1
1. ETAT DE LA QUESTION
L'état de la question est défini par WAT MILS
comme « une théorie de progrès scientifique, le
progrès étant cumulatif, il n'est pas l'oeuvre d'un homme, d'une
quantité des gens qui révisent, critiquent et
élargissent.
Car, ajoute Jean CASENEUVE (1), la recherche
scientifique « ne peut progresser que dans la mesure où à
tous les niveaux, les chercheurs ont assimilé l'oeuvre de leurs
prédécesseurs et ne s'explosent pas à l'illusion de
découvrir ce que d'autres ont déjà trouvé depuis
longtemps ».
En effet, cette étude n'est pas la première sur
l'analyse de la gestion d'une crise ou d'un conflit par le conseil de
sécurité des nations Unies.
Bon nombre des travaux antérieurs ont retenus notre
intérêt.
Amani BYENDA (2), dans son étude sur la
contribution de l'union africaine dans la résolution du conflit de
Darfour pense que ce conflit s'explique par des causes nationales,
régionales et internationales. Dans sa genèse, le conflit du
Darfour s'inspire fortement des idéologies islamistes, religieuses,
ethniques, frontalières entre le Nord et le Sud et d'ici
récemment des ressources pétrolières devenues le malheur
du peuple soudanais.
L'auteur pense que les ambitions personnelles, les motivations
idéologiques, les calculs géographiques, les retombées du
conflit israélo-arabes, les visées pétrolières et
hydrauliques, contribue à envenimer le conflit ou la multiplication des
acteurs.
Ainsi toutes les tentatives effectuées depuis le
début de la crise pour faire cesser les combats sont demeurés
vaines et les conséquences ne font que s'accentuer du jour le jour.
Selon l'auteur, dans le but de résoudre pacifiquement
les différends qui ont éclatés depuis Juillet 2003, entre
les régimes de Khartoum et les principaux mouvements et groupes rebelles
soudanais, l'UA participe sous deux formes d'interventions : d'une part elle
participe par l'entremise des procédés diplomatiques et
juridictionnels et d'autres par sous formes d'opération militaire des
maintient de la paix.
L'auteur termine par établir le bilan largement
négatif des actions de l'UA, tout en proposant certaines innovations de
l'organisation pour améliorer ses interventions.
1 J. CASENEUVE, Méthodes de recherche
scientifique, Paris, Payot, 1989.
2 A. Amani BYENDA, l'Union Africaine et sa
contribution dans la maintien de la paix au Darfour, Bukavu, UOB, TFC,
2007-2008, Inédit, p.26
2
Faisant une analyse comparée des Missions des Nations
Unies au Darfour et en Somalie, Magadju TEGEMEO (3), pense que si
pour l'ONUSOM on parle d'un échec de la Mission, il nous est difficile
d'en dire autant pour la MINUAD car bien que celle-ci n'ait encore atteint ses
objectifs, elle continue à poursuivre son action au Soudan et continue
à s'activer pour la réussite.
Parlant du mandat de la MINUAD, il constate que son objectif
principal était de mettre fin au conflit apposant le mouvement rebelle
à l'armée soudanaise et aux milices soutenues par le gouvernement
soudanais.
L'auteur constate qu'à part le fait que la MINUAD s'est
efforcé à apporter son soutien à la médiation
conjointe UA/ONU, aucun de ses objectifs n'a jusque là été
atteint.
Au fait, MUDOSA Yissa (4) dans son étude sur
les modes internationaux des règlements des différends, pense que
la scène internationale est un monde de compétition où
chacun cherche le pouvoir, la puissance et la domination.
De cette domination peuvent naître des différends
conduisant ainsi au conflit.
Selon lui, il n'a jamais été contesté que
les Etats parties à un différend, soient parfaitement libres de
choisir tout mode de règlement qui leur parait approprié.
Leur liberté ne connait pas en principe d'autres
restrictions que celle dont ils sont engagés à faire usage de
l'une ou l'autre technique particulière.
Ainsi MUDOSA pense que la Communauté Internationale
semble encourager les modes diplomatiques et juridictionnels dont les
caractéristiques sont :
- La médiation, l'enquête, la conciliation
internationale, l'arbitrage et le règlement judiciaire.
Faisant l'étude sur la gestion des conflits, Christine
MARSAN (5) présente le conflit comme partie prenante de la
vie sociale.
Selon elle, depuis Darwin, tous les scientifiques se mettent
d'accord pour dire que l'évolution de la vie passe par
l'agressivité et le conflit.
L'auteur pense que lorsqu'il s'agit de guerre ou de conflit
armé, la violence manifestée se traduit par des nombreux morts et
un long cortège d'atrocités rendant le conflit négatif et
incitant d'avantage à l'éviter.
3 M. TEGEMEO, analyse comparée des missions
des Nations Unies au Darfour et en somalie, Bukavu, UOB, TFC, 2008-2009,
Inédit, p.60
4 J. MUDOSA, Modes internationaux de
règlement des différends : cas de la péninsule de Bakasi,
TFC, Bukavu, UOB, 2007 - 2008 Inédit.
5 C. MARSAN, Gérer les conflits,
Paris, Dunod, 2005. p. 287.
3
Ainsi, le conflit est des natures riches, complexes,
variées aux multiples composants qui le rendent d'autant plus
intéressant.
Finalement l'auteur pense que le conflit est envisagé
de manière positive tant qu'il est l'occasion de croissance et qu'il
peut être résolu dans le respect de l'autre, de ses arguments, de
ses convictions et de sa différence.
SUY, E (6) étudiant les conflits en Afrique
: « Analyses des crises et pistes pour une prévention globale
», pense que ces trente dernières années ont vue se
produire en Afrique de grands bouleversement sociaux consécutifs aux
conflits armée et interethnique.
Il considère que la forme de la contestation politique
privilégié par les parties au conflit a souvent été
la violence armée, la guerre, les coups d'Etat sanglants ou les
rébellions armées semblent avoir été le mode de
règlement des différends auquel les protagonistes des crises en
Afrique ont le plus souvent recouru.
Selon le chercheur, la coopération internationale dans
ce domaine a souvent été de nature « réactive »
dans la mesure où elle cherchait avant tout à limiter l'impact ou
la durée des conflits en cours.
L'approche « proactive » qui recouvre des mesures
cherchant à éviter le déclenchement du conflit n'a pas
encore été suffisamment exploitée.
Se contentant de ne réagir que lorsque les conflits se
déclenchent, la communauté internationale dirigeant son
intervention vers des mesures curatives répondant à
l'immédiat.
Portant défi de cette évidence et des
conséquences politique qu'en des intérêts
géopolitiques des grandes puissances, fut incapable de susciter des
dialogues de paix constrictive lors du règlement de ces conflits.
L'auteur pense que, afin de coopérer efficacement avec
la société africaine, il devient impératif de
connaître non seulement les enjeux apparents des crises politiques en
Afrique mais également d'étudier les ressorts anthropologiques,
culturels et sociaux qui sous - tendent la dynamique réelle des tentions
et crises sur ce continent.
Dans son ouvrage : « le Darfour : un génocide
ambigu » M Prunier (7) pense que le Soudan, pays le plus vaste
d'Afrique et l'un de plus pauvre du monde, reste en proie aux sanglants
déchirements et aux tragédies humanitaires.
6 E. SUY, Conflit en Afrique : analyse des crises et pistes
pour une prévention, Bruxelles, fondation roi Baudouin/MSF, 1997,
p. 9.
7 M. Prunier., le Darfour, un génocide ambigu,
8 D. Colard, les relations internationales de 1945
à nos jours, 8ème éd., paris, Armand
colin, 1977 - 1999. P.354.
4
Selon l'auteur, il serait erroné de réduire le
conflit principal de la nation soudanaise à un antagonisme inextricable
entre le nord arabe musulman et le sud africain chrétien ou animiste.
L'auteur pense que voir l'actuel conflit du Darfour sous l'angle social d'un
affrontement entre Arabe et Noirs musulmans est un simplisme ne rendant pas
compte de l'imbroglio soudanais.
M. Prunier nous décrit la confiance et l'attente de la
paix qu'à la population après la résolution 1769 du
conseil de sécurité consacrant la force hybride (ONU/UA).
Si bon nombre d'auteurs ont analysé l'évolution
et l'impact des conflits sur la scène internationale, à travers
cette étude nous voudrons comprendre l'implication du C.S dans la
gestion de la crise du Darfour.
2. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESE
Le problème de paix et de la guerre, de la
sécurité et de l'insécurité, est un problème
qui hante depuis des temps l'humanité.
En effet, le recours à la force et à la violence
caractérise les relations internationales. Les Etats étant
souverains et la société qui les composent mal organisées,
faute d'une centralisation du pouvoir, la compétence de guerre
s'exercent librement du moins jusqu'à la création de l'ONU.
L'idée d'assurer la paix par le droit et la sécurité
collective née avec la première guerre mondiale.
Dans un monde de plus en plus unitaire et solidaire, le
rôle du droit de la guerre, a une importance primordiale. D'abord, il
devient tout à fait indispensable pour organiser pacifiquement la vie
des Etats à l'ère atomique et régler les problèmes
transnationaux ; ensuite, il demeure le meilleur protecteur des petits, des
faibles et des moyens contre les grands. Jusqu'en 1945, la « force du
droit » était le « droit de l'ordre politico - juridique
pré nucléaire ». (8)
Pour la première fois dans l'histoire de
l'humanité, l'art 224 de la charte de 1945 a supprimé le recours
à la violence dans les relations internationales : « les membres de
l'organisation s'abstiennent dans leur relations de recourir à la menace
où à l'emploi de la force, soit contre l'intégrité
territoriale ou l'indépendance politique de tout Etat, soit de toute
autre manière incompatible avec les buts de l'ONU ».
5
La suppression de la compétence de guerre des Etats
s'accompagne naturellement de la mise en place d'un système de
règlement pacifique des conflits et d'un mécanisme onusien de
sécurité collective indispensable, plus efficace et plus
performant que celui de la SDN.
Au moment où le reste de l'humanité se mobilise,
et s'exerce à ce maintien de la sécurité et de la paix en
Afrique des conflits s'amplifient.
Il s'en sort que la forme de la contestation politique
privilégiée par les parties au conflit en Afrique a souvent
été la violence armée.
La guerre, les coups d'Etats sanglants ou les
rébellions armées semblent avoir été le mode de
règlement des différends aux quels les protagonistes des crises
en Afrique ont le plus souvent recourus (9).
C'est dans cette optique que depuis l'indépendance
marquant la fin de la présence Britannique le 1èr
janvier 1956, le demi - siècle écoulé n'est qu'une
chronique des guerres au soudan.
Le soudan, pays le plus vaste d'Afrique et l'un des plus
pauvres du monde, reste en proie aux sanglants déchirements et aux
tragédies humanitaires.
Le conflit du Darfour à l'ouest, s'éternise, le
sud épuisé, se relève péniblement de 21 ans de
guerre. A l'est, des combats sporadiques se poursuivent, les morts se comptent
par certaines de milliers, les personnes déplacées et les
réfugiés par millions.
Né en septembre 2002 le conflit du Darfour commence par
une révolte contre le pouvoir central, pour un meilleur partage des
richesses et du pouvoir. (10)
Des milices pro - gouvernementales arabes, les Janjawids, ont
été mises à l'oeuvre pour réprimer la
révolte du Darfour : les humanitaires estime qu'en trois ans et demi les
compte du Darfour et la crise humanitaires qui en découle ont fait entre
180.000 à 300.000 morts et que 2,4 millions des personnes ont
étés déplacées sans comptés les viols et les
pillages (4).
Il serait erroné de réduire le conflit principal
de la nation soudanaise à un antagonisme inextricable entre le Nord
arabe musulman et le Sud animiste ou chrétien.
Voir l'actuel conflit du Darfour que sous l'angle social d'un
affrontement entre Arabes et Noir musulman, est un simplisme ne rendant pas
compte de l'imbroglio soudanais.
9 E. SUY, Conflit en Afrique : analyse des crises et piste
pour une prévention, Bruxelles, Fondation roi Baudouin IMSF, 1997
pp 8- 9
10 M. Prunier, le Darfour un génocide
ambigu, Rapport de la croix rouge, 2006.
6
Mais il est indéniable qu'à travers des
régimes successifs surtout issus de coups d'Etat militaire, les
dirigeants Nordistes ont tenté d'imposer par les armes leurs dominations
sur le reste du pays. (11)
La lecture relativement simple jusqu'alors du conflit, lutte
d'arabes contre africains, s'en trouve d'autant plus compliquée «
Désormais le conflit concerne le tribu africaine contre le tribu
africaine, arabe contre arabe, éleveur des chameaux contre
éleveur des chameaux » ; Souligne le responsable du programme DERO
à Zalinge (12) l'insécurité est telle que comme
au Tchad, le nombre des déplacés a encore augmenté : fait
nouveau, certains de ces déplacés viennent de tribus arabes.
(13)
La journée mondiale pour le Darfour du samedi 15
Septembre 2006 permis de mettre cette région au coeur de
l'actualité mais les réfugiés et déplacés du
Darfour de chaque coté de la frontière attendent surtout de la
communauté internationale qu'elle se préoccupe du retour de la
paix dans leur région par l'envoie des troupes dans les meilleurs
délais. (14)
Considérant la crise du Darfour précitée
dans les lignes précédente comme menaçant la
stabilité et la paix de la communauté internationale toute
entière et regardant la mission du conseil de sécurité de
Nations Unies la question suivante mérite d'être posée :
Quels sont les moyens du conseil de sécurité de
Nations Unies pour la résolution du conflit de Darfour ?
En guise d'hypothèse nous avons estimés que les
moyens du conseil de sécurité Onusiens seraient définit
par son chapitre VI et VII .Il est également nécessaire
d'indiquer des mesures de sanction, d'embargo, des sanctions économiques
qui serait votés par le conseil de sécurité à
l'encontre des acteurs de la crise qui tenteraient de bloquer le processus de
paix.
L'organisation des dialogues politiques, les secours
humanitaires aux déplacé et l'organisation des élections
serait aussi des moyens efficaces du conseil Onusien et de la communauté
Internationale toute entière au dénouement de la crise du
Darfour.
La résolution 1769 du conseil de sécurité
prévoyant le déploiement d'une force hybride (ONUIUA) au Darfour
et la décision de l'envoi d'une force européenne à l'Est
du Tchad serait également des preuves tangibles de son engagement.
11 Un seul monde, n° 4 Décembre 2006,
Magazine de la DDC sur le développement et la coopération,
p.p. 15 - 19.
12 Agir ici - survie, dossier noirs de la
politique africaine de la France n° 1 à 5, Paris, Harmattan,
1996, pp 163 - 169.
13 Programme DERO est le programme action -
Caritas soutenus par le secours catholique à Zalingei (Darfour).
14 M. Prunier, le Darfour : un génocide
ambigu, Ed la table ronde, Paris, 2005, p 23.
7
3. CHOIX, OBJECTIFS ET INTERET DE L'ETUDE
Notre préoccupation est de comprendre comment le
conseil de sécurité gère la crise du Darfour pour sa
résolution.
Internationaliste en formation, cette étude nous a
permis d'acquérir des nouvelles connaissances sur la gestion d'une
crise, les moyens mis en jeu par le conseil de sécurité onusien
pour la gestion des crises dans les différentes régions d'une
part et d'autre part d'approfondir les théories acquises dans
différentes branches de notre formation.
En outre cette étude est utile pour la
société car elle dégage les mécanismes onusiens de
gestion des différends et des crises politiques dans nos
sociétés. Ne pouvant pas traiter toutes les données sur la
gestion de la crise du Darfour par le conseil de sécurité, notre
étude s'est limitée à comprendre d'abord la crise du
Darfour et ensuite l'implication du conseil de sécurité onusien
dans le dénouement de cette crise tout en insistant sur le défi
à surmonter.
En fin, ce travail est une source d'inspiration pour les
chercheurs et analystes qui voudront critiquer ou approfondir ce
thème.
4. DELIMITATION DE L'ETUDE.
Nos analyses portent sur la crise du Darfour de 2003 jusqu'en
2010.
Nous avons choisi l'année 2003 car c'est vers ces
années que le Darfour s'agite et entre visiblement en crise.
Aussi c'est vers 2003 que le Darfour connait une crise intense
conduisant à une catastrophe humanitaire que certains analystes et
défenseurs de droit de l'homme ont qualifiée de
génocide.
Nous avons également choisi l'année 2010 qui est
non seulement l'année où nous faisons nos recherches mais
également l'année où la crise du Darfour semble
donnée espoir d'une bonne issus. Aussi c'est au court de cette
année que la volonté de toute la communauté Internationale
se montre déterminante à mettre fin à cette crise.
8
5. METHODOLOGIE DU TRAVAIL
La méthodologie est l'ensemble des
procédés d'investigation et des techniques utilisées dans
une science.
Disons que la méthodologie est l'ensemble des
méthodes et des techniques. Enfin la méthodologie est
l'étude systématique, par observation, de la pratique
scientifique des principes qui la fondent et des méthodes des recherches
qu'elle utilise. (15)
5.1. Méthode
M. GRAWITZ définit la méthode comme étant
constitué des ensembles d'opérations intellectuelles par les
quelles une discipline cherche à atteindre les vérités
qu'elles poursuivent, les démontrent, les vérifient.
(16)
La communauté Internationale est un tout qui se veut
cohérent, cet ensemble est composé des éléments
jouant chacun un rôle important pour le maintien de l'ensemble,
La communauté Internationale est un tout qui agit sur
ces parties, les nations ; celles - ci (nations) exercent à leur tour
une action réciproque et non réductible à la
première sur la communauté.
Tout disfonctionnement des nations dites pauvres bien qu'au
service des nations dites riches crée le disfonctionnement de tout
l'ensemble. (17)
Notre étude se situant dans le champ d'étude de
sécurité et intéressant l'irrenologie (18),
elle se situe dans le niveau d'analyse systémique des relations
internationales.
Pour Max GOUNNELLE (19) l'analyse des RI est
possible à travers une analyse macroscopique et microscopique c'est le
niveau des systèmes et d'actes : ce niveau privilégie
l'explication des RI au niveau de la totalité et devient à
postuler qu'il existe un système International susceptible à
l'analyse au macroscope.
Cette méthode nous a permis de considérer l'ONU
comme un système global composé des sous systèmes qui sont
les organisations sous -régionales autour desquelles se pose le
problème de l'interdépendance, de coopération et de
solidarité.
15 M. GRAWITZ, Méthode des sciences
sociales, Paris, Dalloz, 2001, p. 350.
16 Ibidem, p. 351.
17 Albert Bruno, les méthodes des sciences
sociales, Mont chrétien, Paris, 1972, p.96.
18 L'irrenologie : science de la paix,
elle pose comme question centrale : comment régler les conflits, comment
consolider la paix, comment intervenir efficacement de manière
effective, comment assurer un maintien de la paix efficace.
19 Max GOUNNEL, cité par Florent MUNENGE,
Séminaire des Méthodes en relations Internationales,
cours de séminaire, UOB, L2RI, 2009 - 2010, p. 6 Inédit.
9
Cette globalité exprime à la fois
l'interdépendance des éléments du système et la
cohérence de l'ensemble, de sorte que le disfonctionnement ou le
déséquilibre d'un acteur comme l'UA entraîne directement le
déséquilibre de l'ensemble du système qui est l'ONU.
Fort de cette méthode systémique, nous pourrions
aisément comprendre le bien fondé de l'intervention ou
l'implication du conseil de sécurité onusien dans la gestion de
la crise du Darfour, et dont l'objectif est le maintien de la paix et la
sécurité de tout l'ensemble de la communauté
internationale.
5.2. Techniques.
Selon M. GRAWITZ (20), les techniques sont des
procédés opératoires, rigoureux, bien définis,
transmissibles, susceptibles d'être appliqués à nouveau
dans les mêmes conditions adaptés aux genres de problème et
de phénomène en cause. Pour récolter les données et
ainsi les interpréter nous avons recouru aux techniques des
récoltes et celles d'analyses des données ci-après :
5.2.1. Technique documentaire
Elle se définit comme étant l'art de rassembler
les matériaux nécessaires pour effectuer un travail scientifique.
Elle consiste à la fouille des documents écrits, documents
visuels ou audio visuels (21).
Madeleine GRAWITZ pense que le choix de l'utilisation des
techniques documentaires se justifie par le fait qu'elles permettent aux
chercheurs d'analyser les réalités se situant dans des documents
écrits pour buts de compléter ce que l'on a trouvé sur
terrain. (22) La littérature nous a permis ainsi
d'accéder et d'interroger différentes données et
informations contenues dans les ouvrages, revues, travaux scientifiques et
autres documents écrits disponibles à l'Internet.
Pour analyser les données, nous avons utilisés
la technique d'analyse de contenu. Celle - ci est d'après Madeleine
GRAWITZ (23) une technique des recherches pour la description
objective, systématique et quantitative du contenu manifeste des
communications ayant pour but de les interpréter.
20 M. GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales,
paris, Dalloz, 2001, p. 352
21 M. GRAWITZ, Méthodes des recherches en
sciences sociales, 5ème éd., paris Dalloz, 1986,
p. 418.
22 Ibidem
23 M. GRAWITZ, Méthodes de recherches en
sciences sociales, 5ème éd., Paris Dalloz, 1986,
p. 418.
10
Ainsi la technique d'analyse de contenu nous a permis de grouper
les données récoltées et les interpréter
objectivement.
6. SUBDIVISION DU TRAVAIL
Sans taire l'introduction et la conclusion, ce travail s'articule
sur deux parties : La première partie porte sur la considération
théorique générale, elle comprend deux chapitres dont le
premier chapitre planche sur la Notion d'insécurité : les
caractéristiques, les facteurs et les types d'insécurité y
sont présentés.
Le deuxième chapitre porte sur la Notion de conflit, il
table sur les conflits en R.I, les enjeux et les termes connexes au conflit y
sont présentés.
La seconde partie présente le cadre pratique de
l'étude où la crise du Darfour est étudiée : les
acteurs, les origines et les conséquences de cette crise sont
évoqués dans le premier chapitre, En fin, le deuxième
chapitre montre la position du conseil de sécurité des Nations
unies sur la crise du Darfour en examinant les résolutions du conseil et
les réalisations onusiennes dans la gestion de cette crise.
Certainement le défi à relever y est aussi
soulevé.
11
IEOE PARTIE : CONSIDERATIONS THEORIQUES GENERALES Cette
partie se constitue des deux chapitres : le premier chapitre traite de la
notion d'insécurité et le second chapitre touche sur la notion
d'insécurité en Relations
Internationales.
Chap. I. NOTION D'INSECURITE
Dans ce chapitre sur la notion d'insécurité nous
essaierons de donner d'abord une définition et une typologie
d'insécurité et ensuite d'examiner les caractéristiques et
les facteurs d'insécurité.
Section 1. Définitions et typologies
d'insécurités.
I.1.1. Définitions.
L'insécurité dans son acceptation classique peut
être définie par le fait qu'un individu soit soumis à la
dérive arbitraire de l'Etat : sa tranquillité et sa
sûreté physique ne sont plus assurés.
L'insécurité désigne dans leur vie quotidienne le
sentiment fait d'anxiété ou de peur que peut ressentir un
individu ou une collectivité ou de sérénité
(24).
A. Sentiment d'insécurité
Le sentiment d'insécurité peut être
individuel ou collectif. Il combine le danger réel ou imaginé et
la perception de sa gravité. Les éléments perçus
collectivement comme angoissants peuvent varier d'un pays à l'autre,
d'une période à l'autre, d'un segment de population à
l'autre. (25)
La notion de sentiment d'insécurité parue entre
1970 et 1980 par des auteurs comme FAPPANI Fréderic. Dès les
années 1970 - 1980, l'utilisation de la notion de « sentiment
d'insécurité » fait apparition. Ce sont les rapports
Peyrefitte de 1977 et bonne maison de 1982 qui la consacreront
(26).
Cependant, il s'agit d'une manière de se saisir de la
question de l'augmentation de délinquance dans les quartiers populaires
sans avoir à se prononcer sur les causes.
Dans son ouvrage l'histoire de la violence en occident de 1800
à nos jours, l'historien Jean Claude CHESNAIS (27)
déclare qu'on ne saurait pas tenir compte du sentiment
d'insécurité pour orienter une politique pénale.
24
http://www.oboulo.
Com/search/Panel / insécurité - liberté.
Html. consulté le 12 avril 2010.
25 http: //www le grand soir.
Info/sécurité - liberté - ordre. Html.
Consulté le 12avril 2010.
26 Frédéric Fappani, les dossiers
de l'éducation, violence à l'école, les objets
sociométriques, éd. Cursus, paris, 2002, p. 34.
27 Jean Claude Chesnais, Histoire de la
violence en occident de 1800 à nos jours, éd. Laffont,
Paris, 1981, p.71.
12
Certains s'interrogent sur l'insécurité ne
serait - elle pas une manipulation de l'Etat comme le défend l'auteur
(Buijrong (28) ou alors quelque chose d'irréel comme le
suggère l'ouvrage de W.Ackerman, R. Dulong et H. P. Jeudy sur
l'imaginaire de l'insécurité (29) dont le titre seul
interroge la réalité de l'insécurité.
B. La perception Médiatique de
l'insécurité
Les médias dominant ont fait leurs choix gras de
l'insécurité à un niveau d'intensité sans
précédant au cours de la dernière décennie.
Le thème se prête facilement aux pratiques
journalistiques les plus douteuses, de la surenchère rhétorique
ou bidonnage pur et simples, en passant par l'usage incontrôlé de
statistiques plus que fragiles.
Dans le même temps, le discours médiatique
réduit généralement l'insécurité aux
atteintes directes, aux biens personnels et aux personnes privées
(30).
Il dramatise les comportements illégaux ou
déviants des classes populaires, mais fait preuve d'une tolérance
sélective en minimisant les dommages sociaux produits par la
délinquance économique ou financière
caractéristiques des classes aisées.
En fin, à quelques exceptions prés, il passe
sous silence la grande variété des formes
d'insécurités, à commencer par l'insécurité
professionnelle et salariale. En dépit de leur variété, la
plupart des Médias produisent ainsi une représentation partielle
et superficielle, voire trompeuse, des causes et des formes de
l'insécurité. (31)
C. Géographie de l'insécurité
:
L'insécurité et le sentiment
d'insécurité peuvent être considérés comme
des « risques », au même titre que les risques naturels ou
technologiques, le conflit aimés, etc. A ce titre, certaines
études vont sentir de réaliser une « cartographie » de
l'insécurité.
Cette approche s'étend surtout dans le cadre de
l'insécurité en milieu urbain, et confine au recensement des
lieux où le sentiment d'insécurité et/ou les «
incivilités » ont soit le plus de chance d'arriver, soit arrivent
le plus souvent.
28 L. Bui Trong, L'insécurité des
quartiers sensibles : une échelle d'évaluation, les cahiers
de la sécurité intérieures, paris, Août - octobre
1983.
29 W. Ackermann, R. au long et H.P. Jeudy, imaginaire
de l'insécurité, librairie des Méridiens, Paris,
1983, p.17.
30
http://www.
Acrimed.org/article 3343. Html. consulté 16 Avril
2010.
31
http://www.acumed.or/les
pyromanes de l'insécurité, html. Consulté le 16 Avril
2010.
13
Dans cette optique, on peut citer la typologie
préposée par Dubois - Maury et chaline (32) concernant
les types de zones où l'insécurité est susceptible
d'apparaître :
? Les zones en état de disfonctionnement socio
économique ;
? Les lieux de concentration temporaire de population et de
convergence des modes de transport ;
? Les transports en commun.
Pour lutter contre l'insécurité en termes
géographique il est fait appel aux notions anglo-saxonnes d'espace
défendable » ou de « prévention situationnelle »
(33), qui visent à donner l'impression d'un espace moins
criminogène en le rendant inconfortable pour le contrevenant
(visibilité par autrui, suppression des moyens de fuite, etc.). Il
s'agit de précéder à divers aménagements
architecturaux et à promouvoir la présence physique d'agents de
sécurité et/ou de médiation, ainsi que la
vidéosurveillance.
I.1.2. Typologie de l'insécurité
On peut distinguer deux grands types de protections :
- Les protections civiles garantissant les
libertés fondamentales et assurant la sécurité des biens
et des personnes dans le cadre d'un état de droit.
Les protections sociales « couvrent » contre les
principaux risques susceptibles d'entraîner une dégradation de la
situation des individus comme la maladie, l'accident, la vieillesse
impécunieuse, les aléas de l'existence pouvant aboutir à
la limite, à « la déchéance sociale ».
(34) Ainsi ces deux types des protections n'étant pas
satisfait créent également deux types d'insécurité
que nous proposons d'étudier :
- L'insécurité civile ou
l'existence de non droit dans un Etat;
- L'insécurité sociale qui est
l'incertitude face à la capacité d'assurer sa substance et donc
son statut social.
32 Dubois Maury, J et Charline, C, les risques
urbains, Armand Colin, Paris, 2002, p. 76
33 Fréderic ocqueteau, « Mutations
dans le paysage français de la sécurité publique
», les analyses de la recherche Urbaine, n° 83 - 84, septembre
1999, p.7- 13.
34 R. Castel : l'insécurité sociale.
Qu'est - ce qu'être protégé ? Le Seuil, coll. La
République des idées, p.5.
14
A. L'insécurité civile.
Dans les sociétés traditionnelles, la protection
rapprochée est assurée par l'entourage des individus, ce qui les
rend dépendant d'autrui (famille, communauté), sans leur assurer
pour autant des droits.
Pour souligner que si la société de la
modernité reconnaît l'individu entant que tel, c'est à
l'état d'assurer sa protection car « l'insécurité est
une dimension consubstantielle à la coexistence des individus dans une
société moderne » (35).
L'Etat sera alors le garant de la protection des individus et
de leurs biens, dont la propriété assure la
sécurité face aux « aléas de l'existence »,
c'est grâce à la propriété que l'individu construit
les « conditions de son indépendance ». (36)
Cependant un Etat démocratique ne peut protéger
les citoyens de tout, car se serait au prix de l'extinction des libertés
publiques.
Aujourd'hui, en France, l'exploitation de
l'insécurité a pris des proportions « délirantes
» sans commune mesure avec la réalité objective d'autant
plus si elle est rapportée au passé ou à d'autres
sociétés.
Cependant les individus, survalorisent en tant que tel,
réclament toujours plus de sécurité à l'Etat.
La demande de droit couvre quasiment toutes les sphères
de la vie, y compris les sphères privées.
La mise en place de l'Etat de droit a ainsi pour but d'assurer
la sécurité intérieure des sujets. Le développement
de la démocratie et les respects des droits de l'homme sont donc apparus
comme les corollaires nécessaires de la sécurité.
(37)
Mais entre les Etats, la guerre régnait toujours : si
le sujet pouvait être assuré d'une sécurité
intérieure, la guerre de « tous contre tous » s'illustrait
dans les guerres traditionnelles interétatique,
l'insécurité paraît comme l'état de nature entre les
Etats. Cependant, la fin de la guerre traditionnelle et l'apparition des
nouvelles formes de violence ont modifiés cette définition de
l'insécurité. L'individu moderne voit sa tolérance
à la violence baisser au fur et à mesurer que les protections
civiles et sociales se durcissent.
Ainsi la quête sans fin de protection peut
paradoxalement crée ce sentiment d'insécurité
marqué par une véritable « frustration
sécuritaire». (38)
35 R. Castel, Op. cit, p.15.
36 Idem, p. 18.
37Robert Castel, Op .cit, p 11.
15
Cette demande de sécurité absolue n'étant
jamais comblée, le sentiment d'insécurité est sans cesse
alimenté par la demande même de sécurité : «
ainsi, l'exaspération du souci sécuritaire engendre
nécessairement sa propre frustration, qui nourrit le sentiment
d'insécurité ».
B. L'insécurité sociale
Un facteur important d'insécurité est
l'insécurité sociale liée à l'absence de salaire
permettant de « maîtriser » son existence à partir de
ses propres ressources ».
Le risque social ainsi définit par castel produit une
forte insécurité, bien connue dans le passé : celle des
travailleurs non propriétaires et non assurés des moyens de
substance stables et à long terme.
Cette insécurité sociale permanente «
dissout les liens sociaux et mine les structures psychiques des individus
(39) et empêche de construire une future possible.
Pour assurer quand même la protection des
salariés sans propriétés, une issue a été
d'attacher des protections et des droits à la conditions du travailleur
lui - même ». Le travail devient emploi, avec un statut et des
protections sociales, le salariat concrétisant un ensemble des
périodes précédents, la retraite est un exemple de ces
droits. Ces garanties représentent la « propriété
sociale » des individus. L'Etat social devient un « réducteur
des risques ». (40)
Mais l'Etat ne peut assurer ce rôle de régulateur
des risques sociaux qu'à deux conditions : que l'on soit en
période de croissance, et que chaque individu appartienne à un
collectif protecteur qui lui garantit sur des règles « expressions
d'un compromis entre des partenaires sociaux collectivement constitués
». (41)
A partir des années 70, l'Etat et les catégories
socioprofessionnelles homogènes commencent à s'effriter «
l'Etat national social » s'avère incapable de réguler le
marché et d'endiguer la montée du chômage de masse.
La « concurrence entre égaux » remplace petit
à petit la solidarité, la gestion du monde du travail
dévient « fluide et individuelle » c'est la « mise en
mobilité généralisées des relations de travail des
carrières professionnelles et des protections attachées au statut
d'emploi ». (42)
38, Robert Castel, Op .cit p.23. 39Robert
Castel, Op .cit, p.29.
