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Analyse des déterminants de la demande de travail au Burkina Faso.

( Télécharger le fichier original )
par Moussa SIGUE
Université Ouaga 2 - DEA en économie appliquée 2014
  

Disponible en mode multipage

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BURKINA FASO

*********************

Unité-Progrès-Justice
**************************
MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE ET SUPERIEUR
(MESS)
******************************
UNIVERSITE OUGA II

UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION (UFR/SEG)

Mémoire

En vue de l'obtention du Master en économie appliquée dans le cadre du Programme du Troisième cycle Interuniversitaire (PTCI)

Option : Economie Appliquée

Thème

Analyse des déterminants de la

Demande de travail au Burkina

Faso

Présenté et soutenu publiquement par :

SIGUE Moussa

Sous la Direction de :

Pr. Gnanderman SIRPE

Maîtres de conférences, Université Ouaga2.

Juillet 2014

II

DEDICACE

III

Ames parents.

iv

REMERCIEMENTS

Il est communément dit qu'aucune oeuvre humaine ne naît du néant, le présent document n'en fait

pas exception. Il a pu voir le jour grâce à l'intervention de plusieurs personnes qu'il semble judicieux

de remercier. Ainsi, nous accordons une mention spéciale au professeur Gnanderman SIRPE, Maître

de conférences, Enseignant chercheur à l'université Ouaga II qui, malgré ses multiples occupations

a bien voulu diriger ce mémoire et nous faire profiter de sa riche expérience. Ses conseils, sa rigueur

pour le travail bien fait et son amour nous ont été d'un très grand apport.

Nous remercions le professeur Rufin-Willy MANTSIE, Directeur du Programme de Troisième

Cycle Interuniversitaire (PTCI) pour l'appui apporté à notre promotion;

Nous exprimons nos sincères remerciements au Professeur Kimseyinga SAVADOGO, ancien

directeur du PTCI pour l'appui apporté à notre promotion;

Nous adressons nos remerciements:

y Au Professeur Idrissa M. OUEDRAOGO pour son appui et sa disponibilité;

y Au docteur Mahamadou DIARRA qui n'a cessé de nous soutenir et de nous encourager

durant toute la rédaction ;

y Au docteur Abel TIEMTORE pour son appui ;

y Au Dr Noël THIOMBIANO pour son appui ;

y Au corps professoral du PTCI pour la qualité des enseignements;

y A tous les enseignants chercheurs de l'UFR-SEG de l'université Ouaga II ;

y A tous les camarades du PTCI pour tous les soutiens et pour l'esprit de famille ;

y A toute ma famille qui me soutient depuis mes premiers pas à l'école ;

y A tous mes amis (es).

Merci à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre ont contribué à la réalisation de ce document.

Cependant, ces apports ne sauraient cautionner d'éventuelles insuffisances, nous demeurons l'unique responsable du présent mémoire.

V

TABLE DES MATIERES

DEDICACE iii

REMERCIEMENTS iv

TABLE DES MATIERES v

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES vii

SIGLES ET ABREVIATIONS viii

RESUME x

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE I : SITUATION SOCIOECONOMIQUE ET

CARACTERISTIQUES DU MARCHE DE TRAVAIL 4

Section I: Contexte socioéconomique 4

1. Contexte socioéconomique 4

2. La population active 4

3. Politiques en matière d'emploi. 5

Section II: spécificité du marché de travail au Burkina Faso 6

1. La segmentation du marché du travail 6

2. La dynamique de l'offre de travail 9

3. La dynamique de la demande de travail 9

CHAPITRE II : REVUE DE LITTERATURE 11

Section I : Etude théorique 11

1. Approche orthodoxe et hétérodoxe de la demande de travail 12

2. La demande de travail conditionnelle 15

3. La demande de travail non conditionnelle 17

Section II : Etudes empiriques 17

1. Complexité de l'estimation de la demande de travail 18

2. Les déterminants de la demande de travail 20

vi

CHAPITRE III : CADRE OPERATOIRE 24

Section I: Spécification du modèle 24

1. Le modèle 24

2. Analyse des données 25

3. Les variables et la méthode d'estimation 28

Section II : Résultats et interprétations 33

1. Résultats 33

2. Interprétations des résultats 35

3. Recommandations 40

CONCLUSION GENERALE 43

BIBLIOGRAPHIE 45

ANNEXE ix

VII

LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES

Tableau1 : Evolution de l'offre de travail de 2004 à 2012 . ..9

Tableau2 : Pourcentage de l'emploi par secteur ..27

Tableau3 : Production, emploi, salaire et capital de 2002-2012 (En million) 28

Tableau4 : Corrélation entre l'emploi, la production, le salaire et le capital ..29

Tableau5 : Résultats de l'estimation du modèle de demande de travail .36

Graphique 1 : Evolution de l'offre totale de travail de 2002 à 2012 ..10

Graphique 2 : Evolution de la demande de travail de 2004 à 2012 11

Graphique 3 : Equilibre partiel du marché de travail 14

Graphique 4 : Evolution de l'emploi de 2002 à 2012 27

VIII

SIGLES ET ABREVIATIONS

ANPE : Agence Nationale Pour l'Emploi ;

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest ;

CAPES : Centre d'Analyse des Politiques Economiques et Sociales ;

CERDI : Centre d'Etudes et de Recherche sur le Développement International

CNPB : Conseil National du Patronat Burkinabè ;

CNPE : Comité National de Politique Economique ;

CONAPO : Conseil National de Population ;

CSLP : Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté ;

DGEP : Direction Générale de l'Etude et de la Planification;

EFTP : Enseignement et Formations Techniques et Professionnelles ;

ICEJA : Initiative Conjointe pour l'Emploi des Jeunes en Afrique ;

INSD : Institut National de la Statistique et de la Demographie ;

MFPRE : Ministère de la Fonction Publique et de Reforme de l'Etat ;

MJE : Ministère de la Jeunesse et l'Emploi ;

MJFPE : Ministere de la Jeunesse de l'Emploi et de la Formation Professionnelle ;

MTEJ : Ministere du Travail, de l'Emploi et de la Jeunesse ;

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique ;

OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement ;

ONEF : Observatoire National de l'Emploi et de la Formation Professionnelle ;

PARI : Projet d'Appui Régional à l'Intégration ;

PIB : Produit Intérieur Brut ;

PNE : Politique Nationale de l'Emploi ;

ix

PN-EFTP : Politique Nationale d'Enseignement et Formations Techniques et Professionnelles ;

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement ;

PPTE : Pays Pauvres Très Endettés ;

PSCE : Programme Spécial de Création d'Emploi ;

SCADD : Strategie de Croissance Accelerée et de Developpement Durable ;

UA : Union Africaine ;

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine.

X

RESUME

La présente étude a d'analysé les déterminants de la demande de travail au Burkina Faso. Elle a utilisé un modèle de panel dynamique et un échantillon de cinq secteurs d'activité économique sur la période 2002 à 2012. L'estimation du modèle est faite à partir de la méthode des moments généralisés (GMM) et les résultats empiriques montrent que la production, le salaire, l'emploi retardé d'une période influent significativement et positivement sur la demande de travail avec des élasticités respectives de 0,365, 0,621 et 0,06. Le capital agit négativement sur la demande de travail avec une élasticité de -2,48. L'ajustement de l'emploi effectif à l'emploi désiré s'est fait à 93,8% par an sur la période d'étude. Cette situation traduit un niveau de chômage élevé. A cet effet, une politique de soutien à la production et au salaire est nécessaire non seulement pour relancer la demande de travail mais aussi pour réduire le taux de chômage.

Mots clés : Demande de travail, offre de travail.

ABSTRACT:

This study aims to analyze the determinants of the labor demand in Burkina Faso. It is focused on a dynamic panel tested from five economic sectors from 2002 to 2012. The model valuation is made from the generalized method of moments (GMM) and empirical results show the production, wage, delayed employment by a period affect significantly and positively job application with respective variations at 0.365; 0.621 and 0.06. The capital has a negative effect on job application with elasticity of -2.46. The adjustment of the actual to the wanted job has been realized at 93.8% per cent over the period of the study. This situation reflects a high rate of unemployment. In this regard, a policy supporting the salary's production is necessary not only to boost job application but also to reduce the unemployment rate.

Keys words: Demand labor, labor supply.

1

INTRODUCTION GENERALE

Le Burkina Faso a enregistré une croissance moyenne d'environ 5,5 % depuis les années 1990 selon le Conseil National de Population CONAPO (2000). Cependant, cette croissance ne s'est pas traduite sur le marché du travail par la création en nombre suffisant d'emplois décents. Conscient de la situation, le gouvernement a entrepris des efforts en matière de promotion d'emploi et de réduction du taux de chômage depuis les années 2000. Afin de parvenir à un tel objectif, une politique Nationale de l'Emploi (PNE) a été adoptée en 2008. Ensuite d'autres mesures ont été prises pour faire face à la montée du taux de chômage. C'est ainsi qu'un programme Spécial de Création de l'Emplois (PSCE) a été adopté en 2012. Cette politique s'était inspirée du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) et des Objectifs du millénaire pour le Développement (OMD) qui sont des stratégies de réduction de la pauvreté et cible plus les jeunes dans la mesure où ils sont les plus touchés par le chômage. Le pays s'est lancé depuis 2010 dans une nouvelle stratégie pour stimuler la croissance et réduire la pauvreté. Connu sous le nom de Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (20112015), son objectif principal est de réaliser une croissance économique forte, soutenue, génératrice d'effets multiplicateurs sur le niveau d'amélioration des revenus, la qualité de vie de la population et soucieuse du respect du principe de développement durable. Un tel objectif nécessite une prise en compte de la question de l'emploi car selon Kaldor (1966), il existe la relation entre le marché de l'emploi, la croissance économique et la distribution des revenus. Cela se justifie par le fait que l'emploi permet de créer des revenus, participe à l'amélioration des conditions de vie de la population et protège les individus. En somme, l'emploi participe à la croissance économique soutenue parce qu'une croissance qui n'est pas fondée sur l'emploi n'est pas durable.

Le pays a observé un taux de croissance moyen du PIB de 5, 1% en 2011 contre 6,8% en 2006 (DGEP, 2012) et 7,9% en 2010 (OCDE, 2012). Ce taux est resté solide même s'il a connu une baisse de 2,8 points entre 2010 et 2011. Cette baisse pourrait être expliquée en partie par la crise socioéconomique que le pays a connue en 2011. On note une lente reprise de la croissance qui est de 5,3% en 2012 et 5,5% en 2013 (OCDE, 2012). Cette évolution sinusoïdale se répercute sur le marché de l'emploi. En 2006, la fonction publique a enregistré 297 109 candidatures pour 4 958 postes à pourvoir soit un taux de couverture de 1,7% (MFPRE, 2006). Le secteur privé a enregistré la même année une offre d'emploi de 2 500 agents (MFPRE, 2006). En considérant l'offre publique et privée d'emplois de la même année, on remarque que la

2

somme est en deçà de la demande totale d'emplois. Le pays a enregistré en 2010 une demande de travail publique de 7 653 contre une offre de travail de 390 518 (ONEF, 2011).

Selon la DGEP (2012), le pays à enregistré en 2011 et 2012 des niveaux d'offre privée de travail respective de 328 597 et 351 016 soit un taux de progression de 6,82%. Quant à la demande privée de travail, elle était de 161 211 en 2011 contre 256 584 en 2012 soit une progression de 59,16% (DGEP, 2012). Ainsi, la demande de travail au Burkina Faso est essentiellement tirée par le secteur privé formel et informel. Parallèlement, le taux de chômage a connu une progression de 29,7% à 29,8% entre 2012 et 2013 (DGEP, 2012) et la projection donne un taux de chômage de 30% en 2021. Cet état de fait laisse entrevoir une progression disproportionnelle entre l'offre de travail et la demande de travail au Burkina Faso.

Le chômage a pendant longtemps été considéré comme étant lié aux rigidités sur le marché du travail (approche classique du chômage). Cette considération ne semble pas corroborée avec le cas du Burkina vu le déséquilibre structurel qui prévaut sur le marché de travail. Ainsi, l'approche Keynésienne du chômage qui stipule que ce dernier est causé par une faible demande est susceptible d'accorder plus d'explication au niveau du chômage du pays.

Malgré les multiples efforts du gouvernement, 140000 personnes en moyenne arrivent sur le marché de l'emploi alors que la création annuelle d'emplois n'est que de 20000 en moyenne et ce jusqu'en 2015 (MJE, 2008). Il ressort que la demande de travail est sept (07) fois moins que l'offre de travail et cela suscite une interrogation dont le but est de comprendre pourquoi une demande de travail faible dans une économie en croissance marquée par des efforts en matière de production, de formations et en matière d'emploi ?

Le présent mémoire aborde la question du chômage sous l'angle de la demande1 et vise à donner plus de compréhension à la demande de travail à travers un objectif principal qui est l'analyse des déterminants de la demande de travail au Burkina Faso. De façon plus spécifique, il est question dans un premier temps de mesurer l'élasticité de la demande de travail par rapport à

1 Selon Janssen (2005), la croissance de la demande des biens et services conduit à une hausse des ventes qui permet d'investir dans des facteurs de productions supplémentaires. En effet, une hausse du volume de la vente requiert davantage d'emploi, toutes choses égales par ailleurs. Plus précisément, les anticipations des entrepreneurs sur le niveau futur de la demande de biens et services déterminent un certain volume de production et donc un certain niveau pour les facteurs de production comme le travail.

