FSE
N° d'ordre:14
Année: 2015 -2016
UNIVERSITE MARIEN NGOUABI FACULTE DE SCIENCES
ECONOMIQUES
MEMOIRE
Pour l'obtention du diplôme de Master
Mention: Economie de l'Entreprise
Parcours: Recherche
Option/Spécialité: Economie et
Organisation de l'Entreprise
Présenté et soutenu
publiquement Par NASSOUR Ali Titulaire de La Licence
d'Economie Fondamentale Année académique 2010-2011
Les strategies d'implantation des firmes
multinationales chinoises au Tchad et leur contribution à la
diversification de l'économie tchadienne.
Directeur de mémoire
Bethuel MAKOSSO, Maître de
Conférences (CAMES), Chef de département des Masters à la
faculté de Sciences Economiques de l'Université Marien Ngouabi,
République du Congo.
Jury
Président: Bethuel MAKOSSO,
Maître de Conférences (CAMES), Université Marien Ngouabi
(Congo)
Rapporteur: JJ KIMO, Maître-assistant
(CAMES), Université Marien Ngouabi (Congo) Membre: T. DZAKA
Kikouta, Maître-assistant (CAMES) HDR, Université Marien
Ngouabi (Congo)
DEDICACE
La vie, elle est parfois dure de par ce qu'elle réserve
à l'être humain le bonheur et le malheur, la douleur et
l'apaisement, le succès et l'échec. Ce sont les vicissitudes qui
s'invitent chez l'homme au quotidien. Qu'il me soit permis, ce jour, de
dédier cette oeuvre en mémoire de ma feue mère FATOUMA
Hassane. Tu gouverneras mes pas, m'élevas, m'éduquas et tu te
dévouas si merveilleusement bien que presque rien ne me manquât.
Mais contre toute attente, tu disparus. Ton décès m'a
été effroyablement fatal et me chagrine. Repose- toi en paix.
II
REMERCIEMENTS
La rédaction d'un travail de recherche ne saurait
être l'oeuvre exclusive d'une seule personne. Il serait trop
prétentieux d'affirmer que c'est sans le concours d'autres personnes que
nous sommes venu à bout de ce travail.
Nous adressons nos plus profonds remerciements à notre
directeur de mémoire, Professeur Bethuel MAKOSSO, pour la confiance
qu'il a su nous accorder, pour ses conseils avisés et ses
recommandations décisives. Nous le remercions tout
particulièrement pour la disponibilité et le soutien dont il a
toujours su faire preuve à notre égard. Nous lui exprimons toute
notre gratitude, pour l'affection et la gentillesse qu'il nous a toujours
témoignées. Nous saluons aussi sa souplesse, son ouverture
d'esprit et sa bonne humeur qui ont su nous laisser une large marge de
liberté pour mener à bien ce travail de recherche.
Nous tenons à remercier le Professeur NDINGA Mathias,
le Doyen de la Faculté des Sciences Economiques, principal artisan dans
le suivi dont nous sommes l'objet, ainsi que tous les enseignants de
l'Université Marien Ngouabi et ceux de la faculté des Sciences
Economiques en particulier à qui nous devons cette formation
universitaire.
Nous remercions également monsieur ABBA DANNA, le
Recteur de l'Université Virtuelle de Ndjamena, monsieur ALI Abderaman
Haggar, le Recteur de l'Université de Ndjamena, AWAT Hissein et TOINAR
Anatole respectivement Doyen de la Facultés des Sciences Economiques et
Gestion de l'Université de Ndjamena et Doyen de la faculté des
Sciences Economiques et Gestion de l'Université de Sarh, DJIBRINE Hassan
Lawan et Mahamat MOUTA tous deux enseignants chercheurs à
l'Université de N'djamena d'avoir consacré une partie de leur
temps durant notre parcours permettant ainsi la réalisation de ce
travail.
Nos remerciements vont principalement à : notre
père Ali Badradine, nos oncles ZAKARIA Issa, ADAM Badradine, MAHAMAT
Hassane et MAHAMAT Aly El-hadj Cassius, nos Frères et Soeurs et à
tout le reste de la famille qui, a de degré divers m'ont
été d'un confort inestimable.