40 Idem, p. 32
41 Idem, p. 41
42 Idem, p. 43
16
Dans ce contexte, où se développe la notion
« d'exclusion », qui ne mène pas à l'effondrement des
liens sociaux car « la décollectivisions est elle-même une
situation collective », les plus démunis sont les plus
habités par le sentiment d'insécurité, leurs
revendications sont liées au « ressentiment, mélange d'envie
et de mépris » (43).
Il se crée alors deux grandes classes : celles des
inclus ou de ceux qui réussissent à vivre dans cette nouvelle
forme de société et étant relativement en
sécurité, et les autres, les exclus en proie à
l'insécurité sociale et totalement désocialisés.
Ces exclus sont des « collections d'individus » qui
ont en commun le partage d'un même manque. Les individus exclus se
sentent seuls, livrés à eux-mêmes personnels à
eux-mêmes. Ce sentiment d'incertitude et d'insécurité
personnels, qui entraîne un sentiment général donne lieu
à des revendications communes entre ces individus différentes
mais réunis par le même manque de sécurité.
(44) Ce qui crée des crises et des guerres civiles à
l'exemple du soudan où la marginalisation du Darfour a amené ses
fils à la guerre pour un partage équitable des ressources avec le
Nord.
C. Autres formes d'insécurité
De ces deux types d'insécurité : civil et sociale
découle d'autres formes d'insécurités
aussi présente dans la société.
1° L'insécurité alimentaire
2°L'insécurité financière
3° L'insécurité professionnelle
4° L'insécurité salariale
Section 2. Caractéristique de
l'insécurité
Parler sur la caractéristique de
l'insécurité revient à comprendre le mot même
d'insécurité. Le mot même d'insécurité
englobe plusieurs notions importantes : tout d'abord il concerne bien sûr
la violence au quotidien, les actes d'incivilités, la délinquance
primaire et délinquance organisée lesquels sont
présentés comme naturellement liés.
L'insécurité évoque également cet
état intérieur que connaissent beaucoup des citoyens devant la
mondialisation, le chômage, les délocalisations, les manques de
repères dans un
43Robert .C, Op. cit, p. 48 - 49.
44Idem. p.49
17
monde mouvant et incertain auquel rien ne les a
préparés ce qui signe d'emblée la faillite du
système éducatif et d'information...
Ce mot touche également les représentations que
l'on se fait de l'avenir : les retraites, la place de chacun au sein d'une
nation ou, plus prosaïquement de « ma cité ».
Il réfère également à une autre
forme de quête beaucoup plus intime, celle du corps et donc des atteintes
dues à la maladie c'est un point que chacun oublient... une angoisse est
toujours diffuse et c'est pour cela qu'elle à besoin d'être
nommée.
Voilà donc un mot, simple, direct qui parle à
plusieurs niveaux de nos vies quotidiennes. Mais il ne prend de sens
qu'à travers des systèmes de représentation, des images et
donc de l'émotionnel. (45)
Toute cette compréhension nous amène à
soutenir l'idée de Thomas Hobbes selon que : «
l'insécurité prend la forme de la guerre de tous contre tous
». Cette guerre ne désigne pas seulement la guerre civile, le
chaos, qui précède la constitution d'un état, mais elle
désigne aussi l'état d'insécurité qui est pour lui
une guerre permanente qui se vie dans tout état civilisé.
Aussi pour Hobbes, Ce qui caractérise la guerre et
l'insécurité, ce ne sont les champs de bataille, les cadavres,
les crimes, les actes d'incivilités, de délinquance mais la peur.
(46)
La peur, c'est d'abord un système de
représentation, c'est un point de vue sur le monde.
Que cette peur ait ou non un fondement dans la
réalité, à partir du moment où mon système
de représentation, ma vision du monde intègre la
possibilité de l'insécurité, cette possibilité va
déterminer mon comportement dans le monde et donner une
réalité à l'insécurité.
Or l'insécurité, joue à deux niveaux :
non seulement je l'appréhende comme une menace à l'encontre de ma
personne, mais elle est aussi, toujours une menace à l'encontre de
l'ordre social lui-même. C'est pourquoi, pour Hobbes, il s'agit d'une
« guerre » permanente. (47)
De façon diffuse, la peur provient d'une menace
lointaine et imprécise, d'une préoccupation vis-à-vis de
la criminalité, du chômage, d'alimentation... dans sa dimension de
danger social. Elle traduit un sentiment d'insécurité face au
crime en générale et s'alimente le plus souvent des croyances
ayant peu de liens avec les faits.
45 S. Rocher, Ph. Robert, « Débat autour
d'insécurité et libertés », les cahiers de
l'insécurité intérieure, 1995, N° 19, pp. 161 -
162.
46
http://www. Sécurité
publique. Gouv. Q. a/htm. Consulté le 16 Avril 2010.
47
http://www. Sécurité
publique. Gouv. C. Ca/html. Consulté le 16 Avril 2010.
18
De façon concrète, qu'elle soit fondée ou
non, la peur est vécue comme une probabilité d'être atteint
personnellement par un acte criminel grave. Ces types de peur entraînent
des réactions différentes et par conséquent, des besoins
différents.
La peur diffuse ou sociale provient davantage des idées
et des images que les gens entretiennent au sujet de la criminalité, des
criminels et de la justice en général.
Quant à la peur concrète (ou personnelle ; on
doit l'analyser à partir des variables contextuelles et individuelles.
(48)
Indiquons clairement que le quartier de résidence, les
revenues, ainsi que, dans une moindre mesure, l'âge et le sexe, jouent un
rôle important dans le développement de la peur
concrète.
Ainsi, si la peur caractérise
l'insécurité que nous ressentons au quotidien, voyons alors en
second lieu les éléments qui favorisent la montée du
sentiment d'insécurité.
Section III. Les facteurs
d'insécurité
Etudier les facteurs d'insécurité revient
à voir et à comprendre les éléments favorisants la
formation du sentiment d'insécurité.
Aux facteurs sociaux classiques d'insécurité
s'ajoutent aujourd'hui d'autres facteurs liés au développement
des sciences et technologies (facteurs sanitaires, économiques,
technologiques...).
Nous vivons ainsi dans une société du risque qui
rend incertain l'avenir de notre société moderne tout
entière. Ces nouveaux risques viennent s'ajouter aux risques sociaux
connus augmentant l'insécurité et l'incertitude.
Les facteurs sociaux d'insécurité départ
la vie sociale elle-même sont multiples et diversifiés. Les
perceptions individuelles, les images que l'on se fait de la vie, le regard
méfiant de l'autre, son geste même sont autant des facteurs
d'insécurité observable dans la société. De tous
ces facteurs d'insécurités, examinons les plus fréquents
dans la sphère nationale et internationale.
48
http://www.securitépublique.Gouv.Qc.ca/html
consulté le 16 Avril 2010.
49 WACQUANT Laïc, les impasses d'un
modèle répressif. Sur quelques contes sécuritaires venus
d'Amérique, « Le monde diplomatique, mai 2002, p. 6.
19
3.1. L'Etranger est facteur d'insécurité.
Le sentiment d'insécurité peut être
générée par différentes causes : la peur de
l'inconnu, la diminution ou la perte de l'espace vital, le manque de confiance
en soi, le caractère imprévisible des certaines personnes peu
équilibrées, la peur de se sentir découvert, pièce
à jour dans ses faiblesses, déstabilisé dans ses
convictions, un passé relationnel douloureux qui rend méfiant
à tout jamais envers le genre humain. (49)
Postuler que les autres seraient source
d'insécurité ne reviendrait - il pas à rejoindre Sartre
qui déclarait plus gravement que « l'enfer c'est les autres ».
Or enfer et insécurité ne sont pas synonymes. Et si l'enfer
exclut le bonheur, nous estimerons que l'insécurité ne
représente qu'un obstacle à la pleine réalisation d'un
bonheur.
Et pourtant les autres pourraient aussi faire obstacle
à notre réalisation du bonheur et l'insécurité
désignerait cette situation où les autres, portant atteinte
à notre intégrité extérieure ou intérieure
briseraient un fragile équilibre.
Parmi les atteintes externes, les blessures, la mort
provoqué par autrui constituent d'évidents obstacles au
bonheur.
Concernant les obstacles internes, les préjugés,
les peurs distillés par les autres peuvent s'ériger tels des
barrières brisant toute aspiration au bonheur.
L'autre est très souvent à l'origine de ce
sentiment d'insécurité, mais il y a aussi soi même pour peu
que l'on souffre de dédoublement de la personnalité.
La gradation du sentiment d'insécurité
dépend étroitement du fameux triangle des besoins primaires,
secondaires ou tertiaires. On a d'abord peur pour des choses
élémentaires : pour sa vie et pour celle des siens, pour sa
nourriture, son avenir, sa position sociale..., son couple. La crise que
connait par exemple le Darfour est également dite de cette crainte et de
la méfiance continuelle qui a existé entre les Noirs et les
Arabes, se considérant comme des menaces à
l'épanouissement des uns aux autres.
20
3.2. Le néo - libéralisme est un facteur
d'insécurité.
Le bilan du Néo - libéralisme n'est pas brillant
: pauvreté, crise économiques, violence, guerre,
chômage.
Il faut noter que si les tenants de l'économie
triomphante sont de prêtres prophètes, ils excellent pour
détourner l'attention des causes réelles du problème
d'insécurité.
Selon eux, la montée de l'insécurité
serait due au laxisme, à l'idéologie soixante - huitar de voir
à l'immigration, alors que sa cause réelle est due à la
conjonction de la dégradation sociale des couches les plus
défavorisées et l'apologie du consumérisme, de la richesse
et de la concurrence contre la solidarité. (50)
Ainsi, si l'on compare la situation des pays les plus forts en
matière de démantèlement social aux autres, il n'a pas
besoin d'être un spécialiste pour se rendre compte que
l'insécurité y est beaucoup plus grande qu'ailleurs.
Malgré la sévérité des peines, il y a une
criminalité beaucoup plus sanglante aux Etats Unis et en Angleterre
depuis le reaganisme et le thatchérisme.
En suisse, Christophe Blocher est l'archétype de
l'ultra - libéral qui fait passer sa politique en la masquant.
(51)
En désignant les étrangers comme bouc -
émissaire, il fait oublier toutes ses prises dépositions
antisociales, la politique qu'il propage va de toute évidence contre
l'intérêt de beaucoup de ses électeurs : travailleurs,
chômeurs, petits paysans, artisans, classe moyenne. Les seuls
bénéficiaires du bolchevisme sont les milliardaires et les
spéculateurs.
Il serait temps que l'on comprenne que la politique
sécuritaire n'est que la suite logique du plan néo -
libéral. On démantèle les services publics, on diminue les
impôts des riches en liquidant les acquis sociaux et pour «
résoudre » les violences sociales que cela provoque, on augmente la
police et la répression.
Nous reconnaissons que violences et insécurité
sont des conséquences directes de la crise du système,...
Dans la revue « l'Humanité » du 22 Octobre,
le débat avec trois militants communistes est tout à fait
à cette image. François Auguste pose d'emblée le
problème dans sa globalité : « la première violence
est celle du système capitaliste, elle consiste à priver les gens
de travail, à sacrifier une génération », la violence
et l'insécurité physique sont générées par
la crise, concernant l'emploi, nous revendiquons des aides au chômage,
des solutions
50
http://lmsi.net/article.php3?id-article-177.Sociologiepolitiquedel'insécurité
consulté le 24 Mais 2010.
51
http://www.inhei.intérieur.gouv.fr/fichiers/GA10.Pdf
consulté le 24 Mai 2010.
21
immédiates, mais nous avançons aussi des
solutions, nouvelles et originales, de fond (sécurité - emploi -
formation) et des mesures économiques.
L'insécurité générale face
à la vie, angoisse du lendemain, manque de moyens
élémentaires pour vivre peuvent provoquer plusieurs attitudes :
la résignation absolue conduisant au fatalisme et à l'exclusion
progressive.
Chez les jeunes, elle peut conduire à la
marginalisation, à la drogue et /ou à la violence aveugle et
stupide.
C'est dans ce sens que lors d'une enquête sur la
délinquance et la violence en France, Richard un jeune français
de 27 ans affirme que l'Etat est le principal responsable de
l'insécurité, car la majorité des actes de banditismes
commis dans le pays sont perpétrés par des jeunes au
chômage et dont les parents ne peuvent subvenir à leurs
besoins.
Tout en exhortant cette catégorie des jeunes de
divorcer d'avec la violence, Richard invite les autorités à se
pencher sur leur cas, en ce terme je cite :
« Si les autorités en place avaient
conçu une politique de création d'emploi au profit de la
jeunesse, il n'y aurait pas eu toutes ces différentes zones du pays
pleine de violence et des groupes des bandit remplis des jeunes au chaumage
» explique Richard. (52)
Concernant la question de la drogue, la situation est
sensiblement la même dans la mesure où les fonds de la drogue et
de la prostitution sont traités par les banques et l'investissement
immobilier.
D'autres facteurs sont liés à l'évolution
de la société même, qui est marqué par un
affaiblissement du contrôle sociale lié à l'individualisme,
par un recul de la citoyenneté, par la concentration de population
défavorisées dans les quartiers sensibles (minorité
nationale, urbanisation).
La rumeur contribue aussi au sentiment
d'insécurité et peut susciter des phénomènes de
rejet ; l'environnement urbain agit également sur les esprits : les tags
et les actes de vandalismes; les incendies volontaires ; les agressions contre
les forces de l'ordre, exacerbent les inquiétudes. (53)
L'urbanisme peut aussi produire des effets négatifs
(quartier mal éclairés, grands ensembles
déshumanisés, manque d'eau, manque d'habitation...). Un autre
fermant du sentiment d'insécurité et non le moindre est
l'impunité apparente dont bénéficient les auteurs
d'infractions et la crainte de représailles en cas de
dénonciation.
52
53
22
3.3. Les Médias Facteurs d'insécurité.
(54)
Les Médias jouent un rôle plus important que
l'expérience personnelle ou le voisinage comme source d'acquisition du
sentiment d'insécurité.
Cette constatation soulève toute la question de la
responsabilité des Médias devant la peur du crime qui se
généralise et s'amplifie. L'Etalage quotidien de la violence dans
les Média crée très certainement d'importantes distorsions
dans notre perception de la
criminalité.
Certaines conclusions de l'enquête organisée par
la fondation Roi Baudouin peuvent nous permettre de comprendre la question des
medias et du sentiment d'insécurité.
Un large consensus apparaît auprès des
participants à cette enquête propos de l'influence des medias sur
leur sentiment d'insécurité. La logique de fonctionnement des
medias qui les conduit à se focaliser sur ce qui ne va pas est mise en
cause.
Une personne âgée a Liège constate :
« Une bonne nouvelle n'est pas une nouvelle, mais une mauvaise
nouvelle est toujours une nouvelle pour les medias. On aime bien raconter des
choses affreuses et dangereuses, sinon, ça n'intéresse personne.
On en parle trop, mais enfin,
ça fait vivre les medias. »
(55)
Les medias contribuent ainsi à ce qu'on appelle un
effet de loupe et qui donne une importance démesurée a certains
faits.
L'influence des medias est particulièrement
mentionnée auprès des personnes âgées qui passent
davantage de temps à lire le journal et a regarder la
télévision, qui vivent souvent repliées sur
eux-mêmes et qui ont une image déformée du monde actuel
qu'elles ont tendance à comparer avec le monde idyllique de leur
jeunesse.
Chez les femmes aussi, l'influence des medias est mise en
évidence, nombreuses sont celles qui font référence a
l'affaire Dutroux et qui disent avoir changé leurs comportements :
fermer la porte a clé, ne plus laisser sortir ses enfants dans la rue.
L'une d'elle affirme : « C'est sûrement a cause des medias, on
nous a appris à avoir peur... »
Dans les processus d'écoute menés auprès
des personnes d'origine étrangère, l'image imprécise ou
erronée qui est donnée de leur communauté dans les medias
conduit à la frustration. En Belgique par exemple, Pour des jeunes turcs
du Limbourg, les medias alimentent le sentiment d'insécurité par
un amalgame systématique entre des faits qui n'ont rien à voir
entre eux: le foulard et la Burka, le terrorisme et l'Islam, ils se sentent
alors
54
http://www.acumed.or/les
pyromanes de l'insécurité, html. Consulté le 16 Avril
2010.
55Forum Belge pour la Prévention et la
Sécurité Urbaine asbl : « sentiment
d'insécurité et impact des medias » : actes de la
journée d'études sous, Charleroi, 25 juin 2008, p. 14
23
stigmatisés et ont tendance à se replier sur
leur identité et à ne plus avoir de contacts qu'entre eux.
Nombreux sont aussi les habitants qui se plaignent de la
stigmatisation de leur quartier par les medias, que ce soit a Droixhe ou a
Borgerhout. Certains journalistes continuent à alimenter les
clichés et à entretenir la mauvaise réputation de
quartiers alors même que la situation a complètement
évolué.
« Vous vous faites arracher votre sac dans le centre
ville, cela fait trois lignes dans les faits Divers. Vous vous faites arracher
votre sac à Droixhe, c'est au minimum un quart de page avec une belle
photo du quartier », témoigne un habitant. (56)
Ainsi, ce ne sont que les crimes les plus graves et les plus
exceptionnels qui y sont systématiquement rapportés comme le cas
Al-Jazira qui a longueur des journées ne montre que des images
d'attentats terroriste faisant peur a plus d'une personne dans le monde.
D'une certaines façons, même les statistiques
officielles contribuent à augmenter le climat de peur. Un fâcheux
sondage à présenter l'évolution de la criminalité
sous son jour le plus sombre suscite des nombreuses questions. Il est
excessivement rare, de surcroît, qu'on se donne la peine de
présenter « les chiffres » sous leurs véritables
perspectives et d'expliquer, par exemple, qu'à l'égard d'un type
de délit, l'augmentation des statistiques officielles a correspondre
davantage à une hausse des dénonciations qu'à celle de la
fréquence réelle de perpétration du délit
considéré.
3.4. L'anarchie Internationale facteur
d'insécurité entre Etats.
Le système international est décrit comme
anarchique en opposition avec l'ordre interne aux états. La distinction
classique est établie par Raymond Aron, max Weber définissant
l'Etat par le monopole de la violence légitime.
Disons que la société internationale est
caractérisée par l'absence d'une instance qui détienne le
« monopole de la violence légitime ». (57)
Il découle de cette situation une
insécurité permanente, et la quête pour assurer sa propre
sécurité.
Les auteurs réalistes (Robert Jervis, Robert Gilpin et
autres) adoptent l'anarchie comme concept central de leur théorie.
56 Forum Belge pour la Prévention et la
Sécurité Urbaine asbl, Op. Cit, p.17.
57 J.Hans Morgenthau, politics Among Nations .the
struggle for power and Peace, Alfred A ,Knopf 2e
éd,1955,pp.3-12.
24
Kenneth Waltz en fait même l'élément
premier, duquel dérivent tous les autres, de sa théorie des
relations internationales. (58)
Pour lui, la condition d'anarchie provoque l'incertitude des
Etats sur les intentions des autres : ils ne peuvent compter que sur eux -
mêmes (systèmes d'auto assistance ou self - help). Ceci est
à l'origine du dilemme de sécurité, qui incite les
états à raisonner de la façon suivante : « puisque je
ne sais pas les intentions des autres, il faut prévoir qu'elles
pourraient être malveillantes, je vais donc me doter de moyen de
protections » ; toute tentative d'un acteur pour augmenter sa
sécurité sera perçu par les autres comme un facteur
d'insécurité, les incitant à s'armer eux - aussi ou
à intégrer une alliance.
Avec la monté du terrorisme, surtout avec
l'événement du 11 septembre 2001 la perception de
l'insécurité change, (59) l'insécurité
moderne ne serait plus l'absence de protection, mais plutôt leur envers,
leur ombre portée dans un univers social qui s'est organisé
autour d'une quête sans fin de protection ou d'une recherche
éperdue de sécurité. Dans ce sens être
protéger n'est pas être installé dans la certitude de
pouvoir maîtriser parfaitement tous les risques de l'existence, mais
plutôt vivre entouré de système de sécurisation qui
sont des constructions complexes et fragiles et portent en eux-mêmes le
risques de faillir à leur tâche et décevoir les attentes
qu'ils font naître.
La recherche des protections créerait ainsi elle -
même de l'insécurité. La raison en serait que le sentiment
d'insécurité n'est pas une donnée immédiate de la
conscience.
Il épouse ou contraire des configurations historiques
différentes parce que la sécurité et
l'insécurité sont des rapports aux types de protections qu'une
société assure ; ou n'assure pas, d'une manière
adéquate. Autrement dit, aujourd'hui être protégé,
c'est aussi être menacé.
58 Waltz, Kenneth. N., Theory of international
Politics,Addison-Wesley,1979
59Philippe. Braillard, Théorie des
Relations Internationales, Paris, PUF, 1997, pp. 82-91.
25
CHAP II. NOTION DE CONFLIT
Dans ce chapitre il sera question d'étudier la notion
des conflits en relations internationales avant des voir ses enjeux et les
termes connexe au conflit.
Section 1. Les conflits en Relations
Internationales
II.1.1. Définition
Caractéristique centrale de la vie politique en
générale, si non de vie en société, le conflit
marque la vie internationale.
Il suffit de jeter à tout moment les yeux sur n'importe
quel Medias pour se rendre compte que les interactions se déroulants
dans l'espace mondial correspondant, on ne peut mieux à la
définition des conflits proposée par LEWIN COSER (1)
qui y voit des « affrontements entre acteurs collectifs sur des valeurs
des statuts, des pouvoirs ou des ressources rares et dans les quels, l'objectif
de chaque protagoniste est de neutraliser, d'affaiblir ou d'éliminer ses
rivaux ».
L'UNESCO note qu'il y a conflit « lorsque les êtres
humains se proposent des fins et admettent les valeurs inconciliables en
exclusives, l'un de l'autre. (2)
Etymologiquement, le mot conflit vient du mot latin conflictus
et signifie choc, lutte et combat. C'est pourquoi l'essentiel des recherches a
d'abord été réalisé dans le domaine de la
guerre.
A partir du 17ème siècle, le mot
conflit est appliqué à des relations interpersonnelles, il est
aussi envisagé comme « dualisme intérieur » et par
extension, il désigne alors l'antagonisme possible dans les champs
intellectuels, moral, affectif ou social. (3)
Selon le lexique des sciences sociales (4) les
conflits marque l'opposition ou l'affrontement plus ou moins aigus ou violents
entre deux ou plusieurs parties, nations, groupes, classes, personnes ou encore
entre tendance, aspirations, et motifs à l'intérieur d'un
même individu. Le thème conflit est central dans toutes les
sciences humaines et a donné lieu à des théories
différentes.
Notions essentielles pour les fonctionnalistes qui avec des
nuances, considèrent le conflit comme facteur d'équilibre et
même de progrès, dans une société assez sûre
pour
1 G. Hermet, Dictionnaire des Relations
Internationales, 2ème éd, Dalloz, Paris 2006, p
72.
2 P. NAVILLE, Société d'aujourd'hui,
nouveaux problèmes, Paris, Entrepôts, 1981, p. 71.
3 Christine Maesan, Gérer les
conflits, dunod, Paris, 2005, p.
4 Madeine GRAWITZ, lexique des sciences
sociales, Dalloz, Italie, octobre 2004, p, 83.
26
l'intégrer. Ainsi, le conflit est envisagé de
manière positive tant qu'il est l'occasion de croissance et qu'il peut
être résolu dans le respect de l'autre de ses arguments, de ses
convictions et de sa différence. (5)
A l'opposé, les Marxistes considèrent le conflit
seulement comme lié au mode de production et se manifestant dans la
lutte des classes.
Les démocrates préfèrent le terme plus
limité ou plus ponctuel de conflit, pour qualifier les affrontements
entre groupes sociaux ou politiques, luttant pour conquérir ou conserver
le pouvoir, des avantages économiques ou une amélioration de leur
statut. (6)
En fin pour Gérard CORNU, le conflit est une opposition
de vue ou d'intérêts, une mésentente, une situation antique
de désaccord pouvant dégénérer en litige, ou
procès ou en affrontement de fait (violence, voie de fait, etc.)
Il est comparable avec la contestation, le différend ;
c'est le contraire d'accord et d'entente. (7)
Bref : le conflit c'est l'antagonisme, l'opposition de
sentiments d'opinion entre des personnes, des nations, des Etats ou des
groupes.
II.1.2. Type des conflits en Relations Internationales
La terminologie différencie plusieurs types des
conflits. La plupart des théories politiques posent qu'il existe des
conflits plus ou moins insolubles, tenant en quelque sorte à la nature
des choses.
Ainsi, toutes les différenciations des conflits peuvent
être rassemblées en deux groupes à savoir :
- Les conflits non armés
- Les conflits armés.
On pourrait citer les conflits de classes, les conflits
religieux...
Il s'agit bien sur de différents types des conflits, et
chaque idéologie tend à hiérarchiser ceux - ci. Ainsi un
néo conservateur, adepte de la théorie du « Choc des
civilisations » de Huntington dira que les conflits religieux sont
très importants, un nationaliste accordera le primat aux conflits
nationaux ; un marxiste considérera que ce sont les conflits des classes
qui surdéterminent le reste.
5 Madeleine GRAWITZ, Op. Cit, p, 83.
6 Ibidem
7 G. CORNU, Vocabulaire juridique, Paris,
8ème éd., PUF, 2000, p. 50
27
Le plus souvent, chaque groupe idéologique affirmera
que ces conflits ne pourront pas se résoudre par la raison
partagée.
L'idée que les conflits sont irréductibles reste
un présupposé : il s'appuie sur plusieurs arguments - types :
1. La notion d'intérêt divergeant ;
2. La notion d'antagoniste des valeurs ;
3. L'importance accordée aux « identités
» culturelles ou nationales ;
4. L'idée que l'homme a soif de pouvoir et de
domination
Tout ceux- ci nous amène donc à rassembler
toutes ces différenciations des conflits non armés.
A. Les conflits non armés.
Les conflits entre les personnes et les groupes sociaux sont
divers. Ils peuvent être des conflits d'idées, des valeurs,
d'intérêts, de personnes ou des positions.
1° Les conflits d'idées : il
s'agit de désaccord entre les parties porte sur des points de vue
différente, perçus comme opposés.
2° Les conflits de valeurs et/ou des
religions
Dans ce genre de conflit le différend porte sur un choix
de vie, une idéologie.
On pourra dire que les véritables conflits se situent
entre les « civilisations ». C'est la fameuse idée de Samuel
Huntington, identifiant chaque civilisation à un bloc cohérent,
représentant en quelque sorte une unité irréductible,
luttant pour survivre et s'affirmer.
Au fond, la notion de « choc des civilisations » mixte
deux types des conflits :
- Le conflit supposé «
identitaires (entre des modes de vie, des cultures, des moeurs
différentes) et le conflit des valeurs, au sens où par exemple
des croyants et des athée pourraient s'opposer sur leurs valeurs
fondamentales (livre saint et la volonté de Dieu pour les premiers, la
république et les droits de l'homme pour les seconds).
Ou si l'on y réfléchit, les conflits «
identitaires » se résolvent à priori par une consistance
pacifique, entre langue, moeurs, cuisine, etc.
A ce niveau on pourrait dire qu'il s'agit des
différences de choix personnels, qui ne devraient pas gêner
autrui. Ce type de conflit n'existe que lorsqu'un groupe veut imposer son mode
de vie aux autres. En revanche, depuis Max Weber (9), on pense que
les « conflits des valeurs » sont irréductibles.
9 Max Weber, Conférence « le
métier et la vocation de savant, in le savant et le politique,
1919.pp. 107 - 108 (traduit par J. Freud le 18 octobre 1996.
28
3° Les conflits des personnes :
Ils sont issus de réaction d'antipathie, de
compétitions, les facteurs évoqués alors sont liés
aux autres, à soi même ou à l'environnement.
4° Les conflits d'intérêts
:
Dans ce genre des conflits, il y a divergences sur les
intérêts de chaque groupes des personnes, l'idée de la
lutte des intérêts présuppose qu'il y a un groupe qui a
intérêt à s'accaparer les richesses et les biens, et
à opprimer d'autres gens. Les conflits d'intérêt opposent
des groupent considérés comme homogènes. On dira que les
« dominants » et les « dominés » ont des
intérêts qui s'opposent. (10)
5° Les conflits des positions :
Ce type des conflits apparaît lorsque, dans
l'échange, des personnes se positionnent sur des bases
idéologiques différentes.
Chacun a une position qui peut être basée sur 1
modèle intégré inconsciemment et qui n'a jamais
été remis en cause même réfléchie.
(11)
B. Les conflits armés.
La terminologie différencie plusieurs types des
conflits armés : les conflits internes et ceux frontaliers ou
transfrontaliers. (12)
Les conflits « internes » désignent les
conflits opposant dans un même pays une partie de la population contre un
autre qualifié parfois des guerres civiles). Chacun voit dans son
ennemie, et même en celui qui voudrait rester neutre, un traître
avec lequel il n'est plus possible de cohabiter et avec lequel aucun compromis
territorial n'est possible.
Les conflits qualifiés de frontaliers ou de
transfrontaliers opposent deux ou plusieurs pays ou groupes culturels ayant des
frontières communes. Les frontières peuvent être
considérées comme des lignes ou comme des zones contact, des
fronts ou des liens entre des Etats mais aussi entre des groupes sociaux.
Ces conflits ont pour origine les limites de territoire, les
questions de nationalité ou de l'accès aux ressources.
10 Jacques ELLUL, les successeurs de Max (cours
professé l'Institut d'études politique de Bordeaux,
éd la Table ronde, pp. 49 - 50.
11 Suy. E, Conflit en Afrique : analyse des crises
et pistes pour une prévention, Bruxelles fondation Roi Baudouin
/MSF, 197, p.46.
12 Concernant les politiques d'expansion
territoriale ; des nombreux exemples s'offrent à nous. Le cas du conflit
israélo palestinien illustre bien cette réalité
(l'utilisation du symbolique a des fins politiques et
géostratégiques : l'expérience des israéliens et
des palestiniens).
La politique expansionniste pratiquée par l'Etat
israélien dans le passée répond é des enjeux
territoriaux. les territoires conquis sont annexés fin d'y implanter des
populations.
29
Le concept de frontière est d'origine militaire, et il
est souvent à l'origine des tensions. Nous pouvons dégager deux
types :
? D'un coté les conflits ayant pour origine une
tentative d'expansion territoriale.
? De l'autre, des conflits tenant principalement au
tracé de cette limite. Ces situations entraînent une politique de
militarisation de la zone. (13)
Ainsi le droit international humanitaire nous propose une
classification suivante des conflits armés
1 conflits armés internationaux : conflits armés
entre deux ou plusieurs Etats, il y a conflits armé international, comme
le rappel le TIP pour l'ex Yougoslavie chaque fois qui il y a recours à
la force armée entre Etat. (14)
2° Conflits armés non
Internationaux
Les conflits armés non internationaux son donc ceux
dans lesquels l'une au moins de partie impliquée ne pas gouvernementale.
Selon le cas, les hostilités se déroulent entre un (ou des)
groupe (s) armés et des forces étatiques, soit uniquement entre
des groupes armés.
3° Conflits armés interne
internationalisé
C'est le cas d'une puissance étrangère qui
envoie des troupes sur le terrain à l'appui d'un mouvement d'opposition
au gouvernement local. L'intervention peut aussi avoir lieu par procuration
lorsque cette puissance se contente de soutenir et guider la rébellion
depuis l'extérieure. (15)
4° Guerre de libération
nationale
Les conflits armés internationaux ne se limitent plus
aux confrontations strictement étatiques mais englobe aussi les
affrontements opposant les forces gouvernementales à certains groupes
non gouvernementaux, à savoir les peuples en lutte dans l'exercice du
droit à l'auto détermination. Le protocole prévoit en
effet que les situations visées par l'article 3 commun aux conventions
de Genève 1949 comprennent « les conflits armés » dans
lesquels les peuples luttent contre la domination coloniale et l'occupation
étrangère et contre le régime raciste dans l'exercice du
droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ,consacré dans la
charte des Nations Unies et dans la déclaration relative au principe du
droit international touchant les relations amicales et la coopération
entre les Etats conformément à la charte des Nations
13 TPIY, Affaire Tadic, Arrêt relatif
à l'appel de la défense concernant l'exception
préjudicielle d'incompétence, 2 octobre 1995, para 70.
14 TPIY, Affaire Tadic, Arrêt relatif
à l'appel de la défense concernant l'exception
préjudicielle d'incompétence, 2 octobre 1995, para 70.
15 E. David, principe de droit des conflits
armés, Bruylant, Bruxelles, 2008, p. 122.
30
Unies(60) Ainsi de l'analyse suivante, il est
possible de faire une catégorisation suivante des conflits dans les
Relations internationales :(61)
· Conflit inter étatique c'est-à-dire
entre Etats souverains, c'est l'exemple de :-la seconde guerre mondiale, la
guerre Iran-Iraq, la guerre du golfe de 1991 et de 2003.
· Conflit trans-étatique c'est-à-dire
conflit entre un Etat et un groupe non étatique à
l'extérieur du territoire de l'Etat en conflit, c'est l'exemple de :-la
guerre du Liban de 2006 entre Israël et Hezbollah, la guerre contre le
terrorisme, les guerres de colonisation.