3

la production et à l'emploi retardé, dans un second temps, évaluer l'effet du coût du travail sur le niveau de l'emploi, enfin, de déterminer l'effet du coût du capital sur la demande de travail.

L'atteinte de ces objectifs nécessite que le travail soit fondé sur des hypothèses et nous en retiendrons trois :

Hypothèse 1 : Les niveaux de production et de l'emploi de la période précédente influent positivement sur la demande de travail ;

Hypothèse 2 : Un niveau élevé du salaire moyen influence négativement la demande de travail ;

Hypothèse 3 : Le coût du capital influence positivement la demande de travail.

4

CHAPITRE I : SITUATION SOCIOECONOMIQUE ET CARACTERISTIQUES DU MARCHE DE TRAVAIL

Section I: Contexte socioéconomique

1. Contexte socioéconomique

Avec une population estimée à 10 312 609 habitants selon les résultats définitifs du recensement de 1996, la population Burkinabè est en croissance. En effet elle était de 14 017 262 en 2006 (DGEP, 2012) contre 16 851 555 en 2012 et 17918387 en 2014 (DGEP, 2012) et la projection donne une population d'environ 25046 358 en 2025 (DGEP, 2012). Le taux de croissance démographique a connu de ce fait une évolution. De 2,67% en 1996 (CONAPO, 2000) il est passé à 3,1% en 2006 (DGEP, 2012). La population est majoritairement jeune et rurale puisque près de 60% de la population a moins de vingt ans et environ 80% vit en milieu rural (INSD, 2006). Cette structure de la population laisse entrevoir à moyen et long terme une forte capacité en main d'oeuvre qui peut constituer un levier potentiel de croissance à condition que cette population acquiert une formation de qualité répondant aux exigences du marché de l'emploi. Mais à court terme, cette structure de la population induit un rapport de dépendance élevé. Ce rapport était estimé à 107,8% en 2000 (CONAPO, 2000). Or un rapport de dépendance élevé conduit à une insatisfaction pour les besoins de base comme la santé, l'éducation et surtout l'emploi.

A partir de la période 2000, l'activité économique s'est inscrite dans une évolution notable même si cette croissance est inconstante en raison des aléas climatiques et des chocs exogènes récurrents. En effet, elle a été en moyenne de 5,2% en termes réels, avec un pic de 8,7% en 2005. Etant donné le niveau élevé de la croissance démographique, l'augmentation du PIB par tête s'est située à 2% entre 2000 et 2009 (SCADD). Le taux de croissance du PIB réel qui était de 3,2 % en 2009 a atteint 7, 9 % en 2010 Banque de France (2010), puis a chuté en 2011 de 2,8 points soit 5, 1% (OCDE, 2012). Le PIB réel est passé de 5,3% en 2012 à 5,5% en 2013 (OCDE, 2012) mais l'économie reste tout de même dépendante du secteur primaire qui a contribué à 35,4% au PIB en 2011 (OCDE, 2012).

2. La population active

La population active est l'ensemble des personnes des deux sexes qui fournissent la main d'oeuvre pour la production des biens et services pendant une période de référence (ONEF, 2005). Elle est composée de l'ensemble des personnes ayant ou cherchant un emploi à un moment donné donnée.

5

La dynamique démographique est révélatrice d'une forte hausse de l'offre de travail tant en milieu rural qu'en milieu urbain. Cette hausse de la demande d'emploi est la conséquence d'une forte variation positive de la population active. Selon l'INSD, en 2006, 95% de la population de 15 à 64 ans étaient active, alors que la population active de plus de 64 ans est de 20%. Cette évolution de la population active est suivie d'une progression du chômage. De 23,3% en 2006, il est passé à 29,7% en 2012 (DGEP, 2012).

3. Politiques en matière d'emploi

Après la libéralisation de l'économie Burkinabè soutenue par la communauté financière internationale au cours des années 1991, les entreprises ont fait des suppressions d'emplois en vue de se conformer à la structure libérale de l'économie. Le secteur public et le secteur privé se voient inscrits dans une dynamique d'impossibilité d'absorber la demande d'emplois grandissante. Etant conscient de l'effet pervers que le chômage exerce sur la croissance économique et le développement durable, l'Etat Burkinabè a adopté en 2000 puis révisé en 2003 un Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) suite à l'éligibilité du Burkina à l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Son objectif était de réduire l'incidence de la pauvreté qui était de 41% en 1995 à 35% à l'horizon 2015.Un tel objectif nécessite une prise en compte de l'emploi dans les stratégies de développement d'où l'adoption en mars 2008 de la Politique Nationale de l'Emploi (PNE). Mais c'est après le sommet extraordinaire de l'Union Africaine (UA) en septembre 2004, que l'emploi, l'enseignement, la formations techniques et professionnelles ont eu une place de choix dans le cadre de référence national en matière de développement économique et social qui est la SCADD au Burkina. La PNE et la Politique Nationale d'Enseignement et Formations Techniques et Professionnelles (PN-EFTP) sont devenues les outils d'opérationnalisation et d'orientation en matière d'emplois.

En effet, la PNE est devenue depuis 2008 le cadre de référence national d'intervention pour la promotion de l'emploi au Burkina Faso. Pour tenir compte du fait que les jeunes sont les plus concernés par le chômage (80%), l'Etat à travers le Ministère de la Jeunesse et de l'Emploi a adopté en 2012 le Programme Spécial de Création d'Emplois (PSCE).La PNE et le PSCE ont pour objectifs de renforcer la création de l'emploi, d'améliorer l'employabilité et l'organisation du marché de travail.

6

Section II: spécificité du marché de travail au Burkina Faso

Le marché de travail Burkinabè est caractérisé par une segmentation type des pays en voie de développement et une progression de l'offre de travail par rapport à une demande qui lui est toujours inférieure.

1. La segmentation du marché du travail

La segmentation du marché du travail est une stratégie adoptée par les entreprises en vue de faire face à la question de l'ajustement de l'emploi par rapport à la variation de la production. Cet ajustement est lié à l'hypothèse centrale d'incertitude de l'environnement dans lesquelles les entreprises opèrent. En rappel, la théorie de la segmentation est née à la fin du 19ème siècle après les travaux des institutionnalistes (VEBLEN, COLE, PERLMAN), puis des néo-institutionnalistes fondateurs de l'économie du travail à savoir (DUNLOP, ROSS, KERR, FISHER, etc.). Dans les années vingt et trente le constat aux Etats Unis montre des inégalités persistantes entre les couches sociales. Ces inégalités conduisaient à des inégalités dans la « répartition« de la pauvreté et du chômage.

Les différentes théories de la segmentation insistaient sur le caractère dual du marché de travail (marché interne et externe, primaire et secondaire, moderne et traditionnel, urbain et rural...). Mais cette segmentation dualiste du marché de travail ne corrobore pas avec la réalité des économies en voie de développement notamment celle Burkinabè dans la mesure où le taux de salariat reste encore faible. Le Projet d'Appui Régional à l'Intégration (PARI) a effectué en 2002 une segmentation en dix groupes d'individus au Burkina Faso étant donné l'hétérogénéité et la précarité du marché du travail. Les segments considérés sont les salariés protégés, les salariés non protégés, les indépendants non agricoles évolutifs, les indépendants non agricoles involutifs, les agriculteurs progressifs, les agriculteurs de subsistance, les chômeurs, les éleveurs, les autres actifs et les inactifs.

L'élément central à noter dans cette segmentation est quelle dépasse le caractère dual mais remplit les conditions de RYAN (1981) qui sont :

? Le fonctionnement à l'intérieur d'un segment diffère de celui d'un autre segment ;

? L'existence des barrières à la mobilité entre les segments de nature particulière. Si nous devons nous en tenir à la perception duale du marché du travail dans l'économie du Burkina Faso, nous retiendrons le secteur moderne et le secteur traditionnel. Mais vu que l'économie Burkinabè tout comme celle des autres pays en développement est caractérisée par un sempiternel problème de désarticulation sectorielle et de la faiblesse du salariat, cela rend moins pertinente la segmentation duale. Pour rester en phase avec l'hypothèse selon

7

laquelle la segmentation implique simultanément cohésion à l'intérieur des segments retenus et divergence entre eux, on peut alors ébaucher une typologie en quatre segments (KOBOU, 1994) : le monde rural, le secteur informel, la fonction publique et le secteur privé.

? Le segment lié au monde rural

L'activité principale du monde rural est l'agriculture et l'élevage qui emploient plus de 80% de la population active Burkinabè. La main d'oeuvre est abondante mais reste peu qualifiée. Une des caractéristiques de ce segment est la faiblesse de son salariat et un sous-emploi rural en baisse: selon le MJFPE (2010), le sous-emploi touchait un quart de la population occupée au Burkina mais avec une proportion deux fois plus forte en milieu rural. Le taux de sous-emploi visible a sensiblement diminué entre 1998 et 2007. Passant de 38% à 24,5%, ce sous emploi touche relativement plus les femmes et les jeunes (MJFPE, 2010).

En 2011, le secteur primaire a contribué à hauteur de 35,4% à la formation du PIB (OCDE, 2012) mais le constat général est que le secteur agricole est de type de subsistance et reste dominé par un tissu entrepreneurial embryonnaire. L'agriculture, essentiellement de type traditionnel, est dominée par l'exploitation familiale et est fortement menacée par les changements climatiques.

? Le segment lié au secteur informel

Ce secteur est plus développé dans les zones urbaines et occupe la majorité de la population active urbaine Burkinabè. Il regroupe l'ensemble des micros entreprises individuelles ou collectives qui s'exercent en dehors des régulations publiques. Ces micro unités opèrent sur une très petite échelle avec un très faible niveau d'organisation et de productivité et absorbe une partie de la main d'oeuvre du monde rural. Le secteur informel est aussi caractérisé par l'absence ou la faiblesse de son capital. Selon le rapport de l'UEMOA (2002) moins de 10% de cette population a accès aux emprunts bancaires à Ouagadougou et les conditions dans lesquelles les entreprises évoluent sont souvent précaires (locaux inadaptés, non accès aux principaux services publics). Les emplois informels souffrent d'une faible rémunération et de l'absence de protection sociale. Les normes légales régissant la durée du travail ne sont pas respectées. La particularité de ce secteur réside dans le fait qu'une augmentation de la demande de produits n'entraine pas une augmentation de la taille des entreprises (des emplois), mais plutôt une augmentation de leur nombre.

Ces deux segments (rural et informel) peuvent être regroupés pour former le marché traditionnel. Comme le marché moderne n'est pas homogène on va le scinder en deux sous marchés :

? La fonction publique

8

L'Etat recrute des personnels à travers le Ministère de la Fonction Publique du Travail et de la Sécurité Sociale. Le taux de salariat est élevé mais l'affectation des individus aux emplois ne pas toujours la logique d'une gestion rationnelle de la main d'oeuvre. En effet, entre 2000 et 2008, le nombre de fonctionnaires est passé de 48 239 à 81 042 soit une augmentation de 68% (MJE, 2009). Cette rapide augmentation des effectifs de la fonction publique est à mettre à l'actif du gouvernement qui déploie des efforts dans la création de nouvelles fonctions. En plus, 47% des agents de la fonction publique ont un âge compris entre 30 et 40 ans. Les moins de 30 ans représentent 19 % et les personnes de 40 à 44 ans représentent 13%. Les plus de 60 ans ne font que 1% des fonctionnaires. Au regard de cette situation, la question majeure reste l'accès à l'emploi de la jeune génération des moins de 18 ans dans la mesure où il y'a un grand déséquilibre entre le nombre de ceux qui vont à la retraite et le nombre de ceux qui demandent l'emploi.

? Le secteur privé

Il regroupe le privé formel et le privé informel. C'est dans le privé formel que la politique d'emploi suit une gestion rationnelle de la main d'oeuvre. Le privé formel est caractérisé par un taux de salariat élevé et une contribution à l'emploi total faible. En 2008, 497 171 agents sont employés par les entreprises installées au Burkina Faso, avec un ratio d'une femme pour six hommes (ONEF, 2009). En considérant le niveau d'emploi de 2008 du privé formel, nous obtenons une contribution à l'emploi total de 6,6% au Burkina Faso. De façon générale, les emplois dans le privé formel au Burkina Faso obéissent au même profil que dans la fonction publique mais la particularité réside dans le fait que l'expérience est liée au niveau d'étude et à la catégorie professionnelle.

Le secteur privé reste le secteur qui emploie le plus au Burkina. Selon l'INSD (2010) le secteur privé informel représentait plus de 50% du PIB au Burkina et constitue le principal secteur pourvoyeur d'emplois en milieu urbain et rural. Ainsi, le secteur privé notamment le privé informel reste un maillon important de l'économie nationale et surtout de la création d'emplois au regard de son poids et de son rôle de stabilisateur socioéconomique. Selon SOULAMA et ZIO (2004), pour que ce secteur puisse jouer convenablement sa partition dans le développement de l'économie Burkinabè, le partenariat secteur public/secteur privé se révèle être une nécessité en vue de la mise en place d'un environnement propice à l'initiative privée.

9

2. La dynamique de l'offre de travail

L'offre de travail représente les différentes quantités et qualités de travail que les individus sont prêts à mettre sur le marché du travail en contrepartie d'une rémunération. Elle est une fonction croissante du taux de salaire.

