Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Faculté des sciences juridiques et
politiques
ANNEE ACADEMIQUE 2010 - 2011
Mémoire présenté pour obtenir le
diplôme de
Master 2 en Relations
Internationales
Spécialité
Relations Internationales
Thème
LA
PROBLEMATIQUE DE L'INTERVENTION DE L'O.N.U DANS LE REGLEMENT DES CONFLITS EN
AFRIQUE DE L'OUEST
Présenté et soutenu publiquement le 07
décembre 2011 par :
Monsieur Arcel Thinard OKAKINI
NDZOUBA
Sous la direction de:
M. Oumar SENE DOCTEUR MAMADOU
KASSE
Professeur-Assistant à la
FSJP
REMERCIEMENTS
A travers cette recherche, je remercie mon cher professeur
Docteur Mamadou KASSE, Assistant à la Faculté
des Sciences Juridiques et Politiques de l'Université Cheikh Anta DIOP
de Dakar qui, malgré son emploi du temps chargé, n'a
ménagé aucun effort pour m'aider à réussir ce
travail.
A cet effet, je vous prie, monsieur le professeur, de bien
prendre conscience du sentiment de satisfaction que j'ai éprouvé
de votre assistance durant ce travail.
Ce document de recherche résulte d'un certain nombre de
sacrifices et de soutiens de personnes que je ne peux m'empêcher de faire
mention. Ainsi, je voudrai remercier :
Toute ma famille
La famille Satou Ndiaye
Tous les Etudiants de Mbousnakh
FINY SHORIBA KEITA Anne Abeline
MOUDZOUILI-ONKA Jean-Claude
Tous mes camarades de promotion
Le Ministre des Affaires Étrangères et de la
Coopération du Congo et à l'ensemble du personnel diplomatique du
dudit Ministère, et enfin à tous ceux qui me sont chers.
DEDICACE
Avec tout le soutien que vous m'avez
apporté tout au long de mon cursus ; cher Papa, chère Maman, je
vous dédie ce travail de longues années d'études aux
difficultés que je ne saurais vous raconter.
Merci de m'avoir mis au monde mais de plus, de m'avoir
guidé et assisté dans ce travail de long périple. Je prie
le bon Dieu de vous donner longue vie et d'assister à mon succès
professionnel.
SIGLES ET ABREVIATIONS
OUA : Organisation de l'Unité Africaine
UA : Unité Africaine
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONUCI : Opération des Nations Unies en Côte
d'Ivoire
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
UNOWA : Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest
NEPAD : Nouveau Partenariat pour le Développement de
l'Afrique
ECOMOG: Groupe d'Observation Militaire de la Communauté
Economique des États d'Afrique de l'Ouest
ECOWAS: Communauté Economique des États
d'Afrique de l'Ouest
CEDEAO : Communauté Economique des États
d'Afrique de l'Ouest
UNMIL: Mission des Nations Unies au Liberia
UNIOSIL : Mission Intégrée des Nations Unies en
Sierra Léone
UNHCR : Haut Commissariat des Nations Unies pour les
Réfugiés
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
ANAD : Accord de Non Agression et de Défense
PAM : Programme Alimentaire Mondial
FAAC : Force Armée Alliée de la
Communauté
NU : Nations Unies
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale
SADC : Communauté de Développement de l'Afrique
Australe
MINUSIL : Mission des Nations Unies en Sierra Léone
O.M.P : Opération de Maintien de la Paix
C.A.D : Comité d'Aide au
Développement
O.C.D.E : Organisation pour la Coopération et le
Développement Economique
U.E.M.O.A : Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine
MFDC : Mouvement des Forces Démocratiques de la
Casamance
SDN : Société Des Nations
RUF : Front Révolutionnaire Uni
BINUCSIL : Bureau Intégré des Nations Unies pour
la Consolidation de la Paix en Sierra Leone
CPS : Conseil de Paix et de Sécurité
CPI : Cour Pénale Internationale
FMI : Fonds Monétaire International
CMS : Conseil de Médiation et de
Sécurité
BAD : Banque Africaine de Développement
OIF : Organisation Internationale de la Francophonie
FAFN: Forces Armées des Forces Nouvelles
CEA : Commission Economique des Nations Unies pour
l'Afrique
HCNUDH : Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de
l'Homme
OEA : Organisation des États Américains
SOMMAIRE
INTRODUCTION 7
PREMIERE PARTIE : De la nécessité d'intervention de
l'O.N.U dans la zone 17
CHAPITRE I : La défaillance des mécanismes
juridiques et institutionnels africains 17
SECTION I : Les mécanismes juridiques africains 18
SECTION II : Des institutions africaines à l'inertie 24
CHAPITRE II : Faiblesses relatives aux moyens employés
29
SECTION I : Les moyens humains 29
SECTION II : Les moyens financiers et matériels 34
DEUXIEME PARTIE : Les forces et faiblesses des interventions de
l'O.N.U dans la zone 40
CHAPITRE I : Les forces de l'intervention de l'O.N.U dans la zone
40
SECTION I : Les actions politiques de l'intervention de l'O.N.U.
40
SECTION II : Les actions humanitaires et économiques de
l'O.N.U. dans les crises Ouest-africaine 45
CHAPITRE II : Les faiblesses de l'intervention onusienne 51
SECTION I : Faiblesses dans l'autorisation des OMP 51
SECTION II : Neutralité et changements inattendus des
mandats en cours de l'ONU 57
CONCLUSION 59
BIBLIOGRAPHIE 64
INTRODUCTION
L'Afrique de l'Ouest traverse une
période de mutation et de croissance démographique rapide. La
sécurité et l'insécurité sont des enjeux cruciaux
pour ses dynamiques de changements et les risques que les violences et
l'instabilité dans certaines zones posent pour le processus
d'intégration régionale, la croissance et la réduction de
la pauvreté'.
Un important travail a été réalisé
par des spécialistes et des institutions internationales sur la
manière de renforcer la sécurité dans les pays en
développement.
Ainsi, les membres du Comité d'Aide au
Développement (C.A.D) de l'Organisation pour la coopération et le
développement économique (O.C.D.E) 2, les agences des
Nations-Unies (N.U) et les centres de recherche travaillent depuis quelques
années, notamment à l'élaboration de lignes directrices
pour une bonne pratique de la réforme des systèmes de
sécurité. Malgré tous ces efforts, les acteurs
Ouest-africains ne perçoivent pas immédiatement la pertinence des
modèles développés par les partenaires internationaux pour
résoudre leurs problèmes tels que la complexité des
conflits. La sécurité humaine est un élément
essentiel de l'agenda politique mondial du développement3.
Deux idées l'animent : premièrement, la
protection des personnes est stratégique à la fois pour la
sécurité nationale et internationale ; deuxièmement, les
conditions d'un développement humain en toute sécurité ne
se limitent pas aux enjeux traditionnels de défense nationale et de
respect de l'ordre, mais inclut toutes les dimensions politiques,
économiques et sociales permettant de mener une vie à l'abri du
risque et de la peur.
Des conflits violents nuisent à la
sécurité humaine, compte tenu de l'imbrication et des dimensions
régionales de ceux-ci en Afrique. Ainsi, la définition d'une
stratégie de paix et de sécurité à l'échelle
du continent et de la région s'avère nécessaire.
Au cours des dernières décennies, le continent
africain et la région Ouest-africain en particulier, ont
développé leur propre cadre de sécurité à
travers l'O.U.A (Organisation de l'Unité africaine) appelée
aujourd'hui Union africaine (U.A), de la Communauté Economique des Etats
de l'Afrique de l'Ouest (C.E.D.E.A.O) et de l'Union Economique et
Monétaire Ouest-Africain (U.E.M.O.A).
' Cf., rapport du club sahel et de l'Afrique de l'Ouest su la
sécurité et la sécurité humaine.
2 I. William (Z), l'effondrement de l'Etat, 1995,
p62.
3 Cf., rapport du club sahel et de l'Afrique de
l'Ouest su la sécurité et la sécurité humaine.
La création récente du conseil de paix et de
sécurité de l'Union africaine et les progrès
réalisés dans l'application du Mécanisme de
prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de
la paix et de la sécurité de la C.E.D.E.A.O représentent
des avancées positives vers l'établissement d'un cadre de
sécurité africain qui soit à la fois complet et
cohérent.
Renforcer la paix durable dans le monde nécessite une
réponse globale et intégrée aux défis de la
sécurité et du développement. Cela exige la participation
et l'action concertée de tous les membres de la communauté
internationale, qu'il s'agisse des Etats, des Organes DES Nations Unies, des
Organisations régionales, des institutions financières
internationales, d'O.N.G et d'autres acteurs de la société
civile. Cependant, le rôle joué par les acteurs n'est pas tout de
même au même degré. Dans cette optique, l'action des Nations
Unies s'avère plus efficace eu égard aux initiatives des autres
acteurs intervenant dans la dynamique de paix dans le continent ou même
dans la région Ouest-africaine.
Malgré tout, le continent africain surtout noir reste
dominé en majorité sinon dans sa totalité par des conflits
qui induisent de la pauvreté. Les conflits armés constituent un
problème grave dans plusieurs régions d'Afrique. En effet,
plusieurs pays africains semblent se diriger vers un conflit potentiel tandis
que d'autres sont déjà impliqués dans un conflit, ou
viennent de sortir à peine d'un conflit ou encore, ont entrepris une
phase de redressement à long terme4.
Ces conflits n'apportent que dévastation. Ils
provoquent des souffrances indicibles et entraînent des pertes humaines
considérables en plus de fragmenter les sociétés et de
causer l'effondrement des économies. Ils ont aussi un effet
dévastateur sur l'environnement, la biodiversité et les
ressources naturelles dont dépendent plusieurs personnes et ces effets
néfastes persistent même une fois les hostilités
terminées.
Le continent africain se situe géographiquement entre
deux océans que sont : l'océan Atlantique et l'océan
Indien. Malgré les potentialités économiques, culturelles,
humaines et minières que regorge ce continent, cette partie du monde
reste le foyer dominant des atrocités de guerres interétatiques
ou de conflits armées interne résultant de guerres civiles.
Aujourd'hui, avec la mondialisation des nouvelles technologies
de l'information et de la communication, les médias occidentaux livrent
en face du monde une Afrique déchirée, une Afrique où la
guerre est sans merci, une Afrique aux abois.....etc.
4 Cf., Chapitre 1 Introduction : Les conflits
armés et l'environnement
Certains auteurs vont même jusqu'à dire que Dieu
a quitté l'Afrique. Et pourtant, l'Afrique n'est pas seulement cette
face dont on nous fait montre. C'est un continent plein de richesses
minières dont le monde entier est à la recherche. Il s'agit entre
autre du fer, de l'or, du diamant, du pétrole et autres. C'est dans ce
contexte que pour un auteur du nom d'Alvaro Vascon colos, directeur de
l'institut d'Etudes Stratégique de Lisbonne, l'Afrique est synonyme
d'épidémie, de famine, de vagues de réfugiés fuyant
les guerres et la sécheresse, de la tyrannie, ou, au mieux, de mauvaise
gestion des affaires publiques, de marasme économique qu'aggravent des
crises incessantes et l'imminence de la désintégration
étatique. Du reste, cette image désastreuse, qui se double d'un
intérêt stratégique marginal, a incité bien des
personnes à penser que l'Afrique est en voie de perdition...
»5.
D'autres auteurs iront même jusqu'à admettre que
l'Afrique reste le continent des maladies les plus cruelles. Parmi lesquelles
on peut citer entre autres le sida, les maladies sexuellement transmissibles,
la tuberculose, etc. En réalité, l'Afrique requiert en partie une
autre facette que celle mise en branle par les médias occidentaux et les
Africano-occidentaux6. Elle est aussi le continent d'une grande
potentialité en termes de ressources minières telles que le
pétrole, l'or, l'argent, le diamant.
Toutefois, il serait utile de s'interroger sur la
récurrence des conflits dans cette partie du monde et des
mécanismes pris pour la résolution de ces conflits. Ces guerres
ou conflits selon les cas sont généralement d'ordre interne aux
Etats. C'est le cas par exemple en Côte d'Ivoire entre l'armée
loyaliste et les rebelles; au Sénégal entre l`Etat du
Sénégal et les combattants du mouvement des forces
démocratiques de la Casamance (M.F.D.C). C'est le cas entre autre du
Mali, du Libéria et de la Sierra Léone dans les années
passées et ailleurs dans le continent. Cette recrudescence des conflits
en Afrique fait qu'aujourd'hui bon nombres d'acteurs interviennent pour le
règlement de ces dits conflits. Le continent africain, par le biais de
certaines de ses organes ou organisations prendra un certain nombre
d'initiatives dans la résolution de ces conflits qui éclatent
dans son sein. a travers ces organisations, on peut faire mention de l'U.A, de
la C.E.D.E.A.O, de la S.A.D.C ou autres organismes de paix. Toutefois, on se
demande parfois si ces initiatives africaines ont été positives
vue la recrudescence des conflits dans la zone, vue aussi les interventions
courantes de l'Organisation des Nations Unies dans le règlement des
différends dans la partie Ouest de l'Afrique.
5 Sidy SADY «La résolution des conflits
en Afrique », Thèse, Université Cheikh Anta Diop de Dakar,
p4.
6 Les Africano-occidentaux sont des africains de
par leurs origines mais qui ont une croyance maudite du continent. A cet effet,
ils ont tendance à réfuter tout ce qui est africain et à
valoriser les idées et positions occidentales sur le continent noir
africain.
Le dictionnaire universel définit le conflit comme un
« antagonisme ». Cette définition est suffisamment large pour
inclure toutes sortes de conflits allant des disputes de ménage aux
guerres.
Le petit Larousse quant à lui (1979), il définit
le conflit comme :
« Une opposition d'intérêt entre deux ou
plusieurs Etats » dont la solution peut être recherchée
soit par des mesures de violence (représailles, guerres), soit par des
négociations, soit par l'intervention d'une tierce puissance ou de
l'Organisation des Nations Unies (médiation, arbitrage), soit par
l'appel à un tribunal international.
Limitant la notion de conflit aux seuls Etats, le Larousse est
tout aussi approximatif. Le professeur Raymond Aron définira le confit
comme:
« Une opposition entre groupes d'individus pour la
possession de biens rares ou la réalisation de valeurs mutuellement
incompatibles ».
De cette définition apparaît un certain nombre de
critères :
Il y a d'abord, un phénomène d'opposition
d'intérêts. Dans cette partie, le conflit se distingue de
l'agression qui est définie juridiquement. Il se distingue aussi de la
guerre qui est une forme particulière de conflit. Il y a ensuite
l'intervention d'au moins une partie étatique. Ce critère exclue
les conflits entre personnes physiques. Encore la forme du conflit doit
susciter un intérêt ou une préoccupation internationale.
Enfin, le conflit doit porter sur un objet particulier.
Le conflit est par définition « le litige qui
sous-tend les heurts entre les intéressés » selon les
termes du Politologue américain William7. Par contre, la
crise est « le passage actif aux hostilités armées
». La charte des Nations Unies utilise les notions de
différends et de situation sans toutefois préciser leur
portée.
La résolution d'un conflit suppose toute action
entreprise consciemment ou non en vue de trouver une solution à un
antagonisme.
7 William (Z), « La résolution des
conflits en Afrique, Paris, L'harmattan, 1990 p.12
L'objet de notre sujet s'applique spécifiquement
à l'Afrique de l'Ouest. Ainsi, les autres zones d'Afrique autres que la
zone Ouest-africaine ne feront l'objet d'étude dans notre recherche. Les
conflits qui naissent dans cette zone du continent sont dans leur grande
majorité, soit de guerres civiles soit de bras armés entre Etat
et factions du même Etat. Pour ces conflits internes on peut citer entre
autre la crise casamançaise entre l'Etat du Sénégal et le
Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance qui est d'une moindre
intensité, le conflit nigérien entre l'Etat du Niger et les
rebelles indépendantistes, l'Etat Malien et les rebelles touaregs. Tout
ceci démontre que la guerre est comme innée à notre cher
continent. La remarque qui s'impose est que, parallèlement à
l'Afrique, les autres continents tels que l'Europe, les Etats Unies, l'Asie et
les Océanie ont longtemps cherché à éviter les
guerres dans leur continent respectif.
Toutefois, il faut noter que la convention des Nations Unies
sur l'interdiction de la guerre entre Etats a aussi été
ratifiée par un certain nombre d'Etats Africains ; on note une
recrudescence notoire des guerres dans le continent. C'est dans un souci de
paix dans le monde que la cour internationale de justice élève
l'interdiction de la force dans les relations internationales en norme
impérative avec valeur absolue.
La recherche d'une paix durable et globale en lieu et place
d'arrangements régionaux comme le traité de Westphalie, a
donné naissance à des constructions comme la S.D.N qui, du fait
de ne pas pouvoir empêcher la seconde guerre mondiale va se voir
succéder par l'O.N.U. Cette organisation va très vite se charger
de la paix dans le monde. Elle a dans son objectif une vocation universelle de
recherche de la paix dans le globe. Mais, la question est si cette institution
peut garantir la paix dans le monde8. Toutefois, certains Etats
s'attachent aux organisations régionales (Alliance atlantique,
organisation des Etats Africains, Organisation des Nations de l'Asie du Sud,
Organisation de l'Unité Africaine aujourd'hui Union Africaine).
De cette perspective de résoudre les conflits en
Afrique est née l'Organisation de l'Unité Africaine (O.U.A) qui,
il faut le dire est très limitée dans ses interventions. Cela est
dû entre autre au dicta des grandes puissances qui, parfois exigent leur
loi à l'instance mais aussi aux manques de moyens criards. Cette
organisation connaîtra des lendemains avec son remplacement par l'U.A
(Union Africaine) après la conférence de Siirt en Libye en 1999.
8 BRIAN Urquhart, L'Organisation des Nations Unies
peut-elle apporter la paix, Revue Désarmement, vol. x, n1, 1986.
Le colonel Kadhafi aura joué un rôle très
déterminant pour sa mise en place. Kadhafi avait même
préconisé la création d'une armée Africaine commune
à tous les Etats Africains.
Un certain nombre d'organisations régionales ou sous
régionales ont vu le jour. Des organisations africaines comme
l'Organisation de l'unité africaine (O.U.A)9, la
Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest
(C.E.D.E.A.O) et la Communauté de développement de l'Afrique
australe (S.A.D.C) ainsi que diverses coalitions ponctuelles d'États
africains, s'efforcent d'acquérir davantage d'autonomie pour ce qui est
de faire face aux conflits armés et aux urgences humanitaires complexes
auxquelles elles se trouvent confrontées.
Toutefois, dans la pratique, ces organisations n'ont pas
réellement joué un grand rôle dans cette recherche
définitive de la paix dans le continent en général et dans
la zone Ouest-africaine en particulier. L'impact des conflits en Afrique de
l'Ouest en termes de pertes humaines, de déplacés ou de
refugiés, écologiques ou encore même de ses
conséquences dans les autres parties de l'Afrique et du monde, a
suscité l'intervention d'un organe plus ambitieux et plus audacieux dans
les démarches et dans ses actions pour le règlement des conflits
dans le monde. Cette institution se trouve être de nos jours,
l'Organisation des Nations Unies.
L'expression « Nations Unies » est apparue
pour la 1ère fois dans la « Déclaration des Nations
Unies » du 1er janvier 1942. Lors de cette déclaration, les 26
pays s'engageaient à poursuivre ensemble la guerre contre les puissances
de l'Axe.
