Année universitaire : 2013 - 2014 Sous la direction de :
Anne ROSTAND
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UNIVERSITE DE TOULOUSE II LE MIRAIL
INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME DE L'HOTELLERIE ET DE
L'ALIMENTATION
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MASTER TOURISME ET HOTELLERIE
Parcours « Tourisme et Développement »
MEMOIRE DE PREMIERE ANNEE
Le cirque contemporain :
Un nouvel atout touristique pour les territoires
Présenté par : Jeanne Navrat
Le CÉTIA de l'Université de Toulouse II-Le
Mirail n'entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions
émises dans les mémoires de recherche. Ces opinions doivent
être considérées comme propres à leur auteur(e).
3
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier Anne Rostand, mon maître de
mémoire, pour sa disponibilité, son aide et ses conseils tout au
long de l'année.
L'ensemble des professeurs de l'ISTHIA, dont les cours m'ont
permis d'acquérir des connaissances dans le domaine du tourisme depuis
la licence 3 Tourisme et Développement et qui m'ont été
indispensables dans mon travail de recherche.
Mes camarades de classe qui, par leur état d'esprit et
leur bonne humeur, ont permis une bonne ambiance dans la classe.
Les professionnels que j'ai rencontrés, pour leur
intérêt vis-à-vis de mon sujet, leur disponibilité
et la sincérité de leurs propos.
Ma mère pour son soutien, et surtout pour le temps
qu'elle a passé dans la relecture de mon mémoire.
Enfin, l'association Circonflex pour m'avoir
accompagné durant toute ma jeunesse et pour m'avoir fait
découvrir le monde du cirque.
5
SOMMAIRE
PARTIE 1 : Cirque, tourisme et développement
territorial 10
Chapitre 1 - L'apparition du nouveau cirque dans le tourisme
culturel 12
Chapitre 2 - Développement territorial et image de
marque 25
Chapitre 3 - Problématiques et enjeux liés
à la mise en tourisme du
cirque 33
PARTIE 2 : Les relations entre les arts du cirque et l'image
de marque des
territoires 38
Chapitre 1- La mise en réseau d'acteurs pour une
meilleure visibilité 41
Chapitre 2 - Les festivals de cirque; une couverture
médiatique
importante pour les territoires 48
Chapitre 3 - Les NTIC au service des arts du cirque 54
PARTIE 3 : Cas du festival CIRCA de Auch 64
Chapitre 1 - Les arts du cirque à Auch 67
Chapitre 2 - Méthodologie de validation des
hypothèses 72
BIBLIOGRAPHIE 87
TABLE DES ANNEXES 89
TABLE DES SIGLES ET ABREVIATIONS 113
TABLE DES FIGURES 114
METHODOLOGIE
Le mémoire est un exercice de recherche qui passe par
une réflexion méthodologique. Il s'agit d'approfondir des champs
d'études précis afin de les faire entendre au monde
professionnel. Pour cela, il faut suivre des règles et des normes
universitaires dans la rédaction et dans la forme du travail. Les
étudiants choisissent en général des thèmes qui
leur tiennent à coeur et dans lesquels ils aimeraient travailler plus
tard. Pour ma part, j'ai choisi de m'intéresser à la question du
nouveau cirque et sur ce qu'il pouvait apporter au territoire en termes de
développement touristique. Cet intérêt pour le cirque est
apparu il y a quinze ans lorsque j'ai intégré une association de
cirque tarnaise « Circonflex ». Après le bac, je me suis
dirigée vers des études sur le tourisme (BTS AGTL1 et
licence 3 TD2) et c'est de cette manière que j'ai
réalisé qu'il y avait un lien entre ces deux milieux qui
méritait d'être étudié. C'est pour cela que je
souhaite consacrer mon mémoire à l'étude de cette relation
cirque - tourisme et en particulier au cirque comme facteur
d'attractivité et de développement touristique pour les
territoires présentant cette spécificité artistique.
6
1 Animation et Gestion Touristique Locale
2 Tourisme et Développement
7
Figure 1 : Schéma
méthodologique
8
INTRODUCTION GENERALE
Le cirque contemporain est un courant artistique qui est
apparu dans les années soixante dix en France. Il est venu se greffer au
cirque traditionnel qui existe depuis le XVIIIe siècle mais
qui était en train de s'essouffler et risquait de disparaître. Ce
nouveau courant artistique est très complet et connait un réel
succès, les acteurs territoriaux l'on bien compris et beaucoup de
politiques culturelles s'orientent désormais sur ce créneau. Nous
voyons des structures publiques et privées apparaître partout en
France pour la valorisation et le développement des arts du cirque.
Parallèlement, le secteur du tourisme traverse une
phase de changement avec notamment l'omniprésence des NTIC3.
Les comportements des touristes sont de plus en plus complexes,
imprévisibles et variés. Les professionnels doivent s'adapter
à ces changements pour proposer des produits touristiques
adéquats
Les destinations n'ont jamais été aussi soumises
à la concurrence qu'aujourd'hui. La transparence existe et les touristes
ont tous les outils nécessaires pour organiser leurs vacances depuis
chez eux.
D'autre part, la génération actuelle,
après avoir été « tout numérique »
réalise qu'il lui manque des valeurs, des relations humaines, des
expériences fortes, un retour aux sources... Aujourd'hui, les touristes
recherchent des vacances imprégnées de chaleur, au cours
desquelles ils vont rencontrer les populations locales et ainsi vivre des
moments intenses et réels de partage et de communication.
En réalisant le contexte touristique actuel, j'ai
choisi de parier sur les arts du cirque. Ce mémoire est en quelque sorte
un défi pour moi car je crois aux valeurs du cirque et à son
pouvoir d'attractivité touristique.
Cela fait longtemps que je fais partie d'une troupe, mais ce
n'est que depuis que j'ai commencé des études sur le tourisme que
j'adopte un regard critique et
3 Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication
à caractère touristique. J'ai pris conscience du
potentiel que ce domaine artistique pouvait avoir en matière de
développement et je pense qu'il est important de travailler là
dessus.
Les circassiens4 sont aussi en train de s'en rendre
compte, ils n'étaient pas sortis de leur univers jusqu'ici et n'avaient
pas ouvert les yeux sur la dimension touristique que pouvait avoir leur art.
Il me semble que le nouveau cirque est en train de s'associer
aux territoires dans une optique commune de développement (touristique
pour les territoires et artistique pour les circassiens).
Je n'ai pas la prétention d'annoncer que ce
mémoire va donner les réponses aux territoires pour faire du
cirque leur nouvel atout touristique. Ce mémoire est juste une
réflexion sur un sujet qui me tient à coeur depuis toujours. Je
m'efforcerai donc de la rendre la plus juste possible.
Pour cela nous allons, dans une première partie,
définir les concepts clés concernant le cirque et le tourisme
afin de mieux cerner le sujet de la réflexion, ainsi nous pourrons faire
ressortir une problématique. Dans la seconde partie, nous proposerons
trois pistes de réflexion qui pourraient éventuellement
répondre au problème exposé. Enfin, et à l'aide
d'un terrain d'étude, nous tenterons de vérifier les
hypothèses. Nous suggérerons aussi des outils
méthodologiques qui, lors du mémoire de Master 2, pourraient nous
permettre de vérifier concrètement nos hypothèses.
9
4 adjectif qui mentionne la relation avec le monde du cirque.
10
PARTIE 1 : Cirque, tourisme et
développement territorial
11
Introduction de la partie 1
Dans cette première partie nous allons essayer de
mettre en évidence les relations entre tourisme, cirque et
développement territorial car notre question de départ est :
comment le cirque peut-il être facteur de développement ?
Pour cela nous commencerons par faire un bref historique du
cirque et de son évolution jusqu'au cirque contemporain. De cette
manière, nous aurons les notions nécessaires pour comprendre cet
art et tenter de le rapprocher du monde du tourisme. En effet, il existe des
liens entre ces deux mondes et nous les développerons ici. Mais surtout,
il s'agit d'une ressource territoriale : un patrimoine culturel
immatériel.
Dans un second chapitre nous aborderons l'autre aspect de
notre sujet, les notions développement et d'identité
territoriale. En effet, l'identité participe entre autre à
l'attractivité d'une destination et nous allons définir ces
termes touristiques pour mieux les comprendre. Les acteurs touristiques d'un
territoire sont nombreux et de différentes natures, ils ont des
rôles précis et variés, c'est pourquoi il faudra s'y
attarder. Enfin, tout l'imaginaire qui tourne autour du monde du cirque
pourrait participer à créer des valeurs pour un territoire et
ainsi augmenter sa visibilité.
En dernier point, il serait intéressant de s'attarder
sur les problématiques et les enjeux liés à la mise en
tourisme du cirque. En effet, c'est un monde à part dans le tourisme
culturel, et les produits touristiques qui en découlent doivent
être abordés avec prudence par les acteurs concernés. Les
touristes susceptibles d'être intéressés par le
côté circassien d'un territoire ou d'un produit sont peu nombreux.
Il s'agit en quelque sorte d'un marché de niche. Enfin, nous verrons que
les autres ressources culturelles sont plus mises en valeur par les
collectivités locales que les arts du cirque.
12
Chapitre 1 - L'apparition du nouveau cirque dans le
tourisme culturel
Il m'a paru important de rappeler l'origine du cirque et
d'évoquer son évolution avant de rentrer dans l'étude de
ce sujet. En effet, comme pour tout sujet que l'on veut étudier, il est
nécessaire de connaître son histoire et de le replacer dans le
contexte actuel. Chaque domaine, qu'il soit scientifique ou non, est plus
abordable lorsque l'on a assimilé toutes ses dimensions, et en
particulier la dimension historique. Bien souvent, c'est dans l'histoire que
l'on trouve les clés pour comprendre certains phénomènes
et pour en saisir les différents aspects.
En effet le cirque est un art ancien mais qui a perduré
et évolué jusqu'à s'inscrire dans la société
actuelle, nous verrons comment il est ancré dans les pratiques
d'aujourd'hui et en quoi il est un « miroir social ».
Enfin, nous aborderons le tourisme culturel immatériel
car il s'agit du champ qui englobe les arts du cirque. Bien entendu nous
ferons, au préalable, un paragraphe sur le tourisme en
général, son apparition, son évolution et ses acteurs.
1. Les arts du cirque, apparition et
évolution
Petit tour de piste :
Il est difficile de savoir exactement quand est né le
cirque. Selon les spécialistes, le lieu et la date de la naissance du
cirque varie. En l'occurrence, le sujet de notre étude n'est pas de
faire un historique complet et détaillé des arts du cirque mais
de cerner l'apparition et le contexte d'évolution de cet art pour
pouvoir le mettre en relation avec le tourisme. Nous évoquerons donc
ensemble l'histoire du cirque sans entrer dans les détails et sans
apporter de véritables précisions. Ainsi, nous aurons les outils
nécessaires pour comprendre ce concept dans l'optique de notre
démarche de mise en relation avec le domaine du tourisme.
13
L'avis général des
spécialistes5 sur ce sujet consiste à dire que les
premières traces de spectacles vivant remontent à 5000 ans avant
Jésus-Christ et seraient apparues en Chine. Il s'agissait de spectacles
acrobatiques antiques, puis sont arrivés les contorsionnistes hindous et
les équilibristes japonais. Vers 2000 ans avant Jésus-Christ,
vient le tour des jongleurs égyptiens qui se produisent sur l'Agora aux
cotés des montreurs d'animaux. C'est à Rome que toutes ces
pratiques vont se théâtraliser avec les « ludi
»6 réclamés par le peuple et le fameux «
panem et circences »7 qui était offert aux spectateurs
durant les combats de gladiateurs. Elles disparaîtront avec la chute de
l'Empire romain et emporteront avec elles tous ce qui tourne autour des arts du
cirque.
Ce n'est qu'au XVIIIème siècle que le mot «
cirque » réapparaît dans le vocabulaire des européens.
Durant toutes ces années, les acrobates, les bouffons et les
contorsionnistes errent de village en village pour se produire lors des
fêtes populaires. C'est à cette époque qu'apparaît le
nom de « saltimbanque », on entend aussi de nouvelles expressions
telles que « gens du voyage » ou encore « enfant de la balle
». Durand le Moyen-âge, beaucoup seront accusés de
sorcellerie et envoyés au bûcher du fait de leur habileté
lors des parades dans les banquets.
Il faudra attendre la seconde moitié du XVIIIème
siècle pour voir naître des troupes de cirque. Ce sont des
compagnies qui regroupent des artistes aux disciplines différentes comme
le jonglage, l'acrobatie, le funambulisme... Mais il y a aussi des
représentations équestres, en effet, c'est au sergent Anglais
Philip ASTLEY que l'on doit la piste circulaire qui est présente dans
tous les chapiteaux. Ce dernier choisira cette piste pour ses
représentations de voltige, il complétera le spectacle en
intégrant ensuite des petits numéros de danse, d'acrobatie et
fera venir sur scène des personnages grotesques afin d'attirer plus de
public. C'est donc en Angleterre qu'apparaît le cirque
traditionnel, il
5 En particulier celui de Pascal JACOB, historien du cirque et
professeur au Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne,
dans son ouvrage « La grande parade du cirque » publié en
1992.
6 Jeux donnés lors des grandes occasions dans les
amphithéâtres justes avant les combats de gladiateurs, il
s'agissait de jongleurs, d'écuyers, d'équilibristes, de dompteurs
d'animaux...
7 Expression latine qui signifie « pain et jeux du cirque
»
14
s'agit d'un spectacle de quelques heures ou s'enchaînent
plusieurs numéros sans relation entre eux mais qui présentent
individuellement un intérêt du fait de la prouesse technique
(acrobates et contorsionnistes) ou tout simplement du caractère
extraordinaire ou comique (animaux sauvages, personnes naines et clowns).
Figure 2 : Cirque à ciel ouvert de
Philip ASTLEY
http://www.theatresendracenie.com/educ_09_10/DP/dPcirque.pdf
Au siècle suivant, des écoles de cirque
apparaissent comme celle du Cirque olympique d'Antonio Franconi à Paris
qui devient la capitale mondiale du cirque. Les quelques centaines de troupes
circassiennes qui parcourent l'Europe à cette époque sont
essentiellement familiales. Le cirque est un milieu très
standardisé avec des codes, des formes et des couleurs, le rouge et
jaune, les étoiles, les objets coniques, les paillettes, les nez rouges,
le maquillage, la sciure...
Au début du vingtième siècle le cirque
subit une crise identitaire à cause du non renouvellement des
numéros et de l'essoufflement du cirque traditionnel. L'effort des
artistes pour le maintien du monde du cirque n'y fait rien. Les spectacles se
multiplient partout en France et en Europe (et même aux Etats-Unis avec
le film Le cirque « The circus », réalisé par Chaplin
en 1928), sous les chapiteaux, lors des fêtes foraines, sur les
scènes des cabarets... mais rien n'y fait, les spectateurs se lassent,
se préoccupent du bien être des animaux et recherchent une
nouvelle forme de divertissement. Ils en ont assez de Monsieur
15
Loyal8, des barbes à papas et des dompteurs
de tigre. Cela peut s'expliquer par la démocratisation des médias
comme la radio ou la télévision après la seconde Guerre
Mondiale.
Le déclin est amorcé et le
désintérêt collectif représente une menace pour le
cirque.
«Allez au cirque. Rien n'est aussi rond que le
cirque. C'est une énorme cuvette dans laquelle se développent des
formes circulaires. Ça n'arrête pas, tout s'enchaîne... Un
cirque est un roulement de masses, de gens, d'animaux et d'objets... Allez au
cirque. Vous quittez vos rectangles, vos fenêtres
géométriques, et vous allez au pays des cercles en action... le
rond est libre, il n'a ni commencement ni fin.» Fernand
Léger
Il fallait un changement, un changement marquant dans le monde
du cirque pour ne pas qu'il disparaisse, non seulement en ce qui concerne la
composition du spectacle en lui-même, mais aussi tout ce qui touche
à ce monde si particulier, l'état d'esprit, les lieux des
représentations, la structure du spectacle ou encore la relation avec le
public.
1.1. Le cirque de nos jours
Aujourd'hui le cirque n'est plus du tout ce qu'il pouvait
être au Moyen-âge ou même au XVIIIème siècle
(cf. annexe 1). Certes, les cirques traditionnels existent toujours, si vous
passez vos vacances d'été sur la côte aquitaine, vous
pourrez amener vos enfants au cirque Pinder ou Zavatta, le choix ne manque pas.
Mais il ne s'agit pas de ces compagnies de cirque familiales qui parcourent la
France avec leurs caravanes dont nous allons parler. En effet, ces cirques
traditionnels itinérants sont des entreprises qui, comme leur nom
l'indique, ne sont pas basées sur un territoire en particulier et ne
représentent donc pas un atout de développement important
même si elles participent à la fréquentation touristique
d'un lieu lors de leur passage.
8 Nom qui désigne le chef d'orchestre du spectacle de
cirque, ce personnage fait souvent des entrées comiques pour annoncer le
numéro suivant.
16
En revanche, le cirque
contemporain9, en raison de ses multiples dimensions
culturelles, économiques et sociales, est plus approprié à
notre étude. Il présente plus de relations avec le secteur du
tourisme et du développement territorial que le cirque traditionnel.
Le nouveau cirque a largement été lancé
et diffusé par la compagnie québécoise du Cirque du
Soleil, Anne Pélouasse décrit cette compagnie comme « l'une
des plus grosse machine à spectacle du monde ». En effet, les Etats
Unis n'ont pas connu les jeux romains, les saltimbanques et les dresseurs de
fauves du Moyen-âge, les cirques itinérants du XVIIIème
siècle... Ils ont donc eu une vision nouvelle sur le cirque et se sont
directement approprié cet art en le transformant en une discipline
polyvalente qui touche à plusieurs domaines. Même si au
départ il s'agissait surtout de numéros associés au
western avec notamment des démonstrations de rodéo et de
lancés de couteaux faites par des cowboys. Les Etats-Unis, et plus
particulièrement le Québec avec ses deux fameuses écoles
de cirque de Montréal et de Québec, sont toujours les
précurseurs dans le cirque contemporain. Des troupes
québécoises comme « Les 7 doigts de la main » ou «
Le cirque Éloize » sont reconnus dans le monde circassien comme la
référence en matière de nouveau cirque, comme en
témoigne cette citation présente dans le dossier de presse sur le
Cirque Éloize :
« Mais le cirque est aussi poésie, humour,
humeur, énergie et sensibilité. Précurseur dans le courant
du cirque contemporain, il n'hésite pas à puiser dans d'autres
formes d'art : la danse, la musique classique, le théâtre;
à travailler également avec des concepteurs venus d'autres mondes
: de Daniele Finzi Pasca (Nomade, Rain, Nebbia) à Dave Saint-Pierre
(Cirkopolis), en passant par Alain Francoeur (Cirque Orchestra) ou encore Jamie
Adkins (Typo). La multidisciplinarité est une qualité
9 Désigne une nouvelle pratique du cirque apparue dans
les années 1970 plus basée sur l'interdisciplinarité que
le cirque traditionnel, on parle aussi de « nouveau cirque »
17
essentielle pour tout artiste désirant
intégrer un spectacle du Cirque Éloize. »10
Aujourd'hui, Les artistes de cirque viennent de
différents milieux comme celui du théâtre, de la rue, de la
danse ou encore du domaine sportif. Ils s'approprient les techniques de cirque
traditionnel en y ajoutant une dimension poétique, ils dramatisent leurs
numéros pour aller au delà de la simple performance physique. Ils
remettent en cause la piste et sortent parfois du cadre traditionnel du
chapiteau pour jouer dans des théâtres, dans la rue, dans des
salles de spectacles...
Dans un spectacle de nouveau cirque, les
numéros ne sont plus un simple enchaînement de prouesses
techniques, il s'agit plutôt de « tableaux » qui se jouent de
manière cohérente sur une musique et qui entraine les spectateurs
dans un univers. Les artistes sont aussi souvent des musiciens, ils ne sont
plus exclusivement acrobates, magiciens ou jongleurs mais pratiquent plusieurs
disciplines dans un même spectacle (ils ont quand même un art de
prédilection). Le collectif d'artiste est présent sur
scène du début à la fin et chacun tient un rôle
durant toute la représentation. Il s'agit d'un spectacle artistique qui
combine plusieurs arts, les « arts de la piste ».
L'intérêt d'un spectacle de cirque
contemporain est qu'il nous fait vivre une histoire; lorsque l'on rentre dans
un chapiteau, nous rentrons aussi dans un univers, dans un imaginaire, dans un
monde avec ses propres codes, ses propres langages et ses propres images. Il ne
s'agit plus seulement d'aller applaudir des athlètes accomplissant des
exploits physiques ou de rire des blagues de l'Auguste11. Il s'agit
désormais d'un spectacle complet et pluridisciplinaire, les arts du
cirque mêlent la danse, le théâtre, la musique, voire les
arts graphiques. L'être humain est au coeur du nouveau cirque, il est
créateur de rêve, il allie
10
http://www.google.fr/url?sa=t£trct=j£tq=£tesrc=s£tsource=web£tcd=5£tved=0CEkQFjAE£turl=http
%3A%2F%
2Fwww.cirque-eloize.com%2Fwp-content%2Fuploads%2F2013%2F03%2FDossierPresse_iD_OCT13_LowRes.pdf£tei=_Xq4UofFG4LK0QX
OpoH4DQ£tusg=AFQjCNEOoH0dTMHmh6ham4VjrWgCzFCwFg, p4, consulté le
17/12/13
11 Un Auguste est un comique de cirque outrageusement
maquillé ou vêtu de façon grotesque.
