PARTIE 8 : MA PLACE DE STAGIAIRE
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? Stage d'observation
A. Ce que j'ai découvert :
Les soeurs de la Charité du C.P.A.S (M.R.S) et
à domicile à la C.S.D, m'ont permis de voir la
réalité du métier d'aide-soignant, en ce qui concerne les
soins, le contact humain, le savoir-être et le savoir-faire, les
rôles et tâches... Dans ses premiers stages, j'ai pu aussi associer
la théorie de l'école et essayer de la comprendre mieux sur le
terrain en voyant et en me posant des questions qui m'interpelaient à ce
moment-là.
Le début n'a pas été facile pour moi, de
voir l'intimité des résidents ou des bénéficiaires,
que ça soit la nudité, de leur pathologie et de la gravité
ou la situation dramatique. Mais j'ai su garder une certaine réserve
tout en discutant avec le personnel soignant pour mon adaptation.
J'ai pu découvrir aussi les rapports chaleureux entre
l'équipe du personnel soignant et les bénéficiaires et du
courage des résidents par rapport à leur état de
santé. Cela m'a permis de relativiser...
B. Ce qui m'a surpris :
En M.R.S et à la C.S.D, c'est l'échange des
informations au niveau des résidents et des bénéficiaires,
tout est fait avec un grand professionnalisme. Les rapports humains, le
partage, et le dialogue sont nombreux. Mais j'ai pu voir aussi qu'il y avait
des zones d'ombre dans certaines conditions, d'après la théorie
malheureusement. En ce qui concerne, « le temps de la toilette trop
rapide, l'organisation des tâches des fois pas bien établie, qui
fait quoi ! La charge du travail à faire par manque de personnel, les
réactions vives du personnel soignant, le stress, les conditions de vie
des bénéficiaires, malheureux et pauvres ».
Ce qui m'a surpris aussi, c'est la maladie Korsakoff de
certains résidents « due à la prise d'alcool excessive
dans le passé », c'est également triste à voir.
Elles sont alitées, ne pouvant plus parler et elles sont nourries par
sonde gastrique.
C. Ce que j'ai particulièrement
apprécié :
C'est de voir la joie dans certaines circonstances, le retour
positif aux soins des résidents et bénéficiaires et les
rapports humains. Ainsi que participer aux animations, ou de me rendre utile,
de recevoir des réponses à mes questions, de voir qu'il y a des
fois des solutions à tout problème...
D. Ce qui m'a déçu :
En M.R.S, que l'accueil du premier jour ne m'ait pas
été réservé, « tout du moins pas autant que ce
que je pensais avoir » sûrement par manque de temps malheureusement.
J'ai dû suivre le personnel soignant aux soins et aux tâches, j'ai
dû très vite m'adapter en tant que stagiaire en stage
d'observation.
À la C.S.D, j'ai pu voir qu'il y avait souvent des
discordes avec l'équipe du personnel soignant, les transmissions et la
coordination ne se passaient pas comme ça devrait aller. « Cela m'a
aussi montré le stress du travail dans ce secteur en ce qui concerne
cette problématique »...
E. Ce que j'ai eu du mal à gérer :
Mon stress était trop en avant, j'avais du mal à
trouver ma place, et de gérer aussi mon temps de travail, de garder mon
sang-froid face aux conditions de vie des bénéficiaires et aux
« discordes de l'équipe ». Cela ne m'a pas été
facile aussi de prendre un recul, ou de relativiser...
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? Stage d'insertion
F. Ce que j'ai découvert :
Les deux stages en M.R.S et à la C.S.D m'ont permis
d'être plus sûr de moi, étant donné que j'avais
déjà fait mes premiers stages dans les mêmes institutions.
J'avais eu moins d'appréhension par rapport à la technique des
soins avec plus de progrès. J'ai ainsi pu mettre plus en pratique la
technique des toilettes, des changes de protections et de la réfection
des lits par rapport à la théorie de l'école. Une
meilleure prise en charge et une confiance partagée avec les
résidents et bénéficiaires. J'ai pu aussi gagner plus
d'autonomie dans mon travail, tout en vérifiant avec le personnel
soignant si mon travail était bien fait.
G. Ce qui m'a surpris :
C'est à domicile, « les conditions pour la
toilette pas toujours faciles chez certains bénéficiaires »,
je devais faire chauffer l'eau, je devais aussi faire la toilette intime avec
la même eau des pieds. Je me suis demandé comment ces personnes
pouvaient accepter cela, c'est peut-être par souci d'économie...