· Conflit intra étatique : entre des groupes non
étatiques, ou encore entre Etat et un ou des groupes non étatique
à l'intérieur de son territoire. C'est l'exemple de
:-différentes guerres civiles, les zones de marchés de violence/
Etat effondré ou en déliquescence.
II.1.3. La prévention des conflits en Relations
internationales
Aujourd'hui, l'idée d'une prévention des
conflits armés s'impose comme une nécessité, notamment en
Afrique. La communauté internationale semble avoir acquit la conviction
et la preuve qu'il vaut mieux prévenir les conflits que d'essayer d'y
mettre fin ou d'en atténuer les manifestations. L'orientation vers la
prévention est importante au sein des Nations Unies, si l'Organisation
compte encore jouer un rôle dans le maintien de la paix et redorer son
blason. C'est compte tenu de cela que le Secrétaire
général de l'Organisation a émis l'idée de faire de
la prévention des conflits, la pierre angulaire du système de
sécurité collective des Nations Unies au XXIème
siècle (62). Cette proposition représente
un pas essentiel vers l'enracinement d'une véritable culture de
prévention des conflits armés.
La culture de prévention peut être
considérée comme un mode d'action qui sera omniprésent
dans la stratégie des conflits et qui consistera à
détecter, aussitôt que possible, toute menace à la paix et
à la sécurité internationales et à prendre des
mesures adéquates afin d'empêcher tout recours aux armes. Divers
mécanismes peuvent permettre à l'Organisation mondiale de
prévenir les conflits armés.
61 Protocole additionnel I, art.1 : il y
a pas de conflit armé international lorsque l'Etat visé a donner
son consentement d'un Etat tiers sur son territoire (par exemple pour y
combattre un groupe armé non gouvernemental).En sens contraire ; voir
toute fois David, op. cit, p127.
62 Kofi A. ANNAN : Eviter la guerre,
prévenir les catastrophes : le monde mis au défi. Rapport
annuel sur l'activité de l'organisation, New York : Nations Unies, 1999,
p.11
31
L'ONU a développé certains mécanismes de
prévention des conflits armés. Le plus ancien est celui de la
diplomatie classique mise au service de la prévention des conflits.
a. La diplomatie préventive
La diplomatie préventive est conçue comme la
plus souhaitable et la plus efficace utilisation de la diplomatie dans le but
« ... d'éviter que des différends ne surgissent entre
les parties, d'empêcher qu'un différend existant ne se transforme
en conflit ouvert et, si un conflit éclate, de faire en sorte qu'il
s'étende le moins possible (63) ». Sa mise en
oeuvre suppose que soient obtenues à temps des informations sur les
risques de conflits. A la base de la prévention, se trouve
l'information. Mais sa collecte n'est pas une fin en soi. Elle doit se fonder
sur le souci majeur d'alerter rapidement la communauté internationale.
Elle consiste en un regroupement d'une masse de données. Ces
dernières doivent porter aussi bien sur les tendances économiques
et sociales que sur les évènements politiques pouvant susciter de
dangereuses tensions.
C'est pour satisfaire à la recommandation du Conseil de
sécurité de donner la priorité aux activités
préventives que le Département des Affaires Politiques (DPA) a
été mis en place au sein du Secrétariat. La collecte
d'informations est aujourd'hui sa fonction principale. Il est organisé
de manière à « ...suivre l'évolution politique dans
le monde, pour pouvoir repérer très tôt les risques de
conflits et analyser les possibilités d'actions préventives
(64) ».Une fois collectées, les informations sont
analysées au sein d'un dispositif d'alerte rapide.
Le système d'alerte rapide permet un véritable
travail de synthèse des données pertinentes afin d'aboutir
à un tableau d'indicateurs qui, tels les feus de signalisation,
passeraient à l'orange en cas de menace pour la paix et
la sécurité internationales. C'est
une sorte
d'intégration des informations au sein d'une procédure
opérationnelle permettant à la fois d'isoler des indicateurs
précis, de déterminer un seuil à partir duquel un conflit
est imminent, de préparer un plan d'action réaliste et, enfin ,
d'aboutir à la saisine d'un organe de décision (65).
Le dispositif d'alerte rapide est au coeur de la diplomatie préventive.
C'est un
63 Marie F. DURAND, Atlas de la mondialisation,
sciences politiques, les presses, Paris, 2008, p.145.
64 Boutros BOUTROS-GHALI : Agenda pour la
paix, 2è édition. New York : Nations Unies, 1995, p.14
65 Au sein du système des
Nations Unies, le Secrétaire général déclenche
l'alerte en faisant recours à l'article 99 de la Charte qui lui
confère la prérogative d' « ...attirer l'attention du
Conseil de sécurité sur toute affaire qui, à son avis,
pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la
sécurité internationales. » Le Conseil économique et
social le peut également sur la base de l'article 65 en fournissant au
Conseil de sécurité des informations sur des situations d'ordre
économique et social qui risquent de constituer une menace pour la
paix
32
véritable moyen de veille au service de la
prévention des conflits. L'alerte peut être précoce ou
ultime. Elle est précoce lorsqu'elle est déclenchée au
tout premier stade d'un conflit c'est-à-dire dès les premiers
bouleversements annonciateurs d'un conflit potentiel. Elle est ultime lorsque
l'éclatement du conflit est imminent. Il est toujours
préférable de déclencher l'alerte de manière
précoce.
L'expression diplomatie préventive est une
association de deux concepts qui font respectivement allusion à une
méthode (diplomatie) et à un objectif (prévenir). C'est en
sorte l'art de la négociation politique mis au service de la
prévention. Les mesures diplomatiques fréquemment
utilisées dans la mise en oeuvre de la prévention des conflits
sont la médiation et l'enquête.
En fait de médiation, c'est le Secrétaire
général qui joue un rôle prépondérant. En cas
de crise, il peut conduire en personne une mission de bons offices ou
désigner un Représentant Spécial (RS) qui agira en son
nom. De part la discrétion exigée, il s'agit la plupart du temps
d'actions peu médiatisées et donc peu ou pas connues du public. A
côté de cette médiation d'urgence, le Secrétaire
général agit constamment auprès des Etats. Cette
diplomatie préventive prend souvent les formes les plus
discrètes, pour ne pas dire les plus secrètes (66)
Quant aux missions d'enquête, c'est une procédure
encouragée par l'AG et le Conseil de sécurité dans le
cadre de la diplomatie préventive. Elles permettent d'exposer
objectivement les intérêts des parties à un conflit
potentiel dans le but de définir les mesures que l'ONU pourrait prendre
pour les aider à aplanir leurs divergences ou régler leurs
différends.
b. Les mesures opérationnelles
Les mesures opérationnelles participent de l'extension
de la notion de diplomatie préventive. Elles sont très
exceptionnelles et essentiellement relatives aux nouveaux conflits : conflits
internes, risques de sécession ou conflits ethniques (67).
Nous pouvons tenter
et la sécurité internationales. Un Etat membre
peut également attirer l'attention du Conseil sur toute situation
susceptible de menacer la paix conformément à l'article 35
§1 de la Charte.
66 Boutros BOUTROS-GHALI : Le Secrétaire
général des Nations Unies : Entre l'urgence et la durée in
Politique Etrangère, été 1996, n°2, p. 412
67. Hervé CASSAN : L'ONU et la
diplomatie des conflits. Séminaire à l'Institut des Hautes
Etudes Internationales (HEI) Genève, semestre d'hiver 2004-2005.
Document inédit
33
d'identifier deux principalement : le déploiement des
Casques bleus à titre préventif et la création de zones
spéciales.
Le déploiement préventif est l'envoi de casques
bleus sur un territoire hors conflit dans le but d'éviter l'embrasement
et l'implication d'autres pays ou régions périphériques
dans un conflit existant. L'opération n'est donc pas
déployée pour maintenir la paix mais pour prévenir des
menaces imminentes. Dans l'histoire de l'ONU, il n'existe que deux exemples
avérés de déploiement à titre préventif. Ce
fut les cas de la Force de Déploiement Préventif des Nations
Unies (68) (FORDEPRENU) et de la Mission des Nations Unies en
République Centrafricaine (MINURCA). Le déploiement
préventif comme modalité de diplomatie préventive a fait
ses preuves et devrait faire l'objet d'un recours fréquent. Leur
rareté actuelle tient entre autres au fait que la plupart des Etats
déjà réticents à envoyer des troupes lorsqu'un
conflit ravage un pays, hésitent encore plus lorsque ce conflit n'a pas
encore éclaté. Il n'en demeure pas moins qu'à tous les
égards, le préventif coûte moins cher que le curatif.
Quant aux zones spéciales, elles constituent des
espaces juridiquement soustraits à un conflit. Elles sont
créées par le Conseil de sécurité dans une logique
de prévention ou de limitation des conflits. Il s'agit souvent de zones
démilitarisées ou sécurisées. Les premières
sont des espaces exempts d'un certain type d'armement, tandis que les secondes
sont des espaces sanctuarisés lors d'un conflit et à
l'intérieur desquels les populations civiles peuvent se regrouper afin
d'obtenir protection et aide humanitaire. D'autres mécanismes de
prévention peuvent également être identifiés dans le
cadre des programmes de consolidation de la paix à l'issue d'un
conflit.
c. Consolidation de la paix
La consolidation de la paix est le pendant de la diplomatie
préventive. Elle intègre un certain nombre de mesures de nature
militaire et politique qui sont susceptibles de prévenir la
résurgence d'un conflit. Ces mesures consistent à
démilitariser la société ayant été en proie
à la violence armée et à démocratiser son
entité étatique L'existence des armes dans les zones de conflit
aggrave ce dernier et retarde sa résolution. C'est pourquoi le
désarmement et la
68 La FORDEPRENU
est établie le 31 mars 1995 dans l'Ex-
République yougoslave de Macédoine pour surveiller
l'évolution de la situation dans les zones frontalières et
signaler tout événement susceptible de saper la confiance et la
stabilité dans cet Etat et menacer son territoire. Son mandat a
été régulièrement prorogé pour des
périodes de six mois jusqu'en mars 1999 où il a pris fin suite
à un veto inattendu de la République populaire de Chine (cf.
http://www.patricksimon.com/textes.htm
).
34
réinsertion des combattants à l'issue d'un
conflit armé peuvent être classés au chapitre de la
prévention.
Au total, la consolidation de la paix à l'issue d'un
conflit est un mécanisme conçu pour prévenir la
résurgence des conflits. Mais elle semble n'avoir pas encore fait ses
preuves de manière probante. « A l'heure actuelle, selon un bilan
fourni par les Nations Unies, la moitié des pays qui sortent d'une
guerre retombe dans la violence dans les cinq années qui suivent
(69) ». C'est pour relever ce défi que l'AG a
adopté le 15 septembre 2005 l'idée de la création d'une
Commission de la consolidation de la paix qui devrait également
intervenir en amont des conflits.
Le développement d'une prévention efficace des
conflits suppose que l'on distingue différents types des conflits. Un
diagnostique sérieux suppose que l'on identifie les conflits par apport
à ses acteurs, ses litiges (types des conflits qui ont
déjà fait objet d'étude dans le paragraphe
précédent) et la dynamique des conflits.
II.3.1. Les acteurs de conflits
Nous allons étudier ici les principaux acteurs des
conflits, la base sur laquelle ils mobilisent leurs membres, leurs propres
implications dans les conflits et le système auxquels ils se trouvent.
(70 )
a. Identification des parties et de leurs
interactions
Il faut tout d'abord repérer quels sont les acteurs
jouant un rôle dans le conflit. En cour de conflit le nombre et la nature
des acteurs peuvent varier. Pour certains conflits il y a deux parties, pour
d'autre, ce nombre peut monter jusqu'à plusieurs centaines. Il est
également important d'évaluer les relations positives et
négatives entre les parties concernées.
69 Kofi A. ANNAN : Dans une liberté plus grande :
Développement, sécurité et respect des droits de l'homme
pour tous. Résumé du Rapport du Secrétaire
général. New York, Nations Unies, 2005, p.10
70 Dominique David, « Un an
après le 11Septembre : dix fenêtre qui s'ouvrent sur un monde pas
si neuf »politique étrangère, n°3,2002,
p.562.
35
b. La base sur laquelle les parties mobilisent la
masse
Les parties concernées peuvent être de nature
gouvernementale ou non gouvernementale, et se situer au niveau national ou
international. Il faut alors sur base de ce groupement, voire comment ils
mobilisent leurs membres. Il est très important de bien comprendre
l'engagement politique instrumental et sentimental de la population d'un pays
dans un conflit. Les sources principales de mobilisation en Afrique peuvent se
repartir en quatre groupes :- les intérêts professionnels et
économiques, relations politique, identification ethnique ou
communautaire et les intérêts institutionnels. En Afrique, la
plupart des conflits mobilisent les gens sur base d'une combinaison des
relations ethnie et classe, classe et politique, ethnicité et politique,
parfois trois relations et plus. Les conflits qui reposent principalement sur
l'identification communautaire sont en générale dirigé
vers les autres communautés et prennent la forme d'affrontement, des
querelles et comme au Rwanda et au Burundi, des massacres cyclique. De toutes
les sources de mobilisation, c'est la politique qui est l'élément
central, car les actes de protestation, de révolte, des querelles, des
mouvements séparatistes, etc., sont en générale
organisés par les dirigeants qui, d'une manière sélective,
jouent donc à cet effet la tactique organisationnel de mouvements
politiques modernes.(71)
c. L'engagement des acteurs dans le conflit
Les parties qui sont directement et indirectement
engagé dans le conflit peuvent être repartis en trois
catégories : Les parties primaires (directes et partisanes) sont les
parties dont les intérêts dans la situation de conflit sont
contradictoires ou sont présentées comme contradictoire et qui
dépendent les unes les autres pour satisfaire leurs
intérêts. Les parties secondaires ne sont pas directement
impliquées dans le conflit. Elles ont un intérêt direct
dans une issue bien déterminée du conflit et sont donc par
là même partisanes. Les parties tertiaires sont des trois types
:
1° Les tiers qui observent avec résignation et ne
veulent en aucune manière être impliqué dans les conflits,
mais qui en subissent les conséquences négatives
(déplacement des populations accueille des réfugiés,
interruption des relations commerciales, effets secondaires des sanctions
économiques internationales...), ils ne jouent aucun rôle dans le
processus de paix.
71 Suy. R, Op cit, pp.43-45.
36
2° Les tiers non intéressés, qui ne sentent
absolument pas impliqués dans le conflit et qui désir se
maintenir à l'écart ; dans des conflits asymétriques, un
tel comportement est implicitement celui de la partie la plus forte.
3° Les tiers qui s'impliquent activement dans la
transformation constructive du conflit. Ils se posent en générale
de manière neutre et essayent de rétablir la paix par la
médiation.
Section 2. Les Causes et Enjeux de conflit
Les enjeux à l'origine de conflits sont complexes et
multiples.
Il existe des enjeux politiques, économiques
géopolitiques ou géostratégiques.
II.2.1. Les enjeux économiques
Selon certains auteurs, tels Collier et Hoeffel, aux conflits
idéologiques des anciennes guerres fondées sur des
doléances, aurait succéder des conflits davantage
prédateurs et captateurs des rentes fondé sur les
intérêts économiques ayant une dimension ethnique. Ces
thèses à propos de la nouveauté des conflits armés
et du rôle des facteurs économiques sont controversées.
(72 ) Si toutes les guerres n'ont pas une explication
économique toutes ont besoin de financements. Les richesses naturelles
permettent le financement des conflits(le nerf de la guerre) tout en
étant un de principaux enjeux de conflits. On peut ainsi
différencier les conflits liés aux pétroles (Angola,
Casamance, Congo, Soudan ...) , au diamant (Liberia , RDC, Guinée,
Angola...), aux métaux précieux (Or, coltan à Bunia en
RDC), au contrôle de l'eau(riverain du Niger et fleuve
Sénégal) au contrôle des ressources agricoles(Coton au nord
de la cote d'ivoire, café et cacao au sud), de ressources
forestières ou des terres(Burundi, Cote d'ivoire, Darfour, Rwanda).
Les conflits apparaissent avec autant plus d'intensité
que les ressources sont importantes (pétrole) et/ou facile à
faire circuler (diamant) et qu'il y a rareté (l'eau, terres arables ou
d'accueil des migrants. (73)
72 Collier P., Hoeffler A., « On economic
causes of civil wars, oxford Economic Papers, vol.50, 2000.pp.563-573.
73 Philippe, H ; la géopolitique de
l'Afrique, SEDES, Paris, 2007, p. 33.
37
II.2.2. Les enjeux religieux et culturels
Les facteurs religieux et- culturels jouent un certain
rôle ; On ne peut certes accepter la vision manichéenne de
Huntington qui fait des religions les fondements des conflits.
En revanche, les crises sont des facteurs de renforcement des
appartenances identitaires, ethniques ou religieuses et celle-ci sont
instrumentalisé par le pouvoir. Les conflits résultent d'une
crise identitaire sur fond de décomposition institutionnelle et de
fractionnement territorial. Lors des crises, les référents
ethniques ou religieux apparaissent comme les principales
références de la rhétorique politique.
Les guerres sont d'autant plus probables que l'on assimile les
religieux et les politiques, l'absolu et le relatif, l'infini et le fini.
(74)
II.2.3. Les enjeux politiques
Les facteurs politiques sont évidement essentiels, que
ce soit en termes de déficit de légitimité de pouvoir en
place, de disparition des compromis sociopolitiques, des querelles des chefs
pour l'accès au pouvoir, de décomposition des
citoyennetés, de volonté de nouvelle configuration territoriale
et d'exclusion de la citoyenneté.
Les conflits sont d'autant plus pesants que le système
d'accaparement des richesses par les titulaires du pouvoir ne donne pas lieu
à redistribution, contrôle et sanction. (75)
La monopolisation du pouvoir, le manque de justice sociale ou
la marginalisation des certaines composantes sociales : entraînent des
affrontements entre les parties cohabitant au sein d'un même espace.
Cette situation génère des vives tensions qui se
traduisent par des violences d'une partie ou de l'autre. L'exemple de la crise
ivoirienne atteste également cette de réalité.
II.2.4.Les enjeux géopolitiques et
géostratégiques
La fin de la guerre froide et de la bipolarité s'est
traduite par une apparition des conflits «
désintérnationalisés » et par des dynamiques de
fragmentation territoriale. Des nouveaux enjeux hégémoniques sont
liés au pétrole et à la lutte contre le terroriste qui on
remplacé les communistes comme ennemie de l'occident.
74 Philippe Hugo, Géopolitique de
l'Afrique, op. cit, p.135
75 Idem, p.136.
38
Les zones des conflits armés en Afrique
résultent, ainsi, à la fois de la résurgence des
référents identitaires ethniques, religieux ou nationalistes, de
la faillite des Etats de droit et des souverainetés en
déchéance, des immixtions des puissances régionales et
internationales et d'une monté en puissance des Organisations
criminelles internationales.(76) Pour les conflits frontaliers et
transfrontaliers, l'une des causes principales des conflits internationaux est
l'absence de matérialisation ou la mauvaise délimitation des
frontières.
Les lectures des textes hérités de la
décolonisation et régissant les frontières font l'objet
d'interprétation différente de la part des pays limitrophes. Ces
incohérences entraînent le non respect des principes et la
mauvaise délimitation des biens et des personnes, comme c'est le cas
dans les territoires occupé dans le proche orient (77)
De ce qui précédent nous constatons que les
enjeux des conflits sont multiples et peuvent concerner tous les domaines de la
vie :- le pouvoir, la religion, l'armée, les richesses naturelles, les
territoires, la géographie, la terre, l'espace atmosphérique...,
la population.
Section 3ème. Connexion entre Conflits, Crise et
Guerre
Il n'existe pas de synonymes entre les notions de conflit, de
guerre et de crise car il y a des comportements antagonistes ou hostiles qui ne
recourent pas, pour leurs résolutions à la violence armée
collective organisée.
Si la notion de guerre renvoie doublement à celle de
conflit, une guerre étant la manifestation extrême à
laquelle peut conduire un conflit et type particulier de conflit armé,
tout conflit n'est pas pour autant une guerre. Certains comme Alain BIROU,
estiment que la guerre est une forme particulière de conflits.
(78)
Charles DEBRACH et co-auteurs, estiment que la guerre peut
désigner des conflits où il y a pas d'affrontements armés
(hypothèse de la guerre froide), des conflits qui n'intéressent
principalement qu'un seul Etat (guerre de sécession, guerre civile) ou
qui mettent en jeu des entités non étatique. (79 )
Pour Carl Van CLAUSEWITZ, la guerre est un acte de violence
destinée à contraindre l'adversaire à exécuter
notre volonté.
Pour Quincy WRIGHT, la guerre, « contact violent entre
entité distinctes mais similaires », est la condition légale
permettant à deux ou plusieurs groupes de mener un conflit armé
»,
76, Philippe Hugo, op. cit p.137.
77 Ibidem
78 Alain. B, Vocabulaire pratique des
sciences sociales, Paris, éd. Ouvrière, 1966, p.55
79 Charles. D et Alii, lexique des sciences
politiques, Paris, 7e éd. Dalloz, 2001, p.197.
39
Gaston BOUTHOUL, la guerre est une « lutte et sanglante
entre groupements organisés..., méthodique... limitée dans
le temps et l'espace et soumise à des règles juridiques
particulières extrêmement variables. (80 )
Au-delà de leurs particularités, ces
définitions ont pour point commun de rappeler ce qui constitue la
spécificité du phénomène « guerre » : la
guerre est un acte de violence armée, organisé collectif.
La présence de la violence armée rappelle qu'une
guerre n'est pas l'équivalent d'un conflit qui, au sens d'interaction
mettant en jeu des attitudes hostiles et/ou des comportements antagoniste ne
devient une guerre qu'avec la pratique de l'homicide organisé.
La notion de crise qui, de la psychiatrie gagne la psychologie
et s'applique à toute période critique à la quelle un
individu doit faire face, l'obligeant le plus souvent à prendre une
décision ou à subir une transformation.
Cette notion de période critique s'est ensuite
appliquée aux sociétés. JJ. Rousseau écrit : «
nous approchons de l'Etat de la crise et du siècle des
révolutions » et Goethe déclare : « toutes les
transitions sont des crises et la crise n'est elle pas maladie ?
La crise peut également être conçue comme
étape vers un meilleur équilibre social.
Il s'agit toujours d'une situation de conflit de forte
intensité, de remise en cause des valeurs (crise culturelle), des
rapports entre les générations ou entre les
générations ou entre les groupes sociaux (crise sociale), en tout
cas d'une période d'inquiétude et d'une crise de confiance. Il y
a :
? Crise d'identité
? Crise économique
? Crise gouvernementale : en régime parlementaire signifie
chute du gouvernement.
? Crise de régime : menace sur les institutions.
(81 )
? Crise internationale : conflit d'intérêt et/ou de
prestige qui peut amener la rupture des
relations diplomatiques, des représailles, des sanctions
et même entraîner un conflit armé si des négociations
ne débouchent pas sur un règlement pacifique.
La notion de crise recouvre un grand nombre des situations,
Elles se distinguent suivant leur caractère (individuel ou collectif)
leur nature (physiologique, économique, sociale), leur durée et
leur intensité.
Par delà cette
hétérogénéité, elles présentent des
caractéristiques semblablement fondamentales.
80 G. hermenet, op cit, p.72
81 M. GRAWITZ, lexique des sciences sociale,
Dalloz, Italie, octobre 2004, p.99
40
Eléments objectifs : nécessité de faire
des choix concernant des enjeux importants, engageant le plus souvent l'avenir
de façon irréversible une rupture avec le passé.
Mais il faut insister sur les facteurs subjectifs qui
conditionnent le sentiment d'importance de l'enjeu. La crainte ou l'espoir
devant les changements à venir dépendent des avantages ou
inconvénients attachés à la situation de chacun et
créent une tension caractéristique de toute crise quelle qu'elle
soit. (82 )
Pour Souja FAGERBERG- DIALLO (83 ), la crise est
l'une des 5 étapes du conflit, notamment : le pré conflit, la
confrontation, la crise, les résultats du conflit et le poste conflit.
Là où existe des tiraillements, où éclate la crise,
c'est parce qu'il n'y a pas eu de concertation, de bonne communication entre
deux parties, ou bien que les règles claires et précises font
défaut(ou ne sont pas respectées).
La situation se traduit en crise, cela signifie que des
personnes sont en désaccord (se querellent, se bagarrent dans la
colère, s'affrontent dans la violence) armée. (84 )
La tension est le résultat d'un conflit des forces,
énergies rencontrant un obstacle. L'Etat de tension est un
symptôme d'un conflit dans le groupe. (85 )
82 M. GRAWITZ, op cit,p.100
83 S. FAGERBERBERG -DIALLO(S/dir.), Recherche et
Maintien de la paix, stratégie pour une gestion des conflits,
Dakar, Ares, 1999, p.11.
84 Idem, p.13
85 M. GRAWITZ, op cit, p.396.
41
IIEME PARTIE : CADRE PRATIQUE
Cette partie du travail est constitué des deux chapitre
dont : le premier chapitre traite de la crise du Darfour et le second chapitre
porte sur l'intervention de l'ONU dans la résolution de la crise du
Darfour.
Chapitre troisième. De la Crise du Darfour
Le Darfour est une région du sahel qui se trouve
à l'ouest du soudan : 5 à 6.1 Million de personne y vivent ; la
région a un très faible niveau de développement :
seulement un tiers des filles (pour 44.5% des garçons) vont à
l'école primaire.
Quatre peuples principaux sont installés au Darfour :
les Fours, qui ont donnés leur nom au Darfour, qui signifie en arabe la
maison de Fours, les Masalits, les Zaghawas et les arabes. (86 )
Jusqu'à présent, le passage de chameliers arabes dans le sud
était demeuré sans incidents.
Alors que prenait fin la longue guerre qui opposait, depuis
1982, la rébellion sudiste du soudan Peoples Libération Army
(SPLA/M) de John Garand et le pouvoir central de Khartoum, dirigé depuis
1989 par Omar el Béchir, commençait une autre guerre dans le
Darfour, à l'ouest du pays, depuis février 2003.
Pendant l'hiver 2002-2003, l'opposition au président
soudanais Omar el Béchir fait entendre sa voix. Au Darfour, des attaques
antigouvernementales ont lieu et sont revendiqué par le SLA : «
Armée de Libération du Soudan ».
En représailles, Khartoum laisse agir les milices
arabes (les janjawids dirigés par choukratalla, ancien officier de
l'armée soudanaise) dans tout le Darfour. Des observateurs humanitaires
et diplomatiques accusent le gouvernement d'avoir armé et payé
les janjawids
(87 ).
Nous ne pouvons prétendre étudier la
résolution de cette crise par le conseil de sécurité des
nations unies sans pour autant comprendre la crise en soi.
86 JP. Chauveau, Afrique contemporaine : Deux
dossiers : « jeunes ruraux » et « Darfour », De Boeck
Université, 2005, pp.169-171
87 Janjaweed leader is Sudan
aide(archive),BBC News, 21 Janvier2008
42
Ainsi cette approche se propose l'étude des causes, des
acteurs et des conséquences de la crise du Darfour.
Section 1ère. Les Causes de la crise du
Darfour
III.1.1. Les causes lointaines
1. L'échec de l'expérience islamiste
Ce conflit parait indissolublement lié à
l'histoire depuis l'indépendance le 1 Janvier 1956, il n'a cessé
en 1972 pour recommencer en 1983 donnant lieu à des formules faciles
telles que :
« La guerre entre le sud animiste et chrétien
et le nord musulman arabe », une guerre dont la
spécificité serait en quelque sorte d'être l'illustration
d'un conflit des civilisations ( 88 )
On rappellera que le soudan a été un bastion du
pan islamisme politique pendant près d'une décennie, sous la
direction d'Omar EL BACHIR (chef de l'Etat) et de Hassan el Tourabi
(président du parlement jusqu'en 1999). Après sa rupture avec les
Etats Unis, suite à la première guerre du golfe, Usama Ben Laden
y avait même reçu l'hospitalité. De quoi alimenter la vague
internationale montante d'islamophobie et d'arabophobie.
Arabo-musulman contre négro-animistes chrétiens
,certes, il existe au soudan un clivage entre un nord musulman et un sud
négro- animiste et chrétien héritage de plus d'un
millénaire de pénétration de l'islam et de domination des
arabes allochtones sur les noirs autochtones une opposition consolidée
par l'ingénierie administrative britannique, qui s'est substituée
à la domination égypto ottomane, et qui a soumis le soudan
à une forme particulière d'indirect rôle, relativement
comparable à celui en vigueur en Afrique du sud, notamment en combattant
le brassage des populations arabes et noires.
Ainsi, l'indépendance que l'Angleterre a
été contrainte d'accorder au soudan en 1956, a été
perçue par les élites noires comme la perpétuation de la
domination de la majorité noire par l'élite de la minorité
arabe. (89 )
88 A.AMANI. Byenda, l'Union Africaine et sa
contribution dans le maintien de la paix au soudan, Bukavu, UOB, TFC,
2007-2008, inédit, p.26
89 Jean. Nanga, Darfour : les enjeux du conflit
meurtrier, solidarités, 19 Octobre 2004, N° 35
43
Ceci a conduit au déclenchement de la rébellion
sudiste et séparatiste Anya-nya,en 1955 qui a duré jusqu'à
l'obtention de l'autonomie du sud en 1972,une rébellion reprise en
1982,par la SPLA/M (soudan Peoples libération Army/Mouvement
,unioniste),au moment où le régime soudanais, dirigé par
Gafar el Niméiry, délégitimé aux yeux des peuples
de toutes les régions, décidait d'instaurer la loi islamique sur
l'ensemble du pays, ce qui était bien sur une violation de l'autonomie
du sud, considéré comme animiste et
chrétien.(90 )
2. Marginalisation des cultures paysannes
Que le Darfour ait été confronté à
cette explosion de violence, alors que s'achevait la logique la longue guerre
entre la SPLA/M et le pouvoir central et que se préparait un accord pour
une paix définitive, n'est pas une simple coïncidence. Car cet
accord était perçu par les élites du Darfour comme
représentatif de l'indifférence traditionnelle du pouvoir central
aux problèmes socio-économiques et écologiques des
populations de leurs régions.
Celles-ci avaient été en effet parmi les
principales victimes de l'orientation productiviste agro-pastorale du
gouvernement, imposée par les institutions de Breton Word, dans le cadre
d'un ajustement structurel précoce, initié dès 1978.
L'appropriation des terres communautaires paysannes par l'Etat
en fait par la hiérarchie militaire et par des privés soudanais
et étrangers a appauvri la petite paysannerie (agraire et pastorale).
Elle a aussi suscités des rivalités aigues pour
l'accès aux terres encore productives, vu la dégradation des sols
consécutives au développement d'une agriculture de plus en plus
intense. (91 )
De surcroît, la petite paysannerie, déjà
démunie, a encore souffert de la sécheresse des années
80.Cette rébellion survient dans une région déjà au
bord de l'explosion.
Comme dans toute la bande sahélienne, la cohabitation
entre nomades et sédentaires au Darfour a été mis à
mal depuis le milieu des années soixante -dix par la dégradation
de l'environnement.
Autre fois, la terre appartenait aux sédentaires,
essentiellement four et Massalit, mais les nomades y disposaient d'un droit de
passage pour leurs troupeaux.
90Jean. Nanga, Darfour : les enjeux du conflit
meurtrier, solidarités, 19 Octobre 2004, N° 35 91
Jean. Nanga, op.cit, N°53
44
Les deux groupes vivaient dans une imbrication
complémentaire. La sécheresse, l'avancée du désert
couplé avec l'accroissement des populations ont rendu bien plus
difficile l'application des anciennes règles de partage des terres. Les
nomades ont due descendre leurs troupeaux de plus en plus bas, les routes de
transhumance ont été de plus en plus rendues impraticables par
l'extension des cultures, générant des tensions croissantes entre
communautés.
A partir de la grande famine de 1984-1985, ces tensions vont
de plus en plus se dégrader en affrontements armés, notamment en
1987 et 1989. La ligne de fraction n'est pas entre arabes et noirs, mais entre
nomades et sédentaires opposant des groupes comme les Zaghawas et les
Fours, aujourd'hui dans le même camp. (92 )
Il y a conjonction des multiples facteurs dans un contexte de
différenciation des droits à la terre et l'impossibilité
de régler les conflits ancestraux par des modes de régulation
traditionnels. Ces conflit s'expliquent historiquement à la fois par la
marginalisation des razzias ancestrales et par des conflits fonciers apparus
alors des sécheresses de 1979-1985 qui ont sédentarisés
les éleveurs nomades arabes. (93 )
3. Une culture des armes
Le terme janjawids, ces milices armées par Khartoum,
existe depuis longtemps au Darfour. Il désignait avant le conflit, les
bandits qui sévissaient dans cette région marquée par
l'insécurité et le surarmement.
Depuis la fin des années soixante-dix, les armes ont
afflués au Darfour, apportée en partie par les différentes
rébellions Tchadiennes qui s'y sont longuement implantées avec
l'aide de leurs soutiens Libyen, soudanais et français.
Dans les années quatre-vingt, des cargos entiers
d'armement furent également amenés par la Libye du colonel
Kadhafi à qui le régime soudanais avait virtuellement
cédé le Darfour en échange d'une aide militaire dans sa
guerre contre les rebelles du sud.
Pour assouvir son rêve de créer une ceinture
arabo-musulmane entre l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne, Kadhafi
forma à cette époque les légions arabes.
92 D. Poirier et H. Teinturier, « Darfour :
les sources de la crise »sur Radio-Canada.Ca, 27 Octobre
2004.Consulté le 4 Avril 2010.