Tableau1 : Evolution de l'offre totale de travail de 2004 à 20012

Année

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

offre de travail

277 692

286 763

296 132

305 810

315 805

326 129

336 792

336 076

358 730

Source : Construit par l'auteur à partir de la base de données de l'INSD, IAP 2012

L'offre totale de travail s'est accrue de 2004 à 2012. En effet, de 277 692 en 2004, elle est passée à 358 730 en 2012 soit une progression moyenne annuelle de 2,89%. Cette croissance s'explique par la forte croissance de la population active. De plus, 61% de l'offre de travail au Burkina Faso provient en majorité des jeunes de 16 à 35 ans (ZERBO, 2013). Graphique 2 : Evolution de l'offre de travail de 2002 à 2012

Offre de travail

Offre de travail

Milliers

400

300

200

100

0

2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014

Années offre de travail

Source : Construit par l'auteur à partir de la base de données de l'INSD, IAP 2012

La courbe d'offre de travail présente une structure ascendante. Cela traduit une offre de travail en croissance. Cette évolution s'explique par l'augmentation continue de la population active et surtout avec le flux sortant des «produits« du système éducatif2.

3. La dynamique de la demande de travail

La demande de travail est avant tout l'étude de la détermination et de la formation de l'emploi dans une économie de marché (COUSINEAU, 1988). Elle indique les différentes quantités et qualités de la force de travail (les besoins en ressources humaines) que les entreprises sont prêtes à acheter aux travailleurs sur le marché du travail à des différents niveaux du taux de

2D'un coté le taux de succès au BAC est passé de 25,8% en 2006, à 40,9% en 2012, d'un autre coté le nombre d'étudiant pour 100000 habitants est passé de 227,9 en 2006 à 388 en 2011 (INSD, 2012)

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salaire. Au Burkina Faso, elle est approximée par les annonces d'offre d'emplois de la fonction publique, de l'ONEF, et la presse écrite (SOMÉ, 2004).

Graphique 3 : Evolution de la demande de travail de 2004 à 2012

Source: Construit par l'auteur à partir de la base de données de l'INSD, IAP 2012.

Le graphique présente l'évolution de la demande de travail du secteur public, du privé et de la demande de travail totale. La courbe de la demande privée et celle de la demande globale évoluent en quasi parallèle tandis que la demande du secteur public est nettement en dessous avec une évolution quasi constante c'est-à-dire quelle évolue de façon régulière. Le taux de progression moyenne de la demande de travail totale est de 2,06%. Celui du privé est de 3,65% et la demande publique évolue à 6,73% par année en moyenne. Cela confirme l'idée que le secteur public reste le secteur qui recrute de façon régulière même si son poids reste faible3 par rapport à la demande privée4. La courbe de demande de travail évolue de façon sinusoïdale avec une chute en 2009. Cette chute pourrait être attribuée à la crise économique de 2008 qui a ralenti l'activité économique et occasionné une baisse de la demande de travail surtout celle du privé. La courbe reprend une forme ascendante entre 2009 et 2010 et cela traduit une remontée de la demande de travail qui est passé de 114 190 à 164752. Cette montée peut s'expliquer en partie par le développement du secteur minier depuis 2010 qui a contribué à dynamiser la croissance économique, à améliorer les ressources propres, à créer

3La demande de travail du secteur public représente 2,92% de la demande totale en 2012.

4La demande de travail privée formelle et informelle a représenté 97,08% de la demande totale en 2012.

de nouveaux emplois. Par exemple, à la fin de l'année 2011, 3888 nouveaux emplois nationaux ont été créés par les sociétés minières (TASSIMBEDO, ZONGO, & SIE, 2013). La demande de travail est dominée par celle du privé. En effet, plus 90% de la demande vient du secteur privé et cela s'explique par le fait qu'il regroupe le privé formel et le privé informel des différentes branches d'activités. En somme la demande de travail au Burkina reste dominée par le privé (formel et informel) et est encore faible pour répondre à l'offre de travail qui ne fait qu'augmenter d'une année à l'autre.

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CHAPITRE II : REVUE DE LITTERATURE

Section I : Etude théorique

Dans cette partie, nous allons nous intéresser à la théorie de la demande de travail conditionnelle et non conditionnelle mais avant de développer ces deux notions, il est intéressant d'aborder les différentes idéologies existantes sur la notion du travail comme facteur de production.

Chômage

Offre > demande

Offre de travail

Salaire réel (w/p)

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1. Approche orthodoxe et hétérodoxe de la demande de travail

a) Approche orthodoxe

Pour les économistes classiques et néoclassiques, le marché du travail est un marché au même titre que les autres marchés. Ainsi, ni la spécificité du bien échangé, ni les modalités institutionnelles propres dans lesquelles s'inscrivent les transactions ne justifient un traitement particulier (PERROT, 1998). Dans cette approche, le modèle considéré est le modèle standard et le raisonnement est fait en concurrence pure et parfaite. Tout comme le marché de travail, le travail est vu dans ce courant de pensée comme un facteur de production au même titre que les autres facteurs de production. Pour eux, le marché du travail n'est pas un marché spécifique mais plutôt flexible car les prix sont flexibles et le raisonnement est fait en concurrence pure et parfaite.

Le prototype du modèle classique et néoclassique s'intéresse à l'échange de travail entre une firme et un travailleur. Le travail est offert par un agent qui consomme également le bien produit. Le travailleur fait face à un arbitrage dont la nature est la suivante. D'un côté sa satisfaction augmente avec la quantité du bien consommée. D'un autre côté, sa satisfaction baisse avec la quantité de travail fournit. En d'autres termes, le travail engendre une désutilité en réduisant le temps que le travailleur consacre à son loisir. Ainsi, dans l'approche orthodoxe, le travailleur fait un arbitrage entre le travail et le loisir.

Dans le processus de production, l'entreprise utilise aussi bien du capital que du travail en comparant la productivité marginale de chaque facteur à son prix. Dans cette approche, la rencontre entre l'offre de travail et la demande de travail conduit à un équilibre caractérisé par un niveau d'emploi et un niveau de salaire réel grâce à la flexibilité mécanique. Sur le marché néoclassique le déséquilibre n'existe pas vu que c'est la loi de l'offre et de la demande qui prévaut.

Graphique 4 : Equilibre partiel du marché de travail en concurrence parfaite.

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0

Source : construit par l'auteur

N*

Emploi (N)

(W/p)*

 

Demande de travail

Le graphique présente la situation d'équilibre sur le marché de travail. Le salaire optimale (w/p)* et l'emploi optimale N* sont obtenus à partir de la rencontre entre l'offre de travail et la demande de travail. Dans cette partie, le chômage correspond au supplément de l'offre de travail sur la demande de travail.

b) Approche hétérodoxe

Le courant hétérodoxe est marqué par des apports divers mais un des points communs de ces travaux est que dans cette approche, le postulat de rationalité individuelle n'admet plus un rôle central. Les travaux appartenant à ce courant de pensée insistent sur le contexte institutionnel dans lequel les relations de travail sont inscrites. De ce fait, les auteurs hétérodoxes se refusent à isoler, au sein de la relation de travail, son « moment » spécifiquement économique. Pour ces derniers, l'entreprise n'est pas une « boite noire » dans laquelle les inputs entrent et les outputs sortent. Dès lors, l'analyse du marché du travail doit faire appel à une démarche méthodologique qui emprunte à la fois à la sociologie, à la science politique et parfois à la psychologie5.Les hétérodoxes réfutent la conception orthodoxe du travail comme facteur de production et en partant de l'idée de marché du travail, ces derniers considèrent le travail comme facteur spécifique puisqu'il fait l'objet de deux opérations distinctes. En ex ante, il y'a la signature du contrat entre l'employeur et l'employé et en ex post la mise en oeuvre effective du travail. Compte tenu de la disparité dans la distribution de l'information (asymétrie d'information), il se produit un problème de comportement d'aléa moral et de sélection adverse. Les seules forces du marché ne permettent donc pas d'assurer l'équilibre entre l'offre et la demande de travail parce que la flexibilité mécanique prônée par les néoclassiques n'est pas vérifiée et cela tient pour diverses raisons :

5Adam et Reynaud (1978), Michon (1984), Boyer (1986), Gazier (1991) tous cité par PERROT.

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? L'hétérogénéité du travail est expliquée par la théorie du capital humain. Selon cette théorie, le salaire réel des individus est une fonction positive de la qualité du travail. Ainsi, les travailleurs qui ont plus de qualification reçoivent plus de salaire. Cette qualification est acquise par l'accumulation des connaissances, de l'expérience, et de la formation. Comme les individus investissent différemment en capital humain, il se produit une distribution hétérogène de qualification et donc de rémunération. Le travail dans ce cas ne saurait être homogène pour tous les individus.

? Le travail est quasi fixe

Dans l'approche classique et néoclassique, le travail était considéré comme étant un facteur variable et son coût se réduisait au salaire. Dans le courant de pensée hétérodoxe, le travail est plutôt quasi fixe et son coût se décompose en trois:

? Le coût de l'embauche : C'est le coût supporté par l'entreprise pendant la période de recrutement et de la formation initiale ;

? Le coût d'emploi : C'est le coût lié à la rémunération du travail y compris la cotisation sociale, plus les taxes ;

? Le coût de séparation (le coût lié au licenciement) : C'est celui que l'entreprise supporte pendant la mises à terme du contrat de travail.

Selon OI, (1962) « les coûts de travail sont plus que proportionnels à la quantité de travail utilisée à cause des frais d'embauches, de formations, de licenciements... Le taux de salaire doit être fixé de manière à permettre au producteur d'amortir ces frais sur plusieurs périodes et le producteur est amené à conserver ses salariés une fois qu'ils sont formés même en période de récession parce que les licenciements peuvent coûter davantage que les salaires versés. Puisque la somme de ces coûts est plus élevée que le salaire, l'entreprise mettra tout en oeuvre pour minimiser ces coûts en adoptant la stratégie de la segmentation de son marché de travail ce qui entraine une conservation du noyau dur de ces travailleurs. Cela conduit à une flexibilité limitée du travail. Par conséquent, une optimisation et une flexibilité instantanée du travail sont impossibles ».

La différence idéologique sur le travail se répercute sur la notion de chômage.

Selon l'approche classique, les entreprises cherchent à produire à un niveau qui leur permet de maximiser leurs profits. Dans ce cas, l'offre de travail et la demande de travail se croisent et cela conduit à la détermination d'un niveau optimal d'emplois et de salaire. Le niveau de l'emploi croit à court terme avec le capital, décroit avec le salaire réel. Le salaire n'étant pas

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rigide, son niveau d'équilibre permet d'avoir un niveau optimal d'emplois. Les classiques considèrent les rigidités sur le marché du travail comme totalement exogènes au marché. Pour eux, l'imposition de salaire minimum, les indemnités de chômage, les pressions syndicales, la législation sur les protections de l'emploi est source de disfonctionnement du marché de travail. Etant donné que le marché fonctionne de façon optimale et les imperfections sont exogènes, toute personne qui refuse de travailler à un niveau de salaire fixé par la rencontre entre l'offre et la demande de travail sera au chômage et on parle de chômage volontaire.

L'approche keynésienne du chômage montre que les entreprises sont contraintes par le niveau des débouchés. La production des entreprises est de ce fait déterminée par la demande. Cela veut dire que les entreprises ne peuvent pas écouler toute production qui est supérieure à la demande à laquelle elles font face. Dans cette approche, le niveau d'emploi croit avec les ventes dans les entreprises. L'emploi diminue d'une part avec le capital de court terme6et d'autre part avec le prix relatif du travail et des autres facteurs surtout avec le prix du capital à long terme.

Pour Keynes, la cause du chômage n'est pas à chercher dans le coût du travail7 mais dans une insuffisance de la demande globale. Ainsi, les entreprises n'embauchent pas des travailleurs en fonction du salaire réel mais plutôt en fonction de leurs prévisions sur leurs ventes futures. Elles font donc des anticipations que Keynes appel « demande effective ». Le niveau d'embauche va permettre de distribuer des salaires qui serviront à la consommation et donc à écouler la production réalisée. Le chômage est involontaire et il est causé par un fonctionnement non optimal du marché de travail. On peut donc avoir un équilibre sur le marché du travail et sur celui des biens et des services comme chez les néo-classiques mais rien ne dit que cet équilibre assure le plein-emploi. En effet, les employeurs peuvent se tromper en sous-estimant la demande future. Cela entraine un faible recrutement ce qui crée donc des chômeurs involontaires. Pour Keynes, cette situation est qualifiée « d'équilibre de sous-emploi ».

2. La demande de travail conditionnelle

Ici, une hypothèse simplificatrice est que l'entreprise évolue dans un cadre statique où la dimension temporelle est négligée (CAHUC et ZYLBERBERG, 2003). En plus, elle a un objectif donné de production et elle cherche à déterminer les facteurs de production qui lui permettent d'atteindre son objectif à moindre coût.

6Avec un niveau élevé de capital, la production se fait avec moins d'emplois et on la qualifie de technique hautement capitalistique

7 Pour Keynes, le salaire est plus un revenu qui permet à l'agent économique de satisfaire sa consommation.

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Concrètement, il s'agit d'identifier les quantités de capital et de travail que va utiliser l'entreprise en considérant que la production est donnée. Cela se justifie par le fait que pour donner des biens et services à ses clients, les choix de l'entreprise sont contraints en premier lieu par l'état des techniques au moment où les décisions de production sont prises. Le problème consiste donc à minimiser la fonction de coût sous la contrainte du niveau de production pour pouvoir tirer la fonction de demande de travail communément appelée demande conditionnelle.

