Activités de reconstruction économique et sociale pour l'autonomisation de la femme à Bangui et ses environs.( Télécharger le fichier original )par Ulrich Martial Bienvenu SANDY Université de Bangui - Master 2 en Action Humanitaire et Développement 2015 |
ConclusionL'objectif visé à travers ce stage qui était celui de permettre le développement de nos compétences et de mettre en pratique les enseignements reçus lors de notre formation et de les étendre est atteint. En termes de formation, les missions qui nous ont été confiées nous ont permis de confronter nos connaissances aux réalités du terrain. Suivre un stage dans un département des financements - en charge de développement des projets et de mobilisation des ressources -, nous a donné l'opportunité d'acquérir de nouvelles connaissances beaucoup plus pratiques et de découvrir d'autres concepts et théories de management de projet. Sur le plan personnel, nous avons été motivé dans toutes les tâches qu'on nous confiait de réaliser. En effet, ce stage nous a donné l'opportunité de mettre à profit notre formation et d'être utile à notre structure d'accueil. Pendant ce stage, nous avons pu confronter l'expérience théorique et académique à la réalité et aux besoins du terrain. Le stage nous a permis d'étendre et d'approfondir nos connaissances et de nous en servir en réalisant des documents synthétiques et directement utilisables. Les activités réalisées durant ce stage ont dépassé les attentes de notre mission. Nous avons su combiner connaissances académiques et expériences professionnelles extra académique pour la réussite de ces missions.Le stage nous a permis d'appréhender la portée de notre sujet de mémoire et de le confronter aux exigences et aux besoins réels du terrain. Plusieurs raisons ont motivé le choix des 3ème et 6ème Arrondissements de Bangui et Bimbo comme notre zone d'études. La moitié de la population urbaine du pays vit en effet dans la capitale Bangui et sa ville attenante, Bimbo. La population urbaine y est très concentrée, créant ainsi une mégacéphalie urbaine. Les propositions d'activités qui seront faites à la fin de ce travail résultent donc des points de vue et des constats enregistrés dans ces aires de recherche. CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTERATURE SUR LES ACTIVITES DECONSTRUCTION ET D'AUTONOMISATION DE LA FEMMEIntroductionL'économie centrafricaine, en berne aujourd'hui, était essentiellement basée sur l'agriculture, l'élevage et le bois. Le secteur primaire contribue à 55% du PIB et à environ 90% des exportations8(*). La dégradation sécuritaire liée à la crise a engendré une désorganisation de l'économie nationale, n'épargnant aucun secteur : élevage (-55%), agriculture (-35,1%), services (-31,6%), industrie (-20,8%), sylviculture (-17%). Les transports routiers et aériens restent extrêmement dépendants de la sécurisation des sites sensibles par les forces internationales (aéroport, axe Bangui-Cameroun, stations-service) tandis que la majorité des entreprises ont été dépossédées de leur appareil de production. Seuls les secteurs bancaire et sucrier connaissent, dans une certaine mesure et à l'instar du commerce de proximité, une reprise de leur activité. Les petites activités génératrices de revenus qui dominent le secteur tertiaire et occupent une grande importance dans l'économie des ménages du pays, connaissent de sérieuses difficultés dues à la perte du capital d'affaires pendant les crises, au manque d'approvisionnement des marchandises lié à l'insécurité sur les axes et aux mauvais états des routes. La stabilisation des communautés nécessite la paix et un climat d'entente cordiale entre les membres de différentes couches sociales sans distinction de race, de sexe, de religion. Elle se fonde sur le principe que « la paix est une construction dont les éléments relèvent à la fois du politique, de l'économique, du social, du symbolique, du psychologique9(*) » (GARDA, 2002). Dans cette partie du travail, nous nous efforçons d'abord de définir les concepts clés pouvant faciliter la compréhension de notre travail. Ensuite, nous parlerons de la corrélation entre pauvreté d'existence, autonomisation de la femme et promotion du genre. Enfin nous ferons un état des lieux de la promotion du genre dans le contexte de reconstruction économique et sociale. I. APPROCHES CONCEPTUELLESI.1. Définition des conceptsDans le souci de rendre accessible notre travail à un large public, les termes qui y sont couramment utilisés méritent d'être clarifiés : a. Reconstruction La « reconstruction » se réfère à l'action de reconstruire qui peut à la fois signifier « rétablir dans son état originel » et « imaginer quelque chose autrement » (Le Petit Larousse illustré). Dans son sens général, une période de reconstruction est le temps de réparation