18
avec intelligence des chorégraphies physiques, il ne
fait qu'un avec les objets qu'il a mis au point, il met en scène tous
ces éléments afin de faire vivre aux spectateurs une
expérience unique, et surtout, il accepte afin de dévoiler ses
limites et assume son statut d'être humain ordinaire (Cf. Annexe 2).
2. Le cirque, reflet de notre société en
constante évolution
Roland AUGUET, à la page 240 de son ouvrage
Histoire et légende du cirque édité par
Flammarion Paris en 1974 nous dit à propos du cirque :
« Comme tout spectacle, il est tributaire d'un
contexte social qu'il subit et reflète en même temps. On ne peut
donc, sous prétexte qu'il est divertissement, laisser le cirque en marge
de l'histoire. »
Aujourd'hui, le cirque contemporain puise son inspiration dans
la société qui l'entoure. Comme pour beaucoup d'autres arts
(peinture, cinéma...), et surtout pour beaucoup d'autres sciences
(politiques, économiques...), l'environnement joue un grand rôle.
Qu'il s'agisse de la situation politique, culturelle, économique,
technologique, sociale ou même démographique; tout acteur, toute
organisation, tout phénomène se verra influencé par
l'environnement dans lequel il se situe. Le cirque, quant à lui, se voit
surtout influencé par le contexte sociétal qui l'entoure et
à l'intérieur duquel il évolue.
La société regroupe des êtres humains qui
appartiennent à une même civilisation et qui se sont
organisés entre eux pour répondre à leurs besoins. Des
règles communes ont été élaborées afin que
la vie en collectivité soit possible. Depuis quelques années, les
populations sont très influencées par l'évolution
technologique et en particulier par l'arrivée d'internet et des NTIC.
Mais réciproquement, la société joue un rôle sur les
individus et sur les groupes humains. C'est-à-dire que d'une part, elle
évolue suivant les actes individuels et collectifs des citoyens qui la
composent, mais elle agit aussi sur les comportements des individus et guide en
quelque sorte leurs actes. Il s'agit donc
19
d'une double relation entre les individus et le groupe social
auquel ils appartiennent, il y aurait ainsi une réciprocité qui
s'opère au niveau social12.
Souvent, les domaines artistiques, politiques, ceux de la mode
ou même de l'architecture sont influencés presque «
naturellement » par la société. En revanche, le cirque
contemporain s'inspire volontairement du phénomène social, il
puise dans les sujets sociaux ou politiques actuels pour s'enrichir. Les
spectacles de cirque d'aujourd'hui sont très fortement ancrés le
quotidien et reflètent vraiment le climat social dans lequel nous
vivons. Les artistes ont bien compris que les attentes du public ont
changé.
« Le contexte du cirque, c'est la société
toute entière. Il est représentatif de cette
société dont il tire sa substance en même temps qu'il la
nourrit. Le cirque est un élément du patrimoine culturel et, tout
à la fois, son évolution est induite par la culture dans laquelle
il s'inscrit. Nous ne pensons pas que Philip Astley a inventé le cirque.
Nous ne pensons pas que Tom Belling a inventé l'auguste. Nous sommes
persuadés qu'un produit culturel est généré par
l'air du temps, qu'il naît dans une culture et qu'il évolue avec
elle.» (H.Hotier, 2010, p.167)
Les circassiens se sont adaptés et colorent leurs
spectacles de la dynamique actuelle de la société. Ci-dessous, le
spectacle « cet air-la » de la Compagnie des Les Hommes Sensibles
évoque la question actuelle de l'homosexualité, c'est un bon
exemple de la capacité des circassiens à s'approprier des sujets
actuels, voire des sujets qui font polémique.
12 Cours de sociologie de Master 1 de Jacinthe Bessière
sur les différences de pensée entre Durkheim et Weber.
20
Figure 3 : Compagnie Les hommes
sensibles
https://fr-fr.facebook.com/CieLesHommesSensibles
Le ton peut être ironique dramatique, l'ambiance
chaleureuse ou sordide, la musique entrainante ou angoissante... Il n'y a plus
de code ni de stéréotype et on pourrait dire qu'il y a autant de
styles dans le nouveau cirque que d'artistes ! C'est grâce à cette
ouverture, à cette curiosité et à cette tolérance
que le nouveau cirque peut facilement aborder et s'adapter aux tendances.
« Mais le nouveau cirque c'est d'abord et surtout
l'humour, trait commun à pratiquement tous les spectacles. S'agit-il,
pour les circassiens, de surmonter par le rire une condition sociale plus dure
? »
Dans cette citation extraite du dossier pédagogique
Le cirque publié par la scène conventionnée
« Théâtre en Dracénie » sur leur site
internet13, nous voyons bien que le cirque constitue, en quelque
sorte, une échappatoire culturelle et émotionnelle pour ceux qui
se sentent mal dans la société.
13
http://www.theatresendracenie.com/educ_09_10/DP/dPcirque.pdf,
consulté le 12/12/13
21
La citation du sociologue Edgar Morin « la vacance des
valeurs fait la valeur des vacances »14 est valable pour le
monde du cirque. En effet cet art, et plus particulièrement les
spectacles de cirque, représentent une passerelle pour s'évader
de notre quotidien stressant et répétitif. Dans le secteur de la
santé, on évoque la dépression comme le « mal su
siècle », pour diverses raisons et avec des conséquences
plus ou moins graves, la dépression et le sentiment de mal être
touchent de plus en plus d'individus dans les pays développés.
C'est en ces temps difficiles, ou les individus ressentent une
perte de valeur et un besoin de sentiment d'appartenance, que les
activités à forte implication ou dimension sociale sont les plus
sollicitées. Le cirque serait dans certains cas un remède pour
les individus empreints à une sorte de « dépression sociale
».
Aujourd'hui, les gens sont fatigués et lassés de
la routine, mais la valeur structurelle de nos sociétés
occidentales et développées reste encore le travail. Cependant,
même lorsque l'on souhaite faire une rupture avec notre quotidien, nous
gardons un lien avec notre environnement habituel. En témoignent les
demandes de wifi dans les hôtels et la présence de plats de tous
les continents dans les restaurants. Les artistes intègrent donc
à leur spectacles les problèmes, les questions et les
évènements actuels, cela est important peur eux car le nouveau
cirque est un art pour tous, qui aspire à une porté sociale.
Il s'agit donc de donner une autre vision des
phénomènes sociaux, d'apporter un autre regard sur la
réalité. Les médias nous livrent des informations, le
cirque nous les fait redécouvrir sous un angle artistique, cela permet
quelques fois de les apprécier plus objectivement.
14 Citation parue dans son ouvrage L'Esprit du temps
publié en 1975
22
3. Le patrimoine culturel immatériel
Il est intéressant de regarder de plus près
cette notion de patrimoine culturel immatériel car nous allons voir que
les arts du cirque en font partie. Et dans notre optique de mise en relation
avec le secteur touristique, il est important de pouvoir déterminer par
quelle « porte » le cirque entre dans le monde du tourisme.
La notion de patrimoine touristique entend la totalité
des richesses culturelles (matérielles et immatérielles) et
naturelles d'un territoire (Cf. annexe 3). Il s'agit d'un bien collectif qui
est différent suivant la communauté d'appartenance. C'est un
héritage du passé qui participe à la construction
identitaire d'un territoire et qu'il est indispensable de conserver et de
transmettre.
Le patrimoine culturel immatériel et une entité
particulière du patrimoine touristique qui comporte la
spécificité d'être intangible et impalpable.
Le nouveau cirque est un art qui rentre dans la
catégorie du spectacle vivant15 et fait donc partie du
patrimoine culturel immatériel d'un territoire qui comprend « les
traditions ou les expressions vivantes héritées de nos
ancêtres et transmises à nos descendants, comme les traditions
orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et
événements festifs. »16
« Le tourisme culturel est un déplacement d'au
moins une nuitée dont la motivation principale est d'élargir ses
horizons, de rechercher des connaissances et des émotions au travers de
la découverte d'un patrimoine et de son territoire. Par extension, on y
inclut les autres formes de tourisme où interviennent des
séquences culturelles. Le tourisme culturel est donc une pratique
culturelle qui
15 Cirque, Communication et Culture, Hugues Hotier, 1995, p129
16 Partie de la définition paru dans un dossier
publié par l'UNESCO « patrimoine culturel immatériel »
:
http://www.unesco.org/culture/ich/doc/src/01851-FR.pdf
23
nécessite un déplacement d'au moins une
nuitée, ou que le déplacement va
favoriser.17 »
Le patrimoine culturel est divisé en deux sous
catégories, le patrimoine culturel matériel et le patrimoine
culturel immatériel. Selon la définition ci-dessus de Claude
Origet du Cluzeau, aller voir un spectacle de cirque et dormir sur place dans
l'optique de visiter la région ou d'assister à d'autre spectacles
les jours suivant correspond à du tourisme culturel.
Le patrimoine culturel immatériel a été
reconnu par l'UNESCO18 en 2003, cela est l'aboutissement d'un
travail de plusieurs années mené par des professionnels
spécialisés sur ce type de patrimoine. Cela témoigne d'une
prise de conscience collective et mondiale de la nécessité de le
protéger. En effet, sa nature même, le coté
immatériel et le fait qu'il repose sur la transmission
intergénérationnelle, nous indique à quel point ce
patrimoine est vulnérable.
Aujourd'hui, le patrimoine immatériel est en vogue et
prend désormais de l'importance dans toutes les actions de mise en
tourisme des territoires. La diversité et la richesse des traditions
culturelles sont les raisons qui poussent de plus en plus de touristes à
découvrir un pays ou une région. Ils cherchent de
l'originalité et sont attirés par les rituels, spectacles,
contes, artisanats spécifiques à un territoire. Ils seraient
ainsi plus proches de la culture locale et d'autant plus ouverts et respectueux
à l'égard des habitants.
Par ailleurs, l'UNESCO se base sur l'idée que le
tourisme, utilisé d'une certaine manière, participerait à
la sauvegarde de ce patrimoine culturel immatériel et ferait
naître un sentiment de fierté chez les habitants. En revanche, il
faut être très prudent avec ce type de patrimoine car il est
très volatile et fragile. Comme l'indique Aziza Benanni19,
avec la mondialisation omniprésente, il est menacé
17 Définition du tourisme culturel de Claude Origet du
Cluzeau, auteur du Que Sais-Je sur Le Tourisme
Culturel
18 United Nations Educational, Scientific and Cultural
Organization
19 Aziza Benanni : Le patrimoine culturel immatériel,
les enjeux, les problématiques, les pratiques, International de
l'imaginaire N°17 Babel, 2004, p122
24
par les pratiques des pays occidentaux et les modes mondiales
qui se diffusent très rapidement aux quatre coins de la
planète.
Il est nécessaire de prendre en compte l`avis des
populations locales en ce qui concerne la mise en tourisme de leurs traditions
et de leur culture car ce sont elles qui les font vivre. Cet aspect est
très important car l'UNESCO nous dit aussi que ce patrimoine existe
seulement s'il est reconnu par les populations locales. Le patrimoine culturel
immatériel est donc une spécificité qu'approuvent les
habitants, et dans le même temps, qu'ils légitimisent.
Conclusion
Nous pouvons voir que les deux notions de tourisme culturel
immatériel et de cirque contemporain sont nouvelles et se sont
intégrées à un processus déjà en cours.
Le tourisme culturel immatériel est apparu en 2003 au
sein de l'UNESCO suite à une prise de conscience collective quant
à l'intérêt qu'il pouvait représenter pour les
territoires. Il s'agit effectivement d'un patrimoine en vogue et très
recherché par les touristes aujourd'hui. De plus, il témoigne de
l'histoire et de la spécificité d'un lieu et représente
donc un atout touristique.
Le cirque contemporain a fait surface dans les années
70, suite à un essoufflement du cirque traditionnel. Ce dernier
jugé trop répétitif et ennuyeux, le nouveau cirque a
été un véritable vent nouveau au sein du monde circassien
et a complètement relancé les arts du cirque dans la dynamique
actuelle.
Notre premier volet nous ouvre les yeux sur l'entrée et
la place du cirque au coeur du tourisme culturel.
25
Chapitre 2 - Développement territorial et image
de
marque
Nous allons maintenant nous tourner du côté du
développement territorial. En effet, nous souhaitons faire du cirque un
facteur de développement et, après avoir éclairci la
première notion, il va nous falloir des éléments de
compréhension sur la deuxième.
L'identité territoriale est nécessaire pour les
destinations touristiques aujourd'hui, il s'agit d'un atout
d'attractivité important. Nous nous attarderons ensuite sur les acteurs
d'un territoire car ils participent grandement à la création et
la diffusion de cette image. Nous verrons aussi qu'il existe un imaginaire fort
associé au cirque et qu'il pourrait être utilisé dans une
optique de création identitaire.
1. L'identité territoriale; une notion qui
s'inscrit dans le cadre du développement territorial
Cela fait quelques années que les destinations ont pris
conscience du réel intérêt de la stratégie de
marque. Par contre, la question de l'identité n'est apparue que
récemment et n'a pas toujours fait l'unanimité, ni primé
aux yeux des acteurs locaux. Aujourd'hui l'identité touristique s'impose
aux destinations dans un contexte beaucoup plus complexe. En effet, la
concurrence est de plus en plus forte et les nouvelles technologies perturbent
grandement la communication touristique. C'est dans ce monde en mutation que
doivent s'imposer les destinations touristiques, et pour cela elles n'ont pas
beaucoup de possibilités ; il faut se différencier des voisins et
se faire entendre dans un environnement en perpétuelle évolution.
L'action médiatique doit être innovante et se démarquer par
rapport aux autres destinations pour exister dans un contexte
internationalisé et banalisé par les nouvelles formes de
communication.
26
Les territoires peuvent s'inspirer du mode de
développement pratiqué dans les autres secteurs touristiques
comme celui du transport ou de l'hébergement car ils ont souvent une
stratégie de marque plus poussée. En effet, l'image d'un
territoire, pour atteindre les prospects, devrait être construite sur la
même logique que la marque. Cela implique de travailler sur l'inconscient
collectif et d'explorer l'imaginaire individuel.
Nous allons maintenant nous attarder sur la notion de tourisme
et plus particulièrement sur celle de développement et
d'identité territoriale.
En effet, le développement des territoires est un
processus complexe et en constante évolution que nous tenterons de
comprendre, la multiplicité des acteurs et les différents
échelons territoriaux présents dans le domaine touristique ne
nous faciliterons pas la tâche.
La « marque » est une dimension très
présente dans le secteur de la production, mais les territoires sont
aussi un « produit » touristique et il est donc important de
développer une stratégie marketing et en particulier de
construire une image de marque. Nous essaierons de comprendre comment les
acteurs locaux peuvent développer leur territoire et de quelle
manière ils créent et entretiennent une identité
territoriale.
Développement territorial :
« Le développement peut être défini
comme l'accroissement de la qualité de la vie, c'est-à-dire non
seulement la croissance exprimée en termes économiques, mais
aussi le mieux-être social et culturel et l'amélioration du cadre
de vie. Le développement est donc, par nature, transversal et
décloisonné. Il regroupe, croise et associe diverses
compétences sectorielles et divers types d'acteurs. Dans un projet de
développement, les attributions propres à l'aménagement du
territoire concernent essentiellement les localisations les plus
adéquates par
27
rapport aux objectifs fixés; d'autre part,
l'aménagement du territoire rassemble les actions des différents
intervenants »20
Nous voyons donc toute la complexité de cette notion,
le développement est un processus long et du fait de sa dimension
qualitative très importante, il est difficile de le mesurer. D'autre
part, il est ancré dans le territoire et varie suivant le lieu et
l'époque. Les facteurs de développement sont différents
selon les ressources territoriales, il en est de même pour les
retombées.
Cependant, tous les spécialistes s'accordent pour dire
qu'il y a eu développement lorsqu'une situation A s'est modifiée
pour arriver à une nouvelle situation B jugée meilleure. Le
problème réside dans l'appréciation de la nouvelle
situation. En effet, suivant certains acteurs, la situation finale
peut-être décrétée meilleure que l'ancienne, mais
d'autres la regretteront.21
Il s'agit donc de satisfaire le plus grand nombre et
d'améliorer la vie des citoyens en général. Le
développement n'étant pas un processus unanime, il est impossible
de satisfaire tous le monde et il s'agit donc surtout d'une question de choix
stratégique, d'où l'importance de la communication et du travail
en réseau.
Pour faire du tourisme et plus particulièrement des
arts du cirque un bon facteur de développement pour les territoires, il
semble que plusieurs conditions doivent être remplies22 :
- Les territoires doivent présenter un
intérêt et une histoire circassienne. - Les territoires doivent
être bien desservis et disposer des infrastructures
nécessaires à l'accueil des touristes
(hôtels, restaurants, activités de
loisirs...). On parle de la liberté d'accueillir.
- Le cirque en tant qu'activité touristique, doit venir
compléter d'autres activités présentes sur le territoire.
Il s'agit du principe de complémentarité.
20 Définition du développement territorial
donnée par le Conseil wallon de l'Environnement pour le
Développement durable (CWEDD)
21 Cours de licence 3 TD de Pierre Torrente sur le tourisme
facteur de développement.
22 En se basant sur les principes du tourisme facteur de
développement du cours de Pierre Torrente et sur ceux du cours de Paul
Pichon sur le marketing stratégique
28
- Les territoires doivent mettre en place une stratégie
de communication adaptée et efficace.
- Les territoires doivent sans cesse remettre en cause leur
offre pour qu'elle corresponde toujours à la demande.
- Les territoires doivent mettre en place un réseau
d'acteurs efficace et s'unir pour disposer d'une légitimité et
d'une visibilité au niveau régional, national ou même
européen.
- Le territoire doit pouvoir offrir un produit « cirque
» tout au long de l'année.
Identité territoriale :
C'est sur le concept d'identité territoriale que nous
allons maintenant nous attarder. En effet, j'ai choisi d'entrer par cette porte
pour analyser mon sujet et tenter de comprendre en quoi le cirque peut
représenter un facteur de développement pour les territoires.
L'identité territoriale ou l'image de marque d'un
territoire sont des notions de marketing territorial, en effet, comme un
produit, un territoire correspond à un ensemble d'offre de biens et de
services qui peuvent correspondre à une demande existante ou
potentielle. On pourrait ainsi parler du positionnement d'un territoire,
c'est-à-dire le fait qu'une destination prenne place dans l'esprit du
consommateur.23
Ces notions sont très actuelles et tous les territoires
cherchent à les développer et à les parfaire. En effet,
aujourd'hui, avec le processus de mondialisation, la quantité d'offre
touristique disponible, la qualité des prestations, le nombre croissant
de labels, la mobilité accrue... les touristes doivent faire un choix et
ont du mal à s'orienter dans la « jungle touristique ».
Certaines destinations sont victimes d'une crise identitaire qui fait baisser
leur fréquentation touristique. C'est ainsi que les territoires ont pris
conscience de l'intérêt de se démarquer par rapport aux
concurrents et de se créer une identité propre. Cette
23 Cours de Paul Pichon de Master 1 sur le marketing
territorial
29
« étiquette » sera leur carte
d'identité, c'est grâce à cela que l'environnement externe,
et plus particulièrement les touristes, reconnaîtront une
destination. L'identité d'un territoire correspond à l'image
qu'en ont les individus ou les organisations extérieures. La
subjectivité est très présente et l'imaginaire joue un
rôle très important dans cette perception. Nous
développerons cette notion d'imaginaire plus tard en la mettant en
relation avec le monde du cirque.
Le lien entre identité et patrimoine local est
très important. Un territoire est caractérisé par ses
spécificités et son patrimoine est en quelque sorte sont ADN. Il
est identifié par ses ressources naturelles, ses monuments, ses
traditions, sa gastronomie... qui sont toutes différentes du territoire
voisin.
En effet, pour Henri Ollagnon, le patrimoine correspond
à « l'ensemble des éléments matériels et
immatériels qui concourent à maintenir l'identité et
l'autonomie de son titulaire dans le temps et dans l'espace par l'adaptation en
milieu évolutif »24. Cette vision est durable dans
la mesure où elle renvoie à l'héritage et implique un legs
aux générations futures. Elle insiste aussi sur le fait que le
territoire est un espace identitaire avec des ressources propres qui se
différencie ainsi des autres destinations.
L'identité d'un territoire se base donc sur son
passé, sur des marqueurs historiques ou géographiques, elle
reflète la « personnalité » du lieu. Elle peut
correspondre à une étape de son histoire, comme la destination
« Aude, Pays Cathare » qui s'est démarquée en insistant
sur l'époque du Moyen-âge et les croisades cathares qui ont
laissé des traces (châteaux, abbayes...). Cependant,
l'identité peut aussi se former à partir des
spécificités environnementales du territoire. Comme les
Cévennes qui mettent en avant la richesse de ses paysages avec le slogan
« Cévennes, Un archipel de monde à part ».
