissement Direct Étranger et
l'investissement privé. L'Investissement Direct Étranger
évolue au dessous de 5% du PIB. Son poids dans l'économie
nationale est extrêmement faible. Il importe également de signaler
que les années 1991,1992,1993 et 1994 sont marquées par des flux
de désinvestissements en Haïti en termes d'IDE, soit respectivement
(-1.8 ;-2.2 ;-2.8 ;-2.8) millions de dollards E.U. Ces années
correspondent à l'embargo commercial et financier imposé à
Haïti et aux vives crises politiques qui ont miné le pays. En 1995,
ces flux sont brusquement affectés de signe positif soit 7.4 millions de
dollards E.U. Durant la période allant de 1995 à 2000, on a
assisté à un certain rebond de l'activité
économique en Haïti avec un taux de croissance de 3.75% en moyenne.
Au cours de cette même période, Haïti a reçu des flux
d'IDE s'élevant au total à 69.51 millions de dollards E.U soit
environ 107% des volumes totaux d'IDE(65.156 miliions de dollars E.U) pour la
période 1980 à 1994.
De tout cela, il revient à préciser que, cette
revitalisation, en terme d'IDE, est marquée par l'arrivée de la
compagnie ELF en Haïti en 1997 et les investissements
réalisés dans les industries d'assemblage ; en 1998, les flux
d'IDE ont grimpé par rapport aux années
précédentes, à 11 milions de dollards E.U s'expliquant par
l'acquisition de la minoterie d'Haïti par le Consortium Continental Grain
Co Seabord ayant injecté plus de 6 millions de dollards E.U. En 1999,
ces flux d'IDE sont passés de 11 millions à 30 millions, soit une
hausse de 179% environ, il convient de noter qu'en 1999, on a observé
à l'implantation sur le marché haïtien de récentes
compagnies (Comcel, Haitel, Rectel) de téléphone contribuant
ainsi à la variation à la hausse des flux d'IDE en 1999, comme il
a été signalé dans les lignes qui
précèdent.On a encore assisté à un repli des IDE de
2000 à 2004, soit un total de 43.05 millions de dollards E.U. Cette
période est marquée par la contestation des élections en
2000 faisant de Jean Bertrand Aristide le Président de la
République d'Haïti ; cette dite contestation a été
transformée en ardentes crises politiques. En 2005, après le
départ de Jean Bertrand Aristide, les IDE ont connu un certain
rétablissement, accusant une valeur de 26 millions de dollards E.U.
C'est en 2006, qu'on a enregistré en Haïti le plus haut volume
d'IDE (160.6 millions de dollards E.U), cette période est marquée
par l'arrivée de la compagnie de Téléphone appelé
DIGICEL, ayant grandement contribué à ce fort volume d'IDE jamais
connu en Haïti au cours de la période sous-étude. Au total,
pour la période allant de 2005 à 2010, le volume d'IDE est de
12523,85 millions d'IDE, soit une valeur moyenne 1043,65 millions de dollards
E.U.
Page | 59
En résumé, comme l'indique l'économiste
haïtien Fred DOURA, en dépit de l'importance de l'IDE, il ne doit
pas constituer le substratum de l'économie, ni être le poumon de
l'économie, sans quoi le développement soutenu, dans
l'intérêt national, est sujet à l'échec. À
mon sens, l'IDE doit corroborer à l'investissement privé
domestique.
2.5 L'investissement privé domestique en Hati 2.5.1
Contexte
L'investissement constitue un puissant moteur dans une
dynamique de croissance et de développement économique
endogène. Si vrai que, lorsque le taux d'investissement privé est
supérieur aux taux d'investissement public, celui de l'investisement
global varie à la hausse. Par contre, lorsque le taux d'investissement
privé est inférieur au taux d'investissement public, on observe
une baisse du taux d'investissement global. En analysant cette assertion
à travers le graphique V, on observe que
l'investissement global évolue suivant la tendance de l'investissement
privé. À chaque période de hausse de l'investissement
privé correspond une période de hausse de l'investissement
global, et, inversement à chaque période de baisse de
l'investissement privé, l'investissement global varie à la
baisse. Ainsi, au cours de la période allant de 1981 à 2010,
l'investissement privé formel représente en moyenne 92.76% de l'
investissement global, soit 22.75% du P11B en moyenne. L'investissement
privé est passé de 15.02% du P11B au cours de la
sous-période 1981-1986, à 16.58% au cours de la période
19861996, et s'est accru au cours de la période 1997 à 2010,
accusant un taux de 30.35% du P11B.
Ce type d'investissement se trouve confronté aux
problèmes de financement liès à la limitation de
l'intermédiation bancaire. Les taux pratiqués par les banques
commerciales, unique recours pour le secteur privé, sont pratiquement
élevés accusant un taux de 27.25% en moyenne annuelle. Tout ceci
a pour conséquence le repli du crédit bancaire, qui est
passé de 23.89 millions de gourdes à -2556.19 millions de gourdes
en 2010. Selon le rapport de Recherche de la BRH en 2010, la part de
l'investissement dans l'investissement global a en effet varié à
la baisse considérablement à partir de 1997, tout accusant une
tendance à la baisse tributaire d'une tendance haussière des taux
d'intérêts sur les prêts.
Page | 60
2.5.2 Les coûts de transaction et l'investissement
privé en Hati
Cependant, la hausse du loyer de l'argent et le repli du
volume de crédits accordés au secteur privé des affaires,
semble-il, ne constituent par la cause principale du repli des investissements
privés en terme de valeur et en terme d'efficience. car, les banques
commerciales, pour se prémunir des risques liés, compte tenu du
mauvais climat des affaires, aux accords de crédits, ont fixé le
loyer de l'argent à une hauteur très élevée soit
27.25% en moyenne ; compte tenu des marges de manoeuvre qu'ont les banques
commerciales sur le marché des changes. Les investisseurs eux, aussi,
compte tenu des coûts de transaction liés à
l'immatriculation et l'incorporation d'une nouvelle entreprise, comme le nombre
de jours requis, le capital minimum qui doit être versé à
l'occasion, s'en trouvent découragés.
C'est ainsi que, en dépit des aménagements
apportés avec la présence du CFI, en 2010, suivant le rapport de
« Doing business » , pour le démarrage d'une entreprise,
Haïti est classée 180ème avec 12
procédures qui prennent 105 jours. Pour l'octroi d'un permis de
construire, il est classé 139ème avec 9
procédures qui durent 1129 jours. Entre 2008 et 2009, il a fallu 195
jours pour créer une entreprise en Haïti contre seulement 64 jours
dans les autres pays de la région. Les coûts encourus pour le
démarrage d'entreprises sont de 159% le revenu par habitant contre 39%
dans la région. Au cours de cette même période, il requiert
1179 jours pour avoir des raccordements (eau,téléphone,et
électricité), contre 229 jours pour les acquérir, dans les
autres pays de la Caraïbe.
Cette analyse descriptive, nous permet de conclure, toutes
choses étant égales par ailleurs, que la principale variable
qui influe le plus sur l'investissement privé domestique formel et sa
productivité constitue le climat des affaires pris au sens
général (Cadre juridique et politique, situation
économique, gouvernance,etc.)
2.5.3 Les grandes firmes privées et leurs
filières d'investissements en Haïti
En plus de coûts de transactions, les filières
d'investissements en Haïti constituent un élément
prépondérant de la productivité des investissements. En
effet, la Direction Générale des Impôts (DGI) a
initié un classement des grandes entreprises en Haïti à
partir de l'exercice fiscal 2005/2006. Ce classement, ayant pour
référence principale l'impôt, est assuré par
l'unité de gestion et de contrôle fiscal. En 2005, À noter
que les six plus gros contribuables Comcell,
Comme il Faut, Les Moulins d'Haïti SEM, Texaco Haïti
INC, Haïti Télécommunication Int SA (Haitel), Unigestion
Holding SA (Digicel) ont respectivement contribué aux recettes fiscales
de l'exercice 2005-2006 pour des montants de 926,399,651.81 Gdes (un peu plus
de 23 millions de $ US au taux de 40 G pour 1$ US) ; 620,178,554.11 gourdes ;
620,145,442.97 gourdes ; 258,788,191.84 gourdes ; 252,146,451.58 gourdes et
138,618,621.43 gourdes.61
Pour l'exercice fiscal 2008-2009, les cent plus grands
contribuables auront acquitté en termes de taxes internes sept milliards
sept cent quatre-vingt-huit millions trois cent vingt mille Gourdes (7, 788,
320,000.00), ayant respectivement à leurs têtes encore les six
plus gros contribuables suscités à savoir Comme il faut, Les
Moulins d'Haïti SEM, Texaco Haïti INC, Haïti
Télécommunication Int SA, Unigestion Holding SA. Le classement
n'est pas différent pour les exercices allant de 2009 à 2013. Le
classement nous permet d'identifier les filières d'investissements qui
prédominent en Haïti. On retrouve les
télécoms, le tabac, la farine, la brasserie, les banques, les
compagnies pétrolières, le ciment. Cette situation nous
prouve que l'investissement privé en Haïti est concentré
dans le secteur tertiaire.
En plus, selon le dernier rapport du Ministère du
Commerce et de l'Industrie, plus de la moitié des entreprises
recensées évoluent dans le secteur Achat et
Vente, soit 75% au total. Elles sont 2 % à travailler dans la
transformation de matière première, et 1,4% dans le tourisme. Les
autres secteurs identifiés représentent chacun moins de 2%
(Artisanat Utilitaire : 1,4%, fabrication de produits par exploitation de
ressources : 0,8%). Près de 69% des entreprises declarent avoir un
chiffre d'affaire inférieur ou égal à 50,000,00
gourdes.
Tableau IV : Répartition des entreprises par
secteur d'activité
Secteurs d'activité
|
Centre
|
Nord
|
Nord-Est
|
Ouest
|
Sud
|
Total
|
Achat et vente de produits
|
87.9%
|
76.7%
|
62.0%
|
68.2%
|
77.1%
|
74.9%
|
Artisanat utilitaire
|
2.8%
|
1.3%
|
2.5%
|
1.1%
|
1.2%
|
1.4%
|
Assemblage et sous-traitance
|
0.4%
|
0.3%
|
0.0%
|
0.1%
|
0.5%
|
0.3%
|
Constructions et matériaux de construction
|
0.4%
|
1.2%
|
1.2%
|
1.2%
|
0.8%
|
1.1%
|
Fabrication de produits par exploitation de ressources
|
1.1%
|
0.7%
|
1.2%
|
1.1%
|
0.7%
|
0.8%
|
Tourisme et activités connexes, hôtellerie,
restaurants
|
1.6%
|
1.5%
|
1.4%
|
1.7%
|
1.1%
|
1.4%
|
Transformation de matières premières
|
1.0%
|
1.5%
|
1.5%
|
3.8%
|
2.6%
|
2.0%
|
Autres
|
0.9%
|
7.6%
|
13.9%
|
11.8%
|
7.0%
|
8.3%
|
Aucune réponse
|
3.8%
|
9.2%
|
16.3%
|
10.9%
|
9.1%
|
9.6%
|
Grand Total
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
Source : Ministère du Commerce et de l'Industrie
(MCI), 2012.