Le problème se pose comme suit :

????????(??,??) = ????+ ???? Sc

??0 = ??(??,??)

y0 représente le niveau de production ; ??est le capital ; ?? le travail, ?? est le coût du

travail, et ?? le coût du capital.

On considère que l'entreprise est preneuse de prix et comme la production est une donnée, il en va de même pour le montant de ses recettes. Ce faisant, le seul élément sur lequel l'entreprise peut jouer est le niveau de ses coûts de production qui, dans une logique de maximisation du profit, devront être minimisés.

La résolution du problème par le Lagrangien permet de donner les conditions d'optimalité. Le Lagrangien est :

L(K, L, X) = wL + rK + X(y0 - ??(??, ??))

Posons les conditions de premier ordre (cpo):

sL

s?? = ?? - XfL(??, ??) = 0 (1)

sL

s?? = ?? - XfK(??, ??) = 0 (2)

sL

{ sX = ??0 - ??(??, ??) = 0 (3)

Nous allons supposer que les conditions de second ordre (cso) sont satisfaites et après résolution du système d'équation ci-dessus, on obtient la condition d'optimum de l'entreprise:

fL(??, ??) ??

fK(??,??) = ??

A l'optimum, le taux marginal de substitution technique entre le travail et le capital (TMST) est égal au rapport des prix. Cette condition d'optimum se justifie par le fait que l'égalité entre le TMST et le rapport des prix des facteurs est une condition très naturelle dans la mesure où

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une entreprise serait en mesure de réduire ses coûts en augmentant (respectivement en diminuant) la quantité de travail si le TMST était supérieur (respectivement inférieur) au rapport

des prix (w). Ainsi, pour le choix de l'allocation des facteurs de production, l'entreprise r

compare le rapport des productivités marginales du travail et du capital au rapport des prix. Si le TMST est supérieur à w/r, elle peut réduire ses coûts de production en augmentant la quantité de travail et en réduisant le stock de capital. Si par contre le TMST est inférieur à w/r, la firme peut réduire ses coûts de production en augmentant le stock de capital et en réduisant la quantité de travail.

3. La demande de travail non conditionnelle

On considère que l'environnement habituel d'évolution des entreprises est un environnement dynamique caractérisé par l'incertitude. L'hypothèse de fixité de la production est relâchée et on considère maintenant qu'elle varie selon le temps. La production est ainsi une variable dépendante du prix du produit, et des facteurs de production. L'entreprise connait le prix des facteurs de production et du niveau d'investissement mais elle ne connait pas à l'avance son niveau de production. L'objectif de l'entreprise dans cette situation est de maximiser son profit.

Le programme est :

????????(??, ??) = ????(??, ??)

-

????

-

????

??, ??

 
 
 
 

P est le prix du produit,

 
 
 
 

Les COP donnent :

 
 
 
 

????

=

0

 
 

??)

???? = ??fL(??, - ??

 
 
 

(1)

{????

??)

=

0

 

(2)

 

???? = ??fK(??, - ??

Pour déterminer les quantités optimales de capital et de travail, faisons le rapport entre

(1) et (2). On obtient : fL(k,l)

fK(k,l) = wr

On retrouve la condition d'optimum que celle de la minimisation du coût à savoir le taux marginal de substituions technique est égale au rapport des prix.

Section II : Etudes empiriques

La plupart des études réalisées ont eu pour objectif soit l'estimation de la demande de travail soit la détermination des facteurs explicatifs de la demande de travail dans les entreprises ou

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dans les secteurs d'activités économiques. Des points de convergences sont à noter mais il y'a eu également des divergences.

1. Complexité de l'estimation de la demande de travail

Selon la relation théorique classique et néoclassique, le coût salarial et la demande de travail sont liés négativement. Une hausse des salaires conduit à une baisse de la demande de travail. Cette relation théorique ne semble pas vérifiée en France depuis les travaux de Patrick ARTUS (1987). L'objectif de l'auteur était de parvenir à l'évaluation des effets du salaire réel sur l'emploi en France, Avant tout, il part de l'idée qu'un excès de salaire réel ou plutôt du coût salarial réel qui est à la charge des entreprises est responsable du chômage. Pour vérifier cette hypothèse, l'auteur a utilisé plusieurs modèles économétriques tels que les simples équations de demande d'emploi qui ont permis de relier l'emploi au salaire réel et d'autres variables explicatives (prix relatif des matières premières, capital productif disponible, ...), le modèle statistique permettant de réaliser des tests de causalité, le modèle de fonction de production autorisant le calcul de l'excès de salaire réel, le modèle spiral prix-salaire qui permet de déterminer le niveau de salaire réel qui est cohérent avec la stabilité des prix et de l'emploi, le modèle complet à prix fixes avec rationnement quantitatif mesurant les probabilités conditionnelles des différents régimes (chômage classique ou keynésien, inflation réprimée, ...) et cela période par période. Après avoir estimé la relation sur chacun des modèles à partir des séries temporelles, il a obtenu des résultats mitigés. En effet, l'effet du salaire sur l'emploi était petit en France quel que soit le modèle considéré. L'élasticité emploi-coût salarial de long terme obtenu est de -0,1ce qui est presque significatif mais faible affirme l'auteur. Il continu en concluant que seul l'effet du prix relatif des matières premières sur l'emploi et l'effet de l'emploi sur les salaires semble beaucoup plus significatif et le maniement du salaire réel n'est pas la bonne arme pour stimuler l'emploi puisqu'il faudrait le modifier dans des proportions considérables pour obtenir le plein emploi.

Pour justifier la faiblesse de l'élasticité emploi-coût salarial, Brigitte DORMONT et Patrick SEVESTRE (1986) ont travaillé sur un modèle dynamique de la demande de travail avec une spécification sur des données de panels dans le cadre de la France. Partant de l'idée que les différentes études économétriques sur la demande de travail qui ont utilisé des données en séries chronologiques ont abouti à des résultats difficilement interprétables surtout pour le paramètre de long terme, ils ont proposé une approche unifiée de la demande de travail avec des résultats corrects et facilement interprétables aussi bien pour le paramètre de court terme que pour celui de long terme. L'estimation de la demande de travail doit se faire donc à partir des modèles de

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panel. Ces auteurs ont conclu que la prise en compte de la double dimension intra individuelle et interentreprises des données de panel dans la spécification économétrique a permis de résoudre l'alternative apparemment posée par les résultats des autres estimations.

Brigitte DORMONT revient en mai 1997 dans le même sens pour mesurer l'influence du coût du travail sur l'emploi dans le cadre de la France. Elle pense que la relation emploi-coût salarial a été déterminée sur des modèles macroéconomiques comportant plusieurs problèmes notamment la présence des biais de simultanéité et d'hétérogénéité. Pour corriger ces insuffisances, DORMONT rappelle que les modèles macroéconomiques françaises se distinguent par une élasticité emploi-coût salarial égale à zéro puis se propose d'examiner les problèmes posés par l'estimation de la demande de travail sur des données françaises en se concentrant sur l'évaluation de l'élasticité emploi-coût salarial. L'auteur stipule qu'une bonne mesure de l'élasticité emploi-salaire passe par des panels sectoriels en purgeant les observations de leur variance intersectorielle et en se concentrant sur les résultats des estimations intra sectorielles, menées sur les écarts aux moyennes sectorielles. Elle trouve que la valeur absolue de l'élasticité emploi-coût salariale se situe dans l'intervalle [-0,8 et -0,5]. La conclusion de DORTMON a été infirmée par l'étude de Legendre et Le Maître en 2001. En rappel, leur étude s'était portée sur un échantillon de huit cents entreprises industrielles françaises suivies de 1981 à 1987 et a donné une élasticité emploi-coût salarial approximativement égale à -0,1.

L'économiste Anglo-Saxon HAMERMESH (1993), en s'appuyant sur plus de soixante-dix études différentes, conclut que l'élasticité de long terme comprise entre [-0,75 et -0,15] et la valeur moyenne acceptable est de -0,3. Cette valeur de l'élasticité constitue à ce titre un ordre de grandeur qu'il est utile de retenir et est compatible avec l'hypothèse d'une fonction de production de type Cobb-Douglas. Il a ainsi obtenu une fourchette d'élasticité emploi-coût salarial relativement différente de celle trouvée par DORMONT (1997) et supérieure à celle trouvée par Legendre et Le Maître en 2001.

Les entreprises évoluent dans un environnement dynamique et incertain. Les études sur le comportement des entreprises en matière de demande de facteurs ont négligé le paramètre de l'incertitude. Mais à partir des travaux de MILLS en 1959 sur la théorie des prix et de l'incertitude cet aspect d'incertitude est considéré dans l'étude du comportement des entreprises. Après MILLS, d'autres analyses ont montré qu'en présence d'incertitude, la firme joue sur le niveau de sa production et de ce fait, sa demande de travail (SANDO.A, 1971) et

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(LELAND, 1972). Ces résultats tiennent essentiellement au fait que le travail apparait implicitement comme un facteur rigide qui ne peut varier lorsque l'incertitude disparait.

En présence d'incertitude, les entreprises segmentent leurs marchés de travail afin de réduire leurs coûts de production. La formalisation de ce comportement de l'entreprise a été effectuée par André ZYLBERBERG en 1981 en France. L'auteur a tenu compte de la nature aléatoire de la demande et a supposé l'existence de deux types d'embauches à savoir une embauche ex ante qui est irréversible et une embauche ex post flexible. Pour lui, l'entreprise fait un arbitrage entre ces deux types d'embauches et cet arbitrage est lié aux anticipations des entreprises et aux coûts de ses embauches qui sont fonctions de l'incertitude dans les anticipations. L'auteur conclut premièrement que l''existence d'un emploi flexible est lié d'une part aux coûts du travail et d'autre part à la forme et à la précision des anticipations attachées à la demande de produit. Ensuite, il dit que le comportement de l'entreprise en termes de recherche de la flexibilité apparait comme une recherche d'un équilibre adéquat entre les emplois stables et instables et cela est fondé sur la maximisation de son profit ou de la minimisation de ses coûts sous diverses contraintes dans un environnement incertain.

2. Les déterminants de la demande de travail

Plusieurs études se sont données pour objectif d'analyser les déterminants de la demande de travail par les entreprises.

LAYARD-NICKELL-JACKMAN en 1991 ont proposé de réaliser des équations mixtes classiques-keynésiennes de détermination de l'emploi qui vont prendre en compte les arguments correspondant aux deux types de chômages. Ainsi, d'une façon agrégée, on considère une économie où coexistent les deux situations. Elles visent à expliquer également quelle part de la demande, fonction de la compétitivité ou de l'arbitrage des producteurs entre marchés, est finalement adressée aux producteurs nationaux. Mais ces équations sont compliquées par le fait que ce n'est pas la production qui y est introduite mais la demande (tant nationale qu'étrangère) et le rapport du prix étranger au prix intérieur.

ARTUS (1987) s'est limité à régresser l'emploi sur des variables explicatives comme le salaire réel, le niveau de production, le niveau de capital, d'autres sont allés plus loin en considérant le coût relatif de travail-capital (DORTMONT, 1994), la vitesse d'ajustement entre emploi désiré et emploi réalisé (COUSINEAU, 1988), et l'emploi retardé (AMBAPOUR, 2001).

Mauricio Cardenas en 2001 a analysé les déterminants de la demande de travail dans le secteur manufacturier en Colombie de 1976 à 1996.Il a effectué une estimation de la demande de travail

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statique sur un panel d'industries manufacturières et a montré que l'élasticité de la demande de travail par rapport au salaire est faible et varie selon la qualification du travailleur. Le degré de substituabilité entre les types de travail tel que suggéré par la théorie de la segmentation de marché de travail est faible. Les élasticités emploi-salaires sont négatives et restent cependant faibles aussi bien pour les non qualifiés que pour ceux qui sont qualifiés. Les élasticités entre l'emploi et la production sont positives.

ANDRIANARISON et RAMILISON en 1997 ont effectué une étude sur un panel de 513 entreprises sur la période 1994-1995 et avaient pour objectif de donner une idée sur le comportement des entreprises à Madagascar en matière de demande de travail et d'utilisation de capital dans un environnement marqué par des chocs comme la révision du système de change ou la hausse de salaire. Ils ont utilisé un modèle de minimisation de coût sous contrainte du niveau de production compte tenue de la structure des débouchés du pays. L'estimation a été faite à partir de la méthode des moindres carrés quasi-généralisée (MCQG) qui est la plus utilisée en données de panel. Ces derniers, ont conclu que la demande de travail est peu élastique par rapport aux débouchés anticipés (le niveau de production anticipé) et cela est lié à l'étroitesse du marché local et à la faiblesse des exportations.