Dans un premier temps, les Etats avaient institué des
organisations pour s'entendre sur des problèmes spécifiques. A
cet effet, des institutions comme l'Union Internationale des
Télécommunications a été créée en
1965, l'Union postale Universelle, en 1974, a vu sa création. Ces
institutions sont des institutions spécifiques des Nations Unies.
En 1899 s'est tenue, à la Haye, la première
Conférence internationale de la paix avec pour objectif
d'élaborer des instruments pour le règlement pacifique des crises
internationales, prévenir les conflits et codifier le droit de guerre.
9 Koffi (K), « La stabilisation et le maintien
de la paix en Afrique de l'Ouest ». Thèse de Doctorat en droit
international, Lille II
Elle a abouti à l'adoption de la convention pour le
règlement pacifique des conflits internationaux et à la
création de la Cour permanente d'arbitrage, dont l'activité a
débuté en 190210.
La Société Des Nations (S.D.N), comme nous
l'avons fait mention plus haut a précédé l'Organisation
des Nations Unies. Cette organisation fut créée, pendant la
première guerre mondiale dans des circonstances analogues, par le
traité de Versailles en 1919. Elle a été
créée dans le développement de la coopération entre
les peuples et le maintien de la paix et de la sécurité.
L'incapacité constatée par les acteurs de l'organisation dont la
S.D.N va faire naître des supputations qui ont abouti à la mise en
place de l'Organisation des Nations Unies.
A la conférence des Nations Unies sur l'organisation
internationale en 1945, se sont rencontrés les représentants des
50 pays, à San Francisco pour élaborer la Charte des Nations
Unies. Cette Charte fut signée le 26 février 1945 par les
représentants des 50 pays. Un pays comme la Pologne signera plus tard
faute de n'avoir pas été représentée à la
conférence mais elle fait néanmoins partie des 51 membres
originels. La Charte des Nations Unies marque donc un saut qualitatif. Elle
constitue un moment essentiel dans le développement du droit de la
sécurité internationale par les normes qu'elle pose et le concept
de sécurité qu'elle retient11.
L'un des principaux objectifs de l'Organisation des Nations
Unies, qui est au coeur même de son mandat, est le maintien de la paix et
de la sécurité internationale. Depuis sa création,
l'Organisation des Nations a souvent été sollicitée pour
empêcher que des différends ne dégénèrent en
conflit armé, pour convaincre des adversaires de s'asseoir à la
table des négociations plutôt que de faire parler les armes. Au
fil des années, l'institution a contribué à mettre un
terme à de nombreux conflits, souvent grâce à
l'intervention du conseil de sécurité, principal organe traitant
des questions de paix et de sécurité internationale.
Le bilan de ces dernières années a
également incité l'Organisation des Nations Unies à se
consacrer plus que jamais à la consolidation de la paix ; à
savoir l'action visant à soutenir les structures qui renforceront et
consolideront la paix. L'expérience montre que le maintien de la paix,
s'il se limite à la prévention de conflits militaires, ne suffit
pas à instaurer une paix solide et durable. Il s'avère, en effet,
nécessaire d'aider les pays à développer leur
économie, à promouvoir la justice sociale, la protection des
droits de l'homme, la bonne gouvernance et le processus démocratique.
10 « Déclaration de l'information des Nations
Unies », New York, 2001, p3.
Ainsi, l'Organisation des Nations Unies intervient dans
beaucoup de pays en Afrique tel qu'en Afrique de l'Ouest, pour aider à
instaurer la paix. Ces interventions dans la zone Ouest-africaine ont
suscité des questionnements si on sait qu'aujourd'hui les conflits
continuent à déchirer le continent. Et le plus récent
conflit dans la zone de la C.E.D.E.A.O où les Nations Unies se sont
déployées est la Côte d'Ivoire. Les causes des conflits
dans la région
Ouest-africaine semblent bien attirés notre attention
mais ne feront l'objet de développements. Ces causes sont aussi
diverses selon qu'on est dans une région ou dans une autre. De
même, les autres zones autres que l'Afrique de l'Ouest ne verront pas de
développement approfondis de notre part.
Les conflits en Afrique de l'Ouest sont
considérés comme des conflits de type nouveau, en ce sens qu'ils
sont atypiques, meurtriers, violents, souvent anormalement longs ; ce sont des
conflits de basse intensité, discontinus dans l'espace et dans le temps.
Ce sont aussi, le plus souvent, des conflits internes impliquant de
sérieux problèmes sous-régionaux et transfrontaliers, avec
souvent l'implication des États voisins et /ou de leurs populations,
l'instrumentalisation des communautés interethniques, et des agences
onusiennes (H.C.R, P.A.M), des organisations humanitaires et même des
O.N.G nationales et internationales (cf. Guinée, Libéria, Sierra
Léone, Côte d'Ivoire, etc.)
Pire, ils n'ont cure des normes et valeurs traditionnelles de
l'Afrique et donnent l'impression de se dérouler dans le chaos, l'anomie
sociale, la perte de sens (atrocités au Rwanda, en Sierra Leone, au
Libéria, en Côte d'Ivoire, en R.D.C, au Darfour, etc.)
Les grilles de lecture classiques ne rendent compte que de
manière lacunaire des crises qui secouent l'Afrique en
général et l'Afrique de l'Ouest en particulier. Il convient donc
d'envisager de nouveaux paradigmes qui mettent l'accent sur des facteurs
déterminants, parmi lesquels : le déficit de leadership
intellectuel, de leadership politique et de leadership économique.
On a souvent considéré à tort les
conflits en Afrique comme des conflits ethniques. Sur la question, les
chercheurs ne sont pas en phase avec l'interprétation des médias
parce que l'ethnicité masque souvent les causes réelles,
profondes et les facteurs déclencheurs des conflits. L'ethnicité
représente beaucoup plus les symptômes que les causes profondes.
Cela ne veut pas dire que l'ethnicité ne joue pas ou n'intervient pas
dans la dynamique des conflits. L'ethnicité intervient surtout dans la
distribution de l'espace, dans les alliances qui peuvent se nouer
au-delà des tracés des frontières reconnues des
États.
La question du tracé des frontières
héritées de la colonisation et qui ne coïncide pas avec les
aires culturelles, linguistiques des populations est également souvent
invoqué parmi les causes profondes.
Mieux, certains inscrivent les causes profondes dans la longue
durée : la traite négrière, l'esclavage et leurs
séquelles.
En plus de ces considérations, on a identifié la
mal gouvernance, la corruption, les atteintes massives et récurrentes
aux droits humains, à la démocratie et à l'état de
droit. On peut également citer les coups d'État électoraux
(issus de mascarades électorales), les coups d'Etat constitutionnels
(pour maintenir des présidents à vie en bloquant le processus
d'alternance démocratique) et les coups d'Etat militaires, bref, le
déficit de démocratie, l'accès et le maintien au pouvoir
par tous les moyens, l'accès aux ressources par tous les moyens.
La question foncière figure en bonne place parmi les
causes profondes des conflits et les crises qui minent l'Afrique et tout
particulièrement l'Afrique de l'Ouest (Côte d'Ivoire,
Sénégal, République de Guinée, Togo, Mali,
Libéria, Sierra Leone, etc.). De toutes les manières, dans
l'étude de ce sujet, nous allons faire fie de ces causes. Cette
étude mérite d'être limitée géographiquement
mais aussi sur le plan temporel. Le continent africain tout entier ne peut nous
intéresser même si d'autres régions du content telles que
l'Afrique Centrale, Australe et du Nord connaissent parfois des conflits plus
atroces que l'Afrique de l'Ouest. Il faut aussi souligner que sur le plan
temporel, les conflits nés dans le continent à partir des
années 1960 resteront les contours substantiels de notre
étude.
Dés lors, il importe de s'interroger plus
précisément, comme l'a fait mentionner notre sujet, sur la
problématique de l'intervention des Nation Unies dans le
règlement des conflits dans la zone Ouest-africain.
Répondre à une telle problématique
revient à examiner la question du pourquoi une intervention des Nations
Unies dans la région Ouest-africaine ? Et de la réalité
pratique de cette intervention dans la zone ?
Aujourd'hui, l'Organisation des Nations Unies connait les
critiques les plus acerbes. Elle est reprochée d'être une
institution des grandes puissances et non une institution de paix dans le
monde. Certains sont allés même jusqu'à dire que c'est une
source de troubles du fait de certaines de ses positions polymorphes au contenu
parfois incompréhensible et incompris. L'organisation est parfois
même inconnue dans ses agissements car les grandes puissances ne
respectent même plus les résolutions du conseil de
sécurité des Nations Unies.
On se souvient en 2001 lorsqu'il a fallu aller en guerre en
Afghanistan, le président George .W. Bush, contre vents et
marrées avait légitimé sa forfaiture dans un pays
souverain. On peut citer entre autre la résolution du conseil de
sécurité sur le conflit Libyen avec la zone de
délimitation aérienne qui, dans son application, n'a jamais vu
ses dispositions respectées comme il se doit.
L'Organisation des Nations-Unies rencontre d'énormes
problèmes dans l'application de ses résolutions. Cela est parfois
dû au dicta des grandes puissances. Cette « loi » des
puissances s'est souvent traduite par le droit de Véto dont disposent
certains pays comme les Etats Unis, la Chine, la France, le Royaume uni et la
Grande Bretagne. Ceci témoigne des difficultés réelles que
rencontre l'institution mondiale de la paix dans ses prises de décisions
ou même encore dans l'exécution de ses choix définitifs.
Au fil des ans, l'expérience acquise par l'Organisation
des Nations-Unies dans le règlement des conflits a fini de convaincre
sur son importance. Pratiquement, la majorité de ses interventions en
termes de règlement de conflits, s'est faite dans le continent Africain.
Cette institution mondiale de la paix connaîtra un certains nombre de
pays de la zone Ouest-africaine qui constituera notre ligne de conduite. Ses
interventions se sont soldées parfois sur des échecs même
si ses apports au rétablissement, à la consolidation de la paix
ont été quelques fois considérables.
Ainsi, il s'agira dans le cadre de cette recherche, d'analyser
dans un premier temps, de la nécessité d'intervention de
l'Organisation mondiale de la paix dans le règlement des conflits en
Afrique de l'Ouest (PREMIERE PARTIE) et dans un second temps,
des réalités concrètes de cette intervention dans la zone
(DEUXIEME PARTIE).
PREMIERE PARTIE : De la
nécessité d'intervention de l'O.N.U dans la
zone
Le continent africain, dans sa grande majorité, s'est
extirpé de la tutelle de l'occident à partir des années
1960. Aujourd'hui, que nous sommes indépendants, les conflits ne cessent
de hanter le bien être des populations, le développement
économique mais aussi de faire installer la pauvreté comme
prototype africain12.
Depuis un certains temps, des mesures purement africaines ont
vu le jour, mais malgré ces efforts, on assiste à une
continuité cancéreuse des conflits dans la zone. Ces guerres sont
d'une atrocité inacceptable. De ce fait, les initiatives africaines
semblent d'abord attiré notre attention malgré parfois leur
impertinence; d'où le besoin de réfléchir sur les
mécanismes mis en exergue par les organisations du continent africain.
Malgré les initiatives reconnues des acteurs africains, la participation
des Nations Unies est de plus en plus nécessaire.
Ainsi, la défaillance des mécanismes
juridico-institutionnels africains d'une part (CHAPITRE I) et
les moyens employés d'autre part (CHAPITRE II)
justifient largement de la nécessité de cette intervention des
Nations Unies dans la zone Ouest-africaine.
CHAPITRE I : La défaillance
des mécanismes juridico-institutionnels
africains
Depuis des années durant, les chefs d'Etats africains,
avertis des changements politiques et économiques en Afrique et les
changements fondamentaux dans le monde, ont cherché à mettre en
oeuvre un ensemble de normes et d'institutions pour la prévention, la
gestion et le règlement des conflits dans le continent13.
Ainsi les Etats devaient oeuvrer ensemble dans cette quête de paix dans
le continent noir en particulier. A cet effet, l'Afrique de l'Ouest, quant
à elle, a aussi cherché à mettre en place des outils pour
maintenir la paix dans la zone.
Malheureusement, toutes les initiatives semblent vouées
à l'échec. Des conditions objectives nous ont permis de fonder
cet échec d'une part sur les mécanismes juridiques africains mis
en oeuvre d'une part (Section I) et sur l'inertie
constatée des institutions Africaines agissantes (Section
II).
12 Thèse Pour le Doctorat d'Etat en Sciences
Politiques, Sidy SADY, 22 janvier 2003, p.41
13 Ibid., pp 14.
SECTION I : Les mécanismes juridiques
africains
Le continent africain, dans ses objectifs
de paix et de sécurité, a eu à mettre en oeuvre un certain
nombre de règles tant au plan régional qu'au plan
sous-régionale. Au plan continental nous avons des règles qui
nous viennent de l'Union africaine (U.A) et au plan sous-régional, nous
pouvons citer entre autres, la C.E.D.E.A.O en Afrique de l'Ouest14,
la S.A.D.C en Afrique centrale etc.
Toutes ces institutions ou organes de défenses ont
élaboré des règles pour une résolution prompte des
conflits dans le continent. Toutefois, dans le cadre de cette étude,
nous allons faire fie des organes n'agissant pas dans le cadre de l'Afrique de
l'Ouest. Ainsi dans cette quête perpétuelle de paix dans la zone,
des mécanismes juridiques ont vu le jour. Ces mécanismes sont
à la fois d'ordre régional (PARAGRAPHE I) ou
d'ordre sous-régionale (PARAGRAPHE II).
PARAGRAPHE I : les mécanismes
juridiques a vocation régionale
La recrudescence des conflits dans le continent suffit pour
qualifier les mesures juridiques prises par les institutions continentales
africaines telles que l'U.A d'inefficaces et sans utilité aucune.
L'organisation africaine est la seule institution qui est le plus souvent la
plus interpellée à propos des conflits interafricains qui
naissent dans le continent. Mais, au-delà, de cette organisation
continentale de défense, il faut aussi noter l'existence de certaines
organisations sous-régionale telles que la C.E.D.E.A.O, la S.A.D.C, la
C.E.M.A.C et autres. La CEDEAO par exemple est une constitution de
référence au niveau du continent du fait de certaines de ses
actions menées sur le continent, malgré les avatars notés
ça et là. Les Etats membres de la communauté Economique
des Etats de l'Afrique de l'Ouest ont signé un ensemble de mesures de
protection mutuelle pour garantir la paix et la sécurité dans la
région Ouest-africaine. L'importance de cette institution
Ouest-africaine sera examinée dans le paragraphe suivant de ce chapitre.
L'Union africaine reste dès lors, l'institution sur laquelle nous allons
nous pencher. Cette organisation mettra en marche ou sur pied un certain nombre
de dispositions juridiques15.
14 Cf. conflits en Afrique « analyse des crises
et pistes pour une prévention », bibliothèque de la
faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l'Université
Cheikh Anta Diop de Dakar, fondation Roi Baudouin, médecins sans
frontières.
15 Cf. Charte de l'Union africaine.
Toutefois, il est à considérer que les mesures
juridiques qui sont le plus souvent mises en oeuvre sont jugées inaptes
à résoudre les problèmes de conflits qui sévissent
dans la région.
Ainsi, il conviendra de se pencher sur l'ensemble des normes
juridiques prises dans le continent et qui seraient relatives aux conflits qui
sont nés dans la zone Ouest-africaine16. En vertu de
l'article 52 paragraphe 2 de la charte des Nations-Unies, « les membres
des Nations-Unies qui concluent ces accords ou constituent ces organismes
doivent faire tous leurs efforts pour régler d'une manière
pacifique les différends d'ordre local ». Par de là, les
Etats africains, signataires de la Charte des Nations Unies, membres de l'Union
Africaine, doivent, à cet effet, prendre des mesures allant dans ce
sens. Il faut donc des mesures efficaces pour faire face à
l'insécurité qui règne dans la région africaine et
particulièrement dans la zone Ouest du continent.
Ainsi, dans l'article 2 de la Charte de l'Union Africaine
(U.A) 17 étaient prévues la défense et la
sécurité du continent. L'article 3 de cette même norme
générale précise que le règlement des
différends doit se faire de manière pacifique. Les dispositions
juridiques de l'Union semblent ne pas répondre convenablement à
l'atmosphère qui est de rigueur dans le continent.
En ce qui concerne les mécanismes juridiques
établis par l'Union africaine, on peut citer entre autres la Commission
de médiation, de conciliation et de règlement des conflits.
Déjà, pour mettre en action une commission de médiation ou
de conciliation, il faut la saisine des deux parties au litige ou conflit.
Ceci étant, nous estimons que l'institution ne peut que
connaître des difficultés dans ses déploiements si on sait
que, dans un conflit, les belligérants sont si opposés qu'ils
n'envisagent pas souvent l'intervention d'un médiateur car ceci peut
être vu comme source de faiblesse de l'Etat ou de la partie demandeur.
Les règles utilisées par nos dirigeants africains nous sont
parfois étrangères ou le plus souvent inadaptées. Il
fallait des normes juridiques à l'africaines, conformistes,
c'est-à-dire adaptées au contexte du continent. Mais, le fait de
vouloir adopter la démarche des Nations-Unies dans des contextes
absolument différents et opposés, ne fait que créer des
distorsions dans les actions menées par l'institution africaine
(U.A).
16 Cf. histoire du Libéria, sur le site
africa-onweb.com
17 Onyeledo Godwin Collin, Les règlements
des conflits africains dans le cadre de l'OUA, Thèse
d'Université, 1996, p.41.
Les procédures employées pour intervenir ne sont
pas favorables à une action rapide et coordonnée. En plus le
choix du médiateur dans les crises africaines est parfois inadmissible
au regard des personnes choisies et au regard des conditions dans lesquelles ce
dit médiateur a été choisi. Ceci nous fait penser à
la médiation qui a été entreprise par les africains lors
de la crise Ivoirienne. Par exemple, le choix du Président Burkinais
Blaise COMPAORE comme médiateur dans la crise Ivoirienne avait
surpris d'aucuns si on sait que celui-ci est arrivé au pouvoir par les
armes. Si nous sommes en démocratie, en « vraie démocratie
» ; on ne peut admettre une telle médiation qui apparaît aux
yeux de certains analystes comme cynique.
C'est parfois, ces pratiques qui font échouer les
médiations africaines entreprises dans les conflits du continent.
L'Union africaine a souvent fait l'objet d'énormes critiques et a
même parfois été qualifiée d'organisation
incompétente. C'est dans cette perspective que la boutade suivante :
l'Union africaine est « le syndicat des chefs d'Etats africains
» trouve toute son importance. C'est une institution sans importance
si on se réfère à l'ensemble des conflits qui explosent
dans la région africaine. Elle a montré ses limites car, dans
l'essentiel de ses interventions, elle n'a pas réussi à
résoudre définitivement un conflit si elle ne l'attise pas. Ceci
est dû à des procédures longues et houleuses mais aussi
à des mesures inadaptées et inadéquates. Il faut aussi
noter que l'absence d'une stricte coordination dans les missions de l'Union
africaine constitue un frein à l'efficacité recherchée
dans le règlement des conflits dans le continent.
Ainsi par exemple, au-delà du ou des médiateurs
désignés dans le cadre de l'Union Africaine (U.A), on note une
certaine concurrence des Etats frontaliers. Cette incohérence dans les
actions crée le plus souvent une sorte de cacophonie qui fait que
finalement, on ne comprend plus qui a la légitimité ou la
légalité ou qui ne l'a pas. Il est également à
mentionner que le conseil de paix et de sécurité de l'U.A connait
des faiblesses fonctionnelles et décisionnelles. Les réunions de
l'Organe central au niveau des ambassadeurs étaient mal
préparées, voire banalisées. La présence, au cours
des réunions de l'Organe central de l'Union, des représentants
des parties au conflit, voire leur participation au débat, avait pour
conséquence de dissuader les membres de cet organe d'évoquer les
«questions qui fâchent», quand ils n'étaient pas
rappelés à l'ordre pour atteinte aux principes de
«souveraineté» et de «non-ingérence».