93 P. Hugo, Géopolitique de l'Afrique,
SEDES, Paris, 2007, p.139
45
Pour cela, il a recruté dans toute la bande
sahélienne et notamment au Darfour, où ces troupes étaient
entraînées. Par ailleurs, les Darfouriens et notamment les membres
des certains tribus arabes avait déjà été largement
utilisés par le pouvoir de Khartoum dans la lutte contre la
rébellion du sud. Elles y ont acquis la culture des razzias et des
violences envers les civils. (94 )
4. Un climat de manipulation ethnique
La division souvent mise en avant entre Arabes et Noirs est
partiellement artificielle. Personne au Darfour n'est arabe au sens où
l'attend le public occidental et la société du Darfour a
longtemps connu des nombreux intermariages. Les appartenances peuvent de plus
être changeantes, comme le prouve le cas de Zaghawa, longtemps
considérés comme arabes, parce que nomades, mais devenus des
victimes noires du conflit.
Contrairement aux affirmations du ministre Bernard Kouchner,
qui dans une tribune en décembre décrivait la
réalité du Darfour comme « des milices arabes poursuivant
des populations noires des musulmans intégriste tentant d'imposer la
charia à des musulmans modérés, un conflit ethnique et un
Etat complice », toutes les communautés du Darfour sont
également musulmanes et chaque camp compte son lot d'intégristes.
Néanmoins a partir du milieu des années 1980, certains
intellectuels et membres de l'administration ont crée le rassemblement
arabe, un groupe de pression à l'idéologie ouvertement
raciste.
Leur présence et leurs liens avec Khartoum ont
contribués à donner aux tensions intercommunautaires un
caractère de plus en plus ethnique et cristalliser la division entre
Noirs et Arabes.
D'autant qu'elle s'est ajoutée et combiné aux
légions arabes de Kadhafi qui, elles aussi, dispensaient une
idéologie panarabe et considéraient les Noirs comme
inférieurs. Cette technisation des conflits économiques et
politiques a encore été renforcée par la gestion
administrative de la région par le gouvernement.
Non seulement, reprenant une méthode mise en place par
le colon anglais, il a subvertit les structures traditionnelles en
contrôlant les nominations, mais il a aussi procédé
à
94 D. Poirier et H. Teinturier, op. cit,
consulté le 04 Avril 2010.
46
un redécoupage des divisions administratives
systématiquement favorables aux groupes arabes. (95 )
III.1.2. Les causes immédiates de la crise du
Darfour
Par les causes immédiates de la mise du Darfour, nous
examinons les causes qui constituent des éléments
déclencheurs de la crise que connait le Soudan.
Ainsi ce point sera examiné en trois causes : d'abord
sur la gestion des gisements de pétrole, en suite par des
rivalités idéologiques Nord Sud et enfin par des
véritables intérêts occidentaux.
III.1.2.1 des gisements de pétrole
La récente découverte de pétrole dans la
région a été vécue comme une source possible de
développement économique et social pour les autochtones.
Pourtant, la dynamique de paix qui résidait dans le partage du
contrôle des richesses entre le régime de Khartoum et la SPLA/M,
était silencieuse sur le pétrole du Darfour, ce qui pouvait
être interprété comme une volonté d'appropriation
exclusive par la fraction Béchir .D'où le déclenchement de
la rébellion par les élites du Darfour, se posant en
représentantes du peuple défavorisé et oublié. Cela
explique, qu'au départ, les chefs de la rébellion revendiquaient
que 13% au moins des recettes pétrolières soient vouées au
développement économique et social du Darfour, dans le cadre
d'une véritable décentralisation, à la place de la pseudo
décentralisation instituée en l'an 2000.
De son coté, le pouvoir central avait opté pour
un déplacement de population afin d'éviter une situation comme au
Nigeria. (96 ) Ainsi, contrairement à ce qu'affirme le
gouvernement de Khartoum, les janjawids à sa solde ne se comportent pas
comme des pillards traditionnels, « car les janjawids, mettent le feu aux
champs et tuent le cheptel, ce qui signifie qu'ils ne sont absolument pas
là pour les vivres ». (97 )
On assiste donc au recyclage néolibéral de
certaines pratiques traditionnelles, mises en oeuvre de façon
meurtrière dans d'autres régions du soudan. Ce qui peut, par
ailleurs,
95
www.urgencedarfour.org
Consulté le 6 avril 2010.
96 A.AMANI, Byenda, op. cit, p.28.
97 F.W, Engdahel, oubliez le génocide, il y
a du pétrole, Asia Times on Lines 25 mai 2007
47
rappeler une autre conquête de l'ouest, en un autre
lieu, un autres temps et une autre phase de la mondialisation du
capitalisme.
Il s'affronte désormais l'armée
régulière, les milices progouvernementales, les rebelles dont les
principaux groupes sont scindés aujourd'hui en multiples fractions
opposées les unes aux autres, les groupes des bandits, tous avec comme
objectifs le contrôle des zones pétrolières. (98
)
Comme bien d'autres conflits en Afrique, celui-ci n'est pas
d'un autre temps. Il est contemporain du néolibéralisme et de la
mondialisation capitaliste, mais également les spectacles ethno
confessionnalismes en relève aussi. C'est cette
contemporanéité qui explique l'agitation spectaculaire de la
« communauté internationale » en général de la
France et des USA en particulier qui prétend chercher une solution
rapide à la tragédie soudanaise par pur humanisme bien
sûr.
III.1.2.2. La politique contre insurrection du
gouvernement
Depuis le début de l'année 2003, les forces
gouvernementales et la milice « janjawids » se sont engagés
dans un conflit armé avec les groupes rebelles soudanais dirigé
par ARMED AROUN et ALI IBRAHIM et le mouvement de libération du
soudan(MLS) appelé encore l'Armée de libération du peuple
soudanais « APLS » dirigé par MAHAMAT NUR.
Les premières victoires militaires des rebelles,
notamment la prise de EL FASHER, capital du Darfour nord, surprennent et
effrayent le pouvoir soudanais, qui tardait à réagir.
Mais pour les radicaux du régime, déjà
rebutés par les concessions faites au sud, il n'est pas question de voir
des mouvements régionaux remettre en question leur main mise sur le nord
du pays.
A partir de l'été 2003, la contre-offensive
militaire est lancée. Faute de pouvoir faire appel à une
armée qui compte des nombreux soldats au Darfour, le soudan s'appuie sur
des tribus arabes. Certaines acceptent, poussées par la misère,
le soif de terre, l'idée que le ralliement au coté du
régime apportera reconnaissance et considération, voire en
invoquant « une communauté de destin au nom d'une arabité
illusoire. »(99 ) Armés et
98 A.AMANI, Byenda, op. cit, p.28.
99 http:/
afrik.Com/article
7464.HTML. Consulté le 25 mai 2010
48
regroupés par le gouvernement, ces janjawids vont alors
mener une politique contre insurrectionnelle classique qui consiste à
« vider l'océan pour que le poisson ne puisse plus nager ». En
clair, s'en prendre aux civils pour isoler les rebelles et les priver de leur
base de soutien.
Cette stratégie a été menée,
surtout jusqu'à la mi-2004, avec une violence inouïe, avec les
mêmes armes et les mêmes méthodes que celles qui avaient
été utilisées dans la guerre contre le sud.
III.3.2.3. Les intérêts occidentaux (100
)
Bien qu'ayant échoué dans sa tentative de
coloniser le soudan en 1898-1899, la France a réussi à devenir
l'un des meilleurs partenaires de ses différents régimes
dictatoriaux, après l'indépendance. Depuis la dictature de
Niméiry, de 1972 à 1985, elle a bénéficié
d'un soutien sans faille, notamment après le massacre des
communistes.
Ainsi la France et d'autres « démocrates
occidentales » ont-elles refusé leurs soutiens économiques
au régime « parlementaire » modéré qui a
succédé à Niméiry. Elles ont vite fait cependant
d'appuyer les héritiers du putsch militaire de 1989 contre le processus
de « démocratisation », dirigé par El Béchir,
allié d'El Tourabi, ex ministre de la charia sous Niméiry.
Cette « amitié »Franco-soudanaise peut
s'expliquer par la situation géographique du Soudan, en bordure de la
Franc Afrique. A la différence de Washington, Paris et N'djamena ont
toujours entretenu des liens « amicaux » avec les deux camps
belligérants.
En effet bien que les USA soient passées, pendant la
guerre froide, d'un appui inconditionnel aux régimes dictatoriaux de
Khartoum, en guerre avec le SPLA, au soutien à celui-ci, au lendemain de
la guerre du Golfe, ils ont aussi participés à la restauration de
la paix entre Khartoum et certains de ses voisins, tel l'Ouganda.
Ceci n'exclut pas pourtant une duplicité,
relevée par l'ex-président Jimmy CARTER, porte parole des «
pacificateurs ».
« Le jour même de la signature de l'accord entre
Kampala (capitale de l'Ouganda) et Khartoum, (il a pu estimer) que le plus gros
obstacle a la paix au soudan c'est la politique du gouvernement
américain lui-même. Les USA veulent renverser le régime de
Khartoum »,
100 Marc. L, « le conflit au Darfour n'est pas un
conflit racial », entretien avec Afrik, du 16 Juillet 2004.
49
tous les efforts de paix sont donc voués à
l'échec. (101 ) Cette duplicité reflète aussi
la diversité des intérêts du capital Américain,
favorables à la fin de la guerre entre le SPLA et le pouvoir central
dans le cadre du Soudan Peace Act, adopté par les congrès
américain en 2001-mais hostiles à Khartoum au Darfour, pour les
quels les USA, à en croire Colin Powell, auraient déjà
dépensé 144.2 millions de dollars (Wall Streets journal, 5
Août 2004).
C'est pourquoi, si Washington a contribué à
l'instauration de la paix dans le sud soudan et déclare la vouloir aussi
pour le Darfour, c'est parce qu'il s'agit des zones
pétrolières.
Le partenariat avec la chine - de plus en plus présente
en Afrique se renforce au gré des nouveaux chantiers
pétroliers.
Ce partenariat chinois se révèle comme un crime
de lèse hégémonie états-unien de la part de l'Etat
soudanais, au moment où Washington affirme sa volonté de
renforcer sa domination sur le pétrole mondial. Ceci explique que les
USA soient devenus des croisés de la paix dans la région,
proposant même au conseil de sécurité de l'ONU d'envisager
des sanctions à l'encontre du pétrole soudanais.
A l'inverse, après s'être abstenue, plutôt
que d'opposer son veto de la nouvelle résolution 1564 du conseil de
sécurité sur le soudan, la chine a promis d'opposer son veto
à toute sanction grave contre le pétrole soudanais, qui est aussi
le sien.
Ainsi contenue l'histoire tragique de la domination du capital
occidental en Afrique, dont les visées impérialistes sont rendues
plus injurieuses encore par la mise en spectacle de la charité.
Tout ceci contribue à consolider l'image d'une barbarie
africaine intrinsèque, répandue bien au de-là des milieux
racistes avérés. (102 )
III.1.3. Les causes exogènes
Par cause exogène, nous voyons tout soutient
matériels et même politique que bénéficie soit le
gouvernement soudanais, soit les Mouvements rebelles en provenance de
l'extérieur pour l'accélération ou l'amplification des
hostilités.
101 N. Vescovacci, « le soudan veut briser son isolement
», le Monde Diplomatique, Mars 2000.
102 Darfour : Washington sanctionne à nouveau le
soudan,
Afrik.Com du 29mai 2007. Consulté
le 7Juin 2010.
50
Ces appuis venant de l'extérieur est à la base
du blocage d'avancement de tout les efforts de résolution de cette crise
Soudanaise.
Ces causes s'expliquent par le soutient que reçoit
Khartoum de la Chine et de la Russie (En Armes et en financement), aussi que de
la France par sa collaboration économique à N'djamena qui
à son tour soutien les rebelles du Darfour. Il faut aussi noter le
soutien politique de la part des pays voisins ou frontalier, tels le Tchad, la
RCA, l'Erythrée, la Libye, l'Ouganda, etc.
Aussi ses causes représente le soutient que
reçoit les rebelles par le gouvernement Tchadien et l'apport des USA.
(103 )
Section 3ème : les Acteurs de la crise du
Darfour
Connaissant déjà les causes du conflit de
Darfour, il est important pour sa compréhension de faire l'étude
sur ses acteurs. Aussi peut être considéré comme acteur
dans une crise donné, une personne qui contribue ou se trouve
engagée directement et/ou indirectement ans le conflit.
Les acteurs secondaires sont ceux, s'investissant pour la
résolution ou la transformation du conflit.
Pour cette étude, afin de comprendre les acteurs
engagés dans la crise du Darfour nous proposons les analysés sur
le plan national, régional et International.
III.2.1.Les acteurs nationaux de la crise du Darfour
Au début de la crise du Darfour en Janvier-
février 2003, les acteurs en présence et considérés
comme meneurs de jeu dans cette crise sont de plusieurs obédiences.
Il s'agit du gouvernement de Khartoum en premier dirigé
par le président Omar El Béchir et en deuxième position
les chefs rebelles.
103 China, Russia breach Darfur arms embargo, -Amnesty, Alert
net, Reuters, 8 may 2007
51
III.2.1.1.Le gouvernement soudanais
Les responsables du gouvernement soudanais et de ses forces
des sécurités sont remises en cause d'abord directement par le
bombardement des villages du Darfour en Janvier-Février 2003.
Aussi son intervention directe s'affirme par sa
déclaration que « un de ses appareils avait frappés, le
mardi 13Janvier 2009, des positions du mouvement pour la justice et
l'égalité (MJE) dans la région de Muhajeria.
(104 )
La participation du gouvernement soudanais dans la crise
s'accentue aussi indirectement mais visiblement parle fait d'armer et de payer
les milices Janjawids dirigé par Choukratalla, ancien officier de
l`armée soudanaise.
Les janjawids, des milices désignés comme arabe
recrutée parmi les tribus Abbala ; le gouvernement soudanais nie fournir
une aide aux miliciens. Néanmoins Moussa Hilal, l'un des chefs des
miliciens janjawids a été nommé en Janvier 2008conseiller
du ministère des affaires fédérales soudanais. ( 105)
En effet, ces miliciens sont instrumentalisés par un
gouvernement considéré comme raciste sous plusieurs aspects
à l'exemple de l'apartheid en Afrique du Sud, lequel au moins avait la
dignité de ne pas utiliser le viol comme technique d'extermination.
(106 )
Le gouvernement soudanais a continué de mener une
politique de soutien continuel de milices ethniques, d'organisation des
attaques contre la population civile et des attaques perpétrées
contre les forces de la MINUAD (Mission des Nations Unies et de l'Union
Africaine au Darfour) des travailleurs et convois humanitaire.
III.2.1.2. Les Forces Rebelles (107 )
Les chefs rebelles sont pris pour des acteurs des la crise au
Darfour parce qu'ils constituent les premiers antagonistes contre le
gouvernement de Khartoum et leur multiplicité bloque tout processus de
paix dans la région.
104 Reportage : « le diable arrive à cheval
;
105 BBC News, 21 Janvier 2008, op cit Archive,
consulté le 22juillet 2010.
106 A.AMANI, Byenda, op cit, p. 31.
107
http://www.le grand soir.INFO/Darfour-les
enjeux-du-conflit-meurtrier, par Jean Nanga. Consulté le 3 Aout
2010
52
Parmi eux nous pouvons cités :
? John GARANG qui était le chef du SPLA/M mort lors
d'une crache d'avion dans le sud soudan en 2005, après avoir
occupé le poste de vice-premier ministre, en applications des accords de
paix en Juillet 2005. Il est mort le 31Juillet 2005.John GARANG a
été remplacer par MAHAMAT NOUR.
? Le Mouvement pour la Justice et l'Egalité (MJE)
dirigé par ALLI BRAHIM et qui été à la tête
des troupes lors des combats de mai 2008 dans la ville d'OM DURMAN.
? Armée de Libération du Soudan (SLA)
dirigé par MINNI MINAWI. La SLA est le principal groupe rebelle au
Darfour et a le soutien de l'Armée Populaire de Libération du
Soudan (SPLA/M).
Nous pouvons également citer l'ancien leader de la
charia et proche du président en place HASSAN AL-TOURABI.
III.2.2.Les Acteurs régionaux (108 )
On pense ici que les ambitions personnelles, les motivations
idéologiques, les calculs géographiques, les retombés du
conflit israélo-arabe, les visées pétrolières et
hydrauliques, les retombées du conflit ont contribué à la
multiplication des acteurs dans la crise du Darfour.
La question se pose alors de savoir comment et pourquoi une
douzaine de pays mène une guerre non déclarée contre le
soudan et une guerre qui risque de faire voler en éclat plus d'un pays
dans le continent noir.
Les acteurs les plus ciblés sont le Tchad, la
République Centrafricaine, l'Erythrée, l'Ethiopie, l'Ouganda et
la Libye.
Considéré comme le premier acteur visible de la
région dans la crise du Darfour, N'djamena entretient des liens avec les
rebelles du Mouvement pour la Justice et l'Egalité(MJE) .Il fournit des
hommes, planifie même des attaques contre le régime de Khartoum
avec comme objectif le départ du chef de l'Etat Omar El
Béchir.
108 A.AMANI, Byenda, op. cit, pp.31-32.
53
Nous pouvons ici citer par exemple les attaques de mai 2008
qui ont conduit même à la rupture des relations diplomatiques
entre Khartoum et N'djamena ; ou Khartoum a même promis une revanche au
régime d'IDRISS DEDI ITNO pour le fait d'avoir soutenu les rebelles dans
cette attaque.
Quant à Asmara, il sert de base arrière aux
forces indépendantistes tout au long de leur bras de fer. Il sert aussi
de sanctuaire d'armement fourni par des pays arabes comme la Syrie et l'Irak :
il arme, entraîne et soutien logistiquement, politiquement voir
diplomatiquement les forces indépendantistes soudanais.
Khartoum certifie même que sans l'Erythrée,
jamais l'opposition du Mouvement de Libération du Soudan (MLS/APLS)
n'aurait pu connaitre un minimum de cohésion ou d'imposer le droit
à l'auto détermination du sud soudan.
La situation au Nord du Centrafrique, une zone qui est devenue
une base arrière pour les rebelles Tchadiens mais aussi les janjawids
s'est détériorée avec les attaques sporadiques d'une
coalition rebelle hétéroclite. Ces insurgé centrafricains
qui ont forgé des liens avec les rebelles Tchadiens
bénéficies également du soutient de Khartoum. Ceci a
poussé le 30 octobre 2006, la République Centrafricaine d'accuser
le soudan d'agression. (109)
De sa part, Addis-Abeba est considérée comme
acteur de part sa neutralité vigilante et sa non immixtion dans les
affaires Soudanaises.
En fin, la Libye recrute les milices et parcourt des
patrouilles sur le territoire soudanais, elle arme mes rebelles du Kordofan en
cherchant d'arracher au pouvoir central Soudanais deux provinces riches en
pétrole.
III.2.3. Les Acteurs internationaux (110 )
Une nette division s'observe au sein des grandes puissances en
ce qui concerne la crise du Darfour. Certaines sont pointées du doigt
à cause de leur soutien soit direct ou indirect au gouvernement :
d'autres accordent leur soutien aux différents Mouvements Rebelles
actifs dans la région.
109 M.F. Durand, Atlas de la Mondialisation, science
politique, les Presses, Paris, 2008. p145
110 P. Hugo, op cit ,p.140
54
1. La France : joue un grand rôle, car
selon les estimations, l'hexagone octroie une aide au gouvernement Tchadien,
qui à son tour entretien une collaboration avec les rebelles Soudanais
ayant comme objectif de faire cesser le rayonnement régionale du soudan,
grand pays doté d'un gouvernement « capable »d'abriter des
bureaux du llamas et du djihad Islamique palestiniens. Elle joue donc le
rôle de premiers acteurs européens dans le cadre du corps
expéditionnaire qui sera installé à l'Est du Tchad.
2. La chine : considérée comme
l'acteur le plus dangereux dans le conflit soudanais, la chine joue un double
rôle dans ce conflit.
D'abord sur le plan stratégique, la plupart d'armes
qu'utilisent le gouvernement de Khartoum sont fabriquées au soudan dans
les usines chinoises ;
En suite sur le plan diplomatique, c'est grâce à
elle que Khartoum à agréer une présence armée
« hybride » ONU-UA au Darfour.
L'autre pragmatisme de la chine fait preuve ou prévoit
l'accession de la région du sud soudan à l'indépendance
à l'issue du referendum d'autodétermination fixé pour
2011.
3. Les Etats Unis d'Amérique : peut
être suite à son soutient au SPL/M un mouvement rebelle du sud qui
à son tour soutient le SPLA au Darfour.
4. 4. La Syrie : En 2004, selon le journal
allemand Die Welt, la Syrie aurait testé des armes chimiques au Darfour
; des officiers syriens ont rencontré des représentants du
gouvernement Soudanais dans la banlieue de Khartoum. La
délégation syrienne aurait notamment « offert une
coopération étroite dans le domaine de la guerre chimique.
(111 )
5. Les Forces d'interposition
Environ 7000 soldats de l'Union Africaine (UA) ont
été déployés dans la région, dans le cadre
de la mission AMIS pour protéger les civils.
Leurs actions ont étés considérés
comme inefficaces. La création de la Mission conjointe des Nations unies
et de l'Union Africaine au Darfour (MINUAD, UNAMID en Anglais) a
été décidée en Juillet 2007 pour renforcer les
effectifs des forces d'interposition. (112 )
111 G. Prunier, le Darfour, un génocide ambigu,
Ed la Table Ronde, Paris, 2005, p.12
112 Le monde diplomatique, Mars 2007, consulté le
12 Juin 2010 SUR www.le monde
diplomatique.org
55
Les causes sont multiples et diversifiées, les acteurs
complexe et la crise semble se généralisée, se
régionalisée voir s'internationalisées, mais que dire
alors de conséquence de cette crise.
III.3. Les conséquences du conflit de
Darfour
La crise du Darfour dans sa complexité, avec ses
multiples acteurs a fait plusieurs victimes. Les conséquences de cette
crise reste visible au Darfour sur le plan politique, Économique, et
Humanitaire, Et la situation est devenue de plus en plus compliqués et
dégradée.
III.3.1.Les conséquences politiques
Les conséquences politiques de la crise du Darfour sont
énormes et reste perceptibles sur le plan national, régional et
international.
Sur le plan national, cette crise a vit naître dans le
pays plusieurs factions rebelles qui ont crées l'instabilité
politique et institutionnel de l'Etat.
L'autre conséquence engendrée par cette crise,
est cette antagonisme qui s'observe entre le Nord et le Sud du pays à
partir du quelle le gouvernement ne parvient même plus d'assurer son
rôle de protection sur l'étendue du territoire national et
même le contrôle de certaines provinces du pays qui restent sous la
direction des différentes fractions rebelles. ( 113)
Sur le plan régional disons que les conséquences
de la crise du Darfour sont telles que plusieurs pays voisin se trouve
déjà consterné et toucher par cette crise.
Depuis l'exacerbation des tensions internes au Tchad en 2005,
le conflit du Darfour à pris une dimension régionale. Les
conflits du Darfour et du Tchad sont enchevêtrés par un
système d'alliance croisées entre les gouvernements, les groupes
rebelles : le Tchad soutient les rebelles du Darfour, Khartoum soutient et
appui les rebelles du Tchad.
La situation au Nord du Centrafrique, une zone qui est devenue
une base arrière pour les rebelles Tchadiens mais aussi les Janjawids,
s'est détériorée avec les attaques sporadiques d'une
coalisation rebelle hétéroclite. Ces insurgés
centrafricains qui ont forgés des liens avec
113 P. Madgaju, T. L'Analyse comparée des missions de
maintien de la paix au Darfour et au somalie, Bukavu, UOB, TFC, 2008-2009,
p
114 M.F. Durand, op. cit, p.86
115 B. Lugan, description de la guerre du Darfour par les
spécialistes de l'Afrique, rapport du GRIP,2008,
p.19.
56
les rebelles Tchadiens bénéficient
également du soutien de Khartoum. Ceci à créer des graves
tentions politiques entre les trois pays de la région (Soudan, RCA, et
Tchad) qui ont menées a la rupture des relations diplomatiques entre
Khartoum et N'djamena en décembre 2005 lorsque le Tchad se
déclare en état de belligérance avec le soudan et en
octobre 2006 le RCA d'accuser le soudan d'agression sur son territoire. Si les
trois conflits ont des ressorts avant tout internes, ils sont aujourd'hui
enchevêtré de telle sorte qu'une approche régionale de la
crise est désormais indispensable (114 )
Sur le plan International, les conséquences sont ces
contradictions politiques et tension qui se sont observé entre les
grandes puissances sur la question du Darfour.
Aussi l'inculpation du président Omar El Béchir
par la Cour Pénale Internationale le 14 Juillet 2008 sous le motif des
crimes de guerre et crimes contre l'humanité ainsi que ses proches
notamment : -Le Ministre à l'intérieure ALI Kosheib et le
Ministre aux affaires humanitaires ARMED Harun et l'un des chefs janjawids,
pour série d'attaques perpétrées dans l'ouest du Darfour
en 2003 et en 2004. (115 )
Cette inculpation a enregistré également des
contradictions dont l'UA, la ligue Arabe ont qualifiés d'envenimer tout
le processus de paix au Darfour et là contester estimant qu'elle pourra
conduire à un chao ou un coup d'Etat militaire au soudan, alors que la
France et les USA ont pensé et demandé à Khartoum de
respecter la décision de la cour.
III.3.2. Conséquences Economiques de la crise du
Darfour
Comme nous l'avons dit dans les lignes
précédentes, si toutes les guerres n'ont pas une explication
économique, toutes ont besoin de financement. Le Darfour
n'échappe pas à cette logique.
Les conséquences économiques entendues de la
crise du Darfour sont les pillages, la protection moyennant
rémunération, les profits liés au commerce des armes, des
aliments ou des narcodollars.
Les conflits sur le plan économique, détruisent
des années d'efforts en matière de développement. La
dégradation progressive de l'infrastructure économique et
institutionnelle
57
précipite, dans de nombreux cas, la disparition de
l'Etat surtout ses organes de régulation sociale et de
développement. Ces conséquences peuvent être aussi
résumées par l'appauvrissement continu de la population qui du
reste est la plus pauvre du globe.
Les services de renseignements occidentaux estiment que le
gouvernement soudanais dépense 485 millions de dollars en Achat d'armes
chaque année alors que ce pays compte parmi les plus pauvres du
monde.
D'où proviennent les fonds qui permettent de financer
ces achats d'armes : le gouvernement soudanais tire ses revenus des ses champs
de pétrole nouvellement exploités avec la collaboration de la
china Nationale Petroleum Corporation, un de principaux partenaires d'un
consortium international, ce qui explique pourquoi la chine tient tant à
ce que le gouvernement contrôle les gisements de pétrole.
(116 )
La désertification et le changement climatique sont
à la fois la cause et la conséquence du conflit soudanais sur le
plan économique. Selon le programme des Nations Unies pour la protection
de l'environnement(UNEP) au nord Darfour depuis le déclenchement de la
crise, s'observe une baisse importante de la production agricole alimentaire
d'environ 20% et une baisse jusqu'à 70% du rendement des cultures dans
les régions les plus vulnérables. Le même rapport poursuit
qu'entre 1972 et 2001, deux tiers de la forêt soudanaise ont disparues au
nord, au centre et à l'est du pays avec une destruction
considérable : une tendance qui s'accélère avec la
présence des réfugiées et déplacées.
(117 )
Ces conséquences prennent une vitesse semblable
à celle politiques au fur et à mesure que la situation
s'accentue. L'économie du pays se trouve menacée du fait de
déplacement des populations et d'un exode rural très
amplifié parce que des milliers de personnes fuient les centres ruraux
vers les villes ou leur protection est assurée.
Du fait que cette partie du pays, le Darfour est agraire, la
crise économique se fait observé par la rareté de
denrées alimentaires et produit vivrières sur le marché
locale du fait que cette guerre meurtrière à non seulement
occasionner que les agriculteurs et éleveur quittent le milieu mais
aussi par la décision du gouvernement Tchadien lors des ruptures des
relations diplomatiques avec le soudan et d'interdire tout échange
économique avec le soudan.
116 Lamb, Christina, « China puts 700000 troops on Sudan
Alert »,the telegraph, 27 Aout2000
117 Programme des Nations Unies pour l'environnement, PNUE,
« Sudan Post conflict Environmental assessment »juin 2007.
58
Signalons également que la perte des vies humaines
(300.000 morts) constitue une source des problèmes économique que
le Darfour connait, car sa population active n'a fait que diminuer et par
conséquent diminuer le rendement économique du pays. Tous les
projets économiques de développement se trouvent bloqués
à cause de conditions sécuritaires déplorables à
l'intérieure qu'aux frontières du pays. Le pays reste presque
avec la chine comme seule partenaire économique dans la
coopération et les échanges internationaux.
IV.3.3.Conséquences Humanitaire de la crise du
Darfour
Outre les conséquences politiques et économiques
s'observe une catastrophe humanitaire au Darfour qualifié de pure
situation humanitaire du 21 e siècle. Les conflits internes ont
provoqué une énorme crise humanitaire dans la région du
Grand Darfour, au Soudan, avec plus deux million de personnes
déplacées à l'intérieur du pays qui
nécessitent d'apporter une aide sur plus de 124 sites. Les
communautés d'accueil souffrent également. Les Nations Unies
estiment que la crise touche deux millions de personnes. Les populations
civiles, enfants y compris subissent les attaques des janjawids. L'ONU parle de
crime contre l'humanité tandis que les USA parlent de
génocide.
L'ONU quant à lui estime « que quelque 300000
personnes sont mortes lors des combats, mais aussi en raison des attaques
contre des villages et des politiques de terre brûlée jusqu'en
2008. (118 ) Les représentants de la communauté Four,
Abdul washid al nour, en premier lieu, mais c'est la plus
compréhensible, ont également parlé en 2007 de 400.000
civiles tués au Darfour, au quel s'ajoutaient les femmes
violées.
Médecins sans Frontières estime qu'il y a eu
131000 décès entre 2003 et Juin 2005, dont les trois quart dit
aux maladies et famine. Le conflit aurait « baissé
d'intensité » avec actuellement 200 morts par mois. (119
) Tous ces décomptes comptabilisent les morts indirectes dues aux
maladies, malnutrition et autres problèmes causées par les
déplacements de population.
Les populations déplacées, les destructions, les
villages rasés, la politique de la terre brûlée (attaque et
vol du bétail, champs incendiés) forcent les populations à
partir :
118 Darfour : la MINUAD a un an et 12374 soldats
déployés, centre de nouvelles de l'ONU ,31 décembre
2008
119 Situation du Darfour en juin 2007, Déclaration
à RFI, le 25 juin 2007 et celui de Fabrice WEISSMAN, jean Hervé
BRADOL président du MSF dans Libération du 23 mars 2007.
59
? 12 Camps de réfugiés au Tchad
? Des dizaines des camps de déplacées dont :
Géreida : 128000 déplacées, Zalingei :
95000 déplacées, Kalma : 91000 déplacées et Riyad :
20000déplacées : les réfugiés sont essentiellement
des femmes et des enfants. (120 )
Selon John Holmes, secrétaire général
adjoint de l'ONU aux affaires Humanitaires, au 31 Mai 2010, estime que
l'insécurité alimentaire et l'augmentation de la malnutrition,
provoquée par des pluies faibles et des mauvaises récoltes, ainsi
que par les prix élevés des denrées alimentaires, sont les
facteurs qui ont conduit à cette crise humanitaire. Au moins 1.5 million
des personnes font face à une insécurité alimentaire
sévère alors que les violences tribales ont encore fait 700 morts
et provoquées le déplacement de 90000 personnes en mais 2010.
Le secrétaire général adjoint a aussi
été amené à donner des précisions sur le
chiffre des 300.000 morts qu'aurait à ce jour causés le conflit
au Darfour, chiffre avancé par l'ONU. « Ce chiffre est une
évaluation et est calculé à partir de celui fourni par mon
prédécesseur (200.000) » a-t-il expliqué «
qui était basé sur l'étude de l'OMS au Darfour
».Sur une population estimée à 6 Million des personnes,
le Darfour compte désormais 2.4 million de déplacés.
(121 )
Les ONG, le Programme alimentaire mondial et le Haut
Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés se plaignent du
manque de sécurité qui gène leur travails. Plusieurs
humanitaires et surtout soudanais auraient été enlevés et
même tués, on dénombre jusqu'au 1er semestre
2008 que 10 humanitaires de nationalité Soudanaise ont été
tués, 41 chauffeurs du PAM portés disparus, 74 bases humanitaires
attaquées et 164 Véhicules des humanitaires volés lors
attaqués à main armée, dont 85 du PAM. (122
)
En raison du mauvais état du réseau routier et
de l'insécurité qui règne sur les routes, il est
impossible d'atteindre certaines communautés de personnes
déplacées. L'accès s'est cependant amélioré
ces dernières semaines, mais les évaluations de la situation dans
les différents camps sont catastrophiques : elles indiquent toutes de
graves pénuries de denrées
120
http://www.diplomatie.gouv.fr/actions-france-830/crises-conflit-1050/soudan
consulté le 12 Août 2010.
121 Centre de nouvelle des Nations Unies,
conférence de presse de John HOLMES, secrétaire General adjoint
à l'affaire humanitaire et coordinatrice des secours d'urgence sur la
situation du Darfour du 16 mars 2009, §14.