Nous remercions vivement ADAM Abakar, MAHAMAT Abdelkarim,
MAHAMAT Abderaman, SENOUSSI Ahmat, TAHIR Adam, ANNOUR Nadjal, AHMAT Allam,
IBRAHIM Yacoup, MAHAMAT Abakar, ADAM Defallah, DJIDDO Abdoulaye, DJIDDO Ahmat,
AHMAT Assil, NGARO Ronaîmou, IDRISS Oumar, Fred MOUKALA, Josette BOUMA,
Trinité CHARLOTTE, OKANDZE Elenga, Belengar CALEB , MBAI Doiletta et
NGOLO Jean Claude pour leur aide dans la compréhension et la
rédaction de ce mémoire.
Nous ne saurons oublier d'exprimer notre vive gratitude aux
diplomates de l'Ambassade de la République du Tchad près la
République du Congo pour la gratuité des actes administratifs
dont nous, étudiants tchadiens, continuons à être les
bénéficiaires. La communauté tchadienne à
Brazzaville n'était pas du reste: elle s'est manifestée à
notre égard par divers apports positifs. Merci lui suffirait- il ? Et
vous étudiants tchadiens en République
III
du Congo et vous ceux de ma promotion qui m'avez
témoigné votre gentillesse, votre sagesse et quelques rires
taquins parfois, je m'en souviendrais.
IV
SIGLES ET ABREVIATIONS
ADF : Agence Française de Développement
APD : Aide Publique au Développement
ASS : Afrique au Sud du Sahara
BAD : Banque Africaine de Développement
BCE : Banque Centrale Européenne
BEAC : Banque des États de l'Afrique Centrale
CACF : China Africa coopération forum
CDMA : Code Division Multiple Access
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire des
Etats de l'Afrique Centrale
CFA : Sigle de franc de la Communauté Financière
Africaine
CHECEC : Société Nationale des Travaux de
Construction du Henan de Chine
CNOOC : China National Offshore Oil Corporation
CNPC : China National Petroleum Corporation
CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce
et le Développement
COVEC : Société d'Ingénierie d'Outre-mer
de Chine
CWE : Compagnie Internationale des Eaux et
d'Electricité
DTS : Droit des Tirages Spéciaux
Exim Bank : China Export-Import Bank
FEC : Facilité Elargie du Crédit
FMI : Fonds Monétaire International
FMN : Firme Multinationale
IDE : Investissement Direct Etranger
INSEED : Institut National de la Statistique, des Etudes
Economiques et Démographiques
JV : Joint-Venture
MOFCOM : Ministère du Commerce Chinois
NEPAD : Nouveau Partenariat Pour le Développement de
l'Afrique
OCDE : Organisation pour la Coopération et de
Développement Economique
V
OIT : Organisation Internationale du Travail
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
OPEP : Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
PCC : Parti Communiste Chinois
PED : Pays en Voie de Développement
PIB/hab : Produit Intérieur Brut par Habitant
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PNSA : Programme National de Sécurité
Alimentaire
PNUD : Programme des Nations-Unies pour le
développement
PPTE : Pays Pauvres Très Endettés
R&D : Recherche Développement
RDC : République Démocratique du Congo
RPC : République Populaire de Chine
SHT : Société des Hydrocarbures du Tchad
SINOPC : China Petroleum and Chemical Corporation
SNE : Société Nationale d'Electricité
SRN : Société de Raffinage de Ndjamena
SSI : Sonangol Sinopec International
STN : Société Transnationale
UMAC : Union Monétaire d'Afrique Centrale
UMOA : Union Monétaire Ouest Afrique
USD : United States Dollar
ZES : Zone Economique Spéciale
ZTE : Zhongxing Telecom
VI
SOMMAIRE
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : LES ANALYSES THEORIQUES DE L'IMPLANTATION
DES
FIRMES MULTINATIONALES CHINOISES .6
CHAPITRE I : L'aperçu général sur la
firme multinationale 8
Section 1 : Le fondement théorique de l'implantation de
firme multinationale 8
Section 2 : Les formes et organisations de la firme
multinationale .17
CHAPITRE II : Les stratégies d'implantation des firmes
multinationales chinoises au
Tchad 27
Section 1 : Le fondement de la politique chinoise au Tchad
27
Section 2 : Les modes et stratégies mis en place par la
Chine pour accompagner ses
entreprises à investir à l'étranger
.36
DEUXIEME PARTIE : LES EFFETS DES STRATEGIES D'IMPLANTATION