Le manque d'implication effective des Etats membres de
l'Organe central traduisait leur incapacité à aborder les
questions d'une manière ferme. La faiblesse et le caractère peu
incisif des décisions adoptées par l'Organe central faisaient que
l'on se limitait à des constats, à des exhortations ou à
des appels du fait que le mécanisme n'avait aucun pouvoir de
rétention ou de sanction sur les parties réfractaires à la
mise en oeuvre des accords de paix.
Face à toutes ses difficultés, les actions de
paix de l'Union africaine ne pouvaient être que limitatives et
vouées à l'échec. Dans ce contexte de guerre qui hante le
continent et devant l'incapacité de l'U.A de résoudre les
conflits de manière définitive, les Etats de l'Afrique de l'Ouest
vont se réunir autour de l'Organisation dénommée
C.E.D.E.A.O pour faire face aux conflits qui pourraient naître dans la
zone.
PARAGRAPHE II : les mécanismes
juridiques sous-régionale
Comme nous l'avons fait mention dès l'entame de notre
étude, fut créée en 1975, la Communauté Economique
des Etats de l'Afrique de l'Ouest (C.E.D.E.A.O)18. Cette institution
se charge de mettre en place un certain nombre de règles juridiques
régissant un certain nombre de relations entre les Etats membres de
l'Union. Cette institution a été créée devant
l'impasse de l'Union Africaine à résoudre les problèmes
conflictuels du continent.
Dès le 22 avril 1978, un protocole de non-agression
sera ratifié par les Etats membres de la C.E.D.E.A.O19. Ce
protocole prévoit un des mesures ou dispositions applicables soit dans
les relations conflictuelles naissantes entre Etats ou interne aux Etats ou
entre Etats et groupes. Il s'agit entre autre, de l'obligation faite aux Etats
signataires de ne pas s'attaquer mutuellement. Une intervention de l'Union, en
cas de conflits existants entre Etats membres, ou groupes armés, est
également prévue. En 1981, un autre protocole a été
signé entre les Etats signataires de la charte de la
C.E.D.E.A.O20. Il s'agit du protocole d'Assistance en Matière
de Défense. D'après ce protocole, le recours à la force
est interdit entre les Etats membre de l'organe. Il est aussi prévu que
tous les Etas membres doivent fournir aide et assistance en cas d'agression ou
menace d'agression armée. Ainsi, des normes juridiques de
règlement des conflits dans la sous-région Ouest-africaine ont
été adoptées.
18SADY (S), « Le Résolution des
conflits en Afrique », Thèse de Doctorat d'Etat en Science
Politique, 22 janvier 2003, p 127onal.
19 Danfulani (S.A), Les pactes d'assistance
militaire régionaux africains : aspect juridique, difficultés
politiques et stratégiques. Afrique 2000, mai 1994, p.5-13.
20 Les Etats membres de la C.E.D.E.A.O sont :
Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée,
Libéria, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra
Léone, Togo. La Mauritanie était membre mais elle s'est
retirée en 1999.
Le premier texte à avoir vu le jour au niveau de la
C.E.D.E.A.O offre un cadre juridique de concertation et de négociation
qui permet d'élaborer un ensemble de dispositifs relatifs à la
paix, au désarmement et à la sécurité de l'Afrique
de l'Ouest21. En effet, très vite, deux textes faisant partie
intégrante de la C.E.D.E.A.O ont fixé le cadre et les
règles appelées à orienter les effets en matière de
promotion de la paix et de la sécurité dans la
sous-région22. Le premier de ces textes est l'Accord de
Non-agression et d'Assistance en matière de Défense (A.N.A.D).
Cet accord a été signé le 9 juin 1977 dans le cadre de la
communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest et destiné à
assurer la paix et la sécurité par la prévention des
conflits, le règlement des différends par les moyens pacifiques
et l'assistance militaire en cas d'agression23.
Deux faiblesses majeures de l'A.N.A.D ont parfois conduit
à ses échecs24. La principale faiblesse de l'Accord de
Non-agression et de Défense tient à l'inadéquation entre
l'intention nettement exprimée de mettre en commun les moyens en vue de
rendre efficace la sécurité des Etats membres d'une part, et
l'absence caractérisée d'une volonté politique
exprimée pour la constitution d'une force de défense commune
autonome et permanente d'autre part. En effet, l'absence d'une force de
défense commune autonome et permanente remet en cause le
bien-fondé de l'engagement des Etats signataires, car elle touche
l'essence même de leur capacité à dissuader.
Pour autant que l'on s'intéresse aux questions de
stabilité et de défense, l'on voit mal l'efficacité
opérationnelle d'une décision de la Conférence des chefs
d'Etat et de Gouvernement réunie à la hâte après une
menace ou une agression en cours d'exécution, enjoignant à la
bureaucratie de l'armée de chaque pays de choisir les forces nationales
devant aller combattre.
Cette fuite en avant est perceptible dans l'esprit de
l'article 3 de la Charte de la C.E.D.E.A.O qui précise, au sujet de la
conférence des chefs d'Etat et de Gouvernement, que cette rencontre est
précédée par la tenue d'un conseil ministériel
chargé d'examiner la situation, d'émettre un avis sur
l'opportunité d'une action militaire et de préparer,
éventuellement, une étude sur la stratégie à
adopter et les moyens d'intervention à mettre en oeuvre.
21MALAM-KANDINE Adam, 1993, «Les faiblesses
des structures institutionnelles comme frein au processus d'intégration
régionale en Afrique de l'Ouest », exposé
présenté lors de la conférence sur l'intégration
régionale en l'Afrique de l'Ouest (11-15 janvier, Dakar, Centre de
recherches pour le développement international).
22 Koffi (K), La stabilisation et le maintien de la
paix en Afrique de l'Ouest, Thèse de doctorat (N R) en droit
international, Lille II, p.479
23 Barry (M A), La prévention des conflits
en Afrique de l'Ouest, Paris Karthala, 1997, p.208
24 TSHIYEMBE Mwayila BUKASA Mayele, L'Afrique face
à ses problèmes de sécurité et de défense,
présence africaine, 25 bis, rue des Ecoles, 75005 Paris 64, rue Carnot,
Dakar, P. 220.
Cette confusion aurait été dissipée s'il
était clair dans l'esprit de chacun que les modalités de
participation de chacun des Etats membres à la force de défense
commune est une chose, et que la liberté de définir les
modalités d'adaptation des manoeuvres aux conditions spécifiques
de chaque type de menace ou d'agression en est une autre. A défaut
d'avoir réglé ces préalables, l'A.N.A.D donne, à ce
jour, l'image d'un immense château de sable planté dans un
décor vide.
La seconde faiblesse de l'A.N.A.D est contenue dans l'article
6 de la Charte de la C.E.D.E.A.O. Selon celle-ci, les engagements aux termes de
cet Accord ne peuvent pas être interprétés comme portant
atteinte aux conventions ou accords conclus, en matière de
défense, par l'une ou l'autre partie avec des Etats tiers. Et puisqu'il
est difficile, voire impossible d'amener tous les partenaires à se
convaincre que l'allié de nos amis est notre allié, l'on touche
du doigt les limites de toute approche sous-régionale en matière
de sécurité et de défense. Au-delà de l'A.N.A.D, la
C.E.D.E.A.O avait mis en oeuvre d'autres mécanismes à travers le
Protocole d'Assistance Mutuelle (P.A.M). Cet organe connait de la même
manière que l'A.N.A.D un certain nombre de problèmes dans la
concrétisation de ses dispositions. Comme l'A.N.A.D25 , le
P.A.M a manqué de volonté politique décisive pour faire de
la force armée alliée de la communauté (F.A.A.C), une
force d'intervention commune et permanente qui soit à l'abri de la
surprise des agressions ou menaces éventuelles. De ce fait, la
cohérence du dispositif inscrit dans le texte demeure sans grande
signification dans la pratique. De même que les unités
désignées au sein des armées nationales en cas
d'intervention armée que le protocole appelle forces armées
alliées de la communauté constituent une gageure.
Le protocole d'Assistance Mutuelle en matière de
Défense est un véritable accord de défense qui vise
à assurer la sécurité et l'assistance entre les Etats de
la sous-région en cas d'attaque, de menace d'agression ou de toute
menace extérieure. Il préconise la création, en cas de
conflit impliquant au moins un Etat de la communauté, d'une force
commune d'interposition, voire d'unités d'intervention émanant
des contingents des Etats membres et qui constituent les forces alliées
de la Communauté. Cette force envisagée n'est pas permanente mais
les Etats s'engagent à mettre à la disposition de la
communauté des unités nationales en cas d'intervention
armée. C'est dans cette perspective qu'une force sous régionale a
été envoyée au Libéria, en Sierra Léone et
récemment, en Côte d'Ivoire pour faire revenir la paix dans ces
zones de l'Afrique de l'Ouest où avait éclaté une guerre
civile.
25 Pour une étude
détaillée cf, Ba (G), Esquisse génétique des
fondements de la sécurité sous-régionale, Armée
Nation, n°23-24, janvier-avril 1999, pp 27-28 ; Ba (G), L'accord de non
agression et d'assistance en matière de défense (ANAD),
Armée Nation, n°23-24, janvier-avril 1999, pp 29-30 ; Ba (G), Les
protocoles de non agression et d'assistance mutuelle en matière de
défense de la CEDEAO, Armée Nation, N°23-24, janvier-avril
1999, pp 31-32 ; Ba (G), L'expérience de l'ECOMOG, force de paix
Ouest-africaine, Armée Nation, 23-24, janvier-avril, pp 33-34 ; Ba (G),
Les perspectives de nouveaux mécanismes de la CEDEAO, Armée
Nation, N°23-24, janvier-avril 1999, pp 35-36.
Toutefois, il faut noter que l'instrument le plus
décisif dans l'organisation des structures et des processus de gestion
collective des questions de sécurité sous-régionale reste
sans aucune contestation le protocole relatif au mécanisme de
prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de
la paix et de la sécurité adopté le 10 décembre
1999 par les chefs d'Etats et de gouvernement de la C.E.D.E.A.O. Ces
mécanismes mis en orbite par cette institution sous-régionale ont
toutefois, tous, connus des faiblesses énormes dans la
réalité de leur application concrète. D'autres tars, des
institutions africaines, dans leurs interventions des conflits qui hantent la
région Ouest-africaine, ont aussi attiré notre attention au cours
de cette recherche.
SECTION II : Des institutions africaines à
l'inertie
Les perspectives de paix et de
sécurité dans le continent africain sont
décourageantes26. Malgré les efforts des organisations
régionales, sous-régionales et même de la
société civile, on note une certaine récurrence des
guerres civiles, des conflits entre Etats et groupes armés ou autres
dans la partie Ouest du continent. Cette « tumeur » cancéreuse
que constituent les guerres dans le continent favorise de plus en plus la
dégradation sociale, économique et environnementale du
continent.
Devant de telles atrocités, les institutions Africaines
restent parfois muettes et presque inexistantes. Ceci s'explique dans un
premier temps, par les pouvoirs limités dont disposent les organes
régionaux ou sous- régionaux (PARAGRAPHE I) et
dans un second temps, par l'influence des grandes puissances dans les prises de
décisions (PARAGRAPHE II).
26 Eric G. Berman et Katie E. SAMS.
PARAGRAPHE I : Des organes aux pouvoirs
limités
La déclaration instituant à l'O.U.A un
mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement
des conflits assigne un rôle très limité à ce nouvel
organe.
Aux termes du paragraphe 15 de la déclaration,
l'Organisation de l'Unité Africaine (O.U.A) ne peut «
constituer et déployer que des missions civiles et militaires
d'observation et de vérification de taille et de durée
limitées »; il est bien entendu qu'en cas de véritable
conflit armé, il sera fait appel à l'organe des Nations Unies.
Le mécanisme de l'U.A a donc été
conçu dés le départ comme un moyen de prévenir les
conflits, d'aider à la restauration de la confiance entre les
belligérants et, dans le meilleur cas, un outil permettant de
cristalliser, sur le terrain, les positions acquises afin d'éviter qu'un
conflit ayant déjà éclaté ne puisse
dégénérer au point de nécessiter une intervention
internationale collective.
Certes, c'est par souci de réalisme politique que les
chefs d'Etat et de Gouvernement ont assigné un rôle aussi
limité à l'organisation africaine. Mais l'analyse de la nature
des différends africains aurait dû les amener à
prévoir, dans certains cas, la possibilité pour l'U.A de monter
des opérations de maintien de la paix, même de taille
réduite.
En effet, comme l'a abondamment expliqué M. Wanga dans
son ouvrage portant sur l'U.A et le règlement des différends, le
différend africain présente deux caractéristiques
fondamentales : il est essentiellement politique et fortement
personnalisé.
Il s'en suit donc que les différends africains
évoluent très rapidement vers des conflits armés, que ce
soit entre Etats ou au sein même de ceux-ci. De même, les
turbulences de la transition démocratique dans un continent qui
s'illustrent par la corruption généralisée des
élites au pouvoir et la violation systématique des droits de
l'homme, débouchent souvent de manière inattendue, sur une
conflagration armée.
Il s'agit là de situations que l'organisation
continentale ne saurait perdre de vue, et qui exigent, dés leur
survenance, qu'une force d'interposition ou de maintien de la paix puisse
empêcher une extension regrettable des hostilités.
Comme on l'a bien vu dans le cas du Libéria,
l'intervention des troupes dépêchées sur le terrain par la
C.E.D.E.A.O a permis de stabiliser les positions des belligérants, de
soulager les souffrances des populations, bien avant que les Nations unies ne
prennent en charge ce dossier.
Toutefois, il faut souligner que les succès connus
l'ont, le plus souvent, été dans de courtes durées. Ces
pouvoirs limités de ces organisations sont, en permanence, la
conséquence de difficultés matérielles, institutionnelles,
économiques et militaires dont elles sont confrontées. A cet
effet, d'autres mesures de renforcement doivent être envisagées si
elle ne l'ait déjà. Par exemple, il faut permettre à
l'Union Africaine de pouvoir intervenir dans les conflits de la zone
Ouest-africaine sans qu'elle puisse rencontrer la résistance de la
C.E.D.E.A.O. Des incompréhensions ou hostilités sont
constatées au sein même des organes de défense du
continent.
Ces difficultés sont généralement
liées aux positions diverses et antinomiques des acteurs africains sur
les questions de conflits armés ans le continent. Déjà,
dans le déploiement des forces de sécurité, certains pays
refusent même d'envoyer leurs forces nationales combattre en terrain
ennemi. C'est parfois des opérations très couteuses en termes de
moyens humains, matériels et autre. Vu la faiblesse des contingents
militaires des pays africains respectivement, on voit nettement à quel
point les organisations africaines de paix sont faibles. Le plus récent
exemple reste la crise Malienne avec une position mitigée de la
C.E.D.E.A.O au début de la crise. Dans ce conflit, le Malien
lui-même ne voulait pas d'une intervention militaire au nord du pays. Le
Sénégal aussi, un pays frontalier, avait décidé
jusqu'aux dernières nouvelles de ne pas envoyer d'hommes combattre au
Mali. Devant la réticence de ces Etats et l'avancement de la
rébellion avec leurs menaces de faire sauter des explosifs dans toutes
les capitales de la C.E.D.E.A.O, les positions de beaucoup des pays de
l'Afrique occidentale commencent à changer. Finalement, en mi-septembre
de la même année, il a été décidé au
sein de la C.E.D.E.A.O, d'intervenir militairement au nord Mali.
Le problème, c'est qu'on assiste souvent à des
oppositions entre la C.E.D.E.A.O et l'U.A mais aussi à des calculs
d'intérêts et ceci ne fait qu'affaiblir ou encore même
retarder l'intervention d'une force de sécurité. Au-delà
de cette confrontation entre institutions africaines, on constate d'autres
difficultés qui « déshabillent » ces organisations de
tout pouvoir de décisions autonome. Il s'agit en fait de l'immixtion des
institutions et puissances étrangères dont nous estimons
développer ci après.
PARAGRAPHE II : L'influence des
puissances étrangères
Les décisions prises dans le cadre des organes
africains de paix connaissent une influence énorme soit d'origine
africaine soit venant d'autres puissances extérieures. Cela a
été le cas du Nigéria dans presque toutes les
décisions de l'Union Africaine et surtout de a C.E.D.E.A.O. Cette
position sera constatée à première vue lors de la crise
Libérienne, Sierra léonaise ou encore même Ivoirienne. Dans
presque toutes les crises Ouest-africaines on a noté une supplantation
de l'Etat Nigérien par rapport aux décisions prises dans le cadre
de la C.E.D.E.A.O ou encore de l'U.A. C'est pour cette raison que le
Nigéria a été trop gênant parfois pour certains
pays. Le Nigéria, comme nous le savons tous a toujours été
le pilier de l'E.C.O.M.O.G. Cette position de ce grand pays africain suscite
parfois de la jalousie d'autres grandes puissances. Par exemple sa
décision d'envoyer deux avions Alpha Jet et en annonçant
l'arrivée de troupes Nigérianes pour soutenir le régime
Ivoirien avait suscité une confusion gênante pour la C.E.D.E.A.O,
ainsi qu'une réaction hostile des Etats-Unis, de la Grande Bretagne et
de la France27.
S'agissant de la crise Ivoirienne, face à
l'échec de la médiation de la C.E.D.E.A.O et l'absence totale de
l'Union Africaine au processus politique, la diplomatie française
recadre son action et ses objectifs en obtenant du Sénégal qui
assurait la présidence de la C.E.D.E.A.O, qu'il portât le combat
devant le conseil de sécurité des Nations Unies. Ceci montre
comment les institutions africaines subissent l'influence des grandes
puissances. Cette influence des puissances étrangères dont la
France, dans le continent ou dans la zone ouest-africaine plus
particulièrement peut être vue d'un plan stratégique.
L'intérêt pour l'Afrique peut se résumer dans le mot de
Lénine selon lequel « qui tient l'Afrique tient l'Europe
». Dès lors, la concurrence entre puissances pour le continent
dans ses compartiments se justifier clairement.
C'est pour cette raison que les anciennes puissances ont
toujours des intérêts vis-à-vis de leurs anciennes
colonies. Ceci, on le remarque nettement avec la France par rapport à
ses relations avec l'Afrique de l'Ouest et particulièrement lors de la
crise Ivoirienne. Les pressions des puissances étrangères sont
soit visibles soit invisibles28. En ce qui concerne celles qui sont
visuelles, nous pensons à l'aide au développement.
27 Hugo SADA, Politique Etrangère 2/2003, le
conflit Ivoirien : enjeux régionaux et maintien de la paix en
Afrique.
28 SIDY SADY, La résolution des conflits en
Afrique, Thèse, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, p 115 et
suivant
En revanche, lorsque ces aides ont été l'oeuvre
de puissance occidentales ayant en mains le destin politique de leur
interlocuteur, celui-ci est souvent obligé de prendre en compte leurs
voeux. En effet, la perspective de perdre l'aide économique, avec toutes
les conséquences sociales et les troubles qui en résulteraient,
le rend sensible aux pressions effectuées par les Etats extra-africains
ou même africains avec le cas du « géant »
Nigérian ou de la Lybie sous l'ère du colonel Mohamar Kadhafi.