La détermination des facteurs influençant la demande de travail nécessite avant tout une compréhension de la dynamique de l'ajustement. Pour ce faire, nous partons du modèle d'emploi de court terme avec ajustement partiel étudié dans le cadre du Congo Brazzaville par AMBAPOUR en 2001. Son objectif était de faire ressortir l'effet de l'ajustement partiel sur la demande de travail. L'estimation sur modèle de panel a permis à l'auteur de conclure que le comportement des entreprises congolaises publiques et privées dans les cinq secteurs d'activités étudiés a été dominé par une forte inertie d'emploi. L'ajustement de l'emploi effectif à l'emploi désiré au cours de la période étudiée s'est effectué avec une vitesse d'ajustement de 12,7% par an. L'auteur conclut que les résultats obtenus sont bons mais cela nécessite une prise d'attention quant à leur fragilité. De ce point de vue, trois principales raisons de la fragilité des résultats ont été retenues. Premièrement, le chômage considéré est du type keynésien dont l'hypothèse n'est pas totalement vérifiée dans le cas des secteurs d'activités étudiés. Ensuite, la valeur ajoutée est une fonction du travail plutôt que l'inverse. Enfin, les données macroéconomiques dans les pays en développement sont à prendre avec précaution et cela a sans doute des conséquences sur les estimations économétriques.

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FOFANA (1999) quant à lui à chercher à travers son étude portant sur les sous branches du secteur de l'industrie en Côte d'Ivoire à déterminer les facteurs qui influent significativement sur la demande de travail dans le secteur industriel. A partir des données portant sur seize sous branches sur la période 1992-1995, l'auteur estime le modèle à l'aide de la méthode des moindres carrés ordinaires à variable binaires et les résultats suggèrent que la valeur réelle du capital, le chiffre d'affaire, la valeur ajoutée par unité de travail et le coût réel moyen du travail sont les facteurs qui influent significativement sur la demande de travail dans les entreprises du secteur industriel. Le coût moyen du travail agit négativement sur la demande de travail dans certaines sous branches. Dans d'autres sous branches par contre, l'auteur trouve que l'augmentation du coût moyen du travail s'est accompagnée d'une hausse des emplois.

L'analyse des déterminants de la demande de travail dans le cadre du Burkina Faso à notre connaissance n'a pas fait l'objet d'une étude spécifique alors que la résorption du problème de chômage nécessite une bonne compréhension des composantes du marché de travail en général mais surtout de la composante demande de travail en particulier. Ainsi, nous nous appuyons sur l'étude de Francis ANDRIANARISON et Eric RAMILISON (1997) mais en introduisant l'aspect dynamique au modèle de panel comme l'a fait AMBAPOUR (2001) dans le cadre du Congo. En rappel, partant d'une fonction de production Cobb-Douglas, et après avoir dérivé la fonction demande de travail conditionnelle, ces auteurs ont considéré le coût relatif du travail, le coût du capital, la valeur ajoutée comme les principaux facteurs explicatifs de la demande de travail à Madagascar. Les auteurs ont opté pour la fonction de demande de travail conditionnelle. Ainsi, nous optons pour la demande de travail conditionnelle mais en ajoutant l'emploi retardé comme facteur explicatif de la demande de travail étant donné que l'environnement dans lequel évoluent les entreprises n'est pas un environnement certain (AMBAPOUR, 2001).

23

24

CHAPITRE III : CADRE OPERATOIRE

Section I: Spécification du modèle

1. Le modèle

Le cadre théorique que nous adoptons pour estimer la demande de travail s'inscrit dans le prolongement des travaux de (AMBAPOUR (2001) ; ARTUS (1987) ; SEVESTRE et DORMONT (1986) ; DORMONT (1994) ; FOFANA (1999) ; ANDRIANARISON et RAMILISON (1997)) qui ont analysé les déterminants de la demande de travail à partir de la technologie Cobb-Douglas. Les facteurs de production sont le capital et le travail. L'objectif de l'entreprise est de minimiser ses coûts de production sous la contrainte du niveau de production. Soit Y la production, L le travail et K le capital, On a : Y = f(K, L). La forme

fonctionnelle est f(Kit, Lit) = A eètKitá Litâ où A est un coefficient constant, á étant l'élasticité de la production par rapport au capital, â représente l'élasticité de la production par rapport au travail, è représente le progrès technique autonome dont l'effet est supposé tendanciel.

Le problème se pose comme suit:

min Ct = rKt + wLt Sous la contrainte yt = A eètKtáLtâ

Avec Kit le stock de capital de l'entreprise i de la période Lit l'emploi de la firme i de la période t. la résolution du problème donne la fonction de demande conditionnelle qui est fonction du salaire, du prix du capital, de la production et du progrès technique. Soit L* la demande de travail à l'optimum. Il existe une relation de proportionnalité entre le niveau de travail de la période t et celui de la période t-1. Le modèle d'ajustement partiel indique qu'une partie seulement de la variation de l'emploi désiré est réalisée (COUSINEAU, 1988). Lt - Lt-1 = ñ(Lt* - Lt-1)

Ajustement réalisé ajustement désiré.

On obtient le modèle économique de la demande de travail suivant :

loglit = â0 + â1logyit + â2 log(wit) + â3 log(rit) + â4t + â5loglit-1

Avec wt= salaire ;

r= coût d'usage du stock de capital ;

yit= la valeur ajoutée du secteur i à la période t;

ñ= coefficient d'ajustement de l'écart entre la demande désiré et celle réaliser ;

è = Progrès technique autonome.

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L'indice i désigne le secteur d'activité et t fait référence à la période d'analyse.

131 > 0; 132 < 0; 133 > 0 ; 134 > 0 ;135 >0 ou 135 <0.

Le modèle économétrique est:

loglit = 130 + 131logyit + 132 log(wit) + â3 log(rit) + 134t + 135loglit-1 + Eit

Eit représente le terme d'erreur qui est supposé indépendant et identiquement distribué (iid).

Posons ??????????,?? = loglit ,??????????,?? = logyit , sa????,?? = wit , ??a????,?? = rit , ??????????,??-?? = loglit-1.

Ainsi, le modèle de demande de travail conditionnelle que nous estimons est :

??????????,?? = ???? + ??????????????,?? + ????sa????,?? + ??????a????,?? + ??????????????,??-?? + ?????? + ??????

La transformation logarithmique permet d'avoir directement les élasticités de la demande de

travail par rapport aux différentes variables du modèle.

2. Analyse des données

a) Nature et source des données

Dans la modélisation de la demande de travail, il est important de tenir compte aussi bien de l'aspect dynamique des phénomènes économiques mais aussi de l'aspect individuel (SEVESTRE et DORMONT, 1986). Ainsi, nous utilisons des données de panel pour cinq secteurs d'activités au Burkina Faso sur la période de 2002 à 2012.

Nos données sont essentiellement secondaires et nous les avons collectées à la DGEP, et à l'INSD. Les secteurs concernés sont : le secteur de l'agriculture et l'élevage, le secteur des services de l'administration publique, le secteur du commerce, le secteur industriel, et le secteur de transport et télécommunication. Chaque secteur pris individuellement regroupe aussi bien les entreprises publiques que privées. Nous retenons les secteurs qui contribuent le plus à la formation du PIB sur cette période d'étude. Le choix de la période est lié aux différentes politiques d'emplois que le pays a connus sur la période 2002 à 20012.

b) Analyse descriptive des données de 2002 à 2012

Pour les secteurs étudiés, on note une faible progression du niveau de l'emploi. Le taux moyen annuel de progression est de 2,41% pour le secteur de l'agriculture et l'élevage, 5,16% pour l'administration publique, 3,3% pour le commerce, et 1,5% pour l'industrie. Le secteur de transport et télécommunication a par contre connu une baisse de son emploi de l'ordre de 4,33% par an sur la période. Il est à noter que de façon générale, l'emploi évolue avec des faibles variations et a connu des périodes de fortes baisses pour la plupart des secteurs. Par exemple, dans le secteur de transport et télécommunication, l'emploi a baissé de 27,53% entre 2007 et 2008.

26

Tableau 2: Pourcentage de l'emploi par secteur.

secteurs

emploi

pourcentage

Agriculture et élevage

6734399

92,74%

Administration publique

120854,9

1,66%

commerce

78019,27

1,07%

industrie

291362,4

4,01%

transport et télécommunication

36869,45

0,51%

total

7261505,02

100%

Source : Construit par l'auteur à partir de la base de données de l'INSD, IAP 2012

L'emploi est dominé par l'agriculture et l'élevage qui occupent 92,74% de l'emploi total de la période. Le deuxième secteur qui emploie le plus est celui de l'industrie (4,01%), suivi du secteur de l'administration publique (1,66%) et du secteur de commerce (1,07%). Le secteur de transport et télécommunication s'avère être le secteur qui emploie le moins (0,51%). Graphique : Evolution de l'emploi

Evolution de l'emploi

1,2

1

0,8

0,6

0,4

0,2

0

Emplois

Années

2002

2003

Source : Construit par l'auteur à partir de la base de données de l'INSD, IAP 2012.

Le graphique montre une distribution d'emploi à deux niveaux. Le côté supérieur présente l'évolution de l'emploi dans le secteur de l'agriculture et l'élevage8 et au niveau inférieur, se trouve les courbes représentant l'emploi dans les autres secteurs. En effet, hors mis le secteur de l'agriculture et l'élevage qui a un niveau d'emploi moyen de 6 734 399 employés

8Pour une question de bonne représentation, nous avons divisé l'emploi dans le secteur de l'agriculture et l'élevage par 10 donc la vraie valeur s'obtient en multipliant la valeur sur l'axe des valeurs par 10.

27

par an, les autres secteurs ont un niveau moyen d'emploi par an inférieur à 400 000 employés. La chute brutale de la courbe dans l'industrie traduit une baisse de l'emploi dans ce secteur. Les courbes ont des allures instables de 2005 jusqu'à la fin de l'année 2008, année à laquelle le pays s'est doté d'une politique nationale de l'emploi. Cela traduit une instabilité de l'emploi dans certains secteurs comme l'industrie, le commerce, le transport et télécommunication.

Tableau 3: Production, emploi, salaire et capital de 2002-2012(En million).

 

Production

emploi

salaire

capital

 

moyenne

678 000

7,261505

195 000

32 000

total

minimum

99 300

6,138614

26 400

6680

 

maximum

8 700 000

8,384732

1 070 000

85 400

Source : calcul de l'auteur à partir de la base de données de l'INSD, IAP 2012.

La production moyenne des cinq secteurs est de 678 000 milliards de FCFA, la masse salariale moyenne de 195 000, capital moyen de 1641,95 milliards de FCFA. Cette production est intensive en travail qu'en capital. La production minimale est de 99 300 milliards contre une maximale de 8 700 000 milliards. Cet écart traduit que production est volatile. Les masses salariales minimales et maximales étaient respectivement de 195000 milliards et 1 070 000 milliards. Le capital minimal et maximal est respectivement de 32000 milliards et 85 400milliards. La production moyenne par tête sur la période est 53369 FCFA et celle par unité de capital de 125,72 FCFA. L'intensité capitalistique représentant le rapport entre le capital moyen utilisé et le travail moyen est 0,16. Cette faible intensité capitalistique indique que l'économie Burkinabè est faiblement capitalistique et utilise de ce fait plus de travail que de capital.

Etude de la corrélation entre les différentes variables

Elle permet de déterminer à l'avance la nature des liens entre les variables. Tableau 4 : Corrélation entre l'emploi, la production, le salaire et le capital

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Emploi

Salaire

Capital

Production

Emploi

1

 
 
 

Salaire

0,2353***

1

 
 

Capital

-0,0623***

-0,1437***

1

 

Production

0,5961***

0,4719***

-0,1767***

1

*** : significatif au seuil de 1%

Source : calcul de l'auteur sur stata11à partir de la base de données de l'étude.

Le tableau de corrélation montre que l'emploi et le salaire sont liés positivement. La production et l'emploi sont également liés positivement ainsi que la production et le salaire. Par contre, le capital est lié négativement à toutes les autres variables. Ce dernier lien confirme la structure de l'économie qui utilise peu de capital par rapport au travail.

3. Les variables et la méthode d'estimation

a) Les variables

y' Variable expliquée :

La variable expliquée dans notre modèle est la demande de travail. Elle est représentée par le niveau de l'emploi observé ou la quantité de travail utilisée par le secteur d'activité par année. Elle est représentée par empl dans le modèle.

y' Les variables explicatives

? La production (prod) du secteur : Elle représente le niveau de production du secteur d'activité. La production est le facteur le plus souvent testé et il fait l'objet d'un large consensus en ce qui concerne son effet sur la demande de travail (COUSINEAU, 1988). Nous l'avons représenté par la valeur de la production au prix constant. Le signe théorique attendu est positif ;

? Le salaire moyen (sal) : Il est obtenu en effectuant le rapport entre la masse salariale et le niveau d'emploi global dans le secteur d'activité. Son signe théorique est négatif.

? Le coût du capital (cap) : Il représente l'actif immobilisé et est approximé par la valeur au prix constant du stock de capital physique. Il s'agit du capital de production. Il influence positivement la demande de travail ;

29

? L'emploi de la période précédente (emp1??_i). Il représente le niveau de l'emploi que le pays a enregistré à la période précédente. Il agit positivement la demande de travail et de ce fait le signe théorique est positif ;

? L'évolution technologique (t) : Il permet de capter l'effet lié au changement technologique dans le secteur et donc l'effet spécifique temporel. Le développement technologique dans un secteur toute chose égale par ailleurs, conduit à une baisse du prix de la production et un accroissement des ventes et donc de la production dans ce secteur. Le développement technologique ne conduit pas seulement à une baisse de l'emploi car il en crée d'autres puisqu'il permet de libérer la main d'oeuvre peu productive dans les secteurs traditionnels. En somme, son signe est indéterminé.

b) Méthode d'estimation

L'estimation des paramètres d'un modèle de panel peut se faire à l'aide de la méthode sans effets fixes et sans effets aléatoires (MCO), la méthode avec effets fixes (Within, LSDV), la méthode à effets aléatoires (between), la méthode d'Anderson et HSIAO (1982).

