Partis politiques et processus démocratiques en République Démocratique du Congo( Télécharger le fichier original )par Emmanuel MUKENDI KENNEDY Université de Lubumbashi - Licence en Sciences Politiques et Administratives 2014 |
CHAPITRE I : PRESENTATION DES PARTIS POLITIQUES DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGODans ce chapitre, il sera question de présenter la situation des partis politiques évoluant en République démocratique du Congo. Pour bien comprendre leur situation actuelle, il sera privilégié dans le présent chapitre, l'étude de leur histoire, de leur organisation et enfin le chapitre sera clos par l'analyse de leur fonctionnement. I. HISTORIQUE DES PARTIS POLITIQUES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGOLe multipartisme n'est pas une nouveauté en République Démocratique du Congo, c'est une réalité qui date de la veille de l'indépendance, qui a traversé plusieurs moments et qui continue jusqu'à ce jour ; c'est pourquoi, pour bien appréhender leur évolution à travers le temps, il est bienséant de catégoriser lesdits partis selon leurs périodes de naissance, puisque chacun de ces partis a eu à naitre dans un contexte particulier. De ce fait, considérant le contexte de naissance de partis politiques en République Démocratique du Congo, nous retenons trois périodes19(*), lesquelles ont marqué le plus l'histoire des partis politiques congolais : - La période d'entre 1940 et 1960, - La période d'entre 1965 et 1990, - La période d'à partir de 1990, a. La période d'entre 1940 et 1960 (la veille de l'indépendance)Dès les années 1940, dans ce qui était alors le Congo Belge, deux tendances indépendantistes se manifestent dans la capitale Léopoldville : « Celle des gens d'en Bas (Bas-Congo et Bandundu) parlant le Kikongo et celles des gens d'en haut parlant le Lingala, venant de l'équateur d'abord et finalement de tout l'intérieur du pays »20(*). Dans la première catégorie se forma en 1949 une association d'abord culturelle et finalement politique, l'Alliance des Bakongo (ABAKO), dont Joseph KASAVUBU devint président en 1954. Son rêve devint de rétablir l'ancien royaume Kongo de l'époque Portugaise. Cette tendance se durcit très vite et réclama bientôt l'indépendance immédiate tout en demeurant fédéraliste lorsqu'il s'agit plus tard de discuter le problème du reste du Congo. « Les populations d'en haut, venant de régions plus diversifiées et séduites par le plan de 30 ans pour l'émancipation de l'Afrique du professeur Belge Van BILSEN, publié en 1956, étaient aussi désireuses de maintenir le Congo unitaire. Leur manifeste dans ce sens publié le premier juillet 1956 fut rigoureusement combattu par l'ABAKO dès son assemblée générale du 23 août 1956 »21(*). Le plan de 30 ans est déclaré utopique. « La nationalisation de grandes compagnies vivrières et agricoles comme des parastataux est souhaitable. Puisque l'heure est venue, il faut accorder aujourd'hui même l'indépendance immédiate ! »,22(*) a déclaré Joseph KASAVUBU au cours d'un meeting de L'ABAKO. La Belgique qui croyait à la progressivité de la transition vers l'indépendance organisa les premières élections à l'échelon communal, limitées aux grandes villes en 1957. L'ABAKO triompha inévitablement à Léopoldville et cela impressionna certains unitaristes, tel Patrice Lumumba, un Tétéla du Kasaï oriental, intelligent et idéaliste, qui ne tarda pas à fonder son propre Mouvement National Congolais, MNC-Lumumba, plus revendicatif que celui du MNC-KALONJI, Albert KALONJI étant aussi un Kasaïen unitariste. Ces jeunes rivalités politiques confrontées aux structures tribales compliquées du Congo allaient former un mélange détonant qui détruirait au bout de cinq ans la première démocratie parlementaire congolaise. On ne peut que rappeler ici quelques épisodes saillants : - L'émeute de Léopold ville (4 au 7 janvier 1959) provoquée par l'interdiction tardive d'un meeting de L'ABAKO. Arrestation de KASAVUBU le 12 janvier 1959, pour être libéré le 14 mars de la même année. - La suite de 1959 voit d'abord l'autorisation des partis politiques, suivie d'élections générales sur l'ensemble du territoire congolais marquées par toutes sortes de manoeuvres de ces partis dont se dégagent trois pôles : un cartel des nationalistes fédéralistes formés de six partis séparatistes ou autonomistes dont L'ABAKO et le MNC KALONJI, le pôle du MNC-Lumumba et finalement celui de l'homme fort du Katanga Moïse TSHOMBE, conscient de la force économique de sa région et l'intérêt de s'entendre avec l'union minière du Haut Congo (UMHK), (tout comme KALONJI vis-à-vis des exploitations de diamant au Kasaï). Parmi les partis qui émergent on trouve le PSA (parti solidaire Africain) d'Antoine GIZENGA, le PNP (Parti National du Peuple) conduit par Albert Delvaux et Laurent MBARIKO, le LUKA (L'union Kwangolaise) dirigée par André-PETIPETI TOMATA et Pierre MASIKITA. En 1960, ce fut la table ronde de Bruxelles (du 20 janvier au 20 février) où représentants congolais et belges fixèrent les étapes suivantes : en mai eurent les élections législatives. La première chambre des députés désignés par tirage au sort choisit André PETIPETI TOMATA comme le premier président de la chambre des représentants. Il dirige le bureau provisoire pour valider les mandats des députés élus et l'élection définitive du bureau. Les élections législatives et provinciales marquèrent de nouveaux clivages et alliances (scission de l'ABAKO) d'où résulta un compromis : Joseph KASAVUBU fut élu président par le parlement, Lumumba étant premier ministre. Au moment de l'indépendance du pays, le roi des Belges se rendit en personne à Léopoldville (future Kinshasa) pour assister aux cérémonies consacrant la fin de l'union coloniale entre la Belgique et le Congo, et marquant la naissance sur la scène internationale de ce nouvel Etat francophone d'Afrique. * 19 www.wikipedia.com, le 20 novembre 2013 à 15h41'. * 20 . KONRAD ADENAUER, Evolution des événements politiques en RDC, format PDF, p.12. * 21 ISANGO IDI, W., op.cit., inédit. * 22 KASAVUBU, J., président de l'Alliance des Bakongo (ABAKO). |
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