EPIGRAPHE
« Un bulletin de vote est plus fort qu'une balle de
fusil. »(Abraham Lincoln)
« L'arbre de la liberté doit être
arrosé avec le sang des tyrans et des citoyens. » (Thomas
Jefferson)
DEDICACE
A tous ceux qui, de l'intérieur ou de l'extérieur
de la République Démocratique du Congo, ont payé de leur
sang dans la lutte pour la démocratie.
MUKENDI KENNEDY Emmanuel
AVANT-PROPOS
Ce travail a été rendu possible grâce
au soutien incomparable de l'Eternel Tout-Puissant, Dieu créateur du
ciel et de la terre, c'est pourquoi nous lui devons en premier notre gratitude
de qualité.
De prime à bord, nous tenons à remercier nos
parents SAKY KAYEMBE MILAU et Angélique MWAUKA TSHAMALA pour nous avoir
encadré dès le bas âge jusqu'à ce stade, nous leur
disons merci pour leur amour indéfectible.
Nous ne saurions passer sous silence les noms de certaines
personnes qui ont fait preuve d'un dévouement manifeste dans la
réalisation du présent travail ; nous pensons
particulièrement aux autorités académiques de la
Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administrative et à
notre humble directeur, en l'occurrence le Professeur ASIPATE SIKITIKO qui,
malgré nos multiples incompréhensions et insuffisances, a
accepté à consacrer son temps à guider nos pas.
Nous pensons également à Olga MUSE KITENGE,
notre chère épouse et Merveille BIAYI MUKENDI, notre cher fils,
pour les privations et sacrifices consentis durant tout notre cursus
académique.
Nous remercions aussi tous ceux, d'entre frères et
soeurs, cousins et cousines, qui ont mis leur temps à profit en nous
prodiguant des conseils ou en nous soutenant moralement, il s'agit de :
jean KABONGO, Samy BIAYI KALALA, Samy BIAYI KABONGO, Joséphine
KANKOLONGO, Barthélemy KABONGO, Gentille MBOMBO VERONIQUE, Cédric
MBIYA KABONGO, Sergent KABONGO BATWENZE, Patrick KASONGO KASONGO, Shadrack
LUKANDA, Samy BIAYI MUKENDI, Adolph KADIMA KAYEMBE, Nadège MASENGO
KAYEMBE, Patrice MASHINDA KAZADI, BIAYI BIAYI Gradis, Damaris MWAUKA KAYEMBE et
Chrinovict KAYEMBE KAYEMBE.
Nous serions ingrat si nous ne mentionnons pas les noms de
certaines personnes dont la présence était une bouffée
d'oxygène pour la mise sur pied de ce travail et qui, d'une
manière ou d'une autre, nous sont venus en aide, nous citons
l'Ingénieur Gaétan KANKU MUTOMBO, Prince MANDA NZEVU, Gires
KABALU MUKUNA, François KABINDA KABUYA, Fabrice KUNGWA KIBALO, Idriss
MULONDA MUKENDI, Falone KAMWANG TSHIYEN, Augustin LUMAMBA KASONGO,
Espérant NGALAMULUME, Joseph MUKUNA, Rachel TSHIBWABWA, Divine MFUNDU,
Odon MALENGA, Junior KALUNGA, Prince MUSUL DITEND et Yannick KAYEMBE
BILONGO.
Que tous ceux dont les noms ne sont pas repris sur cette
liste, trouvent en ce travail l'expression de notre profonde gratitude.
MUKENDI KENNEDY Emmanuel
INTRODUCTION
1. PRESENTATION ET DELIMITATION
DU SUJET
Depuis le 30 juin 1960, date à laquelle la
République Démocratique du Congo a accédé à
la souveraineté nationale et internationale, ses habitants n'avaient
jamais vécu un régime fondé sur l'idée que chaque
citoyen devrai avoir le droit de se prononcer et de donner son avis sur la
façon de gouverner le pays ; ce qui veut dire que la population
était pendant longtemps étouffée et ne pouvait participer
à des activités politiques que dans le sens souhaité par
ceux qui tenaient le pouvoir.
Certes, dans les premières heures de
l'indépendance le pays avait connu une certaine libéralisation de
la scène politique, dès lors des partis politiques se sont
formés, certains passant du statut d'association tribale à celui
des partis politique comme ce fût le cas avec la CONAKAT qui regroupait
pratiquement les Luba du sud Katanga et de l'ABAKO comprenant les Bakongo.
Hormis cette libéralisation
éphémère de la sphère politique qu'a connue la
République Démocratique du Congo juste après
l'indépendance, aucune autre n'a été observée, le
pays s'est par contre plongé dans un gouffre de totalitarisme vers les
années 1970 avec le mouvement populaire de la Révolution qui
était le seul et unique parti politique qui animait la vie politique de
la République Démocratique du Congo, alors République du
Zaïre.
Le 24 avril 1990, le président du Zaïre MOBUTU
SESESEKO proclama la démocratisation de la sphère politique qu'il
avait pendant longtemps confisquée, au cours d'un discours où il
instituait le multipartisme et annonçait son retrait du Mouvement
Populaire de la Révolution (MPR) ; et c'est cet acte qui marque le
premier pas vers la démocratie dans le Zaïre qui, après
renversement du régime MOBUTU par Laurent Désiré KABILA et
l'alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo
(AFDL) en 1997, prit le nom de la République démocratique du
Congo.
Après quatre ans de règne, Laurent KABILA est
assassiné et le pays est de nouveau plongé dans une crise
politique. En 2001, il est succédé par son fils Joseph KABILA.
Celui-ci va, en accord avec les forces vives de la nation congolaise, instaurer
une transition démocratique faisant aboutir la république
démocratique du Congo à l'adoption d'une nouvelle constitution
approuvée par référendum en décembre 2005,
promulguée le 18 février 2006, laquelle constitution met en place
un régime semi-présidentiel.
Ainsi promulguée, cette constitution donne à
l'Etat congolais un caractère démocratique, fait prévaloir
les élections comme mode privilégié d'alternance de
dirigeants à la tête de l'Etat et à d'autres niveaux de
celui-ci. Pour participer à ces élections, ladite constitution
donne également aux congolais, gouvernés comme gouvernants, la
latitude d'adhérer aux partis politiques et organisations politiques de
leur choix.
C'est ainsi que pour comprendre l'articulation des relations
entre les partis politiques et les enjeux démocratiques qui en
constituent à la fois le cadre et la raison d'être, notre travail
s'intitule : « Partis politiques et enjeux
démocratiques en République Démocratique du Congo
».
Considérant le temps imparti à notre recherche
et le souci d'être plus précis, le présent travail traitera
de l'apport des partis politiques au processus démocratique en
République Démocratique du Congo, et cela pour une période
allant de 2006, année à laquelle les premières
élections dites libres, démocratiques et transparentes ont eu
lieu, jusqu'à 2011, année qui correspond à la tenue de la
deuxième échéance électorale.
2. CHOIX ET INTERET DU SUJET
Un travail scientifique, en l'occurrence celui de
deuxième cycle, est toujours suscité par l'existence d'une
inquiétude réelle dans la société, laquelle
inquiétude nécessite une étude approfondie pour être
comprise et, éventuellement, être résolue en
totalité ou en partie ; ce qui veut dire que tout chercheur, quel
qu'il soit, a toujours des mobiles qui le poussent au choix d'un sujet et des
intérêts qui guident sa recherche.
De ce fait, notre choix pour ce sujet a été
motivé par le fait que ce dernier correspond le mieux à notre
domaine des sciences sociales, politiques et administratives et que, par
ailleurs, les phénomènes enjeux démocratiques et partis
politiques font la une des débats politiques et autres
conférences de grande envergure.
En outre, l'intérêt qui nous a conduit à
l'étude de l'apport des partis politiques au processus
démocratique est tricéphale, c'est-à-dire qu'il se situe
à trois niveaux : personnel, sociétal et scientifique.
Au niveau personnel, nous avons été
marqué par l'avènement de la démocratie en
République Démocratique du Congo et nous avons pour
intérêt de chercher à comprendre les facteurs qui
influencent le processus démocratique dans ce pays.
Il convient de noter que les résultats auxquels nous
allons aboutir seront une solution à certaines inquiétudes qui se
soulèvent dans notre société et ce travail va permettre
à ladite société de comprendre le cadre dans lequel elle
évolue.
Au niveau scientifique, nous sommes animé par le souci
d'apporter notre petite pierre à la construction de ce grand
édifice qu'est la science en mettant à la disposition des
chercheurs futurs des données à jour sur les enjeux
démocratiques en République Démocratique du Congo. C'est
à ce titre que l'honnêteté scientifique, cette
qualité exigée de tout chercheur, nous pousse à
reconnaître que nous ne sommes pas le premier à avoir
traité des partis politiques et des enjeux démocratiques. Bien
avant nous, il y a eu d'autres chercheurs qui se sont lancés dans
l'étude des partis politiques ou des enjeux démocratiques, mais
avec des orientations diverses, c'est notamment le cas de :
Alexis de Tocqueville qui, dans son livre intitulé
« De la démocratie en Amérique »
1(*), explique les raisons
qui font qu'aux Etats-Unis la société soit à la fois
démocratique et libérale. Pour y parvenir, Alexis se pose la
question suivante : Comment est-on parvenu, aux Etats-Unis, à
concilier l'égalité et la liberté ?
A titre de réponse à cette question, Alexis de
Tocqueville conclut à la suite de ses recherches que quatre
éléments font que la société américaine soit
libérale, en l'occurrence la situation géographique des
Etats-Unis, les lois qui régissent la société
américaine, des moeurs qui existent dans cette société et
enfin les croyances religieuses qui s'y trouvent.
De ce fait, une comparaison mérite d'être faite
entre Alexis et nous. Il se rapproche de nous parce qu'il traite de la
démocratie et des éléments qui renforcent celle-ci dans
une société, en revanche, nous insérons notre
originalité par rapport à lui en traitant, dans le présent
travail, de l'apport des partis politiques au processus démocratique en
République Démocratique du Congo.
Qui plus est, Maurice Duverger avec son livre intitulé
« Les partis politiques »2(*) où il fait le recensement des partis politiques
occidentaux après s'être posé la question suivante :
« la liberté serait-elle mieux préservée si
l'Etat ne trouvait en face de lui que des individus épars, non
coalisés en partis politiques ? » Répondant
à cette question, Duverger en vient à remarquer que les partis
politiques constituent l'un des éléments importants de la vie
politique. Par là, il débouche sur une typologie des partis
politiques afin d'en saisir l'armature, l'organisation et le fonctionnement.
De la lecture de ce livre, il en ressort que Duverger et nous,
avons un point d'entente : l'analyse de l'organisation et du
fonctionnement des partis politiques. En revanche, si Duverger analyse
l'organisation et le fonctionnement des partis politiques afin de les classer
avec soin dans un tableau typologique, nous de notre part, les étudions
afin de saisir leur rôle et leur place face aux enjeux
démocratiques en mettant en exergue leur anatomie et leur
fonctionnement.
De cette liste des chercheurs entretenant des rapports avec
nous, Pierre BRECHON n'est pas du reste avec son ouvrage « Les partis
politiques français »3(*) où, partant du constat général de
l'image ternie de partis politiques dans presque tous les pays du monde, il
inaugure la réflexion en faisant mention de la place que les
français accordent à leurs partis politiques et envient à
la conclusion selon laquelle nonobstant le fait qu'en France les partis
politiques sont mal connus et ont mauvaise presse, « ils restent les
principaux animateurs du débat politique et sont les garant de la vie
démocratique. Ils contribuent par leur offre programmatique, à
informer l'opinion et à éduquer les citoyens. Ils assurent la
sélection des élites appelés à gouverner. Ils sont
les médiateurs entre le peuple et le pouvoir ».
Ainsi, Pierre BRECHON se rapproche de notre démarche
par le fait qu'il s'attèle lui aussi à l'étude de partis
politiques afin d'en déceler le véritable rôle et la vraie
place que ces derniers occupent ; ce pendant, le fait pour nous d'inclure
dans notre étude la notion d'efficacité organisationnelle des
partis politiques dans les enjeux démocratiques, nous fait
démarquer de Pierre BRECHON.
Par ailleurs, nous ne pouvons passer sous silence Leslie
LIPSON qui, dans son livre intitulé « La civilisation
démocratique »4(*), traite de l'éthique de la démocratie et
des effets du régime démocratique sur les valeurs de la
société, de la politique, des partis politiques et de l'Etat.
Pour y parvenir, il construit son livre autour de deux thèmes
principaux : il étudie un régime démocratique et
porte une appréciation sur ses valeurs ; et, ce faisant, il
suggère une théorie générale du
phénomène politique. Par ailleurs, en faisant usage de la
méthode comparative, l'auteur parvient à comparer les diverses
sociétés démocratiques et non démocratiques ainsi
que des démocraties entre elles.
Au regard de ces considérations, le rapprochement entre
Leslie LIPSON et nous est marqué par la place de choix que nous
accordons tous, l'un comme l'autre, à la démocratie dans nos
études respectives. En effet, Leslie appréhende la
démocratie par rapport aux valeurs qui l'entourent et poursuit son
étude en mettant en exergue les effets de la démocratie sur les
valeurs sociétales et la politique, d'une part et sur l'Etat, d'autre
part ; ce qui est pratiquement notre ambition en traitant des partis
politiques et des enjeux démocratiques en République
Démocratique du Congo, où nous envisageons étudier le
régime démocratique congolais face aux valeurs qui le
soutiennent, ainsi que les effets fastes ou néfastes de ce régime
sur certains de ses éléments de base, particulièrement sur
les partis politiques.
En revanche, plutôt que de nous lancer dans une analyse
comparative des régimes politiques, d'une part et d'élaborer une
théorie générale du phénomène politique
comme l'a fait le Professeur Leslie LIPSON, nous, dans le cadre du
présent travail, allons nous appesantir sur l'apport des partis
politiques, en tant qu'élément de la démocratie, dans le
régime dit démocratique, et c'est ce qui constitue notre
originalité par rapport à Leslie LIPSON.
En fin, un autre chercheur mérite d'être
évoqué, il s'agit de Bobo Bong-e-Bone qui, dans son
mémoire de licence intitulé « The démocratic
process in the DRC »5(*), s'attèle à une étude comparative
de la démocratie en République Démocratique du Congo
à différentes périodes de son histoire avec la
préoccupation suivante : How would be the démocratic process
in the DRC ? Comme pour dire comment serait le processus
démocratique en République Démocratique du Congo ?
Se fondant sur la recrudescence des crises de
légitimité, l'immaturité des partis politiques et les
irrégularités observées aux élections de 2006, il
finit par conclure qu'en République démocratique du Congo la
démocratie est au stade embryonnaire.
Qu'il s'agisse de Bobo BONG-E-BONE ou de nous, un seul point
nous rapproche l'un de l'autre, il s'agit des enjeux démocratiques en
République Démocratique du Congo sur lequel nous nous
appesantissons tous, mais nous divergeons sur les orientations avec lesquelles
chacun étudie les enjeux démocratiques. En effet, lui cherche
à comprendre comment se présente la démocratie en
République Démocratique du Congo. Et nous, par contre, cherchons
à comprendre l'apport des partis politiques au processus
démocratique en saisissant leurs relations avec les enjeux dits
démocratiques.
3. PRESENTATION DES HYPOTHESES
DE RECHERCHE
Le problème d'organisation des partis politiques
engendre celui de cerner leur apport au processus démocratique qui en
constitue le cadre et c'est à ce titre qu'il convient de se
référer avec attention à la constitution du 18
février 2006 qui, dans son exposé des motifs, stipule
qu' « en vue de mettre fin à cette crise de
légitimité et de donner au pays les chances de se reconstruire,
les délégués de la classe politique et de la
société civile, forces vives de la nation, réunis en
dialogue inter congolais, ont convenu, dans l'accord global et inclusif
signé à Pretoria en Afrique du Sud le 17 décembre 2002, de
mettre en place un nouvel ordre politique, fondé sur une nouvelle
constitution démocratique sur base de laquelle le peuple congolais
puisse choisir souverainement ses dirigeants, au terme des élections
libres, pluralistes, démocratiques, transparentes et
crédibles. »6(*)
A ce titre, deux échéances électorales
avaient été déjà organisées, en 2006 et en
2011 ; à ces échéances, la plupart d'individus,
qu'il en soit des candidats ou des électeurs, ont adhéré
dans des partis politiques pour maximiser les chances de passer ou de faire
passer les candidats de leur choix.
Alors, comme les partis politiques articulent leurs
activités dans un cadre que l'article premier de la constitution du 18
février 2006 désigne par le qualificatif
« démocratique », et pour autant que lesdits partis
constituent l'un des fondements de la démocratie, la question suivante
semble cruciale pour guider notre recherche :
- Quel serait l'apport des partis politiques au processus
démocratique ?
Eu égard à la question sus posée, nous
pensons que l'apport des partis politiques au processus démocratique
pourrait se saisir sous deux aspects : l'aspect positif et l'aspect
négatif. En effet, considérant l'aspect positif, par
l'organisation de l'éducation politique des masses et l'utilisation des
mécanismes de participation politique, les partis politiques assurent la
sélection des élites appelées à diriger le pays et
incitent la population à participer à la vie politique.
En revanche, l'aspect négatif s'explique par le fait
que la multiplicité des partis politiques en République
Démocratique du Congo et leur lutte déréglée pour
la conquête du pouvoir, contribuent à l'émergence du
désordre et à l'affaiblissement de leur pouvoir d'action
notamment.
4. DEFINITION DES CONCEPTS
CLES
S'il est vrai que notre sujet regorge plusieurs mots, il est
aussi vrai que tous les mots utilisés n'ont pas la même importance
quant à leur influence sur la compréhension de nos lecteurs
qu'à la place qu'ils occupent dans notre recherche. C'est à ce
titre que dans le présent travail nous avons une catégorie de
mots dits clés et donc essentiels pour la compréhension et
nécessitant de ce fait une présentation particulière,
d'où l'importance de cette section, où nous allons parler tour
à tour des termes parti politique et démocratie.
4.1.
Parti politique
4.1.1. Définition :
Plus généralement, la notion de parti politique
possède deux définitions. La première, d'ordre
idéologique, est presque synonyme de faction : il s'agit pour
reprendre les termes de Benjamin constant, d'une « réunion
d'hommes qui professent la même doctrine politique ».7(*)
La seconde, d'ordre institutionnel, tient pour un
élément essentiel du jeu démocratique : Elle consiste
à saisir le parti en tant que forme politique, structure d'organisation
de la démocratie.
Dans le présent travail, le parti politique doit
être appréhendé selon son premier sens. En effet, selon ce
sens, nous définissons le parti politique avec le professeur MULUMBATI
NGASHA Adrien comme « une organisation qui, sur base de certaines
affinités ou solidarités, regroupe des individus pour
conquérir le pouvoir par les élections, seule ou avec les autres,
afin d'atteindre ou réaliser un idéal, qui s'incarne dans une
idéologie et dans un projet de société et qui, pour ce
faire, est animée par des organes liés les uns aux autres par des
relations à la fois verticales et horizontales et remplissant des
fonctions bien définies et dirigées par des hommes
compétents » 8(*).
4.1.2. Genèse des partis politiques
Les partis politiques au sens moderne du terme sont assez
récents. Ils apparaissent à la fin du XIXe siècle et au
début du XXe siècle. Ils apparaissent en Angleterre avec la
réforme électorale de 1832, aux Etats-Unis vers 1830.
Considérant leur naissance, Maurice Duverger scinde les partis
politiques en deux catégories : les partis politiques d'origine
parlementaire et électorale ; et les partis politiques d'origine
extérieure au parlement.
4.1.2.1. Les partis politiques d'origine parlementaire et
électorale
A ce titre, le Professeur MULUMBATI NGASHA Adrien note que
« les partis politiques d'origine parlementaire et électorale
sont nés de l'établissement des contacts permanents entre les
groupes parlementaires et les comités électoraux, qui ont vu jour
à la faveur de la démocratisation de la vie
politique » 9(*).
En effet, suite aux divergences d'intérêts entre
les membres de différents groupes, d'une part et à la
démocratisation de la vie politique d'autre part, des groupes
parlementaires issus des assemblées politiques et des comités
électoraux ont vu jour ; du fait du suffrage universel, ces groupes
ont créé entre eux des contacts irréguliers, lesquels
contacts vont devenir réguliers avec l'extension du suffrage universel
pour donner, au finish, naissance aux partis politiques avec une structure
distincte de celle des groupes parlementaires.
4.1.2.2. Les partis politiques d'origine extérieure au
parlement
Cette deuxième catégorie est constituée
par des partis politiques issus de différentes associations (tribales,
socioculturelle, etc.). Les membres de beaucoup d'organisation et
associations comme organisations syndicales, sectes religieuses, groupements
clandestins, sociétés de pensée et autres, ont pour des
buts électoralistes, transformé leurs organisations en partis
politiques. A titre exemplatif Maurice Duverger cite : « le
parti travailliste britannique né de la décision prise en 1899
par le congrès des syndicats ouvriers, trade union ; le parti
« antirévolutionnaire » constitué aux
Pays-Bas par les calvinistes pour s'opposer au parti conservateur
catholique ; le parti « chrétien
historique » créé en 1897 par des protestants plus
intransigeants pour protester contre la collaboration des catholiques et des
antirévolutionnaires ; le parti communiste de l'URSS né
d'une ancienne organisation clandestine parvenu au pouvoir en
1917. » 10(*)
A cette catégorie, on peut également joindre,
pour la république démocratique du Congo, des partis politiques
comme l'ABAKO, (Alliance des BAKONGO) et la CONAKAT qui, lors des
élections de mai 1960, soit un mois avant l'accession du pays
susmentionné à la souveraineté nationale et
internationale, ont quitté le rang d'association tribale pour
s'élever au rang des partis politiques.
4.1.3. Typologie des partis politiques
La typologie la plus courante en sciences politiques reste
celle établie par Maurice Duverger qui distingue les partis de masses et
les partis de cadres.
Les premiers partis ont été historiquement des
partis de cadres. Il s'agissait initialement de groupes parlementaires
réunis pour gagner les élections. Le rôle
prépondérant dans ces partis est tenu par des notables qui
possèdent la notoriété, le prestige et parfois l'argent.
Tous ces partis demeurent faiblement structurés. L'autorité qui
s'y exerce est à la fois personnelle et décentralisée. Ils
fonctionnent normalement au niveau de la circonscription et les instances
nationales. Les partis des cadres ne sont guère autre chose que la
juxtaposition d'influences locales.
A la différence des partis de cadres, qui se sont
créés spontanément, les partis de masse ont
été le fruit d'une volonté consciente. Les notables des
partis de cadre sont contraires à leurs intérêts. Ces
considérations expliquent l'apparition à la fin du XIXe
siècle de partis de masse et le fait que les premiers d'entre eux aient
été des partis socialistes. Deux objectifs rendent
nécessaire la création des partis de masse : la compensation
par le nombre de la faible influence sociale des prolétaires et la
finalité pédagogique. Le fonctionnement des partis de masse
applique rigoureusement les principes démocratiques. Les
adhérents y sont assimilés au corps électoral. Ils
élisent des délégués aux congrès qui se
réunissent périodiquement et prennent les décisions
importantes : adoption et modification des statuts, élection des
instances dirigeantes.
4.1.4. Les fonctions des partis politiques
Les partis politiques accomplissent généralement
trois fonctions : ils clarifient les choix électoraux,
sélectionnent les candidats aux fonctions électives et sont
facteurs d'intégration sociale.
L'affiliation du candidat à un parti apporte à
l'électorat des garanties certes relatives, mais supérieures
à celle qu'offrent de simples promesses. Les partis peuvent d'ailleurs
franchir un pas supplémentaire dans la clarification des choix en
élaborant de véritables programmes politiques.
Le parti politique a un rôle de sélection et de
pression sur les élus. Il choisit parmi ses militants ceux qui lui
paraissent les plus aptes à le représenter et à parler en
son nom. Il choisit aussi ceux qu'il veut investir pour chaque
élection.
Autour de son programme, un parti doit aussi chercher à
mobiliser les citoyens, c'est-à-dire à faire adhérer le
plus grand nombre au projet politique qu'il défend, et inviter à
voter pour les candidats qui incarnent ce programme dans les batailles
électorales.
4.1.5. Les systèmes de partis politiques
Considérant le nombre de partis politiques que chaque
pays autorise à oeuvrer en son sein, nous distinguons
généralement trois types de systèmes : le
monopartisme, le bipartisme et le multipartisme.
Le parti unique se rencontre essentiellement dans le pays
où la démocratie ne s'est pas développée. Le parti
est au service du pouvoir en place, il est un outil de propagande et
d'imposition des politiques. Ce système est celui de l'Allemagne Nazie
et de la République du Zaïre.
Les systèmes bipartites correspondent à la
situation des pays où deux grands partis ont le quasi-monopole de la
représentation politique et alternent au pouvoir. Ce système des
partis est très fortement intégré dans les
mentalités en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.
