Burkina Faso
******
Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la
Recherche Scientifique et de l'Innovation
Unité-Progrès-Justice
******************
Université Catholique de l'Afrique de
l'Ouest (UCAO)
Unité Universitaire à Bobo-Dioulasso
(UUB)
MEMOIRE
En vue de l'obtention du diplôme de Master en
Macroéconomie et Gestion du Développement (MGD)
Option : Recherche
« DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DE LA CAPITALISATION
ANIMALE COMME FILET SOCIAL INFORMEL PRIVE AU BURKINA FASO »
Présenté par :
SAVADOGO Arnaud Wendpouiré
Sous la direction de :
Pr. Taladidia THIOMBIANO
Enseignant chercheur à la retraite
Et la codirection de :
Dr. Gountiéni Damien LANKOANDE
Enseignant chercheur à l'UFR-SEG/ Université
de Koudougou
Et de :
Dr. Noël THIOMBIANO
Enseignant chercheur à l'UFR-SEG/ Université
Ouaga 2
Décembre 2015
DEDICACE
A Tantie Ernestine et à Tonton Laurent,
décédés en 2014.
i
ii
REMERCIEMENTS
Nos remerciements vont d'abord à notre directeur de
mémoire, le Professeur Taladidia THIOMBIANO pour avoir
accepté de diriger le présent travail, et pour ses orientations
et précieux conseils. Aux Docteurs Gountiéni D. LANKOANDE
et Noël THIOMBIANO pour avoir accepté de
suivre également ce travail et pour leurs suggestions.
Ensuite, nos remerciements s'adressent aux corps professoral
et administratif de l'UFR/SEG de l'UCAO/UUB pour les solides connaissances et
les valeurs humaines acquises.
Nous tenons à remercier, tous les chercheurs du
Laboratoire d'Economie de l'Environnement et de Socioéconométrie
(LEESE) pour leurs conseils avisés et leurs remarques pertinentes lors
de notre passage dans leur structure.
Nous adressons également nos remerciements à nos
parents pour les soutiens multiformes reçus. Nous n'oublions pas notre
famille de Bobo-Dioulasso, qui nous a accompagnés tout au long de notre
cursus académique.
Enfin, nous remercions tous les proches, ami(e)s et
connaissances qui, de près ou de loin, par leurs conseils et
encouragements, nous ont transmis la force de poursuivre le travail pendant les
périodes de latence.
SIGLES ET ABREVIATIONS
ABF
ACORD
ADELE
ADESOC
AGR
AISS
AN
ANAR
APIL
APRG
AVLP
CARFO
CMED
CNSS
CUSO
DGPS
DSONG
FAO
FAED
FNGN
FONAENF
GPDF
GTZ
HIT
IDA
IFAD
ILRI
LID
LPDRD
MEDD
MRA
MTSS
NEI
ONG
ONU
OST
OXFAM UK
PAM
PDA
PED
PIB
PNUD
PTF
QUIBB
SCADD
SG
SMIG
SP/CNLS-IST
iii
: Association Base Fandima
: Agence de Coopération et de Recherche pour le
Développement
: programme d'Appui au Développement Local de l'Est du
Burkina Faso
: Association pour le Développement Social et
Culturel
: Activités Génératrices de Revenus
: Association internationale de la Sécurité
Sociale
: Assemblée Nationale
: Association Nationale d'Action Rurale
: Association pour la Promotion des Initiatives Locales
: Association d'appui et de Promotion Rurale du Goulmou
: Association Vive Le Paysan
: Caisse Autonome de Retraite des Fonctionnaires
: Commission Mondiale sur l'Environnement et le
Développement
: Caisse Nationale de Sécurité Sociale
: Service Universitaire Canadien Outre-mer
: Direction Générale de la Protection Sociale
: Direction du Suivi des Organisations Non Gouvernementales
: Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture
: Fonds d'Appui à l'Etat de Droit
: Fédération Nationale des Groupements Naam
: Fonds pour l'Alphabétisation et l'Education Non
Formelle
: Groupement Potal Djama Féminin
: Agence Allemande de Coopération Technique
: Heifer-In-Trust
: Agence Internationale de Développement
: Fonds International pour le Développement de
l'Agriculture
: Institut International de Recherche sur l'Elevage
: L'Elevage Dans le Développement
: Lettre de Politique de Développement Rural
Décentralisé
: Ministère de l'Environnement et du
Développement Durable
: Ministère des Ressources Animales
: Ministère du Travail et de la Sécurité
Sociale
: Nouvelle Economie Institutionnelle
: Organisation Non Gouvernementale
: Organisation des Nations Unies
: Office de Santé des Travailleurs
: Comité d'Oxford pour la lutte contre la famine
Royaume Uni
: Programme Alimentaire Mondial
: Programme pour le Développement Agricole
: Pays En Développement
: Produit Intérieur Brut
: Programme des Nations Unies pour le Développement
: Partenaires Techniques et Financiers
: Questionnaire Unifié des Indicateurs de Base du
Bien-être
: Stratégie de Croissance
Accélérée et de Développement Durable
: Secrétariat Général
: Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti
: Secrétariat Permanent du Comité National de
Lutte contre le SIDA et les Infections
Sexuellement transmissibles
SPF-I SPONG TOD UEMOA UICN USAID VIH/SIDA
iv
: Initiative pour un Socle de Protection Sociale
: Secrétariat Permanent des Organisations Non
Gouvernementales
: Textes d'Orientation de la Décentralisation
: Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
: Union Internationale pour la Conservation de la Nature
: Agence Américaine pour le Développement
International
: Virus d'Immunodéficience Humaine/Syndrome
d'Immunodéficience Acquise
V
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES LISTE DES
TABLEAUX
Tableau 1 : Répartition des
bénéficiaires selon le projet HIT 31
Tableau 2 : Caractéristiques
socioéconomiques des bénéficiaires 32
Tableau 3 : Répartition du cheptel selon
le genre des bénéficiaires (en pourcentage) 33
Tableau 4 : Répartition du cheptel selon
le niveau d'éducation des bénéficiaires (en pourcentage)
34
Tableau 5 : Répartition du cheptel selon
l'activité principale des bénéficiaires (en pourcentage)
35
Tableau 6 : Répartition du cheptel
transféré en fonction de l'espèce 36
Tableau 7 : Présentation et
définition des variables explicatives 41
Tableau 8 : Résultats du modèle 1
43
Tableau 9 : Résultats du modèle 2
43
Tableau 10 : Table de prédiction (en
pourcentage) 45
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Croissance du cheptel en fonction
du projet HIT (en pourcentage) 31
Graphique 2 : Croissance du cheptel en fonction
du genre des bénéficiaires (en pourcentage) 33
Graphique 3 : Croissance du cheptel en fonction
du niveau d'éducation des bénéficiaires (en
pourcentage) 34
Graphique 4 : Croissance du cheptel en fonction
de l'activité principale des bénéficiaires (en
pourcentage) 35
Graphique 5 : Croissance du cheptel selon la
tranche d'âge des bénéficiaires (en pourcentage) 36
Graphique 6 : Evolution d'ensemble du cheptel
(en pourcentage) 37
Graphique 7 : Croissance du cheptel en fonction
de l'espèce (en pourcentage) 38
vi
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS ii
SIGLES ET ABREVIATIONS iii
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES v
TABLE DES MATIERES vi
RESUME viii
ABSTRACT viii
INTRODUCTION 1
Chapitre I : Contours théoriques de la performance de la
capitalisation animale 7
1.1. Théorie de la comparaison sociale 7
1.2. Nouvelles théories de la croissance 8
1.2.1. Le capital humain 9
1.2.2. Le capital institutionnel 10
1.2.3. Le capital social 12
1.2.4. Le capital naturel 14
Chapitre II : La capitalisation animale comme filet social
informel privé au Burkina Faso 17
2.1. Problème d'application des textes juridiques sur la
protection sociale 17
2.2. Limites des filets sociaux publics au Burkina Faso et
nécessité de considérer l'élevage et
les valeurs de solidarité 18
2.3. De la portée macroéconomique et
microéconomique de l'élevage 19
2.4. Rôle de la capitalisation animale dans la lutte contre
la pauvreté 23
2.5. Cadre institutionnel de la capitalisation animale au Burkina
Faso 24
2.5.1. Projets HIT concentrés sur les femmes 24
2.5.2. Projets HIT sans concentration spécifique 26
Chapitre III : Méthodologie de recherche et Etude de cas
sur la capitalisation animale au
Burkina Faso 29
3.1. Méthodologie 29
3.1.1. Revue documentaire 29
3.1.2. Les données collectées 29
3.1.3. Traitement et analyse des données 29
3.2. Etude de cas 30
3.2.1. Statistiques liées aux projets HIT 31
3.2.2. Statistiques liées aux bénéficiaires
32
3.2.3. Statistiques liées au bétail
transféré 36
Chapitre IV : Appréciation des déterminants de la
performance de la capitalisation animale
comme filet social informel privé au Burkina Faso 39
4.1. Les variables de l'étude 39
4.1.1. La variable dépendante 39
vii
4.1.2. Les variables explicatives 40
4.2. Construction du modèle d'analyse 42
4.3. Résultats des estimations
économétriques 44
4.3.1. Test d'adéquation du modèle 44
4.3.2. Pouvoir prédictif du modèle 44
4.3.3. Gains total et relatif du modèle 45
4.3.4. Test de significativité individuelle des
coefficients 46
4.4. Interprétation économique des résultats
46
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 51
BIBLIOGRAPHIE 54
ANNEXES X
viii
RESUME
L'objectif de cette étude est d'identifier les
principaux déterminants de la performance de la capitalisation animale
comme filet social de sécurité informel privé au Burkina
Faso. En d'autres termes, il s'agit de déterminer les facteurs
influençant la croissance du bétail transféré par
les projets de type Heifer-In-Trust (HIT) dans le pays. Les données
utilisées proviennent de l'enquête de LANKOANDE et SUMBERG
menée en 2011 et de l'annuaire 2010 du Ministère de
l'Environnement et du Développement Durable (MEDD). La question de
recherche est la suivante : qu'est-ce qui détermine la croissance
positive du bétail, une fois celui-ci transféré par les
projets HIT aux populations cibles ? Les analyses de détermination des
facteurs ont été faites avec le modèle Probit qui a permis
de répondre à la question de recherche.
Les résultats montrent que le capital humain des
bénéficiaires, en l'occurrence le niveau d'éducation et le
fait d'être une femme sont déterminants ; respectivement
positivement et négativement. Par ailleurs, le capital social, à
travers l'appartenance des bénéficiaires à une ethnie
à forte culture d'élevage, détermine positivement la
performance de la capitalisation animale.
Mots clés :
performance, capitalisation animale, filet social de sécurité
informel privé, HIT probit, capital humain, capital social.
ABSTRACT
The objective of this study is to find out what mainly
explain the livestock-in-kind credit performance in Burkina Faso. In others
words, it consists on determining the influencing factors of growth of
livestock transferred by Heifer-In-Trust (HIT) projects in the country. Data
bases are from the survey lead by LANKOANDE and SUMBERG in 2011, and from the
Environment and Sustainable Development Department (ESDD) 2010 data book. The
research question is: what determine livestock positive growth in the hands of
target populations? Analyses of factors determination have been made by probit
model which allowed us to answer research question.
Results show that human capital of beneficiaries,
particularly the education level and the fact to be a woman explain the success
of animal transfer interventions; respectively positively and negatively.
Social capital, through the belonging of beneficiaries to an ethnic group with
a high livestock experience, positively influences the HIT scheme
performance.
Key words:
performance, livestock-in-kind credit, informal and private social safety net,
HIT, probit, human capital, social capital.
1
INTRODUCTION
Le monde connait depuis 2007 une crise multidimensionnelle
(économique, financière, alimentaire et
énergétique) avec son lot de conséquences néfastes
sur les différentes économies et ce, indépendamment des
niveaux de développement des pays.
Dans un tel contexte, les personnes ayant accès
à la protection sociale ont été relativement moins
affectées par la crise et ont pu continuer de contribuer à
l'économie1. Cet état de fait a replacé la
protection sociale au centre des préoccupations à travers
l'adoption par le Conseil des chefs de secrétariats des organismes des
Nations Unies de « l'initiative pour un Socle de Protection Sociale »
(SPF-I) qui a essentiellement deux (02) composantes : les transferts sociaux en
direction des pauvres et vulnérables d'une part, et l'accès tant
géographique que financier aux services publics de base d'autre part.
La protection sociale est une série de mesures
destinées à assister les plus démunis et les plus
vulnérables dans la société et à aider les
individus, les ménages et les communautés à mieux
gérer les risques afin de réduire la vulnérabilité,
améliorer le lissage de la consommation, renforcer
l'équité tout en contribuant à un développement
économique de manière participative. Elle a quatre (04)
instruments : les filets sociaux de sécurité2,
l'assurance sociale (contributive)3, les services
sociaux4, la législation et règlementation
sociale5. Parmi ces instruments de protection sociale, l'emphase est
mise sur les filets sociaux de sécurité. En effet, la composante
« transferts sociaux » du SPF-I fait allusion à ces filets. Le
terme « filet social de sécurité » fait
référence à des programmes de transferts non contributifs
ciblant, d'une manière ou d'une autre les pauvres ou les personnes
vulnérables (GROSH et al., 2008). De plus, ils jouent un quadruple
rôle dans le processus de développement (GROSH et al., 2008) : (i)
un rôle de redistribution des revenus au bénéfice des plus
pauvres et des plus vulnérables, ce qui a des conséquences
positives immédiates sur la pauvreté et l'inégalité
; (ii) un rôle tampon permettant aux ménages de faire de meilleurs
investissements pour le futur (dans le capital humain de leurs enfants et dans
les moyens de subsistance) ; (iii) un rôle de gestion du risque social;
(iv) un rôle d'orientation des choix politiques de l'Etat au profit de la
croissance et de l'efficacité. En termes d'importance, dans la plupart
des pays en développement, les dépenses consacrées aux
filets
1 Organisation des Nations Unies (ONU), 2010 et Agence
Internationale de la Sécurité Sociale (AISS), 2010.
2 Appelés également filets sociaux ou
filets de sécurité.
3 Mécanisme de partage des risques à
travers des cotisations : retraite, assurance maladie, etc.
4 Eau potable, assainissement, soins de santé
et éducation.
5 Définition de WERENNE (2006) : ensemble
des dispositions relatives à l'organisation et aux règles du
travail, au bien-être des travailleurs et de leur famille.
2
sociaux ne représentent que 1 à 2% du Produit
Intérieur Brut (PIB) (GROSH et al., 2008). En Afrique de l'Ouest de 2009
à 2013 la part du PIB orientée vers les filets sociaux oscille
entre 0,9% pour le Bénin et 1,5% pour le Libéria (MONCHUK,
2014).
Il faut noter que sur le plan juridique, le droit à la
protection sociale pour tous (Article 22 de la Déclaration Universelle
des Droits de l'Homme) implique un système de protection universelle.
Pourtant dans le cas de la plupart de pays en développement et partant
du Burkina Faso, il y a un certain nombre de problèmes en termes de mise
en oeuvre. Le premier problème est celui de la contribution, quand on
sait que dans le cas d'espèce de l'Afrique, 90% des personnes ne sont
couvertes par aucune forme de protection sociale, car n'ayant pas les moyens
d'intégrer les systèmes contributifs. Au niveau national, le
diagnostic fait dans le cadre de la préparation de la nouvelle loi
N° 015-2006/AN du 11 mai 2006 portant régime de
sécurité sociale applicable aux travailleurs salariés et
assimilés au Burkina Faso, faisait ressortir un taux de couverture de
seulement 3% de la population. La situation n'a pas beaucoup
évolué de ce point de vue depuis l'adoption de cette loi (FAYE,
2010). Ensuite, cette protection universelle nécessite que l'Etat prenne
en charge les dépenses y inhérentes ; ce qui est hardi, au vu des
ressources financières très limitées de l'Etat. Enfin, le
problème qui se pose est celui de savoir sur quelle (s) base (s) faire
contribuer les travailleurs du secteur informel. Il existe certes l'assurance
volontaire6, dont la Caisse Nationale de Sécurité
Sociale (CNSS) fait la promotion, mais il n'en demeure pas moins qu'elle est
assortie de conditionnalités lourdes pour la majorité des acteurs
du secteur informel.
La protection sociale contributive (assurance sociale),
étant limitée au Burkina Faso, les filets sociaux7,
tels que définis par la Banque Mondiale pourraient constituer un moyen
de protection des populations ne bénéficiant pas des
systèmes contributifs. Lesdits filets sociaux suscitent un
intérêt certain de la part des différents
économistes et chercheurs de la Banque Mondiale. Un certain nombre de
recherches sur leur élaboration, leur mise en oeuvre et leur
suivi-évaluation sont alors menées. C'est dans cet ordre
d'idées qu'une étude a été réalisée
par la Banque Mondiale au Burkina Faso en 2009 sur les filets sociaux.
Cependant, après avoir fait un inventaire des programmes de filets
sociaux, cette étude montre que la portée et la couverture du
système de filets sociaux existant sont trop restreintes. En sus, elle
met l'accent sur l'échelle
6 Régime de sécurité sociale
donnant la possibilité aux travailleurs non-salariés de
s'affilier à la structure formelle en charge de la protection
sociale.
7 Programmes de transferts non contributifs
ciblant, d'une manière ou d'une autre les pauvres ou les personnes
vulnérables (Grosh et al. 2008).
3
plutôt petite et le caractère limité dans
le temps de ce type de programmes (Banque Mondiale, 2011). Cela dénote
de la difficulté de mettre en place un système de filets sociaux
adéquat, équitable, efficient et durable8.
Un regard sur la typologie des filets sociaux de
sécurité nous montre qu'il y a d'une part, les filets sociaux
formels et d'autre part, les filets sociaux informels. La différence
entre les filets sociaux formels et informels réside dans l'existence
d'un appui légal et formel de l'aide par l'Etat (REDDY cité par
PAITOONPONG S., ABE S., et PUOPONGSAKORN N., 2008). Plus
précisément, les filets de sécurité formels sont
ceux qui garantissent légalement que les individus accèdent
à l'appui économique ou social alors que les filets de
sécurité informels fournissent un appui aux individus pour les
aider à atteindre ou à rester au-dessus d'un « niveau de vie
minimum » indiqué, mais sans que cela ne tire son origine d'une
quelconque loi. Les filets sociaux de sécurité informels peuvent
être publics ou privés. Comme exemples de filets sociaux de
sécurité privés et informels, on peut citer les transferts
provenant de membres de la famille, d'amis, de voisins, de membres de la
communauté, et d'institutions volontaristes comme les Organisations Non
Gouvernementales (ONG) et les associations locales (REDDY cité par
PAITOONPONG S., ABE S., et PUOPONGSAKORN N., 2008).