122
http://www.un.org./french/newscentre/mobilisation
humanitaire au Darfour, consulté le 21main 2010.
60
alimentaires, d'eau, de soins de santé et d'abris. A
mesure que les camps se développent, la pression s'accroît sur le
système de santé, insuffisant même au niveau primaire. Ce
sont les groupes les plus vulnérables, enfants de moins de cinq ans,
enfants séparés de leur famille, femmes enceintes ou allaitantes,
personnes âgées, qui souffrent le plus de l'insuffisance des soins
de santé primaires. Ils constituent la majorité des personnes
déplacées.
Avec peu d'hôpitaux en état de fonctionnement,
seul un petit nombre à accès aux soins et la plupart des
personnes ne peuvent se traiter contre le paludisme, la rougeole, la pneumonie,
le choléra et d'autres maladies. L'absence de soins en santé
génésique est également une grande source de
préoccupation, qui aggrave la mortalité maternelle et infantile.
Il est indispensable de prendre d'urgence des mesures pour répondre aux
besoins physiques et psychologiques des femmes, dont beaucoup ont
été violées.
L'insuffisance de l'assainissement et de l'approvisionnement
en eau potable est une préoccupation majeure dans les camps de personnes
déplacées. Les évaluations conduites par les
spécialistes du Centre régional de l'OMS pour l'hygiène du
milieu à Amman montrent que la plupart des sources ne sont pas
suffisamment chlorées, que les récipients des ménages sont
contaminés, que les latrines sont inadaptées et que la situation
environnementale est tout sauf satisfaisante. On estime qu'à l'heure
actuelle, seulement 12% de l'eau potable nécessaire est disponible. De
telles conditions de vie entraînent une augmentation de la
mortalité avec, dans certains cas, des taux quotidiens de 6,8 / 1000
chez les moins de 5 ans. Les infections respiratoires aigues, les
diarrhées et la malnutrition sont les principales causes de
décès.
Ainsi la tragédie du Darfour considérée
dès le départ par l'opinion publique internationale comme un
génocide a finalement été l'objet d'une controverse
portant sur le nombre réel des victimes civiles sans qu'il ait
été possible de faire marche arrière pour essayer de
traiter la crise autrement que sous ce seul prisme mobilisateur et choquant de
la bataille des chiffres. Comme le résume Gérard Prunier dans son
ouvrage (123 ), après qu'il eut lui-même tenté
de réaliser sa propre estimation en recoupant l'ensemble des
données alors existantes qui le conduisent à une estimation de
300 000 morts au début de 2005, « la marge d'erreur est forte
et on pourrait s'apercevoir avec des travaux détaillés qu'il n'y
a peut-être eu " que " 220 000 ou 250 000 morts. Mais peut-être
aussi se rendrait-on compte qu'il y en a eu 350 000. »
123 Gérard PRUNIER, « le Darfour, un
génocide ambigu » op. cit, p.207
61
Les enquêtes les plus rigoureuses effectuées
ensuite laissent penser que la réalité des massacres, pour
terrible qu'elle soit, est fort heureusement sans doute moindre que celle qui
était annoncée. Mais il leur semble important de rappeler que le
United States Government Accountability Office,
GAO, soit la Cour des comptes fédérale
américaine, a montré que certaines des données qui ont
servi de support à la définition de politiques d'intervention,
avaient effectivement été avancées pour des
considérations en partie militantes, sans reposer sur des bases
prouvées. Certains experts ont ainsi reconnu ultérieurement avoir
lancé des chiffres estimés très grossièrement, sans
réelle étude de terrain ni méthodologie rigoureuse, dans
le but principal de produire un choc et une prise de conscience humanitaire des
opinions publiques occidentales et des gouvernements.
Sans prétendre apporter une réponse
définitive, le GAO s'appuie sur le Centre pour la recherche
l'épidémiologie des désastres, CRED,
de l'école de santé publique de l'université
catholique de Louvain, pour étayer ses conclusions.
Crédité de la méthodologie scientifique la plus rigoureuse
et d'une très grande objectivité, le CRED avait publié une
première analyse en 2005, au terme de laquelle le nombre de
décès excédentaires, dans l'Est du Tchad et au Darfour,
dus à la crise, était approximativement de 110 000 sur une
période de 17 mois, comprise entre septembre 2003 et janvier 2005, dont
35 000 dus à la violence, les autres décès étant
dus aux maladies (124).
Très précisément, selon les comptages
scientifiques alors effectués, la surmortalité estimée au
Darfour au cours de cette période oscille entre 63 000 et 146 000
décès, selon les modes de calcul, et le nombre total de
décès durant cette même période varie de 98 000
à 181 000. Selon les informations communiquées à vos
rapporteurs par le CRED (125), l'estimation concernant le Darfour se
situerait actuellement entre 0,6 et 0,7 pour 10 000 habitants/jour, soit un
taux élevé mais néanmoins inférieur au seuil
d'urgence de 1/10 000.
Enfin, selon les données consultables aujourd'hui sur
le site Web du CRED (126), après actualisation de
l'étude initiale, il ressort que le conflit a sans doute effectivement
tué au total quelque 300 000 personnes, mais sur l'ensemble de la
période comprise entre septembre 2003 et décembre 2008.
Encore le CRED avance-t-il que ces données doivent être
considérées comme des estimations prudentes : il s'agit
précisément d'une fourchette de 180 000 à 460 000
décès, dont la principale cause n'est pas la violence mais les
maladies.
124 Débarati Guba-sapira et olivier Dégomme,
Université Catholique de Louvain, « Darfour : Conting the
Deaths, What are the trends ! » décembre 2005.
125Entretien téléphonique du 14 mai 2009
avec le docteur Olivier Dégomme, Médecin, Spécialiste de
Santé Publique avec le CRED.
126 Darfour CE-DAT « Complexe emergency data base
», Juillet 2009.
62
Ainsi Sur 6 millions d'habitants au Darfour au début de la
crise :
2,5 millions des déplacés.
250000 des réfugiés dans l'Est du Tchad.
4,5 millions des personnes dépendantes de l'aide
humanitaire.
Selon l'ONU, plus de 300000 personnes seraient
décédées des conséquences
directesouindirectesduconflitdepuis2003.
Des violences sexuelles à grande échelle, y compris
le harcèlement des femmes déplacées dans et aux abords des
camps. Le Darfour est aussi l'un des principaux champs de bataille où
sont enrôlés des enfants soldats.
CHAPITRE IV. L'O NU ET LA RESOLUTION DE LA CRISE
DU
DARFOUR
Ce chapitre analyse les différentes interventions des
Nations Unies dans la résolution de la crise du Darfour ainsi que le
bilan depuis son implication.
IV.1. La position de l'ONU face à la crise du
Darfour
Au risque de paraître sévère, nous
considérons que, longtemps, les Nations Unies ne se sont pas
véritablement intéressées au Soudan. Il est singulier en
effet qu'à aucun moment, elles n'interviennent à quelque titre
que ce soit dans la résolution d'un des conflits les plus terribles que
le monde ait connus.
En fait, l'intérêt que les Nations Unies ont
manifesté au Soudan, essentiellement axé sur les aspects
humanitaires et l'assistance que la communauté internationale devait lui
apporter, a tardé à aborder les questions politiques pourtant au
coeur de tous les problèmes auxquels doit faire face ce pays depuis
toujours et, surtout, à tenter d'y apporter des solutions.
Au long des années 1980 et 1990, notamment, les Nations
Unies ont été singulièrement peu réactives
vis-à-vis de la situation au Soudan ; leur action n'a jamais non plus
visé à une réelle effectivité, dans la mesure
où seule l'Assemblée générale s'est saisie des
différentes questions, sans intervention, à une exception
près, comme on le verra, du Conseil de sécurité.
63
Jusqu'en 2004, les Nations Unies semblent donc n'avoir pas
perçu l'urgence de mettre en oeuvre des moyens plus efficaces que ceux
qu'elles se contentaient de mobiliser depuis la fin des années
1980. (127)
IV.1.1. Les préoccupations de l'Assemblée
générale de l'ONU pour le
Soudan
L'Assemblée générale des Nations Unies a
eu l'occasion à plusieurs reprises d'exprimer sa préoccupation.
Dès la fin des années 1980, elle a notamment adopté
plusieurs résolutions par lesquelles elle se déclarait
alarmée par la situation catastrophique du pays, consécutive aux
diverses calamités l'affectant de manière récurrente :
présence de plus d'un million de réfugiés étrangers
sur son territoire depuis le début des années 1960 ;
sécheresse et famine de 1984 ; inondations et infestations acridiennes
en 1988 ; sécheresse et pénuries alimentaires en 1990.
Si elle a continué de s'intéresser à
l'assistance d'urgence, l'Assemblée générale a en effet
commencé à porter un regard parallèle sur la situation des
Droits de l'homme dans le pays. Ainsi, tout en réitérant la
nécessité de poursuivre la solidarité internationale
à l'égard du Soudan, la résolution 47/162 (128)
appelait pour la première fois les parties prenantes au conflit
armé à mettre un terme aux hostilités et, incidemment,
à faciliter le travail humanitaire. Simultanément, la
résolution 47/142, adoptée le même jour, prenait note, pour
la première fois également, « avec une profonde
préoccupation des informations selon lesquelles de graves violations des
Droits de l'homme seraient commises au Soudan », ainsi que les
rapports de la Commission des Droits de l'homme les relataient alors.
Déjà, l'impossibilité pour les
populations civiles d'accéder librement à l'assistance
humanitaire, les déplacements forcés, les exodes massifs de
populations vers les pays voisins, la torture, les exécutions sommaires
et autres détentions sans jugement étaient mentionnés.
Désormais, les résolutions suivantes de
l'Assemblée générale continueront la plupart du temps de
maintenir ce parallèle entre solidarité humanitaire et vigilance
en matière de
127 Rapport d'information sur la situation au soudan et la
question du Darfour par la commission des affaires étrangères
présenté par serge JACQUIN et Patrick LABAUNE, Assemblée
National, KHARTOUM ; 2009 ; p146.
128 Adoptée le 18 décembre 1992
64
Droits de l'homme. Si la tonalité globale des
résolutions quant à la situation humanitaire au Soudan est
à l'inquiétude, celle des résolutions relatives aux droits
de l'homme est à la fois nettement plus grave et plus
préoccupée. L'Assemblée générale, reprenant
les conclusions de la Commission des droits de l'homme et des rapporteurs
spéciaux, ne cesse de dénoncer, au long des années 1990,
la gravité des violations des droits de l'homme au Soudan, en soulignant
d'ailleurs que les autorités gouvernementales ne sont pas seules en
cause et que les parties prenantes au conflit civil doivent trouver une
solution qui permette à la population soudanaise de
bénéficier des droits de l'homme et des libertés
fondamentales.
Nous remarquons que, malgré les prises de positions
constantes de l'Assemblée générale, la situation des
droits de l'homme, est loin de s'améliorer et s'aggrave au fil des
années.
Les résolutions de l'Assemblée
générale ne sont ainsi qu'une longue litanie
d'inquiétudes, de préoccupations et d'indignations, sans
véritable effet concret sur le terrain.
IV.1.2. La Commission des droits de l'homme et les
conclusions des rapporteurs
spéciaux
C'est sur la base des informations émanant des rapports
du Haut Commissariat aux droits de l'homme qui avaient déjà
alerté l'Assemblée générale, que, au mois de mars
1993, une résolution de la Commission des droits de l'homme (
129) demandait la nomination d'un Rapporteur spécial, eu
égard à la particulière gravité de la situation,
ceci sera plus tard au coeur de la mobilisation des opinions publiques
sensibilisées par la tragédie du Darfour, constituait, dès
cette époque, la trame des préoccupations de la Commission,
attentive à la situation des droits de l'homme au Soudan depuis 1991 :
déplacements internes de populations, notamment de minorités,
exode en masse de réfugiés vers les pays voisins,
exécutions sommaires, aide humanitaire empêchée,
détentions arbitraires, tortures, discriminations...
Rétrospectivement, le premier rapport
intérimaire du Rapporteur spécial, publié en novembre
1993, paraît singulièrement actuel. Il se penche sur les
violations des droits de l'homme commises depuis le 30 juin 1989, date du coup
d'Etat du général Al-Bachir, et s'intéresse tant aux
exactions commises par les autorités gouvernementales qu'à la
129 Résolution 1993/60 du 10 mars 1993.
65
situation dans les zones contrôlées par
l'Armée de libération du peuple soudanais (SPLM/A). Parmi les
informations qu'il livre, les rapporteurs de la commission sur la situation au
Soudan et au Darfour relèvent notamment :
? Le fait que quelque 5 millions de personnes sont alors
déjà déplacées du fait du
conflit entre le Nord et le Sud, auxquelles s'ajoutent
près de 500 000 réfugiés à l'étranger,
répartis entre le Zaïre, l'Ouganda, l'Ethiopie, la
République centrafricaine et le Kenya ;
? Que les bombardements aériens par le gouvernement
soudanais sur des objectifs civils dans les villes ou les camps de
déplacés sont attestés ;
? Que les forces armées, auxquelles se joignent des
milices arabes et des unités
paramilitaires, se livrent à des
massacres de populations civiles, des pillages, des destructions massives, des
enlèvements.
? Que, à la publication du rapport, la situation dans
les Monts Nouba ne cesse
d'empirer depuis déjà près de
dix ans : affrontements entre groupes arabes et non arabes ; pillages, razzias
et autres atrocités, tant de la part de milices alliées au
gouvernement central que des troupes du SPLM/A qui contrôlent une grande
partie de la région, conduisent des centaines de milliers d'habitants
à fuir, dans un véritable processus de déracinement des
communautés Nouba, commencé dès août 1989 et sans
doute déjà alors irréversible.
En d'autres termes, encore une fois, plus de dix ans avant que
n'éclate la crise du Darfour, les plus graves violations des droits de
l'homme ainsi qu'une situation humanitaire les plus tragiques, qui ne
diffèrent en rien de celles qui serviraient de toile de fond à la
mobilisation internationale de 2004, étaient largement connues de la
communauté internationale et parfaitement documentées.
Cette connaissance n'a alors provoqué ni indignation ni
réaction de la communauté internationale. L'Assemblée
générale, au long de cette période, reste seule à
s'émouvoir de la situation décrite rapport après rapport.
Tous les rapports qui suivront, ne feront qu'alimenter les débats et
étayer les résolutions annuelles de l'Assemblée
générale que nous avons présentées. Sans qu'il soit
besoin d'insister, il leur suffit de remarquer que le Conseil de
sécurité restera longtemps silencieux, pour n'intervenir vraiment
qu'en 2004, année à partir de laquelle l'Assemblée
générale se consacrera exclusivement au financement des MINUS et
MINUAD.
66
IV.1.3. Le silence du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité ne s'est jamais saisi
d'aucun dossier Soudanais avant le 31 janvier 1996. Pourtant les crises qui
frappent le Soudan sont récurrentes depuis l'indépendance, le
conflit entre le Nord et le Sud du pays, commencé en 1983,
s'avère terriblement coûteux pour les populations civiles, et le
conflit dans les Monts Nouba a été l'objet des rapports les plus
alarmants de la part des rapporteurs spéciaux de la Commission des
droits de l'homme depuis 1993, attirant sans ambiguïté l'attention
sur le nettoyage ethnique en cours.
Ce ne sont cependant pas ces crises-là qui motiveront
son intervention avec la résolution 1044, la toute première
à avoir été adoptée par le Conseil de
sécurité contre ce pays, à l'unanimité des quinze
membres. Elle condamnait la tentative d'assassinat dont avait été
victime le président égyptien Hosni Moubarak à Addis Abeba
le 26 juin 1995, et demandait au gouvernement soudanais de prendre les mesures
pour extrader vers l'Ethiopie les trois suspects ayant trouvé refuge sur
son territoire, de renoncer à soutenir les activités terroristes
et enfin de respecter les principes des Chartes de l'ONU et de l'OUA dans ses
relations de voisinage.
Devant l'inertie des autorités soudanaises, deux autres
résolutions du Conseil de sécurité ( 130)
seront votées peu après, qui, pour la première fois,
établiront des sanctions contre le Soudan, portant, dans un premier
temps, sur les facilités accordées à ses diplomates, puis
interdisant le trafic aérien aux compagnies d'aviation soudanaises vers
les pays membres des Nations Unies
Entre temps, l'attention du Conseil de sécurité
était retombée et, sans même parler de décision ou
de résolution, aucun débat sur le Soudan n'y sera même
simplement organisé durant la période, allant de 1995 à
2001.
L'attention du Conseil de sécurité ne se
ravivera que quelques années plus tard, lorsque la crise du Darfour aura
éclaté ; plus précisément, lorsque la perspective
d'un accord de paix entre le Nord et le Sud commencera de prendre forme.
130 Résolution 1054, du 26 Avril 1996 et 1070, du 16
août 1996.adoptées à l'unanimité sauf l'abstention
de la Russie et de la chine.
67
IV.1.4. Le réveil de la communauté
internationale
L'entrée en jeu des Nations Unies sur la question du
Darfour peut s'analyser en trois séquences successives. On peut en
premier lieu considérer que la réaction du Conseil de
sécurité fut tardive puisque c'est seulement le 11 juin 2004
(131 ) soit près d'un an et demi après le début
de l'insurrection rebelle et de sa répression par le gouvernement
soudanais, que le Conseil a abordé la question du Darfour. Ce
délai, bien long, voire excessif, si l'on prend en compte la
connaissance par la communauté internationale des réalités
soudanaises nécessite un retour sur cette période, et notamment
sur la chronologie des interventions des Nations Unies.
L'intérêt renouvelé du Conseil de
sécurité au début des années 2000 en ce qui
concerne le Soudan est tout d'abord marqué du sceau d'un très
réel soulagement de voir enfin à porter de main la solution de
l'effroyable conflit civil entre le Nord et le Sud, après des
années d'efforts et de médiation diplomatiques.
En octobre 2003, un peu plus d'un an après la signature
du Protocole de Machakos, le président du Conseil de
sécurité demande au Secrétaire général de
commencer, avec l'ensemble des parties prenantes, dont les facilitateurs et
observateurs internationaux, les « travaux préparatoires en vue
de déterminer les meilleurs moyens, pour les Nations Unies, d'aider
à l'application de l'accord global de paix »(132
).
De fait, quelques mois plus tard (133 ) le
Secrétaire général expose au Conseil de
sécurité son analyse des énormes difficultés
auxquelles risque de se heurter la mise en application du futur accord de paix
Nord-Sud. Il fournit également un schéma de travail et d'appui
logistique pour que les Nations Unies contribuent à son succès.
Il rappelle à cet égard qu'« un petit groupe d'experts
techniques de l'ONU se trouve au Soudan depuis la fin d'avril 2004 pour
entreprendre une planification logistique et des évaluations sur le
terrain (...) dans l'éventualité d'une opération future
» de soutien à la paix qui, souligne-t-il, se ferait dans les
conditions les plus difficiles mais qu'il appelle néanmoins sans
ambiguïté de ses voeux : l'accord de paix sera un document
extrêmement complexe, qui affectera « en profondeur les
réalités politiques actuelles au Soudan » et
nécessitera tout à
131 Résolution 1547 cité par le rapport
d'information sur la situation du soudan et la question du Darfour, Op cit, p.
148
132 Déclaration du président du conseil de
sécurité, 10 octobre 2003.
133 Rapport du secrétaire général sur le
Soudan 3 Juin 2004.
68
la fois une grande confiance entre les ex belligérants,
ainsi que soutien et patience de la part de la communauté internationale
qui sera là « confrontée à la tâche
véritablement redoutable consistant à aider le gouvernement
soudanais et le SPLM/A à surmonter leurs divergences ».
Ce n'est qu'en conclusion de ce premier mémoire que
Kofi ANNAN attire l'attention du Conseil de sécurité sur ses
préoccupations : non seulement des combats font
toujours rage dans certaines régions au Sud, mais « la
situation catastrophique au Darfour est un problème qui rendra un accord
de paix Infiniment plus difficile à appliquer »
(134 )
En d'autres termes, d'une certaine manière, pour grave
et préoccupante qu'elle soit alors, depuis au moins un an que dure la
contre insurrection de Khartoum, la crise du Darfour n'est alors
appréhendée par le Secrétaire général que de
façon incidente : il s'agit simplement d'une
difficulté supplémentaire à laquelle les parties prenantes
doivent s'atteler au risque de voir rendus vains leurs efforts pour
l'application des futurs accords de paix Nord-Sud. Ce sera d'ailleurs en ce
sens que se prononcera le Conseil de sécurité dans la
résolution 1547 du 11 juin 2004, qui fait siennes les conclusions de
Kofi ANNAN sur le Darfour. Cette résolution sera donc essentiellement
centrée sur l'accord de Naivasha dont elle souligne l'importance non
seulement pour la perspective de paix qu'il ouvre enfin entre le Nord et le Sud
mais aussi pour la stabilité globale du pays, dans la mesure où
il est considéré comme représentant une solution viable
pour tous les soudanais. Pourtant, quelques jours avant l'adoption de cette
première résolution, le président du Conseil de
sécurité était revenu sur la situation dramatique du
Darfour, mettant notamment l'accent sur des informations relatives à des
graves actes de violations des droits de l'homme « à
caractère ethnique », sur l'engagement non encore
respecté, du gouvernement soudanais de désarmer les milices
janjawids ainsi que sur les entraves logistiques faisant obstacle à une
intervention rapide « face à une crise majeure qui ne cesse de
s'aggraver » (135 ).
D'une certaine manière, un tournant s'est
opéré dès ce moment dans la politique du Conseil de
sécurité. Non seulement, il condamnait ces violations des droits
de l'homme et réitérait son appel à la protection des
civils et au respect des engagements des autorités
134 Rapport du secrétaire général,
S/2004/453,3juin 2004, §22.
135 Déclaration du président du conseil de
sécurité, 25mai 2005. Sur
www.un.org/newscentre le 04
mai 2010.
136 Adoptée le 30 Juillet 2004.
69
soudanaises mais il commençait d'élaborer des
décisions d'une toute autre force, une fois réellement prise la
mesure de ce qui se jouait alors au Darfour.
Très vite, en effet, trois autres résolutions
seront votées par le Conseil de sécurité, au cours de
cette même année 2004, qui porteront cette fois ci l'essentiel de
l'attention sur la situation au Darfour.
A compter de cette date (11juin 2004), le Conseil sera
d'ailleurs seul à prendre position sur les différents aspects des
dossiers soudanais, en déclarant agir en vertu du Chapitre VII de la
Charte.
C'est donc quelques semaines seulement après la
résolution 1547, que la résolution 1556 (136 ) viendra d'une
certaine manière cristalliser les préoccupations que
l'Assemblée générale n'avait cessé d'exprimer au
cours des années antérieures au sujet des désastres que
vivait le Soudan, pour en tirer, sur la base de la tragédie qui se joue
au Darfour et pour la première fois, des conséquences juridiques
d'une certaine effectivité.
Les risques de catastrophe humanitaire pour les populations
civiles du Darfour, la nécessité de permettre l'acheminement de
l'aide internationale, la dimension régionale du conflit et les risques
de déstabilisation internationale ainsi que la nécessité
de soutenir les efforts de médiation engagés par l'Union
africaine et d'autres parties prenantes, sont les arguments avancés qui
justifient que le Conseil de sécurité ouvre en effet la voie
d'une première vague de mesures contraignantes à l'encontre du
Soudan, dans l'hypothèse où son gouvernement n'honorerait pas ses
engagements.
« La situation au Soudan constitue une menace
à la paix et à la sécurité internationales et
à la stabilité de la région », affirme le
Conseil de sécurité, qui se limite néanmoins, dans
l'immédiat, à un embargo sur les armes et autres matériels
militaires vers les trois Etats constituant le Darfour.
Avec l'adoption de cette résolution, les
décisions du Conseil de sécurité vont devoir
s'équilibrer en un exercice des plus délicats. Dès ce
moment, en effet, le Conseil mène deux actions en parallèle :
l'une relative au soutien international et résolu d'un processus de paix
prometteur entre le Nord et le Sud, dans lequel le gouvernement soudanais a
montré son engagement ; l'autre relative à l'attention à
porter à la répression par ce même gouvernement d'une
rébellion nouvelle, contre laquelle il fait preuve d'une
brutalité et de
70
l'utilisation de moyens inacceptables, susceptibles de
l'exposer à des sanctions internationales.
Les deux résolutions du Conseil de
sécurité votées à l'été 2004,
illustrent bien l'incommodité de la position du Conseil de
sécurité, dont le gouvernement soudanais saura jouer habilement
dans son activité diplomatique.
En premier lieu, alors que quelques semaines auparavant, comme
nous l'avons souligné, l'application des futurs accords de paix
constituait la promesse d'un avenir meilleur pour le Soudan, la perception
soudaine de l'urgence absolue de la situation au Darfour conduit le Conseil de
sécurité à instaurer un premier mécanisme de
sanctions susceptible d'être rapidement étoffé faisant
corrélativement moins porter son attention sur le processus de paix en
cours entre le Nord et le Sud. En effet, si le Conseil :
« réaffirme son appui à l'Accord de
Naivasha », il « envisage avec intérêt
l'application effective de cet accord, et un Soudan, pacifique et
unifié, oeuvrant en harmonie avec tous les autres États à
son propre développement, et demande à la communauté
internationale d'être prête à apporter un concours soutenu,
notamment en fournissant les fonds nécessaires pour appuyer la paix et
le développement économique au Soudan. »
(137 ).
De fait, s'il aura plus tard l'occasion de se féliciter
de l'enregistrement de certains progrès, le Conseil de
sécurité continuera de manifester sa préoccupation et de
hausser le ton. Depuis le début de l'été, un
mécanisme conjoint d'application des accords de paix avait
été instauré entre le gouvernement soudanais et le
Secrétaire général. Son attention se portait sur la
vérification des engagements du gouvernement de Khartoum quant aux
milices janjawids, aux activités des forces armées soudanaises
comme aux différents autres aspects des problèmes : situation
militaire sur le terrain ; situation humanitaire ; processus de
négociation ; fourniture et accès de l'aide internationale
notamment.
Consécutivement, malgré certains
éléments positifs, l'insuffisance constatée des moyens mis
en oeuvre par le gouvernement conduit rapidement le Conseil de
sécurité à accroître sa pression. La
résolution 1564, dès le 18 septembre 2004, mentionnera ainsi le
secteur pétrolier soudanais comme cible possible de sanctions au cas
où serait avéré le manque de
137 Résolution 1556 du 30Juillet
2004, paragraphe 11.
71
coopération du gouvernement, notamment avec la mission
de l'Union africaine au Darfour.
Dans l'intervalle en effet, non seulement le gouvernement n'a
pas ralenti son activité militaire aérienne sur les villages du
Darfour, mais ses milices janjawids, loin d'avoir été
désarmées, ont pour leur part poursuivi leurs exactions. Raison
pour laquelle le Conseil de sécurité demanda alors au
Secrétaire général de constituer d'urgence une «
commission internationale d'enquête pour enquêter
immédiatement sur les informations faisant état de violations du
droit international humanitaire et des instruments internationaux relatifs aux
droits de l'homme par toutes les parties dans le Darfour, pour
déterminer également si des actes de génocide ont eu lieu
et pour identifier les auteurs de ces violations afin de s'assurer que les
responsables aient à répondre de leurs actes. »
C'est la première, et unique, fois que
l'éventualité qu'un génocide soit commis au Darfour est
évoquée dans une résolution du Conseil de
sécurité. Quelques semaines plus tard, le 19 novembre 2004, le
Conseil, très exceptionnellement déplacé à Nairobi
pour l'occasion afin de marquer sa plus vive préoccupation
(138 ), adopte lors d'une séance solennelle la
résolution 1574, qui réitère l'attention portée au
processus de Naivasha et tout le soutien que les Nations Unies sont
prêtes à apporter à l'application du futur accord de paix,
d'autant plus espéré qu'il contribuera « à
résoudre la crise au Darfour. » En d'autres termes, comme la
résolution le souligne par ailleurs, c'est une approche nationale,
syncrétique, associant tous les intéressés « y
compris les femmes», qu'il est nécessaire d'adopter pour
travailler à la paix et à la réconciliation nationale.
Alors que le Conseil de sécurité, comme nous
l'auront souligné, n'avait porté aucune réelle attention
au Soudan par le passé, sa soudaine prise de conscience de la
gravité de la situation au Darfour va l'entraîner dans une sorte
d'emballement au cours des années suivantes : entre le 1er
Janvier 2005 et le 31 décembre 2009, ce ne sont en effet pas moins d'un
total de 107 réunions qu'il aura consacré directement au Soudan
(139 )
En complément, sur un plan institutionnel, une
enquête internationale aura été diligentée ; 29
résolutions du Conseil de sécurité, portant exclusivement
sur les conflits soudanais, auront été adoptées, sans
compter le grand nombre d'autres, traitant de
138 Par le passé depuis la création de
l'organisation des Nations Unies, le Conseil de sécurité ne
s'était ainsi délocalisé qu'à trois
reprises.
139 Traitant la question du Soudan et plus
particulièrement celui du Darfour le conseil de sécurité
s'est déplacé 21fois en 2005 ; 31 fois en 2006 ; 15fois en 2007 ;
24 fois en 2008 et 16 fois en 2009 de son siège habituelle.
72
questions régionales affectant pour partie la crise du
Darfour ou la situation au Soudan, qui seront également votées ;
la Cour pénale internationale, saisie par le Conseil de
sécurité (140 )aura de son côté
lancé des procédures et mandats d'arrêt internationaux
visant à l'arrestation de certains hauts responsables de l'appareil
répressif soudanais ainsi que du président Omar Al-Bachir
lui-même pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité ; des
forces d'interposition de l'Union européenne, de l'Union africaine et
des Nations Unies auront été constituées pour se
déployer sur le terrain et contribuer à la pacification de la
région et à la sécurisation des camps de
réfugiés et de déplacés, ainsi que de la population
civile Darfouri.
En d'autres termes, la crise du Darfour aura finalement
été l'occasion d'une activité et d'une mobilisation de la
diplomatie onusienne d'une exceptionnelle importance, à la hauteur des
enjeux humains et géopolitiques qu'elle a créés,
révélés ou amplifiés.
On ne peut toutefois s'empêcher de penser que ce conflit
a aussi été comme une épine dans le pied des Nations
Unies, fort inopportunément plantée à un moment où
toute l'attention devait se concentrer sur un effort commun pour enfin
réussir une paix si longtemps attendue. D'une certaine manière,
la communauté internationale s'est trouvée embarrassée par
cette nouvelle crise, et contrainte d'y plonger malgré elle alors
qu'elle croyait voir l'interminable dossier soudanais se clore enfin. Le
Darfour a risqué de tout faire capoter, de mettre à bas
l'édifice péniblement construit. N'est-ce pas pour cette raison,
aussi, que les solutions qui seront envisagées pour le résoudre,
que ce soit par les Nations Unies, l'Union africaine, ou les initiatives des
médiateurs bilatéraux, seront si uniment consacrées en
premier lieu aux aspects humanitaires, en occultant en quelque sorte les
fondements politiques de cette crise ? Comme s'il fallait tenter d'apaiser le
feu à l'Ouest sans rien remettre en cause de ce que l'on avait
difficilement réussi à construire.
Certes, les informations épouvantables en provenance du
Darfour, dix ans à peine après que le Rwanda eut écrit
à l'été 1994 en quelques semaines l'une des pages les plus
horribles de l'histoire de l'humanité, faisaient resurgir le spectre
d'un nouveau génocide en terre africaine. Il y avait de quoi bousculer
les chancelleries occidentales, attisées par l'opinion publique.
140 Résolution 1593, du 31 mars 2005
73
IV.2. L'ONU et le maintien de paix au Darfour
Dans le but de résoudre pacifiquement les
différends qui ont éclaté depuis 2003, entre le
régime de Khartoum et les principaux mouvements et groupes rebelles au
Darfour, l'ONU participe sous deux formes d'interventions : d'une part elle
participe par l'entremise des procédés diplomatiques ou
juridictionnels : cela par la facilitation et la médiation dans des
négociations politiques et d'autre part, sous forme d'opérations
militaires de maintien de la paix. Ces deux formes d'interventions dont se sert
l'ONU pour chercher à rétablir la paix au Darfour feront l'objet
d'analyse pour ce point.
IV.2.1.L'ONU et les opérations de paix au
Darfour
La diplomatie est la première arme dont dispose l'ONU.
Le Conseil de sécurité doit encourager les nations à
résoudre pacifiquement leurs conflits (par des recommandations, des
négociations, la médiation, etc.). Si ces tentatives
échouent, il peut avoir recours à des moyens non militaires (des
sanctions économiques par exemple).
En dernier recours, il peut autoriser une action militaire
pour imposer la paix. Celle-ci est menée par une coalition de pays,
regroupés sous l'égide de l'ONU. Cette manière d'imposer
la paix n'est utilisée que très rarement (par exemple lors de la
guerre du Golfe en 1991) (141).
IV.2.1.1.L'ONU et les Négociations de paix au
Darfour a. Des cessez-le-feu aux missions de paix
C'est le Tchad qui le premier se mettra sur la longue liste
des médiateurs de la crise du Darfour. Dès le mois de septembre
2003, il organise une rencontre à Abéché, entre le
gouvernement soudanais et les forces rebelles qui débouchera sur un
premier accord de cessez-le-feu d'un mois et demi, connu sous le nom
d'« Abéché I », suivi
rapidement d'« Abéché II ». Ces deux
accords ne réussirent en rien à calmer le jeu, à tel point
que le général Al-Bachir pouvait rapidement déclarer,
après quelques succès ultérieurs sur le terrain que les
opérations militaires étaient terminées.
