I.2. Les facteurs
d'attractivité liés aux aménités, à
l'aménagement territorial et au climat des affaires
Un des facteurs le plus important pour les entreprises de
l'industrie est le transport : proximité aux axes structurants, les
avantages logistiques et l'accessibilité (facteur le plus important dans
l'enquête réalisée par Aguiléra-Belanger & al.
(1999). Dans ces facteurs on peut classer d'une part, les transports, les
infrastructures, le taux d'utilisation d'internet, et d'un autre
côté, on a la qualité du climat des affaires.
I.2.1 Transports,
infrastructures, et internet
i. Les
transports
Les coûts de transport varient selon les types
d'activités. Pour l'industrie, la localisation des usines est
dépendante des coûts du transport, si la part des coûts
directs de transport dans le prix de revient des produits dépasse 5%
(Merenne-Schoumaker, 1991). C'est pour cela qu'un grand nombre d'entreprises
industrielles ont pour objectif de minimiser les coûts liés aux
transports.
En plus, si nous revenons dans le modèle
élaboré par Weber (1909 ; op.cit.), trois facteurs
influencent la localisation des industries : deux facteurs régionaux
(les coûts de transport et les coûts de main-d'oeuvre) et un
facteur local (les forces d'agglomérations). Les coûts de
transport sont le facteur le plus important. Dans le triangle de Weber, deux
sommets représentent les points d'offre de deux matières
premières et un point la demande de produit fini, la main-d'oeuvre
étant disponible partout. Le point du coût minimum de transport
est déterminé à l'intérieur ou à l'un des
sommets du triangle, les distances étant pondérées par le
poids des biens transportés (Ponsard, 1988). Ceci montre que le
transport, plus précisément les coûts de transport sont
surveillés de très près par les industries.
Les acteurs territoriaux tels que les élus locaux et
les administrations publiques mettent donc tous en oeuvre pour doter leur
territoire des infrastructures et modes de transport diversifiés. Dans
le cas de la région du Centre, les modes de transport utilisés
sont les transports terrestres majoritairement (route, chemin de fer). Pour ce
qui du transport aérien, ce mode n'est pas trop utilisé par les
industries, du fait des difficultés de relance de ce type de transport.
Les caractéristiques en termes de transport de la région
sont regroupées ainsi qu'il suit :
Tableau 8 :Évolution du réseau
routier national par région (en km)
Source : MINTP/Direction des Routes
(2013)
Tableau 9 : Evolution des quantités
des principales marchandises du trafic ferroviaire (en milliers de
tonnes)
Source : CAMRAIL (2013)
Les tableaux ci-dessus signifient qu'en termes
d'accroissement du réseau routier, la région du centre est parmi
les régions qui ont le plus grand nombre de route bitumé et un
réseau dense. Le second tableau quant à lui, montre que les
industries dans la région du centre ceux qui utilisent le plus le
transport ferroviaire, pour le transport de leurs matières
premières et des multiplesproduits de consommation intermédiaire
qui leur est indispensable.
ii. Infrastructures et
utilisation d'internet
A côté des infrastructures de transport, il y'a
également d'autres types d'infrastructures qui peuvent être
évoqués. C'est le cas des bâtiments, des entrepôts,
magasins et surtout du niveau d'intégration des technologies de la
communication et de l'information (TIC) dans les systèmes de production
des industries.
L'accès au foncier et surtout à la
propriété foncière est un élément
déterminant de de l'implantation et du fonctionnement des industries.
Celle-ci doivent pouvoir se situer sur de vastes terrains, qui sont proche des
grands axes routiers pour le déplacement des produits. Le coût de
la location doit aussi être modéré, car faisant partie
intégrante des coûts de production de l'industrie.
Pour ce qui concerne les TIC et l'utilisation d'internet par
les industries, il faut dire qu'avec l'évolution technologique, les
industries ont intégré les techniques de production
mécanisé et presque robotisé pour réduire la
durée de passage des produits dans les ateliers de montage. Aussi, avec
les bienfaits des ventes et/ou achats en lignes par internet les industries
s'en arriment à la donne, veulent maintenant s'arrimer à la
demande en terme de qualité et d'exigence des clients. C'est pourquoi
dans les diverses activités de celles-ci, la Recherche et le
développement des produits constituent un point majeur de leurs
dirigeants.