Le pluripartisme correspond, comme son nom l'indique, à
une situation de concurrence entre de nombreux partis : c'est le cas en
France, en Italie ou en République Démocratique du Congo
actuellement. Le pouvoir est alors exercé par une coalition des forces
politiques, sauf dans certains cas de pluripartisme combiné avec un
parti dominant.
4.1.6. Organisation et composition des partis politiques
Pour pouvoir perdurer et donc avoir le temps de se construire
un électorat et un programme politique, les partis doivent se structurer
et se construire un certain nombre de règles permettant de
définir le système de prises de décisions. On trouve
généralement un président ou secrétaire
général, ainsi qu'un comité directeur. Plus
concrètement, le Professeur MULUMBATI NGASHA Adrien confère aux
partis politiques les organes suivants : congrès du parti,
direction nationale du parti, comités régionaux, comités
sous régionaux, comités, groupes parlementaires.
Tous ces organes représentent le parti, chacun dans les
compétences qui lui sont reconnues. Ils permettent au parti de
s'évaluer et de mesurer son impact sur le plan national, régional
ou local. Tous ces organes sont animés par les membres du parti parmi
lesquels nous distinguons les sympathisants, qui constituent l'électorat
traditionnel des partis, des adhérents, militants qui s'investissent
directement dans la vie du mouvement. Le plus souvent, les adhérents se
réunissent en conflit d'intérêt entre les différents
courants ou entre les militants de base, qui défendent une certaine
orthodoxie idéologique, et des élus ou les cadres
généralement plus ouverts aux compromis et aux alliances.
Somme toute, les partis politiques financent les campagnes
électorales. Ils ont généralement besoin de fonds pour
assurer leur propre fonctionnent. Cet argent peut provenir de dons de personnes
privées ou des financements publics.
4.2. Démocratie
4.2.1. Présentation
Le terme démocratie vient du grec ancien,
« Demokratia » qui signifie souveraineté du peuple.
Il est confectionné à partir de deux termes grec, à
savoir : « demos » qui veut dire peuple et
« Kratos » qui signifie pouvoir ou souveraineté. De
ce fait, la démocratie est définie, étymologiquement,
comme un régime politique dans lequel le peuple est souverain ou
détient le pouvoir, c'est un régime politique dans lequel la
souveraineté procède de la base (population) vers le sommet
(dirigeants) de la pyramide dans un Etat.
La définition la plus connue de la démocratie
est celle lancée par Abraham Lincoln, seizième président
des Etats-Unis, qui a dirigé de 1860 à 1865. En effet, il
définit la démocratie comme « le gouvernement du
peuple, par le peuple et pour le peuple »11(*). C'est une des
définitions canoniques couramment reprises, ainsi qu'en témoigne,
par son introduction, la constitution française de 1958.
Comme le soutient le site Internet Wikipedia, « la
définition d'Abraham Lincoln est proche du sens étymologique du
terme démocratie » 12(*), cependant, cette définition reste susceptible
d'interprétations différentes, aussi bien quant à la
signification concrète de la souveraineté populaire que pour son
application pratique ; Ainsi, aujourd'hui, il n'existe pas de
définition communément admise de ce qu'est ou doit être
démocratie.
De façon générale, un gouvernement est
dit démocratique par opposition aux systèmes monarchiques d'une
part, où le pouvoir est détenu par un seul, et d'autre part
restreint par le nombre d'individus qui le composent. Néanmoins, ces
oppositions, héritées de la philosophie grecque (notamment de la
classification d'Aristote) sont aujourd'hui, équivoques de part
l'existence de monarchies parlementaires. Aujourd'hui, on peut aussi
définir la démocratie par opposition à la dictature ou la
tyrannie, comme le propose Karl Popper, mettant ainsi l'accent sur les
possibilités pour le peuple de contrôler ses dirigeants et de les
évincer sans devoir recouvrir à une révolution.
Par ailleurs, le terme démocratie ne se
réfère pas uniquement à des formes de gouvernements, mais
peut aussi désigner une forme de société ayant pour
valeurs la liberté et l'égalité, c'est notamment l'usage
qu'en fait Alexis de Tocqueville, qui s'attache plus aux dimensions culturelles
qu'au système politique en lui-même, ou de manière plus
générale encore, un ensemble de valeurs, d'idéaux et des
principes politiques, sociaux ou culturels.
Le terme démocratie peut aussi servir à
qualifier le fonctionnement de tout corps ou organisation sociale (l'organisme
public ou privé, associations, entreprise), le plus souvent par le biais
du qualificatif démocratique. Cela signifie alors
généralement que le fonctionnement repose sur
l'égalité des membres de groupe, sur des procédures de
délibérations, ou encore de votes et ou d'élection.
Pour le présent travail, il sied de considérer
la démocratie dans son sens de régime politique, lequel
régime accorde le plus d'égalité, de pouvoir et de
liberté au peuple qui se trouve être le souverain primaire.
4.2.2. Les origines de
l'idée démocratique
Les origines de l'idée démocratique sont
à rechercher dans l'antiquité grecque et dans la renaissance qui
constituent des moments forts dans l'histoire de la démocratie.
4.2.2.1. La démocratie dans l'antiquité
Grecque
Pour les Cités-Etats de la Grèce antique, comme
Athènes, la démocratie directe, modèle opposé
à la tyrannie et à l'oligarchie, parait le mode de gouvernement
le plus adapté à de petites entités, soucieuses
d'autonomie et dotées d'une forte homogénéité
sociale. Tous les citoyens peuvent effectivement prendre la parole et voter
à l'Agora, l'assemblée de la cité, à l'exception
notable des femmes, des esclaves et des métèques (non
autochtones) qui, excluent de la citoyenneté, n'ont aucun droit
politique.
4.2.2.2. L'émergence de la démocratie
à la renaissance
A partir du Moyen-âge, l'idée démocratique
s'estompe devant la montée du monde théocratique qui fait de la
religion inséparable d'une vision hiérarchique de la
société, la base de la légitimité du pouvoir et
celle de l'organisation sociale dans son ensemble. La prééminence
peu à peu acquise par la monarchie aux dépens de la
papauté ne remet pas en question, bien au contraire, l'idée selon
laquelle l'individu n'existe au sein de la société qu'en fonction
de la place qui lui a été assignée par sa
naissance ; système qui veut que le pouvoir soit exercé par
ceux-là seuls qui, par nature, en ont reçu la capacité.
S'inscrivant dans le cadre d'une affirmation progressive de
l'individualisme, la renaissance consacre l'idée d'une autonomie de
l'homme, qui doit s'entendre comme autonomie et liberté de la conscience
(manifestée par l'humanisme dans le domaine intellectuel), mais
également comme une autonomie vis-à-vis d'un pouvoir en voie de
sécurisation, dont la légitimité fait l'objet d'une
interrogation majeure.
4.2.3. La naissance de la
démocratie moderne
La démocratie, dans sa forme actuelle, doit son
existence à plusieurs révolutions et mouvements d'idées
qui ont, d'une manière ou d'une autre, favorisé son
émergence ; c'est notamment le cas de la révolution
anglaise, du siècle des lumières, de la guerre de
l'indépendance américaine et de la révolution
française de 1789.
4.2.3.1. La révolution anglaise
(1646-1649)
La révolution anglaise constitue l'une des
premières tentatives de remise en cause de la monarchie absolue. La
guerre civile qui se déroule en Angleterre de 1642 à 1644 voit
l'affrontement de la petite noblesse et de la bourgeoisie puritaine avec le Roi
Charles Ier, dont l'autoritarisme finit par provoquer sa
destitution, et son exécution en 1649. Cependant, la république
instituée par Cromwell, qui se maintient au pouvoir de 1646 à
1658, est à peu près dépourvue de caractère
démocratique, et après le retour de la monarchie avec Charles II
(1660-1685), il faut attendre la glorieuse révolution de 1688,
marquée par la formulation de la déclaration des droits, pour que
la limitation effective apportée aux pouvoirs du souverain et la
garantie des libertés individuelles accordées aux citoyens
préfigure la démocratie moderne.
4.2.3.2. L'apport du siècle des
lumières
Le siècle des lumières marque un
approfondissement considérable de la réflexion sur la
démocratie. Mettant l'accent sur la valeur absolue de la liberté
individuelle, le philosophe anglais John Locke, auteur du traité sur le
gouvernement civil publié en 1689, se prononce en faveur d'une monarchie
constitutionnelle, où le souverain, tenant son pouvoir du pacte social
et non plus du droit divin, peut être renversé par l'insurrection
s'il outrepasse ses prérogatives. Poursuivant cette réflexion
qui, sans remettre en cause le principe monarchique, s'interroge sur la forme
que doit revêtir le pouvoir pour qu'il soit considéré comme
légitime, Montesquieu fait franchir un pas décisif à la
pensée politique en formulant la théorie de la séparation
des pouvoirs, en vertu de laquelle une limitation réciproque des
prérogatives de l'exécutif, du législatif et du judiciaire
évite toute dérive vers l'absolutisme.
Rompant avec cette optique qui, si elle définit un
nouveau mode d'exercice du pouvoir, met l'accent sur la protection de
l'individu dans la perspective du libéralisme, refuse de s'interroger
sur l'origine du pouvoir, et refuse par exemple toute perspective de
démocratie directe, Jean-Jacques Rousseau fait de toute forme de
collectivité politique la résultante d'un contrat social par
lequel chaque citoyen, se soumettant à la volonté
générale incarnée par le corps social dans son ensemble,
est plus libre que s'il était isolé face au pouvoir d'un seul, et
plus heureux puis que la collectivité favorise nécessairement le
bonheur du plus grand nombre. Cette conception, qui fait primer le collectif
sur l'individuel, est l'une des sources de la conception moderne de la
démocratie.
4.2.3.3. La guerre de l'indépendance
américaine
Née de la volonté des colonies
américaines de s'affranchir de la domination britannique, la guerre de
l'indépendance américaine est à l'origine de la
création des Etats-Unis d'Amérique. S'appuyant sur la
déclaration d'indépendance de 1776, rédigée par
Thomas Jefferson, la constitution de 1787, conciliant avec souplesse
désir d'autonomie des Etats-Unis et nécessité d'un certain
centralisme fédérateur, définit les contours d'une
démocratie représentative de la garantie des libertés
individuelles.
4.2.3.4. La révolution
française
C'est sans doute la révolution française qui,
en raison de son caractère radical et de son ralentissement en Europe, a
exercé l'influence la plus déterminante sur la formation de
l'idée démocratique moderne. En effet, l'importance de la
révolution française ne réside pas tant dans un changement
brutal de régime, puis que la France connaîtra de nouveau des
formes plus ou moins autoritaires de régime monarchique au XIXe
siècle, mais dans l'affirmation d'un certain nombre de principes qui
acquièrent peu à peu une portée universelle.
Découlant de la déclaration des droits de l'homme adoptée
en 1789, la consécration des principales libertés publiques
(sécurité et sureté individuelles, liberté
d'opinion, d'expression, de circulation) a dessiné d'une manière
définitive l'idéal d'une société
démocratique, quel que soit le type de régime politique dans
lequel elle s'incarne.
Par ailleurs, l'idée démocratique connait une
diffusion remarquable dans les sociétés occidentales du XIXe
siècle, en proie à de profonds changements économiques et
sociaux (extension de la révolution industrielle, consolidation du
capitalisme, naissance de la classe ouvrière). Avant la fin du XIXe
siècle, toutes les grandes monarchies d'Europe occidentale ont
adopté une constitution qui limite ou encadre le pouvoir de la couronne
et accorde une part plus ou moins importante du pouvoir politique à des
représentants élus, sur le modèle de la grande Bretagne,
berceau du régime parlementaire. Dans le cadre de ce mouvement, le droit
de vote connait des extensions successives jusqu'à devenir universel
dans la plupart des sociétés démocratiques
occidentales.
4.2.4. Formes de
démocratie
La démocratie est devenue un système (et non
plus un simple régime) dans lequel la souveraineté est
attribuée au peuple qui l'exerce de façon :
ü Directe lorsque le régime est celui dans lequel
le peuple adopte lui-même les lois et décisions importantes et
choisit lui-même les agents d'exécution,
généralement révocables. on parle alors de
démocratie directe ;
ü Indirecte lorsque le régime est celui dans
lequel des représentants sont tirés au sort ou élus par
les citoyens, pour un mandat non impératif à durée
limitée, durant lequel ils ne sont généralement pas
révocables par les citoyens. On parle alors de démocratie
représentative.
ü Semi-directe dans le cas de démocratie indirecte
dans laquelle le peuple est cependant appelé à statuer
lui-même sur certaines lois par le référendum, qui peut
être un référendum d'initiative populaire, soit pour poser
un véto à un projet de loi, soit pour proposer un projet de
loi.
4.2.5. Principes et moeurs
démocratiques
La démocratie repose sur un certain nombre de principes
qui constituent le socle, le soubassement même de la démocratie.
Ces principes, nous les retrouvons dans l'oraison funèbre que
Périclès prononce en hommage à des guerriers tombés
pendant la guerre du Péloponnèse. Dans son discours,
Périclès fait reposer la démocratie sur les principes
suivants : l'isonomie et l'uségorie.
L'isonomie c'est l'égalité des lois ou celle des
citoyens devant la loi, c'est-à-dire les mêmes lois s'appliquent
à tous de façon égale.
L'uségorie c'est le droit égal de parler devant
l'assemblée, ce qui est connu de nos jours comme liberté
d'expression ou d'opinion.
Ces principes seuls ne suffisent pas pour avoir correctement
une démocratie, encore faut-il que le peuple intériorise un
certain nombre de moeurs pour permettre à ladite démocratie de
mieux s'articuler. Il s'agit principalement de la philanthropie comme le
souligne le Professeur ISANGO IDI WANZILA ; « La philanthropie
est la fraternité entre les citoyens, elle implique la tolérance,
la bienveillance et l'assistance pour les faibles. » 13(*)
5. METHODES ET TECHNIQUES DE
RECHERCHE
5.1. Méthodes de
recherche
Généralement dans un travail scientifique il est
reconnu au chercheur la latitude de faire usage d'une ou de plusieurs
méthodes pour autant que celles-ci lui permettent d'atteindre son
objectif. Ainsi, dans le présent travail, nous avons fait usage d'une
seule méthode qui est la méthode systémique que Guy Rocher
définit comme « toute recherche théorique ou empirique
qui, partant du postulat que la réalité sociale présente
les caractères d'un système, interprète et explique les
faits sociaux par des liens d'interdépendance qui les relient entre eux
et qui forme une totalité »14(*).
Pour la meilleure application de cette méthode, nous
allons recourir aux quatre principes que lui confère le professeur
KITABA KYA GHONYS15(*), en
l'occurrence :
- Le principe fonctionnel : qui consiste à
envisager l'intégration des éléments dans un même
système ; ce principe va nous permettre de déterminer les
fonctions que remplissent les partis politiques dans le système
démocratique ;
- Le principe composite : qui consiste à
identifier de quels éléments est composé un système
social ; ce principe nous aidera à déterminer de quels
éléments exactement est composé le processus
démocratique envisagé comme système.
- Le principe structural : qui consiste à
reconnaître la structuration des éléments d'un
système ; ce principe va nous accompagner dans la reconnaissance de
la hiérarchie ou de la structuration des partis politiques et autres
éléments dans le processus démocratique ;
- Le principe intégratif : qui consiste à
intégrer les éléments pour le bon fonctionnement d'un
système ; Enfin, nous nous servirons de ce principe pour
intégrer les partis politiques dans le système
démocratique afin saisir les manifestations résultantes.
Avec cette méthode, nous allons considérer les
différentes variables de notre sujet, à savoir : partis
politiques et enjeux démocratiques comme éléments d'un
même système, lesquels éléments sont en interaction
réciproque, de telle sorte que tout changement de l'un de ces
éléments provoque le changement des autres et par
conséquent tout le système démocratique change.
5.2. Techniques de recherche
Le terme technique renvoie à un outil ou un moyen
concret utilisé par le chercheur pour récolter les informations
ou les données.
Pour ce qui nous concerne et dans le cadre du présent
travail, nous définissons le terme technique avec le professeur
MULUMBATI NGASHA, comme « un ensemble d'instruments ou des moyens
pour collecter les informations nécessaires pour conduire la recherche
à bon port. »16(*) Concernant ce travail, la récolte des
données s'est faite à l'aide de l'observation et de l'interview.
5.2.1. L'observation
C'est une technique qui consiste, pour le chercheur, à
observer les faits à étudier. De cette technique, nous avons
exploité deux facettes : l'observation documentaire et la
participation observante.
5.2.1.1. L'observation documentaire
Elle consiste, pour le chercheur, à exploiter des
documents en rapport avec son sujet de recherche. Elle nous permettra de
recourir aux documents comme la constitution de la République
Démocratique du Congo, les livres se rapportant aux partis politiques
ou au processus démocratique et autres documents afin d'enrichir le
présent travail.
5.2.1.2. La participation observante
Elle consiste, pour le chercheur, à observer son groupe
ou sa société d'appartenance. Elle permettra à nous, en
tant que citoyen congolais, de récolter dans ce pays qui est le
nôtre des informations en rapport avec les partis politiques et le
processus démocratique.
5.2.2. L'interview
Par le truchement de la technique d'observation nous avons
soumis à notre perception et avons participé au
déroulement des faits à étudier, c'est-à-dire
l'apport des partis politiques au processus démocratique, ainsi que
l'impact de l'organisation interne des partis sur leurs rôles. Cependant,
la démarche est loin d'être achevée et, c'est à ce
titre que nous avons recouru à l'interview afin de préciser, par
des questions, les données recueillies par observation et participation
au déroulement des faits que nous étudions.
6. PRESENTATION DES THEORIES
EXPLICATIVES DE REFERENCE
Plusieurs bases théoriques peuvent aider à
expliquer un travail ou mieux le sujet dont il traite ; mais lorsqu'une
base se suffit en elle-même pour rendre intelligible cette explication,
il revient au chercheur d'en apprécier l'importance ; d'où
le bienfondé de l'utilisation dans le présent travail d'une seule
base, laquelle revêt le nom de théorie, que nous
définissons avec le professeur ISANGO IDI WANZILA comme « une
large synthèse se proposant d'expliquer un grand nombre de faits et
admise à titre d'hypothèse vraisemblable par la plus part de
savants d'une époque ».17(*)
De ce fait, nous avons, pour le présent travail,
utilisé la théorie systémique que le professeur MULUMBATI
NGASHA considère comme reposant sur le mot système que
lui-même définit comme « un ensemble
d'éléments liés les uns aux autres de telle manière
que si un des éléments change, chacun des éléments
change et par conséquent le tout change ».18(*)
A cet effet, du fait que nous traitons dans le présent
travail d'un système qui est le système politique congolais que
l'article premier de la constitution du 18 février 2006 sus
évoquée désigne par le qualificatif
« démocratique », cette théorie nous
permettra d'expliquer les liens d'interdépendance qui existent entre,
d'une part les partis politiques et le système politique congolais qui
en constitue tantôt le cadre et la raison d'être, afin de saisir,
au travers de cette interaction, l'apport des partis politiques, en tant
qu'élément du système politique, dans l'intégration
ou la désintégration du système politique
démocratique congolais dont ils font partie ; et d'autre part, afin
de saisir l'impact de l'organisation interne des partis politiques sur leurs
rôles.
7. SUBDIVISION DU TRAVAIL
Outre l'introduction et la conclusion qui consacrent
respectivement le début et la fin du présent travail, ce dernier
comprend trois chapitres dont le premier aborde des notions
générales liées aux partis politiques de la
République Démocratique du Congo, notamment leur histoire, leur
organisation et leur fonctionnement, dans l'ultime but de circonscrire notre
analyse dans un cadre précis, d'où ce chapitre est
intitulé Présentation des partis politiques de la
République Démocratique du Congo.
Par ailleurs, la seule présentation des partis
politiques ne suffit pas pour rendre intelligible l'explication de leur apport
sur le processus démocratique et par conséquent l'analyse
mérite d'être complétée par une sorte d'autopsie de
la démocratie en République Démocratique du Congo à
différentes périodes de son histoire. C'est ainsi que dans le
deuxième chapitre ayant pour titre Présentation de la
démocratie en République Démocratique du Congo,
il sera question de présenter, de 1960 à 2011, en
passant par d'autres périodes intermédiaires, les valeurs comme
le multipartisme, la séparation des pouvoirs, la liberté de
presse et les élections, qui sont des éléments
nécessaires pour la compréhension du système politique
congolais.
Enfin, Partis politiques et processus
démocratique en République Démocratique du
Congo, tel est le titre du troisième chapitre du
présent travail, où nous exposons de manière pragmatique
l'apport des partis politiques sur le processus démocratique en mettant
en exergue leurs fonctions, les valeurs démocratiques et la bonne
gouvernance.
CHAPITRE I : PRESENTATION DES PARTIS POLITIQUES DE LA
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Dans ce chapitre, il sera question de présenter la
situation des partis politiques évoluant en République
démocratique du Congo. Pour bien comprendre leur situation actuelle, il
sera privilégié dans le présent chapitre, l'étude
de leur histoire, de leur organisation et enfin le chapitre sera clos par
l'analyse de leur fonctionnement.
I.
HISTORIQUE DES PARTIS POLITIQUES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Le multipartisme n'est pas une nouveauté en
République Démocratique du Congo, c'est une réalité
qui date de la veille de l'indépendance, qui a traversé plusieurs
moments et qui continue jusqu'à ce jour ; c'est pourquoi, pour bien
appréhender leur évolution à travers le temps, il est
bienséant de catégoriser lesdits partis selon leurs
périodes de naissance, puisque chacun de ces partis a eu à naitre
dans un contexte particulier. De ce fait, considérant le contexte de
naissance de partis politiques en République Démocratique du
Congo, nous retenons trois périodes19(*), lesquelles ont marqué le plus l'histoire des
partis politiques congolais :
- La période d'entre 1940 et 1960,
- La période d'entre 1965 et 1990,
- La période d'à partir de 1990,
a. La période d'entre 1940 et 1960 (la veille de
l'indépendance)
Dès les années 1940, dans ce qui était
alors le Congo Belge, deux tendances indépendantistes se manifestent
dans la capitale Léopoldville : « Celle des gens d'en Bas
(Bas-Congo et Bandundu) parlant le Kikongo et celles des gens d'en haut parlant
le Lingala, venant de l'équateur d'abord et finalement de tout
l'intérieur du pays »20(*). Dans la première catégorie se forma en
1949 une association d'abord culturelle et finalement politique, l'Alliance des
Bakongo (ABAKO), dont Joseph KASAVUBU devint président en 1954. Son
rêve devint de rétablir l'ancien royaume Kongo de l'époque
Portugaise. Cette tendance se durcit très vite et réclama
bientôt l'indépendance immédiate tout en demeurant
fédéraliste lorsqu'il s'agit plus tard de discuter le
problème du reste du Congo.
« Les populations d'en haut, venant de
régions plus diversifiées et séduites par le plan de 30
ans pour l'émancipation de l'Afrique du professeur Belge Van BILSEN,
publié en 1956, étaient aussi désireuses de maintenir le
Congo unitaire. Leur manifeste dans ce sens publié le premier juillet
1956 fut rigoureusement combattu par l'ABAKO dès son assemblée
générale du 23 août 1956 »21(*). Le plan de 30 ans est
déclaré utopique. « La nationalisation de grandes
compagnies vivrières et agricoles comme des parastataux est souhaitable.
Puisque l'heure est venue, il faut accorder aujourd'hui même
l'indépendance immédiate ! »,22(*) a déclaré Joseph
KASAVUBU au cours d'un meeting de L'ABAKO.
La Belgique qui croyait à la progressivité de la
transition vers l'indépendance organisa les premières
élections à l'échelon communal, limitées aux
grandes villes en 1957. L'ABAKO triompha inévitablement à
Léopoldville et cela impressionna certains unitaristes, tel Patrice
Lumumba, un Tétéla du Kasaï oriental, intelligent et
idéaliste, qui ne tarda pas à fonder son propre Mouvement
National Congolais, MNC-Lumumba, plus revendicatif que celui du MNC-KALONJI,
Albert KALONJI étant aussi un Kasaïen unitariste.
Ces jeunes rivalités politiques confrontées aux
structures tribales compliquées du Congo allaient former un
mélange détonant qui détruirait au bout de cinq ans la
première démocratie parlementaire congolaise. On ne peut que
rappeler ici quelques épisodes saillants :
- L'émeute de Léopold ville (4 au 7 janvier
1959) provoquée par l'interdiction tardive d'un meeting de L'ABAKO.
Arrestation de KASAVUBU le 12 janvier 1959, pour être
libéré le 14 mars de la même année.
- La suite de 1959 voit d'abord l'autorisation des partis
politiques, suivie d'élections générales sur l'ensemble du
territoire congolais marquées par toutes sortes de manoeuvres de ces
partis dont se dégagent trois pôles : un cartel des
nationalistes fédéralistes formés de six partis
séparatistes ou autonomistes dont L'ABAKO et le MNC KALONJI, le
pôle du MNC-Lumumba et finalement celui de l'homme fort du Katanga
Moïse TSHOMBE, conscient de la force économique de sa région
et l'intérêt de s'entendre avec l'union minière du Haut
Congo (UMHK), (tout comme KALONJI vis-à-vis des exploitations de diamant
au Kasaï).