DES
FIRMES MULTINATIONALES CHINOISES SUR LA DIVERSIFICATION DE
L'ECONOMIE TCHADIENNE 46
CHAPITRE III : Les investissements directs étrangers
chinois au Tchad 48
Section 1 : Les politiques d'attractivité
d'investissements directs étrangers au
Tchad 48
Section 2 : Les investissements chinois au Tchad 56
CHAPITRE IV : L'apport des investissements directs
étrangers chinois à la diversification de
l'économie tchadienne 65
Section 1 : L'économie tchadienne avant et après
l'exploitation du pétrole 65
Section 2 : Les effets des investissements directs
étrangers sur la diversification de l'économie
tchadienne 74
CONCLUSION 84
1
INTRODUCTION
Depuis quelques années, le continent africain a
renforcé ses relations économiques avec les pays
émergents, spécialement la Chine. Cette dernière a accru
ses effets de financement et d'investissement extérieur, dans une
stratégie d'extension de l'activité de ses entreprises au reste
du monde (Going Global Strategy). La conquête de l'Afrique, riche en
matières premières (pétrole, or, cobalt, bois, uranium)
constitue en ce début du XXIe siècle, un enjeu majeur.
Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera, cette prophétie
de Napoléon Bonaparte se réalise aujourd'hui1. En
effet, la Chine est à présent une puissance économique
redoutable. L'un des aspects les plus remarquables du changement de
l'économie chinoise est son ouverture vers les marchés
extérieurs 2 . Désormais la Chine, dotée d'une
capacité économique importante et d'une ambition politique de
premier plan, est devenue un pays incontournable dans la géopolitique
mondiale. Vouloir l'arrêter semble être une mission impossible.
L'ignorer serait encore plus grave, « c'est-à-dire ce serait
faire preuve d'une dangereuse cécité politique
»3.
Depuis les réformes de Deng Xiaoping4 avec
son fameux mot d'ordre " Enrichissez-vous ! " la Chine est ouverte aujourd'hui
sur le monde, même s'il existe des poches d'exercice de réforme
monolithique. L'ère de la politique néolibérale et la
tendance à une politique de consommation ont donné un coup de
fouet à l'économie. Ainsi, l'économie chinoise est
passée d'une économie planifiée de type soviétique
à un socialisme de marché selon les spécificités
chinoises, où le Parti Communiste Chinois garde son contrôle sur
l'économie5. Après une période de relatif repli
entre 1980 à 1990, la Chine fait un retour plus remarquable: c'est une
nouvelle République Populaire de Chine très active qu'on
rencontre en Afrique. Une offensive économique et commerciale
s'accompagnant d'une intense activité diplomatique vit le jour avec
l'arrivée au pouvoir en 2003 du Président Hu Jintao.
Désormais la politique chinoise en Afrique se particularise par son
pragmatisme. Le modèle chinois du « win win
»6, ce nouveau jeu économique où selon
Pékin il n'y aurait a priori aucun partenaire perdant.
1Empereur, général, militaire et
homme d'Etat français (1769-1821), cité par Amadou DIALLO,
(2012), Investir en Afrique le point de vue des entreprises chinoises :
les cas du Mali, thèse de doctorat en sciences de gestion,
Université de Peau et des Pays de l'Adour, France, p. 2.
2 Idem.
3Gaye Adama, cité par : Fode Sire DIABY,
(2014), Les stratégies des entreprises chinoises en Afrique :
quels objectifs, quelle coopération, thèse de doctorat
en sciences économiques, Université de Nice Sophia Antipolis,
France, p. 11.
4Homme d'Etat Chef suprême de la Chine.
Ancien Secrétaire Général du Parti Communiste Chinois
(PCC) de 1956 à 1967. Dirigeant de la République Populaire de
Chine de (1978-1992), cité par Amadou DIALLO. (2012), op. Cit., p. 2.
5 Idem.
6Termes anglais désignant «
gagnant-gagnant» est un accord par lequel chaque partenaire se
préoccupe aussi de l'intérêt de son partenaire dans le but
de maximiser son propre intérêt. Il ne s'agit pas de rechercher le
meilleur compromis de partage des gains, mais d'augmenter les gains de chaque
partenaire, cité par Amadou DIALLO. (2012), op. Cit., p. 4.