61 Cf. DGI, Unité de Gestion et de
Contrôle Fiscal.
Page | 61
En tenant compte d'une partie des recommandations de Monsieur
RAUSCH (seulement le chiffre d'affaire est considéré, le volet
nombre d'emplois n'est pas pris en compte), 90,18% des entreprises
recensées seraient hors catégories; elles ont toutes
déclaré un chiffre d'affaire inférieur à 96,000.00
gourdes. Les Micro-entreprises incluant les «activités
autonomes» seraient de 6,14% et les petites entreprises de 3,22%. Les
moyennes et les grandes entreprises représenteraient chacunes 0,36% et
0,11% respectivement. Ainsi, sur l'ensemble des entreprises recensées,
seulement 9,36% pourraient être considérées comme des
PME.
Graphique IX : Répartition des entreprises en
fonction de leurs chiffres d'affaire
100.00% 54.63%
0.00%
14.18% 11.37% 5.04% 3.16% 1.72% 9.91%
=25000 ]25001;50000] ]50001;100000] ]100001;150000]
]150001;200000]
Page | 62
Source : Ministère du Commerce et de
l'Industrie, 2012
Tout ceci témoigne que la faiblesse de la
productivité de l'investissement privé en Haïti est
tributaire des filières d'investissements. Ces dernières sont
à faible valeur, l'effet de richesse qu'elles induisent s'est
révélé faible.
2.5.4 Epargne intérieure brute et investissement
privé en Haiti
L'épargne intérieure brute est un indicateur qui
nous renseigne sur la capacite d'un pays à débloquer ses propres
capitaux pour financer les investissements, autrement dit, la non
dépendance vis-à-vis les capitaux étrangers. Globalement,
l'épargne domestique brute représente la différence entre
le P11B et les dépenses de consommation finale ;
précisément, il constitue de la partie du revenu national
disponible qui n'est pas affectée à la dépense de
consommation finale, celle des ménages ou celle des gouvernements. Elle
correspond aussi à la somme des différents secteurs
institutionnels.
Les taux d'épargne, rapport entre l'épargne
intérieure brute au P11B, sont relativement faibles voire
négatifs(voir tableau VII en annexe): Au cours de la
période sous-étude, l'épargne intérieure brute
représente en moyenne -10,73% en pourcentage du P11B. L'évolution
de l'épargne peut être décomposée en trois
sous-périodes : de 1981 à 1990, le taux d'épargne
Page | 63
intérieure brute représente en moyenne 7,20% du
PIB; de 1991 à 2000, Haïti a connu une situation de
désépargne affichant un taux de -21,33% en moyenne; De 2001
à 2010, il accusait un taux moyen de -18,05%. Ces faibles taux
d'épargne par rapport aux besoins de financement des investissements
engendrent une dépendance accrue du pays au financement
extérieur.
Graphique X :Evolution de l'épargne et de
l'investissement en pourcentage du PIB
-20.00%
-40.00%
40.00%
60.00%
20.00%
0.00%
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
Inv_priv/pib Epargne/pib
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Source : BRH (Données) et
Auteur(Graphique)
Cependant, l'épargne en vue d'accumuler du capital a
pour coût d'opportunité la consommation courante,
c'est-à-dire elle nécessite le sacrifice de la consommation
courante, de manière à dégager des ressources servant
à la production des biens de consommation.Vu sous cet angle, l'on
comprend pourquoi qu'Haïti n'arrive pas à dégager une
épargne brute considérable compte tenu de la faiblesse du revenu
réel par habitant. Le taux de croissance du PIB per capita
représente en moyenne -0,81%, ce qui sous-entend que la majeure partie
de la population se trouve déjà réduite à un
minimum vital de subsistance, donc il n'est pas évident que cette
population arrive à différer sa consommation actuelle sous forme
d'épargne brute. Donc, la quasi-totalité du revenu de la
population haïtienne est consacrée à sa subsistance ;
d'où la très grande propension à consommer de cette
population. Au cours de la période sous-étude, la consommation
globale représente en moyenne 111% du PIB. Cet état des lieux met
en opposition la consommation courante urgente avec l'épargne,
d'où une nette incapacité à mobiliser un capital interne
positif. Il existe aussi une minorité qui épargne à
l'intérieur du pays, souvent l'épargne de cette minorité
est transportée à l'étranger à cause des
plus-values que procurent ces montants sur le marché financier
international surtout des pays industrialisés ou également
à des fins de précaution en cas de crise politique.
Page | 64
Les faibles taux d'épargne en Haïti s'expliquent
également par les faibles taux de rémunération des comptes
bancaires représentant 3,76 % de 1994 à 200162. Compte
tenu des taux moyens d'inflation élevés en Haïti d'environ
23 %, lorsque un compte de dépôt est rémunéré
à un taux relativement faible, il est clair que chacune des gourdes
s'est aussi dépréciée et le pouvoir d'achat a autant
baissé ; ce qui ne se cadre pas à une politique incitative de
l'épargne nationale. Donc, en faisant un placement dans une banque
haitienne, le déposant tend à s'appauvrir. Ce dernier sans s'en
rendre compte parfois, est en train de verser un intérêt à
la banque. C'est pourquoi les déposants avisés épargnent
à l'étranger. Car autant que les taux d'inflation sont importants
par rapport aux taux d'intérêt, plus sera considérable la
fuite des capitaux qui pourraient constituer l'épargne intérieure
brute pour accumulation de capital en Haïti.
En somme, nous pensons qu'il importe une action de
l'État pour défaire le dilemme épargne/investissement
privé. Cette action pourrait se faire sur deux axes : d'une part,
créer de nouveaux emplois en vue d'augmenter les revenus réels
par tête, ce qui serait susceptible de faire augmenter le ratio
épargne/PIB ; d'autre part, stimuler l'épargne privée en
agissant sur les taux d'intérêt, par des incitatifs fiscaux et des
politiques monétaires adéquates et en palliant les
déficiences du marché des capitaux en Haïti. Car,
l'épargne, accumulation nationale, est l'une des conditions importantes
du développement économique durable et auto-entretenu. Ainsi, un
taux élevé d'épargne faciliterait un accroissement de
l'investissement et allégerait la dépendance du pays à
l'égard du financement externe.
2.5.5 Crédit accordé au secteur privé
par les banques commerciales en Haïti
Les banques commerciales ont pour fonction principale de faire
des prêts c'est-à-dire d'accorder des crédits car l'offre
de monnaie par les banques est réputée comme déterminante
pour l'investissement, par extension pour la croissance économique.
À noter que, les banques commerciales, en octroyant des crédits,
créent de la monnaie mais elles ne créent pas pour autant de la
richesse. Car, l'augmentation de l'offre de monnaie ne peut pas faire varier
à priori la quantité de biens et services produits dans
l'économie, mais de toute façon elle peut faire varier à
la hausse le niveau des prix sur le marché.
62 Voir Doura, 2003.
Page | 65
Selon l'économiste haïtien Fred DOURA(2002), dans
le système financier haïtien, moins de 1% de détenteurs de
comptes courants et d'épargne arrivent à détenir un octroi
de prêt de ce dit système. Il poursuit pour dire que, plus
précisément des prêts sont octroyés à 0,4% de
l'élite de la population.
Graphique XI: Évolution du taux de crédit
et du taux d'investissement de 1981 à 2010
-10.00%
40.00%
50.00%
30.00%
20.00%
10.00%
0.00%
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
cred/pib Inv-priv/pib
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Source : Calculs propres éffectués à
partir des données de la BRH
En observant le graphique, nous constatatons que le
crédit accordé au secteur privé évolue au dessous
de 10% du PIB au cours de la période sous-étude. Il
représente en moyenne 0.66% en pourcentage du PIB de 1981 à 2010.
Cependant, pour cette même période, l'investissement privé
affichait un taux de 18.40% en pourcentage du PIB.
Ce manque de crédit officiel engendre des
conséquences néfastes tant au niveau microéconomique que
macroéconomique : au niveau microéconomique, il peut être
considéré comme l'une des raisons fondamentales à
l'explication de l'exclusion sociale et de la pauvreté que connait
Haïti. Au niveau macroéconomique, il peut être
considéré comme un obstacle majeur à la croissance et au
développement du pays.
En somme, l'un des facteurs majeurs qui influent tant sur le
volume que sur la productivité des investissements est la qualité
des institutions et de la gouvernance. Des institutions plus solides et une
gouvernance meilleure peuvent contribuer à réduire les risques et
à abaisser les coûts, ce qui devrait à la fois favoriser le
développement des investissements et de leur productivité. Nous
allons modéliser cette assertion à travers le chapitre qui
suit.
Page | 66
CHAPITRE IV
LES DÉTERMINANTS DE L'INVESTISSEMENT : Un
Modèle à Équations Simultanées
(MES)
Suite aux exposés théoriques sur les variables
explicatives de la décision d'investissement inscrits dans le cadre de
notre étude et aux analyses descriptives y afférentes au sein de
l'économie haïtienne, il importe d'effectuer une analyse
économétrique permettant de mesurer les impacts des variables
explicatives et de vérifier les hypothèses. L'étude de
plusieurs phénomènes économiques tels que les
comportements de consommation, de production, d'investissement, d'importation
et d'exportation nécessitent la prise en compte du problème
d'endogénéité tant que les variables testées
interagissent simultanément. Pour cela, nous avons opté par
anticipation pour le MES, qui, à notre sens, répond aux exigences
théoriques de notre modèle, compte tenu du double statut de
certaines variables explicatives. Ce qui nous renvoie aux problèmes
d'endogénéité et de simultanéité.
Ce chapitre comprend deux sections : la première
présente les généralités importantes sur le
modèle à équations simultanées, et la seconde
présente les analyses sur le modèle retenu pour mettre à
l'épreuve les hypothèses de travail.
SECTION I : Présentation générale
du Modèle à Équations Simultanées (MES)
L'une des approches le plus souvent retenue dans le cadre de
l'étude des déterminants de l'investissement est le Modèle
à Équations Simultanées. Ce modèle a
été choisi par le fait que certaines variables explicatives de
l'investissement ont un double statut par exemple le PIB et le taux
d'intérêt. Ce problème d'endogénéité
de ces variables exige à définir d'autres équations visant
à les expliquer. Ces équations étant dépendantes
mutuellement, l'interaction existant entre les variables a des
conséquences prépondérantes au niveau de l'estimation de
chacune des équations et sur le modèle globalement.