141 Microsoft ® Encarta ® 2009. (c) 1993-2006 Microsoft
Corporation consulté le 5 Juillet 2010.
74
Cette orientation des premières négociations
sous égide internationale en faveur de la recherche de cessez-le-feu
sera encore celle privilégiée lorsque l'Union africaine entrera
à son tour en scène en mars 2004. A l'instar des discussions
menées à Abéché, celles-ci, qui se tiendront
à N'Djamena, mettront en avant la question de l'aide humanitaire
à apporter aux populations, sans que celle de leur protection soit
toutefois prévue.
Un nouveau cessez-le-feu était conclu début
avril et pour la première fois aussi, une mission internationale
d'observation militaire était constituée pour veiller à
son application : la Mission de l'Union africaine au Soudan, MUAS.
L'extrême modestie des moyens de la mission et surtout
des équipes d'observation sur le terrain - 60 observateurs et 300
militaires, dans un premier temps, à pied d'oeuvre à partir du
mois de juin -, ne pouvait permettre à la Mission de tenter quelque
action que ce soit à l'encontre de ceux qui violeraient l'accord sur un
territoire de la surface de celui de l'Espagne. Cet accord ne pouvait
qu'être piétiné et le fut effectivement, par toutes les
parties. ( 142). Ainsi l'ONU jouera ici un rôle
déterminant :
D'abord pour faire face à la situation humanitaire
catastrophique, elle votera dé juillet 2004 des résolutions
visant au retour à la paix civile, par le désarment des Janjawids
et le retour des déplacé dans leurs foyers. Ses
résolutions établissent des embargos sur les armes, des
interdictions de survol aérien militaire et prévoient même
des sanctions à l'égard des coupables d'atteintes aux droits de
l'homme et des violateurs des cessez-le-feu antérieurs et des embargos
et interdictions décrétés. Des sanctions qui consistent
notamment en un gel des avoirs financiers et en une interdiction de se rendre
à l'étranger. Ces pressions internationales contraignent le
gouvernement de Khartoum à prendre divers engagements : dès le 3
juillet 2004, il assure à Kofi ANNAN qu'il entend désarmer les
janjawids... dans les 30 jours. Le nouveau Représentant Spécial
du Secrétaire Général de l'ONU pour le Soudan, Jan Pronk,
signe le 5 août 2004 un plan d'action avec les autorités qui
s'engagent en outre à protéger l'action humanitaire, à
établir des tribunaux locaux chargés de juger les
atrocités commises contre les civils, à respecter l'embargo sur
les armes et les survols aériens offensifs, et même à
engager des négociations politiques avec la rébellion.
142 Rapport d'information sur la situation au soudan et la
question du Darfour par la commission des affaires étrangères
présenté par serge JACQUIN et Patrick LABAUNE, Assemblée
National, KHARTOUM ; 2009 ; p.171
75
Ensuite le rôle de l'ONU se manifestera à ce
stade des premières négociations par la mobilisation de toute la
communauté internationale en vue de soutenir financièrement et
logistiquement l'intervention de l'UA au Darfour. La France et l'Union
Européenne tout entière répondirent à cet appel en
octroyant au fonctionnement de la MUAS de financement énormes. Certains
pays africains ont contribué également en ressource, humaines,
financières et en matériels de logistique.
b. Les Négociation d'Abidjan
A la différence de ce qui s'est passé dans le
cadre du conflit du Sud Soudan, où l'IGAD s'était fortement
impliquée dans la conduite des négociations, c'est ici l'Union
africaine qui prend l'initiative pour aider les Soudanais à entrer dans
un processus de paix. Elle le fait sans tarder, dès la conclusion des
cessez-le feu de N'Djamena, afin de profiter de la synergie possible avec le
CPA, parallèlement en voie de conclusion. Les pourparlers entre les
forces rebelles, JEM et SLM, et le gouvernement soudanais, commencèrent
ainsi à Addis Abeba, siège de l'UA, en juillet 2004, pour se
poursuivre ensuite sous le parrainage du président OBASANJO, à
Abidjan, au Nigeria, dès le mois d'août. Sur un mode comparable
à ce qui s'était passé dans la négociation entre le
Nord et le Sud, une déclaration de principes fut signée
après un an de négociations, le 5 juillet 2005, avant que la
discussion n'entre dans le détail de la résolution des causes
directes de la guerre : le partage des ressources et du pouvoir, auquel
était jointe la question des arrangements de sécurité. En
d'autres termes, on tentait de répliquer un scénario qui avait
fait ses preuves ailleurs. Cela étant, à la différence
notable de la négociation conclue par l'accord obtenu en juillet,
à l'entrée dans ce second volet de négociations, les
forces rebelles se présentent séparées, une scission
intervenant notamment au sein du SLM, comme nous avons eu l'occasion de
l'indiquer, entre ses deux leaders, Abdel Wahid al-Nour d'un côté
et Mini Arkoi Minawi de l'autre. (143 )
Cette rupture conditionnera non seulement l'échec de la
négociation mais aura aussi un impact profond et durable sur le
déroulement du conflit du Darfour.
143 Rapport d'information sur la situation
au soudan et la question du Darfour par la commission des affaires
étrangères présenté par serge JACQUIN et Patrick
LABAUNE, Assemblée National de la France, Paris ; 2009 ;
p172
76
Indépendamment des questions de fond, sur lesquelles
nous reviendrons le moment venu, on aurait pu croire que lors des
négociations d'Abuja, compte tenu de ce qui s'était
débattu antérieurement autour de la nécessité du
renforcement de la MUAS, les négociateurs s'attacheraient à
traiter ce sujet. Il n'en fut rien. Des divergences importantes rendaient
inconciliables les positions du gouvernement de Khartoum et les exigences des
rebelles du Darfour, et il fallut attendre mars 2006 pour que soit finalement
accepté le principe d'une force conjointe entre l'Union africaine et les
Nations Unies. C'est sont ses négociations d'Abidjan qui ont
données naissance à l'accord dit « Darfour Peace
Agreement, DPA » dont malheureusement a tourné en
échec.
? L'échec du Darfour Peace Agreement,
DPA
Après avoir été parmi les
premières au début des années 1990 à offrir ses
services pour la résolution du conflit entre le Nord et le Sud, la
diplomatie nigériane se proposa de nouveau d'abriter les pourparlers
inter soudanais pour résoudre la crise du Darfour. A l'instar de ses
médiations antérieures, mais pour d'autres raisons, celles-ci ne
rencontrèrent pas non plus le succès qu'elles escomptaient.
Dans la foulée des tentatives de cessez-le-feu, la
négociation pour le Darfur Peace Agreement (DPA) a
été la première à tenter de régler les
problèmes de fond à l'origine du conflit. En ce sens, l'Union
africaine, qui a piloté les rencontres d'Abuja entre rebelles et
gouvernement soudanais, avait d'une certaine manière pris la mesure du
CPA entre le Nord et le Sud Soudan, sans peut-être toutefois en tirer
toutes les conséquences. De fait, l'architecture du DPA reprend en
grande partie celle du CPA et le document est articulé en plusieurs
accords thématiques.
Un premier aspect a posé les bases d'un arrangement
sécuritaire qui portait à la fois sur la question du
cessez-le-feu mais aussi sur les étapes ultérieures, notamment
l'intégration des troupes rebelles dans les forces armées, la
démobilisation, ou encore le désarmement. Les divergences entre
le gouvernement et les rebelles sur ce volet des négociations ont
été considérables pour de multiples raisons.
En premier lieu, parce que d'autres cessez-le-feu avaient
été signés préalablement au cours des mois
précédents, que Khartoum se refusait à réviser. En
second lieu, car la question du désarmement des combattants imposait
à Khartoum de reconnaître ses liens
77
avec les janjawids et de s'engager à les
démilitariser, alors même que son argumentation considérait
encore à l'époque le conflit comme ethnique, intertribal et non
politique.
La question du partage des richesses est évidemment
cruciale, compte tenu de la part que le déséquilibre
régional et la marginalisation du Darfour ont eu dans le
déclenchement du conflit et de l'importance qu'y attache entre autres le
JEM, dont le Livre noir avait, peu avant le déclenchement des
hostilités, mis en avant les déséquilibres et le
sous-développement du Darfour. En conséquence, l'ensemble des
questions est traité dans le texte de l'accord, qui se présente,
à l'instar du CPA, comme un texte global, inclusif, traitant non
seulement la résolution du conflit du Darfour mais l'inscrivant plus
justement dans la problématique soudanaise d'ensemble. Il propose un
rééquilibrage socioéconomique en faveur du
développement du Darfour. A cet effet, des institutions, tel un Fonds de
développement et de reconstruction du Darfour, sont créées
et les moyens économiques et financiers sont prévus, moyennant
des transferts financiers annuels de la part du gouvernement de Khartoum, une
commission d'évaluation devant suivre l'application des mesures
prévues. Une commission de compensation est aussi instaurée,
chargée de venir en aide aux victimes du conflit, que le gouvernement
s'engage à abonder.
(144 )
En ce qui concerne la question du partage du pouvoir, la place
d'une représentation spécifique Darfouri au sein des institutions
politiques nationales est centrale dans le schéma qui s'est
dessiné à Abuja. C'est peut-être finalement la raison
première de l'échec de ce processus. Ici aussi, ce thème
est entré en résonance avec le texte du Comprehensive Peace
Agreement, que les sudistes et le gouvernement venaient alors de conclure
à Naivasha. Cette partie de la négociation fut parmi les plus
conflictuelles dans la mesure où, précisément, la
répartition des postes au sein de l'exécutif national venait
d'être réglée par le CPA, sans qu'il soit fait de place
particulière au bénéfice des représentants du
Darfour. Une véritable avancée sur la revendication des rebelles
darfouri aurait nécessairement supposé un retour en
arrière sur le texte du CPA si péniblement obtenu, pour le
réviser. Cette question était d'autant plus vive que le JEM tout
comme le SLM d'AbdelWahid al- Nour, se positionnaient tous deux
également en faveur d'une transformation nationale du Soudan, et ne
prétendaient pas simplement régler une supposée «
question » du Darfour.
144 Rapport d'information sur la situation au soudan et la
question du Darfour, op. cit, p 178
78
Consécutivement, l'impossibilité pour les
négociateurs de dépasser le cadre du CPA et de revenir sur ce que
le gouvernement et le SPLM avaient accordé, et notamment le partage
politique des sièges dans les différentes instances, entre le
PCN, parti dominant du Nord, et le SPLM, conduisait le processus à un
échec certain. En complément de cet aspect, essentiel, d'autres
questions institutionnelles étaient à régler, sans doute
moins épineuses, mais néanmoins importantes, telles que la place
des Darfouri dans les administrations et institutions nationales, le statut du
Darfour, comme région unique, la détermination de ses limites
géographiques et les structures administratives et politiques du Darfour
même. Même si les revendications des rebelles n'ont pas
été satisfaites sur plusieurs points, c'est sans doute sur cette
question institutionnelle et politique que le DPA a achoppé
essentiellement. Quoi qu'il en soit, en fin de négociations, le SLM/A
d'Abdel Wahid al-Nour refusa de signer l'accord, arguant également du
fait que les avancées obtenues tant au plan des arrangements de
sécurité que du Fonds de compensation des victimes étaient
insuffisants. Le JEM de Khalil Ibrahim, pour sa part, mit l'accent sur le
traitement de la marginalisation de la région, tant politique que
sociale et économique, insuffisant pour que les racines du conflit
disparaissent. Il refusa de signer également (145).
Quelques temps auparavant, en février, Abdel Wahid
al-Nour avait reconnu la divergence de positions entre son mouvement et le JEM
et l'impossibilité pour les rebelles de négocier avec le
gouvernement sur des bases communes. Son propre mouvement, le SLM, se scinda
aussi en deux au cours de la phase finale des négociations, puisque,
seul parmi les délégations rebelles, Mini Minawi quitta le SLM
pour signer le DPA, avant d'ailleurs peu après de basculer
résolument dans le camp de Khartoum jusqu'à retourner les armes
contre ses anciens compagnons de lutte.
D'une certaine manière, comme on a pu l'analyser, le
DPA aura agi comme un révélateur de tensions au sein des
mouvements insurrectionnels dont il aura contribué à
accélérer les divisions sur des bases ethniques (146).
Selon diverses analyses, le processus de négociation a pu être mal
conduit face à des mouvements rebelles et un gouvernement qui avaient
chacun leur agenda à défendre vis-à-vis de la
communauté internationale, compte tenu de ce qui se jouait par ailleurs.
A aucun moment, semble-t-il, on ne s'est trouvé à Abuja dans le
cadre d'une démarche véritablement constructive de la part des
belligérants. Les combats, particulièrement, se sont poursuivis
sans relâche au long de ce
145 International Crisis Group, « Darfur's Fragile Peace
Agreement », juin 2006. 146ibidem
79
processus, qui ont sans doute contribué à ce que
l'attention de la communauté internationale continue de se focaliser
essentiellement sur l'aspect humanitaire et sécuritaire plus que sur la
résolution politique du conflit.
Enfin, last but not least, pour
équilibré et positif qu'il ait pu alors paraître à
certains, cet accord, contrairement à ce que les promoteurs du processus
avaient cru lors des négociations d'Abuja, n'a pas été
validé par les populations des camps consultées, comme
prévu par le texte de l'accord. Le processus s'est donc
déroulé entre négociateurs, sans que les victimes du
conflit aient été associées, ni même
informées de ce qui allait leur être proposé. Comme le dira
ultérieurement le Rapport du groupe de travail présidé par
Thabo MBEKI, « en l'absence de compréhension de la part de la
population, ni même d'un soutien, le DPA fut tout de suite largement
condamné au Darfour. » (147) Uniquement
signé entre le gouvernement et Mini Arkoi Minawi, le DPA, comme on
pouvait s'y attendre, n'a pas été appliqué, ou si peu.
Mais on imagine mal le gouvernement central, toujours en guerre contre les
rébellions, appliqué de son propre chef les dispositions d'un
accord non accepté par l'ensemble des parties.
Ici également le rôle de l'ONU en collaboration
avec l'UA ne pas négligeable : Dans un premier temps, les Nations Unies
et l'Union africaine ont multiplié les initiatives pour tenter de sauver
cet accord, des ultimatums ont été posés aux mouvements
qui avaient refusé de signer le texte pour qu'ils y souscrivent. La
position de la France, qui avait joué un rôle important dans les
négociations d'Abuja, à la différence de ce qui
s'était passé à Naivasha, a également oeuvré
en ce sens. Elle a par exemple poursuivi ses médiations
bilatérales avec les mouvements rebelles, obtenant du président
Denis Sassou Nguésso, alors président en exercice de l'Union
africaine, et du président Obasanjo, d'étendre les délais
de signature initialement prévus, sans que cela aboutisse
(148). Il a fallu plusieurs mois, sur fond de tensions entre
mouvements rebelles, pour que l'Union africaine et les Nations Unies revoient
leurs stratégies.
- En second, l'ONU et l'UA nommèrent chacune un
médiateur, Salim Ahmed Salim, d'un côté et Jan ELIASION de
l'autre, dont les initiatives ne furent cependant pas couronnées de
succès. Au rejet proprement dit du DPA par les non signataires, qui
ne
147 « La quête de la paix, de la justice et de
la réconciliation », rapport du Groupe de haut niveau sur le
Darfour, octobre 2009, page 42.
148 Entretien des rapporteurs de la commissions d'information
sur la situation au soudan et la question du Darfour avec Henri de Cotignac, 30
septembre 2009 ; cité par le rapport d'information, op. cit, p.
80
voyaient pas au nom de quoi, sans modifications
substantielles, ils reviendraient sur leur refus d'autant que la position
négative des populations étaient également connue,
s'ajouta une tension croissante sur le terrain, pas exclusivement militaire :
Scission des mouvements, en tout cas du côté du SLM, qui gardait
néanmoins un soutien populaire important ; montée en puissance
militaire du JEM sans qu'elle s'accompagne cependant d'une adhésion des
populations ; et revendications émergentes des populations arabes
frustrées du Darfour désireuses de ne pas être
laissées pour compte même si elles n'étaient pas parties
prenantes au conflit.
Au final, les médiateurs, malgré leurs efforts
pour associer aussi les gouvernements de la région et donner une
dimension plus large au traitement de la crise du Darfour, que ce soit à
Arusha, en Tanzanie ou lors de la phase de Syrte, en Libye, ne
réussirent pas mieux à faire progresser les pourparlers. A tel
point que lorsque Djibril Bassolé, les remplaça en Juillet 2008
comme médiateur conjoint Nations Unies/Union africaine, il
privilégiait au début de son mandat la négociation d'un
cessez-le-feu sur la reprise d'un processus de paix, qu'il considérait
alors comme encore prématuré.(149)
L'extrême complexité de la crise du Darfour,
comme celle des autres conflits soudanais, impose d'avoir nécessairement
une approche globale des problèmes. A considérer les
développements ultérieurs, il apparaît que, sans doute, les
négociations d'Abuja n'avaient pas pris suffisamment en compte certains
des aspects qui, s'agissant d'un conflit civil, sont essentiels. Ainsi, la
question de la réconciliation de la société Darfourie
était certes abordée, mais dans le cadre des compétences
de l'autorité régionale de transition du Darfour, moyennant la
création d'un modeste « Conseil de paix et de réconciliation
du Darfour ». Celle de la justice et de la lutte contre l'impunité
des auteurs des massacres et exactions dont avaient souffert, et continuaient
de souffrir les populations, n'était pas non plus traitée
à sa juste valeur. Certes, en parallèle, le Conseil de
sécurité des Nations Unies avait déféré au
procureur de la CPI la situation au Darfour quelques semaines après
avoir reçu le rapport de la Commission internationale d'enquête,
et cela peut éventuellement expliquer cette omission.
149 Philippe T, SHIRAMBERE, la collaboration de
l'organisation des Nations Unies et de m'Union Africaine dans le
règlement pacifique des conflits armés africains, cas de la crise
du Darfour, mémoire, ULPGL, Goma, 2002-2003, p.66
81
c. Les Négociations de Doha
Après la nomination de Djibril Bassolé comme
médiateur en chef conjoint ONU/UA pour le Darfour en 2008, il tentera
avec le concours des différents partenaires des Nations Unies à
réactiver le processus de paix qui était en cours.
C'est ainsi que dé le début de l'année
2009 sous l'implication du gouvernement du Qatar et du médiateur
conjoint UA/ONU les pourparlers s'ouvrirent à Doha pour tenter de mettre
à table tous les belligérants du Darfour afin de trouver une
solution négociée pour son problème.
Ainsi, pour tenter de sauver la barque de la noyade, les
négociations de Doha seront engagés à 3 niveaux
différents : -d'abord entre le gouvernement de Khartoum et les groupes
rebelles ; ensuite entre le gouvernement de Khartoum et le gouvernement du
Tchad et enfin entre les différentes communautés civiles du
Darfour. :
c. 1. Négociations entre le gouvernement de
Khartoum et les groupes rebelles
Depuis le début de l'année 2010, plusieurs
avancées notables ont été enregistrées dans le
processus de paix au Darfour.
Le 23 février 2010, un accord cadre pour le
règlement du conflit au Darfour a été signé
à Doha entre le Gouvernement soudanais et le Mouvement pour la justice
et l'égalité (MJE). Cet accord avait été
négocié et paraphé à N'Djamena le 20 février
2010, sous les auspices du Président IDRISS Deby. Les Présidents
du Soudan, du Tchad, de l'Érythrée et l'Émir du Qatar
étaient présents à la cérémonie. Cet accord,
inspiré de l'Accord de bonne volonté conclu le 17 février
2009 entre le Mouvement pour la justice et l'égalité et le
Gouvernement soudanais, comprend la déclaration d'un cessez-le-feu
immédiat, un engagement de libérer les prisonniers de guerre, et
l'engagement de négocier un accord de paix final avant le 15 mars 2010.
Suite à la signature de l'Accord, le Gouvernement soudanais a
immédiatement libéré 57 prisonniers de guerre du Mouvement
pour la justice et l'égalité. Bien que les parties n'aient pas pu
se mettre d'accord sur un protocole de mise en oeuvre du cessez-le-feu ou un
accord final à la date butoir du 15 mars, le cessez-le-feu entre le
Mouvement pour la justice et l'égalité et le Gouvernement
soudanais a été respecté dans une large mesure.
82
Au cours des négociations, d'importantes mesures ont
également été prises en ce qui concerne l'unification des
mouvements armés. Le 23 février 2010, la création du
Mouvement de la libération pour la justice (MLJ) a été
annoncée. Ce mouvement regroupait des membres du Mouvement de
libération du Soudan-Forces révolutionnaires (Groupe de Tripoli)
et une partie du Groupe de la Feuille de route (Groupe d'Addis-Abeba) en un
mouvement unique placé sous la direction d'Eltigani Seisi Mohamed Ateem.
Le Gouvernement soudanais et le MLJ ont immédiatement engagé des
négociations et signé un accord-cadre pour le règlement du
conflit au Darfour à Doha le 18 mars 2010. La médiation envisage
de gérer les négociations avec le Mouvement pour la justice et
l'égalité et le Mouvement de la libération pour la justice
parallèlement dans un premier temps, et de fusionner ensuite les deux
séries de négociations en vue de parvenir à la conclusion
d'un accord final. (150)
Des négociations parallèles entre le
Gouvernement soudanais et le MJE sur un accord de cessez-le-feu
détaillé et entre le Gouvernement soudanais et le MLJ sur des
accords de sécurité spécifiques se sont poursuivies
jusqu'à l'avant-veille des élections et devraient reprendre en
mai 2010 quand le gouvernement nouvellement élu sera en place.
Depuis qu'un conflit armé entre le MJE et les Forces
armées soudanaises a éclaté le 3 mai, le MJE a
annoncé aux médias qu'il avait gelé sa participation aux
négociations et il a ultérieurement retiré sa
délégation des pourparlers.
Le 19 mai, le Président du Mouvement, M. Khalil
Ibrahim, a été détenu à l'aéroport de
N'Djamena et l'entrée au Tchad lui a été refusée.
À la suite de cet incident, M. Ibrahim s'est réinstallé
à Tripoli, où il était encore au 30 juin. Bien que les
efforts visant à ramener le MJE à la table des
négociations se poursuivent, aucun progrès en ce sens n'a
été réalisé depuis cet incident. Sur le terrain, le
conflit armé entre le MJE et l'armée soudanaise se poursuit en
violation flagrante de la cessation des hostilités prévue dans
l'Accord-cadre. ( 151) Toute fois le 6 juin, les entretiens entre le Mouvement
de libération pour la justice et le Gouvernement soudanais ont repris
à Doha. Les deux parties se sont entendues sur un programme de travail
et ont constitués six commissions chargées des
négociations sur les sujets suivants : partage du pouvoir et statut
administratif du Darfour; partage des
150 Rapport du secrétaire Général des
nations unies sur la situation du Darfour dans la période allant du 1
janvier au 30 avril 2010 ; situation politique, §12
151Rapport du secrétaire
Général des nations unies sur la situation du Darfour dans la
période allant du 1 janvier au 30 avril 2010 ; situation politique,
§23
83
richesses, y compris des droits fonciers; indemnisation et
retour des personnes déplacées et des réfugiés;
arrangements en matière de sécurité; justice et
réconciliation; et accords et règlements des
différends.
En cette phase des Négociations, l'ONU en collaboration
avec l'UA jouent le rôle de Médiateur dans la résolution de
la crise et de l'appui aux processus de paix en cours avec la facilitation de
l'Etat du Qatar. C'est dans ce cadre qu'en avril 2010, la médiation a
organisé une série d'ateliers sur le renforcement des
capacités à l'intention des mouvements armés, afin
d'accroître leur cohésion, ainsi que leurs capacités et
leur aptitude à engager des négociations directes avec le
Gouvernement. La MINUAD a fourni des experts, notamment sur les arrangements de
cessez-le-feu, à l'appui des efforts de la médiation. La
médiation et la MINUAD ont facilité la tenue d'un atelier avec le
MLJ du 6 au 8 avril 2010 sur la mise en oeuvre du cessez-le-feu afin de
faciliter la coopération entre le MLJ et la MINUAD, et accroître
la stabilité des accords de cessez-le-feu.
Ainsi le 3 juillet 2010, le Comité conjoint
Gouvernement soudanais/Mouvement de libération pour la justice sur
l'indemnisation et le retour des réfugiés et des
déplacés s'est réuni en présence de 85
déplacés et réfugiés. La Médiation
conjointe, avec l'appui de la MINUAD, a facilité leur participation
à la réunion pour s'assurer qu'ils comprenaient bien le processus
de négociation qui les concernait directement et qu'ils pouvaient faire
entendre leur voix. (152)
c. 2 Les négociations et la société
civile du Darfour
. Au cours de la période considérée, la
MINUAD a continué à apporter un soutien à la
médiation conjointe pour le Darfour, en particulier pour faciliter la
participation de la société civile au processus de paix. Outre
qu'elle appuie la participation directe de Darfouriens aux entretiens, la
MINUAD, en collaboration avec la Médiation conjointe, a entamé
des consultations avec des représentants de la société
civile et de collectivités à travers le Darfour.
Le 8 juin, le Représentant spécial conjoint et
le Médiateur en chef conjoint ont rencontrés 80 membres de la
société civile à Nyala (Darfour Sud), pour discuter de
leurs préoccupations et de l'état du processus de paix.
152Conseil de sécurité de
Nations Unies ; S/2010/382.Op cit, §14
153 S/2010/213.Rapport du Secrétaire
Général sur l'opération de la MINUAD au Darfour
période ; allant du 1er mai au 30 Juin 2010 §.19
84
En outre, en collaboration avec le Groupe de mise en oeuvre de
haut niveau de l'Union africaine, la MINUAD envisage d'organiser une
conférence consultative sur le Darfour pour faciliter l'adhésion
de l'opinion publique sur ce qui concerne les questions liées au
processus de paix. La MINUAD fournit également des services d'experts
sur les mécanismes de cessez-le-feu et d'autres mécanismes
d'application à la Médiation conjointe à Doha.
(153)
Dans le contexte du processus de paix, la médiation, en
collaboration avec la MINUAD, a lancé une série de consultations
avec la société civile visant à tirer parti des
conclusions de la première Conférence de la société
civile du Darfour qui a eu lieu à Doha le 18 novembre 2009. Ces
consultations avaient pour objectif l'intégration des vues et des
intérêts des diverses communautés du Darfour dans toutes
négociations futures.
En janvier et février 2010, la MINUAD a organisé
32 conférences et réunions publiques à travers le Darfour
pour diffuser la Déclaration de la société civile sur le
Darfour adoptée à Doha en novembre 2009 et mobiliser l'appui de
la population.
Bien que certains groupes de personnes
déplacées, en particulier dans les camps du Darfour Ouest et du
Darfour Sud, aient refusé de participer à la Conférence de
novembre 2009, plusieurs d'entre eux ont participé à la
série de consultations la plus récente.
De plus, les consultations de la société civile
ont été élargies de manière à inclure les
communautés nomades et les syndicats ainsi que les membres de la
diaspora et les communautés de réfugiés au Tchad. Des
consultations préparatoires, sous la forme d'ateliers et de forums
publics, ont été tenues dans 29 localités dans les trois
États du Darfour, et 4 537 personnes, dont 30 % étaient des
femmes, y ont participé.
Quatre consultations ont été organisées
exclusivement à l'intention des femmes sur les thèmes de la
justice, de la réconciliation, de l'indemnisation, des questions
foncières et de la sécurité, du partage du pouvoir et des
arrangements constitutionnels. La MINUAD et la médiation de l'ONU sont
en train de regrouper en un document unique les recommandations
formulées par la société civile dans le cadre de ces
consultations. À plus
85
long terme, la médiation envisagée d'organiser
une deuxième conférence de la société civile, qui a
eu lieu à Doha après les élections nationales.
(154)
c. 3 Les négociations entre le soudan et le
Tchad
Un certain nombre de progrès ont été
enregistrés dans la normalisation des relations entre le Soudan et le
Tchad, notamment un accord conclu le 15 janvier 2010 et une visite
effectuée par le Président Deby à Khartoum les 8 et 9
février, au cours de laquelle les deux dirigeants se sont engagés
à renouveler les efforts en faveur de la paix et de la stabilité.
Cette visite la première depuis 2004 et la nomination ultérieure
d'un ambassadeur du Tchad à Khartoum représentent des
progrès concrets dans le cadre des efforts déployés par la
communauté internationale et un pas en avant sur la voie du renforcement
de la sécurité au Darfour. Le déploiement d'une force
conjointe de surveillance des frontières composée de 1 500
soldats soudanais et 1 500 soldats tchadiens a commencé dans la zone
frontalière, où le rapprochement a eu un effet positif sur la
sécurité, et aucun incident transfrontière n'ayant
été enregistré par la MINUAD au cours de la période
à l'examen. Toutefois, le transfert des groupes d'opposition
armés tchadiens en provenance de la région frontalière
vers le Darfour Nord continue à créer un risque
d'insécurité dans ces régions. (155)
Jusque là le rôle de l'ONU comme nous venons de
le voir se renforce de plus en plus par la poursuite du déploiement de
la Mission de l'Union africaine et des Nations Unies au Darfour (MINUAD) et le
renforcement de ses capacités opérationnelles, en particulier
dans les zones éloignées, qui ont contribué à
l'amélioration de la sécurité de la population du Darfour,
notamment grâce à la multiplication des patrouilles, à la
création de centres de police de proximité et à
l'amélioration de la collaboration avec les autorités soudanaises
.
IV.2.2. L'ONU et les missions de paix au Darfour
Bien que l'intervention des Nations unies dans les
opérations de maintien de la paix date de 2008, il faut signaler son
soutient à l'union Africaines et autre opération de paix
exercés avant lui.
154 Conseil de sécurité S/2O1O/382 ; op. cit,
§ 34
155 S/2010/213.Rapport du Secrétaire
Général sur l'opération de la MINUAD au Darfour
période ; allant du 1er mai au 30 Juin 2010 §.2
86
Ainsi, dans cette partie du travail nous tacherons de brosser
sur la mission de l'UA au Darfour avant d'examiner la réalité sur
la mission conjointe de l'UA et de l'ONU dans le même Darfour.
IV.2.2.1. La MUAS une opération difficile pour
le maintien de la paix au
Darfour
. A l'instar des discussions menées à
Abéché, celles-ci, qui se tiendront à N'Djamena, mettront
en avant la question de l'aide humanitaire à apporter aux populations,
sans que celle de leur protection soit toutefois prévue. Un nouveau
cessez-le-feu était conclu début avril et pour la première
fois aussi, une mission internationale d'observation militaire était
constituée pour veiller à son application : « la Mission
de l'Union africaine au Soudan, » MUAS L'extrême modestie des
moyens de la mission et surtout des équipes d'observation sur le terrain
- 60 observateurs et 300 militaires, dans un premier temps, à pied
d'oeuvre à partir du mois de juin -, ne pouvait permettre à la
Mission de tenter quelque action que ce soit à l'encontre de ceux qui
violeraient l'accord sur un territoire de la surface de celui de l'Espagne. Cet
accord ne pouvait qu'être piétiné et le fut effectivement,
par toutes les parties. Outre la mission d'observation de la MUAS, celle-ci
verra son mandat élargit à la protection des civils en octobre
2004.
Très vite, il apparaît aussi qu'augmenter les
effectifs de quelques dizaines de personnels ne servirait non plus à
rien : ce qui se passe au Darfour est d'une telle échelle que c'est
à une opération d'une autre nature qu'il convient de
réfléchir si la communauté internationale entend avoir un
rôle positif dans cette crise. A la faiblesse du dispositif s'ajoutait
aussi l'ampleur des problèmes logistiques, sur ce territoire la fois
gigantesque, éloigné et isolé, qui rendaient le mandat de
la mission définitivement impossible à remplir : comment
espérer neutraliser les janjawids, et assurer la protection des
populations civiles victimes de leurs exactions, en mobilisant en tout et pour
tout quelque 300 hommes sur 500 000 km2 ?...(156) La prise en compte
de ces réalités ouvrit rapidement la porte à la
transformation de cette mission de l'Union africaine irréaliste et
irréalisable en une opération de maintien de la paix des Nations
Unies.
D'abord dès l'année 2006 l'UE s'était
investie au près de l'UA à la planification des opérations
dans le quartier général de la MUAS contre les positions rebelles
au Darfour et
156 Rapport d'information sur la situation du soudan et la
question du Darfour ; op cit, p.172
87
pour le transport des troupes. Afin de respecter son principe
phare, l'UE allait devoir accepter le rôle d'acteur « secondaire
» pour le retour de la paix au Darfour. La capacité
Européenne pour la paix au Darfour date de depuis février 2006,
année au cours de laquelle l'UE à financer La MUAS avec environ
212 millions d'euros.
Si La MUAS avait déjà fait l'objet d'une
collaboration avec l'UE et les Nations Unies, une étape devait
être franchie rapidement. Un nouveau formatage de la MUAS fut d'abord
proposé à l'été 2004 et, en octobre, les effectifs
totaux étaient portés à 3320 membres, à raison de
2341 personnels militaires dont 450 observateurs, et d'un maximum de 815
policiers, le reste étant composé de personnels civils
nécessaires. Un mécanisme de coordination était
également prévu avec les parties en présence, de
manière à garantir la bonne marche du processus. D'autres
suivraient. (157)
IV.2.2.2. De la MUAS à la MINUAD, le bras de fer
diplomatique entre le Soudan et la communauté internationale
Toujours dotée de moyens très insuffisants,
malgré les renforts qui venaient de lui être attribués, la
MUAS continua néanmoins d'occuper seule le terrain pendant les deux
années suivantes, qui fort heureusement connurent une relative baisse de
tension sur le plan militaire, à laquelle la signature du DPA entre le
gouvernement et la branche « Minawi » du SLM, et le ralliement de
celui-ci à Khartoum, mirent brutalement fin.