L'image de marque d'un territoire est donc une partie
intégrante du développement territorial, elle est d'autant plus
indispensable qu'aujourd'hui,
24 Henri Ollagnon., 1989, « Une approche patrimoniale de la
qualité du milieu naturel », in ; Mathieu N., Jollivet M. (dir.),
Du rural à l'environnement : la question de la nature
aujourd'hui, ARE, Paris, L'Harmattan, pp. 258-268.
30
l'environnement est incertain, la concurrence est forte et les
touristes demandeurs d'authenticité et d'expériences. Cependant,
cette notion est complexe et des conditions sont nécessaires pour
qu'elle soit effectivement bien mise en place et pour qu'elle ait une
portée sur le long terme.
2. Les acteurs d'un territoire
Les acteurs d'un territoire sont les personnes physiques ou
morales qui le font vivre. Il peut s'agir d'individus particuliers (habitant,
leader d'opinion, élu) ou d'organisations publiques (office de tourisme,
Conseil Général) ou privées (association de consommateur,
entreprise). Les acteurs locaux ont un rôle de plus en plus important et
sont vraiment impliqués dans la vie de leur territoire. Aujourd'hui, des
termes comme démocratie participative ou gouvernance locale sont
très en vogue et l'Etat mise sur l'efficacité de l'échelle
locale.
Cependant, la France présente une importante
multiplicité d'acteurs et un « millefeuille administratif »
très complexe qui est dû au grand nombre des échelons
territoriaux existants. Même si il est en train de se simplifier et de se
normaliser, le système administratif français reste un des plus
complexe d'Europe.
Il est donc indispensable que le système d'acteur d'un
territoire soit parfaitement mis au point pour être efficace, chacun a un
rôle précis mais les objectifs sont souvent communs, à
savoir tendre vers le développement territorial.
Le tourisme est une compétence publique partagée
entre l'Etat et les acteurs locaux compétents (Cf. annexe 4). Les
actions de ces derniers doivent être cohérentes et respecter
l'échelon supérieur. D'autre part, l'Etat et la dynamique
européenne encourage les territoires à s'inscrire dans une
dynamique durable et à se projeter dans le futur en travaillant avec des
outils tels que les contrats ou les plans.
31
Le tourisme étant un secteur pluridisciplinaire, les
acteurs ont tout intérêt à collaborer pour avancer
ensemble. De la même manière, l'image et l'identité d'une
destination, comme nous l'avons vu dans la partie précédente,
sont des notions qui englobent la totalité des caractéristiques
d'un territoire. Pour qu'un territoire véhicule une image forte, viable
sur le long terme et pour qu'il soit visible au niveau national ou
international, cette image doit être commune à tous les acteurs
territoriaux et à toutes les organisations en présence. Ainsi et
avec l'appui de tous, l'identité d'un territoire sera durable et
légitime aux yeux des individus extérieurs. Pour qu'une
destination transmette une image de marque puissante, elle doit d'abord
être acceptée et revendiquée par ses habitants.
3. L'imaginaire lié au monde du cirque
Après avoir éclairci les notions
d'identité territoriale et de réseau d'acteur dans le tourisme,
nous allons voir que l'imaginaire associé au monde du cirque y participe
grandement. En effet, le Mercator définit le positionnement comme
"une démarche volontariste du territoire qui consiste à
choisir où l'on se situe sur un marché, face à quels
concurrents et avec quelle proposition de valeur claire pour les clients".
Nous en retenons deux concepts importants : l'identification et la
différenciation. Ils se basent en grande partie sur des critères
subjectifs et propres à l'interprétation de chacun. Le cirque,
comme chaque art, chaque destination, chaque produit touristique... inspire,
fait rêver, donne envie, crée un désir et développe
l'imaginaire.
Le cirque est un monde qui oscille entre la
réalité et l'imaginaire, c'est cela qui fait son succès.
La dimension extraordinaire le spécifie et l'enrichi.
Même si au début du XVIIIème
siècle, le cirque était surtout un spectacle
réalisé par les bouffons pour distraire la haute
société durant les banquets, aujourd'hui, il s'agit surtout d'un
moment qui permet faire rêver les spectateurs. Certes, cet art s'inspire
de la réalité mais l'imaginaire reste quand même le fil
rouge de
32
tout spectacle de cirque contemporain. Contrairement au cirque
traditionnel des éléphants, des clowns et des dresseurs de
fauves, le nouveau cirque cherche à garder un pied dans la
réalité afin de faire passer un message social. Ne pas
s'écarter complètement de ce que vivent les gens au quotidien est
un enjeu pour les circassiens. Le pouvoir de l'imagination est d'autant plus
fort qu'il vous touche directement, qu'il fait référence à
votre vécu, au fait que vous vous retrouviez dans les rôles
joués par les artistes sur scène.
Dans tous les cas, il est clair que le cirque est
associé à des valeurs fortes et qu'il pousse au rêve. Nous
verrons dans l'une de nos hypothèses que cette dimension sera importante
et nous la considérerons comme une force pour faire du cirque un facteur
de développement pour les territoires.
Conclusion :
Ce second chapitre nous a permis de cerner la notion de
développement territorial et en particulier celle de l'identité.
Aujourd'hui, il s'agit d'une question qui est constamment abordée par
les acteurs du tourisme. Dans notre cas, le cirque étant associé
à des valeurs et à un imaginaire fort, il est envisageable de
l'intégrer dans l'image d'une destination pour participer à son
développement, en passant par exemple, par l'augmentation de sa
notoriété.
33
Chapitre 3 - Problématiques et enjeux
liés à la mise en tourisme du cirque
Il serait intéressant de réfléchir sur les
problèmes qui peuvent apparaître suite à la mise en
tourisme du cirque afin d'éviter certaines dérives possibles. Par
ailleurs, il n'existe aucun modèle de l'activité touristique
parfaite25, le micro marché des arts du cirque ne
déroge pas à la règle, nous allons voir qu'il existe des
limites et que suivant le territoire et les acteurs en présence, cette
mise en tourisme produira différents effets.
1. Le cirque : un monde à part dans le tourisme
culturel
Comme nous l'avons vu dans la troisième partie du
chapitre 1, le cirque en tant qu'art du spectacle, fait partie du tourisme
culturel immatériel. Et comme chaque ressource impalpable, il est plus
difficile de la quantifier, de la protéger et surtout de l'ouvrir au
tourisme. Cependant, cela est possible lorsque que les acteurs travaillent en
réseaux et mettent en place les bons outils pour développer cet
art.
Le cirque est donc un art qui attire les touristes tout en
restant original.
Le fait de venir voir un spectacle de cirque ou d'assister
à un festival d'art de rue est considéré comme du
tourisme, en effet, cela correspond à un déplacement hors de son
environnement habituel pour des fins de loisirs et de
détente26. Certes, il ne s'agit pas de visiter un
musée, un grand site ou un parc naturel, mais cela est tout de
même considéré comme une forme de tourisme.
Le cirque est souvent associé à
l'événementiel, cela aussi lui procure une
spécificité. Mais nous nous attarderons sur cette dimension plus
tard.
25 Cours de Pierre Torrente de Master L3 Tourisme et
Développement sur le tourisme facteur de développement
26 Définition donnée par l'INSEE
34
Les manifestations et les festivals rejoignent le cirque en
jouant sur le côté éphémère. En effet, les
gens viennent voir un spectacle27 et le gardent en mémoire,
c'est une expérience humaine unique, cela est différent de la
visite d'un château que l'on peut retourner voir plusieurs fois. Il
existe un rapport entre le touriste et l'artiste, par opposition au tourisme
naturel dans lequel la ressource est passive. Le cirque repose sur la ressource
humaine et sur son interaction avec le public.
Il est très important de prendre en compte cette
dimension « périssable » de l'offre touristique circassienne.
Notamment car il est impossible de « calquer » sur le cirque les
stratégies habituelles de mise en tourisme.
Le cirque est un univers à part entière dans le
monde du tourisme (Cf. annexe 6), c'est non seulement un moment de
détente et de loisirs, mais l'assurance de vivre une expérience
unique et de pénétrer dans un monde particulier rempli de codes,
de couleurs, de sons et de formes.
2. Un public concerné asses restreint
Le caractère singulier du cirque implique que le public
soit assez restreint. Cependant, c'est la discipline de spectacle
vivant28 qui enregistre le plus faible taux de non public,
c'est-à-dire le plus faible taux de personnes déclarant
n'être jamais allées au cirque. Selon le rapport
réalisé par Hors les Murs29 les publics des
spectacles de rue et du cirque qui exploite des données de 2008,
« 22% seulement des Français de 15 ans et plus déclarent
n'être jamais allés à un spectacle cirque au cours de leur
vie, tandis que 42% ne sont jamais allés au
27 Il existe des musée de l'histoire du cirque et des
expositions temporaires, mais cela est moindre comparé à l'offre
touristique liée aux spectacles de cirque.
28 Selon le ministère de la culture et de la
communication, le spectacle vivant concerne la danse, la musique, le
théâtre, le cirque, les marionnettes et les arts de la rue.
29 Centre national de ressources des arts de la rue et des arts
du cirque, il s'agit d'une association créé en 1993 par le
ministère de la Culture.
35
théâtre. »30 Le cirque reste tout de
même une discipline fréquentée, on se rappelle plus
facilement être allé au cirque qu'au théâtre.
Le pourcentage de la population déclarant être
allé au moins une fois dans sa vie
au cirque est passé de 13% à 14% entre 1997 et
2008. Cela représente 6,9
millions d'individus31 (9,4 millions pour le
théâtre).
Le public des arts du cirque présente quelques
spécificités :
- Relativement mixte
- Majoritairement occasionnel
- Concerne toutes les catégories sociales
- Est moins diplômé que celui des autres
disciplines
- Vient des milieux urbains et ruraux
Le public du cirque comporte donc des particularités, il
n'est pas aussi important
que celui du théâtre mais il augmente chaque
année. Cela est en partie dû à
l'évolution fulgurante de la production circassienne au
cours des quarante
dernières années.
Cependant, les spectateurs réguliers sont peu nombreux.
Cela peut s'expliquer par l'arrivée des réseaux sociaux et de
l'ère numérique qui favorisent l'échange fictif sur le web
aux dépends du partage réel et du contact humain.
3. Un domaine peu médiatisé par rapport
aux autres formes de tourisme culturel immatériel
L'Etat et les collectivités territoriales lancent,
à des périodes déterminées, des campagnes de
promotion touristique. Il s'agit souvent de stimuler ou de relancer un secteur
touristique dans une zone géographique plus ou moins étendue. En
revanche, il est plus rare de voir des campagnes promotionnelles visant
à médiatiser un micromarché touristique ou un
marché de niche comme le cirque.
30 Il est à préciser que l'on ne sait pas s'il
s'agit de spectacle de cirque traditionnel ou contemporain.
31 L'enquête ne concerne pas les jeunes de moins de 15
ans qui représentent pourtant un nombre important de spectateur.
36
Le patrimoine culturel immatériel est valorisé
par les territoires car ce tourisme est en vogue aujourd'hui, mais il s'agit
surtout de mettre en avant une culture, une histoire, un mode de vie. Certes,
cela passe par la valorisation des spécificités du territoire,
mais l'on va s'appuyer d'avantage sur la gastronomie, l'histoire (« Aude
pays Cathare ») ou la nature plutôt que sur l'identité
circassienne d'un lieu. Cela est compréhensible car les acteurs locaux
choisissent des valeurs sûres pour attirer des touristes. Les monuments,
les musées, les parcs d'attractions ou la situation géographique
(sur le littoral) peuvent être des atouts touristiques majeurs qu'il
convient de mettre en avant. C'est pour cette raison que nous ne voyons pas
souvent des campagnes promotionnelles d'un territoire utilisant le cirque comme
atout principal.
S'agissant souvent de festivals, le cirque ne peut être
utilisé comme image durable. Cependant, le temps du festival, les
territoires n'hésitent pas à mettre l'évènement en
avant. Mais il est vrai que comparé au patrimoine culturel
immatériel en général (par le biais notamment des
écomusées), le cirque n'est pas la pratique la plus
médiatisée par les acteurs touristiques locaux et nationaux.
Conclusion :
Le cirque peut-être un facteur de développement
pour les territoires, mais nous venons de voir qu'il sera compliqué d'en
faire un véritable levier. Plusieurs éléments viennent
freiner son action dans le développement territorial comme la faible
proportion de touriste qu'il touche.
Cependant, le cirque contemporain reste quand même un
nouvel atout touristique pour les territoires et les acteurs locaux peuvent
avoir un intérêt à s'y intéresser.
37
Conclusion Partie 1
Nous venons d'éclaircir les notions clés du
mémoire, le cirque, le tourisme culturel, le développement
territorial et l'identité d'une destination.
Le cirque fait partie des arts du spectacle et appartient donc
au patrimoine culturel immatériel d'une région. Après
avoir regardé du côté du développement et en
particulier de l'image de marque d'un territoire, il est apparu que les arts du
cirque pourraient faire l'objet d'une campagne de promotion territoriale.
Dès lors, il est logique de considérer le cirque
comme nouvel atout touristique pour les territoires. Nous pouvons affirmer que
cet art pourrait participer à l'attractivité d'une ville ou d'une
région. En revanche, comment les acteurs du tourisme peuvent-ils
intégrer cette dimension à leur démarche marketing afin de
faire du cirque une force d'attractivité ? La durabilité d'une
telle image, basée sur du vivant et non sur un patrimoine bâti
reconnu, est-elle viable sur le long terme ? Le public qu'elle peut toucher
est-il assez important ou faut-il miser sur d'autres ressources ?
Nous en arrivons à nous poser cette problématique
:
« Dans un contexte touristique très concurrentiel
dans lequel la différenciation est un enjeu majeur, comment les
territoires peuvent-ils se créer une identité en jouant la carte
du cirque ? »
Cette prochaine partie va tenter d'apporter des pistes de
réflexion à cette interrogation.
38
PARTIE 2 : Les relations entre les arts
du cirque et l'image de marque des
territoires
39
Introduction de la partie 2
Dans la première partie nous avons mis en
évidence les relations entre le cirque et le tourisme. Maintenant, nous
allons voir comment les corréler et faire du cirque un facteur de
développement. Nous avons choisi de rentrer par la porte « image de
marque », nous essaierons donc de trouver des moyens pour apporter une
dimension « cirque » aux territoires.
Cette seconde partie tentera d'apporter des réponses
à la problématique exposée plus tôt.
Dans un premier temps, il sera intéressant d'aller voir
de plus près le système d'acteur qui existe sur un territoire,
est-il toujours bien mis en place ? Participe t-il à une meilleur
visibilité de la destination ? Les acteurs locaux peuvent-ils s'unir et
s'entendre pour valoriser une ressource plus qu'une autre ?
En effet, un réseau d'acteur qui fonctionne bien sur un
territoire sera une force pour son développement; par ailleurs nous
allons voir quels acteurs peuvent s'intéresser et participer au
développement des arts du cirque. Enfin, nous prendrons l'exemple de
Pyrénées de cirque, un projet européen de
coopération transfrontalière, pour tenter de clarifier notre
hypothèse.
Nous verrons dans un second chapitre pourquoi les festivals
connaissent un réel succès. À partir de ce constat, nous
allons pouvoir nous demander s'il s'agit effectivement d'un outil de promotion
touristique. Nous essaierons de voir si oui ou non, ces manifestations sont
effectivement une source de couverture médiatique pour le territoire.
40
Enfin, nous aborderons les NTIC et leur rôle dans la
diffusion des arts du cirque. Nous verrons en quoi ces nouvelles pratiques
numériques peuvent être de réelle force dans la promotion
d'un territoire. D'une part, il s'agit d'un outil dont disposent les touristes
pour faire leur choix, mais c'est aussi un support pour les professionnels du
tourisme et les circassiens qui leur permet de valoriser leur territoire, leurs
produits ou leur art. Il s'agirait ainsi d'un formidable atout dans l'optique
de la création d'une identité « cirque » pour un
territoire.
Nos trois hypothèses sont donc :
- La visibilité d'un territoire est accrue par le
travail en réseau des acteurs touristiques.
- Les festivals de cirque apportent une couverture
médiatique non négligeable.
- Les nouvelles technologies participent grandement à
la notoriété des territoires.
41
Chapitre 1- La mise en réseau d'acteurs pour une
meilleure visibilité
Dan ce chapitre nous allons nous pencher sur notre
première hypothèse. Le travail en réseau dans le domaine
touristique pourrait peut-être répondre à notre
problématique. En effet, nous souhaitons savoir comment les
professionnels du tourisme peuvent se servir du cirque pour se forger une image
de marque. Et le travail en réseau parait être un bon mode de
fonctionnement pour augmenter cette visibilité.
1. L'importance des réseaux d'acteurs dans le
développement territorial
Un territoire est « une portion de la surface terrestre
que se réserve une collectivité humaine qui l'aménage en
fonction de ses besoins »32. Cette définition
géographique du territoire nous intéresse car nous allons nous
attarder sur les acteurs qui le font vivre. En effet, c'est un espace
vécu, c'est-à-dire un lieu vierge que s'est approprié un
ensemble d'individus.
Les acteurs du tourisme sont nombreux et ont chacun un
rôle précis. Nous avons déjà développé
cet aspect dans le chapitre deux de la première partie et nous allons
nous concentrer sur la mise en réseaux de ces acteurs.
Depuis quelques années, dans le milieu du tourisme, la
tendance est au regroupement et à la coordination des actions. En effet,
les acteurs du tourisme, notamment les offices du tourisme et syndicats
d'initiatives, se sont rendu compte qu'ils travaillaient chacun de leur
coté et de manière éclatée, cela entrainait des
difficultés de communication et d'efficacité à
l'échelle locale.
32 M. Le Berre, dans l'Encyclopédie de la
géographie, Economica, 1992
42
Ainsi aujourd'hui, beaucoup de projets, plans ou contrats,
prévoient le travail en réseau des acteurs du tourisme d'un
même territoire. Cela peut se traduire par la mise en place d'un outil
informatique commun et par la fusion de plusieurs structures comme les maisons
du tourisme qui regroupent plusieurs communes.
Cette interaction est un choix stratégique qui vise
à augmenter l'efficacité des initiatives, autrefois
isolées et individuelles, des acteurs d'un territoire afin de le rendre
plus attractif. Il s'agit d'une approche systémique qui prend en
considération les liaisons qui existent entre les différents
acteurs33. En effet, le secteur touristique est plus complexe que
les autres, et son fonctionnement réside dans la capacité des
acteurs à proposer une offre complète et attractive aux touristes
(transports, hébergement, restauration, activités culturelles,
paysages naturels...).
Le développement touristique d'un territoire sera plus
efficace si les acteurs locaux travaillent ensemble. La force d'action et la
visibilité d'une destination sera plus grande s'ils se regroupent en
unissant leurs compétences. Dans l'industrie nous parlons d'un
système valeur qui consiste à imbriquer les différents
maillons de la production jusqu'à la commercialisation pour satisfaire
au mieux le client. Dans le monde du tourisme, le travail en réseau
améliorera la crédibilité et la visibilité qui
contribueront à développer le territoire.
Les experts en marketing touristique parlent de
stratégie d'alliance34. En effet les entreprises
concurrentes, plutôt que de s'affronter sur le même marché,
ont intérêt à communiquer et à travailler ensemble
pour que chacune d'elles tire un bénéfice de la situation. C'est
la même chose sur un territoire touristique : avant de se battre pour
attirer le touriste dans son restaurant, dans son hôtel ou dans son parc
d'attraction, il faut d'abord que ce dernier ait choisi cette ville, cette
région ou ce pays. C'est le rôle principal du maillage des
acteurs.
33 Cours de Driss Boumeggouti de Licence 3 Tourisme et
Développement en géographie du tourisme
34 Cours de Laurent Barthe de Master 1 Tourisme et
Développement sur le marketing touristique
43
La Corse est un bon exemple : les acteurs du tourisme sont
solidaires et font passer les intérêts de l'ile avant les leurs.
Le touriste potentiel perçoit cette solidarité qui agit
immanquablement sur son imaginaire et l'incite à choisir cette
destination. Plus les acteurs travailleront ensemble et plus ils trouveront un
intérêt personnel dans la venue du touriste. Il faut donc d'abord
élaborer une stratégie touristique commune qui augmentera
l'attractivité du lieu.
2. Le soutien d'une multiplicité d'acteurs : un
facteur de développement pour le cirque
Depuis 1981, le cirque a été rattaché au
ministère de la culture (il était sous la tutelle du
ministère de l'agriculture), et Hors Les Murs est l'interlocuteur entre
le monde du cirque et l'Etat. Cette association a été
créée en 1993 par le ministère de la Culture pour
développer les arts de rue35. Son champ d'action a
été élargi aux arts du cirque en 1996.
Dans n'importe quel domaine, il est clair que par soutien,
nous entendons surtout soutien financier, dans le monde du cirque il sera de
caractère médiatique. L'Etat dispose de crédit pour la
culture en région, les arts du cirque en bénéficient de
différentes manières (Cf. annexe 5).
Ce sont, en premier lieu, les Pôles Nationaux des Arts du
Cirque (PNAC)36 qui bénéficient de crédits
nationaux pour atteindre leurs 4 objectifs principaux37 : - Soutenir
la création par des résidences et des coproductions.
- Elargir la diffusion des spectacles de cirque par des
programmations régulières sur un territoire régional.