Nous débuterons avec l'écriture
générale du MES avant de nous verser sur les conditions requises
pour estimer les paramètres du modèle, ce qu'on entend par
l'identification. Ensuite, nous tenons à présenter les
méthodes d'estimations relatives aux modèles à
équations simultanées.
1.1 Écriture du modèle à
équations simultanées (MES) 1.1.1. D'un exemple
introductif...
Soit un système comportant trois (3) équations
composé de variables centrées :
= +
= + +
(1)
(2)
(3)
Page | 67
Où l'équation (1) est celle de la demande,
représentant la quantité demandée d'un bien
quelconque, son prix et le revenu. L'équation (2) est
l'équation d'offre, désignant la
quantité offerte du bien considéré. et
désignent les termes d'erreur, encore dénommés
perturbations. Les équations d'offre
et de demande sont des équations de comportement.
L'équation (3) représentant l'égalité entre l'offre
et la demande, est appelée équation
d'équilibre. Il importe de signaler que les équations
d'équilibre ne recueillent aucun terme d'erreur.
Les équations de ce dit système, provenant de la
théorie économique, sont appelées équations
structurelles. Dans ce système, les variables de
quantité et de prix sont interdépendantes,
mutuellement endogènes. Le revenu est une variable
exogène, au cas où elle n'est pas
générée par le système.
Ce système est qualifié de
système complet car il renferme autant
d'équations que de variables endogènes.
Écrivons chacune des variables endogènes en
fonction de la variable exogène et des termes
d'erreur et . D'après l'équation (2), on peut
écrire :
pt = qt - (4)
Reportons cette expression dans (1), ce qui donne :
Page | 68
Qt = á1( qt - ; ) + á2ãt +
(5)D'où : qt =
yt +
(â1 - á1 ) (6)
En posant :
?1=
(7)
Et t = (â1 - á1 ) (8)
On peut réécrire l'équation (6) de la
manière suivante :
qt = ?1yt + t
Reportons l'expression (6) dans (4), on a :
|
(9)
|
=
pt [
|
+
|
|
- á1
|
|
(10)
|
|
yt
|
[â1
|
|
|
+
|
|
- )
|
|
(11)
|
: pt
|
yt
|
(
|
|
|
|
|
|
|
?2 =
|
|
|
|
|
(12)
|
|
|
- )
|
|
|
|
(13)
|
|
u2t (
|
On peut réécrire l'équation (11) de la
manière suivante :
Pt = ?2Ót + u2t (14)
En réunissant les équations (9) et (14), le
système d'équations s'écrit finalement :
qt = ?1yt + t (15)
Pt = ?2Ót + u2t (16)
Nous avons écrit chacune des variables endogènes en
fonction de la variable exogène et d'un terme d'erreur aléatoire.
C'est ce qu'on dénomme la forme réduite du
modèle. Les équations (9) et (14) sont appelées
équations réduites.
Les variables endogènes sont corrélées avec
les termes d'erreur, ce qui entraine que les estimateurs des MCO ne sont plus
convergents. Il est également possible d'utiliser un estimateur des
variables instrumentales ou un estimateur des moindres carrés en deux
étapes.
1.1.2 .... À la formulation générale
des modèles à équations simultanées
La forme structurelle du modèle à équations
simultanées, dans le cas général, s'écrit comme
suit :
+ +...+ + + +... + =
+ +...+ + + +... + =
Page | 69
...
+ +...+ + + +... + =
Ce modèle renferme M équations et M variables
endogènes ( , , ..., ). Il comporte k
variables exogènes ( , ,..., ) pouvant également
contenir des valeurs prédéterminées
des variables endogènes. Il importe de signaler que l'une
des variables peut être munie de 1 en
vue de tenir compte du terme constant dans chacune des
équations. Les termes d'erreur ( ,
, ..., ) sont dénommés perturbations
structurelles.
B =
; Y=
; X=
?3t
...
...
...
; I' =
...
...
...
Ce modèle peut encore s'écrire sous forme
matricielle de la manière suivante : BY + I'X = E
;E =
Page | 70
Chacune des équations contient une des variables
endogènes ayant un coefficient égal à 1 : c'est
précisément la variable dépendante. Ce qui signifie que
dans la matrice B, chacune des colonnes renferme au moins une valeur
égale à 1. Il s'agit de la normalisation. Par
contre, les équations dans lesquelles tous les coefficients sont
égaux à 1 et dépourvues de perturbations sont les
équations d'équilibre.
Au cas où la matrice B est non
singulière63, elle est inversible et la forme réduite
du modèle peut être dérivée rendant possible
d'exprimer la matrice Y en fonction de la matrice X :
Y = -B-1 X
+ B-1å
Il convient de rappeler que la forme réduite permet
d'exprimer chaque variable endogène en fonction des variables
exogènes ou prédéterminées et des perturbations. Il
importe aussi de noter que les équations de la forme réduite
peuvent être estimées par les MCO, car les variables
endogènes sont supposées non corrélées avec les
termes d'erreur. Après avoir estimé les paramètres des
équations de forme réduite, il est susceptible de
déterminer les paramètres des équations structurelles en
utilisant la méthode des moindres carrés
indirects.
Le passage de la forme structurelle n'est pas aisé dans
la pratique comme il en est en théorie. En effet, le fait de connaitre
les éléments de la matrice ( B-1 ) dans la forme
réduite ne permet pas de déterminer c'est-à-dire
d'identifier les matrices B et séparément. On détient un
système de (M × k) équations à (M × M) + (M
× k) inconnues qui ne peut être résolu sans certaines
restrictions : C'est ce qu'on appelle le problème de
l'identification.
1.1 Le problème de l'identification
Le problème de l'identification se situe sur les
conditions requises pour déduire les estimateurs des paramètres
de la forme structurelle à partir des estimateurs des paramètres
de la forme réduite. Le problème provient de la
compatibilité qui peut être existée entre plusieurs
estimations de coefficients structurels avec les mêmes séries de
données. Autrement dit, à une équation de forme
réduite peuvent correspondre plusieurs équations
structurelles.
63 La matrice B est dite non singulière selon
la condition intitulée `'condition de
complétude».
Page | 71
Les conditions d'identification se déterminent
équation par équation. Trois scénarios sont susceptibles
d'apparaître :
- Au cas où il est impossible de déduire les
estimateurs des paramètres de la forme structurelle à partir des
estimateurs de la forme réduite, le modèle est dit non
identifié ou sous-identifié. Ainsi, un modèle est
sous-identifié si une équation du modèle est
sous-identifiable. Cela sous-entend que le nombre d'équations est
inférieur au nombre de paramètres à identifier dans la
forme structurelle et il n'est plus possible de résoudre le
système.
- Si les estimateurs des paramètres de la forme
structurelle peuvent être déterminés de la forme
réduite, le modèle est dit identifié. Ici, on peut
repérer deux cas de figure :
- Le modèle est exactement (ou pleinement ou
strictement ou juste) identifié si toutes ses équations sont
strictement identifiables, c'est-à-dire si des valeurs uniques des
paramètres structurels peuvent être déduites.
- Le modèle est sur-identifié si les
équations sont sur-identifiables, c'est-à-dire si plusieurs
valeurs peuvent correspondre aux paramètres structurels.
1.2.1 Conditions de rang et d'ordre d'identification
Rappelons que la forme structurelle est donnée par
l'expression :
BY + IX = E
Et la forme réduite par :Y =
-B-' IX +
B-'E Soit : Y= IIX + t avec II =
-B-' I et t = B-'E
Ainsi, trois paramètres sont à déterminer :
- La matrice B qui est une matrice non singulière de
taille (M X M).
- La matrice de variance-covariance des perturbations
structurelles, notée ?E.
La forme réduite renferme les paramètres connus
suivants :
- La matrice des coefficients de la forme réduite II de
taille (M × k).
- La matrice de variance-covariance des perturbations de la forme
réduite notée ?t.
Page | 72
Le nombre de paramètres structurels est égal
à M2 + Mk + et le nombre de paramètres
de la forme réduite est donnée par : Mk + .
L'écart entre le nombre de paramètres
structurels et celui de la forme réduite est donc
égal à M2, ce qui correspond au nombre
d'éléments inconnus dans la matrice B. Par conséquent, si
l'on ne détient aucune information supplémentaire
l'identification est impossible. L'information supplémentaire peut
être de plusieurs types, en fonction de la nature des contraintes ou des
restrictions que l'on impose sur les coefficients de la forme structurelle :
Normalisation, identités, relations d'exclusions, restrictions
linéaires ou encore restrictions sur la matrice de variance-covariance
des perturbations. Etalons successivement ces cinq points.
- Normalisation : Comme nous l'avons déjà
mentionné, dans chaque équation, une des variables
endogènes a son coefficient égal à 1 : il s'agit de la
variable dépendante. L'imposition de la valeur 1 à un coefficient
est appelé normalisation. Ce processus rend possible la
réduction du nombre d'inconnus dans la matrice B, puisque l'on a alors M
(M-1) et non plus M2 éléments à
déterminer.
- Identités : les relations d'équilibre et
identités comptables n'ont pas à être identifiées :
les coefficients associés aux variables qui figurent dans ces
modèles sont fréquemment égaux à 1.
- Relations d'exclusion : le fait d'omettre une des variables
dans l'une des équations du modèle est pris comme une relation
d'exclusion. En ce sens, on affecte à la variable en question un
coefficient nul. En d'autres termes, cela revient à mettre des
zéros dans les éléments des matrices B et/ou . Une
pareille démarche permet de toute évidence de diminuer le nombre
de paramètres inconnus et rend plus accessible l'identification.
- Restrictions linéaires : En relation avec la
théorie économique, bon nombre de modèles comprennent des
variables affectées d'un coefficient identique. L'imposition de
pareilles restrictions sur les paramètres rend plausible la
méthode d'estimation en réduisant le nombre de paramètres
inconnus.
- Restrictions sur la matrice de variance-covariance des
perturbations : Ces dites restrictions sont semblables à celles
imposées sur les paramètres du modèle. Il revient à
placer des zéros dans certains éléments de la matrice de
variance-covariance lorsqu'on impose la non-corrélation entre les
perturbations structurelles de plusieurs équations.
Page | 73
1.2.2 Conditions d'identification
Soit une équation j respective du
modèle à M équations simultanées. Les coefficients
associés à cette équation figurent dans les
j-ièmes colonnes des matrices B et/ou . En plus on admet que
:
- Un des éléments de la matrice B est égal
à 1 dans cette équation (normalisation),
- Certaines variables qui figurent dans d'autres équations
sont omises dans cette équation (relations d'exclusion).