Des études ont montré que les filets sociaux
privés informels étaient spécifiques à chaque pays
et sont donc empreints des caractéristiques socio-économiques des
Etats (RUBIO et SOLOAGA, 2003). En considérant ce postulat, il ressort
que les filets sociaux privés du Burkina Faso sont en relation d'une
part, avec les valeurs de solidarité (soutien dans l'adversité,
aide entre membres d'une communauté, etc.), et d'autre part, avec
l'agriculture et l'élevage vu que le pays est à vocation
agro-pastorale. Il faut souligner que le secteur agricole emploie entre 80 et
85% des actifs. Les résultats de l'enquête Questionnaire
Unifié des Indicateurs de Base du Bien-être (QUIBB)-2007 montrent
également que 82,4% (moyenne) des ménages ruraux pratiquent
l'élevage d'animaux de moyenne ou grande taille et que cette proportion
varie de 67% à 89% selon les régions.
Il est à relever que certains auteurs
considèrent le bétail comme moyen d'existence. En effet, il est
fréquemment reconnu le rôle important du bétail domestique,
allant de l'élevage de poules aux chameaux dans le revenu en milieu
rural africain (ALARY et al., 2011). En tant qu'actif, le bétail peut
être une source d'alimentation plus équilibrée et/ou de
revenu (à partir par exemple de la vente des différents produits
dérivés) et de croissance au niveau du capital (en passant par
8 Certaines des caractéristiques d'un bon filet
social.
4
une augmentation de poids et une reproduction accrue). De
plus, dans les domaines où les services bancaires et d'assurance sont
limités, l'importance du bétail en tant que forme
d'économie (banques mobiles) est souvent mise en relief. En outre,
pendant les périodes de sécheresse ou d'aléas climatiques
dans les zones arides, la vente de bétail sert comme mécanisme de
survie permettant une bonne consommation (FAFCHAMPS et al., 1998).
Par conséquent, il y a au Burkina Faso des associations
volontaristes ayant comme activité le transfert (non contributif) de
bétail aux personnes pauvres et vulnérables. Ce type d'appui est
appelé Heifer-In-Trust (HIT) en anglais, que nous traduirons par le
concept « capitalisation animale »9. Ainsi, la
capitalisation animale peut être considérée en premier lieu
comme un filet social. En effet, elle vise la protection (garantie d'un seuil
minimum) et la promotion sociale (amélioration du revenu et des
capacités), tout en s'intégrant dans une logique de
transformation (renforcement du statut social et des droits des exclus et des
marginalisés). En second lieu, c'est un filet social informel puisque ne
tirant son origine d'aucune loi, et privé en ce sens qu'elle
n'émane pas de l'Etat.
Il faut mentionner que très peu d'auteurs ont
publié des résultats de travaux sur la relation existant entre
capitalisation animale et filets sociaux informels privés dans le cadre
du Burkina Faso. Les auteurs s'étant intéressés à
ce sujet sont LANKOANDE et SUMBERG (2013, 2014). Les deux (02) chercheurs ont
basé leur réflexion sur les projets HIT en tant que vecteurs de
protection sociale. Leur recherche avait pour objectifs de déterminer le
sens d'évolution du bétail des bénéficiaires
d'intervention HIT dans le temps ; et de trouver les facteurs potentiels de
cette évolution. A travers une analyse, les auteurs montrent qu'au sein
de l'échantillon considéré, il y a une certaine
égalité entre la décroissance (37,4%), la croissance
stable (27,1%) et la croissance positive (35,5%). Ils ont mené une
analyse descriptive statistique. Il serait alors intéressant de
compléter l'analyse statistique par une modélisation
économétrique du phénomène de « croissance
positive » du bétail transféré dans le cadre de la
capitalisation animale au Burkina Faso.
Dans ce contexte, la question de recherche est la suivante :
Quels sont les facteurs explicatifs de la performance de la capitalisation
animale en tant que filet social de sécurité privé
informel ? En d'autres termes, qu'est-ce qui détermine la croissance
positive du bétail, une fois celui-ci transféré par les
projets HIT aux populations cibles ?
9 Constitution d'un capital de départ sous
forme d'animaux au profit d'un ménage pauvre en vue de
l'amélioration de ses conditions de vie de manière durable.
5
Il s'agit donc de renseigner les pouvoirs publics sur les cas
de réussite engendrés par l'action des projets HIT, et de
contribuer à l'avancée de la recherche en sciences
économiques, et plus précisément dans ce domaine. C'est
dans ce cadre que s'inscrit la présente étude sur les «
Déterminants de la performance de la capitalisation animale comme filet
social informel privé au Burkina Faso ».
La plupart des études menées dans le domaine des
filets sociaux ne considèrent que les caractéristiques
liées aux différents programmes et projets y intervenant, sans
tenir compte des caractéristiques des bénéficiaires ainsi
que de leur milieu de vie. De plus, ces études, se sont basées
sur des données macroéconomiques, sans vraiment se pencher sur ce
qui se passe au niveau microéconomique.
Des problèmes spécifiques ci-dessus
mentionnés, découlent quatre (04) questions spécifiques
:
y' Quels sont les déterminants de la performance de la
capitalisation animale ayant pour source les bénéficiaires ?
y' Quels sont les facteurs explicatifs de la performance de la
capitalisation animale émanant des projets Heifer-in-trust ?
y' Qu'est-ce qui explique la performance de la capitalisation
animale du point de vue des zones d'interventions ?
y' Quels sont les déterminants de la performance de la
capitalisation animale ayant pour source le milieu social dans lequel vivent
les bénéficiaires ?
Pour répondre à toutes ces questions, l'objectif
général de cette étude est d'identifier les principaux
déterminants de la performance de la capitalisation animale via les
projets HIT au Burkina Faso.
Pour atteindre cet objectif, l'étude se fixe les objectifs
spécifiques suivants :
y' identifier les déterminants de la performance de la
capitalisation animale en relation avec les caractéristiques des
bénéficiaires au Burkina Faso ;
y' déterminer les facteurs explicatifs de la
performance de la capitalisation animale émanant des projets HIT au
Burkina Faso ;
6
y' identifier les déterminants de la performance de la
capitalisation animale liés aux régions d'intervention ;
y' déterminer les facteurs explicatifs de la
performance de la capitalisation animale en relation avec les
caractéristiques du milieu social des bénéficiaires.
Afin d'atteindre les objectifs fixés, les
hypothèses suivantes sont formulées :
Hypothèse 1 : Le capital humain des
bénéficiaires influence positivement la performance des
interventions de capitalisation animale.
Hypothèse 2 : Le capital institutionnel des
projets HIT contribue à la croissance positive des troupeaux des
bénéficiaires.
Hypothèse 3 : Le capital social
constitué par les relations sociales des bénéficiaires
contribue à l'accroissement du bétail reçu.
Hypothèse 4 : Le capital naturel des
régions d'intervention agit positivement sur la performance de la
capitalisation animale comme filet social de sécurité
privé informel.
La suite de l'étude s'organise comme suit : le chapitre
1 présente le cadre théorique sur lequel reposent les analyses ;
le chapitre 2 expose la situation de la capitalisation animale comme filet
social informel privé au Burkina Faso ; le chapitre 3 renseigne sur
l'approche méthodologique, et présente une étude de cas
sur les interventions HIT au Burkina Faso ; le chapitre 4 fait l'analyse
empirique en présentant les résultats d'estimation des facteurs
de la performance de la capitalisation animale. En conclusion, quelques
recommandations sont proposées.
7
Chapitre I : Contours théoriques de la
performance de la capitalisation animale
Sur la base de la littérature traitant de
l'évolution du capital constitué par le bétail, le constat
suivant a été fait : il semble ne pas y avoir de théorie
toute construite. En effet, le défi était de trouver une
théorie transversale rendant compte à la fois des aspects
institutionnels des projets HIT, des caractéristiques des
éleveurs, et de l'environnement social et naturel. Dans cette optique,
il ressort clairement que, par exemple, la théorie
microéconomique du producteur ou la théorie institutionnelle sont
restrictives.
Dans ce contexte, il a été choisi la
théorie de la comparaison sociale comme point de départ du
fondement théorique de notre recherche. Cette théorie a pour
objectif de justifier l'appel à d'autres théories pour expliquer
la croissance positive du bétail ou encore la performance de la
capitalisation animale.
1.1. Théorie de la comparaison sociale
Cette théorie a été énoncée
en 1954 par Léon FESTINGER, psychosociologue américain. Selon cet
auteur, l'individu ne possède pas toujours de base objective
(c'est-à-dire qu'il ne peut parfois pas se référer
à la « réalité physique ») pour
évaluer ses opinions ou certaines de ses capacités. Dans ce cas,
il n'a pour seul moyen de comparaison que la « réalité
sociale » c'est-à-dire le consensus. Si son opinion est
partagée, il en conclura qu'elle est valide, de la même
manière, si ses capacités sont appréciées par
autrui (ou si elles se situent correctement par rapport aux capacités
d'autrui) il en conclura qu'elles sont satisfaisantes. Ce qui veut dire qu'en
matière de recherche en sciences sociales, lorsqu'un chercheur ne
dispose pas de cadre théorique de référence pour sa
recherche, il peut construire son modèle théorique en faisant le
parallèle avec des théories se rapprochant de ce qu'il recherche.
Ainsi, nous faisons appel à un certain nombre de théories.
Avant tout propos, il faut relever que la macroéconomie
et la microéconomie sont les deux (02) champs complémentaires de
la science économique, si bien que l'une peut emprunter les outils de
l'autre et vice-versa. C'est ainsi que, SOMBIE (2013) dans sa thèse
intitulée « Approche microéconomique de l'analyse de la
performance des systèmes financiers dans les pays en
développement : cas du Burkina Faso », a fait appel à
des instruments de la microéconomie (approche par les canaux de
transmission) pour expliquer un phénomène macroéconomique
(performance des systèmes financiers). En effet, SOMBIE (2013) pense
« qu'il faut cerner le problème dans toute sa dimension
macroéconomique, mais suivant une approche
8
microéconomique afin d'en saisir les ressorts
profonds ». HODONOU (2009) dans ses travaux sur les facteurs de
croissance agricole, s'est basé sur les facteurs concourant à la
croissance économique globale, sachant que la croissance agricole est
une composante de la croissance; il s'agit alors d'une analyse
macroéconomique d'un phénomène microéconomique.
D'une part au vu de ce qui précède, et d'autre
part sur la base de nos entretiens avec nos encadreurs, nous analyserons la
croissance du capital animal comme une expression microéconomique de la
croissance économique (niveau macro).
1.2. Nouvelles théories de la croissance
La littérature d'obédience économique
fait remonter les origines de la croissance économique à la
première révolution industrielle. HODONOU (2009) dressait la
genèse de l'évolution des théories de la croissance
économique. Initié en 1776 par la vision optimiste d'Adam SMITH
(la division du travail comme source de productivité), le thème
de la croissance réapparaîtra au 19è
siècle dans les travaux de MALTHUS (1798), RICARDO (1817) et MARX
(1867). Il faudra cependant attendre le 20è siècle et
les années 50 pour que les modèles théoriques de la
croissance connaissent un véritable succès. Les modèles
post-keynésiens (HARROD-DOMAR) et néoclassiques (SOLOW) ont
introduit un véritable débat sur la question de la croissance
équilibrée. Depuis les années 70-80, la croissance a connu
un nouvel essor sous l'impulsion des théoriciens de la régulation
et de la croissance endogène. Le modèle de SOLOW n'expliquait pas
la croissance, il signalait simplement que grâce au progrès
technique, la croissance peut perdurer. Pour les théoriciens de la
croissance endogène, le progrès technique ne tombe pas du ciel.
Ces théoriciens sont ROMER (1986), LUCAS (1988), et BARRO (1990). La
croissance est ainsi assimilée à un phénomène
auto-entretenu par accumulation de quatre facteurs principaux : la technologie,
le capital physique, le capital humain et le capital public. Le rythme
d'accumulation de ces variables dépend des décisions
économiques des agents, c'est pourquoi on parle de théories de la
croissance endogène.
Cependant, avec les difficultés rencontrées par
les Pays en Développement (PED) pour réaliser une croissance
soutenue et durable, de nouvelles « voies » théoriques se sont
révélées. Cet apport théorique récent est
centré sur les différentes formes de capitaux nécessaires
au développement économique durable. Sachant qu'il ne peut y
avoir développement sans croissance économique soutenue, ces
approches normatives peuvent être assimilées à la recherche
des facteurs fondamentaux de croissance. Dans une publication de la FAO, WARNER
(2000) rapporte les cinq formes du capital citées par CARNEY (1998). En
fait, dans
9
Implementing the sustainable livelihoods approach en
1998, CARNEY analysait les formes de capitaux requises pour un
développement durable en retenant les capitaux naturel, physique,
financier, humain et social. Une année plus tard, dans Sustainable
livelihoods: Lessons from early experience (ASHLEY et CARNEY, 1999), on
peut lire : « La durabilité des moyens d'existence
dépend de plusieurs dimensions-environnementale, économique,
sociale et institutionnelle ». Dans Cents and Sociability :
Household Income and Social Capital in Rural Tanzania, NARAYAN et
PRITCHETT (1999) soulignent cinq types de capitaux qui sont supposés
retenir l'attention des acteurs et des analystes des stratégies de
développement. Ce sont : le capital physique, le capital humain, le
capital naturel, le capital institutionnel et le capital social.
Cette étude, pour des questions de concordance
empirique, se situe plus dans la même lignée que NARAYAN et
PRITCHETT (1999). La seule variante qu'elle apporte, est de ne
considérer que le capital humain, le capital naturel, le capital
institutionnel et le capital social. L'échantillon étant
constitué de personnes pauvres et vulnérables, le capital
physique10 de ces personnes est susceptible d'être
quasi-inexistant.
1.2.1. Le capital humain
Il a été mis en évidence par deux
économistes de l'Ecole de Chicago, Theodor SCHULTZ et Gary BECKER, et
est au centre des études menées par LUCAS (Prix Nobel en 1995).
Le capital humain désigne l'ensemble des capacités apprises par
les individus et qui accroissent leur efficacité productive. Chaque
individu est en effet, propriétaire d'un certain nombre de
compétences, qu'il valorise en les vendant sur le marché du
travail. Cette vision n'épuise pas l'analyse des processus de
détermination du salaire individuel sur le marché du travail,
mais elle est très puissante lorsqu'il s'agit d'analyser des processus
plus globaux et de long terme. Dans ce schéma, l'éducation est un
investissement dont l'individu attend un certain retour. Il est alors naturel
de souligner que la tendance plus que séculaire dans les pays
occidentaux à un allongement de la durée moyenne de la
scolarité est une cause non négligeable de la croissance. BECKER
définit le capital humain comme un stock de ressources productives
incorporées aux individus eux-mêmes, constitué
d'éléments aussi divers que le niveau d'éducation, de
formation et d'expérience professionnelle, l'état de santé
ou la connaissance du système économique. Toute forme
d'activité susceptible d'affecter ce stock (poursuivre ses
études, se soigner, etc.) est définie comme un investissement.
L'hypothèse fondamentale de Becker est que les inégalités
de salaires reflètent les productivités différentes des
salariés. Ces dernières sont elles-mêmes
10 Ensemble des équipements issus d'un
investissement préalable et qui entrent dans le processus
d'élevage.
10
dues à une détention inégale de capital
humain. Un investissement en capital humain trouve donc une compensation dans
le flux de revenus futurs qu'il engendre. L'analyse de la formation du capital
humain passe par l'étude d'un choix inter temporel : l'individu
détermine le montant et la nature des investissements qu'il doit
effectuer pour maximiser son revenu ou son utilité inter temporels. La
durée de vie de l'investissement, sa spécificité, sa
liquidité, le risque associé sont alors autant de
déterminants du taux de rendement de l'investissement en capital
humain.
Sur la base de cette théorie, le capital humain dans
cette recherche fait référence au niveau d'éducation et
à l'expérience professionnelle des bénéficiaires
des interventions HIT. Cependant, il a été opéré
comme choix de considérer également le genre et l'âge des
bénéficiaires comme actifs du capital humain. En effet, dans la
société burkinabè, le fait d'être une femme ou un
homme définit le degré d'accès à telle ou telle
autre ressource, le degré d'accès à l'éducation.
Certes, le genre est généralement considéré comme
une variable démographique, mais de façon intrinsèque, la
féminité en Afrique engendre des discriminations, qu'il serait
intéressant d'analyser sous l'angle du capital humain. En outre, au
Burkina Faso et plus précisément en milieu rural, l'âge
plus ou moins avancé des agents économiques leur confère
certains avantages pouvant être utilisés dans les processus de
production.
1.2.2. Le capital institutionnel
La théorie du capital institutionnel tire son origine
du débat sur la place à accorder aux institutions dans l'analyse
économique. Avant le 20è siècle, la place des
institutions demeurait encore marginale. COURNOT, par exemple, plaçait
l'intérêt pour les institutions et leur étude en dehors de
l'économie politique. SCHUMPETER considérait que les institutions
étaient une branche de rang inférieur (PAUL, 2011).
Le premier vrai courant de pensée économique sur
les institutions vit le jour aux Etats-Unis au début du
20è siècle. Les principales figures de
l'institutionnalisme américain sont Thorstein VEBLEN (1899), John Rogers
COMMONS (1924) et Wesley Clark MITCHELL (1914, 1937). Ce courant répond
au nom d'Ancienne Economie Institutionnelle11 et avait pour
idée principale que ce sont les institutions et non plus la valeur qui
font l'objet de la science économique. Au sein de ce courant, les
institutions étaient définies d'une part comme « des
habitudes mentales prédominantes, des façons très
répandues de penser les rapports particuliers et les fonctions
particulières de l'individu et de la société »
(VEBLEN, 1899, p. 125). Chez VEBLEN,
11 Traduction de l'anglais Old Institutional
Economics.
11
l'institution concerne tous les hommes. Il considère
que le retard de l'évolution institutionnelle par rapport au
progrès technique et technologique est souvent source de
problèmes économiques et sociaux. Quelques années plus
tard, COMMONS (1934) qualifiera l'institution d' « action collective
en contrôle de l'action individuelle ». Selon PAUL (2011),
l'institutionnalisme américain a introduit dans l'analyse
économique l'idée selon laquelle le comportement est fonction des
croyances et des habitudes. Les théoriciens de ce courant ont
posé les institutions comme unités d'analyse. Ils ont remis en
question la notion d'équilibre en partant du comportement humain. Tout
leur travail s'est mené à travers une approche pluridisciplinaire
(économie, sociologie, philosophie). L'institutionnalisme
américain, par le sentier qu'il a tracé, a permis à
l'économie institutionnelle de « s'enrichir » de nouveaux
développements, toutefois après une longue période morte
(de l'après seconde guerre mondiale jusque dans les années
70)).