Ce sont précisément la reprise des combats, -
à la fois entre forces rebelles et de la part du gouvernement qui
accentue alors sa contre insurrection sur la région -, les
difficultés matérielles et logistiques de la MUAS, ainsi que les
attaques contre les travailleurs humanitaires et les forces de la Mission, qui
pousseront à la fois l'Union africaine et les Nations Unies à
tenter de forcer les oppositions du gouvernement de Khartoum. L'UA ne pouvait
plus faire face seule à cette mission dont l'ampleur dépassait de
loin les moyens qu'elle pouvait y consacrer eu égard à la
détérioration de la situation sur le terrain ; elle avait un
besoin criant de soutien de la part de la communauté internationale.
L'Union africaine poussa donc, contre la ferme opposition du gouvernement de
Khartoum, l'idée que la MUAS devait être remplacée par une
force des Nations Unies.
157 Rapport d'information sur la situation
du soudan et la question du Darfour ; op. cit, p.172
88
Des résolutions du Conseil de sécurité
furent prises en ce sens, puis atténuées, devant la virulence des
réactions de Khartoum. Alors même que la résolution 1679 du
16 mai 2006 prenait « Note des communiqués des 12 janvier, 10
mars et 15 mai 2006 du Conseil de paix et de sécurité de l'Union
africaine relatifs au passage de la MUAS à une opération des
Nations Unies » et soulignait « que, dans toute la mesure
possible, l'opération des Nations Unies envisagée aurait un
caractère africain marqué et compterait une forte participation
africaine », le gouvernement soudanais s'y opposa et proposa de
nouveau un simple renforcement des moyens de la MUAS.
Pour contrer l'obstruction de Khartoum, une alternative fut
envisagée un temps par le Conseil de sécurité : le
renforcement de la MINUS, positionnée au Sud Soudan, à la fois en
augmentant ses effectifs et en redéployant son mandat vers le Darfour.
Le 31 août 2006, le Conseil de sécurité «
décide, sans préjudice de son mandat et de ses opérations
actuels prévus par la résolution 1590 (2005) et en appui à
la mise en oeuvre rapide et effective de l'Accord de paix au Darfour, que le
mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) sera élargi
comme il est indiqué aux paragraphes 8, 9 et 12 ci-après et
qu'elle sera déployée au Darfour, invite en conséquence le
Gouvernement d'unité nationale à consentir à ce
déploiement (...) ». Rétrospectivement, cette
résolution nous apparaît singulièrement maladroite, voire
incompréhensible et il est à se demander comment le Conseil de
sécurité a pu croire, et espérer, que le gouvernement
soudanais, partie prenante d'un conflit civil sur son territoire, pourrait
accepter qu'une force d'interposition internationale soit
déployée alors même qu'il avait toujours manifesté
son opposition la plus déterminée à toute option de cette
nature et que son accord et sa participation à ce type
d'opération sont indispensables sauf à envisager que le Soudan
n'est plus indépendant et souverain. D'une certaine manière, le
ver des difficultés que la MINUAD rencontrera plus tard est
déjà dans le fruit, avec la crispation nationaliste du
gouvernement soudanais que cette résolution ne pouvait que susciter.
Sans doute faut-il voir aussi pour partie dans cette maladresse la
manifestation de la tendance que la communauté internationale a eue au
long de cette crise, poussée en cela par les campagnes d'opinion qu'on a
vues précédemment, de privilégier les aspects humanitaires
sur les aspects plus strictement politiques pour tenter d'y mettre fin.
Quoi qu'il en soit, cette résolution 1706,
approuvée sans le consentement du principal pays
intéressé, aura naturellement le même sort que la
précédente : le Soudan, soutenu par la Russie et la Chine,
menaça en retour l'UA si ce redéploiement était mis
à
89
exécution, et réussit à obtenir un
renforcement des forces de la MUAS, jusqu'à ce qu'une solution
intermédiaire soit trouvée et péniblement acceptée
: la substitution à la MUAS d'une force hybride, « la Mission
des Nations Unies et de l'Union africaine au Darfour, MINUAD ».
IV.2.2.2.MINUAD et le maintien de la paix au
Darfour
En Juillet 2007, la France, la Grande-Bretagne et le Ghana
font circuler au conseil de sécurité le projet de
résolution portant création de la force hybride baptisée
»Mission des Nations Unies et de l'Union Africaine au Darfour »
MINUAD.
Cette force sera composée de « 19555 personnes
militaires et d'une composante civile appropriée comprenant
3772policiers et 19 unités de formation de policiers » (
158). Le 31 Juillet 2007, après avoir pris en compte les
objections des autorités soudanaises, le conseil de
sécurité de l'ONU vote à l'unanimité la
résolution 1769 autorisant pour une durée d'un an, le
déploiement de la force hybride ONU/UA au Darfour, la MINUAD. Ce
déploiement devrait effectif au plus tard le 31 décembre 2007. (
159)
a. Le mandat de la MINUAD
La MINUAD a été créée par la
résolution 1769 du conseil de sécurité des Nations Unies
le 31 Juillet 2007 dans le but de mettre fin au conflit opposant les mouvements
rebelles à l'armée soudanaise et aux milices soutenues par le
gouvernement soudanais.
Selon le terme de la résolution 1769, le conseil de
sécurité « agissant en vertu du chapitre VII de charte des
Nations Unies : décide d'autoriser à la MINUAD à prendre
toutes les mesures requises, dans les secteurs où ses contingents seront
déployés et dans la mesures requises, dans les secteurs où
ses contingents seront déployés et dans la mesure où elle
juge que ses capacités lui permettent :
- De protéger son personnel, ses locaux, ses
installations et son matériel et d'assurer la sécurité et
la libre circulation de son personnel et d'assurer la sécurité et
la libre circulation de son personnel et de ses agents humanitaires,
158 Madgaju T ; Op. cit, p.56.
159 Idem, p.57
90
- Faciliter la mise en oeuvre rapide et effective de l'accord
de paix pour le Darfour, empêcher toute perturbation, prévenir les
attaques armées et protéger les civils, sans préjudice de
la responsabilité du gouvernement soudanais (160 ).
Outre ces dispositions relevant du chapitre VII, la
résolution 1969 du conseil de sécurité renvoie aux
paragraphes 54 et 55 du rapport du secrétaire général et
du président de la commission de l'union Africaine en date du 5juin 2007
complétant le mandat de la MINUAD. Il s'agit notamment :
- D'assister le processus politique (...) et de soutenir la
médiation conjointe UA/ONU dans ses efforts pour élargir et
approfondir l'engagement des parties aux processus de paix ;
- De contribuer à un environnement sécuritaire
pour la reconstruction économique et le développement, ainsi que
le retour durable des personnes déplacées et des
réfugiés dans leurs demeures ;
- De contribuer à la promotion du respect et de la
protection des droits humains et des libertés fondamentales au Darfour
;
- D'aider à la promotion de l'Etat de droit au Darfour,
y compris par le soutien au renforcement des systèmes judiciaires et
pénitentiaires, et d'aider au développement et la consolidation
du cadre légal, en consultation avec les autorités soudanaises
pertinentes ;
( 161)
- De surveiller et de rendre compte de la situation
sécuritaire aux frontières du soudan avec le Tchad et la
République centrafricaine.
En plus de ces objectifs globaux ,la MINUAD devra aussi se
conformer strictement à la politique de la tolérance zéro
des Nations Unies à l'égard de l'exploitation et des abus pour
prévenir, identifier et sanctionner toute conduite
répréhensible du personnel afin de prévenir tout
manquement au code de conduite de l'ONU et d'en assurer le strict respect, et
de prendre toutes autres mesures nécessaires, conformément
à son circulaire sur les dispositions spéciales visant à
prévenir l'exploitation et les abus sexuels, d'en tenir informé
le conseil de sécurité.(
162)
160 Résolution S/RES/1769 (2007) du 31 juillet 2007,
art.15, §.a
161 Idem, §.b
162 Rapport conjoint du secrétaire
Général de l'ONU et du président de la commission de l'UA
du 5juin 2007 ; complétant le mandat de la MINUAD, §54 -
55.
91
b. Les Moyens de la MINUAD
Selon l'esprit de la résolution 1769,le conseil de
sécurité décide que la MINUAD, qui absorbera le personnel
de la MUAS et celui des dispositifs qu'appui initial et d'appui renforcé
des Nations Unies à la MUAS ,sera dotée d'un effectif militaire
de 19555 personne au maximum, dont 360 observateurs militaires et officiers de
liaison, et d'une composante civile de taille approprié composée
au maximum de 3772 personnel de police et de 19Unités de police
constituées ,composant chacune un effectif maximum des 140 personnes.
Le conseil de sécurité engage par la même
résolution les Etats membres à faciliter l'acheminement vers le
soudan en toute liberté, sans entravé et sans tarder, de tout le
personnel ainsi que du matériel, des vivres, des fournitures et
d'autres, y comprit les véhicules et les pièces
détachées, destinées à l'usage exclusif de la
MINUAD au Darfour.(163 )
Bénéficiant du plus important budget
autorisé par les Nations Unies pour une opération de paix sous
commandement onusiens (soit 1, 7milliard de dollars pour l'exercice allant de
juillet 2008 à Juin 2009).
Les Etats contributeurs des troupes tardant à fournir
les personnels et le matériel nécessaires, malgré la
création à l'ONU du groupe des amis de la MINUAD à
l'initiative du Canada et des Etats unis. Les principaux contributeurs des
troupes de la MINUAD sont :-le Nigeria, le Rwanda, sud-africain, Ethiopie,
Egypte, Ghana, Sénégal mais également la Chine et
Bangladesh, les contributions occidentales s'exposent au refus
quasi-systématique du gouvernement soudanais.
c. Difficultés rencontrées par la
MINUAD
Tout comme la MUAS avait fait la preuve de son
incapacité à exécuter son mandat compte tenu de
l'indigence de ses moyens, la MINUAD, à son tour, fera à la fois
les frais de son montage difficile et de l'opposition déterminée
du gouvernement soudanais. La résolution 1769 fixait un
échéancier rigoureux (164) et précis quant au
passage du relais entre la MUAS et la force hybride, mais de fait
irréaliste et irréalisable, tenant compte de l'ampleur des
questions militaires, administratives et logistiques à mettre en oeuvre
dans un délai de cinq mois et de la nature même de la mission.
163 Résolution 1769, op. cit, art.16
164 Résolution 1769, annexe X, page N.
92
En d'autres termes, tout comme la MUAS, la MINUAD a
rencontré de graves problèmes logistiques qui ont
considérablement obéré l'exécution de sa
tâche. Si la MINUAD n'a pas les restrictions de la MUAS, trop
étriquée, mal formatée et aux moyens si faibles qu'elle
devait faire appel à la logistique militaire soudanaise, elle a
néanmoins dû faire face à des contraintes comparables qui
l'ont empêchée de pouvoir faire bien mieux.
De sorte que, un an plus tard, à l'été
2008, un peu moins du tiers des forces autorisées par la
résolution se trouvait effectivement déployé. La MINUAD
était loin d'avoir eu les moyens d'atteindre les 80 % de ses
capacités dans le temps qui lui étaient imparti. Les
problèmes logistiques majeurs ont été innombrables,
notamment quant au manque de moyens de transport, terrestre ou aériens,
de moyens de reconnaissance, de génie, de transmissions ou de logistique
médicale, mais aussi en ce qui concerne les ressources humaines
disponibles.
Ainsi, comme on a pu le préciser, (165), en
avril 2009, 67 % de la force seulement étaient en place, soit un peu
plus de 13 000 hommes au total. A la date de la visite de vos rapporteurs au
siège de l'Union africaine, en quinze mois d'activité, la MINUAD
avait dû faire face à des difficultés dont l'ampleur
n'avait vraisemblablement pas été mesurée à sa
juste valeur. En ce qui concerne l'aspect logistique, en plus de la situation
géographique de la région, la plus éloignée d'un
rivage maritime sur le continent, la mission a dû compter avec les
aléas saisonniers, les pistes étant passables en
été mais impraticables à la saison des pluies. Les besoins
logistiques, par nature considérables pour une opération de cette
envergure, en ont été d'autant plus criants et se sont
aggravés avec les retards dans la fourniture des matériels
nécessaires, et promis, au demeurant en nombre et en qualité
insuffisants. De fait, en juillet 2009, les moyens de transports
aériens, les hélicoptères, notamment, essentiels sur ce
type de théâtre, pour permettre la réactivité de la
mission face à la mobilité des menaces, faisaient alors encore
cruellement défaut sur le terrain. Les mois passant, la situation ne
semble pas connaître d'amélioration significative puisque, fin
octobre 2009, le Rapport du Groupe de haut niveau présidé par
Thabo MBEKI signalait
165Entretien entre Stanislas NAKAHA,
ambassadeur, chef du « Darfur Desk », Commission de l'Union
africaine, et Alfred MVONDO, LT-COLONEL, chargé de l'administration et
du personnel du « Darfur Desk », Addis-Abeba, 2 avril 2009cité
par le rapport d'information sur la situation au Soudan et la question du
Darfour, Op. cit, p.
93
encore que seule l'Ethiopie avait fourni les
hélicoptères prévus, dont le déploiement a
été accepté par le gouvernement du Soudan en avril 2007...
(166)
A ce dénuement matériel, s'est ajoutée la
question des ressources humaines qui a amplifié les difficultés
et aggravé les retards du déploiement, dans la mesure où
il a fallu former, pour les mettre à niveau, aux standards «
Nations Unies », les contingents africains fournis par les pays
contributeurs, qui pour la première fois, participaient à une
opération de maintien de la paix de l'ONU. En d'autres termes, en avril
2009, près de deux ans après le vote de la résolution
1769, si 67 % des troupes étaient certes déployées sur le
terrain, 67 % de l'efficacité n'était pas encore atteints, de
l'aveu même des responsables de l'UA, pour lesquels seuls les contingents
du Nigeria et du Rwanda correspondaient réellement aux critères
onusiens.
(168).
En d'autres termes et très concrètement, s'est
posé avec la MINUAD le problème de l'adéquation de la
internationale à la réalité (167) :
en l'espèce celui d'une force de maintien de la paix voulue
comme essentiellement africaine alors que les capacités des pays
concernés sont loin de leur permettre de fournir les personnels et les
équipements nécessaires, sinon obsolètes, pour assurer le
rôle qu'ils se sont engagés à assumer devant l'UA, sauf
à démunir celui de leurs propres forces armées
Dans la mesure où, parallèlement à ces
réalités, la MINUAD a eu à affronter une situation
politique et militaire tendue sur le terrain, on conçoit la
difficulté d'exécuter le mandat fixé, ne serait-ce que
pour assurer la sécurité des civils ou même la propre
sécurité des troupes internationales. Cette période a
été celle au cours de laquelle le gouvernement soudanais, et
parfois les forces rebelles, n'ont cessé de mettre les pires obstacles
politiques, administratifs et militaires au déploiement de la Mission,
saisissant un hélicoptère, refusant la présence des
contingents de tel pays occidental, la Norvège par exemple, ou
l'accès des camps de déplacés aux troupes de la MINUAD,
qui deviendront elles-mêmes des cibles militaires à leur tour.
166 « La quête de la paix, de
la justice et de la réconciliation », Rapport du Groupe de travail
de haut niveau de l'Union africaine sur le Darfour, page 103.
167 Entretien de Rodolphe Adada ancien
représentant du secrétaire des Nations Unies au Darfour, avec la
presse locale et internationale le 7 juillet 2009 consultable sur le cite :
http://www.un.org/News/fr'press/docs/2009/conf090427-Darfour.doc.html
l
168 Entretient du Général
Martín Luther Agwaï ; avec commission d'enquête sur la
situation du soudan et la question du Darfour, le 7 Juillet 2009.cité
par le rapport d'information Op. Cit, p.
94
La sécurité de la MINUAD deviendra d'ailleurs
une préoccupation majeure après la demande de mandat
d'arrêt formulée par le procureur de la CPI, Luis Moreno OCAMPO,
en juillet 2008. (169)
Néanmoins, si l'intensité du conflit a
considérablement diminué, le déploiement de la MUAS puis
de la MINUAD y sont malgré tout pour une bonne part : les
belligérants ont dû compter avec la présence de la
communauté internationale sur le terrain, quels que soient les
difficultés que celle-ci a rencontrées dans la mise en oeuvre des
mécanismes qu'elle a prévus. Malgré ses
difficultés, la MINUAD a su faire face aux menaces du gouvernement
soudanais et a pu contribuer à la protection des populations civiles du
Darfour. Elle a pu d'autant mieux le faire que, la situation au cours de cette
période n'a pas exigé, malgré certains pics, le
déploiement de l'ensemble des moyens prévus, en ce qu'elle a
coïncidé avec une baisse progressive de la tension.
Pour autant, il faut également rappeler que la MINUAD
est la première mission conjointe menée entre les Nations Unies
et l'Union africaine. Cet aspect doit aussi être salué à sa
juste valeur, ne serait-ce que parce que cela contribue - la Mission
étant essentiellement africaine - au renforcement de l'Union africaine
souhaité par la communauté internationale, tant au plan politique
qu'institutionnel ou opérationnel.
IV.3.Le Bilan des actions de l'ONU au Darfour
Après avoir examiné l'ampleur de la crise depuis
son déclenchement en 2003 et compris l'intervention de la
communauté internationale cherchant à stabilisé et
rétablir la paix au Darfour par des processus politiques pacifique,
à lutter contre une catastrophe humanitaire au Darfour et promouvoir le
développement du Darfour ; il est maintenant temps de voir quel bilan on
peut faire des actions de l'ONU et de la MINUAD au Darfour.
Dans un rapport du secrétaire général des
nations unies couvrant la période du 1er mai au 30 juin 2010, en
application de l'alinéa c) du paragraphe 6 de la résolution 1881
(2009) du Conseil de sécurité, par laquelle le Conseil prie au
secrétaire général de lui faire rapport tous les 90 jours
sur les progrès réalisés dans l'exécution du mandat
de
169 Cour pénale internationale,
situation au Darfour, Soudan, « requête du procureur aux fins de
délivrance d'un mandat d'arrêt en vertu de l'article 58 contre
Omar Hassan Ahmad AL BASHIR ».
95
l'Opération hybride Union africaine-Nations Unies au
Darfour (MINUAD) dans l'ensemble du Darfour, ainsi que sur les progrès
concernant le processus politique, les conditions de sécurité et
la situation humanitaire, et le respect par toutes les parties de leurs
obligations internationales. En outre, il contient une évaluation des
tendances générales en ce qui concerne la situation dans le
Darfour au cours de l'année écoulée.
Ainsi cette démarche examinera le bilan de l'ONU sur le
plan politique, économique et humanitaire avant de
réfléchir sur le perspectif avenir du Darfour.
IV.3.1.Bilan de l'ONU sur le plan politique
Dans son rapport couvrant la période du
1ermai au 30 juin 2010, le secrétaire général
des Nations Unies montres des avancés significatives enregistrées
sur le plan politique malgré que d'autres efforts restent a
déployé pour un règlement définitif de la crise du
Darfour.
Les élections nationales tenues en avril 2010
représentent une avancée notable dans la vie politique du Soudan.
Le 20 mai 2010, la Commission électorale nationale a annoncé les
résultats des élections législatives
générales. Sur les 67 % des personnes en droit de voter dans le
Darfour qui s'étaient inscrites sur les listes électorales en
décembre 2009, un peu moins de la moitié ont participé aux
élections. Il est évident que la participation des personnes
déplacées a été limitée et que des
problèmes de sécurité ont également limité
les possibilités de participation au scrutin dans les zones
contrôlées par des mouvements armés non signataires.
Dans le but de respecter les accords de paix pour le Darfour
que le 14 juin, le Président Omar Al-Bachir a nommé neuf
Darfouriens dans son cabinet, cinq en tant que ministres et quatre en tant que
ministres d'État (le Gouvernement précédant comprenait
sept représentants du Darfour, au niveau de ministres et de
secrétaires d'État). Deux Darfouriens ont reçu des
portefeuilles clefs en tant que ministres de la justice et des finances et de
l'économie nationale. Le Président Al-Bachir a commencé
à nommer ses conseillers présidentiels le 24 juin en publiant un
décret dans lequel il reconduisait M.
96
Nafie Ali Nafie et M. Musa Mohamed Ahmed dans leurs fonctions
d'assistant à la présidence. (170)
Le poste d'assistant principal, établi par l'Accord de
paix pour le Darfour et occupé par Minni Minnawi jusqu'aux
élections, n'avait toutefois pas encore été pourvu au 30
juin. Des négociations semblent se poursuivre en ce qui concerne la
possibilité de renommer Minni Minnawi en tant qu'assistant principal
à la présidence et Président de l'Autorité
régionale de transition pour le Darfour. En ce qui concerne la
transformation des mouvements rebelles en partis politique il faut noter que ni
le Mouvement de libération du Soudan-Minni Minnawi, ni les signataires
de la Déclaration d'attachement à l'Accord de paix pour le
Darfour, à l'exception de la faction favorable à la paix du
Mouvement de libération du Soudan, n'ont réussi à se
transformer en partis politiques du fait qu'ils ne se sont pas
démobilisés. De nombreux membres de ces mouvements se sont
présentés aux élections, soit en tant que candidats de
différents partis politiques, soit en tant que candidats
indépendants.
C'est ainsi que les membres de la faction Minni Minnawi ont
remporté deux sièges, l'un à l'Assemblée nationale
et l'autre à l'Assemblée législative de l'État du
Darfour-Sud. (171)
Plusieurs avancées notables ont été
enregistrées dans le processus de paix au Darfour, souligne le
secrétaire général, précisant que le
23février 2010,un accord-cadre pour le règlement du conflit au
Darfour a été signé à Doha entre le gouvernement
pour la justice et l'Egalité(MJE) et d'un accord-cadre et d'un accord de
cessez-le feu entre le Gouvernement et le Mouvement de libération pour
la justice le 18 mars 2010, au début du mois d'avril, les nouvelles
négociations ont été suspendues quand le Gouvernement a
retiré sa délégation durant la période
électorale.
La Médiation conjointe Union Africaine-ONU
dirigée par le Médiateur en chef conjoint, Djibril BASSOLE, a
organisé une série d'ateliers à l'intention des mouvements
armés afin d'accroître leur cohésion, ainsi que leurs
capacités et leur aptitude à engager des négociations
directes avec le Gouvernement. (172)
170 Conseil de Sécurité/210/382/, Op. cit,
§2- 3.
171 Idem, §5-6.
172 Idem, §.13
97
Depuis la signature de l'Accord-cadre du 23 février, le
MJE et le Gouvernement n'ont réalisé aucun progrès nouveau
sur la voie de l'adoption d'un protocole de mise en oeuvre du cessez-le-feu ou
d'un accord final.
Le 6 juin, sous la médiation de l'Etat du Qatar, de
l'ONU, de l'UA et du médiateur conjoint ont repris les
négociations entre le Mouvement de libération pour la justice et
le Gouvernement soudanais ont repris à Doha. Les deux parties se sont
entendues sur un programme de travail et ont constitué six commissions
chargées des négociations sur les sujets suivants : partage du
pouvoir et statut administratif du Darfour; partage des richesses, y compris
des droits fonciers; indemnisation et retour des personnes
déplacées et des réfugiés; arrangements en
matière de sécurité; justice et réconciliation; et
accords et règlements des différends.
Le Gouvernement et le Mouvement de libération pour la
justice ont indiqué qu'ils s'engageaient à progresser rapidement
et qu'ils étaient favorables à l'inclusion de la
société civile dans les entretiens. Le 3 juillet, le
Comité conjoint Gouvernement soudanais/Mouvement de libération
pour la justice sur l'indemnisation et le retour des réfugiés et
des déplacés s'est réuni en présence de 85
déplacés et réfugiés. La Médiation
conjointe, avec l'appui de la MINUAD, a facilité leur participation
à la réunion pour s'assurer qu'ils comprenaient bien le processus
de négociation qui les concernait directement et qu'ils pouvaient faire
entendre leur voix. Les responsables gouvernementaux au Soudan ont
autorisé les vols de la MINUAD trois jours après la date
prévue pour leur départ, ce qui a retardé le début
des consultations. Suite à l'intervention de hauts représentants
du Gouvernement, la plupart des 100 participants invités ont
participé aux consultations, à l'exception des
représentants de Zalingei. Le Gouvernement s'est engagé à
mettre fin à ces obstacles bureaucratiques, qui soulevaient des
préoccupations en ce qui concerne tant la tenue du deuxième Forum
de la société civile du 12 au 15 juillet à Doha que le
message qu'ils donnent à la population. (173)
Les efforts déployés pour faciliter un
règlement inclusif et global du conflit au Darfour continuent à
se heurter à d'importants obstacles. Au cours des semaines à
venir, la médiation conjointe continuera à appuyer les entretiens
directs entre le Mouvement pour la libération et la justice et le
Gouvernement soudanais.
173 Conseil de sécurité
/2O10/382/0p cit, § 19.
98
Simultanément, la Médiation conjointe, avec
l'appui de la MINUAD, continuera à promouvoir la participation de
représentants de la société civile, des personnes
déplacées et des réfugiés aux discussions, en
travaillant avec ces groupes sur le terrain et en facilitant leur participation
aux entretiens de Doha. En coordination avec les dirigeants de la MINUAD et des
acteurs régionaux et autres, elle poursuivra aussi ses efforts
auprès du MJE et de l'Armée de libération du Soudan-Abdul
Wahid (SLA), en vue de les faire participer aux entretiens. S'il est possible
que des discussions parallèles aient lieu avec les parties, avec la
participation de la société civile, il est envisagé de
fusionner ensuite les deux séries d'entretiens en vue de parvenir
à des protocoles et des accords communs. La Médiation conjointe
continuera également à promouvoir la consolidation de
l'amélioration des relations entre le Tchad et le Soudan.
Au cours de la période considérée, la
MINUAD a continué à apporter un soutien à la
médiation conjointe pour le Darfour, en particulier pour faciliter la
participation de la société civile au processus de paix. Outre
qu'elle appuie la participation directe de Darfouriens aux entretiens, la
MINUAD, en collaboration avec la Médiation conjointe, a entamé
des consultations avec des représentants de la société
civile et de collectivités à travers le Darfour. Le 8 juin, le
Représentant spécial conjoint et Médiateur en chef
conjoint a rencontré 80 membres de la société civile
à Nyala (Darfour-Sud), pour discuter de leurs préoccupations et
de l'état du processus de paix.
En outre, en collaboration avec le Groupe de mise en oeuvre de
haut niveau de l'Union africaine, la MINUAD envisage d'organiser une
conférence consultative sur le Darfour pour faciliter l'adhésion
de l'opinion publique sur ce qui concerne les questions liées au
processus de paix. La MINUAD fournit également des services d'experts
sur les mécanismes de cessez-le-feu et d'autres mécanismes
d'application à la Médiation conjointe à Doha. Pour
faciliter le règlement des conflits locaux, la MINUAD collabore avec le
Conseil de développement nomade à l'établissement d'une
carte des bassins d'eau et des réservoirs (hafir) dans le
Darfour. Au total, 303 bassins naturels et 29 hafirs ont
été recensés dans l'ensemble de la région, leurs
coordonnées ont été relevées. Par ailleurs, 356
points d'eau supplémentaires ont été identifiés et
pourront être développés le long des voies de migration des
nomades et dans les zones d'élevage et d'agriculture. La remise en
état des réservoirs et des bassins et le développement de
nouveaux points d'eau pourraient contribuer à régler les conflits
locaux et faciliter la relation symbiotique entre nomades, éleveurs et
agriculteurs.
99
« Dans ce bilan plutôt politique pour le Darfour,
le secrétaire général cite également
l'amélioration des relations entre le Tchad et le processus
électoral qui a eu lieu pratiquement sans violence.
»(174)
Conformément à l'Accord du 15 Janvier 2010,le
Tchad et le soudan ont déployé une force commune de 3000 hommes
pour intensifier la sécurité de la Zone ce qui a permis la
réouverture en avril dernier, du principal point de passage entre le
deux pays ,situé au Darfour Ouest. (175)
De ce qui précède il est de constater que
malgré les efforts entrepris par les nations unies pour le
rétablissement de la paix au Darfour le bilan reste largement
négatif du fait que de sérieuses difficultés à
surmonter pour instaurer une paix durable dans la région, parmi les
quelles les violences continues reste signalés dans de nombreuses
régions du Darfour, le manque des participation de parties prenantes
clefs au processus politique et le fait que le processus électoral ait
exclu d'importants groupes de population du Darfour.
IV.3.2. Bilan Economique de l'ONU au Darfour
De tous les problèmes économiques et des
développements que connaissent le Darfour, la communauté
internationale s'est mobilisée pour y faire face ;
Ainsi l'ONU par le canal du FAO a mobilisé 40 millions de
dollars pour le relèvement agricole soulignant que l'aide humanitaire
doit être associée à une assistance au développement
à plus long terme si l'on veut garantir une paix durable dans le
pays.
Cet appel du FAO fait partie du Plan de travail 2006 pour le
Soudan, qui énonce les activités à entreprendre par l'ONU
et ses partenaires dans le pays durant l'année.
«Le rôle de la FAO est particulièrement crucial
vu l'importance de l'agriculture dans le pays», souligne Mme Anne M.
Bauer, Directrice de la Division FAO des Opérations d'urgence et de la
réhabilitation. L'agriculture demeure le pilier de l'économie
soudanaise, assurant 45 % du PIB. Quelque 87 % de la population - dont la
grande majorité pratique l'agriculture de subsistance dans des
systèmes pluviaux traditionnels vulnérables à la
sécheresse et aux ennemis des cultures - dépendent de
l'agriculture pour leur sécurité alimentaire et leurs moyens
d'existence.
«Il est fondamental d'aider les rapatriés à se
réinstaller sur leurs terres. Il faut leur garantir du
174 Conseil de Sécurité/210/382/, Op. cit,
§13
175
http://www.un.org/french/newscentre/Pdf/2010/05052010.Fr.Pdf.
Consulté le 18 Août 2010.
100
matériel et des services adéquats pour la reprise
de leurs activités, qu'il s'agisse d'agriculture, d'élevage ou de
pêche.»
Compte tenu du conflit en cours au Darfour, du risque d'une
mauvaise récolte dans certaines parties de Bahr el Ghazal et du Nil
Supérieur, du retour de centaines de milliers de Soudanais
déplacés et d'autres besoins humanitaires, les secours sont
primordiaux pour alléger les souffrances du peuple soudanais.
L'aide humanitaire proposée par la FAO pour le Soudan en
2006 comprend la distribution de semences et d'outils, de matériel de
pêche et de médicaments vétérinaires à des
centaines de milliers de familles agricoles vulnérables, en particulier
des rapatriés et des personnes déplacées à
l'intérieur du pays, ainsi que la coordination générale de
l'assistance agricole dans le pays.
L'aide humanitaire à elle seule n'est pas suffisante pour
asseoir le développement dont dépendra une paix durable,
« la FAO et ses partenaires doivent mettre à profit l'aide
humanitaire pour lancer un processus de développement à long
terme, capital pour l'avenir du Soudan » a fait savoir la responsable
du FAO.
Dans le secteur agricole, ceci comporte l'introduction de
nouvelles techniques, notamment la formation à des méthodologies
améliorées de livraison de services communautaires de
santé animale, d'agro-alimentaire et de multiplication locale des
semences.
Le soutien au régime foncier est un autre thème
important, car les différends sur la terre et les droits de
propriété sont une cause fondamentale de conflits dans le pays.
La FAO s'efforce de mobiliser des fonds pour aider le Gouvernement à
tous les niveaux à promouvoir une gestion des terres à long
terme, responsable et décentralisée.
En outre, l'accent doit être mis sur le renforcement des
capacités opérationnelles du Ministère de l'agriculture et
des ressources animales.
«Les programmes de la FAO se concentrent non seulement sur
la fourniture de biens matériels mais aussi sur le renforcement des
connaissances et des aptitudes des populations vulnérables afin qu'elles
soient en mesure de mieux affronter les chocs futurs», selon Mme Bauer.
(176)
Outre l'implication de l'ONU à travers la FAO dans la
relance de l'agriculture comme secteur clé du relèvement
économique du Darfour et de tout le soudan en générale, la
MINUAD dans l'objectif de contribuer au relèvement économique du
Darfour en collaboration avec l'Equipe de pays des Nations Unies
étudient la manière dont elles
176
http://www.fao.org/newsroom/fr/news/2006/1000216/index.html
101
pourraient aider le gouvernement et les autorités locales
à profiter des poches de paix existantes pour stimuler les
possibilités de subsistance et donner les moyens aux personnes
déplacées de décider de leur propre avenir. Ces
dernières années, les organismes des Nations Unies ont mis en
place d'importants programmes de relèvement rapide et fourni une aide
humanitaire indispensable à la survie.