On consigne :
- M le nombre de variables endogènes du modèle,
c'est-à-dire le nombre d'équations du modèle,
- k le nombre de variables exogènes que contient le
modèle.
- Mj le nombre de variables endogènes qui figurent dans
l'équation j considérée, M*j représente
le nombre de variables endogènes exclues de l'équation j,
- Kj le nombre de variables exogènes qui figurent dans
l'équation j considérée, k*j
représentant le nombre de variables exogènes omises de
l'équation j.
Le nombre d'équations du modèle M est donné
par : M = Mj + M*j + 1
Et le nombre de variables exogènes j est égal
à : k = Kj + k* j
Le nombre d'équations devant être au moins
égal au nombre d'inconnues, désignant ainsi la condition d'ordre
pour l'identification de l'équation j :
k* j = Mj
Cette condition stipule que le nombre de variables exclues de
l'équation j doit être au moins égal au nombre de variables
endogènes incluses dans cette même équation j. Il importe
de noter que la condition d'ordre est une condition nécessaire à
l'identification, mais non suffisante. Autrement dit, elle admet que la
j-ième équation de la forme réduite admet une
solution. Mais, la condition d'ordre ne laisse pas entrevoir l'unicité
de la solution. Pour
Page | 74
garantir cette dernière, la condition de rang est
nécessaire. Cette condition fait l'imposition d'une restriction sur la
sous-matrice de la matrice des coefficients de la forme réduite et
garantit une solution unique pour les paramètres structurels
étant donné les paramètres de la forme réduite. Il
est plausible d'exprimer cette condition de rang de la façon suivante :
l'équation j est identifiée si on peut avoir au moins un
déterminant non nul d'ordre (M- 1, M1) à partir des coefficients
des variables exclues de l'équation j, mais incluses dans les autres
équations du système.
En considérant, par ailleurs, les restrictions
linéaires sur les paramètres, la condition d'ordre devient :
rj + k*j ? Mj
Où rj représente le nombre de restrictions
autres que celles d'exclusions. En tenant compte simultanément des
relations d'exclusion et des restrictions linéaires, la reformulation de
la condition d'ordre est possible. En notant Sj le nombre total des
restrictions, c'est-à-dire :
Sj = rj + k*j + M*j
On peut écrire la condition d'ordre de la manière
suivante :
Sj ? M-1
Comme nous l'avons évoqué au début de cette
sous-section, trois cas sont alors possibles :
- Si rj + k*j < Mj , ou si la condition de rang
n'est pas vérifiée, le modèle est sous-identifié. -
Si rj + k*j = Mj et que la condition de rang est
vérifiée, le modèle est exactement identifié. - Si
rj + k*j > Mj , et que la condition de rang est
vérifiée, le modèle est sur-identifié.
1.3 Les méthodes d'estimation
L'identification est en soi un pré-requis à
l'estimation d'un modèle à équations simultanées,
en ce sens qu'elle précise les conditions requises à l'estimation
d'un modèle. Si vrai qu'il est impossible d'estimer un modèle
sous-identifié, uniquement les modèles justes identifiés
ou sur-identifiés sont estimables.
Page | 75
Les méthodes d'estimation des modèles à
équations simultanées sont en majeur partie des méthodes
de variables instrumentales et sont classées en deux catégories
:
- Les méthodes d'estimation à
information limitée : On procède à l'estimation
du système équation par équation.
- Les méthodes d'estimation à
information complète : L'estimation du système se fait
globalement, en d'autres termes on estime simultanément les M
équations du modèle.
Les méthodes d'estimation à information
limitée, comme leur nom l'indique, consiste à négliger
l'information contenue dans les autres équations. On retrouve dans cette
catégorie les méthodes des moindres carrés indirects, des
doubles moindres carrés, des moments généralisés ou
la méthode du maximum de vraisemblance à information
limitée et les estimateurs de classe K.
Par contre, dans les méthodes à information
complète, on utilise de manière globale toute l'information
détenue par les M équations. Dans cette nouvelle
catégorie, on répertorie les méthodes des triples moindres
carrés, du maximum de vraisemblance à information complète
ou encore l'estimation par la méthode des moments
généralisés de systèmes d'équations. Ces
méthodes sont moins utilisées dans la réalité que
les méthodes à information limitée en raison de trois
contraintes essentielles : existence de solutions non linéaires sur les
paramètres, lourdeur des calculs et sensibilité aux erreurs de
spécification.
En ce sens, nous nous limitons à présenter deux
méthodes d'estimation à information limitée : les moindres
carrés indirects et les doubles moindres carrés.
1.3.1 Les moindres carrés indirects (MCI)
Les moindres carrés indirects est une méthode
d'estimation qui s'applique aux équations qui sont juste
identifiées. Généralement, cette méthode consiste
à estimer les paramètres de la forme réduite par la
méthode des MCO et à en déterminer les coefficients de la
forme structurelle par une transformation particulière des coefficients
de la forme réduite. La description de cette méthode peut se
faire en trois étapes :
- Dans la première étape, on transforme la forme
structurelle du modèle en forme réduite.
- La deuxième étape consiste à estimer
les paramètres de chacune des équations de la forme
réduite par les MCO.
Page | 76
- La troisième étape vise à
déduire les paramètres de la forme structurelle à partir
des paramètres estimés de la forme réduite. Cette
détermination est rendue possible grâce aux relations
algébriques qui lient les coefficients structurels et ceux de la forme
réduite. L'unicité de la solution est assurée du fait que
le modèle est justement identifiable.
Il importe de noter qu'il existe une relative
incompatibilité entre l'estimateur des MCI de la forme réduite et
celui de la forme structurelle. Car, l'estimateur des MCI de la forme
réduite est un estimateur BLUE et l'estimateur des coefficients
structurels est un estimateur biaisé dans le cas de petits
échantillons. En plus, la forme réduite d'un système n'est
pas facile à déterminer dans la pratique. A cet effet, la
méthode des MCI s'emploie rarement en pratique. La méthode des
doubles moindres carrés est fréquemment employée.
1.3.2 Les doubles moindres carrés ( DMC )
La méthode ds doubles moindres carrés est la
méthode la plus employée dans le cadre de l'estimation des
modèles à équations simultanées. Elle s'applique
aux modèles justement identifiables ou sur-identifiables.
Cette technique d'estimation comprend deux étapes qui
revient à mettre en application deux fois la méthode des MCO :
La première vise à régresser chacune des
variables endogènes sur l'ensemble des variables
prédéterminées ; ce qui permet d'abroger la
corrélation existant entre variables endogènes et les termes
d'erreurs. On aboutira à un système correspondant à un
système en forme réduite au cas où toutes les variables
endogènes s'écrivent uniquement en fonction des variables
exogènes. De l'estimation de ces équations, on déduit les
valeurs estimées des variables endogènes.
La deuxième étape consiste à substituer
les variables endogènes situant à droite des équations
structurelles par leurs valeurs estimées dans la première
étape.
L'estimateur des doubles moindres carrés peut
être considéré comme un estimateur des variables
instrumentales où les instruments employés sont les valeurs
estimées des variables endogènes.
Page | 77
Section II : Présentation de notre
modèle
Dans cette présente section, nous présentons le
modèle économétrique visant à tester,
interpréter les hypothèses de travail. Ces hypothèses
répertorient certaines variables du modèle d'examen des
investissements en Haïti pour la période 1981-2010. Entre autres,
nous présentons la spécification du modèle, la
méthode d'estimation retenue et les signes attendus des coefficients des
variables explicatives et l'estimation et l'interprétation du
modèle. Nous tenons tout d'abord à présenter la
méthodologie retenue dans le cadre du choix des variables
explicatives.
2.1 Méthodologie : Choix des variables
explicatives
L'étude empirique du comportement des investissements
et de la productivité de l'investissement privé pour un pays
donné est complexe, du fait que la théorie nous offre une
panoplie de variables explicatives qu'on ne peut pas, à priori,
intégrer dans un modèle. Le modèle retenu, bien qu'il soit
modifié, est inspiré de celui de Hall & Jones (1999) incrit
dans notre revue de littérature. Dans le modèle de Hall et Jones
(1999), l'inverse de la productivité
marginale du capital ( log / ) est fonction de l'infrastructure
sociale64. Ainsi, nous avons
modifié le modèle de Hall et Jones du fait que
nous avons adopté la méthode des variables indicatrices au lieu
de fabriquer un indice pour retenir l'effet de l'infrastructure sociale. Nous
retenons comme modèle empirique de l'étude de la
productivité de l'investissement privé dans le cas d'Haïti,
la régression dont les variables exogènes sont : Le cadre
légal et institutionnel (CLI), l'instabilité politique (InstP),
la croissance du PIB réel par habitant (PIB) et l'investissement public
(INVG).
La spécification du modèle des
déterminants de l'investissement privé est
représentée par l'équation suivante :
ICOR = á1LINVG + á2INST + á3CLI +
á4LPIB + Ut (1)
Où « L » situé devant chaque variable
représente son logarithme exprimant leur taux de croissance,
ICOR(Incremental Capital Outpout Ratio) est le rapport de la variation de
l'investissement privé et le taux de croissance du PIB, CLI
représente le Cadre légal et institutionnel, InstP
l'instabilité politique, PIB désigne le PIB réel per
capita. Il importe de
64 Voir Hall & Jones, p.109, tableau IV.
Page | 78
relater que le cadre légal et institutionnel est une
variable indicatrice prenant 0 comme valeur s'il existe un cadre légal
favorable à l'investissement et 1 sinon; et également
l'instabilité politique une variable indicatrice ayant 0 pour valeur
dans le cadre d'une stabilité politique et 1 sinon.
Étant donné que la croissance du PI3 réel
est une variable endogène, on a défini une équation de
croissance. Cette dernière est inspirée du modèle de
croissance de Mankiw, Weil et Romer (1992). Nous avons modifié ce
dernier en substituant le capital humain par l'investissement public. Le PI3
réel dépend de la population (N), et de l'investissement
privé á la période t et de l'investissement public.
La spécification de l'équation de croissance est
exprimée par l'équation suivante : LPI3= á5LN +
á6LINVG + á7 LINVPt + Ut2 (2)
2.2 Spécification du modèle
À partir des équations (1) et (2), on a abouti
à un modèle à équations simultanées (MES)
dans lequel l'investissement privé et le PIB réel sont des
variables endogènes :
ICOR= á1LINVG + á2INST + á3CLI +
á4LPIB + Ut (1) LPIB=á5LN + á6LINVG + á7 LINVPt +
Ut2 (2)
2.3 Étude d'identification du modèle à
équations simultanées (MES)
Soient g, g', k et k' le nombre de variables endogènes
du modèle, le nombre de variables endogènes d'une
équation, le nombre de variable explicatives du modèle, le nombre
de variables explicatives d'une équation respectivement. De ce fait, on
a alors pour le système : g = 2 et k = 5 et pour les
1ères, 2èmes équations, on a
respectivement : (g'=2 et k'=3) ; (g'=1 et k'=3).