- Sensibiliser les publics à cette discipline en
liaison avec divers partenaires (autres établissement d'action
culturelle, monde associatif et éducatif).
35 Il s'agit des spectacles ou des événements
artistiques donnés à voir dans la rue, c'est à dire sur
les places, les berges d'un fleuve, une gare, un port, une friche industrielle,
un immeuble en construction, voire les coulisses d'un théâtre.
36 Il existe douze PNAC en France dont Circuits à Auch
37 Objectifs tirés du site internet du Ministère de
la Culture et de la Communication.
44
- Favoriser la formation continue et le suivi des parcours
professionnels des artistes associés, notamment celui des jeunes en
démarrage professionnel.
L'Etat apporte aussi son aide aux compagnies se produisant
sous chapiteaux dans son volet « aide à l'itinérance ».
Certains grands festivals son conventionnés par l'Etat comme Circa
à Auch ou le Festival Mondial du Cirque de Demain à Paris. La
reconnaissance de cet art s'est aussi accompagnée de la création
d'une spécialité « arts du cirque » pour la
filière littéraire du baccalauréat en 2006.
Le nouveau cirque est de plus en plus reconnu car de plus en
plus pratiqué et présent dans les festivals. D'où la
croissance de son importance dans le tourisme culturel immatériel.
L'Etat, les régions38 et les communes, notamment les
collectivités qui accueillent des festivals, des résidences
d'artistes ou des lieux de création, accordent une part plus ou moins
conséquente de leur budget aux arts du cirque et à leur
diffusion.
D'autre part, le cirque contemporain touchant à
plusieurs domaines, le nombre d'acteurs susceptibles d'être
intéressés augmente. C'est ainsi qu'un festival de cirque peut
être aidé financièrement par des théâtres
municipaux, des musées, des compagnies de danse et suivant le
thème, par des associations concernées.
Comme pour beaucoup de phénomènes touristiques,
tous les acteurs du territoire ont intérêt à ce que leurs
ressources soient mieux valorisées et mises en valeur. C'est pour cela
qu'en amont d'un festival de cirque, tous les commerçants, artisans,
établissements culturels, structures publiques... mettent en place une
stratégie visant à attirer le plus grand nombre de touristes
(thème cirque dans les vitrines, affiches, bouche à
oreille...).
38 Aides financières apportées par la DRAC
(direction régionale des affaires culturelles)
45
Le directeur de la Grainerie39 nous parle de la
« démarche de filière » mise en place pour
développer le secteur des arts du cirque.
« Il s'agit de favoriser la création et
l'emploi en s'impliquant dans la structuration de la filière cirque sur
la région toulousaine. Cette ambition est portée par les
compagnies, les bureaux de production, la Fédération
Régionale des Ecoles de Cirque (FREC), et les structures clés
comme le Lido de Toulouse, le CIRC40 à Auch. Structurer une
filière régionale, c'est aussi lui permettre d'être mieux
connue dans son Euro région, en Europe et à l'international, et
de favoriser son rayonnement grâce à des partenariats forts avec
des opérateurs étrangers d'autres capitales pour les arts du
cirque, comme Barcelone et Bruxelles. »
On voit bien que tous les acteurs d'un territoire, à
tous les niveaux et dans différents secteurs (production, artistique,
pédagogique...) doivent être mobilisés et organisés
autour d'objectifs communs pour développer les arts du cirque.
3. Exemple du projet européen de
coopération transfrontalière Pyrénées de cirque
Pyrénées de cirque est un partenariat
européen pour les arts du cirque. Ce projet réunit dix
partenaires de l'espace transfrontalier autour d'une volonté commune :
dynamiser le secteur sur ce territoire en accompagnant mieux les porteurs de
projet dans leur parcours.
A partir de 2012 et jusqu'en 2014, des actions pour la
formation, la création et la diffusion des arts du cirque seront mises
en place sur la chaîne pyrénéenne.
39 La Grainerie est une fabrique des arts du cirque et de
l'itinérance située à Toulouse, elle est
dédiée au renforcement de la filière cirque et à
l'accompagnement de ses acteurs.
40 Centre d'Innovation et de Recherche Circassien
46
Les principaux objectifs de ce projet sont d'accompagner la
création et l'innovation et de construire une plateforme de diffusion
transfrontalière.
Pyrénées de cirque se conçoit en
synergie avec le projet euro régional Process()s. Entre
2012-2013, il vise à encourager la création et la diffusion du
cirque contemporain sur le territoire
Pyrénées-Méditerranée. Cela se traduit par des
actions basées sur la circulation des artistes et des oeuvres dont les
bénéficiaires sont, bien entendu les artistes mais aussi les
diffuseurs et les publics. Le partenariat global s'étend donc sur
l'ensemble de l'espace transfrontalier et pyrénéen, de la
Méditerranée à l'océan Atlantique.
Au travers de ce projet de coopération
transfrontalière, nous voyons l'intérêt qu'ont les artistes
et les territoires à s'associer. La portée de leur action et est
plus grande, dans le cas de Pyrénées de cirque elle
touche deux pays. En plus d'attirer un nombre plus important de touristes lors
des évènements circassiens, les associations, projets
euro-régionaux ou coopérations entre acteurs ont plus de
crédibilité et une meilleure lecture au niveau national ou
transfrontalier.
47
CONCLUSION PREMIERE HYPOTHESE :
La collaboration entre le monde du cirque et le domaine
purement touristique (surtout par le biais des collectivités
territoriales et de l'Etat), est un facteur déterminant pour la
diffusion et la valorisation des arts du cirque.
Un territoire qui veut se différencier et se
créer une « identité cirque » doit avoir un maillage
territorial très bien ficelé. Les structures touristiques
publiques et privées doivent parfaitement relayer les actions des
acteurs de la filière cirque, qu'il s'agisse des artistes ou des
scènes culturelles qui les produisent.
Ce travail en réseau, avec peu d'intermédiaire
et une bonne coordination, permettra sûrement l'expansion et la diffusion
des arts du cirque à une échelle plus ou moins importante.
Nous pouvons conclure que le maillage des acteurs participe
grandement à la visibilité d'un territoire et justifier la
validité de notre première hypothèse.
Il serait également intéressant de s'attarder
sur les moyens de valorisation et de diffusion de l'identité cirque.
Nous allons maintenant nous y pencher à travers la question des
festivals.
Chapitre 2 - Les festivals de cirque; une couverture
médiatique importante pour les territoires
Ce deuxième volet nous donne une autre piste pour
avancer sur notre problématique. Il semble que les festivals de cirque
participent à donner une nature circassienne au territoire d'accueil,
notamment par les retombées médiatiques qu'ils engendrent. Nous
allons étudier cette possibilité plus en détails
maintenant.
1. L'engouement pour les festivals
Les festivals sont des séries périodiques de
manifestations artistiques appartenant à un genre donné et qui se
tiennent habituellement dans un lieu précis.41 Leur nombre et
leur taille augmentent chaque année, même si certains
disparaissent, cela n'est pas significatif. La France est le pays
européen qui accueille le plus grand nombre de festivals. Les
entreprises telles que les loueurs de voitures, la SNCF ou les compagnies
aériennes remarquent même une hausse de leur activité
durant ces périodes.
48
41 Définition tirée du Larousse.
49
Figure 4 : Organisation des festivals de rue
et de cirque sur l'année :
Source : rapport des chiffres clés sur les arts du
cirque et de la rue de Hors les Murs de 201042
Hors Les Murs répertoriait en Juillet 2010, 64
festivals de cirque en France, ils se déroulent pour la plupart au
printemps (34%) ou en été (38%). Mais cette saisonnalité
n'est pas aussi marquée que pour les festivals d'art de rue. En effet,
la diffusion du cirque à couvert et notamment en salle, permet
d'organiser ces manifestations tout au long de l'année.
Cela est à prendre en considération, en
particulier dans une optique de mise en tourisme et de développement des
territoires, car les acteurs locaux cherchent sans cesse à étaler
leur saison touristique. Il est en effet possible d'assister à des
représentations à n'importe quelle période de
l'année car elles peuvent se jouer dans des théâtres, des
scènes conventionnées ou encore dans des chapiteaux en dur.
42
http://www.horslesmurs.fr/plugins/fckeditor/userfiles/file/Ressources/Documentation/Rappo
rts%20et%20etudes/memento_1.pdf, consulté le 06/01/14
50
En ce qui concerne la durée, les festivals de cirque se
répartissent en quatre catégories43 :
34% : 1 à 4 jours 38% : 5 à 10 jours
19% : 11 à 20 jours 12% : plus de 20 jours.
Les festivals de cirque durent aussi plus longtemps que ceux
de rue (58,5% d'entre eux se déroulent sur moins de 3 jours). C'est
intéressant pour les territoires dans la mesure où plus les
touristes restent sur les lieux, plus ils consomment et plus ils apportent du
« bon développement »44.
Plusieurs raisons expliquent cet engouement. Selon une
étude de Uysal et Li45 réalisée en 2008 sur les
motivations qui poussent les individus à aller voir un
festival46, quatre grandes lignes ressortent :
- le besoin de socialisation (24%)
- le ressourcement en famille (19,8%)
- l'envie de nouveauté et d'innovation (19,8%)
- le désir de s'évader (15,7%).
Ces raisons sont évoquées par beaucoup de
professionnels du tourisme et sont pointées par la majorité des
enquêtes de satisfaction. En effet, nous les retrouvons
déclinées dans un tableau paru sur le site
http://veilletourisme.ca47
43 Chiffre tirés d'un rapport publié par Hors Les
Murs en Juillet 2010
44 Cours de Pierre Torrente sur « le tourisme facteur de
développement » de Licence 3 Tourisme et Développement.
45 Mr Uysal et Mr Li sont des professeurs en tourisme et
marketing international, ils travaillent ensembles sur les motivations et
comportements des touristes. 46
http://scholarworks.umass.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1087&context=gradconf_hospitalit
y, P.4, consulté le 27/01/14
47 «Segmentation of Festival Motivation by Nationality and
Satisfaction», Tourism Management, no 25, 2004, p. 61-70.
http://veilletourisme.ca
51
Figure 5 : les motivations pour assister
à un festival :
Ces motivations sont étroitement liées au fameux
« mal du siècle » : la dépression. En effet, comme nous
l'avons évoqué dans le chapitre 1 de la première partie,
les individus seraient mal dans leur peau, stressés par la pression au
travail, en perte de valeur humaine dans des sociétés de plus en
plus virtuelles... et les festivals, en particulier ceux de cirque, seraient un
remède à ce mal-être actuel. Ainsi, la motivation «
évasion » pourrait soigner le stress au travail ou la routine
quotidienne. La motivation « socialisation » : le besoin de contact
humain, d'appartenance à un groupe et de reconnaissance sociale. Les
festivals attirent donc de plus en plus de touristes chaque année.
2. Les retombées des festivals en termes
d'image
« Un festival ou une manifestation, ça vaut toutes
les publicités du monde » me répond Sylvain Pechcomtal, le
directeur de l'office de tourisme du Grand Auch, lorsque j'évoque la
question de la couverture médiatique apportée par le festival
Circa. Cette citation traduit bien la réalité constatée
sur le terrain par les acteurs du territoire. En effet, ces derniers ont une
vision rationnelle et
52
admettent qu'un festival est un énorme atout de
communication pour la destination.
Financièrement, il s'agit aussi d'une action
très intéressante étant donné que la
publicité apportée est quasiment gratuite. « La
couverture presse qu'on peut avoir sur une manifestation ou sur un
événement, si on devait s'acheter l'espace presse
équivalant, c'est un budget qui nous est totalement inaccessible »
ajoute Mr Pechcomtal. C'est donc une très bonne opportunité,
en termes de communication, pour le territoire qui l'accueille.
La rédaction d'un dossier et la parution d'articles
dans la presse clôturent tout festival. Il s'agit d'une communication
post-évènementielle qui contribuera notamment au succès de
sa prochaine édition. Par ailleurs, des touristes étant
présents sur place pourront avoir des échos dans les
médias et s'intéresser au territoire en lui-même
après y être venus pour les manifestations. Ainsi les festivaliers
pourront devenir des touristes.
En prévision de leur future venue sur le site, les
festivaliers seront amenés à chercher des informations en vue
d'une activité complémentaire. La communication sur
l'évènement contribue à la visibilité du territoire
en général, de plus, certaine collectivités s'associent
à la manifestation et sont donc présentes sur les affiches, dans
les articles de presse ou sur les annonces radio.
53
CONCLUSION SECONDE HYPOTHESE :
Dans un contexte où les individus se lassent des
médias (TV, internet...), et sont blasés de leur vie quotidienne
ou stressés par leur travail, les festivals de cirque sont une
véritable échappatoire culturelle. Leur nombre augmente chaque
année et leur succès est souvent au rendez-vous.
Comme le dit Sylvain Pechcomtal, « à travers
le cirque on aborde aussi tout ce qui est humain ». C'est à
cette dimension humaine que les individus cherchent à se raccrocher.
Par ailleurs, les festivals sont un outil médiatique
très efficace pour le territoire. Comme pour chaque chose
éphémère, il faut tout mettre en oeuvre pour la valoriser.
Beaucoup de partenaires s'associent le temps du festival et unissent leur
forces (moyens financiers, matériels et humains) pour sa
réussite.
Ces deux constats peuvent rejoindre notre seconde
hypothèse selon laquelle les festivals participent à la
création d'une identité cirque pour les territoires en
question.
Des éléments extérieurs peuvent-ils jouer
en faveur ou au contraire aller à l'encontre de la création ou de
l'expansion d'une image cirque pour les territoires ?
Nous allons étudier maintenant la question des
nouvelles technologies et le rôle qu'elles peuvent avoir dans la
diffusion d'une identité territoriale.
Chapitre 3 - Les NTIC au service des arts du cirque
Notre dernière hypothèse consiste à dire
que les NTIC, en tant que véritable support de diffusion, de promotion,
de vente, d'échange et même en tant qu'outil au service des arts,
pourrait être une arme pour les territoires qui souhaitent
intégrer une dimension circassienne à leur image.
1. Les NTIC, un outil puissant de diffusion...
Les NTIC font désormais intégralement partie de
notre quotidien, que l'on soit touriste ou professionnel du tourisme, ces
nouvelles technologies ont bouleversé notre comportement, depuis notre
façon de consommer jusqu'à la manière d'aborder la
production et la commercialisation d'un produit. Et aujourd'hui, en tant
qu'entreprise ou destination touristique il est indispensable d'être
présent sur internet, d'avoir un équipement numérique,
d'animer son produit ou son territoire sur les réseaux sociaux ou
d'avoir une application mobile pour sa ville ou son musée.
Productivité et notoriété riment désormais avec
NTIC dans le secteur du tourisme.
Figure 6 : Le poids d'internet dans les
sociétés développées
54
Source :
http://www.actu-mag.fr
55
Cette photographie est un cliché certes, mais elle a le
mérite de mettre l'accent sur un phénomène réel.
Que l'on soit pro-numérique ou anti-nouvelles technologies, le constat
reste le même. Les NTIC ont envahi le quotidien des
sociétés développées. Ces nouvelles formes de
communications ont aussi changé l'approche marketing dans l'industrie du
tourisme. En effet, tant pour la promotion que pour la commercialisation d'un
produit, les professionnels du tourisme utilisent désormais internet et
notamment les réseaux sociaux pour augmenter leur visibilité.
Ainsi, de nouveaux métiers liés aux NTIC sont
apparus dans le domaine du tourisme. Les entreprises de ce secteur ont
dorénavant besoin d'animateurs de réseaux, de gestionnaires
d'informations touristiques ou de vendeurs spécialisés dans le
commerce électronique. Nous avons l'exemple en Ariège de l'office
de tourisme de Tarascon-sur-Ariège qui a travaillé en partenariat
avec l'ISTHIA48 pour la mise en
place d'une application mobile. Les étudiants ont été
chargés de créer une application de visite de la ville : «de
Tarascon au Vicdessos» qui permet aux propriétaires de Smartphones
de visiter virtuellement Tarascon.
Le tourisme est un secteur très mouvant, avec des
acteurs de plusieurs milieux et vraiment ancré dans la
société et les tendances actuelles. Il est aussi en constante
évolution pour des raisons de compétitivité mais aussi
dans le but de toujours répondre aux demandes des touristes. Les NTIC,
en plus d'être de puissants outils de communication, sont utilisés
par les acteurs du tourisme pour communiquer sur leur destination ou sur leurs
produits touristiques. Il s'agit d'un outil quasi-gratuit et très
efficace dans la diffusion d'informations touristiques.
De plus, c'est un dispositif complet qui permet aux touristes
de se renseigner sur un produit, de comparer, d'évaluer (notamment avec
les avis des internautes) et d'acheter tout en restant chez soi. On peut
ajouter à cela que contrairement à d'autres services
touristiques, les sites internet des territoires, les applications
48 Institut Supérieur du Tourisme, de l'Hôtellerie
et de l'Alimentation
56
sur les musées ou monuments, les réseaux
sociaux... sont accessibles partout et ne sont presque jamais payants.
La Chambre du Commerce et de l'Industrie nous informe que
« 81% des internautes ont consulté internet avant d'effectuer
leurs achats ». Ainsi, une entreprise présente sur internet a
beaucoup plus de chance d'être « choisie » par les touristes.
Par ailleurs, 98% des acteurs chargés de la promotion d'un territoire
considèrent le référencement sur internet
essentiel49. C'est en cela que les NTIC et, en particulier internet,
sont de puissants outils de promotion et des atouts de visibilité
indispensables à tout territoire aujourd'hui.
2. ...dont s'accaparent les circassiens...
De plus, comme nous venons de le voir, ce ne sont pas
seulement les professionnels du tourisme qui s'en accaparent, les autres
secteurs économiques, la politique, le sport, les individus à
titre personnel... sont aussi très présents sur internet.
C'est dans cette optique que même les circassiens se
sont approprié l'outil numérique, ils s'en servent pour se faire
connaître, pour augmenter la notoriété de leur compagnie ou
bien encore pour faire la promotion de leur nouveau spectacle. En effet, comme
toute organisation, ils ont besoin d'un support médiatique pour
transmettre un message et augmenter leur notoriété. Les NTIC sont
un moyen très efficace et peu couteux pour atteindre ces objectifs.
Aujourd'hui, toutes les compagnies de nouveau cirque, les artistes en free
lance, les festivals de cirque, les écoles, les pôles des arts du
cirque, la FFEC50... ont des sites internet et des
comptes Facebook. Il ne s'agit plus de passer avec la voiture publicitaire dans
les petits villages pour annoncer le spectacle du cirque Pinder avec ses
acrobates et ses dompteurs de tigres. Les circassiens ont un produit à
vendre, une image à créer et une réputation à
forger. Comme les
49 Selon une enquête réalisée par
Objectif Papillon, une agence de visibilité internet. Les
réponses proviennent de 165 organisations de promotion territoriale et
touristique françaises, contactées d'avril à juin 2013.
50 Fédération Française des Ecoles de
Cirque
57
magasins de prêt à porter, les concessionnaires
automobiles, les magasins d'électroménager et tous les autres
commerçants ou professionnels vendant des biens ou services,
touristiques ou non, les compagnies de cirque sont présentes sur
internet. Certaines, les plus grosses, font directement la réservation
et la vente en ligne sans passer par des intermédiaires.
En revanche, ce qui est plus étonnant c'est qu'ils
s'approprient ces nouvelles technologies pour les intégrer dans leurs
représentations. Cela n'est même pas envisageable dans des
spectacles de cirque de tradition !
Certaines troupes contemporainnes associent par exemple des
numéros de jonglage à des effets numériques de trompe
l'oeil. Les artistes ont un rapport à l'espace qui est totalement
différent avec les progrès technologiques qui sont entrés
dans l'univers du spectacle vivant.
La compagnie québécoise les 7 doigts de la
main, dans son spectacle « Traces » utilise par exemple des
techniques vidéo pour projeter sur l'arrière plan ce que les
artistes dessinent avec leur corps sur le sol. La magie nouvelle va encore plus
loin, elle s'accapare totalement les sciences technologiques pour
recréer par exemple des clones humains en 3D qui se déplacent sur
scène à coté des vrais artistes. La compagnie 14 :
20, dans leur nouvelle production « Vibration » nous donne
l'illusion de corps qui flottent dans l'air, le sentiment d'apesanteur est
véritablement présent tellement ces techniques sont bien
utilisées par les metteurs en scène.
58
Figure 7 : Spectacle de la Compagnie 9.81
Sur cette photo, il s'agit du spectacle « Coléomur
» de la compagnie 9.81. La représentation a eu lieu dans
le cadre du festival Circa à Auch et s'est déroulée sur la
façade du donjon de la Cathédrale Sainte-Marie d'Auch qui est
classée à l'UNESCO.
Cet exemple est intéressant car il nous montre
jusqu'où peuvent aller les spectacles de cirque grâce aux
nouvelles technologies (techniques de projection vidéo ici). Mais nous
voyons aussi que le cirque peut valoriser le patrimoine et nous le faire voir
sous l'angle artistique.
3. ... et les professionnels du tourisme pour valoriser
le cirque
Comme nous venons de l'évoquer, tous les
professionnels, quelque soit le secteur d'activité, sont présents
et utilisent les NTIC pour se développer. Ainsi ils transmettront mieux
les messages, commercialiseront des produits ou feront la promotion d'un
territoire. Internet est un formidable outil de diffusion pour
59
eux car c'est un gage de visibilité incomparable en terme
de couverture géographique et de prix.