Les pressions ne sont pas toujours visibles. Le fait qu'elles soient
discrètes est également favorable à leur
efficacité. Par exemple, on peut penser que, c'est avec la pression de
la France que la C.E.D.E.A.O a accepté que le conflit Ivoirien soit
porté devant le conseil de sécurité des Nations Unies.
Ainsi, face aux interventions opaques et malheureuses des
grandes puissances dans les conflits Ouest-africains, les organisations
africaines doivent plus résolument s'engager dans la
sécurité de leur zone. Par pression, nous entendons, tout conseil
ou suggestion fait de manière ou dans des conditions de nature à
modifier la position ou la décision de l'interlocuteur.
En définitive la pression n'est qu'une forme de
chantage dont elle se différencie par les modalités. A l'endroit
de l'U.A, ces interventions variées des puissances extra-africaines
avaient pour conséquence d'inhiber la capacité de
règlement des conflits. Pour parer à toutes ces
incohérences et faire face au dicta des puissances, les africains
doivent, soit dans le cadre de la C.E.D.E.A.O soit dans l'U.A, prendre plus
leur responsabilité en se montrant plus audacieux dans la prise de
décisions ou encore dans la concrétisation de celles-ci sur le
terrain. Aujourd'hui aussi, nous constatons, c'est comme si les chefs d'Etats
africains attendent le « coup de sifflet des puissances comme la France,
les Etats Unis ou autres pour pouvoir se déployer au Mali. Beaucoup
d'analystes africains ont « la chair de poule » lorsqu'ils
entendent parler de la C.E.D.E.A.O ou de l'U.A du fait de leur « OUI
MONSIEUR ». Il n'a presque jamais eu une réelle opposition
entre puissances occidentales et Etats africains dans le règlement des
conflits africains.
D'autres couaques des initiatives africaines sont
également notées dans leur rôle de maintien de la paix et
de la sécurité dans le continent en général et en
Afrique de l'Ouest en particulier. Ceci pourrait même justifier
l'intervention de l'O.N.U dans la zone. Ainsi donc, il convient de se pencher
sur d'autres faiblesses africaines qui justifient parfois l'inefficacité
de leurs actions et les critiques formulées en leur rencontre.
CHAPITRE II : Faiblesses relatives
aux moyens employés
Le continent africain en général, manque d'un
certain nombre de moyens pour faire face aux crises qui hantent la zone. Ainsi,
dans la zone Ouest-africaine, une organisation de maintien de la paix a
été créée. Il s'agit en l'espèce de la
Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (C.E.D.E.A.O).
Cette organisation intervient dans les zones de conflits de la région
Ouest-africaine par le biais du Groupe de Contrôle de la
Communauté Economique de l'Afrique de l'Ouest (E.C.O.M.O.G). Cette
institution sous-régionale, dans ses actions de paix, fait usage
à la fois de moyens humains (SECTION I) et de moyens
matériels (SECTION II).
SECTION I : Les moyens humains
La zone Ouest-africaine qui a été toujours
considérée comme la partie du continent la plus stable, est
devenue, depuis quelques temps, le foyer de tensions presque, à la
limite, inqualifiables et in qualifiées. Ainsi, l'organe de
défense de la C.E.D.E.A.O (E.C.O.M.O.G) doit se déployer en tout
temps et en tout moment soit pour restaurer la légalité soit pour
protéger les citoyens.
Il est également à noter que de la même
façon que la C.E.D.E.A.O se déploie dans la zone, l'U.A joue un
rôle déterminant dans cette recherche permanente de paix dans le
continent. Malgré que la C.E.D.E.A.O, l'U.A et la société
civile aient toujours mis en place des moyens pour éradiquer les
conflits dans la zone, des critiques parfois fondées lui fusent de nulle
part. Celles-ci sont, dans une moindre mesure, inhérentes aux personnels
utilisés sur le terrain des combats. Qu'il s'agisse de la crise du
Libéria, de la Sierra Léone ou de la Côte d'Ivoire, les
troupes déployées ont suscité des questionnements.
Celles-ci sont relatives aux effectifs limités des troupes
déployées dans les zones de conflits (PARAGRAPHE I)
et à la qualité du personnel agissant dans la zone
(PARAGRAPHE II).
PARAGRAPHE I : Un personnel mobilisable insuffisant
Le continent africain dispose d'un
ensemble d'organisations de paix et de sécurité qui ont une
vocation soit régionale (U.A) soit sous-régionale (C.E.D.E.A.O,
S.A.D.C) etc.
Toutefois, dans le cadre de cette partie, notre analyse porte
spécifiquement sur les organes intervenant dans la zone Ouest-africaine.
Il s'agit entre autre autres, de l'U.A, de la C.E.D.E.A.O et
de la société civile ou des personnes de bonne volonté.
Toutes ces organisations, avec leurs moyens, s'investissent pour la paix de la
région.
La C.E.D.E.A.O constitue la première organisation
africaine sous-régionale à mettre en place un organe de paix et
de défense dans le continent. Celle-ci, malgré ses efforts de
paix et de sécurité, a toujours rencontré des
difficultés dans l'exécution de ses résolutions.
Il convient de se pencher sur les causes de ces
difficultés si on veut être édifié sur la
réalité des déploiements de la C.E.D.E.A.O. A prime abord,
il faut savoir que les effectifs des forces de l'E.C.O.M.O.G sont
extrêmement réduits. L'essentiel de ses composantes sont d'origine
Nigériane. Par exemple, lors du conflit qui a eu lieu en Sierra
Léone, le Nigéria avait envoyé 4908 hommes devant la
Guinée, la Sierra Léone, la Gambie ; qui avaient
déployé respectivement 1028 hommes, 609 hommes, 359
hommes29. Cette domination du Nigéria qui plane sur
l'institution sous-régionale Ouest-africaine, a parfois fait
échouer ou rendu plus délicate la mission de l'E.C.O.M.O.G. Dans
le cadre de son intervention en Sierra Léone, le Nigéria avait
procédé à une décision qui avait surpris
d'aucuns30. Un matin de l'année 1999, le président
Obasanjo s'est cristallisé par l'envoi d'une correspondance au
Secrétaire Général des Nations-Unies dans la quelle, il
informe qu'il est contre l'arrivée des troupes des Nations-Unies si
elles n'acceptaient pas de se mettre en place.
Le Nigéria ne pouvait à cet effet supporter que
des troupes extérieures entrent en compétions avec celles de la
C.E.D.E.A.O et sous d'autres commandements. Ceci avait valu le retrait des
troupes du Nigéria en Sierra Léone. Ce leadership du
Nigéria se fera sentir d'abord du fait que dès son annonce de
retrait de ses troupes, il sera suivi par d'autres pays comme le Ghana et la
Guinée. Ainsi, le retrait des troupes du Nigéria constitua un
handicap majeur de la mission de la C.E.D.E.A.O. De ceci, certains sont
allés jusqu'à dire que le Nigéria constitue la «
vache laitière » de l'organe de défense de la
C.E.D.E.A.O. du point de vue du nombre d'hommes qu'il envoie. C'est pour cette
raison que des dissensions ont parfois eu lieu au sein des Etats membres de
l'institution. Faute de personnels suffisants pour les nécessités
des missions, l'organisation sous-régionale a parfois joué au
pire, notamment en précipitant le retrait de l'E.C.O.M.O.G.
29 Sidy SADY «La résolution des conflits
en Afrique », Thèse, Université Cheikh Anta Diop de Dakar
30 Jean-Marc CHATAIGNER, « l'O.N.U dans la crise
e Sierra Léone, 2005.
L'évolution de cet organe de défense
sous-régionale, depuis sa création, est paradoxale.
L'intervention au Libéria a été laborieuse et ne s'est pas
vraiment soldée par un bilan positif31. L'intervention en
Sierra Léone a été un échec, conduisant au
déploiement des troupes Britannique et à la mise en place d'une
force des Nations-Unies (M.I.N.U.S.I.L)32. Son intervention en
Guinée-Bissau s'est soldée par le renversement du
président Joao Bernardo Viéra par la Junte militaire.
Comme nous l'avons fait mention dès le début de
ce paragraphe, l'Union Africaine n'est pas aussi du reste dans cette recherche
de paix soit dans la zone Ouest-africaine soit dans le continent tout entier.
Ainsi, de la même manière que la C.E.D.E.A.O est confrontée
à un problème de personnels, il en est également de
même pour l'Union Africaine. Beaucoup d'Etats membres de l'institution
(U.A) son confrontés à des problèmes d'effectifs
suffisants capables de jouer leur véritable rôle dans les
opérations de maintien de la paix (O.M.P). De même, partout dans
le monde, la société civile a gagné en visibilité
et en influence dans le domaine de la prévention des conflits et de la
consolidation de la paix33. Les acteurs de la société
civile jouent de plus en plus un rôle essentiel dans les discussions, les
initiatives et les programmes visant à promouvoir la paix et la
sécurité dans le monde. La société civile a
notamment influencé la nouvelle conceptualisation de la
sécurité axée non plus sur l'État mais sur les
personnes.
L'accent mis sur la sécurité des personnes
s'explique par la conviction qu'au fond, seule la sécurité des
peuples peut garantir la sécurité durable des États. Cette
idée est répandue dans les régions du monde qui ont connu
des conflits ouverts et des guerres civiles ayant ravagé des
communautés et dévasté la vie des gens ordinaires. Il n'en
reste pas moins qu'elle se heurte toujours à certaines
difficultés en Afrique de l'Ouest. Les relations entre l'État et
la société civile ; malgré le changement au niveau de la
Commission de la C.E.D.E.A.O s'agissant de la prévention des conflits et
de l'importance d'inclure la société civile dans les
activités de prévention structurelle et opérationnelle, au
niveau national, la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest estiment que la
prévention des conflits reste une question de sécurité de
l'État. Par conséquent, les activités de la
société civile sont souvent mal accueillies voire compromises et
même vouées à l'échec.
Tous ces échecs sont en partie liés aux
effectifs très limités dont fait usage la C.E.D.E.A.O, l'U.A et
la société civile même s'il existe d'autres facteurs
explicatifs.
31 Cf. Politique Etrangère 2/2003 « le
conflit Ivoirien : enjeux régionaux et maintien de la paix en Afrique
».
32 Eric G. Berman et Katie E. Sams sont des auteurs
prolifiques sur les questions liées à la sécurité
en Afrique et aux Nations Unies. Parmi leurs derniers ouvrages, citons
Constructive Disengagement: Western Efforts to Develop African Peacekeeping,
monographie ISS, no 33, décembre 1998; et African Peacekeepers: Partners
or Proxies?, Pearson Paper, no 3, 1998. Cet article est basé sur leur
livre Peacekeeping in Africa: Capabilities and Culpabilities, Genève,
Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement et
Institute for Security Studies, 2000, 572 pages.
33 Thelma Ekiyor, Le rôle de la
société civile dans la prévention des conflits : les
expériences ouest-africaines
PARAGRAPHE II : Un personnel souvent
peu qualifie
Au cours de la décennie écoulée, les
Etats africains ont fait de grands efforts pour assurer la charge capitale de
promouvoir la paix et de défendre la sécurité du
continent. Ils sont conscients des graves dangers qui menacent leur
sécurité et de la réticence du conseil de
sécurité des Nations Unies à se retrouver impliqué
dans des conflits d'une rare violence. Des organisations africaines comme
l'organisation de l'Unité Africaine (O.U.A), la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (C.E.D.E.A.O) et la
Communauté de Développement de l'Afrique Australe (S.A.D.C)
s'efforcent d'acquérir davantage d'autonomie pour ce qui est de faire
face aux conflits armés et aux urgences humanitaires complexes
auxquelles elles se retrouvent confrontées. Toutefois, il convient de
relever que, malgré cette volonté affirmée de ces
organisations régionales et sous-régionale, les échecs
sont le plus souvent de mise.
Dans le cadre de ce paragraphe, il sera plus question du
personnel que fait usage les organisations africaines telles que l'UA, la
C.E.D.E.A.O, la Société Civile ou autres personnes intervenant
dans la zone Ouest-africaine de conflits. Depuis sa création en 1990, la
C.E.D.E.A.O est intervenue militairement dans trois conflits
sous-régionaux par le biais de son organe de défense dont
l'E.C.O.M.O.G. Il s'agit d'abord du Libéria, puis en Sierra Léone
et, tout récemment, en Guinée-Bissau. Elle entend
également se déployer au Nord du Mali pour faire face aux
combattants d'an sardine. Ces actions sous-régionale ont parfois ou
même toujours été limitées du fait de la
qualité des personnes employées sur le terrain.
Il est à préciser que les armées de la
C.E.D.E.A.O ont le plus souvent une formation qui ne répond pas
forcément aux normes internationales de défenses. Cette «
analphabétisme » professionnelle des armées de la
C.E.D.E.A.O ou de l'UA est dans une large mesure source d'inefficacité
et d'échecs des initiatives de paix entreprises dans la zone Ouest du
continent africain. Chacune de ses interventions a presque
présenté des aspects troublants et a eu d'inquiétantes
incidences. L'E.C.O.M.O.G a exacerbé la guerre civile au Libéria
et son intervention dans ce pays a contribué au déclenchement de
la guerre civile en Sierra Léone.
Les faiblesses de la force en Sierra Léone ont aussi
entrainé la prolongation du conflit. Il s'en suit que les
difficultés qui font échoué l'organisation
sous-régionale dans ses actions sur le terrain sont en grande en rapport
avec les moyens humains employés.
Dans les armées de l'E.C.O.M.O.G, rares sont les pays
qui envoient un personnel de « haute gamme », c'est-à-dire un
personnel militaire dont les expertises professionnelles sont de mises. Les
conflits d'une telle atrocité tels qu'on les observe dans la zone
Ouest-africaine, nécessitent dans leurs solutions, un personnel
militaire qualifié, détenteur de connaissances ou de formation
suffisante pour assurer les services nécessaires. Ces services sont
relatifs parfois à l'organisation technique, à la communication,
aux services médicaux ou au contrôle des mouvements sur le
terrain.
Il faut aussi souligner que l'organisation de la C.E.D.E.A.O
n'emploie pas seulement un personnel militaire. Dans ses initiatives de paix,
l'organisation emploie aussi un personnel civil. En général ce
personnel civil est souvent victime de son manque de
professionnalisme34. Suite à la vague de
libéralisation des régimes politiques de la fin du siècle
dernier, nombre de peuples africains, bénéficiant
désormais d'une plus grande marge de manoeuvre en termes de
libertés publiques, et de plus d'assurances en matière de droits
humains, ont vu leurs conditions changer. Après avoir été
les « masses militantes » de « grands partis
nationaux », ils se son transformés en citoyens agissants
d'espaces publics nouveaux.
Comme justement, depuis une dizaine d'années,
l'essentiel des théâtres de violence sur le continent africain
relève beaucoup plus de ces « situations spécifiques
» que de cas d'école, il est très difficile de leur
trouver des solutions à la fois efficaces et viables. Face à ce
déficit de capacité, les instances compétentes semblent
avoir compris que les accords de paix établis uniquement entre chefs
rebelles et chefs de gouvernements ne pouvaient aboutir que très
difficilement à une paix durable. Et, de plus en plus, on s'oriente vers
des modes participatifs de gestion des crises, dont la
spécificité est d'intégrer dans les processus de paix,
ceux que les signataires de l'Accord de Lusaka, sur le conflit en
République Démocratique du Congo, appellent « les forces
vives de la nation »35.
La présente étude est une analyse du rôle
des sociétés civiles africaines dans la gestion des crises
violentes en Afrique de l'Ouest, une sous-région qui illustre bien les
nouveaux rapports de tension et de collaboration existant entre l'Etat et la
société civile dans les domaines de la gestion de conflits
ouvertement ou potentiellement violents36.
34 Document des Nations Unies A/50/711 et
S/1995/911, Amélioration de la capacité de prévention des
conflits et du maintien de la paix en Afrique : Rapport du Secrétaire
général, 1er novembre 1995
35 Cf. l'Accord de désengagement et
de redéploiement des forces en République Démocratique du
Congo, signé le 10 juillet 1999 à Lusaka (Zambie), entre le
gouvernement et des groupes rebelles congolais.
En Afrique de l'Ouest, comme partout ailleurs, les contours de
la société civile au sein de la communauté politique
globale demeurent imprécis. Cette imprécision
génère souvent bien des confusions à l'origine de conflits
parfois encore plus compliqués que ceux-là mêmes que
société civile et Etat ont l'ambition de résoudre en
partenariat. Dans le souci de mieux circonscrire la division du travail de paix
entre la société civile et les autres acteurs et institutions de
l'Etat, des efforts sont faits localement afin d'élaborer une
définition endogène de la société civile, qui
tienne compte de l'environnement et de la nature des crises à
gérer.
Toutefois, au-delà de cette manifestation
d'intérêt, sont évoquées les implications d'ordre
éthique et politique, pas toujours évidentes et pas
nécessairement vertueuses, de l'émergence de la
société civile au coeur de la problématique de la
résolution des conflits en Afrique de l'Ouest. Ceci parfois fait nourrir
des stigmates autour de ces organes de la société civile qui font
le plus souvent échouer leurs missions de paix et de
sécurité dans la partie Ouest-africaine et même dans
d'autres zones du continent. On assiste aussi en Afrique en
général, et en Afrique de l'Ouest en particulier, à un
handicap financier et matériel des organisations africaines dont nous
ferons état ci-dessous.
SECTION II : Les moyens financiers et
matériels
Bien que les chefs d'Etat et de
Gouvernement aient pris solennellement l'engagement d'honorer de leur
participation dans la lutte armée, rares sont ceux qui ont tenu parole.
Dés 1966, il apparaissait clairement que dix (10) pays s'étaient
acquittés de leur obligation. Cette assiduité dans le respect des
engagements n'a pas toujours était observée dans la pratique.
Ainsi, il convient de s'interroger sur les moyens
employés dans les missions d'intervention armée qui nous
paraissent insuffisants et qui favorisent la déroute des missions
africaines de paix. Il s'agit entre autre des moyens financiers
(PARAGRAPHE I) et des moyens matériels
(PARAGRAPHE II).
36 Par « Afrique de l'Ouest », on
désigne l'aire géographiques couverte par la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), soit au total 16 Etats :
Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana,
Guinée, Guinée Bissau, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger,
Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo.
PARAGRAPHE I : Des moyens financiers
Les obstacles d'ordre financier dont la
communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest
(C.E.D.E.A.O) et l'organisation de l'Unité Africaine
(O.U.A) sont confrontés restent un handicap majeur dans cette
quête de paix dans la zone Ouest-africaine. Ainsi, même si le
système d'alerte rapide mis au point entrait en fonctionnement, il y a
peut de chance qu'il ait un profond impact sur les opérations. Une
intervention militaire nécessite des moyens colossaux à
mobiliser. Ceci étant, la C.E.D.E.A.O, dans ses prises de
décisions reste toujours inefficace ou en retard par rapport au temps
voulu pour intervenir efficacement dans les zones en conflit. Le manque de
ressources financières nécessaires fait d'ailleurs douter que
l'organisation Ouest-africaine et même continentale (U.A) puisse financer
et superviser un cadre aussi ambitieux que constitue la recherche et la
consolidation de la paix dans la région.
Il faut noter que l'Union-Africaine de même que la
C.E.D.E.A.O sont confrontées à des problèmes financiers
qui font parfois échouer leurs missions de paix. Comme on le voit, la
source principale de ressources pour le fond spécial de l'U.A sera le
budget ordinaire de l'organisation. Or, ce budget connaît un
déficit chronique depuis de nombreuses années, en raison des
arriérés de contributions accumulées par les Etats
membres.