Identification de la première équation
.(g-1=1) < (g-g'+k-k' = 2) 4 l'équation est sur
identifiée
Identification de la deuxième équation
.(g-1=1) < (g-g '+k-k' = 3) 4 l'équation est
sur-identifiée
Les deux équations du modèle étant sur-
identifiées, le modèle est donc sur- identifié.
Page | 79
2.4 Méthode d'estimation du modèle
L'estimation du système (3) ne peut pas se faire par
les Moindres Carrés Ordinaires (MCO) car ici il pose un problème
d'endogénéité. Car, en effet, l'estimation par les MCO
requiert l'exogénéité de toutes les variables explicatives
c'est-à-dire leur non-autocorrélation avec le terme d'erreur. La
violation de cette hypothèse rend les estimateurs des MCO biaisés
et non-convergents. Pour pallier à ce problème, il est
recommandé d'utiliser la méthode des variables instrumentales.
Cette méthode consiste à recueillir des variables qui sont
fortement corrélées avec la variable source
d'endogénéité et qui ne sont pas corrélées
avec le terme d'erreur. Dans le cadre d'un système d'équation
sur-identifié, seulement trois méthodes donnent la
possibilité d'utiliser des instruments :
1-La méthode des triples moindres carrés qui
constitue la version double des moindres carrées des modèles SUR
(Seemingly Unrealated Régression), Les modèles SUR sont des
régressions multivariées qui tiennent en compte
l'hétéroscédasticité et l'autocorrélation
des erreurs entre les équations.
2-La méthode des moments
généralisés qui ne requiert pas d'information sur la
distribution exacte des erreurs.
3- La méthode des doubles moindres carrés qui
est applicable lorsque certaines variables explicatives sont
corrélées avec le terme d'erreur et lorsqu'il n'existe pas de
problème d'hétéroscédasticité ou de
corrélations entre les erreurs. Cette méthode a été
retenue pour l'estimation de notre modèle. Le fondement de la
méthode des DMC est basé sur l'application en deux étapes
des MCO. La première étape consiste à régresser
chacune des variables endogènes sur toutes les variables
exogènes. Ensuite, dans une deuxième étape, il importe de
substituer les variables endogènes situant à droite des
équations structurelles par leurs valeurs ajustées à
l'aide des modèles estimés. Cette procédure des DMC s'est
révélée un peu lourde dans son application, par contre les
logiciels donnent la possibilité de mettre en oeuvre cette
méthode en une seule instruction. Par exemple, l'instruction d'Eviews,
en vue d'estimer notre modèle, est la suivante:
object New object System.
Le système s'écrit de la manière
suivante: inst cli inst ln linvg linvp(-1)
Icor = c(1)*linvg + c(2)*cli + c(3)*instP +c(4)*lpib
Lpib = c(5)*ln + c(6)*linvg + c(7)*linvp.
Les variables précédées de "inst"
sont les instruments qui sont les variables explicatives du
modèle.
Page | 80
2.5 Signes anticipés des coefficients des variables
explicatives du modèle
Equation d'investissement privé :
- La relation entre la productivité de l'investissement
privé et l'investissement public est positive selon Barro (1990).
-La relation entre la productivité de l'investissement et
la gouvernance politique est mitigée : négative au cas où
il existe une mauvaise gouvervance et positive si il en existe une bonne
gouvernance selon les théoriciens de l'école institutionnelle.
-La relation entre la productivité de l'investissement et
le cadre légal et institutionnel est mitigée (positive ou
négative) selon le modèle de la Banque Mondiale (Doing Business )
et les Institutionnalistes.
-La relation entre le PIB par tête et l'investissement
privé est positif selon le modèle
d'accélérateur.
Equation de croissance :
-La relation entre la croissance du PIB et l'investissement
public est posif selon les théoriciens de la croissance
endogène.
-La relation entre la croissance du PIB et la croissance de la
population est négative suivant le modèle de Solow.
- La relation entre l'investissement privé et la
croissance economique est positive selon le modèle de Solow.
2.6 Estimation du modèle65
Equation d'investissement: ICOR=
(-0.249534)*LINVG (-0.987089)*CLI
(-1.767706) *INST (-1.091702)
*LPIB
Equation de croissance du PIB: LPIB=
(-0.704062)*LN (-0.051170)*LINVG + (
0.712994) *LINVP
Instruments: CLI INST LN LINVG LINVP(-1) C
65 Voir tableau XIV en annexes.
Page | 81
Tableau V : Présentation des résultats de
l'estimation
Variables
|
Investissement Publics
|
Instabilité politique
|
Cadre légal et
institutionnel
|
Taux de croissance du PIB per capita
|
Population
|
Investissement privé
|
ICOR (ÄY/ÄK)
|
0.249534
(-0.201262)
|
-1.767706
(-0.426400)
|
-0.987089
(-0.208330)
|
-1.091702
(-0.568062)
|
NA
|
NA
|
Taux de croissance du PIB per capita
|
-0.051170
(-0.577027)
|
NA
|
NA
|
NA
|
-0.704062
(-35.47524)
|
0.712994
(8.344860)
|
(...) : T-student
2.7 Interprétations des équations du
modèle
2.7.1 Interprétation de l'équation
d'investissement
Effets des dépenses d'investissements publics
Les dépenses d'investissements publics
représentent, dans nos régressions, un déterminant
pertinent du niveau de productivité de l'investissement privé
(ICOR). Les dépenses d'investissements publics ont un impact
négatif considérable sur la productivité de
l'investissement privé, soit un coefficient de -0.249534 ; Cela signifie
que une hausse d'un point de pourcentage des dépenses d'investissements
publics est susceptible d'entrainer, toutes choses étant égales
par ailleurs, une baisse de 0.249534% du niveau de productivité de
l'investissement privé. Ce résultat indique les dépenses
d'investissements publics ne créent pas des externalités
positives sur les investissements productifs en Haïti.
Effet du cadre légal et institutionnel
Le résultat de nos régressions indique que le
cadre légal et institutionnel a un fort impact négatif
considérable et statistiquement non significatif sur le niveau de
productivité de l'investissement privé, soit un coefficient de
-0.987089 et une probabilité associée au T-student de 0.8358 ;
Donc, une hausse d'un point de pourcentage du cadre légal et
institutionnel est susceptible d'entrainer une baisse de 0.987089 point de
pourcentage du niveau de productivité de l'investissement privé,
toutes choses étant égales par ailleurs. Ce résultat
indique que le cadre légal et institutionnel d'Haïti
décourage la promotion des investissements productifs en Haïti.
Donc, il faut améliorer le cadre légal et institutionnel en
Haïti.
Effet de la gouvernance politique
La gouvernance politique a un faible impact négatif et
statistiquement non significatif sur le niveau de productivité de
l'investissement privé en Haïti, accusant un coefficient de
-1.767706 et
Page | 82
une probabilité associée au T-student de 0.6716.
Une hausse de 1% du niveau d'instabilité politique peut susciter,
ceteris paribus, une baisse de -1.767706 % de la productivité de
l'investissement privé en Haïti.
Effet de la croissance du PIB réel par habitant
La croissance du PIB réel par habitant, indicateur de
la demande, à un impact négatif sur l'investissement
privé. Elle accuse un coéfficient de -1.091702 et une
probabilité associée au T-student de 0.5725. Suivant les
résultats des régressions, une augmentation de 1% de la
croissance du PIB réel par habitant entraine une baisse de -1.091702 %
de l'investissement privé en Haïti. Cette négative
élasticité entre la croissance du PIB réel per capita et
l'investissement révèle que la demande ne crée pas les
incitatifs favorables à l'investissement privé en Haïti.
2.7.2 Interprétation de l'estimation de
l'équation de croissance Effet de l'investissement privé
Le résultat de nos régressions
révèle que l'investissement privé a un impact positif
considérable et statistiquement significatif sur la croissance du PIB
par tête. Il accuse un coefficient de 0.712994 et une probabilité
associée au T-student de 0.0000. Ce résultat indique qu'une
hausse de 1% de l'investissement privé est susceptible d'engendrer une
hausse de 0.712994% ceteris paribus. Donc, la promotion de la croissance est
tributaire de celle de l'investissement privé.
Effets des dépenses d'investissements publics
Les dépenses d'investissements publics ont un impact
négatif et statistiquement non significatif sur le PIB réel par
tête. Selon les régressions, à une hausse de 1% des
dépenses d'investissements publics correspond une baisse de 0.051170%
environ du PIB réel per capita ceteris paribus. Cet impact
négatif des dépenses d'investissements publics sur la croissance
s'explique en grande partie par l'insuffisance d'investissements en capital
physique et humain (infrastructures, recherche, santé,
éducation), soit 13,73% en moyenne des dépenses globales du
gouvernement suivant le cahier de Recherches de la BRH en 2008.
Effets de la population
Les résultats des régressions
révèlent que la population a un impact négatif sur la
croissance en Haïti. En effet, une hausse de 1% de la population induit
une baisse de 0.704062% environ de la croissance, toute chose étant
égale par ailleurs. Ce résultat implique un manque incessant de
la contribution de chaque individu à l'évolution du PIB
réel en Haïti.
Page | 83
Conclusion et Remarques
Ce travail de recherche se donnait pour tâche
d'étudier les différentes variables de la productivité de
l'investissement privé en Haïti pour la période allant de
1981 à 2010. Se renseigner sur les variables qui influent le plus sur la
productivité de l'investissement privé en Haïti se
révèle important dans une économie où la croissance
est de plus en plus faible.
À cet effet, la première partie de ce travail
présente les différentes variables théoriques et
empiriques de la décision d'investir. Le premier chapitre expose les
variables traditionnelles et économiques réparties en deux grands
courants de pensée à savoir : Keynésiens et
Néoclassiques. Ces derniers faisant l'objet de deux grandes sections
respectivement ; et le second chapitre expose les variables qualitatives,
institutionnelles, culturelles et administratives. Ces dernières ont
pour repère principal l'école institutionnelle et des travaux
empiriques pertinents comme ceux de Mauro, de Hall & Jones et de Doing
Business. Tout ceci constitue le fondement théorique et empirique de la
décision d'investir.
La seconde partie de ce travail, comportant également
deux chapitres, présente la réalité de l'investissement en
Haïti. Dans le troisième chapitre nous présentons les faits
saillants de l'évolution de l'investissement en Haïti. La
première section présente l'environnement des affaires à
travers certains aspects institutionnels comme la gouvernance politique, la
corruption et le cadre légal et institutionnel. La deuxième
section de ce chapitre présente brièvement le profil de
l'investissement de manière désagrégée à
savoir l'investissement global, privé, public et Étranger, leur
évolution au cours de la période sous étude et
l'évolution comparée de l'investissement privé et
certaines variables financières comme le crédit et
l'épargne.