Parmi les partis qui émergent on trouve le PSA (parti
solidaire Africain) d'Antoine GIZENGA, le PNP (Parti National du Peuple)
conduit par Albert Delvaux et Laurent MBARIKO, le LUKA (L'union Kwangolaise)
dirigée par André-PETIPETI TOMATA et Pierre MASIKITA.
En 1960, ce fut la table ronde de Bruxelles (du 20 janvier au
20 février) où représentants congolais et belges
fixèrent les étapes suivantes : en mai eurent les
élections législatives. La première chambre des
députés désignés par tirage au sort choisit
André PETIPETI TOMATA comme le premier président de la chambre
des représentants. Il dirige le bureau provisoire pour valider les
mandats des députés élus et l'élection
définitive du bureau. Les élections législatives et
provinciales marquèrent de nouveaux clivages et alliances (scission de
l'ABAKO) d'où résulta un compromis : Joseph KASAVUBU fut
élu président par le parlement, Lumumba étant premier
ministre.
Au moment de l'indépendance du pays, le roi des Belges
se rendit en personne à Léopoldville (future Kinshasa) pour
assister aux cérémonies consacrant la fin de l'union coloniale
entre la Belgique et le Congo, et marquant la naissance sur la scène
internationale de ce nouvel Etat francophone d'Afrique.
b. La période d'entre 1965 et 1990
Suite à la crise politique suscitée par une
révocation réciproque entre le président KASAVUBU et le
premier ministre Patrice Emery Lumumba, le 25 novembre 1965, Mobutu SESESEKO
renverse Joseph KASAVUBU et s'empara définitivement du pouvoir. La
libération de STANLEYVILLE marque le début des années des
guerres qui se poursuivirent jusqu'en 1966. Toute cette région vit des
atrocités qui firent au moins 500.000 morts civils et militaires.
Après s'être assuré le monopole du
pouvoir, le Président Mobutu se mit à restructurer et à
organiser l'Etat. La décision prise dans la proclamation du Haut
Commandement s'engageant à respecter tous les droits et libertés
garantis par la constitution du 1er août 1964,
énumérait tous les droits, notamment : la liberté de
penser, de conscience et de religion (article 24), de la liberté
d'expression (article 25), de la liberté de presse (Article 26), du
droit d'émission par la radio et la télévision (Article
27) et de la liberté d'association (article 28), curieusement cette
décision n'avait pas repris l'article 30 alinéa 2 de cette
même constitution, relatif à l'organisation et fonctionnement des
partis politiques.
Il a fallu attendre le 12 décembre 1965 pour que le
président Mobutu SESESEKO vienne interdire officiellement aux partis
politiques d'exister en déclarant : « pendant cinq ans
durant on ne fera plus de politique des partis politiques ».23(*) Les partis politiques
étaient, a en croire le Professeur ISANGO Idi WANZILA, accusés
par leur lutte d'influence, d'être responsable de tous les troubles que
le pays avait connus pendant les cinq premières années de
l'indépendance.24(*)
Mais dès que le pouvoir fut consolidé, le
pouvoir de Mobutu ne tarda pas à se rendre compte du manque d'un canal
de transmission entre la base (population) et le sommet (pouvoir) ; c'est
dans cette optique qu'il fut décidé par le pouvoir de
créer une organisation sous l'appellation de corps des volontaires de
la République, CVR en sigle.
Le CVR n'était pas présenté comme un
parti politique ou du moins ne se réclamait pas tel ; il
revêtait la façade d'une organisation patriotique et apolitique
dont le but était le soutien du régime Mobutu ; ce n'est que
plus tard qu'il sera dévoilé que le CVR était une
création du Président Mobutu.
En décembre 1966, le CVR organisa à Kinshasa son
premier séminaire et prend plusieurs résolutions parmi lesquelles
figurait celle de créer deux partis politiques.
L'initiative de créer deux partis étant
présentée, il ne restait qu'à concrétiser
l'idée déjà conçue, c'est à ce titre que le
23 mars 1967, à MBANDAKA, le Président Mobutu annonça
officiellement son intention de créer un parti politique distinct du
CVR.
Le 20 mai 1967, Le Mouvement Populaire de la
Révolution, MPR en sigle, vit le jour. Trois ans après, soit en
1970 il tient son premier congrès extraordinaire et prend la
résolution de s'institutionnaliser. Le MPR devint alors une institution
suprême, toutes les autres institutions lui étaient
subordonnées.
Depuis lors, le MPR évoluera en parti unique du pays et
va durcir davantage ses capacités d'actions jusqu'à ce
qu'à la fin de l'année 1980, treize parlementaires se rebellent
en initiant une opposition politique ouverte connue sous le nom de Fronde de
treize parlementaires ; ces parlementaires vont créer en 1982 un
parti politique sous le nom de l'union pour la démocratie et le
progrès social, en abrégé UDPS.
Suite à la pression menée de l'intérieur
par la fronde de treize parlementaires et d'autres associations, d'une part et
à la perestroïka qui est un vent de démocratisation des
anciens régimes socialistes qui a marqué la fin de la guerre
froide, d'autre part, la conscience du maréchal Mobutu va être
interpelée et incitée à une démocratisation de son
régime à l'issue d'une consultation populaire.
La
période d'à partir de 1990
A la suite d'une consultation populaire, le 24 avril 1990 le
président Mobutu prononça un discours dans lequel, il
annonçait d'abord une marche vers la démocratisation du
régime, puis son retrait du rôle dirigeant du mouvement populaire
de la révolution.
Pour renforcer davantage sa position, le Maréchal va
promulguer le 18 juillet 1990 une loi autorisant l'organisation et le
fonctionnement des partis politiques. C'est ainsi qu'à partir de cette
date, une nouvelle ère politique va s'inaugurer.
Pendant cette période, l'immaturité politique
des congolais va une fois de plus, comme pendant la première
république, entrer en jeu ; on va alors assister à une
prolifération des partis politiques, dont la plupart n'existaient que de
nom, formant ainsi ce que NGBANDA ZAMBO-KO-ATUMBA25(*) appelle parti-directoire,
parti-famille, parti -sur-papier et autres parti-alimentaire.
Comme le témoigne les listes des partis politiques
enregistrés au ministère de l'intérieur,26(*) en avril 1994, ledit
ministère a eu à enregistrer trois cents-quatre-vingt et un
partis politiques, lesquels étaient regroupés en vingt six plates
formes.
En 1996, les tensions provenant de la guerre civile et
génocide au Rwanda se propagent au Zaïre. « La milice
Hutu-Rwandaise Interahmwe, ayant fuit le Rwanda suite à l'installation
d'un gouvernement Tutsi, s'est mise à utiliser les camps de
réfugiés Hutus dans l'Est du Zaïre comme bases pour des
raids contre le Rwanda. Ces milices Hutu se sont vite associées avec les
forces armées du Zaïre (FAZ) pour lancer une campagne contre les
Tutsi congolais vivant dans l'Est du Zaïre. »27(*)
Par la suite, une coalition des armées rwandaises et
ougandaise, sous le couvert d'une petite milice Tutsi, a envahi le Zaïre
afin de combattre la milice Hutu, de renverser le gouvernement de MOBUTU et au
final, de prendre contrôle des ressources minières du Zaïre.
Cette coalition agrandie de deux armées étrangères et des
figures d'opposition de longue date, menée par Laurent
Désiré Kabila, a pris le nom d'Alliances des forces
démocratiques pour la libération du Congo
« AFDL ». Leur objectif, de manière plus large
était de chasser Mobutu et de prendre contrôle des richesses du
pays.
En Mai 1997, Mobutu fuit le pays et Kabila fait son
entrée à Kinshasa, s'autoproclamant Président et
remplaçant le nom du Zaïre par République
Démocratique du Congo.
Comme le note Evariste Boshab, « lorsqu'en mai 1997
le président Laurent Désiré KABILA proclame la prise du
pouvoir par l'alliance des forces démocratiques pour la
libération du Congo (AFDL), après avoir parcouru, d'UVIRA
à Lubumbashi, le pays est en état de décomposition
avancée, son attitude normale est de mettre en veilleuse toutes les
forces politiques ou celles prétendues telles pour la simple raison
qu'elles n'ont pas pu arrêter le processus de
désintégration de l'Etat. » 28(*)
En 2001, Kabila Laurent Désiré est
assassiné, son fils Joseph KABILA lui succède. Il profite de sa
prise de fonction pour appeler à des négociations
multilatérales pour la paix, afin de mettre fin à la guerre. En
février de la même année, un accord de paix fut
signé entre KABILA, le Rwanda et l'Ouganda, suivi de l'apparent retrait
des troupes étrangères. Les troupes de maintien de la paix de
l'ONU (MONUC) arrivent en Avril 2001.
Un gouvernement de transition est établi jusqu'aux
résultats de l'élection. Une constitution est approuvée
par les électeurs et les créations des partis politiques se
multiplient dont certains nouvellement formés, comme action
républicaine pour le progrès (ARP), Action démocrate
nationale (ADENA), Alliance Africaine pour la Solidarité et la
Démocratie (ASOD), et d'autres sortant du rang de troupes rebelles vers
le rang de partis politiques tels que le mouvement pour la libération du
Congo (MLC) et le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), pour
participer à ces mêmes élections, dites libres,
démocratiques et transparentes, lesquelles étaient prévues
le 30 juillet 2006 ; à l'issue de ces élections Joseph
KABILA sort vainqueur au deuxième tout avec 45% des voix contre 20%
obtenus par son opposant Jean Pierre Bemba.
Par ailleurs, il convient de mentionner que suite aux
élections de 2006, la volonté de création des partis
politiques se manifeste parmi les congolais, c'est pour cette raison
qu'à la date du 3 mars 2006 le nombre des partis politiques
autorisés à fonctionner par le ministère de
l'intérieur s'élevait à deux cent-nonante-cinq29(*), mais actuellement
c'est-à-dire en 2015, il existe plus de quatre cents cinquante partis
politiques en République Démocratique du Congo.
II. ORGANISATION DES PARTIS POLITIQUES
Pour pouvoir perdurer et donc avoir le temps de se construire
un électorat et un programme politique, les partis doivent se structurer
et construire un certain nombre de règles permettant de définir
le système de prise de décision ;
Ainsi, comme le note le Professeur MWAMBA SINONDA,
« les partis politiques comprennent des organes qui se trouvent au
niveau national, provincial et local.30(*) »
a. Au niveau national
Au niveau national, les activités du parti sont
coordonnées et organisées par les trois organes suivants :
le congrès, le comité national et le bureau exécutif. Le
congrès est l'organe suprême ; il est composé des
membres d'organes nationaux et des représentants de toutes les
structures du parti. Compte tenu de la lourdeur et du coût de son
organisation, le congrès se réunit généralement une
fois par an, mais des dérogations sont admises, notamment en cas de
demande expresse faite par les comités de base, il peut se réunir
deux ou plusieurs fois par an en session extraordinaire en raison de la
matière à traiter ; cependant, qu'il s'agisse d'une session
ordinaire ou d'une session extraordinaire, le congrès seul est
compétent pour décider des points à inscrire à
l'ordre du jour.
Le comité national aussi appelé directoire ou
comité directeur, joue le rôle de l'organe
délibérant du parti et assure la permanence de son action au
niveau national ; il est composé de tous les représentants
de toutes les instances dirigeantes du parti ; nous trouvons à son
sommet un président et un secrétaire national dont les
compétences varient selon les partis. Les attributions reconnues
à cet organe sont : la prise de décision, le suivi et
l'application des résolutions du congrès et la fixation du
budget.
Connu sous le vocable de comité ou bureau politique, le
bureau exécutif est chargé de l'exécution des
résolutions du congrès et des décisions du comité
national, c'est en quelque sorte le gouvernement du parti politique.
Tous ces organes se trouvent au niveau de la capitale
politique et administrative du pays, Kinshasa. Cependant, il sied de noter que
seuls quelques partis, soit une minorité des partis enregistrés
au ministère de l'intérieur, comporte ces organes et se
réunissent pour traiter des affaires du parti, c'est notamment le cas
le plus récent pour le parti du peuple pour la reconstruction et la
démocratie (PPRD) qui s'est réuni en octobre 2011 pour prendre
les grandes orientations du parti concernant les élections, c'est
également le cas du mouvement pour la libération du Congo (MLC)
s'étant réuni en session extraordinaire de la même
année pour discuter de l'euthanasie ou non de son Leader Jean Pierre
Bemba se trouvant à la cour pénale internationale, et
éventuellement du candidat à présenter aux
élections prévues en novembre 2011 ; c'est aussi l'exemple
de l'union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) qui
s'est réuni à Kinshasa du 11 au 14 décembre 2010.
Sous l'autre paire de manche, nous trouvons le reste des
partis politiques n'ayant pas trouvé en leur sein des membres capables
de porter l'effigie du parti au niveau national, cherchent à s'allier
soit aux partis de l'opposition, soit encore à la plate forme
Majorité Présidentielle (MP) sans toutefois tenir compte ni de
l'idéologie, ni du programme faisant ainsi ce que nous appelons avec
Evariste Boshab31(*) des
alliances contre-natures dont l'exemple le plus saillant est le ralliement de
l'UNAFEC (Union des fédérations du Congo) à la plate forme
majorité présidentielle (MP)
b. Au niveau provincial
Pour assurer la continuité et l'applicabilité
des décisions et résolutions prises au niveau national, les
partis politiques comprennent au niveau provincial, la plupart du temps, un
organe appelé fédération qui s'occupe, en outre, de
l'animation de la vie politique au niveau provincial.
Les diverses fédérations situées dans les
différentes provinces s'occupent aussi de l'intermédiation entre
les instances dirigeantes et les organes de base ; les
fédérations rassemblent les diverses préoccupations
rencontrées par les différentes bases et les transmettent au
niveau national pour que les organes centraux statuent et prennent des
résolutions et des décisions que ces fédérations
auront à transmettre et à veiller à l'applicabilité
et au respect au niveau provincial pour la bonne marche du parti ; les
fédérations jouent le rôle de barre de transmission qui,
comme pour un véhicule, transmettent la force motrice vers les roues.
En République Démocratique du Congo, les
fédérations des partis politiques se trouvent dans les
chefs-lieux des provinces et donc dans les grandes villes ; mais il est
d'une importance capitale de mentionner que les fédérations des
partis politiques ne sont pas aussi nombreuses que les partis
enregistrés au ministère de l'intérieur, ce qui veut dire
que les partis se concentrent plus au niveau de la capitale que dans les
provinces ; sont présents dans les provinces , seul les partis qui
se présentent directement aux élections et qui manifestent une
véritable ambition de conquérir le pouvoir, cependant certains
partis qui se présentent derrière les autres et qui n'ont pas de
candidat lors des élections, n'ont pas des fédérations
dans les provinces ; c'est notamment le cas du Rassemblement des
Chrétiens pour le Progrès (RCP), du Rassemblement des
chrétiens pour le Congo (RCPC), du Rassemblement des Chrétiens
Républicains (RCR), du Rassemblement des démocrates
Chrétiens (RDC), du Rassemblement des Démocrates
Fédéralistes (RADEF), du Rassemblement des Démocrates
Libéraux (RDL), et bien d'autres qui n'existent nulle part que sur les
listes du Ministère de l'intérieur qui les a agrées.
c. Au niveau local
Trois types d'organes animent la vie d'un parti politique au
niveau local. Nous avons en l'occurrence les sous-fédérations,
les sections et les cellules. Pour que les résolutions prises au niveau
des instances supérieures soient effectivement appliquées
même dans les entités les plus petites ; les trois organes
précités se trouvent respectivement au niveau de la ville, de la
commune et du quartier.
Les partis politiques congolais, du moins certains qui se
trouvent implantés quasiment sur l'étendue du territoire
national, comprennent tous ces organes et se structurent du niveau national
jusqu'au niveau local, coordonnent les activités pour leur survie et
leur longévité; d'autres par contre, sont enregistrés au
ministère de l'intérieur mais ne sont pas sur terrain ; au
sujet de ces partis, Evariste BOSHAB note qu' « ils se
présentent comme des pyramides renversées » 32(*). En effet, en dehors du staff
dirigeant, le parti n'a ni d'autres membres, ni de programme, mais aussi et
surtout leur impact sur la formation de l'opinion publique, est quasi nul.
Leur influence dans la plupart de cas ne dépasse pas au-delà de
la commune habitée par le président fondateur.
III. FONCTIONNEMENT DES PARTIS
POLITIQUES
Parler du fonctionnement des partis politiques renvoie
directement aux différentes fonctions que remplissent les partis
politiques, la quintessence même de leur existence. Actuellement, les
partis politiques sont régis par la Loi n°04/002 du 15 mars 2004,
laquelle leur garantit l'existence et le fonctionnement dans la liberté
et le respect des droits fondamentaux.
Au sujet des fonctions des partis politiques, la loi sus
évoquée dispose comme suit au deuxième alinéa de
l'article 2 : « Les partis politiques concourent à
l'expression du suffrage, à la formation de la conscience nationale et
à l'éducation civique »33(*). Par ailleurs, nous dégageons avec Franck
SORAUF34(*) trois
fonctions essentielles des partis politiques dont: l'activité
électorale, l'activité de contrôle et de pression sur les
autorités au pouvoir et l'activité de mobilisation des hommes
autour de certaines idées et certains enjeux politiques, auxquels nous
joignons la fonction tribunicienne relevée par Géorges
Lavau35(*) et la formation
de l'opinion publique épinglée par le Professeur MULUMBATI NGASHA
Adrien.36(*)
a. L'activité électorale
L'activité électorale consiste dans la lutte
pour la conquête du pouvoir ; à cet effet, il est
établi que la fonction primordiale de tout parti politique est de
chercher à conquérir le pouvoir comme le font remarquer certains
auteurs tels que LAPALOMBARA et WEINER37(*) et l'exercer durablement. Mais cela n'est possible
que dans la mesure où le parti en question est bien structuré,
c'est-à-dire lorsque le parti est présent à tous les
niveaux, à savoir national, provincial et local, c'est ainsi que comme
nous l'avons démontré plus haut, la plupart de partis n'existent
que de nom.
Il arrive, en période de campagne électorale
comme celle de 2006 ou de 2011, que ces partis se trouvent dans
l'incapacité de trouver en leur sein un représentant, un candidat
pour les élections. Devant cette situation, la seule issue possible pour
ces partis, reste les alliances ; c'est en l'occurrence l'exemple, aux
élections de 2006, des partis comme Alliance des libéraux pour
le progrès (ALIPO) Alliance des nationalistes croyants congolais
(ANCC), Alliance des sages pour le développement (ASD), etc. qui
sollicitaient des alliances ici et là parce que n'ayant pas
été capables de présenter un candidat connu et ayant des
idées qui puissent séduire et amener les électeurs
à voter pour lui.
b. L'activité de contrôle et de pression sur les
autorités au pouvoir
En outre de la conquête et de l'exercice du pouvoir, les
partis politiques sont aussi appelés à contrôler et
à exercer une pression sur les autorités au pouvoir par et
à travers multiples mécanismes qu'ils peuvent mettre en jeu. Pour
mieux s'y prendre les partis procèdent par des dénonciations
politiques faites à l'égard des autorités, des marches
populaires, des débats et des propositions.
Au titre des dénonciations, il convient de marquer que
la quasi-totalité de partis de la République du Congo s'affilient
à une sorte de clientélisme politique où nous observons
complaisance et détournement de l'attention de la population.
Malgré cet handicape, quelques partis dénoncent quand même
les abus du pouvoir en matière de gestion des affaires publiques ;
c'est l'exemple du Mouvement pour la Libération du Congo (MLC),
dénonçant en 2006, le caractère autoritaire du pouvoir du
Président KABILA ; c'est également l'exemple de l'union pour
la nation congolaise, dévoilant publiquement en 2011 le caractère
mafieux des contrats entre le Président Joseph Kabila et certaines
entreprises minières oeuvrant au pays.
Quand aux marches populaires, la situation n'est pas aussi
simple qu'on le croit. Pour qu'un parti organise une marche, il faut au
préalable que ledit parti ait des ressources humaines en quantité
et en qualité suffisante. Or paradoxalement nombre des partis politiques
évoluant en République du Congo n'ont pas de base en dehors de la
famille du fondateur et des connaissances proches ; face à cette
situation, comment voudriez vous qu'une marche d'une dizaine de personnes ait
un impact sur les autorités au pouvoir ? C'est ainsi que
très souvent pour organiser des marches, ces partis recrutent des
enfants de la rue, des étudiants et autres vendeurs ambulants à
qui ils donnent l'argent pour les motiver à participer à la
marche, comme l'a fait en 2011 l'alliance des forces démocratiques du
Congo (AFDC), qui nous avait recruté derrière le home X de
l'université de Lubumbashi, moyennant 2500 Fc par étudiant pour
participer à une marche de soutien de la candidature du président
Joseph Kabila.
Par et à travers les débats et les propositions,
les partis politiques participent au contrôle et mettent la pression aux
dirigeants. En effet, les débats au cours desquels les
représentants des partis politiques émettent des suggestions, des
recommandations et des propositions peuvent infléchir les
autorités à agir dans un sens plutôt que dans un autre,
c'est ce qu'a fait la fédération du mouvement pour la
libération du Congo, en proposant au gouvernement de la province du
Katanga d'ériger en mémoire de Moïse Tshombe, un monument
à la place portant le même nom et c'est grâce à cette
proposition que nous avons à ce jour un monument de Moïse Tshombe
au centre ville de Lubumbashi.
c. L'activité de mobilisation des hommes autour de
certaines idées et certains enjeux politiques
Au sujet de la mobilisation, le Professeur MULUMBATI NGASHA
Adrien note que « par plusieurs moyens, et notamment par des
campagnes de sensibilisation, les partis mobilisent des hommes soit autour de
certaines idées, soit encore autour de certains enjeux
politiques. »38(*) Cependant, en République Démocratique
du Congo, les partis qui se livrent à la mobilisation des hommes sont
à compter au bout de doigts, car il semble, la préoccupation
majeur de ces partis reste la recherche des moyens financiers et des
privilèges ; alors tels partis ne peuvent initier ni idées,
ni enjeux autour desquels sympathisants et militants peuvent construire une
réflexion ou adhérer. Comment voudriez-vous qu'un parti dont les
membres ne se réunissent que quand il faut partager le gâteau
provenant des alliances et coalitions, initie ou mobilise les hommes autour des
certaines idées et certains enjeux politiques ?
Il est clair et connu de tous que « la
République Démocratique du Congo passe pour un cas atypique, ou
l'anomalie est devenue la norme normale, notamment en ce qui concerne les
partis politiques. »39(*) En effet, les véritables idées qui
circulent dans les partis politiques, sont les cultes du Président
fondateur.
d. La fonction tribunicienne
Cette fonction consiste pour les partis politiques, à
recueillir les problèmes et préoccupations des marginaux et les
transmettre aux dirigeants et veiller à ce que ceux-ci
(problèmes) soient résolus dans le sens souhaité par les
bénéficiaires. Les partis comme UDPS, MLC et PPRD s'inscrivent
dans cette catégorie, dans la mesure où en leur sein, existent
des commissions chargées de recueillir les problèmes de la
société, de les traiter par ordre de pertinence et de les
transmettre aux dirigeants.
e. La formation de l'opinion publique
A ce propos, David Apter souligne qu' « une fonction
primaire des partis politiques est de structurer l'opinion publique, de mesurer
ses attitudes et de les transmettre aux responsables gouvernementaux et aux
dirigeants, de sorte que gouvernés et gouvernants, l'opinion et le
pouvoir, soient raisonnablement proches les uns des autres.» 40(*)
Ainsi qu'on vient de le mentionner avec David Apter, par et
à travers de nombreuses voies, les partis politiques peuvent parvenir
à former l'opinion par exemple sur la gestion des affaires publiques.
Bien au contraire, les partis politiques congolais dont le grand nombre
demeurent dans le clientélisme et la recherche des profits, se trouvent
incapable de faire admettre à la population une quelconque opinion
puisqu'étant déjà discrédités aux yeux de la
population ; à ce titre, les exemples sont légion :
après les élections présidentielles et législatives
de 2011, il avait été établi par tous les partis de
l'opposition qu'il y aurait boycott des séances parlementaires dans le
but de remettre la vérité des urnes, curieusement certains
leaders de la même opposition, notamment NKISI KOMBO voté sous
étiquette de l'UDPS, a, contre toute attente, accepté de
siéger comme président du bureau provisoire de l'assemblée
nationale moyennant une somme d'argent qu'il lui aurait été
versée par la majorité présidentielle.
Par ailleurs, il convient de relever le scandale de message
téléphoniques qui a éclaté en 2010 ; en effet,
rappelons ici, qu'il avait été dévoilé que pour
voter pour telle ou telle autre loi, les députés de la
majorité présidentielle ne tenaient pas compte de
conséquences de ladite loi, ils s'envoyaient de SMS (short message
service) entre eux pour se communiquer de l'attitude à prendre
vis-à-vis du vote des lois et ceci moyennant une somme d'argent qui leur
était versée par ceux à qui les lois profitaient. C'est
ainsi que comme le hasard fait bien les choses, ils se sont un jour
trompés de numéro et ont envoyé des SMS à quelques
députés de l'opposition qui, à leur tour, ont
dévoilé cette affaire. Avec de tels candidats, comment voudriez
vous que la population adopte leur opinion pour en faire sienne ?
