5.2 DISCUSSION
Le pH et la température moyenne enregistrés
varient respectivement de 6,3 #177; 0,3 à 6,4 #177; 0,0 et 25,2 #177;
0,3°C à 25,9 #177; 0,8°C. Ces valeurs ne différent pas
significativement d'un traitement à un autre et sont dans les limites
tolérables pour Oreochromis niloticus (Tableau I page
8).
Le taux d'oxygène dissous pour le traitement (3a)
(5,4 #177; 0,0 mg /l) est dans la limite acceptable pour les
Oreochromis niloticus. Par contre les valeurs enregistrées
pour les traitements (3a×fp) (3,7 #177;
1,1mg /l) et (fp) (3,1 #177; 0,1mg/l) sont inférieures aux valeurs
optimums rapportées par des travaux antérieurs (Balarin et
Hatton, 1979). Selon ces auteurs la valeur optimale requise en oxygène
dissous dans les étangs est de 5 mg/l.
Au regard des valeurs obtenues, il ressort que la dose de
fertilisant organique utilisée ne semble pas avoir d'effet
négatif sur la température et le pH. Cependant, le faible taux
d'oxygène dissous enregistré dans les traitements (fp) et
(3a×fp) serait dû à l'épandage du fertilisant
organique. En effet, le fertilisant organique est composé
essentiellement de litière et de fiente de poulet. Son épandage
pourrait augmenter la turbidité des plans d'eau et réduire la
pénétration de la lumière dans les étangs. Cette
réduction de la lumière peut occasionner une diminution de
l'activité photosynthétique et par ricochet une diminution
l'oxygène dissous.
Aussi, selon Lazard (1984), La concentration en oxygène
dissous résulte d'un équilibre entre l'activité
phytoplanctonique autotrophe (principale source d'oxygène) et
l'activité bactérienne hétérotrophe (principale
consommatrice d'oxygène). La minéralisation du fertilisant
organique provoque une grande activité hétérotrophe,
consommatrice d'oxygène susceptible de provoquer une diminution de
l'oxygène dissous dans les étangs de fertilisation organique.
Quant au taux de survie, il ressort que nous n'avons pas
enregistré de variation significative entre les différents
traitements. La mortalité enregistrée ne semble pas être
liée à l'épandage du fertilisant organique. En effet, la
mortalité était enregistrée quelques jours après
les manipulations ou à la suite des obstructions des canaux
d'alimentation en eau. Les mortalités seraient donc dues au stress des
manipulations et à la mauvaise alimentation en eau des
étangs. Aussi l'écart de poids entre les alevins (#177; 5,3
d'ecart type) dû à la disponibilité des alevins sur la
station peut favoriser le cannibalisme dans les étangs et expliquer les
mortalités enregistrées
L'analyse statistique montre que les performances de
croissance du traitement (3a×fp) et (fp) sont au-dessus de celles
du traitement à base de l'aliment industriel 3A. La densités
zooplanctonique du traitement (fp) est significativement plus
élevées que celle des traitements (3a) et (3a×fp). Les
performances de croissance enregistrées au niveau du traitement (fp) et
(3a×fp) semblent être liées à l'abondance de
zooplanctons dans le milieu due à l'action du fertilisant organique. En
effet, la décomposition du fertilisant organique favorise une
prolifération des zooplanctons qui semblent être
appréciés par les alevins Oreochromis niloticus. Cette
hypothèse a été démontré par
Tudorancea et al. (1988), qui en se basant sur des
résultats obtenus dans le lac Awassa (Ethiopie), affirment que les
alevins Oreochromis niloticus sont omnivores et se nourrissent
essentiellement de zooplanctons et de phytoplanctons.
Dans l'approche économique, il est question
d'établir la comparaison des résultats économiques des
différents traitements afin d'identifier le traitement le plus rentable.
Le bilan des élevages consiste traditionnellement à dresser un
compte d'exploitation où figurent le total des charges et le produit
d'exploitation. Pour ce qui est de notre étude, comme il s'agit d'un
essai de production, nous avons omis volontairement les autres charges
inhérentes à l'exploitation, pour ne confronter que les charges
directes aux traitements à la valeur de la production induite.
En admettant que le prix de l'alimentation est le facteur le
plus important dans les frais généraux, la démarche aborde
une approche prévisionnelle sur la marge bénéficiaire par
fingerling que peut générer l'utilisation de chaque traitement.
En confrontant le coût de l'alimentation à la
valeur de la production, on obtient une marge bénéficiaire par
fingerling plus élevée pour le traitement composé
essentiellement de fertilisant organique que les deux autres traitements.
Quoique sommaire, ce calcul montre l'intérêt
économique à utiliser le fertilisant organique à base de
fiente de poulet pour le prégrossissement de orechromis
niloticus.
De façon générale, la fertilisation
organique des étangs piscicoles à l'aide de fiente de poulet
semble être un bon moyen pour aider le pisciculteur au revenu modeste.
Cependant, ce fertilisant présente des contraintes liées dans un
premier temps à la réduction du taux d'oxygène dissous.
Effet, l'épandage du fertilisant organique à base de fiente de
poulet réduit le taux d'oxygène dissous qui peut occasionner un
taux élevé de mortalité si les doses à
épandre et le temps d'épandage ne sont pas respectés.
Aussi, devons-nous reconnaître que l'épandage du fertilisant
organique à base de fientes de poulet nécessite beaucoup d'effort
chez le pisciculteur (1404 Kg de fientes à épandre pour un
étang de 3 ares pour le cycle de prégrossissement). Cela
s'avère difficile pour lui si l'on se réfère à la
place de la pisciculture dans le système de production en Côte
d'Ivoire. En Effet, dans un environnement dominé par l'économie
de plantation et les cultures d'exportation (café, cacao,
hévéa), la production piscicole est considérée
comme une activité secondaire. Il est donc difficile pour le
pisciculteur d'assurer correctement cette activité secondaire si elle
nécessite beaucoup d'effort.
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