VI- LES HYPOTHESES
Pour ce qui est de l'hypothèse, précisons que
c'est la réponse anticipée à la question posée.
Nous pouvons de ce fait avoir une hypothèse principale (a) et deux
secondaires (b).
a- Hypothèse principale :
Le renforcement du commerce entre le Gabon et le Cameroun
n'est pas une condition suffisante à la libéralisation des
échanges commerciaux intracommunautaires. Mais il est nécessaire
car il constitue un atout indispensable dans le cadre du commerce
intra-africain.
b- Hypothèses secondaires
Première hypothèse
La position stratégique du Cameroun et du Gabon leur
confèrent le statut de zone de transit, un avantage certain dans le
cadre du renforcement du commerce régional.
Deuxième hypothèse
Le commerce entre le Gabon et le Cameroun est entravé
d'obstacles multiples qui limitent son champ d'expansion en Afrique
centrale.
VII- APPROCHE METHODOLOGIQUE
La méthode est l'approche du chercheur qui consiste
à démontrer les bases sur lesquelles, il a établi son
raisonnement. Ainsi, nous allons adopter une démarche à trois
volets axés sur : la collecte des données (a), l'analyse des
données (b) et l'interprétation des données (c).
a- Collecte des données
Cette étape nous a amené à adopter un
cheminement scientifique basé sur : les entretiens, l'exploitation
documentaire et les enquêtes sur le terrain.
Les entretiens : il s'agit des
différentes informations que nous avons pu recueillir auprès
d'experts du Ministère du commerce, des petites et moyennes entreprises,
de l'artisanat et du développement des services du Gabon, de la CEEAC
siège social à Libreville, de la CEMAC, du MINADER au Cameroun,
de CEA, bureau régional à Yaoundé au Cameroun et du
MINCOM. Cet entretien nous a permis de mieux comprendre les aspects clés
de notre thème et de mieux orienter notre problématique.
L'exploitation documentaire : cette
étape nous a conduit à la consultation des documents relatifs
à notre thème de recherche. Ainsi, nous avons consulté des
mémoires, des rapports de la banque mondiale sur le commerce en Afrique
centrale, ceux de la BAD, des ouvrages, annuaires statistiques, des rapports de
douane aux postes phytosanitaires du Cameroun.
Enquêtes sur le terrain : les
enquêtes sur le terrain nous ont amené dans les différents
lieux de distribution des produits alimentaires des deux pays. Nous nous sommes
ainsi rendus au port d'Owendo, au port d'embarquement d'ANTARES à
Libreville au Gabon, dans certains marchés de la capitale gabonaise,
marché banane du B2, et celui du PK8. Mais également, aux
marchés frontaliers d'Abang Minko'o et de Kyé-ossi au Cameroun.
Cette enquête nous a permis de voir dans les faits ce sur quoi la
littérature courante nous informe, et prendre des photos pour
présenter à l'opinion les lieux de stockage et de distribution
des principaux produits échangés
b- Analyse des données
La méthodologie constitue selon M. Grawitz,
« l'ensemble des opérations intellectuelles, par
lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités
qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie.
»14. Précisons au passage, qu'aucune méthode
précise n'existe en relation internationale, la dimension
pluridisciplinaire des sciences sociales nécessite que l'on emprunte
à d'autres sciences pour mieux expliquer les phénomènes
internationaux. C'est dans cette optique qu'Augustin Kontchou Kouomeni affirme
que «la science des Relations Internationales, dans ses efforts vers
la scientificité utilise les méthodes des autres sciences
14Madeleine Grawitz, Méthodologie des sciences
sociales, Paris, 11ème Edition, 1991, p252.
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sociales (comme l'économie, l'histoire politique,
la psychologie etc.)15 » épris de cette
démarche, nous avons choisis d'adopter deux méthodes dont la
méthode géopolitique et la méthode prospective.
La géopolitique telle que définie par
François THUAL, « étudie le comportement des Etats ou de
tout groupe organisé qui donne lieu à des actions16
» ainsi définie, cette méthode va nous permettre de
cerner les enjeux du renforcement du commerce régional, et du choix du
Cameroun et du Gabon comme fer de lance du renforcement du commerce en Afrique
centrale. Quant à la méthode prospective, elle est selon Edward
Cornish17, l'anticipation à l'avenir et au
développement des stratégies d'actions. Mais la vision
prospective telle que nous l'envisagions, doit tenir compte de
l'interdépendance économique notion inspirée de «
l'économie externe » d'Alfred Marshall «
l'interdépendance doit s'enrichir encore si l'on introduit dans la
science économique des anticipations des sujets en face d'un future
rempli de risque18 ». Par l'usage de la prospective comme
méthode d'analyse, nous allons ainsi montrer que par la levée des
obstacles au commerce et la mise en place de la zone de
coprospérité, le commerce entre le Gabon et le Cameroun pourra
pousser vers le haut le commerce intracommunautaire en Afrique centrale.
c- Interprétation des données
Pour l'interprétation de nos données, nous avons
mobilisés quatre théories en relation internationale.