Eu égard à ce qui précède, il
semble crucial de noter que les partis politiques congolais ne fonctionnent pas
comme les partis de partout ailleurs au monde, ils sont pour la plupart, des
principaux moyens de subsistance de leurs fondateurs, ils ne sont
présents que lorsqu'il s'agit de partager des profits ou de pourvoir les
postes issus des alliances. C'est ainsi que face à cette cacophonie,
Evariste BOSHAB s'interroge, où vont les partis politiques ?
Ainsi que nous pouvons compléter nos analyses avec les
résultats de l'enquête du Centre d'études politiques
Konrad ADENAUER, selon lesquels « les partis politiques en RDC n'ont
pas de siège propre et manquent d'archives. »41(*)
Concernant leurs programmes, ce terme englobant aux termes de
l'enquête, tous les documents qui aident les partis politiques à
exprimer leur opinion, c'est-à-dire le programme proprement dit, le
projet de société ou le programme électoral,
l'enquête a révélé que :
1) Il existe un écart entre les prescrits de la loi en
matière de documents vitaux pour un parti (Statuts, etc.) et la pratique
quotidienne des partis ;
2) Le siège du parti, pourtant élément
vital de l'existence d'un parti, trahit la précarité de la
plupart des partis politiques ;
3) Le projet de société des partis politiques
est une coquille vide dans la plupart des cas, et ne semble pas, de ce fait,
avoir un impact sur l'action politique ;
4) La communication des partis politiques est
déficitaire, la mobilisation des partisans est faible entre les
échéances électorales, et la formation civique des
militants est quasi inexistante ;
5) Quant au programme électoral, le « changement
» et la « bonne gouvernance » n'y figurent qu'à titre de
maître-mot et sont creux et démagogiques et non comme concepts
idéologiques ;
6) La question des ressources financières reste
préoccupante pour les partis politiques et les pouvoirs publics, dans un
contexte de pauvreté généralisée des
adhérents et/ou des militants et d'absence de mécanismes de
financement des partis politiques.
Somme toute, nous ne pouvons clore ce chapitre sans dire un
mot sur l'implantation des partis politiques qui, du reste, demeure un facteur
pouvant influencer positivement ou négativement sur le rôle
desdits partis politiques dans un processus démocratique. L'implantation
des partis politiques sur l'effectivité du territoire national est
reconnue même par la loi n°04/002 du 15 mars 2004 portant
organisation et fonctionnement des partis politiques qui, au point a) de
l'article 5 stipule : «... à leur caractère
national et ne peuvent ni s'identifier à une famille, à un clan,
à une tribu, à une ethnie, à une province, à un
sous-ensemble du pays, à une race, à une religion, à une
langue, à un sexe ou à une quelconque
origine,... » 42(*), à la même loi de poursuivre à
l'article 3 : « Les partis politiques se créent,
s'organisent et exercent leurs activités librement sur toute
l'étendue du territoire national dans le respect de la
constitution... »
Au terme de la loi sus évoquée, il est
facilement compréhensible qu'il est reconnu aux partis politiques,
à la fois, le droit et l'obligation de s'implanter effectivement sur le
territoire national, car le faire reviendrait, pour les partis politiques,
à une prouesse pouvant leur permettre de drainer de marées
humaines.
Ainsi, les considérations ci-haut
développées corroborent avec pertinence les résultats des
recherches menées par la CASE (Commission Africaine pour la Surveillance
des Elections)43(*). En
effet, Sur 477 partis politiques régulièrement enregistrés
au Ministère de l'intérieur, seul 4 partis politiques, soit 0,83%
sont implantés sur vaste étendue du territoire
évalué à 75%. Ce rapport mentionne aussi que 12 partis
politiques soit 2,51% ne sont implantés que dans les chefs-lieux de
province avec un taux de 45%. En fin, dans ce rapport paraissent 461 partis,
soit 96,64% qui n'ont pas de base réelle dans la société,
pour la plupart des cas les partis de cette dernière catégorie
sont seulement à Kinshasa et parfois ne couvrent même pas la
totalité des communes de la capitale. De manière plus pratique,
l'implantation des partis politiques se présente de la manière
suivante :
Tableau n°1 : les
partis implantés sur 75% du territoire national
N°
|
DENOMINATION
|
SIGLE
|
ARRETES D'ENREGISTREMENTS ET LETTRES
D'AUTORISATION
|
ADRESSE
|
1
|
Parti du Peuple pour Reconstruction et la Démocratie
|
PPRD
|
n°031/2002 du 02/04/2002, n°1832/2004 du
15/09/2004
|
Croisement des avenues Pumbu et Batetela
|
2
|
Mouvement pour la Libération du Congo
|
MLC
|
n°051/2006 du 03/03/2006 ; n°0669/2004 du
13/04/2004
|
3, avenue Port, C/Gombe.
|
3
|
Union pour la Démocratie et le Progrès Social
|
UDPS
|
n°91-049 du 17/01/1991 ; n°168212004 du
14/0912004
|
10ème rue Av. Cannas, C/Limete
|
4
|
Union pour la Nation Congolaise
|
UNC
|
n°111 du 19/06/2010
|
247, avenue Madiana, C/Barumbu
|
Tableau n°2 : Partis
politiques implantés sur 45% du territoire national
N°
|
DENOMINATION
|
SIGLE
|
1
|
Mouvement Social pour le Renouveau
|
MSR
|
2
|
Alliance des Forces Démocratiques du Congo
|
AFDC
|
3
|
Eveil De La Conscience Du Travail
|
ECT
|
4
|
Alliance pour le Renouveau du Congo
|
ARC
|
5
|
Union Nationale des Forces démocratiques
|
UNAFD
|
6
|
Union pour le Développement du Congo
|
UDCO
|
7
|
Parti Démocrate Chrétien
|
PDC
|
8
|
Parti Lumumbiste Unifié
|
PALU
|
9
|
Rassemblement Pour La Reconstruction Du Congo
|
RRC
|
10
|
Union Nationale des Fédéralistes du Congo
|
UNAFEC
|
11
|
Parti du Peuple pour la Paix et la Démocratie
|
PPD
|
12
|
Mouvement Pour l'Intégrité du Peuple
|
MIP
|
Tableau n°3 : Partis
politiques implantés sur 20% du territoire national ou moins
Pour des raisons pédagogiques et d'harmonie, nous nous
réservons de présenter le reste des partis politiques (97%), pour
autant que ces partis n'ont pas d'influence directe sur le présent
travail et au vu du principe voulant que dans une analyse systémique, le
chercheur puisse se choisir la liberté de trier seules quelques
variables (variables existentielles) ayant une incidence sur sa recherche.
Actuellement, les partis politiques sont organisés en
deux grandes composantes : Majorité Présidentielle (MP) et
Opposition, dont la justification se trouve dans l'exposé des motifs de
la Loi n°07/008 du 4 décembre 2007 portant statut de l'opposition
politique en République Démocratique du Congo, disposant :
« Depuis 1960, la République Démocratique du Congo a
traversé plusieurs crises politiques qui ont mis à mal la
cohésion nationale et les libertés publiques. L'acceptation
réciproque du Pouvoir et de l'Opposition a souvent fait défaut
pour assurer une démocratie apaisée. La mise en place d'un statut
de l'Opposition politique en République Démocratique du Congo est
une innovation de son système politique. »44(*)
De ce fait, en marge de la loi citée ci-haut, est dans
l'Opposition un parti politique ou un regroupement des partis politiques qui
ne participent pas à un gouvernement (Exécutif) et/ou ne
soutient pas son programme d'action et qui a fait une déclaration
d'appartenance à l'Opposition (art. 2 et 3).
L'appartenance à l'opposition politique fait
bénéficier les partis et regroupements politiques de plusieurs
droits et les soumet à des obligations, en plus de ceux reconnus
à tout parti politique, en l'occurrence :
· Le droit d'être informé de l'action
de l'Exécutif en particulier sur les questions importantes (art. 8
et 9);
· Le droit de critiquer l'action de
l'Exécutif et la liberté d'expression d'opinions
politiques(immunité, interdiction de la discrimination (art. 8 ch. 2));
· Le droit d'être rapporteur et de présider,
à tour de rôle avec la Majorité, les travaux de Commissions
de contrôle ou d'enquêtes sur l'action de l'Exécutif (art.
8 ch. 3);
· Le droit de faire inscrire les points à
l'ordre du jour des Assemblées délibérantes (art. 8,
ch. 4) ;
· Le droit pour ses responsables d'être
reçus par les autorités (art. 10);
· Le droit à une représentation,
proportionnelle à leur poids numériques, dans les groupes
parlementaires à partir de la deuxième législature (art.
11 et 29) ;
· Le droit au libre accès et à un
égal traitement par les médias publics à la couverture de
leurs manifestations et diffusions de leurs communiqués (art.
13).
A tous ces droits, la loi du 10 juin 2008 sur le
financement des partis politiques ajoutait le droit à un
subventionnement pour les campagnes électorales et les frais de
fonctionnement (art.7 de la loi du 10 juin 2008).
A contrario, il est, entre autres, exigé d'un parti
politique de l'Opposition parlementaire de s'abstenir de recourir
à la violence, former et informer ses militants sur les
questions touchant à la vie nationale (art. 16).
Enfin, pour être complet, précisons qu'encourt
une sanction pénale, toute autorité publique, tout agent
dépositaire de l'autorité publique ou de l'administration
publique qui restreint les droits de l'Opposition parlementaire (art.
25).
CHAPITRE II :
PRESENTATION DE LA DEMOCRATIE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
La présentation de la Démocratie en
République Démocratique du Congo mérite bien d'être
faite au vu de certains critères pour autant que ces critères
servent des bases d'analyse et des facteurs de compréhension de certains
événements ayant marqué l'histoire politique de la RDC.
Pour partir, nous nous proposons de considérer les principes basiques de
la démocratie que sont : le multipartisme, la séparation des
pouvoirs, l'égalité des citoyens, le respect des droits de
l'homme, la bonne gouvernance, etc. cependant, eu égard à des
exigences pratiques et au souci d'être plus précis, nous
considérerons quatre principes (le multipartisme, la séparation
des pouvoirs, la liberté de la presse et les élections). Ces
quatre principes sont certes moindres au vu de l'ensemble des principes
démocratiques, mais suffisant pour rendre compte de l'évolution
de la démocratie à travers le temps.
Une fois ces principes posés, ils seront
considérés comme indicateurs de la démocratie à
différentes périodes de l'histoire du pays sous examen. Ainsi,
pour chaque indicateur, nous suivrons sa variance dans le temps en partant de
1960, année qui correspond à l'accession par le Congo-Kinshasa,
à l'indépendance, jusqu'à 2011, date correspondant
à la deuxième échéance électorale dite
libre, démocratique et transparente, en passant par d'autres phases bien
importantes quant à leurs substances qu'à l'ouverture qu'elles
offrent à la compréhension du présent travail.
I. LE MULTIPARTISME EN RDC
1. De 1960 à 1965
De prime à bord, il est impérieux de noter
qu'à l'accession de la République Démocratique du Congo
à l'indépendance, le pays fonctionnait sur base de la loi
fondamentale du 19 mai 1960 qui servit de base pour la mise en place des
institutions de souveraineté au moment de la proclamation de
l'indépendance. Et, c'est dans cette perspective que, soucieux de doter
sa colonie des institutions pareilles à celles en vogue en occident, la
Belgique toléra, tant bien que mal, l'existence des partis politiques,
car pendant cette période, il n'y a pas eu de loi régissant les
partis politiques dans notre pays, qui ne dit pas mot, consent.
En effet, comme le note Boniface OKENDE BONGE, à cette
époque « plusieurs raisons militaient en faveur de la
création des partis politiques. D'abord, le souci impérieux de
former des groupes bien structurés en vue de revendiquer
l'indépendance du pays ; ensuite, le désir, de beaucoup de
congolais, de participer à la vie politique du nouvel
Etat. » 45(*)
Ce faisant, les partis politiques se sont formés, pour
la plupart, dans la capitale, Léopoldville, et surtout provenant de la
métamorphose Association tribales - partis politiques. Les partis
politiques étaient considérés comme les Associations et
à cette période 44 partis politiques fonctionnaient au total. Par
seulement le nombre des partis politiques et l'approbation tacite que
l'administration belge offrait à leur existence, il y a lieu de dire que
le multipartisme était une réalité en République
Démocratique du Congo pendant la période allant de 1960 à
1965.
Parmi les partis qui émergent dans le nouvel Etat, nous
avons l'ABAKO, P.U.N.A, M.N.C-L, P.S.A, BALUBA-KAT, P.N.C.P, C.E.R.E.A,
U.N.B.A.T, UNITE Congolaise, COAT et MUB. Mais de ces partis seuls trois ont
témoigné d'une certaine activité sur le plan national, il
s'agit de l'ABAKO, du MNC-L et du P.S.A
2. De 1965 à 1990
Le début de cette période est surtout
caractérisé par la prise du pouvoir par le Haut commandement
Militaire (Coup d'Etat Militaire), lequel décréta, aussitôt
le pouvoir pris, la suspension des activités des partis politiques sur
toute l'étendue du territoire national.
Le pouvoir Militaire ne va pas tarder à se rendre
compte de la nécessité à créer un canal de
transmission entre le sommet (pouvoir) et la base (population). C'est ainsi que
fut créé le Corps des Volontaires de la République (CVR).
L'une des plus importantes missions du CVR étant de servir
d'intermédiaire entre le pouvoir et la population, il organisa en
décembre 1966, à Kinshasa son premier séminaire et prit
plusieurs résolutions parmi lesquelles figurait celle de créer
deux partis politiques.
L'ambition de création de deux partis politiques
étant annoncée, il ne restait plus qu'à passer à
l'action. C'est à ce titre que fut créé le 20 mai 1967 le
Mouvement Populaire de la Révolution (MPR). L'on peut s'en douter, le
discours préconisait la création de deux partis politiques, mais
la pratique fut à l'antipode des dires du Président MOBUTU, car
un deuxième parti politique ne verra jamais jour, du moins
officiellement.
La suite des événements n'évoluera pas
considérablement pour les autres partis dont les activités
avaient été suspendues en 1965. Le MPR va par contre se renforcer
comme parti unique surtout, d'une part, en s'institutionnalisant, car à
partir de la loi n°70-001 du 23 décembre 1970 devenait
l'institution suprême du Pays. D'autre part, le MPR devenait un
parti-Etat. A ce sujet, un éclaircissement mérite d'être
fait. En effet, l'expression « Parti-Etat » n'a jamais
été inscrite dans la constitution. Elle a été
introduite dans la vie politique par la Décision d'Etat n°32/CC/83
du Comité Central, prise le 1èr avril 1983 et
publié au journal officiel.46(*)
Par ailleurs, le 4 février 1980, le Président
MOBUTU avait amorcé un changement. Celui-ci consistait dans
l'interpellation des seuls Commissaires d'Etat par le Conseil législatif
et ce après information préalable du Chef de l'Etat. Ces
interpellations vont dégénérer aux yeux de MOBUTU qui l'y
mit fin quelques temps après. Mécontents de la situation, treize
parlementaires vont se coaliser en initiant une opposition ouverte connue sous
le nom de fronde de treize parlementaires. Ces parlementaires seront
à la base, en 1982, de la création de l'Union pour la
Démocratie et le Progrès Social (UDPS), lequel va, pour beaucoup,
servir d'un contrepoids au pouvoir de MOBUTU.
3. De 1990 à 1997
A partir du 24 avril 1990, une nouvelle ère politique
s'inaugure au Zaïre avec le discours prononcé en cette date par le
Président Mobutu qui, en même qu'il accordait aux partis
politiques de fonctionner, annonçait aussi son retrait du MPR. Ainsi,
cette situation marque un pas vers la démocratisation de la
sphère politique. Surtout avec l'annonce de la Conférence
Nationale Souveraine, on assiste à une prolifération des partis
politiques, avec tous les désordres que cela comporte.
Ainsi, une transition fut décrétée
à cette fin, consacrant l'ouverture politique, avec l'instauration du
multipartisme politique et syndical. Ce discours avait tracé de
nouvelles orientations politiques du pays, notamment :
ü L'introduction du multipartisme à trois et du
pluralisme syndical ;
ü L'abolition de l'institutionnalisation du MPR avec
comme conséquences, la suppression de son rôle dirigeant ;
ü La séparation nette entre le parti et l'Etat et
la réhabilitation des trois pouvoirs traditionnels.
Les partis politiques étaient désormais
régis par la loi n°90-007 du 18 juillet 1990 portant organisation
et fonctionnement des partis politiques telle que modifiée et
complétée par la loi n°90-009 du 18 décembre 1990.
En 1991, Sous la loi précitée, 447 partis
politiques avaient été enregistrés comme l'affirme avec
aisance Monsieur Boniface OKENDE BONGE47(*), Secrétaire Général aux
relations avec les Partis politiques du Ministère de
l'Intérieur.
4. De 1997 à 2001
A partir de mai 1997 il y a changement de régime.
Désormais, c'est Laurent Désiré KABILA qui tient les
commandes du pays. Il est face à un pays caractérisé par
le chao. Le pays en état de décomposition avancée, affirme
BOSHAB, « son attitude normale est de mettre en veilleuse toutes les
forces politiques ou celles prétendues telles pour la simple raison
qu'elles n'ont pas pu arrêter le processus
de désintégration de l'Etat»48(*). Ce qui veut dire qu'à
la prise du pouvoir par Laurent KABILA et l'Alliance des Forces
Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), les
activités des partis politiques se trouvaient, une fois de plus comme
lors de la prise du pouvoir par le Haut Commandement Militaire en 1965,
suspendu. Ce n'est qu'en 1999, par le décret-loi n°194 du 29
janvier de l'année précité, que les partis politiques
seront autorisés à fonctionner.
L'autorisation accordée par la loi
précitée ne voudrait pas dire que les partis ayant existé
sous la loi n°90-009 du 18 décembre 1990 puissent continuer
à exercer leurs activités. Ces partis devraient s'enregistrer de
nouveau afin d'être autorisés à oeuvrer.
Avec l'avènement du Régime de l'Alliance des
Forces Démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), le
peuple congolais s'était déjà investi dans le
rétablissement de la démocratie qui est l'alternative à la
dictature. Ce pouvoir, conscient des questions de légitimité
accentuées par la guerre du 02 Août 1998, avait
suggéré la tenue d'un débat au sein de la classe politique
et société civile congolaise qui étaient appelés
par la suite à définir les règles du jeu
négociées à même de lui conférer une
légitimité réelle et durable.
Pour permettre la reprise des activités politiques, le
Président de la République signe le Décret loi n°194
du 29 janvier 1999 portant organisation et fonctionnement des partis
politiques. Sous ce texte, 4 partis politiques ont été
enregistrés. Il s'agit de :
ü Union de la Gauche Congolaise (UGC)
ü Mouvement pour la Démocratie et le
Développement (MDD)
ü Parti des Socio-Démocrates « PSD »
ü Union pour la Démocratie et le Progrès
Social « UDPS/KIBASSA ».
Il sied de noter que « le décret
susmentionné était très rigoureux. Les conditions
d'enregistrement des partis politiques étaient très difficiles et
nombreuses, ce qui ne pouvait pas permettre un grand engouement de beaucoup de
partis politiques. »49(*)
5. De 2001 à 2006
En 2001, l'événement marquant est la mort par
assassinat de Laurent KABILA. Le pays est à nouveau plongé dans
une crise politique suscitée par la recherche d'un successeur au feu
Président. A l'issue des pourparlers, son fils Joseph KABILA est
désigné comme successeur. Celui-ci a en face de lui plusieurs
défis à relever, notamment l'unification du pays. Dans
l'entre-temps, le pays est en proie à plusieurs rebellions, et
grâce aux multiples négociations les rebelles se constituent en
partis politiques et participent à la formule 1 + 4 : un
président et quatre vice-présidents.
Dans sa ferme volonté de procéder à une
véritable libéralisation des activités politiques, le
Président de la Républiques promulgua la loi n°001/2001 du
17 mai 2001 portant organisation et fonctionnement des partis politiques. Au vu
de cette loi, tous les partis politiques enregistrés sous l'égide
des lois précédentes étaient autorisés à
reprendre leurs activités et en somme 38 partis politiques avaient
été enregistrés sous cette loi.
Le Dialogue Inter-congolais de Sun-City avait adopté la
résolution n°DIC/CPJ/04 du 18 avril 2002 relative à la
libéralisation effective et totale de la vie politique et associative en
République Démocratique du Congo. En vue de mettre en oeuvre le
nouvel ordre politique institué par l'Accord Global et Inclusif et de
matérialiser la résolution sus évoquée, le
Président de la République avait promulgué la loi
n°04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis
politiques. Cette loi prescrit dans son article 35 : « Les partis
politiques et ex-Mouvements rebelles signataires de l'Accord Global et Inclusif
sur la Transition en R.D.C. ayant déclaré leur existence au
Ministère de l'Intérieur, Décentralisation et
Sécurité conformément à la décision du
Conseil des Ministres du 19 septembre 2003, jouissent de la personnalité
juridique et continuent à fonctionner dans le cadre de la
présente loi. Le Ministre ayant les Affaires Intérieures dans ses
attributions est tenu de leur délivrer un arrêté
d'enregistrement »50(*).
Ces dispositions ont permis aux anciens mouvements rebelles de
se muer en partis politiques. Soulignons que la gestion consensuelle du pays
par les anciens belligérants avec sa formule 1 + 4 a baissé la
tension politique et permis l'organisation des élections
démocratiques et pluralistes en 2006. Quelques 274 partis politiques
avaient participé à ces élections mais peu d'entre eux
sont représentés au sein des institutions du pays.
6. De 2006 à 2011
L'organisation des élections présidentielles et
législatives de 2006 a permis au pays de mettre un terme à la
crise de légitimité qui le secouait depuis plus de quatre
décennies.
Actuellement, plusieurs partis politiques continuent à
se faire enregistrer au Ministère de l'Intérieur,
Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières
et exercent leurs activités sans contraintes. Aujourd'hui, on peut
dénombrer quelques 477 partis politiques, même si leur existence
réelle sur le terrain pose problème. Les ex-mouvements rebelles
signataires de l'accord de Goma du 23 Mars se sont mués en partis
politiques et ont obtenu leur personnalité juridique
(Arrêtés d'enregistrement).
On constate actuellement que plusieurs partis politiques se
regroupent en plateformes politiques, dont trois sont les plus importantes. Il
s'agit de :
· La Majorité Présidentielle ;
· L'Opposition Politique ;
· Les Centristes.
II. LA SEPARATION DES POUVOIRS
EN RDC
1. De 1960 à 1965
Durant la période allant de 1960 à 1965, la vie
politique était régie d'abord par la loi fondamentale, ensuite
par la constitution du 1 août 1964, dite constitution de Luluabourg.
En effet, la loi fondamentale était d'orientation
fédérale. Les provinces avaient une assemblée de 60
à 90 membres élus, selon leur puissance démographique
(art. 108) et un gouvernement élu par cette assemblée, qui
pouvait avoir 5 à 10 membres (art. 163). La loi fondamentale
définissait les compétences que la Province partageait avec le
Pouvoir central et celles qui lui étaient propres. Il y avait parmi ces
dernières l'organisation de ces structures politiques, de l'enseignement
primaire et secondaire et les concessions de terre et des mines.
Le gouvernement provincial était responsable devant
l'assemblée et pouvait être censuré par elle.
Au niveau du pouvoir central, la compétence du pouvoir
législatif ainsi que celles du Président de la République
et du Premier Ministre, n'étaient pas clairement définies. A ce
propos, nous notons avec le Professeur ISANGO IDI WANZILA : « on
sait que le manque d'une séparation réelle des pouvoirs dans la
Loi fondamentale déboucha à un conflit d'interprétation
entre KASAVUBU et Lumumba. » 51(*)
La loi fondamentale instaura un régime parlementaire
bicaméral. La chambre des représentants était élue
à raison d'un député pour 100.000 habitants
(art.84) : il y en eut 137 en 1960. Le Sénat comprenait 14
élus par Province, désignés par les Assemblées
provinciales (art.87) : ils étaient 84 en 1960. Les deux chambres
avaient une compétence identique. Les lois devaient être
approuvées par chacune d'elles séparément avant de pouvoir
être promulguées. Le Président de la République
pouvait cependant être autorisé par les chambres à prendre
par Ordonnance-loi des mesures qui sont normalement du domaine de la loi (art.
37).
Le Gouvernement était nommé par le
Président de la République, mais il était responsable
devant le Parlement : il devait être investi par un vote de
confiance des deux chambres séparément et il pouvait être
contraint de démissionner, par des motions de défiance ou de
censure. Aucun parti n'ayant seul la majorité, les Gouvernements de la
Première République furent à diverses reprises en
condition très instable.