En attendant, la MINUAD et l'Équipe de pays des Nations
Unies continuent d'étudier la manière dont elles peuvent
optimiser les synergies dans le domaine de l'aide humanitaire et du
relèvement. Dans le Darfour-Nord, la MINUAD aide le Programme
alimentaire mondial à construire 15 réservoirs d'eau qui
desserviraient les populations rurales. ( 177)
D'autres efforts énormes de construction économique
du Darfour existe dont certains sont resté lettre morte ou demeure de
promesse conditionné, c'est notamment les
- dispositions de la DPA négocié par l'effort de
l'union africaine et de la communauté internationale qui proposait Pour
le partage des richesses et le développement du Darfour un
rééquilibrage Socio-économique en faveur du
développement du Darfour. A cet effet, des institutions, tel un Fonds de
développement et de reconstruction du Darfour, devrais être
créé et les moyens économiques et financiers
étés prévus, moyennant des transferts financiers annuels
de la part du gouvernement de Khartoum, une commission d'évaluation
devant suivre l'application des mesures prévues. Une commission de
compensation devrait être instaurée, chargée de venir en
aide aux victimes du conflit, que le gouvernement s'engageait à
abonder.
(178)
- également les conclusions de la conférence des
donateurs sur la construction du Darfour qui ont proposé de donner 850
millions de dollars pour la reconstruction et la création d'une banque
de développement pour le Darfour. Cette proposition de donateur reste
une proposition à réaliser sous condition d'un retour à la
paix au Darfour, chose qui pourra encore prendre du temps assez long. ( 179)
Pour terminer signalons la réouverture de la
frontière entre le Darfour et le Tchad facilité par la
médiation de l'ONU et qui a encore permis des échanges
commerciaux et la
177 Conseil de sécurités/210/382/, op. cit,
§ 39 - 41
178 International Crisis Group, « Darfours Fragile Peace
Agreement »juin 2006.
179
http://www.presse-arabe.Com/2010/03/21/darfour-conférence-des-contributeur-aucaire/
consulté le 14 Août 2010.
102
circulation libre de population : ceci est également un
facteur pouvant permettre un changement sur le plan économique au
Darfour. (180)
IV.3.3. Bilan humanitaire de l'ONU au Darfour
Deux millions de personnes environ, soit le quart de la
population du Darfour, sont actuellement déplacées et leur survie
continue de dépendre des organismes de secours. Les chiffres concernant
le déplacement de la population en 2010 suivent la tendance de ces
dernières années : quelque 116 000 personnes
déplacées jusqu'ici cette année, contre environ 175 000 en
2009 et 300 000 en 2007 et 2008. (181 )
Des moyens considérables ont été
mobilisé par l'ONU pour faire face a la crise humanitaire catastrophique
au Darfour sur 1,85 milliard de dollars pour l'ensemble de l'aide humanitaire
au soudan : 650 millions ont été mobilisée en 2007,849
millions de dollars en 2008 au titre du plan de travail de l'ONU.
Aussi 17 agences des Nations Unies mobilisées, plus de
80 ONG, 17 000 travailleurs humanitaires dont 95% de ressortissants soudanais
(environ 1 millier d'expatriés) (182)
IV.3.3.1.Principaux acteurs humanitaires de l'ONU
a. Programme Alimentaire Mondial (PAM) : 512 millions
USD
Le Programme Alimentaire Mondial : un acteur humanitaire
clé de l'ONU dans son action au Darfour, 30 000 tonnes métriques
d'aide alimentaire distribuée chaque mois à 2,6 M / 2,8 M de
bénéficiaires (jusqu'à 53 000 tonnes pour 3,1 millions de
bénéficiaires pendant le pic de la saison des pluies).L'aide
internationale est acheminée par la mer jusqu'à
Port-Soudan, puis elle est transportée jusqu'au Darfour par camions ou
par le chemin de fer (terminus de Nyala au Sud Soudan).Les stocks sont ensuite
pré-positionnés au plus près des besoins, à travers
un réseau d'entrepôts (jusqu'à 300 pendant la saison des
pluies - capacité totale de stockage de 100 000 tonnes), pour surmonter
au maximum les difficultés d'accès à la population.
180Secrétariat Général de
l'ONU, Rapport (S/2010/213/), §3.
181 Conseil de sécurité, (S/2010/382), op. cit,
§ 34
182
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france-830/crise-conflits-1050/soudan-1091/processus-de
paix - au Darfour-3486/index. Htli #So-1 consulte le 04 août 2010
103
La stratégie de pré-positionnement de l'aide a
rendu inutile les largages aériens, qui ne sont plus pratiqués
depuis 2006.Mais c'est au cours de ces opérations que les convois du PAM
sont régulièrement pris pour cibles. Le PAM s'appuie sur
près de 40 organisations humanitaires pour assurer la distribution
finale de l'aide alimentaire aux populations.
Le Croissant Rouge soudanais constitue de loin son principal
partenaire, tandis que CARE est l'acteur international le plus impliqué
à ses côtés. Le PAM joue également un rôle
essentiel dans le développement de la scolarisation des enfants du
Darfour, en fournissant 360000 repas par jour dans les écoles.
Le PAM dispose enfin des principales capacités de transport
aérien de l'ONU au Darfour (1 avion et 5
hélicoptères mi-2008 - budget de 2,4 M USD par mois), qui lui
permettent d'assurer le transport aérien de 3000 travailleurs
humanitaires par mois vers les zones les plus difficiles d'accès. Les
capacités de transport aérien du PAM ont diminué au cours
des derniers mois pour des raisons budgétaires, tandis que les besoins
augmentaient du fait de l'insécurité croissante.
(183)
En mai 2010, le Programme alimentaire mondial a
distribué des aliments à plus de trois millions de personnes dans
tout le Darfour mais 250 000 bénéficiaires ciblés n'ont pu
être approvisionnés en raison de l'insécurité et du
fait que l'un des partenaires d'exécution a suspendu ses
activités pour des raisons de sécurité. La pénurie
d'eau au Darfour est croissante et on signale de nombreux puits
asséchés.
La qualité des services a baissé en raison de
l'expulsion, en mars 2009, d'organismes spécialisés dans
l'approvisionnement en eau, l'assainissement et l'hygiène. En mai, 99
000 ménages ont reçu des articles non alimentaires et un
hébergement d'urgence au Darfour. Au Darfour Sud, cependant, 61 % des
endroits n'ont pu être atteints en raison des difficultés
d'accès et de l'insécurité grandissante.
(184)
En juin, 70 000 ménages ont reçu des articles
non alimentaires et un hébergement d'urgence. (Source :
PAM.)
183
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france-830/crise-conflits-1050/soudan-1091/processus-de
paix - au Darfour-3486/index.htl i#So-1 consulte le 04 août 2010
184 Conseil de sécurité, (S/2010/382), op. cit,
§ 37-39.
104
b. UNICEF :
Tout en continuant de répondre aux besoins
immédiats d'assistance humanitaire dans les zones les plus
affectées par la situation d'urgence, l'UNICEF appuiera les
interventions de relèvement rapide afin de faciliter le retour et la
réintégration des personnes déplacées et des
réfugiés, en particulier les enfants en danger, ainsi que la
réconciliation entre les communautés. En tant que chef de file
des groupes sectoriels de l'eau, l'assainissement et l'hygiène,
l'éducation (avec Save the Children) et du sous-groupe de la protection
de l'enfance, mais également en tant que co-président du groupe
sectoriel de la nutrition (avec l'Organisation mondiale de la Santé),
l'UNICEF jouera en 2010 un rôle crucial dans le développement de
l'approche par groupes sectoriels de l'ONU. De ce qui précède
avec un budget de 112 566 200 dollars l'Unicef attend intervenir dans le
domaine suivante : Santé et Nutrition 25 706 300 Eau, assainissement et
hygiène (WASH) 31 748 100, Éducation 25 874 100, Protection de
l'enfance 14 116 000, Sensibilisation au danger des mines 700 000, VIH/SIDA3
239 500, Articles non alimentaires 9 817 200, Communication et Plaidoyer 1 365
000. (185)
c. Les Autres acteurs humanitaires impliqués dans
la crise du Darfour
(2006 à 2008)
? Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies
(HCR) : 27 millions USD
? Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture (FAO) : 21,7 millions USD .
? Organisations non gouvernementales : CARE (14,6 millions USD),
OXFAM GB (13,6 millions USD), IRC (9,7 millions USD).
d. Principaux secteurs d'intervention :
Sécurité alimentaire (pilote : PAM) : 543 millions
USD.
Santé et nutrition (pilotes : PAM/UNICEF) : 81 millions
USD. Eau et « sanitaire » (pilote : UNICEF) : 73 millions USD.
185 http ://
www2.unicef.org/french/har
2010/index-soudan-feature.html
186
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france-830/crise-conflits-1050/soudan-1091/processus-de
paix - au Darfour-3486/index. Htli #So-2
105
Education (pilote : UNICEF) : 45 millions USD. Dont scolarisation
de 660 000 enfants. (186)
VI.3.3.4 .Critiques et suggestions sur le bilan de l'ONU
au Darfour 1. Critiques du bilan
Cela fait plus de six ans que la situation au Darfour est
venue au premier plan dans l'ordre du jour du Conseil de
sécurité. Le conflit au Darfour demeure parmi les situations les
plus complexes avec lesquelles la communauté internationale est aux
prises. Après 3ans d'intervention directe des nations Unies dans la
recherche de la résolution de la crise du Darfour (depuis le vote de la
résolution 1769 du 31 juillet 2007 à aujourd'hui), son bilan
apparaît jusqu'alors négatif et cela sur le plan politique,
économique, et humanitaire.
Sur le plan politique et diplomatique il apparaît que
toutes les options de négociations envisagées par les Nations
Unies au Darfour ne soient vouées qu'à l'échec. Depuis
plusieurs années, les progrès vers le règlement de la
crise au Darfour suivent un rythme fluctuant. De négociation en
négociation, signature à signature, accord en accord mais le
combat ne cesse dans le Darfour. De Naivasha à Syrte, de syrte à
Abidjan, de Abidjan à N'djamena et de N'djamena à Doha aucun
accord n'a été respecté véritablement par les
parties.
En dépit des efforts louables de la médiation
conjointe de l'Union africaine et des Nations Unies, depuis l'Accord de paix
sur le Darfour en 2006, les tentatives faites pour obtenir le concours d'un
plus grand nombre de parties à une paix négociée demeurent
sans succès en raison de la fragmentation des mouvements armés du
Darfour et de la poursuite des opérations militaires sur le terrain,
La situation sécuritaire se dégrade de plus en
plus, et fait paraître l'incapacité des effectifs de la MINUAD
à protéger l'ensemble de la population du Darfour.
Tout comme la MUAS avait fait la preuve de son
incapacité à exécuter son mandat compte tenu de
l'indigence de ses moyens, la MINUAD, à son tour, fait à la fois
les frais de son montage difficile et de l'opposition déterminée
du gouvernement soudanais.
Nous le qualifions ainsi dans la mesure son application reste
conditionné par le retour de la paix durable dans la région du
Darfour et pourtant question de temps.
106
Cette incapacité, pour nous, tire son origine dans la
résolution irréaliste (S/R/1769) fixant un
échéancier rigoureux de passage du relais entre la MUAS et la
force hybride, dans un délai de cinq mois et ne tenant pas compte de
l'ampleur des questions militaires, administratives et logistiques à
mettre en oeuvre pour la nature même de la mission.
D'abord, il apparaît que le conseil de
sécurité en votant cette résolution n'a pas tenu compte
des moyens considérable que demandé la mise en ouvre d'une telle
mission jamais encore vue auparavant, regroupant des unités Africaines
et ceux des Nations Unies.
Cette manque de réalisme de la part du Conseil de
sécurité explique même l'échec qui dans le chef de
la MINUAD, incapable d'atteindre les effectifs lui alloué après
avoir renouvelé son mandat à 3 reprises. Ainsi, jusqu'au 30 Juin
2010 la MINUAD s'est confronté a des multiple problèmes de
logistique et de transport rendant impossible voir irréalisable
l'exercice de son Mandat surtout celui de protéger la population civile
du Darfour profond.
Ensuite, ce manque de réalisme est perceptible dans le
voeu de la résolution, de voir l'essentiel des effectifs de la MINUAD
être Africains, cela a d'abord y d'impacte de retard dans le
déploiement de cette force de maintien de la paix qui étaient du
reste non formé n'était pas à la hauteur des tache qui les
attendais. Ce qui lui aurait fallu un financement double : de formation et de
déploiement des troupes.
Confronté à des situations
d'insécurité sans précédant, l'ONU a
été incapable de tout projet de développement dans le
Darfour. À part ses actions de relèvement de l'agriculture, de
l'élevage et de la pêche qui constitue un secteur clef de
l'économie au Soudanais et au Darfour en particulier cela par le biais
du FAO depuis 2006 mais également ceux de la MINUAD dont le nombre
cumulé des projets à effet rapide entre 2008 et 2010 est de 444,
dont 79 ont été achevés sur le plan physique et
administratif, mais sont dans l'attente de leur clôture
financière. Il apparaît que la plupart de ces projets ont
été planifié mais n'ont jamais fait Objet
d'exécution.
Signalons aussi la résolution de la conférence
des donateurs du 21 mars 2010 au Caire, d'octroie de 850 millions de dollars
pour la reconstruction du Darfour, que je me permets de nommé «
déclaration d'intention de reconstruction du Darfour ».
107
Tous les projets économiques de développement se
trouvent bloqués à cause de conditions sécuritaires
déplorables à l'intérieur qu'aux frontières du
pays. « Des décennies d'insécurité et le manque
d'accès aux services sociaux de base ont affaibli les moyens
d'existence, accru les niveaux de pauvreté, réduit les
opportunités économiques et éducatives et
entraîné des taux élevés de malnutrition »,
face aux quels la communauté internationale semble incapable de relever
pour l'instant.
La situation humanitaire reste préoccupante, en
dépit des efforts entrepris par la communauté internationale et
ses partenaires. Les besoins des populations restent d'actualité et la
mobilisation internationale insuffisante. Deux millions de personnes environ,
soit le quart de la population du Darfour, sont actuellement
déplacées et leur survie continue de dépendre des
organismes de secours, dont les moyens sont insuffisants.
Nous estimons également que si l'ONU avait intervenu
bien avant, on aurait dit éviter cette catastrophe humanitaire
doublé d'insécurité. Certes que ses actions bien que
louable aie tourné à des échecs répéter
jusque là, nous pensons que ses échecs dépendent non
seulement de ses stratégie inapproprié au Darfour mais
également du manque de la volonté des États membres,
notamment celle des grandes puissances qui ont un siège permanent au
Conseil de sécurité et qui possède donc un droit de veto.
Leurs stratégies male élaborées font que les deux
organisations appelées à gérer la crise conjointement ont,
l'intention de travaillé séparer. La nomination de Thabo MBEKI
à la tête du Groupe de haut niveau sur le Darfour s'inscrit certes
dans la recherche d'une solution qui réconcilie paix et justice. Elle
est à l'évidence aussi un élément d'une
stratégie, d'une démarche politique de la part de l'organisation
africaine de ne pas perdre la main dans un dossier dont on se souvient qu'elle
avait entendu piloter dès le début. En témoigne sa
médiation à Abuja en 2005, le fait que le Groupe MBEKI ait
été réuni au lendemain de la décision de la CPI
dont on sait l'impact qu'elle a eue parmi la grande majorité des membres
de l'Union africaine.
En témoigne aussi aujourd'hui le fait que, après
avoir remis son rapport en octobre 2009, le groupe de Thabo MBEKI continue
d'oeuvrer en parallèle à la médiation conjointe Nations
Unies/UA. Tout semble donc se passer comme si l'Union africaine tentait de
développer une stratégie clairement concurrente sur les
lignées de celle de la médiation conjointe. Pour
intéressante que soient les propositions du rapport MBEKI, il n'est pas
certain que cette initiative vienne véritablement faciliter la
négociation.
108
Il est aussi vérifiable que l'échec de l'ONU au
Darfour est aussi dit au manque de volonté de membres les plus influents
du conseil de sécurité ayant le droit de veto. C'est peu dire que
dans ces circonstances complexes et répétitives, les grands
parrains du processus manifestent une certaine désillusion ; quelque
impatience qui peut laisser redouter des voix discordantes à tout
instant. Les Etats-Unis, en premier lieu, qui sont revenus sur le
théâtre soudanais. L'administration Bush avait déjà
apporté son soutien au processus de Doha après la nomination du
rapporteur conjoint. Dès la prise de fonctions du président
BARACK OBAMA, il a été clair que cette attention
particulière pour le Darfour serait maintenue.
Ainsi concernant le dossier darfouri, une approche inclusive a
été adoptée, proche de celle défendue par tous les
observateurs, qui a tenté de bousculer le rythme jugé trop lent
de Djibril BASSOLE. Cela étant, actionnant ses propres réseaux,
la politique américaine tente de développer des actions
parallèles et par conséquent concurrentes, à celles des
médiateurs de Doha, telle la constitution d'un « groupe d'Addis
Abeba », réunissant quelques factions dissidentes du SLM d'Abdel
Wahid al- Nour. En somme, les Etats-Unis mettent en oeuvre une stratégie
identique, avec d'autres acteurs, ce qui n'est pas sans susciter certaines
confusions sans doute préjudiciables au déroulement du processus
et au leadership des Nations Unies et de l'Union africaine. Signalons
également l'opposition de la chine et de la Russie à certaines
résolutions touchant le Darfour et tout ceci n'a pas permis les
succès des Nations Unies dans la gestion de cette crise.
2. Suggestions
Il ressort de se qui précède que les
inefficacités observables quant à la contribution de l'ONU dans
la recherche d'une solution à la crise du Darfour
nécessité non seulement la reforme des stratégies des
Nations Unies mais également la volonté de la part des
belligérant à chercher la paix durable. Ainsi nos suggestions et
contributions pour une paix durable serait :
1. que les Nations Unies interviennent à temps au lieu
d'attendre l'amplification des conflits. Du fait que la diplomatie
préventive à montré on incapacité à
enrayé la violence de manière efficace, nous plaidons pour le
développement de la diplomatie de terrain pour une meilleur synergie de
tous les efforts de paix. L'objectif à atteindre est celui de la «
paix durable ».Il s'agit d'une paix durable légitime qui se
maintient d'elle-même et peut compter sur le soutien de toutes les
communautés impliquées.
109
Une telle paix est caractérisée par le fait que
les conflits ont une chance de se transformer de manière constructive.
La réalisation de la paix durable ne requiert pas seulement la
pacification (peace making) et le maintien de ma paix (peace keeping) mais
surtout des efforts permanents pour reconstruire la paix (peace
(re)building)
2. Pour finalement mettre fin a la crise et y rétablir
une paix durable nous pensons qu'il faut passer par une proche
développementaliste. Le développement du Darfour
représente une clé pour la paix de la région, alors que la
paix facilitera grandement le développement. Il est donc ardu dans ce
cas de faire la part des choses. Surmonter la crise doit donc se faire sur deux
avenues différentes, soit le retour à une paix durable et la
reconstruction de la région qui passera par son développement.
Nous insistons sur le fait que le rétablissement de
l'économie est primordial pour la résolution du conflit. Nous
suggérons entre autres que l'agriculture soit modernisée et
qu'une commission se penche sur le droit de propriété de la
terre. Nous nous rageons derrières les recommandations d'Al-Abdîn
suivent les propositions émanant de la théorie de la
modernisation de Rostow, puisqu'en résumé ce qu'il propose c'est
de moderniser la société archaïque qu'est le Darfour en
développant son économie. La diversification des ressources, des
moyens de subsistance et des investissements sont également des mesures
devant être prises, afin de rendre le territoire attractif à
l'introduction de nouvelles entreprises.
Il propose également l'électrification des
zones rurales. L'aspect humanitaire ne doit pas être laissé en
suspens, il faut sécuriser les populations, réinstaller les
réfugiés et mettre en place des programmes de soins physiques et
psychologiques ainsi que d'éducation. Au niveau social, il est important
de miser sur l'identité commune darfourienne pour tenter d'unifier le
peuple.
3. Pour arriver a cette paix par le développement,
nous suggérons l'implication du gouvernement de Khartoum dans la
reconstruction du Darfour, cela pour enrayé les causes profonde du
conflit et chercher d'abord la cohésion régionale des peuple du
Darfour véritable obstacle à la paix. Cette implication du
gouvernement soudanais dans le développement du Darfour, doit passer par
son désengagement dans la crise car il lui est difficile de
contribué au développement quant lui-même est acteur dans
les hostilités.
110
La pratique montre que pour être efficace le
développement doit avoir un visage humain, c'est-à-dire que les
gouvernements locaux doivent être impliqués dans les processus de
reconstruction, ce qui est loin d'être le cas au Darfour si le
gouvernement ne se désengage pas dans la crise.
4. La communauté internationale doit continuer à
chercher une plus grande cohésion et unité des Mouvements
rebelles et groupes armés en usant de ses capacités
opérationnelles pour que d'autres ne se créer. Il se fait que,
une telle stratégie de rassembler plusieurs factions rebelles en un seul
peut donner au moins de l'espoir au retour de la paix sur le sol darfourien,
dans la mesure où elle permettra au négociateur de la
communauté internationale d'avoir peut des mouvements avec le quel il
faut négocier mais aussi de rassembler leurs différentes
revendications, ce qui facilite les choses.
111
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude, il a été
question de comprendre comment le conseil de sécurité des Nations
Unies gère la crise du Darfour pour sa résolution.
Sans taire l'introduction et la conclusion, ce travail s'est
articulé autour deux parties : La première partie a porté
sur la considération théorique générale, elle
comprend deux chapitres dont le premier chapitre planche sur la Notion
d'insécurité : les caractéristiques, les facteurs et les
types d'insécurité y sont présentés.
Le deuxième chapitre porte sur la Notion de conflit, il
table sur les conflits en R.I, les enjeux et les termes connexes au conflit y
sont présentés.
La seconde partie présente le cadre pratique de
l'étude où la crise du Darfour est étudiée : les
acteurs, les origines et les conséquences de cette crise sont
évoqués dans le premier chapitre, En fin, le deuxième
chapitre montre la position du conseil de sécurité des Nations
unies sur la crise du Darfour en examinant les résolutions du conseil et
les réalisations onusiennes dans la gestion de cette crise. Certainement
le défi à relever y est aussi soulevé.
Le problème de paix et de guerre, de
sécurité et insécurité est un problème qui
hante depuis des temps l'humanité. Ainsi pour la première fois
dans l'histoire de l'humanité, l'art 224 de la charte de 1945 a
supprimé le recours à la violence dans les relations
internationales. La suppression de la compétence de guerre des Etats
s'accompagne naturellement de la mise en place d'un système de
règlement pacifique des conflits et d'un mécanisme Onusien de
sécurité collective indispensable, plus efficace et plus
performant que celui de la SDN.
Malheureusement, au moment où le reste de
l'humanité se mobilise, et s'exerce au maintien de la paix et de la
sécurité, en Afrique les conflits s'amplifient. Il s'en sort que
la forme de la contestation politique privilégie par les parties au
conflit en Afrique a souvent été la violence armée.
C'est dans cette optique que depuis l'indépendance
marquant la fin de la présence britannique le 1er Janvier
1956, le demi-siècle écoulé n'est qu'une chronique des
guerres au Soudan. Le conflit du Darfour à l'ouest s'éternise, le
sud épuisé, se relève péniblement de 21ans de
guerre, à l'Est des combats sporadiques se poursuivent, les morts se
comptent par centaines de milliers, les personnes déplacées et
les réfugiés par millions.
Né en septembre 2002 le conflit du Darfour commence par
une révolte contre le pouvoir central, pour un meilleur partage des
richesses et du pouvoir.
112
Des milices pro-gouvernementales arabes, les janjawids, ont
été mises à l'oeuvre pour réprimer la
révolte du Darfour : les humanitaires estime qu'en trois ans et demis le
conflit du Darfour et la crise humanitaires qui en découle ont fait
entre 180.000 à 300.000 morts et que 2,4 millions des personnes ont
étés déplacées sans comptés les viols et les
pillages. Il serait erroné de réduire le conflit principal de la
nation Soudanaise à un antagonisme inextricable entre le Nord arabe
musulman et le sud animiste ou chrétien.
La lecture relativement simple jusqu'alors faite du conflit,
lutte arabes contre africains, s'en trouve d'autant plus compliquée :
« Désormais c'est tribu africaine contre tribu africaine, arabe
contre arabe, éleveur des chameaux contre éleveur des chameaux
», l'insécurité est telle que comme au Tchad, le nombre des
déplacés a encore augmenté.
La journée mondiale pour le Darfour du samedi 15
septembre 2006 mettra cette région au coeur de l'actualité mais
les réfugiés et déplacés du Darfour de chaque
coté de la frontière attendent surtout de la communauté
internationale toute entière et surtout du conseil de
sécurité des Nations Unies de chercher à régler
leur situation.
Eu égard de la mission du conseil de
sécurité des Nations Unies, et considérant la question du
Darfour nous nous sommes posés la question de savoir : -Quels sont les
moyens du conseil de sécurité des Nations Unies pour la
résolution de la crise du Darfour.
En guise d'hypothèse nous avons estimés que les
moyens du conseil de sécurité Onusiens seraient définit
par son chapitre VI et VII .Il est également nécessaire
d'indiquer des mesures de sanction, d'embargo, des sanctions économiques
qui serait votés par le conseil de sécurité à
l'encontre des acteurs de la crise qui tenteraient de bloquer le processus de
paix.
L'organisation des dialogues politiques, les secours
humanitaires aux déplacé et l'organisation des élections
serait aussi des moyens efficaces du conseil Onusien et de la communauté
Internationale toute entière au dénouement de la crise du
Darfour.
Pour nous permettre de comprendre notre thème et
vérifier nos hypothèses, nous avons recouru à la
méthode systémique et aux techniques documentaires et d'analyse
de contenu.
Ainsi après analyse de notre thème, nous avons
constatés que le Darfour, région abritant environ 23 % de la
population soudanaise, est, depuis 2003, le théâtre d'une guerre
civile les plus meurtrières dont résulte une grave crise
humanitaire. Les origines du conflit ne sont pas récentes et les causes
sont nombreuses : climatique, démographique, propriété des
terres et anciens conflits non résolus complètement. Les
affrontements se déroulent entre des fractions rebelles et des milices
janjawids soutenu par l'armée gouvernementale. L'ONU estime que depuis
février 2003, plus de 300 000 personnes ont perdu la vie, à cause
du conflit
113
que certains ont qualifié de génocide. En outre,
plus de 2 millions de personnes ont été forcées de quitter
leur foyer. Nous avons constaté que la réponse à la crise
été assez lente à venir, il semble que la
communauté internationale n'a pas retenu les leçons à
tirer du génocide rwandais soit de ne pas attendre que la situation soit
à son paroxysme avant d'intervenir. C'est notamment la pression
causée par la publication d'images chocs du conflit qui poussera la
communauté internationale à réagir. Cependant, le fait que
l'État soit directement impliqué dans le conflit et que de graves
violations des droits de l'homme ainsi que des actes criminels soient commis
avec sa complicité et souvent sous son contrôle rend le
règlement de la crise, l'aide humanitaire et le développement
subséquent très ambigus.
Nous avons trouvé que le conseil de
sécurité de l'ONU pour tenter de mettre fin à cette crise
a effectivement recourus à des sanctions économiques
(Résolution 1564 de sanction sur pétrole soudanais et la
résolution 1044 sur les facilités accordés aux diplomate
soudanais et interdisant le trafic aérien aux compagnies d'aviations
Soudanaises vers les pays membres de l'ONU), des embargos sur les
matériels militaires (résolution 1556 et 1591).
Pour terminer, nous avons estimé que, quoi que l'ONU
soit intervenue jusque là son bilan est au négatif suite à
son intervention tardive, à de ses insuffisances logistiques, et
à son manque de réalisme dans la constitution des forces de la
MINUAD, qui n'ont pas tenus compte de l'incapacité africaine
d'intervention dans cette crise.
Après quelques suggestions que nous avons pensé
nécessaires, pour améliorer le résultat de l'intervention
Onusiennes au Darfour, nous avons estimé que l'ONU adopterait une
diplomatie de terrain qui non seulement maintiendrait et établirait la
paix mais également travaillerait à la reconstruction du Darfour.
De ce fait nous avons proposé une approche développementaliste au
Darfour, qui consisterait à promouvoir la cohésion des peuples du
Darfour en les associant au développement de leur région. La
situation reste trouble, la paix demeure incertaine, le temps fait son oeuvre
et le développement attend son tour, mais, au Darfour, des millions de
gens continuent de souffrir en silence.
Nous remarquons en définitive que nos hypothèses
sont vérifiées. Cependant, le thème reste
d'actualité pour tous chercheurs qui aimeraient critiqué ou
continué ces analyses surtout que la crise Darfour reste
d'actualité.
114
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1593 du 31 Mars 2005. - Résolution 1706 du 31 Août 2006. -
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118
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE DEDICACE
REMERCIEMENTS
SIGLES ET ABREVIATIONS
1. ETAT DE LA QUESTION 1
2. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESE 4
3. CHOIX, OBJECTIFS ET INTERET DE L'ETUDE 7
4. DELIMITATION DE L'ETUDE. 7
5. METHODOLOGIE DU TRAVAIL 8
5.1. Méthode 8
5.2. Techniques. 9
6. SUBDIVISION DU TRAVAIL 10
Chap. I. NOTION D'INSECURITE 11
Section 1. Définitions et typologies
d'insécurités. 11
I.1.1. Définitions. 11
I.1.2. Typologie de l'insécurité 13
Section 2. Caractéristique de l'insécurité
16
Section III. Les facteurs d'insécurité 18
3.1. L'Etranger est facteur d'insécurité. 19
3.2. Le néo - libéralisme est un facteur
d'insécurité. 20
3.3. Les Médias Facteurs d'insécurité 22
3.4. L'anarchie Internationale facteur d'insécurité
entre Etats. 23
CHAP II. NOTION DE CONFLIT 25
Section 1. Les conflits en Relations Internationales 25
II.1.1. Définition 25
II.1.2. Type des conflits en Relations Internationales 26
II.1.3. La prévention des conflits en Relations
internationales 30
119
II.3.1. Les acteurs de conflits 34
Section 2. Les Causes et Enjeux de conflit 36
II.2.1. Les enjeux économiques 36
II.2.2. Les enjeux religieux et culturels 37
II.2.3. Les enjeux politiques 37
II.2.4.Les enjeux géopolitiques et
géostratégiques 37
Section 3ème. Connexion entre Conflits, Crise
et Guerre 38
Chapitre troisième. De la Crise du Darfour 41
Section 1er. Les Causes de la crise du Darfour 42
III.1.1. Les causes lointaines 42
III.1.2. Les causes immédiates de la crise du Darfour
46
III.3.2.3. Les intérêts occidentaux 48
III.1.3. Les causes exogènes 49
Section 3ème : les Acteurs de la crise du
Darfour 50
III.2.1.Les acteurs nationaux de la crise du Darfour 50
III.2.1.1.Le gouvernement soudanais 51
III.2.1.2. Les Forces Rebelles 51
III.2.2.Les Acteurs régionaux 52
III.2.3. Les Acteurs internationaux 53
III.3. Les conséquences du conflit de Darfour 55
III.3.1.Les conséquences politiques 55
III.3.2. Conséquences Economiques de la crise du Darfour
56
IV.3.3.Conséquences Humanitaire de la crise du Darfour
58
CHAPITRE IV. L'O NU ET LA RESOLUTION DE LA CRISE DU DARFOUR 62
IV.1. La position de l'ONU face à la crise du Darfour
62
IV.1.1. Les préoccupations de l'Assemblée
générale de l'ONU pour le Soudan 63
IV.1.4. Le réveil de la communauté internationale
67
120
IV.2. L'ONU et le maintien de paix au Darfour 73
IV.2.1.L'ONU et les opérations de paix au Darfour 73
IV.2.1.1.L'ONU et les Négociations de paix au Darfour
73
a. Des cessez-le-feu aux missions de paix 73
b. Les Négociation d'Abidjan 75
c. Les Négociations de Doha 81
IV.2.2. L'ONU et les missions de paix au Darfour 85
IV.2.2.1. La MUAS une opération difficile pour le maintien
de la paix au Darfour 86
IV.2.2.2. De la MUAS à la MINUAD, le bras de fer
diplomatique entre le 87
Soudan et la communauté internationale 87
IV.2.2.2.MINUAD et le maintien de la paix au Darfour 89
IV.3.Le Bilan des actions de l'ONU au Darfour 94
IV.3.1.Bilan de l'ONU sur le plan politique 95
IV.3.2. Bilan Economique de l'ONU au Darfour 99
IV.3.3. Bilan humanitaire de l'ONU au Darfour 102
IV.3.3.1.Principaux acteurs humanitaires de l'ONU 102
VI.3.3.4 .Critiques et suggestions sur le bilan de l'ONU au
Darfour 105
1. Critiques du bilan 105
2. Suggestions 108
CONCLUSION GENERALE 111
BIBLIOGRAPHIE GENERALE 114
TABLE DES MATIERES 118
121
ANNEXES
1. La structure hybride décidée à
Addis-Abeba
2. La structure hybride en Pratique
3. Carte. Ligne d'approvisionnement de la MINUAD
4. Carte. Déploiement de la MINUAD au 31 Juillet 2009.
5. Carte : politique du Soudan
6. TABLEAU N°1 : ETATS PARTICIPANTS AUX FORCES DE LA MINUAD
ET LEUR EFFECTIF AU 30 JUIN 2010.
7. Carte : Les camps de déplacés et de
réfugiés, août 2004
8. Accord cadre de DOHA du 20 Février 2010
9. Accord sur l'harmonisation des relations entre le Soudan et
le Tchad