I.5.2. Les dangers potentiels :
1. Eutrophisation:
Sous l'action des microorganismes, les colorants
libèrent des nitrates et des phosphates dans le milieu naturel. Ces ions
minéraux introduits en quantité trop importante peuvent devenir
toxiques pour la vie piscicole et altérer la production d'eau potable.
Leur consommation par les plantes aquatiques accélère leur
prolifération anarchique et conduit à l'appauvrissement en
oxygène par inhibition de la photosynthèse dans les strates les
plus profondes des cours d'eau et des eaux stagnantes (Hawkins, 1989).
2. Sous-oxygénation :
Lorsque des charges importantes de matière organique
sont apportées au milieu via des rejets ponctuels, les processus
naturels de régulation ne peuvent plus compenser la consommation
bactérienne d'oxygène. Manahan (Manahan, 1994) estime que la
dégradation de 7 à 8 mg de matière organique par des
micro-organismes suffit pour consommer l'oxygène contenu dans un litre
d'eau.
3. Couleur, turbidité, odeur:
L'accumulation des matières organiques dans les cours
d'eau induit l'apparition de mauvais goûts, prolifération
bactérienne, odeurs pestilentielles et colorations anormales (Willmott
et al.,1998). Willmott et al., ont
évalué qu'une coloration pouvait être perçue par
l'oeil humain à partir de 5×10-6 g/L. En dehors de
l'aspect inesthétique, les agents colorants ont la capacité
d'interférer avec la transmission de la lumière dans l'eau,
bloquant ainsi la photosynthèse des plantes aquatiques.
I.5.3. Les dangers à long terme :
1. La persistance:
Les colorants organiques synthétiques sont des
composés impossibles à épurer par dégradations
biologiques naturelles (Colour Index,1975).Cette persistance est en
étroite relation avec leur réactivité chimique:
? La persistance des aromatiques augmente avec le nombre de
substituant.
? Les substituants halogènes augmentent plus la
persistance des colorants que les groupements alkyles.
2. Bio-accumulation:
Si un organisme ne dispose pas de mécanismes
spécifiques, soit pour empêcher la résorption d'une
substance, soit pour l'éliminer une fois qu'elle est absorbée,
cette substance s'accumule. Les espèces qui se trouvent à
l'extrémité supérieure de la chaîne alimentaire, y
compris l'homme, se retrouvent exposées à des teneurs en
substances toxiques pouvant être jusqu'à mille fois plus
élevées que les concentrations initiales dans l'eau.
3. Maladie :
Si la plupart des colorants ne sont pas toxiques directement,
une portion significative de leurs métabolites l'est
(Ganesh,1992). Leurs effets mutagènes,
tératogène ou cancérigène apparaissent après
dégradation de la molécule initiale en sous-produits d'oxydation
: amine cancérigène pour les azoïques (Brown, 1993).
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