Le Président de la République recevait dans la
loi fondamentale une certaine prépondérance. Il avait le
commandement des Forces armées et de larges pouvoirs de nomination et de
révocation. Il ne pouvait pas être censuré par les
chambres, mais il pouvait les ajourner ou les dissoudre (art. 31-32). Il
pouvait même dissoudre les assemblées provinciales, quoique
seulement après une double dissolution du Parlement. Mais le partage du
pouvoir exécutif entre lui et le Premier Ministre n'était pas,
comme souligné ci-haut, défini avec précision. L'article
17 déclarait que « le pouvoir exécutif... appartient au
Chef de l'Etat sous contreseing du Ministre responsable ». L'article
36 attribuait, lui, « la conduite de la politique de
l'Etat » au Premier Ministre.
Par ailleurs, la deuxième constitution qui a
dirigé la période sous examen (1960-1965) fut celle de Luluabourg
de 1964. Elle conservait le caractère fédéral de l'Etat,
comme sous la Loi Fondamentale. Elle reconnaissait les 21 provinces existant au
moment de sa rédaction et soumettant toute modification de cette
organisation à une procédure lourde. Par souci d'économie,
le gouvernement provincial était cependant limité à six
membres. Et par souci de stabilité, le président en était
élu pour toute la durée de la législature. Seuls les
autres ministres pouvaient faire l'objet d'une censure. Pour réduire les
risques de sécession, le gouvernement central pouvait en outre se
substituer au pouvoir provincial par la proclamation de l'état
d'urgence.
Au niveau central, le parlement restait composé de deux
chambres, mais la constitution de 1964 avait un aspect technocrate, confiant
à un conseil de législation le premier examen des projets de la
loi. Le pouvoir législatif ne disposait logiquement plus de la
souveraineté qui lui était reconnue dans la loi coloniale. «
Tout pouvoir émane du peuple»52(*), disait dans une formule classique l'article 3. Le
gouvernement devait encore obtenir la confiance du parlement avant son
entrée en fonction. Le parlement pouvait interpeller les ministres et
contrôler leur gestion par des commissions d'enquête
parlementaires. Mais par souci de stabilité, les chambres ne pouvaient
censurer un gouvernement régulièrement investi. Par souci
d'économie, celui-ci était par ailleurs limité à un
maximum de 15 membres.
La constitution de 1964 clarifiait ainsi les
compétences et renforçait le rôle du président de la
république. Elu pour cinq ans au suffrage universel, il était
déclaré chef de l'exécutif et c'est devant lui que le
gouvernement était responsable : il le nommait et pouvait le
révoquer. Il pouvait en outre être habilité par les
chambres à prendre par ordonnance-lois des mesures qui sont du domaine
de la loi. Il pouvait aussi dissoudre les chambres.
La constitution de 1964, longue de 204 articles, fut
approuvée par referendum du 25 juin au 10 juillet 1964, au moment
où les rebellions avaient déjà remporté de larges
succès. Son adoption entraina la dissolution des chambres, mais les
élections pour renouvèlement n'avaient pas encore
été organisées lors de l'instauration de la
deuxième république le 24 novembre 1965.
2. De 1965 à 1990
La prise du pouvoir par le Haut Commandement Militaire
bouleversa l'ordre politique précédent, le pays avait
désormais un caractère unitaire, où les provinces
n'étaient plus que de simples circonscriptions administratives, il y en
avait huit au total, outre la ville de Kinshasa.
Ce faisant, le Haut commandement Militaire instaurait un
régime présidentiel, avec un chef de l'Etat élu pour sept
ans et nanti d'une large autonomie à l'égard du pouvoir
législatif. Le gouvernement qu'il nomme et révoque ne doit pas
obtenir d'investiture devant l'Assemblée nationale. Il peut simplement
faire l'objet de questions orales ou écrites, de contrôle par des
commissions d'enquête, d'avertissements et de remontrances (art.32)
Pendant cette période, la prépondérance
du pouvoir exécutif est telle que les textes législatifs qui
seraient intervenus en dehors des matières qui lui sont
réservées par la constitution pourraient être
modifiés par ordonnances, après avis de la cour constitutionnelle
(art.47).
Comme en 1964 et 1960, l'Assemblée nationale peut
habiliter le président de la république à prendre par
ordonnances-lois des mesures qui sont du domaine de la loi.
Le pouvoir judiciaire a une position moins forte dans la
constitution de 1967. Le chef de l'Etat peut en fait déplacer les hauts
magistrats par une nouvelle nomination. En outre, la proclamation de
l'état de siège ou d'urgence a pour seul effet spécifique
de permettre la substitution, en matière répressive, des
juridictions militaires aux cours et tribunaux (art.58).
A partir de l'année 1970, la situation institutionnelle
se durcit davantage. En effet, La loi no 70-001 du 23
décembre 1970 consacra le Mouvement Populaire de la Révolution
comme institution suprême de la République. Toutes les autres
institutions lui étaient subordonnées et étaient soumises
à son contrôle.
Par modification de l'article 4, le MPR devenait en outre le
seul parti politique de la République. Il en découlait qu'il n'y
avait dès lors plus qu'une seule candidature aux élections
présidentielles (art.21).
L'innovation essentielle était cependant que
« le MPR est la nation Zaïroise organisée
politiquement » (art. 29). Tout Zaïrois en est donc membre
(art.8), il en résulte une nouvelle théorie de la
légitimité. Le pouvoir, qui émane du peuple, est
exercé, aux termes de la constitution, par les organes du MPR, le
président du Mouvement Populaire de la Révolution est de droit
président de la République (art. 9) et détient la
« plénitude du pouvoir » (art.30). Quoique le
conseil Législatif n'ait pas été mis en cause, on comprend
que le président de la République n'ait désormais plus
besoin de son habilitation pour promulguer des Ordonnances-lois en dehors des
sessions parlementaires. Le texte ne l'explicite cependant pas, disant
seulement que le Président « exerce le pouvoir de
légiférer avec le concours du conseil
Législatif » (art.37).
Le bureau politique et le Congrès (du MPR) sont par la
même loi introduits dans la constitution, au dessus des trois pouvoirs
traditionnels. Le bureau politique est appelé « l'organe de
conception, d'inspiration, d'orientation et de décision du
MPR » (art. 44). Il comprend alors 30 membres nommés par le
président de la république, qui ne peut cependant procéder
au changement de plus du tiers d'entre eux pendant un mandat.
Le pouvoir du président de la république est
ainsi considérablement renforcé et il ne peut être mis en
cause que pour déviationnisme (art.30). Pour le compenser, son mandat
est réduit de 7 à 5 ans et il n'est renouvelable qu'une fois
(art.31). Mais les restrictions qu'on vient d'énumérer ne
s'appliquent pas au président fondateur.
Le conseil législatif n'a plus dans la constitution de
1974 de compétence propre, autre que le vote du budget à la
session d'octobre, la plénitude du pouvoir ayant été
attribuée au Président de la République. Le nombre de ses
membres est en outre réduit de moitié, les élections
devant dès lors se faire à raison d'un commissaire du peuple pour
100.000 habitants.
Le pouvoir judiciaire est aussi intégré au MPR
sous le nom de « conseil judiciaire » (art.66), il est
constitué de l'ensemble des cours et tribunaux.
Par la suite, La loi no78-010 du 15 février
1978 intégra dans la constitution une série importante de
réformes, qu'inspiraient à la fois le souci de renforcer
l'autorité du Président Fondateur et le vent de
démocratisation qui souffla sur la République après la
première guerre du Shaba.
La loi de 1978 abandonna la reconnaissance au Président
du MPR de la plénitude du pouvoir. Mais elle lui attribua explicitement
un large pouvoir législatif : « Le Président du
MPR peut, lorsque le Conseil Législatif n'est pas en session et en cas
d'urgence, prendre par ordonnance loi des dispositions qui sont normalement du
domaine de la loi » (art.41).
Le rôle personnel du Président Fondateur est
particulièrement renforcé par des dispositions spéciales
qui lui permettent notamment de réorganiser le Bureau Politique et de
proposer une révision de la constitution sans avoir à consulter
aucun organe ni à se conformer à aucun avis préalable. Le
mandat présidentiel est, par ailleurs, à nouveau porté
à sept ans et la limitation du droit au renouvellement de ce mandat est
levée, la réception des candidatures étant laissée
à la discrétion du Bureau politique dans le cadre de la loi.
Les éléments de démocratisation sont
l'introduction de deux membres élus par région au Bureau
politique et le retour à une plus nette séparation des
pouvoirs.
Dans la constitution de 1978, le conseil législatif n'a
pas plus que dans celles de 1967 et 1974, le pouvoir de censurer le conseil
exécutif, mais le président ne dispose plus du pouvoir de
dissoudre le conseil législatif avant la fin de la législature.
Cette restriction ne s'applique cependant pas au président fondateur
(art.110).
Le pouvoir législatif a de nouveau une
compétence définie, en des termes à peu près
identiques à ceux de 1967 (art.46). Mais le caractère limitatif
de l'énumération de ses compétences est renforcé
par le fait qu'aucun « avis de la Cour
constitutionnelle »53(*) n'est plus requis pour que des ordonnances puissent
modifier des lois qui seraient intervenues en dehors des matières
indiquées.
Le rôle du Conseil Législatif est par ailleurs
renforcé par le pouvoir de contrôle qui lui est reconnu non
seulement sur le Conseil Exécutif, mais également sur le Conseil
judiciaire et sur les services publics de l'Etat (art 84). C'est sur cette base
qu'eurent lieu les grandes interpellations télévisées de
1980-1981 des P.D.G. de la SOZACOM, d'AIR-ZAIRE, de KILO-MOTO, de la S.N.C.Z.
et de l'OZACAF.
L'immunité parlementaire était aussi mieux
assurée, dans la mesure où les membres du Conseil
Législatif ne pouvaient plus être poursuivis ou
arrêtés, en dehors du cas de flagrant délit, sans
l'autorisation du Conseil lui-même, soit de son ensemble pendant les
sessions, soit de son Bureau entre les sessions.
Le pouvoir du Conseil Exécutif est aussi quelque peu
renfoncé par l'instauration dans la constitution d'un Premier
Commissaire d'Etat. C'est à lui que revient la proposition des autres
membres de l'équipe gouvernementale. Il est cependant
spécifié dans l'Exposé des motifs que « sa
mission est exclusivement de veiller au respect et à l'application par
tous les Commissaires d'Etat des directives présidentielles ».
Une innovation état aussi introduite dans le pouvoir
judiciaire. La loi de 1978 instituait à la tête du Conseil
judiciaire un Président permanent, choisi parmi les magistrats, qui
devait désormais remplir les fonctions de Ministre de la Justice.
La loi n°80-012 du 15 novembre 1980 introduisit une
modification de taille dans la constitution : la création du
Comité Central. Composé de membres nommés et
relevés, le cas échéant, de leurs fonctions par le
Président du M.P.R., le Comité Central recevait les
prérogatives anciennement dévolues au Bureau Politique, alors
composé d'une majorité de membres élus. Il devenait
l'organe de conception, d'inspiration, d'orientation et de décision du
Mouvement Populaire de la Révolution (art. 60). A ce titre, il allait
prendre une place considérable dans la vie nationale, enjoignant par
Décision d'Etat au Conseil Législatif et au Conseil
Exécutif de prendre les membres qui lui semblaient utiles (art. 64).
Simultanément, un éphémère comité
Exécutif du M.P.R. était chargé de coordonner les branches
spécialisées du Parti (art. 93).
La loi n°82-004 du 31 décembre 1982 supprima le
Comité Exécutif du M.P.R. et remplaça l'appellation
« Commissaire Politique » par celle de « Membre
du Bureau Politique ». Elle modifia en outre le calendrier des
élections législatives de manière à situer les
élections juste avant la session budgétaire d'octobre. Le texte
révisé issu de cette loi à été publié
sous le titre de « Constitution de la République du
Zaïre» (mise à jour au 1er janvier 1982).
La commission Permanente de Discipline créée au
sein du Comité Central dès sa première session eut un
rôle beaucoup plus important. Elle contribua à renforcer le
rôle dirigeant du Parti, en sanctionnant de nombreux cadres pour
manquement à la discipline. Les premiers frappés furent les 13
parlementaires impliqués dans ce qu'on appela le complot de la Saint
Sylvestre, le 31 décembre 1980.
En somme, la situation institutionnelle qui prévalait
de 1965 à 1990 peut se résumer avec acuité par la
résolution de politique générale adoptée au cours
du 3ème Congrès ordinaire du M.P.R., qui
s'était tenu à la N'Sele du 6 au 11 décembre 1982,
résolution dans laquelle il était affirmé
notamment que :
1°) Le Mouvement Populaire de la Révolution est
l'unique Institution de la République du Zaïre :
2°) Le Mouvement Populaire de la Révolution est la
Nation Zaïroise organisée politiquement ;
3°) Le Mouvement Populaire de la Révolution est un
Parti-Etat et, en tant que tel, il est l'unique source de pouvoir et de
légitimité au Zaïre...
La décision elle-même proclamait que
« le M.P.R. commande et oriente l'Etat, qui est devenu son instrument
pour la réalisation de ses objectifs ». Elle soulignait que
tous les cadres de la Nation étaient dès lors avant tout des
cadres du M.P.R.
3. De 1990 à
1997
En 1990, Mobutu subit une pression populaire qui demanda coute
que coute la formation d'un gouvernement parlementaire. Cette demande obligea
Mobutu d'abolir le système de parti unique. Une conférence
nationale souveraine sera organisée dans la suite. A la fin de celle-ci,
une constitution provisoire fut adoptée. La révision
constitutionnelle portée par la loi n° 90-002 du 5 juillet 1990
soit plus de deux mois après le discours de rupture du 24 avril 1990, le
pouvoir judiciaire est réhabilité en tant que pouvoir
traditionnel aux côtés de deux autres, le législatif et
l'exécutif. Cette constitution prévoyait la
réintégration de la séparation des pouvoirs ainsi qu'une
formule pour le partage équitable du pouvoir.
Après plusieurs négociations et compromis Mobutu
et Tshisekedi devinrent co-premier ministres. Ce compromis stipulait que Mobutu
reste Président pendant une période de transition de 2 ans, mais
cette fois-ci dans un rôle symbolique plutôt qu'exécutif. La
formule « le Président règne mais ne gouverne
pas ». Un parlement fut également mis en place. Cependant, cet
arrangement ne dura pas, car Mobutu renvoya Tshisekedi et son gouvernement. En
1993, Mobutu réintroduit l'ancienne constitution et rassembla son ancien
parlement. Ce conflit aboutit à la duplication des institutions
politiques : deux gouvernements, deux parlements et deux monnaies
coexistèrent au Zaïre. Cette impasse politique fut finalement
résolue après compromis. Un parlement provisoire sera mis en
place.
En 1995, le parlement provisoire mit en place une commission
électorale comprenant 44 membres : 22 de l'opposition et 22 membres
pro-Mobutu. Un projet de loi électoral fut publié en mars 1997.
Il proposa un système de victoire par majorité absolue pour les
élections présidentielles et un système pluralitaire pour
le conseil législatif national. Les électeurs devaient s'inscrire
auprès de leurs commissions électorales locales qui
établissaient une liste des électeurs, mais le processus fut
interrompu lors de la guerre de 1997.
4. De 1997 à 2001
Dès le lendemain du 17 mai 1997, le Président
Kabila suspendit le processus démocratique et mit en place sa propre
commission constitutionnelle afin de rédiger une nouvelle constitution.
En 1998, la commission présenta un projet de la nouvelle constitution au
public, alors que la guerre d'agression minait déjà l'Est du
pays.
Au cours de la même période, Laurent KABILA forma
un parlement et sélectionna ses membres de la manière la plus
aléatoire. Ledit parlement déménagea de Kinshasa pour
Lubumbashi. Selon Claude KABEMBA, « ce parlement ne disposait d'aucun
pouvoir et ne fut jamais consulté ; le Président Kabila
concentra les pouvoirs exécutifs, législatif et judiciaire entre
ses mains. »54(*) Le pays fut ainsi dirigé jusqu'à
l'assassinat de Kabila en Janvier 2001
5. De 2001 à 2006
Suite à l'assassinat de Laurent KABILA son fils prend
le pouvoir et dans l'entre-temps, le pays est en proie à des rebellions
surtout dans sa partie Est. Joseph KABILA le successeur est alors obligé
de diriger le pays avec les rebelles, après de nombreuses
négociations, dans la formule 1 + 4 : un président et quatre
vice-présidents.
Le 30 juin 2003, un gouvernement de transition vit jour.
C'était un gouvernement d'union nationale qui était chargé
de l'établissement de la transition démocratique.
Quant au pouvoir judiciaire, il était exercé par
le Parlement de transition lequel comprenait 500 sièges répartis
entre les différentes composantes du gouvernement. Les parlementaires
adoptaient pratiquement les attitudes que leur dictaient leurs familles
politiques. Et il en va de même pour le pouvoir judiciaire qui n'avait
pas un pouvoir à proprement parler.
Cette période déboucha par l'adoption d'une
constitution après référendum et l'organisation des
premières élections dites libres, démocratiques et
transparentes en 2006.
6. De 2006 à 2011
Pour mieux saisir l'organisation et le fonctionnement des
pouvoirs pendant cette période, il sied de se référer avec
attention à la constitution du 18 février 2006.
La Constitution pré-évoquée instaure un
régime politique fondé sur la séparation des pouvoirs, sur
le contrôle de l'Exécutif par le Législatif et sur
l'indépendance du pouvoir Judiciaire. Par cette séparation des
pouvoirs, chaque institution a ses prérogatives bien
définies. Il en résulte qu'aucune institution ne peut
interférer dans le fonctionnement de l'autre tout en maintenant la
collaboration entre elles.
Les Institutions de la République mises en place par
cette constitution sont :
- Le Président de la République ;
- Le Parlement ;
- Le Gouvernement ;
- Les Cours et Tribunaux.
S'agissant du Président de la République, il est
le Chef de l'Etat. Il représente la Nation et il est le symbole de
l'unité nationale. Il veille au respect de la Constitution. Le
Président de la République est élu au suffrage
universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Le
Président de la République nomme le Premier ministre au
sein de la majorité parlementaire après consultation de
celle-ci. Il met fin à ses fonctions sur présentation par
celui-ci de la démission du gouvernement. Le Président de la
République nomme les autres membres du gouvernement et met fin à
leurs fonctions sur proposition du Premier ministre. Le Président de la
République convoque et préside le Conseil des Ministres. Il
investit par ordonnance les gouverneurs et vice-gouverneurs de province
élus. Le Chef de l'Etat est le Commandant Suprême des forces
armées
Quant au Gouvernement, il est composé du Premier
ministre qui en est le chef, des ministres et vice-ministres. Le Gouvernement
définit, en concertation avec le Chef de l'Etat, la politique
de la Nation qu'il conduit.
Pour ce qui est du pouvoir législatif, il est
exercé par le Parlement composé de deux chambres :
L'Assemblée nationale et le Sénat dont les membres portent
respectivement les titres de Député national et de
Sénateur. En plus de sa mission de faire les lois, le
Parlement contrôle l'action du Gouvernement.
Enfin, le Pouvoir judiciaire est indépendant du Pouvoir
législatif et du Pouvoir exécutif. Il est dévolu aux
Cours et Tribunaux qui sont : la Cour Constitutionnelle, la Cour de
Cassation, le Conseil d'Etat, la Haute Cour militaire, les cours et tribunaux
civils et militaires ainsi que des parquets attachés à ces
juridictions. Le Pouvoir judiciaire est le garant des libertés
individuelles et des droits fondamentaux des citoyens.
III. LA LIBERTE DE LA PRESSE EN
RDC
1. De 1960 à 1965
Ainsi que l'affirme Gilbert MUBANGI, « Les cinq
premières années d'indépendance du Congo sont connues pour
leur bégaiement généralisé dû à
l'impréparation et à l'amateurisme de ses
dirigeants » 55(*). Et comme on pouvait s'y attendre, il en
résulta une grande confusion sur le plan politique, économique et
social. La presse congolaise militante et nationaliste, née à la
suite des événements politiques de 1959, déterminée
et unie face à l'autorité coloniale, se retrouva
fragilisée, divisée, tribalisée, politisée à
outrance.
A l'aube de l'indépendance, la jeune presse est ainsi
jetée en pâture aux plus offrants. Les politiciens et certains
groupes de pression s'en emparèrent pour leur propagande. Chaque
groupement politique avait son ou ses titres de presse : Notre Congo pour
l'Alliance des Bakongo (ABAKO), Le Congo Libre pour le Parti de
l'Interfédérale, Solidarité Africaine pour le Parti
Socialiste Africain (PSA), Emancipation pour le Parti du
Peuple-Action-Socialiste et L'Indépendance pour le Mouvement National
Congolais (MNC), etc. Cette situation engendra, à en croire Dayan Daniel
« des mesures arbitraires de l'autorité politique :
favoritisme pour certains, interdictions et arrestations pour
d'autres. » 56(*) Redoutant le pouvoir de la presse, le tout nouveau
pouvoir congolais a réagi de la même manière que
l'autorité coloniale. « L'Arrêté
ministériel de Patrice Lumumba du 11 août 1960 relatif aux mesures
exceptionnelles, en cas de troubles graves, en matière de liberté
de la presse n'est rien d'autre qu'une copie conforme du Décret du
Gouverneur Général du Congo du 6 août 1922, qu'il a
décrié en son temps »57(*).
2. De 1965 à 1990
Pendant une grande partie du règne de Mobutu, toute
critique de la personne du président et des barons du régime, des
institutions et du parti, fut interdite, ainsi qu'en témoigne l'article
53 du Code pénal, lequel prévoyait que « les
déclarations du Président ne pouvaient donner lieu à aucun
débat ». Plusieurs dispositions du même code limitaient
la liberté de la presse. A titre illustratif, l'article 150
disposait : « toute personne qui contribuerait en connaissance
de cause à la publication ou distribution de matériaux
écrits qui n'indiquent pas le nom et la résidence de l'auteur ou
de l'imprimeur, était passible d'une période d'emprisonnement
pouvant aller jusqu'à deux mois et d'une amende
conséquente ». En vertu donc de ces dispositions du code
pénal, le Ministère de l'Information et les Services de
Sécurité ont exercé une censure permanente et implacable
sur la presse. Celle-ci, entièrement subventionnée par l'Etat, ne
devait que refléter la pensée unique du pouvoir qui le
finançait.
En 1972, dans le souci de mieux censurer la presse l'Etat
zaïrois fusionna certains titres de presse pour les confier arbitrairement
à quelques éditeurs choisis selon leur militantisme et leur
fidélité au Guide de la Révolution. A ce propos, Dayan
Daniel note que « pendant toute cette période, les Une des
journaux se ressemblaient : la photo du Président Mobutu est
devenue omniprésente. L'essentiel de l'information dans la presse
tournait autour de ses activités, celles de ses ministres et du Parti
unique (MPR). »58(*) L'Azap (Agence Zaïre Presse), la seule agence
d'information du pays dépendait à la fois du Ministère de
l'Information et de la Présidence de la République. Devenue une
véritable caisse de résonance des idées et des opinions du
parti et de ses sbires, la presse libre cessa d'exister au Zaïre. Il
fallut attendre 1981 pour voir une petite avancée sur le plan de la
liberté de la presse.
En effet, l'Ordonnance-loi du 2 avril 1981 introduisait une
libéralisation de la presse, une simple déclaration au
ministère suffisait désormais pour la publication ; le
directeur de la publication était civilement et pénalement
responsable. Il faut aussi noter qu'à cause de ce climat
délétère, le nombre des publications dans le pays diminua
sensiblement pendant cette période. Vingt-cinq ans après,
à la faveur de l'écroulement du mur de Berlin, la presse
congolaise crut renaître de ses cendres. Cependant, les conditions de
cette fausse renaissance ne furent pas à son honneur, car ce
n'était pas le fruit d'une résistance, ni une victoire acquise
à la suite d'un combat, mais une sorte de cadeau du
« Guide ». Ironie du sort, celui-là même qui
avait mis la presse au pas pendant plus de 25 ans, décréta dans
son discours du 24 avril 1990 qu'elle était désormais libre.
3. De 1990 à 1997
Le début des années 90 souleva un vent de
changement et suscita beaucoup d'espoir au Zaïre et dans le reste de
l'Afrique. En effet, avec l'écroulement du bloc de l'Est, les pressions,
tant internationales que nationales, se firent pressantes pour obliger les
dictatures africaines à faire de sérieuses concessions politiques
à défaut de partir.
Dans son discours du 24 avril 1990, le Président Mobutu
décida de donner une nouvelle orientation à la vie politique du
Zaïre dans le sens d'une ouverture démocratique. Il annonça
toute une série de mesures pour lancer le pays sur la voie du changement
démocratique : pluralisme politique, liberté d'opinion,
liberté de port vestimentaire, liberté de la presse et
d'expression, etc.
