Conclusion
A la lumière de cette étude qui s'achève,
il sied de rappeler que notre analyse a porté sur les stratégies
d'implantation des firmes multinationales chinoises au Tchad et leur
contribution à la diversification de l'économie tchadienne. Le
choix de ce thème de recherche part d'un constat que, les
multinationales chinoises s'implantent de plus en plus dans ce pays et
l'ampleur de ce phénomène attire l'attention des acteurs, tant
publics que privés en termes de retombées. L'investissement
direct étranger (IDE) réalisé par les multinationales
chinoises fait partie intégrante d'un système économique
international ouvert et efficace et constitue un des enjeux majeurs pour le
développement économique des nations. Les avantages qu'il procure
ne se manifestent pas de manière automatique et se répartissent
inégalement entre les nations, les secteurs et les collectivités
locales.
Les firmes multinationales chinoises ont fortement
augmenté leur présence en Afrique subsaharienne à partir
du milieu des années 2000, pour devenir un acteur important et
incontournable de la scène africaine. Les IDE chinois ont suscité
de nouveaux espoirs en Afrique: ils pourraient à la fois
représenter un financement additionnel nécessaire au
développement et, pour certains, leur spécificité sud-sud
suggère que les IDE chinois pourraient être plus profitables aux
pays d'accueil. Aujourd'hui la question de la diversification économique
est au coeur de l'actualité de tous les pays en voie de
développement. Les politiques nationales jouent un rôle important
dans le cadre de la diversification économique. C'est aux pays d'accueil
qu'il incombe de mettre en place les conditions nécessaires et de
renforcer les capacités humaines et institutionnelles susceptibles de
leur permettre d'atteindre certains niveaux de développement.
Notre étude a eu pour objectif principal d'analyser les
effets des stratégies d'implantation des firmes multinationales
chinoises sur la diversification de l'économie tchadienne. Pour ce
faire, nous avons choisi trois indicateurs: l'indice d'Ogive (OGV), l'indice de
Hirschman (H) et l'indice composite de spécialisation (SPE) qui sont les
plus couramment utilisés pour apprécier le degré de
concentration ou de diversification d'une économie. A partir de
l'estimation de ces indices, nous sommes parvenus à des résultats
importants. Les estimations de ces indices ont montré l'existence de
deux phases : la première phase est celle qui couvre la période
de 1987 à 2000 et la seconde est celle de 2001 à 2012. Durant la
première phase les indices estimés ont baissé, cela
suppose une tendance au renforcement de la diversification économique.
Par contre, dans la deuxième phase les indices
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estimés ont connu une tendance à la hausse, cela
se traduit par un affaiblissement de la diversification économique.
Notre étude présente des limites dues à
la nature des données utilisées. En effet, comme nous avons
souligné ci-dessus, les entreprises chinoises ont réalisé
des investissements au Tchad dans presque tous les domaines de
l'économie. Malheureusement, la prise en compte de toutes ces dimensions
n'est pas toujours facile du fait qu'il est difficile de collecter toutes les
informations y relatives. De plus, les données utilisées pour
estimer les indicateurs sont prises dans le cadre global et ne concernent que
les grandes entreprises qui ont investi dans le pétrole, cela n'aurait
pas permis d'apprécier correctement l'apport des investissements directs
étrangers chinois à la diversification de l'économie
tchadienne. Nous souhaitons donc entreprendre les études dans ce sens
qui est d'autant plus essentiel pour la politique économique du fait
qu'elles pourront aider l'Etat dans sa prise de décision aux choix
judicieux pour ses investissements. Suite à ces résultats, nous
concluons que les stratégies d'implantation adoptées par les
firmes multinationales chinoises ne contribuent pas à la diversification
de l'économie tchadienne pour plusieurs raisons :
- les grandes entreprises chinoises ont investi uniquement
dans le domaine des
ressources naturelles (pétrole). En effet, il faut
quand même souligner qu'avant l'implantation de ces firmes, il existait
bien d'autres investisseurs dans ce secteur, ce qui fait que les effets
d'entraînement des investissements de ces entreprises ne sont pas
directement ressentis sur l'économie tchadienne en termes d'apport
d'éléments nouveaux;
- les investissements faits par les entreprises chinoises dans
le domaine des bâtiments et travaux publics ne contribuent pas au
processus de la diversification de l'économie. Par contre, ce type
d'investissements fournit à l'économie nationale des
infrastructures nécessaires qui peuvent faciliter la réalisation
de toute activité économique ;
- et enfin, on constate également une absence totale de
la politique du gouvernement dans le cadre de l'organisation de la
diversification économique du pays.