et de remise en état des infrastructures, des logements, des moyens de transport, etc., après une guerre. Selon les contextes nationaux, une de ces périodes peut être appelée, de manière absolue, la Reconstruction10(*). o Dans le contexte humanitaire : La reconstruction peut se définir comme la phase de transition entre l'urgence et le développement. Pour mieux situer le contexte de la reconstruction, il est préférable de faire un rapprochement entre les notions de conflit et de post-conflit. Les actions de reconstruction dépendent de l'intensité des dégâts commis lors de la destruction. Pour GRÜNEWALD (1997) « l'existence d'une phase intermédiaire entre l'urgence et le développement ne s'observe dans les faits que dans un nombre limité de cas11(*) », d'où la durée limitée de la phase de reconstruction. La reconstruction est liée à une période post conflit : le conflit évoque la destruction, alors que le post-conflit s'active à reconstruire. De cette similitude, on comprend que la notion de reconstruction s'apparente à la période de post-urgence ou encore de réhabilitation et paraît prendre sa place dans le schéma urgence/ réhabilitation/ développement. o Reconstruction sociale Parlant du social, l'action de réconciliation vise « un retour à l'harmonie ou un rapprochement entre les peuples, sans toutefois imposer un modèle de relation interethnique, s'inscrit dans un processus de reconnaissance et débouche généralement sur des mesures de réparation et aboutit idéalement à des réformes nécessaires »12(*). L'Institut de Paix des Nations Unies définit la reconstruction sociale comme « une condition dans laquelle la population atteint un niveau de tolérance et de coexistence pacifique ; gagne la cohésion sociale par l'acceptation d'une identité nationale qui transcende les différences individuelles, sectaires et communautaires ; dispose des mécanismes et de la volonté de régler les différends de façon non violente ; a institutions communautaires qui lient la société dans toutes les divisions; et traite de l'héritage des abus passés ». La cohésion sociale, en tant que phénomène social, est en effet l'une des victimes des conflits violents, tel a été le cas de la Centrafrique. La réconciliation n'impose pas les modalités du `vivre ensemble', mais propose plutôt des pratiques pour un libre choix des populations ou de cohabitation entre les peuples. o Activités de reconstruction économique et sociale Par activités de reconstruction économique et sociale, on entend l'ensemble des activités dont la mise en oeuvre contribue à la résolution des problèmes économiques et sociaux des communautés en période post-conflit. Elles s'inscrivent, le plus généralement, dans le moyen terme et ont pour but de renforcer la résilience des populations victimes des conflits ou des catastrophes naturelles, de contribuer à l'augmentation de leur revenu et de faciliter leur stabilisation dans les communautés de retour. Elles comprennent les activités de cash conditionnel et inconditionnel (cash transfert, cash voucher, etc.), d'appui à l'exercice des AGR, de cohésion sociale, d'appui en intrants agricoles et de réinsertion socioprofessionnelle y compris la formation technique et professionnelle de courte durée. b. Autonomisation économique Thème d'actualité, l'autonomisation économique a été définit de plusieurs façons par divers chercheurs et organismes selon le courant de pensée. Dans le cadre de ce travail, on entend par autonomisation économique une combinaison du concept de renforcement du pouvoir et celui de l'avancement économique. Elle est étroitement liée au renforcement du pouvoir social et politique. Parlant notamment des femmes, les stratégies d'autonomisation économique se concentrent sur les facteurs pouvant les aider à réussir et à avancer sur le marché, au sein de la communauté. Il s'agit donc « de rehausser les compétences, d'accroître l'accès à des ressources productives, d'améliorer les environnements favorables et institutionnels, et d'aider les femmes à pouvoir prendre des décisions et à y donner suite pour tirer parti de la croissance et du développement économiques13(*). c. Vulnérabilité Le concept de vulnérabilité, entendu « la fragilité à subir un choc », touche les sciences dures et les sciences humaines. L'évaluation des vulnérabilités est une notion ancienne aux Etats-Unis. Dans les années 1950 déjà, est apparue aux Etats Unis la gestion des plaines inondables ou floodplain management. Le concept vulnérabilité se caractérise par deux approches : la vulnérabilité biophysique et la vulnérabilité sociale. « La vulnérabilité biophysique se détermine par la nature de l'aléa, sa probabilité, l'importance de l'exposition des enjeux et la sensibilité physique des enjeux ». Selon cette représentation, pour chaque enjeu reconnu, il est