4.2.2. Les origines de
l'idée démocratique
Les origines de l'idée démocratique sont
à rechercher dans l'antiquité grecque et dans la renaissance qui
constituent des moments forts dans l'histoire de la démocratie.
4.2.2.1. La démocratie dans l'antiquité
Grecque
Pour les Cités-Etats de la Grèce antique, comme
Athènes, la démocratie directe, modèle opposé
à la tyrannie et à l'oligarchie, parait le mode de gouvernement
le plus adapté à de petites entités, soucieuses
d'autonomie et dotées d'une forte homogénéité
sociale. Tous les citoyens peuvent effectivement prendre la parole et voter
à l'Agora, l'assemblée de la cité, à l'exception
notable des femmes, des esclaves et des métèques (non
autochtones) qui, excluent de la citoyenneté, n'ont aucun droit
politique.
4.2.2.2. L'émergence de la démocratie
à la renaissance
A partir du Moyen-âge, l'idée démocratique
s'estompe devant la montée du monde théocratique qui fait de la
religion inséparable d'une vision hiérarchique de la
société, la base de la légitimité du pouvoir et
celle de l'organisation sociale dans son ensemble. La prééminence
peu à peu acquise par la monarchie aux dépens de la
papauté ne remet pas en question, bien au contraire, l'idée selon
laquelle l'individu n'existe au sein de la société qu'en fonction
de la place qui lui a été assignée par sa
naissance ; système qui veut que le pouvoir soit exercé par
ceux-là seuls qui, par nature, en ont reçu la capacité.
S'inscrivant dans le cadre d'une affirmation progressive de
l'individualisme, la renaissance consacre l'idée d'une autonomie de
l'homme, qui doit s'entendre comme autonomie et liberté de la conscience
(manifestée par l'humanisme dans le domaine intellectuel), mais
également comme une autonomie vis-à-vis d'un pouvoir en voie de
sécurisation, dont la légitimité fait l'objet d'une
interrogation majeure.
4.2.3. La naissance de la
démocratie moderne
La démocratie, dans sa forme actuelle, doit son
existence à plusieurs révolutions et mouvements d'idées
qui ont, d'une manière ou d'une autre, favorisé son
émergence ; c'est notamment le cas de la révolution
anglaise, du siècle des lumières, de la guerre de
l'indépendance américaine et de la révolution
française de 1789.
4.2.3.1. La révolution anglaise
(1646-1649)
La révolution anglaise constitue l'une des
premières tentatives de remise en cause de la monarchie absolue. La
guerre civile qui se déroule en Angleterre de 1642 à 1644 voit
l'affrontement de la petite noblesse et de la bourgeoisie puritaine avec le Roi
Charles Ier, dont l'autoritarisme finit par provoquer sa
destitution, et son exécution en 1649. Cependant, la république
instituée par Cromwell, qui se maintient au pouvoir de 1646 à
1658, est à peu près dépourvue de caractère
démocratique, et après le retour de la monarchie avec Charles II
(1660-1685), il faut attendre la glorieuse révolution de 1688,
marquée par la formulation de la déclaration des droits, pour que
la limitation effective apportée aux pouvoirs du souverain et la
garantie des libertés individuelles accordées aux citoyens
préfigure la démocratie moderne.
4.2.3.2. L'apport du siècle des
lumières
Le siècle des lumières marque un
approfondissement considérable de la réflexion sur la
démocratie. Mettant l'accent sur la valeur absolue de la liberté
individuelle, le philosophe anglais John Locke, auteur du traité sur le
gouvernement civil publié en 1689, se prononce en faveur d'une monarchie
constitutionnelle, où le souverain, tenant son pouvoir du pacte social
et non plus du droit divin, peut être renversé par l'insurrection
s'il outrepasse ses prérogatives. Poursuivant cette réflexion
qui, sans remettre en cause le principe monarchique, s'interroge sur la forme
que doit revêtir le pouvoir pour qu'il soit considéré comme
légitime, Montesquieu fait franchir un pas décisif à la
pensée politique en formulant la théorie de la séparation
des pouvoirs, en vertu de laquelle une limitation réciproque des
prérogatives de l'exécutif, du législatif et du judiciaire
évite toute dérive vers l'absolutisme.
Rompant avec cette optique qui, si elle définit un
nouveau mode d'exercice du pouvoir, met l'accent sur la protection de
l'individu dans la perspective du libéralisme, refuse de s'interroger
sur l'origine du pouvoir, et refuse par exemple toute perspective de
démocratie directe, Jean-Jacques Rousseau fait de toute forme de
collectivité politique la résultante d'un contrat social par
lequel chaque citoyen, se soumettant à la volonté
générale incarnée par le corps social dans son ensemble,
est plus libre que s'il était isolé face au pouvoir d'un seul, et
plus heureux puis que la collectivité favorise nécessairement le
bonheur du plus grand nombre. Cette conception, qui fait primer le collectif
sur l'individuel, est l'une des sources de la conception moderne de la
démocratie.
4.2.3.3. La guerre de l'indépendance
américaine
Née de la volonté des colonies
américaines de s'affranchir de la domination britannique, la guerre de
l'indépendance américaine est à l'origine de la
création des Etats-Unis d'Amérique. S'appuyant sur la
déclaration d'indépendance de 1776, rédigée par
Thomas Jefferson, la constitution de 1787, conciliant avec souplesse
désir d'autonomie des Etats-Unis et nécessité d'un certain
centralisme fédérateur, définit les contours d'une
démocratie représentative de la garantie des libertés
individuelles.
4.2.3.4. La révolution
française
C'est sans doute la révolution française qui,
en raison de son caractère radical et de son ralentissement en Europe, a
exercé l'influence la plus déterminante sur la formation de
l'idée démocratique moderne. En effet, l'importance de la
révolution française ne réside pas tant dans un changement
brutal de régime, puis que la France connaîtra de nouveau des
formes plus ou moins autoritaires de régime monarchique au XIXe
siècle, mais dans l'affirmation d'un certain nombre de principes qui
acquièrent peu à peu une portée universelle.
Découlant de la déclaration des droits de l'homme adoptée
en 1789, la consécration des principales libertés publiques
(sécurité et sureté individuelles, liberté
d'opinion, d'expression, de circulation) a dessiné d'une manière
définitive l'idéal d'une société
démocratique, quel que soit le type de régime politique dans
lequel elle s'incarne.
Par ailleurs, l'idée démocratique connait une
diffusion remarquable dans les sociétés occidentales du XIXe
siècle, en proie à de profonds changements économiques et
sociaux (extension de la révolution industrielle, consolidation du
capitalisme, naissance de la classe ouvrière). Avant la fin du XIXe
siècle, toutes les grandes monarchies d'Europe occidentale ont
adopté une constitution qui limite ou encadre le pouvoir de la couronne
et accorde une part plus ou moins importante du pouvoir politique à des
représentants élus, sur le modèle de la grande Bretagne,
berceau du régime parlementaire. Dans le cadre de ce mouvement, le droit
de vote connait des extensions successives jusqu'à devenir universel
dans la plupart des sociétés démocratiques
occidentales.
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