Le néo-institutionnalisme ou la Nouvelle Economie
Institutionnelle (NEI) est un courant de la pensée économique
construit à partir d'un retour critique aux travaux des
institutionnalistes américains. Ce retour critique a été
amorcé par COASE (1937) avec son concept de coûts de
transaction12. Plus tard, il écrit « [...] les
coûts de l'échange dépendent des institutions de chaque
pays : son système légal, son système politique, son
système social, son système éducatif, sa culture, etc. En
effet, ce sont les institutions qui gouvernent la performance d'une
économie, et c'est ce qui donne à la « Nouvelle Economie
Institutionnelle» son importance pour les économistes ».
Les néo-institutionnalistes ont une lecture plus individualiste que
leurs prédécesseurs dans leur analyse des institutions. Ils font
le parallèle entre la rationalité limitée de l'individu et
les institutions. Ils pensent qu'entre la société et les
institutions, il existe une relation de causalité à double sens :
la société, par ses coutumes affecte l'apparition des
institutions formelles et les institutions, par l'ensemble de contraintes et
stimulants qu'elles imposent, modèlent la société dans son
ensemble (BAJENARU, cité par PAUL, 2011). Pour les
néo-institutionnalistes, les institutions sont des obligations
normatives. Plus précisément, selon NORTH (cité par PAUL,
2011), « les institutions sont tout (règles, normes,
contraintes, mécanismes d'incitation/désincitation) ce qui
codifie les interactions entre les agents économiques ». Dans
son analyse NORTH fait la distinction entre l'institution et l'organisation
(entité). Pour sa part, OSTROM (1986) entend les institutions comme
« des prescriptions (précisant ce qui est requis, permis ou
interdit) connues et partagées par un ensemble de
12 COASE dans son article « The Nature of the
Firm » paru en 1937, a introduit le concept de coûts de transaction
qui sont l'ensemble des coûts induits par un échange
économique.
12
participants dans l'objectif de rendre leurs relations
interdépendantes répétitives ». Dès lors,
les institutions sont perçues comme des règles qui fournissent
aux agents économiques des avantages économiques.
Dans les années 1990, alors que le
néo-institutionnalisme a réussi à faire rentrer les
institutions dans la théorie économique néoclassique, une
nouvelle notion apparaît dans la littérature. C'est le capital
institutionnel. TREBILCOCK (1996) inaugure cette notion dans « What
make poor countries poor? The role of institutional capital in economic
development». Suite à cet article, de nombreux autres
paraitront, sans lien explicite entre le capital institutionnel et la
théorie néo-institutionnaliste. De plus, la notion de capital
institutionnel ne sera pas définie. C'est dans le but de pallier ce vide
théorique que PAUL (2011) a apporté sa pierre contributive. En
effet, PAUL (2011) fait le lien entre le capital institutionnel, et les
occurrences néo-institutionnelles du terme institution. Il
définit le capital institutionnel comme étant «
l'actif constitué par les institutions écrites ou non
procurant des avantages économiques aux agents économiques.
Il structure les relations entre les individus ou entre les
organisations à travers ses influences incitatives ou
désincitatives. Il peut être considéré comme une
ressource dont la détention peut procurer un certain nombre d'avantages
économiques. Du point de vue de l'agent économique, il assure un
ensemble défini de droits et de devoirs. ».
De ce qui précède, et en se basant sur la
définition du capital institutionnel de PAUL (2011), l'enseignement
suivant est tiré : dans le cadre de cette recherche, le capital
institutionnel correspond à l'actif découlant des critères
de ciblage utilisés par les projets HIT, de leur culture
(expérience) et des mesures d'accompagnement (appuis
vétérinaires, sensibilisation, etc.) qu'ils mettent en place
à l'intention des bénéficiaires de transferts.
1.2.3. Le capital social
Même si le concept de capital social n'est pas nouveau,
il connaît depuis le milieu des années 90 un regain
d'intérêt considérable dans toutes les disciplines des
sciences humaines et sociales. S'inscrivant dans une volonté
scientifique d'étudier les phénomènes sociaux pour
comprendre et améliorer le système économique et social,
la notion intéresse un certain nombre d'auteurs. A commencer par Pierre
BOURDIEU (cité par ZENOU, 2009), qui a introduit le concept de capital
social à travers une définition dite « structurelle et
relationnelle »13. En effet, selon lui le capital social
est « l'ensemble des ressources, actuelles ou virtuelles, qui
reviennent à un
13 Qualificatifs employés par Benoît
ZENOU (2009), dans sa thèse intitulée « Le Capital Social
comme un Potentiel d'Interaction Coopérative : le cas des Relations
Intergénérationnelles Familiales ».
13
individu ou à un groupe du fait qu'il
possède un réseau durable de relations, de connaissances et de
reconnaissances mutuelles plus ou moins institutionnalisées,
c'est-à-dire la somme des capitaux et des pouvoirs qu'un tel
réseau permet de mobiliser » (BOURDIEU, cité par ZENOU,
2009). Pour l'auteur, le capital social fait l'objet d'une accumulation
individuelle et doit être entretenu pour ne pas se
déprécier.
Toutefois, l'engouement scientifique international pour le
capital social ne débute réellement qu'à partir des
travaux de James COLEMAN (cité par ZENOU, 2009). COLEMAN aborde
davantage le capital social par ses effets et en donne une définition
dite « fonctionnelle et institutionnelle »14. Il
considère ce capital comme un bien public qui peut être
mobilisé par les agents pour satisfaire leurs propres besoins. Il est le
premier à présenter le capital social comme un ensemble
d'institutions limitant les coûts de transaction et organisant les
rapports sociaux. Les approches de BOURDIEU (1986) et de COLEMAN (1990) sont
dites « individuelles », puisqu'elles se basent sur
l'individu comme moteur de la mobilisation du capital social.
PUTNAM (1993), quant à lui, mène des recherches
portant sur le capital social « collectif » et consacre
ainsi l'intérêt de l'étude de cette notion comme un enjeu
économique et politique. Ses recherches sont faites en Italie et les
résultats présentent le capital social comme l'un des
déterminants de la performance de l'implémentation des politiques
en Italie. Il définit le capital social en tant que «
dimensions de l'organisation sociale, tels la confiance, les normes et les
réseaux, capables d'améliorer l'efficacité de la
société en facilitant l'action concertée »
(PUTNAM, 1993).
Cependant, toutes ces considérations du concept de
capital social ont entretenu le flou sémantique qui entoure la notion et
l'impossibilité de pouvoir rigoureusement en proposer une
définition. De plus, il y a une confusion qui est faite entre le capital
institutionnel et le capital social. ZENOU (2009), tenta de proposer une
définition plus aboutie du capital social, tout en différenciant
le capital social de celui institutionnel. En effet, ZENOU énonce que :
« il nous apparait essentiel de ne pas placer les institutions
(formelles ou informelles) dans la définition même du capital
social, c'est-à-dire comme des composantes » (ZENOU, p.87,
2009). En utilisant un raisonnement par l'absurde, ZENOU démontre
qu'inclure le capital institutionnel dans la définition du capital
social « conduit à de nombreuses contradictions et rend
imprécis le concept de capital social » (ZENOU, p.87, 2009).
Selon cet auteur, le capital social est « [...]
14 Qualificatifs employés par Benoît
ZENOU (2009), dans sa thèse intitulée « Le Capital Social
comme un Potentiel d'Interaction Coopérative : le cas des Relations
Intergénérationnelles Familiales ».
14
un potentiel d'interaction coopérative,
c'est-à-dire comme un ensemble de ressources qui permettent à un
individu d'accéder aux ressources de son partenaire pour qu'elles
puissent satisfaire ses besoins ». Dans la suite de son travail, il
considère l'entité familiale, et les relations entre les
générations pour prouver que le capital social peut être
transféré ; si bien que le capital social est en plus «
un constitué de ressources relationnelles transmissibles entre les
générations » (ZENOU cité par PAUL, 2011).
Cette recherche s'inspire des travaux de ZENOU, mais dans le
cadre plus large de l'ethnie15. Ce choix est dû d'une part,
à la prise en compte dans ces travaux, d'un ensemble de relations entre
les âges et, d'autre part, au lien fait entre capital social et
économie. Ainsi, il a été considéré qu'au
sein d'une ethnie, chaque enfant (au sens large, c'est-à-dire
descendant) bénéficie des ressources relationnelles et non
relationnelles16 de son père ou de son grand père,
qu'il utilise pour accéder aux ressources des autres membres de
l'ethnie, afin de satisfaire ses objectifs de maximisation du cheptel. Ce qui
induit, ceteris paribus, la performance de certains bénéficiaires
des transferts d'animaux dans l'activité d'élevage du fait de
leur appartenance à un groupe social donné, notamment l'ethnie.
Notre but n'est pas de rechercher à démontrer une fracture
sociale, mais plutôt de mettre en évidence des atouts en
matière d'élevage existant dans certaines ethnies, pouvant
être dupliqués dans les autres groupes ethniques.
1.2.4. Le capital naturel
La notion de capital naturel est étroitement
liée à celle du développement durable. Selon BOUTAUD et
al. (2002), les acceptions du terme se situent sur une échelle qui va de
la théorie de la « durabilité faible »
(théorie néoclassique) à celle de la «
durabilité forte » (approche
écosystémique).
La première approche, qui est qualifiée de
néoclassique, se limite à une extension au capital naturel de la
problématique néoclassique de la croissance initiée par
Solow. Elle conserve l'hypothèse de substituabilité entre les
divers facteurs de production : du capital technique peut se substituer le
capital naturel si nécessaire. Il est alors question de «
soutenabilité faible ». Dans ce cadre, la croissance et le
développement sont identiques et l'on parle alors de croissance
soutenable (BECKERMAN, cité par DEMAZE, 2009). Ce concept est
associé à une trajectoire de croissance (dite optimale) dans
laquelle le capital global reste constant: l'augmentation du
15 Définition du Dictionnaire Larousse :
groupement humain qui possède une structure familiale, économique
et sociale homogène, et dont l'unité repose sur une
communauté de langue, de culture et de conscience de groupe.
16 Définition de ZENOU (2009) : Les
ressources non relationnelles sont les ressources que l'agent peut
détenir sous forme de capital (humain, financier, nature, physique...
autres que le capital social) ou celles que possèdent les membres de son
réseau et auxquelles il a accès.
15
prix relatif des ressources naturelles non renouvelables
permet de compenser l'épuisement progressif de ces ressources, selon le
schéma optimal de HOTELLING (1931)17, en induisant un
progrès technique qui conduit à la mise au point de substituts.
La croissance peut ainsi se poursuivre indéfiniment (elle est donc
durable).
Quant à la seconde approche, elle est née d'une
critique du postulat selon lequel capital technique et capital naturel sont
substituables. Les penseurs de cette nouvelle discipline ont cherché
à comprendre les incompatibilités existant entre le
système écologique et un système économique
totalement désolidarisé du premier. C'est une réflexion
sur les conditions pour ré-enchâsser l'économie dans
l'écologie, seule à même de permettre une croissance
durable. Cela passe notamment par la prise en compte d'un seuil critique dans
l'utilisation du capital naturel et de son évaluation
financière.
Entre ces deux approches situées aux antipodes des
considérations du développement durable, la plus acceptée
est celle fournie en 1987 par la Commission Mondiale sur l'Environnement et le
Développement (CMED), qui décrit le développement durable
comme celui qui « répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures à
répondre aux leurs ». Cela suppose un croisement entre
l'économique, le social et l'environnement (nature).
Le capital naturel est défini comme étant le
stock de ressources naturelles, ce qui inclut la géologie, le sol,
l'air, l'eau et tous les êtres vivants18. Considérant
cela, nous définirons le capital naturel dans le cadre du présent
travail en tant qu'ensemble des actifs naturels dont les
bénéficiaires des interventions HIT ont besoin pour faire
croître leurs troupeaux. Il a été choisi
d'appréhender ces actifs par les superficies de zones pastorales
fonctionnelles19 situées dans chacune des régions du
Burkina Faso concernées par notre étude. Ces zones pastorales
rendent compte du potentiel pastoral des régions concernées,
puisqu'elles sont identifiées par les schémas national,
régional ou provincial d'aménagement du territoire ou par le
schéma directeur d'aménagement. Ces schémas sont des
référentiels de planification de long terme.
17 Cité par DEMAZE (2009).
18 Forum mondial sur le capital naturel (2015).
19 Définition du Recueil De
Définitions Et De Concepts Usuels En Statistique D'élevage de la
Direction Générale de la Prévision et des Statistiques du
Ministère de Ressources Animales du Burkina Faso, 2009 : c'est la zone
pastorale dans laquelle cohabitent en harmonie les éleveurs et leurs
animaux. Elle est forcément aménagée et dotée d'un
minimum d'infrastructures comme des points d'eau, un parc à vaccination,
une zone de pâture, des pistes à bétail.
16
Dans ce chapitre, d'une part il est ressorti, sur la base de
la théorie de la comparaison sociale et d'études empiriques que
la croissance du capital animal peut être analysée comme une
expression microéconomique de la croissance économique. D'autre
part, la théorie de la performance de la capitalisation animale comme
filet social informel et privé, a montré que les facteurs
déterminants de cette performance sont le capital humain détenu
par les bénéficiaires, le capital institutionnel des projets HIT,
le capital social constitué par les relations sociales des
bénéficiaires, et le capital naturel des régions
d'intervention.
Le chapitre suivant va présenter la situation de la
capitalisation animale au Burkina Faso.
17
Chapitre II : La capitalisation animale comme filet
social informel privé au Burkina Faso
Dans ce chapitre, il s'agit d'une part de fournir des
informations sur les problèmes de mise en oeuvre de la protection
sociale « classique » au Burkina Faso, et sur l'urgence de repenser
la manière dont il faut protéger les populations face aux chocs
exogènes et aux risques sociaux. D'autre part, ce chapitre
présente les intervenants en matière de capitalisation animale au
Burkina Faso. Il se compose de cinq (05) sections.
2.1. Problème d'application des textes
juridiques sur la protection
sociale
La Constitution du Burkina Faso consacre le droit à la
protection sociale à travers l'article 1820. Le Burkina Faso
a également ratifié un ensemble d'instruments internationaux qui
l'obligent à assurer la protection sociale à l'ensemble de la
population. A titre d'illustration, l'article 22 de la Déclaration
universelle des Droits de l'Homme (1948) stipule que « toute personne, en
tant que membre de la société, a droit à la
sécurité sociale ». La convention internationale sur les
droits économiques, sociaux et culturels de 1966 reconnaît en son
article 9, le droit de toute personne à la protection sociale y compris
les assurances sociales. Pourtant, dans le cas de la plupart de pays en
développement comme le Burkina Faso, la protection sociale universelle
semble inaccessible malgré les nombreux efforts faits dans ce sens. En
d'autres termes, le système formel de protection sociale de type public
(Caisse Nationale de Sécurité sociale, Caisse Autonome de
Retraite des Fonctionnaires, Office de Santé des
Travailleurs21) ou de type marchand (assurances privées) ne
concerne qu'une partie négligeable de la population. En effet, seuls les
employés du secteur formel sont légalement reconnus, alors que
l'essentiel de l'économie est tirée par les exploitants agricoles
(70% de la population active) et les travailleurs du secteur informel (90% de
la population non agricole) (ILBOUDO, 2011). La loi prévoit certes une
affiliation volontaire en son article 4 (loi 015-2006/AN), mais cette
faculté est assortie de contraintes que ne peut contourner la population
visée. L'arrêté n°2008-002/MTSS/SG/DGPS portant
modalités d'affiliation, de liquidation et de paiement des prestations
au titre de l'assurance volontaire stipule par exemple en son article 12 que
« le revenu mensuel devant servir de base au calcul des cotisations et
à celui des prestations ne peut
20 « L'éducation, l'instruction, la formation, le
travail, la sécurité sociale, le logement, le sport, les loisirs,
la santé, la protection de la maternité et de l'enfance,
l'assistance aux personnes âgées ou handicapées et aux cas
sociaux, la création artistique et scientifique constituent des droits
sociaux et culturels reconnus par la présente constitution qui vise
à les promouvoir ».
21 CNSS, CARFO et OST.
18
être inférieur au Salaire Minimum
Interprofessionnel Garanti (SMIG) ou supérieur au plafond en vigueur
».
En résumé, bien que les textes tant nationaux,
sous régionaux, qu'internationaux posent la nécessité
d'une protection sociale pour tous, l'application de ces textes pose
problème ; la protection sociale contributive ne concernant qu'une
minorité de la population. Il importe alors d'explorer les
systèmes non contributifs de protection sociale, afin d'en saisir la
dynamique et d'en déterminer les potentialités pour une
protection universelle effective dans le contexte du Burkina Faso.
2.2. Limites des filets sociaux publics au Burkina Faso
et nécessité
de considérer l'élevage et les valeurs de
solidarité
La protection sociale contributive (assurance sociale),
étant limitée au Burkina Faso, les filets sociaux, tels que
définis par la Banque Mondiale pourraient constituer un moyen de
protection des populations ne bénéficiant pas des systèmes
contributifs. Au Burkina Faso, la Stratégie de Croissance
Accélérée et de Développement Durable
(SCADD)22, énonce en son Axe 2 (Consolidation du capital
humain et Promotion de la protection sociale) la nécessité de
« mettre en oeuvre une politique de redistribution des revenus mieux
ciblée, grâce à l'utilisation des techniques de filets
sociaux en direction des pauvres ou des personnes vulnérables à
la pauvreté et aux chocs ». Le pays s'est également
doté d'une politique nationale de protection sociale, qui définit
sa vision en la matière. C'est ainsi que l'Etat burkinabè a
mené un certain nombre d'actions en collaboration avec les Partenaires
Techniques et Financiers (PTF). Au titre de ces actions, il y a les ventes
à prix réduit, les distributions de vivres, les vivres contre
éducation/travail, la nutrition, les cantines scolaires, les subventions
généralisées, les transferts monétaires, les
coupons alimentaires, les exemptions des frais de santé et enfin les
travaux publics (SAVADOGO, 2010).
Lesdits filets sociaux suscitent un vif intérêt
de la part de la Banque Mondiale. Un certain nombre de recherches sur leur
formalisation, leur mise en marche et leur monitoring23 sont alors
menées. C'est ainsi qu'une étude a été
réalisée par la Banque Mondiale au Burkina Faso en 2009 sur les
filets sociaux.
Cependant, après avoir dressé la liste des
programmes de filets sociaux, cette étude montre que l'impact du
système de filets sociaux existant est restreint. En sus, elle met
l'accent sur l'échelle
22 Référentiel central de la politique
de développement économique et sociale du pays pour la
période 2011-2015.