Dans la foulée, plusieurs titres de presse sont
nés et se sont constitués en deux blocs : la presse dite
d'opposition, d'une part, et celle proche du pouvoir, de l'autre. Les uns et
les autres adoptèrent un ton polémique, preuve de leur
volonté d'indépendance et surtout signe de différence
d'avec la presse de la deuxième République
considérée comme propagandiste et servile. Soulignons à ce
sujet avec Albert du Roy que « l'ambiance de fin de règne des
années 90 a donné à la presse congolaise ses lettres de
noblesse. C'était le temps du bilan pour le régime et la presse a
fait ses choux gras. » 59(*) Profitant du discrédit dont étaient
frappées la radio et la télévision nationales, la presse
écrite a déployé toute son insolence en réglant ses
comptes au monde politique. « Une expression journalistique, alliant
information et divertissement, caractérise cette période :
la caricature. »60(*) Elle excella dans la mise en scène des acteurs
politiques congolais. Ce genre fut plébiscité par un public
à majorité analphabète. Cependant, la jeune presse
libre était confrontée aux mêmes travers. Aussi
partisane et dépendante financièrement du monde politique, elle
n'était pas si différente de celle de la deuxième
République qu'elle décriait.
4. De 1997 à 2001
Laurent Désiré Kabila prend le pouvoir en 1997.
Le Zaïre redevient la République Démocratique du Congo. Sur
le plan des libertés individuelles et d'expression, il n'y eut pas de
changement. Au contraire, il y eut même régression car Laurent
Désiré Kabila interdit les partis politiques. En s'arrogeant tous
les pouvoirs, il anéantit les quelques acquis démocratiques
grappillés à la dictature pendant la longue transition politique
congolaise. La presse kinoise dénonça une dérive
totalitaire dangereuse et multiplia les mises en garde contre les
velléités de retour au parti unique. La réponse du pouvoir
ne se fit pas attendre. Prenant prétexte de la guerre et au nom de la
situation d'exception engendrée par celle-ci, le régime de
Laurent Désiré Kabila se caractérisa par la restriction
des libertés. Les entraves à la libre expression et à la
circulation de l'information, par la censure et les saisies, se
multiplièrent. « En renouant avec les intimidations, les
arrestations et les emprisonnements des journalistes pour atteinte à la
sûreté de l'Etat et collusion avec les forces ennemies, on en est
revenu aux pires années du mobutisme.»61(*) Cette période est aussi
caractérisée par l'apparition d'une certaine presse de la haine
anti-rwandaise. C'est dans ce contexte de persécution et d'atteinte
à la liberté d'expression, que JED (Journalistes en Danger) a vu
le jour en 1998.
5. De 2001 à 2006
Après la mort du Père, le Fils lui
succéda. Dans son discours d'investiture, Joseph Kabila a promis, entre
autres, de garantir toutes les libertés publiques et fondamentales. De
façon générale, on peut dire que le contexte politique
marqué par une transition co-pilotée par trois composantes
différentes et l'implication massive de la communauté
internationale, a créé un climat moins restrictif et plus
favorable à la liberté d'expression. Cependant, la presse resta
encore pendant cette période liée aux grandes
personnalités politiques. Elle se caractérisa, comme le note
André-Jean TUDESQ dans une interview accordée à la RFI
(Radio France Internationale), par une bipolarisation entre une presse
pro-Kabila et celle pro-Bemba. Mais, selon les organisations de défense
des droits de la presse et des journalistes comme JED (Journalistes en danger),
OMAC (Organisation des médias d'Afrique centrale) et RSF (Reporters sans
frontières), « le travail des journalistes et leurs personnes
n'étaient pas encore totalement sécurisés. Les
assassinats, non élucidés, des journalistes Franck NGYKE KANGUNDU
et BAPUWA MWAMBA, ont notamment illustré cette insécurité
et démontrent que le délit d'investigation existe.»
6. De 2006 à 2011
Depuis la promulgation de la constitution du 18 février
2006, la situation de la presse a évolué positivement. Ainsi, les
libertés fondamentales sont garanties et protégées ainsi
qu'en témoigne l'article 17 de la constitution sus
évoquée. Au Congo, comme ailleurs en Afrique, les atteintes
vis-à-vis de la presse sont énormes et nombreuses. Ces atteintes
sont soutenues par la dépendance économique des maisons de
presse. Dans la plupart des cas, si les financeurs de la presse écrite
demeurent dans l'ombre, il n'en est pas ainsi pour la radio et la
télévision qui sont tenues en majorité par les hommes
politiques pour faciliter leurs propagandes, situation qui laisse à
désirer la qualité de l'information livrée par ces maisons
de presse. Nonobstant ces entraves, la situation de la presse s'est
améliorée par rapport aux périodes
précédentes. Par ailleurs, il faut aussi noter avec KAYEMBE AIME
qu' « il n'existe dans ce pays aucun système légal de
subvention pour la presse, ce qui conduit à se demander pourquoi la loi
002/96, qui prévoyait une aide directe et indirecte de l'Etat à
la presse, n'a jamais été appliquée.» 62(*)
La libéralisation introduite par la constitution en
matière des libertés individuelles et de garantie des droits de
l'homme a favorisé la naissance et le développement de plusieurs
maisons de presse, lesquelles étaient encadrées d'abord par la
Haute Autorité des Medias, puis par le Conseil Supérieur de
l'Audio-visuel du Congo.
IV. LES ELECTIONS EN RDC
Sans perdre de vue que les premières élections
en République Démocratique du Congo datent de 1957,
élections organisées uniquement dans les grandes villes de la
colonie (Kinshasa, Lubumbashi, Likasi,...)où l'ABAKO qui était
favorable au pouvoir colonial remportera une grande victoire en prenant 8
municipalités sur 10 et 120 sièges municipaux sur les 170, nous
allons adopter dans cette section une démarche non similaire à
celle des sections précédentes pour la simple raison que
contrairement aux indicateurs de la démocratie sus analysés, les
élections n'ont pas connu une existence continue et vouloir les analyser
en passant par toutes les périodes de l'histoire du Congo reviendrait
à présenter certaines sous sections vides, sans contenu,
d'où la bienveillance de ne présenter, dans la présente
section, que des périodes où les élections ont
existé, c'est-à-dire 1960 à 1965, 1965 à 1990, et
2006 à 2011.
1. De 1960 à 1965
En janvier et février 1960 à la Table ronde de
Bruxelles, les hommes politiques congolais ont fixé l'organisation des
élections locales en mars et celles nationales en mai 1960. Mais une des
fautes des acteurs politiques congolais soucieux d'obtenir
l'indépendance fut « de ne pas donner des délais
nécessaires pour que ces élections s'organisent dans les
meilleures conditions mentales et matérielles. »63(*)Ces élections avaient
pour objectif de rendre effective la nouvelle structure du Congo
organisé par la Loi fondamentale, laquelle prévoyait un Parlement
bicaméral : une chambre des Représentants de 117 membres
élus au suffrage universel et un Sénat de 87 membre élus
par les Assemblées provinciales à raison de 14 par
Province ; un Président de la République élu au
second degré par le Sénat.
En outre, la même loi prévoyait au niveau
provincial un Gouvernement et une Assemblée élue. La grande
caractéristique de ces élections, souligne TSHIBANGU C.,
« est la trivialité : rivalités politiciennes,
campagne démagogique du type : Après l'indépendance,
(moi au pouvoir) vous ne payerez plus d'impôt, vous ne travaillerez plus
dans les champs, vous serez comme les blancs » 64(*) ; elles sont
marquées par des impératifs tribaux, ethniques ou
régionaux. En effet, au Katanga, la BALUBAKAT est unie à une
cause d'exclusivité ethnique, le MNC/L et UNC se regroupent face au
MNC/K principalement composé des Baluba du Kasaï, l'ABAKO est
foncièrement dominé par les Bakongo, le CEREA s'appuie sur les
ethnies du Kivu, le PUNA sur celles de l'Equateur.
A l'issue des élections législatives nationales,
le MNC/L remporte la majorité des sièges avec 36
députés, suivi de l'ABAKO avec 12 députés et le
reste des sièges sont éparpillés entre les autres
formations politiques. Et c'est sur base de ces résultats que le
premier Gouvernement fut formé le 21 juin 1960 par le Premier Ministre
Patrice Emeri LUMUMBA. Quant aux élections présidentielles,
KASAVUBU en sort vainqueur, élu au second degré par le
Sénat avec 159 voix, suivi de BOLIKANGO avec 44 voix, sans compter les
11 votes nuls.
2. De 1965 à 1990
Sorti de l'exil, Moïse TSHOMBE organisa les
élections de 1965. Il avait entre autres charges de terminer la crise et
de pacifier le pays. La mission principale de TSHOMBE étant d'assurer la
tenue des échéances électorales, l'occasion devient
favorable au regroupement des forces politiques dispersées ou
anéanties par les rebellions, les sécessions ou l'exil. TSHOMBE
créa alors la CONACO (Convention Nationale Congolaise) regroupant 49
partis et associations à bases tribales. Les nationalistes, dont le
MNC/L dispersés à cause de la rébellion et l'exil, se
regroupent et se réorganisent.
Pour des raisons de sécurité et de
communication, ces élections vont se tenir du 20 février au 1
avril 1965. La CONACO en sort victorieuse avec 122 députés sur
les 167 sièges à pourvoir au Parlement. Suite aux nombreuses
irrégularités signalées dans le Kwilu, le Kivu, oriental,
à Goma, Rutshuru, Fizi, Maniema, et dans la cuvette centrale, zones
jadis troublées par des rébellions, la Cour d'appel de Kinshasa
annulera les élections dans ces régions par manque d'urnes et
pressions sur les électeurs. « La période
postélectorale fut caractérisée par des contestations et
des réclamations jusqu'à perturber la vie politique du
pays. »65(*)
KASAVUBU et TSHOMBE furent opposés par la fin de leurs
mandats respectifs. En effet, KASAVUBU estime que le gouvernement de transition
de TSHOMBE devra démissionner dès que les résultats
définitifs des élections seront connus et que le Parlement sera
convoqué. TSHOMBE, par contre, estime qu'il lui est
préférable de rester en fonction jusqu'à l'annonce des
résultats définitifs de l'élection présidentielle
prévue pour décembre 1965.
Le 13 octobre, le Président KASAVUBU démet le
cabinet TSHOMBE devant le Parlement convoqué en session extraordinaire,
et confie le Gouvernement à Evariste KIMBA, qui recevra 134 votes
négatifs sur 262 votes. En dépit de la défiance du
Parlement, KASAVUBU va encore confirmer la nomination de KIMBA comme formateur
du Gouvernement. C'est dans cette confusion mêlée à tant
d'autres tensions que le coup d'Etat va intervenir le 24 novembre 1965.
Ainsi, les forces armées interviennent le 24 avril
1965, en écartant les politiciens de la scène politique et
proposant 5 ans de pouvoir au Général MOBUTU. De ce fait, toutes
les activités politiques sont suspendues, les formations politiques
dissoutes au profit d'un seul parti, le Mouvement Populaire de la
Révolution, créé en 1967.
En 1970, des élections présidentielles et
parlementaires seront organisées dans le cadre du parti. MOBUTU est
présenté comme le candidat unique à la Présidence.
« Il sera élu pour 7 ans à partir du 4 décembre
1970, avec 10.131.669 voix. »66(*)
Pour ce qui est des élections parlementaires, elles
eurent lieu du 14 au 15 novembre 1970. Les candidats sont
présentés sur la liste du MPR. Le déroulement de ces
élections, note le Professeur ISANGO IDI WANZILA,
« était contrôlé par le parti de telle sorte que
les élus étaient non seulement des militants disciplinés
du parti, mais aussi des personnes acquises à la perpétuation du
pouvoir.» 67(*)
Depuis ces élections de 1970, la vie politique
générale évoluera vers une radicalisation du parti unique
devenant successivement la seule institution du Pays et le parti-Etat.
En 1982, suite à la pression occidentale, aux
différentes incursions rebelles dans le Katanga, à l'opposition
déclarée des 13 parlementaires, l'Ordonnance-loi n°82/006 du
25 février 1982 est promulguée, portant sur l'organisation
politique, administrative et territoriale du Pays. La conséquence
logique et directe de cette loi fut l'organisation des élections des
commissaires des zones, des conseillers, des commissaires du peuple selon la
nouvelle configuration des circonscriptions.
Les candidats sont sélectionnés et
présentés sur la liste du Parti-Etat. A cette procédure,
il faut adjoindre celle de la nomination après la proclamation des
résultats. De ce fait, il ne suffit plus d'avoir le plus de voix, mais
aussi de prouver son militantisme et sa fidélité au
Président MOBUTU à défaut de quoi le candidat élu
peut se voir enlever son mandat. En 1984, « une vaste campagne de
recensement scientifique de la population eut lieu, suivie de l'élection
présidentielle du candidat unique, élu avec 99,98% des
voix. »68(*)
Enfin, en 1987 le régime MOBUTU organisa les
élections du Conseil législatif, des Assemblées
provinciales, des Collectivités rurales et Zones urbaines.
3. De 2006 à 2011
Après la promulgation de la constitution le 18
février 2006, une commission chargée de superviser les
élections a été mise sur pied en vue de mener à bon
port l'échéance électorale conformément à la
Loi n°06/006 du 09 mars 2006 portant organisation des élections
présidentielle, législative, provinciales, urbaines, municipales
et locales.
Pour ce qui est de l'élection présidentielle,
elle se déroule par une campagne lancée le 17 avril 2006,
campagne ouverte entre les 33 candidats retenus par la Commission Electorale
Indépendante (CEI). De tous les candidats en course pour la
présidentielle deux seulement ont émergé lors du premier
tour69(*) :
· Le président sortant Joseph Kabila
KABANGE avec 43,08.% et
· Le vice-président sortant Jean Pierre Bemba
Gombo avec 20,03%.
Du fait qu'aucun des candidats n'ayant remporté la
majorité absolue(50% +1 voix), le deuxième tour devrait
opposer les deux candidats ayant fait un plus grand score au premier tour. A
savoir le président sortant Joseph Kabila KABANGE et le vice
président Jean Pierre Bemba Gombo.
Mais l'annonce des résultats du premier tour le 20
Août 2006 a été suivi des violences entre les
militaires de la garde du président sortant Joseph KABILA
KABANGE et ceux de la garde du vice-président sortant
Jean-Pierre BEMBA GOMBO dans les rues de Kinshasa, la capitale de la DRC.
« Ces affrontements qui ont duré trois jours ont fait 23
morts et 43 blessés selon le ministère de
l'Intérieur. » 70(*)
Commission Electorale Indépendante (CEI) a maintenu
la date du 29-10-2006 après que la Cour Suprême de Justice
par son Arrêt rendu le 15/09/2006 ait prolongé
l'organisation du deuxième tour de la présidentielle de 50
jours. Ainsi, à la date prévue le deuxième tour de la
présidentielle se tient entre les deux candidats sus mentionnés
et Joseph KABILA est proclamé vainqueur par la CEI avec 9.436.779 des
voix contre 6.819.822 voix de Jean-Pierre BEMBA. Quant aux élections
législatives, « elles ont connu près de 10000
candidats avaient concouru pour 500 sièges au parlement
national. » 71(*)
Les élections provinciales ont également eu lieu
pour permettre aux institutions provinciales d'avoir des animateurs issus des
urnes. Cependant, les élections urbaines, municipales et locales
prévues par la Loi n°06/006 du 09 mars 2006 n'ont jamais eu
lieu.
Il sied aussi de mentionner que ces élections, dans
leur globalité, ont été financées par la
communauté internationale avec un montant évalué à
370 millions d'euros. Elles ont connu en outre la participation de plus de 25,6
millions d'électeurs ainsi qu'en témoignent les rapports de la
CEI sur les élections de 2006.
Le mandat du Président issu des élections de
2006 arrivant à échéance le 6 décembre 2011, il
fallait organiser une nouvelle élection en vue d'assurer la
continuité de l'Etat ; c'est ainsi qu'une élection
présidentielle couplée des législatives fut tenue le 28
novembre 2011.
A cette élection, le Président sortant se
présente comme candidat unique à sa propre succession dans sa
famille politique, en course avec 10 autres candidats issus de l'opposition
politique.
Pour permettre aux 11 candidats à se faire connaitre,
« la campagne électorale fut officiellement lancée le
28 octobre 2011 et des violences furent depuis lors observées dans le
pays72(*).
Conformément la constitution de
2006, « ...l'élection présidentielle devait se
dérouler en deux tours, en l'occurrence le 27 novembre 2011 (premier
tour) puis le 26 février 2012 (deuxième
tour) »73(*).
Cependant, une Loi promulguée le 25 juin 2011 vint réduire le
nombre de tours au scrutin présidentiel. Ainsi, le 30 avril 2011 la CENI
annonça finalement que l'unique tour du scrutin présidentiel se
tiendrait le lundi 28 novembre 2011, en même temps que les
élections législatives (députés nationaux).
Prévu initialement pour le 6 décembre 2011,
finalement le résultat provisoire fut publié le vendredi 9
décembre, proclamant Joseph KABILA KABANGE vainqueur avec 8.880.944
voix, contre seulement 5.864.775 voix de l'opposant Etienne TSHISEKEDI WA
MULUMBA. Ces résultats ont été rejetés par
l'opposition, « principalement par Etienne TSHISEKEDI, lequel s'est
autoproclamé Président élu »74(*). Et ce n'est que dans la
soirée du 16 décembre 2011 que « la Cour Suprême
de Justice rendra son verdict, rejetant la demande d'annulation du scrutin
introduite par Vital KAMHERE et proclama, en avance sur le calendrier
prévu et en toute discrétion, Joseph KABILA élu
Président de la République Démocratique du
Congo. » 75(*)
Pour les élections législatives, les
résultats furent publiés le 13 janvier 2012. Ces
élections, ont connu un taux de participation évalué
à au moins 60% des électeurs et un financement à
près de 80% par le Gouvernement de la République
Démocratique du Congo.
CHAPITRE III : PARTIS POLITIQUES ET PROCESSUS
DEMOCRATIQUE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Ce chapitre fait penser à la question de savoir
à quoi servent les partis politiques dans une démocratie ?
Plus particulièrement dans la démocratie congolaise. Puisque
cette préoccupation constitue le socle de ce chapitre, il est
évident de signaler, ici comme Schattshneder : « les
partis politiques ont créé la démocratie et la
démocratie moderne est impensable sans les partis » 76(*) ; ainsi, prenant en
compte l'importance des partis politiques dans une démocratie et les
liens d'interdépendance qui existent entre partis et démocratie,
il ressort qu'il est capital à ce niveau de percer le décor
même de la sphère politique congolaise en étudiant à
cet effet l'apport des partis politiques dans une jeune démocratie comme
la république démocratique du Congo qui, à la date du 11
novembre 2011, était à sa deuxième expérience
électorale, en organisant pour la deuxième fois de son histoire
les élections dites libres, démocratiques et transparentes pour
la présidentielle et les législatives.
Quand nous faisons un pas en arrière, nous allons sans
doute nous rappeler que pour le présent travail, nous avons choisi la
méthode systémique, qui nous a paru la mieux placée pour
expliquer l'interdépendance permanente entre partis politiques et
démocratie.
En effet, les partis politiques, tels que mentionnés
plus haut, n'ont d'autres raisons d'existence que la conquête du pouvoir
par les élections pour concrétiser leur projet de
société et leur programme. Cependant cette démarche n'est
possible que si l'environnement dans lequel lesdits partis évoluent
permet leur existence, c'est-à-dire qu'il est démocratique, dans
le cas opposé on ne parlera ni de partis politiques, ni de
démocratie.
Ainsi, la République Démocratique du Congo
étant un cadre dit démocratique où oeuvrent plus de 450
partis politiques, nous allons dans ce chapitre, conformément aux
données de terrain, donner ou présenter l'apport de ces partis au
processus démocratique, sans toutefois passer sous silence le rôle
marquant des élections.
Pour parvenir à cette fin, nous allons apprécier
les partis par rapport à certaines de leurs fonctions d'une part et par
rapport à certaines valeurs de la démocratie, d'autre part,
tout en prenant soin de préciser ce que font les partis de la
majorité et ceux de l'opposition afin de promouvoir la
démocratie ; mais ces deux critères ne sont pas en eux seuls
suffisants pour rendre effectivement compte de l'apport des partis politiques
dans le processus démocratique congolais ; à ce point il
devient bienséant de compenser cette insuffisance par d'autres points
d'analyse qui ne peuvent être expliqués ni en se
référant aux fonctions des partis politiques, ni en faisant
allusion aux indicateurs de la démocratie (principes
démocratiques), d'où l'impérieuse nécessité
de prendre en considération quelques notions comme celle de
l'analphabétisme de la population et du manque de démocratie dans
les partis, pour la simple raison que ces notions vont nous permettre de rendre
notre analyse quelque peu complète.
Ainsi, nous étudierons concrètement l'apport des
partis politiques au processus démocratique en mettant en exergue les
fonctions des partis politiques que sont la clarification des choix
électoraux, la sélection des candidats aux fonctions
électives et l'intégration sociale, et les valeurs
démocratiques dont la participation de la population à la vie
politique et la bonne gouvernance.
Dans l'ultime souci d'être on ne peut plus clair dans
nos propos, nous allons considérer la période allant de 2006
à 2011, car c'est pendant cette période que deux
échéances électorales ont été
organisées, respectivement en 2006 et en 2011, mais aussi et surtout
parce que ces deux échéances électorales sont, de toutes
celles organisées depuis l'indépendance, dites libres,
démocratiques et transparentes.
III.1. Fonctions des partis politiques en République
démocratique du Congo
La législation congolaise, en l'occurrence la Loi
n° 04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des
partis politiques, reconnait aux partis politiques plusieurs fonctions dont les
plus en vue sont la clarification des choix électoraux, la
sélection des candidats aux fonctions électives et
l'intégration sociale, c'est ainsi que pour des raisons didactiques,
nous présenterons les fonctions en les précédant du
concept parti politique comme pour confronter lesdits partis à leurs
fonctions afin de dégager leur apport.
III.1.1. Partis politiques et
clarification des choix électoraux
Cette fonction a de l'importance surtout en période de
campagne électorale puisque c'est pendant cette période que
l'électeur se questionne mille et une fois sur le profil du candidat
pour qui voter ; le parti politique comme étant déjà
mature politiquement que l'électeur, peut mettre à la disposition
de ce dernier des critères qui clarifieront son choix lors des votes.
Pour parvenir à cette fin, le parti a le choix entre plusieurs supports
de communication, il peut en effet utiliser la radio, la
télévision, les journaux, les dépliants, etc. une fois
atteint par le message transmis dans les divers supports
précités, l'électeur se trouve dans une situation
aisée, puisque n'ayant plus des zones d'ombre sur ce que doit être
un bon candidat, donc son choix est éclairé.
En RDC par contre, les partis se trouvent dans la plupart de
cas confronté à une même difficulté,
« l'analphabétisme qui couvre 67,20% de la
population. » 77(*)
En effet, reconnaissant l'influence de
l'analphabétisme sur les résultats électoraux et
même sur les actions des partis politiques, la loi n°06-006 du
09 mars 2006 portant organisation des élections
présidentielles, législatives, provinciales, urbaines,
municipales et locales semble trouver un palliatif en stipulant au
1èr alinéa de son article 58 ce qui suit : «
l'électeur qui se trouve dans l'impossibilité d'effectuer seul
l'opération de vote a le droit de se faire assister par une
personne de son choix ayant la qualité d'électeur ».
Bien que la loi n'ait pas spécifié le genre
« d'impossibilité », nous osons penser qu'il s'agit de
l'handicap physique et du niveau d'instruction. L'handicap physique
peut être inné ou accidentel. Quant au niveau
d'instruction, nous pensons aux analphabètes.
Si l'assistance autorisée par la loi est avantageuse
aux personnes avec handicap, elle n'a pas par contre le même effet sur
les personnes analphabètes. Car si l'assistance fait de
l'électeur handicapé un électeur efficace, elle fait par
contre d'un électeur analphabète un électeur
dépendant. En plus, l'analphabétisme en lui seul fait de
l'électeur analphabète un électeur inefficace et
dépendant.
Par ailleurs, toute communication nécessite l'existence
de certains préalables dont l'existence d'un émetteur et d'un
récepteur, mais aussi, faut-il que ces deux unités se
comprennent, c'est-à-dire que le récepteur soit capable de
décoder le message lui envoyé par l'émetteur. Mais dans la
situation actuelle de la RDC, l'analphabétisme constitue un handicap
sérieux qui rend, si pas difficile, mais impossible l'échange de
messages entre les partis politiques et l'ensemble de la population.
Ce manque de compréhension fait que lors des votes, les
électeurs ne soient pas en mesure de détecter le candidat capable
de répondre à leur attente ou que lors des
échéances électorales comme celles de 2006, beaucoup de
votant que nous avons interrogé sur le choix qu'ils ont porté sur
tel ou tel autre candidat, nous ont confié avoir porté leur choix
sur le candidat le mieux offrant ou celui qui les a séduits, non pas par
son discours ou ses idées sur la société, mais par
l'aisance matérielle de ce dernier candidat qui lui confère la
possibilité de distribuer ici et là Thomson, huile, farine et
bien d'autres choses de cette catégorie.