C'est de voir que certains résidents où
bénéficiaires lucides ne m'avaient pas oublié, et me
faisaient part de leurs observations par rapport à mes capacités
et ma pratique de soins générale, et se souvenaient des
échanges verbaux positifs...
H. Ce que j'ai particulièrement
apprécié :
La confiance donnée par le personnel soignant en M.R.S
et à la C.S.D, lors des soins et des transmissions à donner.
Le bienfait que je pouvais apporter aux résidents et
aux bénéficiaires avec comme résultat des retours
positif.
C'est l'aide spontanée du personnel soignant, que ce
soit du M.R.S ou de la C.S.D quand j'en avais besoin lors de mes soins et de
mes tâches à effectuer.
I. Ce qui m'a déçu :
Au M.R.S et à la C.S.D, « le manque de
communication et de tact envers le stagiaire », que ce soit lors des
explications ou des remarques éventuelles. Les réactions vives de
certains personnels soignants devant le bénéficiaire ou le
résident pendant les soins, l'incompréhension...
J. Ce que j'ai eu du mal à gérer :
Mon calme intérieur, face à un imprévu
et/ou aux remarques pas toujours appropriés, ma timidité ou
encore un peu de manque d'assurance envers moi-même pour ce qui est de
l'exécution des tâches à accomplir dans le temps.
? Stage d'intégration
K. Ce que j'ai découvert :
Les deux derniers stages au M.R.S et à la C.S.D, m'ont
permis de revoir les résidents et les bénéficiaires. Cela
m'a aussi permis d'encore mieux faire mon travail lors des soins habituels ou
nouveaux.
J'ai vu que j'avais bien progressé, j'ai pu me rendre
compte que je savais gérer mon stress et ma timidité. Et qu'enfin
je pouvais aussi m'intégrer plus facilement et trouver ma place en
étant plus à l'aise. J'ai également su gérer les
imprévus, encadrer des nouveaux stagiaires d'une autre école,
participer aux conversations de l'équipe pluridisciplinaire sur les
résidents ou bénéficiaires et/ou donner aussi mon avis.
Tout en respectant ma place de stagiaire et en respectant le secret
professionnel qui est important dans le métier. Dès mon
entrée au service au M.R.S, on m'a confié des résidents,
j'ai su être autonome tout en travaillant en coordination avec
l'équipe du personnel soignant. Cela ne m'a plus posé de
problèmes en ce qui concerne le doute « manque de pratique »,
le manque de confiance en moi, et des soins à donner aux
résidents « s'ils sont justes ou pas ». Je pense avoir acquis
toute la pratique des stages et des expériences qui me seront
profitables sûrement dans le futur.
J'ai vu que la confiance du personnel soignant,
bénéficiaire et des résidents était encore bien
présente. Ça m'a permis aussi de me sentir bien dans mes derniers
stages.
J'ai su avoir de l'automatisme lors de la pratique et mieux
comprendre le métier dans son intégralité...
L. Ce qui m'a surpris :
C'est ma capacité à coordonner seul et en
équipe mon travail et à faire face à la
réalité du métier. De pouvoir aussi respecter mes
engagements et mes responsabilités de stagiaire en fin d'année de
formation.
Ce qui m'a surpris aussi, c'est que très vite
après une semaine de stage, le personnel soignant me laissait seul avec
des nouveaux stagiaires pour les tâches et soins et que même un
professeur m'avait demandé d'accueillir son stagiaire de première
année et de voir si tout était OK avec lui. Sur le coup, je n'ai
pas bien compris sa demande et étant moi-même stagiaire, je me
suis dit, est-ce que ce rôle-là m'était bien permis ! Mais
après réflexion et vu que je ne savais pas quoi répondre,
j'ai accepté et j'ai donc fait l'accueil, montré le service,
montré la pratique, suivre le déroulement et faire part de mon
ressenti par-là suite, sans jugement... Pour moi cela était
nouveau et j'ai pu comprendre pourquoi et me rendre compte que ce n'est pas
facile de coordonner, expliquer, suivre... Et j'ai su au final me surpasser
dans le bon sens du terme, je me suis dit voilà ! Tu es peut-être
prêt maintenant.
M. Ce que j'ai particulièrement
apprécié :
C'est de pouvoir faire un acte infirmier, j'ai pu donner le
médicament dans la tubulure29 qui est reliée à
la sonde gastrique d'un résident. Sous la surveillance et en ayant
reçu toutes les explications nécessaires pour que la pratique se
passe bien. L'infirmier m'avait expliqué que dans le futur, je serai
seul pour ces actes et qu'il y aurait des changements sur la
délégation de l'infirmier à l'aide-soignant. Cela m'a
permis aussi de me valoriser et de voir que je suis capable de « franchir
un palier » tout en étant conscient que je dois encore avoir tous
les cours nécessaires, afin d'acquérir des nouvelles
compétences pour le futur...