23 Contrôle.
19
plutôt petite et le caractère limité dans
le temps de ce type de programmes (Banque Mondiale, 2011). Cela souligne la
difficulté de mettre en place un bon système de filets
sociaux.
Nonobstant cet état de fait, des efforts sont entrepris
par l'Etat dans le sens d'une plus grande inclusion des populations
vulnérables. Plus récemment, le 20 décembre 2013, le
gouvernement a procédé à la cérémonie
officielle de lancement de la remise de dons aux personnes pauvres et
vulnérables. Ces dons visaient à consolider les filets sociaux en
faveur de ces groupes. L'opération a été
déployée sur l'ensemble des 13 régions que compte le pays,
et son plan de financement a été estimé à plus de 6
milliards de FCFA24. Le 23 avril 2014, le Conseil d'Administration
de la Banque Mondiale a approuvé le financement du Projet de filets
sociaux au Burkina Faso. Ce projet est prévu pour une durée de
cinq ans et est financé par un crédit de l'Association
Internationale de Développement (IDA) de 50 millions de dollars. Ce
financement devrait permettre à quelques 40 000 ménages
démunis de bénéficier de transferts monétaires
directs. Par ailleurs, des activités pilotées par les
communautés inciteront ces familles à investir dans le
développement et l'alimentation de leurs enfants ainsi que dans leurs
propres capacités productives25.
Les filets sociaux mis en oeuvre par les pouvoirs publics ne
permettent pas de toucher, de façon durable, la partie la plus grande de
la population burkinabè démunie de protection sociale
contributive. Par conséquent, il faudrait une solution pérenne et
plus inclusive. Cela pourrait se faire par le biais de filets sociaux en phase
avec des réalités socioéconomiques du pays comme
l'agriculture, l'élevage et les valeurs sociales séculaires.
2.3. De la portée macroéconomique et
microéconomique de
l'élevage
L'élevage constitue un pan important de l'économie
burkinabè en ce sens qu'il contribue
conséquemment à la formation des agrégats
macroéconomiques. En effet, selon les statistiques de la balance des
paiements, les exportations de produits d'élevage en 2009 sont
estimées à 60,3 milliards de FCFA, dont 52,2% pour le
bétail et la volaille sur pied, 42,9% pour les cuirs et peaux, et 4,9%
pour la viande et les abats. Le montant des exportations a presque
doublé entre 2001 et 2009 ; mais il a enregistré une baisse
significative (-9,3 milliards de FCFA) en 2003 avant de reprendre la tendance
à la hausse à partir de 2004 jusqu'en 2009. En 2009, les
exportations de produits d'élevage ont représenté 14,2%
des exportations totales du pays. Sur la période de 2001 à 2009,
la part contributive des produits composés d'animaux vivants, de
24 Journal L'express du Faso N°3613 du lundi 23
décembre 2013.
25 Banque Mondiale, 23 avril 2014.
20
viandes et de cuirs et peaux, a varié entre 12,9% et
20,1%. De 2001 à 2007, les produits de l'élevage constituaient le
deuxième produit d'exportation après le coton. Depuis 2008, avec
l'ouverture d'importantes mines d'or (Semafo, Inata, Essakane), les produits
d'élevage occupent désormais la troisième place dans les
exportations du pays après l'or et le coton. Cependant, la balance
commerciale des produits d'élevage est demeurée
excédentaire entre 2001 et 2009 et s'est régulièrement
améliorée au cours de la période 2004-2009.
L'excédent commercial de produits d'élevage s'est situé
à 52,9 milliards de FCFA en 2009 et l'excédent commercial annuel
moyen de la période étudiée est de 34,9 milliards de CFA.
Ce qui traduit une contribution très appréciable de
l'élevage à la réduction du déficit commercial du
pays. En 2009, la contribution du sous-secteur de l'élevage à la
réduction du déficit commercial du Burkina Faso est
estimée à 18,9% (en tenant compte des importations d'intrants
utilisés dans ce sous-secteur); elle est estimée à 12%
pour toute la période 2001-200926.
Sur le plan microéconomique, la littérature
consacrée à l'importance de l'élevage dans les pays en
voie de développement fait ressortir une relation entre élevage
et lutte contre la pauvreté.
ROTA et SIDAHMED (2010) ont dressé une liste de
rôles que joue l'élevage dans le milieu rural au niveau des pays
pauvres. Pour ce faire, ils se sont basés sur les expériences du
Fonds International pour le Développement de l'Agriculture (IFAD) en
matière d'accompagnement des ruraux. Selon eux, l'élevage est un
actif non négligeable qui joue un rôle crucial dans la
réduction de la pauvreté en milieu rural, avec un effet
considérable sur :
y' la sécurité alimentaire :
l'élevage est une importante source de nourriture, de revenus et de
facteurs de production pour les communautés pauvres et
marginalisées ;
y' les aspects nutritionnels :
l'élevage offre aux ménages pauvres de la nourriture riche en
nutriments qui, même en quantité limitée, sont
particulièrement bénéfiques à l'évolution
normale des grossesses et à la croissance tant physique que
psychologique des enfants ;
y' la santé de la communauté :
dans bien de régions pauvres, les produits de l'élevage sont
utilisés pour traiter les maladies et problèmes de santé.
L'animal comme moyen de transport est vital pour les groupes
marginalisés afin de rallier les centres de soins. Les revenus
générés par l'élevage sont souvent alloués
à la prise en charge médicale du
26 MRA Burkina Faso et PNUD, novembre 2011,
Contribution de l'élevage à l'économie et à la
lutte contre la pauvreté, les déterminants de son
développement.
21
ménage. La détention de bétail peut aider
les familles pauvres à mieux résister aux effets
dévastateurs du VIH/SIDA ;
y' l'identité socio-culturelle : pour
de nombreuses communautés pauvres et marginalisées, le
bétail représente un gage d'identité et d'interface vitale
avec l'environnement social ;
y' le renforcement du statut social et
parité dans le genre : l'élevage est principalement une
activité familiale et donne aux femmes, aux personnes âgées
et aux jeunes un rôle plus important dans l'économie du
ménage ;
y' les facteurs de production : le
bétail fournit l'engrais et la force de travail pour l'agriculture ;
y' la gestion des risques sociaux : les
systèmes d'élevage durable permettent aux
communautés de mieux gérer les risques sociaux et
de faire face aux difficultés ;
y' l'accès aux services : le
bétail induit la prestation de services de base aux pauvres des zones
rurales, tels que le système financier rural, l'éducation en
matière de santé, etc. ;
y' les relations de marché : pour les
ménages pauvres et les groupes marginalisés, les produits de
l'élevage sont des actifs leur permettant d'accéder aux
réseaux de commerce à différents niveaux. Ce qui est
important pour leur assurer des moyens de subsistance ;
y' l'actif social et financier : le
bétail est une source de revenus, d'épargne et d'assurance. Et il
permet à ses détenteurs de participer à la vie sociale
;
y' l'actif humain : l'élevage est
connu et pratiqué par les communautés rurales qui ont acquis ces
connaissances de leurs ancêtres.
L'Institut International de Recherche sur l'Elevage
(ILRI)27, quant à lui, analyse l'importance de la
détention de bétail par rapport aux chemins de sortie de la
pauvreté. Ces chemins sont :
y' la sécurisation des actifs et la
réduction de la vulnérabilité : le bétail joue un
rôle crucial dans les économies rurales de bien de pays en
développement en facilitant l'accumulation du capital (physique,
financier, humain, social et naturel) et la sortie des ménages de la
pauvreté. En plus de permettre aux ménages pauvres (et souvent
aux femmes) d'accumuler des actifs, le bétail joue plusieurs rôles
et fournit des services
27 ILRI, 2008.
22
stratégiques, y compris l'épargne, la
sécurité de revenus, la fourniture en produits comme le lait, la
viande, les oeufs, le fumier et la traction ;
V' l'amélioration durable de la productivité
à travers : l'augmentation de la quantité et de
la qualité de la fourniture d'aliments pour le
bétail par l'utilisation de sources locales et bon marché ;
l'augmentation de la productivité des petits éleveurs via la
promotion de l'utilisation de races locales ; le développement de
systèmes anti-endémiques pour protéger les animaux des
maladies infectieuses ;
V' l'amélioration des opportunités de
marché : parce que les chaînes de commercialisation du
bétail sont longues et complexes, elles offrent de multiples
opportunités aux pauvres en termes d'accès aux intrants
(nourritures animales), d'écoulement de la production (viande, lait,
peaux, fumier, etc.).
D'autres auteurs ont mené une réflexion sur
l'efficacité comparée du bétail, selon que le
ménage pauvre soit détenteur de gros ou de petit bétail.
En effet, selon LANKOANDE et SUMBERG (2013) le petit élevage (poules,
chèvres et moutons) est particulièrement important pour les
femmes, même celles pauvres ; celles-ci contrôlent souvent la prise
de décision en ce qui concerne la vente du petit bétail. Cela
s'explique par la faible valeur financière du petit bétail par
rapport au gros bétail, ce qui ne suscite pas l'intérêt des
hommes. De plus, le petit bétail peut être rapidement converti en
argent, et est donc primordial dans l'autonomisation économique des
femmes et dans la réalisation des projets d'actifs (DE HAAN, PEACOCK,
cités par LANKOANDE et SUMBERG, p.3, 2013). Au Burkina Faso, le cheptel
d'élevage est accumulé selon une stratégie pyramidale qui
place la volaille et les petits ruminants à la base (NIANOGO et SOMDA,
cité par SOMDA, 2005); le petit élevage est présent et
constitue donc le socle pour une accumulation des ressources animales dans les
ménages pauvres dans le pays.
En conclusion, d'une part sur le plan macroéconomique,
le sous-secteur de l'élevage contribue substantiellement à la
réduction du déficit commercial. D'autre part, au niveau des
ménages, l'élevage joue plusieurs rôles comme le
renforcement du statut des femmes, l'amélioration des conditions de vie
et la rupture de la transmission intergénérationnelle de la
pauvreté à travers la scolarisation des enfants. Il serait alors
judicieux d'orienter les populations pauvres et vulnérables vers
l'élevage, en leur transférant des animaux, dans l'optique
d'accroître leur résilience.
23
2.4. Rôle de la capitalisation animale dans la
lutte contre la
pauvreté
Dans les pays en développement, il y a des projets qui
oeuvrent dans le domaine de la capitalisation animale et sont appelés
projets Heifer-In-Trust (HIT). Ces projets ont pour objectifs de
protéger et d'accroître les recettes des exploitants à
faible revenu en leur permettant de se procurer des femelles relativement
coûteuses à travers un accord de prêt «en nature»
(AFFIFI-AFFAT, 1998). D'une manière générale, le
mode opératoire est de distribuer aux populations cibles des animaux
d'élevage en bas âge (génisses, veaux, poulets, moutons,
chèvres, etc.) (LANKOANDE et SUMBERG, 2013). Le bétail ainsi
transféré a le potentiel, à l'échéance, de
se reproduire pour constituer des effectifs plus importants. A cette
étape, le remboursement peut se faire soit vers le projet HIT donateur,
soit directement vers une autre personne cible, constituant ainsi une boucle de
capitalisation continue. Le bétail constitue un capital sur
pied28. Aussi, le fait de doter une personne d'une ou de plusieurs
têtes de bétail constitue-t-il une capitalisation ; d'où le
terme capitalisation animale qui fait référence à la
constitution d'un capital animal de départ au profit d'une personne
pauvre ou vulnérable dans l'optique que cette personne arrive à
faire fructifier ce capital. L'on peut donc considérer les transferts
d'animaux aux populations cibles comme étant des filets sociaux de
sécurité informels et privés.
En 2005, des chercheurs du Centre d'Evaluation de
l'Université du Michigan Ouest, ont commencé à
étudier l'impact du schéma HIT sur les communautés pauvres
du monde. Sur une période de 5 ans, le Dr. Michael SCRIVEN29
et son équipe ont visité plus de 139 projets HIT dans 20 pays, et
interviewé plus de 5000 bénéficiaires de ces projets.
Cette étude a montré des effets positifs sur la nutrition,
l'agriculture, les revenus, l'accès aux soins de santé et sur la
gestion du bétail.
Plus spécifiquement, en Afrique, les projets HIT ont
été le plus menés dans l'est et le sud du continent comme
au Rwanda, au Kenya, en Ethiopie, en Afrique du Sud, etc. Au Rwanda où
la Fondation Heifer International30 intervient depuis de nombreuses
années, une étude menée en 2011 sur 406 ménages
ruraux concernés par les transferts de vaches laitières et de
chèvres a montré des résultats probants. En effet, les
ménages ayant reçu chacun une vache laitière ont
28Actes de l'atelier CIRAD (Centre de
Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le
Développement), Montpellier, les 11 et 12 septembre 2003.
29 Evaluateur et Directeur adjoint du Centre
d'Evaluation de l'Université du Michigan Ouest.
30 Fondation américaine créée
en 1944 par Dan WEST et pionnière en matière de capitalisation
animale sur le plan international.
24
vu leur consommation mensuelle de lait augmenter de 9,15
litres par personne, pendant que les familles ayant reçu des
chèvres ont vu leur consommation mensuelle de viande croître de
0,20 kilogramme par personne. De plus, dans l'un ou l'autre des cas, les
enfants des familles considérées ont vu leurs poids et leurs
tailles évoluer normalement, le lait et la viande contenant les
éléments nutritifs nécessaires à leur
développement physique (PIMKINA et al., 2013). En Ethiopie, le
modèle HIT mis en place par l'ONG Farm-Africa a permis aux
bénéficiaires de bétail de multiplier approximativement
par 10 aussi bien leurs revenus annuels (de 93 à 995 dollars) que la
valeur de leurs troupeaux (de 156 à 918 dollars) (PEACOCK, 2008, citant
LAKER et OMORE (2004)). En ce qui concerne la Tanzanie, pays dans lequel les
interventions de capitalisation animale sont multilatérales (ONG,
églises, gouvernement), les résultats de l'action HIT sont
encourageants. Après 3 à 6 ans, certaines familles
précédemment touchées par la pauvreté ont pu en
sortir ; d'autres ont amélioré leurs lieux d'habitation, agrandi
leurs exploitations agricoles, acheté des vaches supplémentaires
et envoyé leurs enfants à l'école secondaire. D'autres
rapports sur le sujet ajoutent que les relations entre maris et femmes se sont
renforcées, les femmes ont vu leurs rôles économique et
politique s'affermir, et il y a eu création d'emplois pour les pauvres
(BAYER et KAPUNDA, 2006).
En substance, la capitalisation animale est le fait de projets
HIT en direction des pauvres et vulnérables, et elle est
également un filet social informel et privé. Les actions de
capitalisation animale ont connu des effets positifs considérables sur
les conditions de vie des ménages cibles dans les pays en
développement en général, et en Afrique en particulier. En
conséquence, le transfert de bétail aux populations pauvres et
vulnérables, serait plus approprié pour un impact positif durable
sur les populations. Mais qui sont les acteurs de la capitalisation animale au
Burkina Faso ?
2.5. Cadre institutionnel de la capitalisation animale
au Burkina
Faso
Les projets identifiés comme étant des projets
ayant pour but de doter les personnes pauvres et vulnérables de
bétail afin de leur permettre de sortir de la pauvreté et de la
vulnérabilité sont au nombre de onze (11) (LANKOANDE et SUMBERG,
2014).
2.5.1. Projets HIT concentrés sur les femmes
Au sein des projets identifiés comme étant des
projets de capitalisation animale, six (06) sont
totalement ou en grande partie axés sur les femmes. Il
s'agit de l'Action Micro Barrage (AMB), de l'Action pour la Promotion des
Initiatives Locales (APIL), du Groupement Potal Djama
25
Féminin (GPDF), de l'association Pag La Yiri, de la
Fédération Nationale des Groupements Naam (FNGN) et de l'ONG
AFRICARE.
L'AMB qui existe depuis 1989, a son siège à
Koudougou et intervient dans la région du Centre-Ouest. Son objectif est
de créer de meilleures conditions de vie pour les femmes et les hommes
du Burkina Faso à travers la réalisation de micro-barrages. Elle
intervient dans le domaine HIT à travers sa composante
microcrédit. Ses interventions HIT ne ciblent que les femmes. Elle est
en grande partie financée par le Fonds Belge de Survie et Water Aid.
En ce qui concerne APIL, elle est née en 2001 suite
à une analyse profonde des stratégies d'intervention des
organismes de développement dans le Centre-Nord et le Plateau Central.
Elle a pour but de se consacrer essentiellement à la formation paysanne
pour une participation réelle au développement durable au Burkina
Faso. Son siège social est basé à Ouagadougou mais son
administration est basée à Ziniaré. Elle effectue des
opérations de micro-crédits pour l'embouche ovine en direction
exclusivement des groupements ou associations féminines. Le partenaire
principal d'APIL est Autre Terre Belgique.
Le GPDF quant à lui, a été
créé en 2000 par l'initiative de l'Agence de Coopération
et de Recherche pour le Développement (ACORD). Il a pour finalité
de promouvoir le développement de la femme burkinabè, notamment
à travers l'élevage. Le quartier général du
groupement est situé à Ouagadougou, et ses interventions se font
sur l'ensemble du territoire national. Ses cibles sont les femmes pauvres.
L'action de cette structure consiste à transférer à ses
membres différents types d'animaux, sous la condition de
rétrocession. Le Groupement Potal Djama Féminin
bénéficie d'appuis financiers internationaux, notamment de
l'ACORD.
L'association Pag La Yiri a été
créée en 1975 à Zoaga, village situé à 15 km
de Zabré (Province du Boulgou). Elle a été officiellement
reconnue sous le récépissé N° AN VI
027/FP/MAT/DGAT/DAJE de décembre 1988. Elle a son siège à
Zabré et ses interventions concernent les régions du Centre-Est
et du Centre-Sud. Cette association a pour mission de contribuer à
l'épanouissement de la femme vivant en milieu rural en répondant
à ses besoins et préoccupations quotidiens. Elle a pour
principaux partenaires l'Etat burkinabè et ses structures
décentralisées et déconcentrées, le
Secrétariat Permanent des Organisations Non Gouvernementales (SPONG),
l'Union Européenne (UE) ainsi que la Fondation Nouvelle Planète
(Suisse).
26
Créée en 1967 et reconnue officiellement en 1978
par récépissé N° 123IS/DGI du 01/09/1978, la
Fédération Nationale des Groupements Naam (FNGN) est l'une des
plus importantes organisations paysannes de l'Afrique de l'Ouest. Son
siège est à Ouahigouya dans la région du Nord, mais ses
interventions s'étendent sur l'ensemble du pays. Les groupements Naam
ont pour objectifs la sécurité individuelle et collective, la
solidarité économique et sociale, et l'émergence paysanne.
