Identification des enjeux de la littoralisation liés à l'environnement marin au niveau de la commune de Cité Soleil, Haiti( Télécharger le fichier original )par Almando Kessy MORAIN Université Caraïbe (UC) - Agronomie/Ressources Naturelles 2016 |
LISTE DES ANNEXESANNEXE I : Institutions impliquées dans la gestion des côtes en Haïti. ANNEXE II : Les seuils limites fixées par le SEQ-EAU en 2003 pour l'eau marine. ANNEXE III : Paramètres et Altérations associés du SEQ-Eau. ANNEXE IV : Quelques prises de vue relatives à l'étude. ANNEXE V : Recensement des pêcheurs à Cité Soleil. ANNEXE VI : Table statistiquedu Chi-deux (÷2). INTRODUCTION1.1. ProblématiqueLe milieu marin et les zones côtières adjacentes constituent un élément essentiel permettant l'harmonisation et la continuité de la vie sur terre. Les mers couvrent environ 72 % de la surface du globe et présentent des habitats qui sont, au point de vue biologique, riches et extrêmement variés, allant des eaux côtières peu profondes jusqu'aux endroits les plus sombres de cet univers bleu dans lequel, environ 280 000 espèces ont été recensées, soit 15 % de la biodiversité totale de la planète (Gilles, 2010). Beaucoup de ces espèces sont indispensables au bien-être des humains, soit directement comme ressources renouvelables à valeur marchande, soit indirectement pour maintenir la viabilité des écosystèmes marins. Malheureusement, cette biodiversité qui est le produit de plusieurs milliers d'années d'évolution est menacée sous la pression de l'anthropisation du littoral. La littoralisation est un processus très ancien, mais qui a pris une dimension importante depuis la seconde partie du XXème siècle (Le Lo'ck, 2011) cité par (Nelson, 2012). Il s'agit du processus migratoire des populations vers les littoraux, notamment pour les richesses halieutiques, les échanges maritimes, le loisir, etc. Selon Jean-Pierre et Raphaëlle (2010), ces intenses vagues migratoires seraient aussi liées à l'explosion démographique que subit la planète depuis quelques temps. En 2013, les estimations se portaient sur 7.2 milliards de terriens (ONU, 2013). Selon les prévisions, ces chiffres passeront à quelques 10 milliards en 2050, avec en parallèle, bien évidemment, une urbanisation côtière très poussée (Gilles, 2010). Actuellement, 60 % des populations vit dans une bande côtière de moins de 60 km et une migration de 75 % est prévue pour 2050 (Le Lo'ck, 2011) cité par (Nelson, 2012). En dépit des multiples avantages comme les échanges par voies maritimes, les loisirs et autres qui accompagnent la croissance des populations sur le littoral, les impacts néfastes des activités anthropiques sur les écosystèmes marins sont d'une évidence palpable. L'une des conséquences qui en découle est la surexploitation des ressources halieutiques exprimée par la pression exercée sur certaines espèces (Veronica et al., 2011). De plus, selon Henrickson et al. (2001) cité par Gilles (2010), ce phénomène a occasionné une augmentation de la production des déchets ; de la pollution marine liée aux activités pétrolières, au transport maritime et au rejet des effluents pollués d'origine terrestre, estimés à plus de 80 %. Ce qui peut provoquer la disparition ou la migration de certaines espèces, soit par la modification des paramètres bio-physico-chimiques du milieu, soit par des captures (Dulvy et al., 2003) cité par (Pierre Paul et Thierry, 2005). En Haïti, depuis plusieurs décennies, on observe à une dégradation du milieu marin due au déplacement des populations vers les zones côtières (Eliccel, 2002). Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Ministère de l'Environnement (MDE) (2009), cette dynamique régressive se renforce de plus en plus à cause de l'extrême pauvreté des habitants qui ne cherchent qu'à survivre en utilisant tous les moyens du bord, quoique de manière irrationnelle. En effet, les littoraux haïtiens sont les réceptacles de diverses activités : la pêche, le cabotage, l'exploitation des mangroves, des échanges commerciaux, des festivals et autres divertissements (Michel, 2003). D'après Eliccel (2002), certaines de ces activités, engendrées par la crise économique, ont amené des populations issues de l'intérieur de l'île à se laisser attirer par le littoral pour augmenter les populations préalablement installées. Ces phénomènes migratoires connaissent de très rapides évolutions au fil des années, surtout avec l'augmentation explosive de la population haïtienne estimée à environ 10 911 819 Habitants (IHSI, 2012). En conséquence, la frange côtière, de part et d'autre du pays, est accaparée, exploitée, dégradée et épuisée. Ce qui donne pour résultat, l'image de la dérégulation d'une société qui, bien que pauvre, engendre des indices importants et visibles d'une modification destructive du fonctionnement des écosystèmes marins (Michel, 2003). Ces dynamiques spatiales touchent entre autres, la côte des Arcadins qui est une zone réservée, St Marc, Cap Haïtien, Jacmel, Léogâne, Miragoâne, le golfe de la Gonâve qui comprend la baie de Port-au-Prince incluant naturellement la commune de Cité Soleil (PNUD et MDE, 2007). A Cité Soleil, les empreintes de la littoralisation sont manifestes. Les gens habitent presque directement dans la mer et la densité surélevée de la population de cette commune appauvrie et non sécurisée est d'une évidence non négligeable. Les habitants vivent dans des conditions exécrables et utilisent tout ce qui se trouve à leur portée afin de satisfaire leur besoin. Le niveau d'insalubrité observé dans la commune dépasse l'entendement comme s'il n'existerait aucune forme de gestion des déchets. En plus de ce comportement destructif en matière de production et de gestion des déchets, les habitants de la commune pratiquent également des activités liées directement à la mer comme : les échanges maritimes par l'intermédiaire du wharf, la pêche et des activités récréatives. Tenant compte des habitudes comportementales des occupants de la zone, ces activités ayant un contact direct ou indirect avec la mer ne sont pas sans conséquence sur le milieu. Afin de mettre en évidence certaines facettes de la littoralisation, cette étude propose d'identifier les principaux enjeux de ce phénomène liés au fonctionnement de l'écosystème marin au niveau de la commune. Cette étude permettra, aux autorités étatiques (locales, nationales), aux organisations (locales, nationales et internationales) et à tous ceux qui s'intéressent au fonctionnement du milieu marin ainsi que sa biodiversité, de voir la nécessité de prendre en compte les éventuels impacts des différentes activités anthropiques sur les écosystèmes marins. Elle fournira également certains résultats essentiels à l'élaboration d'un programme de protection visant le maintien des différents facteurs physico-chimiques indispensables à la survie des occupants biologiques du milieu marin. |
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