Ce sont les rapports humains, échanges verbaux
multiples et riches avec la personne choisie ou des
résidents/bénéficiaires. De participer aux tâches et
aux soins journaliers avec un savoir-faire pour soulager aussi le personnel
soignant. Parce que « plus on est nombreux au mieux c'est », je
pense.
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29 Voir page lexique tubulure et sonde gastrique.
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Ce qui m'a déçu :
C'est que mon aide pouvait aussi être mal perçu,
j'ai répondu à un appel de sonnette du résident. La
résidente voulait aller faire ses besoins en éliminations au
matin et donc j'ai voulu la mettre sur la panne sachant que madame X ne pouvait
pas se déplacer seule et était alitée. Mais à ce
moment-là, elle était assise sur son fauteuil de chambre, et j'ai
demandé à la stagiaire de dernière année de venir
m'aider pour la poser dans son lit avec la Sara en forme de hamac, pour que je
puisse mettre la panne. « Le personnel soignant était en pause du
matin et j'étais seul avec les stagiaires dans le couloir et dans les
chambres, mais en cas de besoin je pouvais aller demander de l'aide ».
Le déroulement de la manipulation et le
déplacement s'est bien terminé, nous l'avons remise dans son
fauteuil en prenant soin qu'elle soit bien assise et en toute
sécurité. Et selon moi, j'avais eu toute la théorie et la
pratique en ce qui concerne la manutention et la sécurité, je me
suis dit que je devais accepter sa demande, et j'étais sûr de
moi...
Seulement, croyant bien faire et vu que j'ai su me
débrouiller sans difficulté, j'ai dit à
l'infirmière du service que madame X était mise sur la panne,
pour la transmission. L'infirmière m'a dit sur un ton
désagréable « avec qui tu étais ? », je lui ai
répondu « avec la stagiaire de dernière année »,
et elle a ajouté « en plus ! C'est une faute ! Tu n'as pas le droit
de faire cela seul ! » Sur le coup, je n'ai pas bien compris sa
réaction. Et je lui ai dit qu'il n'y avait aucune transmission
écrite et orale qui stipule que les stagiaires ne peuvent pas manipuler
madame X. L'infirmière me répond « si, on l'a dit
l'année passée ! »
Ce qui m'a déçu, c'est le manque d'explication
et de tact, comme une autre fois une infirmière m'a dit sur un ton
également désagréable, pendant que je passais devant
l'accueil avec un résident au matin. « Dis Cédric, tu n'as
pas noté sur l'agenda tes personnes, tu dois le noter ! » Sur le
coup, j'ai été surpris et je ne m'attendais pas à sa
réaction. Je n'ai rien dit ne sachant pas quoi répondre sur le
moment et de plus, j'accompagnais le résident, donc j'ai
évité les tensions.
- Pour moi, le stagiaire doit pouvoir se remettre en question
et accepter les remarques, qui peuvent être constructives, mais aussi
déstabilisantes quand la ou les remarque ne sont pas bien
formulées ou données. Et de ne pas pouvoir montrer son non
verbal, cela peut être « interprété d'une autre
manière malheureusement ». J'ai su relativiser, et j'ai su en
parler avec mon professeur de pratique qui était présent ce
jour-là, cela m'a permis aussi de comprendre et de me renforcer pour la
suite...
O. Ce que j'ai eu du mal à gérer
C'est mon non verbal qui pouvait être
interprété différemment, pour moi le non verbal peut
exprimer et montrer plusieurs émotions du ressenti positif ou
négatif, de la frustration, et de la fatigue, des craintes, ou de
l'étonnement...
C'est de dire au revoir et merci à Joséphine*,
j'ai vu Joséphine avec des larmes aux yeux, cela ne m'a pas
été facile. Mais j'ai su me préparer et expliquer avec
tact à Joséphine, pourquoi je ne pouvais pas accepter sa demande
d'amitié et promettre quoi que ce soit, et que nous devons rester
à notre place. Mais que je n'oublierai pas aussi notre rencontre et nos
rapports humains et sa participation.
* Je pense qu'une personne ne peut totalement gérer la
situation, mais s'il y a de la préparation, cela peut être plus
facile sans pour autant oublier...
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