Dans son rapport d'activité présenté
à la cinquante-et-unième session ordinaire du conseil des
Ministres réunie à Addis-Abeba du 19 au 24 février 1990,
le secrétaire général avait insisté lourdement sur
la situation alarmante que constituent les arriérés de
contributions dus par les Etats membres.
En effet, sur un budget de 28 930 941 de dollars des
Etats-Unis approuvé par le conseil des Ministres au titre de l'exercice
financier 1989/1990, seulement sept Etats s'étaient entièrement
acquittés de leurs contributions s'élevant à 3 541 162,63
; au 31 janvier 1990, soit un taux de recouvrement de 12,24%. Le montant des
arriérés de contributions s'élevait alors à 55 712
137,75 de dollars américains.
Cette situation financière difficile de l'organisation
a été également mise en épingle par le
Secrétaire Général en février 1992, lorsqu'il
écrit dans son rapport au conseil des Ministres que : « sur un
budget total de 29 063 072 dollars E.U. en revanche, les Etats membres ont
versé la somme de 15 199 956,47 dollars E.U. représentant leurs
arriérés de contributions aux budgets
précédents et le Secrétaire a reçu à titre
de recettes diverses une somme supplémentaire de 1 332 973,07 dollars
E.U. Ainsi donc, le montant total des recettes au cours de l'exercice 1990/1991
s'élevait à 24 097 989,77 dollars E.U., soit une diminution de
16% par rapport à l'exercice précédent 1989/1990
».
Comme on le voit, le budget ordinaire de l'organisation
continentale n'a connu aucune augmentation depuis cinq ans. Depuis, en
même temps, le déficit s'est considérablement
aggravé. A la clôture de l'exerce budgétaire 1992-1993 au
31 mai 1993, les arriérés de contributions dus au budget
ordinaire par les Etats membres s'élevaient à 66 466 505,95
dollars des Etats-Unis, soit pratiquement, l'équivalent de deux budgets
ordinaires consécutifs de l'organisation37.
Compte tenu de tout ce qui précède, et
étant donné le coût particulièrement
élevé des opérations civiles et militaires de maintien de
la paix, même de taille et de durée réduites, il
apparaît clairement que l'U.A38 a presque toujours fait face
à de redoutables difficultés financières dans la mise en
oeuvre de ses décisions dans le domaine de la gestion et du
règlement des conflits comme ce fut le cas au Libéria et en
Sierra Léone pour ne citer que cela. Face à ces insuffisances
financières des Etats membres, des contributions volontaires sont
notées de part et d'autre.
De la même manière, l'organe régional
Ouest-africain de son côté est également confronté
à des problèmes d'ordre financier. Dans cette institution aussi,
les Etats membres effectuent des contributions pour permettre à celle-ci
de fonctionner efficacement et rigoureusement. Face à cet obstacle
majeur, la C.E.D.E.A.O subit l'influence et la conduite des grandes puissances
contributives financièrement. C'est pour cette raison que les actions de
la C.E.D.E.A.O demeurent parfois inefficaces car si son action ne dépend
que d'une aide extérieure, elle ne peut qu'être imparfaite et male
coordonnée. Il en est aussi d'un autre problème sur lequel il est
important de se pencher. Il s'agit de rechercher si les contributions des Etats
membres et du concours des grandes puissances et firmes internationales sont
effectuées régulièrement. Face à ces ressources
aléatoires pour mener à bien une tâche importante,
l'Organisation de l'Unité Africaine de même que la C.E.D.E.A.O ou
encore d'autres organes de la région pêchent dans leurs
initiatives de paix. D'autres difficultés sont également
développées comme pouvant limiter les actions africaines de
règlement des conflits dans l'Afrique occidentale en particulier.
37 Rapport financier de l'organisation de
l'unité Africaine pour l'exercice 1992/1993, Document CM/1790 (LIX),
p.3.
38 Biyoya M (K), L'OUA et la sécurité
africaine par les opérations de maintien et de construction de la apix,
juin-juillet 1995.
PARAGRAPHE II : Des moyens logistiques
et matériels insuffisants ou archaïques
La logistique est le nerf de la guerre moderne. Elle est la
technique du transport des troupes en campagne, du stockage et de la
répartition des vivres, des munitions, du matériel, du carburant,
etc. En résumé, c'est la science du ravitaillement et de la
mobilité des troupes. Etant donné la complexité des
opérations déployées dans chacune des régions
telles qu'en Sierra Léone, en Côte d'Ivoire ou au Libéria
d'une part, et la quasi-inexistence des forces armées suffisantes sur le
théâtre des hostilités d'autre part, ont fait très
souvent retrouvées les forces envoyées dos au mur dès le
début des combats.
A la différence de la concentration et la mobilisation
des forces que nécessite une telle situation dans des armées
modernes, les armées de l'E.C.O.M.O.G sont victimes de l'absence et de
l'insuffisance des voies de communication reliant les différents espaces
vitaux des pays dans lesquels elles opèrent. Outre ces problèmes
d'acheminement des troupes sur de longues distances, les difficultés de
mouvement des troupes dans les zones de combat sont aussi redoutables, car l'on
ne se bat pas au pied de grands aéroports.
Quant à ce qui concerne la répartition des
vivres, les soldats étaient sous-alimentés alors qu'il arrive
qu'il y ait suffisamment de vivres dans les dépôts. Parfois
même, certains officiers détournaient à leur profit
personnel les biens et les vivres destinés aux soldats combattants. Il
manquait souvent même de l'eau potable aux soldats au front. On note
aussi le mauvais état des routes.
La déficience des munitions était aussi au
rendez-vous dans les zones d'opération des troupes Africaines soit en
Sierra Léone soit au Libéria. Toutefois, cette difficulté
d'armement n'est pas notée dans le cadre de l'intervention des troupes
de l'Union Africaine et de la C.E.D.E.A.O en Côte d'Ivoires39.
39 Nganzi (K), L'organisation de l'unité
africaine et la recherche d'un système africain de
sécurité collective, Thèse de Doctorat de
3ème cycle en droit, janvier 1985, Université de
Droit, d'Economie et des Sciences d'Aix Marseille.
Les moyens de transmission étaient dérisoires et
le commandement opérationnel était contraint de conduire et
instruire les manoeuvres à l'aveuglette. Au début des
hostilités, les troupes africaines de paix étaient
déroutées parce que due parfois à la méconnaissance
du terrain, de l'insuffisance du matériel logistique. Si nous voyons
aujourd'hui dans le continent, beaucoup de mouvements séparatistes ou
rebelles sont parfois mieux équipés que les forces
gouvernementales. Ceci apparaît à nos yeux inadmissible et
intolérable pour un Etat qui se respecte. Par exemple au Libéria,
à mainte reprise les forces gouvernementales ont été
déroutées par les forces rebelles.
Au demeurant, on peut penser que se sont des forces humaines
tapies dans l'ombre qui fournissent de la logistique aux combattants
armés. Beaucoup de pays africains notamment de l'Ouest ne disposent pas
d'un aéronef performant ou encore de fusils d'assaut de dernière
génération. Ainsi, qu'il s'agisse de la crise Ivoirienne,
Libérienne comme Sierra Léonaise ou même encore en
Guinée, les forces africaines ont connu des difficultés
énormes liées à la logistique. Nous avons constaté
que presque toutes les crises, qui ont vu le jour dans la partie ouest du
continent africain, sont alimentées en logistiques par des puissances
soit Etatiques soit d'hommes d'affaires capables de débourser des
milliards dans une guerre. En ce qui concerne les Etats qui fournissent du
matériel, beaucoup de mouvements rebelles étaient
alimentés par le Colonel Kadhafi, soit encore par le dictateur Fidel
Castro.
Ceci étant, les Etats africains se doivent de prendre
leur responsabilité en se dotant de matériels logistiques
performants pour faire face aux agressions des factions ou mouvements rebelles
qui hantent le continent ou la région40. La
sécurité humaine doit être prise comme la «
priorité de toute priorité » parce que constituant
le socle du développement. Une économie ne peut être
performante que dans un climat de paix et de stabilité. Ceci pour dire
que lorsqu'il y a guerre, il n'y a pas d'investissement. Certains même
aiment dire que lorsque la Kalashnikov entre par la porte, l'investissement
passe par la fenêtre. Ainsi l'Afrique doit plus chercher à se
protéger contre son propre peuple.
40 Dr. Gille Olakunle Yale, « Le Rôle de
la CEDEAO dans la Gestion des Crises Politiques et des Conflits : Cas de la
Guinée et de la Guinée Bissau »
Vu les moyens économiques faibles
dont dispose la zone, il nous faut des conventions de sécurité
au-delà même des frontières transafricaines comme c'est le
cas entre la France et presque toute l'Afrique de l'ouest.
Face aux échecs répétés, aux
conséquences malheureuses, il est d'une nécessité de faire
intervenir d'autres organes ou organisations de paix. C'est à cet effet
que l'intervention du Conseil de Sécurité (C.S) des Nations Unies
(N.U) dans la zone Ouest-africaine requiert tout son mérite. Dés
lors, il nous importe de se pencher dans la partie qui suit, sur les
réalités de cette intervention onusienne dans cette dite zone.
DEUXIEME PARTIE : Les forces et faiblesses des
interventions de l'O.N.U dans la zone
Aujourd'hui, on ne peut pas résoudre les conflits en
s'en tenant au plan national. Chaque pays en conflit dans la région
constitue une menace pour la paix et la sécurité des pays voisins
et même au-delà. A cet effet, le conseil de sécurité
des Nations Unies s'est investi d'une mission d'assurer la paix dans le monde.
Il a, à cet effet, une mission universelle de maintien de la paix.
Dans cette mission de paix universelle, l'O.N.U est intervenue
dans des conflits de la partie Ouest du continent africain. Ces interventions
se sont soldées soit par des avancées ou forces louables
(CHAPITRE I), soit par des faiblesses remarquables
(CHAPITRE II),
CHAPITRE I : Les forces de
l'intervention de l'O.N.U dans la zone
Dans la zone Ouest-africaine, le conseil de
sécurité a eu à intervenir dans un certain nombre de
conflits résultant de bras armés ou encore de guerre civile. Il
s'agit entre autre du cas de la crise Libérienne, Sierra
Léonaise, ou encore de la Côte d'Ivoire. Dans toutes ses
interventions, le conseil de sécurité de l'O.N.U a renoué
avec le succès dans certains domaines. D'abord, sur un plan politique,
ses interventions sont le plus souvent louables (SECTION I).
Ensuite, l'apport humanitaire et économique de l'organisation des
Nations Unies dans les crises qui se sont éclatées dans la zone
(SECTION II).
SECTION I : Les actions politiques
de l'intervention de l'O.N.U.
Les interventions du conseil de sécurité des
Nations-Unies dans la région Ouest-africaine deviennent de plus en plus
nombreuses et sont le plus souvent accompagnées d'échecs et de
critiques de la part des africains et certaines puissances qui s'opposent
parfois à son intervention.
Malgré que l'O.N.U n'ait tout simplement pas toujours
eu les moyens ni les fonds nécessaires pour assurer l'envoi
régulier de soldats de la paix dans les nombreuses zones de conflit qui
existent à travers le monde dont celles de l'Afrique de l'ouest, cette
organisation n'a pas manqué à nous apporter de satisfactions dans
une moindre mesure. Ainsi, nous nous pencherons sur son apport à
rapprocher les belligérants (PARAGRAPHE I) mais aussi
sur sa politique de défense des droits de l'homme (PARAGRAPHE
II).
PARAGRAPHE I : Rapprochement des belligérants
La première option consiste
à figer une situation conflictuelle en voie de dégradation. Dans
un conflit entre Etats, elle correspond à la mise en place d'un
dispositif d'interposition frontalier ou zonal, à partir duquel les
armées ennemies en contact vont se désengager et mettre en oeuvre
une procédure négociée de retrait et de stationnement.
Dans une guerre civile, c'est un dispositif tout à fait
analogue qui séparera des factions ennemies ou mettra hors d'atteinte
des populations civiles. Les activités de surveillance, de
contrôle de zones tampons, d'exclusion d'armements permettent de faire
cesser les opérations armées et de faciliter la discussion entre
les parties pour amorcer la désescalade (trêve, cessez-le-feu) et
donc favoriser le retour au dialogue politique.
La seconde option consiste à consolider un accord entre
les belligérants41. Elle peut immédiatement suivre la
première option ou s'appliquer de manière autonome. Dans le cas
du conflit interétatique, elle prendra la forme d'un dispositif
militaire tiers garant de la mise en oeuvre de mesures de confiance et de
sécurité (surveillance de frontières, zones
démilitarisées).
Dans une situation de guerre civile, le dispositif sera
souvent civil et militaire et aura pour objectif d'aider les parties à
exécuter les obligations souscrites42. Alors que, dans le
premier cas, il s'agit de séparer et de maintenir cette
séparation entre deux armées en campagne, dans le second cas, le
but consiste à recomposer des liens suffisamment étoffés
entre les parties pour permettre l'accomplissement des différents
engagements des uns et des autres.
Qu'il s'agisse de la première ou de la seconde option,
la stabilité ne s'identifie pas aux activités de consolidation de
la paix. Cette dernière phase n'est concevable qu'après
l'obtention d'un accord politique entre les ex-belligérants et
l'arrêt effectif des opérations armées. Dans le cas
contraire, la consolidation est tout simplement irréalisable. Ainsi,
qu'il s'agisse du Libéria, de la Sierra Léone ou de la Côte
d'Ivoire, le conseil de sécurité des Nations Unies a
réussit à restaurer la paix et la sécurité. Il faut
rappeler que, ce n'est pas dans toutes ses interventions que le conseil de
sécurité a échoué. On peut qu'en même faire
mentions de quelques de ses mérites.
41 Cf. Boutros Ghali, L'avenir du maintien de la
paix, Armées d'aujourd'hui, avril 1995. L'O.N.U. et le maintien de la
paix, Nations Unies, New York, 1996.
42 Jean Jacques (P), Nations-Unies et
Stabilité : transformer les conflits armés, 16 septembre 2007, p.
11 à 15
Par exemple, le succès de la mission du conseil en
Sierra Léone à avoir mis fin à des années de
guerres civiles est reconnu par tous. Le Secrétaire
Général de l'époque, Koffi Annan affirmait que ceci a
permis à l'organisation de retrouver la confiance dont elle avait besoin
pour soutenir le déploiement d'opérations de paix complexes en
Afrique avec comme résultat que c'est aujourd'hui en Afrique que l'O.N.U
compte le plus grand nombre de soldats de la paix. Si nous prenons l'exemple de
la Côte d'Ivoire, l'intervention du conseil de sécurité a
apporté une issue heureuse à la crise. Les initiatives africaines
étaient devenues dans leur presque totalité sans résultat
aucun. Le président Sénégalais Abdoulaye WADE à
l'époque avait marqué son emprunte avec une médiation
à la hauteur mais s'était en un moment donné
s'embourbé dans des initiatives solitaires et
exagérées.
C'est face à tous ces échecs que le conseil de
sécurité parviendra à signer l'accord de Linas-Marcoussis.
Toutefois, c'est au sortir du sommet de l'Avenue Kléber que
l'implication du conseil qui avait réuni à ce sommet ; les chefs
d'Etat des pays concernés, les représentants de l'Union
Européenne, les bailleurs de fonds multilatéraux, les
belligérants qu'un tournant décisif de sortie de crise a
été observé. Ainsi, avec la résolution 1464 du
conseil de sécurité de l'O.N.U, l'E.C.O.F.O.R.C.E en liaison avec
le dispositif français va imposer la paix en référence aux
chapitre VII de la Charte des Nations-Unies43.
Partout où le conseil de sécurité de
l'O.N.U est intervenu dans la zone Ouest-africaine, il y ait parvenu à
un accord de cesser le feu soit définitivement soit temporairement comme
ce fut le cas du Libéria. Dans ce conflit, malgré l'accalmie qui
avait été constatée, les hostilités avaient repris
de bon train. Ainsi donc, il faut reconnaître les mérites
réels des interventions de l'organe mondial de la paix. En plus,
au-delà de cet apport positif de l'organe de sécurité des
Nations, un autre point positif par rapport à son apport de protection
des droits de l'homme attire notre attention.
PARAGRAPHE II : Défense des
droits de l'homme
Les interactions entre les conflits armés et les droits
de l'homme sont multiples44. Les violations des droits de l'homme
sont souvent à l'origine des conflits avec, par exemple, l'oppression
systématique de minorités ou d'autres groupes vulnérables.
Lorsqu'un conflit éclate, l'atteinte aux droits de l'homme est
évidente avec des attaques directes contre les civils.
43 Ce chapitre renvoie à la
règlementation du droit d'usage de la force dans les Relations
Internationales
44Voir B. Ramcharan, 2004, « Human Rights and
Conflict Resolution », Human Rights Law Review, été
; D. Carment et A. Schnabel, 2003,
Conflict Prevention: Path to Peace or Grand Illusion,
Tokyo, Université des Nations Unies ; H. Thoolen, 2001, Early
Warning and Prevention, dans Alfredsson et al. (sous la direction de),
International Human Rights Monitoring Mechanisms: Essays in Honour of Jakob
Th. Moller, La Haye, p. 301 ; L. Mahoney, 2003, « Unarmed Monitoring
and Human Rights Field Presences: Civilian Protection and
Il faut également tenir compte des conséquences
engendrées par les conflits relatives à la destruction des
infrastructures et à la crise humanitaire.
Toutefois, les initiatives visant à résoudre un
conflit peuvent aller parfois, à l'encontre des droits de l'homme. Les
accords de paix peuvent renoncer aux droits de l'homme pour atteindre d'autres
objectifs, par exemple lorsqu'ils institutionnalisent des accords qui
reflètent des schémas de discrimination existants ou qui en
créent de nouveaux. Les processus de paix peuvent aussi exacerber un
sentiment d'injustice en ne tenant pas compte des violations passées,
surtout s'ils négligent le besoin de justice et de réparation
pour les victimes. À l'inverse, l'importance de tenir compte des droits
de l'homme est de plus en plus évidente, avec l'apparition
d'institutions fortes de défense des droits de l'homme et d'une «
culture des droits de l'homme » considérée comme un
facteur essentiel pour la consolidation de la paix45.
Compte tenu des interactions entre les droits de l'homme et
les conflits armés, les Nations Unies intègrent, de plus en plus
souvent, des programmes relatifs aux droits de l'homme dans les composantes
civiles de leurs missions de paix sur le terrain46. En mars 2004, le
Département des opérations de maintien de la paix et le
Département des affaires politiques s'occupaient de gérer ou
coordonner l'organisation de 14 missions de ce type. Le Haut Commissariat des
Nations Unies aux droits de l'homme (H.C.N.U.D.H), en plus de donner des
indications à ces missions, a aussi géré, dans le
même temps, ses propres missions civiles pour la paix. Le H.C.N.U.D.H a
également placé des conseillers pour les droits de l'homme dans
les équipes des Nations Unies déployées dans des pays
touchés par un conflit comme le Libéria, la Côte d'Ivoire
etc....et soutient la création de programmes des droits de l'homme
après un conflit comme en Angola, et bientôt au Guatemala et au
Timor oriental.