La FNGN entretient des relations de partenariats tant à l'international
(Eau Vive France, Croix-Rouge Suédoise, SOS Faim Belgique, ...) que sur
le plan national (Centre Ecologie Albert Schweitzer, Fonds d'Appui à
l'Etat de Droit (FAED), etc.).
Enfin, l'ONG américaine AFRICARE, née en 1970
aux Etats-Unis opère au Burkina Faso depuis le 29 novembre 1974 ; ce qui
lui donne plus de 40 ans d'ancienneté dans le paysage des ONG dans notre
pays. Elle a pour objectif d'améliorer la qualité de vie des
populations rurales. AFRICARE concentre son action sur la frange la plus
vulnérable de la population (femmes et enfants de moins de 5 ans). Son
rayon d'action concerne les régions des Hauts Bassins et du Nord.
ARICARE intervient, entre autres, dans les domaines d'élevage et
d'agriculture. Africare Wells Fund, MONSANTO et l'Agence Américaine pour
le Développement International (USAID) sont ses partenaires.
2.5.2. Projets HIT sans concentration spécifique
Les autres projets sont ceux qui ne ciblent pas
particulièrement une gent donnée. Ils sont au nombre de cinq (05)
: l'Association Base Fandima (ABF), l'Association pour le Développement
Social et Culturel (ADESOC), l'Association Nationale d'Action Rurale (ANAR),
l'Association d'appui et de Promotion Rurale du Goulmou (APRG), et
l'Association Vive Le Paysan (AVLP).
L'Association Base Fandima (« l'éveil des
consciences ») est née en 1997 de l'initiative de jeunes
paysans du village de Nagaré, près de Fada N'Gourma à
l'Est du Burkina Faso. Elle a pour but de mettre en place un système
d'épargne et de crédit pour aider les jeunes ruraux à
rentabiliser leurs activités agricoles et pallier les incertitudes des
récoltes et ainsi endiguer l'exode vers les villes ou les mines d'or
avoisinantes. Ses zones d'intervention sont le Gourma, la Gnagna et la
Kompienga, dans la région de l'Est. Pour mener à bien ses
missions, l'ABF a un certain nombre de partenaires dont le Fonds pour
l'Alphabétisation et l'Education Non Formelle (FONAENF), le Programme
Appui au Développement Local de l'Est du Burkina Faso (ADELE) et Tree
Aid.
27
L'ADESOC, quant à elle, a été
créée en 1999 à Ouagadougou. Elle mène ses
interventions dans les régions du Centre et de la Boucle du Mouhoun,
notamment dans la Kossi. Elle intervient dans les domaines de l'embouche bovine
et du maraîchage. Elle a pour partenaires le SPONG, le Secrétariat
Permanent du Centre National de Lutte contre le Sida (SP/CNLS-IST) et la
Fondation Séverine Peguiron (Suisse).
L'Association Nationale d'Action Rurale (ANAR) est une ONG qui
a été reconnue officiellement depuis le 1er
février 1989, soit un an après sa création. Elle se fixe
comme but principal d'encadrer et d'accompagner les communautés de base
dans l'identification, l'élaboration, l'éducation,
l'exécution et l'évaluation de leurs projets de
développement. Elle a également développé des liens
de partenariat avec des institutions tels l'Union Internationale pour la
Conservation de la Nature (UICN) dont elle est membre à part
entière, la Coalition Nationale pour les Droits et la Citoyenneté
des Femmes (CNDCF), le Réseau Sud-Sud (France -Burkina) dont l'ANAR
occupe la Vice-présidence, le SPONG et la Goutte d'Eau France. En plus
des partenaires cités l'ANAR bénéfice de l'appui d'un
certain nombre de services de l'Etat.
L'APRG est née en 1978 sous l'impulsion de
l'Association Pour la Productivité (APP). Elle a donc plus de trois
décennies d'existence. L'APRG a pour objectif principal d'appuyer et
d'encadrer les initiatives des populations rurales pour améliorer de
façon durable leurs conditions de vie. Elle est basée à
Fada N'Gourma, et plus globalement intervient sur l'ensemble de la
région de l'Est. L'association a pour principales cibles les hommes et
les femmes vivant en milieu rural. Dans son volet HIT, l'APRG donne sous forme
de crédit du bétail et du petit bétail (chèvres,
moutons, porcins, volaille). Pour être viable et opérationnelle,
l'APRG dispose de nombreuses sources de financement. Au niveau national, nous
pouvons citer la Maison de l'Entreprise du Burkina Faso (MEBF) et le Programme
pour le Développement Agricole (PDA) de l'Agence Allemande de
Coopération Technique (GTZ). A l'international, il y a comme partenaires
financiers le Service Universitaire Canadien Outre-mer (CUSO), l'Organisation
des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) et le Programme
Alimentaire Mondial (PAM).
Concernant l'Association Vive Le Paysan (AVLP), celle-ci est
née en 1979 à Saponé dans le Centre-Sud burkinabè,
avec pour objectif de « rendre le paysan capable et conscient d'être
le principal acteur de son propre bien être ». Elle compte plus que
42 000 membres. Elle intervient dans les régions du Centre-Sud et du
Centre. L'association a 5 grands axes de travail : (i)
28
l'agriculture et l'environnement, (ii) la santé, (iii)
l'éducation formelle et informelle, (iv) la formation des « leaders
» pour l'association, et (v) l'amélioration de la position de la
femme. Elle octroie des microcrédits à ses membres et mène
des activités de capitalisation animale. Ses principaux partenaires sont
Oxford Commitee for Famine Relief (OXFAM UK), Club Loisirs Actions Jeunesse
(France) et les services étatiques en relation avec ses domaines
d'action.
Enfin, l'Association Vive Le Paysan (AVLP) est née en
1979 à Saponé dans le Centre-Sud burkinabè, avec pour
objectif de « rendre le paysan capable et conscient d'être le
principal acteur de son propre bien être ». Elle compte plus que 42
000 membres. Elle intervient dans les régions du Centre-Sud et du
Centre. Elle octroie des microcrédits à ses membres et
mène des activités de capitalisation animale. Ses principaux
partenaires sont Oxford Commitee for Famine Relief (OXFAM UK), Club Loisirs
Actions Jeunesse (France) et les services étatiques en relation avec ses
domaines d'action.
Ce chapitre consistait à montrer que d'autres sentiers
doivent être explorés afin d'assurer un niveau de vie minimum aux
personnes pauvres et vulnérables. D'abord, il en est ressorti que les
textes consacrant la protection sociale universelle sont présents, mais
peinent à être exécutés. Ensuite, que les filets
sociaux de sécurité mis en oeuvre par les pouvoirs publics n'ont
pas un impact durable et soutenu. Puis, que l'élevage est un pan
névralgique de l'économie burkinabè qui promeut le statut
social des couches vulnérables. En outre, que la capitalisation animale
a un effet significatif en matière de protection, de promotion et de
transformation des pauvres et vulnérables. Et enfin, que le cadre
institutionnel des interventions HIT est dynamique, en ce sens qu'il existe des
relations de partenariat entre chacun des onze (11) projets et des structures
étrangères.
A ce niveau de l'étude, il importe de préciser
la méthodologie employée, et de fournir des informations
statistiques sur les actions de capitalisation animale. C'est ce à quoi
le chapitre suivant s'attèlera.
29
Chapitre III : Méthodologie de recherche et
Etude de cas sur la capitalisation animale au Burkina Faso
Ici il s'agit de procéder d'une part à la
description de la méthodologie de recherche et d'autre part, de
présenter une étude de cas sur la base des données
recueillies pour «Social protection and graduation: Case of
Heifer-In-Trust in Burkina Faso» (2014).
3.1. Méthodologie
La méthodologie utilisée dans cette étude
repose sur deux outils fondamentaux à savoir la recherche documentaire,
et comme outil d'analyse empirique l'estimation économétrique des
données collectées.
3.1.1. Revue documentaire
Dans la problématique, nous faisions ressortir que cette
recherche s'inscrit dans un cadre
relativement peu exploré, du moins au stade actuel. Il
était donc impératif de procéder à une analyse
rigoureuse et minutieuse d'ouvrages, d'articles et d'actes d'ateliers. Par
conséquent, nous avons pu d'une part, cerner un certain nombre de
concepts comme la capitalisation animale et les filets sociaux de
sécurité informels privés. D'autre part, la recherche
documentaire nous a permis de tirer les éléments
théoriques à la base de notre modèle d'analyse, ainsi que
les données.
3.1.2. Les données collectées
La base de données utilisée dans le cadre de notre
étude provient d'une part, de l'enquête HIT
menée par LANKOANDE et SUMBERG en 2011 et dont les
résultats ont été publiés en 2014. Elle a
été réalisée sur 107 ménages
bénéficiaires de cinq (05) projets de type HIT, avec 241 animaux
transférés toutes espèces confondues. Ces projets sont :
l'Association d'appui et de Promotion Rurale du Goulmou (APRG), le Groupement
Potal Djama Féminin (GPDF), la Fédération Nationale des
Groupements Naam (FNGN), l'Association Pag La Yiri et enfin l'Action Micro
Barrage (AMB).
D'autre part, nous nous sommes référés
à l'annuaire statistique de 2010 du Ministère de l'Environnement
et du Développement Durable (MEDD), en ce qui concerne les superficies
des zones pastorales fonctionnelles.
3.1.3. Traitement et analyse des données
Avant toute chose, il convient de spécifier que nous avons
choisi comme variable expliquée le
taux de croissance codifié du bétail. Cette
variable rend compte du fait pour un bénéficiaire d'un projet HIT
d'avoir fait croître ou stabilisé le bétail qui lui a
été transféré par ledit projet
30
HIT. Le taux de croissance utilisé pour codifier la
variable dépendante est donné par la formule31
suivante :
n
CRi = [v
|
Stock final d'animaux - 1 X 100
(Stock initial+Stock acquis avec
l'interventiondu projet HIT)
|
Où CR est le taux de croissance annuel moyen du
bétail transféré, n= année de collecte des
données-année de transfert du bétail, i = 1,.., 98
Année de transfert du bétail < 2011.
Le stock final d'animaux est le stock qui tient compte des
pertes de têtes dues à la mortalité et au
prélèvement pour la vente. C'est également le stock
d'animaux détenu par l'individu i au moment de la collecte des
données, soit l'an 2011. Nous faisons l'hypothèse que le
bétail forme une seule et même entité,
indépendamment des espèces.
Pour mener les analyses économétriques, nous
avons utilisé le logiciel Eviews en sa version 3.1. Eu égard
à la nature binaire de la variable dépendante (1 ou 0), nous
avons utilisé la régression binaire à travers le
modèle Probit. L'estimation du modèle a été faite
par le biais de la Méthode du maximum de vraisemblance. Une fois
l'estimation réalisée, il a été
procédé à un ensemble de tests en vue d'une part de
vérifier la validité du modèle et d'autre part d'analyser
les relations qui existent entre la variable expliquée et les variables
explicatives.
Après la description de l'approche
méthodologique, les lignes qui suivent se pencheront sur une
étude de cas, en présentant des résultats statistiques sur
la capitalisation animale au Burkina Faso.
3.2. Etude de cas
L'étude menée par LANKOANDE et SUMBERG (2014)
est intitulée «Social protection and graduation: Case of
Heifer-In-Trust in Burkina Faso». Elle a été
réalisée sur 107 ménages bénéficiaires de
cinq (05) projets de type HIT, avec 241 animaux transférés toutes
espèces confondues. Ces projets sont : l'Association d'appui et de
Promotion Rurale du Goulmou (APRG), le Groupement Potal Djama Féminin
(GPDF), la Fédération Nationale des Groupements Naam (FNGN),
l'Association Pag La Yiri et enfin l'Action Micro Barrage
31 Formule rendant compte des évolutions
démographiques sur une période donnée, utilisée par
LANKOANDE et SUMBERG (2013).
31
(AMB). Ce qu'il faut également retenir, c'est que les
zones d'intervention explorées sont le Centre, le Centre-Ouest, le
Centre-Est, l'Est et le Nord. Les données recueillies prennent en compte
la période 2007-2011 soit cinq (5) ans. Il a été
décidé pour l'analyse statistique de ne retenir que 98
ménages bénéficiaires, avec
195 animaux transférés toutes espèces
confondues. Sur les 107 bénéficiaires, il y en a 9 qui ont pour
date d'entrée dans les projets l'année 2011 (correspondant
à l'année de collecte des données) ; ce qui n'est pas
significatif au vu de la durée minimum de reproduction des animaux.
3.2.1. Statistiques liées aux projets HIT
? Répartition des bénéficiaires
selon le projet HIT
Tableau 1: Répartition des
bénéficiaires selon le projet HIT
Projets HIT
|
AMB
|
APRG
|
FNGN
|
Pag La Vini
|
GPDF
|
Total
|
Nombre de bénéficiaires
|
6
|
17
|
26
|
41
|
8
|
98
|
Source : L'auteur à partir des
données de l'étude «Social protection and graduation:
Case of Heifer-In-Trust in Burkina Faso», 2014.
Le tableau 1 montre que sur les projets étudiés,
le plus grand nombre d'enquêtés (41) provient de l'association Pag
La Yiri, tandis que le plus petit nombre d'enquêtés (6) est issu
de l'Action Micro Barrage (AMB). Cela s'explique par le fait qu'avant la
collecte des données auprès des projets identifiés, ils
ont eux-mêmes fourni des listes de bénéficiaires. Par
conséquent, le quota d'enquêtés par projet est fonction de
la part de bénéficiaires dudit projet dans le nombre total de
bénéficiaires.
? Croissance du cheptel selon le projet
HIT
Graphique 1 : Croissance du cheptel en fonction
du projet HIT (en pourcentage)
40,0
80,0
60,0
20,0
0,0
66,6
AMB APRG FNGN Pag La Yiri GPDF
Croissance Négative Croissance Stable Croissance
Positive
16,7 16,7 17,6 17,6
Croissance du cheptel en fonction du type de projet HIT (en
pourcentage)
64,7
46,2 43,9
34,6
19,2
9,8
46,3
12,5
12,5
75
Source : L'auteur à partir des
données de l'étude «Social protection and graduation:
Case of Heifer-In-Trust in Burkina Faso», 2014.
32
Selon le graphique 1, les croissances positives les plus
importantes ont été enregistrées avec les
bénéficiaires des projets Pag La Yiri (46,3%), APRG (64,7%) et
GPDF (75%). Il faut noter que parmi ces 3 projets, 2 sont ceux qui ciblent
uniquement les femmes (Pag La Yiri et GPDF). Cela suggère que plus un
projet est spécialisé, plus il produit de meilleurs
résultats. Plus le ciblage est clair, plus les
bénéficiaires seraient aptes à transformer les services
offerts par l'intervention.
3.2.2. Statistiques liées aux
bénéficiaires
? Caractéristiques socioéconomiques des
bénéficiaires
Le tableau suivant met en exergue les principales
caractéristiques socioéconomiques des
bénéficiaires des interventions HIT. Ces
caractéristiques sont le sexe, le niveau d'éducation, l'âge
et l'activité principale des bénéficiaires.
Tableau 2 : Caractéristiques
socioéconomiques des bénéficiaires
|
Projets
|
Caractéristiques
|
Nombre de bénéficiaires
|
AMB
|
APRG
|
FNGN
|
Pag La Viri
|
GPDF
|
Sexe
|
Femmes
|
71
|
100%
|
47,1%
|
92,3%
|
61,%
|
100%
|
Hommes
|
27
|
0%
|
52,9%
|
7,7%
|
39%
|
0%
|
Niveau d'éducation
|
Non alphabétisé
|
63
|
33,3%
|
88,2%
|
84,6%
|
43,9%
|
75%
|
Au moins le niveau primaire
|
35
|
66,7%
|
11,8%
|
15,4%
|
56,1%
|
25%
|
Age (années)
|
15-44
|
62
|
100%
|
64,7%
|
53,8%
|
75,6%
|
0%
|
Plus de 44
|
36
|
0%
|
35,3%
|
46,2%
|
24,4%
|
100%
|
|
Principale activité
|
Agriculture
|
49
|
50%
|
47,1%
|
53,8%
|
58,5%
|
0%
|
Elevage
|
26
|
0%
|
35,3%
|
46,2%
|
4,9%
|
75%
|
Petit commerce
|
14
|
50%
|
11,8%
|
0%
|
22%
|
0%
|
Autre
|
9
|
0%
|
5,8%
|
0%
|
14,6%
|
25%
|
Source : L'auteur à partir des
données de l'étude «Social protection and graduation:
Case of Heifer-In-Trust in Burkina Faso», 2014.
Tout d'abord, pour ce qui est du sexe, l'Action Micro Barrage
(AMB) et le Groupement Potal Djama Féminin (GPDF) ne ciblent que les
femmes (100% de femmes). Le second constat est que pour l'APRG, il y a plus
d'hommes que de femmes qui sont bénéficiaires, contrairement aux
autres. Dans le cas de la Fédération Nationale des Groupements
Naam (FNGN) on dénombre jusqu'à 92,3% de femmes contre seulement
7,7% d'hommes.
Ensuite, en ce qui concerne le niveau d'éducation des
chefs de ménages enquêtés, la tendance
générale est qu'en majorité ils sont non
alphabétisés (63 soit 64,3 %). Cette tendance est
33
soutenue par l'APRG (88,2% d'illettrés contre 11,8% de
chefs de ménages ayant au moins le niveau primaire), la FNGN et le GPDF.
L'AMB et Pag La Yiri ont, quant à eux, plus de
bénéficiaires lettrés que d'analphabètes.
Quand on se penche sur l'âge des
bénéficiaires, il ressort qu'il y a nettement plus de
bénéficiaires ayant entre 15 et 44 ans (63,27%) que de
bénéficiaires ayant plus de 44 ans (36,73%). A cet effet, le
score le plus élevé est de l'AMB (100% des
bénéficiaires ont entre 15 et 44 ans). Le GPDF quant à
lui, a une répartition exclusivement axée sur les plus de 44 ans.
Cela est en relation avec l'âge qui est un critère de ciblage du
GPDF. Ce projet considère que les personnes relativement
âgées sont plus à même d'utiliser leur
expérience de vie pour mener à bien l'activité
d'élevage.
Enfin, en termes d'activités, les
bénéficiaires pratiquent surtout l'agriculture et
l'élevage (75 personnes soit 76,5 %). Il y a relativement peu de
bénéficiaires qui ont comme activités principales le petit
commerce (14) et les autres activités (9), si bien que ces personnes ne
représentent que 23,5 % des enquêtés.
? Répartition du cheptel selon le genre des
bénéficiaires
Tableau 3 : Répartition du cheptel selon le genre des
bénéficiaires (en pourcentage)
Genre
|
|
Femme
|
Homme
|
Total
|
72,4
|
27,6
|
100
|
Source : L'auteur à partir des
données de l'étude «Social protection and graduation:
Case of Heifer-In-Trust in Burkina Faso», 2014.