possible d'établir une évaluation des dommages en fonction des critères d'impact, de fragilité et d'exposition. La vulnérabilité sociale, appelée aussi (vulnérabilité d'organisation), est « la capacité d'une société à anticiper l'aléa, à faire face à l'urgence, à adapter son comportement en temps de crise et à se reconstruire. La vulnérabilité sociale est ainsi directement liée à la résilience et au fonctionnement des sociétés14(*) ». d. Résilience La résilience désigne la capacité des ménages à faire face aux chocs subis. Ce mot a été employé, dans les années 60, par les physiciens suivis des Ecologistes entre les années 70 et 80 qui employaient le terme résilience pour définir la durabilité ou la persistance d'un écosystème complexe. Holling (1973), a introduit le concept de « systèmes résilients ». Un système est résilient, « s'il perdure malgré les chocs et perturbations en provenance du milieu interne et/ou de l'environnement externe ». La résilience est alors définit comme « l'importance d'une perturbation qu'un écosystème peut encaisser sans changer de structure ». A la résilience s'ajoute la notion de durée de retour à un état de fonctionnement acceptable. La résilience, au sens économique désigne « la capacité intrinsèque des entreprises, des organisations et des communautés à retrouver un état d'équilibre »15(*). En sciences sociales, les chercheurs distinguent la « résilience passive » et « la résilience proactive ». La polysémie du terme nourrit de nombreux débats et montre la difficulté de son utilisation. Malgré ces difficultés, le mot résilience est devenu le concept central de la gestion des risques, notamment dans les pays anglo-saxons. e. Indice des inégalités du genre L'Indice des Inégalités du Genre (IIG) désigne le désavantage d'un sexe par rapport à l'autre dans la triple dimension : la santé reproductive ; l'autonomisation et le marché de l'emploi. L'IIG est un indicateur social très important dans l'analyse des données de notre travail, car il indique en général les pertes en termes de développement humain, causées par les inégalités entre femmes et hommes au regard des dimensions suscitées. Cet indice, autrement appelé calcul sur la base de la mesure des inégalités sensibles aux associations est suggéré par Seth (2009) et « mesure l'égalité des genres à travers trois dimensions distinctes : l'égalité dans les opportunités économiques, l'égalité dans le développement humain et l'égalité dans les lois et institutions16(*) ». L'IIG est sensible à la conception des projets de reconstruction économique et sociale. Une étude axée sur les trois dimensions de l'IIG permet généralement de répondre aux questions de l'autonomisation économique et sociale de la femme et de la parité hommes femmes sur les plans économiques, professionnelles et sociales. f. Capacité décisionnelle La capacité décisionnelle est la capacité de déterminer, de faire des choix et de les transformer en résultats tangibles. Elle est la clé de l'autonomisation économique, car elle permet à une personne de prendre des décisions ou de les influencer, de remettre en question des normes sociales et culturelles et de modifier les facteurs sous-jacents qui influent sur leur capacité de réussite. « La capacité décisionnelle est essentielle aux femmes si elles souhaitent participer aux activités économiques et sociales et prendre leur place sur le marché et dans les processus décisionnels familiaux et sociétaux ». La capacité décisionnelle est essentielle à la plus grande intégration des populations les plus marginalisées dans l'économie et peut les aider à tirer profit des produits de leurs activités. * 8 http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/republique-centrafricaine/presentation-de-la-republique-centrafricaine/ * 9 Garda Christophe, 2002, Le Programme alimentaire, sanitaire et éducatif du CCFD pour aider à la reconstruction de la paix au Cambodge, Fiche Irénées, Paris. * 10 https://fr.wikipedia.org/wiki/Reconstruction * 11 GRÜNEWALD François, 1997, au nom du Groupe Urgence, Réhabilitation, Développement, Contribution, Assise de la coopération et de la solidarité, CICR. * 12 VINCENOT D., 2009, De nouvelles dynamiques pour pratiquer la paix : étude transversale des fiches d'expériences, Fiches Irénées, Paris. * 13 Canada, L'autonomisation économique des femmes, Note d'orientation du Ministère Canadien des Affaires étrangères, Commerce et Développement * 14 BARROCA B., DINARDO M. et MBOUMOUA I., 2013, De la vulnérabilité à la résilience : mutation ou bouleversement ? * 15 Paquet, 1999 : la résilience serait la clé de la durabilité. * 16 FRASER-MOLEKETI G., 2015, Rapport d'étude « Indice de l'Inégalité du Genre en Afrique 2015 : Autonomisation les femmes africaines », BAD. |
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