En ce qui concerne le panel dynamique, les méthodes économétriques standards comme les MCO, la méthode Within, la méthode between ne permettent pas d'avoir des estimateurs efficients puisqu'elles donnent des estimateurs non convergents. La méthode d'Anderson et HSIAO (1982) est également non efficace dans la mesure où elle est basée sur l'utilisation des variables instrumentales et ne prend pas en compte la structure des termes d'erreurs et n'exploite pas toutes les conditions des moments.

Un panel dynamique est un modèle dans lequel un ou plusieurs retards de la variable dépendante figurent comme variables explicatives. Pour tenir compte de cet état, les macro-économistes font recours depuis les années 1991 à la méthode des moments généralisée(GMM). Le GMM est la méthode « magique » qui fait « fureur », qui permet d'apporter des solutions aux problèmes de biais de simultanéités et contrôler les effets spécifiques. En plus, cette méthode permet de contourner le problème d'endogéneité des variables. Elle est de ce fait la plus indiquée pour les panels dynamiques (KPODAR, 2007).

Le GMM comporte deux variantes à savoir l'estimateur en première différence d'Arellano et Bond (1991) et l'estimateur en système de Blundell et Bond(1998).

? L'estimateur en première différence d'Arellano et Bond (1991) consiste à prendre pour chaque période la première différence de l'équation à estimer pour éliminer les effets

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individuels et ensuite à instrumenter les variables explicatives de l'équation en première différence par leurs valeurs en niveau retardé d'une ou plusieurs périodes. Arellano et Bond proposent une estimation en deux étapes. Premièrement, les termes d'erreurs sont supposés indépendants et homoscédastiques dans le temps et selon les individus. Dans une seconde étape, les résidus obtenus précédemment sont utilisés pour construire un estimateur efficient de la matrice de variance-covariance en relâchant l'hypothèse d'indépendance et d'homoscédasticité. Cette méthode comporte une limite décrite par Blundell et Bond (1998) à l'aide des simulations de Monte Carlo. En effet, la différenciation de l'équation en niveau élimine les variations inter -individus et ne considèrent pas les variations intra-individus. Pour cela, elle conduit à des estimateurs biaisés dans des échantillons finis lorsque les instruments sont faibles. Pour palier ce problème, on fait recours à l'estimateur en système.

? L'estimateur GMM en système de Blundell et Bond (1998) est une méthode complémentaire au modèle d'Arellano et Bond (1991). Cette méthode consiste à faire une combinaison de l'équation en première différence avec les équations en niveau dans lesquelles les variables sont instrumentées par leurs premières différences.

Dans notre estimation, nous utilisons le GMM en système a une étape afin de pouvoir tirer profit des avantages qu'il offre notamment l'absence de biais de simultanéité et d'autocorrélation. Avant l'estimation, nous effectuons des tests afin de procurer le caractère efficient à nos résultats. Ainsi, nous effectuons les tests préliminaires de spécification du modèle, le test de racine unitaire, le test de significativité globale, le test de sur-identification de Sargan/Hansen, et le test d'autocorrélation des erreurs d'Arellano et Bond.

? Le test de spécification :

Le test de spécification est le tout premier test à effectuer si on travaille avec des données de panels. Selon HURLIN (2006) lorsque l'on considère un échantillon de données de panel, la toute première chose qu'il convient de vérifier est la spécification homogène ou hétérogène du processus générateur de données. Sur le plan économétrique, cela revient à tester l'égalité des coefficients du modèle étudié dans la dimension individuelle. Sur le plan économique, les tests de spécification reviennent à déterminer si l'on est en droit de supposer que le modèle théorique étudié est parfaitement identique pour tous les pays, ou au contraire s'il existe des spécificités propres à chaque pays

Ici, nous faisons le test de spécification pour voir si on est en droit de supposer que le modèle est identique pour tous les secteurs d'activités de l'économie retenus pour le Burkina Faso. S'il y'a homogénéité des coefficients du modèle, cela traduit que nos données supportent la structure panel et nous utilisons la méthode adéquate pour estimer le modèle dynamique. Si par contre il y'a hétérogénéité des coefficients, nos données ne supportent pas la structure panel. Par conséquent, nous estimons les paramètres du modèle par les moindres carrés généralisés (MCG) pour chaque secteur d'activités. Le test de spécification correspond à un test de Fisher. Les hypothèses du test sont :

H0 : Il y'a absence d'effets individuels

H1 : Il y'a présence d'effets individuels

Soit les deux modèles suivants :

Yi,t = a + xi,tf3i + Ei,t(1)

Yi,t = ai + xi,tf3i + Ei,t (2)

Soit F la statistique associée à ce test. Sous H0 , on impose l'égalité des f3i et sous l'hypothèse d'indépendance et de normalité des résidus, on construit une statistique pour tester les N - 1 restrictions linéaires. Sous l'hypothèse H1, les f3i sont égaux mais pas les ai. On a ainsi NT - N - K degrés de liberté. N est le nombre d'individus, T la période totale, K le nombre de paramètres à estimer.

La statistique F = (SCR1-SCR2)/(N-1) ,\I F(N - 1, NT - N - K) SCR2/(NT-N-K)

SCR1 est la somme des carrés des résidus du modèle contraint (1) et SCR2 la somme des carrés des résidus du modèle non contraint (2).

? Le test de stationnarité

L'analyse des données de panels intégrant la stationnarité des séries s'est développée récemment avec les travaux pionniers d'ANDREWLEVIN ET CHIEN-FU (1992). Ainsi, le test de stationnarité est une condition de départ d'application du GMM. Ce test va nous permettre de déterminer le degré d'intégration des sériés dans notre panel. Les tests les plus utilisés sont ceux de LEVIN-LIN-CHU(1993) (LLC) de d'IM-PESARAN-SHIN (2003) (IPS) et le test ADF.HURLIN et MIGNON en 2005 ont apporté une critique au test de LLC car ce test est basé sur l'hypothèse d'indépendance interindividuelle des résidus. Cette interdépendance des résidus conduit à des distributions asymptotiques ou semi-asymptotiques normales. Ainsi, les éventuelles corrélations entre les individus constituent des paramètres de nuisance. Pour pallier ce problème, ils proposent d'utiliser le test IPS qui permet de corriger les

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limites de LLC en exploitant les co-mouvements pour définir de nouvelles statistiques de test

(HURLIN & MIGNONY, 2005). Nous faisons les trois tests de stationnarité et nous disons que

la série est stationnaire si au moins deux des trois tests l'attestent. La spécification du test est :

Soit le modèle (6) de Dickey-Fuller Augmenté suivant :

DYi,t = 'Yi,t-i + c + bt - E7;=1 AiLYi,t-j + £i,t.

Dans notre cas, le retard p est de 1. Ainsi le modèle (6) devient :

DYi,t = 4)Yi,t-i + c + bt - AiLYi,t-i + £i,t

Les hypothèses du test de stationnarité sont :

H0 : Présence de racine unitaire (0 = 1)

H1 : Absence de racine unitaire (101 < 1)

Si après le test, l'hypothèse nulle n'est pas rejetée, cela conduit à dire que la série n'est pas stationnaire et nous allons la stationnarisée en effectuant une différentiation suivant l'ordre d'intégration de la série.

v Test de normalité de Jarque-Bera

Ce test permet de voir si les erreurs sont normales. La statistique de Jarque-Bera est définie

par :

JB = n [s2 6 + (K-3)2

24 ] Où n est le nombre d'observation, S est le coefficient de dissymétrie

(Skewness) et K le coefficient d'aplatissement (Kurtosis). La statistique JB suit la loi du Khi-deux.

H0 : Les erreurs suivent la loi normale

H1 : Les erreurs ne suivent pas la loi normale

v Le test de sur-identification de Sargan/Hansen.

Il permet de tester la validité de la variable retardée dans notre modèle comme instrument. Il est basé sur l'auto-variance des résidus moyens standardisé et suit une loi normale N(0; 1) sous les hypothèses:

H0 : Présence de variable retardée dans le modèle H1: Absence de variables retardées dans le modèle

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? Le test d'autocorrélation d'Arellano et Bond

Ce test permet de vérifier la présence d'autocorrélation des erreurs. Il admet une autocorrélation d'ordre 1 mais pas une autocorrélation d'ordre 2. Il est construit à partir des hypothèses suivantes :

H0: Il y'a absence d'autocorrélation des erreurs.

H1 : Il y'a présence d'autocorrélation des erreurs.

Section II : Résultats et interprétations. 1. Résultats

a) Résultat des tests

Dans cette partie, nous présentons le résultat du test de spécification de Fisher, le test de stationnarité, le test de sur-identification, et le test d'autocorrélation des erreurs.

? Le test de spécification du modèle

Ce test est automatiquement effectué après une estimation de modèle de panel avec la méthode within. En effet, après l'estimation sur stata11 en utilisant l'estimateur within, deux statistiques de Fisher sont calculées. La première est le Fisher de significativité globale des paramètres et le seconde correspond au Fisher d'homogénéité des paramètres. Ainsi, nous obtenons le Fisher et la probabilité de khi deux suivants :

F (4, 45) = 46,38 et P-value = 0,0000. Au seuil de 5%, l'évidence empirique nous permet de rejeter l'hypothèse nulle d'absence d'effets individuels. Alors, il y'a homogénéité des coefficients du modèle et cela traduit que nos données supportent la structure panel.

? Test de normalité de Jarque-Bera

Nous obtenons une probabilité de khi-deux de 0,1592. Au seuil de 5%, l'évidence empirique ne nous permet pas de rejeter l'hypothèse de normalité des erreurs. Ainsi, les erreurs sont normales.

? Le test de stationnarité

Le résultat du test est inscrit dans annexe 4. Rappelons, une série est dite stationnaire au seuil de 5%, si sa p-value est inférieur à 0,05. Ainsi, l'emploi et l'emploi retardé d'une période sont stationnaires en niveau. Le salaire, le capital et la production sont stationnaire en première différence.

? Résultat du test d'autocorrélation des erreurs d'Arellano et Bond et de sur-identification de Sargan/Hansen.

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Ces tests sont automatiquement effectués après l'estimation du modèle avec le GMM en système. Le résultat de ces deux tests est inscrit dans le tableau 5. Au seuil de 5%, on ne rejette pas l'hypothèse nulle d'absence d'autocorrélation des erreurs de premiers et de second ordre d'Arellano-Bond car les probabilités sont supérieures à 0,05. Autrement, il y'a absence d'autocorrélation des erreurs. Les probabilités de Sargan et Hansen obtenues sont respectivement de 0,064 et 1. Ces probabilités sont supérieures à 0,05. On conclut qu'au seuil de 5% on ne rejette pas l'hypothèse nulle de présence d'emploi retardé dans le modèle comme instrument.

Efficacité de l'estimateur GMM en panel dynamique

Premièrement, l'instrument utilisé dans notre régression est valide parce que le test de Sargan et le test de Hansen n'ont pas permis de rejeter l'hypothèse de validité de la variable retardé de l'emploi en niveau comme instrument. De plus, il n'y a pas d'autocorrélation de premier et second ordre des erreurs en première différence car le test d'autocorrélation de premier AR(1) et de second ordre AR(2) d'Arellano et Bond ont validés l'hypothèse d'absence d'autocorrélation des erreurs. Par souci d'éliminer la présence d'hétéroscédasticité, nous estimons le modèle par la méthode de GMM en système en une étape en utilisant l'option robuste puis qu'il permet de corriger les statistiques t de student de l'hétéroscédasticité. Par conséquent, nous pouvons conclure que tous nos résultats sont robustes.

Avant l'estimation de notre modèle, nous effectuons une différence première des variables non stationnaires en niveau citées ci-dessus.

b) Résultats de l'estimation du modèle

L'estimation du modèle de la demande de travail, sur le panel dynamique de cinq secteurs d'activités par la méthode des moments généralisés a donné le résultat inscrit dans le tableau suivant :

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Tableau5: Résultat de l'estimation du modèle de demande de travail.

variables Coefficients P-values

Emploi retardé 0,061948*** 0,001

Salaire 0,6213777*** 0,000

Capital -2,480102** 0,010

Production 0,365497*** 0,000

Progrès technique -0,033517 0,257

constante 11,90234*** 0,000

tests Statistiques p-values

Arellano-Bond d'AR (1) Z = - 1,2 p> z= 0,231

Arellano-Bond d'AR (2) Z = -0,01 p> z=0,988

Sargan Chi2(1)=3,44 p> chi2=0,064

Hansen Chi2(1)=0,00 p> chi2=1

Source : Estimation de l'auteur sur stata11à partir de la base de données de l'étude. *** : Significatif au seuil de 1% ; ** : significatif au seuil de 5%.

Ainsi, le modèle estimé de demande de travail est :

empli,t = 11,9 + 0,365prodi,t + 0,621sali,t - 2,48capi,t + 0,06empli,t-1 - 0,034t

(16,28) (6,1) (3,57) (-2,58) (3,22) (-1,13)

Les valeurs entre parenthèses représentent les statistiques t de student. Hormis le coefficient du progrès technique, tous les autres coefficients sont significatifs au niveau de confiance de 95%.