Le quatrième et dernier chapitre de ce travail s'est
révélé crucial car il permet de mettre à
l'épreuve, toutes choses étant égales par ailleurs, les
hypothèses de ce travail. La première section de ce dit chapitre
s'adonnait à la présentation du Modèle à
Équations Simultanées (MES) et la seconde est un exposé du
modèle de recherche et d'analyse de ce travail. Nous avons pris les
données en logarithme nous permettant de réduire les biais et
intégrer deux variables indicatrices représentant respectivement
les deux variables clefs de nos hypothèse de travail, à savoir la
gouvernance politique et le cadre légal et institutionnel ainsi que le
P11B et l'investissement public dans l'équation de base. Ces
dernières forment l'équation d'investissement inspiré du
modèle de Hall & Jones (1999). Étant donné que le P11B
a été retenu comme l'une des variables explicatives de
l'investissement, une deuxième équation a été
spécifiée pour expliquer le P11B compte tenu de son double
statut. Cette équation de croissance s'est inspirée du
modèle de Mankiw, Weil et Romer (1992). Elle comprend les variables
explicatives suivantes : L'investissement privé, l'investissement public
et la population. Ces deux équations représentent le
système à estimer. Le système est sur-identifié.
Par la méthode des Doubles Moindres Carrées, le système a
été estimé.
Page | 84
Le résultat de nos régressions établit
une relation négative entre le cadre légal et institutionnel et
la productivité de l'investissement privé en Haïti soit une
élasticité de (-0.987089) ; Il en existe également une
forte corrélation négative entre la gouvernance politique et la
productivité de l'investissement privé en Haïti soit un
coefficient de (-1.767706). Il en résulte aussi une relation
négative entre les dépenses d'investissements publics et la
productivité de l'investissement privé en Haïti. Ces
résultats ont confirmés nos hypothèses :
H1:. La faiblesse des investissements publics
a un impact négatif sur la productivité de l'investissement
privé.
H2 : le cadre légal et institutionnel a
un impact négatif sur la productivité de l'investissement.
H3: La gouvernance politique a un impact négatif sur la
productivité de l'investissement privé.
Les remarques en matière de politiques économiques
au terme de cette étude sont diverses :
1) Les dépenses d'investissements publics dans les
infrastructures, les ponts et les routes constituent une condition sine qua non
pour inciter et encourager les investissements privés productifs et
l'atteinte d'une croissance soutenue, équilibrée et durable.
L'impact négatif des dépenses d'investissements publics sur la
productivité de l'investissement privé révèle que
des mesures appropriées doivent être prises par les
décideurs de politique économique en vue de prioriser des
secteurs d'investissements publics favorables à la promotion
d'investissements privés productifs et compétitifs.
2) L'impact négatif de la gouvernance politique sur
l'investissement privé nécessite des mesures de politiques
économiques visant à assurer la stabilité politique, un
climat de paix et de sécurité
3) L'impact négatif du cadre légal et
institutionnel sur l'investissement privé indique que les
décideurs doivent réviser l'ensemble des institutions dans une
logique d'ingénierie d'État et des lois en vue de faciliter les
investissements en diminuant les coûts de transaction. Une infrastructure
institutionnelle meilleure peut contribuer à réduire les risques
et à abaisser les coûts, ce qui devrait à la fois favoriser
le développement des investissements et de leur productivité.
Dans les pays où les droits de propriété sont sûrs
et où le respect des contrats est assuré par le pouvoir
judiciaire, le foncier est garanti, les investisseurs ont beaucoup plus de
propensions de réaliser des implantations plus importantes et à
long terme.
4) Le Centre de Facilitation des Investissements (CFI) en
Haïti doit prioriser les investissements privés domestiques et
insérer dans sa politique un volet de facilitation des exportations dans
le cadre de la promotion des investissements. Les investisseurs doivent
s'assurer que leurs produits sont susceptibles d'être vendus sur le
marché international compte tenu des coûts et des frais
associés pour la commercialisation.
Page | 85
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
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Page | I
ANNEXES
Page | II
Tableau VI: Évolution des principaux indicateurs
macroéconomiques
De 1981 à 2010
Années
|
Balance commerciale
en millions de dollars US
|
Taux
d'inflation(%)
|
Taux de change G/USD
|
PIB en 106 de gourdes courantes
|
Pression Fiscale
(%)
|
Taux de
croissance du PIB(%)
|
Population
|
1981
|
341.2
|
11
|
5
|
8653
|
10.27
|
-2.84%
|
5821974
|
1982
|
209.4
|
7
|
5
|
9006
|
11.64
|
-3.57%
|
5 958 870
|
1983
|
215.8
|
10
|
5
|
9923
|
11.74
|
0.90%
|
6 100 718
|
1984
|
207.56
|
6
|
5
|
11096
|
11.85
|
0.30%
|
6 244 898
|
1985
|
219.48
|
11
|
5
|
12281
|
12.73
|
0.60%
|
6 389 424
|
1986
|
157.30
|
3
|
5.75
|
13675
|
11.56
|
-0.49%
|
6 533 556
|
1987
|
164.3
|
-11
|
5.52
|
13198
|
12.58
|
-0.79%
|
6 677 487
|
1988
|
172.57
|
4
|
5.97
|
13070
|
12.53
|
1.52%
|
6 821 300
|
1989
|
165.57
|
7
|
6.38
|
13681
|
11.17
|
-2.91%
|
6 965 413
|
1990
|
87
|
21
|
7.41
|
15481
|
9.29
|
1.04%
|
7 110 116
|
1991
|
62.45
|
15
|
7.61
|
18077
|
10.04
|
1.88%
|
7 255 042
|
1992
|
150.24
|
19
|
9.21
|
20696
|
7.57
|
-5.31%
|
7 399 862
|
1993
|
204.67
|
30
|
12.39
|
23162
|
5.79
|
-5.43%
|
7 544 982
|
1994
|
395.26
|
39
|
14.79
|
31956
|
2.63
|
-11.94%
|
7 691 001
|
1995
|
550
|
28
|
14.5
|
40729
|
6.95
|
9.90%
|
7 838 241
|
1996
|
-497.91
|
21
|
15.25
|
46647
|
8.04
|
4.14%
|
7 986 858
|
1997
|
-511.93
|
21
|
17.1
|
54005
|
9.27
|
2.71%
|
8 136 372
|
1998
|
-627.91
|
11
|
16.7
|
62997
|
9.11
|
2.18%
|
8 285 690
|
1999
|
-678
|
9
|
16.9
|
69254
|
9.15
|
2.71%
|
8 433 339
|
2000
|
-755.8
|
14
|
21.01
|
77580
|
7.76
|
0.87%
|
8 578 234
|
2001
|
-750.2
|
14
|
23.8
|
85700
|
7.39
|
-1.04%
|
8 720 247
|
2002
|
-709.4
|
10
|
29.25
|
94028
|
8.21
|
-0.25%
|
8 859 635
|
2003
|
-946.48
|
39
|
40.64
|
119758
|
8.77
|
0.36%
|
8 996 229
|
2004
|
-1036.71
|
23
|
39.46
|
140387
|
8.89
|
-3.51%
|
9 129 933
|
2005
|
-1249.69
|
16
|
39.23
|
168035
|
9.67
|
1.79%
|
9 260 879
|
2006
|
-1440.62
|
13
|
41.35
|
197183
|
10.36
|
2.31%
|
9 388 642
|
2007
|
-1592.55
|
9
|
37.29
|
220110
|
10.75
|
3.44%
|
9 513 714
|
2008
|
|
15
|
38.41
|
250590
|
10.76
|
1.27%
|
9 638 255
|
2009
|
|
-5
|
40.76
|
266559
|
11.74
|
2.90%
|
9 765 153
|
2010
|
|
5
|
40.23
|
264039
|
11.91
|
-5.40%
|
9 896 400
|
Source : Banque de la République
d'Haïti(BRH), Banque Mondiale et Institut Haïtien de Statistiques et
d'Informatique (IHSI)
Page | III
Tableau VII: Evolution du Taux d'intérêt, du
Crédit au secteur privé(%) et de l'épargne
intérieur brute en pourcentage du PIB
De 1981 à 2010
Années
|
Taux d'intérêt débiteur moyen
|
Crédit au secteur privé (%)
|
Epargne intérieure brute en % du PIB
|
1981
|
15.50%
|
8.328411
|
3.785403
|
1982
|
15.50%
