SECTION II : Les moyens financiers et
matériels
Bien que les chefs d'Etat et de
Gouvernement aient pris solennellement l'engagement d'honorer de leur
participation dans la lutte armée, rares sont ceux qui ont tenu parole.
Dés 1966, il apparaissait clairement que dix (10) pays s'étaient
acquittés de leur obligation. Cette assiduité dans le respect des
engagements n'a pas toujours était observée dans la pratique.
Ainsi, il convient de s'interroger sur les moyens
employés dans les missions d'intervention armée qui nous
paraissent insuffisants et qui favorisent la déroute des missions
africaines de paix. Il s'agit entre autre des moyens financiers
(PARAGRAPHE I) et des moyens matériels
(PARAGRAPHE II).
36 Par « Afrique de l'Ouest », on
désigne l'aire géographiques couverte par la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), soit au total 16 Etats :
Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana,
Guinée, Guinée Bissau, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger,
Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo.
PARAGRAPHE I : Des moyens financiers
Les obstacles d'ordre financier dont la
communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest
(C.E.D.E.A.O) et l'organisation de l'Unité Africaine
(O.U.A) sont confrontés restent un handicap majeur dans cette
quête de paix dans la zone Ouest-africaine. Ainsi, même si le
système d'alerte rapide mis au point entrait en fonctionnement, il y a
peut de chance qu'il ait un profond impact sur les opérations. Une
intervention militaire nécessite des moyens colossaux à
mobiliser. Ceci étant, la C.E.D.E.A.O, dans ses prises de
décisions reste toujours inefficace ou en retard par rapport au temps
voulu pour intervenir efficacement dans les zones en conflit. Le manque de
ressources financières nécessaires fait d'ailleurs douter que
l'organisation Ouest-africaine et même continentale (U.A) puisse financer
et superviser un cadre aussi ambitieux que constitue la recherche et la
consolidation de la paix dans la région.
Il faut noter que l'Union-Africaine de même que la
C.E.D.E.A.O sont confrontées à des problèmes financiers
qui font parfois échouer leurs missions de paix. Comme on le voit, la
source principale de ressources pour le fond spécial de l'U.A sera le
budget ordinaire de l'organisation. Or, ce budget connaît un
déficit chronique depuis de nombreuses années, en raison des
arriérés de contributions accumulées par les Etats
membres.
Dans son rapport d'activité présenté
à la cinquante-et-unième session ordinaire du conseil des
Ministres réunie à Addis-Abeba du 19 au 24 février 1990,
le secrétaire général avait insisté lourdement sur
la situation alarmante que constituent les arriérés de
contributions dus par les Etats membres.
En effet, sur un budget de 28 930 941 de dollars des
Etats-Unis approuvé par le conseil des Ministres au titre de l'exercice
financier 1989/1990, seulement sept Etats s'étaient entièrement
acquittés de leurs contributions s'élevant à 3 541 162,63
; au 31 janvier 1990, soit un taux de recouvrement de 12,24%. Le montant des
arriérés de contributions s'élevait alors à 55 712
137,75 de dollars américains.
Cette situation financière difficile de l'organisation
a été également mise en épingle par le
Secrétaire Général en février 1992, lorsqu'il
écrit dans son rapport au conseil des Ministres que : « sur un
budget total de 29 063 072 dollars E.U. en revanche, les Etats membres ont
versé la somme de 15 199 956,47 dollars E.U. représentant leurs
arriérés de contributions aux budgets
précédents et le Secrétaire a reçu à titre
de recettes diverses une somme supplémentaire de 1 332 973,07 dollars
E.U. Ainsi donc, le montant total des recettes au cours de l'exercice 1990/1991
s'élevait à 24 097 989,77 dollars E.U., soit une diminution de
16% par rapport à l'exercice précédent 1989/1990
».
Comme on le voit, le budget ordinaire de l'organisation
continentale n'a connu aucune augmentation depuis cinq ans. Depuis, en
même temps, le déficit s'est considérablement
aggravé. A la clôture de l'exerce budgétaire 1992-1993 au
31 mai 1993, les arriérés de contributions dus au budget
ordinaire par les Etats membres s'élevaient à 66 466 505,95
dollars des Etats-Unis, soit pratiquement, l'équivalent de deux budgets
ordinaires consécutifs de l'organisation37.
Compte tenu de tout ce qui précède, et
étant donné le coût particulièrement
élevé des opérations civiles et militaires de maintien de
la paix, même de taille et de durée réduites, il
apparaît clairement que l'U.A38 a presque toujours fait face
à de redoutables difficultés financières dans la mise en
oeuvre de ses décisions dans le domaine de la gestion et du
règlement des conflits comme ce fut le cas au Libéria et en
Sierra Léone pour ne citer que cela. Face à ces insuffisances
financières des Etats membres, des contributions volontaires sont
notées de part et d'autre.
De la même manière, l'organe régional
Ouest-africain de son côté est également confronté
à des problèmes d'ordre financier. Dans cette institution aussi,
les Etats membres effectuent des contributions pour permettre à celle-ci
de fonctionner efficacement et rigoureusement. Face à cet obstacle
majeur, la C.E.D.E.A.O subit l'influence et la conduite des grandes puissances
contributives financièrement. C'est pour cette raison que les actions de
la C.E.D.E.A.O demeurent parfois inefficaces car si son action ne dépend
que d'une aide extérieure, elle ne peut qu'être imparfaite et male
coordonnée. Il en est aussi d'un autre problème sur lequel il est
important de se pencher. Il s'agit de rechercher si les contributions des Etats
membres et du concours des grandes puissances et firmes internationales sont
effectuées régulièrement. Face à ces ressources
aléatoires pour mener à bien une tâche importante,
l'Organisation de l'Unité Africaine de même que la C.E.D.E.A.O ou
encore d'autres organes de la région pêchent dans leurs
initiatives de paix. D'autres difficultés sont également
développées comme pouvant limiter les actions africaines de
règlement des conflits dans l'Afrique occidentale en particulier.
37 Rapport financier de l'organisation de
l'unité Africaine pour l'exercice 1992/1993, Document CM/1790 (LIX),
p.3.
38 Biyoya M (K), L'OUA et la sécurité
africaine par les opérations de maintien et de construction de la apix,
juin-juillet 1995.
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