2
Dans cette optique il y a eu émergence de plusieurs
départements chargés de l'Afrique avec l'organisation des grandes
rencontres Chine-Afrique7.
Depuis la fin des années 1990, la Chine et le continent
africain ont consolidé leurs relations dans plusieurs domaines dont
notamment l'aide au développement, les investissements directs, la
coopération économique et technique, puis les échanges
universitaires. En 2000, l'organisation périodique des sommets
sino-africains allant jusqu'à rassembler plus de 40 chefs d'État
est devenue la pierre angulaire de l'accroissement de la coopération
entre la Chine et les pays d'Afrique8. Au sommet sino-africain de
2006 qui se tenait à Beijing, Wen Jiabao, le Premier ministre chinois,
s'est engagé à ce que les échanges économiques
s'élèvent à plus de 100 milliards de dollars d'ici
20109. La Chine gagne donc de plus en plus d'influence en Afrique.
C'est ainsi qu'en 2005, elle est devenue le troisième partenaire
économique du continent africain après les États-Unis, la
France, mais devant le Royaume-Uni. En 2006, les échanges sino-africains
ont atteint le plateau record des 55 milliards de dollars10. Les
États africains apparaissent de plus en plus désenchantés
par le modèle occidental propre au consensus de Washington qui associe
le développement économique avec la démocratie, la
transparence économique et le respect des droits de l'homme. Plusieurs
auteurs s'entendent pour dire que les programmes d'ajustement structurel
imposés par les institutions de Bretton Woods ont entraîné
la plupart des États en développement dans une véritable
mondialisation de la pauvreté en limitant le rôle de l'État
et en l'empêchant de veiller à la justice sociale. De nombreux
États africains sont désormais en quête de repères
et de modèles alternatifs. Il va de soi que la recette chinoise devient
alors attrayante. D'autant plus que les Chinois et les Africains se sentent
dorénavant liés par une communauté de destin, ceux-ci et
ceux-là ayant tous été, au cours de leurs histoires
récentes, des victimes de certaines occurrences de l'impérialisme
et du colonialisme dont le Tchad faisait partie.
Le Tchad, pays enclavé de l'Afrique Centrale, fait
partie des Etats les plus vastes de l'Afrique avec une superficie de 1284000
km2 et une population qui se chiffre à environ 11.175915
d'habitants en 200911 dont près de la moitié a moins
de 14ans. L'espérance de vie à la naissance est de 52 ans pour
les femmes et 49 ans pour les hommes. La croissance économique a
toujours été relativement faible depuis l'indépendance.
Entre les années 1995
7 Idem.
8 The Economist. Asia: On Safari; Chinese Summitry.
4novembre 2006
9 Marks, Stephen. Introduction in African Perspectives
on China in Africa.Pambazuka: Nairobi. 2007. p. 2.
10 Servant, Jean-Christophe. La Chine à
l'assaut de marché africain. Le Monde diplomatique. Mai
2005.
11 Résultat du recensement
général de la population et d'habitat2(RGPH2) du Tchad, septembre
2009.
3
et 2002, la performance économique est
significativement meilleure par rapport aux décennies
antérieures. Il partage ses frontières avec six autres Etats
(Soudan, Niger, Nigeria, Lybie, Cameroun et Centrafrique). Ne possédant
aucune façade maritime, il est dépendant des ports des pays de la
sous-région (du Benin et du Cameroun). En effet, c'est dans cette
optique que la nouvelle coopération sino-africaine s'est établie
avec une présence croissante et massive des grandes entreprises
chinoises d'Etat. Ces entreprises sont en concurrence avec les
opérateurs occidentaux et dans une moindre mesure avec les entreprises
africaines au niveau du continent. Elles sont considérées comme
des concurrentes et partenaires potentiels capables d'apporter leur
savoir-faire, leurs moyens financiers et leurs technologies qui font
défaut aux entreprises africaines. Cependant, le réchauffement de
relation diplomatique entre le Tchad et la Chine s'inscrit dans le cadre de la
politique africaine de la Chine, lancée par son gouvernement dans les
années 2000.