|
8.43705
|
6.391919
|
1983
|
15.50%
|
1.813854
|
5.924154
|
1984
|
16.50%
|
-5.43315
|
6.826689
|
1985
|
16.50%
|
9.783991
|
3.175077
|
1986
|
16.50%
|
4.359881
|
6.365668
|
1987
|
16%
|
-5.54362
|
4.841247
|
1988
|
16%
|
5.639295
|
4.700551
|
1989
|
13%
|
21.51275
|
5.395513
|
1990
|
15%
|
11.85983
|
-1.061945
|
1991
|
15%
|
9.007713
|
-3.620242
|
1992
|
15%
|
3.596763
|
-5.44449
|
1993
|
15%
|
18.88977
|
-8.134035
|
1994
|
15%
|
29.75689
|
-4.52328
|
1995
|
18.50%
|
27.02781
|
-12.44428
|
1996
|
27.36%
|
26.64733
|
-8.42815
|
1997
|
21.50%
|
6.293722
|
-4.438171
|
1998
|
22.50%
|
19.35124
|
-6.945811
|
1999
|
22.50%
|
-3.03749
|
-4.234138
|
2000
|
25%
|
6.102084
|
-4.189821
|
2001
|
25.25%
|
11.11663
|
2.08
|
2002
|
25%
|
3.037087
|
1.19
|
2003
|
33%
|
25.96984
|
-1.35
|
2004
|
33%
|
10.58803
|
-1.31
|
2005
|
23%
|
9.69512
|
-1.48
|
2006
|
28.50%
|
7.246924
|
-1.19
|
2007
|
30.05%
|
4.084773
|
4.78
|
2008
|
23.50%
|
14.95016
|
-2.62
|
2009
|
21%
|
10.94503
|
-2.29
|
2010
|
21%
|
19.34527
|
-20.2
|
Source : Calculés effectués à partir
des données de la BRH et de la Banque Mondiale
Page | IV
Tableau VIII: Évolution de l'investissement
total et ses composantes privée et publique
De 1981 à 2010
Anné es
|
Investissem ent total en 106 gourdes courantes
|
Investissem ent privé en 106 gourdes
courantes
|
Investissem ent public en
106 gourdes courantes
|
Investissem ent total en % du PIB
|
Investissem ent privé en % du PIB
|
Investissem ent public en % du PIB
|
1981
|
1998
|
1031.6
|
220.4
|
14.4689703
|
11.9218768
|
2.98
|
1982
|
1963
|
998
|
232
|
13.6575616
|
11.0815012
|
3.15
|
1983
|
2124
|
1108.8
|
222.2
|
13.4132823
|
11.1740401
|
2.74
|
1984
|
2300
|
1226.7
|
214.3
|
12.9866619
|
11.0553353
|
2.36
|
1985
|
2670
|
1463.6
|
209.4
|
13.6226692
|
11.9175963
|
2.08
|
1986
|
2586
|
1437.7
|
182.3
|
11.8464351
|
10.5133455
|
1.57
|
1987
|
2466
|
1324.2
|
220.8
|
11.7063191
|
10.0333384
|
2.16
|
1988
|
2308
|
1344.8
|
155.2
|
11.4766641
|
10.2892119
|
1.57
|
1989
|
2576
|
1557.4
|
233.6
|
13.0911483
|
11.3836708
|
2.06
|
1990
|
3084
|
1664.7
|
201.3
|
12.0534849
|
10.7531813
|
1.54
|
1991
|
4405
|
2055.8
|
165.2
|
12.2863307
|
11.3724622
|
1.16
|
1992
|
4578
|
1277.5
|
98.5
|
6.64862775
|
6.17269037
|
0.66
|
1993
|
3205
|
1369.1
|
117.9
|
6.41999827
|
5.91097487
|
0.59
|
1994
|
3260
|
1781.8
|
75.2
|
5.81056979
|
5.57526831
|
0.24
|
1995
|
10626
|
4588.9
|
278.1
|
11.9497164
|
11.2669106
|
0.79
|
1996
|
13122
|
12981.9
|
140.1
|
28.1304264
|
27.8300855
|
0.33
|
1997
|
13247
|
12538.1
|
708.9
|
24.5292103
|
23.216554
|
1.09
|
1998
|
16382
|
15142.9
|
1239.1
|
27.7402421
|
25.6420286
|
2.1
|
1999
|
19182
|
17694.2
|
1487.8
|
27.9824945
|
25.812108
|
2.17
|
2000
|
21208
|
19378
|
1830
|
27.3369425
|
24.9780871
|
2.3
|
2001
|
22158
|
20580
|
1578
|
25.8553092
|
24.0140023
|
1.84
|
2002
|
23570
|
21662
|
1908
|
25.0670013
|
23.0378185
|
2.03
|
2003
|
36758
|
32830.3
|
3927.7
|
30.6935654
|
27.413868
|
3.28
|
2004
|
38386
|
34729
|
3657
|
27.3429876
|
24.7380455
|
2.6
|
2005
|
46072
|
44078
|
2027
|
27.4377362
|
26.2314399
|
1.19
|
2006
|
57861
|
56025
|
1837
|
48.3157701
|
46.7818434
|
0.93
|
2007
|
67092
|
61049
|
6043
|
30.4811231
|
27.7356776
|
2.75
|
2008
|
72281
|
68954
|
6046
|
29.9293667
|
27.5166607
|
1.33
|
2009
|
73161
|
67211.9
|
5949.1
|
27.4109792
|
25.1820505
|
2.23
|
2010
|
67154
|
57046
|
9708
|
24.9986893
|
21.3631427
|
3.68
|
Source : Calculs propres effectués à partir
des données de la BRH et du Yearbook FMI(2007)
Page | V
Tableau IX : Évolution synthétique de
l'investissement privé en pourcentage du PIB et ses
variables traditionnelles (1981-1990/2001-2010)
Périodes
Variables
|
1981-1990
|
1991-2000
|
2001-2010
|
Investissement privé/PIB
|
11.01 %
|
16.78 %
|
27.40 %
|
Taux d'intérêt
débiteur sur les prêts en
gourdes.
|
15.60 %
|
20 %
|
26.36 %
|
% Crédit
|
1.72 %
|
0.1436 %
|
0.1169 %
|
% PIB
|
- 0.59 %
|
0.17 %
|
0.19 %
|
Investissement Public/PIB
|
2.22 %
|
1.14 %
|
2.19 %
|
Source : Calculs propres à partir des
données du Yearbook FMI, de l'IHSI et de la BRH.
Tableau X : Évolution synthétique de
l'investissement total et ses composantes privées et publiques
(1981-1985/1995-2010)
Années
Variables
|
1981-1985
|
1986-1994
|
1995-2010
|
Investissement total/PIB
|
13.63 %
|
10.15 %
|
27.82 %
|
Investissement privé/PIB
|
11.43 %
|
9.11 %
|
25.80 %
|
Investissement public/PIB
|
2.66 %
|
1.28 %
|
1.92 %
|
Source : Calculs personnels à partir des
données de l'IHSI, du Yearbook FMI et de la BRH.
Page | VI
Tableau XI: Évolution de l'indice
d'instabilité Macroéconomique en Haïti et ses
variables proxy : Degré d'ouverture de l'économie (DOE),
l'inflation et le taux de change
Variables Années
|
Indice
d'Instabilité Macroéconomique
|
Degré
d'ouverture de l'Économie
|
Taux de Change
|
Inflation
(%)
|
1981
|
0.32
|
0.49
|
5
|
11
|
1982
|
0.31
|
0.55
|
5
|
7
|
1983
|
0.34
|
0.58
|
5
|
10
|
1984
|
0.31
|
0.58
|
5
|
6
|
1985
|
0.33
|
0.52
|
5
|
11
|
1986
|
0.27
|
0.55
|
5.75
|
3
|
1987
|
0.16
|
0.59
|
5.52
|
-11
|
1988
|
0.25
|
0.43
|
5.97
|
4
|
1989
|
0.27
|
0.43
|
6.38
|
7
|
1990
|
0.4
|
0.44
|
7.41
|
21
|
1991
|
0.43
|
0.38
|
7.61
|
15
|
1992
|
0.64
|
0.34
|
9.21
|
19
|
1993
|
0.64
|
0.51
|
12.39
|
30
|
1994
|
0.63
|
0.45
|
14.79
|
39
|
1995
|
0.52
|
0.66
|
14.5
|
28
|
1996
|
0.52
|
0.84
|
15.25
|
21
|
1997
|
0.55
|
0.88
|
17.1
|
21
|
1998
|
0.46
|
0.95
|
16.7
|
11
|
1999
|
0.49
|
1.12
|
16.9
|
9
|
2000
|
0.71
|
1.38
|
21.01
|
14
|
2001
|
0.66
|
1.37
|
23.8
|
14
|
2002
|
0.65
|
1.36
|
29.25
|
10
|
2003
|
1.02
|
1.4
|
40.64
|
39
|
2004
|
0.65
|
1.46
|
39.46
|
23
|
2005
|
0.65
|
1.48
|
39.23
|
16
|
2006
|
0.65
|
1.51
|
41.35
|
13
|
2007
|
0.53
|
1.47
|
37.29
|
9
|
2008
|
0.65
|
1.51
|
38.41
|
15
|
2009
|
0.65
|
1.51
|
40.76
|
-5
|
2010
|
0.65
|
1.51
|
40.23
|
5
|
Source : Cahier de Recherche de la BRH, Mai
2010.
Page | VII
Tableau XII : Évolution comparée du Taux de
l'investissement, du taux de croissance et de l'ICOR
(1981-2010)
Variables
Années
|
Taux d'investissement
|
Taux de croissance du PIB
|
ICOR
|
1981
|
17.09%
|
-2.48%
|
0.97%
|
1982
|
16.52%
|
-3.57%
|
0.35%
|
1983
|
17.25%
|
0.90%
|
-0.16%
|
1984
|
18.00%
|
0.30%
|
-1.26%
|
1985
|
19.95%
|
0.60%
|
1.10%
|
1986
|
18.35%
|
-0.49%
|
3.34%
|
1987
|
18.68%
|
-0.79%
|
0.21%
|
1988
|
16.55%
|
1.52%
|
-0.46%
|
1989
|
17.29%
|
-2.91%
|
-21.00%
|
1990
|
17.23%
|
1.04%
|
0.00%
|
1991
|
17.70%
|
1.88%
|
0.92%
|
1992
|
18.59%
|
-5.31%
|
1.22%
|
1993
|
14.55%
|
-5.43%
|
0.28%
|
1994
|
10.76%
|
-11.94%
|
0.12%
|
1995
|
21.88%
|
9.90%
|
0.70%
|
1996
|
23.48%
|
4.14%
|
2.87%
|
1997
|
24.61%
|
2.71%
|
-0.84%
|
1998
|
23.30%
|
2.18%
|
0.73%
|
1999
|
28.12%
|
2.71%
|
0.70%
|
2000
|
33.00%
|
0.87%
|
-0.11%
|
2001
|
32.93%
|
-1.04%
|
1.30%
|
2002
|
33.85%
|
-0.25%
|
2.63%
|
2003
|
34.78%
|
0.36%
|
12.54%
|
2004
|
34.88%
|
-3.51%
|
0.96%
|
2005
|
34.76%
|
1.79%
|
0.25%
|
2006
|
34.72%
|
2.31%
|
0.71%
|
2007
|
34.50%
|
3.44%
|
|
2008
|
34.59%
|
1.27%
|
|
2009
|
3.30%
|
2.90%
|
|
2010
|
-6.40%
|
-5.40%
|
|
Source : Cahier de Recherche de la BRH, Mai
2010.