Face à cette cacophonie, les partis vertueux qui - il
convient de signaler que les partis dignes de ce nom sont moins nombreux -
avaient le souci d'éclairer le choix des électeurs et ont
lancé des messages pour mettre en garde la population et lui informer
sur les critères d'un bon candidat ; à cet effet, les
exemples sont nombreux. C'est notamment le cas, du côté de
l'opposition, de l'union pour la démocratie et le progrès social
qui, bien qu'ayant boycotté les élections de 2006, avait averti
la population par le biais de son secrétaire général en ce
terme « prenez tous ce qu'ils vont vous donner car ça vous
appartient, mais votez pour celui qui va vous avancer vous et votre
pays... » A cet effet, l'UDPS a produit des dépliants
contenant les attitudes à prendre par les électeurs afin de ne
pas tomber dans la ruse des candidats. Ledit dépliant portait le
titre : « comment identifier le meilleur candidat aux
élections ? »78(*), et contenait comme directives :
- Suivre de près la campagne électorale afin
d'écouter les programmes des candidats ;
- Se débarrasser des préjugés tribaux et
autres avant d'opérer son choix
- Ne pas se fier totalement aux promesses des candidats,...
Epinglons également à ce titre, du
côté de la Majorité Présidentielle, l'illustration
notable du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie qui,
pendant la campagne électorale de 2011, s'est employé à
informer la population sur les compétences dévolues à un
député ; il faut rappeler ici que beaucoup de ceux qui
aspiraient à la députation, utilisaient de fausses promesses pour
séduire la population, c'est ainsi que le PPRD avait trouvé mieux
de dire à la population ce que peut faire un député et ce
qu'il ne peut pas et cela par le biais du Gouverneur de la Province du Katanga,
Monsieur Moïse KATUMBI lors d'une interview accordée en date du 06
mai 2011 à la Radio Télévision NYOTA, émettant
depuis Lubumbashi, où il déclarait: «ndugu ! bashi
milande... Kazi ya deputé aina ku yengesha bilalo wala balabala... Na
kama mutu ana kupa makuta wala chakula, beba lakini voter mwenye ana
staili,... » Comme pour dire : « mes chers
frères ! Qu'on ne vous trompe pas... La tâche d'un
député ne consiste pas à construire des ponts, ni des
routes... Et si jamais quelqu'un vous donnait de l'argent ou à manger
prenez-en, mais votez pour celui qui mérite...»
Hormis les quelques cas isolés cités-haut, le
reste des partis politiques sont préoccupés par la conquête
du pouvoir et non pas l'éclaircissement des choix électoraux.
C'est pour cette raison que nous assistons à une situation telle que
beaucoup de partis, au lieu de battre les adversaires aux élections en
présentant au peuple des projets attrayants, eux préfèrent
entretenir en leur sein des milices qui troublent l'ordre public ; on se
souviendra à ce sujet des affrontements du samedi 5 novembre 2011 entre
l'UNAFEC et l'UDPS au centre-ville de Lubumbashi, où « les
témoins font état de plusieurs personnes blessées et
d'importants dégâts matériels.» 79(*)
Une autre illustration mérite d'être
déterrée, il s'agit des affrontements enregistrés
après la publication des résultats de la présidentielle de
2006 entre l'armée régulière et la milice de Jean Pierre
Bemba Gombo, Leader du Mouvement pour la Libération du Congo
(MLC) ; après publication des résultats du second tour, le
MLC avait estimé que le vainqueur Joseph KABILA avait triché et
partant, une affrontement a eu lieu faisant ainsi plusieurs dommages.
En plus d'une bonne structuration qui fait défaut aux
partis politiques congolais, il convient aussi de signaler leur manque des
moyens financiers qui les rend inaptes à communiquer avec la
majorité de la population. A cet effet, qu'un parti sans siège
sur près de 90% du territoire national puisse arriver à
éclairer le choix des électeurs ? Ce serait de surestimer ce
parti que de lui demander de posséder un chaine de radio et/ou de
télévision, d'un site Internet, d'autres medias.
Au regard de ces considérations, il est alors simple
de repérer à quoi de tels partis peuvent amener la population;
ils cherchent à s'accrocher au pouvoir même au prix du sang, ils
utilisent des mécanismes intolérables pour y parvenir, alors
comment voudriez-vous qu'ils éclairent les choix
électoraux ? En effet, bien avant de clore ce point il sied
d'analyser le financement des partis politiques congolais ; pour la
plupart, les partis vivent grâce au financement du président du
parti et c'est celui-ci qui est la pièce-maitresse du parti. Ainsi, du
fait que les partis n'ont pas d'autres financement en dehors de celui venant
de leurs leaders et à quelques rares exceptions leurs élus, il
est aussi logique que ces partis n'aient pas des moyens comme la radio, la
télévision, les journaux ou autres medias pour arriver à
éclairer les choix électoraux. Cependant, il faut noter que
parfois, ces partis ont la chance de faire entendre leur voix par le biais de
chaines de radio et télévision détenues par leurs leaders.
On a alors des chaines comme :
- La Télé 50 propre à Joseph
KABILA ;
- La Radio Télévision Jua propre à
Jean-Claude MUYAMBO ;
- Le Canal Congo TV propre à Jean-Pierre BEMBA
- La Radio Télévision du Groupe l'Avenir propre
à Pius MWABILU,...
Le simple fait que ces chaines appartiennent aux individus et
non aux partis laisse transparaitre qu'elles ne peuvent que faire la propagande
desdits individus, c'est ainsi que nous avons des individus plus connus que
leurs partis politiques. Mais en dehors de la radio et de la
télévision qui sont tenus, non pas par les partis, mais par leurs
leaders, nous avons quelques rares partis qui possèdent des sites
Internet. C'est notamment :
- Le PPRD : www.pprd-rdc.org
- L'UNC : www.unc-congo.org
- Le MSR : www.msr.org
- L'UDPS : www.udps.org
D'autre part, les partis politiques ont aussi la
possibilité de posséder des maisons de presse écrite,
cependant l'analphabétisme qui couvre près de 67,20% de la
population demeure une barrière contre les actions des partis politiques
dans ce sens.
III.1.2. Partis politiques et sélection des candidats
aux fonctions électives
Les partis politiques n'ont pas que la seule fonction
d'éclairer les choix électoraux, la législation congolaise
leur assigne aussi une deuxième fonction qui est celle de
sélection des candidats aux fonctions électives. En marge de
cette fonction, le parti politique est appelé, par son organisation
interne, à choisir parmi ses membres ceux qui vont le représenter
aux élections de différents niveaux (présidentiel,
législatif, municipal,...).
Cette sélection s'effectue au sein même du parti
et souvent au niveau national dans ce qu'on appelle congrès du parti
pour permettre une véritable compétition entre les membres afin
de trouver des candidats séduisants pour les échéances
électorales.
Une remarque importante mérite d'être
soulevée à ce niveau, c'est que la sélection de candidat
permet un véritable jeu démocratique d'abord au sein du parti,
puis au niveau des élections. Au sein du parti parce que si la
sélection s'effectue correctement c'est-à-dire en suivant des
critères objectifs, ce serait un avantage pour le parti d'avoir des
candidats de taille dans ses rangs. Au niveau des élections l'avantage
s'accroit, car ce n'est plus le parti tout seul qui va bénéficier
du savoir-faire de ses candidats, mais le pays tout entier et là, les
moeurs démocratiques s'en trouvent renforcées davantage.
Il convient par ailleurs de mentionner que si ce point figure
dans ce chapitre, c'est pour la simple raison que la sélection des
candidats n'est possible que dans un parti politique. Or les partis politiques
n'existent que dans une démocratie, donc il est important d'en parler
pour cerner l'apport des partis politiques au processus démocratique qui
est leur cadre de vie.
En République Démocratique du Congo, les partis
politiques fonctionnent de leur manière et sélectionnent les
candidats suivant leurs critères. Il est important, dans cette analyse,
de souligner que les critères de sélection des cadres dans la
plupart des partis sont la résultante de la seule volonté du
président du parti qui, en même temps, est fondateur et principal
donateur du parti. Le parti doit son existence à sa
notoriété. C'est ainsi que nous avons des propos comme :
« je n'ai pas fait 30 ans de lutte pour laisser aujourd'hui ma place
à un autre »80(*). N'organisant presque jamais des assises au cours
desquelles les candidats peuvent être sélectionnés, ces
partis présentent souvent aux élections les candidats sur base
des affinités qui existent entre ceux- ci et le fondateur dudit parti et
à ce niveau, le parti manque de démocratie interne comme
l'indique une enquête menée par les étudiants de la
Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives de
l'Université de Kinshasa en novembre 2011. Par là, il y a lieu
d'affirmer que dans les partis politiques congolais les critères de
sélection ne sont pas clairs et définis.
Au demeurant, il s'avère indispensable de faire mention
du lien entre sélection des candidats et gestions des affaires
publiques. En effet, dans un pays où le mode privilégié
d'accès au pouvoir à tous les niveaux de l'Etat reste
l'élection, l'influence des pratiques internes de partis politiques
n'est pas à méconnaitre lorsqu'il s'agit de comprendre le
processus démocratique ; comme nous l'avons noté ci-haut
avec E. BOSHAB, la plupart des partis politiques congolais se confondent
à leurs fondateurs et c'est souvent le fondateur qui finance le parti.
Le fondateur fait tout à sa guise et ne peut se laisser contredire. Du
fait qu'il est le fondateur du parti et son principal donateur, le fondateur se
comporte en tyran dans le parti. Sans oublier qu'au sein même du parti il
y a une éducation politique qui est inculquée aux membres ;
ce qui veut dire qu'une fois élu quelque part, un membre ayant
reçu l'éducation du parti ne pourra que faire montre de son
comportement en transposant dans sa sphère de pouvoir les pratiques en
vogue dans son parti d'origine et c'est cette situation qui nous pousse
à affirmer avec le professeur MABIALA MATUBA que « les partis
politiques congolais manquent de démocratie interne. »
81(*)
Face à cette malformation congénitale des partis
politiques en République Démocratique du Congo, TSHIBANGU C.T.
note que « dans notre jeune démocratie la plupart des partis
se confondent à leurs fondateurs. Ce qui porte souvent à croire
que le parti c'est le Leader. Il y a alors danger d'unanimisme, de
totalitarisme interne au sein du parti. » Dans la
majorité des partis qui existent en RDC, tel que confondu au parti, le
Leader dicte la conduite à tout le parti et prend des décisions
sans se concerter avec les autres membres dudit parti ; il suffit juste
jeter un regard sur le nombre de fois que l'UDPS a tenu un congrès - lui
qui est parmi les plus vieux et plus influents partis du pays - depuis sa
création en 1982 jusqu'en 2011 pour comprendre le manque de concertation
dans ce parti, ou de considérer la défection de la
Solidarité Congolaise pour la Démocratie (SCODE) à la
plate-forme MP pour comprendre l'asphyxie totalitaire qui ronge plusieurs
partis congolais.
Alors, la sélection des candidats qui, au départ
était une affaire du parti, devient un handicape pour la
démocratie de tout un pays et par cet exemple nous comprenons combien il
est important pour un parti de contrôler chacun de ses gestes parce que
la démocratie en dépend grandement.
III.1.3. Partis politiques comme facteur d'intégration
sociale dans une démocratie
Préoccupés par le souci d'enraciner davantage la
démocratie, les partis politiques assurent aussi la fonction
d'intégration sociale qui les présente comme des unités
prêtes à accueillir même un grand nombre d'adhérents
qui sont séduits par les aspirations que le parti a pour la
société ; c'est-à-dire qu'autour de son programme, un
parti doit chercher à faire adhérer le plus grand nombre
d'individus au projet qu'il défend, et inviter à voter pour les
candidats qui incarnent ce programme dans la bataille électorale ;
disons que c'est par et à travers le programme que le parti
extériorise ce qu'il veut, ce qu'il pense ou ce qu'il peut pour la
société.
Lorsque tous les partis qui participent à une
élection présentent leurs programmes, une véritable
compétition démocratique est lancée, d'abord pour faire
adhérer à leurs programmes le plus d'individus possibles,
c'est-à-dire au stade déjà de la campagne
électorale les partis commencent à favoriser l'émergence
de la démocratie par l'intégration sociale ; puis lors des
élections proprement dites, tous les partis, du moins ceux ayant conquis
un nombre important d'électeurs grâce à leurs programmes,
se retrouvent pour une seconde fois en bataille et toutes ces batailles loyales
permettent encore et surtout l'enracinement de la démocratie.
En effet, quand nous regardons en face les partis politiques
de la RDC, une seule réalité les caractérise, si pas tous,
mais un grand nombre, il s'agit de ce que nous appelons ici le copier-coller.
Suite à ce que nous avons développé
précédemment, il est établi que c'est par le programme que
le parti peut réaliser l'intégration sociale et faire ainsi
adhérer un plus grand nombre d'individus audit programme.
Par copier-coller, il faut entendre la situation dans laquelle
se trouvent plusieurs partis de la RDC ; ces partis pour la plupart, issus
de scission des anciens partis, n'ont pas de programme en eux-mêmes, ils
copient les statuts, le projet de société et le programme de
partis dont ils sont issus et lors des élections, ces partis politiques
n'ont d'autres moyens de convaincre les électeurs que de recourir
à des alliances et chercher à avoir ne fût-ce qu'un poste
dans le gouvernement. Pour faciliter la compréhension, évoquons
l'exemple du congrès pour la démocratie et le progrès
social qui s'était défait de l'UDPS à la veille des
élections de novembre 2011 ; en lisant le programme et les statuts
du CDPS, nous nous sommes rendu compte qu'il est identique à celui de
l'UDPS, à la seule différence que pour le CDPS la mention UDPS
est remplacée par CDPS.
Par là, il est évident qu'un tel parti ne peut
ni favoriser l'intégration sociale, ni asseoir la démocratie car
pour réaliser l'intégration sociale, le parti doit s'employer
à mettre en place un programme qui va, d'une part, lui permettre de
conquérir la confiance des électeurs, et d'autre part, lui
permettre de s'engager dans la bataille démocratique, les
élections.
III.2. Les partis politiques face aux valeurs
démocratiques
La démocratie, où qu'elle se pratique, repose
sur un certain nombre d'éléments sans lesquels il est quasiment
impossible de parler de démocratie ; ces éléments
constituent ce que nous appelons valeurs démocratiques, qui sont des
piliers qui soutiennent le grand édifice toujours en construction qu'est
la démocratie ; Alors vue l'importance de ces valeurs pour la
survie d'une démocratie, nous allons confronter les partis politiques
à certaines d'entre elles pour dégager leur apport. Ainsi, nous
parlerons de :
- La participation de la population à la vie
politique,
- De la bonne gouvernance,
III.2.1. Partis politiques et
participation de la population à la vie politique
La participation de la population à la vie politique
fait référence aux diverses manières au travers desquelles
la population exprime ses opinions politiques ; ces manières
revêtent des formes variées dont certaines sont dites
conventionnelles comme le vote, les comportements liés au processus
électoral et aux partis, participer à une campagne, se tenir
informer de la vie politique, prendre part à une discussion politique,
assister à des réunions politiques, contacter un élu,
adhérer à un parti politique, et d'autres dites protestataires
comme signer une pétition, prendre part à une manifestation,
occuper un bâtiment public...
Il se trouve que dans la participation politique, le parti
politique est le catalyseur, l'élément incitateur qui, par son
intervention, provoque l'avancement du processus démocratique ;
pour appuyer davantage cette affirmation, analysons minutieusement le
rôle du parti dans chacune des formes de participation politique
mentionnées ci-haut.
Par le vote, la population participe à la vie politique
en donnant son opinion ; les opinions ainsi exprimées par la
population donnent un contenu à la démocratie ; laquelle
nécessite la participation, le concours de tous pour être
effective. Pour que le vote ait lieu, les partis politiques encadrent les
électeurs, leur montrent quoi faire et les incitent à participer
massivement pour que les candidats mal intentionnés ne profitent
guère de leur passivité pour tricher. En lançant ces
appels de participation, les partis politiques ouvrent alors une grande voie au
peuple pour ne pas se laisser tromper ; ces appels à la
participation massive aux élections ont été lancés
lors de la campagne électorale de 2011 par le secrétaire du MLC,
le président de l'UNC, le président de l'UDPS, bref, par la
plupart des partis de l'opposition pour prévenir la population contre
une tricherie qui serait organisée par la plate-forme majorité
présidentielle (MP) et le président de la commission
électorale nationale indépendante aux élections de
2011.
Une autre façon de participer à la vie
politique, c'est par et à travers certains comportements liés au
processus électoral et aux partis politiques ; les élections
sont un long processus commençant par l'encadrement politique et
juridique jusqu'à la proclamation des résultats, en passant par
la campagne électorale et le vote. Pendant ce long processus, le parti
politique a le devoir de contrôler chaque étape pour un bel
aboutissement dudit processus afin de permettre l'éclosion de la
démocratie ; c'est ainsi que pendant l'encadrement politique dont
le recensement, l'aménagement des circonscriptions électorales,
l'aménagement des bureaux de vote et l'enrôlement
électoral, le parti doit veiller à ce que les bavures soient
moindres pour permettre un vrai jeu démocratique ; alors, le parti
procède par plusieurs mécanismes pour faire participer la
population à ce stade du processus démocratique, il les incites
à se faire recenser, à connaître les différents
bureaux de vote et les diverses circonscriptions de leur territoire et à
se faire enrôler afin d'avoir accès au vote ; ainsi
interpelée, la population peut se trouver touchée
profondément et pourrait même développer le besoin de
participer avec enthousiasme au processus démocratique.
En RDC les exemples en cette matière sont nombreux,
certains heureux et d'autres malheureux. On se souviendra de l'appel au
boycotte des élections lancé par l'UDPS en 2006 ; ce qui a
fait qu'une grande partie de citoyens congolais n'a pas participé au
processus électoral de l'année précitée, arriver
à la publication des résultats une crise politique non
négligeable s'en est suivie, une crise de légitimité s'y
est ajoutée et la démocratie de tout un pays s'en est
trouvée sacrifiée.
Les exemples heureux qu'a connus la RDC en terme de
participation à la vie politique se sont observés aux
élections de novembre 2011 ; à ces élections beaucoup
de partis ayant un candidat à la présidentielle ou aux
législatives, dès les préparatifs, avaient invité
ces sympathisants à participer à l'avancement du processus
démocratique en allant tous voter pour le candidat de leur choix, ce qui
justifie le fait que, par rapport aux échéances
électorales de 2006, celles de 2011 ont connu un taux
élevé de participation comme signalé
précédemment.
Participer à une campagne est un acte qui favorise
l'épanouissement de l'esprit démocratique parmi les citoyens
d'une nation. Quand l'individu participe lui-même à la diffusion
de quelques idées, il se trouve lui-même concerné par ces
idées et il en fait siennes. Alors si la campagne à laquelle
participe le peuple est une campagne de sensibilisation, le peuple qui
sensibilise, lui est sensibilisé deux fois, si c'est une campagne
d'information, il est informé deux fois ; de ce fait, la
participation comme base de la démocratie se trouve effectivement
posée. A ce titre, les élections de novembre 2011 vont une fois
de plus nous servir d'illustration ; on se souviendra du code de bonne
conduite signé par certains leaders des partis politiques soucieux
d'apaiser les tentions durant la période pré-électorale.
Les signataires de ce code se sont employés, eux et leurs militants,
à initier une campagne de diffusion des idées de tolérance
et de non-violence ; c'est ainsi que les partis politiques congolais,
souvent ceux de la majorité présidentielle, se sont mobilises
pour s'engager à respecter ce code de bonne conduite, d'où le
PPRD avait organisé des assises afin d'initier ses sympathisants
à la non-violence, l'UDECO avait aussi suivi la marche en distribuant
à Lubumbashi des tracts où il était inscrit des attitudes
de tolérance à adopter par les membres durant la campagne de
2011 ; ce pendant la méconnaissance de ce code par plusieurs partis
de l'opposition avait fragilisé le respect à devoir au code par
les autres partis signataires, ce qui a favorisé plusieurs cas de
violence à Lubumbashi et dans d'autres partis de la République,
notamment les affrontements successifs entre les militants de l'UDPS et ceux de
l'UNAFEC d'abord au centre ville de Lubumbashi, puis dans la commune Kenya.
Signer une pétition, prendre part à une
manifestation, sont aussi des formes de participation politique auxquelles les
partis initient leur sympathisants pour épanouir la
démocratie.
Lorsqu'un parti invite la population à signer une
pétition, cela fait montre d'une démocratie ; la
pétition c'est un moyen qui permet au peuple d'exprimer ses opinions sur
un problème concret qui inquiète sa vie. Le cas le plus
récent et concret est la pétition initiée en 2010 par le
parti UNAFEC pour réclamer le fédéralisme, il
convient aussi d'épingler le cas de l'initiative populaire Moïse
KATUMBI non à la retraite politique, initiée par la population
Katangaise pour dire non au retrait de Moïse KATUMBI de la scène
politique.
Il en va de même pour le fait de prendre part à
une manifestation, laquelle permet au peuple d'exprimer soit son
mécontentement, soit son soutien. Pour la plupart de cas, ce sont les
partis qui organisent les manifestations ; alors pour organiser une
manifestation, les ressources humaines sont indispensables. Parlant à ce
sujet, beaucoup de partis politiques de la RDC n'ont d'autres membres en
dehors du staff dirigeant, il ressort que ces partis sont non partants pour la
tenue des manifestations, c'est ainsi que beaucoup d'entre eux recourent au
recrutement des manifestants ; pour une bonne compréhension, il
vaut mieux nous référer à l'exemple de l'AFDC cité
au deuxième chapitre, où ledit parti recrutait des passant
moyennant 2500Fc pour le soutien à la candidature de Joseph Kabila en
2011.
La participation politique sous ses diverses formes est un
pilier non négligeable qui soutient la démocratie, qui favorise
son épanouissement et sa mise en application, pour y parvenir un moyen
est indispensable, le parti politique constitue le train qui achemine à
sa destination.
III.2.2. Partis politiques et bonne gouvernance
La bonne gouvernance telle que nous la connaissons à ce
jour, résulte des décennies de développement
proposées par l'occident aux pays du tiers monde pour leur
développement. Les décennies de développement sont des
périodes au cours desquelles on privilégie le
développement en passant par des techniques particulières ;
ainsi, de 1960 à 2011 nous avons cinq décennies de
développement dont :
ü La décennie de la croissance et du
développement par l'agriculture qui va de 1960 à 1970 ;
ü La décennie de la croissance et du
développement par la coopération international allant de 1970
à 1980 ;
ü La décennie de croissance et du
développement par le plan d'ajustement structurel (PAS) qui va de 1980
à 1990,
ü La décennie de la croissance et du
développement par la démocratie, qui va de 1990 à
2000 ;
ü La décennie de la croissance et du
développement par la mondialisation et la bonne gouvernance qui
s'étale de 2000 à 2010 ;
Ainsi comprise à partir de ses racines, il nous sera
facile d'appréhender la notion même de la bonne gouvernance. Pour
la banque mondiale qui a créé ce concept, « la
gouvernance implique la responsabilisation, la bonne gestion des secteurs
publics, l'appui à un caractère légal pour le
développement, l'information et la transparence. »82(*) La bonne gouvernance a comme
assise la démocratie. Parce que la démocratie conçue comme
« le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le
peuple » exige que le peuple, en toute liberté, choisisse ceux
qui doivent gérer les affaires en son nom.
Les dirigeants ainsi issus des élections, sont des
produits des partis politiques et quand les fonctions leur sont
confiées, c'est pour que ceux-ci les exercent en respectant un certain
nombre de principes dont :
- La transparence dans la gestion de la chose
publique ;
- La responsabilité de dirigeants (pour la gestion)
devant le peuple,
- Le respect réciproque de la majorité et de la
minorité,
Le devoir de transparence dans la gestion de la chose publique
permet aux dirigeants d'écarter la fausseté et l'opacité
afin que chaque citoyen se rende compte de ce qui se passe au niveau de
l'Etat.
Pour mieux comprendre la notion de transparence dans la
gestion de la chose publique, il convient de se référer à
la notion de la transparence dans la gestion des partis politiques d'autant
plus que les dirigeants de l'Etat sont pour la plupart issus des partis
politiques. Ainsi, partant des pratiques en vogue dans leurs partis respectifs,
nous pouvons arriver à expliquer le rôle que jouent les partis
politiques dans la transparence de la gestion de la chose publique.
En effet, s'agissant de la transparence dans la gestion des
partis politiques, l'on se souviendra que c'est une notion sans contenu pour
plusieurs partis, une notion inexistante pour autant que la « gestion
des partis politiques demeure l'apanage d'un seul individu, le président
du parti »83(*),
c'est lui qui finance le parti, le représente et prend ses
décisions, il ne doit de compte à personne d'autant plus que
c'est sa notoriété qui sert d'assise au parti. Au demeurant, il
va de soi que l'homme ne peut donner que ce qu'il a. Des membres issus de tels
partis politiques ne peuvent que transposer dans leurs sphères de
pouvoir les pratiques usuelles de leurs partis respectifs.