Premièrement, le réalisme Au
sens monolithique, la théorie réaliste désigne l'Etat
comme le centre décisionnel à l'origine de la formulation de la
politique étrangère, dont le plus haut décideur incarne
l'unité19. En clair, elle place l'Etat comme acteur unique
des relations internationales, il est le seul à décider avec qui
il devra entretenir des relations de coopération. De fait, cette
théorie nous permet de comprendre les choix politiques des deux Etats.
Les relations sinueuses entretenues par le Gabon et le Cameroun depuis les
15 A. KONTCHOU KOUAMEGNI, «méthodes de
recherche, et domaines nouveaux en Relations Internationales», in
Revue Camerounaise des Relations Internationales, édition
spéciale XXIe anniversaire de l'université de Yaoundé,
n° 1, Octobre-Décembre 1983, pp. 55-56.
16 François THUAL, Méthode de la
géopolitique, apprendre à déchiffrer
l'actualité, Dunod, 1993, p. 20.
17 Edward Cornish, Futuring: the exploration of the
future, Londres, 2004, p.313.
18 Alfred Marshall, « la prospective
économique », in revue économique volume 16, N°2,
1965, p.316.
19 Amélie Blom, Fréderic charillon,
théories et concepts des relations internationales, paris, Hachette
supérieur, p. 83.
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indépendances traduisent à suffisance
l'interdépendance des deux Etats dans la préservation de leur
intérêt commun, celui de devenir des véritables leaders de
la sous-région.
Deuxièmement, nous avons le
libéralisme, il met en évidence la
liberté des Etats dans leurs choix politiques, économiques voire
religieux. Dans le cadre de notre étude, l'aspect économique sera
pris en compte car, il pourra au mieux justifier le choix stratégique du
Cameroun par le Gabon comme partenaire commercial privilégié au
détriment des autres pays limitrophes.
Troisièmement, le transnationalisme
celui-ci vient remettre en cause le monopole de l'Etat comme garant
des intérêts économiques et commerciaux. Par cette
théorie, nous voulons montrer le rôle d'acteurs autres que l'Etat
qui imposent leur volonté et transpercent les lois et règlement
en matière de commerce régis par les Etats et les
communautés économiques régionales. Elle va nous permettre
également pour ce qui est du commerce entre le Gabon et le Cameroun de
mettre en évidence le commerce frontalier informel qui échappe au
contrôle de l'Etat à travers des circuits parallèles
développés par des commerçants mafieux. Ce commerce
représente pour bon nombre d'experts une part non négligeable du
commerce frontalier en Afrique centrale et une perte considérable pour
les Etats. En dehors des acteurs individuels, nous avons aussi les acteurs
collectifs tels que l'OMC, l'Union Européenne à travers les
Accords de Partenariats Economiques (APE) qui influencent également le
commerce en Afrique centrale. Pour le cas de l'Organisation Mondial du
commerce, elle impose aux Etats et aux Communautés Economiques
Régionales (CER) des nouvelles règles en matière de
commerce international. Quant aux APE, ils marquent encore une fois de plus, la
ferme volonté des Etats européens de s'implanter en Afrique et de
contrôler les chaines de distributions en Afrique centrale. Cela peut se
traduire par exemple par, l'accord collectif de partenariat économique
entre l'Union Européenne et la CEMAC.
Quatrièmement, la nouvelle théorie du
commerce international et de la croissance endogène pour
Grossman et Helpmann, « l'ouverture permet d'augmenter les
importations domestiques de biens et services qui incluent des nouvelles
technologies. Grâce à l'apprentissage par la pratique et le
transfert de technologies, le pays connaît un progrès
technologique, sa production devient plus efficiente et sa productivité
augmente. On s'attend alors que les économies plus ouvertes croissent
à un rythme plus rapide que celles plus protectionnistes20
». Par cette théorie, nous voulons montrer la
nécessité pour le Gabon et le
20 FOUDA EKOBENA S.Y, « commerce intra-région et
croissance économique : quels enjeux pour la sécurité
alimentaire dans l'espace CEMAC » in contribution pour la
conférence annuelle du projet d'analyse du commerce mondial (GTAP),
Dakar, juin 2014, p.5.
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Cameroun de libéraliser les échanges pour
atteindre la croissance escomptée par le renforcement du commerce
intracommunautaire.
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