Conflict Protection », The Journal of Humanitarian
Assistance ; E. Lutz et al., 2003, « Human Rights and Conflict
Resolution from the Practitioners' Perspective », The Fletcher Forum
of World Affairs, vol. 27, no 1 (hiver/printemps) ; J. Saunders, 2002,
Bridging Human Rights and Conflict Prevention: A Dialogue between Critical
Communities, Carnegie Council on Ethics and International Affairs,
à l'adresse <
www.cceia.org/viewMedia.php/prmTemplateID/1/prmID/161>;
M. O'Flaherty, 2004, « Sierra Leone's Peace Process: The Role of the Human
Rights Community », Human Rights Quarterly, vol. 26 ; M.
O'Flaherty, 2003, « Future Protection of Human Rights in Post-Conflict
Societies: th
e Role of the United Nations », Human Rights Law
Review, printemps.
45 M. O'Flaherty, 2003
46 Pour un résumé des programmes
actuels de l'ONU, voir HCNUDH, Appel annuel 2004, Genève, p. 32
et 33, à l'adresse <
http://www.unhchr.ch/french//html/menu2/9/fundrais/fundr_fr.htm>.
Voir aussi <
www.unhchr.ch/html/
menu2/5/field.htm>.
Pendant ce temps, certains organismes des Nations Unies
tiennent compte du respect des droits de l'homme dans leur organisation et
leurs activités de protection dans les situations de
conflit47.
Les activités des Nations Unies sur le terrain pour les
droits de l'homme s'expliquent par l'optimisme apparu après la guerre
froide s'agissant de leurs capacités de consolidation de la paix. La
première mission chargée expressément des questions
liées aux droits de l'homme fut créée en 1991 ; elle
était chargée de contrôler l'application de l'accord de
paix de San Jose, en El Salvador (O.N.U.S.A.L)48. En 1992, l'O.N.U
créa une mission pour suivre la transition politique au Cambodge
(A.P.R.O.N.U.C) dotée, elle aussi, d'une composante droits de l'homme.
L'année suivante, l'O.N.U et l'Organisation des États
américains (O.E.A) créèrent, en Haïti, la
première mission chargée exclusivement des questions des droits
de l'homme (M.I.C.I.V.I.H).
Ces premières missions furent réalisées
dans le cadre du programme politique des Nations Unies. Elles furent
créées sous l'autorité du Conseil de
sécurité ou, moins fréquemment, de l'Assemblée
générale, basés à New York, ou en étroite
consultation avec ces organes et sans l'intervention de la composante
chargée des droits de l'homme pour l'O.N.U, à savoir le Centre
pour les droits de l'homme, situé à Genève. Le Centre
avait, pour sa part, commencé à déployer des
spécialistes des droits de l'homme en ex-Yougoslavie pour soutenir le
Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme chargé
de la région49.
En 1993, le Centre se chargea du programme relatif aux droits
de l'homme au Cambodge au moment du retrait de l'autorité provisoire des
Nations Unies. En 1994, sous la direction du Haut Commissaire des Nations Unies
pour les droits de l'homme qui venait d'être nommé, le Centre
créa une mission à la suite du génocide au
Rwanda50. En 1995, le Centre déploya, au Burundi, des
spécialistes des droits de l'homme. Ces missions étaient
engagées alors que le Centre n'avait ni l'expérience ni
l'infrastructure nécessaire. Elles étaient financées par
des contributions volontaires et non pas, comme pour les opérations
engagées par New York, par le budget ordinaire de
l'O.N.U51.
Les opérations des Nations Unies dans le domaine des
droits de l'homme ont toujours compté des actions de sensibilisation et
des interventions qui ont pu prendre des formes
47 Voir, par exemple, concernant l'UNICEF <
http://www.unicef.org/french/rightsresults/index.html>et
pour le PNUD <
www.undp.org/governance/humanrights.htm>.
48 Pour une description de cette mission et de
toutes les missions de maintien de la paix des Nations Unies, voir <http:/ /
www.un.org/french/peace/peace/home.shtml>.
49 Une formule analogue fut envisagée pour
soutenir le mandat du Rapporteur spécial sur l'Iraq, mais le
déploiement ne fut pas possible dans ce pays.
50 Opération des Nations Unies pour les
droits de l'homme au Rwanda.
51 À l'exception du bureau du Cambodge dont
les coûts principaux sont financés sur le budget ordinaire de
l'ONU.
Multiples allant de la diplomatie silencieuse à des
condamnations énergiques. Elles interviennent au niveau local, national
et international et visent directement les auteurs ainsi que d'autres acteurs
susceptibles d'exercer une certaine pression. Une intervention vise parfois
à trouver une solution rapide pour saper des capacités à
long terme, en négligeant par exemple le règlement judiciaire ou
en confiant à des acteurs militaires des situations qui seraient
davantage du ressort de la police. Toutefois, au-delà de ces actions de
protections des droits de l'homme qu'effectuent les Nations Unies dans les
conflits de la zone Ouest-africaine, il faut aussi mentionner que sur ce point,
beaucoup reste à faire.
Il faudra l'intervention politique, technique et
pédagogique d'une myriade d'acteurs au niveau national, régional
et international. Pour réussir, cette intervention devra être
dirigée de façon cohérente et avec force et devra tenir
compte de questions politiques, de points techniques et de questions
d'organisation.
Le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a
un rôle déterminant à jouer. Le Haut Commissaire est
investi du pouvoir global nécessaire pour promouvoir
l'intégration de la question des droits de l'homme dans l'ensemble du
système des Nations Unies. Il doit indiquer à l'ensemble de la
communauté internationale les principes et la direction à suivre.
Le Haut Commissaire est la seule personne à disposer du statut, de
l'autorité et du mandat nécessaires pour formuler cette vision et
guider l'action qui s'impose.
D'une façon générale, les composantes des
droits de l'homme des missions de paix visent à favoriser la
résolution d'un conflit et l'instauration d'une paix durable. Dans leur
dynamique de recherche de paix dans la zone Ouest-africaine, les Nations Unies
assurent en même temps une mission humanitaire et économique.
SECTION II : Les actions humanitaires et
économiques de l'O.N.U. dans les crises Ouest-africaines
Pour le maintien de la paix et de la
sécurité dans la région Ouest-africaine, l'initiative des
organisations telles que la C.E.D.E.A.O, l'U.A ou encore des organisations de
la société civile reste presque très marginale à
cette fin. C'est pour cette raison que des organisations comme l'organisation
des Nations Unies ont un mérite louable.
Ainsi, nous allons dans cette partie exposer d'autres types de
satisfactions par rapport à l'intervention de l'O.N.U dans les conflits
nés dans la zone. De ce qui précède, nous verrons d'abord
les apports humanitaires de l'O.N.U dans les crises de la zone
(PARAGRAPHE I) et ensuite, mettre l'accent sur ses actions
économiques (PARAGRAPHE II).
PARAGRAPHE I : Les apports
humanitaires
Dans les conflits armés, les populations civiles sont
en général les plus vulnérables du fait qu'elles sont plus
exposées aux atrocités de natures diverses. Sur le plan
humanitaire, la situation est le plus souvent alarmante.
Ainsi, en Côte d'Ivoire, dès le début des
troubles, d'importants déplacements de populations, des violations
généralisées des droits de l'homme et une
détérioration du tissu économique et social qui a
touché de plein fouet les communautés les plus vulnérables
étaient observés par d'aucuns. Au début de l'année
2003, l'O.N.U avançait le chiffre de 800 000 déplacés et
400 000 réfugiés.
Le conflit a divisé le pays en deux. Dans le nord et
dans l'ouest du pays, des centaines de milliers de personnes n'eurent plus
accès aux soins de santé primaires ainsi qu'à beaucoup
d'autres services publics du fait de la fuite de nombreux fonctionnaires ou de
l'arrêt du paiement de leur salaire. Les écoles furent
également fermées dans beaucoup de zones du pays
. En temps de conflit armé, se sont souvent les besoins
élémentaires de survie de toutes les couches de la
société, des particuliers aux États-nations, qui dictent
les stratégies économiques. Au niveau des particuliers, une
tendance vers une plus grande dépendance à l'égard des
activités de subsistance et, qui plus est, à l'égard
d'activités de subsistance différentes peut émerger.
L'agriculture peut devenir impraticable et les gens soient contraints à
vivre au jour le jour. Dans de telles conditions, les ressources naturelles
gagnent en importance au niveau des stratégies de subsistance. Les
changements au niveau des stratégies économiques doivent souvent
être accompagnés d'un changement au sein des organisations
sociales. Cette question est fondamentale puisque les moindres perturbations au
niveau des activités de subsistance peuvent engendrer la
famine52.
De manière plus générale, les
économies nationales peuvent s'effondrer pour des raisons variées
telles que le dérèglement du commerce, la perte d'investissements
étrangers et la perte de recettes touristiques.
52 Kofi Annan, Secrétaire
Général de l'Organisation des Nations Unies (HCR 2001)
Ce vide économique peut être rapidement
comblé par des réseaux commerciaux illicites lorsque divers
intervenants se mettent à exploiter les ressources naturelles dans le
but de relancer l'économie et, comme c'est souvent le cas, de financer
le conflit. En bref, les conflits armés peuvent interdire l'accès
aux ressources à bon nombre de gens, faciliter l'accès (souvent
illégal) à ces ressources pour un nombre restreint d'individus et
donner naissance à un nouveau système de gagnants et de perdants.
Pour toutes ces raisons les Nations Unies doivent apporter assistance aux Etats
en conflit.
Cette assistance s'est traduite souvent par l'envoi de
corridors humanitaires. Sur le plan humanitaire, un ensemble de personnel est
employé pour aider les refugiés à assurer le minimum de
besoins élémentaires. A cet effet, sont employés; des
médecins, des militaires, des journalistes et d'autres volontaires
pouvant aider à la réussite de la mission des Nations unies.
Au début de la crise Ivoirienne, le gouvernement s'est
montré très peu coopératif avec les organismes des Nations
Unies, allant même jusqu'à confisquer ou détruire des
véhicules d'agences onusiennes. Dans le nord en revanche, le M.P.C.I
s'est rapidement engagé à garantir un accès libre et
sûr aux travailleurs humanitaires. Dans l'ouest, la prolifération
de groupes armés incontrôlés pillant et terrorisant la
population a longtemps rendu l'accès plus difficile. Toute la crise
humanitaire ivoirienne s'est caractérisée par un sous-financement
chronique de la part des pays donateurs. L'appel « éclair »
lancé par l'O.N.U dès le début des
événements ne rassembla que moins de 20 % des besoins et à
peine 40 % pour l'appel global de 2003. Cette situation perdure encore
aujourd'hui.
À la question de citer les organisations qui ont fourni
de l'aide humanitaire dans les régions visitées lors de
l'enquête, l'O.N.U.C.I vient en tête, 16 fois citée. De
manière générale, la présence des acteurs
humanitaires est relativement bien perçue, même si le travail de
ces mêmes acteurs, autrement dit la manière dont ceux-ci
répartissent l'aide n'est pas toujours considérée comme
équitable ou juste. La sécurité n'est pas seulement
synonyme de l'emploi des armes. C'est pourquoi, l'organisation des Nations
Unies effectue d'autres missions dans ses interventions. Il s'agit entre autre
de son intervention humanitaire.
Plaçant ce concept au coeur des principes et des
pratiques du développement de la communauté internationale lors
du Sommet du Millénaire de l'O.N.U (septembre 2000), le
Secrétaire-général des Nations Unies, Kofi Annan, a
souligné la nécessité d'une approche de la
sécurité plus centrée sur l'individu. La
sécurité doit être pensée moins en termes de
défense du territoire et davantage en termes de protection des
personnes.
L'aide humanitaire consiste en l'approvisionnement d'une vaste
gamme de biens et services d'urgence au cours du conflit et à son terme,
pendant la période de reconstruction.
Il s'agit entre autre des prêts d'urgence, services
médicaux, organisation locale, protection, formation, refuge,
habillement, équipement ménager, semences et outils, nourriture.
Cette assistance peut aussi s'installer dans le plus long terme, les
États, les organisations bilatérales et multilatérales et
les organisations non-gouvernementales fournissant l'expertise technique,
formative et professionnelle pour reconstruire les communautés.
C'est pour ces raisons que parfois même il est difficile
de faire une distinction entre les missions humanitaires de l'O.N.U de ses
missions de paix et de sécurité. Dans toutes les crises dont
l'organisation de paix et de sécurité des Nations Unies ait
intervenue, on note que parallèlement, l'organisation assure en
même temps une mission humanitaire. Toutefois, au-delà de cette
satisfaction très souvent unanime des personnes
bénéficiaires de cette aide humanitaire, les Etats connaissent
aussi le concours des Nations Unies en termes de relance économique.
Ainsi, les actions économiques de l'organisation universelle de la paix
dans la zone Ouest-africaine feront l'objet de développements
ci-dessous.
PARAGRAPHE II : Les actions économiques des Nations
Unies dans les conflits
La réussite du processus de paix
n'est pas cependant définitive pour les Nations Unies après avoir
réussi à faire revenir la paix. Il nécessitera la
poursuite d'un engagement en profondeur des Nations Unies. Ceci a
été le cas dans beaucoup des interventions du conseil de
sécurité des Nations Unies en Afrique de l'Ouest. Par exemple, si
nous prenons le cas de la Sierra Léone, le Secrétaire
Général de l'O.N.U à l'époque avait rappelé
que la mort de Foday Sankoh et l'exile de l'ex dictateur Charles Taylor au
Nigéria ne suffisait pas que la paix était définitivement
atteinte.
Cette intervention diplomatique et militaire des Nations Unies
est et doit obligatoirement être accompagnée de politiques
économiques. Ces politiques économiques participent à la
reconstruction des Etats ou de l'Etats qui sort d'un conflit. Comme nous le
savons tous, après un conflit résultant d'une guerre
extérieure ou d'une guerre civile, les Etats concernés sont le
plus souvent dévastés à tel point qu'il leur est
difficile, parfois même impossible de se prendre en charge
économiquement.
Les économies post-conflit partagent certaines
caractéristiques : bas revenus par habitants, inégalités
criardes des revenus, faibles indicateurs sociaux, climat des affaires
défavorable, faiblesse de l'Etat, dégradation de l'infrastructure
des affaires notamment le secteur financier et la justice ; enfin une
participation limitée et inefficace du secteur privé dans les
activités économiques à cause des faibles
capacités, des pertes d'actifs pendant le conflit, de la faiblesse de
l'investissement le tout pénalisant la croissance économique.
C'est un vrai cercle vicieux de la pauvreté qui
résulte de la situation décrite ci-dessus.
Tout le monde admet que la réhabilitation des
infrastructures publiques est vitale dans les pays en post-conflit mais
réhabiliter l'entreprise privée reste un problème
économique difficile53. En effet, il ne s'agit pas uniquement
de restaurer à l'identique les entreprises victimes du conflit mais
plutôt dans une vision porteuse de progrès de concevoir des
politiques économiques capables de susciter de nouveaux investissements
car seule une telle démarche est porteuse de croissance à court
et moyen terme.
Le tissu économique se voit affaibli, à la limite
même, on pourrait dire que l'économie est à base
zéro ; tellement l'économie du ou des pays concernés est
malade qu'il faut un soutien extérieur soit venant des organes
spécialisés des Nations unies soit des O.N.G. On mentionnera les
efforts de l'O.N.U (dont les agences spécialisées telles que le
PNUD, l'U.N.E.S.C.O, le H.C.R et l'U.N.I.C.E.F) dans la réponse aux
défis de la sécurité en Afrique de l'Ouest. Ces efforts
sont déployés par l'intermédiaire de diverses missions
nationales, en plus d'un bureau régional établi à Dakar -
le Bureau de l'O.N.U pour l'Afrique de l'Ouest (U.N.O.W.A), mandaté
depuis 2002 pour amplifier les contributions de l'O.N.U vers l'accomplissement
de la paix et de la sécurité en Afrique de
l'Ouest54.
On admet généralement que le renouvellement rapide
de l'investissement privé est souhaité dans les pays post-conflit
mais que des obstacles majeurs se dressent face à une telle
volonté : la destruction du capital et la fragilité du
système bancaire accroissent le risque du pays et freine cet
investissement. La question du financement de l'investissement devient alors
centrale. Voilà pourquoi les Nations Unies, dans le champ
économique, estiment qu'à cause de la destruction du capital
pendant les conflits et de la faillite subséquente des marchés
notamment du secteur financier et le risque, des efforts exceptionnels
devraient être pris pour redémarrer les économies
post-conflit. Ce sont là des défis importants.
Devant une telle situation, l'Organisation des Nations Unies ne
peut militer seulement à une intervention militaire ou diplomatique.
C'est dans cette dynamique que l'organisation des Nations Unies va accompagner,
au sortir de la guerre, le processus des élections en Sierra
53 Governance, Conflicts Dynamics, Peace and Security
Unit, Sahel and West Africa Club/OECD, Head of Unit, Mr. Massaër Diallo,
Massaer.diallo@oecd.org
54 Pour plus d'informations sur l'ONUAO, voir
http://unowa.unmissions.org/Default.aspx?tabid=706
Léone, en Côte d'Ivoire ou encore au Libéria.
Lors des élections présidentielles et législatives au
Libéria, la communauté internationale avait apporté un
appui à l'organisation générale des élections de
2002. Ceci peut également être observé lors du conflit
Ivoirien.
Du point de vue économique, l'organisation des Nations
Unies, de par le biais de ses organisations spécialisées, aide
les états au conflit à relancer leur économie. On a vue,
après qu'Alassane Ouattara ait été installé
à la tête de l'Etat, que des centaines de milliards étaient
décaissés par certaines institutions financières des
Nations Unies telles que la Banque Mondiale et le FMI. Ceci permet aux Nations
Unies d'inciter, dans le même ordre d'action, ses institutions de
développement à appuyer les Etats à asseoir une
économie saine. Ainsi, certaines de ces institutions telles que
l'U.S.A.I.D, le P.A.M etc.... mettent en place un certain nombre de projets
soit pour accompagner les Etats soit pour aider les populations
vulnérables.
A cet effet, un ensemble de conduites est exigé aux
nouveaux dirigeants. Dés lors, les nouveaux dirigeants ne devront plus
se considérer comme les représentants d'un clan, d'une religion
ou encore moins de s'attribuer toutes les richesses du pays. Ils ne devront non
plus se livrer à une marginalisation de leurs adversaires politiques.
Avec ces financements, des projets sont constitués pour
les anciens combattants dans les cas de conflits entre forces armées et
rebelles. Comme nous le savons tous, les politiques de réinsertions des
anciens combattants restent difficiles et très onéreuses. Ainsi,
des moyens de financements sont octroyés par les organisations de
développement de l'O.N.U dans le but de faciliter la réinsertion.
Si nous prenons le cas de la Côte d'Ivoire, beaucoup d'anciens
combattants rebelles sont enrôlés dans l'armée et d'autre
sont reçus dans des organisations de financement qui les aident à
refaire leur vie. De ce point de vue, nous ne pouvons dire que les politiques
économiques de l'O.N.U dans les conflits Ouest-africains sont un
échec.
D'autres politiques économiques sont également mis
en avant par les Nations Unies dans ses interventions aux conflits
Ouest-africains. Il s'agit d'opérations de déminage qui sont
périlleuses et couteuses. Après avoir procédé aux
désarmements définitifs des anciens combattants, les Nations
Unies et les belligérants se lancent dans des opérations de
déminage. Durant les affrontements, presque partout dans les recoins du
territoire des mines sont posées. Cette situation fait souvent que les
champs demeurent inaccessibles pour les travaux.
Dans ce dit secteur, les Nations Unies ont eu à montrer
leurs preuves soit en Côte d'Ivoire, en sierra Léone ou au
Libéria pour aider l'Etat et les populations à pouvoir mettre en
activité des politiques économiques et à pouvoir les
réaliser sans risques humanitaires.
