1.2- Les élections et les
rivalités politiques de 1946 à 1963 : division,
règlement de compte, régionalisme
Les différentes coalitions de partis politiques
étaient par essence opposées. Les différents scrutins
électoraux qui meublèrent cette période,
constituèrent des occasions pour en découdre les unes avec les
autres avec pour conséquences, des violences paradoxalement entretenues
par les vainqueurs.
1.2.1- Violences électorales
et contestations
Les élections dans leur ensemble ont donné lieu
à des scènes d'euphorie générale de la part des
vainqueurs mais aussi et surtout à des débordements
déplorables et des exactions qui ont consisté à brimer les
soi-disant opposants au camp victorieux. Cette euphorie se traduisit
également par des violences politiques et des règlements de
comptes souvent sanglants.
Les partis politiques ont animé les différents
scrutins. En 1946, le CUT avait remporté toutes les élections que
ce soit pour le renouvellement de l'Assemblée législative, au
Conseil de la République française, ou à
l'Assemblée française. De 1951 à 1958 la victoire
s'inversa au profit du courant progressiste (Toulabor 1986 : 19). Le CUT
boycotta toutes les élections notamment en 1951 lors du renouvellement
de l'Assemblée territoriale et en octobre 1956 lors du
référendum sur l'autonomie. Il dénonçait aussi par
les boycotts, les conditions dans lesquelles se faisait l'organisation de ces
élections (Gayibor 1997 : 214). En réponse à toutes
ces contestations, les militants CUT furent victimes d'intimidations.
En effet, la politique de répression
systématique était la solution aux contestations pour fraudes
électorales, manipulations des listes et des cartes électorales
entre 1951 et 1957. Les évènements de Vogan le 23 août
1951, les arrestations de militants nationalistes, la suppression de bourses
aux étudiants, les martyrs de Pya après le passage de la mission
onusienne furent enregistrés au cours de la même période
(Gayibor 1997 : 211). Les Togolais impliqués dans ces violences
étaient-ils maîtres de leurs actes ? Etaient-ils que des
exécutants soumis à une obéissance
irraisonnée ? Etant dit que nous somme encore dans le contexte de
l'époque coloniale, il se posait la question de la responsabilité
de l'autorité coloniale d'abord dans l'organisation des élections
puis dans la gestion des contentieux y afférent. Dès lors que les
élections présentaient un enjeu qui l'affectait notamment son
départ, il jouait le rôle d'arbitre impartial (Amah 2010 :
56). On pourrait donc conclure à l'entière responsabilité
de l'administration coloniale dans les violences qui ont suivi les
élections. Le soutien de l'autorité coloniale à la
création de certains partis fut un moyen de diviser le peuple pour mieux
régner ; les élections en furent un autre moyen de plus. Les
élections, enjeu pour les intérêts coloniaux avaient servi
à diviser davantage les populations. Les victimes de ces
répressions vont garder rancunes et se venger le moment venu.
En 1958, le CUT et son allié remportèrent 32 des
46 sièges à pourvoir pour le compte de la chambre des
députés. De 1958 et 1963 les heurts et
échauffourées violents opposant partisans nationalistes et
progressistes se feront de plus en plus quotidiennement.
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