Figure 8 : Enquête d'Objectif Papillon
sur le référencement
Selon cette enquête d'Objectif Papillon51
(une agence de visibilité sur internet basée à Toulouse)
la présence d'un territoire sur le web permet d'être visible pour
pratiquement un professionnel du tourisme sur deux. Il s'agit de la
première utilité du référencement naturel sur
internet52.
Dans le domaine du tourisme cette sensibilisation aux
nouvelles technologies est très présente car ce secteur a la
spécificité de faire venir le touriste sur le lieu de production.
En effet, contrairement à l'industrie automobile, le tourisme ne marche
que si le client vient sur le territoire en question. Le client achète
sa voiture en fin de processus sans participer à la construction en
usine; en revanche, un touriste apporte de la richesse à un territoire
lorsqu'il s'y rend et à
51 Etude sur la démarche de visibilité internet des
territoires réalisée en 2013. Les réponses recueillies
auprès de 160 organisations nous donnent un aperçu des
connaissances et pratiques des acteurs de la promotion territoriale et
touristique en France.
52 Le référencement naturel désigne
l'ensemble des techniques qui consistent à positionner favorablement un
site ou un ensemble de pages sur les premiers résultats des moteurs de
recherche.
60
partir du moment où il s'y arrête pour consommer
(hôtel, restaurants, musées...). Et c'est en cela que les acteurs
d'un territoire ont tout intérêt à être
présent sur internet et à offrir des services numériques.
Ils attireront surement d'avantage de touristes sur leur territoire et en
percevront les retombées.
Pour attirer des clients, il faut que la ville, le parc, la
région... aient des atouts naturels, culturels ou historiques à
proposer aux touristes. Aujourd'hui, presque toutes les régions du monde
sont accessibles, ce n'est donc pas sur ce critère qu'il faut jouer. En
effet, ce qui attire les touristes sur un territoire, c'est son
caractère original, le fait qu'il présente un monument unique,
des traditions très particulières ou une gastronomie
renommée. Nous sommes de plus en plus en quête
d'authenticité, de traditions, d'émotions, d'expérience et
d'originalité. Les territoires doivent donc miser sur leurs
spécificités et les faire valoir au plus grand nombre.
C'est à ce niveau que les NTIC, et en particulier
internet, sont indispensables. Ainsi, les sites sont visités par la
plupart des touristes avant de se rendre sur le territoire en question.
Lorsqu'ils ressentent le besoin de partir en vacances et qu'ils hésitent
sur la destination, ils vont visiter les sites internet des offices de
tourisme, des CDT, des musées...
Dans le cadre de notre étude, c'est sur le cirque que
nous avons choisi de miser. Et certains professionnels du tourisme ont
déjà valorisé cet art sur leur site internet. En effet, il
s'agit d'une spécificité territoriale qu'il convient de mettre en
avant pour la faire connaître et reconnaître auprès des
habitants locaux et des touristes.
Sur le site internet de l'office de tourisme de So
Toulouse, on retrouve par exemple dans l'onglet « agenda », une
rubrique « cirque » qui permet aux visiteurs de savoir s'il y a des
spectacles de cirque sur Toulouse durant leur séjour. L'office de
tourisme du Grand Auch à mis au point l'an dernier une visite virtuelle
des lieux circassiens de la ville et un clip vidéo sur les arts du
cirque à Auch.
61
CONCLUSION TROISIEME HYPOTHESE :
Nous avons émis une dernière hypothèse
selon laquelle les NTIC pouvaient aider les territoires à se forger une
spécificité autour des arts du cirque. Les NTIC pourraient ainsi,
en se mettant au service du cirque, apporter aux territoires un support de
diffusion et de communication. L'identité cirque serait donc plus
visible.
Il est évident que le numérique et en
particulier internet et les réseaux sociaux sont de véritables
outils de communication. Ils participent, comme pour tous les autres secteurs,
à la promotion d'un produit, d'une personne politique, d'un groupe de
musique... De la même manière, les NTIC peuvent faire la promotion
d'une destination, et insister notamment sur une de ses
spécificités comme le cirque.
De plus, ces nouveaux outils numériques ont la
particularité d'être accessibles aux professionnels du tourisme,
mais aussi aux touristes et de façon quasi-gratuite. Dans un contexte
où l'on recherche la transparence, la proximité avec le produit,
la rapidité dans l'échange et la possibilité
d'évaluer la prestation, internet s'avère être le parfait
support pour répondre à cette tendance.
62
Conclusion Partie 2
Cette seconde partie nous a permis de développer et de
confirmer de façon relative nos trois hypothèses. Il ne s'agit
pour l'instant que d'une réflexion théorique et c'est pour cette
raison que, dans la dernière partie, nous allons essayer de
réfléchir à des outils capables de les vérifier sur
des cas concrets.
Ainsi, nous avons démontré que le réseau
d'acteur était un facteur déterminant dans le
développement touristique durable d'un territoire. De la même
manière, nous avons constaté que pour qu'un territoire arrive
à se forger une identité cirque, il fallait aussi que tous les
acteurs de la filière travaillent ensemble. En effet, les arts du cirque
en eux même ne sont pas facteur d'attractivité ou source
d'originalité pour le territoire. En revanche, si les acteurs locaux (en
l'occurrence les collectivités locales) valorisent cette ressource
culturelle immatérielle, alors les arts du cirque peuvent devenir la
marque de fabrique d'une ville ou d'une région et participer à sa
renommée.
Notre seconde hypothèse qui misait sur les festivals de
cirque comme outil de diffusion de ces arts a aussi été
démontrée. Nous avons d'abord expliqué que les festivals
étaient effectivement fréquentés et qu'ainsi, ils avaient
un impact en termes de promotion et de couverture médias. A partir de ce
constat, nous nous sommes demandé s'ils pouvaient participer à la
transmission d'une identité territoriale. Les festivals de cirque, par
delà la publicité qu'ils apportent à la discipline en
elle-même, s'associent naturellement au territoire sur lequel ils ont
lieu et leur apportent une notoriété. Ils collent par la
même occasion une étiquette cirque au territoire qui devra ensuite
s'en servir comme une ressource propre pour être plus attractif.
63
Notre dernière hypothèse semble
vérifiée. Effectivement, il est reconnu que les outils
numériques sont de véritables catalyseurs pour les organisations.
Internet a largement bouleversé les méthodes de promotion et de
distribution dans tous les secteurs. A partir de ce constat, le
numérique peut aussi largement stimuler la diffusion d'une image
territoriale. Pour acquérir et diffuser une identité cirque, un
territoire se doit d'utiliser les NTIC. De plus, c'est un outil gratuit et
accessible à tous.
Dans la dernière partie, nous allons tenter de proposer
des outils capables de mesurer la véracité de ces propositions de
réponses
PARTIE 3 : Cas du festival CIRCA de
64
Auch
65
Introduction de la partie 3
Dans la première partie de ce mémoire nous avons
fait un bref historique des arts du cirque et les avons replacés dans le
contexte touristique actuel. Après avoir mis en évidence le
caractère de patrimoine culturel immatériel du cirque, nous nous
sommes demandé comment les territoires pouvaient s'en servir pour
être plus attractifs.
L'analyse de l'image et l'étude de l'«
identité cirque » a été l'objet de notre sujet de
mémoire cette année. En effet, il s'agit d'une dimension du
marketing territorial assez précise pour apporter des
éléments de réponse à notre problématique
:
« Dans un contexte touristique très concurrentiel
dans lequel la différenciation est un enjeu majeur, comment les
territoires peuvent-ils se créer une identité en jouant la carte
du cirque ? »
Nous avons ensuite développé trois
hypothèses :
1. La visibilité d'un territoire est accrue par le
travail en réseau des acteurs touristiques.
2. Les festivals de cirque apportent une couverture
médiatique non négligeable.
3. Les nouvelles technologies participent grandement à
la notoriété des territoires.
Dans cette dernière partie, nous allons regarder vers
Auch, la capitale du cirque et zoomer sur Circa. Il s'agit d'un festival
reconnu internationalement, mais c'est aussi une saison culturelle et une
structure qui fonctionne toute l'année.
Il semble donc que Circa corresponde parfaitement à
notre sujet et à notre problématique. Nous allons
présenter dans un premier chapitre, Auch et son caractère
circassien. La proposition d'une méthodologie pour
66
vérifier ou, au contraire, nuancer ou rejeter nos
hypothèses, sera le sujet de notre second chapitre. Pour cela, nous
réfléchirons à deux outils : les enquêtes
qualitatives (entretiens semi-directifs) et quantitatives, (questionnaires de
satisfaction).
67
Chapitre 1 - Les arts du cirque à Auch
Nous avons choisi Auch comme terrain d'application pour tenter de
vérifier nos hypothèses. En effet, il s'agit de la «
capitale des arts du cirque »53 et c'est donc le parfait
territoire pour notre étude.
1. Présentation d'Auch : une ville
circassienne
Auch est la préfecture du département du Gers,
il y a un peu plus de 20000 habitants, ce qui en fait une des plus petites
préfectures de Midi-Pyrénées derrière Cahors et
Foix. Auch n'est pas très connue par les touristes en revanche le Gers
est réputé pour sa campagne, ses festivals (entre autre le
festival de jazz à Marciac) et aussi sa gastronomie avec le Foie
gras.
« Le patrimoine d'Auch est méconnu, ils (les
touristes) sont étonnés de voir cette cathédrale sur son
éperon rocheux, son musée des Jacobins et sa collection d'art
précolombien. Il y a un riche patrimoine dont le cirque fait partie.
Mais de manière générale, c'est quand même un
patrimoine méconnu du grand public parce que les gens viennent dans le
Gers pour passer des vacances à la campagne. » Sylvain
Pechcomtal, directeur de l'office de tourisme du Grand Auch.
Cette citation traduit bien l'état d'esprit des
touristes qui visitent à Auch, ils recherchent des valeurs qui sont
associées au territoire : la nature, le calme, la tradition, le «
bien vivre » et le « bien manger ».
53 Citation parue dans plusieurs médias : Le monde, France
3 Midi-Pyrénées, la dépêche...
68
Figure 9 : La ville d'Auch
http://www.paysenfrance.fr/32-terres-gers/Auch/france/pratique-venir.html
Mais Auch c'est aussi une ville de cirque. Historiquement, il
est apparu à Auch en 1975 lorsque que l'abbé de
Lavenère-Lussan crée l'école de cirque Pop Circus.
Ensuite, c'est Achille Zavata qui, en posant ses camion à Auch en 1986,
associera un peu plus cet art à la ville. L'année d'après,
le festival de cirque actuel Circa est crée et la région
Midi-Pyrénées devient ainsi la première région
d'accueil d'artistes avec plus d'une centaine de troupes implantées.
Auch est donc un lieu de diffusion important avec son festival de cirque
actuel, mais il s'agit aussi d'une « pépinière des arts du
cirque » qui accueille et accompagne les artistes dans leur production.
2. Les structures qui représentent directement
ou indirectement le cirque
Le Pôle National des Arts du Cirque (PNAC)
:
La ville est un des douze pôles nationaux des arts du
cirque (PNAC). En 2001 Catherine Trautmann, Ministre de la Culture, lance
« L'année des arts du Cirque » sur la saison 2001-2002 et
désigne 12 pôles cirque.
69
Ces structures sont spécialisées dans la
production et la diffusion des arts du cirque et appliquent au niveau local un
des principes du ministère de la culture : proposer à tous les
territoires et à tous les citoyens un accès à la culture,
et plus précisément aux arts du cirque. Certains pôles
travaillent avec d'autres structures culturelles pour mieux diffuser le cirque
et ainsi permettre aux territoires voisins de profiter de la venue des
artistes.
Le CIRC :
La construction du Centre d'innovation de Recherche Circassien
s'est achevée en 2012. Le bâtiment est entière
dédié aux arts du cirque et à la création
circassienne. Il est unique en France et a valu à la ville d'obtenir le
label « pôle d'excellence rurale » dès le lancement du
projet en 2007. C'est dans le cadre de ce label, que l'Etat a participé
au financement du lieu. Le complexe a coûté au total 5,9 millions
d'euros, l'Etat et les trois échelons territoriaux ont participé
au financement : l'Etat (13 %), la région (36 %), le département
(21 %) et la ville.
Le bâtiment à été construit sur
l'ancien site de la Caserne d'Espagne qui se trouvait dans le quartier de la
cavalerie. Le Pays d'Art et d'Histoire du Grand Auch propose des visites
guidées au CIRC sur l'historique du lieu et son passé
militaire.
Le festival Circa :
Ce festival de cirque a lieu à Auch à la fin du
mois d'octobre et dure en général dix jours. Il est reconnu
internationalement par le monde circassien et attire chaque année entre
25000 et 30000 visiteurs. Cela est en partie dû à son rôle
de vitrine pour les différentes formations professionnelles. Des
élèves viennent du monde entier pour présenter leur
travaux d'étude aux cotés des compagnies professionnelles. Les
spectacles se déroulent en ville, sous des chapiteaux, dans des
théâtres ou dans la rue, mais depuis la création du CIRC,
ils ont désormais presque tous lieu au CIRC.
70
Ce festival propose aussi une restauration : la Cant'Auch qui
est une cantine publique installée au CIRC, une radio : Radio Circa qui
diffuse des informations, interviews d'artistes, reportages, paroles de
spectateurs durant toute la durée du festival, des expositions photo sur
les compagnies accueillies, des scènes ouvertes et des parades en ville
pour les amateurs ou encore une boutique vendant des produits issus du commerce
équitable.
Tout cela contribue au succès du festival et à
la fidélité des artistes, « j'ai l'exemple de ce couple
d'artistes en tête : lui est Brésilien, elle vient d'Argentine,
ils sont venu cinq fois de suite au festival Circa »
L'office de tourisme du Grand Auch :
C'est une communauté d'Agglomération de 15
communes gersoises, « il s'agit de la plus petite communauté
d'agglomération de France » nous dit Mr Pechhcontal. Il est
intéressant de noter que le Grand Auch a été
labélisé « Pays d'art et d'histoire » en 2011. Ce
réseau dépend du ministère de la culture et de la
communication et participe « à la valorisation et à
l'animation de l'architecture et du patrimoine : présentation de leurs
activités de découverte (visites guidées, expositions,
services éducatifs...), tourisme culturel... »
54. Le CIRC présente un intérêt
architectural du fait de son implantation dans l'ancienne caserne d'Espagne. Le
Pays d'Art et d'Histoire du Grand Auch propose ainsi des visites guidées
au CIRC. Son intérêt est également culturel par les arts du
cirque qu'il diffuse et le Grand Auch présente la structure et le
festival Circa sur son site internet.
Aujourd'hui, les distances (temporelles et
géographiques) se sont largement réduites et les citoyens sont
hyper connectés avec la société et le reste du monde. Les
informations circulent très vite et se diffusent partout grâce
à l'efficacité des réseaux de communication (internet avec
notamment les réseaux sociaux). C'est dans cette optique que nous sommes
très à l'écoute des phénomènes de mode et
des tendances sociales.
54 Rôle des Pays d'Art et d'Histoire tiré du site
internet du label :
http://www.vpah.culture.fr/,
consulté le 02/03/14
71
Conclusion :
Dans ce premier chapitre, nous avons exploré notre
terrain d'étude en vue de vérifier nos deux dernières
hypothèses. Nous avons cerné l'importance du caractère
circassien de la ville et pris conscience du nombre et de la
complémentarité des différents acteurs et organisations
impliqués.
72
Chapitre 2 - Méthodologie de validation des
hypothèses
Après avoir présenté le terrain
d'application de nos hypothèses, nous allons nous attarder sur
l'élaboration d'outils capables de tester leur validité. En
effet, nos suppositions doivent être confrontées à des cas
réels et concrets pour que nous en mesurions le degré de
vérité. Nous allons proposer des outils méthodologiques et
commencer à tester nos hypothèses à l'aide de nos
différents entretiens.
1. Présentation des outils
méthodologiques
J'ai fait le choix de laisser de côté la
première hypothèse et de la voir plus en détail
l'année prochaine. En effet, d'après celle-ci, le travail en
réseau des acteurs locaux permet d'augmenter la visibilité de
l'identité « cirque » de leur territoire. La mise en
réseau d'acteur est une notion complexe, il s'agit d'une approche
systémique qui implique un regard sous différents angles et
prenant en compte tous les acteurs du système. Comme cela sera plus long
à analyser, Il me parait important de prendre le temps de
l'étudier en détail pour en cerner tout les rouages. Ce n'est que
de cette manière que nous pourrons comprendre si cette mise en
réseaux joue effectivement un rôle dans la visibilité d'un
territoire.
Nous nous concentrerons donc sur la seconde et la dernière
hypothèse :
2. Les festivals de cirque apportent une couverture
médiatique non négligeable.
3. Les nouvelles technologies participent grandement à
la notoriété des territoires.
Pour chaque hypothèse, nous présenterons un
outil quantitatif et nous utiliserons la méthode quantitative des
entretiens semi-directifs pour compléter les données
chiffrées des premiers outils. Ainsi, nous ferons une ébauche
de
73
constat que nous analyserons plus précisément
avec les entretiens. Ces outils nous seront utiles l'année prochaine
lors de l'approfondissement de ce travail de recherche.
Outils quantitatifs :
Seconde hypothèse :
Pour tester la véracité de cette
hypothèse, nous nous servirons de données existantes : les bilans
et revues de presse du festival Circa. En effet, pour mesurer la couverture
médiatique d'un festival, ce dossier est un outil totalement
adapté.
C'est un document qui comme son nom l'indique, fait le bilan
général de la manifestation. Il regroupe les données
chiffrées générales (nombre de spectacles et de visiteurs,
budget total du festival, recettes, taux de remplissage, tarif moyen des
spectacles...), la programmation, les différents participants
professionnels ou non (présentation des structures participantes, des
sponsors et des partenaires), la fréquentation (nombre de nuitées
générées, origine géographique des touristes,
fréquentation des spectacles, des stages de formation, des rencontres
professionnelles...) et les retombées médiatiques. C'est ce
dernier point qui va nous intéresser.
La revue de presse d'un festival est un
document qui regroupe tous les titres et articles parus dans la presse
généraliste ou spécialisée. Il s'agit d'un panorama
médiatique qui peut donner une indication aux organisateurs sur
l'importance de la couverture presse dont ils ont
bénéficié.
Le site du festival Circa met à notre disposition, sous
format numérique, tous les bilans et toutes les revues de presse depuis
2008. Nous allons non seulement pouvoir étudier en détail les
retombées médiatiques mais aussi leur évolution
jusqu'à l'édition 2013. Ensuite, grâce à la revue de
presse, nous analyserons les articles pour voir si oui ou non la ville, le
département ou la région bénéficient
74
d'une promotion touristique. Si le festival participe
effectivement à la promotion du territoire sur lequel il est
implanté, nous essaierons de voir quelle est la nature du patrimoine
valorisé par ces articles de presse.
Pour cela il faudra construire une grille d'analyse qui
prendra en compte plusieurs dimensions :
Bilan festival - retombées
médiatiques
|
Revue de presse
|
|
Insertion publicitaire (fréquence ?) Presse écrite
(supports ?)
Voyage de presse
Radio et TV
Quels niveaux ? Local, régional, national et
international
Comparaison avec les autres festivals de la région
|
Quantité de titres
Quantité d'articles
Valorisation de la ville, région ? Patrimoine mis en avant
: Nature, culture, cathédrale, escalier monumental, musée des
Jacobins ... Photographies, images : paysage, Auch, chapiteaux,
musées... ?
|
?
|
Grace à cette grille que l'on complètera
à partir du bilan et de la revue de presse de Circa, nous pourrons
savoir si la couverture médiatique apportée par le festival
profite à la notoriété de la ville et du Gers en
général.
Afin d'étudier s'il y a corrélation entre ces
deux éléments, il serait intéressant de regarder si les
années de forte médiatisation du festival sont aussi celles qui
drainent le plus de touristes à Auch.
Il conviendrait d'analyser le type de public concerné
suivant le média utilisé, pour cela il faudrait se renseigner
auprès du journal ou de la radio en question pour en savoir
d'avantage.
Dernière hypothèse :
Notre dernière hypothèse consiste à dire
que les nouvelles technologies, en particulier internet, participent grandement
à la notoriété des territoires.
75
Il nous faut un outil capable de juger si les supports
numériques peuvent aider les territoires à se créer une
image « cirque ». Pour cela nous réaliserons un questionnaire
à destination des touristes présents au festival Circa (Cf.
annexe 7). Nous le leur distribuerons dans les files d'attente avant les
spectacles. Nous chercherons à connaître leur point de vue sur la
relation entre les NTIC et la diffusion des arts du cirque. Il m'a paru
important de cibler des touristes connaisseurs du cirque contemporain car les
réponses devraient être plus fiables et plus réalistes. Ils
pourront aussi être distribués aux artistes pour avoir une vision
professionnelle.