2. Interprétations des résultats

2.1. Interprétations économétriques

Il ressort de l'estimation du modèle que la production, le salaire, et l'emploi retardé d'une période sont significatives au seuil de 1%. Le coût du capital est significatif à 5%. La constante est également significative. Elle permet de déterminer la demande de travail si on suppose le niveau de l'emploi retardé, de salaire, de capital égale à zéro. Elle répond à la

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demande liée la perte ou à la retraite de certains travailleurs. C'est la valeur à l'ordonnée de l'équation de la demande de travail.

Parmi les variables susceptibles d'influencer la demande de travail que nous avons considéré, seul le progrès technique s'avère être non significatif à 5%.

2.2. Interprétations économiques

2.2.1. Effet de la production

L'élasticité de la demande de travail par rapport au niveau de production est de 0,365. Cela signifie qu'une augmentation de la production de 1% entraine une augmentation de la demande de travail de 0,365% toute chose égale par ailleurs. Il en est ainsi parce qu'une anticipation de l'augmentation de la production conduit les secteurs d'activités a manifesté un besoin en travailleurs supplémentaires pour répondre à cette augmentation de la production. Pour produire plus, il faut dépenser plus en facteurs de productions c'est à dire en travail ou en capital selon que l'économie soit intensive en capital ou en travail. L'économie Burkinabè est faiblement dotée en capital par rapport au travail. Il résulte qu'un besoin en facteur de production s'oriente plus vers le travail que le capital. Le problème majeur est que le besoin en facteur travail se manifeste faiblement par rapport à l'accroissement de l'offre de travail.

2.2.2. Effet de l'emploi retardé

L'emploi retardé d'une période agit positivement sur la demande de travail avec une élasticité de 0,062 mais cette valeur de l'élasticité est faible par rapport à celle de la production. Une augmentation de l'emploi retardé d'une période d'un point entraine une augmentation de l'emploi de la période courante de 0,062 point toute chose égale par ailleurs. Autrement, si la période correspond à l'année, une augmentation de l'emploi de cette année de 1% entraine une augmentation de l'emploi de l'année prochaine de 0,062%. L'explication que nous donnons est que l'emploi ne s'ajuste que partiellement aux fluctuations à court terme dans la production. Le niveau de l'emploi de la période antérieure est là pour capter cet effet d'ajustement partiel ; en fait, son incidence sur l'emploi au temps courant correspond au taux d'ajustement partiel. En effet, le fait de connaître la baisse de ses ventes ne conduit pas immédiatement à une compression du niveau d'emploi par l'entreprise. Cela s'explique par le fait qu'en effectuant les mises à pieds, l'entreprise court un risque de perdre ses employés quand la demande à laquelle elle fait face va se redresser à plus ou moins bref délais et que les travailleurs mis à pieds se soient trouvé de l'emploi ailleurs. Elle

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va alors subir des coûts supplémentaires liés aux recrutements, à la sélection et les coûts de formation. Ainsi, pour éviter ces coûts, l'entreprise va simplement « thésauriser » ses employés en période de baisse de la production puis leur faire appel quand la production se redressera. Il faut noter qu'au début de la reprise de ses ventes l'entreprise ne procédera pas immédiatement à une vaste campagne d'embauchage. Elle utilisera la main d'oeuvre qu'elle avait réservée et ce n'est qu'une fois la demande pour ses biens stabilisée à un niveau plus élevé qu'elle réajustera pleinement son emploi.

En résume, l'annonce d'une chute du PIB ne se traduit pas immédiatement par une chute proportionnelle de l'emploi au Burkina. De même, l'annonce d'une expansion du PIB ne se traduit pas immédiatement par une hausse correspondante de l'emploi. Ainsi, les indicateurs de l'emploi marquent un certain retard par rapport à la production. Ce retard est lié à l'écart entre l'emploi désiré par les entreprises et celui observé par ces dernières. Pour évaluer ce retard, nous procédons comme suit :

Dans le modèle de demande de travail, f34 = (1 - ñ). Or f34 représente l'élasticité de la demande de travail par rapport à l'emploi retardé d'une période et ñ correspond au coefficient d'ajustement. Ainsi, 1 - ñ = 0,062 alors, ñ = 0,938.

La valeur du coefficient d'ajustement partiel étant de 0,938, cela signifie que pour les cinq secteurs d'activités étudiés, l'ajustement de l'emploi effectif à l'emploi désiré au cours de la période d'étude s'est fait à 93,8% par an. Cette situation s'explique par le niveau élevé du chômage. Etant donné que l'offre de travail est supérieure à la demande de travail, une unité supplémentaire de demande de travail trouve à 93,8% une offre de travail toute chose égale par ailleurs.

2.2.3. Effet du salaire moyen

L'élasticité de la demande de travail par rapport au salaire moyen est de 0,621.Cela signifie que lorsque le salaire moyen augmente de 1%, la demande de travail augmente de 0,621% toute chose égale par ailleurs.

Ce résultat laisse entrevoir une remise en question de la relation emploi-salaire dans l'approche classique du marché de travail dans le cadre des secteurs d'activités étudiés. Mais vue dans l'approche keynésienne, ce lien trouve une explication plausible.

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En effet, le salaire est avant tout un revenu nécessaire au soutien de la demande de consommation. Au Burkina Faso, les salaires restent encore bas9. Les augmenter est synonyme d'amélioration du pouvoir d'achat des ménages puisque le taux d'inflation10 au Burkina est resté faible sur la période d'étude. Constatant leurs situations financière s'améliorer, les ménages vont consommer plus et cela conduit à une augmentation de la demande des biens et services. Dans ce contexte, les secteurs d'activités vont chercher à répondre à cette demande en produisant plus et donc en employant plus car au Burkina, le travail reste relativement moins cher par rapport au capital. En outre, l'économie Burkinabè est une économie de consommation avec une propension marginale à consommer moyenne de 72,67% (DGEP, 2012). Cette valeur élevée de la propension marginale à consommer traduit qu'une augmentation du revenu des ménages d'une unité se répercute sur la consommation globale en l'augmentant de 0,7267 unité. Comme la consommation va augmenter de 0,7267 unité, la production doit aussi augmenter au moins de 0,7267 unité pour satisfaire la demande de consommation. Et pour produire ces 0,7267 unités, les secteurs embauchent plus.

En revanche, une réduction des salaires peut à contrario alimenter une faible demande de travail dans la mesure où le pouvoir d'achat des ménages baisse relativement. Ces derniers vont consommer moins, ce qui entraîne un ralentissement de la demande et donc de l'activité économique. Les anticipations des entreprises vont être pessimistes et la demande effective va baisser. Ce qui va entraîner une baisse de leurs productions, et donc une baisse de l'emploi en partant une augmentation du chômage.

Ce résultat montre que le niveau de l'emploi sur la période d'étude est lié positivement au volume de production des secteurs d'activités et non au niveau de salaire11. Si on considère

9Pour la fonction publique, 45% des agents ont un salaire mensuel compris entre 100 000 et 150 000FCFA, tandis que 25,8% (soit 23 978 agents) ont un salaire de plus de 150 000 et seulement 1,1% ont un salaire inférieur à 50 000. La masse salariale que l'Etat verse aux agents de la fonction publique a été évaluée à 138,52 milliards en 2007. Cette masse salariale s'accroît dans le temps, et on a pu noter un accroissement moyen annuel de 15% du volume salarial entre 2004 et 2007.

10 Elle a été contenue dans l'ensemble dans la limite de la norme communautaire de l'UEMOA après la forte pression inflationniste enregistrée en 2008 consécutive aux crises alimentaire et énergétique. En effet, le taux d'inflation s'est situé en moyenne à 2,0% sur la période 2010-2012 (Perspective économique mondiale d'avril 2013).

11La demande effective est la demande anticipée par les chefs d'entreprise. Par ce concept, Keynes montre que la demande d'investissement des entreprises et le niveau de l'emploi sont déterminés par le volume de production

la relation entre le salaire et la production12, nous avons trouvé une corrélation positive entre les deux variables. Cet état de fait explique le lien positif entre l'emploi et le salaire.

2.2.4. Effet du capital

L'élasticité de la demande de travail par rapport au capital est de -2,48. Une augmentation de la valeur du capital de 1% entraine une baisse de la demande de travail de 2,48% toute chose égale par ailleurs. Comme nous l'avons vu plus haut, l'économie Burkinabè est faiblement intensive en capital (l'intensité capitalistique est de 0,16). A court terme, une augmentation du coût du capital accroit les coûts de production sans pour autant stimuler la consommation et la production d'autant plus que les entreprises ont une faible influence le facteur capital à court terme. De ce fait, elles vont répondre à cette augmentation du coût de production en baissant le niveau de production car il revient plus chère de produire le même niveau de production avec des coûts plus élevés. Comme le capital est fixe, pour baisser le niveau de production suite à la hausse du coût de production, les entreprises vont chercher à réduire la masse salariale qu'elles supportent en procédant à des licenciements. En somme, la hausse du coût du capital conduit à une baisse de la production ce qui conduit à une diminution des emplois.

39

anticipé par les chefs d'entreprise pour répondre à la demande de biens de consommation et de biens d'équipement.

12 Cette situation est représentée par le schéma en annexe 6.

40

Conclusions sur les hypothèses

Au regard des résultats empiriques, nous parvenons à la conclusion que la première hypothèse de l'étude qui stipule que le niveau production, et le niveau de l'emploi de la période précédente influent positivement sur la demande de travail a été validée. Ensuite la deuxième hypothèse selon laquelle un niveau élevé du salaire moyen influence négativement la demande de travail a été infirmée. Enfin, la troisième hypothèse qui déclare que le coût du capital influence positivement la demande de travail a été infirmée.

3. Recommandations

Dans la perspective de stimuler la demande de travail au Burkina Faso afin qu'elle absorbe plus l'offre de travail, nous formulons les recommandations de politique en matière d'emploi axées sur les variables significatives.

3.1. Politique sur la production

La production est l'un des facteurs qui permet d'augmenter la capacité des entreprises à employer. Son effet étant positif, il est nécessaire que, dans le cadre de la promotion de l'emploi et de la réduction du chômage des mesures soient prises pour stimuler la production. L'intensification de la production agricole doit nécessairement passer par la prise en compte de la grande variabilité génétique des espèces locales cultivées et des potentialités non-négligeables d'irrigation13. Etant donné l'avantage comparatif que dispose le pays dans ce secteur par rapport aux autres secteurs, les mesures de soutien à la production doivent être favorables à l'agriculture et l'élevage ainsi qu'à l'industrie agroalimentaire. L'Etat a déjà entrepris des mesures de soutien à la production agricole et la plus récente est le développement en 2011du projet Bagré pôle qui se voit être un pôle de croissance mis en place pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement du Gouvernement tels qu'énoncés par la SCADD (2011-2015). Ce projet vise à accroitre la production céréalière de 450 000 tonnes et à créer au moins 27000 emplois directs. Etant donné que l'offre de travail est en moyenne de 140000 et la demande de 20000, il faut un besoin supplémentaire de 120000 nouveaux emplois par an pour résoudre le problème de chômage toute chose égale par ailleurs. Afin de pouvoir répondre au supplément d'offre de travail, le pays doit créer au moins 120000 emplois directs par an en développant 4,45 projets ayant les mêmes envergures que celles de Bagré pôle. La mise en oeuvre effective d'une telle politique nécessite une consolidation du partenariat public-privé. En se basant sur le coût de

13Le potentiel en eau de surface est estimé à 10 milliards de m3 et celle souterraine à 113 milliards de m3

41

financement de Bagré pôle qui est de 133,7 millions de US$ soit 64260,23 millions de FCFA, il faut un financement supplémentaire de 594,97 millions de US$14 soit 285 960,43 millions de FCFA pour la mise en application de cette politique.

En outre, en baissant le taux d'impôt sur le bénéfice qui est actuellement de 27,5% pour les grandes entreprises, le pays peut arriver à stimuler la production nationale à travers celle des entreprises. Cette mesure permettra aux entreprises de se mettre dans un sentier de production maximisant leur profit. La recherche de profit maximum des entreprises passe par une production plus élevée et donc par un emploi plus élevé.

3.2. Politique sur le salaire

Le salaire moyen est le facteur qui a plus d'effet sur la demande de travail. De ce fait une légère augmentation des salaires se répercute fortement sur la demande de travail via d'une part par la hausse de la demande effective et d'autre part par le fait qu'une augmentation des salaires incite les travailleurs à fournir plus d'efforts. Bien vrai que la hausse des salaires entrainent une hausse du coût global de production de l'entreprise, mais il est à noter également que la hausse des salaires donne plus de motivation aux travailleurs qui fournissent de ce fait plus d'effort. Du côté des ménages, ils verront leur pouvoir d'achat augmenter. Ces derniers seront dans une bonne posture de consommer du fait de l'augmentation de leur pouvoir d'achat. Ainsi, toute politique visant à améliorer le pouvoir d'achat des ménages suscitera un gain en emploi et en partant une réduction du chômage. Nous concluons que vue la structure de l'économie Burkinabè qui est une consommation, pour réduire le chômage, il faut stimuler la consommation qui stimulera à son tour la production nationale conduisant à l'augmentation des emplois. Cette politique doit être suivie par une politique incitative à la consommation des produits nationaux pour que les produits nationaux ne soient évincés par les produits étrangers15.

