PARTIE
II : L'ANALYSE ECONOMETRIQUE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE AUBURKINA
FASO
Cette deuxième partie dégagera de manière
quantitative les déterminants de la croissance économique au
Burkina Faso. Nous allons examiner successivement dans cette partie le
modèle, les variables retenues, la méthode
économétrique et les principaux résultats.
CHAPITREI: LE MODELE D'ANALYSE ET
LA METHODE ECONOMETRIQUE
Ce chapitre propose d'une part, le modèle d'analyse de
la croissance économique au Burkina Faso inspiré du modèle
de la SCADD et déroule la méthode économétrique
d'autre part.
Section I : Le modèle
d'analyse
Nous présentons dans cette section la
littérature de laquelle découle le modèle d'analyse de la
croissance économique au Burkina Faso avant de faire une revue empirique
qui présente les résultats d'une étude sur les
déterminants à long terme de la croissance au Burkina Faso.
Paragraphe I : La revue
théorique
Tout en intéressant épisodiquement les
économistes Ramsay(1928), Young(1928), Schumpeter(1934), Knight(1944),
la problématique de la croissance disparaît du devant de la
scène pendant une longue période où l'allocation de
ressources (et non leur création) devient le principal objet de
curiosité des économistes (Walras, Keynes, Debreu, etc.). Le
travail précurseur de Ramsay (un modèle d'équilibre
général dynamique, 1928) est en fait resté ignoré
jusqu'aux années 1960. La problématique de la croissance n'a
été vraiment ravivée que plus tard, par les travaux des
keynésiensHarrod(1939) et Domar(1946). Etant réalisés
après la grande dépression, ces travaux ont surtout mis l'accent
sur l'instabilité du système capitaliste. Mais, le renouveau n'a
vraiment eu lieu qu'à la suite de deux articles publiés par
Robert SOLOW en 1956.
Dans les années 1980, l'intérêt pour les
théories de la croissance s'est ranimé suite aux travaux de Paul
ROMER et de Robert LUCAS. Ces travaux ont mis le rôle des idées et
du capital humain au coeur de la problématique de la croissance :
les théories de la croissance endogène. Cette approche a
été accompagnée de nombreux travaux empiriques cherchant
à évaluer l'importance de ces facteurs. Ces travaux ont
donné corps aux théories néoclassiques de la croissance,
partageant un certain nombre de caractéristiques communes :
@ des comportements en général
concurrentiels ;
@ une dynamique d'équilibre ;
@ l'analyse de la relation entre le revenu par tête et
le taux de croissance de la population ;
@ l'analyse du rôle des rendements décroissants
et de leur relation avec l'accumulation du capital physique et du capital
humain ;
@ et plus récemment, l'analyse du rôle du
progrès technique et de l'influence des monopoles sur ce
progrès.
L'analyse se focalise particulièrement aux sentiers de
croissance réguliers de l'économie :
Ø l'évolution de l'économie correspond
à un sentier de croissance régulier quand les variables qu'on
étudie croissent à un taux constant(donc avec une vitesse de
croisière constante) ;
Ø le sentier de croissance est équilibré
(SCE) quand cette régularité respecte en plus l'équilibre
de tous les marchés dans l'économie ;
Ø quand la vitesse de croisière correspondant au
SCE est nulle, le SCE correspond à un état stationnaire.
Parmi les travaux sur la croissance, ce sont ceux de
l'américain Robert SOLOW qui ont permis la formulation d'un
modèle de croissance qui demeure aujourd'hui le cadre de
référence de presque toutes les études sur la croissance.
Il est formellement illustré par une fonction de production
Cobb-Douglas, type de fonction qui constitue une bonne approximation de la
production réelle des économies et présente l'avantage
d'être facilement manipulable. Elle se présente comme
suit :
Où
est la production réelle,
le capital physique,
le travail et
le progrès technique à la date
.
et
sont respectivement les parts relatives du capital physique et du
travail dans la production.
Exprimée en variables par habitant, l'équation
(1) peuts'écrire :
où
est la production réelle par habitant et
le capital physique par habitant.
Le progrès technique étant exogène dans
le modèle de SOLOW, il correspond à une croissance de
à taux constant c'est-à-dire
L'équation (2) se justifie en divisant les facteurs par
L dans l'équation (1) et on obtient :
d'où
En linéarisant l'équation (2) par le logarithme
népérien on obtient :
avec
(
le taux de croissance du progrès technique,
un terme stochastiqueet
).
De (3), on déduit l'expression du taux de croissance de
la production réelle par habitant :
Le taux de croissance de la production réelle par
habitant (
) est donc expliqué, d'après la théorie
néoclassique, par le taux de croissance du capital physique par
habitant
, le terme d'erreurs, représente ce qui échappe à
l'explication de
par
.
dans le modèle est une constante.
Le ralentissement économique, les performances
inégales des économies après le premier choc
pétrolier (1973) et le rôle crucial du progrès technique,
vont, dans les années 1980, orienter la recherche des économistes
vers l'explication de la croissance au-delà des facteurs traditionnels
de la croissance que sont le progrès technique, le capital physique et
le travail. C'est la nouvelle approche de la croissance endogène,
également d'inspiration néoclassique. Trois auteurs sont
emblématiques de cette approche endogène : Paul Romer (1986),
Robert Lucas (1988) et Robert Barro (1990). Les travaux de Paul Romer ont
surtout été orientés vers l'ajout d'un autre facteur, le
capital humain
dans la fonction de production néoclassique :
Avec cette nouvelle fonction de production, le taux de
croissance de la production réelle par habitant
est expliqué par les taux de croissance du capital physique par
habitant
et du capital humain
[Gregory Mankiw, David Romer et David Weil (1992)] :
avec
le terme d'erreur et
une constante.
Se pose alors la question de savoir les faits stylisés
de la croissance économique au Burkina Faso. Ce qui nous conduit
à faire une brève revue empirique des auteurs qui ont
travaillé sur les déterminants de la croissance au Burkina
Faso.
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