Page | VIII
Tableau XIII: Taux de croissance, Taux d'investissement
d'Haïti et certains pays en voie de
Développement
(Moyenne 1985 à 2005)
Pays
|
Taux
d'investissement
|
Taux de croissance
|
Taux d'épargne
|
Botswana
|
7
|
26
|
41
|
Corée
|
7
|
34
|
36
|
Egypte
|
4
|
19
|
21
|
Malaisie
|
7
|
30
|
33
|
Maroc
|
3
|
21
|
22
|
Tunisie
|
4
|
27
|
23
|
Haïti
|
23.58
|
-0.09
|
-1.8979
|
Source: Banque Mondiale et Cahier de Recherche de la BRH
(mai 2010)
Tableau XIV: Estimation du système
d'équation sur Eviews
System: COF
Estimation Method: Two-Stage Least Squares
Date: 03/25/14 Time: 20:14
Sample: 1982 2010
Included observations: 29
Total system (balanced) observations 58
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C(1)
|
-0.249534
|
1.239849
|
-0.201262
|
0.8413
|
C(2)
|
-1.767706
|
4.145654
|
-0.426400
|
0.6716
|
C(3)
|
-0.987089
|
4.738101
|
-0.208330
|
0.8358
|
C(4)
|
-1.091702
|
1.921799
|
-0.568062
|
0.5725
|
C(5)
|
-0.704062
|
0.019847
|
-35.47524
|
0.0000
|
C(6)
|
-0.051170
|
0.088679
|
-0.577027
|
0.5665
|
C(7)
|
0.712994
|
0.085441
|
8.344860
|
0.0000
|
|
Determinant residual covariance
|
0.311988
|
|
|
Equation: ICOR= C(1)*LINVG + C(2)*INST + C(3)*CLI + C(4)*LPIB
Instruments: CLI INST LN LINVG LINVP(-1) C
Observations: 29
R-squared 0.033382 Mean dependent var 0.015784
Adjusted R-squared -0.082612 S.D. dependent var 5.633776
S.E. of regression 5.861868 Sum squared resid 859.0373
Durbin-Watson stat 1.766883
Equation: LPIB= C(5)*LN + C(6)*LINVG + C(7)*LINVP
Instruments: CLI INST LN LINVG LINVP(-1) C
Observations: 29
R-squared 0.937298 Mean dependent var -2.252275
Adjusted R-squared 0.932475 S.D. dependent var 0.422110
S.E. of regression 0.109688 Sum squared resid 0.312816
Durbin-Watson stat 0.926655
Page | IX
Tableau XV : SECTEUR D'INVESTISSEMENTS PUBLICS (En
pourcentage)
Periode/Institution
|
Transport/Infrastructure
|
Education
|
Agriculture
|
Santé
|
Environnement
|
1996-97
|
36.3 %
|
14.7 %
|
11.0 %
|
4.2 %
|
0.0 %
|
1997-98
|
64.4 %
|
5.9 %
|
5.7 %
|
0.9 %
|
0.3 %
|
1998-99
|
47.7 %
|
9.9 %
|
5.3 %
|
2.0 %
|
0.0 %
|
1999-2000
|
38.5 %
|
10.5 %
|
9.2 %
|
0.1 %
|
0.2 %
|
2000-01
|
29.8 %
|
11.8 %
|
9.6 %
|
1.5 %
|
-
|
2001-02
|
36.5 %
|
9.0 %
|
4.3 %
|
4.2 %
|
0.0 %
|
2002-03
|
27.8 %
|
5.6 %
|
2.7 %
|
3.5 %
|
0.1 %
|
2003-04
|
46.1 %
|
11.2 %
|
6.5 %
|
6.0 %
|
0.0 %
|
2004-05
|
1.7 %
|
7.3 %
|
2.2 %
|
2.2 %
|
0.4 %
|
2005-06
|
19.2 %
|
2.3 %
|
1.2 %
|
1.2 %
|
1.1 %
|
2006-07
|
13.74 %
|
7.75 %
|
3.95 %
|
1.56%
|
1.47 %
|
2007-08
|
50.83 %
|
3.19 %
|
4.97 %
|
2.52%
|
0.72%
|
Source : DEE/MEF
Tableau XVI : INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS
EN MILLIONS DE DOLLARS US (Haïti, République Dominicaine, Cuba,
Jamaïque)
(1981-2010)
Années
|
HAÏTI
|
REP. DOMINICAINE
|
Cuba
|
Jamaique
|
1981
|
8340000
|
79 700 000
|
|
-11 500 000
|
1982
|
7080000
|
-1 400 000
|
10 000
|
-15 800 000
|
1983
|
8420000
|
48 200 000
|
100 000
|
-18 700 000
|
1984
|
4460000
|
68 500 000
|
190 000
|
12 200 000
|
1985
|
4920000
|
36 200 000
|
160 000
|
-9 000 000
|
1986
|
4820000
|
50 000 000
|
170 000
|
-4 600 000
|
1987
|
4680000
|
89 000 000
|
130 000
|
53 400 000
|
1988
|
10100000
|
106 100 000
|
110 000
|
-12 000 000
|
1989
|
9360000
|
110 000 000
|
230 000
|
57 100 000
|
1990
|
8000000
|
132 800 000
|
1 170 000
|
137 900 000
|
1991
|
-1800000
|
145 000 000
|
9 570 000
|
133 200 000
|
1992
|
-2200000
|
179 700 000
|
7 220 000
|
142 400 000
|
1993
|
-2800000
|
189 300 000
|
2 690 000
|
77 900 000
|
1994
|
-2800000
|
206 800 000
|
12 950 000
|
129 700 000
|
1995
|
7400000
|
414 300 000
|
5 400 000
|
147 400 000
|
1996
|
4100000
|
96 500 000
|
19 270 000
|
183 700 000
|
1997
|
4000000
|
420 600 000
|
1 020 000
|
203 300 000
|
1998
|
10760000
|
699 800 000
|
15 180 000
|
369 100 000
|
1999
|
30000000
|
1 337 800 000
|
8 950 000
|
523 700 000
|
Page | X
2000
|
13250000
|
952 900 000
|
-10 250 000
|
468 300 000
|
2001
|
4400000
|
1 079 100 000
|
4 350 000
|
613 900 000
|
2002
|
5700000
|
916 800 000
|
2 650 000
|
481 100 000
|
2003
|
13800000
|
612 990 000
|
-7 260 000
|
720 700 000
|
2004
|
5900000
|
909 040 000
|
3 510 000
|
601 602 643
|
2005
|
26000000
|
1 118 400 000
|
15 600 000
|
637 901 996
|
2006
|
160600000
|
1 528 700 000
|
25 900 000
|
842 342 788
|
2007
|
74500000
|
2 252 900 000
|
63 710 477
|
811 902 426
|
2008
|
29800000
|
2 728 400 000
|
24 218 526
|
1 376 602 630
|
2009
|
37950000
|
1 695 300 000
|
24 425 874
|
485 164 640
|
2010
|
150000000
|
2 094 300 000
|
85 537 091
|
185 775 631
|
Source : Banque Mondiale
Tableau XVII : Évolution de L'IDE et de
l'investissement privé en pourcentage du PIB (1981-2010)
Années
|
TC
|
IDE en gourdes
|
PIB
|
IDE/PIB
|
INVP/PIB
|
1981
|
5
|
41700000
|
8653
|
0.00481914
|
11.92%
|
1982
|
5
|
35400000
|
9006
|
0.00393071
|
11.08%
|
1983
|
5
|
42100000
|
9923
|
0.00424267
|
11.17%
|
1984
|
5
|
22300000
|
11096
|
0.00200973
|
11.06%
|
1985
|
5
|
24600000
|
12281
|
0.00200309
|
11.92%
|
1986
|
5
|
24100000
|
13675
|
0.00176234
|
10.51%
|
1987
|
5
|
23400000
|
13198
|
0.001773
|
10.03%
|
1988
|
5
|
50500000
|
13070
|
0.00386381
|
10.29%
|
1989
|
5
|
46800000
|
13681
|
0.0034208
|
11.38%
|
1990
|
5
|
40000000
|
15481
|
0.00258381
|
10.75%
|
1991
|
6.03
|
-10854000
|
18077
|
-0.00060043
|
11.37%
|
1992
|
9.8
|
-21560000
|
20696
|
-0.00104175
|
6.17%
|
1993
|
12.82
|
-35896000
|
23162
|
-0.00154978
|
5.91%
|
1994
|
15.04
|
-42112000
|
31956
|
-0.00131781
|
5.58%
|
1995
|
15.11
|
111814000
|
40729
|
0.00274532
|
11.27%
|
1996
|
15.7
|
64370000
|
46647
|
0.00137994
|
27.83%
|
1997
|
16.65
|
66600000
|
54005
|
0.00123322
|
23.22%
|
1998
|
16.77
|
180445200
|
62997
|
0.00286435
|
25.64%
|
1999
|
16.94
|
508200000
|
69254
|
0.0073382
|
25.81%
|
2000
|
21.17
|
280502500
|
77580
|
0.00361565
|
24.98%
|
2001
|
24.43
|
107492000
|
85700
|
0.00125428
|
24.01%
|
2002
|
29.25
|
166725000
|
94028
|
0.00177314
|
23.04%
|
2003
|
42.37
|
584706000
|
119758
|
0.0048824
|
27.41%
|
2004
|
38.35
|
226265000
|
140387
|
0.00161172
|
24.74%
|
2005
|
40.45
|
1051700000
|
168035
|
0.00625882
|
26.23%
|
2006
|
40.41
|
6489846000
|
197183
|
0.03291281
|
46.78%
|
2007
|
36.86
|
2746070000
|
220110
|
0.0124759
|
27.74%
|
2008
|
39.11
|
1165478000
|
250590
|
0.00465094
|
27.52%
|
2009
|
41.2
|
1563540000
|
266559
|
0.00586564
|
25.18%
|
Page | XI
2010
|
39.8
|
5970000000
|
264039
|
0.0226103
|
21.36%
|
Source : Calculs de l'auteur à partir des
données de la BRH, de l'IHSI et du FMI
Tableau XVIII : Indice de liberté
économique et certaines îles de la Caraïbe
(1999, 2001, 2003 & 2005)
ANNÉES
|
INDICE DE LIBERTÉ ÉCONOMIQUE
|
|
1999
|
PAYS
|
SCORE(0-5)*
|
CLASSEMENT
|
|
Bahamas
|
2.16
|
22
|
|
Trinidad & Tobago
|
2.49
|
40
|
|
Barbade
|
2.86
|
40
|
|
Jamaïque
|
2.91
|
60
|
|
Rép. Dominicaine
|
3.54
|
121
|
|
Haïti
|
4.04
|
145
|
|
Cuba
|
4.29
|
152 sur 161
|
|
Bahamas
|
2.23
|
23
|
|
Trinidad & Tobago
|
2.64
|
39
|
|
Barbade
|
2.64
|
35
|
2001
|
|
Jamaïque
|
3.01
|
56
|
|
|
Rép. Dominicaine
|
3.04
|
59
|
|
Haïti
|
4.13
|
137
|
|
Cuba
|
4.88
|
152 sur 161
|
|
Bahamas
|
2.15
|
22
|
|
Trinidad & Tobago
|
2.54
|
43
|
|
Barbade
|
2.29
|
24
|
|
Jamaïque
|
2.73
|
56
|
|
Rép. Dominicaine
|
3.29
|
85
|
|
Haïti
|
3.86
|
128
|
2003
|
|
Cuba
|
4.43
|
155 sur 161
|
|
Bahamas
|
2.25
|
25
|
|
Trinidad & Tobago
|
2.49
|
40
|
Page | XII
|
Barbade
|
2.35
|
32
|
2005
|
Jamaïque
|
2.81
|
60
|
|
Rép. Dominicaine
|
3.54
|
121
|
|
Haïti
|
4.04
|
145
|
|
Cuba
|
4.29
|
149 sur 161
|
|