I-Revue de
littérature
1-Littérature
théorique
Soulignons au préalable que les théories
traditionnelles du commerce international ne peuvent pas expliquer les
échanges entre des pays identiques, les échanges intra-branche et
négligent le rôle des firmes multinationales. Ces questions
trouvent des éléments de réponse dans le cadre de la
nouvelle théorie du commerce international fondée sur les
principes de la concurrence imparfaite et des rendements d'échelle.
Cependant, les gains de l'ouverture y sont perçus de façon
statique. Des gains dynamiques, s'ils existent, sont à rechercher dans
la théorie de la croissance. Or, jusqu'à la fin des années
80, la théorie de la croissance ne pouvait répondre à de
telles questions puisque selon l'analyse traditionnelle issue du modèle
de Solow(1956), la croissance n'était expliquée que par des
facteurs exogènes ne laissant pas de place à une prise en compte
des politiques commerciales. A partir des années 90, il est devenu
possible de faire une fusion entre la théorie de la croissance
endogène et la nouvelle théorie du commerce international puisque
toutes les deux sont fondées sur les principes des rendements croissants
et de la concurrence imparfaite. Ces deux principes permettent
d'expliquer, d'une part, l'importance du commerce intra-branche dans les
échanges internationaux et d'autre part, l'innovation et la croissance :
les entrepreneurs créent de nouveaux produits ou améliorent les
produits existants afin de pouvoir disposer ensuite des flux de profits de
monopoles. Cette fusion a permis donc d'envisager une croissance en
économie ouverte. En effet, les théories de la croissance
endogène offrent un cadre propice à l'élaboration des
modèles en économie ouverte, dans lesquels il est possible de
mettre en évidence l'existence d'effets de long terme via le
progrès technique et le transfert de technologie. Dans ce cadre,
l'ouverture peut accroître le rythme d'accumulation du capital et peut,
par conséquent, changer le sentier de croissance.
E.Helpman et P.krugman(1985) apportent des arguments aux
thèses favorables au commerce international. Ils considèrent que
les gains du commerce sont cumulatifs ; l'ouverture internationale
entraine des avantages comparatifs qui permettent une plus grande ouverture et
ainsi de suite... plus l'entreprise exporte, plus elle devient
compétitive. L'échange procure donc trois types d'avantages: un
effet de dimension ; un effet de diversification et un effet de
concurrence.
Baroche(1999) dont la thèse a été
confirmée économétriquement par O'Rourke(2000), le
protectionnisme a été favorable à la croissance
européenne et américaine au 19e siècle.
L'existence d'une économie d'échelle peut justifier un effet
positif de la protection, ce qui correspond aussi à la thèse de
l'industrie naissante incarnée par F.List(1857).
Selon l'étude de Levine et Renel(1992) la relation de
causalité entre l'ouverture et la croissance se fait à travers
l'investissement. Si l'ouverture au commerce international permet
l'accès à des biens d'investissement, cela mènera à
une croissance de long terme. Un pays libéralisant ses échanges
s'attirera des flux d'investissement étrangers. Cependant cela risque
d'engendrer une baisse de l'investissement domestique due à une plus
forte concurrence internationale et l'effet net reste ambigu.
Il est à remarquer que ces travaux encouragent des
politiques protectionnistes sous certaines conditions. Aucun n'encourage la
protection comme stratégie de développement à long terme.
Ce n'est qu'une politique vers une maturation industrielle.
En revanche, d'autres travaux considèrent l'innovation
comme source de croissance et encouragent une politique d'ouverture
Rivera-Batiz et Romer (1991), Grossman et
Helpman (1990). En effet, dans cette littérature les
résultats montrent que l'intégration complète de deux pays
identiques permet de doubler leurs taux de croissance par rapport à ceux
de l'autarcie. Cependant, l'existence de tarifs douaniers
réciproques agit négativement sur la croissance dans
la mesure où ils ne font qu'encourager l'activité d'imitation.
Cette dernière occupe une partie du capital humain, qui devrait
être consacré à la R&D; elle diminue par
conséquent le taux de croissance économique.
Les travaux théoriques n'ont pas réussi
à trancher si l'ouverture commerciale joue positivement ou
négativement sur la croissance économique. Ce qui permet de jeter
un regard sur la littérature empirique afin d'en comprendre
davantage.
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