Les opérations d'intervention des Nations Unies dans
les conflits nés dans la zone Ouest-africaine ont connus dans une
certaine mesure un certain nombre de succès. Ce succès ou ces
succès dénotent dans une large mesure d'un engagement militaire,
politique, économique et humanitaire réel. Toutefois, par devoir
d'analyse scientifique et réaliste, il est apparaît à
travers nos recherches des insuffisances dans les interventions de l'O.N.U dans
la zone Ouest-africaine sur lesquelles nous allons nous pencher ci-dessous.
CHAPITRE II : Les faiblesses de
l'intervention onusienne
Depuis un certain nombre d'années, l'Organisation des
Nation Unies effectue des interventions dans la zone Ouest-africaine. Ces
interventions résultent de la récurrence des conflits
armés qui minent l'espace. Parmi ses tentatives, nous pouvons faire
étalage de quelques unes. Il s'agit en outre55, des actions
menées au Libéria, au Congo, en Guinée, Sierra
Léone, au Nigéria. Toutefois, son intervention en Côte
d'Ivoire reste salutaire.
Si nous faisons le résumé de l'ensemble des
actions d'intervention de l'O.N.U dans cette partie de l'Afrique, les
défaillances restent énormes. Ainsi, une étude
éclairée de ces défaillances nous amènera à
voir dans un premier temps ; les défaillances relatives aux prises des
Résolutions (SECTION I) et dans un second temps ;
celles liées à la neutralité et aux changements inattendus
des missions en cours des Nations Unies (SECTION II).
SECTION I : Faiblesses dans
l'autorisation des O.M.P
Trop souvent, le débat public se réduit à
des caricatures destinées à nourrir des affrontements simplistes,
à agiter des peurs et à discréditer des adversaires. C'est
ce qu'on observe en ce moment avec les controverses constatées au sein
des membres permanents du Conseil de Sécurité de l'O.N.U dans la
crise Syrienne par exemple.
Comme nous le savons tous, il n'est pas facile pour le conseil
de sécurité des Nations Unies de prendre une résolution
permettant de résoudre résolument les crises qui hantent
l'Afrique en général et l'Afrique de l'Ouest en particulier.
Autrement dit, les résolutions des Nations Unies même prises,
restent le plus souvent inefficaces.
55 Charte de la C.E.D.E.A.O (Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest).
Dès lors, l'impossibilité d'agir promptement et
efficacement de la part du conseil de sécurité d'une part
(PARAGRAPHE II) et la méfiance dans les missions
d'autre part méritent d'être notre attention (PARAGRAPHE
II).
PARAGRAPHE I : Impossibilité d'agir promptement et
efficacement
L'organisation des Nations Unies souffre
d'un autre problème : l'incapacité d'agir promptement lorsqu'une
crise éclate et de déployer rapidement des forces de maintien de
la paix.
Certains organes politiques fonctionnent selon le principe du
consensus et sont régis par d'importantes institutions bureaucratiques.
Leurs décisions peuvent donc se faire attendre même si des signaux
indiquent que des crises menacent. Même lorsqu'il existe en principe la
volonté de mettre sur pied une opération onusienne de maintien de
la paix, il est extrêmement difficile de mettre en place les accords
nécessaires et de mobiliser les forces pour atteindre à temps la
zone de conflit. L'O.N.U (ni aucun autre organe multilatéral) ne dispose
d'une force permanente d'intervention rapide pouvant être utilisée
dans de telles situations.
Le système de maintien de la paix s'organise autour des
chapitres VI et VII de la Charte des Nations Unies. L'articulation entre ces
chapitres avait été conçue par les auteurs de la Charte de
manière à rechercher, selon une certaine harmonie, les meilleures
adaptations et réactions possibles aux diverses situations à la
fois en ouvrant un éventail gradué allant des modes classiques de
règlement des différends jusqu'au système
sophistiqué de sécurité collective s'agissant des
procédures utilisables56. Il faut noter que les
mécanismes n'ont pas fonctionné comme prévu.
Les blocages du conseil de sécurité sont dans
une moindre mesure liés au manque de personnel mais aussi au refus de
certains bailleurs d'appuyer financièrement les actions de
rétablissement de la paix dans les zones de conflits. Un recours
à des palliatifs est encore nécessaire et l'obstacle majeur
à une action dépassant le simple maintien de la paix est non
seulement l'étendue des besoins en hommes et en matériels et donc
le coût de l'opération mais surtout la résistance des Etats
à engager des vies57.
56 Cf. La communication de M. Flory, «
Mesures, actions et recours à la force dans le chapitre VII de la Charte
».
57 Cf. « actualités des conflits
internationaux », colloque des 4 et 5 décembre 1992.
Le conseil de sécurité de l'O.N.U n'étant
pas une entité étatique dotée d'une « autonomie
» financière et d'une indépendance décisionnelle,
reste très souvent cloué en temps de conflits. Il s'agit en fait
d'une organisation universelle de paix qui reçoit le concours d'un
certain nombre d'Etats et d'institutions internationales pour pouvoir faire
face aux conflits qui s'sévissent dans le monde.
Le conseil de sécurité ne dispose pas de forces
d'attente ou encore moins de ressources financières suffisantes pour
engager promptement les actions de paix dans le monde. Aujourd'hui, le Mali
constitue un bel exemple. Le constat est que les rebelles Touaregs joints aux
combattants d'an sardine sont entrain d'envahir le pays en occupant d'abord le
nord et la communauté internationale à l'instar du conseil de
sécurité, de l'U.A et de la C.E.D.E.A.O, se moue dans un silence
presque total.
Cette problématique des ressources financières
ajoutée à la mobilisation des vies humaines pour engager une
guerre, constitue le plus souvent un obstacle majeur à cette quête
de paix des Nations Unies dans la zone Ouest-africaine. Ceci nous fait penser
à la crise Ivoirienne qui avait éclaté en l'an 2002
faisant état d'une atrocité d'une rare violence entre les forces
loyalistes du camp de Laurent Gbagbo, et les forces rebelles du nord. Il a
fallu l'intervention musclée de la France pour mettre fin à la
guerre. La France, du fait de sa proximité historique avec la Côte
d'Ivoire, s'était sentie plus que concernée par les autres Etats
et avait décidé de faire la guerre dans cette zone. A notre avis,
ceci est inadmissible car le conseil de sécurité doit être
là pour toute la communauté internationale et non pour une
portion d'Etats dans lesquels les grandes puissances ont
intérêt.
Aujourd'hui, on constate de plus en plus que l'Organisation
des Nations Unies met en avant la question de la régionalisation du
règlement des différends. Pour elle, l'approche régionale
du règlement d'un différend quelconque est fréquemment la
meilleure58. Le cas du Libéria montre comment parfois les
Etats de la région sont trop impliqués pour pouvoir
résoudre le problème d'une façon impartiale et froide.
Si l'O.N.U avait été chargée depuis le
début de s'occuper de la question du Libéria, ce que les Etats de
la région ne voulaient pas, elle aurait peut-être eu une approche
différente. Il y a certains principes, ou certaines pratiques pour ainsi
dire, conformément auxquels on n'invite presque jamais un Etat voisin
d'une région dans laquelle il y a un différend à
participer à l'opération de maintien de la paix.
58 Cf. colloque des 4 et 5 décembre 1992,
Edition A. PADONE, 13 Rue Soufflot, Paris.
Finalement, devant la gravité de la situation du
Libéria et devant l'impasse, les pays de la région ont
demandé au conseil de sécurité de l'O.N.U de jouer un
certain rôle en ce qui concerne les sanctions, et au Secrétaire
Général de jouer un certain rôle plus direct. Le conseil de
sécurité a effectivement demandé à ce dernier de
nommer un représentant spécial comme facilitateur.
Cette idée de régionalisation est plus que
jamais importante, toutefois, il nous faut souligner que les organisations
régionales n'ont pas les moyens de l'accomplir. Il ne s'agit seulement
pas de l'Organisation de l'Unité Africaine mais aussi de la C.E.D.E.A.O
qui est interpelée au premier plan dans les crises Ouest-africaines.
D'aucuns ont avancé que les sociétés
privées de services de sécurité et militaires pourraient
être mobilisées et déployées beaucoup plus
rapidement que les forces multilatérales classiques. Il pourrait
être beaucoup moins cher de faire appel à ces
sociétés lorsque cela s'avérerait nécessaire
plutôt que d'entretenir une force permanente composée de
contingents nationaux fournis par les États Membres de l'O.N.U. Les
missions du conseil de sécurité sont encore entravées par
la méfiance ou réticence des Etats vis-à-vis des
Opérations de Maintien de Paix (O.M.P).
PARAGRAPHE II : La méfiance dans les missions de
l'O.N.U
Le conseil de sécurité des
Nations Unies, dans ses missions de maintien de paix et de
sécurités dans le monde, a apporté son soutien dans des
crises qui ont eu lieu en Afrique de l'Ouest. Il s'agit entre autre dans des
pays comme le Libéria, la Sierra Léone et la Côte d'Ivoire.
Dans beaucoup de cas dans la Région, l'organe « universel »de
paix s'est retranché derrière des condamnations verbales.
Même dans ces cas cités, il a fallu beaucoup de retard avant qu'il
ne prenne des décisions résolues de règlement de la crise.
Cela a été le cas en Guinée avec les dérives des
rebelles venant du Libéria ou de la Sierra Léone. Pour des
raisons parfois diverses, les membres permanents du Conseil de
Sécurité (C.S) adoptent des positions différentes.
Pour ce qui était de la crise en Sierra Léone,
seul le Royaume-Uni et dans une moindre mesure la France, avait vu de ce
conflit un véritable enjeu. En dépit d'un discours volontiers,
moralisateur et donneur de leçons, les Etats Unis n'ont, à aucun
moment, apporté une aide significative à la résolution du
conflit59. Pour des considérations politiques, dans ce
conflit, les Etats Unis ont même à plusieurs reprises plutôt
compliqué le processus de décision, retardé le
déploiement de la mission d'observation des Nations Unies en Sierra
Léone (M.O.N.U.S.I.L) 60. Ils avaient même
provoqué le retrait des Nations Unies des contingents indiens et
jordaniens.
59 JEAN M. Châtaigne, « l'ONU dans la
crise en Sierra Léone, 2005.
Des pays comme la Chine et la Russie avaient, elles aussi,
adopté des positions prudentes. En plus, même après les
résolutions, les missions sur le terrain connaissent des limites
latentes. Si nous prenons le cas de la Côte d'Ivoire, nous pouvons faire
ressortir un certain nombre de difficultés qui ont constitué des
obstacles à la mission du conseil de sécurité.
La réticence des responsables locaux d'agences
onusiennes envers le concept même de mission intégrée
était de mise. On note également le fait qu'il y avait peu
d'esprit d'équipe, un manque de discipline et de confidentialité
au sein même de l'O.N.U.C.I, en particulier parmi le personnel local. Le
manque de ressources financières, logistiques et humaines, notamment
pour permettre à la mission d'assurer sa propre sécurité
était aussi à l'ordre du jour. Les intérêts
divergents des acteurs extérieurs, tant au sein du Conseil de
sécurité que du G.T.I, ont brouillé la réponse de
la communauté internationale face à la crise, en particulier en
ce qui concerne les sanctions ciblées. Il est vrai qu'on serait bien en
peine de présenter un succès majeur enregistré par
l'O.N.U.C.I depuis sa création. De report en report, l'organisation des
élections, plus de deux ans après la date initialement
fixée, en est toujours à ses prémisses et on commence
à nouveau à douter de la faisabilité de la dernière
échéance promise par le gouvernement (Juin 2008). Le
désarmement des anciens combattants reste bloqué tant que la
confiance n'est pas revenue entre belligérants. L'intégration des
rebelles dans la nouvelle armée ivoirienne se heurte au refus du
président de nommer certains officiers supérieurs issus des
Forces nouvelles.
La lutte pour le pouvoir était toujours très
vive et semblait primé sur toute autre considération de bonne
gouvernance, d'État de droit, de meilleure répartition des
richesses ou de bien-être des populations. Tant qu'un compromis durable
ne sera pas trouvé entre tous les leaders politiques majeurs, il semble
peu probable que l'O.N.U.C.I puissent efficacement remplir le mandat que le
Conseil de sécurité lui a attribué. C'est pour toutes ces
raisons que la mission de l'O.N.U n'a pas très vite abouti au grand
bonheur des populations victimes de violences et autres.
60 La Mission de l'ONU en Sierra Leone (UNAMSIL)
fut mise en place par la Résolution UN SC 1270, S / RES/ 1270 (1999), 22
octobre, 1999.
Aujourd'hui, en l'an 2012, au Mali une rébellion sans
précédente divise le pays en deux. Le conseil de
sécurité, face à une telle crise politico-militaire,
devait s'investir par une résolution de retour définitif de la
paix. Mais, ce qu'on constate, c'est une organisation incapable ou même
qui n'est pas soucieuse du problème Malien. Notre inquiétude se
situe sous l'angle d'une institution internationale universellement reconnue et
qui est investie de défendre les problèmes de
sécurité dans le monde et qui, en réalité, se
suffit à des déclarations d'indignation. Ceci nous paraît
inadmissible en tant que citoyen du monde connaisseur des missions universelles
de l'O.N.U.
De touts les façons, nous sommes convaincus que le
conseil de sécurité prendra ou influencera une mesure de
résolution du conflit Malien. Toutefois, en tant que défenseur
des droits de l'homme, on ne peut tolérer une intervention tardive face
à cette occupation irrégulière des combattants d'An
sardine En Côte d'Ivoire aussi, nous avons fait le même constat
avec une guère civile sans merci entre populations du Nord et du Sud,
entre forces loyalistes et forces rebelles. Ceci aurait dû être
évité si le conseil de sécurité avait pris
résolument le problème à bras le corps.
En bref, on se demande même si l'O.N.U n'est pas une
organisation des grandes puissances et qui subit le dicta de celles-ci. Dans
toutes ses actions dans la région Ouest-africaine et ailleurs, on note
une certaine lenteur dans les résolutions et ceci est dû le plus
souvent à des intérêts partisans et
insoupçonnés que les grandes puissances mettent en avant en
ignorant les atrocités commises sur le terrain des affrontements sur la
population locale.
C'est donc pour nous, une institution de méfiance, de
doute, de prise de positions faites d'intérêts, de combines en
puissances et ceci, par le fait que l'organisation « universelle » de
la paix se cache toujours derrière un soi-disant véto ou encore
d'ingérence dans les affaires internes des Etats pour ne pas prendre, au
moment opportun, les résolutions de façon rapide et efficace. Si
nous observons de près, dans toutes ses interventions, soit en
Côte d'Ivoire, en Sierra Léone ou encore au Libéria, la
méfiance des Nations Unies pour adopter une résolution
d'intervention avait couté la vie à des centaines voire des
milliers de morts. C'est presque toujours, après que la situation
devienne chaotique, qu'elle décide d'intervenir. C'est ce que certains
qualifient de « médecins après la mort ».
L'institution mondiale de la paix connaît aussi
certaines limites du point de vue de la neutralité des missions de
l'O.N.U dans la zone Ouest-africaine.
SECTION II : Neutralité et
changements inattendus des mandats en cours de l'O.N.U
L'organisation des Nations Unies intervient presque dans
toutes les crises politiques qui secouent le monde. Aujourd'hui, dans la zone
Ouest-africaine toujours considérée jusque là comme la
plus stable du continent, fait intervenir le conseil non pas pour une
assistance économique mais pour sa stabilité.
A cet effet, même si, dans certaines mesures, on a
noté des satisfactions vis-à-vis des actions de l'organisation
universelle de la paix, dans d'autres, ce n'est pas souvent le cas. Il convient
de développer tour à tour l'absence de neutralité des
organes de l'O.N.U (PARAGRAPHE I) et les changements des
mandats en cours de l'organisation qui, à mon sens, justifient aussi
l'inefficacité des actions menées (PARAGRAPHE
II).
PARAGRAPHE I : Absence de
Neutralité des organes de l'O.N.U
Par définition, la neutralité signifie pour une
force de maintien de la paix, le fait de s'abstenir à prendre partie
pour un des belligérants. Les forces d'interposition de l'O.N.U ne
doivent en aucun cas prendre position pour l'une ou l'autre des parties aux
conflits. C'est cette neutralité qui fait la force du conseil de
sécurité. Ainsi, avec cette neutralité observée,
l'Organisation des Nations Unies, de par ses organes, obtient plus de
crédibilité au regard des parties. A cet effet, le Conseil
accède à toutes les informations détenues par les
belligérants. Toutefois, il faut souligner que neutralité n'est
pas forcément passivité.
Le conseil de sécurité doit avoir la
capacité de traiter équitablement les conflits dans lesquels il
intervient. Pour pouvoir trancher les litiges, le conseil doit accorder aux
belligérants les mêmes possibilités de concertations et
doit être équidistant, c'est-à-dire sans influence aucune
en faveur de l'une ou de l'autre des parties.
La force de paix du conseil de sécurité doit
observer une double indépendance. Dans un premier temps, le conseil doit
être indépendant vis-à-vis des parties. Dans un second
temps, il doit aussi l'être par rapport aux Etats mandants. Vu
l'importance de la mission des forces de l'O.N.U, la neutralité de la
force de la paix se mesure à deux niveaux. Il s'agit entre autre lors du
déploiement de la force de l'O.N.U sur le théâtre des
affrontements mais aussi lorsque la force commence à exécuter son
mandat.
L'envoi de la force de sécurité de l'O.N.U doit
être bien préparé et coordonné. Ainsi, avant
d'envoyer la force sur le terrain, il faut fonder cela sur un accord entre les
parties c'est-à-dire, entre les belligérants et le conseil de
sécurité de l'O.N.U. Si ceci est fait, les belligérants
seront mieux préparés à collaborer avec les forces de
sécurité, c'est-à-dire les casques bleus.
Malgré toutes ces recommandations constatées, on
note très souvent des manquements, de la part des forces de
sécurité dans leurs actions d'intervention dans la région
Ouest-africaine. Du point de vue des déploiements de la force de paix de
l'O.N.U, on note parfois que ceux-ci sont parfois faits dans des circonstances
de guerre ou de tension extrême résultant d'une dégradation
de l'Etat et de la confiance des acteurs. Dans ces types d'interventions, la
cohabitation entre les forces de l'O.N.U et les belligérants n'est pas
des meilleures du fait que la force d'intervention est souvent vue comme une
ingérence faite de façon illégale.
Dans ce contexte, la force de paix sera confrontée
à une opposition avec d'autres forces soit rebelles soit forces
loyalistes de l'Etat comme ce fut le cas en Côte d'Ivoire avec les forces
loyales au Président Laurent Gbagbo et la forces de
sécurité déployée sous l'impulsion de la France.
Dans le conflit Sierra Léonais ou encore Libérien, les forces de
sécurité ont dû faire face à l'opposition des
groupes armés qui considéraient que ces opérations
étaient dirigées contre eux. Cette situation a fait obstacle au
règlement des crises car elle avait favorisé un manque de
confiance entre la force de paix de l'O.N.U et certaines factions.
Toutefois, il faut noter que le manque de neutralité
n'est pas toujours effectif. Ce sont tout simplement les belligérants
véreux qui, parfois, imputent à tord à la force de
sécurité de l'Organisation des Nations Unies son manque de
neutralité dans ses interventions. Dès fois même, la
proximité des mandataires de l'O.N.U avec une des parties au conflit est
parfois source de méfiance.