L'un des moments les plus importants où il est propice
aux partis politiques de rendre compte et de tenir informer leurs membres,
sinon toute la population, du déroulement tant de leurs activités
que de leurs comptes (finances), c'est le congrès. A ce sujet, loin de
nous l'idée de faire un raisonnement a fortiori, mais si l'UDPS qui est
parmi les vieux partis du pays n'a tenu le congrès qu'une seule fois
depuis sa création en 1882, que dire des autres partis, dont la plupart
n'apparaissent que lors des élections ? Alors il devient
compréhensible que la transparence est loin d'être une habitude
dans les partis politiques.
La responsabilité des dirigeants devant le peuple
s'extériorise par la capacité dévolue au peuple de
reconduire, par leurs votes, les dirigeants ayant bien travaillé et le
cas échéant à les sanctionner par un vote négatif
à leur égard. Chaque fois que les dirigeants gèrent mal,
la population a la possibilité de les interpeller par le biais de ses
représentants.
Dans ce sens les partis politiques, du moins au travers de
leurs membres qui sont députés ou sénateurs agissent le
plus souvent par des motions. Celles-ci leurs permettent soit de faire tomber
un ministre, soit de faire démissionner le gouvernement tout entier.
Ainsi, ce contrôle, de 2006 à 2011, a le plus
été utilisé par l'opposition parlementaire. Mais il
convient de remarquer que la plupart desdites motions n'ont pas abouti. Pour
s'en convaincre nous pouvons considérer les motions de défiance
initiées par les députés nationaux Martin MUKONKOLE et
Emery OKUNDJI NDJOVU en mai 2009 à l'encontre du Ministre de
l'Information Monsieur Lambert MENDE et du Ministre des Affaires
étrangères Monsieur Alexis TAMBWE MWAMBA. En effet, il
était reproché au Ministre de l'Information d'avoir
instrumentalisé, au mépris de l'article 24 de la constitution, un
service public, en l'occurrence la Radio Télévision Nationale
Congolaise (RTNC), à travers des vociférations malveillantes d'un
animateur de télévision. Ainsi, suite à cette faute la
RTNC aurait failli à sa mission d'informer le souverain primaire du
déroulement de la cérémonie d'ouverture de la session
ordinaire du Parlement du 15 mars 2009.
Quant à la motion de censure contre le Ministre des
Affaires Etrangères, il était reproché à ce dernier
d'avoir souillé la réputation des députés nationaux
en déclarant devant une foule composée de diverses
personnalités : « un mois d'émolument d'un
député peut payer dix ans de salaire d'un enseignant du
Kivu »
Etant donné l'avantage numérique dont jouit la
majorité présidentielle à l'Assemblée Nationale,
ces motions ont été contrées et n'ont pas abouti.
Toutefois, il convient de reconnaître que l'Assemblée nationale
n'a que peu ou presque pas usité la motion de censure pour mettre
en cause la responsabilité du Gouvernement. Même quand elle a
tenté de le faire, elle n'a jamais abouti. L'on peut épingler le
cas de la motion initiée par le député Clément
KANKU BUKASA qui fut rejetée pour vice de forme, ou celle initiée
par le député de l'opposition BUSSA contre le Premier Ministre en
mai 2010 et qui a ensuite été retirée sans raison
apparente puisque remplissant déjà les conditions de
recevabilité.
L'un des principes sur lesquels repose la démocratie
est le respect réciproque entre la majorité et la
minorité ; dans une démocratie, les jeux s'articulent
très souvent entre deux composants majeurs dont une majorité et
une minorité. Dans les décisions que les dirigeants prennent, ce
principe permet une bonne répartition des tendances, puisque dans la
démocratie toute chose, pour être adoptée, doit passer par
le choix de personnes présentes, ainsi c'est la loi de la
majorité qui triomphe mais cela ne signifie pas que la majorité a
toujours raison, la majorité pourrait avoir pris une mauvaise position,
d'où la majorité et la minorité se doivent un respect
mutuel pour promouvoir la démocratie ; mais si la majorité
doit profiter de sa pluralité pour fouler la minorité à
ses pieds, cela constitue un exemple malheureux pour une nation ; c'est
cette situation qui a prévalu en RDC lors de la législature de
2006, où les députés de la majorité profitaient de
leur nombre pour passer des lois même désavantageuses pour le
peuple. Pour comprendre davantage cet exemple, il suffit de jeter un regard sur
le refus du parlement de réviser la loi n°007/2002 du 11 juillet
2002 portant code minier congolais, pourtant désavantageux pour la
nation, pour comprendre qu'il peut servir d'illustration éloquente pour
expliquer la complaisance du parlement congolais dans le contrôle du
gouvernement.
En effet, cette loi qui constitue la référence
en matière minière en RDC comporte plusieurs désavantages
pour la nation et accorde plus de garanties et de bénéfices aux
investisseurs étrangers qui, en vertu dudit code, ont eu le
privilège de conclure plusieurs contrats avec l'Etat et cela sur
plusieurs années, contrat où ni eux (investisseurs), ni leurs
partenaires ne paieront pas d'impôts endéans 30 ans, ce qui
constitue un manque à gagner pour l'Etat. C'est dans ce cadre que la
GECAMINES comptait en 2007 plus de 40 joint-ventures et partenariats
infructueux à qui elle a cédé le Permis d'Exploitation des
Rejets du concentrateur de Kolwezi, notamment le permis d'exploitation PER 652
cédé à HIGHWIND PROPERTIES LIMITED pour un montant de
25.000.000 USD à payer par acompte.
Somme toute, le simple fait que nous ayons constamment fait
référence tant dans nos analyses que dans les illustrations qui
les soutiennent aux seuls UDPS, PPRD, UNC, MLC et UNAFEC, pourrait faire croire
à tort qu'il s'agit là de l'exhaustivité des partis
politiques existant au Congo-Kinshasa. Loin de là, il s'agit simplement
d'un fait qui démontre la précarité de l'implantation des
partis politiques sur le territoire national et leur manque des medias pour se
faire entendre. Ces illustrations étant en totalité tirées
de l'arène politique congolaise, font transparaitre l'activité
des partis politiques et leur présence sur la scène politique
congolaise, d'où il y a, dans nos analyses, foisonnement des mêmes
partis dans les exemples.
CONCLUSION GENERALE
Après un large tour d'horizon sur ce travail que nous
avons intitulé « Partis politiques et enjeux
démocratiques en République Démocratique du
Congo », nous voici arrivé au moment le plus
déterminant de notre recherche.
Pour bien analyser ce sujet, nous avons fait recours à
l'interrogation qu'il suscite dans bien de congolais, en l'occurrence la
question mettant en exergue l'apport des partis politiques au processus
démocratique. Question que nous avons trouvée juste, puisque
permettant d'apprécier les partis politiques congolais par rapport au
rôle qu'ils sont appelés à jouer dans le cadre où
ils vivent ; ce faisant, on pourrait aussi, au travers de cette question,
comprendre le cadre de vie desdits partis, être en mesure de dire que ce
cadre est ou n'est pas démocratique.
Bien avant que nous nous lancions dans la recherche, nous
avons eu une réponse à notre préoccupation de
départ, cette réponse était en majeur partie
influencée par des spéculations, mais aussi notre
expérience personnelle, c'est alors que nous pensions que l'apport des
partis politiques au processus démocratique résidait dans la
participation des congolais à la vie politique et le choix de bons
dirigeants ; cette réponse représente notre première
perception sur le sujet ; de ce fait, nous avions nourri de grandes
réserves pour la maintenir, alors nous l'avons gardée en
réponse provisoire.
Etant donnée la pertinence du sujet, les questions
qu'il suscite, mais aussi son impact sur la société congolaise,
ce travail nécessitait d'être fait en adoptant une démarche
méthodique pour aboutir à des résultats
escomptés ; c'est à ce titre que nous avons adopté
une méthode qui puisse former corps avec notre travail; la
méthode systémique semblait à cet effet être
à même de répondre favorablement à nos
attentes ; nous l'avons utilisée compte tenu de
l'interdépendance permanente entre les partis politiques et les enjeux
démocratiques ; ce qui n'est que logique, parce qu'on ne peut
parler des partis sans faire référence à leur cadre de
vie ; dans une certaine mesure, la connaissance et la compréhension
des partis politiques passent par la connaissance et la compréhension de
leur milieu de vie. Par ailleurs, il faut comprendre que l'existence des partis
politiques n'est possible que dans un cadre qui favorise cette existence,
c'est-à-dire dans une démocratie. Or pour parler de
démocratie, il faut entre autres conditions qu'il y ait aussi des partis
politiques qui animent la vie politique ; voilà comment ces deux
éléments (partis et démocratie) se lient l'un à
l'autre, ce qui donne au processus démocratique un caractère
systémique.
Les méthodes ne suffisent pas à elles seules
pour élaborer un travail scientifique, il faut qu'elles s'accompagnent
de certains outils qui permettent au chercheur de récolter les
données sur terrain, ces outils portent le nom de technique de
recherche. Vu le caractère à la fois historique et actuel de
notre sujet, il était bienséant que nous utilisions la technique
documentaire pour récolter les données qui nous ont
précédées et qui sont contenues dans des archives, les
livres, les journaux, journaux officiels... et à la technique
d'observation participante pour nous permettre de parler de certaines
données auxquelles nous avons participées tantôt entant
qu'acteur, tantôt entant que témoin.
Après toutes ces opérations, il était
maintenant le tour de structurer notre travail pour mieux analyser sa
quintessence, et pour répondre au souci de cohésion et de la
logicité dans l'agencement des données recueillies. En effet, une
introduction faisant montre du contexte de naissance de partis politiques et du
processus démocratique en République démocratique du Congo
a précédé le premier chapitre axé sur les
considérations théoriques où nous présentons les
partis politiques de la RDC, en s'appesantissant sur leur histoire, leur
organisation et leur fonctionnement.
Au deuxième chapitre, nous avons centré notre
analyse sur la présentation de la démocratie à travers
diverses périodes de l'histoire de la RDC, de l'indépendance
jusqu'à l'année 2011.
Enfin, au troisième chapitre nous avons appliqué
les concepts opératoires et connexes aux cas concrets de la
République démocratique du Congo, c'est-à-dire
apprécier l'apport des partis politiques au processus
démocratique en mettant en exergue les valeurs et principes
démocratiques.
Contrairement à ce que nous pensions avant de nous
lancer en recherche, les données du terrain nous ont prouvé que
les partis politiques congolais sont très nombreux, mais leur nombre
n'influe en rien sur le rôle qu'ils sont appelé à jouer
dans la vie politique ; d'où, un non averti pourrait affirmer
à tort que le nombre des partis indique le degré de
démocratie dans un Etat.
En effet, en RDC les partis politiques, comme nous l'avons
précisé ci-haut avec Evariste Boshab, sont comme des pyramides
renversées qui ne comportent pas d'autres membres en dehors du
président-fondateur et de sa famille, c'est à ce sujet que nous
avons évoqué le cas de l'AFDC qui paie des jeunes-gens pour
participer à ses manifestations.
Il advient alors qu'au lieu de favoriser la participation
politique, les partis congolais créent dans la population un sentiment
de résignation et une aversion de la vie politique, c'est ainsi
qu'à titre exemplatif, nous avons présenté le cas des
partis politiques dits de l'opposition qui, lors des élections de 2011,
ont abandonné leur lutte pour se disputer le pouvoir et le peuple s'en
est trouvé sacrifié.
Au titre de choix, les partis congolais sont loin d'encadrer
le peuple à faire de bons choix pour obtenir de meilleur dirigeants, ils
fournissent par contre de dirigeants malhonnêtes à la population,
c'est ainsi que nous avons par exemple des dirigeants qui, après avoir
été votés sous l'étiquette du parti, abandonnent le
parti pour se conduire en électron libre. Ainsi, cette situation nous
pousse à dire que nos hypothèses sont rejetées pour la
simple raison qu'elles ne sont pas conformes aux données de terrain.
Cependant, nous devons comprendre que la démocratie est
un processus et non une situation statique, un combat permanent et non
privilège, ce qui implique que chacun fournisse des efforts pour la
construction et l'aboutissement de la démocratie.
Ainsi, dans le souci de faire avancer le processus
démocratique en RDC et redorer l'image des partis politiques dans ce
pays, il y a certaines suggestions s'adressant aux autorités politiques
du pays, aux dirigeants des partis politiques et à la population
congolaise dans son ensemble.
Les autorités politiques devraient mener des
enquêtes minutieuses avant d'agréer un parti politique,
vérifier ses statuts, programmes et autres idéologies. Elles
devraient aussi effectuer un suivi adéquat pour se mettre au courant des
problèmes que rencontrent les partis politiques et veiller à ce
que ceux-ci fonctionnent conformément aux lois du pays.
Quant aux dirigeants des partis politiques, ils
devraient :
· Elaborer un projet politique proposant des
réponses aux problèmes de la société ;
· Présenter au suffrage des citoyens des
candidats qui veulent défendre et réaliser ce programme ;
· Conclure des alliances et négocier des
programmes eu égard aux valeurs qu'ils défendent pour ne pas
passer des mariages contrenatures ;
· Contrôler et critiquer le pouvoir exécutif
sans complaisance ;
· Offrir des possibilités de formation et de
participation à la vie publique.
Enfin, la population devrait couper court avec la
passivité, savoir que la gestion de l'Etat est une affaire de tous et
opérer ses choix en conséquence. Ainsi, la population doit
comprendre que la démocratie est un processus et non une situation
statique, un combat permanent et non un privilège, ce qui implique que
chacun fournisse des efforts pour la construction et l'aboutissement de la
démocratie.
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
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Ed, 1968.
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conscience d'un journaliste, Paris, Edition Flammarion, 1992.
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se dévoile.
LE POTENTIEL, revue du 21 août 2006, pp. 3-4.
MUBANGI, G., Le parcours de la presse congolaise et le
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La Conscience, Kinshasa, 2008, pp.7-9.
NGBANDA Z., Déclaration sur le rapport MOBUTU-
TSHISEKEDI : « NGBANDA confirme l'éloignement de
TSHISEKEDI », in La semaine, 23 au 25 janvier 1994,
pp.15-19.
TSHIBANGU, C., « A Quoi servent les partis
politiques dans une élection », in Revue Mbegu Dossiers
jeunes, Lubumbashi, Février 2005, pp.25-26.
NOTES DE COURS
ISANGO IDI, W., Cours d'histoire politique du Congo,
UNILU/G1 SPA, 2010-2011.
ISANGO IDI, W., Cours des théories et doctrines
politiques et sociales, G2 SPA, UNILU, 2011-2012.
KITABA KYA, G., Cours des méthodes de recherche en
sciences sociales, UNILU/G2 SPA, 2011-2012.
KYUNGU, S., Cours d'éducation à la
citoyenneté, UNILU/G1 SPA, 2010-2011.
MBAYA, K., Cours de droit administratif, UNILU/G2 SPA,
2011-2012.
MWAMBA, S., Cours de droit constitutionnel et institution
politique, UNILU/G2 SPA, 2011-2012.
TFC
ET MEMOIRES
BOBO B., The démocratie process in the DRC,
Mémoire de licence en SPA, wits University/USA, 2007.
AUTRES DOCUMENTS
Journal officiel de la République démocratique
du Congo, Constitution de la République du Congo, Kinshasa, 18
février 2006.
Journal Officiel du Zaïre du 15 juillet 1983, n°14,
p.89
KONRAD ADENAUER, Evolution des événements
politiques en RDC, format PDF.
LE ROBERT, Dictionnaire de français, Paris, Sejer,
2005.
Loi n°04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et
fonctionnement des partis politiques en RDC.
Loi n°07/008 du 4 mars 2007 portant statut de
l'opposition politique en RDC.
Loi no 70-001 du 23 décembre 1970, article
30 (format numérique).
Loi no78-010 du 15 février 1978, article 41
(format numérique).
Rapport de la CASE publié le 18 mars 2015.
Rapport de la CEI sur le premier tour de l'élection
présidentielle.
SITES INTERNET
www.google.com
www.radiookapi.com
www.wikipédia.com,
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE
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défini.
DEDICACE
II
AVANT-PROPOS
II
INTRODUCTION
2
1. PRESENTATION ET DELIMITATION DU SUJET
2
2. CHOIX ET INTERET DU SUJET
2
3. PRESENTATION DES HYPOTHESES DE RECHERCHE
2
4. DEFINITION DES CONCEPTS CLES
2
4.1. Parti politique
2
4.1.1. Définition :
2
4.1.2. Genèse des partis politiques
2
4.1.2.1. Les partis politiques d'origine
parlementaire et électorale
2
4.1.2.2. Les partis politiques d'origine
extérieure au parlement
2
4.1.3. Typologie des partis politiques
2
4.1.4. Les fonctions des partis politiques
2
4.1.5. Les systèmes de partis politiques
2
4.1.6. Organisation et composition des partis
politiques
2
4.2. Démocratie
2
4.2.1. Présentation
2
4.2.2. Les origines de l'idée
démocratique
2
4.2.3. La naissance de la démocratie
moderne
2
4.2.4. Formes de démocratie
2
4.2.5. Principes et moeurs démocratiques
2
5. METHODES ET TECHNIQUES DE RECHERCHE
2
5.1. Méthodes de recherche
2
5.2. Techniques de recherche
2
5.2.1.1. L'observation documentaire
2
5.2.1.2. La participation observante
2
6. PRESENTATION DES THEORIES EXPLICATIVES DE
REFERENCE
2
7. SUBDIVISION DU TRAVAIL
2
CHAPITRE I : PRESENTATION DES PARTIS
POLITIQUES DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
2
I. HISTORIQUE DES PARTIS POLITIQUES EN
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
2
a. La période d'entre 1940 et 1960 (la
veille de l'indépendance)
2
b. La période d'entre 1965 et 1990
2
La période d'à partir de 1990
2
II. ORGANISATION DES PARTIS POLITIQUES
2
a. Au niveau national
2
b. Au niveau provincial
2
c. Au niveau local
2
III. FONCTIONNEMENT DES PARTIS
POLITIQUES
2
a. L'activité électorale
2
b. L'activité de contrôle et de
pression sur les autorités au pouvoir
2
c. L'activité de mobilisation des hommes
autour de certaines idées et certains enjeux politiques
2
d. La fonction tribunicienne
2
e. La formation de l'opinion publique
2
Tableau n°1 : les partis implantés
sur 75% du territoire national
2
Tableau n°2 : Partis politiques
implantés sur 45% du territoire national
2
Tableau n°3 : Partis politiques
implantés sur 20% du territoire national ou moins
2
CHAPITRE II : PRESENTATION DE LA DEMOCRATIE EN
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
2
I. LE MULTIPARTISME EN RDC
2
1. De 1960 à 1965
2
2. De 1965 à 1990
2
3. De 1990 à 1997
2
4. De 1997 à 2001
2
5. De 2001 à 2006
2
6. De 2006 à 2011
2
II. LA SEPARATION DES POUVOIRS EN RDC
2
1. De 1960 à 1965
2
2. De 1965 à 1990
2
3. De 1990 à 1997
2
4. De 1997 à 2001
2
5. De 2001 à 2006
2
6. De 2006 à 2011
2
III. LA LIBERTE DE LA PRESSE EN RDC
2
1. De 1960 à 1965
2
2. De 1965 à 1990
2
3. De 1990 à 1997
2
4. De 1997 à 2001
2
5. De 2001 à 2006
2
6. De 2006 à 2011
2
IV. LES ELECTIONS EN RDC
2
1. De 1960 à 1965
2
2. De 1965 à 1990
2
3. De 2006 à 2011
2
CHAPITRE III : PARTIS POLITIQUES ET PROCESSUS
DEMOCRATIQUE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
2
III.1. Fonctions des partis politiques en
République démocratique du Congo
2
III.1.1. Partis politiques et clarification des
choix électoraux
2
III.1.2. Partis politiques et sélection des
candidats aux fonctions électives
2
III.1.3. Partis politiques comme facteur
d'intégration sociale dans une démocratie
2
III.2. Les partis politiques face aux valeurs
démocratiques
2
III.2.1. Partis politiques et participation de la
population à la vie politique
2
III.2.2. Partis politiques et bonne gouvernance
2
CONCLUSION GENERALE
2
BIBLIOGRAPHIE
2
OUVRAGES
2
ARTICLES ET REVUES
2
NOTES DE COURS
2
TFC ET MEMOIRES
2
AUTRES DOCUMENTS
2
SITES INTERNET
2
TABLE DES MATIERES
2
* 1 DE TOCQUEVILLE, A., De
la démocratie en Amérique, Paris, Gallimard, 1961.
* 2 DUVERGER, M., Les
partis politiques, Paris, Armand Colin, 1976.
* 3 BRECHON, P., Les
partis politiques français, Paris, Edition Le documentation
française, 2005.
* 4 LIPSON, L., La
civilisation démocratique, Paris, Edition Tendances actuelles,
1972.
* 5 BOBO, B., The
démocratie process in the DRC, Mémoire de licence en SPA,
wits University, 2007, inédit.
* 6 Journal officiel de la
République démocratique du Congo, Constitution de la
République du Congo, Kinshasa, 18 février 2006, p. 3.
* 7 CONSTANT, B., cité
par Duverger, M., op.cit., p.19.
* 8 MULUMBATI, N.,
Introduction à la science politique, Lubumbashi, Ed. Africa,
2010, p. 18.
* 9 MULUMBATI, N.,
op.cit., p. 120.
* 10 DUVERGER, M.,
op.cit., pp. 1-16.
* 11 LINCOLN, A.,
Président des Etats-Unis de 1860 à 1865.
* 12 Wikipedia, site
Internet, 17 janvier 2013 à 16h14.
* 13 ISANGO IDI, W.,
Théorie et doctrines politiques et sociales, UNILU/G2 SPA,
2010-2011, inédit.
* 14 ROCHER, G.,
Introduction à la sociologie générale, cité par
MULUMBATI NGASHA Adrien, op.cit., p.20.
* 15 KITABA KYA, G.,
Méthodes de recherche en sciences sociales, G2 SPA, UNILU,
2011-2012, inédit.
* 16 MULUMBATI, N.,
Manuel de sociologie générale, Lubumbashi, Ed, Africa,
2010, p. 25.
* 17 ISANGO IDI, W.,
Cours des théories et doctrines politiques et sociale, G2 SPA,
UNILU, 2011-2012, inédit.
* 18 MULUMBATI, N.,
op.cit., p.330.
* 19 www.wikipedia.com, le
20 novembre 2013 à 15h41'.
* 20 . KONRAD ADENAUER,
Evolution des événements politiques en RDC, format PDF,
p.12.
* 21 ISANGO IDI, W.,
op.cit., inédit.
* 22 KASAVUBU, J.,
président de l'Alliance des Bakongo (ABAKO).
* 23 MOBUTU, S.,
Président de la République du Zaïre, 1965-1997.
* 24 ISANGO IDI, W.,
op.cit., Inédit.
* 25 NGBANDA, Z.,
Déclaration sur le rapport MOBUTU-TSHISEKEDI : « NGBANDA
confirme l'éloignement de TSHISEKEDI », in
semaine, 23 au 25 janvier 1994.
* 26 Ministère de
l'ATD : Direction des affaires politiques et de la protection civile.
* 27 WILLIAM, G.,
Congo-Zaïre, S 1996-97 civil war, in studies journal. Paris,
pp.12-24.
* 28 BOSHAB, E.,
République Démocratique du Congo : entre les colombes et
les faucons, où vont les partis politiques, Kinshasa, Presse
universitaire du Congo, 2001, p.IX.
* 29Lire l'article liste des
partis politiques publié sur le site www.cei-gouv.cd.
* 30 MWAMBA, S., Cours de
droit constitutionnel et institution politique, UNILU, G2 SPA, 2011-2012,
inédit.
* 31 BOSHAB, E.,
op.cit., p.105.
* 32 BOSHAB, E.,
op.cit., p.5.
* 33 Loi n°04/002 du 15
mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques en RDC.
* 34 SORAUF, F., Political
parties in the American system, Boston, Little Brown and Co.cité par
CHABOT, J., Les partis, Paris, A.Colin, 1977, p.45.
* 35 LAVAU, G., Partis et
systèmes politiques : interaction et fonction, in Revue
canadienne de science politique, mars 1969, pp.36-44.
* 36 MULUMBATI, N.,
op.cit., p.135.
* 37 LA PALOMBARA et
WEINER, cité par KYUNGU, S., Cours d'éducation à la
citoyenneté, UNILU, G1 SPA, 2010-2011, inédit,
* 38 MULUMBATI, N.,
op.cit., p.138.
* 39 MBAYA K., Cours de
droit administratif, UNILU/G2 SPA, 2011-2012, inédit.
* 40 APTER, D., The
politic of modernization, 5ème Ed, California, berkeley institut of
international study, 1968, p.181.
* 41 KONRAD ADENAUER,
rapport sur Plaidoyer pour des structures durables et Organisées des
partis politiques, Kinshasa, 2013.
* 42 Loi n°04/002 du 15
mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques, version
numérique, p.1.
* 43 Lire le rapport de la
CASE publié le 18 mars 2015.
* 44 Loi n°07/008 du 4
mars 2007 portant statut de l'opposition politique en RDC.
* 45 Lire la
réflexion du Secrétaire Général aux Relations avec
les Partis Politiques du Ministère de l'intérieur.
* 46 Journal Officiel du
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