Le tableau 3 nous révèle que les femmes
détiennent la plupart des animaux composant le cheptel, à hauteur
de 72,4%. Cela est révélateur du fait que la majorité des
interventions HIT au Burkina Faso s'intéresse à la gent
féminine qui est reconnue en général comme la plus pauvre
et la plus vulnérable.
? Croissance du cheptel selon le genre des
bénéficiaires
Graphique 2 : Croissance du cheptel en fonction
du genre des bénéficiaires (en pourcentage)
Croissance du cheptel en fonction du genre des
bénéficiaires (en pourcentage)
0
Femme Homme
Croissance Négative Croissance Stable Croissance
Positive
46,5 22,5 31 25,9 14,8 59,3
100
50
Source : L'auteur à partir des
données de l'étude «Social protection and graduation:
Case of Heifer-In-Trust in Burkina Faso», 2014.
34
Du graphique 2, nous pouvons retenir que les hommes
enregistrent plus de croissance positive (59,3%) de leurs troupeaux que les
femmes. Chez les femmes, on note jusqu'à 46,5% de croissance
négative pour 31% d'évolution positive.
V' Répartition du cheptel selon le niveau
d'éducation des bénéficiaires Tableau 4 :
Répartition du cheptel selon le niveau d'éducation des
bénéficiaires (en pourcentage)
Niveau d'éducation
|
|
Aucun
|
Alphabétisé
|
Primaire
|
Secondaire et plus
|
Total
|
52,1
|
12,2
|
26,5
|
9,2
|
100
|
Source : L'auteur à partir des
données de l'étude «Social protection and graduation:
Case of Heifer-In-Trust in Burkina Faso», 2014.
A travers le tableau 4, il est mis en exergue que les
personnes analphabètes sont détentrices de la plus grande part du
cheptel étudié, et ce à concurrence de 52%. Les
bénéficiaires les plus instruits quant à eux ne
détiennent que 9,2% dudit cheptel. A ce sujet, il faut souligner que la
cartographie des éleveurs au Burkina Faso est telle qu'il y a une grande
proportion d'analphabètes. En outre, les projets HIT ne ciblent que les
pauvres et vulnérables, qui n'ont en général pas
accès à l'éducation formelle.
V' Croissance du cheptel en fonction du niveau
d'éducation des bénéficiaires Graphique 3 :
Croissance du cheptel en fonction du niveau d'éducation des
bénéficiaires (en pourcentage)
Croissance du cheptel en fonction du
niveau d'éducation des bénéficiaires
(en pourcentage)
66,7
11,5
11,1
34,6
22,2
80,0 70,0 60,0 50,0 40,0 30,0 20,0 10,0 0,0
58,3 53,8
35,3
39,2
25,5
25
16,7
Aucun Alphabétisé Primaire Secondaire et plus
Croissance Négative Croissance Stable Croissance
Positive
Source : L'auteur à partir des
données de l'étude «Social protection and graduation:
Case of Heifer-In-Trust in Burkina Faso», 2014.
Les histogrammes groupés présentés par le
graphique 3 montrent que le taux de croissance positive le plus
élevé est le fait de la catégorie « secondaire et
plus ». Lorsque l'on observe la
35
tendance évolutive à partir du niveau
alphabétisé (25%), en passant par le niveau primaire (34,6%),
jusqu'au secondaire ou plus (66,7%), les constats suivants peuvent être
faits : ? cette tendance est croissante ;
? entre le point de départ et le niveau le plus
élevé il y a une croissance plus de 2 fois plus importante.
En conclusion, plus le bénéficiaire est
éduqué, et plus il obtiendrait de meilleurs résultats.
Cependant, cela passe par l'opérationnalisation du savoir acquis lors de
la formation scolaire.
y' Répartition du cheptel selon l'activité
principale des bénéficiaires
Le tableau 5 renseigne sur la répartition du cheptel selon
l'activité principale des bénéficiaires. Au titre des
activités, il y a l'agriculture, l'élevage, le petit commerce et
les autres activités.
Tableau 5 : Répartition du cheptel selon
l'activité principale des bénéficiaires (en
pourcentage)
Activité principale
|
|
Agriculture
|
Elevage
|
Petit commerce
|
Autre
|
Total
|
50
|
26,5
|
14,3
|
9,2
|
100
|
Source : L'auteur à partir des
données de l'étude «Social protection and graduation:
Case of Heifer-In-Trust in Burkina Faso», 2014.
Du tableau 5, nous pouvons dire que les
bénéficiaires ayant pour activité principale l'agriculture
et l'élevage détiennent jusqu'à 76,5% du bétail
transféré. Ceux faisant du petit commerce et d'autres
activités ne détiennent que 23,5% du cheptel.
y' Croissance du cheptel en fonction de l'activité
principale des bénéficiaires Graphique 4 : Croissance du
cheptel en fonction de l'activité principale des
bénéficiaires (en pourcentage)
Croissance du cheptel en fonction de
l'activité principale des bénéficiaires
(en pourcentage) 57,1
42,9 46,2 42,9
60,0
55,6
40,0
20,0
30,6
34,6
19,2
26,5
22,2
22,2
0,0
0,0
Agriculture Elevage Petit commerce Autre
Croissance Négative Croissance Stable Croissance
Positive
Source : L'auteur à partir des
données de l'étude «Social protection and graduation:
Case of Heifer-In-Trust in Burkina Faso», 2014.
36
Avoir une expérience antérieure dans le domaine
de l'élevage semble être un facteur favorisant la croissance du
bétail. En effet, le graphique 4 montre que le deuxième plus fort
taux de croissance du bétail est celui émanant des
bénéficiaires qui avaient déjà pour activité
l'élevage. Ce taux est de 46,2%.
V' Croissance du cheptel selon la tranche d'âge des
bénéficiaires
Graphique 5 : Croissance du cheptel selon la
tranche d'âge des bénéficiaires (en pourcentage)
Croissance du cheptel selon la tranche d'âge des
bénéficiaires (en pourcentage)
30,6
21 19,4
20
0
15-44 44 et plus
Croissance Négative Croissance Stable Croissance
Positive
40
32,3
Source : L'auteur à partir des
données de l'étude «Social protection and graduation:
Case of Heifer-In-Trust in Burkina Faso», 2014.
Le graphique 5 montre que les bénéficiaires de
plus de 44 ans ont réalisé les meilleurs scores de croissance
positive. En effet cette tranche d'âge a un taux de croissance du
bétail de 50% contre 32,3% pour celle des 15-44 ans. Il ressort donc que
plus le bénéficiaire est âgé, plus il serait enclin
à réaliser des gains de production animale.
3.2.3. Statistiques liées au bétail
transféré
V' Répartition du cheptel transféré
en fonction de l'espèce
Le tableau 6 nous renseigne sur le cheptel des
bénéficiaires, qui est à majorité constitué
de petits
ruminants (69,2%) et en minorité de porcins (6,7%).
Tableau 6 : Répartition du cheptel
transféré en fonction de l'espèce
Espèces
|
Nombre de têtes
transférées
|
Pourcentage
|
Petits ruminants
|
135
|
69,2%
|
Bovins
|
28
|
14,4%
|
Porcins
|
13
|
6,7%
|
Volaille
|
19
|
9,7%
|
Total
|
195
|
100,00
|
Source : L'auteur à partir des
données de l'étude «Social protection and graduation:
Case of Heifer-In-Trust in Burkina Faso», 2014.
V' Evolution d'ensemble du cheptel (Cf. Annexe
1)
Le graphique 6 présente l'évolution du cheptel,
toutes espèces confondues. Cette évolution est
appréciée grâce au calcul du taux de
croissance des troupeaux ; ainsi, par exemple un taux de
37
croissance positif signifie que l'évolution est
positive. Il ressort qu'il y a presqu'autant de bénéficiaires
ayant fait croître leur bétail (38,8%) que de
bénéficiaires ayant perdu des têtes (40,8%). Par contre, il
y a deux fois moins (20,4%) de bénéficiaires ayant vu leurs
troupeaux inchangés en termes de nombre que de
bénéficiaires ayant perdu des têtes (40,8%).
Graphique 6 : Evolution d'ensemble du cheptel
(en pourcentage)
Négative Stable Positive
40,8
Evolution d'ensemble du cheptel (en
pourcentage)
Evolution
20,4
38,8
Source : L'auteur à partir des
données de l'étude «Social protection and graduation:
Case of Heifer-In-Trust in Burkina Faso», 2014.
Ici, il convient de souligner que dans l'analyse
économétrique qui suivra, nous assimilerons le taux de croissance
stable au taux de croissance positif. Pour cause, la période
considérée (05 ans) n'est pas suffisamment longue pour dire qu'un
bénéficiaire ayant réalisé un taux de croissance
stable a « échoué ». D'autant plus que les personnes
qui sont dans ce cas ont fourni des efforts pour maintenir leur bétail
en vie.
? Croissance du cheptel en fonction de
l'espèce
Le graphique 7 fait ressortir les disparités de
croissance en fonction de l'espèce. Il montre que les bovins sont
l'espèce pour laquelle est enregistrée la plus grande croissance
positive (66,7%). De plus les bovins sont également l'espèce
où il y a eu la deuxième plus grande croissance stable (20%),
après les petits ruminants (22,5%). Cependant, la volaille a connu la
plus importante croissance négative (75%) et n'a pas connu de croissance
stable (0%). Cela s'explique d'une part, par la résistance du gros
bétail notamment les bovins, aux conditions agro-climatiques du Burkina
Faso (LANKOANDE et SUMBERG, 2014). D'autre part, les maladies aviaires ainsi
que la facilité dans la vente de la volaille pourraient expliquer ce
fort taux de croissance négative au niveau de la volaille.
38
Graphique 7 : Croissance du cheptel en fonction
de l'espèce (en pourcentage)
Croissance du cheptel en fonction de l'espèce
(en pourcentage)
Petits ruminants Bovins Porcins Volaille
Croissance Négative Croissance Stable Croissance
Positive
75
80
66,7
40
60
20
0
45,1
22,5 20
13,3
32,4
37,5
12,5
50
0
25
Source : L'auteur à partir des
données de l'étude «Social protection and graduation:
Case of Heifer-In-Trust in Burkina Faso», 2014.
L'étude de cas a révélé les effets de
certaines variables sur la performance de la capitalisation animale. Cependant,
ces effets sont-ils significatifs ?
Le chapitre qui suit va s'intéresser à cette
interrogation. Plus spécifiquement, il sera question de
l'appréciation des déterminants de la performance de la
capitalisation animale.
39
Chapitre IV : Appréciation des
déterminants de la performance de la capitalisation animale comme filet
social informel privé au Burkina Faso
Ce chapitre s'attèlera d'une part à
décrire les variables de l'étude et d'autre part à faire
ressortir les relations économétriques pouvant exister entre le
fait d'avoir fait croître le bétail transféré par
les projets HIT et les variables explicatives retenues. Enfin, de
présenter et d'analyser les résultats des estimations
économétriques.
4.1. Les variables de l'étude
4.1.1. La variable dépendante
Considérons notre échantillon de 98 individus
indicés i = 1,.., 98. Pour chaque individu, on observe le taux de
croissance de son troupeau (CR) et l'on note TCRL la variable
codée associée à l'évènement «
croissance positive ou stable du troupeau ». On pose Vi E
[1,98] :
TCRL = j1 si CR >_ 0 avec CR = Taux de croissance annuel
moyen du bétail transféré llOsi CR< 0
Dans la théorie économique, le fait pour un
individu de faire croître ou de maintenir son bétail tel quel,
s'explique par la théorie de la décision
individuelle32 et par celle du choix social33. Plus haut,
les nouvelles théories de la croissance exposées ont mis en
exergue quatre (04) formes de capitaux (humain, institutionnel, social et
naturel). Comment alors expliquer l'augmentation ou le maintien du nombre de
têtes qu'un bénéficiaire possède ?
Considérons chacune des formes de capitaux.
Tout d'abord, en ce qui concerne le capital humain, l'individu
compare l'utilité escomptée découlant de sa participation
à un programme de formation à l'utilité qu'il a sans y
participer. Ce raisonnement prend en compte les différents coûts
liés à la formation (inscription, déplacements, temps
productif, etc.). Il décidera alors de se former, et partant de
renforcer son capital humain si et seulement si l'utilité
escomptée est supérieure à l'utilité actuelle.
C'est ainsi que certains bénéficiaires de transferts d'animaux
sont plus formés que d'autres, et cela pourrait engendrer
différents résultats, selon qu'un bénéficiaire soit
plus formé qu'un autre.
Ensuite, pour le capital institutionnel, le projet HIT
considère dans un premier temps sa population cible et les
utilités totales escomptées de ladite population cible. A noter
que ces
32 Théorie centrée sur le modèle
à utilité escomptée proposé par SAMUELSON en
1937.
33 Théorie dont le cadre moderne émane
d'ARROW en 1951.
40
utilités totales escomptées découlent de
la participation de la population cible aux différents services
d'accompagnement (transferts monétaires, services
vétérinaires, formations, etc.) potentiellement applicables par
le projet HIT. Dans un second temps, il fait une comparaison des
utilités totales escomptées et choisira de mettre en oeuvre les
services d'accompagnement ayant les plus grandes utilités totales
escomptées ; sous contrainte, entre autres, de son budget et de la
disponibilité du personnel d'appui. Par conséquent, les services
d'appui sélectionnés pourraient permettre à des
bénéficiaires d'un projet HIT donné de réaliser de
meilleurs résultats que d'autres faisant partie d'un projet HIT
tiers.
En outre, concernant le capital social, la communauté
ethnique considère d'un côté la part contributive des
utilités escomptées des bénéficiaires
d'intervention HIT, dans l'utilité totale de la communauté. De
l'autre côté, elle considère la part contributive dans
l'utilité totale de la communauté, des utilités des
bénéficiaires si ceux-ci ne prennent pas part au projet HIT. Elle
opère alors un arbitrage. Si l'impact de la participation au projet HIT
est positif pour toute la communauté, celle-ci s'implique en aidant les
bénéficiaires de transferts d'animaux de façon pratique.
Toute chose qui pourrait induire que certains bénéficiaires
faisant partie d'un groupe social ayant saisi la portée des
interventions HIT soient plus performants que d'autres appartenant à un
groupe social différent.
Enfin, sur le plan du capital naturel, les zones pastorales
fonctionnelles sont des biens communs et donc rivaux mais non exclusifs. C'est
à ce niveau que s'applique la théorie du choix social. La
différence entre la théorie de la décision individuelle et
la théorie du choix social est que le choix social s'opère en
considérant un futur à l'échelle de plusieurs
générations (RENAULT, 2013). L'Etat burkinabè, en se
basant sur le schéma directeur d'aménagement
(référentiel de planification de long terme), identifie des
espaces comme étant des zones pastorales qui contribuent à la
mise en valeur pastorale. Ces espaces sont choisis en tenant compte de l'impact
sur les générations futures, tout en permettant aux
générations présentes de s'épanouir. En
conséquence, cela pourrait mener à une situation au sein de
laquelle, des bénéficiaires faisant partie d'une région
où il y a de grandes zones de pâturage réalisent de
meilleures performances que ceux vivant dans une région avec des zones
de pâturage moins grandes.
4.1.2. Les variables explicatives
Des enseignements tirés de la littérature
théorique et empirique des facteurs de performance de la capitalisation
animale comme filet social de sécurité informel et privé,
il ressort comme facteurs potentiels de performance les variables suivantes
:
41
- au titre du capital humain des bénéficiaires : le
sexe, l'âge, le niveau d'éducation et
l'activité professionnelle de départ ;
- au titre du capital institutionnel des projets HIT :
l'âge des projets HIT et le fait pour un
projet HIT d'utiliser oui ou non un ciblage direct ;
- au titre du capital social des bénéficiaires :
l'ethnie du bénéficiaire ;
- au titre du capital naturel : la superficie des zones
pastorales fonctionnelles.
Ces variables sont présentées et définies
dans le tableau suivant.
Tableau 7 : Présentation et
définition des variables explicatives
Variables
|
Notation
|
Mesure
|
Signe attendu
|
Age du bénéficiaire
|
AGE
|
Nombre d'années vécues
|
+
|
Sexe du bénéficiaire
|
SEXE
|
1=Femme 0=Homme
|
-
|
Secteur d'activités
|
SECT_ACT01
|
1=Activités agropastorales
0=Autres activités
|
+
|
Age du projet HIT
|
AGEPRO
|
Nombre d'années
d'existence du projet HIT
|
+
|
Niveau d'éducation
|
EDUC
|
1=Secondaire et
plus
0=Sinon
|
+
|
Ciblage spécifique
|
CIBLSPE
|
1=Ciblage direct 0=Sinon
|
+
|
Ethnie
|
ETHNIES
|
1=Ethnies à
culture d'élevage (Peulh, Gourmantché, Mossi)
0=Autres ethnies
|
+
|
Superficie de la zone
pastorale fonctionnelle
|
SUPZP
|
Hectares
|
+
|
Source : Construction de l'auteur
à partir de la littérature et de LANKOANDE et SUMBERG (2013)
La codification des variables explicatives s'est faite en
considérant certains aspects. C'est notamment le cas de l'ethnie,
où la codification a été réalisée en
analysant le degré de relation entre chacune des ethnies de
l'échantillon et l'élevage. Par conséquent, pour les
peulhs, leur mode de vie séculaire gravitant autour de l'élevage
leur confère un avantage pour cette activité.
42
Il y a également les gourmantché et les mossis,
qui ont une expérience développée en matière
d'élevage. A ce niveau, d'une part nous avons tenu compte du fait que le
marché à bétail de Fada N'Gourma qui est l'un des plus
grands du Burkina Faso, soit situé dans la région de l'Est ; zone
à majorité peuplée de gourmantchés. D'autre part,
le marché à bétail de Pouytenga (zone en grande partie
peuplée de mossi) n'en est pas moins important. Les autres ethnies sont
les bissas, les dioulas, les gourounsis et les yana.
4.2. Construction du modèle d'analyse
Soient les 98 bénéficiaires de capitalisation
animale indicés i=1,...,98 et les huit (08) variables
explicatives identifiées, TCRi
la variable expliquée pour l'individu i, Xi =
(Xi, XL, ... , X?) le
vecteur des variables exogènes pour l'individu i. Soit pi
la probabilité de survenue de
l'évènement « croissance positive ou stable du
troupeau », conditionnellement aux variables
exogènes et pour le ième individu.
0(46) représente la valeur de la fonction de
répartition de
la loi normale centrée réduite N (0, 1) au point
Xif3. Le modèle Probit s'écrit alors
:
Pi= P (TCRi= 1/Xi) = 0(Xi6)
-z2
=> pi = f X~ dzrr e 2 dz
bpi E [1, 98]
Le modèle d'analyse a alors la forme fonctionnelle
suivante :
pi = a+11XI?? + yXi2
+6Xi??