Aussi, depuis quelques années on assiste à des
investissements directs étrangers d'origine chinoise de plus en plus
importants dans ce pays. La question de l'implantation des firmes
multinationales chinoises en Afrique fait l'objet de plusieurs contributions
dans la littérature. Dzaka-Kikouta (2012) en étudiant le
rôle des joint-ventures et alliances stratégiques dans
l'internationalisation des multinationales chinoises, a démontré
que les joint-ventures sino-occidentales ont aidé les firmes chinoises
à améliorer leurs capacités techniques et
managériales tant sur le marché domestique que sur les
marchés étrangers. Les joint-ventures et autres alliances
stratégiques sont devenus un vecteur de réalisation des IDE par
les multinationales chinoises en Afrique Centrale. Pour Richet (2013)
l'internationalisation des firmes multinationales relève d'une
stratégie qui leur est propre et s'inscrit dans un projet d'accès
aux ressources; elle est aussi motivée par les conditions de la
concurrence domestique. Toutefois, l'articulation entre stratégie
domestique et internationale est encore problématique. Beaucoup de
firmes chinoises s'internationalisent pour acquérir ce qu'elles ne
trouvent pas chez elles ou avec de grandes difficultés. Seules quelques
grandes firmes chinoises sont aujourd'hui capables de développer des
stratégies similaires à celles que mettent en oeuvre les grandes
firmes multinationales occidentales.
Dans une étude comparative, Gugler et Boie (2015) ont
montré les facteurs expliquant les choix d'IDE chinois aux
critères de choix classiques des multinationales occidentales. Ils
soulignent que les principales motivations des firmes multinationales chinoises
sont dérivées de leurs opérations dans une économie
de marché internationale capitaliste. Les motivations traditionnelles de
l'internationalisation des entreprises captent relativement bien le
processus
4
d'expansion à l'étranger. Ces entreprises
présentent des caractéristiques particulières rendant ce
phénomène spécial. Toutefois, la différence
fondamentale qui existe entre les multinationales chinoises et occidentales
réside dans le choix et les objectifs d'implantation en Afrique. Dans la
même perspective, Tanguy Struye (2009) a montré dans un
célèbre article intitulé "l'offensive chinoise en Afrique"
que l'approche de la Chine envers l'Afrique est multiple; elle vise
principalement les matières premières (pétrole, gaz et le
gisement minier) et procure aussi des aides publiques au développement
aux pays africains. Elle a aussi créé un fonds de
développement pour accompagner les entreprises chinoises et leurs
partenaires (joint-ventures) étrangers.
Par contre, Mainguy et Rugraff (2012) estiment que compte tenu
de manque de fiabilité des données sur les IDE chinois en Afrique
subsaharienne, les études macroéconomiques d'impact des IDE sur
la croissance, l'emploi, les externalités sont aujourd'hui hors de
portée. Une meilleure connaissance de l'impact des IDE chinois est la
condition sine qua non pour que les gouvernements africains puissent
développer des politiques de guidage et d'accompagnement qui maximisent
les effets positifs en termes d'effet d'entraînement pour les firmes
locales, de création d'emplois ou encore de recettes fiscales, et
minimisent les impacts négatifs. La littérature empirique sur
l'impact des IDE dans les pays moins avancés montre en effet, que les
IDE n'engendrent pas automatiquement la croissance, ne réduisent pas
mécaniquement la pauvreté et peuvent ne pas entraîner le
développement des pays d'accueil (Rugraff et al., 2009 ; Mainguy, 2011).
En effet, Hellendorff (2010) affirme que la Chine a trouvé en Afrique
des éléments indispensables à sa croissance
économique, telle qu'imaginée dans sa politique de
développement harmonieux: des ressources naturelles, des marchés
d'exportation, de banc d'essai pour ses entreprises et sa nouvelle diplomatie
de puissance, des alliés nombreux dans l'arène internationale et
des opportunités de renforcer son statut de puissance mondiale.