I.2.2 Qualité et
climat de l'environnement des affaires dans la région de
centre
En ce qui concerne ce facteur, il faut dire qu'il est
inhérent à l'ensemble du pays. En effet, faire les affaires dans
la Région du Centre, c'est d'abord avant tout, faire les affaires au
Cameroun. Ceci peut s'avérer difficile pour plusieurs raisons dont les
principales sont liées à la corruption, les lenteurs
administratives, le difficile accès au crédit ou encore la
difficulté d'accéder à la terre.
i. Corruption et
environnement juridique
Il existe plusieurs définitions du mot corruption. Pour
Transparency International, la corruption est l'abus du pouvoir public ou
privé pour satisfaire des intérêts particuliers. Il est
question à ce niveau, de corruption passive ou active entre un
fonctionnaire et un particulier. La corruption concerne aussi des transactions
entre particuliers : « Est corrompu, le comportement des
personnes investies de tâches publiques ou privées qui manquent
à leurs devoirs dans le but d'en retirer des avantages
injustifiés de nature quelconque ». Elle possède
plusieurs noms dans le vocable populaire Camerounais : Gombo,
bière, taxi, motivation, carburant etc...
La Région du Centre, tout comme le Cameroun tout entier
regorge de plusieurs potentialités. Mais traîne cependant une
réputation peu reluisante d'un pays où la corruption est
rampante. Selon les résultats du Recensement Générale des
Entreprises, la corruption occupe le deuxième rang parmi les principaux
obstacles à l'entreprenariat au Cameroun.
Un peu plus de 50% des chefs d'entreprises interrogés
ont affirmé que la corruption constitue un obstacle au
développement de leurs activités. Le haut niveau de corruption
dans la région en particulier et au Cameroun en général
reste une spécificité du pays. Malgré les pressions
internationales et de nombreuses lois pour combattre ce fléau, la
pratique reste une constante de la vie de tous les jours.
Selon la Commission Nationale anti-corruption (CONAC), 40% des
recettes enregistrées chaque année ne servent pas au
développement pour cause de corruption.
Selon le RGE ; les opérateurs économiques
ont également indiqué dans une proportion non négligeable
(10.7%) que le droit et la justice demeurent des freins important au plein
épanouissement du secteur privé. Il ne s'agit que d'une
confirmation, puisque lors d'une enquête de la Banque Mondiale
(1996) ; les entreprises indiquaient déjà que l'un des plus
grands obstacles au développement du secteur privé était
sans conteste le mauvais fonctionnement de la justice. Cela se manifeste dans
la pratique par les lenteurs dans le règlement des différends, la
partialité de certains magistrats et même l'insuffisance d juges
formés dans le droit commercial ou industriel.
D'après le rapport Doing Bussiness 2010, le nombre
d'étapes nécessaire entre le dépôt d'une plainte et
son règlement (nombre de procédures) est de 43 pour le Cameroun
contre environ 39 pour le reste de l'Afrique au sud du Sahara. Le délai
nécessaire pour voir aboutir cette plainte est de 800 jours (plus de
deux ans) au Cameroun, contre 462 jours environ pour les pays de l'OCDE.
Tableau 10 : comparaison du nombre de
procédures et des délais de règlements des
différents commerciaux entre le Cameroun, l'Afrique Sub-saharienne et
les pays de l'OCDE
Indicateurs
|
Cameroun
|
Afrique sub-saharienne
|
OCDE Moyenne
|
Nombres de procédures
|
43
|
39.2
|
30.6
|
Délai (jours)
|
800
|
643.9
|
462.4
|
Coût (% de la créance)
|
46.6
|
49.3
|
19.2
|
Source : Doing bussiness 201.
L'enquête annuelle du GICAM met
régulièrement en exergue l'influence des facteurs juridiques sur
les décisions d'investir. En effet, sept chefs d'entreprise sur dix
estiment que le cadre juridique a un impact globalement négatif sur la
décision d'investir. Parce qu'il est convaincu que toute les
réformes nécessaires ne peuvent être
concrétisées immédiatement et en même temps, le
GICAM suggère que les pouvoir publics établissent des
priorités et veillent à l'effectivité de leur
concrétisation.