Les questionnaires sont des outils très utilisés
en sciences humaines et sociales. Leur but est de produire des données
essentiellement quantitatives sur un sujet précis. Il est donc
nécessaire d'avoir un échantillon d'individus important, beaucoup
de sociologues annoncent un minimum de 1000 questionnaires pour avoir des
données fiables. Par ailleurs, suivant le nombre d'enquêteurs
disponibles, il serait intéressant d'utiliser la méthode du face
à face pour remplir les questionnaires. Ainsi, s'il existe des points
flous, les enquêteurs seraient là expliquer afin de ne pas fausser
la réponse. Nous utiliserons Sphinx pour pratiquer le
dépouillement car il s'agit du logiciel référence en
matière d'enquête et d'analyse de données. La
méthode de tri à plat, couplée à celle de tris
croisés, donneront des résultats plus
intéressants.55
Outils qualitatifs :
En ce qui concerne le qualitatif, nous opterons pour les
entretiens semi-directifs pour vérifier les deux hypothèses.
« L'entretien semi-directif est une méthode
d'étude qualitative basée sur la réalisation d'entretiens
individuels ou collectifs durant lesquels l'animateur dicte uniquement les
différents thèmes devant être abordés sans pour
autant pratiquer un questionnement précis»56.
55 Cours d'analyse de données d'Anne Dupuy durant le
premier semestre de Master 1 TD
56 Définition tirée du site internet
http://www.definitions-marketing.com,
consulté le 15/03/14
76
L'intérêt de ce type d'entretien est de nous
permettre d'entrer dans le sujet avec plus de précision et plus de
détails qu'un simple questionnaire de satisfaction. Il s'agit en
réalité d'une discussion en face à face qui dure
généralement entre trente minutes et une heure. L'enquêteur
est surtout là pour orienter les réponses et n'intervient que
pour animer la discussion. En aucun cas, il ne donne son avis. A l'inverse de
l'entretien directif dans lequel l'enquêté répond à
une seule question de départ, nous dirigeons les réponses suivant
les précisions qu'il nous manque sur une étude quantitative.
L'interaction est donc de mise avec notamment des relances, des approbations ou
encore des citations.
Nous avons déjà pratiqué deux entretiens
semi-directifs auprès de professionnels concernés par notre sujet
: Le cirque contemporain, nouvel atout touristique pour les territoires.
Le premier (Cf. annexe 8) avait la particularité de
regrouper trois acteurs Auscitains :
- Sylvain Pechcomtal : directeur de l'Office de Tourisme du Grand
Auch - Marc Fouilland : directeur de CIRCa
- Laure Baqué : secrétariat général,
pôle public
Ce fut très intéressant car il y avait autour de
la table des représentants d'une structure de diffusion des arts du
cirque et le directeur d'une collectivité locale. Mais il s'agissait
surtout d'un entretien ayant pour but l'obtention de renseignements sur notre
sujet et non pour vérifier nos hypothèses. Cependant, nous
verrons dans la dernière partie que certaines réponses viennent
confirmer ou infirmer nos propositions.
Il nous faudra donc compléter ce premier guide
d'entretien pour qu'il nous aide au mieux dans la validation ou non des deux
dernières hypothèses. Cet outil qualitatif, à l'inverse
des deux premiers outils quantitatif (bilan du festival et questionnaire) ne
sera pas cloisonné par hypothèses. En effet, il serait dommage
77
de n'interroger qu'un acteur sur un seul aspect. L'entretien
semi-directif est intéressant pour les ponts que peuvent faire les
professionnels entre deux sujets. Nous allons donc tenter de vérifier en
même temps si les festivals apportent une couverture médias au
territoire et si les NTIC sont favorables à la diffusion d'une
identité circassienne.
Le second s'est déroulé à la Grainerie
à Toulouse, avec le directeur de la Structure. Ce dernier nous a
donné son point de vue sur le nouveau cirque et la relation qu'il
pourrait entretenir avec le développement touristique d'un territoire.
Il nous a surtout fait part de son envie de restructurer toute l'offre
circassienne présente sur son territoire avec l'aide des organisations
touristiques. Nous analyserons en détail cet entretien l'année
prochaine car il propose des pistes de réflexion très complexes
et très poussées.
Nous pourrons envisager d'interroger d'autres types d'acteurs
pour aller plus loin dans notre analyse qualitative. Sous la forme d'entretiens
semi-directifs, il serait intéressant de rencontrer d'autres
professionnels provenant des deux milieux qui nous concernent:
- Artistes de cirque
- Directeurs de structure qui valorise les arts du cirque comme
Hors les Murs
- Scènes culturelles qui diffusent du nouveau cirque -
Professeurs en marketing
- Chefs de marque
2. Vérification des hypothèses :
Il nous reste un peu de temps pour essayer de tirer des
informations de notre entretien au CIRC et ainsi apporter un premier regard
analytique sur nos deux dernières hypothèses. A l'aide de
certaines de leurs citations, nous aurons déjà une ébauche
de leur pertinence.
78
- Les festivals de cirque apportent une couverture
médiatique non négligeable.
« Ce qui est certain, c'est qu'en termes de
communication, un festival et une manifestation valent toutes les
publicités du monde. La couverture presse que l'on peut avoir sur une
manifestation ou sur un événement, si l'on devait s'acheter
l'espace presse équivalant, le budget nous serait totalement
inaccessible. Et une manifestation ou un festival, c'est notamment ce qui peut
donner des retombées de presse pour la notoriété d'une
destination.» Sylvain Pechcomtal
Dans ce propos, deux idées majeures ressortent :
- Un festival apporte sans nul doute une couverture médias
au territoire - Un festival est en quelque sorte une publicité
gratuite
Le directeur de l'office de tourisme du Grand Auch nous dit
clairement que pour son territoire, le festival Circa est un atout touristique.
Il nous dit aussi qu'ils n'ont pas les moyens de faire une campagne
publicitaire qui leur apporterait autant que Circa.
Notre seconde hypothèse serait donc pertinente selon Mr
Pechcomtal. En revanche, il ajoute :
« ... mais si l'on veut vraiment en faire (du cirque)
un produit fort de notre destination, il faut avoir des choses à
proposer tous les jours. Et aujourd'hui, (regarde sa montre) on est le 3 mars,
et j'ai rien à proposer. »
Il apporte une nuance sur l'efficacité réelle de
cette publicité « éphémère ». Car certes,
elle participe à la notoriété du territoire, mais
seulement durant le festival. Ensuite, pour que cette spécificité
associée à Auch soit reconnue et légitime, il faudrait
qu'après le festival, cette facette soir toujours présente sur
79
territoire, or, selon lui, l'offre cirque n'est pas assez
présente et les touristes ne peuvent pas « vivre
l'expérience cirque ».
- Les nouvelles technologies participent grandement à
la notoriété des territoires.
« Il y a des outils qu'on a mis en place l'an dernier
et l'on a tenté d'intégrer le cirque sur internet, clip
vidéo, visite virtuelle, à chaque fois. Le cirque est un atout
sur lequel on a de la matière pour mettre en avant non seulement le
cirque lui-même, mais aussi le territoire » Sylvain
Pechcomtal
La dernière hypothèse tend aussi à se
vérifier selon les propos du directeur du Grand Auch. Ils ont en effet
intégré le cirque au site internet de l'office de tourisme. Mais
c'est la dernière partie de la phrase qui donne de la
crédibilité à notre hypothèse : « mais
aussi le territoire ». En effet, notre étude porte en partie
sur les arts du cirque, mais il ne faut pas oublier que notre objectif est de
développer un territoire par la création d'une identité
« cirque ». Et ici, c'est exactement ce que nous dit Mr Pechcomtal,
ils ont intégré les valeurs du cirque (l'échange,
l'authenticité, le partage, l'humain...) à leur territoire afin
de véhiculer une image plus forte. Leur site internet est donc support
numérique très complet (visite virtuelle du CIRC, agendas des
spectacles de cirque...) qui participe à la diffusion de cette facette
circassienne de la vile d'Auch.
« Les nouvelles technologies sont au coeur de nos
actions parce que ce sont les dernières choses que l'on peut se payer.
» Sylvain Pechcomtal
Cette citation évoque aussi le coté
économique de l'outil. La quasi gratuité des NTIC est importante
pour les professionnels du tourisme et les touristes dans un contexte de
crise.
80
« Par rapport à l'image du cirque
contemporain, si on prend l'exemple de la compagnie Akoreacro, en dehors de la
plaquette et avant qu'on ne développe l'outil numérique, il y
avait trois lignes sur le spectacle et les spectateurs n'avaient accès
qu'à ces trois lignes là. Aujourd'hui, il y a un autre rapport,
le spectateur peut aller chercher des informations sur internet, ça
permet justement de savoir à quoi s'attendre, et comme dans le cirque
aujourd'hui on ne sait jamais à quoi s'attendre (rire), non mais c'est
vrai ! Tout ça aide le spectateur dans ses choix. Un spectateur qui
reçoit le programme de Circa a l'information nécessaire pour
faire la différence entre deux spectacles, alors qu'avant ce
n'était pas le cas. La relation avec le public est différente
pour nous maintenant, c'est vraiment important. » Marc Fouilland
Par cette citation de Marc Fouilland, le directeur de Circa,
nous voyons qu'internet a bouleversé le rapport entre les arts du cirque
et le spectateur, en particulier son comportement avant d'aller voir un
spectacle. Il nous dit que nous disposons désormais de tous les
renseignements possibles sur un spectacle en se rendant simplement sur
internet. Il y a une quinzaine d'année, c'était la surprise
à chaque spectacle. Aujourd'hui nous pouvons regarder des extraits du
spectacle, voir des photographies, lire des commentaires ou des articles de
presse... et cela est en quelque sorte une de démocratisation des arts
du cirque en ce sens oû, une personne qui n'aurait jamais eu
l'idée de venir au festival peut être intéressée en
voyant la compagnie sur internet.
Indirectement, les réseaux sociaux, les sites internet
des compagnies, les vidéos qui tournent sur youtube font
connaître le festival Circa et font, par la même occasion,
connaître la ville d'Auch. Il faudra en revanche s'attarder à
savoir dans quelle mesure la présence d'un festival sur internet
participe à la notoriété d'un territoire.
Limite de l'analyse : Nous n'avons le point
de vue que de certains acteurs, il nous faut d'avantage d'entretiens pour
obtenir des données qualitatives
81
exploitables. Par ailleurs, toutes les personnes
interrogées sont présentes sur le territoire de
Midi-Pyrénées (Auch et Toulouse) et leur vision peut être
différente de celle d'acteurs d'autres régions françaises.
En effet, Midi-Pyrénées a la particularité d'être
une région très active au niveau du cirque contemporain et les
acteurs sont donc « conditionnés » par leur territoire
d'appartenance.
Nous n'avons pas non plus eu le point de vue d'artistes de
cirque, il serait intéressant d'avoir un regard circassien et
professionnel sur la question.
82
Conclusion Partie 3
Nous venons de proposer deux outils méthodologiques
quantitatifs pour vérifier nos deux dernières hypothèses.
Il s'agit d'une grille d'analyse du dossier de presse du festival Cira et d'un
questionnaire de satisfaction concernant les relations entre l'univers
numérique et circassien. Ces deux outils nous serviront l'année
prochaine dans notre démarche de vérification des
hypothèses.
Par ailleurs, nous avons émis l'idée de venir
compléter ces méthodes d'analyses quantitatives avec des
entretiens semi-directifs qualitatifs. Ainsi, nous aurons des chiffres sur nos
différentes hypothèses et surtout des explications qui viendront
nous éclairer sur ces données quantitatives.
Nos premiers entretiens, dont l'objectif n'était pas
spécialement de venir approuver ou non nos propositions, se sont
avérés utiles dans notre phase de vérification. Il est
donc très important de mener en Master 2, des entretiens
spécifiquement destinés à venir donner des
précisions ou à contredire nos hypothèses.
83
CONCLUSION GENERALE
Les arts du cirque constituent un réel
intérêt pour moi depuis longtemps, mais ils ont pris une nouvelle
dimension dès que j'ai entrepris des études dans le tourisme.
Cette approche m'a donné une autre vision sur cette ressource culturelle
et le cirque me semble de plus en plus un bon facteur d'attractivité
pour les territoires. C'est pour cela que j'ai choisi d'étudier cette
année la relation entre le cirque et le tourisme. En effet, il est
intéressant d'identifier le lien qui peut exister entre cette pratique
et l'activité touristique. Nous essaierons de vérifier si elle
peut effectivement constituer un levier d'attractivité et de
développement.
Pour commencer, il a fallu s'approprier la notion de cirque et
en particulier celle de cirque contemporain. Par le biais d'une approche
diachronique, nous avons pu cerner ce courant artistique, depuis son apparition
jusqu'aux formes nouvelles qui existent aujourd'hui. Nous avons ensuite
défini le tourisme. Un focus sur le tourisme culturel immatériel
était nécessaire puisqu'il englobe tous les arts du spectacle,
dont ceux du cirque. La notion de développement territorial était
aussi importante car notre recherche vise à faire des arts du cirque un
atout de développement touristique. Nous sommes donc partis du fait que
le cirque appartient au patrimoine culturel immatériel d'une
région ou d'une ville, ainsi, il serait possible de s'en servir comme
facteur de développement, selon certaines conditions bien entendu.
Nous avons terminé notre première partie en
évoquant les problématiques et les enjeux liés à la
mise en tourisme du cirque.
En réalisant les difficultés que connait le
monde du tourisme aujourd'hui (la forte concurrence entre les destinations, la
compétitivité entre les territoire), il est apparu que les
territoires gagnaient à se différencier des destinations voisines
grâce à leur une spécificité ou en se créant
une identité forte pour rester attractifs.
84
A partir de ce constat et avec les concepts que nous avons
développés, nous avons posé une problématique qui a
guidé notre seconde partie :
Dans un contexte touristique très concurrentiel dans
lequel la différenciation est un enjeu majeur, comment les territoires
peuvent-ils se créer une identité en jouant la carte du cirque
?
Trois hypothèses ont été proposées et
ont fait l'objet de notre seconde partie :
- La visibilité d'un territoire est accrue par le
travail en réseau des acteurs touristiques.
- Les festivals de cirque apportent une couverture
médiatique non négligeable. - Les nouvelles technologies
participent grandement à la notoriété des territoires.
Nous avons tout d'abord évoqué la question des
réseaux d'acteurs et mis en évidence leur importance dans une
stratégie de développement territorial. Depuis quelques
années, les arts du cirque disposent du soutien de plusieurs acteurs
dont celui des instances du tourisme. Cela consolide l'image circassienne que
peut avoir un territoire. Nous nous sommes rendu compte, notamment à
travers l'étude de cas du projet Pyrénées de
cirque, que le travail en réseau pouvait participer à la
diffusion et au développement des arts du cirque. Le maillage
territorial est alors apparu comme un élément essentiel dans la
visibilité d'un territoire.
Nous avons abordé ensuite le cas des festivals de
cirque et des retombées médiatiques qu'ils apportent aux
territoires. Ces derniers étant en vogue aujourd'hui, il était
important de faire un paragraphe sur ce type d'évènement qui est
aussi un atout de communication territoriale. Il est ressorti que ces
manifestations participaient automatiquement à la promotion d'une
destination : les organisateurs devant communiquer pour augmenter les chances
de succès du festival, le territoire en perçoit les
retombées.
Comme dernière piste de réflexion, nous avons
choisi de considérer les NTIC comme un support de création et de
diffusion identitaire. En effet, le numérique
85
est un outil puissant ancré dans le monde professionnel
et dans la vie quotidienne. Les territoires feraient une erreur de ne pas le
prendre en compte.
La dernière partie est venue concrétiser tous
nos concepts et toutes nos idées (plus ou moins claires...)
développées dans la première et seconde partie. Nous avons
tenté de vérifier si les hypothèses que nous avions
formulées répondaient ou non à notre
problématique.
Notre étude de cas sur Auch nous a permis de constater
que les arts du cirque étaient bien une ressource territoriale. Les
acteurs locaux en ont conscience et sont en train de s'organiser pour ouvrir ce
patrimoine culturel au tourisme. Nous avons identifié les
différentes structures en relation directe ou indirecte avec les arts du
cirque. Nous avons pu constater qu'il existe des partenariats et que d'autres
démarches de mise en réseau sont à venir.
En ce qui concerne la validation des hypothèses, j'ai
fait le choix de me concentrer seulement sur les deux dernières, la
première étant plus complexe et impliquant une approche
systémique, il serait préférable de s'y pencher plus
longuement l'année prochaine.
Nous avons proposé deux outils quantitatifs : une
grille d'analyse du bilan du festival Circa, pour vérifier la seconde
hypothèse et un questionnaire sur la relation entre les NTIC et le
nouveau cirque à destination des festivaliers, pour la dernière
hypothèse. L'année prochaine, il serait intéressant de
compléter cette étude quantitative par des données
qualitatives. Nous avons déjà mené des entretiens terrain
semi-directifs qui nous ont apporté quelques éléments de
réponse. Il serait cependant nécessaire d'interroger d'autres
acteurs pour avoir une vision plus objective sur nos hypothèses. Ces
entretiens expliqueront de manière qualitative les résultats
quantitatifs recueillis par nos deux outils (grille d'analyse et
questionnaire).
86
Ce travail de recherche m'a permis d'acquérir des
connaissances sur un type de tourisme particulier qui m'intéresse. Cela
fut enrichissant car je n'avais pas complètement fait le lien entre ces
deux milieux. Aujourd'hui, je m'aperçois que les politiques culturelles
et touristiques sont dans une démarche de diffusion et de valorisation
des arts du cirque. Je me réjouis de voir que ce milieu artistique,
relativement fermé, commence à s'ouvrir au tourisme et à
participer à l'attractivité d'une ville ou d'une
région.
La problématique soulevée à la fin de la
première partie reste floue et complexe. Nos premiers entretiens ont en
partie confirmé nos hypothèses, même s'ils ont mis en
évidence certaines limites. Il me semble, en arrivant à la fin de
ce mémoire et sûrement avec un regard plus objectif, qu'un
territoire ne peut pas miser seulement sur les arts du cirque pour se
créer une identité et espérer attirer des touristes. C'est
une vision utopique qui n'atteindra peut-être pas un public assez large
pour être efficace en termes d'attractivité. En effet,
malgré leur démocratisation, les arts du cirque ne concernent pas
un très grand nombre de touristes et l'offre est majoritairement
évènementielle (spectacles, festivals...). Or, pour faire d'une
activité touristique un bon facteur de développement, cette
dernière doit être vivante et présente sur le territoire
tout au long de l'année.
En revanche, j'aimerais approfondir ces hypothèses
l'année prochaine en les testant réellement grâce aux
outils méthodologiques. Il me faudra réaliser d'autres entretiens
plus axés sur la validation ou la correction des hypothèses. Il
serait sûrement plus perspicace de nuancer cette approche d'image de
marque par la seule dimension circassienne.
Pourquoi ne pas intégrer les arts du cirque à
une politique de communication territoriale déjà existante ? Il
s'agirait d'apporter une plus value à la destination par l'association
des valeurs du cirque au territoire.
87
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrage
· ORIGET DU CLUZEAU, Claude et al. Le tourisme
culturel, Editions PUF, 2000, 126p.
· JACOB Pascal, La Grande parade du cirque,
collection Découvertes Gallimard, (n° 134), Série Culture et
société, 1992, 176p.
· AUGUET Roland, Histoire et légende du
cirque, Edition Flammarion Paris, 1974, p.240
· GUY Jean-Michel, Avant-garde, Cirque ! Les arts de
la piste en révolution, collection Mutations N° 209, Editions
Autrement, 2001, 256p.
· LAURENDON Laurence et Gilles, Nouveau Cirque, La
grande aventure, Centre National des arts du cirque, Le cherche midi
Editeur, 2001, 127p.
· HOTIER Hugues, Cirque, Communication et
Culture, Edition PU Bordeaux, 1995, 255p.
· ORIGET DU CLUZEAU Claude et TOBELEM Jean-Michel,
Culture, tourisme et développement, Les voies d'un
rapprochement, Edition Gestion de la culture, 2009, 274p.
Revues
· Revue Espace n°245, Communication touristique
(1ere partie), Identité et marque de destination, 2007, 34p.
Mémoires :
· LAVIGNE Léa, Street Art et Tourisme : «
Analyse des impacts d'une relation complexe », Mémoire de Master 1
Tourisme et Développement, Foix : Université de Toulouse II - Le
Mirail ; département ISTHIA, 2013. 101p.
88
Documents électroniques : Documents pdf
:
· MONTEIL Nicolas, Les fondamentaux du cirque et le
nouveau cirque,
http://www.cndpfr/crdpreims/poletheatre/service
educatif/fondamenta ux_cirque.pdf, 2009, 10p.
· MONIN Brigitte, Les différences entre cirque
traditionnel et cirque contemporain,
http://www4.ac-nancy-metz.fr/ia54-gtd/eps/sites/eps/IMG/pdf
Les differences entre cirque traditionnel et cirque contemporain.pdf,
2012, 1p.