+9Xi??+oxi??+12xi??+nXi??
+pXi??+ei
=> pi = a + 11AGEi + yEDUCi + 6SECT_ACTi +
9SEXEi + BAGEPROi
+ 12CIBLSPEi + irETHNIESi + pSUPZPi +
ei
Avec a la constante ; 11,y, 9, B, 12, n et p les
coefficients ; ei le terme d'erreur
AGE; = Age du bénéficiaire i
EDUC; = Niveau d'éducation du
bénéficiaire i
SECT ACT; = Secteur d'activités du
bénéficiaire i
_
SEXE; = Sexe du bénéficiaire i
AGEPRO; = Age du projet dont l'individu i est
bénéficiaire
CIBLSPE; = Type de ciblage utilisé par le
projet dont l'individu i est bénéficiaire
ETHNIES; = Groupe ethnique dont le
bénéficiaire i est issu
SUPZP; = Superficie de la zone pastorale de la
région dont le bénéficiaire i est issu
Tout au long de nos analyses, le seuil de signification retenu
est celui de 10%, soit 0,10.
L'introduction des données relatives aux variables
ci-dessus explicitées dans Eviews a donné
les résultats suivants :
43
Tableau 8 : Résultats du modèle
1
Variables
|
Coefficients
|
Probabilités
|
AGE
|
0.007548
|
0.5145
|
AGEPRO
|
-0.015372
|
0.3835
|
CIBLSPE
|
0.368876
|
0.3365
|
EDUC
|
1.117802*
|
0.0743
|
ETHNIES
|
0.693193*
|
0.0861
|
SECT_ACT01
|
0.001136
|
0.9975
|
SEXE
|
-0.655161*
|
0.0572
|
SUPZP
|
-5.28E-08
|
0.9887
|
Constante
|
0.319636
|
0.7681
|
*
|
Statistique du rapport des vraisemblances (LR)
|
0.101345
|
*=significatif au seuil de 10%
Source : Estimation sur Eviews.
Le modèle théorique donne des résultats
non exploitables en termes d'analyses. En effet, la probabilité
rattachée au Likelihood Ratio (LR) est de 0,101345 (supérieure au
seuil de 10%). Cependant, ce modèle peut être
amélioré en enlevant progressivement les variables ayant les
p-values les plus élevées. Sur la base de cette procédure,
ce sont les variables SECT_ACT01 et SUPZP qui sont dans ce cas de figure avec
des probabilités rattachées respectives de 0,99 et 0,98.
Nous obtenons alors le modèle ci-dessous :
Tableau 9 : Résultats du modèle
2
Variables
|
Coefficients
|
Probabilités
|
AGE
|
0.007602
|
0.4873
|
AGEPRO
|
-0.015368
|
0.3763
|
CIBLSPE
|
0.368409
|
0.3349
|
EDUC
|
1.117593*
|
0.0708
|
ETHNIES
|
0.693883*
|
0.0801
|
SEXE
|
-0.653469**
|
0.0426
|
Constante
|
0.312743
|
0.7430
|
*
**
|
Statistique du rapport des vraisemblances (LR) **
|
0.038248
|
*=significatif au seuil de 10% **=significatif au seuil de 5%
Source : Estimations sur Eviews.
Comme escompté, les résultats du deuxième
modèle sont plus intéressants que ceux du
précédent. La probabilité rattachée au Likelihood
Ratio (LR) est de 0,0038, ce qui est inférieur
44
au seuil de 10%. Ce modèle est alors exploitable. La
suite de notre analyse repose sur l'équation suivante :
pi = a+ 1,118 EDUCi - 0, 653 SEXEi+ 0, 693 ETHNIESi +
ei
4.3. Résultats des estimations
économétriques
4.3.1. Test d'adéquation du modèle
Ce test est réalisé sur la base de la
probabilité rattachée au LR. Notons cette probabilité
PLR.
Soit à tester :
H0: )61 = )62 = ...
= )66 = 0 Si Pis > 0,10
Avec K E [1, 6]
Hi: 3 )6K* 0 Si Pis
<_0,10
L'hypothèse nulle H0 n'est pas acceptée car PLR=
0,0038 <0,10. Il y a au moins une variable pour laquelle le coefficient est
significativement différent de 0, au seuil de 10%.
4.3.2. Pouvoir prédictif du modèle
Il s'agit ici de mesurer l'aptitude du modèle à
reproduire les valeurs effectivement observées
de TCR sur l'échantillon des 98 individus qui a servi
à l'estimation des coefficients. Pour apprécier la qualité
prédictive du modèle, un seuil de probabilité égal
à 50 % est utilisé.
Plus précisément, si pour un individu i, on a
observé TCRi=0 et Pi=P (TCRi=1/Xi)34 calculée par le
modèle est inférieure à 50%, alors on considère que
le modèle a effectivement prédit que pour i, TCR=0. De
même, si pour un individu j, on a observé TCRj=1 et Pj=P
(TCRj=1/Xj)35 calculée par le modèle est
supérieure à 50%, alors on considère que le modèle
a effectivement prédit que pour j, TCR=1.
Soit la table de prédiction suivante :
34 La probabilité pour l'individu i de
l'évènement « croissance positive ou stable du troupeau
», conditionnellement aux variables exogènes.
35 La probabilité pour l'individu j de
l'évènement « croissance positive ou stable du troupeau
», conditionnellement aux variables exogènes.
45
Tableau 10 : Table de prédiction (en
pourcentage)
|
Modèle estimé
|
Modèle contraint
|
|
Observations TCR=0
|
Observations TCR=1
|
Total
|
Observations TCR=0
|
Observations TCR=1
|
Total
|
Pourcentage d'observations correctement prédites
|
55
|
72.41
|
65.31
|
0.00
|
100.00
|
59.18
|
Pourcentage d'observations
non correctement prédites
|
45.00
|
27.59
|
34.69
|
100.00
|
0.00
|
40.82
|
Gain total
|
55
|
-27.59
|
6.12
|
|
Gain relatif
|
55
|
-
|
15
|
Source : Estimations sur Eviews
La lecture de la table ci-dessus nous permet de dire d'une
part que le modèle à une spécificité de 55%.
C'est-à-dire que le modèle prédit correctement 55% des
taux de croissance négatifs. D'autre part, la sensibilité du
modèle est de 72.41%. Par conséquent, 72.41% des taux de
croissance positifs ou stables des troupeaux sont correctement prédits.
Globalement, le modèle prédit correctement 65.31% des
observations ; ce qui est acceptable.
4.3.3. Gains total et relatif du modèle
Avec toujours pour référence la table de
prédiction employée précédemment, il est possible
de lire les gains total et relatif du modèle estimé,
comparativement au modèle à probabilité constante
(modèle contraint). Sur le cadran droit de la table, on peut voir les
informations liées au modèle contraint (ou modèle sous
hypothèse nulle). L'information capitale est que le modèle
contraint classifie correctement 59,18% des observations. En
conséquence, il ressort un gain total de 6,12% pour le modèle
estimé par rapport au modèle contraint. Ce qui veut dire que le
modèle estimé est de 6,12 points de pourcentage meilleur en
matière de prédiction de réponses que le modèle
sous hypothèse nulle (tous les coefficients nuls).
46
Il y a également le gain relatif qui est de 15% ; cela
veut dire que le changement de modèle (passage du modèle
contraint au modèle estimé), représente une
amélioration de 15% par rapport aux 59,18% de prédictions
correctes du modèle sous hypothèse nulle.
4.3.4. Test de significativité individuelle des
coefficients Soit à tester :
??0:???? = 0 ???? ?? > 0,10
Avec K ? [1, 6]
??0:???? ? 0 ???? ?? = 0,10
En observant le tableau 9, on note que seules les variables
EDUC, ETHNIES et SEXE ont des p-values inférieures à 0,10. En
effet, pour la variable EDUC, la probabilité associée est de
0.0708< 0,10. La probabilité liée à la variable ETHNIES
est de 0.0801< 0,10. La probabilité rattachée à la
variable SEXE est de 0.0426< 0,10. Nous pouvons donc conclure que les
variables EDUC, ETHNIES et SEXE sont toutes significativement
différentes de 0, au seuil de 10%.
En résumé, d'abord, notre modèle est tel
qu'il y a au moins une variable pour laquelle le coefficient est
significativement différent de 0, au seuil de 10%. Ensuite, le
modèle prédit correctement 65, 31% des observations. En outre, le
modèle estimé apporte une valeur ajoutée en termes de
prédiction par rapport au modèle contraint. Enfin, trois (03)
variables explicatives (EDUC, ETHNIES et SEXE) sont significatives au seuil de
10%.
De tout ce qui précède, nous pouvons conclure
que les résultats du modèle sont globalement significatifs. Le
modèle est adéquat, même si les prédictions
correctes représentent 65,31%. Par conséquent, le modèle
est validé sur le plan statistique. Quelle est alors la portée
économique de tels résultats ?
4.4. Interprétation économique des
résultats
La spécificité des modèles à choix
binaires en occurrence le Probit, est que les coefficients ne sont pas
directement interprétables en termes de propensions marginales. C'est
ainsi qu'on s'intéresse seulement aux signes de ces coefficients. Un
signe positif (négatif respectivement) indique qu'une augmentation de la
variable explicative considérée augmente (baisse respectivement)
la chance de faire croître ou de stabiliser le troupeau.
Au début de notre analyse, nous avions huit (08)
variables explicatives dont nous voulions apprécier les effets
respectifs sur la probabilité pour un individu, de faire croître
ou de stabiliser
47
le bétail qui lui a été
transféré par un projet HIT. Cependant, au fur et à mesure
de l'analyse, cinq (05) variables se sont avérées non
pertinentes36 pour expliquer cette probabilité. Il s'agit
notamment de l'âge des bénéficiaires (AGE), de leur secteur
d'activités (SECT_ACT01), de l'âge des projets HIT (AGEPRO), du
type de ciblage utilisé par les projets HIT pour choisir les
bénéficiaires (CIBLSPE) et de la superficie des zones pastorales
fonctionnelles situées dans les régions des
bénéficiaires (SUPZP). Considérons ces cinq (05) variables
au cas par cas.
V' AGE : la non pertinence de cette variable pourrait
s'expliquer par le fait que dans le milieu social des zones d'enquête,
quel que soit l'âge des bénéficiaires, ceux-ci ont à
peu près les mêmes chances de faire croître ou de stabiliser
leur bétail. Une autre explication est que dans les méthodes de
ciblage des projets, l'âge n'est probablement pas suffisamment pris en
compte.
V' SECT_ACT01 : cette variable est non pertinente probablement
parce que dans le milieu socio-professionnel des zones d'enquête, le
secteur d'activités des bénéficiaires ne les formate pas
en termes de comportements avantageux ou contraignants en matière
d'élevage.
V' AGEPRO : ici, la non pertinence est probablement
liée au fait que dans le milieu institutionnel des zones
d'enquête, aussi bien les jeunes projets (22 ans d'existence) que les
vieux projets peuvent avoir les mêmes capacités en termes
d'interventions HIT.
V' CIBLSPE : cette variable est non pertinente
éventuellement parce que d'une part, la base de données
secondaires ne prend pas en compte certains éléments comme le
revenu des bénéficiaires. D'autre part il y aurait le fait que
sur les 11 projets HIT au Burkina Faso, les données utilisées
n'en concernent que cinq (05).
V' SUPZP37 : à ce niveau, la non pertinence
peut être expliquée par la non prise en compte de certaines
variables dans la base de données secondaires utilisée. En effet,
les données recueillies ne prennent pas en compte un indicateur qui
aurait pu davantage nous renseigner sur les superficies des zones de
pâturage directement utilisées par chacun des
bénéficiaires.
36 Lesdites variables avaient des coefficients non
significatifs au seuil de 10%.
37 Variable rendant compte du capital naturel des
zones d'enquête.
48
En définitive, lorsqu'un regroupement de certaines
variables explicatives non significatives en sous-groupes des
différentes formes de capitaux est réalisé, les constats
suivants sont faits :
y' le capital institutionnel tel que nous
l'avons décrit, n'est pas pertinent, puisque les deux
(02) variables (AGEPRO et CIBLSPE) y faisant allusion ne le
sont pas. Cela s'explique par le fait que la base de données
utilisée ne prenne pas en compte d'autres aspects comme la
présence d'appuis vétérinaires ou pas, l'organisation ou
pas de formations à l'intention des bénéficiaires, etc.
y' le capital naturel tel qu'il a
été décrit n'est pas déterminant, en ce sens que la
variable rattachée SUPZP n'est pas pertinente.
A la suite de notre raisonnement, il est ressorti que les
variables explicatives déterminantes sont le niveau d'éducation
des bénéficiaires (EDUC), l'ethnie des
bénéficiaires (ETHNIES) et le sexe des
bénéficiaires (SEXE). Les variables EDUC et ETHNIES ont des
influences positives, tandis que le coefficient de la variable SEXE est de
signe négatif.
En premier lieu, la significativité de la variable EDUC
signifie que plus un individu est éduqué, plus il a de chances de
faire croître ou de stabiliser le bétail reçu des projets
HIT. En effet, la réception du bétail par les ménages
pauvres et vulnérables crée au début un « stress
» de gestion. Dès lors, des questions « existentielles »
se posent : comment gérer ce bétail ? Comment le nourrir ? Qui va
s'en occuper dans le ménage ? C'est à ce niveau que les
disparités entre bénéficiaires liées notamment au
degré d'éducation vont apparaître. Les
bénéficiaires ayant un niveau d'éducation plus
élevé trouveront des réponses plus rapidement aux
questions sus citées, comparativement à ceux d'un niveau
d'éducation plus bas. Nos résultats sont corroborés par
les travaux d'AFIFI-AFFAT (1998) sur les conditions nécessaires à
la durabilité des modèles HIT du point de vue des
bénéficiaires et des projets. En effet, selon AFIFI-AFFAT (1998)
: « Il y a certaines raisons de croire qu'au moins dans leur
première année, les modèles HIT connaissent des faibles
taux de mise bas et de forts taux de mortalité des animaux. Cela
s'explique en majeure partie par l'inexpérience des participants en
matière de gestion animale [...] ». De plus, ce
résultat correspond à une réalité sur le plan plus
large de l'élevage au Burkina Faso. Une des conclusions de
l'étude38 faite par le Ministère des Ressources
Animales (MRA) et le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD), est que l'instruction est un facteur de performance de
l'élevage.
38 Burkina Faso, MRA et PNUD, novembre 2011,
Contribution de l'élevage à l'économie et à la
lutte contre la pauvreté, les déterminants de son
développement, p. 53.
49
Ensuite, la significativité de la variable ETHNIES veut
dire que plus le lien entre un groupe ethnique et l'élevage est fort,
plus les bénéficiaires issus de cette ethnie ont de chance de
réaliser une croissance positive ou stable du troupeau reçu. En
effet, les groupes ethniques comme les peulhs ont une organisation
socio-politique gravitant autour de l'élevage ; ce qui leur
confère des avantages en matière de gestion du troupeau. FAYE
(2003) dressait une typologie de ce cycle de relations dans l'élevage
entre peulhs. C'est ainsi qu'il parlait de confiage, qui consiste pour un
éleveur à prêter une vache à un autre du même
groupe ethnique, le temps que celle-ci mette bas un nombre donné de fois
avant d'être rendue à son propriétaire originel. Cela
dénote donc de la grande solidarité qui prévaut au sein de
ces groupes ethniques. Ces résultats vont dans le même sens que
BAYER et KAPUNDA (2006) qui ont identifié le bon fonctionnement des
groupes d'éleveurs comme clé de succès des interventions
HIT dans le sud de la Tanzanie. Enfin, la significativité de la variable
SEXE exprime que lorsque le bénéficiaire est une femme, la
probabilité de réaliser une croissance positive ou stable du
bétail reçu diminue (coefficient négatif). Cela est
dû aux disparités existant entre hommes et femmes en termes
d'accès aux ressources, dans les pays en développement en
général et au Burkina Faso en particulier. Il y a
également cette situation selon laquelle les hommes s'arrogent le droit
de vendre le bétail reçu de la part des projets HIT par leurs
épouses. Pour étayer cet état de fait, OKALI (2011) montre
qu'en Tanzanie, les projets HIT qui ciblent uniquement les femmes se heurtent
au pseudo ordre social selon lequel la femme n'a pas droit aux ressources.
Cette situation engendre une perte considérable en termes de
pérennisation du système HIT, car les femmes sont soucieuses de
l'avenir du ménage et évitent les comportements à risques.
FISZBEIN et al. (2009)39 abondent dans le même sens en disant
que les femmes sont plus aptes que les hommes à utiliser les transferts
pour le bien-être de toute la famille.
D'une manière générale, nos
résultats montrent que d'une part, le capital institutionnel (ciblage
spécifique et âge des projets HIT) et le capital naturel
(superficie des zones pastorales fonctionnelles) ne sont pas
déterminants dans l'explication de la performance de la capitalisation
animale. D'autre part, le capital humain des bénéficiaires, en
l'occurrence le niveau d'éducation et le fait d'être une femme
détermine la probabilité de réussite de la capitalisation
animale ; respectivement positivement et négativement. Le capital social
(ethnie) détenu par les différentes communautés auxquelles
appartiennent les bénéficiaires des interventions HIT
détermine positivement la performance de la capitalisation animale.
39 Cité par LANKOANDE et Sumberg (2013).
50
En d'autres termes :
V' une augmentation du niveau d'éducation d'un
bénéficiaire augmente sa chance de faire croître ou de
maintenir son troupeau en l'état ;
V' une bénéficiaire a moins de chance
qu'un bénéficiaire de voir son bétail augmenter ou se
stabiliser ;
V' un bénéficiaire peulh,
gourmantché ou mossi a plus de chance qu'un bénéficiaire
bissa, dioula, gourounsi ou yana de réussir à faire grandir ou
maintenir son nombre de têtes détenues.
D'abord, l'éducation est significative car un niveau
d'éducation élevé permet de trouver plus rapidement des
réponses aux questions se posant avec acuité lors de la
réception des animaux transférés. Ensuite, le genre est
significatif parce que les femmes éprouvent malheureusement des
difficultés en termes d'accès aux ressources entrant dans le
processus d'élevage. Enfin, la variable ETHNIES est significative car
les modes de vie de certaines ethnies accordent une place de choix à
l'élevage et induisent de bonnes pratiques en matière de gestion
d'animaux. Ainsi, une stratégie doit être mise en place afin
d'améliorer les chances de réussite de la capitalisation animale
pour tisser de bons filets sociaux. Cette stratégie aura pour points
cardinaux l'éducation, le genre et les bonnes pratiques d'élevage
de certaines ethnies.
