5-REVUE DE LA
LITTÉRATURE
Le phénomène d'attractivité territoriale
fait l'objet d'une abondante littérature théorique et empirique.
En effet, la conduite des recherches sur la problématique de
l'attractivité des territoires a poussé les théoriciens
à soulever certains questionnements ; tels que pourquoi une
entreprise multinationale choisit-elle d'implanter une filiale dans tel pays
d'accueil et dans tel région plutôt que dans tel ou telle autre
région ? qu'est-ce qui rend une région ou une
localité plus attractive qu'une autre dans un même pays ? En
effet l'une des difficultés, et non la moindre auquel se trouve
confronter une entreprise après avoir fait le choix de s'implanter dans
un pays, est celui du choix de sa localisation dans région
stratégique du pays. C'est ainsi que Marshall (1890) dans ces analyses
énonce quelques approches ouvrant les voies au positionnement de
l'entreprise dans l'espace. L'auteur attribut la localisation des
activités économiques dans le temps et l'espace à trois
principaux éléments : le premier lié aux conditions
internes de production de l'entreprise, le second tient à l'organisation
même des systèmes territoriaux de production, et le
troisième est lié aux aspects externes à l'entreprise.
L'inconvénient ici est qu'il raisonne dans le cadre
d'une analyse infra-étatique qui tendrai à expliquer la
localisation dans les différentes localités d'un pays.
Pour les auteurs de l'approche néoclassique de la
localisation des activités (économie spatiale), l'entrepreneur
est considéré comme un être rationnel qui dispose de toute
l'information nécessaire, ce qui lui permet donc d'opter pour une
localisation optimale, c'est-à-dire celle lui permettant d'avoir un
maximum de profit. C'est dans ce sens Weber (1909) considéré
comme le père de la localisation industrielle, a affirmé que
l'activité industrielle se détermine par une localisation
ponctuelle caractérisée par une implantation a un point
précis et qui minimise les coûts de transport et de transfert.
D'après lui, trois facteurs sont à tenir en compte pour la
localisation d'activités industrielles : deux facteurs
régionaux (les coûts de transport et la main d'oeuvre) et d'un
facteur local (les forces d'agglomérations). Néanmoins, le fait
qu'il semble uniquement tenir compte des facteurs régionaux, cela jouet
sur la solidité de son modèle car la ressource territoriale n'est
que physique, mais également idéelle. Et le fait que cette
ressource territoriale peur être construite, contribue à rendre un
territoire attractif.
L'économie spatiale présentée plus haut
laisse entrevoir une brèche qui évoque la notion
d'économie d'agglomération, à travers Weber qui parlait
plutôt de « forces d'agglomération » pour
désigner les facteurs permettant d'expliquer la localisation des
activités industrielles en dehors des coûts de transport et de la
main d'oeuvre. Cette notion sera reprise plus tard par Krugman (1991) et
constituera ainsi un point principal de Nouvelle Économie
Géographique (NEG) construite et développée dans le cadre
de la concurrence imparfaite (monopolistique) et des rendements croissants. Les
phénomènes d'agglomération caractérisant les
économies modernes s'appuient sur un concept de causalité
circulaire pour expliquer la localisation industrielle à travers un
processus cumulatif, car d'après Essombè Edimo (2015) certaines
régions « centres » constituent le choix
privilégié des firmes en délaissant d'autres
régions dites « périphériques ».
Cependant, ce courant ne semble pas dire comment faire pour déterminer
le niveau d'attractivité des localités infra-territoriales, qui
semblent être aux files des temps un point stratégique pour
l'attractivité territoriale des pays.
La NEG mettant l'accent sur les phénomènes de
polarisation, qui trouve ses origines dans la thèse de Marshall ;
explique l'attractivité des territoires résulte de la combinaison
des forces centripètes qui font converger le capital vers le capital
déjà présent dans un espace donné et des forces
centrifuges qui éloignent au contraire l'installation de nouvelles
entreprises des localisations existantes. Les forces centrifuges étant
essentiellement dues à une concurrence plus forte sur le marché
des biens et sur celui du travail et à des effets d'engorgement. A
l'inverse, les rendements d'échelle croissants et les effets externes
associés à la multiplication des firmes créent des forces
centripètes qui favorisent leur concentration sur le même
territoire (Friboulet, 2009). D'après lui, parler d'attractivité
revient à raisonner en termes de compétition entre les
territoires et non plus en termes de concurrence autrement dit à prendre
en compte le fait que les régions ou les États n'ont jamais
été sur une même ligne de départ mais
bénéficient d'avantages ou de désavantages
légués par l'histoire et la géographie. Il conclue donc
que l'attractivité est fondée sur cinq variables : la taille
du marché du pays d'accueil, le nombre de firmes déjà
présente sur le marché, le cout du travail et du capital dans la
région d'accueil après prise en compte des mesures fiscales
incitatives et enfin la qualité des infrastructures publiques et du
capital humain (Mucchielli, 1998). Cependant, il faut relever que
l'étude a été menée dans le cadre des pays
développé d'Europe uniquement.
Dans le même temps, on observe par ailleurs un
glissement significatif des problématiques guidant les politiques
d'attractivité. En effet, les débats théoriques tendent
à mettre d'avantage l'accent sur la qualité de l'organisation du
système productif local (Courlet, Pecqueur et Soulage, 1993) et la
dynamique de la régulation locale. En effet, la qualité
d'organisation d'un territoire détermine son niveau
d'attractivité. Dans les analyses des facteurs de localisation des
entreprises, les théoriciens de l'économie industrielle et
territoriale prennent en compte la dimension productive de l'ensemble des
relations (marchandes et non marchandes) entre les différents acteurs
d'un territoire. Depuis, de nombreux travaux ont essayé d'étudier
les territoires en combinant logiques de marché (avec leurs aspects
économiques) et logiques territoriales et leur aspect extra
économiques (social, culturel, politique, ...). Influencés par
les travaux de Marshall (1890) sur les `'Districts Industriels'', et
ceux de Courlet (2001) sur le système productif
localisé
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