Sites internet :
·
http://www.horslesmurs.fr,
consulté le 28 décembre 2013
·
www.la-grainerie.net,
consulté le 02 février 2014
·
http://www.toulouse-metropole.fr,
consulté le 03 janvier 2014
·
http://www.circa.auch.fr,
consulté le 22 avril 2014
Emission radio :
· France Inter, « l'identité des destination
» du 11.03.2014 - 7h50
· France Culture : « Rencontre autour du nouveau
cirque » du 25.07.2012 - 12:45
89
TABLE DES ANNEXES
Annexe 1 : Cirque traditionnel / cirque
contemporain
Annexe 2 : Tableau comparatif entre le cirque
traditionnel et le cirque contemporain
Annexe 3 : Organigramme des différents types de
patrimoine
Annexe 4 : Organisation du tourisme en
France
Annexe 5 : Crédits centraux et
déconcentrés pour les arts du cirque (2007-2008) Annexe 6
: Le cirque comme patrimoine culturel immatériel,
Caractéristiques Annexe 7 : Entretien au CIRC le
03/03/14 (guide d'entretien et retranscription)
Annexe 1 : cirque traditionnel / cirque
contemporain
90
Jeanne Navrat, Décembre 2013
Annexe 2 : Tableau comparatif entre le
cirque traditionnel et le cirque contemporain
Définition
|
Cirque classique/ traditionnel
|
|
Entreprises familiales itinérantes qui présentent
un spectacle sous un chapiteau. Il s'agit d'une succession de numéros
qui reposent sur des performances physiques et la présentation d'animaux
(et aussi d'être humains au Moyen-âge)
Cirque contemporain / nouveau cirque
Compagnies composées d'artistes venant de
différents horizons qui proposent un spectacle vivant sous un chapiteau
ou sur d'autres types scènes. Le spectacle est poétique et fait
appel à différentes disciplines
Impressionner et faire rire le spectateur en lui
présentant de l'extraordinaire
Les membres de ces cirques vivent autour de leur chapiteau
dans des caravanes et les artistes sont aussi les régisseurs
Faire rêver le spectateur en lui proposant un spectacle
pluridisciplinaire, accessible et narratif en s'appuyant notamment sur le
contexte social
Les artistes dorment à l'hôtel et ont des
techniciens dans leur compagnie qui les assistent durant leur tournée
(pour les grosses compagnies)
Date d'apparition
Brevets des numéros, droits d'auteur
|
|
Seconde moitié du XVIIIème siècle en
Angleterre
Les artistes parlent
d'interprétation différente et ne se soucient pas
du « copiage »
|
|
1970 en France
Les circassiens se considèrent comme des metteurs en
scène ou des créateurs et son soucieux de préserver leur
numéros, leur mouvements ou leur objets, ils ont recours à la
SACD57
Disciplines propres
|
L'entreprise de cirque Jonglage Le cirque Spectacle,
numéro
|
|
Dressage (après la simple exposition d'animaux), magie,
jonglage, acrobatie, clown, trapèze, funambulisme, contorsionniste...
Compagnie, collectif Jonglerie
Les arts du cirque Représentation
|
|
Main à main, mat chinois, corde soupe,
théâtre, danse, musique, trapèze volant, magie nouvelle,
cannes, tissus, bascule...
Quantité (source : site de Hors Les
Murs)
Environ 200 cirques traditionnels
|
|
Environ 350 compagnies de cirque contemporain
Jeanne Navrat, décembre 2013
91
57 Société des Auteurs et Compositeurs
Dramatiques
92
Annexe 3 : Organigramme des différents
types de patrimoine :
CIRQUE
Source : Jeanne Navrat
Annexe 4 : Organisation du tourisme en France :
de concertation
|
{instance de concertation}
|
|
H
Bureau des Clientèles
Bureau des Professions
Sous-direction du tour =nle
rro w
Ministère chargé du tourisme,
93
www.veilleinfotourisme.fr/...
/organisation-du-tourisme-en-france-2012
94
Annexe 5 : Crédits centraux et
déconcentrés pour les arts du cirque
Hors les Murs
95
Annexe 6 : Le cirque comme patrimoine culturel
immatériel, caractéristiques :
peu médiatisé / tourisme culturel
public restreint
univers
ressource
CIRQUE
humaine
échange
éphémère
évènementiel
Jeanne Navrat, janvier 2014
96
Annexe 7 : Questionnaire de satisfaction
à destination du public du festival Circa
Relation NTIC - cirque contemporain
Comment avez-vous connu le festival ?
bouche à oreille
internet
radio
affichage
7 presse
_] Autre
Recherchez-vous des renseignements sur les spectacles sur
internet avant d'y assister ? oui
non
Allez-vous pratiquer d'autres activités touristiques en
plus d'assister au festival ? musée. ballades. cathédrale
oui non
si oui, comment effectuez-vous votre choix ?
· en consultant le site internet de l'office de tourisme
e en demandant des brochures touristique à l'office de
tourisme (voie postale) ® en visitant l'office de
tourisme
comment avez-vous acheter vos places ? sur internet
m sur place (billetterie ou rachat) []
on vous les a offertes
Vous consultez le site internet de Circa pour : pour acheter vos
places
e pour consulter le programme du festival e pour consulté
le bilan du festival
® par simple curiosité
e je ne le consulte pas
· Autre :
Pensez-vous que la présence de circa sur internet accroit
sa notoriété ?
ü oui non
aimeriez-vous y trouver aussi des renseignements sur les autres
activités touristiques du territoire ?
adresse des restaurants, des hôtels, horaires
musées
LI oui
D non
97
Jeanne Navrat, mars 2014
98
Annexe 8 : entretien au CIRC le 03/03/14
Participants :
Sylvain Pechcomtal : directeur de l'Office de Tourisme du Grand
Auch Marc Fouilland : directeur de CIRCa
Laure Baqué : secrétariat général,
pôle public
Guide d'entretien :
Intro : étudiante M1 TD, mémoire : « Le
cirque contemporain, un nouvel atout pour les territoires »
Problématique : « Comment les territoires
peuvent-ils intégrer les arts du cirque à leur stratégie
de marque dans un environnement touristique concurrentiel ? »
thème
|
questions
|
relances
|
Q° générales
|
Pouvez-vous décrire rapidement votre parcours
professionnel ?
|
Rôle de chacun dans leur structure
|
Description de CIRCA / OT Grand Auch ?
|
Missions, particularités
|
Relation cirque- tourisme
|
Liens entre les deux structures, comment travaillez-vous ensemble
?
|
|
Pour vous qu'est ce que le nouveau cirque ?
|
S'agit-il d'un art qui reflète les tendances actuelles ou
la société dans son ensemble ? S'agit-il en fait d'un art social
?
|
OT : considérer vous que le cirque fait parti de votre
patrimoine ?
|
Comment le valorisez-vous ?
|
Pb mise en tourisme
|
D'après vous quelles seraient les difficultés
liées à la mise en tourisme du cirque ?
|
Existe-il des limites ?
|
Retombées territoriales ?
|
Ot : qu'apporte le cirque à votre territoire ?
|
Le cirque peut-il être facteur de
développement ?
|
99
Image - visibilité du territoire
|
Le travail en réseau est-il important pour vous,
travaillez vous en réseaux avec d'autres structures ?
|
La visibilité du territoire est-elle renforcée
grâce à la mise en réseau d'acteurs ?
|
Le festival CIRCA apporte -il une couverture médiatique
importante à votre territoire ?
|
Chiffres, données... Renforce t-il l'identité
circassienne de Auch ?
|
Le cirque comme spécificité
|
Le cirque est-il un atout unique pour votre territoire ?
s'agit-il d'une ressource rare et propre à Auch ?
|
|
PARTIE 3, LES ARTS DU CIRQUE A AUCH :
Politique touristique, image
|
Mettez-vous en avant le
|
Si oui, auriez-vous un
|
|
caractère circassien de la
|
exemple à me donner ?
|
|
ville ? à travers par
|
Avez-vous des résultats
|
|
exemple des campagnes
|
concernant ces actions de
|
|
publicitaires, d'affichage, des spots radio ...
|
mise en valeur du cirque ?
|
|
Utilisez-vous les NTC
|
Comment ?
|
|
(réseaux sociaux, site internet...) pour mettre en avant
le cirque
|
|
hypothèses
|
D'après vous, comment votre ville peut-elle jouer la carte
du cirque pour se différencier des autres destinations touristiques ?
|
|
Code noms :
Laure Baqué : L
Sylvain Pechcomtal : S
Marc Fouilland : M Jeanne Navrat : J
J : Pour commencer est ce que vous pouvez chacun nous
expliquer votre métier et votre rôle au sein de la structure.
L : Je m'appelle Laure Baqué, je suis secrétaire
générale à CIRCA et je suis dans la structure depuis aout
2005. Je suis responsable de ce que l'on appelle le pôle public qui
comprend les secteurs de la communication, des relations au public et
100
aussi de la billetterie. On est 5 dans ce pôle que
j'anime et je suis dans l'équipe de direction avec Marc Fouilland pour
définir les stratégies de développement et je suis en
charge de les appliquer au niveau de ce pôle là. Et sur la
question du tourisme je commence à suivre à ce niveau là,
à cerner les relations entre une structure culturelle en l'impact
qu'elle peut avoir en thermes d'attractivité sur le territoire. Je suis
effectivement ce volet là et le fait d'être arrivé dans ce
lieu qui existe depuis 2012, en thermes d'image et d'attractivité
ça a eu un impact.
J : D'accord
S : Voila donc Sylvain Pechcomtal, directeur
de l'Office de Tourisme du Grand Auch, poste que j'occupe depuis un an, heuuu,
donc directeur d'une structure c'est un petit peu de tout, ressources humaines,
gestion financière, gestion de projet, et avec les missions classiques
d'un office de tourisme, information, promotion, on est immatriculé pour
la commercialisation de produits touristiques, service réceptif pour les
groupes, et puis les projets de développement liés au tourisme
sur la médiation en partenariat avec nos collègues « Pays
d'Art et d'Histoire » par exemple.
J : hum hum
M : Voila, donc moi je suis Marc Fouilland,
directeur de Circa, ahhhhhhhh, je suis à Auch depuis 16 ans je crois,
depuis septembre 97, et à la direction de Circa depuis 2001, et la
spécificité de cette structure est d'avoir regroupé en
2001 l'association qui organisé le festival portée par des
bénévoles et ce qui était à l'époque le
service culturel municipal de la ville gérait la saison culturelle
touristique. Voila et depuis 2001 on a travaillé à
développer un projet cohérent qui soit à la fois
axé sur le cirque, qui nous a valu en 2011 de devenir pôle
national des arts du cirque avec les 12 pôles national des arts du
cirque, et qui nous valu après 15 ans de chemin long et .... Et long, et
long d'arriver en 2012 à avoir cet équipement du CIRC. Ou
évidement je dirais, il y deux, il y a deux choses comme le disait
Laure, à la fois cet équipement renvoi une image pour le
territoire importante qui relativement importante parce que c'est quand
même (toussèrent) le plus bel équipement complet
dédié à la création circassienne en France et puis
à Auch il se voit, à Paris il se verrait peut-être moins,
et en parallèle de ca, heuuuuuu, on a longtemps été
très loin d'une dynamique touristique , heuuuu, et même on l'a
regretté pour le festival en particulier, un
101
moment qui fait vivre la ville et je dirais suivant la
volonté politique du Maire et aussi du président du Grand Auch de
développer le tourisme, la question de notre rôle dans la
politique touristique, heuuuu, se pose voila.
J : hum, d'accord, du coup vous avez
déjà répondu à ma question, je voulais vous
demander de me présenter Circa et l'Office de Tourisme
S : peut-être je peux vous parler du Grand
Auch
J : oui, peut-être
S : c'est une communauté
d'Agglomération de 15 communes autour d'Auch, donc heuu avec quand
même la ville d'Auch qui représente 95% de son territoire, c'est
un territoire très rural, heuuu, quelque chose de particulier c'est que
c'est la plus petite Communauté d'Agglomération de France
J : ah oui !
S : ce qui est important de noter par
là, au delà du coté anecdotique, c'est que c'est rural,
peu peuplé, de petites villes, heuuu, sans gros pôles
économique comme on peut voir à Montauban, à Albi ou il y
a une production industrielle forte voila, donc forcement avec des moyens...
J : Et oui du coup des moyens moins
importants
M : et ce que je peux ajouter à
ça, c'est que Circa, depuis le premier janvier est désormais sous
la tutelle de la Communauté d'Agglomération alors qu'avant il
était en relation avec la ville. Du coup ça peut changer les
choses dans l'avenir et en tous cas ça légitime d'autant plus les
relations entre l'Office du tourisme, et la politique touristique plus
largement et heuu, et Circa.
J : Bien sur, et du coup est ce que vous
travaillez ensemble ?
M : Non
J : Non, mais vous...
S : ce qu'on fait, naturellement, parce c'est le
minimum syndical,
M : (rire)
S : l'office de tourisme dans sa mission
d'information et de promotion c'est évidement de relayer les
activités culturelles qui sont réalisées par Circa.
J : Oui, je vois
S : que ce soit dans le cadre de la saison
culturelle ou dans le cadre du festival, voila, mais juste parce que nous c'est
notre devoir, c'est à l'office de tourisme de mettre l'écoute sur
les actions de communications.
102
J : comme vous le faite pour les autres...
S : comme je le fais pour les autres
activités culturelles ou non culturelles d'ailleurs qui peuvent se
dérouler sur le territoire.
J : D'accord
S : Ce qui est certain, c'est qu'en thermes de
communication, un festival ou une manifestation, ça vaut toutes les
publicités du monde. La couverture presse qu'on peut avoir sur une
manifestation ou sur un événement, si on devait s'acheter
l'espace presse équivalant, c'est un budget qui nous ait totalement
inaccessible, et une manifestation ou un festival, c'est notamment ce qui peut
donner des retombées de presse pour la notoriété d'une
destination.» Alors, est ce que c`est une notoriété
touristique, et bien c'est là ou faut qu'on arrive à faire valoir
que, haut delà du festival, et bien on est dans une région qui
vaut le coup d'être visitée. C'est pas du tout la même
chose, le CDT s'intéresse beaucoup à cette dynamique
touristique.
M :... qui est aussi une façon de
faire venir les gens dans le département et aussi une façon de
transmettre l'image du département. Après des fois, il y a des
difficultés en thermes d'image, heuu, quelle est l'image du cirque
actuel aujourd'hui et aussi quelle est l'image département rural, on
s'aperçoit que c'est à travailler en thermes de communication.
S : Puisque le département du Gers
à cette spécificité qui le différencie de beaucoup
d'autres campagnes française, voila en le comparant à d'autre
destinations voisine, par exemple la Dordogne qui peut avoir plus d'atout
touristiques, les grands festivals qu'on peut avoir dans ce département,
Marciac , qui nous dépasse largement, faut pas se voiler la face, mais
aussi en thermes de billetterie, Tempo Latino à Vic Fezensac, festival
de bandas de Condom, heuu le festival country de Mirande, qui connait quelques
difficultés, mais au moins il fait parti des grands
évènements. Et heuu c'est vraiment quelque chose qui nous
différencie des autres départements.
J : D'accord, alors du coup pour vous,
peut-être tous les trois, qu'est ce que le nouveau cirque, comment le
définiriez-vous ?
S : Le nouveau cirque ? heuuu, je commence si
j'ai compris (rire).
M : et oui (rire)
103
S : Quand j'essaie d'expliquer les spectacles
que j'ai vu au festival, pour moi c'est quelque chose qui se rapproche plus de
la danse contemporaine ou de l'expression, sur des ...
J : oui, c'est complexe effectivement ...
S : (rire) : oui et effectivement, en thermes
de communication grand public le mot cirque n'évoque pas
forcément ce que l'on va voir au festival Circa. Mais moi je trouve que
c'est un faux amis, parce que pour moi c'est plus de l'expression corporelle,
de la musique expérimentale, ou ...
M : c'est comme ça qu'on en parle,
c'est-à-dire que pendant 20 ans, c'était les arts du cirque, et
pas le cirque, déjà pour faire reconnaitre le cirque comme un art
et faire évoluer le mot cirque tel qu'il est dans l'imaginaire collectif
parce que je le dis souvent, même en 2014, tous bons grands parents se
voient d'amener leurs petits enfants au cirque, et les grands qui
amènent les petits enfants au cirque, c'est pas au cirque contemporain.
Heuuuuu, à la fois, le cirque reste difficile à définir
parce qu'excessivement mobile, des formes multiples et variées, c'est
pour ça qu'ici on parle du cirque actuel et pas du cirque contemporain,
pour parler de l'actualité du cirque et essayer de témoigner que
les formes peuvent aller d'un solo d'un jongleur, ou même une personne
dans une boite d'un mètre carré à une forme sous
chapiteau, avec tout un tas de disciplines avec un coté
théâtral. Donc toutes ces formes là rendent le mot d'autant
plus difficile à définir, mais c'est aussi qui en fait son
intérêt. Mais ça reste compliqué, à la fois
je pense, qu'ici, à Auch, c'est sans doute la ville ou le taux de la
population est au clair sur ce qu'est le cirque actuel ou contemporain, et sur
ce qu'est le cirque traditionnel ou de tradition, ce qui n'empêche pas au
cirque de tradition de fonctionner aussi à Auch et d'avoir un public.
J : Oui d'accord
S : Laure, je sais pas, tu veux rajouter
quelque chose ?
L : heuu, non... (rire), je m'y risquerais
pas, b comme le disais Marc, on a commencé à parles des arts du
cirque parce que justement on est sur une discipline qui est très
poreuse aux autres discipline et qui est s'inspire de la danse contemporaine,
de la musique expérimentale comme tu le dis (sourire vers Sylvain),
même si aujourd'hui on a plutôt tendance parler, en tous cas la
104
Société des Auteurs, de, de, d'art du cirque
mais de cirque. Justement à essayer d'assumer le mot cirque tout seul,
sans l'accompagner des arts.
M : C'est vrai qu'en thermes de
communication, on le voit bien, à chaque fois qu'on parle de festivals
dans les médias nationaux, c'est pas souvent mais ça arrive,
c'est quasiment sur qu'à tous les coups, il y aura, ou une tentative de
définition du cirque, ou une approche par le cirque traditionnel, plus
ou moins heureuse. Heuuuu, et il presque impossible de parler du cirque
contemporain sans essayer de coller, et dans le discours et dans les images,
à quelque chose qui se rapprocherait plus au cirque traditionnel. Ce qui
est assez étonnant dans un pays qui est quand même le pays
fondateur du cirque contemporain, et qui a une histoire d'une trentaine
d'années avec le cirque contemporain, mais on est toujours là.
L : (rire), mais on a aussi des valeurs
communes avec le cirque traditionnel parce qu'on est issus de çà
et heuu, c'est de la prise de risque, c'est de l'exploit, voila, oui du risque,
et après le risque, en fonction des situations, il n'est pas
situé au même endroit, mais on est quand même sur des
techniques physiques, c'est le centre quoi. Même si depuis on s'est
échappé de la piste, du cirque couvert, du chapiteau... tout en
sachant que nous, dans notre projet, on défend aussi cette forme de
chapiteaux, on essaye aussi d'aider les artistes qui prennent ce risque de
jouer sous chapiteaux.
M : et plus de 30 ans après le
renouvellement du cirque, on voit pas mal d'artistes de formation cirque
contemporain, proposer des formes artistiques qui sont relativement proches du
cirque traditionnel. Ils s'appellent pas Zavatta c'est tout (rire).
J : d'accord, heummm, alors est ce que vous
considérez que le cirque fait parti de votre patrimoine ? vous avez
déjà répondu oui, mais...
S : oui effectivement, bien sur, alors c'est
vrai que lorsque les gens, d'abord le patrimoine d'Auch est méconnu, ils
sont étonnés de voir cette cathédrale sur son
éperon rocheux, son musée des Jacobins et sa collection d'art
précolombien, fin il y a un riche patrimoine dont le cirque fait parti,
mais de manière générale c'est quand même un
patrimoine méconnu du grand public, heuuu parce que les gens viennent en
vacance dans le Gers pour passer des vacances à la campagne, et aussi
parce qu'ils passent par la ville que lorsqu'il pleut ou pour faire leur
105
courses, et heu le cirque contribue à faire de notre
patrimoine quelque chose de vraiment très original, en plus de la
cathédrale qui est quand même colossale par rapport à la
taille de la ville, parce qu'Auch à été une capitale
quasiment du sud de Bordeaux jusqu'aux pieds des Pyrénées, qui
est d'ailleurs inscrite à l'Unesco, donc voila, ça justifie la
taille de sa cathédrale, le patrimoine du musée, le cirque, que
des choses tout à fait étonnantes, et donc oui, le cirque fait
parti de notre patrimoine.
J : D'accord, par ailleurs, en rapport avec
la mise en tourisme, pour vous quelles seraient les difficultés
liées à la mise en tourisme du cirque ?
S : alors, les difficultés, heuuu,
liés au cirque c'est liés à... pour mettre quelque chose
en tourisme il faut avoir un produit à proposer, et aujourd'hui, on a un
festival qui dure...
M : 10 jours
S : 10 jours c'est ça, on a des
spectacles durant toute l'année mais qui sont pas forcément des
spectacles de cirque, on a des associations qui portent d'autre spectacles, il
y a des choses quand même, mais quand on veut parler de mise en tourisme,
il faut avoir une offre qu'on peut proposer presque quotidiennement.
J : Oui, et du coup le festival, c'est
pas...