La diversification de l'économie a besoin d'un
environnement socioéconomique stable et un cadre juridique
approprié.
Tout travail scientifique a notamment pour but de contribuer
à la résolution d'un problème en vue d'assurer le bien-
être de la population. Nous ne pouvons pas terminer notre propos sans
formuler quelques recommandations. Compte tenu des limites ci-dessus, nous
suggérons ce qui suit pour les études ultérieures. Pour
pallier à ces insuffisances nous proposons, des
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mesures de politique qui pourraient, si elles sont bien
appliquées permettront au Tchad d'amorcer le processus de sa
diversification économique.
y' Pour maximiser les effets d'entraînement des firmes
multinationales chinoises sur la diversification de l'économie
tchadienne, il faut promouvoir la politique de zones économiques
spéciales. Cependant, c'est cette politique qui a permis à la
Chine aujourd'hui d'être le plus grand importateur du monde. En effet,
cette politique peut être efficace dans le cas des pays africains et plus
particulièrement pour le Tchad;
y' L'Etat doit faire la promotion du secteur privé en
fonction des atouts dont dispose le pays pour attirer davantage les
investisseurs dans plusieurs domaines ;
y' Le pays doit investir dans des activités ayant une
intensité capitalistique assez élevée. L'industrie
manufacturière doit être développée pour pouvoir
exporter à terme des produits manufacturiers afin de modifier la
structure de ses exportations dominées par des produits agricoles,
l'élevage et le pétrole. Dans cette même lancée les
activités des principales industries du pays comme industries chimiques
du Tchad doivent être relancées et mises hors gestion politicienne
;
Et ainsi toute sorte d'industrie de substitution aux
importations doit être découragée si les avantages
comparatifs du pays ne les permettent pas. La promotion de l'industrie
nécessite une bonne politique de l'énergie car les nombreux
délestages de la SNE, découragent tout industriel voulant
s'installer au Tchad ;
y' Dans les grandes entreprises chinoises la main-d'oeuvre
qualifiée est chinoise et les emplois se font au détriment des
travailleurs tchadiens. On doit veiller à ce que les dépenses
d'éducation soient efficaces. Les formations doivent être
adaptées aux réalités du pays afin de renforcer les
capacités des ressources humaines dans le but de rechercher une
adéquation entre les programmes de formation et le marché du
travail.
y' Créer un environnement propice au commerce
extérieur en révisant les mesures tarifaires et non tarifaires
afin de réduire les coûts des transactions. Cette politique
d'ouverture économique permettra au Tchad de tirer profit des effets
bénéfiques de la mondialisation ;
y' Maîtriser le risque pays afin d'attirer plus les
investisseurs étrangers ;
y' La corruption est généralisée et elle
prend de plus en plus d'ampleur même dans la magistrature, le fait que la
justice soit intégralement contrôlée par l'exécutif
qui l'utilise à son gré ne peut pas faciliter l'environnement des
affaires ;
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y' La transparence dans la passation des marchés
publics n'est pas ce qu'elle devrait être. La corruption est bien
présente dans ce domaine ;
y' Améliorer l'accès aux infrastructures et les
rendre plus abordables et fiables, particulièrement pour les
entreprises. Il s'agit entre autres d'abolir les innombrables péages le
long des routes, de réduire les tracasseries administratives
liées aux formalités de transport, de sécuriser les voies
de communication ;
y' Améliorer la coopération et le commerce au
niveau régional grâce à des meilleures connexions
transfrontalières des infrastructures.
Les solutions proposées dans cette étude ne sont
pas exhaustives. Il faut signaler également que l'étude sur les
effets des stratégies d'implantation des firmes multinationales
chinoises à la diversification de l'économie tchadienne est
beaucoup plus complexe, qu'on le croit réellement, d'autant plus que,
les effets sur cette dernière sont à la fois directs et
indirects. Le problème étant d'actualité, il serait
important qu'une attention particulière soit accordée à
une évaluation des effets directs et indirects L'analyse se complique
davantage du fait que cet impact dépend étroitement du mode
d'implantation du secteur d'activité, de la concurrence entre les FMN et
les firmes locales, et du degré du développement du pays
d'accueil.
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