Par contre, Diallo (2012) souligne que les stratégies
de pénétrations des entreprises chinoises en Afrique visent
beaucoup plus la coopération, l'aide au développement et les
opportunités d'investissement. La connaissance du processus
d'implantation est un atout non négligeable car elle peut
procéder, en amont à certaines corrections limitant les
problèmes de flexibilité et de crédibilité en aval
vis-à-vis de leurs concurrents. Concernant les effets des IDE chinois en
Afrique, on peut citer la contribution de Diaby (2014) qui, dans une
étude basée sur des données portant 38 pays africains sur
la période de 2003à 2011, a montré que les IDE chinois
n'ont pas d'effet significatif sur le PIB par tête, notamment à
cause de la
5
politique des entreprises chinoises en Afrique qui encourage
les investissements dans les secteurs qui créent moins d'emploi local et
qui ne permettent pas de vrai transfert de technologie. En effet, la
présence massive des entreprises chinoises en Afrique n'est pas
génératrice de croissance durable et des richesses en raison des
procédés généralement mis en place dans les
investissements. En réalité, la Chine investit dans les secteurs
comme l'exploitation des matières premières, qui créent
moins d'emplois en Afrique. Sur les grands chantiers dans le BTP, la
main-d'oeuvre qualifiée est chinoise et les emplois se font donc au
détriment des Africains. Et enfin, la politique des subventions mise en
place par Pékin peut occasionner le ré-endettement de certains
pays africains qui ont déjà bénéficié d'une
annulation partielle ou totale de leur dette.
Aussi dans cette recherche, notre problématique est
axée autour des questions de recherche suivante: Quelles sont les
stratégies d'implantation adoptées par les firmes chinoises au
Tchad ? et quels sont les effets de ces stratégies sur la
diversification de l'économie Tchadienne ? Pour répondre à
cette problématique, nous avons formulé des hypothèses de
travail construites autour des idées suivantes:
H1 : les formes d'implantation des firmes multinationales
chinoises fondées sur la coopération et l'exploitation
d'opportunité d'investissement ne contribuent pas à la
diversification de l'économie tchadienne ;
H2 : les stratégies adoptées par les firmes
multinationales chinoises visent les ressources naturelles et les
opportunités d'investissement.
L'objectif général de cette recherche est
d'analyser les effets des stratégies d'implantation des firmes
multinationales chinoises sur la diversification de l'économie
tchadienne. Comme objectif spécifique, cette recherche vise à
analyser les stratégies d'implantation adoptées par les
multinationales chinoises au Tchad.
L'approche méthodologique que nous avons adoptée
dans cette recherche est à la fois descriptive et analytique. En effet,
le traitement des questions posées dans cette recherche s'est fait au
moyen d'une analyse, à la lumière de la théorie
économique, des attitudes liées à l'implantation des
firmes chinoises au Tchad et leur contribution à la diversification de
l'économie tchadienne.
Ce travail est structuré en deux parties. La
première est consacrée aux analyses théoriques de
l'implantation des firmes multinationales chinoises au Tchad et la seconde
traite des effets des stratégies d'implantation des firmes
multinationales chinoises sur la diversification de l'économie
tchadienne.
6
Première partie : Les analyses
théoriques de l'implantation des firmes multinationales (FMN) chinoises
au Tchad
7
L'internationalisation des firmes multinationales chinoises
est un phénomène nouveau, la nature et l'intensité avec
lesquelles ces entreprises se développent constituent aujourd'hui un
véritable enjeu de recherche. Les firmes multinationales chinoises ont
connu une très forte expansion cette dernière décennie
grâce aux ressources accumulées d'une part et par la
nécessité de recherche des approvisionnements en matières
premières afin de maintenir une croissance en pleine évolution
d'autre part.
Ces firmes sont pour la plupart des grandes entreprises d'Etat
et elles se développent dans les secteurs tels que les manufactures, les
services, les finances, bref en ciblant certains secteurs juteux de
l'économie. Face à la concurrence des grands groupes
multinationaux occidentaux, elles ont su développer des
stratégies particulières qui lient l'aide publique au
développement, le commerce et l'investissement direct
étranger.
Depuis quelques années, plusieurs chercheurs ont
développé des théories qui expliquent le
déploiement de leurs activités, selon quelles modalités
elles s'implantent et quels sont les facteurs qui les attirent vers
l'extérieur, etc. Ce qui nous amènera à présenter
dans cette partie d'une part l'aperçu général sur la firme
multinationale (Chapitre I) et d'autre part, les stratégies
d'implantation des firmes multinationales chinoises au Tchad (Chapitre II).
8
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