S : voila, donc on peut, que ce soit sur un
spectacle ou dans le cadre du festival, mais si on veut vraiment en faire un
produit fort de notre destination, il faut avoir des choses à proposer
tous les jours. Et aujourd'hui, (regarde sa montre) on est le 3 mars et j'ai
rien à proposer, on est en vacances scolaire, j'ai par exemple une
visite guidée à 15h30 pour visiter la ville, mais sur le cirque
j'ai rien à vendre ! Et c'est liée intimement au fait qu'on soit
sur du vivant et où la présence de l'artiste est fondamentale
J : Oui
S : C'est vrai que c'est là dessus
qu'on a surement des choses à réfléchir
M : et il y a une autre difficultés
aussi, bizarrement c'est aussi compliqué le 3 juillet et encore plus le
3 aout, heuuu qui est pourtant la grosse période touristique, alors je
sais pas si on veut se caler sur ces périodes là mais e tous cas,
on a la chance je pense d'avoir un festival qui est décalé par
rapport à cette période touristique, mais à la fois
l'été, ou c'est la période touristique la plus importante,
nous c'est à ce moment là qu'on a la plus faible
activité...
106
heuu, donc c'est un problème, pendant longtemps
ça a été un choix, la ville nous demandait de rien faire
l'été, ils se passe plein de chose dans le département au
moment de l'été donc à Auch il doit rien se passer pour
pas faire de concurrence, mais depuis 5 ans, c'est l'inverse,
c'est-à-dire que la ville dit voila, il faut proposer une offre de
« Pays d'Art et d'Histoire », une offre d'animation, des visites
etcétéra, et nous on est un peu loqués la dessus pour des
questions de moyens principalement. On n'arrive pas à avoir une offre
qui permettrait de coller à un territoire de cirque, une fois à
Auch, voila, ya rien.
S : Comment est ce qu'on vivrait une
expérience cirque à Auch ?
M : voila...
J : est ce que vous travaillez en
réseau avec d'autres structures ?
M : J'ai fit le bilan de l'année 2013
tout à l'heure et je me suis posé cette question, et je crois que
si je devais faire le bilan... c'est assez vertigineux, et pourtant c'est la
réalité.
L : c'est vrai que notre activité est
assez étendue, on travaille aussi sur l'Europe J : Du
coup c'est vrai que, c'est peut être ce travail en réseau qui fait
la visibilité du territoire
M : oui, très clairement, fin en tous
cas pour nous c'est vrai que Circa est reconnu comme étant le principal
festival de cirque contemporain en France parce que il est connu par les
français et les étrangers, l'année dernière on
avait des troupes qui venaient d'Australie, d'autres du Japon, heuu voila,
c'est lié à tous les réseaux, on a des rendez-vous un peu
partout dans le monde dans monde ces prochaines années. Et c'est vrai
qu'à chaque fois qu'il y a une rencontre comme ça, ça
contribue à la notoriété du festival. Une autre chose est
intéressante à signaler, c'est que le lieu ici (le CIRC) à
été crée dans une démarche de pôle
d'excellence rurale, et donc il avait comme vocation le développement
économique et l'emploi, et lorsque l'on a parié là dessus,
la question de l'argumentaire pour défendre un tel projet s'est
posée. En travaillant avec la chambre du commerce et de l'industrie et
j'ai découvert que les artistes qui venaient en résidence ici
étaient des touristes !
S : et oui, c'est vrai, ils se
déplacent en dehors de leur environnement habituel
107
M : et ça c'est quand même pas
inintéressant parce que du coup si on prend l'année 2013 on a
fait 4500 nuitées d'artistes en résidence, ce qui correspond
à un petit hôtel de 20 chambre occupé à
l'année
S : à l'échelle d'Auch c'est
pas négligeable
M : Donc du coup, on par là, une
activité touristique, je parle même pas du restaurant. Tout
ça fait naturellement de la promotion pour la ville, même si, et
on le regrette un peu, un artiste en résidence peu passer un mois ici en
se déplaçant de là (montre l'espace résidence du
complexe) à là (montre la salle de travail) sans même
sortir du complexe, donc la ville en prend un coup là effectivement
(rire).
S : c'est du tourisme d'affaire en fait,
comme un cadre sui viendrait passer une semaine de réunion de travail,
même si le tourisme d'affaire a un poids économique important...
évidemment, à titre personnel ils peuvent revenir ensuite...
M : oui, oui, dans le cadre du pôle
d'excellence rural on avait fait un travail sur les artistes de cirque qui
habitaient dans le Gers. Et à l'échelle du Gers c'est loin
d'être ridicule, j'ai l'exemple de ce couple d'artistes en tête,
lui est Brésilien, elle vient d'Argentine, et heu ils sont venu cinq
fois de suite au festival Circa. Et bien quand ils sont sortis de
l'école et qu'ils ont décidé de s'installer en France, ils
ont dit, tient le Gers c'est plus sympa que la Champagne-Ardenne et ils se sont
acheté une petite maison dans la campagne gersoise. Et des choses comme
ça il y en a certainement beaucoup plus que ce qu'on le croit, ça
joue sur l'attraction touristique.
J : alors ensuite, du coup vous nous en avez
parlé Monsieur Pechcomtal, le fait que le festival apportait une
couverture médiatique importante au territoire, est ce que d'ailleurs
vous auriez des données chiffrées, des études ou des
rapports sur lesquels s'appuyer pour mesurer les retombées
économiques du festival au niveau du territoire ?
M : non, on a des revues de presse, elles
sont téléchargeables sur le site, dans le bilan du festival il y
a une partie retombées.
J : d'accord, j'irais voir ça alors,
ensuite je voulais vous demander, je suis désolée ça se
répète un peu du coup
108
S : C'est pas grave, on peut peut-être
développer plus, ça va peut-être nous amener sur des
thèmes qu'on a pas abordé encore.
J : D'accord, alors d'après vous, le
cirque est-il un atout unique pour le territoire, s'agit-il en fait d'une
ressource propre à Auch ?
S : bé oui, il y a peu d'autres
territoires qui ont cette spécificité cirque, mais il y en a
d'autres, il y a aussi 12 pôles des arts du cirque au niveau national
donc bon... Et ça renvoie aussi au public du cirque d'aujourd'hui,
c'est-à-dire que quand Circa fait 25000 entrées, c'est important,
mais ça n'a pas les mêmes répercussions qu'un festival qui
en fait 150000.
M : mais il y a aussi autre chose, c'est
qu'il y a Toulouse, qui a cette image, moins forte car noyée au milieu
de plusieurs choses, mais il faut quand même savoir que la
métropole, Toulouse Métropole, sa s'appelle comme ça
maintenant, a décidé de faire du cirque un marqueur
identitaire
S : A bon ?
M : oui, depuis longtemps même, fin de
puis longtemps, l'agglomération a découpé ses
compétences culturelles sur quatre domaines :
- La lecture publique
- La culture scientifique
- L'aménagement culturel
- Les arts du cirque
Pas le théâtre, pas la danse, pas l'opéra
et le capitole mais les arts du cirque. En affirmant clairement que pour eux
c'est réellement un marqueur identitaire de la ville et c'est pour
ça qu'ils ont créée une manifestation qui s'appelle «
Toulouse en Piste ». Donc il y a, soit un espace de
complémentarité, soit de concurrence ici, sachant que le jour
où vraiment ils se réveillent...
S : Le jour où ils mettent les moyens
surtout...
M : oui voila, on aura que
l'antériorité, mais ce qui est déjà énorme.
D'autre part, l'institut français, qui est le bras armé du
ministère des affaires étrangères en matière
culturelle, et qui fait la promotion de la culture française à
l'étranger, a organisé il y a deux ans pour la première
fois, et de nouveau cette année, un focus cirque. C'est-à-dire
l'invitation d'une centaine de professionnels directeurs de festivals du monde
entier pour leur faire découvrir en 4 jours le cirque contemporain
français et les inciter à diffuser. Cette année,
109
ça a été tranché, ça sera
pendant le festival Circa, et ils passeront 2 jours à Toulouse et 2
jours à Auch pour aussi découvrir d'autres spectacles, donc on
voit la complémentarité là. Après, Marseille l'a
fait à l'occasion de Marseille 2013, un mois sur le cirque, c'est sur
qu'à un moment donné voila, il faut qu'on joue nous sur, heuu,
sur autre chose. Mais à la fois, on a une spécificité en
matière de cirque, c'est l'histoire du festival, c'est le lien entre la
transmission avec les écoles et les spectacles professionnels. On est
les seuls positionnés sur ce terrain là de façon aussi
claire. Parce qu'on reçoit à la fois les écoles
française avec la Fédération Française des Ecoles
de Cirque et la Fédération Européenne des Ecoles de
Cirque. Ça c'est un positionnement qui est différent par rapport
à un festival qui n'afficherait que des spectacles, et qui est
intéressant parce que ça créé un lien dès la
pratique amateur, du coup il y un capital sympathie avec les artistes qui
reviennent plusieurs années d'affilées.
J : D'accord, je vois oui, ensuite, en ce qui
concerne la politique touristique et l'image, mettez-vous en avant le
caractère circassien de la ville, à travers par exemple des
campagnes publicitaires, des spots radios, des affichages... ?
S : oui, il y a des outils qu'on a mis en
place l'an dernier et l'on a tenté d'intégrer le cirque sur
internet, clip vidéo, visite virtuelle, à chaque fois le cirque
est un atout sur lequel on a de la matière pour mettre en avant non
seulement le cirque lui-même, mais aussi le territoire. Un autre exemple,
je vous en ai pas parle (s'adressant à Laure et Marc), l'office de
tourisme va être amené à déménager dans un
nouveau cadre et la décoration et l'ambiance que l'on veut mettre en
avant effectivement c'est le cirque. Les valeurs qui ont été
mises en valeur pour définir l'ambiance de ce bâtiment, qui aura
vocation à évoquer le patrimoine bâti, les atouts
culturels, la campagne gersoise, les chemins de St Jacques, fin voila, mais
l'idée générale c'est de valoriser le cirque parce que
Circa est le principal festival de la ville d'Auch, parce qu'à travers
le cirque on aborde aussi tous ce qui est humain, l'homme, et que l'homme
ça rappelle aussi les gascons, on est des hommes sympas, joviaux, grande
gueule et, voila, et plein de valeurs positives.
J : Du coup ma question suivante vous l'avez
anticipé, utilisez-vous les réseaux sociaux ?
110
S : oui, oui, réseaux sociaux, site
internet... Et oui, évidemment les nouvelles technologies sont au coeur
de nos actions parce que c'est les dernières choses que l'on peut se
payer, si l'on devait se payer un spot de pub sur TF1 on pourrait pas tout
simplement, en plus par le numérique on arrive à toucher et
à mesurer, parce qu'on nous le demande, on sait ce que ça nous a
couté et les personnes que l'on a touchés. Le numérique
c'est aussi quelque chose que l'on arrive à faire nous même, et si
on arrive à y consacrer des ressources humaines, on arrive à
faire de l'animation, c'est vrai qu'on investit beaucoup ce champ là.
M : par rapport à ce que l'on
évoquait tout à l'heure, par rapport à l'image du cirque
contemporain, si on prend l'exemple de la Cie Akoreacro, en dehors de la
plaquette et avant qu'on ne développe l'outil numérique, il y
avait trois lignes sur le spectacle et les spectateurs n'avaient accès
qu'à ces trois lignes là. Aujourd'hui, il y a un autre rapport,
le spectateur peut aller chercher des informations sur internet, ça
permet justement de savoir à quoi s'attendre, et comme dans le cirque
aujourd'hui on ne sait jamais à quoi s'attendre (rire), non mais c'est
vrai ! Tout ça aide le spectateur dans ses choix. Un spectateur qui
reçois le programme de Circa a l'information nécessaire pour
faire la différence entre deux spectacles, alors qu'avant ce
n'était pas le cas. La relation avec le public est différente
pour nous maintenant, c'est vraiment important
J : Pour finir, je voulais vous poser la
même question que je me suis posée moi personnellement dans mon
mémoire, à savoir comment votre ville peut-elle jouer la carte du
cirque pour se différencier des autres destinations touristiques ?
S : (rire), hélas, c'est une question
difficile (rire), savoir parmi tous les aouts que nos avons, comment prioriser
les uns par rapport aux autres. Aujourd'hui, les gens qui arrivent à
Auch passent 30min, ils visitent la cathédrale, font le tour de la place
de la mairie et ils se barrent, le gros challenge c'est d'arriver à leur
montrer qu'il y a pleins d'autres atouts sur le territoire et les faire rester
plus longtemps, la difficulté à jouer la carte du cirque c'est
d'arriver à offrir aux visiteurs du cirque, est ce que c'est demain, un
musée des arts du cirque ou un centre d'interprétation des arts
du cirque comme l'a fait Marciac avec le Jazz ? Ou faut-il qu'on demande
à nos guides du Pays d'Art et d'Histoire de se mettre dans la peau d'un
gymnaste et de nous faire une visite guidée d'Auch
111
circassienne ? (rire) heuuu, bon, aujourd'hui si on veut
assumer cette identité, il faut être dans la capacité de
proposer, heuu, pas que dans la communication, on pourrait communiquer «
Auch 100% cirque », mais la difficulté c'est qu'on fait une
promesse et qu'il faut l'assumer ensuite.
M : ça et puis en plus, l'autre
difficulté c'est que le touriste qui vient dans le Gers, il vient
chercher du patrimoine, du rural... et l'image du cirque n'est pas
forcément celle-ci, alors elle n'est pas incompatible, mais en tous
c'est pas une image qui vient conforter l'image du rural, du patrimoine :
« on va aller dans les champs, on va aller voir les canards, les oies, on
va aller au marché au gras, on va aller ... »
L : Oui mais en même temps cette image
là du rural est véhiculée par tellement d'autres
régions que c'est aussi un...
M : tout à fais, mais bien sur, mais bien
sur
L : et nous on est plus à apporter le
contre poids de l`innovation dans un cadre paisible, une imagerie
M : A la fois, la ou il y a quand même
plusieurs convergences, tu parlais tout à l'heure (s'adressant à
Sylvain) des valeurs humaines qui sont vraiment présentes dans le cirque
et que vraiment les gens ont du Gers, il y a aussi l'autre image : le cirque
c'est familial et le tourisme gersois se pratique en famille, on vient à
la campagne en famille parce qu'on en a raz le bol d'aller sur les plages, donc
voila, c'est aussi un autre type d'approche. Dans ce qu'évoquait
Sylvain, c'est vrai que s'il y avait un musée, un centre
d'interprétation du cirque, ce qui est une idée excellent et
qu'il faut travailler et développer, faudrait que ce soir quelque chose
qui s'adresse à un public familial. Et donc aussi avec un aspect ludique
pratique, qu'on puisse expérimenter sur un fil, mais il y certainement
quelque chose comme ça à réfléchir si on veut
effectivement consolider notre activité touristique sur l'année
sachant qu'on ne pourras pas avoir toute l'année des artistes qui font
des spectacles parce qu'économiquement ça tient pas. Même
si on ouvre le bâtiment pour les répétitions des artistes,
ils ne travaillent pas forcément tout le temps à faire des
exploits, des fois au contraire ils les miment, on les voie pas, et quelqu'un
qui s'échauffe, bon... voila, il n'y a pas beaucoup
d'intérêt.
112
J : D'accord, voila, j'ai posé toutes
mes questions, donc je vous remercie beaucoup de m'avoir accordé du
temps, ça va m'aider pour mon mémoire. Si vous le souhaitez je
vous le ferais passer en Avril.
113
TABLE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
NTIC : Nouvelles Technologie de l'Information
et de la Communication
PNAC : Pôle National des Arts du
Cirque
DRAC : Direction Régionale des
Affaires Culturelles
CIRC : Centre d'innovation et de Recherche
Circassien
ISTHIA : Institut Supérieur du
Tourisme, de l'Hôtellerie et de l'alimentation
FFEC : Fédération
Française des Ecoles de Cirque
FEDEC : Fédération
Européenne des Ecoles de Cirque
CDT : Comité Départemental du
Tourisme
UNESCO: United Nations Educational,
Scientific and Cultural Organization.
INSEE : Institut National des Statistiques et
des Etudes Economiques
114
TABLE DES FIGURES
Figure 1 : Schéma
méthodologique
Figure 2 : Cirque à ciel ouvert de
Philip ASTLEY
Figure 3 : Compagnie Les hommes
sensibles
Figure 4 : Organisation des festivals de rue
et de cirque sur l'année
Figure 5 : les motivations pour assister
à un festival
Figure 6 : Le poids d'internet dans les
sociétés développées
Figure 7 : Spectacle de la Compagnie
9.81
Figure 8 : Enquête d'Objectif Papillon
sur le référencement
Figure 9 : La ville d'Auch
115
TABLE DES MATIERES
PARTIE 1 : Cirque, tourisme et développement territorial
Chapitre 1 - L'apparition du nouveau cirque dans le tourisme
culturel
|
|
10
12
|
1. Les arts du cirque, apparition et évolution
|
12
|
|
2. Le cirque, reflet de notre société en
constante évolution
|
18
|
|
3. Le patrimoine culturel immatériel
|
22
|
|
|
Chapitre 2 - Développement territorial et image de marque
|
|
25
|
1. L'identité territoriale; une notion qui s'inscrit dans
le cadre du
développement territorial
|
25
|
|
2. Les acteurs d'un territoire
|
30
|
|
3. L'imaginaire lié au monde du cirque
|
31
|
|
Chapitre 3 - Problématiques et enjeux liés à
la mise en tourisme du cirque
|
33
|
|
1. Le cirque : un monde à part dans le tourisme culturel
|
33
|
|
2. Un public concerné asses restreint
|
34
|
|
3. Un domaine peu médiatisé par rapport aux autres
formes de tourisme
culturel immatériel
|
35
|
|
PARTIE 2 : Les relations entre les arts du cirque et l'image de
marque des
territoires
|
|
38
|
Chapitre 1- La mise en réseau d'acteurs pour une meilleure
visibilité
|
|
41
|
1. L'importance des réseaux d'acteurs dans le
développement territorial 41
2. Le soutien d'une multiplicité d'acteurs : un
facteur de développement
pour le cirque 43
3. Exemple du projet européen de coopération
transfrontalière Pyrénées
de cirque 45
Chapitre 2 - Les festivals de cirque; une couverture
médiatique importante
pour les territoires 48
1. L'engouement pour les festivals 48
2. Les retombées des festivals en termes d'image 51
Chapitre 3 - Les NTIC au service des arts du cirque 54
1. Les NTIC, un outil puissant de diffusion... 54
2. ...dont s'accaparent les circassiens... 56
3. ... et les professionnels du tourisme pour valoriser le
cirque 58
116
PARTIE 3 : Cas du festival CIRCA de Auch 64
Chapitre 1 - Les arts du cirque à Auch 67
1. Présentation d'Auch : une ville circassienne 67
2. Les structures qui représentent directement ou
indirectement le cirque 68
Chapitre 2 - Méthodologie de validation des
hypothèses 72
1. Présentation des outils méthodologiques 72
2. Vérification des hypothèses : 77
BIBLIOGRAPHIE 87
TABLE DES ANNEXES 89
TABLE DES SIGLES ET ABREVIATIONS 113
TABLE DES FIGURES 114
117
Résumé
Le cirque contemporain est un courant artistique qui est
apparu dans les années soixante dix en France. Il est venu se greffer au
cirque traditionnel qui existait depuis le XVIIIe siècle mais
qui était en train de s'essouffler. Cette nouvelle forme de spectacle
vivant est très complète car elle emprunte à plusieurs
domaines.
Parallèlement, le secteur du tourisme traverse une
phase de changement avec notamment l'omniprésence des NTIC. Les
comportements des touristes sont de plus en plus complexes,
imprévisibles et variés. Les professionnels doivent s'adapter
à ces changements et proposer des produits touristiques
adéquats.
Les destinations doivent se positionner, en termes de
stratégie marketing et de communication. La création d'une
identité singulière est essentielle et sera une force de
promotion touristique.
Les arts du cirque représentent un atout culturel de
différenciation et sont gages de la singularité du lieu. Les
touristes recherchent des expériences rares avec une dimension humaine.
Le cirque contemporain semble pouvoir répondre à cette demande
naissante. Les acteurs territoriaux l'ont bien compris et beaucoup de
politiques culturelles et touristiques s'orientent désormais sur ce
créneau.
La ville d'Auch (avec notamment son festival de cirque
contemporain Circa) sera notre terrain d'application et nous permettra
d'inscrire notre analyse dans un contexte réel.
Mots clés : Cirque contemporain -
Développement territorial - Image de marque Tourisme culturel
immatériel - Mise en réseau - Retombée
médiatiques
Summary
Contemporary circus is a new artistic trend which appeared in
France during the seventies. It was united to the traditional circus which
existed since the XVIII century, but which was struggling. This new form of
performing arts is very complete because it borrows from a lot of fields.
At the same time, tourism sector goes through a changing
period with especially the arrival of NTIC. Tourist's behaviour is more and
more complex, unpredictable and varied. Professionals have to be compatible in
order to suggest appropriated touristic products.
Destinations must be positioned in marketing and communication
terms. The creation of a singular identity is essential and it will be a
strength of touristic promotion.
Circus arts represent a cultural asset of distinction and are
the guarantee of the place's singularity. Tourists are looking for rare
experiences with a human dimension. It seems that contemporary circus matches
this emergence demand. Territorial actors got it and a lot of cultural and
touristic politics are positioned on this market opportunity.
The city of Auch (with its famous contemporary circus festival
Circa) will be our field survey to make the theoretical analysis a concrete
study.
Key words: contemporary circus - territorial
development - brand image Cultural and immaterial tourism - networking - media
impact
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