51
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
L'objectif de cette étude était d'identifier les
principaux déterminants de la performance de la capitalisation animale
comme filet social de sécurité informel privé au Burkina
Faso. Cela consistait à déterminer les facteurs
influençant la croissance du bétail transféré par
les projets HIT dans le pays. Pour la détermination de ces facteurs de
performance, l'enquête menée par LANKOANDE et SUMBERG en 2011 a
constitué la base de données sur les bénéficiaires
et les projets. Les données sur les superficies des zones pastorales
fonctionnelles proviennent quant à elles de l'annuaire 2010 du MEDD.
Etant donné que la variable expliquée (taux de croissance
codifié) choisie est binaire, il a été utilisé un
modèle à choix qualitatifs notamment le modèle Probit.
Les résultats des estimations montrent que parmi les
différents types de capitaux, seuls le capital humain et le capital
social expliquent la réussite de la capitalisation animale. La non
pertinence du capital institutionnel et du capital naturel pourrait s'expliquer
par la non prise en compte totale ou partielle de certains indicateurs
éventuellement pertinents impossibles à identifier clairement
dans la situation actuelle.
Au titre du capital humain, le niveau d'éducation a une
influence positive. Cela s'explique par le fait qu'un niveau d'éducation
élevé permet de minimiser davantage les contraintes liées
à la gestion des animaux qu'un niveau plus faible. Quant au sexe, le
fait d'être une femme influence négativement les chances de
succès de la capitalisation animale. Cette situation découle des
difficultés qu'éprouvent les femmes à accéder aux
ressources comme la terre et l'eau ; ressources importantes pour
l'élevage.
De plus, au titre du capital social, plus le lien entre un
groupe ethnique et l'élevage est fort, plus les
bénéficiaires issus de cette ethnie ont de chances de
réaliser une croissance positive ou stable du troupeau reçu. Cet
état de fait est dû à la solidarité prononcée
entre ces éleveurs, solidarité se traduisant par des
réseaux fournissant des ressources relationnelles et non
relationnelles.
Au terme de cette étude et eu égard aux
résultats, des recommandations peuvent être formulées dans
le sens de l'amélioration des performances de la capitalisation animale
come filet social informel privé.
D'abord, pour ce qui est des recommandations liées
à l'éducation, les projets HIT pourraient tout juste après
l'étape de ciblage des bénéficiaires, les former sur les
bases de la gestion animale. Cette formation pourrait se faire en utilisant le
système de formations en cascade, avec les bénéficiaires
les plus instruits comme formateurs intermédiaires. Cette méthode
si elle est bien menée aura pour effet de diminuer les coûts
liés à la formation et de maximiser la
52
compréhension du contenu, puisque les formateurs seront
eux-mêmes des bénéficiaires. A ce niveau, les pouvoirs
publics pourraient se joindre aux projets HIT à travers une synergie
d'actions. Cela passe par l'imbrication des filets sociaux informels publics et
privés. En effet, l'Etat devrait fournir des transferts
monétaires et en nature aux nouveaux bénéficiaires, afin
de leur permettre de rester concentrer sur l'objectif de croissance du
bétail. De plus, il serait également approprié que l'Etat
fournisse des bourses d'étude aux enfants des
bénéficiaires afin de rompre la chaîne de transmission
intergénérationnelle de l'analphabétisme.
Deuxièmement, en relation avec le genre des
bénéficiaires, il faudrait cibler les femmes qui sont chefs de
ménages au lieu de celles qui sont des épouses. Si ce ciblage est
bien fait, les pertes liées à la vente des bêtes par le
mari devraient s'atténuer. En sus, l'Etat en convergence avec les
projets HIT pourrait mener des campagnes de sensibilisation des hommes et des
femmes elles-mêmes sur la nécessité de permettre aux femmes
d'accéder aux ressources. Ces campagnes de sensibilisation pourront se
faire en insistant sur le bénéfice potentiel de l'utilisation des
ressources par les femmes pour toute la communauté. Les pouvoirs publics
pourraient mettre en place un appui minimum d'accès aux ressources pour
les femmes, le temps que la sensibilisation fasse tache d'huile.
Enfin, pour tirer profit des avantages liés à
l'appartenance ethnique, il serait judicieux pour les projets HIT d'oeuvrer
à dupliquer les comportements solidaires des peuples d'éleveurs
aux autres communautés en organisant par exemple des jeux de rôle.
De façon pratique, il faudrait rendre neutres ces prestations
théâtrales en considérant les bénéficiaires
comme une seule et même entité. Cela permettra de ne pas frustrer
les personnes appartenant aux ethnies qui n'ont pas une grande culture
d'élevage. Il s'agira par exemple de ne pas dire à l'assistance
que le confiage est une pratique peule, mais d'insister sur les effets positifs
du confiage pour la communauté qui la met en oeuvre.
53
Limites et perspectives de l'étude
y' Limites
Tout d'abord, les données ne concernant que cinq (05) des
onze (11) projets HIT n'ont pas
permis à la présente étude (comme
l'indique le titre) de déterminer les performances de la capitalisation
animale sur l'ensemble du territoire burkinabè. De plus, l'étude
n'a pas pris en compte toutes les variables susceptibles d'influencer la
performance des interventions de capitalisation animale. En exemple, les
variables liées au capital humain comme la santé des
bénéficiaires, au capital institutionnel (appuis
vétérinaires, présence ou non de formations, accès
au crédit, etc.), au capital naturel (qualité de l'herbe,
distance entre les enclos et les points d'eau, superficies des zones pastorales
directement utilisées par les bénéficiaires, etc.). Cela
découle du fait que la base de données utilisée n'ait pas
tenu compte de ces aspects. Dans un souci de rigueur scientifique, nous nous
sommes alors gardés de faire des simulations sur la base du
modèle estimé.
y' Perspectives
Nous envisageons de procéder à la même
étude, mais en mettant tout en oeuvre pour
« transcender » les limites rencontrées, car
le sujet concerne un point névralgique de notre économie et cela
participera davantage à notre consolidation sur le plan
académique. Il nous appartiendra en premier lieu d'étendre
l'enquête à tous les projets HIT après les avoir
répertoriés une nouvelle fois pour prendre en compte les nouveaux
projets. Deuxièmement, nous ajouterons des postes sur les questionnaires
de telle sorte à intégrer le maximum de variables possibles.
Enfin, nous comptons sur la base du modèle que nous obtiendrons, faire
des simulations complètes et précises pour avoir une base solide
de recommandations de politique économique.
54
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X
ANNEXES
ANNEXE 1 : Données utilisées pour le
calcul des taux de croissance du cheptel
Numéro
du bénéficiaire
|
Période (n)
|
Stock initial
|
Stock acquis de la part du projet HIT
|
Stock final
|
Résultats
|
Taux de croissance
|
1
|
3
|
0
|
1
|
0
|
-1
|
-100,00%
|
2
|
3
|
0
|
1
|
0
|
-1
|
-100,00%
|
3
|
3
|
0
|
1
|
0
|
-1
|
-100,00%
|
4
|
3
|
0
|
1
|
0
|
-1
|
-100,00%
|
5
|
2
|
0
|
1
|
0
|
-1
|
-100,00%
|
6
|
3
|
0
|
1
|
0
|
-1
|
-100,00%
|
7
|
3
|
0
|
1
|
0
|
-1
|
-100,00%
|
8
|
3
|
0
|
2
|
0
|
-2
|
-100,00%
|
9
|
3
|
0
|
2
|
0
|
-2
|
-100,00%
|
10
|
3
|
0
|
1
|
0
|
-1
|
-100,00%
|
11
|
3
|
0
|
1
|
0
|
-1
|
-100,00%
|
12
|
3
|
0
|
2
|
0
|
-2
|
-100,00%
|
13
|
2
|
0
|
2
|
0
|
-2
|
-100,00%
|
14
|
3
|
0
|
1
|
0
|
-1
|
-100,00%
|
15
|
3
|
0
|
1
|
0
|
-1
|
-100,00%
|
16
|
3
|
0
|
2
|
0
|
-2
|
-100,00%
|
17
|
1
|
0
|
2
|
0
|
-2
|
-100,00%
|
18
|
1
|
0
|
2
|
0
|
-2
|
-100,00%
|
19
|
1
|
0
|
1
|
0
|
-1
|
-100,00%
|
20
|
1
|
240
|
10
|
40
|
-210
|
-84,00%
|
21
|
1
|
3
|
2
|
1
|
-4
|
-80,00%
|
22
|
1
|
2
|
1
|
1
|
-2
|
-66,67%
|
23
|
1
|
0
|
2
|
1
|
-1
|
-50,00%
|
24
|
1
|
0
|
4
|
2
|
-2
|
-50,00%
|
25
|
1
|
0
|
2
|
1
|
-1
|
-50,00%
|
26
|
1
|
0
|
3
|
2
|
-1
|
-33,33%
|
27
|
2
|
0
|
2
|
1
|
-1
|
-29,29%
|
28
|
2
|
0
|
2
|
1
|
-1
|
-29,29%
|
29
|
2
|
0
|
2
|
1
|
-1
|
-29,29%
|
30
|
2
|
0
|
2
|
1
|
-1
|
-29,29%
|
31
|
2
|
0
|
2
|
1
|
-1
|
-29,29%
|
32
|
2
|
5
|
5
|
5
|
-5
|
-29,29%
|
33
|
2
|
0
|
2
|
1
|
-1
|
-29,29%
|
34
|
1
|
2
|
2
|
3
|
-1
|
-25,00%
|
35
|
3
|
0
|
7
|
3
|
-4
|
-24,61%
|
36
|
3
|
0
|
2
|
1
|
-1
|
-20,63%
|
37
|
3
|
1
|
1
|
1
|
-1
|
-20,63%
|
38
|
3
|
0
|
2
|
1
|
-1
|
-20,63%
|
39
|
3
|
0
|
2
|
1
|
-1
|
-20,63%
|
40
|
3
|
0
|
2
|
1
|
-1
|
-20,63%
|
41
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0,00%
|
XI
42
|
3
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0,00%
|
43
|
4
|
0
|
2
|
2
|
0
|
0,00%
|
44
|
3
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0,00%
|
45
|
1
|
0
|
2
|
2
|
0
|
0,00%
|
46
|
2
|
0
|
2
|
2
|
0
|
0,00%
|
47
|
2
|
0
|
2
|
2
|
0
|
0,00%
|
48
|
2
|
0
|
2
|
2
|
0
|
0,00%
|
49
|
3
|
0
|
2
|
2
|
0
|
0,00%
|
50
|
1
|
0
|
2
|
2
|
0
|
0,00%
|
51
|
1
|
0
|
2
|
2
|
0
|
0,00%
|
52
|
1
|
0
|
2
|
2
|
0
|
0,00%
|
53
|
1
|
0
|
2
|
2
|
0
|
0,00%
|
54
|
1
|
0
|
2
|
2
|
0
|
0,00%
|
55
|
4
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0,00%
|
56
|
2
|
0
|
4
|
4
|
0
|
0,00%
|
57
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0,00%
|
58
|
2
|
0
|
2
|
2
|
0
|
0,00%
|
59
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0,00%
|
60
|
1
|
0
|
2
|
2
|
0
|
0,00%
|
61
|
4
|
4
|
1
|
7
|
2
|
8,78%
|
62
|
4
|
0
|
2
|
3
|
1
|
10,67%
|
63
|
4
|
0
|
2
|
3
|
1
|
10,67%
|
64
|
3
|
0
|
2
|
3
|
1
|
14,47%
|
65
|
3
|
0
|
2
|
3
|
1
|
14,47%
|
66
|
3
|
0
|
2
|
3
|
1
|
14,47%
|
67
|
2
|
0
|
5
|
7
|
2
|
18,32%
|
68
|
4
|
0
|
1
|
2
|
1
|
18,92%
|
69
|
2
|
0
|
2
|
3
|
1
|
22,47%
|
70
|
2
|
0
|
2
|
3
|
1
|
22,47%
|
71
|
4
|
0
|
2
|
5
|
3
|
25,74%
|
72
|
3
|
0
|
2
|
4
|
2
|
25,99%
|
73
|
3
|
0
|
2
|
4
|
2
|
25,99%
|
74
|
3
|
0
|
1
|
2
|
1
|
25,99%
|
75
|
3
|
0
|
2
|
4
|
2
|
25,99%
|
76
|
3
|
0
|
1
|
2
|
1
|
25,99%
|
77
|
3
|
0
|
3
|
6
|
3
|
25,99%
|
78
|
4
|
1
|
2
|
8
|
5
|
27,79%
|
79
|
3
|
0
|
2
|
5
|
3
|
35,72%
|
80
|
3
|
0
|
2
|
5
|
3
|
35,72%
|
81
|
3
|
2
|
2
|
10
|
6
|
35,72%
|
82
|
3
|
0
|
2
|
5
|
3
|
35,72%
|
83
|
2
|
0
|
1
|
2
|
1
|
41,42%
|
84
|
4
|
0
|
7
|
30
|
23
|
43,88%
|
85
|
3
|
0
|
1
|
3
|
2
|
44,22%
|
86
|
1
|
0
|
2
|
3
|
1
|
50,00%
|
87
|
1
|
0
|
2
|
3
|
1
|
50,00%
|
XII
88
|
2
|
0
|
2
|
5
|
3
|
58,11%
|
89
|
2
|
5
|
1
|
16
|
10
|
63,30%
|
90
|
2
|
0
|
1
|
3
|
2
|
73,21%
|
91
|
2
|
0
|
2
|
6
|
4
|
73,21%
|
92
|
1
|
0
|
1
|
2
|
1
|
100,00%
|
93
|
1
|
0
|
3
|
6
|
3
|
100,00%
|
94
|
1
|
0
|
3
|
6
|
3
|
100,00%
|
95
|
1
|
0
|
1
|
2
|
1
|
100,00%
|
96
|
2
|
0
|
1
|
7
|
6
|
164,58%
|
97
|
2
|
0
|
1
|
9
|
8
|
200,00%
|
98
|
1
|
0
|
1
|
3
|
2
|
200,00%
|
ANNEXE 2 : Résultats Modèle 1
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|
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|
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|
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|
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|
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|
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|
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|
Obs with Dep=1
|
58
|
|
|
XIII
ANNEXE 3 : Résultats Modèle 2
Dependent Variable: TCR
Method: ML - Binary Probit
Date: 10/31/15 Time: 10:43
Sample: 1 98
Included observations: 98
Convergence achieved after 4 iterations
Covariance matrix computed using second derivatives
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error z-Statistic
|
Prob.
|
AGE
|
0.007602
|
0.010945 0.694601
|
0.4873
|
AGEPRO
|
-0.015368
|
0.017369 -0.884784
|
0.3763
|
CIBLSPE
|
0.368409
|
0.382019 0.964372
|
0.3349
|
EDUC
|
1.117593
|
0.618548 1.806801
|
0.0708
|
ETHNIES
|
0.693883
|
0.396450 1.750239
|
0.0801
|
SEXE
|
-0.653469
|
0.322306 -2.027484
|
0.0426
|
C
|
0.312743
|
0.953861 0.327871
|
0.7430
|
Mean dependent var
|
0.591837
|
S.D. dependent var
|
0.494021
|
S.E. of regression
|
0.477575
|
Akaike info criterion
|
1.359320
|
Sum squared resid
|
20.75505
|
Schwarz criterion
|
1.543961
|
Log likelihood
|
-59.60670
|
Hannan-Quinn criter.
|
1.434004
|
Restr. log likelihood
|
-66.26594
|
Avg. log likelihood
|
-0.608232
|
LR statistic (6 df)
|
13.31848
|
McFadden R-squared
|
0.100493
|
Probability (LR stat)
|
0.038248
|
|
|
Obs with Dep=0
|
40
|
Total obs
|
98
|
Obs with Dep=1
|
58
|
|
|
ANNEXE 3 : Table de prédiction
Dependent Variable: TCR
Method: ML - Binary Probit
Date: 10/31/15 Time: 10:43
Sample: 1 98
Included observations: 98
Prediction Evaluation (success cutoff C = 0.5)
|
Estimated Equation
Dep=0 Dep=1 Total
|
Constant Probability
Dep=0 Dep=1 Total
|
P(Dep=1)<=C
|
22
|
16
|
38
|
0
|
0
|
0
|
P(Dep=1)>C
|
18
|
42
|
60
|
40
|
58
|
98
|
Total
|
40
|
58
|
98
|
40
|
58
|
98
|
Correct
|
22
|
42
|
64
|
0
|
58
|
58
|
% Correct
|
55.00
|
72.41
|
65.31
|
0.00
|
100.00
|
59.18
|
% Incorrect
|
45.00
|
27.59
|
34.69
|
100.00
|
0.00
|
40.82
|
Total Gain*
|
55.00
|
-27.59
|
6.12
|
|
|
|
Percent
|
55.00
|
NA
|
15.00
|
|
|
|
Gain**
|
|
|
|
|
|
|
XIV
ANNEXE 4 : Coordonnées des projets HIT au
Burkina Faso
Nom de la structure
|
Adresse
|
ABF :
Association Base Fandima
|
BP 241 Fada N'Gourma/région de
l'est/province du Gourma Email :
abfand@yahoo.fr
|
Site web : www.faso-ong/abf
|
Tél: 24 77 13 90
|
A.C0.R.D/Potal Djama Féminin
|
01 BP 137 0uagadougou 01/ Région du
centre/ Province du Kadiogo/sect. 8 Gounghin, à 200m de
chez le Gounghin Naaba
Tél: 50 34 33 06/70 04 90 02
Email:
acord.burkina@yahoo.fr
|
Site web:
www.acordinternational.org
|
APIL:
Action pour la Promotion des Initiatives Locales
|
11 BP 792 CMS 0uagadougou 11/Région du centre/Province du
Kadiogo
Tél: 25309940
Email:
apil@fasonet.bf Site web:
|
www.apilactions.org
|
|
ADESOC: Association pour le
Développement Social et Culturel
|
01 BP Ouagadougou 01/ Région du
centre/Province du Kadiogo/Rue 17.626, porte n°543
Email :
barnabe_64@hotmail.com
|
AFRICARE
|
01 BP 608 Ouagadougou 01/région du
centre/province du Kadiogo/rue gang la peelga/sect.13
Tél : 25369370 Email :
africarecr@fasonet.bf
|
Site web :
www.africare.org
|
|
ANAR: Association Nationale d'Action
Rurale
|
01 BP 2314 Ouagadougou 01/ région du centre/province du
Kadiogo
Tél : 25351541
Email :
anar68d@yahoo.fr
|
APRG: association d'appui et de promotion rurale du Goulmou
|
BP 72 Fada N'Gourma/région de
l'est/province du gourma/sect. 7 Tél: 24770081
Email: aprg@fasonet.bf
|
Site web: www.aprg.123.frr
|
|
XV
AVLP: Association Vive le Paysan
|