Dans d'autres cas, nous dit Sady Sidy, 61 c'est la
difficulté pour la force de paix d'identifier les interlocuteurs,
à négocier avec de nombreux belligérants qui est
considérée par certains d'entre eux comme une partialité.
En effet, les parties ne sont pas souvent faciles à identifier. Par
exemple dans des conflits tels que celui Sierra Léonais et
Libérien, les factions étaient tellement nombreuses qu'on pouvait
se perdre dans les négociations.
61 Sady Sidy, règlement des conflits en
Afrique, Thèse, Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Des factions sont même nées après
éclatement des conflits ou même encore après qu'un accord
ait été trouvé entre les parties. Ceci ne fait, qu'en
fait, bouleverser les protocoles d'accord déjà signés.
Ainsi, des cas de ce genre ont été constatés dans le
conflit Libérien et ceci est fréquent dans le continent noir
africain. Pour résoudre ce problème de la multiplication des
factions après accord, on pourrait interdire lors des accords de paix,
la reconnaissance ultérieure de factions nées
postérieurement.
En définitive, la neutralité de la force de
sécurité est indispensable pour la réussite des
opérations qu'elle conduit. Seule la neutralité permet aux
troupes chargées du maintien de la paix de moduler l'usage de la force.
Au-delà de cette absence de neutralité constatée des
éléments du conseil de sécurité qui limitent
l'efficacité de l'action de l'organe de paix, on peut aussi penser aux
changements inattendus des mandats de l'ONU en cours.
PARAGRAPHE II : Les changements
inattendus des mandats en cours de l'O.N.U
Si l'E.C.O.M.O.G a été une opération
caractérisée par la flexibilité controversée de son
mandat, les opérations mises en place par les Nations Unies ont eu, au
contraire des mandats clairs mais limités. Cette étroitesse va
attirer notre attention dans les développements qui suivent.
Au-delà de ces étroitesses des mandats des Nations Unies, nous
nous engagerons à étaler les changements inconvenants des mandats
soit par les représentants, soit les forces d'interposition.
La M.I.N.U.S.I.L (Mission des Nations Unies en Sierra Leone) a
été créée par la résolution 1270 du 22
octobre 1999. Il ne s'agissait pas de la première opération des
Nations Unies en Sierra Leone. La M.I.N.U.S.I.L venait remplacer la
M.O.N.U.S.I.L (Mission d'observation des Nations Unies en Sierra Léone),
créée une année auparavant par la résolution 1181
du 13 juillet 1998. La M.O.N.U.S.I.L a été une opération
mort-née. Outre le nombre insignifiant d'observateurs
déployés, un maximum de 210 observateurs militaires est
autorisé en août 199962, le mandat de la M.O.N.U.S.I.L
est étroitement limité. Elle doit suivre l'évolution de la
situation sur le plan militaire et sur le plan de la sécurité,
ainsi que superviser le désarmement et la démobilisation et aider
à assurer le respect du droit international humanitaire ; ce qui, vu la
situation de guerre civile, de cessez-le-feu constamment violés et
d'anarchie politique, était difficilement réalisable.
62 S/RES/1260, du 20 août 1999, § 4.
C'est ainsi qu'en janvier 199963, le mandat de la
M.O.N.U.S.I.L n'est prorogé que pour deux mois alors que le
Secrétaire général avait recommandé une prorogation
de six mois. Comme le souligne Louis Balmond, l'Organisation semble donc, pour
le rétablissement de la paix, s'en remettre avant tout à la
C.E.D.E.A.O et à l'E.C.O.M.O.G64.
Mais la M.I.N.U.S.I.L n'est pas sensée remplacer
seulement la M.O.N.U.S.I.L, mais aussi l'E.C.O.M.O.G, qui se retirera une fois
la M.I.N.U.S.I.L en place. Cependant, ce retrait n'était prévu,
ni dans la résolution créant la M.I.N.U.S.I.L, ni dans l'accord
de paix de Lomé du 7 juillet 199965. Au contraire, l'accord
de Lomé dispose à l'article XIII que le mandat de l'E.C.O.M.O.G
devra être révisé de la manière suivante : "(i)
maintien de la paix ; (ii) sécurité de l'Etat sierra
léonais ; (iii) protection de la M .I.N.U.S.I.L ; (iv) protection du
personnel du Programme de Désarmement, Démobilisation et de
Réintégration". On retrouve une situation déjà
rencontrée en Bosnie-Herzégovine, à savoir une mission des
Nations Unies protégée par un organisme régional ayant les
moyens militaires appropriés. Il est difficile de déterminer la
date exacte du retrait de l'E.C.O.M.O.G. Le dernier des documents officiels se
référant encore à la présence du bras armé
de la C.E.D.E.A.O en Sierra Leone date du 19 mai 200066.
Enfin, le mandat principal de la M.I.N.U.S.I.L est de
coopérer à l'exécution de l'Accord de paix de Lomé
avec le gouvernement sierra-léonais et les autres parties à
l'Accord67. Suite à la débâcle des terroristes
et du R.H.D.P, en Décembre dernier, à l'issue de la marche
insurrectionnelle par eux organisée pour tenter de prendre possession de
la R.T.I (Radiodiffusion Télévision Ivoirienne), Young Jin Choi,
représentant spécial du Secrétaire général
de l'O.N.U en Côte d'Ivoire, a décidé d'accroitre la
capacité opérationnelle des forces subversives se faisant
abusivement appeler Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire.
Dans cette perspective, plusieurs mercenaires ressortissants de la
sous-région ont été enrôlés dans les
effectifs de l'O.N.U.C.I.
63 S/RES/1220, du 12 janvier 1999, § 1.
64 "Chronique des faits internationaux" (dir. Louis
Balmond), RGDIP, 1999, n° 2, p. 485.
65 Accord de paix entre le gouvernement de la
République de Sierra Leone et le Front révolutionnaire uni de
Sierra Leone (RUF/SL), Lomé, le 7 juillet 1999 in AJICL,
octobre 1999, tome 11, n° 3, p. 583-610. Conclu sous les auspices du
Président en exercice de la CEDEAO, M. Gnassingbé Eyadema.
66S/2000/455, du 19 mai 2000, "Quatrième
rapport du Secrétaire général sur la mission des Nations
Unies en Sierra Leone". Il indique au paragraphe 18 que le 28 avril 2000, "un
accrochage entre des soldats de l'ECOMOG et des membres de l'ex-armée
sierra-léonaise au sujet d'un véhicule volé" a eu lieu.
67 67[26] S/RES/1270, § 8 a).
La stratégie consiste, selon des sources internes
à l'organisation, à remplacer les soldats des contingents qui se
retirent pour des raisons de fin de mission, par des mercenaires
recrutés au sein de la rébellion ou de la sous-région.
Cette opération est entrée dans sa phase active avec les
effectifs du Niger, du Benin et du Sénégal. S'agissant du Niger,
13 soldats retournés dans leur pays ont été
automatiquement remplacés par des mercenaires, avec la complicité
du Commandant du contingent nigérien, Assoumane Abdou dont la troupe a
formé le bataillon d'infanterie et de parachutistes. Selon des
informations en provenance du Nord du pays, ils mènent des patrouilles
ces derniers jours à la frontière entre la Côte d'Ivoire et
le Burkina Faso et escortent des missions de l'O.N.U à la ville
frontalière de Tingrela.
Ce sont eux qui, au sein de l'O.N.U.C.I, facilitent le trafic
économique au profit de l'opération de destruction dans le grand
nord de la Côte d'Ivoire. Quant au Bénin, il a rappelé 15
hommes que Choi et ses lieutenants ont remplacés aussitôt, avec
l'aval du Commandant du bataillon béninois, le Lieutenant-colonel Sanni
Bachabi. Ces mercenaires sont chargés notamment de prendre part en
secret, aux combats entre les F.D.S et les rebelles à Guiglo et
Touleupleu, afin de favoriser l'avancée des rebelles avec l'appui
logistique mis à leur portée. On note également la
relève et le remplacement de 37 soldats sénégalais, avec
la couverture du Lieutenant-colonel Sadio Diallo.
Ce sont ces mercenaires infiltrés au sein du contingent
sénégalais qui, selon les mêmes sources, opèrent
dans le district d'Abidjan. Sous les insignes de l'O.N.U.C.I, ils ont fait
plusieurs victimes dans les rangs des Forces de Défense et de
Sécurité dans la commune d'Abobo aux premières heures de
l'insurrection. Avec la complicité de Choi et des
`'véritables» casques bleus mandatés par l'O.N.U, ils ont
réussi à convoyer des armes dans certains quartiers du district
d'Abidjan, attendant l'arrivée d'autres mercenaires recrutés pour
entrer en scène. Comme on peut le constater, l'O.N.U est, en Côte
d'Ivoire, en train de violer toutes les dispositions des accords et autres
traités internationaux, y compris les accords de Vienne, la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et la Charte même de
l'Organisation des Nations Unies qui fait de la souveraineté des Etats,
de la paix, de la sécurité et des droits de l'homme la raison
d'être de sa création. Ceci, il le fait par le biais de la
politique Française en Côte d'Ivoire68.
68 Hugo SADA, la coopération militaire
française en Afrique
CONCLUSION
Après avoir incarné pendant
de nombreuses années un modèle de stabilité politique et
de prospérité économique, l'Afrique de l'Ouest a
sombré dans le chaos de la guerre depuis un certain temps. Depuis la
Guerre a éclaté dans la zone Ouest africaine, on note une
continuation précoce des hostilités dans cette partie du
continent. Ces conflits sont parfois d'une atrocité telle, qu'ils
deviennent difficile voire impossible à résoudre. Face aux
raisons qui peuvent animer les uns et les autres, les accords de paix restent
le plus souvent difficiles à obtenir.
La majorité des conflits examinés (en 2000) sont
difficiles à résoudre. Les regroupements rebelles actuels tendent
à se fragmenter, chaque faction ayant accès à des revenus
et à des armes, les combats se déroulent dans des régions
éloignées et les belligérants sont convaincus que leurs
intérêts sont menacés. Il n'est pas facile d'instaurer la
paix lorsque les combattants veulent continuer à se battre et qu'ils en
ont les moyens. Devant les conséquences humaines, économiques,
environnementales, et même politiques, les acteurs africains comme
transafricains se sont manifesté l'intérêt de trouver des
solutions définitives aux conflits qui naissent dans le continent en
général et en Afrique de l'Ouest en particulier.
Les Nations Unies, depuis un certain temps interviennent ou
sont intervenues dans a zone Ouest-africaine pour mettre fin à des
conflits faisant beaucoup de morts. C'est par exemple le cas, dans le conflit
Libérien, Sierra Léonais, Ivoirien. Toutes ces interventions ont
été faites en concert avec l'U.A ou la C.E.D.E.A.O même si
parfois y'a eu des grincements de dents entre ces dites organisations.
Toutefois, de plus en plus, on assiste comme à un désistement de
l'O.N.U au détriment de la C.E.D.E.A.O ou de l'U.A.
En résumé, l'enthousiasme récemment
suscité par l'idée de confier la promotion de la paix et de la
sécurité sur le continent aux pays et organisations africains est
imprudent. Boutros- Ghali, alors Secrétaire général, a
certes eu raison d'affirmer que l'Organisation des Nations Unies « ne peut
s'occuper de tous les conflits et de toutes les menaces de conflit »; mais
il y a une marge entre cela et le fait que le Conseil de sécurité
n'essaie plus de régler les nombreux conflits, en puissance ou
réels, qui menacent le monde.
Il est particulièrement inquiétant qu'on mette
autant d'insistance sur le partage du fardeau pour ce qui est de l'Afrique,
continent où le besoin de soldats de la paix est sans doute le plus aigu
et où les forces autochtones disponibles se heurtent au plus grand
nombre d'obstacles.
Le Secrétaire général, Kofi Annan, a bien
fait de rappeler que l'Organisation des Nations Unies n'avait « ni les
moyens, ni les compétences requises pour régler tous les
problèmes pouvant surgir » en Afrique, mais on pourrait en dire
autant sinon plus des nouveaux « partenaires » africains de
l'O.N.U.
Les organisations et groupements ponctuels africains font
face, à la plupart des mêmes difficultés que les forces de
maintien de la paix des Nations Unies, mais ils ont à surmonter de
nombreux autres obstacles. Les efforts que font les pays africains et les pays
occidentaux pour renforcer les capacités de l'Afrique en ce qui concerne
le maintien de la paix constituent une assise. Il faut partir de là,
mais le Conseil de sécurité des Nations Unies doit pour sa part
s'affirmer de nouveau pour assurer le maintien de la paix sur le continent.
Cette affirmation peut ne pas être le fait pour les Nations Unies de
déployer des forces dans la zone Ouest-africaine. Il va consister pour
le déploiement des Nations Unies, d'apporter aides et assistance
conséquentes aux organisations de paix du contient africain. Le
continent dispose d'hommes et de femmes capables de régler les
problèmes auxquels il se trouve confronter. Seulement, un certain nombre
de moyens manque aux africains que nous sommes. Il s'agit entre autre de la
formation, de la logistique, des finances etc....
En ce qui concerne la formation, il faut noter que nos
armées très en retard en termes de formation. Les militaires sont
parfois envoyés sur le terrain des hostilités avec en ayant en
conscience qu'ils n'ont pas acquis complètement leur formation. C'est
par exemple ce que nous racontent beaucoup d'analystes sur la question du Mali.
Ceci se confirme même avec les images montrées sur la chaîne
Africable en fin du mois d'août de l'année de la crise. De ces
images, on observe de jeunes volontaires enrôlés dans
l'armée pour aller libérer le Nord du Mali alors même que
le pays ne s'est pas engagé véritablement dans une guerre avec
son armée. Les pays africains du fait de leur état de
pauvreté, sont incapables de doter leurs armées de
matériels logistiques modernes et de qualité.
C'est pour ces raisons parfois que leurs missions sont le plus
vouées à l'échec. Les finances sont d'une importance
capitale dans la lutte contre les guerres, conflits ou autre. Lorsqu'une guerre
éclate, il faut mobiliser des militaires, des civiles soit
médecins, soit des volontaires ou autres et tout ce personnel
nécessite des moyens colossaux. Ainsi, les Nations Unies doivent
apporter toute cette assistance t aides aux africains pour que les conflits
puissent être stoppés le plus vite possible. C'est pour dire que
les mécanismes africains de règlement des conflits existent, mais
les moyens d'accompagnement sont le plus souvent inexistants.
En définitive, les Nations Unies doivent être au
chevet des africains en termes de moyens et non en termes d'influence et de
dicta pour faire face aux conflits qui guettent le continent. Il faudrait aussi
une bonne coordination des actions des Nations Unies avec celles de l'Union
africaine et de la C.E.D.E.A.O sur le terrain des opérations. Cette
coordination doit aussi se sentir au niveau de la préparation des
opérations de déploiement des forces sur le théâtre
des opérations. Si toutes ces recommandations sont satisfaites, nous
sommes convaincus que beaucoup de conflits n'auraient pas vu le jour. En
définitive, les Nations Unies comme la C.E.D.E.A.O et l'U.A doivent,
ensemble, prendre « à bras le corps », la
sécurité du continent comme une de leurs priorités. Ceci
pour dire que sans la paix, on ne peut asseoir un développement
sûr et viable.
OUVRAGE
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Sciences Juridiques, Politiques et Economiques), pour l'obtention d'une
Maîtrise de Droit Public (option International et Communautaire)
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Chef de la division Maintien de la paix Communauté économique des
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matière Défensive (ANAD), signé le 9 juin 1977 à
Abidjan (Côte d'ivoire) par sept des neuf pays francophones de l'Afrique
de l'ouest ;
> Le Protocole de Non Agression (PNA), signé par les
Etats membres de la CEDEAO le 22 avril 1978 à Lagos au Nigéria
;
> Le Protocole d'Assistance Mutuelle en matière de
Défense (PAMD), signé le 22 mai 1981 à Freetown en Sierra
Leone (et entré en vigueur en 1986) par les Etats membres de la CEDEAO
à l'époque sauf le Mali, le Cap Vert et la Guinée Bissau
;
> Le Traité révisé de la CEDEAO
signé a Cotonou le 23 juillet 1993, notamment en son Article 58 ;
> Protocole relatif au Mécanisme de
Prévention, de Gestion, de Règlement des Conflits, de Maintien de
la Paix et de la Sécurité, signé le 10 décembre
1999 à Lomé au Togo par les Etats membres de la CEDEAO, abrogeant
toute disposition antérieure contraire ;
> Protocole A/SP1/12/01 sur la Démocratie et la
Bonne Gouvernance Additionnel au Protocole relatif au Mécanisme de
Prévention, de Gestion, de Règlement des Conflits, de Maintien de
la Paix et de la Sécurité, signé le 21 décembre
2001 à Dakar (Sénégal) par les Etats membres de la CEDEAO
;
> Convention de la CEDEAO sur les armes
légères et de petit calibre, leurs munitions et autres
matériels connexes, signée par les Etats membres à Abuja
(Nigéria), le 14 juin 2006.
Cadre de Prévention des Confits de la CEDEAO (CPCC),
Règlement MSC/REG.1/01/08, Commission de la CEDEAO, Janvier 2008.
? Résolution 1509 (2003) du Conseil de
sécurité sur la création de la Mission des Nations Unies
au Liberia.
TABLE DES MATIERES
SIGLES ET ABREVIATIONS 4
INTRODUCTION 7
PREMIERE PARTIE : De la nécessité d'intervention de
l'O.N.U dans la zone 17
CHAPITRE I : La défaillance des mécanismes
juridiques et institutionnels africains 17
SECTION I : Les mécanismes juridiques africains 18
PARAGRAPHE I : Les mécanismes juridiques à vocation
continentale 18
PARAGRAPHE II : Les mécanismes juridiques
sous-régional 21
SECTION II : Des institutions africaines à l'inertie 24
PARAGRAPHE I : Des organes aux pouvoirs limités 25
PARAGRAPHE II : L'influence des puissances
étrangères 27
CHAPITRE II : Faiblesses relatives aux moyens employés
29
SECTION I : Les moyens humains 29
PARAGRAPHE I : Un personnel mobilisable insuffisant 29
PARAGRAPHE II : Un personnel souvent peu qualifie 32
SECTION II : Les moyens financiers et matériels 34
PARAGRAPHE I : Des moyens financiers 35
PARAGRAPHE II : Des moyens logistiques et matériels
insuffisants ou archaïques 37
DEUXIEME PARTIE : Les forces et faiblesses des interventions de
l'O.N.U dans la zone 40
CHAPITRE I : Les forces de l'intervention de l'O.N.U dans la zone
40
SECTION I : Les actions politiques de l'intervention de l'O.N.U.
40
PARAGRAPHE I : Rapprochement des belligérants 41
PARAGRAPHE II : Défense des droits de l'homme 42
SECTION II : Les actions humanitaires et économiques de
l'O.N.U. dans les crises Ouest-
Africaines 45
PARAGRAPHE I : Les apports humanitaires 46
PARAGRAPHE II : Les actions économiques des Nations
unies dans les conflits 48
CHAPITRE II : Les faiblesses de l'intervention onusienne 51
SECTION I : Faiblesses dans l'autorisation des OMP 51
PARAGRAPHE I : Impossibilité d'agir promptement et
efficacement 52
SECTION II : Neutralité et changements inattendus des
mandats en cours de l'ONU 57
PARAGRAPHE I : Absence de neutralité des organes de
l'ONU 57
PARAGRAPHE II : Les changements inattendus des mandats en
cours de l'ONU 59
CONCLUSION 62
BIBLIOGRAPHIE 64
Page 68
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