IL faut également dire que parmi les chefs
d'entreprises qui exercent au Cameroun, les plus pessimistes sur l'impact de la
justice selon les résultats du RGE sont les Américains avec 47.4%
de mauvaise opinion, suivi des Français avec 18% d'opinion
défavorable, ainsi que les autre européens qui sont à
17,6% à avoir une mauvaise opinion sur l'environnement des affaires au
Cameroun.
ii. L'environnement fiscal
et financier
Pour 59% des chefs d'entreprises (d'après les
résultats du RGE 209), la fiscalité demeure pour eux de loin le
premier obstacle à l'entreprenariat au Cameroun. Les chefs d'entreprises
de nationalité américaine sont ceux qui se plaignent
véritablement des pratiques fiscales au Cameroun, suivis des
français et des autres Européens.
Le problème de la fiscalité se pose en termes de
relations entre l'administration et les entreprises. Il ne s'agit pas d'un
problème de taux élevé d'imposition comme le montre le
tableau suivant :
Graphique 1 : Proportion des chefs
d'entreprises jugent la fiscalité comme premier obstacle à la
compétitivité suivant les nationalités
Source : RGE (2009)
A titre de comparaison, on note que le taux de pression
fiscale est estimé à11,7% au Cameroun, bien en dessous du niveau
de certains pays de la CEMAC comme le Gabon (23,2%), la Guinée
Equatoriale (19,4%), le Congo (16,6%) de des pays européens comme la
Suède (environ 50%). Par contre, selon le rapport « Doing Business
2010 » de la Banque Mondiale, il faut environ 654 heures à un chef
d'entreprise au Cameroun pour régler ses impôts contre seulement
270 heures en Côte d'Ivoire, 315 heures en moyenne pour les autres pays
d'Afrique subsaharienne et 194 heures pour les pays de l'OCDE. On peut noter
cependant que ce délai est en nette baisse car il a été
réduit de plus moitié entre 2009 et 2010, passant de 1400 heures
à 654 heures.
Selon le même rapport, on note qu'une entreprise
camerounaise paie en moyenne 44 taxes par an, ce qui est excessif devant les 14
taxes que paie une entreprise dans l'espace OCDE ou 37 dans les autres pays
d'Afrique au Sud du Sahara. Le chef d'entreprise subit ainsi la visite de
plusieurs structures en charge de la collecte des taxes et peut voir à
tout moment son entreprise mise sous scellée pour défaut de
paiement de telle ou telle taxe. L'impact sur sa productivité et par
conséquent sa compétitivité est de toute évidence
négative. C'est ainsi que le tableau suivant essaie de faire une
comparaison en termes de nombres de pratiques fiscales sans un certain nombre
de pays.
Tableau 11 : Comparaison des pratiques
fiscales dans quelques pays
Source : Doing Bussiness
(2010)
En ce qui concerne l'environnement financier (plus
particulièrement l'accès au crédit), il faut rappeler
qu'il est en amont de toute stratégie pour la
compétitivité. Car l'exigence d'un personnel qualifié,
l'acquisition d'un matériel de production approprié l'extension
des activités sur un grand espace géographique nécessitent
des moyens financiers importants pas toujours à la portée des
entreprises. L'accès aux financements extérieurs en faveur des
entreprises reste faible et trop sélectif.
Les investissements productifs à moyen et long terme
sont pour l'essentiel financés en dehors du secteur bancaire, surtout
par autofinancement. Les banques camerounaises s'engagent très peu dans
le financement des activités économiques. Pour pallier à
certaines insuffisances des banques et venir au secours des
délaissés du système bancaire traditionnel le gouvernement
camerounais à libéraliser le secteur de la microfinance qui
apparaît aujourd'hui comme un complément au financement bancaire.
Le financement extérieur des entreprises pose un
problème majeur pour leur éclosion, leur activité et leur
développement. Pour 37,6% des chefs d'entreprises, la difficulté
d'accès au crédit est un obstacle à leur
développement. Toutefois, cet obstacle est plus ressenti par les TPE et
les PME (près de 42%) que par les grandes entreprises (20%) qui sont
pour la plupart filiales des firmes multinationales.
Tableau 11 :Pourcentage des entreprises ayant
déclaré avoir les difficultés d'accès aux
crédits par type
Type d'entreprises
|
Pourcentage d'entreprise
|
TPE
|
34.7
|
PE
|
40.7
|
ME
|
42.5
|
GE
|
20
|
Totale
|
37.6
|
Source : INS/RGE (2009)
Après avoir recenser les facteurs d'attractivité
territoriaux de la région du centre, nous allons à présent
ressortir les facteurs qui sont liés aux entreprises industrielles de la
région eux-mêmes.
|