Exploitation minière et conflits fonciers. Cas de la localité de Hiré (Côte d'Ivoire).( Télécharger le fichier original )par yao cyprien YAO Université Félix H.Boigny (Côte dà¢â‚¬â„¢Ivoire) - Master1 Sociologie spécialité: Environnement 2014 |
2-Constat et problème de rechercheCette recherche s'appuie sur un seul constat relatif à la persistance de conflits fonciers dans la localité de Hiré en dépit de l'existence d'un comité de gestion et d'arbitrage de ces dits conflits. Les détails de ce constat sont précisés dans les lignes qui suivent : Tout d'abord, une appropriation de la terre par l'externalisation du biologique au coeur de l'exploitation minière (Le Meur, 2010). En effet, lesactivités minières induisent des problèmes environnements à savoir : de vastessuperficies de terres cultivables affectées ; la destruction de dizaines d'hectares de plantation de cacao ; la délocalisation forcée de plusieurs villages ; des pertes d'espèces biologiques et d'habitats naturels ; des puits d'orpaillage non réhabilités ; la pollution au cyanure des ressources en eau (KOUADIO, 2008 op.cité ; Djezou (2012) cité par LOBE et al, 2013, op. cité.; LASSI, 2010 ; BAMBA, 2012). Ensuite,cette appropriation de la terre par la destruction entraine des changements dans les rapportsfonciers et accroit les conflits. En ce sens, la réalité sociale est-elle l'apanage de vives tensions. Primo, entre acteurs de l'économie minière et ceux de l'économie agricole. Des propriétaires de terres et de cultures exigent des compensations à la multinationale Newcrest (Dama 2012 ; Rabbi, 2013 ; Gbalet, 2014 ; Bakayoko, 2015).Ces revendications de dédommagements deviennent souvent violentes conduisant ainsi à l'incarcération de manifestants3(*). Cette situation est encore une fois de plus amplifiée par la promiscuité entre les sites d'exploitations minières et lieu d'habitations des riverains4(*). Secundo, ces tensionsrejaillissent sur les communautés locales.En fait, les dynamiques de transformations foncières suscitent des rapports conflictuels entre les populations locales en particulierentre migrants, entre autochtones et migrants,entre villages autochtones5(*), entre familles et à l'intérieur même de celles-ci. En outre, l'exacerbation deces conflits et tensions autour du foncier soulèventdes défis de gestion et d'arbitrage. En réalité, les archives de la chefferie de Bouakako et ceux de la sous-préfecture de Hiré montrent qu'il ne se passe pas un jour que des conflits fonciers ne soient arbitrés6(*).Afin de les endiguer pour in fine rétablir l'équité et la paix sociale, un comité de gestion de ces dits conflitsaétémis en place. Cependant, les conflits deviennent de plus en plus multiples et multiformes7(*). Dès lors, cette situation traduit un écart entre ce qui est et ce qui devrait être.Un problème scientifique se définissant par ailleurs sous la forme d'une tension entre savoir et non-savoir(Dumez, 2011, p.16), le problème de recherche qui émerge peut se traduire de la manière suivante : L'incursion de l'exploitation minière dans la commune de Hiré a généré l'accroissement des inégalités sociales etla recrudescence de conflits fonciers entre acteurs locaux et entreprises minières d'une part ; et d'autre part, entre les populations locales elles-mêmes. Afin de juguler ces tensions, la société minière avec l'appui des collectivités territoriales ont décidé de la mise en placed'un comité de gestion de ces dits conflits. Cependant, malgré l'existence de cette structure, les conflits fonciers persistent sur cet espace social. Le constat et le problème de recherche ont permis de préciser la question centrale et les questions subsidiaires exposées dans les lignes qui suivent. * 3 -Informations tirées Informations tirées du magazine AFRICA BUSINESS NEWSLETTER 52 année. N 2283. Du 11/05/2009 * 4 -Informations tirées de http//:www.linfodrome.com 2015 * 5 -Conflit entre les villages Bouakako, Gogobro et Gabia sur l'appartenance foncière de la mine d'or de Bonikro * 6 Au niveau des archives de la chefferie de Bouakako, nous avons enregistré 120 cas de conflits fonciers dont 30 sont déjà arbitrés. Les autres étant en cours d'arbitrage. * 7 Au niveau des archives du comité, 220 cas de conflits fonciers ont été portés à notre connaissance dont seulement 190 cas étaient déjà gérés par cette instance. Les plaintes portant sur les calculs de prix de types de cultures et l'inventaire de terres s'élèvent à 500 cas attendant d'être pris en compte par la multinationale. |
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