La politique des salaires étant une politique complexe dans sa finition, pour espérer des retombées positives sur l'emploi, il faut qu'elle soit suivie d'une surveillance accrue pour limiter ses effets sur l'inflation. Il faut en plus limiter les importations illicites qui évincent les produits locaux. Ainsi, en évitant toute politique tendant à baisser le pouvoir d'achat des consommateurs, le pays réduira le niveau de chômage. En effet si par exemple la baisse du

14 Les conversions sont faites au Taux de change: 1 Dollar Américain = 480,63 Franc CFA (UEMOA) à la date du 29 juin 2014 à 09h:41:37 Am.

15La consommation alimentaire vers les produits locaux étant d'actuellement le besoins alimentaire actuel du pays est assurée à plus de 70% par l'importation des produits alimentaires (MEF, 2011).

42

coût du travail passe par une diminution des charges sociales, cette réduction du coût du travail aura des conséquences néfastes sur le financement de la protection sociale, et donc sur le problème très actuel de financement des retraites. Cette situation confirme bien la déclaration de MALLON cité par EMMERIJ (1994) qui dit tout simplement que là où les salaires sont élevés, le rendement l'est également et que la productivité correspond strictement aux taux de salaire.

3.3. Politique sur l'emploi retardé d'une période

L'effet de l'emploi retardé sur l'emploi est faible mais positif au Burkina. L'économie Burkinabè reste encore sous l'emprise du secteur primaire qui demeure embryonnaire. Le chômage, étant plutôt lié à la structure économique du pays, une transformation structurelle est nécessaire pour baisser le niveau du chômage. Mais dès à présent, le pays peut passer par une politique d'emploi de court terme via les salaires ou la production pour que le niveau d'emplois de court terme permette de corriger celui de long terme.

3.4. Politique sur le capital

L'emploi est également très sensible au coût du capital. L'impact du coût capital notamment le capital immobilier étant nuisible à l'emploi, les pouvoirs publics devraient prendre des mesures pour inciter la substitution du travail au capital dans le processus de production parce que le capital coûte plus cher au Burkina que le travail. La raison de cette cherté du capital vient du fait que le pays importe la quasi-totalité de son capital surtout les machines. Par contre, l'Etat doit faciliter l'accès au capital financier à travers les crédits. Il peut par exemple baisser le taux d'intérêt pour faciliter l'accès au capital financier. L'accès au capital financier permet la réalisation des investissements productifs au niveau des entreprises. Ces investissements productifs procureront de nouveaux emplois. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue le fait que l'élasticité de la demande du travail par rapport à cette variable est élevée.

43

CONCLUSION GENERALE

La présente étude avait pour objectif principal de faire une analyse des déterminants de la demande de travail au Burkina Faso. Il ressort de l'analyse descriptive que l'emploi est dominé par le secteur de l'agriculture et l'élevage qui occupe 92,74% de l'emploi total de la période. Le deuxième secteur qui emploie le plus est celui de l'industrie 4,01%, le secteur de l'administration publique et le secteur de commerce occupent respectivement 1,66% et 1,07% de l'emploi total. Le secteur de transport et télécommunication s'avère être le secteur qui emploie le moins sur cette période avec 33% de l'emploi total. L'étude de la corrélation a permis de voir un lien positif entre l'emploi et le salaire, entre le salaire et la production et une relation négative entre l'emploi et le capital et entre le capital et la production et le salaire.

En ce qui concerne l'analyse économétrique, nous avons estimé le modèle de demande de travail à partir d'un panel dynamique de cinq secteurs d'activités sur la période 2002 à 2012. Les résultats économétriques montrent que la production, le salaire, l'emploi retardé d'une période et le coût capital sont les facteurs explicatifs de la demande de travail. En outre, le salaire et la production demeurent les facteurs qui ont plus d'effets positifs sur la demande de travail. Ainsi pour une grande efficacité, les politiques d'emploi doivent être ciblées (spécifique à chaque facteur pour lequel le pays dispose d'un avantage comparatif). Il est donc nécessaire que dans le cadre de la lutte contre le chômage et la promotion de l'emploi, des mesures soient prises pour favoriser la production, et améliorer la rémunération des travailleurs.

Le Burkina Faso dispose d'une grande potentialité en main d'oeuvre caractérisée par sa jeunesse16. En raison de leurs faibles employabilités, ces derniers se rabattent dans le secteur privé surtout le privé informel où le niveau de productivité est faible avec une très grande vulnérabilité de l'emploi. Le privé étant le principal pourvoyeur d'emploi et le plus doté en ressources humaines, pour la réduction du chômage, il faut que le secteur privé puisse jouer convenablement sa partition dans le développement de l'économie Burkinabè. Cela nécessite la mise en place d'un environnement propice à l'initiative privée par le renforcement du partenariat secteur public / secteur privé.

Les politiques de l'emploi doivent également tenir compte de la qualité de formation afin de réduire l'inadéquation entre les offres de travail des individus et les demandes de travail des

1684,4% de la population active (ZERBO & OUEDRAOGO, Etude sur l'etat des lieux et la problematique de l'emploi des jeunes au Burkina Faso, 2014)

44

entreprises. A ce effet, ZYLBERBERG affirme : « le chômage des jeunes n'est pas seulement liés au manque d'expérience, mais aussi par l'inadéquation entre les formations reçues et les exigences du marchés de travail».

45

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ix

ANNEXE

Annexe1 : évolution de la demande de travail de 2004 à 2012

Année

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

demande publique

62 486

66 778

65 749

72 789

76 762

84 274

91 501

95 616

103 095

110 808

demande privée

6 604 595

6 790 394

7 026 510

7 151 154

7 323 879

7 445 459

7 324 042

7 484 679

7 645 890

7 902 474

demande de travail

6 667 081

6 857 172

7 092 259

7 223 943

7 400 641

7 529 733

7 415 543

7 580 295

7 748 985

8 013 283

source: INSD, IAP 2011

Annexe 2 : procédure de détermination du stock de capital

Cap : Le capital est évalué à partir de la méthode des inventaires permanents puisque nous ne disposons pas du stock de capital pour le secteur d'activité sur la période, Pour l'approximation, nous avons utilisé la relation classique qui existe entre le capital et l'investissement : ???? = ???? + (1 - ??)????-1

Où ???? est le capital de la période t, ???? est l'investissement de la période t, ?? le taux de dépréciation du capital, ????-1 le capital de la période t-1,

Pour le calcul du capital initial, nous avons utilisé la méthode de HARBERGER (1978) qui est la plus utilisée dans la littérature et fondée sur l'hypothèse d'une croissance équilibrée,

???? ??1

????-1 = ??+?? Soit ??0 = ??+?? où g représente le taux de croissance de la production dans le secteur

d'activité, La dépréciation du capital peut être évaluée par sondage auprès des unités industrielles mais on peut considérer un taux agrégée compris entre 4% et 6% et cela est accepté par (ABU-QARN & ABU-BADER, 2007). Au Burkina, ce taux a été évalué à 4% par l'INSD à partir du modèle thresold du 21ème siècle (modèle T21).

Annexe3 : répartition sectorielle de la production, de l'emploi, du salaire et du capital (en million)

secteurs

production

emploi

salaire

capital

Agriculture et élevage

moyenne

1170000

6,734399

78200

50700

minimum

801000

5,947624

48500

40400

maximum

1870000

7,731669

114000

62900

secteurs

production

emploi

salaire

capital

Administration publique

moyenne

773000

0,120855

296000

57900

minimum

519000

0,091595

3840

43500

maximum

1070000

0,151459

387000

85400

secteurs

production

emploi

salaire

capital

commerce

moyenne

530000

0,078019

38100

5690

minimum

305000

0,065011

31300

5230

maximum

844000

0,092470

47300

6230

secteurs

production

emploi

salaire

capital

industrie

moyenne

1260000

0,0291362

113000

305000000

minimum

760000

0,011455

37000

66,8

maximum

2000000

0,354379

201000

608

secteurs

production

emploi

salaire

capital

Transport et

télécommunication

moyenne

290000

0,036869

41200

46800

minimum

163000

0,022929

23400

28800

maximum

413000

0,054755

57100

73500

Annexe 4 : Résultats des tests

X

? Test de normalité des erreurs

xi

Skewness/Kurtosis tests for Normality

joint

Variable Obs Pr(Skewness) Pr(Kurtosis) Adjchi2(2) Prob>chi2

résidus 55 0.1043 0.3574 3.68 0.1592

? Stationnarité sur les variables en niveau sur données de panels

Tests

Statiques

P-values

N

NT

EMPL

LLC

-2,5058

0,0061**

5

55

IPS

-1,9776

0,0240**

5

55

ADF

-2,3814

0,0086**

5

55

PROD

LLC

-1,1517

0,1247

5

55

IPS

1,5080

0,9342

5

55

ADF

-0,0831

0,4669

5

55

SAL

LLC

-3,3106

0,0005**

5

55

IPS

-0,0359

0,4857

5

55

ADF

0,0083

0,5033

5

55

CAP

LLC

-1,1266

0,1300

5

55

IPS

1,2067

0,8862

5

55

ADF

1,7074

0,9561

5

55

LEMPL

LLC

-1600

0,0000**

5

55

IPS

-1600

0,0000**

5

55

ADF

-14,2130

0,0000**

5

55

**Signifie que la série est stationnaire en niveau.

? Stationnarité en différence première sur les variables en niveau sur données de panels

Tests

Statiques

P-values

N

NT

PROD

LLC

-5,5088

0,0000*

5

55

IPS

-1,2931

0,0980

5

55

ADF

-1,9187

0,0275*

5

55

SAL

LLC

-7,8480

0,0000*

5

55

IPS

-3,7690

0,0001*

5

55

ADF

-5,0491

0,0000*

5

55

CAP

LLC

-5,6109

0,0000*

5

55

IPS

-2,1572

0,0155*

5

55

ADF

-2,6440

0,0041*

5

55

*Signifie que la série est stationnaire en première différence.

XII

Annexe5:Résultat de l'estimation du modèle :

XIII

Dynamic panel-data estimation, one-step system GMM

Group variable: secteurs

Time variable : année

 
 
 
 
 

z

P>|z|

Number of obs =

Number of groups =

Number of instruments = 7

.061948

.0192627

3.22

0.001

Obs per group: min =

.0241939

 

Wald chi2(5) = 113.95

.6213777

.1739292

3.57

0.000

avg =

.2804827

 

Prob > chi2 = 0.000

-2.480102

.9598164

-2.58

0.010

max =

-4.361308

 
 

.365497

.0599063

6.10

0.000

.2480829

 
 

-.0335168

.0295965

-1.13

0.257

-.0915249

 

empl

Coef.

11.90234

Std. Err.

.7312918

16.28

0.000

10.46903

 

Robust

lempl

Instruments for first differences equation

dsal

Standard

dcap

D.(dsal dcap t dprod)

55

11

11.00

11

[95% Conf. Interval]

.0997022

.9622726

-.5988968

dprod

.4829112

.0244912

13.33564

GMM-type (missing=0, separate instruments for each period unless collapsed)

t

L.lempl collapsed

_cons

Instruments for levels equation

Standard

dsal dcap t dprod

_cons

GMM-type (missing=0, separate instruments for each period unless collapsed)

D.lempl collapsed

5

Arellano-Bond test for AR(1) in first differences: z = -1.20 Pr > z = 0.231 Arellano-Bond test for AR(2) in first differences: z = -0.01 Pr > z = 0.988

Sargan test of overid. restrictions: chi2(1) = 3.44 Prob > chi2 = 0.064

(Not robust, but not weakened by many instruments.)

Hansen test of overid. restrictions: chi2(1) = 0.00 Prob > chi2 = 1.000

(Robust, but weakened by many instruments.)

Difference-in-Hansen tests of exogeneity of instrument subsets:

GMM instruments for levels

Hansen test excluding group: chi2(0) = 0.00 Prob > chi2 = .

Difference (null H = exogenous): chi2(1) = -0.00 Prob > chi2 = 1.000

xiv

Annexe 6 : Chaine besoin-emploi

Demande de biens de consommation et de production

Niveau de la production

Niveau de l'emploi

Niveau de chômage

Augmentation.

Baisse.

Annexe7:Consommation globale et PIB de 2008 à 2010.

 

2007

2008

2009

2010

consommation

2 933 474

3 170 975

3 490 121

3 718 536

PIB

3 166 330

3 445 064

3 846 692

4 274 828

variation de la consommation

néant

237 501

319 146

228 415

variation du PIB

néant

278 734

401 628

428 136

pmc

néant

0,85207043

0,79463085

0,53351038

Moyenne pmc

0,72673722

Source INSD, TRE 2007, 2008, 2009, 2010.

xv

Annexe 8 : Diagramme circulaire de la Production

Production

7% agriculture et elevage

administration

publique commerce

industrie

transport et

telecomminication

13%

32%

29%

19%

Annexe 9 : Diagramme circulaire du salaire

salaire agriculture et elevage

9% 4% 8%

administration publique commerce

75%

industrie

transport et

telecomminication

4%

Capital

agriculture et élevage

administration publique

commerce industrie

transport et

telecomminication

0,2%%

30,2%

31%

35,26%

3,46%

Annexe 10 : Diagramme circulaire du capital






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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway